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Sociologie du travail

Vingt ans de recherches sur la télévision : Une sociologie post


lazarsfeldienne ?
Dominique Pasquier

Résumé
Cet article propose de présenter le redéploiement des travaux sur la télévision, qui s'est opéré dans les années soixante-dix, en
rupture avec la théorie lazarsfeldienne. A la faveur de travaux systématiquement empiriques diversifiant les méthodologies
d'enquêtes, deux pôles de recherche se sont en effet dégagés. D'une part, un courant qui s'intéresse aux effets cognitifs à long
terme des médias ; d'autre part, un courant qui se concentre sur l'interprétation des messages et sur la réception. Non
seulement ces deux courants s'appuient sur des démarches analytiques différentes, mais, de plus, ils aboutissent à des
conclusions antinomiques sur le statut social de la télévision.

Abstract
Dominique Pasquier
20 Years of Research on Television : A Post-Lazarsfeldian Sociology ?
This article reviews the research on television that, breaking with Lazarsfeldian theory, changed orientations in the 1970s.
Thanks to systematically empirical studies that have diversified survey methodologies, two poles of inquiry have emerged : on
the one hand, an interest in the mass media's long-term cognitive effects ; and on the other, an interpretation of messages and
their reception. These two poles of research are based on different analytical procedures. They also reach antinomic
conclusions about television's social status.

Citer ce document / Cite this document :

Pasquier Dominique. Vingt ans de recherches sur la télévision : Une sociologie post lazarsfeldienne ?. In: Sociologie du travail,
36ᵉ année n°1, Janvier-mars 1994. pp. 63-84;

doi : https://doi.org/10.3406/sotra.1994.2157

https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1994_num_36_1_2157

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SOCIOLOGIE DU TRAVAILN° 1/94

Dominique Pasquier

Vingt ans de recherches

sur la télévision :

une sociologie post lazarsfeldienne 71

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dégagés.
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conclu¬
des
les

L'histoire récente de la sociologie des communications de masse apporte un


sérieux démenti aux propos alarmistes que tenait Berelson en 1959 sur l'ave¬
nir de la discipline. Non seulement ce secteur de la recherche ne s'est pas
éteint avec la génération des "pères fondateurs" (Lazarsfeld, Laswell,
Hovland et Lewin) comme il le prédisait, mais il a, au contraire, fait preuve
au cours des deux dernières décennies d'une vitalité toute particulière
(Journal of Communication, 1983). La croissance de la télévision, sensible
dès les années soixante dans les pays anglo-saxons, un peu plus tardivement
ailleurs, est bien sûr une des raisons majeures de ce renouveau : l'impact
social, culturel et politique du petit écran est très vite apparu comme étant
sans précédent dans l'histoire des médias.

Un des symptômes les plus marquants de ce renouveau est sans doute la


constitution d'un pôle européen dans un paysage de recherche dominé depuis
la guerre par les États-Unis et circonscrit à un débat anglo-saxon auquel ne

participait
raisons historiques
aucun pays
à cette
européen
situation.
saufEn
le France
Royaume-Uni.
ou en Italie,
Il y avait
la télévision
bien sûrs'est
des
Dominique Pasquier

développée tardivement : les études sur les communications de masse ont du


coup porté sur la presse, le cinéma et la littérature populaire, rarement sur la
télévision. Mais surtout, comme le soulignent Mancini et Wolf, la situation de
monopole public de la télévision qui existait partout en Europe (sauf en
Angleterre) conduisait à privilégier certaines questions comme les relations
entre télévision et culture nationale ou télévision et politique, au détriment
de la problématique qui était au cœur de la recherche anglo-saxonne : celle
des effets (Mancini et Wolf, 1990). Le renforcement de la présence euro¬
péenne sur la scène académique s'est traduit à la fois par un développement,
particulièrement net en Europe du Nord, de recherches empiriques qui s'inté¬
graient dans le cadre des nouveaux travaux sur les effets des médias et par un
phénomène de "redécouverte" des travaux théoriques menés dans différents
pays européens au cours des années soixante : sémiologie française et ita¬
lienne, études littéraires allemandes. En d'autres termes, l'Europe a consolidé
sa présence à la fois en abandonnant des positions purement spéculatives très
critiquées par la tradition empirique américaine, et en fournissant à ces
mêmes travaux empiriques des cadres de référence théoriques.

Autant dire que la recherche sur les communications de masse, et tout parti¬
culièrement la recherche sur la télévision, est, pour la période qui nous inté¬
resse ici, extrêmement riche. Il a fallu se résoudre à opérer des choix. Les tra¬
vaux français étant par définition plus accessibles, et donc probablement
mieux connus, le propos sera centré, à quelques exceptions près, sur les
recherches étrangères2. D'autre part, nous avons choisi de privilégier les axes
de recherche qui ont représenté des tournants dans la discipline par rapport
aux traditions antérieures. Il ne s'agit bien évidemment pas d'un jugement de
valeur ni d'un pari sur la postérité de ces travaux. En revanche, tout laisse
penser que les nouvelles questions qui ont été posées, et surtout la manière
dont elles ont été formulées, sont particulièrement exemplaires de l'évolution
de la discipline.

Les recherches dont il sera fait état ici présentent plusieurs points com¬
muns. Tout d'abord, elles affichent une volonté systématique de vérification
empirique. Cette mise à l'honneur du terrain est intéressante à plusieurs titres.
Elle concerne désormais aussi des travaux qui s'inscrivent dans une problé¬
matique des effets puissants des médias : or, la tradition critique à travers ses
différentes écoles avait jusqu'alors largement fonctionné sur la base de posi¬
tions spéculatives. On assiste donc à un éclatement de la frontière qui séparait
traditionnellement les sociologues critiques des sociologues empiriques. D'autre
part, la pratique du terrain s'est élargie à de nouvelles méthodes : les travaux sur

Breton
Diberder
Sfez
2. (1992)
Onettrouvera
etProulx
Coste-Cerdan
et (1993)
des
(1989)
éléments
; Wolton
;(1986)
Charon
(1990).
sur; Mattelart
la(1991)
recherche
Voir; aussi
(1986)
Cayrol
française
les; (1991)
Missika
revues
dans
Hermès,
; etFlichy
Balle
Wolton
(1992)
Réseaux,
(1980)
(1983)
; ;Bougnoux
Médias
Lazar
; Salatin
(1991);
pouvoirs.
(1991)Le;
(1989)

