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Introduction
On commence par écouter 2 exposés. Le premier porte sur le débat autour de la question de la
parité en politique. Le second concerne les mesures prises pour l’amélioration de la
représentation des femmes en politique dans un pays, dont le choix est laissé à la candidate.
I. Bilan de la situation
[Doc.1]
Pour construire ce bilan, on a notamment eu recours à des éléments mis en ligne par l’UIP,
l’Union InterParlementaire, qui est l'organisation internationale des Parlements, créée en
1889. Foyer de la concertation interparlementaire à l'échelle mondiale, l'Union œuvre pour la
paix et la coopération entre les peuples et l'affermissement de la démocratie représentative en
étroite collaboration avec l’Organisation des Nations Unies. Notons qu’on s’intéresse ici
principalement à la représentation des femmes dans les instances législatives. Il en va
autrement de l’accès au pouvoir exécutif…
En février 2008, M. Anders B. Johnsson, secrétaire générale de l’UIP, déclarait en présentant
les statistiques des femmes dans les parlements et les gouvernements à la presse à New York :
« À ce rythme, on n'atteindra pas la parité au Parlement avant 2050 ». Au 1er janvier 2010,
19 % des parlementaires dans le monde sont des femmes, un niveau record certes, mais une
avancée insuffisante. Après les renouvellements intervenus dans 63 pays (78 Chambres) en
2007, une progression du nombre de femmes a été enregistrée dans 58 % des cas, les femmes
emportant 16,9 % de tous les sièges parlementaires renouvelés en 2007. Depuis, la situation a
encore évolué dans le sens d’un progrès en faveur d’une meilleure représentation des femmes
dans ces instances législatives, où elles sont maintenant 19 %.
Il faut souligner que le mode de désignation choisi a de l’importance. Ainsi, parmi les femmes
ayant emporté des sièges parlementaires, 1 764 ont été élues au suffrage direct, 116 au
suffrage indirect, et 133 ont été nommées. On parle de suffrage indirect, comme c’est le cas
en France pour les élections sénatoriales, lorsque ce sont de « grands électeurs » qui votent.
Dans ce cas, il faut déjà être élu pour pouvoir voter : les femmes étant moins nombreuses que
les hommes à assumer des charges électorales, elles sont peu nombreuses à être « grandes
électrices », ce qui s’en ressent dans la composition des chambres hautes qui sont souvent
élues au suffrage indirect.
Les femmes emportent 30 % ou plus des sièges à renouveler dans 24 chambres (basses ou
uniques). Fait intéressant, 7 parlements peuvent se vanter aujourd'hui de compter plus de
2
40 % de femmes dans leurs rangs. Rejoignant le Rwanda et la Suède, en tête depuis plusieurs
années maintenant, Afrique du Sud a élu 40 % de femmes à sa chambre basse, et Cuba,
l’Islande, les Pays-Bas et la Finlande suivent de près.
Les chambres hautes du Parlement ont également enregistré d'importants progrès. Au Sénat
du Burundi, les femmes occupent 43,6 % des sièges, et il y a 47,2 % de sénatrices au Sénat
bolivien.
B. Le cas rwandais
[Doc.3 et Doc.4]
Le Rwanda est le pays le plus paritaire du monde depuis les élections législatives d’octobre
2003, les premières après 9 ans de gouvernement de transition post-génocide (1994). À cette
date, 39 femmes sont élues sur 80 sièges, soit 48,8 % de femmes élues à la Chambre des
députés. Depuis, de nouvelles élections législatives se sont tenues en 2008, confirmant que le
pli de la parité était pris : les femmes sont même plus nombreuses que les hommes au
parlement rwandais (56,3 %) ! Il faut dire que le Rwanda s’est doté en juin 2003 d’une
Constitution prévoyant un quota de 30 % de femmes élues, quota largement atteint et même
dépassé. Avant cette date, les femmes représentaient 25,7 % des femmes élues au Parlement.
Ces progrès très sensibles sont rendus possibles notamment par le travail effectué en
partenariat avec l’Union interparlementaire et le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD).
On peut tenter de dégager quelques facteurs explicatifs spécifiques1 :
- la garantie constitutionnelle
- un système de quotas
- des structures électorales innovantes
L’étude de ce cas un peu particulier permet de mettre en évidence les mécanismes à l’œuvre,
et notamment de souligner les liens qui existent entre la représentation des femmes politique
et un mouvement des femmes organisé, qui a permis d’obtenir des changements significatifs
1
Elizabeth Powley, « Rwanda :Women Hold Up Half the Parliament »
http://docs.google.com/viewer?a=v&q=cache:-
JJ9Squ9QOoJ:www.genreenaction.net/IMG/pdf/FAITmemoire_revision_21.pdf+femmes+%2B+politique+%2B
+%22cas+rwandais%22&hl=fr&gl=fr&pid=bl&srcid=ADGEEShhoEOlThkhXJOhGDaRILoUu3kpaZNnqvNE0
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udgsRx59aEhw4NsHpXO&sig=AHIEtbQr3_9YYXYmCr5CG1G8CfzqJFFpSA
3
des rôles de genre dans le Rwanda d’après-génocide, ainsi que l’engagement particulier du
parti au pouvoir au Rwanda , le RPF (Rwandan Pa triotic Front, le Front Patriotique
Rwandais, dont le président Paul Kagamé est membre2), en matière de genre.
