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INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR DES ARTS ET DE L’ACTION CULTURELLE

E.S.M.D.
ECOLE SUPERIEURE DE MUSIQUE ET DE DANSE

DEPARTEMENT DE MUSIQUE ET MUSICOLOGIE

UNITE PEDAGOGIQUE CULTURE MUSICALE

LICENCE PROFESSIONNELLE 1

‘‘Histoire de la musique urbaine ivoirienne’’

!
SOMMAIRE

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 : LA MUSIQUE EN CÖTE D’IVOIRE AVANT LES INDEPENDANCES

CHAPITRE 2 : LA MUSIQUE EN CÔTE D’IVOIRE DE 1960 A 1970 : UNE

MUSIQUE SOUS L’INFLUENCE DES MUSIQUES ETRANGERES

CHAPITRE 3 : LA MUSIQUE EN CÔTE D’IVOIRE DE 1970 A 1980 : NAISSANCE

D’UNE MUSIQUE IDENTITAIRE

CHAPITRE 4 : LA MUSIQUE EN CÔTE D’IVOIRE DE 1980 A 1990 :

MANIFESTATION DE LA MUSIQUE IVOIRIENNE

SYNTHESE

! 2!
INTRODUCTION

En Côte d’Ivoire, comme dans l’ensemble des territoires du continent

africain, avant la rencontre avec l’Europe, les musiques étaient exclusivement

acoustiques. La scène musicale ne se cloisonnait pas entre des murs. Elle occupait

les espaces ouverts des divers évènements qui rythment la vie sociale. Rituels

sacrés de funérailles, consécration des générations de jeunes à l’entrée et à la

sortie de leur cycle d’initiation, célébration des naissances ou des mariages,

accompagnement des travaux champêtres, fête des récoltes, tout était (et le

demeure dans certains endroits) soutenu par la musique. Les orchestres de

musique de pur « divertissement » sont nés de la rencontre avec les Européens.

Les musiques urbaines, en Côte d’Ivoire comme partout ailleurs en Afrique,

se sont nourries d’instruments et de genres européens pour développer une

création moderne d’inspiration traditionnelle. Jetons un coup d’œil dans le

rétroviseur pour revenir sur quelques titres emblématiques de la création musicale

ivoirienne des cinq dernières décennies, et sur les figures qui les ont engendrés.

Une sélection subjective, et forcément non exhaustive.

! 3!
CHAPITRE 1 : LA MUSIQUE EN CÔTE
D’IVOIRE AVANT LES INDEPENDANCES
CONTEXTE ET HISTORIQUE

! 4!
De prime abord il est important de savoir que la présence des colons sur le

territoire ivoirien favorise l’apport de musiques étrangères et de danses. Notons

que nous parlons ici de la musique urbaine et moderne.

Ainsi il serait bien de connaitre le contexte socio politique qui prévalait dans

cette période, mais avant nous allons juste rappeler quelques notions d’histoire :

•! En 1893 : la France, solidement installée à Assinie et Grand-Bassam, fait

de la Côte d'Ivoire une colonie, avec Binger comme premier gouverneur.

•! En 1899 : Capitale de la Côte d'Ivoire, Grand-Bassam est atteinte par une

terrible épidémie de fièvre jaune et vidée de ses habitants. Bingerville lui

succède.

•! En 1902, toute l'Afrique de l'ouest fait partie de l'AOF (Afrique

Occidentale française), dont le gouverneur réside à Dakar.

•! En 1934, Abidjan remplace Bingerville comme capitale de la Côte d'Ivoire.

Dès cette période, la majeure partie des genres musicaux en vogue en

Europe se retrouvèrent en côte d’ivoire. Il s’agit de la musique cubaine qui

a été adoptée par les jeunes ivoiriens, ainsi que la valse et le tango qui ont

connu des beaux jours en côte d’ivoire aidé par la radio et ses 78, 45 et 33

tours.

•! En 1944, la conférence de Brazzaville réunie par De Gaulle amorce l'idée

d'une autonomie possible des colonies françaises. Après-guerre, des

intellectuels africains militent de plus en plus pour l'indépendance. Parmi

eux, le médecin ivoirien Félix Houphouët Boigny. Egalement après la

deuxième guerre mondiale, La rumba congolaise, le high life et la fanfare

arrivent en côte d’ivoire. Les fanfares se sont plus développées sur les villes

côtières. Il faut noter aussi que les ivoiriens accordaient toujours de la

place pour les musiques venues de l’extérieur. Ces styles musicaux sont tous

! 5!
synthétiques c’est-à-dire ils résultent de la rencontre entre les instruments

occidentaux et ‘‘d’instruments rythmiques’’ autochtones.

•! En 1946 : étant élu député, il part siéger à l'assemblée constituante de

Paris où il fait voter la loi abolissant le travail forcé dans les colonies

françaises. La même année, il est un des fondateurs à Bamako du RDA

(Rassemblement Démocratique Africain) auquel appartiennent les

dirigeants africains les plus importants de l'empire français.

C’est dans cet univers musical qu’ont évolué bon nombre d’artistes musiciens

ivoiriens de la première garde. Cette atmosphère a prévalu jusque dans la période

de l’indépendance.

! 6!
CHAPITRE 2 : LA MUSIQUE EN CÔTE

D’IVOIRE DE 1960 A 1970 : UNE MUSIQUE

SOUS L’INFLUENCE DES MUSIQUES

ETRANGERES

! 7!
1.!Contexte

Le 7 aout 1960, la côte d’ivoire obtient son indépendance et Félix

Houphouët-Boigny est le président.

Ecoute de la proclamation de l’indépendance de la côte d’ivoire

Nous nous trouvons pleinement dans la mouvance des indépendances. Une

grande joie pour tous les ivoiriens de l’époque. L’univers musical urbain est dominé

par ces musiques étrangères et au premier rang comme pré-citées (valse, tango,

musique cubaine, la rumba, le high life et « les orchestres de fanfares »)

A cette époque le pays est marqué par son nouveau statut d’Etat

indépendant. Les manifestations de grandes affluences restent les célébrations

autour de la fête de l’indépendance. En effet, à son accession à la souveraineté

nationale en 1960, pour développer la musique, le gouvernement ivoirien offre aux

principaux départements du pays des formations modernes dotées d’instruments

électriques. Ces « Orchestres Départementaux », fonctionnarisés, animaient les

manifestations administratives et les fêtes populaires. Parallèlement à ces

orchestres d’État, on voit apparaître dans les villes naissantes des formations

musicales privées telles que l’orchestre du Conseil de l’Entente de Mamadou

Doumbia, l’Ivoiry Band d’Anoman Brouh Félix, mais aussi le duo féminin Les Sœurs

Comöe, le couple Allah Thérèse et N’Goran la Loi, ou encore Yao Jean-Baptiste et

sa chorale.

Un autre fait majeur qu’on peut retenir de cette période fut le « Concours

National du Chant Patriotique » organisé par la RTI et piloté par Georges Taï

Benson. Le but principal était de magnifier l’indépendance.

! 8!
2.!Quelques artistes marquants de la période

!! Allah Thérèse et N’Goran La loi

Chanteuse traditionnelle et lead vocal originaire du village de Gbofia dans la

sous-préfecture de Toumodi (Centre de la Côte d’Ivoire), Allah Thérèse est

l’égérie d’un genre local dénommé Agbirô. Dans les années 1950, elle rencontre

Béhibro N’goran dit « N’Goran la Loi » dans une manifestation funéraire. Ce

dernier joue de l’accordéon et est aussi le chanteur principal d’un groupe du même

genre dans son propre village. Ils s’unissent pour la scène et pour la vie, l’une

chantant et l’autre l’accompagnant à l’accordéon. En 1956, ils enregistrent

« Ahoumo N’Seli », leur première œuvre commune.

L’ensemble de leurs productions chantent le « Fo’ndi » (la paix en langue

baoulé) et leurs compositions évoquent régulièrement les leaders de

l’indépendance ivoirienne, à commencer par Félix Houphouët-Boigny, le premier

président de la Côte d’Ivoire libre, mais aussi d’autres figures comme Ouezzin

Coulibaly, Marie Koré ou Philippe Yacé.

Sur scène, le couple apparaît toujours drapé d’un pagne en coton tissé

imprimé de symboles traditionnels baoulé. Portant toujours la même coiffure

appelée « Akôrou Koffié » (la femme de l’araignée en baoulé), le visage barré d’un

sourire permanent, Allah Thérèse court le plateau d’un pas alerte qu’on a appelé la

« démarche de la perdrix des savanes », agitant son chasse-mouches pour conjurer

les mauvais esprits. « Indépendance », témoin de l’accession à la souveraineté

nationale de la Côte d’Ivoire est certainement leur plus gros tube.

Après le décès de son mari N’Goran la loi le 20 mai 2018, Allah Thérèse

prend sa retraite à plus de 80 ans et décède le 19 Janvier 2020, après avoir été

avec son mari distinguée Chevalier de l’Ordre du Mérite Ivoirien en 2012.

Ecoute d’œuvre : Fondio

! 9!
!! Les sœurs Comoé

Les sœurs Comoé sont de la communauté « andô », une des composantes du

peuple akan et sont originaires de Koffi-Amonkro, un village de M’Bahiakro, ville

située au centre de la côte d’ivoire, à l’est de Bouaké. Madiara, l’ainée et N’goran

Mariam la cadette, natives de M’Bahiakro dans la première grande région de

production de café-cacao, doivent leur surnom « Sœurs Comoé » à leurs voix,

fraîches et claires comme l’eau du fleuve Comoé. Elles chantaient en chœur avec

des proverbes qui sont des éléments essentiels chez les Akan.

En cette aube des années 60, leur apparition sur la scène des musiques

modernes flanquées d’une guitare a choqué l’opinion publique qui ne pouvait

admettre que des femmes se dévergondent en s’affichant avec des « instruments

de blancs », comme le faisaient les hommes.

Malgré l’enfer du regard des bien-pensants, elles persistent et signent un

florilège de chansons populaires contant l’amour, la solidarité ou les proverbes.

Elles furent dédouanées et acceptées par l’opinion publique quand Mathieu

Ekra, à l’époque ministre de l’Information de la Côte d’Ivoire, les présente sur

scène en 1964 à l’occasion du grand prix de la chanson ivoirienne, au centre culturel

de Treichville.

La musique des sœurs Comoé constituait le menu du réveil national de Radio

Côte d’Ivoire pendant toute la décennie 60. Leur titre fétiche demeure « Abidjan

Pont Sous » (sous le pont d’Abidjan, en baoulé). Ce titre a séduit le public. Dans

les années 1960, personne n’avait pensé que des femmes pouvaient faire de la

musique. Leur musique sera diffusée sur les ondes de la RTI. En 1971 elles ont

arrêté de faire la musique.

Ecoute d’œuvre : Abidjan pon sou

! 10!
!! Jean-Baptiste Yao

Jean-Baptiste Yao, né vers 1917 ou 1919 à Tiassalé et décédé en 1992. Il

était instituteur (baoulé et Agni). Il composa des morceaux pour l’OUA et la

gendarmerie nationale. Amateur de musique, il a appris à jouer de l’accordéon avec

un colon français dans sa ville natale. Tous les soirs après les classes, son passe-

temps favori c’était d’égayer sa famille en reprenant les chansons populaires

baoulé, tout en initiant ses enfants au chant.

Outre l’accordéon, l’artiste jouait aussi d’autres instruments dont le banjo,

la clarinette, la trompette, la guitare, la percussion, le violon, la mandoline et

l’harmonica.

À l’époque, à l’occasion de la commémoration des festivités de

l’indépendance du pays, la jeune télévision ivoirienne, créée en 1963, organisait le

« Concours National du Chant Patriotique » auquel musiciens professionnels ou

amateurs pouvaient participer.

En 1966, Jean-Baptiste Yao remporte le premier prix de l’édition baptisée

« Sixième Sillon » avec « Ode à Houphouët-Boigny ». Cette chanson, en français

et en baoulé, revient sur six années d’indépendance de la Côte d’Ivoire tout en

remerciant le président Félix Houphouët-Boigny d’avoir tenu les promesses de

ladite indépendance. Jean-Baptiste Yao, décédé en 1992, laissera à la postérité

une seule œuvre, un soupçon flagorneur certes, mais demeurée dans l’esprit des

Ivoiriens comme un deuxième hymne national.

Selon le témoignage de George Taï Benson, ce n’était pas le chant qui devait

être le premier mais comme il magnifiait plus le président donc il a été porté au

premier rang. Le chant qui a été classé 2ème fut « toi que j’aime tant chère … » De

Jean-Baptiste Séaka qui magnifiait plus la Côte d’Ivoire.

Ecoute d’œuvre : Ode à Houphouët Boigny

! 11!
!! Jean-baptiste Séaka

Jean-Baptiste SEAKA est né vers 1935, dans l’ouest de la cote d’ivoire. Mais

c’est dans le sud-ouest du pays, à tabou plus précisément, puis à Sassandra, que

l’adolescent, alors écolier, va pousser la chansonnette au sein de différentes

chorales de la région.

