Sunteți pe pagina 1din 5

Le chant des voyelles1

Histoire sommaire

Dans l’histoire de l’humanité, il y a eu de multiples révolutions qui marquent clairement un


avant et un après. Bien sur « le avant » et « le après » peuvent s’étaler sur des temps plus ou
moins long (de quelques dizaines à quelques centaines d’années), mais c’est une manière de
figurer des transitions radicales dans le comportement humain et son appréhension du
monde qui l’entoure. Pour en citer quelques-unes, et dans un désordre chronologique, la
production du feu, la différenciation du pouce, le déplacement en bipède, la sédentarité,
l’agriculture et l’élevage. Elles sont toutes des découvertes qui ont radicalement changé la
vie de nos ancêtres hominidés.
Jusque-là les réponses trouvées par les sociétés humaines étaient toujours en rapport avec
la nature, le cycle des saisons, basées sur l’observation du monde tangible. Vers 12 500 ans
av jc, apparaissent les premières sédentarisations. Cette sédentarisation est rendue possible
par la mise en place de cultures et d’élevages d’animaux et son corollaire le stockage des
récoltes qui permet d’attendre la prochaine sans risque de famine. Les préhistoriens
modernes l’appellent « la révolution néolithique »
L’être humain se pose les mêmes questions depuis toujours, sa place dans le monde qui
l’entoure. Et à chaque étape il trouve des réponses différentes qui lui permettent de se
libérer des chaînes qui le lie au monde environnant. La culture et l’élevage va lui permettre
d’avoir une vision du futur plus sereine par le fait de dominer quelque peu l’alimentation qui
lui permet de survivre. Et c’est d’ailleurs une avancée majeure face à l’inconnue du
lendemain. Il ne sait pas si les récoltes seront abondantes, mais il sait que si elles le sont-
alors il n’aura pas à se préoccuper de son alimentation jusqu’au moins la prochaine récolte.

11 000 ans plus tard la civilisation humaine maîtrise l’agriculture, l’élevage, la construction
de l’habitat ou de bateaux capables de résister aux tempêtes et aux intempéries. On maitrise
la production du feu, le maniement du bronze et de l’étain. On voyage aux quatre coins du
monde connu, les peuples se mélangent et s’échangent des biens et des connaissances.
Nous sommes en présence d’un monde qui foisonne de découvertes et de nouvelles
richesses ou les sociétés sont prêtes à changer radicalement leurs modes de relations
personnelles et sociales.
Jusque-là l’être humain a développé des langages en relation avec le monde tangible qui
l’entoure du type un dessin s’associe à un objet existant de tel sorte que le dessin d’une
vache représente cela et pas un cochon. Ensuite sans doute pour des questions pratiques et

1Le titre fait référence à un poème des prêtres grecques en Égypte, utilisé pour chanter les louanges des dieux.
Ce chant est composé uniquement de voyelles, lesquelles sont en relation avec les 7 astres connus du sytème
solaire observable de l’époque. Cette pratique, d’abord égyptienne, sera ensuite reprise par l’école de
Pythagore qui la formalisera sous la forme de la musique des sphères. Pythagore lui-même était présenté
comme celui qui entendait la musique des sphères (les planètes en mouvement) et savait soigner les âmes avec
cette musique.
de démocratisation au plus grand nombre, les dessins initiaux vont se transformer en signes
plus simples afin qu’ils soient plus faciles à écrire. Cependant même de cette manière
lorsque l’on va compter une récolte, un cheptel de bêtes, le nombre d’habitants d’un lieu, ce
langage reste lié à l’association d’un dessin du type : une barre pour le chiffre 1, 2 barres
pour le chiffre 2 ainsi de suite jusque 5 qui est dessiné avec le cinquième trait qui barre les 4
autres formant alors un nouvel objet chiffré. On comprend aisément la limite de ce type de
langage depuis notre aujourd’hui ou nous sommes capables d’effectuer des calculs
complexes ou d’avoir une réflexion sur nous-même et le monde qui nous entoure et surtout
pouvoir le transcrire avec des signes écrits qui une fois assemblés en mot vont constituer un
nouveau son que tout le monde sera capable de lire et de comprendre.