Les femmes rwandaises ont joué un rôle spécifique dans le génocide (800 000 morts en 100
jours). D’abord, elles y ont participé activement, ce qui a choqué un certain nombre
d’analystes surpris de voir des femmes faire preuve d’une telle violence (contre l’idée d’une
nature féminine douce…). Ensuite, et surtout, elles en ont été des victimes spécifiques.
Catherine Newbury et Hannah Baldwin signalent : « On ciblait toutes les femmes tutsi
simplement parce qu’elles étaient tutsi3. Un grand nombre d’entre elles ont été tuées, souvent
après avoir subi violences sexuelles et tortures. Mais on attaquait aussi les femmes de l’élite,
les femmes éduquées, sans distinction ethnique. Les soldats du FPR ont assujettis les femmes
hutu à la violence pour se venger des violences commises par les hommes hutu ».
L’anthropologue Christopher Taylor note lui aussi que le fait de prendre pour cible les
femmes est un phénomène qui différencie les violences de 1994 de celles de 1959, 1964 et
1973. Si l’utilisation du viol comme stratégie d’agression délibérée dans la guerre civile
yougoslave a attiré l’attention internationale (selon les estimations, entre 20 000 et 50 000
femmes auraient été violées à cette occasion), s’agissant du conflit au Rwanda, il faudrait
selon Human Rights Watch multiplier ce nombre par cinq (100 000 à 250 000 femmes
violées). L’ampleur de la violence est encore plus surprenant si on prend en compte le fait
que, historiquement, dans les discours nationaliste rwandais, on conceptualisait les femmes
comme des entités sexuées mais pas ethnicisées. En effet, le terme kinyarwanda nyampinga
faisait référence aux femmes en tant que citoyennes dépourvues d’une identité ethnique.
Le rôle des femmes dans le génocide de 1994 au Rwanda, en tant que victimes ou criminelles,
peut être analysé en partie en fonction du rôle joué par les femmes dans la conception de
l’origine communes d’une nation ou d’un peuple. Leur statut de reproductrices et le rôle
qu’elles jouent dans la procréation pour le groupe mène à des exactions particulières contre
elles, en tant que victimes, et par elles, en tant qu’auteurs des crimes. Amina Mire souligne
l’importance symbolique du corps féminin dans le discours nationaliste/anticolonial, qui
l’identifie uniquement dans sa capacité reproductive, la tâche principale des femmes étant de
donner naissance aux fils de la nation et aux agents du corps politique. Par conséquent, les
femmes sont entrées dans l’imaginaire politique non pas comme des sujets ayant leurs propres
buts politiques, mais comme les mères des enfants de la nation et les femmes des hommes qui
sont les vrais sujets politiques. Dans le cas de Rwanda, le désir d’une pureté ethnique relayé
par les extrémistes Hutu a été l’un des catalyseurs de la violence. Les propagandistes faisaient
souvent référence à la Révolution de 1959, encourageant la population hutu à « finir le
boulot ». Nina Yuval-Davis4 explique que ceux qui sont préoccupés par la pureté de la race
sont aussi souvent préoccupés par les rapports sexuels entre les membres des différentes
communautés. De son côté, dans son analyse des aspects « genrés » du génocide, Taylor5
aussi remarque qu’« avec l’intensification du processus de dichotomisation des identités dans
les années ayant précédé le génocide, les femmes tutsi sont devenues quelque peu liminales,
susceptibles de subvertir complètement la différenciation des catégories de Hutu et de Tutsi ».
Cette préoccupation, ainsi que la question des rapports entre les sexes, est un cadre d’analyse
2
Plutôt sensibilité de gauche. Élu avec 93 % des voix en 2010 après la disqualification de la plupart de ses
adversaires : jeu démocratique douteux…
3
L’essentiel des populations massacrées sont tutsis, les massacreurs étant hutus, mais il ne faut pas aller trop
vite…
4
S. Blizzard, Women’s Roles in the 1994 Rwanda Genocide and the Empowerment of Women in the Aftermath,
M.A. Thesis.
5
Christopher Taylor, Terreur et sacrifice : une approche anthropologique du génocide rwandais, Octarès
Éditions, Paris, 2000.
4
important pour comprendre la violence sexuelle que les femmes rwandaises ont subie.