C’est à Abidjan, en 1945 qu’il va faire ses premiers pas à l’orchestre de

l’UFOCI. Une année plus tard, il devient membre officiel de ce groupe, ce jusqu’en

1947. En 1950, il est incorporé à la marine et envoyé dans une unité à Dakar. C’est

dans cette ville qu’il prendra ses premiers cours de solfège et de chant, durant

trois ans. Il est ensuite envoyé en France, puis en Egypte et en Algérie (en pleine

période de guerre). Mais ceci n’entamera en rien sa passion pour le chant : ‘‘pendant

mes permissions, lorsque je retournais en France, je chantais dans les ‘‘Palmarès’’

ou ‘‘Crochets’’. J’ai même obtenu le ‘‘Premier prix’’ d’un palmarès dans la ville de

Toulon. C’était en 1975’’. Il est démobilisé deux ans après et rentre en Côte

d’ivoire. Engagé dans l’administration publique, il est affecté à Abengourou en

qualité de chef de service. Là-bas il va fréquenter l’orchestre local ‘‘Les Soukalas’’

qui habilleront sa première composition en langue wê, intitulée ‘‘Boao Mousso’’.

Trois ans plus tard, accompagné par le même orchestre, il enregistre à Abidjan,

son tout premier disque, chez Saffiédine. Ce disque comprend trois titres : Bouao

Mousso, Dovanhi bebe (une biguine) et, dans son genre préféré (la valse), Ma

chérie, dors bien tranquille.

En 1966, il décide de participer au concours du Sixième sillon. Anecdote :

« j’avais entendu vaguement parler de ce concours ; mais je ne m’y étais pas

particulièrement intéressé ; et puis, j’ai entendu à la radio des chansons que

j’estimais mauvaises, mais dont les auteurs étaient candidats à ce concours de

chants patriotiques. Mon épouse, trouvant mes jugements sévères, a répliqué que

je ne pouvais pas faire mieux ».

! 12!
Blessé dans son orgueil, l’artiste décide de relever le défi. Il se met alors à

l’œuvre : « Pendant trois nuits, à Abengourou, je me suis consacré à la rédaction

du texte et de la musique de ma composition. Le troisième jour, je suis retourné à

Abidjan dans le but exprès de m’inscrire à la télévision. Georges Taï Benson me

fait remarquer que je suis à la limite de la clôture des inscriptions, hésite à

accepter ma candidature, me demande de lui fredonner l’air de ma chanson. C’est

au cours de mon audition que je fis la connaissance d’un autre candidat du nom de

Jean-Baptiste Yao. Je fus tout de suite émerveillé par ce musicien accompagné de

ses enfants qui chantaient juste et bien. J’avoue avoir souhaité que ce Monsieur

et ses enfants n’échouent pas à ce concours ».

Son vœu sera exhaussé : devant six autres participants et non des moindres,

l’œuvre de Jean-Baptiste Yao sera primée. Jean-Baptiste Seaka sera quant à lui

classé deuxième. Mais à notre avis, il méritait autant que Jean-Baptiste Yao, car

l’œuvre proposée est belle autant dans sa forme que dans son contenu. Le texte

de Jean-Baptiste Seaka est en effet un puissant appel à l’amour de la mère patrie

et à la célébration du président Houphouët.

Le texte de la chanson :

Ma chère patrie

Refrain : toi que j’aime tant

Chère Cote d’ivoire

Pays au cœur rutilant

De bonheur et de gloire

Couplet I :

De tes débuts trop difficiles

Tu as acquis la dignité

Progressant dans la minutée

Tu relèveras tous les défis

! 13!
Et notre fierté est immense

Le président Houphouët Boigny

T’a conduite sur le vrai chemin

En grand sagesse.

Refrain : toi que J’aime tant

Chère Cote d’ivoire

Pays au cœur rutilant

De bonheur et de gloire

Couplet II :

O toi, le sage et grand d’Afrique !

Le sept Août est une date historique

Tu libéreras ton beau pays

La Cote d’Ivoire notre patrie

Tu es tellement jalousée

Tu es ma chère et tendre patrie

Contre toutes les adversités

Tu seras forte …

Ecoute : Ma chère patrie

Ce succès lui ouvrira les portes de la postérité et le projettera, tout comme

le lauréat, sous les feux de l’actualité musicale ivoirienne durant cette période.

Jean-Baptiste Séaka sera même reçu par le président de la République des mains

duquel il recevra la coquette somme de 1.000.000 F CFA.

Sur les lèvres de tous les écoliers de cette période, jusqu’aux années 1970-

75, résonneront et continuent sans doute de résonner, les paroles et les mélodies

de deux des plus belles créations musicales de l’époque : l’amour du pays traduit

en chanson par les ‘‘Baptistes’’ jean.

! 14!
!! Fax Clark

Il est né le 30 septembre 1924 à Grand-Béréby dans une famille noble de

l’ethnie kroumen. Après ses études primaires à Tabou, puis à Bobo-Dioulasso de

1933 à 1938, il est admis en 1939 à l’école professionnelle Clozel où il suit des

cours d’Ajusteur-tourneur et de Dessinateur industriel. A la fin de sa formation

en 1944, il est enrôlé à l’armée Française comme sergent indigène et passe une

année au camp militaire français de Bouaké. Il est démobilisé en 1945, et débarque

en France l’année suivante pour des études. Muni de son certificat d’Aptitude

professionnelle, il se lance dans la vie active en 1949.

C’est de manière fortuite qu’il découvre le jazz. Il raconte qu’il était encore

à l’école Benoit quand il a découvert le jazz et la trompette en 1948, dans une

famille ou il passait la fin de la semaine. Un samedi soir alors qu’ils étaient à table,

la radio balance un titre de Louis Armstrong. En fin connaisseur M. Hugues lui

raconte l’histoire du jazz, de Armstrong… il fut captivé par cette musique noire

américaine. Sa vie prit son nouveau tournant en 1948, au premier Festival de jazz

à Nice, à l’hôtel Negresso ou il a eu l’honneur de rencontrer Louis Armstrong en

personne.

Conquis par la trompette, il suit les cours de solfège et de trompette au

conservatoire de Nîmes de 1948 à 1949 puis, à l’occasion d’un stage aux aciéries

de Longwy à Nancy, il s’offre sa première trompette et commence à animer

certaines manifestations publiques de 1950 à 1951. Il dit s’être formé sur le tas

en jouant avec des petites formations de jazz. En 1952 il commence à fréquenter

avec assiduité les clubs de jazz à Paris. Fax Clark va intégrer les ballets africains

avec qui il va jouer et faire des tournées dans l’Europe. C’est à Bruxelles qu’il va

quitter le groupe. Il fera la connaissance de deux congo-belge, qui vont le soutenir

à monter une boite de nuit à la porte de Namur, nommé ‘‘Le Bantou’’, l’espace

! 15!
attirent de nombreux fans de jazz amoureux du style New Orleans. Il monte à

cette époque un trio puis, une formation prestigieuse avec les frères Beugré.

Sur insistance de d’un de ses admirateurs, il fait venir de France un jeune

virtuose trompettiste camerounais, du nom de Manu Dibango. Fax Clark va obliger

Manu Dibango à passer de la trompette au saxophone, pour des raisons d’équilibre

des instruments. L’orchestre va faire un ‘‘tabac’’ à Waterloo en Belgique. L’année

suivante, après un concert au palais d’hiver de Bruxelles, le grand Louis Armstrong

vint faire un bœuf avec les musiciens de Fax au Bantou. Ce fut, on le devine, un

moment dont l’homme s’est toujours rappelé. Il épousa en 1955, une jeune

flamande de la haute société.

En 1959, il fait son grand retour en côte d’ivoire suite à l’appel de

Houphouët-Boigny. Il fait ce qu’il sait faire le mieux. Il ouvre un bar-dancing pour

la haute société nommé ‘‘Mon village’’, comme le Bantou à Bruxelles. Pendant dix

années consécutives de 1965 à 1975, Fax Clark volera de succès en succès. Tous

ces albums datent de cette époque. Comme tous les pionniers de la musique

ivoirienne Fax Clark ralentira ses activités musicales à partir des années 1980. Il

arrêtera pratiquement de jouer pour des raisons de santé. Atteint d’une tumeur

au cou, il est contraint d’abandonner définitivement la trompette. Sa toute

dernière prestation scénique mémorable a eu lieu en Avril 1981, à l’occasion des

‘‘7e jeux universitaires Africains’’. Très attentif aux problèmes des musiciens, Fax

Clark participait à toutes les activités de la corporation (AMACI ; MUCI ;

SYNAMCI). Il fut le vice-président du premier conseil du BURIDA de 1982 à

1983.

Fax Clark est décédé à son domicile le 19 Mars 1998. Ses obsèques furent sobres.

Discographie : 1er 45 tours en 1967, Saffiedine avec quatre titres. 1968, un autre

45 tours avec deux titres. 1969, un 45 tours avec trois titres.

Ecoute : Findjougou

! 16!
!! Anoman Brou Félix

Né le 5 février 1935 à Adzopé, l’une des régions des plus grandes

productrices de café-cacao, Anoman Brou Félix n’a que dix ans quand il perd ses

parents en 1946. Ses oncles du village le confient à un membre de la famille à

Abidjan la capitale où il devient apprenti tailleur avant de s'initier, en autodidacte,

à la musique.

Les week-ends, avec sa bande d’adolescents, il ratiboise les dancings de bals

populaires. Le jeune Anoman Brou est fasciné et intrigué par la guitare électrique

qui n’a rien à voir avec l’arc à bouche de son ethnie Attié (instrument monocorde

en forme d’arc se joue en tapant sur la corde tendue et en modulant les notes avec

la bouche).

Anoman décide de s’initier à la guitare et se lie d’amitié avec un « grand-

frère » du quartier qui lui prodigue les rudiments de l’instrument. À ses heures

libres, l’adolescent travaille sans relâche son instrument fétiche et atteint

rapidement un niveau suffisamment élevé pour assurer, à dix-huit ans, des

remplacements, du guitariste de son quartier.

Avec cette formation il développe ses connaissances musicales et son jeu

de guitare et finit par abandonner son métier de tailleur pour monter à l’aube des

années 60, son orchestre personnel, Ivoiry Band.

Anoman Brouh Félix s’inspire des rythmes de son terroir qu’il transpose sur

sa guitare électrique assortie de syncopes, d’arpèges et de solos scintillants. Ses

textes reprennent les proverbes qui usent du monde du bestiaire pour dénoncer

les abus des pouvoirs traditionnels et racontent le quotidien des planteurs de

café-cacao. Sa popularité déborde la capitale et gagne toutes les grandes villes

naissantes. L’orchestre d’Anoman Brouh Félix est la première formation musicale

du pays à se doter d’un véhicule et parcourir les quatre coins de la Côte-d’Ivoire.

! 17!
À la fin des années 60, la déferlante de la mode pop-musique et l’émergence

des petites formations de pop-rock à Abidjan, démode les orchestres d’inspiration

traditionnelle comme celui d’Anoma Brou Félix. Ce dernier émigre en France à

l’aube des années 70, où il crée la danse « le Mamy ». À son retour au pays après

environ trente ans d’exil, il ne retrouvera plus le panache de ses débuts. Mais tout

le pays se souvient avec nostalgie de ce pionnier de la musique moderne ivoirienne

qui a fait danser l’ex première dame Marie Thérèse Boigny sur des titres comme

« Mon cœur l’OCAM » ou encore « Anai ».

Ecoute d’œuvre : La vérité

!! Mamadou Doumbia

Originaire d’Odienné, il est né vers 1919 d’un père maitre d’enseignement

coranique. Sans être issue d’une lignée de griot, il s’est positionné en musique

comme un précurseur et un digne représentant du grand nord de la Côte d’ivoire.

Il apparait comme un pionnier qui a ouvert la voie à la chanson mandingue et

sénoufo.

Auteur, compositeur, guitariste et chanteur, Mamadou Doumbia fait partie

de la première génération de musiciens d’après l’indépendance. En 1962, il crée le

Trio de l’Entente rebaptisé plus tard « Orchestre du Conseil de l’Entente ». Un an

plus tard, il compose sa première chanson en « dioula » sa langue maternelle. Pétrie

de sagesse mandingue, cette chanson affirme que « le destin est comme une

ardoise sur laquelle on écrit et qu’on ne peut effacer ». Toujours en 1963, il réalise

« Super bébé » son plus gros tube de la décennie. Une berceuse jouée sur un

rythme afro-cubain pour faire danser les adultes et consoler les bébés en pleurs.

Sur scène, le public est subjugué par son guitariste imitant les cris de bébé.

! 18!
Figure emblématique de la scène ivoirienne des années 1960, Mamadou

Doumbia se distingue avec « l’estomiase » un style de danse basé sur les rythmes,

les mélodies et les danses mandingues.