La spiritualité
La spiritualité elle aussi est en train de changer, de se transformer, passant d’un mode de
représentation lié aux objets et événements cycliques de la terre à la recherche de quelque
chose de plus profond. Une profondeur depuis laquelle on puisse donner des explications au
monde. Ce monde englobant le visible et l’invisible. Il y a une quête pour donner du sens aux
choses, aux événements, les comprendre pour les maîtriser, les anticiper, expliquer les
cycles des saisons, de la vie, des planètes. Expliquer la composition de la matière visible
comme l’eau, le feu, la terre ou même le corps humain, mais aussi ce qui est invisible comme
l’air qui nous entoure et qu’on ne peut que ressentir sans jamais l’attraper.
C’est à ce moment-là que l’être humain a besoin de pouvoir exprimer ses idées, ses
questionnements, ses conclusions. Et cela il ne peut le faire que si le langage et l’écriture
sont à son service et non l’inverse. Il doit pouvoir écrire des mots qu’il va inventer, des mots
qui doivent être le reflet de ses pensées, des raisonnements qui n’ont aucune liaison directe
avec le monde tangible, seulement avec ses pensées qui s’entrechoquent fébrilement dans
son esprit et s’organisent en compréhensions multiples et divines.

Le chant des voyelles se fait entendre


Il y a alors une révolution qui passe inaperçue, parce qu’elle s’imbrique dans d’autres
découvertes majeures, elle est à la base de toutes les compréhensions du monde connue
mais aussi des mondes inconnus, avec elle on va pouvoir poser les bases de la méthode
scientifique, discourir sur des sujets totalement conceptuels, définir les prémisses de la
médecine moderne, conceptualiser un modèle d’univers. Elle permettra même de déduire
que la terre est ronde, calculer des distances, faire émerger la notion de démocratie…
Cette révolution est l’arrivée du langage phonétique. Les premières trace d’un langage
phonétique que nous avons proviennent des phéniciens. Le phénicien est la première
écriture largement répandue où chaque son est représenté par un symbole. Ce système
simple contraste avec les autres écritures de l'époque, comme le cunéiforme et les
hiéroglyphes égyptiens, qui emploient de nombreux caractères complexes et sont
d'apprentissage difficile.
L'alphabet phénicien a des effets à long terme sur la structure sociale des civilisations qui
entrent en contact avec lui. Sa facilité d'apprentissage bouleverse le statut des écritures plus
anciennes, connues et employées uniquement par les membres des hiérarchies royales et
religieuses, qui les utilisent comme instruments de pouvoir et de contrôle de l'information.
L'apparition du phénicien détruit certaines divisions de classes, bien que de nombreux.
royaumes du Moyen Orient (Assyrie, Babylone, Adiabène) continuent à utiliser le cunéiforme
pour les sujets légaux et liturgiques jusque ap. J.-C2.
Sans doute que la phonétisation de la langue et de son écriture va apparaître sous la
pression des échanges commerciaux entre les différents peuples qui sont présents de la
Mésopotamie jusqu’à l’ouest du bassin méditerranéen. Mais pas uniquement : nous avons
tendance à interpréter le monde par le filtre commercial, comme s’il était le fondement
même de toutes actes humains. C’est oublier la quête de l’humanité à s’ouvrir aux mondes
invisibles quels qu’ils soient. Autant le cunéiforme semble répondre à des besoins de la vie
pratique, alors que les hiéroglyphes répondent à un besoin de communication avec les
mondes invisibles. Mais dans tous les cas, en faire le constat ne donne aucune une idée du
moteur, on ne fait que constater les effets.
Qui sont ceux qui ont créé ce langage et cette écriture ? Comment se formalise-t-il ? Qui
l’enseigne ? Qui a le droit de l’apprendre ? Nous n’en savons rien, mais le fait est qu’il est
plus facile à apprendre et va s’étendre partout où les phéniciens vont voyager. S’étendre ne
veut pas dire que tout le monde parle le phéniciens et que les autres langues vont
disparaître, cela veut dire que les langues existantes pour la plupart vont adopter l’alphabet
des phéniciens pour écrire leurs propres langues.

Le grec ancien après avoir utilisé le linéaire B, qui lui-même est déjà une composition de
sons et de cunéiformes, va utiliser l’alphabet phénicien pour construire son propre alphabet.
Alors que l’alphabet du linéaire B comporte 200 signes, et que le phénicien compte 22
lettres, le grec en a 24 dont 5 voyelles. Les voyelles existent dans le phénicien mais jamais
écrites, le son se déduisant du contexte. Le grecque va formaliser dans son alphabet des
lettres voyelles.
Nous sommes environ 1 000 ans avant jc, la révolution vient de se faire et nous sommes à
l’aube d’une ère nouvelles.
L’apparition de ces 5 voyelles dans l’alphabet grecque change tout. Les grecs vont
différencier 2 types de lettres, les consonnes et les voyelles. Pour former un son une
consonne sera toujours accompagnée à la suite d’une voyelle. L’association des voyelles et
des consonnes pour permet de créer des mots pour décrire le monde non seulement du
quotidien mais aussi le monde des idées, des abstractions.

