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: enjeux et perspectives
INTRODUCTION
Depuis la seconde guerre mondiale, les fermiers européens ont axé leur mode de
gestion de leurs exploitations sur des systèmes de production intensifs.
Les résultats en terme de quantité furent incontestables.
Mais aujourd’hui, le revers de la médaille n’apparaît pas aussi brillant : des eaux sont
polluées, des sols dégradés et la qualité des aliments inquiète de plus en plus les
consommateurs.
Face à ces préoccupations, l’agriculture biologique semble à même de proposer une
alternative intéressante aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs.
Les valeurs véhiculées par le « label biologique » s’intègrent alors dans d’autres
secteurs d’activité : le tourisme n’y échappe pas.
Il se développe des structures d’accueil en milieu rural répondant à la demande du
tourisme vert. Cette forme de tourisme relativement récente est porteuse de nouveaux enjeux
et de nouvelles perspectives.
Mais la place du bio dans l’activité touristique, l’interdépendance de ces deux notions,
est à définir afin d’élaborer des stratégies performantes de promotion et de pérennisation de
ces deux concepts.
Ce sentiment est très vif au sein des exploitants. Le tourisme bio est un vecteur idéal
de rapprochement entre les producteurs et les consommateurs. En effet, la démarche
volontariste des pratiquants du tourisme bio incite à la communication entre les deux parties.
Par cette activité, les préoccupations précédemment énoncées trouvent écho auprès de
populations sensibilisées à ces problèmes.
Le dialogue peut donc s’installer.
C’est également l’occasion de voire concrètement sur le terrain, le travail quotidien
qu’impose le label d’agriculture biologique. Il n’est d’ailleurs pas rare que des sortes
d’ateliers pratiques fassent partie des brochures touristiques bios. Ils répondent tout autant à la
demande de la clientèle de réellement s’immerger dans le milieu agricole bio qu’aux soucis de
partages des connaissances, des savoir-faire, qui constituent ce mode de production.
C’est d’ailleurs le cadre adéquat, pour faire voler en éclats bons nombres d’idées
reçues véhiculées par les campagnes de communication et de publicité.
Dans ce système clos, que peut représenter le cadre d’une exploitation agricole, c’est
l’exploitant et lui seul qui est en charge de la clientèle.
Outre le souci de mieux faire comprendre et susciter l’intérêt que revêt une telle
démarche, ces structures placent également des enjeux à plus long terme, notamment en ce
qui concerne l’éducation des plus jeunes.
B) TYPOLOGIE
Mais le lien entre la composition des groupes de touristes et l’attente que chacun
demande, est-il fondé ?
Il semble que oui.
Les rencontres avec les différents acteurs ont permis d’aboutir à une sorte de typologie
des fréquentations.
Il en résulte que ce sont les familles pour qui le bio revêt le plus d’importance. Des
parents, souvent jeunes, déjà sensibilisés par la question de la qualité alimentaire et des
impacts environnementaux, intègrent leurs enfants à ces préoccupations.
C’est la découverte des produits et, à travers la volonté éducative proposée par les
producteurs, que les parents tentent de sensibiliser leurs enfants.
Les attentes de chacun sont donc comblées.
Il résulte également que plus le groupe est important, plus la valeur bio est délaissée au
profit de l'attrait tourisme vert et vie à la campagne. Dans ce cas, la structure accueillante
occupe plus la fonction de dortoirs, souvent à des prix raisonnables, dans des zones où l’offre
d’hébergement peut être limitée. Ceux-là viennent compléter les structures plus « classiques »
comme les gîtes ruraux par exemple.
Enfin, la dualité citadins-ruraux est une nouvelle fois présente. Tandis que les premiers
viennent avant tout chercher un havre de paix, sans se soucier réellement des méthodes de
production utilisées, les autres montrent d’avantage d’importance à la valeur bio.
C’est le retour aux goûts et aux pratiques d’autrefois, une respiration temporelle plutôt
que spatiale.
Les éléments qu’elle dénonce dans les pratiques intensives et pour lesquels elle prend le
contre-pied sont d’ailleurs souvent pointés du doigt comme les facteurs déclenchant
des crises.
L’image de marque du label bio semble donc avoir le vent en poupe.
Mais encore très minoritaire, le bio ne peut à lui seul redorer le blason d’une entité
aussi complexe que l’espace rural. Son pouvoir d’attraction n’est donc pas assez fort pour
remplir un tel rôle.