L’importance des rapports sexuels et des capacités reproductives dans le discours des conflits
ethniques explique aussi le rôle que les femmes ont joué en tant que participantes dans le
génocide. Les femmes en effet reproduisent non seulement la nation ou le groupe ethnique de
manière physique, mais encore elles sont les reproductrices de la culture. En tant que telles,
elles ont le pouvoir d’exercer un contrôle sur d’autres femmes pouvant être considérées
comme des déviantes (et donc présenter un danger pour l’intégrité culturelle du groupe ou de
la nation).
La sexualité et le corps féminins fournissent souvent des espaces symboliques au travers
desquels les rapports de pouvoir entre hommes sont articulés et contestés. Dans les périodes
de conflit, les combattants s’en servent souvent comme un autre champ de bataille. En mars
1993, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, Boutros Boutros-Ghali déclarait
ainsi : « Si l’on a considérablement progressé dans la formulation et la réalisation des droits
de la femme dans nombre de pays, dans d’autres la barbarie a ressurgi. La violence sexuelle
systématique contre les femmes a, dans certains cas, servi d’arme de guerre pour dégrader et
humilier des populations entières. Le viol est le crime le plus abject contre les femmes ; le
viol systématique est une abomination ».
Selon Amnesty International, « de nombreuses femmes sont prises en étau entre le
gouvernement de leur pays et l’opposition armée, qui utilisent l’un comme l’autre la violence
pour parvenir à leurs fins. Enlèvements, torture, exécutions sommaires : pour les victimes,
l’identité des auteurs ne change rien, car la douleur et la souffrance restent les mêmes. Aux
quatre coins du monde, des groupes d’opposition armée se livrent aux pires exactions contre
des innocents et les femmes ne sont pas épargnées ». Au Rwanda, les femmes ont été violées
en partie à cause de leur appartenance ethnique mais aussi, plus singulièrement, du fait
qu’elles étaient femmes, et que « leurs corps [étaient] utilisés en tant que sites littéraux et
figuratifs du combat ».
Après le génocide, quand il a fallu reconstruire le pays, a plupart des institutions avaient
beaucoup souffert, mais il existait au Rwanda un tissu dynamique d’associations féminines.
En effet, au début de la période postcoloniale, le gouvernement de la Première République
(1963) a instauré dans toutes les préfectures du pays des « foyers sociaux » pour les femmes.
Ces foyers se concentraient principalement sur les besoins des femmes rurales, les
encourageant à se réunir pour discuter de leurs intérêts communs. Ils étaient en fait de vieux
restes de la période coloniale, et servaient à encadrer les femmes. Ces foyers, établis dans la
période coloniale par les missionnaires, promouvaient le rôle de la femme et de la fille au
foyer. Alors que toutes les bonnes écoles étaient exclusivement réservées aux garçons, les
filles et les femmes pouvaient y suivre des cours de cuisine, de ménage, de couture, etc.
L’accent était donc mis sur des tâches féminines traditionnelles, loin de tout féminisme…
Mais ces foyers fournirent aux femmes des opportunités de s’engager dans des activités leur
permettant de générer des revenus et de développer leurs propres initiatives, comme, par
exemple, l’élevage de petit bétail. Après la prise de pouvoir par Habyarimana (1973), les
femmes participèrent à des organisations placées sous l’égide du gouvernement, qui leur
fournirent peu d’opportunités de s’imposer davantage sur la scène politique. En outre, les
groupes officiels de femmes promouvaient une image conservatrice des femmes.
Après le génocide, le mouvement féminin connaît un nouveau dynamisme. Dans un contexte
de crise sévère, alors que l’Etat n’a pas les moyens de répondre aux besoins de base de la
population, les associations féminines ont essayé de s’attaquer non seulement aux problèmes
spécifiques consécutifs du conflit, mais aussi aux problèmes généraux rencontrés par leurs
communautés. Après le génocide, les organisations des femmes ont servi de soutien essentiel
et thérapeutique pour les femmes qui ont survécu aux horreurs des massacres. Au niveau
local, les femmes ont créé des coopératives ou des associations d’entraide pour aider les
5
survivantes, les veuves et les rapatriées à accepter leurs expériences, à cultiver leurs champs,
et à subvenir aux besoins de leurs familles. Selon une étude de 1997, il y avait en moyenne
100 de ces groupes dans chaque commune rwandaise (il y a 154 communes au Rwanda), ce
qui faisait un total de 15 400 groupes ! Au niveau national, les associations des femmes sont
aussi actives. Elles aident les survivantes et les rapatriées et travaillent à accroître le pouvoir
économique et politique des femmes. Elles prennent une part active à la reconstruction de la
société rwandaise.