Ecoute d’œuvre : Manmousso ou

! 19!
CHAPITRE 3 : LA MUSIQUE EN CÔTE

D’IVOIRE DE 1970 A 1980 : NAISSANCE

D’UNE MUSIQUE IDENTITAIRE

! 20!
1.!Contexte

Cette période est la décennie qui verra naitre une musique identitaire de la

Côte d’ivoire. Les autres qui ont débuté se retrouvent encore sur le marché. Les

périodes de l’histoire se chevauchant nous retrouvons également certains artistes

de la décennie précédente mais qui s’adaptent au mouvement du moment. Nous

pouvons citer Amédée pierre, Anouman Brou Félix…

2.!Quelques artistes marquants de la période

!! Amédée Pierre.

Né le 30 mars 1937, à Tabou, en pays Krou, au sud-ouest de la Côte d'Ivoire,

Amédée Pierre est un homme de théâtre et un musicien-chanteur de Côte d'Ivoire.

Son nom à l'état civil est Nahounou Digbeu Amédée. Le prénom Pierre lui fut

attribué lors de son baptême catholique. Infirmier d'État de formation. Ce

« doyen de la musique ivoirienne », comme on le surnommera plus tard, se lance

dans un nouveau créneau en chantant dans sa langue maternelle, le bété . Ainsi

parut son premier album intitulé Moussio Moussio qui lui a fait la réputation de

« Dopé National » (dopé signifie rossignol en bété).

Amédée Pierre restera la figure la plus emblématique des années 70. En

effet, avec son orchestre l’Ivoiro Star, le chanteur a su s’imprégner de la poésie

orale des Bété (ethnie du centre ouest de la Côte d’Ivoire dont il est lui-même

issu) pour forger son écriture musicale où la lettre camoufle son esprit,

renfermant une autre signification. Exactement comme le font les Azmaris, ces

troubadours chanteurs et musiciens éthiopiens, champions du double sens, qui

masquent sous leurs chansons d’amour leur critique sociale et politique.

! 21!
« Moussio Moussio » (« il brûle, il brûle »), composée en début de carrière,

sera rééditée au cours de ses glorieuses années 70. En cette décennie du boom

économique de la Côte d’Ivoire, cette chanson écrite en bété (la langue maternelle

d’Amédée Pierre) tourne en boucle sur la FM de la radio nationale. Et tous ceux

qui ne parlaient pas la langue pensaient que « Moussio Moussio » c’était « Monsieur

Monsieur » et se demandaient « … mais qui est donc ce monsieur que chante le

Dopé national ? » Dopé en Bété, c’est le rossignol. Et c’est le sobriquet gagné par

Amédée pour la pureté de sa voix. Cette composition fustige le pouvoir colonial

prédateur des richesses du pays et les nouveaux pouvoirs post-indépendance. La

chanson dit en substance :

« Il brûle ! Il brûle ! Mon trésor s’est consumé ! On a mis le feu au tronc d’arbre.

Qui renfermait notre richesse. On a tué ma fille, ma richesse potentielle ».

Amédée Pierre est aussi à l'origine de la création du Bureau ivoirien du droit

d'auteur (BURIDA). En effet, après quelques années de carrière, l’artiste

s'insurge contre le fait que les droits d'auteurs ne soient pas reversés après

exploitation de ses œuvres en Côte d'Ivoire et menace d'abandonner la chanson.

Le président Félix Houphouët-Boigny demandera au ministre chargé de la culture

d'alors de tout mettre en œuvre pour réparer cette injustice. Amédée Pierre

mena cette lutte avec Laurent Gbagbo, Bernard Zadi Zaourou, Kaba Taiffou.

En 2000, il est décoré par Laurent Gbagbo. En juillet 2007, un hommage lui

est rendu pour l'ensemble de son œuvre. Outre la chanson Moussio Moussio,

Amédée Pierre est connu pour ses classiques comme SokloKpeu et Lorougnon Rabé.

Dans la mémoire collective des Ivoiriens, Amédée Pierre demeure le premier

artiste poète chanteur ivoirien à fouler les planches de la mythique salle parisienne

de l’Olympia. C’était en 1972 à l’occasion des journées culturelles organisées par

les étudiants de Côte d’Ivoire en France. Après une carrière de plus de 50 ans,

! 22!
Naounou Digbeu dit Amédée Pierre s’est éteint le 30 octobre 2011 dans la

commune de Treichville (Abidjan), en Côte d’Ivoire.

Ecoute d’œuvre : Soklokpeu

!! Ernesto djédjé

Blé Loué Djédjé Ernest, est né en 1948 à Tahiragué, il fait son apparition

au moment où la scène musicale ivoirienne est sous occupation camerounaise avec

le makossa et zaïroise avec le cavacha et le soukouss. A cette époque, la Côte

d’Ivoire musicale était en attente de l’étincelle : elle jaillit en la personne

d’Ernesto Djédjé avec le ziglibity qui vient donner une nouvelle identité.

Dans le centre ouest de la Côte d’Ivoire à Tahiraguhé, les chanteurs et

danseurs qui animent les cérémonies traditionnelles y découvrent un gamin souple,

doté d’un sens époustouflant du rythme. Il n’a que 10 ans et se nomme Ernest

Djédjé Blé Loué. Ils décident de l’initier au chant et à la danse du « Tohourou »,

le genre musical et chorégraphique traditionnel le plus populaire de la région. Vingt

ans plus tard, après avoir fait ses classes de musicien guitariste dans l’Ivoiro Star

d’Amédée Pierre, l’enfant prodigue – qui se fait désormais appeler Ernesto Djédjé

invente un cocktail gorgé de Tohourou, de Soul, de Rythm & Blues, de Funk, de

Disco, d’Afro Beat et lui donne le nom de « Ziglibithy ».

En 1975, « Adjissè », le premier 45 tours anonciateur du genre déboule par

effraction sur les antennes de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI). Une

bombe !!!

Vous n’avez pas Aguissè dans votre surboum, dans votre mariage ou dans vos

funérailles, on range votre fête dans la catégorie de celles organisées par les gaou,

entendez les broussards, les péquenots.

! 23!
Réalisé en 1977 par le producteur nigérian Raïmi Gbadamassi « Badmos », le

premier 33T de Djédjé aura nécessité six mois de retraite dans les studios de

Lagos au Nigéria. L’effet ravageur de ce titre sur les antennes ivoiriennes

confirmera le génie créateur du petit danseur du Tohourou.

Mort prématurément en juin 1983, à l’âge de 35 ans, Ernesto Djédjé est

reconnu comme le premier artiste ivoirien à faire danser toute l’Afrique

subsaharienne.

Ecoute : Adjissè

!! Aïcha Koné

Née le 21 mai 1957 à Abidjan, Aïcha débute véritablement sa carrière

musicale au sein de l’Orchestre de la Radio Télévision Ivoirienne (ORTI) où elle

est engagée comme choriste. En effet, malgré la noblesse de sa lignée et la ferme

opposition de son père, Aïcha Koné défie l’autorité familiale et entre en musique

comme choriste dans l’orchestre de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne

(ORTI), dirigé alors par Manu Dibango. Elle a tout au plus vingt ans. En deux temps

— trois mouvements, elle séduit public et producteurs. Et en moins d’une année de

prestation dans les lives des émissions de la télé ivoirienne, elle est invitée dans

un festival en Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso. Elle y chantera — lors d’une

nuit de concert — tour à tour quinze fois « Mousso Gnalé »’ et « ’Kilimandjaro »’

de Myriam Makeba, les deux seules chansons de son répertoire. Les spectateurs

voltaïques, bons publics, ne lui en tiennent pas rigueur et l’applaudissent à tout

rompre. Ce tour de force fait dire aux médisants Ivoiriens que c’est pour cela

qu’Aïcha Koné roule ses gros yeux au moins quinze fois dans tous ses concerts pour

harponner son public.

! 24!
Après la parution de son premier 45 tours « Denikeleni » en 1979, arrangé

par Boncana Maïga (qui a succédé à Manu Dibango à la tête de l’ORTI), Aïcha Koné

surligne sa jeune carrière avec « Zata », chronique dénonçant le phénomène des

disparitions des jeunes filles dans le pays. Tous les publics ouest-africains

l’applaudissent des quatre mains.

Ses quatre décennies de scène l’ont couronnée de deux disques d’or, et d’une

myriade de distinctions. Estampillée « Diva de la chanson ivoirienne », Aïcha

rappelle qu’elle a dû se cacher pour passer le concours de l’Institut National des

Arts (INA) et apprendre à chanter en faisant croire à sa famille qu’elle faisait du

théâtre.

Aïcha Koné a été influencée par plusieurs artistes comme la Sud-africaine

Myriam Makeba, Nana Mouskouri et les guitares d’Enrico Macias aux accents

d’Orient qui lui rappelle la musique mandingue.

Ecoute d’œuvre : Aminata, Dia

!! Doh Albert et Houon Pierre du Bélier Andralex

Quand, dans la fraîcheur de l’harmatan de cette année 1979, « Moya » du

Bélier Andralex est diffusé pour la première fois dans la matinale de Radio Côte

d’Ivoire, la chanson inonde tout le carré ivoirien comme ces grosses tornades des

rudes saisons hivernales. Les auditeurs découvrent un duo sorti de nulle part avec

une composition chantée dans un français créolisé typique du parler populaire

ivoirien.

J’ai envoyé Kouakou, Kouakou dit je pati pas ô.

(J’ai demandé à Kouakou d’effectuer une course pour moi, Kouakou a refusé)

J’ai appelé son maman, Son maman dit Kouakou lé comme çà.

! 25!
(J’ai informé sa maman, de l’incorrection de son enfant, sa maman me répond qu’il

est incorrigible)

La chanson est accueillie aux quatre coins du pays comme une leçon de

morale plus qu’à propos. L’album sera vendu à plus de 130 000 exemplaires, un

record inédit.

Doh Albert et son frère cadet Houon Pierre doivent leur carrière d’artiste

musicien à Alexandre leur aîné, fondateur de l’ébénisterie « André et Alex » dont

la réussite lui permettra d’offrir un orchestre flambant neuf à ses petits-frères.

La formation prend le nom de l’entreprise familiale et s’affiche : « Le Bélier

Andralex ». Au bout de six mois de répétition dans le hangar de l’ébénisterie, le

producteur Lassissi du label Sacodis, sis à Treicheville, les embarque à Lagos, la

capitale nigériane où ils enregistrent l’album « Doh Albert et Houon Pierre du

Bélier Andralex ».

Quand le combo éclate, Doh Albert se reconvertit dans le commerce et

émigre en France où il décède à Metz en 2005.

Quant à Houon Pierre (père de DJ Arafat), il devient ingénieur de son et

producteur de nombreux jeunes artistes, avant de décéder à son tour en 2012.

Ecoute d’œuvre : Moya

!! Eba Aka Jérôme

Il est né le 3 octobre 1948 à Noé (Aboisso). Il rêvait d’une carrière de

footballeur, mais après être passé dans l’entreprise de transport de son père

comme commis affecté aux petites tâches administratives, il finira musicien. C’est

dans ce métier qu’il a écrit les plus belles pages de sa vie. Il fut en effet, une

grosse star de la musique ivoirienne des années 70 ; et l’on se souvient encore

! 26!
aujourd’hui, avec nostalgie, de son fameux titre trahison qui a fait sa célébrité. la

vérité, malémi,

Instruments : guitare, voix

Ecoute : Trahison.

!! Aspro bernard (Asovié Dagbo Bernard)

Il est né le 1 janvier 1929 à banabo dans la sous-préfecture de bongouanou.

Il est originaire de d’Agboville. Il est important de retenir que la musique Abbey

modernisée porte sans aucun doute son cachet. Aspro bernard a tout fait pour

imposer la musique de l’agneby sur l’échiquier musical ivoirien, malgré le sens de la

discrétion. Il ouvre la voix à Ekissi pierre, artiste de cette période.

Instruments : guitare, banjo, clarinette, sax.

Ecoute d’œuvre : Cheri dje eleumon sokpeu

!! Ekissi Pierre (Kouassi Ekissi Pierre)

Il est né le 19 janvier 1939 à Gbéssé (agboville) dans une famille de

musiciens traditionnels précisément de son arrière-grand-mère Kotchi Gué. Il

contribue à l’évolution de la musique Abbey. Il meurt en juin 2011. Il était prompt

à la composition de texte.

Ecoute : Chériyôwô Mery

! 27!
!! Okoi Séka Athanase

D’origine Akyé, Okoi Seka Athanase est né en 1956 et décédé en 1996. Le

premier 33 tours sort en 1974 et sera un énorme succès avec le fameux titre "900

kilos d'amour pour Elisabeth". En 1977, Athanase enregistre l'album ‘‘que je vous

présente’’, accompagné par l'orchestre "Les Grands Colombias du Peuple", les

cuivres du "Black Santiago" et la remarquable trompette d'Ignace de Souza. Cet

album est excellent en particulier le morceau afrobeat "Melokon Mebun Ou".

Notons également qu’il est le père de la fameuse chanteuse Monique Séka.