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Vingt ans de recherches sur la télévision

la réception ont fondé leur démarche sur une observation de type ethnogra¬
phique, et les méthodes expérimentales de la psychologie ont été largement utili¬
sées dans plusieurs secteurs de la recherche. Il faut sans doute imputer en partie
à cette diversité méthodologique la relative disparité des résultats entre des tra¬
vaux qui s'inscrivent pourtant dans une lignée commune. En fait, les différents
courants de recherche se présentent moins comme des modèles théoriques que
comme des problématiques "en devenir" pour reprendre les termes de Dorine
Bregman (1989). Tout se passe comme si les hypothèses formulées au départ
étaient affinées, réorientées, reconsidérées à la lumière d'investigations empi¬
riques ultérieures qui opèrent chacune une nouvelle construction de l'objet. Ce
foisonnement, dans sa richesse comme dans ses faiblesses3, paraît caractéris¬
tique des recherches de la période étudiée ici.

Autre point commun : le redéploiement de la recherche depuis les années


soixante-dix s'est opéré sur la base d'une rupture avec le paradigme dominant
depuis les années quarante, la théorie lazarsfeldienne des effets limités. Il faut
y voir plus que la simple poursuite de ce mouvement de balancier médias
puissants/public puissant qui a marqué l'histoire de la discipline : les nou¬
veaux travaux se caractérisent moins par leur opposition au paradigme précé¬
dent que par un complet déplacement de la question des effets des médias. Ce
déplacement s'est accompli en deux temps et dans deux directions diffé¬
rentes. Tout d'abord dans les années soixante-dix, avec plusieurs courants de
recherche qui se proposent d'abandonner l'analyse de ces effets à court terme
sur les attitudes individuelles qui étaient au cœur du dispositif lazarsfeldien,
pour se pencher sur les effets cognitifs à long terme de l'ensemble du système
des médias. C'est la manière dont se modifie progressivement la conception
que l'individu a de son environnement social qui devient l'objet de l'investi¬
gation. Dans les années quatre-vingt, on assiste à un deuxième déplacement,
en amont cette fois, avec un ensemble de recherches qui partent du principe
que l'on ne peut pas étudier les effets - ou les usages - des médias sans aupa¬
ravant connaître la manière dont le message est interprété par celui qui le
reçoit. L'attention se porte alors sur le moment spécifique de la réception,
analysé comme une pratique dont les fondements sont sociaux et culturels, et
sur le processus de construction du sens par le téléspectateur.

LES NOUVEAUX TRAVAUX


SUR LES EFFETS

On retiendra des années soixante-dix, deux courants de recherche qui se


proposent, chacun à leur manière, d'analyser le rôle des médias dans le pro¬
cessus de formation de l'opinion publique : les travaux sur la fonction
d'agenda et ceux sur la spirale du silence. Ces deux courants ne permettent

3. Pour une critique de la recherche fonctionnaliste américaine voir Beaud (1984).

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Dominique Pasquier

évidemment pas de couvrir l'ensemble des pistes qui ont été ouvertes par les
recherches menées en sociologie cognitive au cours des années soixante-dix.
Pour être plus complet, il faudrait aborder les travaux sur la cultivation qui se
sont intéressés aux effets des médias sur le système de croyance des individus
et sur leur perception de la réalité sociale (Gerbner et Gross, 1976) ; les
recherches sur l'écart de connaissance qui montrent que le niveau d'informa¬
tion acquis par le biais des médias dépend de différents paramètres liés aux
caractéristiques des individus et des messages (Tichenor et alii, 1970 ;
Galloway, 1974 ; Ettema et Kline, 1977, et en France, Souchon, 1969) ; ou
enfin les études portant sur le rôle de socialisation joué par les médias (voir
Comstock, 1978).

Toutefois, les théories sur l'effet d'agenda et sur la spirale du silence


constituent les deux pôles principaux des nouveaux travaux sur les effets, non
seulement parce qu'elles ont suscité ou marqué un grand nombre de travaux
ultérieurement, mais aussi parce qu'elles ont permis d'opérer des ouvertures
importantes en direction d'autres disciplines - sciences politiques et psycho¬
logie sociale notamment - en reposant la question de la formation de l'opi¬
nion publique.

Les recherches sur l'agenda

Les recherches sur l'agenda reposent sur l'hypothèse que les médias nous
disent non pas ce qu'il faut penser, mais à quoi il faut penser. Il existerait une
forte corrélation entre l'ordre d'importance donné par les médias à certaines
informations et l'attention que le public accorde à ces mêmes informations.
Les médias auraient pour effet d'imposer un rythme et de proposer des objets
à l'attention collective.

Le processus d'agenda a été étudié à propos de trois groupes différents, les


citoyens, les médias, les décideurs politiques, avec l'idée que l'agenda de ces
trois groupes était à la fois le fruit d'influences internes à chacun des groupes
et d'influences réciproques entre les différents groupes (par exemple l'agenda
des décideurs politiques est défini à la fois par l'agenda des citoyens, par
l'agenda des médias et par l'agenda interne aux décideurs politiques, etc.). En
fait, sur ces neuf interactions possibles, trois ont été beaucoup plus étudiées
que les autres et ont donné lieu à deux courants de recherche qui ont dominé
les travaux sur le processus d'agenda depuis vingt ans.

