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" L'ÉCONOMIE N'EST PAS UNE SCIENCE "

Entretien avec François Bourguignon, propos recueillis par Christian Chavagneux

Altern. économiques | « L'Économie politique »

2012/3 n° 55 | pages 7 à 13
ISSN 1293-6146
ISBN 9782352400691
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2012-3-page-7.htm
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Quelle théorie économique
L’Economie politique
Trimestriel-juillet 2012

d’après-crise ?
p. 7

« L’économie
n’est pas une science »
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Entretien avec François Bourguignon, directeur de la Paris
School of Economics (PSE).

L’économie politique : Juste avant la crise, la théorie économique


dominante nous disait que les crises appartenaient à l’histoire
et que les bulles financières étaient impossibles. Comment en
est-on arrivé là ?
François Bourguignon : On en est arrivé là parce que la théorie sous-
jacente à ces conclusions était erronée. Elle reposait notamment
sur l’hypothèse clé des « anticipations rationnelles », extrêmement
exigeante et peu convaincante car elle signifie que les agents éco-
nomiques ont la capacité d’imaginer tout ce qui peut se passer
dans le futur, d’affecter une probabilité aux différents événements,
et d’anticiper comment chacun se comportera dans chaque état
possible du monde, chacun tenant le même type de raisonnement.
Il est peu probable que le monde fonctionne de cette façon.
De plus, bien avant la crise de 2007, certains théoriciens
avaient montré que, même avec cette hypothèse, une fois que
l’on anticipe « rationnellement » les actions des uns et des autres,
il peut y avoir plusieurs états de l’économie possibles, plusieurs
« équilibres » disent les économistes. Dans ces conditions,
comment imaginer que tout le monde se coordonne sur un et
un seul de ces équilibres et que toutes les actions économiques
convergent pour que s’établisse cet équilibre ? Si ce n’est pas le ›››

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p. 8 cas, s’il y a des divergences dans les anticipations, alors la théorie


ne peut rien dire sur le comportement de ces marchés et sur leur
stabilité. Il peut y avoir des bulles qui éclatent sous l’effet d’évé-
nements exogènes et des désastres financiers qu’il est impos-
sible de prévoir. En fait, les anticipations rationnelles constituent
une approximation d’autant moins mauvaise que l’économie ne
bouge pas trop. Dès qu’il y a un changement de régime, un choc
plus ou moins violent, cette approximation ne fonctionne plus et
la théorie économique a pour l’instant peu à dire.

Toutes ces faiblesses sont connues depuis au moins le début des


années 1970. Comment se fait-il que cela n’ait pas conduit à une
remise en cause de l’approche dominante ?
FB : La stabilisation de la situation économique mondiale consta-
tée à partir du début des années 1980 – baisse de l’inflation, peu
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de mouvements durablement importants de la croissance… – a
conduit nombre d’économistes à penser que, quoique ces
faiblesses théoriques existent, elles n’étaient pas majeures
puisque l’on constatait finalement peu de grandes fluctuations
macroéconomiques et financières. Si les débats autour de la
théorie dominante montraient que les grandes crises faisaient
partie du domaine des possibles, l’observation empirique
conduisait à sous-estimer la possibilité de dérapages impor-
tants. La stabilité observée a en quelque sorte été considérée
comme une justification a posteriori du choix des hypothèses
retenues, comme celle des anticipations rationnelles, et donc de
leurs conclusions quant à l’efficacité des marchés, la nécessité
de la déréglementation, etc.

[1] Inside Job, Si l’on suit la démonstration du film Inside Job ou l’enquête de
documentaire de Charles
Ferguson ; Laurent
Laurent Mauduit  [1], ne peut-on dire que certains économistes
Mauduit, Les Imposteurs avaient également un intérêt, y compris personnel pour certains,
de l’économie,
Paris, Jean-Claude à défendre ces idées ?
Gawsewitch, 2012. FB : Je crois qu’il y avait surtout un intérêt collectif, de la part des
intermédiaires financiers bien plus que des économistes, à sou-
tenir les discours qui justifiaient leur efficacité, leur capacité à
bien faire fonctionner l’économie, à allouer les ressources finan-
cières disponibles de manière efficace au niveau mondial, etc.

