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EN COUVERTURE

• Qu'est-ce qui donne • •


leur saveur aux aliments?^
• Apprendre à choisir et
déguster les bons produits • •
m

Des mots qui ont du sens


LE GOÛT est celui de nos cinq sens mm
qui nous permet de reconnaître
les substances chimiques via des récep- Dossier : Isabelle Verbaere, Jean-Paul Frétillet, Taïna Cluzeau et Frédéric Karpyta
teurs situés dans la bouche.

N
L'ODORAT participe naturellement ous sommes à Trigance. dans le Var, pour les plats tout faits, les ingrédients non
au goût pour nous aider à distinguer les à l'entrée des gorges du Verdon. identifiés, ce qui ne fait pas les affaires des
substances chimiques olfactives. Marguerite Audier s'apprête à re- industriels. Et ces derniers réagissent. Charal
vendre son troupeau de chèvres à a introduit les races à viande (charolaise, li-
LA SAVEUR est ce qui est perçu par l'or-
une jeune chevrière. La nostalgie mousine) dans ses steaks hachés pour les
gane du goût (sucré, salé, acide, amer...).
de l'une et les espoirs de l'autre ont été filmés amateurs, mais propose aussi des versions
L'ARÔME - appelé aussi bouquet, fumet, dans un documentaire savoureux, les Chèvres aromatisées à l'oignon pour les ados, et du
parfum - désigne les odeurs perçues de ma mère (sorti le 16 avril). Marguerite s'in- moelleux, avec davantage de gras, pour les
non par les narines, mais par rétro-olfac- terroge sur les nouvelles méthodes enseignées. plus jeunes, qui rechignent à mâcher. « Il y a
tion (ou voie rétronasale). Les arômes «C'est le bien-être de l'animal qui fait que tu un travail de rééducation à faire pour rame-
en bouche passent par le palais pour as un bon lait et il n'est jamais mis en avant. ner la viande dans le quotidien», reconnaît
atteindre une muqueuse de la cavité Tout le reste, c'est de la gnognotte. Dans le un cadre de Charal. A Paris, Nestlé a ouvert
nasale appelée épithélium olfactif. temps, ils faisaient des fromages avec des un restaurant éphémère pour bébés. Au
LA FLAVEUR, francisation de l'anglais goûts très différents ; chacun avait sa manière menu : effeuillé de lotte et cappuccino de
flavour, est un mot de plus en plus utilisé de faire. On arrive à une uniformité.» petits pois. Dans les cantines, les menus
pour désigner l'ensemble des sensations Comment retrouver le vrai goût? Le succès s'affinent. Au collège des Martres-de-
perçues lors d'une dégustation. des émissions de cuisine raconte la méfiance Veyre (63), Jean-Louis Ranger, chef de cui-
Quand les saveurs nous
mènent par le bout du nez
Sucré, salé, acide, amer sont les quatre Manger du chocolat en écou-
saveurs fondamentales. Est apparu tant du jazz le rend plus savou-
dans les années 1980 Vumaml(«savou- reux. Selon une nouvelle étude
américaine, l'environnement
reux» en japonais), associé au glutamate acoustique influe sur notre
- un acide aminé présent naturellement perception du goût, tout parti-
dans les aliments, fréquemment utilisé culièrement sur celui des ali-
en tant qu'exhausteur de goût dans la cui- ments-piaisir, dont fait partie
sine asiatique. Les chercheurs plaident le chocolat. Pour les denrées
neutres, comme le poivron,
pour allonger la liste des saveurs de base aucune amélioration n'a été
en y ajoutant l'astringent, le métallique, relevée, et même le hip-hop
le piquant et le gras. reste sans effet...

Le piquant du piment nrest pas un goût r mais une sensation


de brûlure provoquée par ses molécules de capsaïcitie,
un composé actif qui éloigne les prédateurs. En s'arrimant sur
les récepteurs de chaleur
Le se/ a parfois un goût sucré! de la bouche, elles simulent
Mélangé à des aliments amers
comme l'endive ou le café, le sel une température de 4 2 ° C r
bloque leur amertume et favorise alors que le menthol de
la perception du sucré. Davan-
tage qu'en les mélangeant direc- la menthe fraîche fait croire
tement avec du sucre. à une température de 8 ° C .

Plus d'infos sur le sujet A A A A récepteurs gustatifs en moyenne tapissent


avec France Info
lïnfo *r " U la bouche. 75% d'entre eux se concentrent
/ «Tout comprendre»,
par Pascal Le Guern,
jeudi 24 avril à 14 h 19,16 h 54
sur la face supérieure de la langue. Le reste se répartit au
2 i et Oh25 avec Ça m'intéresse. fond de la bouche, sur le palais et le pharynx.
Nos récepteurs de goût se développent dès la 12e semaine Facile de tromper
sine, partage sa passion des bonnes choses de grossesse. Pour tester la perception gustative des des œnologues!
avec 800 élèves. Sauce à la truffe à Noël, bébés, des chercheurs ont injecté du saccharose dans le Il suffit de quelques
herbes fraîches en saison, carottes bio : « Il ventre maternel. Les fœtus semblent déjà avoir un faible gouttes d'un colorant
faut changer, étonner.» Il propose crudités pour le sucré : ils réagissent en avalant plus de liquide rouge dans un verre
et fruits en buffet, quitte à leur servir des amniotique. Au contraire, quand les chercheurs injectent
pommes déjà coupées pour qu'ils croquent de blanc pour qu'ils lui
une solution amère, les bébés déglutissent moins.
plusieurs variétés. Le réseau Agrilocal, mis attribuent toutes les
en place par le département du Puy-de- caractéristiques du
Dôme. lui permet de faire son marché auprès Groseille peu mûrer thé vert très fort ou certains vins rouges... vin rouge. La raison :
des producteurs des environs. Même si cer-
tains collégiens bougonnent des «je connais la sensation est la mêmer comme si l'intérieur de la bouche les signaux visuels
pas,je prends pas»,ils s eveillent sans le savoir srasséchait : c'est Pastringence. Elle est due à une interaction arrivent dix fois plus
aux saveurs authentiques. Le dernier carton entre les tanins (des molécules produites par les plantes) et vite au cerveau que
en date à la cantine : les yaourts fermiers de
la famille Gourdy à Gelles (63). La recette :
des protéines présentes dans la salive (PRP pour protéines le goût ou l'odorat,
lait de montagne, arômes naturels, aucun riches en proline). Conséquence : une diminution de la lubrifi- ce qui modifie notre
agent de texture. Les ados adorent. • cation des muqueuses à l'intérieur de la bouche. perception.

