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Résumé
On présente les résultats d’une étude d’ensemble sur les Orthoptères coelifères dans le Nord
du Maroc. Aux données issues des stations d’échantillonnages (197 stations lors des
périodes estivales de 1989 à 93), on a appliqués les indices de diversité alpha et bêta, pour
mesurer la biodiversité de ces peuplements et sa fluctuations dans le nord du Maroc. Il en
résulte que la faune coelifères composé de 70 espèces, montre une très haute diversité.
Parmi les biotopes les plus représentatifs, les steppes du Rif oriental et le matorral
thermoméditerranéen des séries calcicoles, se sont avérés les plus divers et les plus riche en
espèces ; en opposition au matorral meso-méditerranéen calcicole et des prairies oro-
méditerranéenes. L’analyse de la diversité bêta, montre que les différents biotopes d’un
même étage de végétation présentent une affinité très significative. On observe aussi une
corrélation négative entre diversité et altitude. On confirme l’hypothèse de l’hétérogénéité
spatiale et on discute par extrapolation l’importance de cette hypothèse dans la gestion des
espaces protégés et la préservation de la biodiversité.
ABSTRACT
Grasshoppers assemblages, apart from their economic impact (agricultural loss, primarily),
are deemed to be valuable biogeographic elements, reliable bioindicators of ecotoxicity and
important constituents of trophic web : That this, as prey, grasshoppers constitute a major
percentage of the diet of various predators (vertebrate and invertebrate) and, as primary
consumers, are envisaged as biological controllers of weeds. These reasons, together with
the lack of knowledge about this fauna in Morocco, have led us to study this group in the
Rif Mountains and the low Moulouya basin. The data from the seasonal samplings (197
sampling sites, during the dry season from 1989 to 1993) were submitted to statistical
indices from information theory (Alpha diversity) to measure the biodiversity and its
fluctuation in these assemblages. The fauna comprised of 70 species, proved to have high
diversity (H’= 3.7 bits). Among the representative biotopes, the eastern Rif steppes and the
thermo-mediterranean scrublands were the richest and most diverse in species, as opposed
to the meso-mediterrenean thickets and oro-mediterranean meadows. The analysis of Beta
diversity showed a highly significant relationship between the different biotopes of the same
bioclimatic range. Also, altitude correlated negatively with biodiversity. This study supports
the spatial heterogeneity hypothesis, and, by extrapolation, implies the importance of this
hypothesis in management of protected areas and the preservation of biodiversity.
INTRODUCTION
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La faune coelifère du Nord du Maroc peut être considérée aujourd’hui la mieux
connue, grâce à une étude d’ensemble que nous venons d’y réaliser, et qui a abouti en un
mémoire de thèse (BADIH, 1997), et quelques contributions scientifiques (BADIH and
PASCUAL, 1994 et 1998 a et b). Ainsi ces résultats nous permettent de mesurer la
biodiversité de ces insectes dans les différentes formation vegétales, afin d’apporter des
résultats qui peuvent être d’intérêt dans la gestion des espaces et ressources naturelles. En
faîte selon plusieurs auteurs (voir MARTIN PIERA, 1997) toute action d’aménagement des
espaces naturels, précise les mesures de diversité spatiale (diversités alpha, bêta et gamma).
On parle aussi de la Hiérarchie Spatiale de Diversité (voir McNAUGHTEN, 1995).
Dans le présent travail on applique ces mesures à nos données, afin d’établir une
base cognitive utile pour les futures actions de création, aménagement ou protection des
espaces naturels.
MATERIEL ET METHODE
Echantillonnage
L'étude a été réalisée depuis 1989 jusqu'à 1993, en une période comprise entre avril
et octobre de chaque année. Les stations d’échantillonnage (Fig. 2) ont été choisies
conformément aux itinéraires de chaque campagne d’échantillonnage (7 à 15 jours, durant
lesquels on a parcourut toute la région), étant chacune complémentaire à l’antérieur, de tel
manière que la majeure superficie, tout le rang altitudinal ainsi que les formations végétales,
les plus représentatives, ont été couvertes. Un total de 197 stations a été prospecté (pour plus
de details voir BADIH & PASCUAL, 1998 a, b). Dans chaque station on a choisie la
formation végétale la plus représentative, où on a délimité une parcelle de 100 m2. Cette
dernière a été prospectée durant une heure à l'aide d'un filet entomologique suivant la
méthodologie décrite par PASCUAL (1978).
Calcule statistiques :
Pour étudier la diversité du peuplement acridiens on a calculé l’indice de Schannon
(H’) comme mesure de la diversité alpha :
H '= − ∑ piLogpi
j
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La comparaison des moyennes de la diversité a été réalisée par l’intermédiaire du
test de l’Analyse de la Variance (ANOVA).