Mais pourquoi les économistes ont-ils accepté d’apporter une


validation intellectuelle à ces idées ?
FB : Ils ne se sont pas tous nécessairement rendu compte des
implications de leur modèle théorique simple sous-jacent et de

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ses faiblesses. Une partie d’entre eux vivaient dans une sorte p. 9
de bulle théorique, sans s’interroger sur toutes ses propriétés.
La théorie leur disait que, sous certaines hypothèses qu’ils ne
cherchaient pas à remettre en question, les marchés financiers
étaient efficaces et devaient être libres d’agir à leur guise. Cela
semblait être le cas puisque tout fonctionnait apparemment
bien, et c’est devenu un discours dominant.
Je ne crois pas que ces gens étaient de mauvaise foi, pas
plus qu’ils n’obéissaient à des donneurs d’ordre qui leur deman-
daient de propager ce discours. On n’est pas dans le cas de l’in-
dustrie du tabac qui payait des chercheurs pour développer un
propos scientifique destiné à montrer l’absence de nocivité de la
cigarette ! L’industrie de la finance
n’a pas « acheté » la communauté
des économistes pour dissimuler On voudrait que l’économie
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telle ou telle chose. soit une science, avec des réponses
Certains avaient d’ailleurs averti, uniques et indiscutables,
bien avant que la crise n’éclate, mais ce n’est pas le cas.
qu’un retournement des marchés
était inévitable. Lorsque j’étais éco-
nomiste en chef de la Banque mondiale, nous avions souligné
dès la fin 2006 que la bulle immobilière américaine avait éclaté
et qu’une correction majeure de l’économie mondiale était à pré-
voir. Mais nous n’avions pas prévu que la correction serait aussi
violente car nous n’avions pas compris qu’elle s’opérerait dans un
monde financier complètement déréglé.
J’ai rencontré Alan Greenspan peu avant son départ de la
banque centrale des Etats-Unis, début 2006. Il insistait sur le
fait que les marchés financiers des dix années à venir ne seraient
probablement pas aussi calmes qu’ils l’avaient été, durant son
mandat, lors de la décennie précédente, un cas exceptionnel à
ses yeux. Pour autant, il n’exprimait alors aucune inquiétude
évidente sur la situation du moment.

Certains, comme Joseph Stiglitz ou Paul Krugman, insistent sur


le rôle des choix idéologiques des économistes. Qu’en pensez-
vous ?
FB : Il me semble que c’est un peu plus compliqué que cela.
Certes, il y a une part d’idéologie dans la façon dont certains pra-
tiquent l’économie. C’est une réponse à l’ignorance : lorsqu’on
ne comprend pas comment fonctionnent les choses, lorsque la
réalité est d’une extrême complexité, on a tendance à la simpli-
fier outre mesure et à y plaquer des a priori en guise d’explica- ›››

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p. 10 tion : les vertus absolues des libres marchés pour les uns ou du
contrôle de l’Etat pour les autres. Pour dénoncer sans se tromper
un discours trop empreint d’idéologie, il faudrait pouvoir dire et
expliquer comment fonctionnent effectivement l’économie et la
finance par rapport à des modèles trop simplistes. Il n’est pas
sûr qu’une telle connaissance existe, de la même façon que les
physiciens sont incapables d’expliquer l’ensemble de l’univers.
La connaissance s’arrête souvent à un niveau de complexité trop
faible pour pouvoir écarter l’idéologie, surtout lorsque celle-ci
sert certains intérêts, économiques mais aussi politiques. On
voudrait que l’économie soit une science, avec des réponses
uniques et indiscutables, mais ce n’est pas le cas.

[2] « La théorie Sur ce point, Alan Kirman avance : « Nous avons été piégés par
économique dans la
la vieille ambition des économistes de développer une théorie
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crise », Revue économique,
vol. 63, n° 3, mai 2012, scientifique de l’économie »  [2]. Ne faut-il pas reconnaître que
p. 421-436.
l’économie n’est pas une science décrivant des lois objectives ?
FB : L’économie n’est pas une science dans le sens où elle ne
peut pas fournir des lois universelles et objectives expliquant le
fonctionnement des économies en tout point de l’espace et du
temps. En outre, les comportements économiques évoluent en
même temps que les sociétés et ne sont pas immuables. Dans
une certaine mesure, la compréhension des mécanismes écono-
miques peut elle-même modifier ces mécanismes, phénomène
qui est peu présent dans les sciences naturelles.
Mais l’économie est peut-être un peu plus scientifique que
d’autres sciences humaines et sociales dans la mesure où, à par-
tir de quelques hypothèses clairement énoncées, il est possible
d’expliquer un certain nombre de phénomènes complexes grâce
à un appareil analytique sophistiqué mêlant mathématiques et
statistiques. Encore faut-il effectivement, comme on l’a dit pré-
cédemment, que ces hypothèses soient réalistes.