MA! 2014 j Û f
Comment se forment
Comment sait-on
qu'un fruit est mûr?
Le nez

nos préférences ?
Les récepteurs olfactifs détectent
les molécules odorantes dans
l'air inspiré, mais aussi celles qui
sont libérées par les aliments dans
la bouche et qui remontent de la
gorge vers le nez. Lors d'un rhume,
cette voie d'accès est bouchée,
Si le fenouil, l'ail ou le cumin l'anis au cours des deux dernières semaines
de la grossesse manifestent une attirance pour et les aliments paraissent insipides,
ce qui atteste du poids de l'olfaction
parfument vos assiettes, cette odeur. Ce qui n'est pas le cas de ceux qui dans la perception des flaveurs. ^
il y a de fortes probabilités n'y ont pas été exposés. « Ces expériences
initiales forgent nos premières préférences
pour que votre mère s'en alimentaires et conditionneront les suivantes», La vuey l,ouïèy le toucherj •
soit également régalée. souligne Roland Salesse. Et certaines d'entre
elles sont universelles. Tous les nourrissons La vue informe sur la couleur et
l'aspect de l'aliment, et fait saliver,
ont des mimiques de plaisir lorsqu'ils boivent étape essentielle pour percevoir

A
u petit déjeuner, les habitants de de l'eau sucrée, et tous rejettent une solution les saveurs. L'ouïe renseigne sur
l'Avesnois (Nord) se régalent d'une amère. Un dégoût peut-être déterminé par le croquant d'une pomme, le crous-
tartine au maroilles trempée dans les gènes : cette saveur est reliée aux subs- tillant des chips. Le toucher sur
un bol de café. A l'évocation de tances toxiques présentes dans les végétaux. la fermeté d'une pêche ou encore la
cette habitude rendue célèbre par le film de souplesse d'un camembert.
Dany Boon, Bienvenue chez les Ch'tis, l'esto- Les enfants allaités acceptent plus
mac des Méridionaux se retourne comme facilement les aliments nouveaux
une chaussette. Mais eux ne trouvent rien à Les bébés sont surtout attirés par l'odeur
La langue 1
redire à l'ail cru... Et, chose stupéfiante, leurs du lait humain, a fortiori celui de leur mère La langue est tapissée de papilles
nouveau-nés aussi en aiment l'odeur pour- parce qu'il contient des arômes et des saveurs gustatives qui lui donnent
tant puissante î De là à en conclure que ces qu'ils ont déjà perçus in utero. La tétée conti- son aspect rugueux. Il n'y a pas I
préférences alimentaires sont inscrites dans nue ensuite à enrichir le catalogue des goûts | une région dédiée au salé,
nos gènes, il n'y a qu'un pas. 3 au sucré ou à l'amer sur la langue.
de l'enfant. «Certains composés aromatiques | Les 8 000 bourgeons du goût W
En réalité, elles ne sont pas innées mais des aliments passent dans le lait maternel», i sont susceptibles de détecter n'im- f
acquises dans le ventre de la mère. Dès le détaille Sylvie Issanchou, chercheur au Centre j porte quelle molécule sapide dès
troisième trimestre de la grossesse, le fœtus des sciences du goût et de l'alimentation de | lors qu'elle est diluée dans la salive.
perçoit les saveurs. Celle du sucre, par Dijon (CNRS, Inra). «Ainsi, les bébés dont la
exemple, lorsque sa mère a mangé une tarte maman a mangé des carottes apprécient plus
aux pommes. Le glucose passe dans le sang volontiers que les autres enfants les aliments facilement de faire des expériences culinaires.
de la maman, puis dans celui du bébé, dont il qui en ont Fodeur, quand vient le moment de C'est le moment de leur proposer une variété
titille les papilles gustatives. Le fœtus sent la diversification alimentaire.» Cet apprentis- de saveurs et d'arômes, mais aussi de textures,
aussi les arômes, dont une centaine (ail, fe- sage est plus limité avec les laits industriels en tenant compte, bien sûr, de leur capacité
nouil, banane, vanille, cumin) se retrouvent dont les flaveurs sont constantes. « Ceci expli- à mastiquer. Et s'ils rejettent un mets une
dans le liquide amniotique. «Nos récepteurs querait que les enfants nourris au biberon première fois, il suffit souvent de leur propo-
olfactifs, à l'instar de ceux des poissons, sont acceptent moins facilement les aliments ser de nouveau pour qu'ils l'acceptent. Les
capables de détecter les molécules odorantes nouveaux que ceux qui ont été allaités.» petits pots industriels, qui semblent avoir tous
diluées dans l'eau», détaille Roland Salesse, La période de la diversification alimentaire le même goût, ne sont pas à bannir. «S'ils
coauteur d'Odorat et goût De la neurobiolo- apparaît essentielle dans le développement permettent d'introduire des goûts et des
gie des sens chimiques aux applications. Ainsi de la tolérance pour des aliments nouveaux textures variés et proches de ceux que l'enfant
les nouveau-nés dont la mère a mangé de chez l'enfant. Entre 6 et 18 mois, ils acceptent trouvera à la table familiale, il n'y a pas de
raison de les exclure, estime Sylvie Issanchou.
Et si les parents les trouvent fades, c'est qu'ils
U N GOÛT V E N U D'AILLEURS. sont habitués à manger salés, et que les petits
pots ne le sont pas ! » Et de surenchérir : « On
Le poivre coûte aussi cher que l'argent aime ce que Ton a l'habitude de manger. Si