Instruments : voix

Fondateur de l’orchestre « Audio rama » et « les grands Colombia », il n’a pas eu

le rayonnement national qu’on attendait de lui.

Ecoute d’œuvre : 900 kilo d’amour

! 28!
!

CHAPITRE 4 : LA MUSIQUE EN CÔTE

D’IVOIRE DE 1980 A 1990 :

MANIFESTATION DE LA MUSIQUE

IVOIRIENNE

! 29!
1.!Contexte

Cette période est marquée par l’affirmation d’une culturalité nationale ;

mais aussi par de grands changements dont les mouvements d’immigration des

jeunes vers l’Europe, en vue de plusieurs raisons :

-! Trouver un emploi

-! Poursuivre les études ; pour la plupart sous la contrainte des parents qui

croyaient éloigner leurs enfants d’une passion mauvaise, nocive (mode ‘’yéyé,

musique)

-! Devenir musicien professionnel (Cas de Jimmy Hyacinthe et d’Ernesto)

Notons aussi que les jeunes de cette période n’avaient pas pour vocation de

devenir des professionnels de la Musique ; la pratique de cet art ne fut, pour la

plupart d’entre eux, qu’un passe-temps, une activité de jeunesse que bon nombre

d’entre eux abandonnèrent dès l’entrée dans la vie active.

Les faits semblent d’autant plus vrais que, mise à part les exceptions que

constituent Paco Sery, Tiaco Sadia, Manu Katché, Bamba Yang, Georges Niakadié,

Anet Martial, Monique Séka, Diago Strong, Wognin Pedro, aucune de ces étoiles

de la chanson et de la musique ivoirienne de variétés des années 1980, parties pour

la France, ne peut justifier d’une pratique musicale essentiellement

professionnelle et garantissant son social quotidien.

Aussi, Cette décennie a été remarquable du fait de l’émancipation de la

gente féminine dans la musique ivoirienne. En effet, contrairement aux décennies

précédentes, celle-ci va constater une grande présence féminine dans le monde de

la musique ivoirienne. Les premières femmes qui s’étaient lancer dans la musique

moderne ont eu du mal à imposer leurs carrières artistiques. Elles ont dû

abandonner pour certaines, ce fut le cas des sœurs Comoé.

! 30!
Influencée par les pays développés à la fin des années 70, la politique en

côte d’ivoire va prôner l’émancipation de la femme ivoirienne. Ce qui va se ressentir

dans les années 80 par la présence de plusieurs femmes dans le milieu musical.

L’orchestre de la RTI va aider à la production de celles-ci.

Outre l’émancipation de la gente féminine dans le milieu musical, la décennie

1980-1990 a dans son déroulement des chanteurs qui ont décidé de rester dans la

vision des anciens mais cette fois, l’artiste chanteur sera dissocié de l’orchestre

contrairement à la dernière décennie ou l’orchestre et l’artiste ne faisaient qu’un.

A cause de la naissance du playback les orchestres vont commencer à

disparaitre. Le playback, faux anglicisme, aussi appelé présonorisation, est en

effet, une technique de synchronisation labiale (lip-sync), utilisée par les

chanteurs, qui consiste pour eux à chanter ou jouer d'un instrument de musique

sans que leur voix ou que l'instrument soit capté par un micro, en suivant à l'oreille

un enregistrement de qualité diffusé par haut-parleur ou par oreillette,

préalablement effectué par eux, fournissant aux auditeurs le son qui devrait

normalement être produit sur place et à l'instant même.

Il y a aussi la naissance de nouveaux spectacles qu’on appelait les duels au

cours desquels deux artistes devaient se produire en live sur la même scène à tour

de rôle. On en veut pour preuve le duel entre Lougah François et Bailly Spinto

(extrait à visualiser). Cela a permis au live de résister un temps soit peu au nouveau

souffle qui était le playback.

Enfin, cette période est aussi celle de l’arrivée du Reggae en Côte d’Ivoire.

En effet, après sa naissance en Jamaïque vers la fin des années 60, Le reggae a

su évoluer avec le temps. En Côte d’Ivoire, ce style musical a connu ses plus beaux

jours dans les années 80 à 90 grâce notamment à la star nationale Alpha Blondy.

La musique reggae a fasciné les ivoiriens depuis des décennies. D’ailleurs plusieurs

! 31!
artistes outre Alpha Blondy, ont choisi le chemin de l’engagement entrepris par

Tuff Gong, Bob Marley, 40 ans auparavant. Ce qui fait qu’Abidjan est la 3ème

capitale de musique reggae au monde, après Londres et Kingston, et la 1ère en

terre africaine. Les artistes ivoiriens ont su s’adapter à l’évolution de cette

musique.

1.!Quelques artistes marquants de la période en fonction des

régions

a.!Ouest Bété : relais de DJEDJE : Luckson Padaud, SERY

Simplice

"! Les Adeptes


De nombreux chanteurs se sont réclamés de l’esthétique musicale que

l’artiste a créé. Ce sont pour les plus connus d’entre eux : Luckson Padaud, Blissy

Tébil, Paul Dodo et Johny Lafleur.

"! Le Zigligbity : origine, esthétique chorégraphique

et musicale

Le ziglibithy est un genre musical originaire de Côte d'Ivoire s'inspirant des

sonorités traditionnelles des peuples de l'ouest de la Côte-d'Ivoire

(Bétés, Gouros, Didas), dont le zagrobi.

Le ziglibithy est un style musical et une danse moderne. Le ziglibithy puise

ses origines dans le rythme du Digbha, la tenue du discours lyrique du Tohourou-

Doblhé et la gestuelle du Glhè. Ces concepts sont des éléments de la

culture kroumen, dans l'ouest ivoirien. Selon le musicologue Valen Guébé, Ernesto

Djédjé a désacralisé ces éléments en les modernisant par des transformations

! 32!
instrumentales et l'introduction du funk. « Dans le ziglibithy apparaît encore la

dimension ré-créatrice d'Ernesto Djédjé lorsqu'il remet en cause les règles de

l'harmonie classique en utilisant les quintes et tierces parallèles interdites parce

que considérées comme des fautes dans ladite harmonie (voir le morceau kpihigou

ou Kpuigou dans album Henri Konan Bédié). Dans ce défi harmonique, Ernesto

Djédjé utilise le jeu rythmique des percussions à la guitare et cela crée à l'écoute

des sensations émotionnelles mélodico-rythmiques » affirme Valen Guédé.

Le nom de ziglibithy est formé du mot zigli qui signifie « danse »

et bhithy qui signifie « chanson sucrée, mielleuse, succulente, douce à laquelle on

ne peut résister ». Son promoteur initial était Ernesto Djédjé.

!! Luckson Padaud
De son vrai nom à l’état civil, Lago Tapé Séhia, Luckson Padaud est le

précurseur du « laba laba ». La sortie de son premier album en 1982, lui donne une

place de renom dans l’environnement musical ivoirien de l’époque. Dès lors, rien ne

l'arrête. Il se fait adopter comme un des maîtres d’un genre de musique qui allie

tradition et modernité en Côte d'Ivoire et connaît plusieurs succès. Il a célébré

ses 25 ans de musique en juin 2007 et a aujourd'hui, 15 albums à son actif et

plusieurs récompenses.

Ecoute d’œuvre : Laba Laba

!! Sery simplice

Auteur, compositeur, guitariste et chanteur, né en Février 1949 à Touba,

Séry Simplice développe le « gbégbé » et le ziglibithy, deux rythmes populaires

du peuple Bété de Côte d’Ivoire. Le gbégbé est aussi joué par les Mossis...

! 33!
Le chanteur et guitariste Simplice est l'un des principaux interprètes du

style gbegbe du pays, un rythme de danse traditionnel qui s'est répandu bien au-

delà de ses origines villageoises, jusqu'aux clubs et discothèques de la capitale

Abidjan. Simplice passa de 1964 à 1965 en allant de village en village en jouant des

chansons traditionnelles sur une guitare fabriquée à partir d'un bidon

d'essence. En 1966, il s'installe à Abidjan où il rejoint le groupe dirigé par l'un des

pionniers de la musique ivoirienne moderne, Amédée Pierre, « Le Dope National »,

qui chante des proverbes et des contes traditionnels sur un mélange de rythmes

ivoirien et zaïrois. En tant que guitariste, Simplice a décidé d'aller plus loin et de

transposer toute une musique traditionnelle dans une forme moderne. En quittant

Amédée Pierre en 1978, il a créé sa propre unité, Les Frères Djatys. Le mélange

de rythmes lourds et de voix sévères du groupe portait toute la saveur de la vieille

musique rurale ; bien que le public d'Abidjan ait d'abord rejeté le son comme «

rétrograde » et « réactionnaire », en 1983, la vigueur et la puissance de la musique

avaient gagné une suite substantielle à Simplice. Cette année-là, il a été couronné

le Roi de la Musique Gbégbé à la télévision nationale. En 1985, il fait sa première

tournée européenne.

Le samedi 23 juin 2012, celui qu’on surnomme « le roi du gbégbé » participe

à « La Nuit Africaine à Washington DC », en compagnie de sa

compatriote Antoinette Konan dite « la reine de l’ahoko » (instrument qu’elle joue

à merveille).

Ecoute d’œuvre : Atto Boigny

b.!Renaissance de la musique Bété : GNAORE Djimy avec le

polihet

Né le 10 février 1958 à Labazubia, Gnahoré Jimmy est un musicien,

chanteur ivoirien et surtout créateur du Polihet (genre musical et chorégraphique

! 34!
nourri aux sonorités et à la gestuelle traditionnelle du sud-ouest ivoirien). Gnahoré

Jimmy avait pris ses quartiers dans la cité populaire de Yopougon à Abidjan.

L’artiste, de son vrai nom Gnahoré Lago Antoine, fredonne ses premiers

refrains dans les années 1980 à Ahizé Club de YAO Hélène dite YAO YOHOU. Son

introduction sur la scène musicale le mène vers l'animation des cérémonies

funéraires au cours desquelles il joue le rôle de pleureur professionnel tout en

partageant la ‘’pitié du désespoir’’ avec les familles endeuillées.

L'enfant de Labazubia va lentement mais sûrement. C'est ainsi qu'au cours

d'une tournée au pays NIamboua ou Niédéboua en 1988, il découvre le Polihet, une

danse provenant du patrimoine du pays Niamboua ou Niédéboua au centre ouest

de la Côte d'Ivoire. Il abandonne la musique moderne en vue de s'investir dans le

giron de la tradition. Le Polihet né en 1989 au BOMANIN sous la houlette de ses

managers Arsène Douoh et Martin Fallet Lago, franchit les frontières du village

pour se sédentariser en ville sous une autre coloration. À l'origine, le Polihet était

considéré comme une danse tonique s'exécutant au clair de lune en pays Niamboua

en vue de se remonter après les dures épreuves quotidiennes. Le Polihet était

pratiqué à toutes les occasions, notamment dans les cérémonies funéraires, les

baptêmes ou les mariages. C'est sous cette forme que Gnahore Djimy le mettra

en valeur à travers des thèmes marquants comme l'amour, la haine, la mort, la paix.

"On ne tue pas DOBLE" (son surnom) chantait le maître de la parole qui

s'éteignit le 19 août 1996 dans sa 38e année des suites d'une longue maladie.

Ecoute d’œuvre : Dissanhouan

c.!Ouest montagneux : GUEI Victor avec le Lékiné.

Artiste chanteur originaire de Guiglo dans l'ouest de la Côte d'Ivoire Victor

Guéi est le concepteur moderne d'une danse, « le Lékiné ». Egalement auteur de

! 35!
plusieurs albums, l’artiste a animé des spectacles à Yopougon notamment au

Yaosséhi, au Baron-bar, au Mont-Zatro et au Bar Étoile, avec son orchestre, le

« Zatchèda orchestra » de 1975 à 1990. C’est dans une misère (absolue) que

l’artiste musicien décède le 12 juin 2006 au Centre hospitalier universitaire de

Treichville

Ecoute d’œuvre : Lékiné

d.!Nord : SORO Ngana avec le Yatchana

Soro N’Gana est le tout premier artiste chanteur sénoufo ivoirien qui a

commencé la musique en 1974 avant de sortir son premier album en 1984. Le

concepteur du ‘’Yatchana’’ est ferronnier de profession. Rencontré par l’équipe de

YECLO MAG le mercredi 23 octobre 2018 à 17 heures dans son atelier de

ferronnerie, dans les encablures du Lycée moderne d’Abobo, l’artiste se prête à

une interview, présentée ci-dessous.

Paré d’une tenue bleue, le matériel de soudure en main, il était sur le point

d’achever la confection d’un grand portail d’environ 4 m sur 6. Les cinq apprentis

autour de lui, suivaient attentivement ses faits et gestes. Soro N’Gana estime que

certaines autorités originaires du nord de la Côte d’Ivoire n’accordent pas de la

considération aux artistes de la région. C’est pourquoi il se focalise sur la

ferronnerie.