De ce fait, qu’est-ce qu’un bon économiste aujourd’hui ?


FB : Un bon économiste, c’est quelqu’un qui a une compré-
hension générale des systèmes économiques, dans toute
leur complexité, et qui a compris qu’il y avait peu de règles
universelles – et donc peu d’idéologie – dans la conduite de la
politique économique, car celle-ci dépend considérablement de
circonstances particulières. La difficulté est de communiquer
sur ces deux plans. Démonter la complexité des systèmes éco-
nomiques passe le plus souvent par des articles sophistiqués
dans des revues scientifiques. Intervenir dans le débat de

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politique économique demande une approche nécessairement p. 11
plus simpliste, dans des livres ou des discours grand public.
Peu d’économistes peuvent faire les deux. Stiglitz est un de
ceux-là. Il a la capacité de marier des discussions de haut niveau
avec ses collègues et la publication d’ouvrages et la tenue de
discours que certains qualifient de simplistes mais qui essaient
d’influencer le cours des choses.

Pourquoi est-ce uniquement ceux qui publient ces papiers poin-


tus qui voient leurs travaux reconnus par la profession ?
FB : Pour arriver à une compréhension globale des systèmes éco-
nomiques, il faut d’abord passer par un effort de compréhension
en profondeur de mécanismes ponctuels. Cette démarche, qui
alimente les revues spécialisées, garantit en même temps la
nécessaire exhaustivité de la réflexion et de la recherche éco-
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nomiques. Sans un tel effort initial, il est difficile de prendre en
compte ce que font les autres et ce qu’ils apportent, et d’aboutir
ainsi à une compréhension globale du monde économique.
On peut néanmoins regretter que les parcours des écono-
mistes soient désormais marqués par une spécialisation assez
étroite, avec de moins en moins de perspective globale. Pour pro-
gresser dans leur carrière, les jeunes chercheurs doivent montrer
une capacité à formuler des idées nouvelles, et c’est plus facile
d’innover sur un sujet pointu. On peut espérer qu’avec le temps
ils élargiront leur champ de réflexion.

Est-ce que la crise a changé quelque chose à la réflexion éco-


nomique ?
FB : Pour l’instant, je n’en ai pas le sentiment. Les questions
existaient avant la crise, celle-ci leur a simplement donné plus
d’acuité. Dans certains cas, il n’y a pas besoin de développer des
analyses nouvelles pour savoir ce qu’il faut faire. Dans la crise
de la zone euro, par exemple, on sait ce qui est nécessaire sur le
plan économique : mutualisation des dettes, politique budgé-
taire plus communautaire, etc. La réalisation relève du politique.
Pour ceux qui travaillent sur le comportement des banques et
des marchés financiers, en revanche, il est certain que la crise
les invite à mieux comprendre ce qui s’est passé et à proposer
des formes de régulation plus efficaces.

Des gens comme Joseph Stiglitz ou David Colander proposent


effectivement que les économistes améliorent leurs modèles.
Mais quand j’ai demandé à ce dernier combien de temps cela ›››

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p. 12 prendrait pour bâtir un modèle capable de rendre compte de


notre crise, il m’a répondu cent cinquante ans !
FB : C’est difficile à dire. Dès que l’on sort de l’hypothèse des
anticipations rationnelles, clairement insatisfaisante sur les
marchés financiers, on n’a plus de représentation simple des
interactions entre les agents. Peut être quelqu’un va-t-il proposer
rapidement une idée géniale pour s’en passer, peut-être faudra-
t-il cent cinquante ans ! A PSE, Roger Guesnerie a constitué un
réseau mondial de chercheurs sur ce sujet. Vont-ils proposer
des solutions opératoires ? Dans combien de temps ? Je n’en ai
aucune idée.