La prolifération de ces groupes féminins n’est pas spécifique au contexte rwandais. Dans
plusieurs pays en situation post-conflit, le nombre d’organisation de femmes augmente
considérablement. L’un des facteurs principaux cités par les analystes pour expliquer ce
phénomène est la transformation sociale, politique et économique accélérée et indispensable
qui s’impose dans une société dans une période post-conflit. L’ordre social traditionnel,
marqué par la domination masculine, se trouve profondément mis en question. Dans une telle
situation, les femmes acquièrent de nouvelles aptitudes, plus de confiance en elles et peuvent
développer la vision d’un avenir différent. Par conséquent, à la fin d’un conflit, elles sont plus
aptes à former leurs propres organisations pour poursuivre leurs intérêts.
Dans la littérature sur les rapports entre les conflits et le genre, on note aussi que les
organisations des femmes – formelles et informelles – émergent souvent dans les périodes de
conflit pour subvenir aux besoins de leurs familles et leur communautés. Cette émergence
s’accompagne d’une expansion des rôles et des responsabilités des femmes dans la sphère
publique. En l’absence des hommes, les femmes prennent la direction des institutions
politiques locales ou, pour soutenir leurs soldats, elles organisent les meetings ou les
défilés/manifestations et mobilisent l’opinion publique au nom de l’idéologie ou du
nationalisme. Pourtant, le plus souvent, dans la période post-conflit, les femmes se retirent de
leurs nouveaux rôles (hypothèses explicatives : une nostalgie de l’ordre social traditionnel et
un retour des hommes qui réaffirment leur place et leur rôle traditionnel).
Cela n’a pas été le cas au Rwanda, pour plusieurs raisons. D’abord, suite aux massacres, les
femmes représentent une proportion élevée de la population (70 %). Mais surtout, leurs
organisations ont bénéficié d’un soutien important du gouvernement du FPR. Ainsi, il existe
un Ministère du Genre et de la Promotion de la Femme (MIGEPROFE) qui est responsable
pour la coordination des efforts gouvernementaux sur les questions de genre. À la suite du
génocide, le gouvernement a chargé le MIGEPROFE, avec le soutien des organisations des
femmes, de mener une série d’action spécifique. Un représentant du ministère a été nommé
dans chaque préfecture et chaque commune. Une politique de gender mainstreaming s’impose
dans toutes les politiques nationales, pour la mise en place d’un cadre juridique pour l’égalité
entre les hommes et les femmes, et favorable à un pouvoir accru des femmes dans les secteurs
économiques, sociaux, et politiques.
Le personnel du MIGEPROFE organise des programmes de sensibilisation aux questions de
genre à de nombreux niveaux : pour les fonctionnaires du plus haut niveau au plus bas niveau
de l’échelle, dans les écoles publiques, les églises et les mosquées… Des fonds spécifiques
ont été dévolus à l’amélioration de la situation économique des femmes rurales (notamment
sous la forme de micro-crédit).
En 1996, les Conseils des Femmes sont instaurés. La structure des Conseils des Femmes
reflète celle des autres structures politiques. Au niveau de la cellule, toutes les femmes de plus
de 18 ans élisent 10 représentantes qui se rassemblent au niveau du secteur pour former
l’assemblée du secteur. 10 membres de cette assemblée de secteur sont choisies, qui
formeront l’assemblée du district. Au sommet de cette structure pyramidale se trouvent la
Présidente et Vice-Présidente nationale, qui sont membres de droit du Parlement. Ces conseils
jouent le rôle d’intermédiaire entre les femmes au niveau local et les autorités locales. Ils
s’assurent que les vues des femmes sur l’éducation, la sécurité, la santé, et d’autres sujets sont
6
entendues par les leaders locaux. Ils ont aussi pour objectif de faire en sorte que les femmes
prennent conscience de leurs droits et servent également de lieux de formation pour les
femmes. Ces conseils jouent un rôle essentiel en matière d’implication des femmes en
politique (véritable processus d’acculturation), en dépit d’un manque de ressource chronique
(les membres des conseils sont bénévoles, et doivent donc concilier ces responsabilités
politiques avec leur travail salarié et leurs responsabilités familiales).
En 2000, à la fin de la période transitionnelle, le Rwanda a établi une Commission
constitutionnelle de 12 membres dont trois femmes. L’une d’entre elles, Judith Kanakuze,
était la seule représentante de la « société civile » dans la commission et elle a joué un rôle
important de liaison entre les organisations des femmes au Rwanda. La Commission
constitutionnelle a été chargée de rédiger un document destiné à être ensuite proposé à la
population dans une série de consultations, à la fois pour solliciter l’opinion publique et
sensibiliser les citoyens à la signification et aux idées principales de la nouvelle Constitution.