Qui est Soro N’Gana ?

Je suis Soro N’Gana artiste compositeur, interprète, producteur. Je suis

natif de Nanguakaha de la Sous-préfecture de Korhogo. J’ai commencé à

apprendre à jouer à la guitare en 1974 avant de sortir mon premier tube qui

s’intitulait ‘’Côte d’Ivoire est bon’’ composé de quatre titres.

! 36!
Cet album a prouvé au peuple Sénoufo qu’on pouvait chanter en langue

Sénoufo. A partir de cet album mes frères se sont sentis intéressé et cela m’a

encouragé à continuer. Dans le morceau ‘’Neguesso’’ (NDLR vélo en malinké) vous

avez fait cas de l’alliance entre Koyaka et Sénoufo qui est aujourd’hui un sujet

d’actualité. Vous avez dit que les Koyaka ne connaissaient rien, et que ce sont leurs

maitres les Sénoufo qui leur ont montré le chemin à suivre.

D’où vous est venue cette inspiration ?

Un jour nous étions allés au terrain de football et un petit Koyaka a plaisanté

avec un Sénoufo qui était un haut gradé de l’armée bien qu’il ne le connaissait pas.

Les balafres qui étaient sur ses joues ont permis au Koyaka de l’identifier pendant

qu’il ne savait rien de l’autre. Du coup, le Sénoufo était fâché. En effet, en ville les

gens ne savent pas grand-chose de l’alliance inter-ethnique. Ceux qui connaissent

étaient souvent ridicules devant les autres.

C’est ce qui m’a inspiré. D’ailleurs lorsque j’ai commencé à écrire la chanson

et à la jouer à la guitare sèche, certains ont dit que les Koyaka allaient me frapper.

Et j’ai répondu si un Koyaka me frappait, c’est qu’il n’était pas un vrai Koyaka. Je

voulais que les gens sachent qu’un pacte de non-agression avait été signé entre les

ancêtres de ces deux peuples qu’il ne fallait pas violer. Les alliances inter-ethnique

nous ouvrent toutes les portes et nous permettent de nous aimer.

Votre dernier album date de 2011 et depuis plus rien. N’est-ce pas un manque

d’inspiration ?

Je sens que mes frères Sénoufo n’épousent pas cette musique tradi

moderne que nous faisons. Ils préfèrent écouter ce qui est importé. Qu’ils sachent

que nous défendons la cause de la culture Sénoufo ; il est bon de s’intéresser à sa

culture que de la délaisser. Un cinquième album qui sort bientôt. Cela s’explique ;

quand on fait un travail on a besoin d’être encouragé d’abord par ses frères.

Lorsque c’est le contraire, cela décourage.

! 37!
C’est d’ailleurs ce qui explique le manque d’artiste Sénoufo à part moi. Que

mes frères montrent leur patriotisme à l’égard de cette musique que nous faisons.

J’ai été le premier musicien Ivoirien qui s’est autoproduit en 1980 et qui s’est

distribué parce que les distributeurs avaient refusé de le faire. Je l’ai fait moi-

même et cela a été un succès.

De quoi parle votre cinquième album ?

L’album parle de la corruption, de la défense des orphelins etc. en effet,

partout où vous allez pour qu’on s’occupe vite de vous on vous dit ‘’fait on va faire’’.

Dans les hôpitaux cela se passe et l’enfant qui est né dans ces conditions est

corrompu depuis la naissance. L’album s’appellera défi car nous avons plusieurs

défis à relever.

Vous êtes ferronnier, musicien que faites-vous à vos heures perdues ?

J’ai décidé de corriger les noms Sénoufo car ils sont beaucoup écorchés. Je

ne veux plus qu’il y ait des fautes parce que le nom d’une personne est sa première

identité. S’il est mal écrit il devient comme un symbole qui ne veut rien dire. Les

noms Sénoufo ne sont pas donnés au hasard mais 95 % sont mal écrits.

Quel est votre dernier mot ?

L’honneur d’une personne c’est de savoir d’où elle vient. C’est nous Africains

qui devrons poser les jalons de notre culture et de notre avenir. Ce n’est pas aux

autres de le faire à notre place. Que mes frères Sénoufo apportent de l’amour à

leurs frères artistes.

Lors de ma récente tournée, j’ai été satisfait de l’accueil à certains

endroits. Dans d’autres localités par contre, les personnalités font comme si elles

ignorent le travail que nous faisons. Certains de mes jeunes frères artistes

m’accompagnaient à cette occasion.

! 38!
Lorsque les personnalités du nord ont des cérémonies, elles préfèrent se

tourner vers les artistes d’autres régions en pensant que nous ne pouvons pas tenir

scène. L’émergence doit tenir compte de tous les compartiments. Pour te

décourager, certains disent ceci : ‘’il ne fait rien de bon, il pense qu’il fait du bon

travail’’. Je sais ce que je fais. J’ai acheté mes instruments en 1982 et j’ai fait une

tournée au nord de la Côte d’Ivoire pour montrer à mes parents que je sais jouer

en live.

Que nos autorités originaires du nord pensent à leurs frères artistes. C’est

en cela que je me focalise sur la ferronnerie, mon métier. Je ne veux pas attendre

derrière la porte d’un bureau pour que quelqu’un me donne l’argent pour payer mon

loyer. Je mène les deux activités pour ne pas que quelqu’un me traite de paresseux.

Certains clients sont surpris de me voir à la tâche à l’atelier. Si les

devanciers ne sont pas soutenus, cela n’encouragera pas les autres à venir. Tant

qu’il n’y aura pas un jeune capable de prendre la relève en matière musicale

Sénoufo, je ne prendrai pas ma retraite.

Entretien réalisé par Karina Fofana

Ecoute d’œuvre : Yatchana

e.!Centre : Antoinette Konan, John Djongoss,

!! Antoinette Konan

Antoinette Konan est née à Béoumi, quelque part au bord de la rivière

Bandama, de parents musiciens. C’est une chanteuse ivoirienne d'origine baoulé qui

s'inscrit dans la musique de son ethnie. Elle commence sa carrière artistique en

1984 et est couramment surnommée la Reine de l'Ahoco. Elle a étudié au

conservatoire de musique à Abidjan.

! 39!
En 2006, Antoinette Konan a été nommée membre du Conseil consultatif

scientifique de la Culture près le ministre de la Culture et de la Francophonie de

Côte d'Ivoire.

Ecoute d’œuvre : Pkêtè Man-Mi

!! John Djongoss

A l’état civil Aka Aimé-Clément dit John Djongoss, le saltimbanque (artiste

de spectacle de rue), l’artiste est né à Kahankro (pays Baoulé), dans la sous-

préfecture de Toumodi, en 1961. Il est sans conteste, de tous les artistes

musiciens de sa génération, le plus nanti de dons et logiquement le plus polyvalent.

Djongoss est en effet poète-conteur, chanteur traditionniste, chanteur de

variétés musicales, instrumentiste (guitare, clavier, arc musical, harmonica),

comédien et acteur de cinéma.

C’est un artiste qui a fait ses classes et auquel l’on était en droit de prédire

un avenir flamboyant. Contre toute attente, il disparaît de la scène musicale

ivoirienne vers la fin années 1990, en s’exilant en Europe.

Ecoute d’œuvre : Djandê

2.!Duel musical : Lougah François et Bailly Spinto


!! LOUGAH François

François Lougah, de son vrai nom Dago Lougah, né le 22 juin 1942 à Lakota

et mort en décembre 1997, est un acteur et un chanteur ivoirien. Après avoir

tenté, sans succès, de se lancer dans une carrière de footballeur à Aubervilliers,

François Lougah rencontre en 1962 Philippe Brunet, un mécène et promoteur de

! 40!
spectacle français. Élève à l’École d’Arts dramatiques et lyriques de 1964 à 1968,

il intervient dans de nombreuses pièces. Il tient même des rôles principaux dans

deux productions : Aventure en France et Africains de France. Parallèlement,

Lougah suit à Paris les cours de piano et de solfège d’Alain Rozaimbla. Fasciné par

la musique, il choisira de s’y adonner jusqu’à sa mort en 1997. Les mélomanes

ivoiriens l'avaient surnommé le « Papa National ».

Ecoute d’oeuvre : Kouglizia

!! BALLY Spinto

Bailly Spinto est un chanteur atypique, dit " l'homme à la voix d'or ". De son

vrai nom Gallet Bailly Sylvestre, il est l'auteur ayant marqué les mélomanes

ivoiriens dans les années 80 : "Taxi sougnon", "Anouhomé". Il est en réalité à

cheval entre la décennie 1970 – 1980 et la décennie 1980 – 1990. Il s'est

principalement fait connaître à travers son tube intitulé "Monouho", dans lequel il

réalisera de véritables prouesses vocales.

En 1979, Gallet Bailly Sylvestre aka dit Bailly Spinto, fraîchement sortie de

l’école de musique de Paul Beuscher de Paris, débarque avec son premier album à

Abidjan, alors capitale politique de la Côte d’Ivoire. L’effervescence économique

du pays est des plus spectaculaires. Le bâtiment va bon train, les usines poussent

comme des champignons, et le développement des transports publics —taxis

urbains compris — croit de manière spectaculaire. Bref, comme on dit à Abidjan,

« l’argent circule comme les taxis ». C’est au crépuscule de cette décennie

glorieuse (1970 – 1980) que Bailly Spinto annonce son album dont le premier titre

est justement « Taxi Sougnon » (chauffeur de taxi en bété, sa langue maternelle).

Sa voix de crooner supplie le chauffeur de taxi de le conduire jusqu’à sa bien-

aimée. Il faut préciser que malgré l’importance du parc de taxis, la demande est

! 41!
plus élevée que l’offre. Et les taxis ne sont pas toujours gentils — comme le

chantera plus tard le Burkinabé Amadou Ballaké. Ce sont eux qui décident les

destinations qu’ils préfèrent et le client doit suivre, ou bien ne pas embarquer. Les

auditeurs de l’époque reçoivent donc ce titre comme un plaidoyer pour le client, en

demandant au chauffeur de taxi de la compréhension. Le succès est phénoménal.

Le premier coup d’essai de Bailly Spinto s’avère un coup de maître, et le fera

tourner partout en Afrique et jusqu’en France ou aux USA, dans les manifestations

des diasporas ivoiriennes. Depuis, il collectionne disques d’or et distinctions

diverses comme le grade de Chevalier de l’Ordre National Culturel ivoirien.

Ecoute : Taxi sougnon

3.!Quelques artistes de la gente féminine

!! Reine Pélagie

Kadiatou Fama Camara de son vrai nom sort en 1980 son premier disque,

Aza. Puis enchaîne trois ans plus tard avec le titre « Watara » aux rythmes

dansants puisés aux sources de la tradition ivoirienne. Sa musique combine de

nombreux styles du pays : ziglibithy des Krous, akponkpo des Akans, gbégbé,

zaglobi, aloukou, goly, abissa, agbondan, poro et yatchana, deux rythmes du Nord.

Son concert en 1983 à l’Hôtel Ivoire en compagnie d’Aïcha Koné, vedette déjà

consacrée, la hisse au rang de star nationale. (Informations à compléter…)

Ecoute d’œuvre : Unissons-nous

!! Nayanka belle

Aka Louise de Marillac est née en 1963 à Danané. Elle est une artiste,

auteure compositrice. Sa carrière professionnelle commence en 1981, elle devient

! 42!
choriste dans l'orchestre de la Radio Télévision Ivoirienne (RTI). Un an plus tard,

son interprétation des chansons « Woman in Love » de Barbra Streisand et « Don't

Leave Me This Way » de Thelma Houston, la fait connaître au niveau national.

Surnommée la « Barbra Streisand d'Afrique » par la presse ivoirienne, Nayanka

démarre une carrière en solo. En 1983, elle sort son premier album, Amio, sur

lequel figure « Iwassado ».

Ecoute d’oeuvre : Iwassado

!! GG Léopoldine

G.G. Léopoldine est la première sportive ivoirienne de haut niveau (basket,

handball) à se reconvertir dans la musique dans les années 1980. Auteur-

compositrice et interprète, G.G. Léopoldine enregistre en 1980 Walé goupia, un

album arrangé par Jimmy Hyacinthe. Suit en 1996 Tilt, arrangé par Allassane

Soumano (auteur de la chanson "Wasso"), N’Guessan Santa, Evariste Yacé et

Marcellin Yacé qui a assuré la prise de son avec Pierre, mais aussi le mixage. Quant

à ‘‘Emotion’’, paru en 1999, c’est un opus comprenant les chansons "Allez, poussez"

et "Koro machi" qui connaissent un réel succès national.

Ecoute d’œuvre : Walé goupia

!! Monique seka

Monique Séka est née le 22 novembre 1965, elle est surnommée la reine de

la musique Afro-zouk avec un timbre de voix exceptionnel. Au milieu des années

80, la musique caribéenne envahit les marchés mondiaux. Monique se fond dans ce

registre et sort en 1985 son premier album "Tantie Affoué". En 1989, elle confie

la réalisation de ses arrangements au claviste cap verdien Manu Lima pour l’album

! 43!
"Missounwa". Ce mélange de zouk et rythmes africains séduit les mélomanes au-

delà des frontières africaines, et s’affirmera avec son style que la presse ne

tardera pas à qualifier d’Afro-Zouk.

