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L’installation de la Vème république est marquée par le retour du général de Gaulle qui revient au
pouvoir en 1958 pour créer un nouveau régime politique, celui de la Vème république. Le régime
d’avant a été marqué par l’irréductible omnipotence de l’Assemblée, la fragilité définitive de
l’exécutif face aux problèmes rencontrés en Outre-mer (Indochine, Maroc, Tunisie). Un correctif
présidentiel s’est révélé déterminant. Suite au déclenchement de la crise algérienne faisant la chute
du gouvernement de Félix Gaillard et le coup d’Etat militaire à Alger, la prise en assaut du siège de la
représentation gouvernementale (gouvernement de Pierre Pflimlin), Le général de Gaulle s’est
déclaré prêt à « assumer les pouvoirs de la république ». Il voulait rétablir le pouvoir républicain
capable d’assurer l’unité et l’indépendance du pays. Le 1er juin, Charles de Gaulle investi par
l’Assemblée devient président du conseil (chef du gouvernement) qui sera le dernier de la IV
république.
L’une des conditions de l’investiture de de Gaulle est que le parlement délègue à ce gouvernement
le pouvoir de prendre par ordonnances les dispositions nécessaires au redressement de la nation.
Cela dérogeait à la procédure de révision prévue par la constitution de 1946. La loi constitutionnelle
du 3 juin 1958 émet les principes qui devront gouverner l’équilibre des pouvoirs publics et des règles
de procédure précises :
- Seul le suffrage universel est la source du pouvoir : le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif
ne dérivent que de lui vers toutes les instances élues
- L’autorité judiciaire doit être indépendante pour assurer la protection des libertés
essentielles
- La constitution doit permettre d’organiser les rapports de la république avec les peuples qui
lui sont associés.
b- La déclaration de 1789 : Elle s’est vue dès le départ une valeur constitutionnelle (principes
d’égalité des droits, de liberté, le droit de propriété, la souveraineté nationale, le caractère
démocratique et protecteur de la loi, la nécessité d’un impôt réparti entre les citoyens en fonction de
leurs facultés, l’égale admissibilité aux emplois publics, la nécessité de l’administration de rendre des
comptes, la liberté d’opinion, d’expression de religion, la séparation des pouvoirs).
d- La laïcité : Elle n’établit aucun lien entre le pouvoir politique et quelque pouvoir religieux
que ce soit. Le principe découle de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat du 5 décembre 1905. De
cela viennent l’indépendance et la neutralité du pouvoir politique par rapport aux églises. C’est un
état civil neutre du point de vue religieux administré par un pouvoir politique séparé de toute église
et ne prônant aucun principe religieux.
Sous la IIIème et IV ème république, le président était élu par le parlement à la majorité absolue
des suffrages exprimés. Ce mode de désignation le plaçait sous le contrôle initial du parlement. Il a
été établi un système intermédiaire consistant à faire élire le président de la république par un
collège d’environ 80000 électeurs. Ce système n’a fonctionné qu’une seule fois lorsque le général de
Gaulle a été élu premier président de la Vème république. Il a été modifié par la loi constitutionnelle
du 6 novembre 1962 disposant que « le président de la République est élu au suffrage universel
direct ».La constitution réaffirme les pouvoirs traditionnels du président de la République
(présidence du conseil des ministres, promulgation des lois, nomination des hauts fonctionnaires,
direction des armées, droit de grâce). Elle le dote de pouvoirs nouveaux propres sans passer par le
contreseing du premier ministre, ni d’aucun ministre. Ainsi, il va de la nomination du premier
ministre et du décret par lequel il est mis fin à ses fonctions (art8), la décision de recourir ou non à un
référendum proposé par le gouvernement ou le parlement (art 11), la dissolution de l’assemblée
nationale (art12), l’utilisation de pouvoirs exceptionnels en temps de crise grave (art 16).
1- L’organisation du parlement :
Le comité Balladur et sur une ancienne proposition du comité Vedel, le ministre sortant du
gouvernement retrouve automatiquement (sauf renonciation de sa part) son siège à l »Assemblée
nationale ou au sénat. Cela rend facile la gestion des remaniements ministériels pour le président de
la république et le premier ministre.