Cette approche participative a permis aux organisations féminines, qui se mobilisèrent
activement, de s’assurer que l’inclusion des dispositifs promouvant l’égalité serait une pierre
angulaire du nouveau document. L’organisation « Collectif Pro-Femmes/Twese Hamwe » et
ses organisations membres s’allièrent avec les femmes au Parlement et le ministère du Genre
et de la Promotion de la Femme pour exercer une pression sur le processus constitutionnel.
Dans le préambule de sa Constitution, le Rwanda souligne son adhésion à diverses
conventions sur l’égalité des sexes et, plus largement, à la Déclaration universelle des droits
de l’homme (1948). Il est fait explicitement référence à la Convention sur l’élimination de
toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1980. L’engagement est pris
d’« assurer l’égalité des droits entre les Rwandais, hommes et femmes ». L’article 9 du
deuxième chapitre établit aussi comme un principe fondamental de la nation l’égalité entre les
hommes et les femmes, principe qui doit se « refléter [dans] l’attribution d’au moins 30 % des
postes aux femmes dans les instances de prise de décision ». L’article 11 prévoit
expressément l’égalité et la liberté de tous les Rwandais en droits et en devoirs et prohibe
aussi la discrimination fondée sur le sexe. Cette disposition ne s’applique toutefois qu’en
matière de lois discriminatoires et d’actions discriminatoires par des autorités publiques : elle
ne s’applique pas aux actions d’individus ou d’autorités privées. Cette limitation est lourde de
conséquence pour les femmes qui souvent sont aux prises avec des formes de discrimination
et d’oppression multiples dans la sphère privée. L’article 54 stipule que les formations
politiques « doivent constamment refléter, dans le recrutement de leurs adhérents, la
composition de leurs organes de direction et, dans tout leur fonctionnement et leurs activités,
l’unité de la nation rwandaise et la promotion du gender ». Il est important de souligner
cependant que, même si la Constitution rwandaise est progressiste en termes d’égalité des
genres et de représentation des femmes, elle est restrictive dans d’autres domaines tel par
exemple celui de la liberté d’expression sur des sujets touchant à l’ethnicité ou au degré de
pouvoir exercé par le Président.
- Il semble que l'une des explications pourrait être culturelle. Les pays de tradition
protestante semblent faire généralement mieux que leurs voisins, catholiques ou
orthodoxes : le Royaume-Uni mieux que sa voisine l'Irlande, les pays scandinaves,
l'Allemagne et les Pays-Bas mieux que la France ou la Pologne.
- Le nombre de ministres au sein des gouvernements ne joue pas sur la présence de plus
ou moins de femmes: des gouvernements assez nombreux comme le gouvernement
britannique (avec 22 ministres) connaissent une parité tout à fait significative.
- Les nouveaux Etats membres ne sont pas spécialement mieux avancés sur le plan de la
représentation des femmes dans les gouvernements que les anciens Etats membres
alors que l'idéologie communiste officielle mettait la parité en avant. Par contre, sur le
plan de la participation des femmes à la vie parlementaire, ces pays sont assez bien
placés. Par exemple, la Slovaquie fait partie des pays ayant le moins de femmes
ministres mais se classe bien dans le tableau des femmes parlementaires.
- L'Espagne qui a longtemps eu mauvaise presse est l'un des pays les plus en pointe
pour le nombre de femmes au gouvernement mais aussi au parlement (dans le même
ordre d’idée, notons que l’Espagne a légalisé le mariage homosexuel en 2005, ainsi
que l’adoption par un couple homoparental). Cela bat en brèche, du coup, l’idée d’une
explication culturelle à la faible représentation féminine, puisque l’Espagne est
traditionnellement un grand pays catholique.
De manière générale, il est clair que les femmes restent très minoritaires au sein des exécutifs
européens. À l’échelle mondiale, sur 150 chefs d'Etat début 2008, seuls 7 (soit 4,7 %) étaient
des femmes. La proportion est encore plus faible lorsqu'il s'agit des chefs de gouvernement,
avec 4,2 % de femmes, soit 8 femmes sur les 192 chefs de gouvernement que compte la
planète. S'agissant des présidentes de parlement, le total est d'environ 10 % – 28 femmes
présidant un parlement, dont près de la moitié sont des parlements d'Amérique latine et des
Caraïbes. Au niveau mondial, 16,1 % de tous les portefeuilles ministériels sont détenus par
des femmes, soit une augmentation globale de deux points de pourcentage par rapport à 2005.
Pour la petite histoire, c’est en Union soviétique qu’une femme est parvenue, pour la première
fois, à un poste ministériel, en 1916 (Alexandra Kollontaï, Commissaire du peuple à
l’Assistance publique, actuel ministère de la Santé). La Pologne suit le mouvement en 19186.