Ecoute d’œuvre : Missounwa

!! Chantal Taïba

De son vrai nom Kobla Marie-Thérèse Taïba Chantal, la chanteuse a

commencé sa carrière timidement, comme choriste dans l'orchestre de la

télévision nationale, au début des années 1980. À l'époque, l'une de ses premières

chansons devient l'hymne de l'équipe nationale de football de Côte d’ivoire. En cinq

albums, Chantal Taiba impose en Côte d'Ivoire et à l'étranger son style musical :

le matiko, à l'origine une danse de réjouissance des femmes Kroumen qui s'exécute

au clair de lune qu'elle a modernisée et nourrie d'influences extérieures. Elle a

ainsi fondé, en 1999, le groupe Matikos, avec des musiciens espagnols.

Ecoute d’œuvre : Le jour

D’autres chanteuses ivoiriennes

Dan Dog, Jane Agnimel, Vigirni Gaudji, Diane Solo, Kassi Perpétue, Kathy Loba,

Rose Ba, etc.

Les plus récentes

Joëlle C, Alice sofa, Savanala, Mawa traoré, etc.

! 44!
4.!Quelques artistes marquants du Reggae
!! Alpha blondy

Alpha Blondy, de son vrai nom Seydou Koné, né le 1er janvier 1953 à

Dimbokro, dans une famille musulmane de neuf enfants. C’est un chanteur de

reggae ivoirien.

Élevé par sa grand-mère, l'enfant connaît des années heureuses : portant le

même prénom que le grand-père décédé, il est le « petit mari » de l'aïeule qui le

cajole. Élevé parmi des femmes âgées, il en apprend notamment de nombreuses

expressions dioula recherchées. Une règle importe qui marquera l'enfant pour

toute sa vie : il faut « parler droit », ne pas mentir, quelles que puissent en être

les conséquences. Une rencontre lui donne beaucoup d'espoir : celle du Jamaïcain

Clive Hunt, qui lui présente The Sylvesters, un groupe formé par une famille de

dominicains qui joue régulièrement dans les petites salles de l'État de New-York.

Espérant enfin réussir, Blondy quitte le Texas et commence à se produire en

première partie des Sylvesters. Il chante ses propres compositions, dont Burn

Down the Apartheid, Bory Samory (publié en 1984 sur Cocody Rock) ou War, de

Bob Marley, en français (publié en 1994 sur Dieu).

Mais le plus grand espoir du jeune homme repose sur les huit chansons

enregistrées, sous la houlette de Clive Hunt, au studio Eagle Sound à Brooklyn. À

l'époque, Clive Hunt a déjà réalisé le 1er album des Abyssinians, travaillé avec Max

Romeo et enregistré un album sous le pseudonyme de Lizzard (dont une chanson,

Milk and Honey, a été reprise par Dennis Brown). Le disque ne voit jamais le jour :

le réalisateur ayant des difficultés financières, il a demandé, dit-on, à Blondy, de

quitter New York pour Londres.

! 45!
Déjà quatre ans passés aux États-Unis, sans résultat vraiment palpable : en

1980, Blondy décide de rentrer en Côte d'Ivoire. Peu glorieux, le retour est

douloureux. Le rêve américain a tourné au cauchemar.

De retour à Abidjan, Blondy habite chez des amis. Il se met à répéter avec

des musiciens ghanéens au ghetto d'Adjamé, au Bracodi Bar. Désormais, il se fait

appeler Alpha, qu'il a ajouté à Blondy en signe d'espoir d'une nouvelle vie, d'un

commencement.

En 1981, Roger Fulgence Kassy lui propose de passer dans l'émission qu'il

présente à la télévision ivoirienne (la RTI), Première chance. Les deux hommes se

connaissent de longue date. Adolescents, ils se retrouvaient en effet à Abidjan

pendant les grandes vacances, au quartier Ebrié, chacun chez son oncle (les deux

oncles travaillaient à la présidence) ; ils ont passé le BEPC la même année.

Avant le départ au Liberia, en 1973, c'est d'ailleurs ensemble qu'ils se

présentent au concours d'entrée à la RTI. Fulgence réussit, et entre au studio-

école de la télévision ivoirienne. Quand Blondy revient des États-Unis, Fulgence

fait partie de l'équipe du studio, dirigée par George Benson (producteur et

animateur ivoirien. À ne pas confondre avec le guitariste américain). En 1981 donc,

Ful, comme l'appelle Alpha, lui propose Première chance. Pour le chanteur qui a

bientôt trente ans, c'est plutôt la dernière chance…

Il interprète quatre chansons : Christopher Colombus de Burning Spear, et

trois de ses compositions, Bintou Were Were, Dounougnan et The End. « Tu verras,

demain, ta vie va changer », avait prévenu Fulgence. Effectivement : devant

l'engouement suscité par le passage à la télévision, Georges Benson propose au

chanteur de produire son premier album. Ce sera Jah Glory, qui sort fin 1982,

début 1983 sur le label africain Syllart Records du producteur Ibrahima Sylla.

C'est au grand regret de Seydou Koné, trop tard pour faire partager sa joie à sa

grand-mère.

! 46!
Sur l'album, un titre que Benson hésite à mettre : Brigadier Sabari. La

chanson (dont l'intitulé peut se traduire par la supplication « Brigadier, pitié ! »)

dénonce les violences dont la police est coutumière. Le titre fait un tabac en Côte

d'Ivoire et dans toute la région. Elle le fait connaître en Europe.

Il accompagne jusqu'à aujourd'hui la riche carrière d'Alpha Blondy, qui

compte plus de quinze albums et un nombre incalculable de concerts.

Avec son groupe le Solar System, l'artiste se produit en effet aux quatre

coins de la planète, portant haut les couleurs de l'Afrique et de son pays, la Côte

d'Ivoire.

Alpha Blondy chante au sein du Collectif Paris Africa (avec la participation

de 60 artistes) sur le morceau Des ricochets au profit de l'action de l'UNICEF

pour les enfants de la Corne de l'Afrique (2011).

En 2014, il chante On n'oublie pas (écrit par Serge Bilé) avec plusieurs

artistes et personnalités dont Jocelyne Béroard, Tanya Saint-Val, Harry

Roselmack, Admiral T, Jean-Marie Ragald et Chris Combette. Cette chanson est

un hommage aux 152 victimes martiniquaises du crash du 16 août 2005, afin de ne

pas oublier cet évènement et d'aider l'AVCA (Association des Victimes de la

Catastrophe Aérienne) à récolter des fonds.

Le 14 février 2015, il inaugure sa radio FM à Abidjan : Radio Alpha Blondy

FM 97.9. Il chante aussi bien en français, en dioula et en baoulé (langues

véhiculaires de l'Afrique de l'Ouest) qu'en anglais. C'est un artiste de scène qui

se produit dans le monde entier.

Ecoute d’œuvre : Brigadier sabari

! 47!
!! Tiken Jah Facoly

Tiken Jah Fakoly, de son vrai nom Doumbia Moussa Fakoly, né le 23 juin

1968 à Odienné au nord-ouest de la Côte d'Ivoire, est un auteur-compositeur-

interprète et chanteur de reggae. Bien qu'issu d'une famille de forgerons, Fakoly

découvre assez tôt la musique reggae et monte son premier groupe, Djelys, en

1987. Il réussit peu à peu à se faire connaître au niveau régional puis national avec

ses concerts.

En 1998, il monte pour la première fois sur scène en Europe, à Paris. En

2003, il est invité par le festival Musiques Métisses (Angoulême), d'où il revient

en 2005.

En 2003, Tiken Jah Fakoly vivait exilé au Mali à la suite de menaces de mort.

Il obtient la Victoire de la musique en 2003 dans la catégorie album

Reggae/Ragga/World pour l'album Françafrique.

En 2002, 2005 et 2015, il chante lors de la Fête de l'Humanité. Lors de

l'édition 2008, 50 000 personnes l'ont suivi sur la grande scène du parc de La

Courneuve. Il participe au rock dans tous ses états à Évreux en 2005.

Lors d'un festival de rap à Dakar au Sénégal en décembre 2007, Fakoly

demande entre autres au président Wade de « quitter le pouvoir s'il aime le

Sénégal », il parle aussi du danger que court le pays. Fakoly est déclaré persona

non grata au Sénégal à la suite de ses déclarations jugées « fracassantes,

insolentes et discourtoises » par le gouvernement sénégalais. Un arrêté d'entrée

et de sortie du territoire sénégalais a été pris par le ministre de l'Intérieur.

Fakoly quitte le pays le lendemain. Après deux ans et demi d'interdiction de séjour

au Sénégal, il a été reçu par le Président Wade le 31 juillet 2010 qui l'a invité à

pouvoir de nouveau séjourner et se produire sur le sol sénégalais. Sur invitation du

Festival des arts nègres, il s'est d'ailleurs produit à Dakar en décembre 2010.

! 48!
En juillet 2008, il joue au festival Solidays, aux Francofolies de La Rochelle,

ainsi qu'au festival Emmaüs de Pau (18 000 personnes). En juillet, il va au Paleo

Festival de Nyon puis revient au Festival du Bout du Monde en août.

En 2010 sort l'album African Revolution. En raison des événements

politiques en Côte d'Ivoire et en Tunisie, Tiken Jah lance une semaine de solidarité

à Paris du 13 au 18 juin 2011.

Le 6 mars 2013 sort le documentaire Sababou réalisé par Samir Benchikh

sur la Côte d'Ivoire dans lequel Tiken Jah participe activement. Ce documentaire

vise à promouvoir un visage positif de l'Afrique et plus particulièrement de la Côte

d'Ivoire en montrant l'action de personnalités comme Tiken Jah pour

l'amélioration des conditions de vie en Afrique de l'ouest (engagement en faveur

de la paix, de la démocratie, lutte contre la faim, promotion de l'éducation etc).

Tiken Jah a annoncé son grand retour sur la scène musicale avec la sortie

d'un nouvel album nommé Dernier appel, disponible depuis le 2 juin 2014. À cette

occasion, il participe au festival normand Archeo Jazz le 26 juin 2015, au festival

des Nuits du Sud le 24 juillet 2015 et à la Fête de l'Humanité le 12 septembre

2015 devant plus de 80 000 festivaliers.

En septembre 2015, le chanteur ivoirien présente Racines, un album de

reprises de standards du reggae dans lequel il réalise plusieurs duos avec quelques

grands noms comme U-Roy ou Ken Boothe.

Le 28 novembre 2015, Tiken Jah Fakoly se produit à Épinal pour un concert

dont les bénéfices sont reversés pour la construction d'une école au Cameroun.

Ecoute d’œuvre : Plus rien ne m’étonne

! 49!
!! Béta Simon et son ‘baïssadé’,

Beta Simon de son vrai nom Yoh Bailly Simon, né en 1964, est un chanteur

de reggae ivoirien. Conteur, maître des proverbes, par ses chansons, Beta Simon

(prononcé Saïmone) exprime la richesse de sa culture. D’où l’importance de la

langue aux yeux de Béta. Il inventa lui-même sa propre langue. Cette langue, c’est

le « Baïssadé » (la manière de parler de Bailly alias Beta Simon). C'est cette langue

qui sert de socle à ses compositions musicales.

Auteur compositeur interprète ivoirien, il a réalisé 5 albums et de nombreux

concerts. Sa musique et ses chansons chantées en Bété, sa langue maternelle, mais

aussi en plusieurs autres langues ont fait de lui un artiste dépassant très vite les

frontières de la Côte d’Ivoire, s’imposant comme un artiste phare sur l’Afrique de

l’Ouest puisqu’il s’est étendu sur l’Europe.

L'album Kraity Payan Guez, produit par Tiken Jah Fakoly, entouré des

musiciens de ce dernier et arrangé par Dave Kynner, a reçu en Afrique ainsi qu’en

Europe un accueil plus que chaleureux tant au niveau musical qu’humainement de la

part des médias et du public. L'album est distribué en France par Nocturne le 7

mai 2007. Depuis, Beta Simon a formé son groupe et tourne à travers le monde.

Son album Soupe de pierres, sorti en juillet 2011, a été entièrement réalisé

en auto-production par Beta Simon et enregistré au studio de Pablo U-Wa en Ile

de France, où Beta Simon était accompagné en majorité par ses musiciens (Jah-

Bi-Jah). Ce dernier album fut nominé aux Victoires du Reggae 2012 pour occuper

la troisième place après Alpha Blondy dans la catégorie « Album Reggae Africain

de l'année ».