Néanmoins, il faut espérer que les valeurs associés au bio ne soient pas contraintes de
se propager, de se diffuser par le seul fait qu’elles bénéficient du contre balancier des excès
des autres systèmes de production.
Le tourisme vert est également une opportunité pour le milieu rural en terme de
développement et d’aménagement. En effet, les années 80 ont vu l’apparition de nouvelles
disciplines de loisirs qui ont bouleversé les habitudes et les valeurs sportives qui étaient
dominantes à l’époque. On a vu en effet l’invention du VTT, du canyoning, de l’escalade
libre, du surf des neiges, du parapente…Ces nouvelles disciplines ont permis un élargissement
de la palette classique des sports de plein air (randonnée pédestre, cyclotourisme…).
Ces innovations ont favorisé le captage d’une nouvelle clientèle pour les espaces ruraux.
B) QUELQUES CHIFFRES
Pour l’année 2000, la France comptait :
3 millions de randonneurs pédestres circulant sur 120 000 Km de sentiers balisés
800 000 personnes pratiquant l’escalade
600 000 licenciés à la Fédération Française d’Equitation et 4200 centres équestres
1 millions de VTT vendus par an
438 parcours de golf
500 bases de loisirs nautiques
1500 sites équipé pour l’escalade sur murs naturels
14 millions d’hectares boisés dont 4,5 en forêts domaniales
10% du territoire occupé par des Parcs Naturels Régionaux
En plus de ces structures, il faut également prendre en compte les sites du patrimoine qui ne
sont pas tous recensés de façon précise
50 000 monuments historiques Ces sites contribuent également à l’attractivité du milieu rural
4 000 musées
2 000 festivals
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nuitée : c’est une période où un touriste réside dans un mode d’hébergement marchand pour une durée
équivalente à une nuit.
Les deux millions d'adeptes des formules Gîtes de France se caractérisent par leur
fidélité.
En gîte rural, il s'agit avant tout d'une clientèle familiale : couples de 25 à 44 ans avec deux
enfants de moins de 15 ans, citadins, propriétaires de leur habitation, français pour 80%
d'entre eux (première clientèle étrangère, les Britanniques). 50% des clients sont cadres
moyens ou supérieurs, professions libérales, 18% sont des employés. S'ils sont fidèles au
concept, seulement 15% d'entre eux reviennent régulièrement dans le même gîte, tandis que
72% d’entre eux changent de région chaque année. En chambres d'hôtes, il s'agit
majoritairement de couples sans enfants, âgés de 35 à 64 ans, propriétaires de leur maison,
français pour 70% d'entre eux (1ère clientèle étrangère, les Belges). 49% sont cadres moyens
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source : gîtes de France
ou supérieurs, professions libérales, 26% sont retraités. S'il s'agit surtout de courts séjours, on
peut noter qu'un client sur deux prolonge son séjour une fois sur place.
Quelques chiffres
En France, une équipe de plus de 600 personnes est au service des propriétaires et des
usagers au travers de la Fédération nationale et de ses 95 relais départementaux.
A l'étranger, les Gîtes de France sont présents depuis près de 20 ans sur les principaux
marchés européens, en collaboration avec de nombreux tour-opérateurs.
38 000 propriétaires, 55 000 hébergements, 30 millions de journées de vacances, pour un
chiffre d'affaires direct de plus de 150 millions d'euros et un apport à l'économie des régions
de 450 millions d'euros dont un tiers en devises (20% de clients étrangers).
C'est aussi 100 millions d'euros investis en rénovation du patrimoine bâti.
B) L’ACCUEIL PAYSAN
La structure de l’Accueil Paysan est composée d’agriculteurs et d’acteurs du monde
rural et son fonctionnement est assuré par des animateurs et des techniciens. Lors de notre
entretien avec l’une des animatrices de l’association, Marie-Eve Taillecours, nous nous
sommes rendus compte que la problématique de l’accueil en milieu rural n’était pas forcément
liée à l’agriculture biologique.
Ce regroupement est né il y a 15 ans de l’initiative d’agriculteurs situés dans les
régions montagneuses françaises qui ont vu leurs revenus baisser et qui ont du se diversifier
afin de compléter ces revenus. Leur objectif était de pouvoir rester sur leurs fermes sans
s’agrandir.
L’Ille et Vilaine compte 60 adhérents et 3 animateurs réunis au sein du pôle INPACT de
Chantepie.
