R.A.

SCHWALLER de LUBICZ

AXIS MUNDI
PARIS
 VERBE NATURE

I
 R.A. SCHWALLER de LUBICZ

VERBE NATURE
R

Éditions AXIS MUNDI

8, Galerie Montmartre
75002 PARIS
 SOMMAIRE

Préface 7
VERBE NATURE 11

— Des réponses 15
— Des réflexions 87
Notes biographiques 118
Repères bibliographiques 123

© Éditions Axis Mundi 1988

ISBN 2-905967-01-3
 PRÉFACE

Le 7 décembre 1961 s'éteignait René Adolphe Schwal-

ler de Lubicz, dit Aor, l'un des grands Maîtres spirituels
de notre temps qui marqua l'égyptologie par l'élaboration
de sa thèse symbolique.
Aor avait dédié sa vie à l'éveil de « l'Intelligence du
coeur » s'appuyant tout particulièrement sur les enseigne-
ments de la Tradition Hermétique dont il avait ardemment
étudié les sources dans le symbolisme de l'ancienne Éypte.
Cette culture de « l'Intelligence du coeur » ouvre la voie
lumineuse qui permet d'accéder à la Réalité immanente
masquée dans notre civilisation par l'activité prépondérante
et trop souvent désordonnée du mental. En subissant le
flux des pensées chaotiques qui submerge sa conscience
8 VERBE NATURE
PRÉFACE 9
innée, l'individu nourrit son ego et en vient à perdre sa
Ce livre peut donc être considéré comme un guide
souveraineté naturelle sur le monde manifesté qu'il ne
précieux destiné à l'homme du XXe siècle égaré dans les
perçoit plus que de façon illusoire, n'ayant plus de contact
limbes de son mental analytique. Il faut redécouvrir la
avec lui.
simplicité qui seule rapproche de l'unité et dont nous
« Il faut situer son coeur au delà de ce monde émotif éloignent les trop nombreuses spéculations intellectuelles,
pour s'en libérer... Le Réel, le Réel, je vois le Réel et ce
fruits empoisonnés de notre époque marquée du sceau de
n'est pas du tout ce qu'on imagine — il ne faut rien
la quantité. Il faut apprendre à poser la question « juste »
imaginer : il faut se taire... et écouter... Il faut regarder dans
qui engendre elle-même la réponse tant attendue. Mais, qui
le silence, sans vouloir voir et accepter le Rien, car ce que
de nos jours sait encore ce qu'il cherche réellement ?
l'homme appelle « rien » c'est cela la Réalité. » Tels furent
Quel objet de réflexion pourrait permettre cette
les ultimes mots d'Aor avant de quitter ce monde de
démarche, si ce n'est la NATURE, matérialisation de la
l'émotion, paroles riches d'enseignements pour qui veut
pensée Divine par l'application du VERBE ?
bien les entendre.
« La Nature est une succession, une succession étendue,
VERBE NATURE est le dernier message écrit du
dans l'Esprit de la Genèse unique » (2).
Maître, celui que l'on peut considérer comme son testament
« Dans la nature tout se tient ; or toi, tu fais partie de
spirituel dédié aux hommes qui cheminent sur l'étroit
cette nature ; observe au dehors, écoute au dedans : tu seras
sentier qui mène à la Connaissance libératrice située bien
surpris d'apercevoir le rapport des choses entre elles et, peu
au-delà des théories logiques d'un mental trompeur et
tyrannique. à peu, le sens vital. Mais ne sois pas impatient, écoute
encore... et recommence jusqu'à ce que la conscience acquise
VERBE NATURE présente la particularité d'apporter
se formule sans effort, ainsi tu comprendras ce que tu as
des réponses à des questions... qui ne sont pas exprimées. connu (1). »
Le lecteur sera certainement étonné par cette démarche
VERBE NATURE permettra donc au lecteur sincère
inhabituelle et quelque peu désorienté à la première lecture.
de faire le point sur sa quête et de progresser en intégrant
Pourtant il suffit de se rappeler ce qu'enseignait le « Sage »
la Connaissance qu'il y aura puisée. Il lui faudra enfin être
à Her-Bak « Pois Chiche » (1) : « Une réponse n'est
« Vrai » (3) et « le plus sûr moyen pour être véridique est
féconde que si la question est mûrie à tel point qu'elle
d'être un Sage, connaissant le secret de la Genèse ; c'est-
suscite cette réponse comme son fruit. Apprends donc à
à-dire qu'il faut être un Mage, maître du Magistère des trois
poser la question. »
règnes » (2). VERBE NATURE s'adresse à « l'être qui, en
10 VERBE NATURE

toi est, hors du temps, hors de la succession, au-delà de

la Nature » (2), et nous indique le chemin de la réalisation
dans l'immortalité qui ne peut se faire qu'en « dépassant
la Nature qui est l'ensemble des signatures ou hiéroglyphes
révélant et transmettant les caractères abstraits des choses
naturelles » (2).

Cette édition en format « poche » répond au désir de

l'auteur qui avait souhaité que son dernier message fût un
support permanent de méditation, constamment à portée
de la main. VERBE NATURE
Michel Monereau

Quelques réponses
de la Nature et de ses Sages
aux questions de l'auteur,
porte-parole des inconnus

(1) Her-Bak « Pois chiche » de Isba Schwaller de Lubicz (éditions Flam-

marion).
(2) Verbe Nature.
(3) Être « Vrai », c'est être en accord avec le Réel, c'est avoir dépassé son
« Moi » qui sépare et isole l'individu d'avec le Tout.
 DES RÉPONSES

« AOR »
R.A. SCHWALLER DE LUBICZ

•11...
 D'ABORD

Longtemps, beaucoup et partout, dans la limite de mes

moyens, j'ai interrogé Ciel et Terre et les révélations
religieuses et les paroles des Sages de la Chine, des Indes,
de Palestine et de Rome, mais c'est à travers la Symbolique HOMMAGE A L'ARIDITÉ SENSUELLE DE L'EM-
de l'Égypte pharaonique que me furent données les PIRE DES MAÎTRES DOMINATEURS DE L'ANI-
réponses les plus justes, à mon jugement. MALITÉ HUMAINE, QUI SE PERPÉTUENT PAR
L'ESPRIT, DANS L'ESPRIT, HORS DU TEMPS,
Ces réponses contiennent beaucoup de choses connues PARAISSANT ET DISPARAISSANT AUX YEUX
ou évidentes, mais ce qui importe est l'enseignement de DES HOMMES, SANS NOM, N'IMPORTE OÙ ET
l'« Intelligence du coeur » qu'elles révèlent. PARTOUT.
La Nature ne nous offre-t-elle pas d'une façon banale
toutes les réponses ? Les sens qui les écoutent nous
trahissent. Il faut éveiller l'intelligence de Synthèse pour
approcher le secret de la Vie.
J'essaie ici de transcrire quelques réponses reçues dans
cet esprit de synthèse.
Notre science, le savoir, nous trompe et nous désespère.
L'erreur de notre monde n'est-elle pas de n'avoir pas
su lire l'Univers comme un symbole concret du sens
abstrait des puissances fonctionnelles qui le gouvernent ?