A
l'on consomme régulièrement des aliments
vant d'être importé en Europe très vite florissant. Comme les autres
très salés et très sucrés, on ne perd pas sa
au Moyen Age, le poivre a été l'une épices, on l'emploie pour ses vertus sensibilité gustative, mais on perçoit comme
des épices les plus anciennement médicinales, mais il met aussi en appétit, insipides tous les produits qui ne le sont pas.»
utilisées en Orient. Pline l'Ancien, dans aide à la digestion et incite à l'amour. Vers l'âge de 2 ans, la majorité des enfants
son Histoire naturelle, s'étonne de cet C'est également un cache-misère... deviennent difficiles. Ils développent une
usage : «Cela brûle la langue, coûte aussi Dans le Mesnagier de Paris, l'un des pre- néo-phobie, autrement dit une réticence à
cher que l'argent alors qu'il s'agit seu- miers ouvrages de cuisine (xive siècle), goûter des mets dont la consistance, le goût
lement de graines d'arbres sauvages.» on explique comment réveiller un vin ou l'odeur leur sont étrangers. Et parmi les
En France, le commerce du poivre devient éventé : en y ajoutant du poivre! aliments quils connaissent,ils se mettent à
Le cerveau IJLfhomme aime
Arômes, saveurs, consistance,
couleurs : la synthèse de toutes ce qui le rassasie"
ces données sensorielles est son système gustatif
réalisée dans des zones du cortex
dites «aires associatives». les différences de
C'est aussi dans ces zones que concentration de
les émotions et les souvenirs sucre dans son sang.
se mélangent aux sensations. J'émets l'hypothèse
C'est jaune, acide, sucré, fibreux, suivante : après que
juteux... Autant d'infos qui conver-
gent pour aboutir à la perception sa mère a mangé,
consciente d'un ananas mûr. il ressent comme elle,
avec ses propres cir-
Annick Faurion, cuits neuronaux, un
Le palais chercheur au labora-
toire de neurobiologie
soulagement lorsque
Le palais et les autres muqueuses sensorielle au CNRS, la glycémie redevient
de la bouche sont tapissés par à Jouy-en-Josas. normale. Et il asso-
les terminaisons nerveuses du nerf cie ce réconfort à la
trijumeau (un nerf crânien) sen- Ça m'intéresse : sensation sucrée.
sibles à de nombreuses caractéris-
tiques des aliments : température, Pourquoi préférons- ÇM : Pourquoi
fluidité, homogénéité, pétillement, nous les aliments certaines personnes
piquant, fraîcheur, aspect métal- gras et sucrés? ont-elles besoin
lique et astringence. Annick Faurion : de sucrer ou de saler
Le conditionnement plus que les autres?
joue un rôle déter- A.F.: La sensibilité
Les dents minant dans l'élabo- aux saveurs varie
La tendreté, l'élasticité, la souplesse ration de nos préfé- d'une personne à
des aliments est appréciée grâce rences alimentaires. l'autre : elle peut par
à des capteurs autour de la racine
des dents. Ils sont sensibles aux Lorsque nous man- exemple être 24 fois
variations de pression exercées lors geons un aliment plus importante pour
de la mastication. Cette perception pour la première fois, le saccharose. C'est
de la consistance est affinée par des nous mémorisons génétique. Une per-
capteurs situés dans les muscles deux types de carac- sonne qui met deux
de la mâchoire qui renseignent sur
l'effort fourni pour mâcher. téristiques : des sen- sucres dans son café
sations (saveur, tex- n'aime pas forcément
ture, arôme...) et des plus le sucre qu'une
en refuser certains, particulièrement les lé- roule est déterminant pour la mise en place infos (transmises par autre qui en met un
gumes. Pour plusieurs raisons. D'abord cer- des préférences et des aversions alimentaires.» le tube digestif) sur demi. Elle y est peut
tains d'entre eux, comme les endives et les C'est pourquoi nous avons la nostalgie du sa capacité à couvrir être moins sensible.
épinards, sont amers, saveur rejetée depuis goût des fraises cueillies dans le potager de nos besoins énergé- Des variations inter-
la naissance. D'autres ont des arômes très notre grand-mère ou du poulet qu'elle nous tiques. Les aliments viennent aussi avec
prononcés, comme le céleri, le navet et le cuisinait avec amour. gras et surtout su- l'âge. Les enfants
chou. «Les enfants qui sont peu ou à l'inverse Reste une question essentielle : nos préfé- crés, parce qu'ils per- et les adolescents,
très réactifs aux odeurs, sont les plus néo- rences peuvent-elles nous conduire à la dé- mettent au taux de parce qu'ils ont
phobes, les plus sélectifs », révèle Sophie pendance ? Les produits sucrés tout comme sucre dans le sang de faibles réserves
Nicklaus, chercheur au Centre des sciences les aliments gras ont un effet psychotrope (glycémie) de vite énergétiques et
du goût et de l'alimentation (CNRS, Inra). apaisant, provoquant, comme les drogues, la remonter, stimulent bougent beaucoup,
libération de dopamine dans le noyau ac- des circuits du plaisir ont une attirance
Les produits sucrés ou gras ont cumbens, la région du cerveau impliquée dans dans le cerveau. A prononcée pour
un effet psychotrope apaisant le plaisir. Mais si la consommation de cocaïne l'instar des animaux, le sucré qui diminue
Autres désavantages des légumes : ils sont ou d'amphétamine augmente la concentration
l'homme aime les à l'âge adulte. La
présentés sous leur forme brute, alors que les de ce neurotransmetteur de 500 %, celle d'un
aliments qui le rassa- culture joue aussi un
autres aliments, les laitages par exemple, sont aliment sucré ne l'accroît que de 45 %. Enfin,
l'hypothèse d'une dépendance au sucre ou sient et, par exten- rôle. En France, nos
très transformés. Ensuite, la plupart sont peu
au gras induirait des symptômes de sevrage sion, leurs caractéris- traditions culinaires
rassasiants. Au final, les enfants qui n'aiment
pas les légumes feront des adultes qui ne les lorsqu'on n'a pas eu sa dose depuis plusieurs tiques sensorielles. ne mettent pas en
apprécient pas non plus, même si cette aver- heures, qui devraient donc apparaître le ÇM : Ce penchant avant le mélange des
sion a tendance à s'amenuiser à partir de matin après une nuit à jeun, comme on le voit à éprouver du plaisir saveurs sucrées et
l'adolescence, surtout chez les filles. «Les lé- chez les fumeurs qui allument leur première quand on mange des salées, ce qui expli-
gumes sont d'autant plus rejetés que les pa- cigarette au saut du lit. Or les pulsions ali- aliments rassasiants que en partie la faible
rents poussent, voire forcent, leurs enfants à mentaires surviennent en fin d'après-midi ou est-il génétique? teneur en sucres de
les manger, déplore Sophie Nicklaus. Le cli- le soir, quand on est fatigué, stressé et que A. F. : In utero, le nos sodas par rap-
mat émotionnel dans lequel le repas se dé- l'on a besoin d'une parenthèse de douceur. bébé perçoit avec port à d'autres pays.