Certains, comme Barry Eichengreen, disent qu’il faut abandonner


ces réflexions théoriques générales pour donner la priorité aux
travaux empiriques et « faire parler » les bases de données.
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FB : Je suis radicalement contre ce type de « data mining ». Sans
structure théorique, cette démarche ne nous apprend rien sur la
façon de contrôler le système économique. En outre, prendre des
données qui se réfèrent au passé nous renseigne sur le passé
sans nous expliquer le futur ! Or, nous devons être capables
d’anticiper les ruptures ou les bifurcations de nos systèmes
économiques et d’en gérer les conséquences.

Pour George Akerlof et Robert Shiller, l’avenir de la réflexion éco-


nomique passe par l’économie expérimentale, en laboratoire, et
par l’économie comportementale, qui s’intéresse aux multiples
déterminants psychologiques des acteurs économiques.
FB : L’économie touche à la psychologie et maintenant aux
­neurosciences. C’est fascinant. Constater que c’est telle partie
du cerveau qui réagit à tel type de situation n’est cependant
pas le plus important. Le plus important, c’est de montrer que la
rationalité des agents économiques est plus limitée ou complexe
que ne le supposent les modèles des économistes. Mais alors les
difficultés commencent, car il y a une infinité de façons de ne pas
être « économiquement rationnel ». L’économie expérimentale
essaie de nous aider en examinant si, dans cet infini, on ne peut
pas retenir certaines façons de se comporter plutôt que d’autres.
Trouvera-t-on ces constantes de comportement ? Je ne sais pas.
Pour l’instant, il s’agit essentiellement d’expériences de labora-
toire, mais la vie économique ne se déroule pas en laboratoire !

Paul Samuelson, juste avant sa mort, prônait de faire plus


d’histoire économique. D’autres appellent à se rapprocher de la

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science politique, de la sociologie, etc. L’avenir de l’économie se p. 13
trouve-t-il dans des approches multidisciplinaires ?
FB : Au cours de ces dernières années, l’économie a connu
une ouverture croissante et bienvenue vers les autres sciences
sociales. Il ne s’agit heureusement plus de tout expliquer, du
mariage au suicide, par le comportement de l’homo oeconomi-
cus, mais de s’ouvrir à la psychologie, la sociologie, l’histoire,
etc. Cette ouverture ne peut qu’être bénéfique. D’un côté, l’appa-
reil analytique des économistes est souvent plus solide que celui
dont disposent d’autres sciences sociales. D’un autre côté, les
autres disciplines ont accumulé une connaissance factuelle qui
manque aux économistes.
Nous avons par exemple beaucoup à apprendre des histo-
riens : quand certains économistes, comme Daron Acemoglu,
construisent des modèles visant à expliquer les évolutions de
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long terme des sociétés par leurs
mutations institutionnelles, ils
essaient de les valider en se réfé- Au cours de ces dernières années,
rant à l’histoire, mais très souvent l’économie a connu une ouverture
à partir d’une vision fort simpliste croissante et bienvenue
de celle-ci. Le travail des historiens vers les autres sciences sociales.
est alors essentiel pour dire « atten- Cette ouverture ne peut
tion, ça ne s’est pas passé comme qu’être bénéfique.
ça ». Un dialogue est désormais
ouvert avec les autres sciences
sociales, un dialogue de qualité. Je vois cependant mal les éco-
nomistes abandonner complètement l’hypothèse d’une certaine
rationalité des agents. Ils y perdraient l’appareil analytique avec
lequel ils essaient de comprendre le monde.

Après toutes ces interrogations, comment fait-on, lorsque l’on


dirige PSE, pour choisir ses priorités ?
FB : On essaie de tout faire ! On travaille à la fois sur l’approfon-
dissement des paradigmes existants, sur la construction de para-
digmes alternatifs et sur l’ouverture aux autres sciences sociales.
L’école ne privilégie pas tel ou tel type de sujet ou d’approche, il
y a au contraire une grande diversité des travaux en cours. Il y a
aussi la conviction que la complexité des phénomènes étudiés
exige de la part des chercheurs la plus grande humilité. ■
Propos recueillis par Christian Chavagneux

Juillet-août-septembre 2012

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