RÉPONSES
1. Fils,
Parce qu'une lueur de lumière t'a frôlé, voici que tu
m'accables de toutes les questions accumulées en toi par
la longue lignée des ancêtres et les expériences de tes vies.
Je te prie d'ordonner la suite de tes questions.
2
2. Oui, il te serait nécessaire de connaître d'avance la
valeur des réponses que tu attends. En ordonnant les
questions, ce serait préjuger de ces réponses. Tu as évité
le piège et je t'en félicite. Obéis à la pression de tes anxiétés
et inquiétudes, elles expriment ton être. Dans l'ensemble
DES RÉPONSES 19
de mes réponses chacun pourra trouver une part le
concernant.
3. Laisse-moi répondre à ta première question par une
autre question à propos de ton mode de pensée. Pourquoi
dire : « Il y eut » ? pourquoi situer dans le temps ? pourquoi
comparer ?
4. Mais si, tu peux comprendre sans comparer ; c'est
précisément ce que je puis t'enseigner, car chaque chose
est en soi sans aucune comparaison et tu dois apprendre
à penser avec la Pensée qui est Nature. Accepte ce circuit :
ce qui fut le fut pour toujours ; ce qui sera est virtuellement
en ce qui est, de telle façon que ce qui fut « est » virtuel-
lement ce qui sera, et n'a été lui-même que l'essence du
futur.
Ce qui trompe, ce sont les formes constatées avec tes
moyens, et c'est le cadre de tes limites qui situe dans le
passé et au futur et te crée l'illusion d'une séparation.
En cédant à cette illusion tu ne peux formuler qu'une
sc ience où tout est « granulé » en temps et espace, où tout
ust juxtaposition de particules sans lien entre elles. Tu dois
;apprendre à supprimer ce cadre de tes limites et aller de
l'a vaut, ou accepter d'être rejeté, morcelé dans un chaos de
20 VERBE NATURE
renouvellement, parce que tu es le fruit du dernier grand
cycle du « Devenir » sur terre.
5. Cesse de parler de « rationnel » et d'« irrationnel » :
tu ne fais ainsi que forger les barreaux de ta prison. Par
ce moyen qui te limite à une dialectique antinomique, tu
ne peux même pas savoir si tu es ou si tu n'es pas :
comment alors veux-tu juger de l'Univers ?
Tu es l'Univers comme l'Univers est dans le moindre
bourgeon d'une plante. Tu diras qu'entre ce bourgeon et
son épanouissement en feuille il y a un temps, et que cette
feuille croît, à chaque instant, d'une quantité. Quel temps
et quelle quantité ? Fais donc ton intégration avec des
temps et des quantités « infinis ». Ta logique t'amène à
l'absurde, et, comprends-le bien, cet absurde est la porte
qui s'ouvre vers la Vérité. Pars de cet « absurde logique »
et fuis au contraire la science qui y mène.
6. Certainement, l'« infini » échappe à ta compréhen-
sion « granulante » ; aussi tu es toi-même ce bourgeon
croissant, mais par l'analyse tu ne comprendras que des
formes comparées et tu ne connaîtras jamais ce bourgeon-
feuille, ni ce qu'est la croissance.
I DES RÉPONSES 21
7. Non, la croissance n'est pas succession d'étapes, ni
addition de parties. Tu peux imaginer des étapes définies,
quand, en réalité, dans le fait même que tu observes, nulle
frontière n'est fixée entre ce que tu appelles des « étapes ».
De même, dis-moi de quelles parties additionnées tu feras,
d'un bourgeon, la feuille ?
8. La feuille appartient au poumon de la plante, et les
cellules dont tu parles sont fonctionnellement de même
nature que toutes les cellules « respirantes » de ton propre
corps. Tu regardes le monde à travers tes sens, mais
l'Intelligence de ce que tu as constaté et comparé pour le
comprendre est impossible sans l'identification fonction-
nelle en toi avec la fonction révélée par la chose constatée.
Si tu veux connaître la Nature vois dans le bourgeon la
feuille, vois dans la sève le bourgeon, là où cette sève atteint
sa propre fin en tant que sève : son point « absurde ».
9. Non, ce ne sont pas là des mots vides de possibilités
d'applications. Prends garde : je ne nie pas l'utilité d'une
science rationnelle, mais si tu veux suivre le chemin qui
t'ouvre l'Intelligence des choses, laisse-moi te conduire
jusqu'au terme qui pourra te servir effectivement. Ta
science, la Nature la regarde du lointain de son amphithéâ-
tre, lointain pour toi alors que pour elle il s'agit d'une
22 VERBE NATURE
comédie faite d'essais dans lesquels on lui fait jouer un rôle
imaginaire. Ce n'est pas à moi de te parler ici de tes
mathématiques, de ta physique, de ta biologie, car, hors du
temps, la Réalité — cachée par ces essais qui scindent —
est simultanément en la Nature où la Vie est physique, ce
qui est fonction de Nombres.
10. Qu'importe si tu vois en ces paroles une espèce de
poésie métaphysique de théories plus ou moins « vapo-
reuses ». Je te conseille seulement d'éviter les comparaisons,
car il n'y a ni petit ni grand : il y a la fonction qui seule,
est à considérer. La science objectivante ne peut connaître
l'individu qu'à travers le « grand nombre »(1) ; et le petit
ne lui révèle pas le grand, pas plus que le grand ne lui
dévoile la nature du petit. En réalité, la fonction causale,
unique en l'un et l'autre, égalise tout ce qui est Tout, sans
grandeur ni durée.
11. Je répondrai à ta question sur ce que j'entends par
« la fonction » après t'avoir averti que ton erreur, qui fait
(1) La loi des grands nombres : statistiques. Pour exemple : les couleurs
du spectre solaire se fondent les unes dans les autres, aucune limite ne permet
de les scinder. Ainsi la couleur franche, rouge, jaune, orangé, etc., est une
apparence, pour ainsi dire « statistique », de chaque « partie imaginaire » de
Rouge, Jaune, etc.
DES RÉPONSES 23
ta déchéance, gît en la considération de l'« exotérique » des
problèmes. Ceci est la cause de ton mal individuel et social.
Avant tout, éveille en toi la faculté de t'abstraire des
limitations en temps et espace, pour ne considérer que
l'aspect commun à toute chose et à toute impulsion vivante.
Ceci s'adresse plus à ta sensibilité — tant émotive que
mentale — et même plutôt à ta sensibilité nerveuse, qu'à
l'émotion définie ou à la compréhension et la discipline
cérébrales. Ensuite tu pourras également aiguiser tes outils
relatifs pour lutter dans un monde relatif. Ceci ne répondra
qu'à l'utilité imposée par les contingences, d'ailleurs illu-
soires, d'un monde sensoriellement artificiel.
Je ne veux pas, à travers des spéculations philosophi-
ques stériles, te mener à la folie ; je veux au contraire te
montrer un monde réel, puis te clarifier une position
philosophique constructive, ce que la considération dite
« rationnelle » ne te permettra jamais. Celle-ci est une
pensée pessimiste qui te mène à des frontières infranchis-
sables. Est « réel » ce qui est hors du temps et au-delà du
« Bien et du Mal », et non ce qui apparaît en l'expérience
sensorielle.
Comprends-moi : ce qui, seul, est réel en la démons-
tration expérimentale est la disposition naturelle générale,
que tu formules — toujours en vain — en Lois. Cette
disposition est cosmique, elle est vivante en le Cosmos et
c'est ce que j'appelle ici le Principe fonctionnel. Ces
Principes ont été appelés par les uns les qualités divines,
ou même les noms de Dieu ; les anciens Egyptiens les
24 VERBE NATURE
désignaient par les Neter, mot qu'une cabale rattache à
« Nitre » et à « Nature ».
Alors la « fonction » de la croissance est la concrétisa-
tion de l'abstrait, comme la fonction créatrice est la
dualisation de l'Unité, et toute la Nature est effet de
Division.
12. Certainement! La pensée mathématique recherche
la formule générale, on pourrait dire : impersonnelle. Or,
puisque tu comprends ceci, pourquoi n'appliques-tu pas
cette mentalité en tout et dans un sens plus large ?
13. Oui, c'est le propre de la « haute science » que
d'arriver à ces « condensations » de la pensée et de travail-
ler en mentalité algébrique. Mais je me refuse à m'enfermer
en la « Quantité », à ne penser que par Quantités. Le Neter
est vivant, il agira toujours dans_ le rythme de sa nature
mais s'adaptera harmoniquement aux conditions
ambiantes.
Le rythme fonctionnel du Neter est invariable, le milieu
en lequel il agit est variable. Or j'insiste pour une mentalité
considérant uniquement le rythme fonctionnel, afin de
t'inviter à modifier le mode de ta pensée et ta position
devant la Nature.
DES RÉPONSES 25
14. Ne m'accuse pas injustement. Tu questionnes et je
réponds. N'es-tu pas en opposition duelle, naturelle, avec
moi ? Toi et Moi ? Or, nous aurons supprimé l'erreur, c'est-
à-dire que nous ne serons « Un seul » que lorsque notre
pensée sera unique et que toute question aura sa réponse
dans sa propre formulation. Ce sera la vraie question et
la vraie réponse, et ce sera ta délivrance. La question
vivante de la Nature n'est formulée que lorsque tous les
éléments de la réponse sont virtuellement définis.
15. Combien fortement est ancré en toi cet orgueil du
Moi ! Dès que l'idée dépasse l'objectivité tu l'appelles
fantaisie, quand ce n'est pas folle fantasmagorie. Pourtant,
tu crois aux possibilités radiesthésiques, au magnétisme
animal, tu arrives à admettre une théorique condensation
de neutrons-poids en un volume de deux centimètres cubes
pour le poids total de l'humanité. Pourtant tu entrevois que
c'est en la simultanéité des principes opposés d'une chose
ou d'un état que réside le phénomène qui frappe tes sens.
Tu comptes avec des valeurs négatives et des « imagi-
naires » comme avec des quantités positives, et tu conçois
trois aspects de Rien.
Mais, ainsi que tu veux comprimer en des théories
sociales préconçues la vie de l'humanité, en réalité tu
herches à fuir, et tu refuses l'absurde où te conduit ton
rationalisme mécaniste, et tu trompes ton erreur par des
26 VERBE NATURE
« jeux d'esprit ». Tu essaies par n'importe quel moyen de
te fuir toi-même. Et tu t'adresses à la Foi comme à un refuge
qu'en toi-même tu fuis, car cette Foi tu veux également
la raisonner. Tes nerfs atonisés recherchent des émotions
dans la violence, à tel point que tu abaisses à toi le noble
jeu du risque des âmes d'élite. Finalement tu trembles de
peur devant la violence logique que menace de provoquer
ta bêtise.
16. Quel chemin suivre ? Celui qui te semble incroya-
ble, celui qui cultive en toi un autre mode de pensée, qui
éveille en toi une intelligence sans antinomie, qui te permet
de trouver cet état de « neutralité mentale » qui est le
terrain où tombe comme une semence l'inspiration pure,
comme tombe la rosée fécondante dans les champs.
17. Non ! d'autres te prêchent, sur la base de leur foi,
des directives religieuses ou des méthodes de yoga. Moi,
j'ai à te parler de ceci d'une façon différente. J'ai, d'après
l'enseignement des Sages anciens, à t'offrir une base
logique, qui peut, à travers une philosophie féconde des
analogues, te conduire vers la Connaissance, parce que :
identité de Cause et variété du sujet donnent des effets
semblables.
DES RÉPONSES 27
18. Oui, ce n'est là qu'un principe général, mais la
Nature te servira de guide par les signatures, parce que :
la Nature obéit sans déviation aux causes ; ainsi les
effets naturels révèlent le caractère des Causes par la
Signature.
Analogies et Signatures sont les guides du Sage et en
font un Mage.
7
19. Ce mot te fait peur quand la vraie Science n'est et
ne peut être que Magie. Vois comment, hier encore, tes
savants tournaient en ridicule les théories alchimiques, et
aujourd'hui ils s'enorgueillissent de s'intituler alchimistes.
Tes savants, physiciens et chimistes, n'ont jamais été que
des alchimistes déçus et honteux. Ce n'est peut-être qu'à
travers de graves souffrances seulement que tu arriveras
à entendre également le sens contenu en ce mot de Magie,
qui ne signifie encore pour toi que sorcellerie et supers-
tition.
20. Oh, naïf ! Le Trismégiste n'est pas un homme. Il
est la couronne des Sages, ce qu'aujourd'hui encore la haute
couronne d'un grand pontife symbolise. On voudrait faire
de Dieu un homme, et un homme d'Hermès et du
Trismégiste. L'homme voudrait tout abaisser à l'homme
qu'il est, au lieu d'élever l'homme vers l'Univers en voyant
 VERBE NATURE
cet Univers en lui. Ton égoïsme prime en toutes tes
pensées et en tous tes actes, et tu abaisses les plus belles
vertus à ta petite mesure. Dis : « Aimez-vous les uns les
autres », au lieu de te complaire à dire : « Aimez votre
prochain comme vous-mêmes. » Comment l'égoïsme pour-
rait-il engendrer l'altruisme autrement qu'en opposition ?
De la compassion tu as fait la pitié, et de la pitié l'esclavage
de la reconnaissance et de la reconnaissance tu as fait de
la haine par révolte.
Évoque en toi la souffrance à laquelle tu compatis, et
souffre ainsi toi-même pour ton prochain ; ainsi tu aideras,
et peut-être connaîtras le remède guérisseur. N'attends de
personne ta punition que de toi-même, car chaque pensée,
comme toute action, porte en soi ses conséquences. La
justice des hommes n'est qu'un geste de protection sociale :
ce n'est pas la punition. Puisse l'homme aimer son pro-
chain, non comme lui-même, mais en la même humanité,
et ainsi se sentir responsable de son prochain pour et avec
lui ; car ni le temps ni rien ne divise l'essence de leur être.
Zarathoustra (1) dit : « Soleil, que serais-tu si tu n'avais pas
ceux que tu éclaires ? » Et le soleil lui répond : « Imbécile,
serais-tu si je ne t'avais pas émané ? » Orgueil du révolté
parce que son cerveau limité distingue un Moi qu'il sépare
de l'En-Soi. Râ, le soleil de la Nature, n'est pas en toi :
vous êtes Un. Dieu ne t'a pas créé en opposition à lui-
1) Fr. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.
DES RÉPONSES 29
même. Il t'a émané avec Son souffle. Il n'est pas en toi,
car Lui est la source, et toi le flux qui en vient ; vous êtes
Un, et ta séparation n'est qu'un rêve d'orgueil qui aimerait
te faire Dieu. Zarathoustra brave le Soleil, se croyant Soleil,
contre l'Astre. Mais le fruit du Soleil peut-il être autre chose
que Soleil ? Le fruit de la semence est de la nature de celle-
ci. Quelle différence y a-t-il entre ces extrêmes si ce n'est
la Conscience ? Et ceci se renouvelle sans cesse jusqu'à
l'instant où fruit et semence ne font plus qu'un. Ceci
seulement est le surhomme. Entre-temps il y a le faux
orgueil qui résulte de la distance apparente entre Toi et
Moi. Or, je te prêche la doctrine de l'heure de la dissolution
et unification de « semence et fruit ». C'est le cadre limitatif
de tes facultés qui te fait granuler tout en temps et espace,
et séparer tout en parties, sans âme liante.
21. C'est la fonction qui fait le premier lien, et l'Ana-
logie, en tant que rapport de semblables fonctions, en est
un deuxième état. L'Esprit est Cause immuable et le corps
est sujet variable. Or, c'est un vieux précepte qui dit que
l'Aine lie l'Esprit au Corps comme l'hypothénuse lie les
deux côtés du triangle rectangle et, par la surface, résume
leurs surfaces carrées.
30 VERBE NATURE
22. Comment peux-tu te complaire tellement en ton
erreur, en essayant encore de rechercher un ordre chronolo-
gique pour ces principes et pour la définition des fonctions
principales ? Quand l'esprit-Cause et le Corps-Sujet sont,
l'âme liante est. L'un n'est pas sans l'autre. Je ne parle pas
ici d'« être» mais d'« existence ». Or tu peux te référer à
un ordre fonctionnel, mais non à un ordre chonologique,
parce que entre la fonction polarisante et la fonction
sélective — dont la première appelle l'autre — il n'existe
nul temps. La sélection qui est faculté de choix par l'affinité,
donc, première forme de la conscience, est immanente au
fait de la polarisation qui sépare, donc distingue. Or le choix
naturel, par affinité, fait l'harmonie ou harmonisation qui
est troisième fonction essentielle : elle est inséparable de
la notion même de sélection. C'est cette harmonisation qui
attire ou repousse, donc détermine et fait « l'individua-
tion » (1), en liant les semblables. Dans l'application objec-
tive, donc sensorielle et cérébrale, il y a des temps ; mais
dans l'ensemble de ces quatre fonctions il n'y a entre elles
aucune séparation. Or, l'individuation donne « Un », c'est-
à-dire une nouvelle Unité sur laquelle la polarisation
deviendra séparation, la sélection deviendra affinité, l'har-
monisation deviendra fécondation, et l'individuation sera le
fruit. De cette façon la polarisation devient analogue à la
division, la sélection analogue à l'affinité, l'harmonisation
(1) Ce vocable est pris ici pour : action de former l'individu, à ne pas
confondre avec l'individualité qui est une définition consciente de l'individu.
DES RÉPONSES 31
analogue à la fécondation, et la détermination sera analogue
à l'individuation. Ceci n'est qu'un essai pour te préciser le
sens des lignées d'analogues, à la tête desquelles tu placeras
un « Neter ».
Il te faut encore des systématisations... mais, moi, je
m'excuse et demande humblement pardon à la Lumière du
monde d'avoir l'air de formuler un système. Quand tu seras
assez sage, tu raconteras une histoire où tes Neter joueront
des rôles vivants, très semblables à ceux des hommes (parce
que les hommes incarnent ces fonctions). Puis tu appelleras
ceci un Mythe. Mais il ne faudra rien oublier : Et le plus
sûr moyen pour être véridique est d'être un Sage, connais-
sant le secret de la Genèse ; c'est-à-dire qu'il faut être un
Mage, maître du Magistère des trois règnes.
23. Mes réponses situent tes questions ; et maintenant
tu veux savoir ce qu'est le secret, et ce qu'est un Mage par
rapport à l'homme.
Il me faudrait passer en revue rapide les principaux
problèmes de ta science. Or, avant tout et une fois pour
toutes, afin de satisfaire ton esprit troublé, je veux te
préciser ceci : la Nature est une succession, une succession
ét endue, dans l'esprit de la Genèse unique. Ceci, ta pensée
objectivante peut le traduire schématiquement. Mais je
m'adresse à l'être qui, en toi, est hors du temps, hors de
lu succession, au-delà de la Nature. Tu ne peux te réaliser
 VER13E NATURE
dans l'immortalité qu'en dépassant la Nature, qui est
l'ensemble des signatures ou hiéroglyphes te révélant et
transmettant les caractères abstraits des choses naturelles.
Les choses concrètes parlent à la forme actuelle en toi, les
abstractions parlent à ton Intellect qui, hors du Temps et
de l'Espace, est une unité avec ce qui n'a pas de limites.
Les explications mécaniques et mécanistes — donc sché-
matiques — doivent être réservées au Temple, c'est-à-dire
doivent être gardées par les hommes préparés à savoir
distinguer le vrai (réel) du faux (le système). Ainsi Coper-
nic et Galilée ont eu tort en parlant publiquement du
système mécanique héliocentrique, quand, seul, le système
géo et anthropocentrique est vitalement vrai et ne trompe
pas le peuple, mais le retient dans les limites de la
révélation théologique. Le peuple ne gagne rien morale-
ment, ni même scientifiquement, à n'être plus qu'une
poussière tourbillonnante dans l'Univers.
Prends garde à mes paroles quand j'insiste pour te faire
entendre les réalités non situées, parce que tout ce que tu
situes n'est plus réel mais seulement transitoire.
24. Puisque tu m'as compris, je peux te dire que le
secret existe. Il existe tant que ta conscience n'est pas
préparée à le reconnaître.
Il ne s'agit pas d'un rébus, ni d'un jeu de mots, ni d'une
cachotterie quelconque ; aucune cabale ne peut te le révéler,
DES RÉPONSES 33
ni surtout ton intelligence cérébrale. Seule ta disposition,
à la dissolution de ta Conscience en la Source spirituelle,
qui est le secret même, peut te révéler ce qu'est le secret
pour toi, homme cérébral. J'ai volontairement parlé de
révélation.
Si tu comprends ceci, tu ne parleras plus d'un historique
de la connaissance. L'inspiration vient n'importe quand : la
révélation est individuelle. Seule la méthode de transmis-
sion de la Connaissance est variable, et conforme à un état
général de conscience des peuples. Le corps de l'homme
est animal, mais des « révélations » se sont produites et ont
mis en ce corps des consciences supérieures ; car la
conscience seule évolue, c'est-à-dire s'élargit, passant d'une
conscience physique à une conscience végétale et à une
conscience émotive, puis mentale, et enfin spirituelle à
travers une conscience mentale d'abstraction. Ta philoso-
phie en est restée à une conscience psychologique,
conscience cérébralement mécanique de la vraie Conscience,
celle qui est innée au porteur corporel.
25. Évidemment ta pensée est incapable de définir la
Conscience, puisque tu n'as pas encore appris à lire la
philosophie dans la Nature.
Pose comme condition (à laquelle je répondrai tout à
l'heure) qu'il existe un milieu indestructible, support de
l'inscription de la Conscience ; alors, au lieu de considérer
 VERBE NATURE
i4
;eulement le cerveau qui est animal, tu dois considérer la
:onscience qui commence avec la première chose, je dirai
e « Noun » ou « Hylé », mais tu peux admettre, par
xemple, que ce soit l'Hydrogène. Ce corps élémentaire est
:aractérisé, et se distingue d'avec les autres corps de
l'Univers. Ces caractères se manifestent par des affinités,
physiques ou chimiques. Les affinités le rapprochent ou
l'éloignent de tous les autres corps. J'ai déjà dit : ce corps
(ait un choix. Ce choix lui est imposé par sa nature, il n'a
aucune possibilité de le modifier de lui-même, pas plus,
d'ailleurs, que l'animal inférieur. Ce manque de libre arbitre
ne nie en aucune façon le fait qu'il s'agit ici d'un premier
état de la conscience. Qu'est-ce qui va distinguer cette
conscience, déterminante, spécifiante de la nature d'une
chose, de la conscience psychologique ? Ce sera une suc-
cession d'états intermédiaires d'une évolution ontologique
dont l'expression physique ne sera que l'outil physique, au
service d'un élargissement de la conscience.
Vouloir chercher les preuves de l'évolution en partant
de l'évolution organique, c'est partir du mauvais côté, car
seule la conscience « évolue » c'est-à-dire s'élargit, et le
physique — le corporel — s'y adapte. C'est évidemment
donner à la Conscience la nature de l'Être, et aux corps
et à leurs caractéristiques le rôle d'outils à la disposition
de cet Être. C'est ainsi qu'il faut voir la Réalité.
DES RÉPONSES
35
26. Ton objection peut se résumer ainsi : première-
ment, si la Conscience est l'Être pour lequel l'outil physique
— c'est-à-dire toutes les choses typiques de la Nature —
n'est qu'un moyen pour s'exprimer, pourquoi cette
Conscience n'acquiert-elle pas cet outil final tout de suite ?
Deuxièmement : si cette Conscience, que tu veux confondre
avec ce que l'on appelle Ame, est Tout, pourquoi a-t-elle
besoin de s'exprimer ? Troisièmement : comment cette
Conscience transmet-elle son outil puisque c'est précisé-
ment cet outil qui meurt ?
Je répondrai d'abord globalement : la Conscience n'a
pas besoin de s'exprimer, donc elle n'a pas besoin d'acquérir
cet outil formel ou physique. Mais si, pour une raison, elle
recherche tout de même cet outil, alors la réponse à la
troisième question sera : la transmission se fait par la
semence, qui porte virtuellement en elle la forme adéquate
à la conscience acquise qu'elle va engendrer pour la re-
générer.
Quant à l'inutilité pour la Conscience de rechercher
l'outil pour s'exprimer (ce qui est l'un des sens ésotériques
de la révélation Christique), elle implique un déterminisme
absolu dans l'Univers, en tant qu'il est notre Pensée, dès
l'origine une fin parfaite est prévue, comme le fruit l'est
« virtuellement » en la semence. Or la perfection est
'lijours ce qui résume intégralement tous les aspects
h inctionnels d'une signature. Par exemple : l'angle rectan-
gle est la perfection des angles. La ligne s'ouvrant jusqu'au
(lm; rt de cercle en se dualisant, mais restant rattachée par
 VERBE NATURE
36
un pivot (le centre abstrait) à son commencement, cet
angle de 90° contient toutes les possibilités angulaires.
Ainsi il y a un « déterminisme » pour les angles. Pour le
Sage, le chemin se trace à partir de cette perfection vir
dès son origine.
Comprends-moi bien : toute perfection est l'Unité de
départ, l'Idée absolue ; mais toutes les manifestations —
à l'image de cette Idée de perfection — ne sont que des
Par exemple : tout angle est fraction,
ractions de l'Unité.
fou composé de fractions, contenues en l'angle droit. En
partant de la perfection, le Sage descend de la donnée ante- ssa-
physique vers les formes physiques ; c'est donc nécei
rement sur la fonction vivante, parce que agissante, quil
faut s'appuyer. Les formes ne sont alors que des accidents
transitoires, c'est-à-dire des momentsde relations — ou
cience deux routes
rapports — relatifs. Il y a pour la Cons
possibles : soit celle de la Rédemption Christique, ou
Horienne, soit celle des « Anciens » dite du « Bon Roi »
(Melchisedech) ou Osirienne. C'est le principe du renou-
veau constant, c'est-à-dire Osirien, qui exige l'outil physique
de transmission.
27. Pourquoi ce choix ? Parce qu'il y a trois possibilités
)U l'Unité ne se scinde pas, reste pure en soi, donc ne se;
ivers reste peut Cause
multiplie pas en ses parties, et l'UnMais elle en la aussi se
ou elle se scinde et se multiplie.
DES RÉPONSES 37
scinder (prendre forme) et refuser de se multiplier pour
rester à l'image de l'Unité constante.
Ce sont là les lignées osirienne et horienne et les deux
principales voies : l'OEuvre naturelle et surnaturelle.
28. Ce qui donne l'impulsion « évolutive » à la
Conscience est en premier lieu la fin désirée du commen-
cement, autrement dit : la finalité impliquée nécessaire-
ment en la cause.
Si aucun obstacle ne se présentait, cette fin serait
atteinte rapidement et directement. Or, quels sont les
obstacles possibles, sinon les relativités des phases entre
elles ?
Admets cet exemple : la série arithmétique à progres-
sion d'une unité de 1 à 9, donne une finalité 9. Ce nombre
est une fin et le but de la série. Mais il reste les huit unités
qui le précèdent et d'où il résulte. Le rapport du nombre
9 avec l'une ou l'autre, ou plusieurs de ces unités résiduelles,
crée des combinaisons multiples et, de plus, il y a huit
nombres qui peuvent, pour une raison quelconque, être
nombre final de la série ainsi arrêtée ou avortée. Chacun
de ces nombres peut être le chef d'une famille. La marche
simple sera toujours une suite ininterrompue, depuis l'im-
pulsion d'origine vers une perfection formelle ou corporelle
u près laquelle la Nature s'arrête. A côté de cette perfection
eporelle subsistent les résidus.

VERBE NATURE
38
Si maintenant tu considères l'homme comme
perfection finale naturelle, tout ce qui peuple l'Univers hors
de lui n'est que résidu de sa genèse, donc : les fonctions
que ces résidus représentent sont contenues en l'état de cet
homme.
Il est ensuite évident que l'homme peut se placer en
rapport vital — et aussi mental — avec ces résidus. Ici
commence son erreur. Pour t'exposer cette image j'ai admis
que la Nature s'arrête avec la perfection, mais en réalité,
deux moments interviennent qui modifient ce « raisonne-
ment » : le premier sera que l'arrêt est' une mort de
l'impulsion, ce qui n'empêche pas le corps de subsister
pendant un temps avec ses caractéristiques, tel que nous
le voyons pour le métal.
Sans cet arrêt il continuerait à subir l'impulsion, et le
résultat serait pour lui ce qu'il est pour toute chose vivante :
ris-
il y a une limite de « densité » (corporification) caracté
une
tique pour toute forme, après laquelle se produit
irradiation de l'énergie d'impulsion. Tant que cette irradia-
tion peut se produire en le corps vivant, — métal, végétal
ou animal, — il y a passage possible du corporel, à travers
la forme énergétique, d'une variété à une autre puis d'une
espèce à une autre : la Conscience évolue en s'élargissant.
Pour illustrer ce que je viens de dire, observe que le
bois de la plante se densifie jusqu'à un certain point qu'il
ne peut dépasser dans le cadre de son espèce. Après quoi,
à la suite de l'aubier, le plus dur bois devient moelle de
laquelle vient le flux montant mêlé au nouveau suc ; puis,
DES RÉPONSES 39
aéré par le feuillage, il va redescendre sous l'écorce pour,
d'une part, se recorporifier, et d'autre part, devenir semence
nouvelle. Les respirations comprennent, du plus bas au plus
haut, l'humidité, l'air, la chaleur, la lumière, porteurs de la
substance spirituelle. Suivant le degré de subtiliation par
ce circuit, ceci anime la chair, la semence, le flux nerveux,
et l'Esprit — mental et spirituel — du métal à l'homme.
La caractéristique de ce jeu vital est l'alternance, car tout
ce qui est se meut et évolue par alternance. Ceci est le
deuxième moment à considérer, et dont je n'ai pas encore
parlé. L'alternance individuelle se fait en la régénération
à travers la semence.
29. Le pendule monte et retombe. Il mesure ainsi le
Temps. Vers quoi monte-t-il ? Vers quoi retombe-t-il ?
Quel est le Temps qu'il mesure ?
Quand le pendule, image mécanique du jeu vital, est
en repos, il est en accord avec la force qui réagit contre
l'énergie qui l'a fait monter. L'attraction gravifique est plus
forte que l'énergie qui le fait fuir, mais les deux forces sont
de même nature. Ceci est la dualisation d'une même
énergie : l'un de ses aspects dilate, l'autre contracte, ce sont
les fonctions générantes et cette genèse est Temps. Si la
force contractante domine finalement, c'est l'inertie qui a
raison ; si la force dilatante vainc la contraction, c'est le