MAI 2014 jGf


Qu'est-ce qui donne
leur goût aux aliments ?
Les méthodes de culture et voire vertes.» Idem pour celles qui sont
cultivées en automne et en hiver. La biosyn-
d'élevage ont un rôle prouvé thèse du sucre et des arômes nécessite soleil
sur les arômes et les textures, et chaleur. La température idéale pour la
tomate se situe autour de 24 °C, un niveau
donc la qualité des produits. atteint sous serre en début de saison. En été,
il y fait trop chaud ; mieux vaut alors choisir
des tomates de plein champ.

L
a nostalgie n'est pas la seule raison La recherche du meilleur rendement est
qui nous fait regretter les fraises de la même dans les élevages de poulets. Les
notre enfance, les œufs de la ferme variétés standards sont issues de croisements
du village et ce lait crémeux qui sélectionnés pour leur croissance rapide. Ils
moussait dans le pot. Méthodes de culture atteignent 2 kilos — poids requis pour l'abat-
et d'élevage, techniques de conservation, tage — en 35 à 42 jours. Les productions sous
circuits de distribution... tout a changé. Pour signe de qualité (Label rouge, bio) sont issues
preuve, la tomate, désormais consommée de souche à croissante lente, voire de race
toute l'année. « Pour répondre à la demande, ancienne comme le poulet de Bresse ou la
il a fallu recourir à des variétés à fort ren- géline de Touraine. Les poulets bio et Label
dement produisant des fruits colorés et rouge atteignent 2 kilos en 81 jours minimum. juteuses, mais maigres donc peu aroma-
présentables même lorsqu'ils ne sont pas Pourquoi y gagnent-ils en goût ? « L'âge à tiques. « C'est le contraire pour les races
mûrs, et capables de supporter chambres l'abattage a une grande influence », expose laitières dont la chair est grasse et savou-
froides, délais de distribution et vente en Elisabeth Baéza, de l'unité de recherches reuse, mais coriace et difficile à mâcher»,
libre-service », souligne Mathilde Causse, avicoles du centre Inra de Tours. « La chair détaille Brigitte Picard, responsable de
chercheur dans l'unité génétique et amélio- est plus ferme et plus riche en phospholi- l'équipe Efficacité de production et qualité
ration des fruits et légumes à l'Inra d'Avi- pides, acides gras qui contiennent les précur- des produits carnés des ruminants à l'Inra
gnon. Les variétés de tomates dites long life, seurs des arômes de la viande.» de Clermont-Ferrand. « Pour en apprécier
sélectionnées dans les années 1990, répon- les saveurs, il faut donc privilégier les mor-
dent parfaitement à ce cahier des charges. Trois caractéristiques sont à ceaux tendres comme l'entrecôte, le filet et
Seulement voilà, elles sont fades. considérer pour le goût du bœuf : le faux-filet. Les races mixtes utilisées à la
Refaisons le chemin à l'envers. Pour les tendreté, jutosité et flaveurs fois pour le fromage et la boucherie, comme
fruits, le moment de la cueillette est capital. La race est également déterminante dans la montbéliarde, la Salers ou l'Aubrac,
Les molécules odorantes apparaissent en le goût du bœuf. Trois caractéristiques, qui peuvent représenter un bon compromis.»
toute fin de maturation, et disparaissent rapi- ne sont pas nécessairement associées, sont Les conditions d'élevage ont elles aussi
dement après la cueillette. «Il en existe 400 à prendre en compte : la tendreté, la jutosité une incidence sur le goût de la viande, sur-
chez la tomate, dont une trentaine sont déter- et les flaveurs. Les arômes sont nichés dans tout l'agneau. «En France, la plupart des
minantes pour le goût, et changent d'une le gras. Or les races à viande, comme la bêtes sont élevées en bergerie et nourries de
variété à l'autre, précise Mathilde Causse. La charolaise ou la blonde d'Aquitaine, ont été concentrés de céréales, de tourteaux de soja
plupart de ces arômes ne sont pas présents sélectionnées pour leur capacité à faire du et de fourrages», explique Sophie Prache,
dans les tomates cueillies encore orange, muscle. Elles donnent des viandes tendres, chercheur dans l'unité mixte de recherche
sur les herbivores de l'Inra de Clermont-
Ferrand. «Un régime riche qui booste leur
U N G O Û T V E N U D ' A I L L E U R S• •• croissance et permet de les abattre entre 3 à
4 mois d'âge. Les agneaux labellisés élevés
Le cacao : une redoutable amertume en France (bio, AOC, certains Labels rouges)