Depuis 2012, Beta Simon est installé en Espagne où de nouvelles rencontres

multi-culturelles apportent de la richesse à son Inspiration. Inspiration fortement

influencée par la voie du silence et un environnement en nature qui permet à

! 50!
l'artiste de redéfinir le sens réel de la création d'une œuvre. "Le désir ardent de

transformer le monde doit commencer par soi" selon Beta Simon.

Ecoute d’œuvre : Nisaraka zueta

!! Ismaël Isaac

Ismaël Isaac, de son vrai nom Kaba Diakité Issiaka, est un chanteur de Côte

d'Ivoire, né en 1966 à Abidjan.

Artiste reggae à la voix mélodieuse, il se distingue par un sens de l'harmonie

vocale et une thématique « afro-optimiste ».

Ses parents viennent de Ponodougou, sous-préfecture de Boundiali. Ils

parlent le mandingo, l'une des langues du royaume mandingue, et s'expriment dans

d'autres dialectes : malinké, bambara et dioula. Aussi, lorsqu'ils se déplacèrent

pour finalement arriver au quartier de Treichville à Abidjan avec sa population de

déracinés échoués dans le bric à brac urbain (le Treichville de Jean Rouch,

"Treichtown" pour les amateurs de reggae), les parents d'Ismaël s'y sentent chez

eux. Mais à Treichville, les campagnes de vaccination ne sont pas encore de mode

et à l'âge de deux ans, leur fils aîné Issiaka est terrassé par la polio.

C'est la fin des années 1970. Issiaka écoute le funk et rêve de smurfer

comme les kids américains qu'il voit à la télé. En 1981, Bob Marley meurt et les

aînés se mettent à écouter beaucoup de reggae.

Un soir à l'émission télévisée Première Chance de Roger Fulgence Kassy, la

Côte d'Ivoire découvre Alpha Blondy. Lui aussi chante en dioula autre dialecte

mandingue. Il se choisit un nom d'artiste, Ismaël Isaac, et fait le siège de la

télévision ivoirienne. Il se faufile sur le plateau de Première Chance, mais personne

ne veut l'écouter. Un jour, alors que les musiciens sont partis déjeuner. Georges

! 51!
Kouakou voit Ismaël tapi dans un coin. Georges, clavier et arrangeur de l'orchestre

de la Radio Télévision Ivoirienne, est tout de suite conquis. Il amène son protégé

voir Roger Fulgence Kassy qui décide sur le champ de le programmer à l'émission.

Ismaël se consacre à sa carrière. Il travaille le chant avec les frères Keita,

Hassan et Ousseine deux jumeaux du quartier, il a trouvé un producteur. Koné

Dodo, avec qui il enregistre deux cassettes, Liberté et Tchilaba en 1986, Yatiman

en 1989 avec Aboubacar Sidiki Doumbia. Peu après, Ousseine Keita meurt d'une

tuberculose mal soignée, et Ismaël veut tout arrêter. Il enregistrera par la suite

Rahman 1990, son premier CD, produit par Ibrahima Sylla avec Moctar Wurie et

Boncana Maïga. Le succès de Rahman le fera connaitre jusqu'en France où Philippe

Constantin le signe pour Island Records, Taxi Jump sort en 1993, avec Godwin

Logie à la console et une pléiade de grands noms. Après le décès de son producteur,

Ismaël Isaac quitte Polygram.

Pour Treich Feeling en 1997, Ismaël Isaac signe chez Dominique Misslin et

confie la plupart des arrangements à Georges Kouakou, que l'on fait venir de New

York pour l'occasion, d'autres à Moctar Wurie, tous deux complices de longue

date, ainsi qu'à Cheick Tidiane Seck, représentant de la modernité mandingue. La

majorité des musiciens est constituée par les "Vieux" d'Abidjan : Camus, Mao,

Sam, Ibis, Christian Polloni et Amy Bamba (qui ont joué avec Alpha Blondy), Étienne

M'Bappé et les cuivres (musiciens de Salif Keita). Le style se rapproche du

dépouillement de Rahman, mais avec une coloration plus avenante.

Puis en 2000, Ismaël Isaac sort Black System chez Syllart produit par

Ibrahima Sylla.

Ecoute d’œuvre : Magno Mako

! 52!
!! Kajeem

Artiste incontournable de la scène ivoirienne et désigné comme l’un des

meilleurs de sa génération, Kajeem fascine tant par son charisme que son

engagement, son rayonnement et sa créativité. Son reggae-ragga fortement

imprégné de soul et de rap, impose avec assurance un flow vif qui lui confère un

style très personnel. Sa voix envoûtante puise dans l’arsenal de la littérature les

munitions d’une poésie vivifiante au verbe incisif.

Kajeem naît à Treichville, l’un des quartiers chauds d’Abidjan, foyer culturel

de la Côte d’Ivoire de l’époque. Promis à une carrière diplomatique, il prend la

“clandestinité” pour mettre en musique ses premiers textes en créant le Ngowa

Posse en 1990. Il va écumer les scènes abidjanaises avec le MUR (Mouvement

Universitaire du Rap), auquel il adhère en 1993 et dont il devient le toaster attitré.

Maîtrise de lettres en poche, il sort son premier album, Ngowa, et est

désigné “Révélation” au MASA Off (Marché des Arts et Spectacles Africains) en

1997. L’année suivante lui est décerné le titre de “meilleur artiste ragga”. C’est

alors qu’il fréquente la communauté rasta du Tafari Studio avec laquelle il

enregistre deux ans plus tard Revelation Time. Cet album connaît un large succès

et marque le début d’un fructueux partenariat avec le CICR (Comité International

de la Croix-Rouge). Nommé “Révélation hip-hop 1999″, Kajeem affermit son style.

Il va plus que jamais s’imprégner des rythmes du terroir africain. C’est cette

ambiance que l’on retrouve dans La Voix du Ciel, album sorti en Afrique en 2000

et distribué en Europe en 2004. Cet opus le consacre au niveau national et régional

comme une valeur sûre de la musique africaine et lui vaut plusieurs participations

à l’étranger, dont l’Exposition Universelle Hanover 2000 en Allemagne, Le

Montreux Jazz Festival, Expo.02 et le festival de la Cité en Suisse. Kajeem est

nommé membre d’honneur de la Croix-Rouge de Côte d’Ivoire en 2004. L’année

suivante, alors que son dernier opus Positif est désigné meilleur album reggae par

! 53!
l’Eburny Music Award, il assure les premières parties de son ami Tiken Jah Fakoly

à Grenoble et au Bataclan à Paris, ainsi que celles d’Anthony B et Sizzla en

Hollande. C’est un succès. En Suisse, il collabore avec des artistes comme les

Moonraisers et Freebase Corporation pour qui il a composé « La vérité rougit les

yeux » largement diffusé sur les radios.

Tout en marquant de son empreinte les scènes européennes, il reste très

actif dans les milieux associatifs et humanitaires. Il collabore ainsi très

étroitement à de nombreux projets musicaux produits par Le CICR. Il assure la

direction artistique du projet “L’homme, un remède pour l’homme” (2002) pour le

CICR, les paroles et la musique du single « refrain humanitaire » (2006), toujours

pour le CICR et la musique du film “Child Soldier” (2004). Il signe également la

musique de la campagne du Téléfood pour le FAO (2004) et compose pour l’ONUCI

le titre « Demain c’est aujourd’hui » (2008). Plus récemment il a composé les

paroles, la musique et assuré la direction artistique du single « Brisons le silence

» (2012) pour IRC et celles de la campagne « Soins de santé en danger » (2012)

pour le CICR.

A Abidjan avec le Fondy et l’Institut Goethe, à Ouaga avec le centre culturel

Madiba Mathai, à Marseille avec l’AMI et à Vevey avec le centre Equinoxe, il anime

des ateliers d’écriture musicale axé sur le rap, auprès de jeunes en difficultés. En

2007, Kajeem apparaît sur la compilation Décolonisons ! Et soutient le projet de

l’association Survie, en donnant notamment un concert mémorable à Paris.

Artiste militant, Kajeem exprime en français, anglais, espagnol et en baoulé,

sa langue maternelle, le déchirement de son pays et les maux de notre société. La

portée universelle de ses textes engagés est le reflet d’une génération consciente

et positive.

Après avoir entraîné son public à la recherche de La Voix du Ciel, Kajeem

est revenu en 2007 avec Positif, un album au timbre résolument ragga.

! 54!
Riches de toutes ses expériences et rencontres il sort : « Qui a intérêt ? ».

Un album présenté par les spécialistes comme le plus abouti de sa carrière, et

sacré meilleur album reggae 2008 en Côte d’voire. Truculent, varié et surtout d’une

extrême sensibilité cet album constitue un pas décisif dans la marche de Kajeem

vers les sommets.

Le 16 Octobre 2010, voit la sortie de l’album-concept Ghetto Reporters

Vol.1 en duo avec Spyrow, un de ses lieutenants dans le but de traiter des thèmes

liés à l’actualité du moment et mettre son jeune collègue sous les feux de la rampe

Ecoute d’œuvre : Nantèbéssou

!! Jim kamson

Jim Kamson, de son vrai nom Kamagaté Issouf, est un chanteur ivoirien. Il a

commencé sa carrière professionnelle en 1989 et réalisé sept albums.

A l’Age de 7 ans, il est inscrit à l’école coranique. Quelques années plus tard,

il commença à apprendre la mécanique auto, déjà il était passionné de musique et

forma un groupe de « SIMPA » (Musique traditionnelle du Nord Est de la cote

d’ivoire). Kamagate Issouf de son vrai nom à l’état civil, était au sein de cette

formation musicale, le percussionniste et le chanteur principal. Convaincu de son

talent, Jim Kamson se sent une véritable âme d’artiste et s’est décidé : il sera

musicien.

En 1979, le jeune Kamson va donc quitter Bondoukou, ses parents et ses

amis du groupe « Simpa ». Il rejoint sa sœur ainée à Abidjan (capitale économique

de la cote d’ivoire). Il a en tête deux projets, celui de continuer son métier de

mécanique auto vers une perfection et celui de devenir un chanteur. Il optera pour

la deuxième option ce qui lui coute d’être rejeté par sa sœur.

! 55!
La vie devient dure pour l’artiste car il passait ses nuits au marché de

Treichville (quartier populaire d’Abidjan et vit de la charité pendant plusieurs

années. Sa vie devient plus problématique qu’alternative et comme la chance

tourne, l’artiste rencontre un jeune musicien en 1984 qui lui fait les arrangements

de ses morceaux et il enregistre une pré-maquette. Ce fut donc en 1989, l’année

inoubliable pour Jim, qu’un producteur voit en lui de vraies qualités de star et un

talent de chanteur. Il enregistre ainsi son 1er album intitulé « Djakabo ».

La carrière professionnelle de Jim Kamson débutera véritablement en 1989

avec Djakabo qui a fait bouger véritablement la jeunesse ivoirienne avec surtout

le titre « Yileba ». L’album sera vendu à 80 000 exemplaires en Côte d’ivoire. En

1991 Jim Kamson sort un second album intitulé « Wayereho » qui apportera une

confirmation à l’artiste car il sera sollicité un peu partout pour se produire en

spectacle. « AFRICA » le nom du troisième album de JIM KAMSON sortit en 1995

fut pour l’artiste une grande révélation de l’artiste sur le plan international, puisqu’

il signe un contrat qui le conduit aux USA précisément à New York ou il joue devant

un public de plus de 1500 Spectateurs. Il s’en suit d’autres prestations

impressionnantes à Washington, Philadelphie, New Jersey, New-Jack City. Mais

de tous ces spectacles l’artiste garde encore en mémoire son premier spectacle

en 1995 au centre culturel français d’Abidjan (CCF), ainsi que la prestation en fin

1996 à Paris, aux côtés d’autres artistes de renoms tels que : Manu Dibango,

Tchala Muana, Zoanet Come’s et bien d’autres. Après un long séjour de quatre

années aux (USA), Jim Kamson débarquera à Abidjan en 1999 avec son 4ème album

« Bere Bere » qu’il présentera à ses parents de Bondoukou au mois de Mai. Son

5eme album « Ni Sigui Kamien » sortira en 2001. Le sixième album « Hinan en 2002

» et le septième « Stop the fire » en 2005.

! 56!
Mars 2019, Jim Kamson vient de sortir un nouvel album. L’artiste construit

sa musique autour d’une fusion de rythmes et de sons dominés par le « Yagba »

ivoirien mélangé au calypso jamaïcain, ce qui donne un reggae roots.

Jim Kamson chante principalement sur les thèmes de la guerre, la

souffrance, la paix et l’amour.

Ecoute d’œuvre : Ediago

!! Serge kassy

Serges Kassy est un chanteur de reggae ivoirien né en 1962 à Treichville.

Aîné d’une grande famille, Serges Kassy est né en 1962 à Treichville, un des

quartiers d’Abidjan (Côte d’Ivoire). Il est surnommé familièrement « Sergent »

(par euphonie avec Serges).

En 1980, alors étudiant, Serges Kassy crée un groupe, les Roots et fait sa

première apparition comme auteur interprète. Entre 1980 et 1989, il participe à

des concours nationaux de musique organisés par la radio et la télévision

ivoirienne : Radio Vacances, Vacances Culture et Podium.