40 VERBE NATURE
retour à l'origine. C'est pourquoi le vieux précepte des
sages dit : « Fuis la contraction, cherche la dilatation. »
Mais toute vie, toute progression, de même que toute
propagation d'Énergie, est alternance ; car ce qui est
momentanément déterminé, en recevant nouvelle impul-
sion, lutte contre son inertie, veut se fuir dans sa déter-
mination mortelle, et le combat pendulaire se produit
jusqu'à la victoire de l'un ou de l'autre aspect : le Sethien
qui emprisonne, ou l'Horien qui libère. De même en
physique, toute propagation d'ondes se fait ainsi par
alternance de « densité », c'est-à-dire une fois dilatée et une
fois contractée, et paraît granulée.
C'est cette contraction contre l'énergie dilatante en ton
système nerveux qui fait tes émotions, c'est l'alternance de
l'affirmation et de la négation qui fait ta compréhension
cérébrale, c'est l'alternance qui fait l'évolution naturelle en
général, c'est-à-dire la genèse ou Temps. Mais comprends-
le bien : sans constant apport d'Énergie rien ne vivrait
corporellement. La prédominance de la contraction se tue
elle-même, mais en relibérant intempestivement l'énergie
emprisonnée en matière. C'est l'apport constant d'une
énergie nouvelle, en maintenant l'impulsion vivante jusqu'à
libération par dilatation qui empêche l'énergie, alors libérée
par retour évolutif, de rester emprisonnée dans le cycle
Osirien.
L'Esprit mange les corps que la fonction Sethienne a fait
de l'Esprit.
DES RÉPONSES
41
Ainsi toujours, libère-toi de ce qui définit, emprisonne,
contracte, aide ton être à ne plus subir le pendule de ton
retour corporel, et à cesser de mesurer un temps, ton
temps, ta genèse en descente vers la matière.
Pour t'aider à mieux comprendre mon intention quand
je t'invite à voir les choses par et en elles-mêmes (donc
à distinguer l'illusion de la réalité), je te donne ici cette
explication ; le but de la philosophie n'est-il pas de recher-
cher la Sagesse et de dire la vérité ?
Or, n'as-tu pas remarqué que tes philosophes raison-
nent avec des arguments qui n'appartiennent qu'aux phy-
siciens ?
f Pour ceux-ci tout est basé sur le rapport chemin-poids-
; temps, et leur ultime référence est l'ultime vitesse. Ceci est
mécanique et non philosophique. De ne pas savoir faire
cette différence mène ton monde à croire au « toujours plus
vite », devise absurde qui conduit à la folie. De raisonner
avec le temps comme valeur limitée — ce qui lui donne
dans l'équation caractère quantitatif —, au lieu de le
considérer comme fonction générante, freine la découverte
vitale.
En géologie et en biologie on fait intervenir le Temps
comme facteur mesurant l'évolution, quand, en réalité, le
Temps est cette évolution. De toute façon, le temps est une
fraction de la genèse solaire qui est la réelle ultime
référence pour l'homme. La distance que mesure le temps
est la spécificité, car dans un milieu rigoureusement homo-
 VERBE NATURE
gène et continu il n'y aurait pas de distance, puisque chaque
partie obéit à la même genèse ; par contre, ce milieu, par
rapport à un autre — donc par une séparation des phases
de genèse — fait paraître une distance, chacun de ces
milieux ayant sa genèse propre.
Le Temps est genèse, car tout, depuis la Cause Origine
jusqu'à la « fin désirée » de celle-ci, est en génération vers
cette fin et subit des changements, c'est-à-dire vieillit. Seul
le passage des phases de cette genèse est philosophique-
ment à considérer comme mouvement; seule la spécificité
est philosophiquement à considérer comme distance, et
philosophiquement le Temps est genèse.
La spécificité étant conscience, parle seulement à la
Conscience, et la conscience psychologique fait paraître ces
spécificités comme objets. Ainsi l'espace interstellaire n'a
pas de dimensions, et seule la distance — c'est-à-dire la
différence des états « foetal sidéral », les genèses stellaires
— montre les corps célestes comme objets et permet de
définir cette « étendue », de constater, de comprendre ou
d'admettre un chemin.
Si tout l'Univers n'était que cet « état interstellaire »,
ans nom parce que infiniment homogène, il n'y aurait ni
;enèse — donc pas de Temps — ni distance ou étendue,
Jonc pas de spécificité. Que ce milieu se scinde, alors deux
phases génétiques séparées feront le Temps, et deux
DES RÉPONSES 43
spécificités feront l'étendue ou distance, et il y aura mou-
vement parce que suite des phases.
Toute la vie avec ses phénomènes n'est qu'un problème
f de la Conscience. Tu distingues une chose de l'autre par
sa spécificité, et c'est la communion de ton être en gestation
avec l'état de gestation de la chose (identité qui éveille la
conscience innée) qui mesure la distance vitale que tu
perçois psychologiquement comme distance spatiale. Ainsi
la conscience psychologique apparaît comme renversement
de la conscience innée.
Le chemin entre ces choses ne peut être parcouru que
par « quelque chose », et non par la pensée seulement pour
laquelle le Temps n'existe pas. Le mobile qui parcourt ce
chemin subit sa propre genèse (sinon il n'existerait pas),
ce qui, mesuré comparativement, psychologiquement,
représente un temps, c'est-à-dire, pour toi, une quantité de
temps.
Mets ces explications en rapport avec tous les textes
sacrés et tu approcheras leur intention. Regarde également
les constructions de pensée des philosophes de ton époque,
et dis-leur de ne plus s'appeler philosophes mais de se
reconnaître comme physiciens mécanistes. Et lorsque tu
étudieras l'évolution biologique à travers les époques géolo-
giques, n'oublie pas que le Temps est genèse, pas seulement
pour la poussière terrestre que tu observes, mais pour
44 VERBE NATURE
l'Univers auquel elle appartient et dont la conscience
évolue.
La poussière que tu observes est comme la cellule
vivante qui fait partie du corps cosmique vivant, et c'est
cette genèse cosmique qui manifeste la vie, la vie que tu
cherches au microscope dans la partie d'un tout en lequel,
en réalité, les parties sont vitalement liées. Ne commets
pas l'erreur du médecin qui recherche une amibe dans
l'intestin sans tenir compte de tout le métabolisme, depuis
la nourriture et la respiration jusqu'au sang, flux, Nil
porteur de l'énergie impulsive de Vie.
Tout se tient dans l'Univers, c'est-à-dire en l'Homme.
30. Je te dois encore une explication à propos de ce
qui fixe la Conscience. Seul ce que tu as « vécu » affecte
ta semence. Mais entends ce mot comme il le faut. Avoir
vécu quelque chose n'est pas l'avoir constaté ni l'avoir
étudié : c'est avoir été affecté émotivement, jusqu'à subir
une modification du comportement vital.
La conscience la plus primitive est la « spécificité » des
choses, ce qui les caractérise et leur impose un compor-
tement particulier. Ne peut donc être transmis, ou ne peut
déterminer une modification de variété ainsi que le passage
d'une espèce à l'autre, que ce qui a modifié la spécificité
propre de l'individu.
Ceci seul affecte la semence, et le « point fixe » du corps
à travers lequel se font les réincarnations de la conscience
acquise. Mais ceci ne concerne que la « spécificité », ou
DES RÉPONSES 45
conscience de l'être physique. Or chaque corps comporte
une particule indestructible par la putréfaction ou le feu,
ceci depuis le métal jusqu'à l'homme.
31. Les corps volatils ? Souviens-toi du pendule : les
corps volatils cherchent toujours leur fixation, et la libé-
ration de la Conscience est précisément la possibilité de ne
plus retomber vers la fixité corporelle, devenant elle-même
la fixité spirituelle, indépendante. C'est finalement aussi le
but du cycle Osirien, but lointain par ce chemin naturel.
Quant au point fixe, puisqu'il y a évolution ou élargisse-
ment de la conscience, il y a également modification de ce
point fixe, qui, tout fixe qu'il est, ne le sera pas de la même
façon en le minéral et en l'homme.
32. Le grain fixe est de nature minérale, je ne dis pas
qu'il est métal, car le métal a un grain fixe qui lui est propre,
et d'ailleurs unique pour tous les métaux métalliques.
33. Certainement il y a des corps pré-métalliques et
d'autres post-métalliques, comme par exemple, parmi ces
derniers, le Brome et l'Iode qui sont des produits végétaux
et le Phosphore qui vient de l'animal (1).
(1) Les théories actuelles des cycles atomiques n'infirment aucunement
cette assertion : la Nature à travers les règnes, accomplit simplement ce que
l'on constate à force de « bombardements » nucléaires.
46 VERBE NATURE
34. Laisse à l'étude des physiciens les hypothèses ato-
miques. Avec la Nature regarde le Ciel : elle y puise sans
cesse cette énergie que les physiciens cherchent si pénible-
ment au fin fond de la matière. Elle puise directement en
« Noun », l'Océan énergétique infini du monde. Et l'infini
n'est que l'indéterminé.
35. Peut-être entendras-tu un jour ces paroles, mais
quant à la Conscience tu as bien compris : dans l'esprit que
je t'ai expliqué, c'est la souffrance qui seule permet l'évo-
lution de la conscience. Je dis souffrance et non douleur,
souffrance en ce sens que l'événement doit affecter, impres-
sionner ta vie et non ton cerveau. Tu as ici la directive pour
ton existence, car ton but en venant est d'élargir ta
conscience, ton but en partant est d'emporter l'acquis. Le
corps destructible ne garde rien. L'indifférent n'acquiert
rien. Suivant le degré atteint il te faudra l'action, plus ou
moins violente, plus ou moins altruiste, ou l'étude, ou la
méditation ; il te faudra chercher le contact avec les choses
et les gens, ou l'isolement, car suivant le degré d'extension
de ta conscience tu seras différemment affecté en ta vie.
Or tu dois chercher à vivre intensément tes moments de
prise de conscience.
36. Que veux-tu que je te dise de la sexualité, ce sexe
dont tu fais ton soi-disant bonheur et ton véritable mal-
DES RÉPONSES 47
heur ? La Nature est le dédoublement de l'Unité primor-
diale, son Oui et son Non, son affirmation naturelle en sa
négation d'absolu. Cette fonction dualisante est la sexua-
lisation originelle illustrée par le Luminaire du jour et le
Luminaire de la nuit. L'un donne, l'autre reçoit ; l'un
ensemence, l'autre geste ; chacun est lui-même double, il
ouvre et ferme, dilate et contracte. Médite cette énigme :
à l'origine l'Un est enfermé, contracté, dans la nuit qui
monte ; quand ensuite, il reparaît c'est dans le jour de la
Nature, ayant brisé l'« En soi » séparé en Moi et Toi : c'est
le monde dualisé, opposé, « l'Autre, ennemi du même » dit
le philosophe.
37. Ton comportement sexuel ne m'importe pas. La
morale fait partie de ton comportement envers toi-même.
Est bien ce qui libère la Conscience de la forme terrestre,
est mal ce qui contracte et emprisonne dans le corps.
Honore la féminité car elle porte en elle ce qui fait la
rédemption, mais méfie-toi de la femelle. Comprends la
sexualité dans sa fonction révélatrice, son symbole : l'attrac-
tion des opposés. Représente l'Unité par un cercle : au
moment Présent, hors du Temps, une scission se produit
et il se forme deux flux : l'un va à gauche et fuit l'autre
qui va à droite, chacun court sur une moitié de cercle, le
Yin et le Yang des Chinois. A l'opposé les ennemis se
retrouvent et se confondent. Le cercle, ou cycle, n'a jamais
cessé d'être, la scission n'a rien brisé... et pourtant c'est ici
48 VERBE NATURE
la Création qui est la scission d'un état absolument homo-
gène, en deux parties hétérogènes entre elles.
Cette absurdité est la Vérité ; l'attraction naît de l'op-
position, et la conjonction est l'éclipse de la nouvelle lune
qui annihile la Nature et marque le retour à l'Unité. Mais
tant qu'il y a homme et femme il y a opposition et inimitié,
et leurs rapports ne peuvent être que copulation, physique,
émotive ou mentale. Appelle ceci amour si tu veux ainsi
nommer le symbole de l'Amour qui n'est qu'extension,
dissolution, de tout en tout.
? Lorsque la défense, par répulsion, a formé l'émotivité par
38. Je vais répondre à tes questions par l'explication
concernant un sujet secondaire. Si l'on te disait que la
civilisation mécanisée obnubile l'âme, ce serait une affir-
mation sans portée pratique. Par contre si je te dis que la
civilisation mécanisée obnubile et même tue la conscience,
tu comprendras cet avertissement : si entre toi et l'objet
de ton travail tu interposes un outil automatique qui
élimine ta volonté, et surtout ta sensibilité, tout contact
vivant entre toi et la matière travaillée est coupé. L'artisan
ne « sent » et ne comprend plus le bois, le cuir, le métal...
son oeuvre est inanimée, elle ne peut émaner ni rayonner
aucune vie, n'en ayant pas reçu. Tu dois alors avoir recours
à des analyses à des études statistiques des qualités du
matériel livré à l'automatisme de la machine, car tu as
tendu un voile entre toi et la chose ; or la chose subsiste,
DES RÉPONSES 49
mais toi, être vivant conscient, tu perds ta vie en étouffant
ta conscience.
Ainsi même le médecin, qui devrait sympathiquement
éprouver la maladie de son patient, devient un mécanicien.
Observe les phases de l'histoire : les époques les plus
fructueuses, les plus géniales et les plus « vivantes », ont
toujours vu un artisanat florissant. On ne pourra rénover
la Conscience des peuples que par l'artisanat et non par
des doctrines. La civilisation mécanisée est l'agonie d'un
monde.
La spécificité est la Conscience du corps physique.
contraction, premier aspect végétal du futur plexus solaire
ou système nerveux du sympathique, alors l'émotivité
devient le deuxième état de la Conscience. Quand l'émo-
tivité, par sensibilité aux effluves énergétiques, commence
à pressentir la réaction, alors se développe le troisième état
de la conscience qui est le mental animal direct, inférieur,
qui fera ce qu'on appelle globalement l'instinct.
Alors la matière subtile de l'Univers vient se concrétiser
en cerveau et y localise, à l'image de l'Univers et de ses
lieux, les centres d'intelligence qui mettront en rapport
l'extérieur — par les sens, dont le mécanisme se développe,
par l'identique en toi et en ton être avec l'Univers — et
il se produira la révélation d'une intelligence de la
Conscience ; la conscience cérébrale de la Conscience,
conscience psychologique. Il y a rigoureux enchaînement
des phases évolutives, à travers la concrétisation de la
50 VERBE NATURE
Conscience. Cette suite a lieu aussi bien dans l'évolution
d'un Soleil et de ses membres planétaires que dans la
concrétisation finale des règnes jusqu'à l'homme.
Avec l'homme commence le retour, la libération de la
Conscience des contingences formelles (ou corporelles)
vers l'Être conscient sans corps, ce qui est l'immortalité.
Avec l'humain la Nature entre dans la phase de la désagré-
gation matérielle. Pour toi, individu, il y a ce qui te précède
en tant qu'individu et aussi ce qui te précède en tant
qu'évolution générale, car il y a des Consciences immor-
telles, plus grandes que toi, au-delà de toi ; des Saints et
des Maîtres. Par la Conscience l'Univers n'est qu'une seule
chose, tout est interdépendant de tout.
? toutes les formes animales, car tous les types animaux ne
39. Ce n'est pourtant pas difficile à comprendre. Tu as
deux yeux qui regardent ensemble un même objet. Cette
dualisation d'une même observation fait ta conscience
psychologique des profondeurs, l'écart entre les distances.
La plupart des oiseaux ont les yeux opposés. L'écart des
distances n'existe pas pour eux, le regard est de ce fait
« perçant », l'objet n'est pour eux ni loin ni près, et le
« complexe » d'intelligence cérébrale ne vient pas les
gêner ; l'objet qu'ils voient n'est ni grand ni petit, il est.
Mais tu demanderas comment l'oiseau peut voir un objet
d'un oeil alors que son oeil opposé en voit un autre ? Quel
choix intervient dans ce cas ? Et toi, n'entends-tu pas mille
bruits à la fois ? Comment sélectionnes-tu celui que tu veux
DES RÉPONSES 51
entendre ? Dix mille « consciences » jouent à la fois, ce
n'est pourtant qu'une Conscience. Dix mille bruits frappent
à la fois ton oreille, tu n'entends que celui que tu retiens
entre tous, fût-il le plus faible.
La force et la quantité dénombrées ne concernent que
ton être factice, ton outil passager, ton individu cérébral.
Seule l'Unité de ta vie, l'Unité de ta Conscience, a une
valeur. Elle est ce qui fait ta Volonté sélectionnante et te
permet la concentration de ton intelligence, la synthèse, car
elle est cette synthèse qui est à l'origine et qui se fractionne
en dix mille parties des aspects de l'Univers résiduel.
C'est la granulation du son et de tous les sons qui fait
le mécanisme de ton oreille, progressivement, à travers
sont que les résidus évolutifs de l'organisme animal dont
les « consciences » sont matérialisées, en connexion com-
plète, en l'homme. L'un est tube digestif, l'autre coeur,
l'autre foie, l'autre concrétise les lignes magnétiques de
soutien en os, un autre commence la sensibilité tactile
isolée, un suivant organise un premier système nerveux
central et ainsi de suite.
Le musée zoologique du monde est ordonné en Genèse
embryologique de la conscience humaine. Le toucher fera
la sensibilité tactile, la lumière fera l'organe oeil, le son fera
l'outil de l'oreille, mais c'est la synthèse originelle,
l'Homme virtuel en le Fiat Lux qui gouverne : ainsi le fruit,
avec toute la forme corporelle du produit, est ordonné dans
son devenir par la forme et le but virtuellement contenus
52 VERBE NATURE
en la semence ou le gène du chromosome, la synthèse. Tous
ces « outils » ou concrétisations ou incarnations, de la
Conscience, ne sont que des étapes de rapports, mais c'est
l'Unité, c'est-à-dire la fonction Conscience, synthèse de tous
les rapports possibles, qui fait l'Intellect et permet la
Volonté.
Tu vois en ce mot de « synthèse », le résumé, en un
tout des parties de l'analyse. C'est l'erreur, c'est ta grande
erreur. La synthèse est la perfection virtuelle de la semence,
relative ou absolue, qui s'analyse en se cotporifiant. Cette
analyse commande à ton intelligence cérébrale ; la synthèse
appartient à la Conscience — dont tu n'es toi-même qu'un
élément analysé — d'un devenir microcosmique, du Cos-
mos : la Conscience divine. Tu ne sortiras jamais du «cercle
vicieux » de ton rationalisme mécaniste tant que tu ne
développeras pas en toi la mentalité de synthèse ; c'est une
pensée qui ne regarde qu'en second lieu les éléments de
l'analyse cosmique, mais qui éveille, en premier lieu, la
méditation de la chose unique. Ainsi te le dit la fameuse
Table d'Emeraude : « Ce qui est en haut est comme ce qui
est en bas... » et inversement: Ceci est ton analyse ; mais
cette table de la Sagesse conclut : « ... pour faire la chose
unique par la méditation d'Un. » Faut-il dire « méditation »
ou « médiation » ? Vois si ce n'est pas un même sens.
40. Le bon chemin te conduit d'abord vers la recherche
le ton « Totem », l'Héraldisme spirituel. Ce mot « Totem »
DES RÉPONSES 53
peut s'entendre de plusieurs façons, il me sert ici pour
résumer en tant que tableau héraldique : d'abord l'appar-
tenance à une lignée fonctionnelle principale, groupant des
analogues ; puis la reconnaissance du type, correspondant
à la signature personnelle, donc l'un ou l'autre des types
de ces analogies. On peut mettre en parallèle de ce choix,
celui que la personne « entrant en religion » fait, dans
l'hagiologie, d'un « patron » répondant à la signature de ses
tendances et aspirations.
Tu ne peux en aucun cas emboîter le pas d'un autre,
tu es toi-même un tout, un moment particulier de la
Conscience universelle. Cette Conscience qui est tienne
dans ton présent, est ton instrument mais aussi ton juge.
Va écouter ce juge dans la solitude, car lorsque tu es seul,
vraiment seul, la Conscience parle. La femme craint la
solitude, c'est pourquoi elle écoute son émotivité instinctive,
qui est pour elle un conseiller et non un juge. Homme
connais-toi toi-même ! Fais de ce précepte ton écusson et
reconnais ta devise, ce sera le bouclier du « cabalier » de
l'Élite, qui rayonnera pour le bien des masses populaires
futures, comme cela eut lieu au temps de la Sagesse
pharaonique.
41. Laisse « Les élites » et reconnais l'Élite réelle. Elle
est formée des individus qui vont au-delà de la Nature. Être
de l'Élite c'est vouloir donner et pouvoir donner ; c'est
54 VERBE NATURE
savoir puiser à la source inépuisable et donner cet aliment
à ceux qui ont faim et soif, sous la forme qui leur convient.
L'Altruisme est le critère pour distinguer l'homme qui va
au-delà de l'humanité.
42. Certainement ce n'est pas encore la dernière grande
étape de la libération de la Conscience, mais il faut savoir
s'arrêter et se reposer à la halte inférieure avant de
continuer vers le sommet. Cherche ton symbole héraldique,
le « Hérold » de ta Conscience, et quand tu seras exacte-
ment situé dans l'échelle de la Conscience, tu verras
aisément le prochain échelon. Que l'image du sentier du
commencement à la fin te suffise ici pour te montrer que
chaque partie, ou ce qui te paraît être une partie, est le
Tout, et t'éviter l'erreur de voir en le Tout une somme de
parties illusoires. Tout le pommier est virtuellement dans
sa semence ou graine, et tu ne dois pas dire que le pommier
est formé de parties qui, ensemble, forment le pommier.
Chaque particule de ce pommier est pommier dans sa
nature, et son fruit le sera à nouveau, intégralement, dans
sa forme virtuelle, concrétisée.
Je ne dis pas « préconçue », mais « virtuelle », et je ne
parle pas d'une « somme » des parties, car la somme est
arithmétique et mécanique.
DES RÉPONSES 55
43. La « virtualité », ou disposition passive et
« idéelle » pour un « effet déterminé », exige une impulsion
active. Ainsi pense le rationaliste qui toujours scinde. Toi,
n'oublie pas que la source de cette activité est déjà contenue
en cette disposition, sinon elle ne serait pas une virtualité.
Cette source d'activité est un feu qui brûle sa forme quand
il manque de la nourriture à donner à la végétation suscitée
par lui. Cette virtualité n'est pas une « image» du fruit ou
effet. Au contraire : la conscience psychologique de l'effet,
concret pour toi, est l'image passagère de la disposition
virtuelle. Pourtant tu te nourris de pain fait avec cette farine
du blé, effet illusoire de la virtualité de sa semence ? Tu
oublies qu'entre ta naissance et ta mort, tu n'es toi-même
qu'un même phénomène illusoire, et qu'il te faut un long
temps et une grande application pour ton adaptation à la
« Conscience psychologique » que l'enfant naissant n'a pas.
Or illusion par rapport à illusion est une affirmation
comme l'est la négation de la négation. C'est cette affir-
mation à laquelle tu accordes ta foi, et ceci jusqu'à ne plus
te souvenir que le Principe seul est réel. Hermès te dit :
« L'individu meurt, mais l'espèce ne meurt pas. » Si tu veux
entendre ceci comme signifiant que la continuité hérédi-
taire maintient l'espèce, cette affirmation est fausse, du
moins pour cette terre, car des espèces disparaissent. Mais
il est exact que les conditions principielles qui ont formulé
une spécificité ne peuvent cesser d'être, puisqu'elles sont
immanentes à l'harmonie du monde. Ceci est l'Éternité, un