C
sont nourris essentiellement au pâturage, de
ette fève débarque en France par version adoucie conquiert l'élite euro- même que ceux venant d'Irlande et de Nou-
le port de Bayonne en 1609. C'est au péenne. «C'est non seulement une boisson velle-Zélande, où l'herbe pousse toute l'an-
siècle précédent, en Amérique du Sud, délicieuse, mais une monnaie heureuse, née. Ils se développent donc moins vite, et
que les explorateurs espagnols dégustent qui interdit toute spéculation puisqu'elle ne partent à l'abattoir entre 4 et 7 mois. Leur
pour la première fois une boisson d'une peut être conservée longtemps», s'enthou- viande a une flaveur plus forte qui s'accentue
redoutable amertume, épicée de piment, siasme Pierre Martyr d'Anghiera, un huma- encore avec l'âge de l'animal.»
d'ambre et de musc. Les missionnaires niste espagnol du xvie siècle. La marquise L'alimentation des animaux a bien sûr un
christianisent le breuvage en l'agrémentant de Sévigné en raffole, au point d'en boire impact sur le goût des produits laitiers. Les
de cannelle, de vanille et de sucre. Cette du matin au soir pour calmer ses fringales. vaches des régions herbagères (comme en
"Les arômes trompent
aussi notre cerveau"
totale en sel dans
l'aliment, alors que
ce que l'on perçoit,
c'est la quantité libé-
rée dans la bouche
et qui accède aux ré-
cepteurs situés sur la
langue. Cette quan-
tité dépend de la
Dr Elisabeth texture et de la com-
Guichard, position de l'aliment.
chercheur au Centre des ÇM : La texture
sciences du goût et de
l'alimentation de Dijon. influe-t-elle sur
le qoût?
Ça m'intéresse : E.G. : Les agents
Les additifs alimen- épaississants (dans
taires changent-ils les sauces, yaourts)
le qoût? peuvent modifier le
Elisabeth Guichard : goût : par une inter-
Les industriels uti- action entre les mo-
lisent depuis long- lécules, ils piègent
temps les arômes, certains arômes. On
naturels ou artificiels. a constaté que l'ajout
Maintenant, nous d'un épaississant
bouteille, de maîtriser temporairement le dans un yaourt dimi-
étudions comment ils
développement des microbes tout en conser- nue l'arôme «pomme
affectent la percep-
vant les arômes. Cette technologie, nouvelle
tion des aliments, verte». Certains
en France, commence à être utilisée pour
car ils peuvent trom- agents de texture
concevoir des jus de fruits vendus au rayon
frais» (marque Ulti). per le cerveau. Les peuvent réduire les
arômes «fromage» saveurs telles que
Le beurre produit en baratte, ou «jambon» ren- l'acide, l'amer, le su-
plus savoureux, est mûri forcent la perception cré et le salé. Le pro-
pendant une quinzaine d'heures du salé. L'intérêt duit semble plus
Le lait des vaches qui broutent donne est alors de pouvoir fade, et le consom-
également un beurre plus appétissant. « Il diminuer la quantité mateur peut être
est plus riche en caroténoïdes donc plus de sel ajouté. D'au- tenté de le sucrer ou
jaune, spécialement au printemps, mais aussi tres additifs peuvent le saler davantage.
des couleurs aux fraises plus fondant, et son arôme rance est atté- modifier le ressenti ÇM: La façon dont
nué», constate Catherine Hurtaud, cher- de la texture : un nous manqeons
La lumière du soleil déclenche la cheur dans l'équipe Alimentation et nutri- yaourt parfumé à joue-t-elle un rôle?
photosynthèse qui aidera le fruit à
fabriquer sucre et arômes. D'où
tion de l'Inra de Saint-Gilles. « I l est l'arôme «beurre E.G. : Il semble es-
l'importance d'une cueillette tardive. particulièrement savoureux lorsqu'il est gras» paraît plus sentiel de prendre
produit en baratte car il est mûri par des épais au consomma- le temps de mâcher
montagne), nourries essentiellement au pâtu- ferments pendant une quinzaine d'heures, teur. Le but est de pour profiter du goût
rage à la belle saison, produisent un lait cru ce qui n est pas le cas des produits indus- des aliments. Notre
faire en sorte que les
aux arômes plus prononcés que celui des triels.» Pas de surprise au rayon d'à côté :
industriels proposent équipe a montré
bêtes alimentées au maïs fourrager, au foin «Les fromages fermiers fabriqués à partir
des produits avec que plus les aliments
ou à l'ensilage. Ces arômes demeurent dans du lait cru d'un même troupeau, peu de
temps après la traite, sont susceptibles moins de sel, de gras, sont imprégnés de
le lait microfiltré (laiterie Marguerite en vente
en grandes surfaces, au rayon frais), et dans d offrir des produits plus typés à condition de sucre, et qui néan- salive, plus la libéra-
une moindre mesure dans le lait pasteurisé, que le fromager maîtrise les procédés d'éla- moins plaisent aux tion des arômes est
mais ils ont disparu des produits U H T ou boration », souligne Bruno Martin, de l'unité consommateurs. efficace. Nous avons
stérilisés. «Les traitements thermiques utili- mixte de recherche sur les herbivores de ÇM : La saveur observé que les fro-
sés pour limiter la prolifération des microbes l'Inra de Clermont-Ferrand. Dernier facteur salée d'un aliment mages fermes né-
dégradent les arômes du lait, mais aussi des qui pèse sur les flaveurs des produits laitiers, n'indique pas sa cessitent une masti-
jus de fruits»,détaille Pierre Giampaoli,direc- notamment celui du lait : l'écrémage, car les teneur réelle en sel? cation prolongée, ce
teur de recherche à AgroParisTech. «La arômes sont contenus dans les matières E.G. : Non. Ce qui qui augmente la li-
pascalisation permet, en appliquant de fortes grasses. Autrement dit, plus un produit est est mauvais pour la bération des arômes,
pressions sur un liquide enfermé dans une allégé, moins il a de goût. santé, c'est la teneur donc leur flaveur.

