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Le Christ mon druide ?

Par Michel-Gérald Boutet


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Dessin de l’auteur

Is é mo drui a Crist mac Dé


« Mon druide est le Christ, fils de Dieu »
Cette formule, cent fois prise et mal comprise, est souvent interprétée comme si le Christ
était perçu par les Celtes païens en tant que druide. Il s’agissait en fait d’un slogan, d’un
cri de ralliement ou de guerre, utilisé par les disciples de Patrick tel Colomban (521 – 597
EC) pour confondre les druides. À l’époque, le titre de druide était su et compris par tous
et avait le sens général de « savant, érudit, docteur de foi et de loi ». Affirmer ceci

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revenait à dire que le Dieu Héol ou Christ des chrétiens, en tant que fils de Dé, était le
véritable dieu des druides. Tout au long de la Vitae Columbae « Vie de Colomban », on
assiste à la féroce opposition qu’il leur livre. Rusé à souhait, le saint homme va de
provocation en provocation transgressant ici et là les lois et serments convenus à
l’époque. C’est en son nom qu’on vante la transgression de l’Erbhe Druadh, le serment
des druides.

Donc, selon les Annales des quatre maîtres, manuscrit 555.2, p.195 :

La bataille de Cul Dreimhne a été gagnée contre Diarmaid, fils de Cearbhall, par
Fearghus et Domhnall, les deux fils de Muircheartach, fils de Earca; par Ainmire, fils de
Sedna; et par Ainnidh, fils de Duach; et par Aedh, fils de Eochaidh Tirmcharna, roi de
Connaught. Elle fut livrée pour venger l'assassinat de Curnan, fils de Aedh, fils de
Eochaidh Tirmcharna, tandis que sous la protection de Colum Cille, membre de la tribu
de Clanna Neill du Nord et des gens du Connaught qui participèrent à la bataille de Cul
Dreimhne contre le roi Diarmaid; et ce fut aussi à cause de cette phrase mensongère de
Diarmaid prononcée contre Colum Cille à propos d'un livre de Finnen, que Colum avait
copié à l'insu de Finnen, quand il fut demandé à Diarmaid de trancher, qui prononça alors
ce célèbre jugement : « Pour chaque vache appartient son veau ».

Sur ce, Colum Cille déclara :

1. O Dieu, chassez le brouillard [1 ligne manquante] qui nous entoure,

L’hôte qui nous a privés de notre gagne-pain.

2. L'hôte en procession autour des Cairns!

Il est un de ces fils de la tempête qui nous ont trahis.

Mon druide, « ne me refusera pas, »

Car il est le Fils de Dieu, puisse-t-il être de mon côté ;

Voyez comment il se déplace pompeusement, le coursier de Baedan devant les hôtes ; la


puissance de Baedan aux cheveux jaunes à la charge de l'Irlande sur son coursier.
Fraechan, fils de Teniusan, fut celui qui fit l’Erbhe Druadh pour Diarmaid. Tuathan, fils
de Dimman, fils de Saran, fils de Cormac, fils d’Eoghan, était celui qui a placé un Erbhe
Druadh dessus de sa tête. Trois mille était le nombre de ceux de Diarmaid tombés sur le
champ. Un seul homme est tombé de l'autre côté, Mag Laim était son nom, car il était le
seul à transgresser du côté de l’Erbhe Druadh.

Étymologie de quelques noms :


Mag Laim < Magos Lamios « champs pris en main ».

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Erbhe > earb « confiance, entente, confidence, commandement, engagement » ; ierobos
« dédicace, assermentation », iero / iuro v. « dédier assermenter » + suffixe adjectival de
tendance –bos ; en jeu de mots avec erba « bête à cornes, vache, biche ».

Erbhe Druadh < Ierobe druuidos, au vocatif et au génitif pour « assermentation des
druides »; en jeu de mots avec « vache des des duides ».