cycle que tu aimerais couper pour avoir un commencement
 56 VERBE NATURE
et une fin. Et les philosophes posent une hypothèse pour
ce commencement, un Dieu hors du monde, un Dieu dans
le monde, un monde sans Dieu. Traduis ce mot Dieu, par
Conscience et impulsion, ce qui est Vie. Le monde n'est
que cela.
Admets une Conscience créatrice : elle ne peut créer que
par et en elle-même. Il y a un Fiat Lux de la lumière en
elle-même. C'est toi, homme cérébral, qui distingues ce qui
crée de ce qui est créé. Il n'existe pas, de Dieu ex machina,
ni de Dieu inconscient, ni des dieux à ton choix, ni de sans-
Dieu. Tu as prostitué la notion de Dieu, tu en as fait un
mot d'extrapolation pour des inconnues de ton raisonne-
ment, tu es sorti du cercle du Paradis. Ton Dieu n'est pas
en chaque chose, mais chaque chose est un moment de
conscience de la Conscience-synthèse divine.
Créer, c'est penser, mais penser n'est pas créer, c'est
pourtant, fonctionnellement et analogiquement, ce qui s'en
rapproche le plus. Imagine donc des systèmes déistes,
théistes, polythéistes... ce ne seront toujours que des essais.
44. S'il existe ou peut exister un système philosophique
parfaitement conforme à la vérité ? Certainement non. Un
■
système est une prison de la pensée, la Vie est constante
extension. La formulation en mots serait une réduction à
ta limite de ce qui n'a pas de grandeur. Seul le symbole,
la parabole et l'écriture hiéroglyphique peuvent communi-
quer la Connaissance, et celui qui reçoit l'illumination la
DES RÉPONSES 57
reçoit pour lui seul, et chacun peut recevoir cette lumière.
Mais l'homme illuminé, prophète ou envoyé, ne peut
jamais qu'indiquer le chemin à suivre, et l'on ne peut que
transcrire toujours à nouveau ce que ces hommes inspirés
ont enseigné.
45. Tu rêves de merveilleux ? Tu voudrais entendre
avec tes oreilles physiques le langage de l'Esprit ? Mais la
Conscience, libérée de l'outil corporel, ne peut parler qu'à
la Conscience, elle n'a plus l'instrument. Tu voudrais, en
quittant ton corps, rester ce que tu étais pendant ta vie
terrestre ? Mais ce que tu inscrits en ton cerveau meurt
avec lui, tu ne te souviendras donc de rien de ce qui n'est
plus nécessaire au nouvel état, pas plus que tu n'auras la
mémoire (cérébrale) de ce qui s'est inscrit définitivement
en ton « point fixe ». Cette inscription dans le « point
fixe », acquise pour toujours, se manifestera par l'affinité
qui fera aller ta Conscience vers son semblable. Apprends
donc pendant cette existence à penser dans cet esprit
« affinitif » au lieu d'accorder ton intérêt à l'esprit méca-
nique des associations relatives d'éléments hétérogènes,
cette facilité rationnelle. Laisse celle-ci aux marchands qui
travaillent avec des balances et qui exigent une quantité
égale sur les deux plateaux, quand en réalité la Nature
apparaît paradoxale par la réaction vivante qui recherche
toujours la polarisation.
58 VERBE NATURE
Or, l'affinité augmente avec les oppositions. Cherche
à connaître les affinités en les éprouvant par ces opposi-
tions, et cette « sensation » te servira d'impulsion pour la
pensée juste.
46. Ce qu'est l'affinité ? Comprends ceci : une faux, qui
peut figurer un équateur, sépare en deux parties, ou lobes,
la masse cérébrale où s'inscrivent les notions. Un méridien
figuré par le sillon nommé la scissure de Rolando, qu'on
appelle aussi « l'homme renversé », divise chaque lobe du
cerveau en deux, et sur ce tracé méridien se situent les
centres d'intelligence correspondant aux différentes parties
du corps humain. Le centre répondant à la tête de l'homme
renversé est situé vers le « pôle Nord », donc à l'envers
de notre position debout. Sur la partie du demi-hémisphère
Sud, le même homme va se poser en sens inverse de celui
du côté Nord, comme une image reflétée dans l'eau, le
centre des jambes se trouvant vers l'équateur. J'aurais pu
te dire ces choses plus simplement, mais cette image a pour
but de t'évoquer une analogie. Si maintenant tu interviens
d'une façon destructrice sur un point du cerveau Nord, tu
effaces de ta conscience psychologique une notion, telle la
notion d'un chiffre ou la faculté de compter, ou la notion
d'un nom, ou un souvenir, enfin la notion affirmative de
quelque chose. Si tu touches la partie correspondante sur
l'hémisphère Sud, donc côté droit du cerveau, tu n'effaces
DES RÉPONSES 59
aucune notion, mais ton intelligence de la notion affirma-
tive devient celle de l'animal, car ce qui fait le degré de
conscience humaine est la faculté de négation. Pour
l'animal, quelque chose est parce que ses sens le lui
montrent ; pour l'homme une chose est également parce
que ses sens peuvent le lui montrer, mais il en a une
conscience particulière, cérébrale, par la faculté « qui lui est
propre » de pouvoir nier. Ton intelligence consiste à savoir
parce que ce qui est peut aussi, pour toi, ne pas être. C'est
l'ultime comparaison : l'Être et le « ne pas être ».
Ceci explique ce qui donne à l'homme cet instinct de
l'aventure ; ce goût du risque, cette recherche « instinctive »
d'opposer à sa conscience de vivre, le risque de la mort.
Si tu as, à travers l'impulsion instinctive de cette faculté
supérieure, connu cette Conscience, alors applique ce Savoir
pour aller plus loin, et recherche la signification de ce que
tes sens te montrent, dans l'absence phénoménale et la
présence fonctionnelle. Prends note du sens du mot
« connaître » : connaître le Bien et le Mal, connaître quel-
que chose, c'est savoir. Connaître tout court n'est pas savoir
mais « être avec ».
L'extrême affinité est entre « être » et « ne pas être »,
que l'Être soit l'absolu ou la forme actuelle. Par exemple :
l'Hydrogène, en tant que combustible, aura forte affinité
avec l'Oxygène, en tant que feu pour brûler et, de ce fait,
il se concrétise et n'est plus Hydrogène. Ceci est une image
qui montre comment chaque chose étant spécifiée, donc
dans un état analytique de la Conscience absolue, cherche
60 VERBE NATURE
à se détruire dans sa spécification, donc à annihiler cette
conscience partielle pour en rechercher une plus étendue.
La première phase mène à une corporification, la deuxième
phase mène (si elle est, par le don du libre arbitre,
consciente de son but réel) vers la libération des enchaî-
nements corporels. Ceci se fait grâce aux affinités qui ne
sont que les appels de la Conscience vers une conscience
plus élargie. Quand la Lune est au sommet de sa croissance
et qu'Eve, ou Sémélé, provoque par opposition le mâle, c'est
pour mourir en ce qu'elle est. Ainsi entraîne-t-elle à la mort
de l'éclipse également le mâle, afin d'aller, unifiée avec lui,
vers un état plus proche de la Conscience-synthèse de
l'Origine. Si tu ne reconnais pas encore l'affinité que tu
cherches, exalte l'opposition, car celle-ci n'est et ne signifie
que l'extrême « tension affinitive ».
47. Souviens-toi des guides que je t'ai donnés : Ana-
ogie et signature. Pour satisfaire ton besoin de schéma-
:isation, voici une image : dans une même terre croissent
lifférentes plantes : une même et unique « puissance
ritale » agira sur ces différentes semences. Évidemment la
semence de l'espèce fera résistance sélective à la même
< puissance vitale » et donnera des fruits différents. Tu
bourras conclure aux généralisations suivantes :
La variété des phénomènes est le résultat d'une variété
les résistances à une même activité. la détermination étant
DES RÉPONSES 61
une fixation formelle d'une activité ou énergie, fera aussi
la qualification. La détermination est ainsi la mesure d'une
activité ou qualification. D'autre part, une résistance totale
contre l'activité totale, donnera le produit parfait.
Cette image n'est pas conforme à la réalité : la « puis-
sance vitale » n'est pas mesurable, parce que illimitée. Seule
la résistance séminale est limitée. Pourtant les conclusions
sont valables parce que sans l'apport d'une énergie aucune
des plantes ne pourrait végéter. Il est aussi évident que
l'Énergie nourrissante, comme aussi l'Énergie impulsive,
exige un canal d'adaptation de son universalité qui sera
donné par des « spécificités » intermédiaires, comme, par
exemple, l'Azote, le Carbone, l'Oxygène, les phosphates et
métaux. C'est un vieux précepte disant qu'entre les
extrêmes il faut un moyen terme. Une même cause agissant
sur des sujets différents donne des effets semblables, donc
si tu donnes un caractère universel à cette Cause, le monde
entier sera peuplé d'effets semblables, il y aura analogie
entre toutes les choses... Ce « raisonnement » est évidem-
ment faux puisque la Cause universelle ne peut à l'origine
trouver sa résistance — une semence qui s'oppose à elle
— qu'en elle-même, et celle-ci sera nécessairement de
valeur égale à la cause, c'est-à-dire semence absolue. C'egt
ici l'idée base de l'Hermétisme, comme de la révélation
chrétienne. Mais dans la Nature la cause absolue d'origine
est déjà tamisée, analysée en dix mille aspects ou fractions
de Conscience, de sorte que pour la Nature, la Cause n'est
pas l'activité ou Énergie originelle, mais au contraire ce sera
62 VERBE NATURE
la semence qui jouera le rôle de cause. La semence
sélectionne dans son ambiance l'Énergie sujette de son
activité (réactivité). Une même semence-cause produira des
effets semblables. Les variétés d'un même effet seront les
signatures, non de la semence, mais du milieu où elle a
puisé. C'est ce milieu vital, abstrait, la qualité de l'Énergie
insensible, inconnaissable en elle-même, que tu dois cher-
cher à connaître par la signature.
48. C'est évidemment ici la source de la thérapeutique
par les « simples ». Mais en phytothérapie tous les remèdes
de « bonne fâme » ne sont pas à prendre tels quels, sans
la connaissance des signatures. Tu sais qu'il y a des maladies
« locales », mais il y a aussi en chaque lieu caractéristique
des plantes qui jouent le rôle de « fixateurs », c'est-à-dire
de « neutralisateurs » de ces influences et ces plantes
peuvent servir de remède à l'homme et aux animaux. Il
faut prendre, de ces plantes, soit la fleur, soit les feuilles,
soit les racines et observer la date à laquelle ces parties sont
les plus actives. Analogie et signatures te guideront.
Remarque encore que les produits fermentés sont tout
particulièrement sensibles aux influences énergétiques
locales et peuvent jouer rôle médicamenteux.
Mais, la civilisation a fait des hommes des déracinés,
ils n'ont plus de terre propre et bientôt même plus de
patrie. Alors la pharmacopée est formée de produits tirés
DES RÉPONSES 63
des plantes, des ferments et, surtout, de la synthèse
chimique ; ils sont employés n'importe où pour des symp-
tômes semblables, et la thérapeutique, soi-disant
scientifique, devient incohérente, parce que chaque individu
est un monde en soi, rythmé d'après un milieu défini, et
la même maladie est variable suivant l'individu.
Quant à l'influence du milieu dont je parle ici, c'est celle
du Min égyptien, en tant que Ptah ou « Feu de la Nature »,
l'« Archée ».
Souvent on a conseillé de revenir à la Nature, mais ce
sont de bons conseils généralement inapplicables. Pour
revenir à la Nature il faut d'abord apprendre à lire son
enseignement, et la forme de cet enseignement est sym-
bolique.
49. Non, on ne revient pas en arrière par l'effet d'une
seule décision, pas plus que le progrès, bon ou mauvais,
ne dépend d'une simple volonté. On tombe parce qu'il .y
a une pente, on monte parce qu'une énergie vous allège.
Mais rien ne s'oppose à diriger l'intérêt vers une pensée
vitale et une mentalité synthétisante, sans pour cela revenir
en arrière dans la civilisation. Ce que la civilisation contient
d'erroné sera la cause de sa propre destruction. Ce qu'elle
donne, ou a donné, en élargissement de la Conscience,
survivra dans le renouveau d'une voie juste. Mais sache que
dans l'action le pendule qui tombe d'un côté remonte de
64 VERBE NATURE
l'autre, et quelle que soit son amplitude, il bat toujours le
même temps. Le Sage ne considère que cette égalité du
temps, il laisse le fou se laisser fasciner tantôt par la
montée, tantôt par la descente.
50. Je t'ai assez répondu à la question de savoir en quoi
consiste le mal de l'Occident : c'est d'avoir accepté une
mentalité qui est en contradiction avec la Pensée de la
Nature. La Pensée de la Nature est l'expression de la Vie
à travers les phénomènes, engendrés les uns à la suite des
autres dans un ordre fonctionnel invariable.
Par exemple : la Nature engendre par scission succes-
sive sans isoler les parties, liant un moment précis au
suivant jusqu'à obtention du fruit. Ce fruit est la perfection
du moment et vaut une unité, quel que soit son nom,
comme la genèse foetale du poussin dans l'oeuf ou de
l'embryon humain. Restant conforme à la fonction natu-
relle on peut alors, par exemple, compter et calculer par
fonction de dédoublement, ou s'en éloigner en adoptant le
système cérébral d'alignement, comme le système décimal.
Dans le premier cas on formulera une arithmétique
géométrique ; dans le deuxième cas on passera à une
arithmétique (2) rationnelle de série, qui sera mécaniste.
(2) Le terme « arithmétique » est pris ici dans le sens commun admis de
nos jours, correspondant à l'« arithmologie » des Grecs.
DES RÉPONSES 65
Cette dernière méthode sera pratique et donnera des
résultats semblables à la première, mais la mentalité se sera
éloignée de la Pensée de la Nature. Cette mentalité vitaliste,
à laquelle on donne volontiers un caractère péjoratif, est
caractéristique des mathématiques pharaoniques. Ces sages
ont préféré maintenir cette méthode plus compliquée,
apparemment, afin de ne jamais s'éloigner de la directive
de la pensée naturelle, donc de la Connaissance et de la
directive théologique, évitant l'accident désastreux de la
déviation vers une pensée mécaniste, déviation qui s'est
produite pour l'Occident dès que le Grec Diophante a
ouvert la porte à la méthode rationnelle.
51. C'est une erreur : tes méthodes ne te donnent
aucun avantage scientifique sur les Anciens. Par exemple :
la preuve indiscutable de la connaissance de la valeur g (1)
par les sages pharaoniques ne se trouve-t-elle pas gravée
sur l'obélisque d'Hatchepsout à Karnak-Louqsor ? Ainsi le
principe d'accélération était connu trois mille ans avant
Newton ! Cesse donc de te laisser fasciner par les oscilla-
tions du pendule et comprends l'Unité du Temps. Des
Consciences individualisées se sont accomplies longtemps
avant toi et possèdent une connaissance que tu ne soup-
(1) g = en physique, le symbole de l'accélération de la chute d'un corps,
une grandeur constante : g = 980,616 cm à 45°. Les espaces parcourus par les
corps en tombant seront donnés par la formule : 1/2 g t2.
66 VERBE NATURE
çonnes pas encore dans ta phase actuelle. Observe le ciel
qui est ta grande horloge ; toute inspiration vient de lui,
parce que le Monde n'est que genèse dans des genèses,
comme la seconde est temps dans le temps des heures. Les
coïncidences, les accords et désaccords génétiques, font la
véritable astrologie. Mais comprends-moi bien : ton Uni-
vers est l'Homme. Toi, tu es homme dans cet Homme,
comme chaque cellule, comme chaque organe en toi est
homme par toi. Par exemple, il y a un semblable coeur en
l'animal et en toi, mais le tien est coeur humain, adapté
à l'état de ta conscience. Par cette conscience tu es, sur terre,
en cet Homme cosmique, en un lieu déterminé de sa
Conscience organique, et avec le globe terrestre tu chemines
à travers ses centres de vie.
52. Une image littéraire, crois-tu ? Prends garde : ce
n'est pas une image, mais une réalité. Pour toi il s'agit d'une
image, d'une fiction, par la faute de cette damnation qui
t'incite à toujours séparer les parties, à les opposer, au lieu
de comprendre leur enchaînement vital. Si les Sages te
parlent de l'homme comme d'un Microcosme, tu opposes
celui-ci immédiatement à un Macrocosme. C'est l'erreur :
le Microcosme signifie seulement une manifestation sen-
sible à ton intelligence cérébrale du Macrocosme ; mais toi,
microcosme, tu es dans ta vie et ton organisation fonction-
nelle une seule et même chose avec l'Homme cosmique.
DES RÉPONSES 67
Ton coeur bat dans un rapport déterminé avec les systoles
et diastoles de ton Univers, ce rythme est numériquement
en accord avec le rythme du coeur universel.
Cette explication peut te séduire, mais cette fois il ne
s'agit, en réalité, que d'une image parce qu'en fait aucun
temps ne vous sépare, toi et l'Univers, pas plus qu'il n'y
a de temps entre les battements d'une cellule des muscles
de ton coeur — qui font le battement — et les battements
de ton coeur total. La nature fonctionnelle de ces cellules
est d'être « coeur ». La nature fonctionnelle de ton état de
conscience est d'être Homme cosmique. Tant que tu juges
la conscience en regard de la conscience psychologique,
donc limitée cérébralement par les sens en temps et espace,
il y a nécessairement séparation entre grand et petit, entre
restreint et universel. Si au contraire tu juges avec la
conscience innée, toutes les limites cessent d'exister.
- 7
53. Oui, le cerveau est le laboratoire de Seth, puissance
contractante, ce Satan qui imite, c'est-à-dire qui « singe »
dans un cadre limité ce qui se réalise dans l'illimité. N'est-
ce pas le sens de la fonction de « contracter » ? Élimine
la présence cérébrale ou fascine le cerveau, et ton pouvoir
devient immense : tes membres ne se fatiguent plus, le
poids ne joue plus, tu n'as plus de vertige ; ton seul juge
sera ta conscience actuelle, c'est-à-dire le degré actuel de
ta conscience innée. Cette conscience s'est incarnée en ta
68 VERBE NATURE
forme physique pour s'élargir à travers les expériences que
permet cette forme, et ceci jusqu'à l'« expérience spiri-
tuelle » qui te montrera le moment où tu vivras, sans corps
physique, la véritable, grande, pure et bienheureuse médi-
tation.
7 Nature, et ceci s'inscrit en ton Éternité. Ton Occident
54. Laisse la spéculation philosophique et laisse éga-
lement la croyance. La spéculation peut être guide, mais
est un leurre, et la croyance est le plus souvent une lâcheté.
La vraie Foi est certitude ; alors la vie est conforme à la
Foi, elle démontre les éléments de la Foi. Cette Foi dont
je parle n'est pas appuyée sur un dogme ou une doctrine,
elle a sa source en toi. Toute oeuvre en toi et par toi exige
cette Foi qui est la certitude, non raisonnée, que le but visé
est réel.
55. Non, l'hypothèse est une explication raisonnée. La
Foi est une certitude mystique, l'hypothèse est un artifice
:ationnel. La confusion est impossible. L'hypothèse est
variable ; la Foi est une vision certaine du but à atteindre,
:11e est invariable, elle est comme la prévision de la forme
:more virtuelle contenue en la semence. La réalisation
sensible de cette forme est une genèse. Dans son ultime
mage n'est-ce pas ce que ton Moyen Age appelait la Pierre
philosophale ? Lithos, Petrus, Pierre, en tant que réalisation
DES RÉPONSES 69
concrète en la forme la plus solidement matérielle, et
« philosophale » parce qu'Esprit connaissable seulement
par l'Esprit. Laisse les pusillanimes et les imbéciles appelez
ta Foi une Utopie, et ose ton Utopie. Si tu en meurs
qu'importe : tu auras gagné d'avoir osé aller au-delà de 1
perdu la Foi, et son maladroit rationalisme mécaniste est
en train de tuer partout cette foi, que j'essaie ici de te faire
comprendre.
56. Si tu veux laisser de côté cette vile et méprisable
expression de la bêtise qui affirme que tout doit être
monnayable, alors cherche dans le symbole de la Nature
l'esprit abstrait qui préside à tout. Vois : dans un passé qui
n'est pas lointain, tu accusais le Juif d'être ce que toi-même
tu es devenu aujourd'hui, maladroitement. Mais le Juif a
hérité quelque chose de la grande Sagesse pharaonique. Le
juif est, de plus, oriental : il est joueur, il est aussi
destructeur. Toi, tu as pris les valeurs matérielles au
sérieux ; lui, il en a toujours joué. Toi, ni détruis sans idéal,
tu n'as pas, comme le Juif, derrière et au-dessus de toi un
Dieu inconnu, une abstraction. Mais ce qui peut élever,
.tant mal compris, est aussi ce qui peut abaisser.
Remarque la déviation de la pensée à la fin de l'exis-
:ence politique de l'ancienne Égypte quand Rome s'y est
iubstituée. Alors la civilisation méditerranéenne a suivi le
70 VERBE NATURE
faux chemin. Au lieu de considérer la joyeuse régénération
du sacrifice Osirien et de passer au caractère sublime et
réconfortant du sacrifice divin, Horien-Christique, les
hommes sont restés ployés sous une menace vengeresse
Jéhovienne, la menace constante de l'inconnu devenu
effrayant pour eux. Ils ont vécu courbés sous le poids de
leurs péchés, et ils ont rampé de honte devant l'abjection
de leur existence corporelle. Ils n'ont cessé de trembler
devant cette mort rédemptrice, et ils pleurent la mort du
« Verbe Rédempteur » qui leur donne pourtant sans cesse
la Vie, à travers laquelle ils sont appelés à Le connaître.
L'Occident n'a rien compris à l'Orient tant que cet
Orient pouvait encore lui apprendre quelque chose. L'oc-
cident a cru à la réalité définitive des valeurs qui ne sont
que des jetons du jeu de la Vie, dans laquelle même la forme
religieuse ne doit être qu'un jeton du jeu. L'Occident a voulu
construire du durable dans un monde qui n'est qu'une
balançoire, et en cherchant le durable dans le périssable,
il a oublié le réel, l'indestructible.
Au lieu de te perdre dans des « constructions de
l'esprit » regarde ce qui est à tes pieds, ce sur quoi tu
marches : car « ce qui est en bas est comme ce qui est en
haut », — la terre à l'image du ciel. Regarde le symbole
pour trouver la Pensée. Regarde la signature du vivant pour
connaître sa nourriture spirituelle. Donne à la Fonction le
nom de l'une des parties vivantes de ton corps ; regarde
DES RÉPONSES 71
ce Neter, de quoi il se sustente et ce qu'il en fait. Ainsi,
l'homme se connaîtra lui-même à travers son symbole.
57. Ne confonds pas Idée et Idéal. L'idéal n'est géné-
ralement qu'une égoïste construction de ton rêve. Je ne suis
en aucune façon idéaliste et je suis infiniment plus positif
que toi. Essaie d'être mentalement aussi neutre que possible
et écoute, écoute avec tes oreilles ce que dit à travers ton
coeur ton plexus solaire, le détecteur de ton émotivité. N'as-
tu pas remarqué les grandes oreilles du Sphinx ? et com-
ment la statuaire pharaonique donne à ses figures de très
grandes oreilles ? Ce que l'oreille — j'entends l'intelligence
du Verbe — reçoit, n'est pas raisonné ; formule ensuite ce
que tu auras ainsi « senti », du moins ce que tu seras
capable, dans ta limite, de « sentir ».
58. L'individu abdique nécessairement une grande part
de ses libertés au profit de son association avec les autres
individus. Le groupement social est un fait dont on connaît
les buts et les moyens, mais c'est une grande erreur et un
malheur lorsqu'on en fait une abstraction étatique. On a
oublié la leçon des tribus, dites primitives, qui de leurs
nécessités sociales ont fait leurs moeurs et non des lois de
contrainte policière. Mais tu es dans ce milieu qui brime
aujourd'hui ta libre vie ; c'est pourquoi choisis, à côté de