Un premier courant est né des hypothèses formulées par Mac Combs et


Shaw en 1972 sur les relations entre l'agenda des médias et l'agenda des
citoyens. Les auteurs s'intéressent à l'influence des mass médias sur l'électo-
rat flottant et comparent les enjeux qui sont déclarés importants par les élec¬
teurs d'une communauté de Caroline du Nord au cours de la campagne prési-

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Vingt ans de recherches sur la télévision

dentielle de 1968 avec les enjeux qui sont privilégiés par les médias auxquels
ont eu accès ces électeurs pendant la même campagne (analyse des thèmes
principaux traités par la presse, la radio et la télévision) : la corrélation entre
l'importance accordée par les médias à certains enjeux et celle attribuée par
les électeurs à ces mêmes sujets apparaît très forte. Funkhouser élargit l'ana¬
lyse en 1973 : il propose un modèle qui intègre une troisième variable, les
événements réels tels qu'ils peuvent être mesurés à partir d'indicateurs statis¬
tiques, et étudie le processus de mise en agenda à l'échelle d'une décennie
(1960-1970). Il analyse l'évolution de huit thèmes (guerre au Vietnam, pro¬
blèmes raciaux, criminalité, etc.) à la fois dans l'opinion publique (sondages
Gallup), dans les médias (nombre d'articles consacrés à ces thèmes dans trois
hebdomadaires) et dans la "réalité" statistique (nombre de crimes, importance
des envois de troupes au Vietnam, etc) : il trouve une forte corrélation entre
l'importance donnée à une question par les médias et l'importance que lui
accorde le public dans les sondages d'opinion. En revanche, l'agenda des
médias est décalé par rapport à la réalité statistique : les médias anticipent sur
les questions qui ont un caractère médiatique sensationnel ( newsworthy ) en
leur accordant de l'importance avant que ces questions ne deviennent cri¬
tiques en réalité. Dans d'autres cas, la couverture médiatique dépend de fac¬
teurs externes (publication d'un rapport, journée de célébration, etc.).

Ces deux articles fondateurs ont été suivis d'un nombre considérable de tra¬
vaux (en 1987, Rogers et Dearing recensent 102 recherches en agenda setting,
voir aussi Bregman, 1989). Ces recherches empiriques ont entraîné une refor¬
mulation des hypothèses de départ. En 1974, les travaux de Mac Leod, Becker
and Byrnes montrent que l'effet d'agenda est plus fort sur les individus qui ont
eu des discussions sur les thèmes traités par l'agenda que sur ceux qui n'avaient
pas eu cette forme de communication interpersonnelle. Mac Combs en viendra
donc à intégrer au modèle d'origine d'autres dimensions. Dans un article publié
en 1976 il apporte plusieurs limites à son hypothèse de départ : l'effet d'agenda
ne fonctionne pas toujours, pas sur tout le monde et pas partout. Les nouveaux
facteurs qu'il prend en compte sont les suivants :

- le degré de crédibilité du média : si le récepteur accorde une faible crédi¬


bilité à un média il ne sera pas convaincu de l'importance du thème traité ;

- la contradiction avec l'expérience personnelle ou d'autres sources


d'information sur l'importance du thème traité par un média ;

- la contradiction avec les convictions personnelles de l'individu quant à


l'importance de l'enjeu traité. Mac Combs parle d'un "besoin d'orientation" :
quand l'importance d'une question est grande et que la connaissance de
l'individu sur cette question est faible, il aura tendance à se tourner vers les
médias pour parfaire sa maîtrise du sujet. Cette plus grande exposition au
média conduit à renforcer à son tour l'effet d'agenda.

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Dominique Pasquier

Zucker (1978) et Eyal (1979) établissent une autre distinction : plus l'évé¬
nement touche un sujet pour lequel les individus n'ont pas d'expérience
sociale directe, plus le pouvoir d'agenda des médias est grand. À l'inverse,
l'effet d'agenda est moindre sur des sujets familiers. Enfin, la recherche sur
l'agenda s'est raprochée de la psychologie cognitive avec des groupes tests
étudiés en situation de laboratoire : les individus les moins aptes ou les moins
désireux de contredire l'information sont les plus sensibles à l'effet d'agenda
et il y a un lien entre la manière dont l'information est présentée et l'effet
d'agenda (Iyengar, 1979 et 1987).

D'autres travaux ont apporté des précisions sur le processus lui-même, ainsi
l'étude de Salwen en 1986 qui cherche à évaluer le temps nécessaire à l'ins¬
tauration d'un effet d'agenda : il étudie la manière dont trois journaux du
Michigan couvrent pendant 33 semaines sept thèmes touchant à l'environne¬
ment (traitement des ordures, qualité de l'eau, problème du bruit, etc.) et
compare la progression de ces mêmes thèmes sur un échantillon de 300 per¬
sonnes interviewées en trois vagues successives. Il faut cinq à sept semaines
pour que l'effet d'agenda commence à se faire sentir et dix pour qu'il atteigne
son apogée. Puis il décline, en se maintenant toutefois plus longtemps dans
l'opinion publique que dans les médias.

Certaines des pistes ouvertes par les recherches sur l'agenda gagneraient à
être approfondies : Lang et Lang (1981) constatent que l'émergence d'un
item sur l'agenda est relative aux items qui l'ont précédé, et Crenson (1971)
note que certaines questions sont régulièrement soulevées ensemble et qu'à
l'inverse d'autres ne peuvent cohabiter. Ces associations gagneraient à être
étudiées de façon plus systématique. On comprend mal aussi pourquoi la pro¬
blématique de l'agenda n'intègre pas plus les résultats des travaux qui ont été
menés au cours des années soixante-dix et quatre-vingt sur la construction
sociale de l'information4. Ils permettraient pourtant d'apporter des éléments
de réponse à deux questions qui ont été pour l'instant trop peu étudiées: celle
du fonctionnement interne de l'agenda des médias et celle des relations
d'influence réciproque entre l'agenda des citoyens et l'agenda des médias.
Erbring, Goldenberg et Miller (1980) constatent que l'influence de l'agenda

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Vingt ans de recherches sur la télévision

des médias sur l'agenda des citoyens est plus forte lorsque les médias sont les
premiers informés, mais il reste à savoir dans quelle mesure ou dans quels cas
l'agenda des médias est défini par les attentes du public. Enfin, les travaux
sur l'agenda n'ont pas réussi à élucider un problème pourtant décisif : com¬
ment un événement est transformé en enjeu (issue5) par les médias et com¬
ment il devient à son tour un enjeu aux yeux de l'opinion publique. Non seu¬
lement, on constate que la plupart des travaux sur l'agenda ont porté sur des
événements - qui sont plus facilement identifiables et donc plus facilement
mesurables que des enjeux - mais il arrive aussi parfois que les unités d'ana¬
lyse retenues confondent les deux niveaux d'analyse.