En 1990, il enregistre son premier album, I’m proud grâce auquel et Serges

Kassy s’impose comme l’idole des jeunes. Vendu à plus de 100 000 exemplaires en

Côte d’Ivoire et hors vente du marché parallèle qu’on estime à plus de 300 000

exemplaires, cet album sera l’une des meilleures ventes de l’histoire du pays.

Lauréat du meilleur clip africain avec John Bri aux African Awards en 1990,

Serges Kassy mettra successivement sur le marché Cabri mort, Jésus, Mougou

man et Au nom de Dieu qui connaîtront des succès sur le marché discographique.

A l’image de Burning Spear, Peter Tosh et Bob Marley, il accorde au message une

place prépondérante, chante la cause du peuple noir, ses détresses, ses

interrogations, ses espoirs et ses révoltes. I’m proud, Sécurité Sociale, Liberté,

! 57!
Payez vos impôts, Min révolté, Au secours sont ancrés dans la réalité sociale

africaine.

Dès 2002, il s'engage pour revendiquer la souveraineté de la Côte d'Ivoire

aux côtés de Charles Blé Goudé.

Ecoute d’œuvre : Mi revolté

5.!Meiway et le zoblazo

Meiway, de son vrai nom Désiré Frédéric Ehui, est un auteur-compositeur-

interprète-arrangeur réalisateur et producteur ivoirien né le 17 mars 1962 à

Grand-Bassam. Créateur du genre musical Zoblazo (la danse des mouchoirs blancs)

inspiré des rythmes folkloriques du sud de la Côte d'Ivoire, il le décline tout au

long de sa carrière d'abord en Côte d'Ivoire puis à travers le monde. Il a eu une

forte influence sur la culture musicale de son pays et est considéré comme un

artiste ivoirien majeur du XXIe siècle. Meiway a sorti quatorze albums, depuis

1989. Il dirige également son propre label, Meiway Organisation.

Meiway est citoyen d'honneur de Grand-Bassam et est officier de l'Ordre

national ivoirien.

Désiré Frédéric Ehui commence sa carrière en Côte d'Ivoire au début des

années 1980 comme musicien amateur au sein de diverses formations, avant de

s'installer en France en 1985. Il prend le nom de scène de Meiway et finance son

premier album, Ayibebou, qui sort en 1989. Le succès de ses premiers

enregistrements le pousse à retourner en Côte d'Ivoire. Il sort, durant les deux

décennies suivantes, huit autres albums studio, et effectue plusieurs tournées.

À l'occasion de la célébration de ses vingt ans de carrière, Meiway sort en

2009 son dixième album intitulé M20 avec des sonorités variées. Cet album

! 58!
comprend la participation de « guest stars » comme Passi pour le titre Dedans et

Lynnsha pour Mami.

En 2012, Meiway sort Professeur son onzième album, comprenant quinze

titres dont deux duos avec Black Kent et Soum Bill.

En 2016 pour l'album Illimitic, douzième de sa discographie, Meiway a

souhaité faire des featurings avec des grands musiciens : Étienne M'Bappé

(Cameroun), Nicolas Gueret (France), Christian Martinez (France), Philippe Henry

(France), Donguy (Côte d'Ivoire), Amen Viana (Togo), Olivier Tshimanga (RDC),

Frank Nelson (Haïti/France), Juhan Ecare (Côte d'Ivoire/Finlande), Thomas Guei

(Côte d'Ivoire), Michel Bass (RDC).

De 1989 à 2019, voilà trente ans que l'artiste a publié son premier album.

Pour la célébration de cet anniversaire, il sort le treizième album de sa

discographie : Légende. Cet album de seize titres avec une forte coloration

Zoblazo a été réalisé à Abidjan et à Paris avec la participation des arrangeurs

Donguy, DSK on the Beat, Champy Kilo et JC beat, et d'éminents musiciens :

Nicolas Guéret (France), Christian Martinez (France), Fabien Cyprien (France),

Olivier Tshimanga (RDC), Amen Viana (Togo), Frank Nelson (Haïti/France), Juhan

Ecare (Côte d'Ivoire/Finlande), Michel Bass (RDC), Belmond de Beauville

(Cameroun) et le Zo Gang.

6.!Naissance des premières musiques urbaines


!! Gnaman-gnaman : KEKE Kassiri

Auteur, compositeur, guitariste, chanteur et danseur né le 11 mars 1954 à

Treichville à Abidjan, Kéké Kassiry a largement contribué à la popularité du «

gnaman-gnaman » (ordures), une danse et un style musical de la Côte d’Ivoire.

Grâce à son album produit N’né Ménika (1982) par le styliste Paco Rabane et réalisé

! 59!
avec le batteur Paco Séry. Le « gnaman-gnaman » courant brassé au funk est

diffusé internationalement et notamment sur les ondes en France où vit l’artiste

depuis 1980.

Suite au succès international du disque Afrika (1983) et à ses retombées

financières, Kassiry décide de rentrer en Côte d’Ivoire avec du matériel technique

et s’installe dans le quartier Marcory à Abidjan. C’est là qu’il crée son propre studio

et travaille régulièrement avec un ami Désiré Gado, y donnant même de temps à

autre des concerts. La fin de l’année 1986 le voit sortir Abidjan, un album qui

connaîtra un énorme succès en Côte d’Ivoire, contrairement à Initiation (1996 -

Mélodie), un album paru sans promotion à cause de l’instabilité politique et des

coups d’Etat en Côte d’Ivoire.

Ecoute d’œuvre : Gnaman-gnaman

!! Ziguéi

C’est dans les années 70-80, que le nouchi, argot ivoirien apparait dans les

quartiers populaires d’Abidjan. A l’origine de cette langue, les jeunes déscolarisés. C’est

d’ailleurs eux qui sont à la base du mouvement « ziguéhi » qui veut dire guerrier en bété

et qui s’inspire de la gestuelle des films d’arts martiaux diffusés dans des « vidéos club »

dans presque tous les quartiers de la capitale à l’époque. Les futurs Ziguéhi alors séduits

par cette gestuelle commencent à les reproduire, s’entrainent et se livrent ensuite à des

affrontements entre eux, c’est ainsi que naissent les gangs et les secteurs. Seulement

voilà, ces derniers n’ont pas du tout une bonne réputation auprès de la population et sont

considérés violents et voyous. Le mouvement Ziguéhi ne se limite pas qu’aux combats, car

en plus d’être à la base du Nouchi, les ziguéhi sont les précurseurs de nombreux

mouvements culturels et du street-sytle Abidjanais. C’est le cas du plus célèbre d’entre

eux, John Pololo, de son passage par la prison, qui créa le gnaman-gnaman, la première

danse urbaine de Côte d’Ivoire qui veut dire « ordures » en malinké. A cette époque

! 60!
également, le hip-hop s’exporte bien et conquiert le cœur des jeunes Abidjanais qui

décident de s’en approprier et d’en faire un genre local, le Rap Ivoire. Ce Rap est un mix

de sonorités, de langues traditionnelles, du hip-hop américain et en plus, il se danse. Les

rappeurs sont entre autres les groupes RAS et Yang System.

Ecoute d’œuvre : Djolo

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SYNTHÈSE

En guise de synthèse et d’éléments en complément de tout ce qui précède,

cet article de Eglantine Chabasseur est proposé.

Des années 1960 aux années 1980, Abidjan est passé du rang de

capitale de la Côte d’Ivoire à celui de phare culturel de l’Afrique francophone.

Galvanisés par l’énergie urbaine et le "miracle économique ivoirien", les

musiciens ont inventé des musiques nouvelles, aussi fastes que l’époque qui les

a vus naître.

La Côte d’Ivoire des années 1960/1970 : miracle économique et culturel ? A

la fin des années 1950, ce pays côtier est la colonie la plus riche de l’Afrique

Occidentale Française (A.O.F.), grâce aux cultures de cacao et de café, cultivées

par de très nombreux petits planteurs. Les musiques venues d’ailleurs, variété

française en tête, suivie de près par le high-life ghanéen ou la rumba congolaise

ont alors la cote. Mais, dans le sillage des indépendances, quelques artistes font

émerger à Abidjan une musique urbaine, rumeur funky d’une capitale qui deviendra

courant 1970, le carrefour musical de tout le continent.

La première génération : les précurseurs

Le 7 août 1960, le jeune Amédée Pierre donne son premier concert, avenue

3 de Treichville. Après avoir chanté en français pendant quelques années sur des

airs de variété, cette figure clef de la musique ivoirienne se rebelle contre

l’ancienne puissance et commence à composer en bété. "Quand le 'Dopé', (le

rossignol, ndr) chante, les gens restent-là, éveillés jusqu’au petit matin", déclare-

t-il avec emphase. En une soirée, Amédée Pierre conquiert son public et balaye le

souvenir des Congolais du Rico Jazz, venus jouer trois mois plus tôt à Abidjan.

L’Ivoiro Star, son orchestre, enflamme régulièrement le maquis l’Oasis du

désert. Il enregistre dans les années suivantes des centaines de disques, qui sont

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autant de succès populaires. En quelques années, Amédé Pierre devient "l’olêyê",

le précurseur, qui ouvre la voie à une nouvelle génération d’artistes ivoiriens.

D’autres orchestres, comme le Yapi-Jazz de Yapi René, l’Ivoiris Band

d’Anouma Brou Felix, l’OFI de Bouaké ou le Conseil de l’Entente fondé en 1962 par

le guitariste Mamadou Doumbia, suivent la même trajectoire. Ils cessent de

chanter en français ou en espagnol pour composer des paroles en bété ou en dioula.

Mamadou Doumbia, toujours impeccablement coiffé d’un chapeau melon,

s’impose lui aussi comme une pierre angulaire de la musique ivoirienne moderne. En

1963, son premier enregistrement en dioula s’intitule : "Le destin est comme une

ardoise sur laquelle on écrit et qu’on peut effacer".

Le sien sera tout entier dédié à réhabiliter et revaloriser la musique

ivoirienne… A la même période, les Sœurs Comoé, des jumelles, font rentrer les

femmes dans l’ère de la musique urbaine. Leur incroyable saga ouvre la voie à

d’autres chanteuses, beaucoup plus nombreuses dans le courant des années 1970,

comme Aïcha Koné.

Deuxième génération : les réformateurs

En 1968, James Brown se rend pour la première fois en Afrique : il vient

donner un concert privé pour le président Félix Houphouët-Boigny. Ce passage

"psychédélique" selon Eburnea, un mensuel ivoirien, laisse des traces tant

musicales que vestimentaires dans tout le pays...

Parallèlement, l’explosion des cours mondiaux du cacao favorise le faste, en

politique, en urbanisme, en mode ou en musique : la Côte d’Ivoire voit les choses en

grand. Abidjan devient le rendez-vous le plus funky de tous les musiciens

d’Afrique.

Le Malien Boncana Maïga, à l’étroit à Bamako, s’installe à Abidjan en 1974,

tandis que le saxophoniste camerounais Manu Dibango est appelé pour diriger en

! 63!
1975 le nouvel orchestre de la Radio Télévision Ivoirienne. Il reste quatre ans en

Côte d’Ivoire et arrange à l’occasion les morceaux de la nouvelle génération de

musiciens ivoiriens, fortement influencée par la première, comme François Lougah

ou Ernesto Djédjé.

Ernesto Djédjé a été le "petit" d’Amédée Pierre et le chef d’orchestre de

son Ivoiro Star de 1965 à 1968, avant d’inventer le révolutionnaire ziglibithy, un

mélange de rythmes du terroir bété, de funk ou de soul … et de se brouiller

définitivement avec son aîné. Il a voyagé en France et au Nigéria où il a découvert

l’afro-beat de Féla. C’est d’ailleurs à Lagos, qu’il enregistre en 1977 son premier

33 tours, Zibotè, un manifeste musical emblématique de l’époque. Le Ziglibithy et

les déhanchés de son initiateur font mouche.

Pour sa part, Bailly Spinto, "le chanteur à la voix aux mille et un octaves"

est considéré par Amédée Pierre comme son "fils". En 1979, son langoureux Taxi

Signon, s’écoulera à 30.000 à 40.000 exemplaires. François Lougah, Séry Simplice

ou Jimmy Hiacynthe, l’arrangeur de génie, gravent les plus beaux sillons de la

musique ivoirienne de cette fin des années 1970.

Au début des années 1980, Ernesto Djédjé décède à 35 ans, d’un mystérieux

empoisonnement. Pourtant, alors que les cours du cacao chutent brutalement, en

entraînant l’ensemble de l’économie ivoirienne dans le marasme, le miracle culturel

continue. Alpha Blondy enregistre en 1982, Brigadier Sabari, "Brigadier, pitié !",

un titre sur les violences policières qui fait le tour du monde et ouvre un nouveau

chapitre, plus international, de la success-story des musiques ivoiriennes. Par

Eglantine Chabasseur.

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