72 VERBE NATURE
:es utilitaires obligations, une oeuvre intellectuelle ou pra-
tique, à laquelle tu consacres ton amour, aux heures de
iberté. OEuvre alors avec amour et tu apprendras que si
a femme aime le fruit de son oeuvre, l'homme aime
'oeuvre du fruit.
Applique à ton travail les principes vrais et ton progrès
;era ta récompense, non l'appréciation de tes semblables.
..orsque le fruit de ton travail est mûr, renie-le, car c'est
'effort et la conscience acquise qui ont valeur réelle et non
'objet matérialisé. Applique l'acquis de ta conscience à
'ouvrage d'un nouveau but. N'est-ce pas ce qu'à travers tes
ncarnations tu ne cesses de faire — inconsciemment ?
-Fiais-le consciemment en cette vie, afin de progresser plus
Tite. Ainsi tu appliqueras dans son vrai sens le principe
le la « révolution constante ».
59. Je vois que des lectures et des « ouï-dire » concer-
tant la connaissance transmise par l'Inde laissent insatis-
faite ta curiosité éveillée. Mais comment puis-je te parler
ntelligiblement de l'Homme-Roi ? Il s'agit de l'accomplis-
;ement mystique de l'homme. Ce « Roi » présente au
T'oins deux aspects : l'accomplissement héraldique parfait
l'une lignée, puis l'incarnation de la perfection de la
:onscience de son temps. Comprendre l'Homme-Roi, c'est
:omprendre les régénérations subtiliantes de la Conscience,
:e qui représente les phases de la désincarnation, une sorte
DES RÉPONSES 73
de « désenveloppement » de la « chrysalide conscience » des
corps de plus en plus immatériels, jusqu'à la libération
complète et consciente de la Conscience. L'Homme-Roi est
le hiéroglyphe de la mort régénératrice d'une perfection
accomplie par la Nature : un roi, comme par exemple l'or
est le roi des métaux. Dans la révélation chrétienne,
l'Envoyé-Roi doit mourir comme tel : il retourne à l'Ori-
gine qui l'a émané, avant que la « femme » puisse à
nouveau le toucher, c'est-à-dire le réincarner. Ainsi l'entend
l'Évangile.
L'histoire des vies subtiles est l'histoire du retour de la
Conscience, après avoir vécu tous les aspects virtuellement
immanents en l'Unité créatrice. Il s'agit là d'une « histoire »
pour toi, un schéma d'éléments analysés ; mais en réalité
le temps de ton imagination cérébrale n'existe pas dans
l'autre monde, la Douat égyptienne, pas plus qu'entre le
moment de t'endormir et celui de t'éveiller à nouveau. La
mort n'est pour l'homme qu'un sommeil cérébral et phy-
siologique et, en général, pour toute la Nature elle n'est
qu'un sommeil des éléments périssables. La durée de ce
sommeil n'existe que pour ceux qui, éveillés cérébralement,
l'observent. C'est donc ici-bas, dans ta forme actuelle et par
l'extension de ta conscience, que tu peux préparer ce qui
se fera à la suite de ta mort actuelle. Et sache que si tu
I l'acceptes, la mort n'a rien de pénible. Note que les plus
grandes jouissances physiques de l'homme s'associent au
fait naturel d'un renoncement à sa vie physique : sommeil,
aventure dangereuse, coït, mort. Ce qui seul rend la mort
 74 VERBE NATURE
pénible est r« accrochage » à ce que l'on quitte, comme
amour personnel, haine, richesse et tous regrets.
Ton libre arbitre, tout soustractif qu'il est, doit te servir
à l'accomplissement de ton oeuvre.
60. Tu n'es pas créateur. Ton libre arbitre ne peut que
décomposer ce qu'il y a, puis faire un choix dans ces
morceaux pour en reconstituer un tout artificiel. Ceci est
le caractère « soustractif » du libre arbitre : il ne peut que
soustraire, et doit soustraire avant de pouvoir choisir. Ton
libre arbitre est quantitatif, c'est-à-dire cérébral. Tu peux
te tuer, tu ne peux pas te donner la vie. Le pur et vrai
libre arbitre ne commence que lorsque la Conscience peut
choisir sans jugement, donc sans intervention mentale.
61. Renoncer ? On t'a souvent conseillé de renoncer.
Moi je te dis : renonce à l'illusion, mais, pour Dieu, ne
renonce pas à la Vie ! Cette Vie te fut accordée pour ta
leçon, prends donc la leçon qui est de rechercher le Réel
à travers le symbole du relatif.
Pour séparer le vrai du faux, — qu'ils soient absolus
ou relatifs, — il faut un moyen terme qui peut se scinder
et dont l'affinité va vers l'un ou l'autre des opposés. Dans
le domaine intellectuel ce moyen terme est le contrôle
scientifique.Dans le domaine psychologique, qui ici t'in-
DES RÉPONSES 75
téresse, le moyen terme est le contrôle par ce que j'appelle
la « nue crudité ». Que nulle fausse pudeur, qui risque
d'engendrer l'Amoralité, ne vienne te gêner lors du
jugement de tes réactions, en regardant la nue crudité des
choses et de toi-même. Considère toujours que —
consciente vaut infiniment mieux que l'arr li , cette
inertie du sens moral qui tue la conscience. Ne confonds
pas morale et sens moral. Le sens moral est la parole du
juge suprême en toi. Son jugement n'est pas raisonné, il
n'a pour limites que ton état de conscience actuel. Distingue
ceci : le symbole naturel est la synthèse d'un ensemble de
fonctions vitales. Le coquelicot dans les champs est symbole
de la saison et des conditions vitales de son milieu, et le
comportement sexuel de l'homme est symbole de sa race.
La préoccupation de la femme pour le costume et la
nourriture est symbole de sa destination qui est d'habiller
de chair la Conscience-Ame, et de la nourrir. Le symbole
te guide dans ton jugement objectif le sens moral te juge
dans ton jugement subjectif.
— ...?
62. Mais la « Morale » appliquée est toujours une
contrainte, elle doit servir à l'acquisition de la maîtrise
nécessaire à l'oeuvre humaine à accomplir. Elle ne doit
jamais être ou devenir une « inhibition ». On t'a formulé
des morales comme moyen de défense, à toi d'en faire un
 76 VERBE NATURE
r-
1 outil de maîtrise contre les appels d'inertie et d'abaissement
/ vers le corporel.
63. Quant à l'éducation sexuelle de la jeunesse, remar-
que : la honte qui se rattache aux questions sexuelles est
avant tout un problème érotique et non une question
physiologique.
L'érotique est un pouvoir psychologique réservé à
['humanité, indépendante du rut saisonnier (animal), et
:hez laquelle l'évocation par les mots, les images et, — en
;énéral, par l'imagination, — peut provoquer le besoin ou
Pouvoir sexuel n'importe quand.
C'est la conscience, même non formulée, de ce pouvoir
rotique qui rend gênante l'éducation sexuelle des enfants.
L'homme primitif ou proche de l'animalité éprouve peu
:ette érotique, dont le pouvoir s'accroît avec l'évolution de
a conscience donc l'élargissement du « sens moral ».
Plus le « choc moral » est facile, donc plus le sens moral
développé et « sensible », plus le pouvoir érotique est
;rand. Ceci va de pair avec l'affaiblissement de l'animalité
le la puissance sexuelle.
64. Après avoir résumé mes réponses, voici que t2.
demande concerne, pour terminer, des faits qui dépasserai
la Nature. De tout temps, l'humanité a essayé de répondre
DES RÉPONSES 77
à ces questions au sujet d'une science supranaturelle. Ta
science actuelle, tout en se couvrant de l'écran scientifique
rationnel, n'a qu'un désir qui est de circonscrire l'aspect
irrationnel qu'elle sait présider à tout. Tu sais très bien
aujourd'hui que, dans le domaine intellectuel, l'équilibre
mathématique des équations à une seule solution ne peut
plus suffire ; il y a des réversibilités et des indéterminations
qui entrent maintenant impérieusement dans les raison-
nements mathématiques. Dans les considérations pratiques
tu as admis l'absurde « vitesse de la lumière » comme
système de référence, nouvel « absurde euclidien du point ».
Tu ne traverseras pas le cercle vicieux du rationalisme
déterministe, sans tomber dans un nouveau néant d'où
seule la reconnaissance des symboles de la Nature peut te
sauver. Et cette Nature manifestée commence et finit, ce
qui est un fait sur lequel la raison peut s'appuyer. Là où
elle commence elle est le plus près de la Cause originelle,
là où elle finit elle retourne à cette Cause. Entre les deux
extrêmes il y a la Vie, et cette Vie n'est qu'un ferment (le
sceptre hek, crochet des pharaons), ferment qui fixe l'Éner-
gie causale (le sceptre nekhekh, principe réactif), qui fait
paraître le Feu actif (MM) du Ferment (2). Ceci est la
fonction universelle, grâce à laquelle le supranaturel devient
naturel, jusqu'à dépasser à nouveau le naturel, ayant acquis
la conscience de la Conscience divine que manifeste la
2) Appelée l'Archée par Paracelse.
78 VERBE NATURE DES RÉPONSES 79