Le deuxième courant de recherche sur l'agenda est issu des travaux de


Cohen sur l'agenda des élites dirigeantes dans le secteur de la politique étran¬
gère (1963) et a été formulé sous le nom de policy agenda building par Cobb
et Elder en 1972 : il s'intéresse aux effets combinés de l'agenda des médias et
de l'agenda des citoyens sur la mise en œuvre de l'agenda des décideurs poli¬
tiques. Ce courant qui regroupe plutôt des chercheurs en sciences politiques
que des sociologues, a massivement confirmé l'influence des agendas du
public et des médias sur l'agenda des décideurs, et même dans certains cas
sur la mise en œuvre des politiques publiques. Mais il a surtout permis de
souligner la complexité des relations entre les trois agendas : interactions à
double sens (effets de l'agenda des décideurs sur l'agenda des médias, voir
les travaux de Walker sur les problèmes de sécurité qui montrent que ce sont
les mesures prises par les sénateurs qui ont déclenché la campagne média¬
tique et non l'inverse, 1977), interactions cumulatives (travaux de Lang et
Lang sur le Watergate qui montrent que c'est l'action combinée du public, du
gouvernement et des médias qui a entraîné la mise en agenda des politiques
publiques, 1983), effet des réseaux de sociabilité interpersonnels dans
l'appréhension de l'agenda des médias ou du public par les décideurs poli¬
tiques (Cohen, 1983, sur les responsables du State Department qui évaluent
les priorités de l'opinion publique à travers des réseaux constitués d'un petit
groupe de pairs et de journalistes). L'analyse de Bregman et Missika sur la
campagne législative de 1986 en France apporte une autre dimension : les
médias n'auraient pas d'influence sur les priorités du public (au contraire ils
constatent une forte différence entre les questions qui préoccupent les
citoyens comme le chômage et les questions qui sont privilégiées par les
médias comme la cohabitation ou la politique étrangère), mais ils ont le pou-

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les
un
et

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Dominique Pasquier

voir de définir les thèmes autour desquels portera le débat politique (pour être
interviewés les candidats sont obligés de suivre l'agenda des médias) et sur¬
tout de définir les enjeux qui donneront son sens au vote (Bregman et
Missika, 1987).

La spirale du silence

La théorie de la spirale du silence proposée en 1974 par Elisabeth Noelle-


Neumann se présente comme une analyse du processus de formation de l'opi¬
nion publique. Le modèle repose sur plusieurs hypothèses :

1. Les individus craignent l'isolement ce qui les conduit en permanence à


évaluer dans leur environnement social quelles sont les opinions qui ne les
placeront pas dans cette situation d'isolement.

2. Les individus se forgent une représentation de la répartition et du succès


des opinions au sein de leur environnement social. Ils observent les points de
vue qui acquièrent de la force et ceux qui sont en déclin. Ils évaluent ainsi le
climat d'opinion.

3. La disposition d'un individu à exposer publiquement son point de vue est


d'autant plus grande qu'il pense que son point de vue est ou sera dominant.
Une minorité convaincue de sa domination future et donc disposée à s'expri¬
mer, verra son opinion devenir dominante si elle est confrontée à une majorité
doutant que ses vues prévalent encore dans le futur et par conséquent moins
disposée à les défendre en public. On assiste alors à un phénomène de spirale
qui installe graduellement une opinion dominante. L'opinion publique est
donc définie comme l'opinion qui peut être exprimée en public sans risque de
sanction, la sanction étant l'isolement.

Ces hypothèses partaient d'un double constat à propos des élections fédérales
allemandes de 1965 : le premier était qu'il existait un décalage empiriquement
vérifiable entre la répartition effective d'une opinion et son expression en
public (elle reprend sur ce point la littérature sur "l'ignorance pluraliste", i.e. la
perception incorrecte des positions majoritaires ou minoritaires, voir par
exemple Taylor, 1982). La prévision d'une victoire des démocrates chrétiens
qui s'était renforcée dans les sondages au cours de la campagne (alors qu'au
départ les sociaux démocrates partaient à égalité dans les intentions de vote),
avait progressivement entraîné un changement dans les intentions de vote et
s'était soldée par une victoire effective des démocrates chrétiens. D'où un
deuxième constat : la pression pour se conformer à l'opinion perçue comme
majoritaire entraîne un changement de comportement en faveur de cette opi¬
nion. C'est en affirmant publiquement sa prétendue supériorité numérique
qu'un des camps politiques était parvenu à l'imposer dans les faits.

70
Vingt ans de recherches sur la télévision

La spirale du silence n'a pas suscité comme l'agenda une vaste entreprise
empirique au sein de la communauté scientifique : les travaux existant sont
tous plus ou moins réalisés par des équipes qui relèvent de la sphère institu¬
tionnelle d'Elisabeth Noelle-Neumann (elle dirige V Institut fur Demoskopie
d'Allensbach). En revanche, le débat autour de la spirale du silence a été vif
et intéressant, et les critiques théoriques qui lui ont été adressées ont conduit
l'auteur à affiner certains concepts et à intégrer d'autres variables dans l'ana¬
lyse (Noelle-Neumann, 1984, 1988, 1991).

Reprenant plusieurs travaux sur la diffusion d'un item dans le système


médiatique qui avaient montré l'existence de leaders d'opinion au sein de
chaque système médiatique (Halloran et alii, 1970), elle avance l'idée d'un
renforcement de l'effet de spirale par ceux qu'elle appelle les ténors des
médias (i.e. ceux qui ont un effet d'entraînement sur les autres médias). Ils
deviennent donc un facteur essentiel dans la peur de l'isolement chez l'indi¬
vidu puisqu'elle va jusqu'à affirmer qu'il n'existe pas de spirale du silence
qui aille contre les options qu'ils privilégient. D'autre part, elle intègre à sa
théorie initiale un ensemble de travaux qui abordent la question de la conso¬
nance (plus le message est conforme aux attentes du public telles que les ont
prédéfinies les médias, plus il est susceptible de l'intéresser : voir Galtung et
Ruge, 1965 ; voir aussi travaux de Lang et Lang, 1953, sur la construction
médiatique de l'événement, et Kepplinger, sur le traitement de la crise du
pétrole par les médias allemands et ses effets sur les comportements du
public, 1983) ainsi que la littérature sur les paniques morales qui montrent
comment les médias parviennent à empêcher l'extension de certains conflits
sociaux et renforcent les normes dominantes en brossant des portraits défor¬
més et stéréotypés des groupes "déviants" (par exemple Cohen sur les gangs
de jeunes, 1980).

