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Littérature Francophone I
Professeur : Oscar Ovalle
Étudiants : Xilena Bazurto Martínez et Lorena Sofía Betancourt.
Exercice de dissertation
D’autre part, Charles Baudelaire dans son ouvrage « Les fleurs du mal » (1857) dénote
une esthétique littéraire entièrement centrée sur les sens, qui déplace la raison, en donnant une
importance totale aux expériences de l’auteur et à son opposition catégorique à la logique.
Clairement, dans ses œuvres, nous pouvons remarquer un ton existentialiste, caractéristique du
modernisme français, qui renforçait les idées de l’auteur sur l’évasion à la réalité rationnelle et
limitante du monde bourgeois et lui permettait de faire l’expérience de tout ce qui était hors de
sa raison, mais à portée de leurs sens. Pour illustrer ce qui précède, il faut frapper le poème «
XVI. - Châtiment de l’Orgueil » où Baudelaire (1857) affirme :
« Immédiatement sa raison s’en alla.
L’éclat de ce soleil d’un crêpe se voilà ;
Tout le chaos roula dans cette intelligence,
Temple autrefois vivant, plein d’ordre et d’opulence,
Sous les plafonds duquel tant de pompe avait lui.
Le silence et la nuit s’installèrent en lui,
Comme dans un caveau dont la clef est perdue.
Dès lors il fut semblable aux bêtes de la rue,
Et, quand il s’en allait sans rien voir, à travers
Les champs, sans distinguer les étés des hivers,
Sale, inutile et laid comme une chose usée,
Il faisait des enfants la joie et la risée. » (pag. 33)
Il est évident que Baudelaire divise la raison du bonheur -sens-, car ce n’est que lorsque
l’intelligence manque que la joie et l’extase de l’expérience fleurissent, non seulement dans les
écrits passionnels qui se réfèrent directement à la vie de l’auteur, mais dans la satisfaction que
le lecteur éprouve dans ces passages. Cependant, les sens ne nous permettent d’expérimenter
que l’inconnu sans nous donner une approche de l’équité, caractéristique fondamentale de la
raison.
Bien que pour Bataille la raison limite le voyage de l’expérience, pour Montaigne c’est
un but où on atteint finalement la maîtrise absolue de soi, en réussissant à libérer l’homme de
toutes ses impulsions et charges émotionnelles, en prenant la signification de l’expérience
comme une forme de connaissance et de maturité qui facilite la pratique autonome de ce qui a
été appris face à la confrontation avec le monde. Dans son texte « De l’expérience » Montaigne
(1573) offre quelques exemples qui soutiennent cette conception sage de la raison. L’un de ces
exemples est le paragraphe dans lequel l’auteur critique la pratique de la médecine :
« Ainsi Platon avait raison de dire que pour être vrai médecin, il serait nécessaire que
celui qui l’entreprendrait eût passé par toutes les maladies qu’il veut guérir et par tous
les accidents et circonstances de quoi il doit juger. C’est raison qu’ils prennent la
vérole s’ils la veulent savoir panser. Vraiment je m’en fierais à celui-là. » (pag. 43)
Il ressort de ce qui précède que, bien que la médecine se constitue comme un savoir ou
une science logique, l’être humain est incapable de guérir un autre sans avoir éprouvé les
symptômes dont il souffre, ou d’autre part, il est impossible qu’il souffre des symptômes d’une
maladie et n’ait pas la connaissance de se guérir. L’expérience doit donc être étroitement liée
à la raison, car c’est ainsi que la connaissance est générée et que les limites de l’être humain
sont transcendées.
En conclusion, les trois auteurs français parlent de l’expérience en mettant en évidence
deux conceptions différentes : Pour Bataille et Baudelaire, l’expérience doit se détacher de la
raison et se plonger dans les sens et sentiments, car c’est quand l’être humain se laisse dominer
par les sens qu’il peut vraiment atteindre l’expérience tant qu’il obtient des expériences qui ne
dépassent pas les limites sensorielles. Sous cette idée, l’œuvre des deux auteurs représente une
esthétique complètement dominée par les sens, existentialiste et, à son tour, surréaliste tant
l’expérience est une façon d’échapper à la réalité, qui est, la raison. Au contraire, pour
Montaigne, la raison doit se concilier avec l’expérience pour pouvoir générer une connaissance
réelle et significative en l’homme qui lui permette d’avoir le contrôle sur lui-même et sur ce
qui l’entoure. Cependant, pour les trois auteurs, l’expérience représente une nouvelle façon de
penser qui imprègne l’action du sujet. Cependant, est-il possible de réconcilier la raison et les
sens de manière à transformer ce que le lecteur entend comme expérience ?
Références