Pour mesurer la diversité bêta on a calculé d’une part les coefficients de similarité
de Jacquard (CJ, qualitatif) et de Sorensens (CS, quantitatif), et d’autre part l’indice de
Cody, qui permet d’évaluer le remplacement des espèces au long d’un gradient déterminé :
Où g(H) et l(H) représentent le nombre d’espèces gagnées et perdues au long du gradient,
g( H ) + l( H )
βc =
2
respectivement.
RESULTATS
On a capturé un total de 70 espèces (la liste d’espèces est donnée dans BADIH &
PASCUAL, 1998 a et b) comprise dans 37 genres, 12 sous-familles et 6 familles. Parmi
celles-ci la famille des Acrididae représente le 60% de la richesse spécifique soit 42 espèces,
dont 30 appartiennent à la sous-famille des Oedipodinae (soit le 71,4 % des Acrididae et le
42,8 % de la l'ensemble des espèces de la faune considérée).
La diversité alpha mesurée dans chaque station suit une ditribution normale
(W=0,959, p<<0,001).
L’analyse de la variance (ANOVA) montre qu’il existe une différence très
significatives entre la diversité moyenne des différents biotopes (F = 2.49 , df = 13 , p <
0.01).
Les steppes du Rif oriental (PES), le matorral calcicole thermo méditerranéen
(TMC) et les formations des rives (PRI) se sont montré les plus diverses et les plus riche en
espèces (Fig. 1), en opposition au matorral calcicole meso méditerranéen (MMC) et prairies
oro méditerranéennes (OPX).
Cette faune présente dans l’ensemble de la zone étudiée une diversité bien
considérable (H’ = 3,7)
3.00
35
2.75
30
Richesse spécifique
2.50
25
Divérsité
2.25
20
2.00
15
1.75
10
1.50
5 1.25
0 1.00
DOC DOR TMC TMT PES TPA PRI MMC MPN SMS SPN PNC PNS OPX
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L’analyse de la diversité bêta montre qu’il existe une relation plus ou moins accusé
entre les différents biotopes (Fig. 2), sauf dans le cas des prairies oro méditerranéennes
(OPX), qui avec sa faune montagnarde s’individualise clairement des autres biotopes. Dans
le reste, le dendrograme produit la ségrégation de deux groupes bien différenciés, d’une part
les formations thermo méditerranéennes (II) et d’autre part les formations meso, supra et
montagnard méditerranéennes (I). La figure 3, confirme cette tendance.
DISCUSSIONS
La haute diversité du peuplement acridiens enregistrées dans le nord du Maroc ne
peut être expliquée que par la grande hétérogénéité floristique existante dans la zone étudiée
(voir BENABID, 1984), grâce à des ces conditions climatiques, édaphiques et
topographiques particulières. En effet plusieurs auteurs considèrent l’hétérogénéité spatiale
est l’une des plus solide hypothèse qui puissent expliquer la haute diversité d’un site
déterminé soit à macro ou micro- échelle (voir Pinka 1966 ; Davidovitz and Rosenzweig,
1998).
Concernant les résultats obtenus dans les différents biotopes, la haute diversité des
steppes du Rif oriental, confirme la grande importance des acridiens dans les écosystèmes
désertiques (Joern, 1979). En effet la majorité des espèces qui habitent dans les steppes du
Rif oriental sont par excellence eremiques et géophiles. Le matorral calcicole
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thermoméditerrnéen et prairie ripicoles, offrent des microhabitats variés, qui permettent
l’établissement d’une faune acridienne dont les mœurs sont bien diversifiés : des espèces
thérmophiles et géophiles, peuplant les espaces claires, d’autres strictement phytophiles
intimement liées bien à la structures physionomiques de la formation végétales ou à une
plante déterminée, et finalement des espèces praticoles et/ou hygrophiles. La basse diversité
enregistrée dans le matorral calcicole mesoméditerranéen s’explique par sa très dense
végétation que seule quelques espèces bien sont banales ou envahissante y pénètrent. Tandis
que dans les prairies oroméditérranéennes hébergent seulement des espèces hautement
adaptées : il s’agit d’un nombre d’espèces très réduit mais d’une grande importance
écologique et biogéographique (endémiques très localisées issues de souches angariennes)
Il est donc évident que chaque biotope renferme un peuplement acridien dont
chaque espèce y trouve les conditions écologiques qui lui sont favorables (Barranco &
Pascual, 1993). Ainsi des espèces eury ou stenotopes peuvent être la clé pour expliquer la
similitude ou dissimilitude (diversité bêta) entre au moins deux différents biotopes voisins
ou éloignés (Fig. 2 et 3). La diversité bêta peut donc être de grande utilité lorsqu’on veut
établir un réseau d’espaces naturels avec une composition aussi bien faunistique que
floristique ayant des caractéristiques similaires ou complémentaires.
Finalement on peut dire que quoique se soit un groupe zoologique ou botanique sa
conservation dépend nécessairement de la préservation de son habitat naturel. Ainsi une
bonne gestion des ressources naturelles doit nécessairement de la préservation d’une
hétérogénéité spatiale et pourtant de la biodiversité.
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