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L'ÉCONOMIE DE MARCHÉ EST-ELLE LIBÉRALE ?

Philippe Minard et Christian Chavagneux

Altern. économiques | « L'Économie politique »

2008/1 n° 37 | pages 5 à 6
ISSN 1293-6146
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2008-1-page-5.htm
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Editorial
par Christian Chavagneux

p.  rédacteur en chef
de L'Economie politique,
et Philippe Minard,
université Paris VIII, EHESS

L’économie de marché
est-elle libérale ?
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L
a question peut paraître a priori saugrenue. Donner
plus de place au marché entraîne forcément les écono-
mies vers plus de libéralisme, c’est une évidence. Les
économistes peuvent se battre, et ils ne s’en privent
pas, pour savoir dans quelle mesure le marché est un mode d’or-
ganisation efficace économiquement et socialement optimal. Mais
cela ne change rien au fond de l’affaire : ce sont bien les libéraux
qui réclament plus de marché, de concurrence et de liberté pour
l’initiative individuelle. Le marché est libéral.
Ou, en tout cas, celui de la théorie économique dominante
l’est. Héritière des réflexions initiées dès le XVIIIe siècle et for-
malisée à la fin du XIXe et au début du XXe, son message prin-
cipal est que, dans une situation de concurrence pure et par-
faite, un système de prix se forme qui permet d'arriver à une
situation d’équilibre économique d’ensemble. Un paradis sur
terre, où toutes les machines sont employées, tous ceux qui
veulent travailler le peuvent, etc. Impossible de faire mieux,
en tout cas impossible d’améliorer la situation de ­quelqu’un
sans détériorer la situation de quelqu’un d’autre ; ce que les
économistes considèrent comme la situation optimale. Comme
le résumait Maurice Allais en 1954, « toute situation d’équilibre
d’une économie de marché est une situation d’efficacité maxi-
male, et réciproquement toute situation d’efficacité maximale
est une situation d’équilibre d’une économie de marché ».
­Fermez le ban, la messe est dite.

Janvier-février-mars 2008
L’Economie politique

Qu’est-ce que l’économie


Trimestriel-janvier 2008

de marché ?

p.  Sauf que cette représentation des choses a fini par gêner, y


compris les économistes les plus « orthodoxes ». Ils ont admis
que, pour que le marché existe, il fallait que les acteurs du marché
se fassent confiance, donc se connaissent, et donc qu’il existe des
règles de sociabilité hors marché, et même une forme de coercition
politique pour les faire respecter. Mauvais coup pour l’interpré-
tation libérale du marché : celui-ci n’est plus conçu comme un
espace autonome où des stratégies individuelles, bâties chacune
de leur côté, s’harmonisent comme par enchantement. Il apparaît
bien plutôt comme un système qui a besoin de règles éthiques et
politiques pour fonctionner.
Mais cela n’était encore rien, par rapport au véritable coup de
massue infligé à la vision libérale du marché quand les historiens
ont commencé à se pencher sur la façon dont les marchés ont
fonctionné concrètement, indépendamment des formalisations
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abstraites, plus normatives que descriptives [1]. Ils ont été sur-
pris de découvrir des comportements bien éloignés du libéra-
lisme de la théorie. La concurrence ? Les entreprises semblent
dépenser plus de temps – et d’argent [2] – pour l’éviter que pour
l’affronter. La liberté d’entreprise individuelle ? Dire, comme le
veut une vulgate répandue, qu’elle est brimée en France par un
héritage colbertiste dont il faudrait se débarrasser pour « libérer
la croissance » relève du contresens historique total. Colbert
a mis l’industrie française aux normes de qualité mondiale de
son époque, assurant notamment une police des fraudes qui
permettait aux marchands d’avoir confiance dans la qualité des
produits échangés. Ce sont ces mêmes marchands qui, après que
la Révolution française a fait table rase des règlements, n’ont eu
de cesse au cours des siècles suivants, et jusqu’à aujourd’hui,
[1] Outre les textes de réclamer des exceptions à l’absence de règles pour qu’ils
de ce numéro, voir puissent avoir confiance dans le fonctionnement du marché. Des
également « Le marché
dans son histoire », règles publiques qui sont d’ailleurs en partie une façon de graver
Revue de synthèse, dans le marbre du droit des comportements déjà à l’œuvre entre
n° 2006/2, éd. Rue d’Ulm.
entrepreneurs, ce qui achève de brouiller les liens entre Etat et
[2] Voir à ce sujet le marché [3].
dernier livre de Robert
Reich, Supercapitalime, Dans l’économie de marché, la concurrence est rarement libre
éd. Vuibert, 2008.
et quasiment jamais « non faussée ». Au même titre que d’autres
[3] Voir la synthèse instances de régulation, l’Etat y est toujours présent, réclamé par
éclairante dirigée
par Alessandro Stanziani, les acteurs privés eux-mêmes ; et les compromis politiques sont
Dictionnaire historique
de l’économie-droit, XVIIIe-
à la base des règles qui permettent aux marchés de fonctionner.
XXe siècles, éd. LGDJ, 2007. Qui a dit que le marché était libéral ?
Christian Chavagneux et Philippe Minard

L’Economie politique n° 37

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