Nature. Mais : « L'onction montre le chemin direct par la et de la Volonté en général, du Fiat Lux de la genèse, ou
mort globale de la Nature. » Ceci est la réponse énigma- de la scission de l'Unité.
tique du Rose-Croix. C'est une vérité immortelle mais son C'est ici la Science supranaturelle qui fait la Connais-
expression est d'hier. sance.

Hier l'humanité ne comprenait que par les juxtaposi-

tions du tangible, aujourd'hui elle commence à penser par
65. Si cette haute science n'existait pas, démontrant •
idées non objectivées. Elle entrevoit déjà l'Univers comme
milieu de « champs énergétiques » ; demain elle oubliera l'Esprit, — BA et KA, c'est-à-dire l'âme et ce qui retient
l'Ame et l'esprit (ce qui est tout Un) (1) — alors tous les
même les sources électriques et magnétiques, elle verra ces
« champs » non plus comme résultantes, mais comme des textes sacrés ne seraient que spéculations trompeuses.
Causes en soi. Alors pourra, pour certains, se faire l'illu-
mination pour une science de Genèse où la plus grande
puissance du Monde prend, en douceur et amour, Je formulai alors cette question :
« Comment pourrai-je croire à pareille Science, clé de
conscience du Tout, maudissant la violence des « Sethiens »
la Connaissance, puisque je suis de la Nature, dans la
qui doivent briser pour trouver une part de cette puissance,
Nature, et que pour « voir et toucher » il me faudrait,
que « Dieu leur donne gratuitement » suivant la formule
comme intermédiaire, au moins une forme tangible, fût-
des Anciens.
ce la première que l'évolution matérielle peut offrir ? »
Comprends ceci : toute science, qu'elle soit théologique, On me répondit par le silence d'Harpocrate.
médicale, physique, chimique, enfin toute science qui n'est
pas seulement de classement, a pour essence et clé le
problème du « noyau », c'est-à-dire : la force styptique
coagulante de l'Esprit, ou substance métaphysique, en
matière corporelle, car la Matière est Esprit enclos par la
puissance de contraction qui préside à la densité.
La science nucléaire t'a rendu familière cette image,
mais j'aurais aussi bien pu te parler de I'« odeur» du Dieu,
comme les Sages pharaoniques, ou de la « Volonté divine » (1) Cf. Isha Schwaller de Lubicz, Her-Bak Disciple, ch. XII à XVIII.

ÉPILOGUE
Unité ou multiplicité des Causes ?
L'unité est dans la fonction créatrice, la multiplicité est
dans le Temps. A chaque instant naissent des nébuleuses,
embryons de mondes en gestation, comme, à l'image des
mondes, sont gestés des embryons dans la matrice des
femmes.
Les dates et âges se juxtaposent, se superposent, se
combattent et s'accordent.
La multiplicité en désordre crée l'harmonie par affinité,
car les complémentaires s'accordent, les antipathiques se
repoussent, ce qui fait l'ordre harmonieux des mondes.
La fonction générante est unique ; l'Harmonie efface
la multiplicité, le désaccord des Temps.
DES RÉPONSES 81
L'Unité règne et ne peut pas ne pas régner, même
quand l'Archange Espace sépare pour faire l'intelligence.
L'Espace sépare le haut du bas, la beauté de la laideur, le
jour de la nuit, il fractionne l'Unité, il montre les mondes
séparés par un infini qui jette l'angoisse insupportable au
coeur de l'homme. L'angoisse est la conscience de l'Illusion
mentale.
Rien n'est séparé hors de nos sens ; telle une nébuleuse
geste un Univers, telle une matrice féminine geste un
monde humain. La fonction et les phases sont les mêmes :
qui regarde l'un voit l'autre.
Éternel Présent et succession ?
Création est scission, par soi-même, d'un homogène en
parties hétérogènes entre elles. Ceci fait l'Espace. L'Énergie
causale, le milieu homogène absolu, est inépuisable, et la
scission n'obéit à aucune raison. La création est continue,
passé et futur se joignent dans un éternel Présent. Cause
et Finalité, séparées par l'Espace, sont reliées par le Temps
qui mesure l'Espace. La succession est faite d'unités de
Temps. Ceci est la « granulation » illusoire du Mental
cérébral. La finalité définit la Cause, mais en la Cause la
finalité est virtuellement contenue : c'est donc la forme
temporelle qui granule, et nous savons qu'elle est destruc-
82 VERBE NATURE

tible. L'Espace est notre action cérébrale séparatrice, il est

l'illusion qui rend impossible, pour nos sens, l'identité.
Or, la Magie a sa source dans l'identité, parce que deux
choses identiques ne sont plus deux, mais une seule chose :
ce que subit l'une, l'autre le subit également.
C'est le symbole « magique » du « Miracle d'une seule
chose ».

La pérennité de la Connaissance.

Jamais la Connaissance ne s'est perdue, jamais elle ne

se perdra. La Connaissance n'est pas une chose qui peut Fac-similé de
être détruite ou perdue. Elle a sa source dans la Conscience l'écriture de
et reçoit son inspiration de la Conscience cosmique, et ne R.A. Schwaller de Lubicz
peut être trahie ni par écrit ni en paroles. Ce n'est pas un
savoir qui se transmet. Que l'expérience consciente ait
élargi la Conscience chez un être d'humilité réelle, alors la
prière du désir de connaître peut provoquer l'étincelle du
feu sacré, qui s'élargira en l'incendie du désir de Connais-
sance. Cet incendie divin brûlera sans douleur les faiblesses
et passions, que d'autres avec raison, et quelquefois avec
succès, cherchent à vaincre par autocritique et méditations :
à condition de ne pas rechercher les « pouvoirs ».
Dans la Lumière de la Connaissance tous les Sages et
Mages se retrouvent, qu'ils soient noirs, blancs, jaunes ou
rouges, à travers toutes les phases raciales de l'embryologie
de l'humanité.
 DES RÉPONSES 85

Le passage de la Conscience.
.Ce...frie.erte..4. 4 •
La forme est la cristallisation de la spécificité. La
Ave..< '14 4 spécificité ne peut changer sans la destruction de la forme.
1-/ise-S441 Ceci est « oeuvre de Vie », c'est-à-dire la destruction par
br,24,..., f=i .0e...A•res,4e.,.......t. 4 décomposition naturelle et réorganisation, ou reconstitu-
e°44.» eteewer...ite Pr-à tion, d'une nouvelle forme.
7,-ne a4 ••••447-ke,oez....,Zia4.. 19' 4.-e•44 Cette reconstitution exige un ferment qui est semence.
QT g•leefee....,....4,44..., eolnde....e4'e,er -«.„...a/i..4,. Ce ferment est « le point fixe » qui est l'essence ou centre
. de toute chose. Par la vie corporelle, entre naissance et
mort, des influences (ou souffrances) peuvent modifier ce
centre fixe, et celui-ci va, lors de la reconstitution, modifier
ez. , la spécificité . Ceci fait l'« évolution ». Celle-ci ne peut ainsi
kr-; , se produire que par la « souffrance », c'est-à-dire l'affecta-
/4figo tion profonde, s'inscrivant dans le « point fixe » (le noyau
eee•-%e•P' «fikkudy.e=-4.., indestructible), qu'il s'agisse d'un être organisé ou d'une
chose inorganique.

,4-eu',/ .4 meex.e.....4- ' A3A-4. 4

-ce 4w..
te.:4,euA...«...1 ey«.-.1:-/Aet # /k
me>7.14,.. Ag..› ,4tee‘j/e.teee '-dYjez,
e
86 VERBE NATURE

Dieu est-il immanent ou transcendant ?

Ni l'un ni l'autre.
Immanence et transcendance n'existent que pour l'in-
telligence cérébrale antinomique. Pour parler selon Moïse :
cette dualité ne commence qu'avec l'expulsion du Paradis.
L'entrée de ce Paradis est gardée par l'Archange au glaive
de feu, à la porte d'Orient où le Soleil se lève, séparant
Nuit et Jour.
Nous sommes aujourd'hui à l'Ouest, à l'extrême Ouest,
là où le Soleil se couche, où le Feu retourne à l'Eau et le
DES RÉFLEXIONS
Jour se reconjoint à la Nuit.

Saint-Jean d'été 1952.