-La limitation du pouvoir de la loi : Avant 1958, le domaine de la loi réservé au parlement était
illimité. Il n’avait de frontières que celles faites par lui-même. L’exécutif n’exerce son pouvoir
réglementaire que dans les matières non investies par le législateur ou celles que le parlement
l’invite à s’en prévaloir. Depuis 1958, le domaine de la loi est fixé limitativement par l’article 34 de la
Constitution. Cet article attribue compétence au législateur dans les domaines essentielles de la loi
( allant des droits civiques , les garanties fondamentales des citoyens dans l’exercice des libertés
publiques jusqu’ à la défense nationale). A ces compétences, il faut ajouter celles de l’article 35 qui
sont plus ponctuelles à savoir la déclaration de guerre complété en 2008 par une décision du
parlement s’agissant des opérations consistant à faire intervenir les forces armées dans les conflits à
l’étranger.
Mais, la véritable nouveauté de 1958 est l’article 37 : « toutes les autres matières ont un caractère
réglementaire. » Le pouvoir exécutif détient alors la compétence normative du droit commun.. Il
s’est vu accorder les moyens de protection de cette compétence contre les intrusions
parlementaires que ce soit a priori (au cours de la procédure législative) ou a posteriori s’il souhaite
modifier par décret les dispositions adoptées par le parlement.
A- Le président de la république
1-Irresponsabilité politique durant le mandat : Au sens classique du terme, le président n’est pas
responsable politiquement devant le Parlement. Elu du suffrage universel direct, il ne doit des
comptes qu’aux seuls électeurs qui l’ont porté aux fonctions qu’il occupe. Il ne sera sanctionné que
par eux s’il se présente à nouveau au suffrage. Rien n’oblige le président de la république
(juridiquement parlant) une fois élu pour cinq ans à abréger son mandat du fait d »une volonté
manifestée contre sa politique ou suite à un refus d’un référendum. La question d’un référendum
porte un point précis et non sur la personne du président. Même dans une défaite aux législatives, le
président est contraint de nommer le premier ministre de la majorité gagnante mais rien l’oblige à
poser sa démission.
C- Le gouvernement :
- Le rôle du premier ministre : L’institution est créée sous la IIIème république (le président du
conseil). Afin de marquer la restauration du gouvernement, la constitution lui a consacré le titre III.
Le gouvernement est placé sous l’autorité politique du premier ministre. Les plus importants des
textes (décrets et lois) exigent la signature du premier ministre, tandis que les simples arrêtés
ministériels ne sont signés que par un ou plusieurs ministres. Les membres du gouvernement sont
nommés par le président de la république sur proposition du premier ministre. Le gouvernement est
celui du premier ministre qui est chargé d’en diriger l’action. Il apparaît comme le coordonnateur
d’un gouvernement dont le président peut choisir et révoquer les membres. Il a en quelque sorte le
statut de délégué du chef de l’Etat devant le parlement.
D- Le parlement
Depuis 1875, comme le veut la tradition républicaine, il est composé de deux chambres (l’Assemblée
nationale et le Sénat), chargées de voter la loi et de contrôler le gouvernement. Leurs débats sont
publics et leurs membres (députés et sénateurs) tiennent de leurs électeurs un mandat représentatif
et non pas impératif.
- L’Assemblée nationale : Elle est élue pour cinq ans au suffrage universel direct dans le cadre
des circonscriptions délimitées au sein de chaque département. Le conseil constitutionnel a décidé
que, sous réserve des impératifs d’intérêt général, on peut s’écarter ponctuellement du critère
démographique, un député représentera en moyenne 125000 habitants. La constitution fixe le
nombre de 577, en le considérant comme un maximum. Les députés sont élus (avec leur suppléant)
au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Elle peut mettre en cause la responsabilité du
gouvernement et qu’en contre -partie, elle peut être dissoute par le président de la république, ce
qui met fin au mandat des députés.
- Le Sénat : Il est élu au suffrage indirect par un collège de grands électeurs constitué par les
députés, les conseillers régionaux, les conseillers généraux et les délégués des communes. Selon
l’article 24 de la constitution, il assure la représentation des collectivités territoriales de la
République. Les pouvoirs législatifs et budgétaires du sénat sont inférieurs à ceux de l’Assemblée
nationale dans la mesure où pour le vote des lois, le gouvernement peut donner le dernier mot à
l’Assemblée nationale et où le budget est soumis en priorité à celle-ci. En revanche, depuis la
réforme de 2003, les projets de loi ayant pour principal objet l’organisation des collectivités
territoriales sont soumis en premier lieu au Sénat. Le sénat dispose de pouvoirs égaux à ceux de
l’Assemblée nationale pour l’adoption des réformes constitutionnelles. On reproche au sénat son
caractère moins démocratique que celui de l’Assemblée, sa représentation excessive des
campagnes, son caractère conservateur.