Elle intègre aussi certains paramètres qui accentuent ou atténuent la


crainte de l'isolement qui est au cœur de son modèle : il faut que le sujet
abordé comporte une dimension morale pour l'individu pour que l'effet de
spirale apparaisse. Elle en vient enfin à amplifier l'importance des deux
minorités actives qui se situent à chaque bout du processus de spirale : d'un
côté "l' avant-garde" (qui surmonte la peur de l'isolement pour imposer un
changement de climat d'opinion) et de l'autre le "noyau dur" qui, sans
craindre la peur de l'isolement, persiste à défendre publiquement une opi¬
nion pourtant perçue comme minoritaire (voir la critique de Moscovici,
1991, sur ce point). Mais comme le souligne justement Csikszentmihalyi
(1991) les prétentions à l'universalité de la théorie de la spirale du silence
sont démenties par l'histoire de nos sociétés : d'une société à l'autre il existe
de grandes différences dans la définition de la déviance, dans le degré de
tolérance de cette déviance ou dans le type de sanctions qui lui est appliqué.
Ces différences au niveau sociétal se doublent de différences au niveau indi-

71
Dominique Pasquier

viduel : la sensibilité au climat d'opinion, la peur de l'isolement, ou les réac¬


tions aux
dement d'un
contraintes
individu de
à l'autre.
l'opinion publique sont susceptibles de varier gran¬

LES TRAVAUXSUR LA RÉCEPTION

Les travaux sur la réception ont été le phénomène majeur de la recherche


des années quatre-vingt. Ils se proposent de surmonter la division qui avait
jusqu'alors opposé les travaux sur les contenus aux travaux sur le public.
Comme le rappelait Katz en 1985, « certains d'entre nous étudient les textes
de la culture populaire, tandis que les autres se penchent sur leurs effets sur le
public. Les premiers ne savent rien du public et les seconds ignorent tout des
textes ». Une nouvelle question est donc posée : comment un récepteur crée-t-
il des significations à partir d'un texte structuré, et comment le texte guide et
restreint-il ces significations ?

Rien d'étonnant donc à ce que, sous le terme d'études de réception, soit


regroupé un ensemble parfois disparate de travaux qui se situent à la
confluence théorique de trois grandes traditions de recherches. Aux études lit¬
téraires est emprunté le modèle texte/lecteur et le principe d'un travail inter¬
prétatif du récepteur qui sera appliqué à l'analyse du processus de construc¬
tion du sens du message télévisuel par le téléspectateur (Eco, 1965 et 1979 ;
Iser, 1970 et 1972 ; Jauss, 1982). Aux cultural studies est empruntée l'idée
d'un message influent et d'un texte codé génériquement et culturellement -
idée centrale dans la tradition critique anglaise - ; enfin, les uses and gratifi-
catifications ont fourni le modèle d'un téléspectateur actif développant une
variété de réponses face au message. On assiste donc à un rapprochement
entre des positions jusqu'alors antagonistes (Schroder, 1987 ; Jensen et
Rosengren, 1990). Les chercheurs des cultural studies abandonnent l'idée
d'un spectateur atomisé et sans défense devant les médias et quittent la posi¬
tion spéculative qui avait été la leur depuis toujours. Les chercheurs des uses
and gratifications réintègrent le message dans leur perspective et dépassent le
caractère individuel de leur analyse en acceptant de considérer le téléspecta¬
teur comme un être social pourvu d'une identité culturelle spécifique formée
par les relations interpersonnelles de la communauté ou des communautés
dont il relève.

On peut considérer le modèle encoding/ decoding proposé en 1980 par


Stuart Hall comme un véritable manifeste fondateur des travaux ultérieurs sur
la réception. Il se fonde sur plusieurs hypothèses :

- On ne peut étudier les effets d'un message avant d'avoir étudié la manière
dont le message est interprété par celui qui l'a reçu.

72
Vingt ans de recherches sur la télévision

- Un message n'est pas automatiquement décodé comme il a été encodé.

- Celui qui encode le message propose un sens dominant (preferred mea¬


ning), mais il n'a aucune garantie que c'est ce sens-là qui va être reçu par
celui qui décode. La correspondance entre le niveau de l'encodage et du
décodage n'est jamais donnée, elle est construite. L'encodeur a seulement la
possibilité de fixer des limites aux interpétations qui peuvent être faites.

- Le message est polysémique, et c'est au niveau connotatif que sa polysé¬


mie est la plus grande.

- Face au message, celui qui décode peut adopter trois positions: il fait une
lecture dominante (i.e. il décode le message selon le sens dominant proposé
par celui qui l'a encodé) ; il fait une lecture négociée (i.e. il accepte certains
éléments du sens dominant mais s'oppose à d'autres) ; il fait une lecture
oppositionnelle (i.e. il s'oppose au sens dominant).

Le projet théorique est ambitieux, surtout lorsqu'on sait qu'il se double


d'une volonté de vérification sur le terrain systématique. Là encore, un cer¬
tain accord s'est fait sur les modalités de cette investigation : pour com¬
prendre le travail d'interprétation d'un téléspectateur spécifique face à un
message télévisuel spécifique, les enquêtes par questionnaires étaient évi¬
demment inappropriées. Les chercheurs sont donc partis en "explorateurs",
pour reprendre les termes de Daniel Day an (1992), et ont massivement eu
recours à des méthodes ethnographiques pour recueillir leur matériau : inter¬
views approfondies, observations, observation participante. Ils ont cherché à
comprendre la télévision à travers les yeux de ceux qui la regardaient.

Une telle démarche pose évidemment d'importants problèmes méthodolo¬


giques : les échantillons sont très petits et trop souvent constitués en fonc¬
tion des découpages culturels que le chercheur cherche à construire ; dans
plusieurs enquêtes, les chercheurs se sont appuyés sur des interviews de
groupe sans se soucier apparemment ni de la rupture avec les conditions
habituelles de réception qu'un tel choix impliquait, ni surtout des biais
introduits par les effets bien connus de la dynamique de groupe ; enfin,
1 ' artificialité de la situation est évidente : en demandant à des spectateurs de
réagir à des programmes constitués en texte on risque de susciter à leur
égard une intensité d'attention qu'ils n'auraient jamais reçue normalement
(Day an, 1992), ou de favoriser certains groupes de significations et d'en
écarter d'autres (Dahlgren, 1988). Ces problèmes méthodologiques limitent,
bien sûr, le caractère généralisable des études de réception, mais ils ne doi¬
vent pas pour autant conduire à sous-estimer leur intérêt. Pour la première
fois, on comprenait concrètement les mécanismes qui lient le téléspectateur à
la télévision. On retiendra de la somme un peu disparate des résultats appor¬
Dominique Pasquier

lyse des lectures culturelles, à travers les travaux sur la réception du feuille¬
ton, et l'analyse du rôle de la télévision dans le réaménagement de la sphère
domestique.