Elle, la Nature, m'avait montré une montagne gran-
diose, couronnée d'une cime à la blancheur immaculée, mais
elle fut incapable de m'enseigner le chemin qui y mène.
Il m'a fallu chercher au-delà d'Elle
Ce fut une longue recherche.
Nous dormons où nous sommes éveillés. Nous accor-
dons toute la valeur à l'état de veille, où nos sens nous
montrent le monde extérieur comme réel. Nos sens nous
informent de l'existence objective. Qui ou quoi informent-
ils ? Nécessairement ce qui en nous, d'une façon quelcon-
que, coïncide avec l'objet, s'identifie avec lui par ce qui
spécifie essentiellement cet objet. Ce qui spécifie essentiel-
lement la variété des choses est leur comportement les unes
envers les autres à travers leurs affinités, ce qui constitue
une activité. Les « activités » doivent être innées en nous
pour qu'une coïncidence de l'information sensorielle de ce
qui est extérieur à nous puisse, psychologiquement, nous
le faire connaître. On appelle ceci avoir conscience de... On
peut donc globalement parler d'une Conscience innée et
d'une Conscience psychologique qui, elle, résulte de la
coïncidence par l'information sensorielle. Être éveillé signi-
DES RÉFLEXIONS 89
fie alors : avoir excité la conscience innée, c'est-à-dire une
activité innée en nous.
Lequel des deux moments est le réel ? L'objet et son
activité caractéristique ? ou cette activité innée en nous ?
C'est nécessairement l'activité en soi, qu'elle appartienne
à l'objet ou à notre être.
Chaque chose simple de l'Univers, comme chaque chose
organique vivante, représente en tant qu'individu une
finalité, qu'il s'agisse de l'individu Plomb, parmi les métaux,
ou de l'individu Homme parmi les êtres organisés. La
finalité consiste en la somme des activités innées.
Nous ne connaissons pas toutes les possibilités
d'« activités ». Notre connaissance mentale est limitée, non
par les « possibilités » mais par l'existence objective dont
les sens peuvent nous informer. En tant que finalité totale,
,
L_ actuelle, l'Homme doit nécessairement porter, innée en lui,
.C., la somme de toutes les activités de l'Univers qu'il reconnaît.
Ceci signifie qu'il a en lui toutes les réalités actuelles. Par
rapport à sa Conscience psychologique, ces réalités s'expri-
ment soit en « a priori », soit en « intuition », soit fina-
lement en certitudes rationnelles. Ce sont là les rapports
r, plus ou moins définis par les « sensations ». Les sensations
fondent la dialectique par laquelle l'extérieur s'impose à
, nous comme Réel, tandis que le véritable Réel
en soi. L'illusion du réel objectif, qui est l'erreur de notre
pensée, doit donc cesser dès que nous réussissons à éprou-
ver vitalement l'activité sans rechercher une définition, en
éliminant une connaissance dialectique entre nous et l'objet.
 90
VERBE NATURE
Or toute philosophie de la connaissance est dialectique,
à commencer par l'analyse de notre sensation de l'Espace.
L'enfant naissant est Espace, mais il lui faut une longue
éducation — par les sens — pour se former une conscience
psychologique de la situation des objets, donc d'un concept
de l'espace. S'incarner est synonyme de « se singulariser
objectivement ».
La singularisation est une définition caractéristique
personnelle, c'est-à-dire particulière, ne se confondant avec
aucune autre. En s'incarnant l'Être quitte l'Universalité, il
s'encadre dans des limites tracées par ses sens.
Or les sens sont les effets des activités et répondent
à une moyenne de leur énergie. Si les sens répondaient à
la totalité de l'énergie d'une activité ils ne seraient plus
restrictifs, et il y aurait identification entre l'activité _exté-
rieure et l'activité innée, confondement, donc cessation d'un
« extérieur » par rapport à un « intérieur » : la lumière
serait totale, englobant toutes les possibilités vibratoires,
faisant cesser la différenciation entre la lumière innée et
la lumière apparente.
Les instruments sensoriels pour le sens tactile, l'odorat,
la vue, le goût, l'ouïe, sont des organismes mécaniques,
c'est-à-dire qui sont fonctionnellement limités à une puis-
sance mécanique limitée, répondant partiellement à l'in-
fluence énergétique universelle.
Pour notre incarnation physique, la forme physique est
l'état le plus bas de la concrétisation symbolisée par l'idée
de la pierre. Tous les autres états moins physiques (moins
DES RÉFLEXIONS 91
concrets) sont contenus en cette « pierre ». L'homme qui,
par épreuve peut s'identifier avec le psychique, verra,
entendra, touchera, tout ce qui est dans ce monde
psychique, alors le corporel deviendra pénétrable pour lui.
Beaucoup d'hommes simples, c'est-à-dire non obnubilés par
la « dialectique » des sens, sont capables de se transporter
dans ce monde psychique, surtout s'ils se plongent par des
rites dans un état supprimant tout contrôle cérébral.
l_La réalité objective est absolument relative Elle est
effet de coïncidences fonctionnelles et subordonnée à la
limite sensitive. On appellera incarnation un état actuel de
concrétisation dont la forme est commandée par la fonc-
tion.
Dans notre incarnation le concret est ce qui est phy-
sique, parce que notre forme ne connaît que le physique,
l'état le plus bas, le plus corporel de notre Être. Notre
« physique » ou corps, est pourtant composé de tous les
autres états de concrétisation, non comme parties liées
entre elles, mais comme un tout interpénétré. Ainsi notre
forme psychique sera faite de la même substance que la
forme physique mais suivant une loi spatiale différente.
Mais nous sommes portés à étendre la notion spatiale dans
une quatrième dimension, ce qui n'est qu'un jeu mathéma-
tique et un transport de ce qui nous est compréhensible
dans un domaine abstrait qui n'est que symbolique. Nous
analysons cérébralement, rationnellement, mais il s'agit, en
réalité, d'un autre état de vie. Nous pouvons schématique-
ment définir un volume ordinaire à trois dimensions et le
 92
VERBE NATURE
calculer avec les coordonnées x, y, z. Or, les situations x,y,z,
ne sont que des points mathématiques, et tout chemin ainsi
que toute forme tracée par ces points ne sont que des
schèmes composés de points supposés. Le volume fonction-
nel échappe à la compréhension cérébrale, nous ne pouvons
pas rationnellement l'éprouver. Il nous faut nous transpor-
ter dans un autre état de conscience éliminant le contrôle
cérébral, pour éprouver l'extension en trois dimensions.
Pour qu'un cube s'accroisse d'une quantité quelconque d'une
façon cubique, il doit croître non seulement par les faces,
mais aussi par les arêtes et les sommets. Or nous pouvons
éprouver ceci, croître cubiquement avec le cube, à condition
de ne plus le sentir objectivementp nous faut être cube
dans le cube.,
Il ne s'agit pas de chercher cérébralement des solutions
extravagantes, mais, au contraire, de résoudre les problèmes
les plus immédiats en éveillant la conscience correspon-
dante à la nature de la chose à connaître.
Les apparences qualitatives appartiennent à l'informa-
tion sensorielle, donc s'adressent à l'analyse cérébrale: La
fonction, par contre, est innée en nous, puisque notre forme
corporelle, physique, en résulte. Nous pouvons éprouver la
fonction, nous pouvons l'imiter, y compris même la fonc-
tion de l'extension en volume, ce que nous faisons en
respirant.
Mais il ne s'agit pas seulement de mouvements : ceux-
ci peuvent tromper, car trop facilement ils incitent à une
analyse des composants. Il faut voir dans le mouvement,
DES RÉFLEXIONS 93
qui est mécanique, le geste qui est vital. Le bâillement, par
exemple, révèle le secret de lAum padme h'mm, que nous
retrouvons dans Moham'med islamique, et d'ailleurs sous
beaucoup d'autres formes. Le geste qui accompagne la
parole est toujours juste dans sa signification, l'inverse est
très difficile et exige du raisonnement.
Il n'est pas un secret qui ne soit révélé par un geste
naturel du corps humain.
La Connaissance est innée en l'homme parce qu'il est
le produit actuellement final de toutes les activités, c'est-
à-dire de toutes les fonctions. Ceci est le fondement des
gestes rituels, et ce serait une erreur de vouloir rechercher
leur signification dans des raisons spéculatives, des analyses
cérébrales.
Les gestes de bénédiction, par exemple, sont multiples,
il faut les exécuter pour les éprouver au lieu de les
raisonner.
Mais chaque chose a son geste propre, sa fonction, du
minéral au végétal, du végétal à l'animal et de l'animal à
l'homme.
L'Univers est tout entier activité.
Connaissez l'univers à travers l'homme afin de trouver
finalement le repos conscient, la sérénité divine, la sérénité
du Saint ou Sage, dira Lao-tseu.
Si vous voulez connaître le caractère et le fond de la
pensée de l'homme qui vous parle, imitez son maintien,
ses gestes, ses grimaces. celui, qui, par nature, cache ses
pensées, sera « froid », très sobre de gestes et n'aura pas
 94 VERBE NATURE
de rides sur le front. O la dangereuse belle figure lisse !
Or il est inutile d'imiter- le geste par le geste : il suffit de
fermer les yeux et de le « vivre », de l'éprouver sans
mouvement, pour vraiment le connaître et en connaître,
par épreuve, la significationffire avec l'être c'est connaître,
vraiment « connaître » et non plus seulement savoir.1
La Voie
Laisse toute dialectique et suis le chemin des Puis-
sances ; prends conscience des fonctions innées et deviens
Conscience fonctionnelle.
Débouline avec la roche qui tombe de la montagne.
Cherche la lumière et réjouis-toi avec le bouton de la
rose qui va s'épanouir ;
sois inquiet avec le chien qui aboie dans la nuit ;
travaille avec la fourmi avare ;
butine avec l'abeille ;
prends l'espace avec le fruit qui mûrit ;
cours avec le lévrier.
Sois le fluide dans le tonneau, dans la bouteille, dans
le vase, et vois si tu es heureux ou contraint,
souffre avec le malade, pour le guérir et laisse toute
considération objective.
Sois fonction avec la Puissance, le Neter.
DES RÉFLEXIONS 95
Vivre le geste dans l'immobilité c'est évoquer ce geste
par l'imagination. Ceci implique d'avoir observé ce geste,
donc l'information sensorielle et la dialectique doivent
précéder la possibilité de cette évocation. Or ce raisonne-
ment ne sort pas du cercle restrictif, il est erroné parce
que basé sur une conception cérébrale de l'imagination. Si
l'imagination était une projection imagéè de la forme
observée, alors l'argument serait valable.
Mais il s'agit de fonction et non de forme dans
l'évocation qui va au-delà de la conscience restreinte. Une
éducation est ici indispensable, non une éducation de
l'action, mais une éducation ou, plus justement, un éveil
des facultés de la perception fonctionnelle. Cet éveil ne peut
se produire que par l'élimination momentanée de la pré-
sence cérébrale, c'est-à-dire de toute représentation for-
melle et de toute dialectique de pensée.
La puissance de fascination de beaucoup d'animaux est
exactement du même ordre sauf qu'il s'agit dans ce cas
d'une action instinctive. Cette même action consciente
représente pour l'homme le pouvoir de dépasser les limites
de la Nature.
L'homme doit lutter pour vaincre ce qui est la Cause
même de son pouvoir : la conscience psychologique.
C'est toujours l'histoire de la chute de l'homme para-
disiaque dans la Genèse de Moïse. En acceptant le Savoir
à travers la complémentation de l'homme par son Eve (son
r--
96 VERBE NATURE
ombre, sa négation, son autre moi, l'objectif), la conscience
psychologique vient obnubiler la conscience fonctionnelle.
--- C'est à travers la Négation seulement que la Lumière
du confondement « paradisiaque » peut renaître.
{_..,.
Pouvoir nier est le seul vrai pouvoir humain, ceci fait
son libre arbitre. L'animal ne sait pas, ne peut pas nier.
C'est l'aspect féminin en son Être — son pouvoir de
négation qui permet à l'Homme de retrouver l'Unité. Et
cette Unité est aussi bien masculine que féminine. Hermé-
tiquement : Argent ou Or, Blanc et Rouge, les deux
noblesses.
Le « Pouvoir de nier » est directement dépendant de
l'imagination. L'imagination est la faculté de retenir puis
de projeter par la Pensée une image ou une notion. Il s'agit
donc d'un transport de la constatation sensorielle objective
dans un autre état qui est un reflet de l'objet, comme le
reflet d'une image dans un miroir. Ce reflet devient
maniable pour la pensée comme l'objet l'est pour le corps
physiqudC'est la relation de l'objet à son image reflétée
qui va former la conscience psychologique. \ta présence de
l'objet, dont les sens nous informent, ne peut pas être niée :
cet objet existe physiquement pour le corps physique, mais
son image reflétée dépend de notre acceptation et nous
pouvons l'effacer par la pensée4Ainsi le Pouvoir de la
Négation s'identifie avec la Pensée cérébrale, et détermine
la faculté de raisonnement ou coordination des notions.
DES RÉFLEXIONS
La seule constatation sensorielle met en rapport
fonctionnel l'extérieur avec la conscience fonctionnelle
innée. Avec le développement du cerveau, ces constatations
97
s'inscrivent. Ceci va former l'outil ou organe cérébral
primitif, situé dans l'hémisphère gauche, le cerveau du
souvenir. Le côté droit va se former, en réflecteur des
inscriptions, comme la Lune reflète la lumière solaire.
Il y a une relation fonctionnelle entre la Pensée et ce
jeu d'action et réaction cosmique, et les phases de la Lune
L
influencent l'imagination.
Le reflet devient ainsi propre à l'individu, un état
indépendant de l'objet et des sens, la constatation senso-
rielle étant une fois inscrite. A partir de ce moment, le
pouvoir de négation peut s'exercer et permet le raisonne-
ment, c'est-à-dire le maniement, en tant que Pensée, du
monde objectif. Ceci permet de transformer, de supprimer,
de schématiser à volonté les formes et apparences.
Toute science résulte d'une action éliminatoire, déga-
geant les vérités de l'erreur. !route discussion exige une
position opposée, donc la négation de l'affirmation adverse.f-
Toute constatation intelligente exige la comparaison, qui
est négation relative d'une chose par rapport à une autre.
Toute notre vie, en Pensée comme en fait, est un combat :
lutte par une négation. Tout l'Univers est Action, une lutte
contre l'inertie.
La Sagesse supprime action et inertie, en supprimant
l'illusion, le reflet, le schème, par l'identification fonction-
nelle consciente de l'En-soi et du Hors-de-Soi.
98 VERBE NATURE
On peut faire paraître pure une qualité en dépouillant
une chose de ce qui l'empêche de paraître, mais il est hors
de la compréhension cérébrale d'exalter et d'augmenter
cette qualité, parce que ceci conduirait à la cjésintémtion
cp.r.ut L'exaltation qualitative est pourtant le problème
mystique proposé par ce que l'Hindou appelle Yoga et qui
signifie la Voie du retour à l'Unité.
Multiplier la Qualité est synonyme de « exalter l'Être »,
à partir de la forme corporelle tri-dimensionnée, jusqu'à
l'abstraction de la forme ; c'est en quelque sorte le retour
de l'Énergie impulsive originelle à sa source. C'est à peu
près une Entropie spirituelle 4.
Ceci ne peut se faire, par la voie normale, qu'à travers
la destruction ou mort corporelle et la réincarnation, la
Mort est affaire de la Nature, la réincarnation est affaire
spirituelle. C'est, regardé d'une façon imagée, une montée
et une descente réitérée, le pendule de la Vie incessante.
Par la voie exceptionnelle, abrégée, ceci se traduit pour
l'humain par un transport de la Conscience en un état
« hors dimensions », une abstraction de la forme, appelée
ici la Conscience fonctionnelle. La rechute dans la
conscience psychologique (l'acceptation des dialectiques et
antinomies) — permet, à travers ces alternances, la maî-
trise du pouvoir pour se transporter, toujours plus facile-
ment, dans l'état de conscience recherché.
Il y a différentes méthodes qui facilitent, par des
exercices, cette montée et descente. Le but est la concré-
DES RÉFLEXIONS 99
tisation spirituelle, mais cette fois en substance spirituelle :
c'est-à-dire la multiplication de la Qualité.
Je ne sais pas ce qu'est l'Esprit, mais l'Esprit sait ce
que je suis, car tout n'est que cet Esprit. Comment pourrait-
on décrire en mots ce qui n'est pas perceptible par les sens
ni par l'intelligence objectivante cérébrale ?
n ue reste-t-il, après la mort, de la conscience dite
psychologique ? Elle cesse avec l'outil cérébral,' La moindre
lésion de cet organe modifie les facultés clé l'intelligence.
Pourtant, après la mort corporelle, l'homme ne cesse pas
d'être, sa vie matérielle étant livrée à diverses métamor-
phoses végétales et animales, mais ses cendres contiennent
un sel essentiel et fixe.
Rien ne peut empêcher la continuité de l'être (1), mais
sa réincarnation humaine peut être retardée durant de
longs cycles du devenir universel. C'est un sommeil de la
conscience psychologique : ce n'est pas un sommeil de sa
conscience fonctionnelle.
Quand l'Esprit a reçu l'impulsion concrétisante, toute
la suite de l'évolution de l'Être est fatale, sous une forme
ou sous une autre de son existence. La Cause absolue de
tout est cette impulsion concrétisante, je l'appelle la
(1) La lumière du chemin, ch. VI.
100 VERBE NATURE
Conscience fonctionnelle. Elle est immanente en l'Esprit
comme le fruit est virtuellement immanent à sa semence.
Le seul souci de l'Être, arrivé au degré humain, doit être
sa rédemption. Elle est Horienne-Christique, et le don de
Rédemption christique est universel ; c'est la puissance qui
seule permet le dépassement de la Nature. C'est la Force
qui permet l'éveil de la conscience fonctionnelle après
l'erreur de la conscience psychologique, effet des complé-
mentations, des oppositions, des antinomies.
La rédemption est la virtualité du Verbe créateur
devenue effective :
Quand cette virtualité active, qui est l'impulsion concré-
tisante de l'Esprit, a transmué en activité cet esprit passif
formateur, alors la conscience fonctionnelle a réalisé toutes
les fonctions et sera libérée des formes transitoires, concré-
tisées pour son expression et son évolution.
La Puissance concrétisante n'a ni corps, ni forme, elle
prend forme par l'Esprit qui lui donne substance : la
féminité donne corps à la virtualité, habille d'apparences
passagères la Conscience fonctionnelle. Ces apparences
doivent être détruites chaque fois que l'une des fonctions
a pris conscience d'elle-même. Dès' cendres indestructibles
renaît le Phoenix, le même être un peu plus libre de la
forme — s'il a recherché cette libération.
Dans le sommeil on vit autrement qu'à l'état de veille,
mais la vie continue. Il en est de même dans le grand
sommeil de la forme.iffaut apprendre à vivre au-delà de
DES RÉFLEXIONS 101
l'illusion cérébrale.IC'est la vraie prière, l'éveil christique,
l'onction rédemptrice.
Le maintien de la chose et son nourrissement sont de
la Nature ; l'exaltation qualitative est hors-Nature.
La procréation qui fait naissance et mort est de la
Nature ; l'immortalité est hors-Nature.
L'accouplement des compléments est de la Nature ; la
magie de l'identification est hors-Nature.
L'évolution du virtuel à l'effectif, est de la Nature ; la
transmutation rédemptrice est hors-Nature.
Le sacrifice constant du renouveau Osirien-Melchisé-
dech est de la Nature ; le sacrifice unique et absolu, Horien-
Christique, est hors-Nature.
i' Qui ou quoi donc peut me parler de ce qui est hors-
Nature, si ce n'est l'illumination subite et l'identification,
ou confondemerit, de ce qui en moi est identique avec ce
qui m'entoure ?
Mes os sont minéraux, mes tissus conjonctifs sont
végétaux, mon sang et mes organes sont animaux, mon
encéphale est humain. Cet ensemble coordonné est de la
Nature, mais ce Tout interpénétré est hors-Nature.
La Nature est la forme symbolique de ce qui est hors-
Nature.
Le fer attire l'aimant parce qu'ils sont l'un de l'autre.
L'aimant ne serait pas sans le fer. Amour.
102 VERBE NATURE
La terre attire la rosée, parce qu'ils sont l'un de l'autre.
La rosée ne serait pas sans la terre. Amour.
La femme attire l'homme, parce qu'ils sont l'un de
l'autre. La femme ne serait pas sans l'homme. Amour.
Fer et aimant, terre et rosée, femme et homme sont
de la Nature... l'Amour est hors-Nature.
Ainsi, avoir une raison d'aimer n'est pas Amour, avoir
une raison de donner n'est pas Don ; avoir une raison de
prier n'est pas Prière.
L'inutile qui s'impose par la Qualité est signature de
noblesse. Et la chose la plus inutile au monde est l'Or.er7
ne trouve pas l'Or de la Vérité hors de soi-mêMel Mais
si tu te regardes toi-même tu seras ton propre ennemi,
comme tout ce qui est hors de toi est ton ennemi.
L'« En-soi » devenant le Moi, c'est la chute dans l'erreur,
t savoir opposé à la Connaissance.
ki
L'identification par la fonction supprime la dualisation,
fait cesser l'En-soi et le « hors de Soi ».
Que le disciple, pour commencer, ferme ses sens et
agisse par la Pensée ; il découvrira des miracles.
Tu ne sais pas fermer tes sens ? Éprouve ton bâille-
ment, reconnais son secret. Quand tes sens désirent se
fermer pour la concentration vraie ou le sommeil, tu bâilles.
Je ne puis dire ici tout ce que révèlent les gestes, c'est
trop intime. Que ta prière constante soit : « Tout l'OEuvre
de l'Univers est en moi. »
DES RÉFLEXIONS 103
/' Je prêche un Individualisme pur, sans égoïsme, absolu,
la source de toute vraie solidarité et de toute fraternité, car
il supprime le « toi et moi ».
Le collectivisme est «utile », il est de nature basse, il
est motivé par la crainte et l'égoïsme.
La vraie solidarité est fondée sur la conscience de la
responsabilité que tout homme a envers toute l'humanité,
son propre genre, son espèce en laquelle il se fond
fonctionnellement.
Le véritable Amour n'exige pas d'aimer. Aimer c'est
reconnaître toi et moi, c'est affirmer la séparation. Mais
( l'Amour est un état de confondement.
Éveiller la Conscience fonctionnelle est être Amour,
être Unité.
La: Qualification te sépare de l'eau de la mer, de la
pierre, de la terre, de la végétation, de l'amoureuse tour-
terelle, de la bête féroce, de toutes les races humaines ; mais,
fonctionnellement, tout ce qui paraît hors de toi est
fonctionnellement en toi, homme de la fin d'un Temps.
La Qualification e montre un Musulman séparé d'un
Juif, d'un Bouddhiste, d'un Brahmine, d'un Taoïste, d'un
Chrétien, discute, à perte de vue et de temps, de leurs
« philosophies », de leurs mérites. Quel est ton critère, toi
qui ignores la révélation de la Connaissance ? Tous te
disent, à leur façon, la Vérité, le dernier seulement te parle
ouvertement de Rédemption.
104 VERBE NATURE
La Rédemption est en nous, pourvu que nous éveillions
la Conscience, de la fonction qui unifie, qui rend caduque
toute discussion.
Est-ce que Connaître n'est pas plus précieux que de
chercher à Savoir ?
Une oeuvre d'Art se juge à travers d'indéfinissables
:ommunions « fonctionnelles ». Toutes les « mancies », y
:ompris un thème astrologique, ne sont qu'un appel à cette
:ommunion, aussi bien pour les moyens employés, — donc
par leur relation fonctionnelle avec l'Univers, — que pour
eur interprétation.
La transe authentique d'un « médium » psychique est
'état de communion de sa conscience fonctionnelle avec
in autre état fonctionnel. On jugera ce médium, par
xemple, en lui faisant décrire le mécanisme d'une montre.
;i sa conscience fonctionnelle est seule en jeu, sa
conscience spatiale » sera différente de la conscience
Psychologique de l'observation objective. Il décrira le méca-
lisme vu de l'intérieur, comme si lui-même était « placé
ledans ». La supercherie est difficile.
L'artiste dit, à propos du dessin : « Chaque trait doit être
arraché du coeur. » Cette image montre combien il est
mpossible de décrire en mots cet état de communion que
3rocure l'état de conscience fonctionnelle, par laquelle
;'efface la « dualité », l'antinomie, la séparation objective.
DES RÉFLEXIONS 105
« Un dessin, si parfait soit-il, n'est rien sans le trait de
force que seul le maître peut donner», dit un axiome
chinois.
Cette maîtrise est un don, mais on ne peut l'acquérir
que par une éducation qui éveille la plus haute Conscience :
la volonté, la technique, n'y sont pour rien.
En ce temps-ci, l'humanité arrive à la frontière des
possibilités que lui confère la conscience psychologique.
Dans tous les domaines de la Pensée, que ce soit dans
l'expression religieuse, les Sciences ou les Belles-Lettres,
quelque chose ne répond plus à l'aspiration obscure éveillée
par l'observation de cette fin d'un pouvoir humain.
r On cherche la lumière dans toutes les directions quand
on devrait, au lieu de chercher hors de soi, revenir en soi
\pour y éveiller cet état de conscience, correspondant à ces
abstractions (sorte d'« absurde logique ») auxquelles nous
a conduits la recherche objective.
Il ne s'agit plus de « matérialisme » ou de « spiritua-
lisme » : ce sont des antithèses qui ne résolvent rien ; ceci
n'est encore qu'une spéculation philosophique, qui pouvait
convenir à la Grèce classique, mais devient puérile devant
ce que l'humanité actuelle pressent ou entrevoit. A tout
argument peut s'opposer un autre argument, excellent
exercice pour fortifier les facultés mentales dialectiques ;
mais quand on en est arrivé à se débattre avec des
grandeurs imaginaires et des coordonnées courbes, et avec
106 VERBE NATURE
la géométrie de la quatrième dimension et la Relativité
généralisée, et que l'on pressent que la gravitation univer-
selle peut très bien n'avoir rien de commun avec la matière
telle que nous la connaissons, alors il faut de nouvelles
facultés ou bien la « machine cérébrale » se détraque. C'est
la voie folle qui mêle deux étages de la conscience et non
plus seulement deux logiques ou deux points de vue.
L'ultime recours à la mathématique, et même à « la
multiplication des mathématiques », ne pourra finalement
rien résoudre pour la connaissance des problèmes résolus
simplement par la Nature devant nos yeux, tandis que ces
yeux regardent à travers un état de conscience ne s'iden-
tifiant pas avec la nature du fait.
C'est en nous que nous devons chercher, et c'est la
conscience fonctionnelle — et non la connaissance objective
des fonctions — qui est la clé.
Divers points de vue d'une même chose, observée d'un
même étage de la Conscience, forment la notion rsyriEe-
tirquj de cette chose. Cette même chose, vue de 1e
immédiatement au-dessus de la conscience psychologique,
est totalement modifiée. L'espace qui lui est propre est
« rayonnant », et non plus « condensé » comme l'est celui
de l'objet situé. Ceci constitue un « vide physique », réel
centre gravifique pour les corps physiques. La pensée
active, c'est-à-dire fonctionnelle, est de cet ordre. Nous nous
transportons plus souvent que nous ne le savons à cet étage
de la Conscience.
DES RÉFLEXIONS 107
La première « libération » consiste à maîtriser ce trans-
port.
C'est ici le monde des « champs de forces », des actions
de l'incorporel, de l'intangible, dont les croisements pro-
duisent les effets tangibles pour nous, comme peut l'être
une goutte d'acide coagulant le lait, et formant un solide
d'un liquide. Le premier effet de ces croisements est la
définition des deux aspects énergétiques qui encadrent
toute matière physique : l'énergie électrique et l'énergie
magnétique. L'une est complément de l'autre comme le
sont l'équateur centrifuge et l'axe centripète d'un corps en
rotation. Cosmiquement, pour notre système solaire, ce
croisement, constant, formateur, est donné par le champ
de force magnétique solaire et la réaction lunaire électrique,
planétaire. Plus immédiatement pour nous, la Terre et la
Lune jouent un rôle semblable.
La physiologie des champs de forces dans le corps
humain, constitue le tableau des flux, reflux et centres
occultes, qui se manifestent par la force nerveuse, source
de la vie, c'est-à-dire d'un devenir et évanouissement
alternatif du corporel. Ces deux moments extrêmes déli-
mitent ce que psychologiquement, objectivement, nous
appelons le Temps et que j'appelle Genèse. Alors la
spécification corporelle, momentanée, constitue les dis-
tances comme le passage d'une spécification à l'autre est
Mouvement.
Ceci est un système vu par la conscience fonctionnelle,
mais décrit à l'image de la conscience psychologique. C'est
108 VERBE NATURE
un transport dans le monde des « champs de forces » où
la situation objective, — la séparation objective, — n'existe
plus.
Un geste de la main est un mouvement dans le temps,
définissant une distance. Physiquement ce geste mécanique
a une signification. Cette signification est fonctionnelle ;
elle n'est pas seulement rattachée à u e considération
mentale, mais, parce qu'il s'agit de la man et non d'un
bâton (par exemple) que tient cette mai , le geste de la
main a « en soi » une signification, caractérisée par ce que
spécifie la main.
Un oeuf de poule, fécondé et placé dans les conditions
nécessaires à son éclosion, réalise un geste que nous
appellerons : la gestation du poulet. Le geste est gestant.
Il procrée dans son aspect corporel, parce que dans son
aspect « fonctionnel » il crée. Or créer signifie faire de Rien
(de l'incorporel) quelque chose de corporel pour nos sens.
Ce Rien est la substance (incorporelle) dont tout se
nourrie, et « se nourrir » signifie : extraire d'un support
matériel la substance abstraite qui se matérialise dans la
nature de ce qui se nourrit, ce qui ne peut se faire que par
la destruction (digestion) du support. Il n'existe pas deux
modes pour cette fonction.
Le geste est créateur, mais le geste de la créature est,
à son tour, révélateur de la conscience fonctionnelle, nou-
DES RÉFLEXIONS 109
velle et supérieure conscience offerte à la créature humaine,
unissant les extrêmes antithétiques.
La signification en soi du geste, en dehors de toute
attribution mentale ou émotionnelle, est l'expression de la
conscience fonctionnelle. Ainsi doit-on comprendre la
signature de toute chose. La couleur de la fleur est son geste,
ce geste montre les rayons lumineux nourriciers qu'elle
recherche : le liseron bleu appelle les rayons du matin et
la marguerite blanche se tournera vers la lumière du midi.
La chose obéit à la conscience fonctionnelle et apparaît à
notre conscience psychologique à travers l'aspect restrictif
de nos sens. Ceci classe l'illusion par rapport à la Réalité.
La conscience psychologique sélectionne, la conscience
fonctionnelle unifie.
Le Nombre d'Or est une définition mathématique d'une
fonction proportionnelle à laquelle obéit toute la Nature,
qu'il s'agisse du coquillage des mollusques, des feuillages des
plantes, des proportions du corps animal, de l'ossature
humaine, ou des âges de la croissance de l'homme.
Le binôme algébrique est une définition mathématique
d'une fonction de croissance géométrique.
En général, les fonctions qui président aux phénomènes
sont l'objet de l'étude de la Science, qui veut en déterminer
le caractère et en donner les définitions. Mais vouloir
remonter à la fonction en partant de sa définition mentale,
intellectuelle, cérébrale, est une erreur. Réduire la
110 VERBE NATURE
conscience fonctionnelle à la conscience psychologique est
descendre d'un étage de la conscience à un autre, c'est
changer de « monde », or, pour « remonter » à l'étage
supérieur il faut changer de moyen, comme nous le faisons
pour « descendre ».
Nous, humains, nous avons acquis le pouvoir de la
Négation et nous devons nous en servir contre nous-
mêmes, contre notre corporalité minérale, végétale et
animale, à travers laquelle nous avons a..quis ce suprême
pouvoir humain.
Renoncer est relativement facile, mais ce n'est qu'un
symbole. Ce que nous devons c'est nier la réalité de la
conscience psychologique et renoncer à la démonstration
dialectique, pour nous habituer à vivre la conscience fonc-
tionnelle. C'est laisser le savoir, encombrant et sans issue,
pour rechercher la Connaissance.
CONCLUSIONS
La spécification détermine la chose devenue à partir de
la « non-chose ».
La spécification, qui est qualification dans le rapport des
choses entre elles, est la conscience fonctionnelle.
Quand le texte Moïsiaque affirme : « Dieu dit que la
Lumière soit et la Lumière fut », la Lumière est une
DES RÉFLEXIONS 111
spécification, et, par rapport aux Ténèbres, cette Lumière
est conscience fonctionnelle de Lumière.
La conscience fonctionnelle est l'activité virtuelle, c'est-
à-dire immanente comme possibilité, qui devient effective,
c'est-à-dire déterminée.
En tant que possibilité immanente à la Cause, ou aux
causes, la conscience fonctionnelle est universelle, c'est-à-
dire indéterminée mais déterminante ; l'Égypte appelle
Neter, c'est-à-dire Principes, les aspects de la conscience
fonctionnelle.
Si la conscience psychologique — ou reconnaissance
de la conscience fonctionnelle — dénombrait les Neter, il
n'y aurait pas plus de Neter que ceux que nous reconnais-
sons. Ce serait, pour chaque temps, les éléments d'un
Mythe du moment.
Or l'histoire, au plus loin qu'elle' plonge dans l'archaï-
que, nous montre que les mêmes Principes n'ont pas plus
varié que les constellations du ciel fixe.
On est en droit de conclure que les Principes, ou Neter,
ne sont pas dénombrés par notre reconnaissance relative,
mais par la Connaissance expérimentale d'un fait qui
résume la Genèse, que ce fait soit compréhensible ou non.
Les noms changent mais les Neter sont invariables.
Ceci s'entend des Principes primordiaux, non engendrés
mais créés, ceux que l'on représente sans nombril dans les
figurations ésotériques.
112 VERBE NATURE
Ceci signifie que l'Univers est créé par une voie
invariable : ce qui situe hors du Temps une création
continue, un Présent sans passé ni avenir.
En opposition, ce qui est engendré est continué à
travers une naissance et une mort, c'est-à-dire comprend
une évolution. L'évolution est l'organisation (extension)
formale de la conscience fonctionnelle, jusqu'à épuisement
des Possibilités immanentes à l'impulsion concrétisante.
La concrétisation « descend » jusqu u retournement de
la conscience qui fait l'homme avec la faculté nouvelle de
la Négation. A partir de ce moment commence la désin-
tégration du concret. Tous les Principes engendrés ont pris
une forme dont ils vont alors se relibérer : les possibilités
sont épuisées, la conscience fonctionnelle est universelle.
L'homme actuel n'est qu'une étape : le moment critique
vers ce retour à l'Homme universel.
Le Ciel, le Cosmos, est tombé, face contre terre. En se
retournant, Microcosmos, il revient vers le Ciel, ayant
connu toutes les souffrances de la concrétisation, le formel,
étant devenu « fonction » consciente.
Ceci fut, ceci est, ceci sera. Il y a donc Création
consciente, Univers conscient, et Retour conscient, d'une
conscience fonctionnelle. La conscience psychologique n'est
qu'un passage, un état relatif, situant le moment du
« retournement ».
La Création, c'est-à-dire le Moment Présent, est sans
limite, mais la concrétisation connaît une finalité.
DES RÉFLEXIONS 113
Cette limite est l'Ego, c'est-à-dire a : a, en tant que
fonction, c'est-à-dire la chose devant elle-même. Ce
moment est atteint, pour la forme, lorsque l'activité concré-
tisée peut lutter contre toutes les activités normales
ambiantes nécessaires pour sa génération et son maintien.
Ce même moment est atteint définitivement, vitale-
ment, lorsque toute la conscience fonctionnelle est concré-
tisée, formée et organisée, donnant à chaque Neter l'outil
formel de son activité.
Alors commence la désagrégation : des organes s'atro-
phient mais la conscience fonctionnelle de ces organes
subsiste.
Ne devrais-je pas appeler Ame la conscience fonction-
nelle ? Certes elle est ce qui anime tout, mais qu'entend-
on aujourd'hui par ce mot Ame, sinon un symbole d'une
abstraction ? La conscience fonctionnelle est Action, l'action
« en soi », non pas ce qui agit, ni l'effet de l'action. Si
abstraite que soit cette notion elle répond à une inquiétude
et satisfait, parce qu'elle s'appuie sur le fait par ses effets
et trouve son image sensible dans le mouvement.
L'acception du caractère de « spécificité », accordé à la
conscience, — dont la notion est ordinairement restreinte
à la seule conscience psychologique, — permet de concevoir
différents états, ou étages, de la Conscience.
Or, l'effort de l'humanité pour éclaircir les mobiles des
choses, et le progrès de la pensée dans l'étude de la matière,
posent maintenant des problèmes nouveaux qui font appel
114 VERBE NATURE
à un état de conscience permettant d'éprouver la fonction
sans situation de l'objet.
On passe d'une pensée arithmétique à une pensée
géométrique de l'espace, non plus une géométrie « arith-
métique » euclidienne qui est dépassée comme l'est la
syllogistique aristotélicienne, mais une géométrie purement
« fonctionnelle ».
Ici encore l'Égypte pharaonique nous montre le chemin,
en considérant les fonctions géométriques et trigonométri-
ques à travers la vie et non plu seulement, comme l'ont
fait les Grecs, en une projection Cérébrale, schématique,
réduite à des lignes et des plans.
La projection cérébrale, schématique, ne répond plus
aujourd'hui à notre appel, pas plus qu'une conclusion
logique sur la base de termes imaginairement absolus.
Chaque terme est en soi mouvant. En faisant précéder nos
énoncés par « Si », ou par « En admettant que... », nous
nous coupons les ponts vers la Connaissance pour tout
réduire à un Savoir fondé sur des suppositions. Les plus
savants échafaudages mathématiques s'appuient sur une
référence que l'on « admet » stable. C'est toujours réduire
un étage de la Conscience à l'étage inférieur de la conscience
psychologique.
Pour que la science devienne féconde vitalement, pour
sortir du domaine matériel (sans valeur vitale) de la
mécanique, il faut faire appel à la Conscience et non plus
seulement au raisonnement cérébral. Jusqù'à maintenant
on a sacrifié à la vérité « intersubjective » du groupe, c'est-
DES RÉFLEXIONS 115
à-dire que l'on ne reconnaît comme vrai que ce qui est perçu
par la généralité des hommes. Ce que l'individu isolé est
seul à percevoir, grâce à un état de conscience supérieur,
ou même grâce à une sensibilité sensorielle exceptionnelle,
est relégué, sinon rejeté, en tant que connaissance subjec-
tive, non partagée. Or, la Conscience évolue, la Conscience
est même seule à évoluer ; c'est donc à la culture de cette
évolution qu'il faut s'adresser pour briser le cercle « fermé »
de la conscience psychologique.
Il y a des Fonctions qui se sont concrétisées, coagulées,
en corps humain et c'est la Conscience divine qui s'est
humanisée. Par étapes elle veut ensuite se défaire de la
lourdeur corporelle et d'abord du corps physique ; mais elle
doit continuer sa libération, donc rien ne doit la retenir ou
la rattacher en arrière : ni haine, ni esprit de vengeance,
ni avarice, ni regret.
Mais quel est donc cet « aimant » qui permet à la
Conscience divine de descendre en corps physique, et quel
est ce crochet qui la retient ?
C'est le « sel de la terre » dont parlent les Évangiles,
la Force concrétisante qui, dès l'origine, fait l'Être et qui
subsiste à travers toutes les formes de la concrétisation
jusqu'à la forme physique. Ici bas il est le sel des cendres ;
il fixe la conscience fonctionnelle, à l'image du germe, qui
n'est que la huit centième partie du grain de blé, et sera
épi de blé et tout le blé de la terre... mais seulement blé.
Ceci est le « crochet » et ferment, l'attache qui doit se
subtiliser pour permettre la vie dans une forme libérée du
116 VERBE NATURE