MAi 2 0 1 4 Ça
Comment éduquer
son palais au plaisir
Humer, goûter, déceler les plus réceptifs à l'amertume, d'autres à l'aci-
arômes, cela s'apprend. Cer- dité. On s'en sert pour constituer des panels
tains en ont fait leur métier. de dégustateurs.»
Tout est une question de mémoire olfac-
Essayez à votre tour grâce à tive. Avec l'expérience, la bibliothèque de
nos leçons de dégustation. notre cerveau se remplit. A chaque dégus-
tation, cette banque de données s'enrichit de
références que le goûteur utilisera pour

L
umière tamisée, murmures... l'am- qualifier des émotions futures. A ce petit jeu
biance est studieuse dans la salle de de la cartographie sensorielle, il y a des
dégustation de Puget, le fabricant champions. Serge Dubs est l'un de ces Mozart
d'huile d'olive. Les goûteurs sont des de la dégustation. En 1989, il est couronné
employés de l'entreprise, formés et entraînés meilleur sommelier du monde. « Pendant
pour juger les produits de manière scienti- mon enfance,j'étais très affecté par les mau-
fique. En une quinzaine de minutes, chacun vaises odeurs. J'en ai compris la raison quand
est capable de distinguer les éventuels défauts j'ai commencé à déguster le vin. J'ai décou-
de l'huile (goût de concombre, de saumure vert que j'avais une facilité inouïe à en mé-
ou de foin par exemple) et ses attributs posi- moriser les arômes et la structure. D'autres
tifs (intensité du fruité, de l'amertume et du ont l'oreille musicale, moi j'ai un palais hy-
piquant). « On ne leur demande pas de nous
dire ce qu'ils aiment, mais ce qu'ils res-
persensible », explique Serge Dubs. Le som-
melier a fait fructifier ce don par un travail
très gourmand
sentent», insiste Erik Carteau, oléologue de quotidien de dégustation. «Je goûte de 5 à Les chocolatiers multiplient les séances
la maison Puget. «L'homme est la machine 50 vins par jour, entre autres pour entretenir de dégustation, comme ici chez Laurent
à déguster que l'industrie agro-alimentaire et développer ma mémoire olfactive. De ce Gerbaud, à Bruxelles. Elles invitent à suivre
rêverait d'inventer»,s'amuse Paul Le Mens, les étapes de fabrication, et à reconnaître
point de vue, les mauvais vins sont aussi inté- les différentes origines du cacao.
dégustateur professionnel et ancien directeur ressants à déguster que les bons. Tout est une
d'un laboratoire d'analyse sensorielle à l'Inra. question d'instinct. Il faut se laisser gouver-
«Chacun d'entre nous est capable d'ap- ner par les sens et ne réfléchir qu'à la fin pour Mens, qui organise des ateliers du goût dans
prendre à déguster et de prêter son palais à mettre un nom sur une émotion. Cela donne les écoles, les universités et dans le cadre du
la science. C'est juste une question de temps aussi un sens au plaisir.» mouvement slow food. « On peut aussi culti-
et d'entraînement.» Voilà comment les labo- ver sa curiosité et sa sensibilité en apprenant
ratoires d'analyses sensorielles recrutent Apprendre les arômes, c'est à déguster.» Au cours de ces séances de deux
dans la population leurs goûteurs et les comme apprendre à lire : il faut à trois jours, l'homme de science livre quelques
forment comme on calibrerait des instru- commencer par l'alphabet clés pour apprendre à faire le tri dans les
ments de mesure. «Il n'y a rien d'hédoniste Cette vision hédoniste distingue la dégus- sensations et surtout à mettre des mots sur
dans l'analyse sensorielle. C'est de la science, tation de l'analyse sensorielle froide et scien- un arôme ou un goût identifiés. «C'est toute
insiste Paul Le Mens. Ce qui différencie les tifique. « On peut passer sa vie à se contenter la difficulté de la tâche. Nous sommes entou-
individus, c'est la sensibilité. Certains sont d'un "j'aime" ou u j'aime pas"», ajoute Paul Le rés par des milliers d'odeurs, et notre mémoire
ne peut pas tout retenir. Il faut apprendre à
reconnaître les principaux arômes d'un ali-
D A I L L E U R S
U N GOÛT V E N U ' - t a M M ment donné. C'est comme l'apprentissage de
la lecture, il faut commencer par l'alphabet.
La dinde : aux champs pour en rehausser la saveur Après il faut s'entraîner, goûter et regoûter.»

E
Et procéder avec méthode : la dégustation
lle fut selon Brillat-Savarin «l'un des plus cormoran. Très vite, l'oiseau est domes- mobilise tous les sens, à commencer par la
beaux cadeaux que le Nouveau Monde tiqué, et le gastronome Brillat-Savarin vue et le toucher qui renseignent dès l'acte
ait fait à l'Ancien». Le poulet d'Inde, selon trouve la chair de la dinde élevée moins d'achat sur la qualité des produits. Il faut aussi
Rabelais dans Pantagruel, un volatile sau- parfumée. Il suggère «à ceux qui en les écouter, les sentir et pourquoi pas les
vage originaire d'Amérique du Nord, séduit élèvent de leur donner le plus de liberté goûter, quand c'est possible, sur le lieu de
d'emblée par la clarté et la finesse de sa possible, de les conduire aux champs vente. « Ce faisant, on ne fait plus son marché
chair. La dinde chasse de la table des gran- et, même, dans les bois, pour en rehausser de la même manière. C'est une autre façon
des maisons les oiseaux comme le paon, le goût». Qu'écrirait-il aujourd'hui en de se nourrir, et c'est à la portée de tout le
le cygne, la grue, le héron, la cigogne ou le voyant nos élevages de dindes industriels? monde», conclut Paul Le Mens.
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ci