Les lectures culturelles du feuilleton

Le feuilleton a constitué dans les années quatre-vingt un secteur priviligié


des études de réception6. On comprend bien pourquoi : c'est un genre télé¬
visuel dont le public est à la fois fidèle et impliqué. On pouvait donc suppo¬
ser trouver là des téléspectateurs particulièrement actifs. C'est aussi un
genre qui repose sur un principe d'identification à certains personnages : les
mécanismes à l'œuvre dans la consommation de fiction y sont donc particu¬
lièrement marqués. Enfin, le véritable phénomène constitué par le succès
international de Dallas permettait de tester une hypothèse majeure : en quoi
l'interprétation d'un programme est-elle liée à la communauté culturelle
d'appartenance du téléspectateur ? En présentant la réception du feuilleton
comme un processus très actif de construction du sens et de mise en relation
avec l'expérience personnelle du téléspectateur, ces études renouent en fait
avec des travaux qui avaient été menés dans les années quarante sur les
feuilletons radiophoniques et qui mettaient en valeur les dimensions
sociales de leur consommation : les auditrices étudiées par Herta Herzog
parlent des feuilletons comme d'un modèle d'expérience sociale qui leur
permet de trouver des solutions aux problèmes qui se posent dans leur vie
quotidienne (Herzog, 1941). Warner et Henry, étudient les feuilletons
comme un système de symboles qui renforce l'intégration des auditrices en
les convainquant que le foyer représente un monde protégé face à un univers
extérieur hostile (Warner et Henry, 1948). Par rapport à ces deux études
pionnières, les travaux sur la réception du feuilleton menés au cours des
années quatre-vingt ont permis d'une part de réintégrer une perspective
sociologique en étudiant la manière dont le sens est négocié sur la base des
ressources culturelles de chaque individu, et d'autre part d'analyser concrè¬
tement les mécanismes qui permettent au téléspectateur de négocier sa parti¬
cipation à l'univers fictionnel, en adoptant successivement une position de
distance et une position d'investissement.

Le premier mécanisme est apparu particulièrement nettement dans la série


de travaux qui ont été menés sur la réception de Dallas dans différents pays et
qui montrent que la réception se construit dans un contexte caractérisé par des
communautés d'interprétations. C'est donc beaucoup plus les sous-cultures
d'appartenance que les classes sociales qui déterminent la lecture du pro-

voir6.Morley,
Il existe1980
toutefois
; Lewis,
un certain
1985 ; Dahlgren,
nombre de 1985.
travaux portant sur la réception de l'information :

74
Vingt ans de recherches sur la télévision

gramme (ce qui avait été mis en évidence par le travail pionnier de David
Morley, 1980). Katz et Liebes ont mené une enquête sur 600 téléspectateurs
issus de cinq communautés culturelles (Américains, juifs Russes d'immigra¬
tion récente en Israël, Arabes vivant en Israël, juifs Marocains, et kibbutznik)
observés et interviewés par groupes de six devant le même épisode de Dallas.
Il ressort de ce travail que chaque communauté culturelle a sa propre manière
d'interpréter le programme et de le raconter. Les groupes arabes et juifs
marocains déroulent un discours linéaire, pris dans l'histoire séquentielle, et
situent les personnages par leurs rôles familiaux. Les kibboutzniks et les
Américains ont un récit segmenté, centré sur les personnages qu'ils identi¬
fient par leurs noms, et, contrairement aux précédents, ils aiment jouer de
l'histoire qui leur est racontée et anticiper les événements à venir. Les juifs
Russes se situent encore dans un autre schéma avec un récit thématique, cen¬
tré sur les messages, et un discours très critique qui fait abondamment réfé¬
rence au contexte de production du programme - les acteurs, les producteurs
hollywoodiens, l'idéologie capitaliste américaine - (Liebes et Katz, 1990).
Les autres travaux menés sur Dallas renforcent cette hypothèse d'une lecture
déterminée par l'inscription culturelle du téléspectateur : en Algérie (Stolz,
1983), les personnages et les intrigues de Dallas ne sont pas perçus comme
un univers réaliste ni une image du capitalisme moderne, mais comme un
récit qui met en scène une réalité que les Algériens ont connu par le passé
(valeurs traditionnelles d'allégeance à la famille large, autorité du père de
famille, solidarité de la famille contre l'extérieur). C'est une histoire prémo¬
derne de la famille. En Hollande (Ang, 1985), Dallas est vécu comme une
antidote à l'absence de structure familiale contraignante qui caractérise la
société néerlandaise. En Allemagne (Herzog-Massin, 1986), c'est l'inverse :
Dallas exalte chez les téléspectateurs le sens de la solidarité familiale large
telle que les Allemands la vivent mais sans oser l'assumer.

Deuxième mécanisme étudié : la manière dont le téléspectateur négocie sa


participation à l'univers fictionnel en jouant sur un double registre de lec¬
ture. Katz et Liebes parlent d'un côté d'une lecture référentielle par laquelle
le téléspectateur connecte le programme avec la vie réelle, met en relation
les héros ou les intrigues avec des personnages ou des événements qui lui
sont familiers, et entre dans le jeu de la fiction en imaginant ses propres
réactions s'il était confronté aux problèmes qui lui sont soumis à l'écran.
Cette lecture référentielle est la plus fréquente (elle caractérise les trois
quarts des discours recueillis), elle est aussi particulièrement répandue chez
les téléspectateurs ayant un niveau d'éducation bas. Mais elle n'est jamais
exclusive d'une deuxième lecture que l'on pourrait qualifier de critique, et
qui consiste à traiter le programme comme une construction fictionnelle qui
obéit aux règles d'un genre avec ses formules, ses conventions et ses sché¬
mas narratifs. Ainsi, s'il existe une corrélation entre le profil sociologique
du téléspectateur et sa lecture du texte télévisuel, la lecture référentielle

75
Dominique Pasquier

n'est pas pour autant signe de passivité puisqu'elle laisse toujours une place
pour des lectures oppositionnelles ou critiques. Katz et Liebes s'inscrivent
donc en faux avec l'opposition que fait Umberto Eco entre le lecteur naïf et
le lecteur intelligent. Dans leur analyse, le téléspectateur est tour à tour naïf
et critique, avec une propension à être plus d'un côté que de l'autre suivant
son origine socio-culturelle.