Le réseau aide ses adhérents à différents niveaux :
financements
formations
communication publications (guide des vacances paysannes…)
commercialisation le réseau met en relation les clients et les prestataires en fonction
de la demande et du souhait des clients.
La clientèle de l’Accueil Paysan est différente de ce celle des Gîtes de France dans le sens où
90% de la demande de renseignements émane de travailleurs sociaux.
Afin de maintenir un haut niveau de qualité, une charte a été mise en place. Les structures
labellisées Accueil Paysan se doivent de la respecter.
L'Accueil Paysan
Sa charte
Cette charte est très axée sur le développement local et le maintien d’activité dans le
milieu rural. Avant d’obtenir leur agrément, les candidats à l’Accueil Paysan doivent patienter
un an, délai nécessaire pour savoir si cette activité d’accueil convient aux agriculteurs et si les
clients en sont satisfaits.
Outre ces structures importantes, il existe d’autres labels concernant l’accueil de public en
milieu rural comme les Nids Vacances, les Clés Vacances, les gîtes Rando’Plume (dépendants
de Rando Breizh)….ainsi que de nombreuses chambres d’hôtes pas toujours classées.
le camping a la ferme
Les campings à la ferme permettent d’installer une tente, une caravane ou un camping-car
en pleine nature, le plus souvent à proximité d’une ferme sur des terrains adaptés. Selon les
structures, différents équipements sont proposés tels que des salles de jeux, des piscines, des
terrains de sport ou des garderies pour les enfants. De plus la plupart du temps des produits
fermiers sont vendus aux visiteurs.
Outre ces possibilités, Gîte de France, via le Service Loisirs Accueil, offre un large choix
de séjours thématiques :
accueil des personnes à mobilité réduite en partenariat avec l’Association des
Paralysés de France
séjours à la neige dans les 5 massifs français
les gîtes PANDA situés dans les Parcs Naturels régionaux ou Nationaux en partenariat
avec l’association WWF
accueil au sein d’exploitations viticoles pour découvrir l’œnologie
séjours équestres permettant la pratique d’activités centrées autour du cheval en
partenariat avec la Fédération Française d’Equitation
les « gîtes de pêche » situés à proximité d’un site de pêche et aménagés en fonction de
cette activité (appâts…)
L’Accueil Paysan quant à lui est surtout orienté vers l’accueil de public en difficulté. Tout
en ayant des structures proches de celles proposées par Gîtes de France, son offre est
complétée par :
l’accueil d’enfants dans le cadre de placements familiaux en période de vacances
dans des structures agrées par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports
et la DDASS. Cette formule permet aux enfants de découvrir un autre mode de vie
dans un environnement différent de celui dans lequel ils ont l’habitude d’évoluer.
Afin de maintenir une certaine stabilité financière, il est nécessaire de conserver des
activités rémunératrices et qui fonctionnent toute l’année. C’est le cas de la pension de
chevaux (10 chevaux de propriétaires), de l’enseignement de l’équitation et de l’accueil des
personnes à mobilité réduite.
Une telle structure demande un investissement et une disponibilité considérables et
nécessaires pour conserver une ambiance familiale et conviviale indispensable au bon
fonctionnement d’une telle entreprise.
A) MARGINALITE DU BIO
L’agriculture biologique reste une activité méconnue malgré une croissance non
négligeable ces dernières années. Le bio occupe encore une place modeste dans la
consommation (1,5 % des dépenses alimentaires des français).
Le bio est mal apprécié par la population car il est trop souvent confondu avec d’autres
types de production :
L’agriculture raisonnée car elle propose une alternative mais n’est pas aussi soucieuse
de l’environnement.
Les produits diététiques : en grande surface on retrouve très souvent les produits bio
dans les mêmes rayons que les produits diététiques. Cette situation entraîne une
confusion auprès des consommateurs «non avertis».
Parfois même avec la production du commerce équitable (pour les mêmes raisons que
les produits diététiques).
Une des raisons pour laquelle le tourisme bio est peu développé est que les structures
permettant d’accueillir les touristes sont mal connues. En effet, seuls les «habitués » du
tourisme rural et du tourisme vert sont réellement au courant des sites d’hébergements et de
production biologique. La publicité pour ce type d’hébergements est quasi inexistante et
seules des associations particulières telles que «bienvenue à la ferme » et «accueil paysan »
offrent un répertoire assez complet de ces hébergements.