Il est clair que pour ces premiers chrétiens les dieux des païens ne sont pas à la hauteur de
leur Dieu (Vitae Columbae, Chapitre I) :

« Cet incident, dit-on, s’est produit près de la forteresse du roi Brude (tout près
d'Inverness). Comme d'habitude, lorsque le saint lui-même chantait à l'extérieur des
fortifications du roi les hymnes du soir avec quelques-uns de ses confrères, certains
druides venant près d'eux ont tout fait pour empêcher les louanges de Dieu chantées sur le
territoire d'une nation païenne. En voyant cela, le saint a commencé à chanter
merveilleusement fort le 44e Psaume comme si c’était un carillon de tonnerre. À ce même
moment, le roi et ses gens ont été frappés de terreur et d'étonnement.

Et lorsque les druides l'ont vu en état de perdre souffle, ils ont commencé avec beaucoup
d'amertume à reprocher ses parents et de vanter leurs propres dieux comme étant plus
puissants que le Dieu des chrétiens. Ainsi donc, méprisaient-ils Dieu comme s’il était
plus faible que leurs dieux. »

Et comme nous le rappellent Le Roux et Guyonvarc’h, le saint n’est surtout pas un ami
des druides (Les Druides, p. 169):

« Plus tard, à l’époque chrétienne, le vent druidique devient tout naturellement maléfique.
Mais il existe toujours et le druide Broichan, qui est l’ennemi personnel, sinon préféré, de
saint Columban, a les mêmes pouvoirs que ses prédécesseurs prépatriciens. Il tente de
susciter au saint de sérieux ennuis. Mais le saint qui est, grâce au Christ, un « druide »
plus puissant rend vains tous ses efforts. C’est ce que raconte Adamnan dans son histoire
de saint Columba. Les hagiographes irlandais, en effet, sont de pieux et grands
adaptateurs devant l'Éternel et Adamanan, suivant la règle commune, ne néglige rien pour
mettre son bienheureux héros en valeur. Mais – et cela est aussi un miracle irlandais – le
druide (magus) ne va pas en enfer pour autant. »

De toute évidence, ce slogan lancé par Columban est une provocation faite à Broichan (<
Briccanos « à carreaux, à rayures ») et à ses confrères. Il reprend à son compte une vieille
formule traditionnellement employée par les druides hiberniens. Lors du Siège de Druim
Damghaire, alors que Cennmhar prépare son feu druidique, le premier druide est invoqué.
Selon Guyonvarc’h ce druide primordial serait nul autre que Mog Ruith, le serviteur de la
roue. Le « Dieu des druides » invoqué est appelé comme il convient « le Bon Dieu » ou
Dagda en gaélique. Bref, selon les usages, en allumant le feu sacré, le druide officiant
récite cette invocation : Dé druad, mu dé tar gac ‘nde « Dieu des druides, mon dieu avant
tous les dieux ».

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Pour conclure, les druides ne sont pas une manifestation annonciatrice, d’avant la lettre,
de la mystique chrétienne à venir, ils incarnent une tout autre philosophie ou idéologie
religieuse. Et pour reprendre Le Roux et Guyonvarc’h (Les Druides, p. 352)
« L’existence et l’origine des druides sont inséparables de leurs enseignements,
théologiques et doctrinaux, pratiques et magiques. Le « druidisme » et la Tradition
celtique sont une seule et même chose, de nature et d’essence religieuses indo-
européennes.»

Références

Anonyme. Annals of the Four Masters, traduction de John O'Donovan,


Edition électronnique compilée Emma Ryan, CELT: Corpus of Electronic Texts; un
projet de University College, Cork, College Road, Cork, Ireland (2002).

Anonyme. Vitae Columbae, Life of St. Columba, traduction de William Reeves, edition
compilée par Beatrix Färberdonated, CELT: Corpus of Electronic Texts: un projet de
University College, Cork, College Road, Cork, Ireland—http://www.ucc.ie/celt (2004 -
2008).
Guyonvarc’h, Christian-J. et Le Roux, Françoise. Les Druides. Editions Ouest-France
Université, Rennes, 1986.

Monard, Joseph. Dictionnaire de celtique ancien, Keltia Publications, Édimbourg, R. U.,


2000.

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