On se souvient encore des images célèbres du film de
Charlie Chaplin « Les temps modernes » , un film évocant bel et bien une nouvelle époque marquée par le machinisme et la modernité qui ont mis en valeur la vitesse de production ainsi que la cadence infernale des usines . En effet, ce film dénonce l'influence néfaste du progrès technique sur l’humanité et cristallise l’aliènation et la mécanisation de l’individu . L’homme n’étant plus propriétaire ni des biens qu’il produit, il ne s’appartient plus lui-même. De ce fait , on se demande si le progrès technique n’est-il pas un progrès de catastrophe autrement dit est ce le développement technique change quelque chose dans les conceptions de l’homme, dans ses modes de vie, plus profondément dans son être même?
D’abord , nous étudierons l’incarcération de
l’homme par le progrès technique , ensuite nous verrons l’aliènation causée par cet essor et finalement nous analyserons la technique comme puissance de libération. A certains égards , la technique nous enlève toute liberté. Elle est d’une part une instrumentalisation de corps de l’homme . En effet, l’homme devenu machine n’est plus qu’un esclave des machines qui l’entoure. Ceci renvoie au mythe de Frankenstein, lequel indique la possibilité que l’homme soit dépassé par les technologies qu’il crée. De technique utile à l’homme, l’usine, selon Chaplin -le film des temps modernes- , serait le symbole d’une perte de contrôle de l’homme sur les objets qu’il a crée et par conséquent la perte de sa liberté.
D’une autre part, l'évolution des moyens de production
et de la technique attribue à la servitude du prolétariat . En effet ,selon Karl Marx le rôle du prolétariat est d’arracher le pouvoir économique au capitaliste. Pour cela, il faut que les ouvriers développe une conscience de classe, qu’ils aient pleinement conscience d’appartenir à cette classe dominée et donc qu’ils ont intérêt à remplir leur mission historique. D’ailleurs Chaplin matérialise ses rapports de production de manière assez brute dans ce film les temps modernes où les ouvriers sont en bas à la chaîne et les directeurs en haut . Alors d’après ce qui précède on se demande si le progrès techniqe dénoce-il également l’aliènation des individus ?
Telle est la position de Marx qui, tout en soutenant que
le travail est constitutif de l’humanité de l’homme, dénonce les conditions de travail aliénantes qui le privent à la fois de son œuvre et de son humanité . En effet, Karl dénonce la machinerie du Capital parce qu'elle retourne selon lui le progrès technique contre le prolétariat, contre les travailleurs qui sont aliénés, réduits à échanger leur force de travail contre un salaire qui les réduit finalement à des biens monnayables. L'humain réduit à sa valeur marchande. La machine est pour Marx l'incarnation technique du Capital : elle est devenue un moyen matériel d'exploitation que Marx voudrait ramener à un simple « moyen de production ». Manière de dire que ce n'est pas la machine qui est en soi mauvaise, mais c'est l'intention avec laquelle on l'emploie qui détermine sa valeur politique et morale. Cela revient à dire que les machines ont moins contribué à soulager l'humanité de la malédiction du travail pénible, comme l'espérait peut-être un peu naïvement Descartes dans son Discours de la Méthode. L’aliènation se peut qu’elle soit aussi psychologique si l’homme ne reconnaît plus dans son travail l’expression de ses compétences, c’est-à-dire de sa volonté et de son intelligence, il restera un étranger pour lui-même, et la technique à ce moment-là constitue un véritable danger . Dès lors, si l’aliénation du travailleur n’est pas d’ordre technique seulement mais aussi de nature mentale, est-il encore légitime et raisonnable de rechercher auprès de la technique une quelconque libération de l’homme ?
En effet la technique apparaît comme un pouvoir
dé-limitant le corps humain, qui démultiplie sa force, sa rapidité de déplacement, qui l’affranchit des lois terrestres, et lui permet de voler, jusqu’à atteindre la Lune. Ces pouvoirs démesurés, littéralement surhumains, nourrissent une idolâtrie de la technique et, sans doute, un manque de regard critique sur l’aliénation qu’elle engendre et les menaces qu’elle fait peser sur l’homme. L’idéal de la technique est de nous libérer de notre dépendance vis-à-vis de la nature ( Mythe de Prométhée ) . Grâce à la technnique donc , l’effort physique devient moins important et moins essentiel. L’homme passe d’une logique de survie à celle d’un certain confort (selon l’opposition aristotélicienne du vivre et du bien-vivre . La technique ou le progrès technique , en tant que savoir-faire, doit être au service de l’homme pour assurer les conditions de sa subsistance et contribuer à son bonheur. Mais ce n’est que dans la mesure où elle exprime l’intelligence et la volonté de l’homme qu’elle est un vecteur d’émancipation. Tout usage dévoyé constitue une aliénation pour l’homme. Il s’agit donc d’accompagner toute activité technique d’une réflexion sur ses finalités (une éthique), et d’une réflexion sur ses conditions d’utilisation (une politique). En ce sens, une vigilance par rapport à la technique devient une vigilance par rapport à la liberté humaine elle-même.
La Croissance Economique Le Modèle Keynésien Harrod-Domar Introduction - Le Contexte - La Pensee Keynesienne Et La Crise de 1929 Partie I. Harrod Et L'instabilite de La Croissance