C’est un véritable saut qui s’opère, un saut de conscience, une avancée vers la recherche de
la place de l’homme dans l’univers et le divin.

2 La plus ancienne inscription phénicienne est l'épitaphe d'Ahiram, sur son sarcophage, datant d'environ 1200
av. J.-C Florian Coulmas 1989, p. 141. - Writing Systems of the World, Oxford, Blackwell Publishers Ltd, 1989
Il est étonnant que la Grèce antique, en même temps qu’elle a été un peuple de barbare
prêt à se battre et s’entretuer pour n’importe quel prétexte a aussi accouché des plus grands
esprits de notre temps. Ce sont eux qui ont posé les bases et les fondements de ce que sera
plus tard le monde aristotélicien occidental dans lequel nous vivons.
On doit aux anciens grecs les premières réflexions sur la démocratie et la participation
citoyenne. La mise en place de lois qui ne sont plus imposées par un roi ou un dieu, mais sur
une réflexion de la place de groupe sociaux. En même temps le pont n’a pas été coupé pour
autant avec le monde des divinités : Il y a le monde des héros avec Homère, la spiritualité
égyptienne qui imprègne aussi les connaissances de l’époque, l’Égypte reste une des
références majeures en termes d’initiations aux mystères de la vie à laquelle tous les érudits
grecs aspirent à connaître, il y a le culte à Orphée, les dévotions à Apollon et à la pythie…
Et puis depuis longtemps aussi on a commencé à modeler la matière : l’étaing, le cuivre, le
plomb, on observe les effets de la température sur les différents états de la matière, on sait
créer du ciment qui permet de construire des temples, des places fortifiées et des maisons
assemblées par la superposition de grosses pierres.

Le divin inspirant
Sans doute toutes ces expériences, connaissances et savoirs ont contribué au sentiment de
supériorité que les Grecs vont avoir vis à vis de la nature. Un sentiment qui va se conforter
par son désir d’expansions et se concrétiser avec les conquêtes d’Alexandre le Grand. Ce
sera le premier empire du bassin méditerranéen dont les Romains seront ensuite les
architectes industriels.

Pour que ses conquêtes réussissent, Alexandre a pour lui la supériorité des armes qui sont
plus légères et permettent rapidité d’exécution, des cavaleries différentes qui se complètent
dans les attaques, des ingénieurs à même de concevoir les armes et surtout une réflexion
sur les stratégies à adopter.
Il est certain que l’évolution du langage et de l’écriture joue un rôle majeur, d’abord parce
que penser l’expansion d’une civilisation ne peut pas se concevoir sans une vrai réflexion,
une capacité à abstraire des mouvements pour les étudier, savoir cartographier des lieux
pour les transmettre à des troupes. Et puis l’alphabet grecque est l’exemple même de la
pensée synthétique du moment : résumer une langue et une écriture à partir de 25 lettres et
5 voyelles est une prouesse qui n’aurait pas été possible si l’esprit humain de l’époque
n’avait pas été en capacité de le faire. Il est en capacité de le faire, parce que son mental
s’est senti maitre du monde de par ses découvertes techniques et ses progrès fulgurants.
Cependant l’expansion n’est que le signe que le mode de pensée helléniste est bien ancrée
dans la civilisation grecque et n’est plus le fruit de quelques érudits ou inspirés.
C’est ce qui en fait la richesse fondamentale de cette époque, certains grecs vont se poser
des questions concernant le fonctionnement du monde qui les entoure tout en étant
convaincu que c’est le divin qu’il faut comprendre et appréhender. Ce divin qui s’exprime
dans toutes choses, l’eau, la terre, le feu, le vent, la pluie. On cherche à trouver les éléments
qui composent la matière, mais aussi l’immatériel. On essaye de décortiquer les composants
de la matière, mais aussi de l’immatériel.

Franck Servignat
Maître appliqué au parc de La Belle Idée.

S-ar putea să vă placă și