E- Le phénomène majoritaire
La loi constitutionnelle de 3 Juin 1958 stipule que « le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent
être effectivement séparés de façon que le gouvernement et le parlement assurent chacun pour sa
part et sous sa responsabilité la plénitude de leurs attributions». Toutefois, la distinction dans la
pratique s’opère entre le bloc majoritaire ( le gouvernement et sa majorité parlementaire) d’une part
et la minorité parlementaire d’autre part. La balance des pouvoirs ne se situe plus entre le parlement
et le titulaire du pouvoir exécutif mais entre un pôle majoritaire et la minorité parlementaire.
Le phénomène majoritaire est l’existence d’une majorité stable pour soutenir le gouvernement. Ces
deux raisons l’expliquent :
2- L’élection présidentielle au suffrage universel direct à partir de 1062 ne laisse en lice au second
tour que deux candidats et joue dans le même sens ( Georges Vedel) : Les partis se sont structurés
en vue de cette direction.
Au début dans les années 70, les sénateurs n’avaient pas de correspondance partisane claire. Les
groupes n’ont pas d’équivalent dans l’AN ( groupe républicain populaire et du centre démocratique/
rassemblement démocratique et social européen). Il y avait une certaine volonté d’autonomie ne
serait-ce que par l’intitulé. Il y avait des exceptions (groupe communiste/ groupe socialiste/ groupe
gaulliste) mais ne représentaient pas la majorité des sénateurs.
Au fur et à mesure que le déclin en chiffres a commencé en plus de l’adhésion limitée aux partis
politiques, les forces politiques du sénat se sont alignées sur celles présentes à l’AN donc sur les
partis politiques. Ceci a conduit à une bipolarisation du sénat entre une majorité sénatoriale
( appelée avant une concertation sénatoriale) et une opposition (minorité sénatoriale).
Ceci a eu des conséquences sur l’apparition du fait majoritaire:
1- majorité sénatoriale, minorité sénatoriale et bloc majoritaire: La majorité et l’opposition
sénatoriales vont se positionner par rapport au gouvernement comme soutien ou opposition
face au chef de l’Etat (soutien ou opposition). Certains sénateurs font donc partie de la majorité
parlementaire
2- Remise en cause de l’image traditionnelle du sénat en tant que contre- pouvoir au bloc
majoritaire. Il y a un risque de voir la majorité et la minorité sénatoriale pratiquer tout à tout
soit l’obstruction, soit le simple acquiescement face au bloc majoritaire. L’aspect technique
( qui vise l’amélioration de la loi) est contourné et orienté vers une finalité politique.
Bertrand de Jouvenel dit que « la difficulté propre de la science positive en matière politique
par sa nature même, elle détruit ce que la science normative tenta d’ériger » . Ce qui est tout à
fait applicable dans le cas de tous les systèmes constitutionnels. Le système français est
considéré comme un système bâtard et spécifique. Il a opéré un saut qualificatif entre la
condition du chef d’Etat qui n’est rien ( régime parlementaire) et qqch ( régime présidentiel).
Le régime sous la Vème république a conservé une continuité avec l’IIIème et la IVème
république au niveau de la dualité de l’exécutif, du bicamérisme législatif, de la responsabilité
du gouvernement devant le parlement et de la consécration des droits et libertés.
Il a gardé :
I- Une structure de régime parlementaire
- La loi du 3 juin 1958 déléguait au gouvernement de la IVème république le pouvoir de
préparer une nouvelle constitution, qu’elle devrait respecter la responsabilité du gouvernement
devant le parlement.
- Le chef de l’Etat est désigné pour un mandat long et renouvelable, il est irresponsable
politiquement
- Les pouvoirs séparés avec des possibilités de remise en cause réciproques du gouvernement et
de l’AN ( le gouvernement peut voir mise en cause de sa responsabilité politique/L’Assemblée
peut être dissoute, art 12, 49, 50)
Toutefois, dans aucun régime parlementaire en Europe, un président ne dirige la politique du
pays sauf dans le cas français. Le premier ministre est très subordonné au président
La majorité est disposée à ce que le pouvoir présidentiel s’exerce de façon discrétionnaire
Soumission du parlement ( ex la droite refusait l’interruption volontaire de grossesse et elle fût
votée)