Ces conclusions sont tirées de la carte sur les femmes en politique en 2010 produite par l’UIP
et la Division des Nations Unies pour la promotion de la femme7. Le nombre de pays qui
n’ont pas de femmes ministres est passé de 19 à 13. La sous-représentation des femmes dans
6
C’est Irena Kosmowska, nommée ministre des droits sociaux. Viennent ensuite le Danemark (Nina Bang à
l’Instruction publique en 1924), la Grande Bretagne (Margaret Bondfield, travailliste et ministre du Travail, en
1929), les États-Unis (Frances-Perkins, ministre du Travail en 1933), l’Inde (Vijaya Lakshmi Pandit, sœur du
Premier Minsitre Nehru, et ministre du gouvernement local et de la santé publique en 1946), la France
(Germaine Poinso-Chapuis au ministère de la Santé publique et de la population en 1947). Le Front populaire
avait permis à des femmes d’accéder à des postes de sous-secrétaires d’État : Suzanne Lacore (sous-secrétaire
d'État à la Protection de l’enfance) Irène Joliot-Curie (à la Recherche scientifique) et Cécile Brunschvicg (à
l’Éducation nationale)
7
Elle se trouve en ligne sur le blog. Cette affiche présente une radiographie de la présence des femmes dans
deux des branches de l’Etat, l’Exécutif et le Législatif, au mois de janvier 2010. Elle a été publiée par l’Union
interparlementaire (UIP) et la Division de la promotion de la femme (ONU) à l’occasion de la 54e session de la
Commission de la condition de la femme. L’affiche présente des informations sur le pourcentage de femmes
dans les rangs ministériels, des femmes dans les parlements, des femmes aux plus hauts postes de prise de
décisions (femmes présidentes d’Etat ou de gouvernement, femmes présidentes de chambres parlementaires),
ainsi que des informations sur les portefeuilles ministériels détenus par les femmes dans le monde. La
représentation et l’utilisation des frontières sur la carte servant de support pour la présentation des données n’est
pas l’expression d’une prise de position sur le statut juridique de tout pays, territoire, ville ou zone, ou sur la
délimitation de frontières ou limites.
8
les gouvernements est de plus en plus considérée comme une question politique clé.
Contrairement à ce qui se passe dans certains parlements, où différentes mesures ont été
prises pour assurer des sièges aux femmes, au plan gouvernemental, tout est affaire de
volonté.
Deux pays ont ainsi dépassé les 50 % de femmes aux postes ministériels : la Finlande avec
58 % et la Norvège avec 55,6 % de femmes. La Grenade (Antilles) arrive en troisième
position avec 50 %. Les trois têtes de liste sont suivies de près par la Suède, la France,
l’Afrique du Sud et l’Espagne, pays où les dirigeants politiques se sont fortement engagés en
faveur de l’égalité entre hommes et femmes.
22 pays ont plus de 30 % de femmes à des fonctions ministérielles – 12 en Europe et 6 dans la
région Amérique latine-Caraïbes. En 2005, seuls 17 pays – principalement en Europe –
avaient atteints les 30 %. En fin de liste, 13 pays n’ont toujours aucune femme ministre et huit
autres ont une proportion inférieure à 5 %. A l’échelon régional, le continent américain et les
pays nordiques ont plus de femmes ministres qu’en 2005. Sur le continent américain, elles
sont passées de 17 à 23 % et les pays nordiques peuvent eux aussi se vanter d’avoir enregistré
une augmentation de 5 %, passant ainsi de 42,5 à 47,5 %. Cette tendance, pays nordiques et
Amériques en tête, reflète la progression constatée dans les parlements. De leur côté, les Etats
arabes ont connu une amélioration de 1 %, et comptent désormais 8 % de femmes dans les
fonctions ministérielles, tandis que l’Asie marque le pas, également à 8 %.
Les femmes continuent à se voir confier des portefeuilles « de seconde importance ». La
plupart des ministères dirigés par des femmes ont trait aux affaires sociales, à la famille, à
l’enfance, à la jeunesse et aux affaires féminines. Viennent ensuite l’éducation et
l’environnement. Il convient toutefois de noter qu’il y a un plus grand nombre de femmes à la
tête des ministères du commerce, de l’emploi, des affaires étrangères et de la justice. La
défense demeure comme on l’imagine en bas de liste, et ne représente que 6 ministères sur les
1 022 détenus par les femmes à l’échelle planétaire.