Plusieurs autres recherches ont porté sur cette question de la négociation


fiction/réalité telle qu'on peut l'analyser du point de vue du téléspectateur.
Hjort (1986), dans une analyse comparée de la réception d'un feuilleton
national et d'un feuilleton américain, montre que le public danois a l'impres¬
sion de pouvoir mieux exprimer des émotions comme l'amour ou la haine à
travers Dallas, qui est perçu comme un terrain neutre coupé de la vie réelle,
qu'à travers un feuilleton danois qui est perçu sur un mode réaliste et incite
donc à une évaluation plus critique. Ainsi, le souci de vraisemblance des
intrigues et des personnages s'accroît quand augmente la proximité culturelle
avec les codes du feuilleton. Jean Bianchi (1990) a comparé la réception de
Chateauvallon et de Dallas en France et émet l'hypothèse que le feuilleton
fournit à son récepteur l'occasion de tester ses systèmes de défense et ses sys¬
tèmes de valeurs. Il consent à un contact avec des situations nouvelles pour
lui, des conflits inédits, des pratiques étrangères. D'après Kim Schroder
(1988) qui a étudié la réception de Dynasty, ce jeu sur les codes constitue le
principal attrait du feuilleton : les feuilletons sont parsemés d'éléments narra¬
tifs improbables qui permettent au téléspectateur de se replier sur une posi¬
tion de distance quand la tension liée à l'exploration des problèmes de la vie
à travers le feuilleton devient trop forte. Pour David Thorburn (1982), le
mélodrame télévisuel établit un contrat esthétique avec son public. Il lui
donne la possibilité d'explorer de§ tensions sociales et individuelles et
d'affronter des comportements qui seraient choquants ou menaçants au regard
des codes moraux en vigueur. Plus encore, il offre la garantie que cette expé¬
rience se terminera sur une note de réassurance et d'acceptabilité morale
parce qu'il est parsemé d'événements invraisemblables qui permettent au
téléspectateur de suspendre son investissement et se retirer sur une position
de la
distance,
fiction.dès lors qu'il commence à être atteint par le caractère d'amoralité

Télévision et sphère domestique

Le caractère ethnographique des études de réception a conduit certains


chercheurs à poser une autre question : celle de la place de la télévision au
sein de la sphère domestique. Le projet est dans ce cas un peu différent
puisqu'il ne s'agit pas d'analyser la construction du sens d'un programme par
un téléspectateur mais d'analyser le rôle que joue la télévision dans les inter¬
actions au sein de la cellule familiale. Toutefois, ces auteurs font l'hypothèse

76
Vingt ans de recherches sur la télévision

que les contextes domestiques de la réception, qui sont ici au cœur de l'analyse,
ont des répercussions importantes sur les lectures des programmes qu'opèrent les
téléspectateurs.

Des psychologues ont étudié les règles concernant la télévision et ce qu'elles


nous apprennent sur la distribution de l'autorité homme/femme ou
parents/enfants, les négociations pour le choix d'un programme, les interactions
familiales spécifiquement liées à la consommation télévisuelle, et la gestion de
l'espace autour de la télévision (Goodman, 1980 ; Brodie et Stoneman, 1983). Le
sociologue James Lull a mené une observation participante sur 200 familles et
distingue deux types d'usages : des usages structuraux (la télévision comme régu¬
lateur du temps familial - le dîner au moment des actualités par exemple -) et des
usages relationnels : la télévision est une aide à la communication familiale qui
permet d'alimenter des conversations sans menace pour l'identité individuelle, de
renforcer l'intimité familiale (complicité, contacts physiques), et qui offre aux
différents membres de la famille l'occasion d'affirmer leur compétence en mani¬
festant des connaissances particulières liées aux questions ou aux personnages
traités à l'écran (Lull, 1990). L'élargissement de son travail à une comparaison
des usages familiaux de la télévision dans différents pays montre que le média est
toujours et partout un instrument de construction des interactions au sein de la
famille mais avec des dispositifs différents selon les cultures étudiées, et surtout
avec des variations importantes dans les modes de consommation selon qu'il y a
ou non des espaces spécialisés au sein de l'habitat domestique (Lull, 1988).

Les travaux de David Morley (1986) ont permis de mettre en valeur une autre
dimension : l'importance du sexe sur le type de relation entretenu avec le média.
De son étude menée par observation participante dans une vingtaine de familles
ouvrières anglaises, il ressort que les manières particulières dont les hommes et
les femmes appréhendent l'espace domestique familial entraînent des comporte¬
ments très différents face à la télévision. Le foyer est considéré par les hommes
comme un lieu de repos et de détente dont la télévision fait partie intégrante : ils
aiment regarder la télévision dans le silence, ont une grande autorité en matière
de choix des programmes, et affichent une nette préférence pour les nouvelles,
le sport et les programmes d'action. D'autres études montrent d'ailleurs que
cette carte des préférences télévisuelles masculines se vérifie quels que soient
les pays (Lull, 1988), et quelles que soient les époques (Gans, 1962). Pour les
femmes au contraire, le foyer est un lieu de travail et la télévision est considérée
comme un plaisir coupable. Elles effectuent toujours une activité domestique en
même temps, et attendent les moments où l'homme est absent du foyer pour
regarder leurs programmes préférés : les fictions7. Pour elles la télévision est

roses
l'univers
7. Voir
est domestique
vécue
aussi par
sur les
ceet thème
lectrices
face à le
l'autorité
travail
commemasculine
de
une
Janice
déclaration
Radway
(Radway,
d'indépendance
qui
1985).
montre queface
la lecture
aux exigences
de romans
de

77
Dominique Pasquier

beaucoup plus que pour les hommes un sujet de discussions soit au sein de la
famille soit dans le voisinage. Le travail de Morley est évidemment très mar¬
qué par les caractéristiques socio-culturelles de son échantillon et l'on trouve¬
rait vraisemblablement une division des sexes moins traditionnelle dans des
milieux sociaux plus aisés. Toutefois, plusieurs recherches s'accordent à sou¬
ligner un même clivage selon le sexe : Dorothy Hobson (1980) et Tania
Modleski (1983) observent des relations très étroites entre les routines
domestiques et la consommation télévisuelle des téléspectatrices de feuille¬
tons, tandis que la multiplication des interactions sociales entre femmes
autour de la télévision au sein ou en dehors de la cellule domestique ressort
des travaux de Ellen Seiter (1991). D'autres études ont porté sur le rôle de la
télévision dans les interactions au sein du milieu professionnel (Hobson, 1982
et 1991 ; Boullier, 1987).