B Leçon n° 2 : le pain
Une bonne baguette est dense et lourde
dans la main ; la croûte est résistante, crous-
tillante sous la pression du doigt ; le dessous
est plat, lisse et ferme. Ce sont les signes
d'une cuisson dans un four traditionnel,
donc d'une croûte bien formée.
Observer la forme. La baguette doit être
effilée, bien dessinée avec des bouts pointus
et grillés. Les grignes, c'est-à-dire les mar-
ques des coups de lame donnés par le
boulanger, sont larges, proéminentes, do-
rées, presque grillées sur la crête, coupantes
sur la lèvre. La croûte est polychrome avec
des nuances mordorées, des teintes marron
et jaune paille. Après avoir tranché la ba-
guette en biais, la couleur de la mie apparaît
plus ou moins teintée. Plus elle est blanche,
moins la farine est complète. Les alvéoles
sont de taille irrégulière. Dans le cas d'une
fabrication au levain, les parois des alvéoles
une tomate mûre de saison, on peut tenter sont plus épaisses. Le pain se conserve
de distinguer, parmi une q u a r a n t a i n e mieux mais sauce moins.
d'arômes, verdure, feuille de tomate, foin, Au nez, plus un pain est cuit, plus il em-
champignon de Paris, olive verte, pomme baume. La croûte se caramélise pendant la
verte, banane verte, citron cuit... cuisson, qui produit jusqu'à 150 molécules
La tomate se croque à pleines dents. Ju- aromatiques : odeurs de grillé, de cacao, de
teuse, elle peut être craquante ou molle, mais café, de malt... A l'inverse, la mie est plus
ni farineuse ni asséchante. Selon les variétés, douce avec des notes de froment, de farine
elle sera charnue (cœur de bœuf), croquante mouillée, de farine de riz. Si le pain est au
(cornue des Andes) ou fondante (noire de levain, la mie exhale des parfums acides qui
M Leçon n° 1 : la tomate Russie). Ces trois variétés dites anciennes
sont les plus courantes sur les marchés.
expriment la fraîcheur.
En bouche, il faut apprécier les contrastes
De quelle tomate parle-t-on? Celle qui En bouche, un désert de sensations, une entre la croûte et la mie en deux temps.
est cultivée dans une serre chauffée sur un sucrosité écœurante ou une acidité pointée D'abord la croûte, très complexe, avec de
substrat artificiel alimenté par de l'eau et ne sont pas bon signe. La tomate mûre ex- l'amertume, du sucre et de l'acidité. Ensuite
des engrais, ou celle qui pousse dans la terre, prime de la fraîcheur, un gout d ' h e r b e la mie à la saveur très fugace.
sous abri ou en plein air, et n'est récoltée coupée, le tout porté par un bel équilibre Conseils
que de juin à octobre ? entre douceur et acidité. Cette sensation • Préférer le pain au levain, celui que le boulanger
Se fier à l'aspect. Le fruit lisse, calibré, doit être persistante. fabrique lui-même en mélangeant farine et eau
rutilant est le propre des cultures sous serre. Conseils pour cultiver bactéries et levures qui font monter
A l'inverse, une tomate à l'aspect irrégulier, • Il faut acheter des tomates à la belle saison et la pâte. C'est plus aromatique et plus digeste.
voire déformé, l'épiderme ponctué de dé- s'assurer qu'elles ont été cultivées en pleine terre. • Surveiller la liste des ingrédients dans la
fauts, a été cultivée en plein air avec ses • Une variété ancienne peut avoir été cultivée grande distribution ou poser la question à votre
racines en pleine terre. L'éclat de la couleur sous serre. Méfiez-vous des fruits trop formatés. boulanger : 106 additifs sont autorisés. Les
renseigne sur la maturité, qui se poursuit • La tomate ne se stocke pas au réfrigérateur. meilleurs pains ne contiennent que de la farine,
après la cueillette. • Pour apprécier une tomate mûre, éviter la vinai- de l'eau, du sel et du levain.
Avant de la déguster, mieux vaut la sépa- grette. Un trait d'huile d'olive et un peu de sel • Plus la farine est complète, plus le pain est
rer de sa branche si elle est encore présente, (qui joue le rôle d'exhausteur de goût) suffisent. riche en nutriments différents de l'amidon et
car celle-ci exhale de puissants parfums • Marier les variétés, c'est marier les formes, les des protéines.
parasites. Ensuite, trancher la tomate pour couleurs, les textures et les goûts. • L'appellation «pain de tradition française»
en distinguer les effluves. Ils peuvent être • Le goût de la tomate dépend du climat. Cer- garantit une fabrication sur le lieu de vente et
inexistants pour un légume de serre. Pour taines années, elle est moins bonne. un recours limité aux additifs.