[Doc.6]
« puissance souveraine », mais bien de « ménages », auxquels Bodin consacre les premiers
chapitre de son ouvrage et qu’il définit comme « un droit gouvernement de plusieurs sujets,
sous l’obéissance d’un chef, et de ce qui lui est propre. La seconde partie de la définition de la
République que nous avons posée touche la famille, qui est la vrai source et origine de toute
République, et membre principal de celle-ci ». Le ménage est, en fait, plus large que la famille
proprement dite : il comprend, sous la puissance du pater familias, à côté de l’épouse et des
enfants, les serviteurs et les esclaves. La « ménagerie », i.e. le « management » dans notre
vocabulaire d’aujourd’hui, l’administration, le gouvernement, repose donc sur le
commandement exercé par l’homme sur ceux de sa maisonnée. En effet, l’État consiste
simplement, historiquement, dans la réunion de plusieurs familles en villages, et ainsi de suite
jusqu’au niveau national. Cette conception de l’État est courant (on la retrouve chez Platon,
Aristote…). Il ne s’agit pas là d’une banale métaphore : la puissance du chef de l’État est
comparée à celle du père de famille, et même à celle de Dieu, ce qui permet à Bodin
d’argumenter en faveur de la monarchie, de préférence à l’aristocratie et à l’ « état populaire »
(comprenez la démocratie). Un lien structurel fonde donc l’existence même de l’État : Bodin
s’oppose à des auteurs comme Platon, accusés de dissoudre la famille dans l’État (dans La
République platonicienne, les femmes et les enfants sont communs pour les guerriers). Il
affirme qu’il n’y a d’État que dans la distinction du privé et du public, et dans leur
harmonieuse articulation. La maisonnée, sous la direction de son chef, appartient donc à
l’ordre du privé, et aucun de ses membres n’en doit sortir, sous peine de compromettre
l’existence même du gouvernement. L’homme est le seul qui puisse passer de l’univers
familial à la participation à la chose publique, soit comme simple citoyen, soit comme
gouvernant. Il assure ainsi la communication entre les deux sphères.
Si l’on regarde de plus près la composition d’un ménage, on constate que les enfants sont
destinés, en grandissant, à sortir de cet espace privé (les garçons pour fonder leur propre
maisonnée, les filles pour entrer dans une autre famille par le mariage), que les serviteurs
peuvent aller servir ailleurs, et que les esclaves peuvent être affranchis. La seule qui soit
destinée à rester pour toujours à demeure, c’est la femme : s’il doit n’y avoir plus qu’un
individu au sein du ménage, ce sera elle. Elle est donc susceptible de définir, par son unique
personne, l’espace privé. Donc, elle doit en garantir la pérennité : sans elle, la distinction
privé / public, qui est le socle de l’existence même de l’État, disparaît. Implicitement, au fil
des pages de ses Six livres de la République, c’est la conclusion à laquelle arrive Bodin, qui
finit par faire de « la puissance du mari sur la femme », la « source et origine de toute société
humaine ».
Le commandement dans la famille n’est pas seulement origine, modèle idéal ou métaphore,
du commandement dans la République : il y a interactions, influences réciproques entre ces
deux types de gouvernement qui jouent sur le fonctionnement ou le dysfonctionnement de
l’État. Si les maisons sont bien administrées, chaque membre restant à sa place et « faisant
son devoir » sous l’autorité de son chef, l’État sera en bonne santé. Si, à l’inverse, l’épouse
prend le gouvernail de la famille, c’est l’État lui-même qui part à la dérive : la contagion se
répand d’une maison à l’autre, jusqu’au plus haut niveau politique… Le péril est encore plus
grand quand la femme ne se contente pas de faire la loi chez elle, et qu’elle se mêle d’affaires
publiques, soit pour influencer son mari dans la gestion étatique (cas de Théodora, épouse de
l’empereur Justinien, coupable d’avoir infléchi l’action de son mari en faveur du sexe
féminin), soit pour exercer elle-même le pouvoir, ce qui est encore pire. Le commandement
des hommes dans les ménageries perd, par contrecoup, sa légitimité. La société tout entière et
l’État se trouvent donc ébranlés. Bodin dénonce ainsi, sous le nom de « gynécocratie », ce
gouvernement de l’État par les femmes : « La Gynécocratie est droitement contre les lois de
nature, qui a donné aux hommes la force, la prudence, les armes, le commandement, et l’a ôté
aux femmes et la loi de Dieu a disertement ordonné que la femme fut sujette à l’homme, non
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Voir sur ce point son édifiante Pornoratie ou la femme dans les temps modernes (1875).
« Une femme ne peut plus faire d'enfants quand son esprit, son imagination et son cœur se préoccupent des
choses de la politique, de la société et de la littérature. » Sa vraie vocation est le ménage : « Nous autres
hommes, nous trouvons qu'une femme en sait assez quand elle raccommode nos chemises et nous fait des
biftecks ». Accorder à la femme le droit de vote serait « porter atteinte à la pudeur familiale » et Proudhon, qui a
fini par prendre pour épouse une ménagère, profère cette risible menace : « Le jour où le législateur accordera
aux femmes le droit de suffrage sera le jour de mon divorce ».
Il va jusqu’à prescrire aux hommes de mener la femme à la trique. Elle « veut être domptée et s’en trouve bien
[…] L’homme a la force ; c’est pour en user ; sans la force la femme le méprise[…] La femme ne hait point
d’être un peu violentée, voire même violée ».