Dans leurs orientations les plus récentes, les travaux sur la place de la télé¬
vision dans la sphère domestique débouchent sur une perspective d'analyse
plus large : le rôle joué par les médias dans l'articulation entre la sphère pri¬
vée et la sphère publique (Morley et Siverstone, 1990). Herman Bausinger
(1984) montre que la lecture du journal au sein de l'espace domestique
constitue à la fois un rituel dont la fonction est de structurer la vie domes¬
tique et une forme de participation symbolique à la communauté nationale.
Shaun Moores (1988) met en relation la progression de la radio dans
l'espace domestique avec l'évolution des relations entre espace privé et
espace public. Il rappelle en outre que les modes d'organisation des espaces
sociaux et notamment de l'espace domestique ont en retour des effets sur les
médias eux-mêmes.

Cette ouverture en direction d'une problématique de l'espace public touche


aussi aujourd'hui les recherches qui étaient jusqu'alors centrées sur la négo¬
ciation des messages par le public. Pour Livingstone et Lunt (1993), la récep¬
tion d'un programme donné renvoie à l'expérience participative du téléspecta¬
teur à une entité collective, participation dont le cadre varie selon les genres et
les émissions (voir aussi la notion de réception secondaire proposée par Ang,
1993). Comme le souligne Daniel Dayan (1992), on assiste à un dépassement
de la dyade texte/lecteur et la question qui se pose désormais aux études de
réception est celle de la constitution identitaire des publics. Son travail avec
Elihu Katz sur les grands événements télévisés s'inscrit dans cette direction :
les media events sont analysés comme des rituels d'action symbolique, régis
par une dramaturgie cérémonielle, qui permettent aux sociétés de renouveler
leur allégeance à des valeurs établies, et même dans certains cas de transfor¬
mer la sphère publique en l'ouvrant à de nouveaux acteurs et à de nouveaux
styles d'interventions. L'événement télévisé est un spectacle politique qui tire
son pouvoir de sa capacité à exprimer les aspirations d'un public qui n'est plus
défini par les frontières nationales (Dayan, 1990 ; Dayan et Katz, 1993).

78
Vingt ans de recherches sur la télévision

Les deux dernières décennies de recherche offrent donc un visage très


contrasté. Deux pôles coexistent - d'un côté des travaux sur les effets, de
l'autre des travaux sur la réception -, et ils occupent des territoires distincts
dans la communauté académique. Force est de constater que le débat entre
eux est pratiquement inexistant. Ils ont pourtant certaines choses en
commun : le souci d'une vérification empirique, l'accent mis sur les proces¬
sus dans les analyses, le recours à la pluridisciplinarité... Mais beaucoup de
choses les séparent aussi. La démarche analytique tout d'abord : le premier
courant part des effets des médias sur la société prise dans son ensemble
pour étudier les manières dont chaque individu mobilise ses ressources face
à ces effets ; le second part de l'individu pris dans sa spécificité et dans la
particularité de sa relation au média ou au message pour comprendre la
nature collective des pratiques. Mais surtout ils aboutissent à des conclu¬
sions antinomiques sur le média lui-même : la télévision qu'analyse la
recherche sur les effets structure l'agenda public, renforce le poids des opi¬
nions majoritaires, creuse les inégalités culturelles et engendre une vision
déformée du monde. Comment serait-elle conciliable avec cette télévision
qui donne la maîtrise au téléspectateur que nous proposent les travaux sur la
réception ? La contradiction est d'autant plus insurmontable que la réhabili¬
tation du téléspectateur par les études de réception s'est doublée d'une réha¬
bilitation de la télévision par des chercheurs qui ont adopté une perspective
anthropologique : Fiske et Hartley (1978) estiment que la télévision remplit
dans notre société les fonctions que remplissait le barde dans la civilisation
celtique en transmettant aux téléspectateurs un sentiment d'appartenance
culturelle et en articulant les grandes lignes du consensus culturel ;
Newcomb et Alley évoquent son caractère de medium choric qui parlerait au
nom d'une voix commune comme les chœurs des tragédies grecques ;
Thorburn (1988) estime qu'il faut la considérer comme la forme narrative
centrale de notre société comme l'ont été les poèmes d'Homère ou le théâtre
élisabethain à d'autres époques (voir aussi Dupont, 1990) ; Newcomb et
Hirsch (1987) parlent de la télévision comme d'un forum culturel où sont
présentées et discutées toutes les grandes questions de la société ;
Dominique Wolton reprend ce point de vue en analysant les capacités de la
télévision généraliste à créer du lien social (1990).

Cette radicalisation des positions a certainement contribué à accroître la


distance quiunsépare
déclenché certain
aujourd'hui
malaise chez
les deux
les chercheurs
pôles de recherche.
des cultural
Elle astudies
même

qui ont le sentiment que leurs travaux sur la réception ont été dépouillés de
leur dimension critique (Morley, 1993) et qui finissent par considérer que
l'opération de mise en valeur des capacités de résistance du téléspectateur
prend aujourd'hui des allures de dérive populiste (Ang, 1990 et Curran,
1990). Bref, on l'aura compris, les débats actuels dépassent largement le
cadre d'une opposition entre partisans d'une théorie des médias puissants et

79
Dominique Pasquier

partisans d'une théorie des téléspectateurs puissants. Ce qui est ici au cœur
du problème, c'est la question du statut social qu'il faut donner au média.
Et
télévision.
c'est sans doute la question que n'a cessé de poser la sociologie de la

Dominique Pasquier
CEMS ( Centre d'étude des mouvements sociaux)
EHESS/CNRS

MOTS CLÉS

Télévision, sociologie, réception de la télévision, effet de la télévision, revue bibliographique.

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