Sunteți pe pagina 1din 2

Chômez les sexes 

Une intéressante saga radiophonique de l'été m'a visité dans ma retraite improductive, un
matin où je me paluchais en espagnol en bordure de Guilers dans une longère autrefois
joyeuse et pleine de vie, c'est-à-dire de branleurs. Il y était question de Marx quand il était
jeune. On nous apprenait que le jeune Marx n'était qu'un poète boutonneux, et surtout un
gros fêtard qui écumait les cafés de Trêves ou de Berlin en descendant de grosses chopes et
en gueulant la Marseillaise, ce qui lui valut de réviser sa dialectique au cachot de
l'université. Bref, Marx était un fieffé branleur. Or je préfère pour ma part les petits faits
aux grandes fessées. C'est pourquoi j'ai du mal à avaler le gros pumpernickel (ou « bon pour
Michel » si vous préférez) qu'il nous a refilé par la suite, et qui sonne comme un grand
hymne au sacro-saint Travail. D'autant que le pumpernickel, qui a l'air bien compact à
première vue, comporte si l'on y colle le nez quelques trous, quelques oublis d'où s'échappe
en olfactives volutes une indubitable odeur de SEXE. Et jamais très loin du sexe, on trouve
deux choses qui au fond n'en font qu'une : la GUERRE... et peu de merde.

Parce que si Karlo souhaite sincèrement que le prolétariat -dont il n'est point un rejeton, loin
s'en faut- se libère des chaînes de la domination, ce n'est pas pour qu'il aille musarder et
bâtifoler dans les prés d'un monde post-capitaliste, mais bien pour qu'il y trime de manière
« libre » et autodéterminée. Or une chose dont Marx ne parle jamais, qu'il oublie dans ses
équations et sa rangaine tonitruante du travail retrouvé, c'est le travail domestique. Ce que
font les femmes, car c'est bien d'elles qu'il s'agit, n'entre en ligne de compte qu'à l'instant où
elles passent le portail de l'usine. Alors là oui, là il y a travail à proprement parler, travail
productif, travail rémunéré, travail qui rapporte (peu) à l'ouvrière et (beaucoup) au
bourgeois. Tout ce qu'elles font en revanche en matière de reproduction de la force de travail
-en s'occupant du manger, du ménage, de vider les burnes du gars et de faire et entretenir
des moutards-, tout cela sort du radar laborieux. Ni Marx ni personne ne hisse cette
incroyable dépense de temps, d'intelligence et d'énergie au rang combien digne et valorisant
de TRAVAIL.

Bordel, c'est quoi cette arnaque ?

Eh bien cette arnaque les enfants, c'est tout simplement le capitalisme. Car le capitalisme est
un système patriarcal. Je dirais même plus : capitalisme et patriarcat ne font qu'un, pour ce
qui nous concerne. Impossible de servir l'un sans servir l'autre. Impossible de combattre l'un
sans taper sur l'autre. Bon. La porte était ouverte. Soit. Mais peut-être pas assez, comme
pour le mec de 300 kilos que les pompiers ont dû faire sortir cet été de son HLM à
Perpignan. Le capitalisme patriarcal, lui, fait un peu plus de 300 kilos croyez-moi. Passons.

Quel fut l'intérêt pour le capitarcat de renvoyer les femmes de l'usine pour les enfermer au
foyer ? A l'époque, il s'agissait d'améliorer le service dans cette sphère de la reproduction (au
sens de reproduction de la force de travail : santé du travailleur + production de futurs
travailleurs), parce qu'on s'est rendu compte qu'il fallait des ouvriers solides qui ne
crèveraient plus à 40 ans, et de bons bébés joufflus qui trimeront à leur tour, sans parler des
sous investis ensuite dans la qualification de plus en plus pointue des travailleurs. On a donc
inventé la ménagère, car la femme était destinée par nature et par amour, bien sûr, à abattre
les tâches reproductives. La prostituée quant à elle, eh bien transformait le SEXE, ce service
naturel que la femme doit à l'homme, en TRAVAIL réel car rémunéré. Ouh la vilaine, la
criminelle ! Et en plus elle refile la vérole à tout le monde !

Alors certes, le temps a passé, la merde a coulé à torrents sous les ponts et les a emportés, et
les femmes se sont remises au boulot. Conquête ou emberlificotage capitarcal ? Sans doute
un peu des deux, mais le statut du travail domestique, pas plus que le genre qui l'endosse
n'ont aujourd'hui changé. Il s'agit toujours d'une chose invisible, gratuite et dûe. Magie
magie, et vos idées ont du génie, cher Capitarche. Et le sexe dans tout ça, vous me direz ?
Eh bien le sexe fait partie de ce paquetage invisible que la femme doit par nature à l'homme,
un travail gratuit, dissimulé, tantôt monnaie d'échange pour garder son djobe ou obtenir une
promotion, tantôt niveau à bulle de sperme pour maintenir « l'équilibre du couple » et
empêcher monsieur de péter un câble, tantôt manière de prendre un peu de plaisir dans cette
vie de galère, mais si peu, si rare. Et, dans certains cas en effet, un TRAVAIL rémunéré pour
joindre les deux bouts.

Sors-le, qu'on le trie !

L'heure n'est plus à la morale. La morale est nulle et non avenue, tout juste un vernis pour
l'emberlificotage capitarcal. Le capitarcat ne produit, partout et toujours, que des rapports de
domination, des rapports de force, une guerre plus ou moins larvée, plus ou moins ouverte,
plus ou moins chaude ou froide, de tous contre tous sur tous les plans et dans toutes les
dimensions. Et nos sexes sont pris dans cette guerre. Ils en sont un ressort. Grauit ou payant,
leur usage est régi par l'idée de TRAVAIL.

Un monde libéré des chaînes du capitarcat serait un monde où les sexes ne travailleraient
plus. Ni concrètement ni abstraitement, ni payé ni gratuit. Rien ! Et on est loin, très loin du
compte les enfants.

C'est pourquoi j'appelle, moi Engels du chômage, à la généralisation de la branlette, partout,


sur tous les plans et dans toutes les dimensions. Nous n'avons plus le choix. Le sexe nous
condamne à servir les intérêts du capitarcat. Il nous faut, toutes et tous, nous branler sans
faiblir ni coup férir, les uns les autres, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la folie ! Littéralement
et dans tous les sens ! Comme une épidémie, une grève fabuleuse, un palindrome de viande.

Branle qui peut ! Devenons, toutes et tous, d'incorrigibles branleu⸱r⸱se⸱s, pour les siècles des
siècles !

Amène.

onanistement vôtre,
Engels du chômage.

S-ar putea să vă placă și