La bête noire de Proudhon, c’est la femme émancipée, atteinte de « nymphomanie intellectuelle », qui imite les
manières masculines, la « virago », la femme de lettres, dont George Sand est, à ses yeux, le détestable
prototype.
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Condorcet, entre autres : « Pourquoi des êtres exposés à des grossesses et à des indispositions
passagères ne pourraient-ils pas exercer des droits dont on n’a jamais imaginé de priver les
gens qui ont la goutte tous les hivers et qui s’enrhument aisément ? ». Pourtant, l’histoire du
républicanisme français se caractérise par leur opposition : la référence aux différences dites
« naturelles » entre les sexes a justifié l’exclusion des femmes de la citoyenneté. La
prévalence de l’universalisme de la différence sexuelle sur celui des droits naturels nous
conduit à nous poser la question suivante : peut-on penser les différences hommes / femmes
dans l’égalité démocratique ? et si oui, selon quelles modalités ?
Il existe donc un multitude de manière de penser les différences hommes / femmes dans
l’égalité. Chacun des deux modèles présentés correspond à une vision spécifique (et
concurrente de l’autre) de la démocratie. Dans le premier type de modèle, le bonheur des
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On fait ici référence à une recherche effectuée par Réjane Sénac-Slawinski, « Les représentations des identités
sexuées. Genre et modèles de citoyenneté », in Genre, citoyenneté et représentation, Lyon, PUL, 2007, p.41-60.
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citoyens et l’équilibre social est fondé sur le respect de l’ordre établi. Pour le second type de
modèles, on doit entretenir un rapport critique à la réalité : c’est même la condition de
l’émancipation citoyenne.
Les données disponibles sont rares, et souvent fragiles. Néanmoins, on peut souligner une
nette sous-rerépsentation des femmes au sein des entreprises politiques françaises comme
allemandes depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Toutefois, il faut insister aussi sur
les évolutions sensibles qui marquent les deux dernières décennies (montée en pourcentage de
femmes à tous les niveaux des partis).
Au niveau des adhésions, on estimait qu’à la fin des années 1990 les femmes représentaient
en moyenne le tiers de l’effectif total des partis français. On a plus ou moins les mêmes
chiffres pur l’Allemagne, sauf pour les Verts et le Linkspartei (40 % de femmes).
Dans les instances dirigeantes des partis, la part des femmes est souvent inférieure à leur
pourcentage parmi les membres, même si cette sous-représentation au sommet tend
actuellement à s’atténuer. On note un renversement dans les partis de gauche (plus de femmes
au sommet qu’à la base) en France comme en Allemagne (importance des mesures
volontaristes d’action positive dans ces partis).
En Allemagne, il faut distinguer les partis de masse dotés d’organisations féminines
autonomes importantes des autres partis politiques, où le nombre de femmes à tous les
échelons est plus important (c’est notamment le cas du SPD). Par comparaison, la situation
des femmes au sein du PS français est bien moins enviable, probablement du fait de l’absence
d’une organisation féminine autonome (Jospin impose de réserver 30 % des circonscriptions à
des femmes lors des législatives, en 1996). Par ailleurs, les Verts, en s’imposant la parité dès
leur création en 1984, on joué un rôle de concurrent indéniable dans le camp de la gauche.
Enfin, la perméabilité spécifique de l’ordre politique allemand aux nouveaux mouvements
sociaux (notamment l’écologie, mais aussi le féminisme) expliquerait que les femmes soient
mieux représentées en politique outre-Rhin : ces mouvements constitueraient pour elles un
tremplin d’accès privilégié aux charges électorales. À l’inverse, les féministes françaises ont
majoritairement refusé les stratégies d’intégration, et s’en sont donc privé.
Suggestion de lecture sur ce dernier point : Éric Fassin, « La démocratie sexuelle et le conflit
des civilisations », in Multitudes, 2006/3 (no 26)
Dans le monde postcolonial, et plus particulièrement depuis le 11-septembre 2001, une norme
libérale occidentale renouvelée ajoute aux droits de l’homme la « démocratie sexuelle » (une
conception lisse de la féminité à laquelle tend à s’adjoindre une conception lisse de
l’homosexualité). Imbriquée à la norme antiraciste, cette « démocratie sexuelle » tend un
piège redoutable aux sujets postcoloniaux qui auraient le malheur d’y déroger : accusés de
faire le jeu du racisme, ils se trouvent renvoyés à la barbarie et sortis du jeu. Zacarias
Moussaoui le sait et il le surjoue ; les jeunes filles françaises issues de l’immigration
maghrébine le savent et elles négocient au jour le jour (voile, choix des partenaires sexuels).
En ligne :
www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=MULT&ID_NUMPUBLIE=MULT_026&ID_ARTICLE=MULT_026
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