MAI 2014 iCIt


B Leçon n° 4 : le chocolat
A l'œil, le chocolat est chatoyant, lumi-
neux. Terne avec un voile blanc, c est le signe
d'une mauvaise conservation. Plus il est
foncé, plus il est riche en cacao. Les meilleurs
chocolats noirs arborent des nuances acajou.
S'il est au lait, il ne doit pas être trop clair.
A u toucher, il est ferme, incisif sur la
tranche. Quand on le casse, il doit produire
un son sec, net, surtout pas étouffé. Au bout
B Leçon n° 5 : les ffraises
M Leçon n° 3 : le fromage de vingt secondes dans le creux de la main,
il commence à fondre. Dans le cas contraire,
Ce fruit du printemps est de moins en
moins cultivé en pleine terre. Il pousse sous
Les arômes et le goût d'un fromage tra- ce n'est pas un 100% beurre de cacao : il serre dans des jardins suspendus à hauteur
ditionnel se transforment au cours de l'affi- contient des matières grasses végétales type d'homme pour faciliter sa cueillette. Ce
nage, c'est-à-dire le temps nécessaire au huile de palme, qui augmente sa température faisant, il brave les saisons. Mais, contraire-
vieillissement. Pour bien profiter d'un fro- de fusion. Il sera moins fondant en bouche. ment à la tomate, il est difficile de distinguer
mage, il faut le déguster au stade idéal Le nez peut être trompeur. Beaucoup de les fraises de serre des fraises de plein champ,
d'affinage. Cette remarque ne vaut pas pour chocolats du commerce contiennent des excepté à l'œil : les premières sont calibrées
les fabrications industrielles vendues en arômes, en particulier de vanille. Le parfum comme des clones, d'une forme parfaite ; les
libre-service dans la grande distribution. doit être complexe et persistant. secondes, plus asymétriques, un peu bosse-
Celles-ci ont un goût standard et stable En bouche, le chocolat est fondant, soyeux. lées. Une fraise mûre présente une couleur
jusqu'à leur date limite de consommation. Une texture sableuse ou granuleuse n'est pas uniforme jusqu'à la collerette, verte et tur-
Regarder la croûte. Elle donne une indi- la bienvenue. Le chocolat nappe le palais, et gescente. Selon la variété, les teintes varient
cation sur l'âge du fromage. Plus elle est n'assèche pas la bouche. Le goût persiste de l'orangé au rouge écarlate. Le fruit est
claire, tendre et lisse, plus la fabrication est pendant plusieurs minutes. S'il s'évanouit en brillant et lumineux. Terne ou humide, la
jeune. Un camembert à la fleur blanche n'est une trentaine de secondes, le chocolat est de fraise n'est pas au mieux de sa forme.
pas suffisamment affiné. Quand il est strié piètre facture. Le sucre ne doit pas être domi- Le nez dit tout. La fraise est par nature
de rouge, il est plus âgé. La croûte d'un nant. L'acidité n'est pas une bonne indication un fruit très aromatique : sans odeur, elle
fromage à pâte dure (cantal, ossau-iraty, non plus. L'amertume doit se ressentir. Mieux sera sans goût. Ses notes se révèlent florales
cheddar...) s'épaissit,noircit et se charge de vaut éviter de le déguster enfinde repas, et fruitées. Au toucher, le fruit est ferme mais
moisissures en vieillissant. surtout avec un café. A savourer par petites ne doit pas croquer sous la dent. Il doit être
Les odeurs montent en puissance avec quantités pour ne pas saturer les papilles. tendre sans être mou, mais jamais dur. Il est
l'âge et se complexifient. Au début, les par- plus ou moins juteux sans assécher la bouche.
fums évoquent le lait, le beurre, la crème La texture est fondante, pas granuleuse.
fraîche, le yaourt avec des notes aigrelettes, Le goût de la fraise évoque une sensation
plus ou moins florales. Après quelques mois, de fraîcheur, un bel équilibre entre le sucré
les arômes sont plus animaux, avec des et l'acidité, marqué selon les variétés par
parfums d'étable, de bétail, de fermentation des notes musquées, épicées ou citronnées.
ammoniacale (ce qui donne le «piquant»), Conseils
de cuir patiné. Ne vous méprenez pas, • La fraise est un fruit fragile. Pour la faire voya-
l'odeur est bien plus forte que le goût. ger, on a sélectionné des variétés résistantes,
Les saveurs suivent le même chemin. Elles mais on a ainsi sacrifié le goût. Voilà pourquoi
sont douces, fraîches, acidulées dans un une fraise venue d'Espagne ou du Maroc a peu
chèvre tendre ou un fromage blanc quelques de chances d'être un régal.
heures après sa fabrication. Elles se multi- • Son goût est sensible aux variations de tem-
plient au cours de l'affinage. On dénombre Conseils pérature et d'hygrométrie. Il ne faut surtout pas
plus de 80 arômes pour décrire un comté : • Choisir un chocolat avec un taux de cacao d'au la réserver au réfrigérateur. Mieux vaut la
noisette, amande grillée, lait cuit, café, étable, moins 70%. Ce pourcentage n'est qu'une indica- consommer au plus vite après son achat.
beurre, pamplemousse, brioche, caramel tion. Le goût d'un chocolat, comme celui d'un vin, • On peut lui épargner le sucre ou le filet de citron
mou,bouillon de viande... Un brie rappelle dépend du terroir d'origine du cacao et de la pour mieux apprécier sa qualité intrinsèque.
le bois humide et le champignon ; l'époisses, qualité de son traitement après récolte : fermen- • Mélanger les variétés : la gariguette est acidu-
l'herbe coupée et le lait acide; le beaufort, tation, torréfaction, conchage (brassage à haute lée; la ciflorette, très sucrée; la charlotte pré-
l'ananas ; le vacherin, des notes balsamiques. température). Un 100% cacao peut s'avérer im- sente un goût de fraise très intense, celui d'une
Conseils mangeable tant il est amer. A l'inverse, un taux ancienne fraise des bois. •
• Préférer les fromages au lait cru pour des élevé de sucre écrase les saveurs du cacao.
sensations plus fortes. La pasteurisation atténue • Souvent, le lait et le sucre (jusqu'à 5 5 % selon
le goût des fromages. la réglementation) masquent un piètre cacao. En
POUR ALLER PLUS LOIN
• Déguster les fromages à leur meilleure saison. revanche, un chocolat au lait avec un pourcentage ISS] • « Odorat et goût.
Un camembert sera plus riche en goût au prin- important (au moins 5 0 % ) de cacao de bonne W&M Livres De la neurobiologie des
temps qu'en hiver. origine, avec juste ce qu'il faut d'amertume, est • « Texture et flaveur des sens chimiques aux
• Il faut laisser au fromage le temps de remonter aussi intéressant qu'un chocolat noir. aliments. Vers une concep- applications », ouvrage
tion maîtrisée », E. Gui- coordonné par Roland
en température après l'avoir sorti du réfrigéra- • Le chocolat blanc est un mélange de beurre de chard, C. Genot et A. Voil- Salesse et Rémi Gervais,
teur (au moins une trentaine de minutes). cacao (sans cacao...), de lait et de sucre. ley, éd. Educagri. éd. Quae.

Le mois prochain : Comment l'esprit dépasse ses limites

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