corps terrestre. Et ce ferment, nous le faisons et façonnons

par notre aspiration effective ; c'est lui, l'Être que nous
devons préparer, car il sera conforme à ce qu'il doit fixer.
A chacun de choisir : revenir sur terre ? ou souffrir d'un
appel insatisfait et flotter dans la douleur de l'indécision,
ne pouvant plus descendre et ne sachant pas monter ? ou
passer vers la libération ?
On se refuse à comprendre cette inexorable réalité,
parce qu'on voit le cadavres vie. On oublie qu'on
regarde ce cadavre avec des sens et une intelligence qui ne NOTES BIOGRAPHIQUES
sont plus de lui, mais de nous qui ne sommes pas encore
cadavre physique. Or, durant toute sa vie physique l'homme ET REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
obéit à des impulsions irraisonnées, qui le conduisent sur
des chemins ou vers des actes décisifs pour son existence.
Il le constate plus tard mais n'accepte pas l'enseignement
du fait : la conscience fonctionnelle, innée en l'homme, le
conduit vers sa destinée en dehors de tout contrôle de la
conscience psychologique.
La volonté « consciente » du libre arbitre ? Mais elle ne
sait que briser, séparer, morceler ce qui est, puis recons-
truire avec les morceaux. L'homme n'est pas créateur. Il a
un pouvoir : celui de nier ; c'est le grand don qui lui est
accordé par sa chute, don de sauvetage, mais cet homme
ne peut pas créer: il ne peut que procréer. Il a droit au
choix, en usant de son pouvoir pour ou contre lui-même.
Son sauvetage consiste à savoir s'en servir contre lui-même,
contre son illusion, contre son « Moi », ce « Moi » qui
sépare et isole l'individu d'avec le Tout.

NOTES BIOGRAPHIQUES
René Adolphe Schwaller est né à Asnières (Seine-et-
Oise) en décembre 1887. Enfance et adolescence studieuses
en Alsace où son père exerçait la profession de pharmacien
chimiste, à Strasbourg. Déjà se posaient à lui des questions
dénotant une maturité spirituelle assez extraordinaire : à
sept ans, il ébauchait une étude sur l'existence de Dieu et,
à quatorze ans, il se posait la grande question « Quelle est
l'origine de la matière ? ».
A seize ans, pour éviter l'incorporation dans l'armée
allemande qui occupait alors l'Alsace, il traversa à pied la
forêt des Vosges et passa la frontière française. A Paris,
il parvint à réaliser son rêve : travailler la peinture avec
Matisse. Parallèlement, il étudia diverses philosophies et
fréquenta pendant deux ans la Société théosophique.
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES 119
La grande guerre de 1914-1918 mit fin à sa vie
d'étudiant. René Schwaller fut mobilisé dans un laboratoire
de l'armée pour y faire les analyses chimiques de l'équi-
pement du soldat et du ravitaillement des armées. Il
perfectionna ainsi ses connaissances scientifiques mais
éprouva les limites de la science officielle qui n'apporte pas
de solution au problème de la Vie, de sa Cause et de son
But.
C'est en 1917 qu'il fit paraître son « Étude sur les
Nombres ».
1919: R.A. Schwaller conseilla avec la plus grande
clairvoyance son ami le poète O.W. de Lubicz Milosz,
Lithuanien d'origine, alors représentant officiel des États
Baltes, pour obtenir des Alliés la libération de ces états.
Ayant obtenu gain de cause, Milosz, par reconnaissance et
après l'avoir « fait chevalier », le reçut dans le Clan dont
faisait partie sa famille. Il lui conféra le droit de porter les
armoiries « dénommées Lubicz, avec la variante Bozawola
ou volonté de Dieu » et, publiquement, lui donna la
chevalière de son propre père.
Avant la fin de la guerre, l'année 1918 avait vu naître
« L'Union pour l'Affranchissement des Peuples », ancienne
« Ligue pour la Défense du droit des gens ». René Schwal-
ler participa activement à la fondation de cette « Union »
de même qu'à la rédaction de son journal « L'Affranchi »
qui parut jusqu'en Mai 1919.
120 VERBE NATURE
En Juillet 1920, il fonda avec quelques amis l'Associa-
tion libre « Les Veilleurs » dont la revue « Le Veilleur »
parut d'octobre 1920 à mars 1921. AOR signait alors ses
articles « de Lubicz-Schwaller ».
C'est le 11 octobre 1920 qu'eut lieu à Auteuil l'inaugu-
ration de la maison de Balzac qui, grâce à l'action désin-
téressée d'AOR, fut sauvée de la démolition et classée
monument historique.
L'action entreprise par les Veilleurs était d'ordre social.
Dès 1921, l'organisation étant structurée, AOR la laissa
continuer sur sa lancée. Pour répondre à l'appel intérieur
d'une vie de méditation et de travail personnel plus
approfondi, il se retira en Suisse, à Saint-Moritz, avec ISHA
devenue son épouse. Ils formèrent un couple initiatique
ayant une totale unité de vie et de pensée se donnant pour
mission d'enseigner à l'homme actuel le but réel de son
existence : l'identification de sa Conscience Humaine avec
son Entité Immortelle.
Avec des chercheurs et des artisans d'élite, AOR et
ISHA fondèrent la Station Scientifique Suhalia ; afin
d'éveiller en l'être humain la conscience de la matière,
l'action exercée par le travail artisanal y fut expérimentée.
Entourés de jeunes hommes et femmes en quête de leur
réalisation personnelle, ils furent constamment à la
recherche du geste essentiel et des Lois fondamentales
régissant la Nature et l'être humain. Les travaux débou-
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES 121
chèrent sur des réalisations de la plus haute qualité, parmi
lesquelles la quintessence des plantes, la redécouverte de
la cuisson du verre des anciens vitraux dont les fameux bleu
et rouge « de Chartres ».
C'est à Suhalia, en 1925, que R.A. Schwaller de Lubicz
reçut, en méditation, la Révélation du Maître de la Lumière
qui lui fit connaître son nom véritable : AOR, nom qu'il
ignorait jusque-là. Peu après, dans « L'Appel du Feu », il
relata ce qui lui fut alors enseigné.
La crise monétaire qui survint en 1929 ne permettant
plus la vie en Suisse, AOR et ISHA revinrent, en France
et acquirent un domaine près de Grasse ; cette demeure
devint leur port d'attache. Ils y séjournèrent périodique-
ment entre de longs voyages et des croisières en mer qui
les amenèrent à visiter, entre autres, l'Afrique du Nord.
Invités à séjourner à Majorque dans un ancien hospice de
Raymond Lulle pour y classer et traduire de très anciens
manuscrits, la guerre civile espagnole les força à en partir
au bout de deux ans.
Ils préparèrent alors leur séjour en Égypte, puis,
pour des questions de visas, passèrent de longs mois
en Grèce. Enfin admis à séjourner en Égypte, AOR
et ISHA s'installèrent à Louxor d'où ils rayonnèrent
dans les sites archéologiques si nombreux en ce pays.
C'est à cette époque qu'AOR découvrit la connaissan-
ce totale des Sages de l'Égypte ancienne exprimée dans le
r

122 VERBE NATURE

symbolisme de l'architecture du Temple, des sculptures et

inscriptions. ISHA reçut la révélation du véritable alphabet
hiéroglyphique. Pour vérifier le bien-fondé de leurs décou-
vertes, ils les firent connaître à des égyptologues « classi-
ques », Alexandre Varille et Clément Robichon qui, enthou-
siasmés, s'associèrent à leurs travaux ; avec le peintre
Alexandre Stoppelaere ils formèrent le « Groupe de
Louxor ». Tout au long de ces douze années passées à
Louxor, Lucie Lamy (fille d'Isba) releva sous l'égide de
Clément Robichon, les plans du Temple. Elle s'attacha
également à relever les reliefs et inscriptions de la plupart
des salles, AOR dirigeait les travaux pour lesquels il exigea
la précision la plus absolue.
Au retour en France, en 1952, ces travaux, preuves des
thèses symbolistes d'AOR, permirent l'élaboration de l'ou-
vrage magistral « Le Temple de l'Homme ». Les bases
essentielles de la Connaissance pharaonique dans les
domaines non seulement de l'architecture, de la sculpture
et de l'art en général, mais ausi des mathématiques, de la
géométrie et de la médecine y sont exposés.
Pendant près de dix ans AOR et ISHA préparèrent de
nombreux ouvrages qui furent publiés.
Le 7 décembre 1961, décès d'AOR.
Le 24 décembre 1962, décès d'ISHA.
REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
R.A SCHWALLER de LUBICZ :
1914: Étude sur les Nombres (Librairie de l'Art Indépen-
dant — Paris).
1926: Adam l'Homme rouge (Librairie Stock — Paris).
1927: L'Appel du Feu (Éditions Montalia — Suisse).
1927: La Doctrine (édition privée — Officina Montalia
Saint-Moritz — Suisse).
1950: Le Temple dans l'Homme (Éditions Schindler, le
Caire).
1957: Le Temple de l'Homme, Apet du Sud à Louqsor —
Contribution à l'étude de la pensée pharaonique —
Trois tomes (Éditions Caractères — Paris).
1963: Verbe-Nature (dans « Aor, sa vie, son oeuvre » par
Isha Schwaller de Lubicz — Éditions La Colombe
— Paris).
124 VERBE NATURE

L950: Du symbole et de la symbolique (Éditions Schindler

— Le Caire). Si vous désirez être tenu au courant
L960: Propos sur Ésotérisme et Symbole (Éditions La des publications des Éditions AXIS MUNDI,
Colombe — Paris). envoyez vos nom et adresse à
L961: Le Roi de la Théocratie pharaonique (Éditions Éditions AXIS MUNDI
Flammarion — Paris).
8, Galerie Montmartre
1963: Le Miracle Égyptien (Éditions Flammarion — 75002 PARIS
Paris).
L982: (Édition posthume) : Les Temples de Karnak —
Contribution à l'étude de la pensée pharaonique
(Éditions Dervy-Livres — Paris).

SHA SCHWALLER DE LUBICZ

1950: Contribution à l'Égyptologie (Éditions Schindler

Le Caire).
1955: Her-Bak « Pois Chiche » (Éditions Flammarion
Paris).
L956: Her-Bak « Disciple » (Éditions Flammarion
Paris).
L957: L'Ouverture du Chemin (Éditions Caractères
Paris).
1960: La Lumière du Chemin (Éditions La Colombe
Paris).
1963: AOR, sa vie, son oeuvre (Éditions La Colombe
Paris).