Ce type d’associations est encore peu répandu dans les projets touristiques il serai intéressant
que des agences de voyages spécifiques voient le jour ou que les offices de tourisme se
préoccupent plus de la valorisation du tourisme bio. L’étape la plus bénéfique serai d’associer
toutes les offices de tourisme concernées pour créer un organisme destiné à répertorier toutes
les offres en tourisme bio existantes dans tous les domaines (hébergement, restauration,
visites d’exploitations...).
Un des problèmes majeurs de cette «ignorance» est que le tourisme bio résulte
exclusivement d’une volonté des producteurs de faire connaître leur activité par le biais d’un
accueil à la ferme. Ils sont forcés de se démarcher seuls pour se faire connaître et attirer des
touristes car ce sont eux qui se signalent auprès des organismes concernés.
Cependant, la quantité et le rythme de travail que demande l’activité agricole ne leur laisse
pas forcément le temps d’effectuer ces démarches. Ceci fait que tous les agriculteurs bio
offrant des structures touristiques ne sont pas répertoriés, l’offre de tourisme bio se voit donc
minimisée. Il serait donc intéressant d’inverser le fonctionnement actuel ; c’est à dire de faire
en sorte que ce soit les associations qui se renseignent auprès des producteurs pour établir une
liste complète des possibilités qui s’offrent aux touristes intéressés parce type de tourisme.
Créer un label bio unique qui regrouperait tous les produits issus de cette agriculture.
Ce label devra être octroyé automatiquement sans financement imposé aux agriculteurs. La
situation actuelle fait qu’on trouve le label AB que les producteurs doivent le payer. On
trouve en plus différents labels selon le produit concerné, cela rend difficile, pour le
consommateur, l’identification de ces différents produits et ne l’incite pas à acheter.
Un des problèmes récurrents de l’agriculture bio reste le prix des produits qui est plus
élevé que les produit conventionnels. Cela ne tient pas uniquement au fait que les rendements
soient moins importants mais également à la marge importante dont profitent les distributeurs
intermédiaires quand il s’agit de bio. Une législation plus sévère dans l’établissement de ces
prix permettrait de rendre les produits bio plus accessibles à la consommation et le nombre
d’acheteurs potentiels s’en verrai grandit.
B) CAMPAGNES DE COMMUNICATION
Le tourisme bio reste aujourd’hui existant à des échelles locales (quelques exploitations)
ou nationales (réglementation). Pour qu’il puisse occuper une place plus conséquente dans le
tourisme rural il faudrait le développer à différentes échelles.
Les collectivités locales notamment les «pays» devraient donner plus de considération
au tourisme bio en faisant un objectif prioritaire de leur association. Le tourisme bio doit donc
prendre une place au sein des acteurs locaux en faisant reconnaître son professionnalisme
pour prouver qu’il constitue une activité économique sérieuse et rentable. Au-delà de la
notion financière il doit prouver qu’il résulte de notions de viabilité, de gestion de projet et
d’organisation. Il peut, pour cela, s’appuyer sur le RNO (réseau national d’observation) qui
soutient le tourisme rural depuis une dizaine d’années. A terme le tourisme bio doit répondre
aux deux attentes des consommateurs :
proximité
authenticité
Les conseils généraux et régionaux devraient y porter plus de considération : on peut
envisager la création d’un parc régional consacré au tourisme dans lequel le conseil régional
prendrait une part importante pour la communication et le développement.
CONCLUSION
Le tourisme bio n’en est qu’à ses débuts et bien que les enjeux soient relativement clairs
les perspectives restent peu évidentes.
En effet, on a pu constater que le bio s’est énormément développé ces dix dernières
années.
Le bio ne donne pas assez l’image d’une activité nouvelle et environnementale. Il est
indispensable qu’il se différencie fondamentalement des autres productions agricoles pour
espérer voir les activités associées se développer. De plus, l’image du monde rural est encore
à améliorer dans la mesure où cet espace est vu par les ruraux comme un espace de vie et de
travail et par les citadins comme un lieu de loisirs et un espace de « retour aux sources » ;
reste à savoir si ces deux visions d’un même espace pourront un jour se rejoindre.
Cette démarche ne se fera pas seule et l’intervention des structures publiques et d’autres
organismes privés est indispensable pour que le bio trouve sa place dans le système
touristique actuel.
Le développement du tourisme biologique comme le développement du tourisme rural
quelques années plus tôt offrirait donc une nouvelle vision (de l’extérieur) de cette activité et
permettrait certainement un nouvel essor pour l’agriculture biologique.