Sunteți pe pagina 1din 34

Journées de l’Association Française de Science Economique

« Economie : aide à la décision publique »


Université de Rennes 1, 18-19 mai 2004

Décision publique et recherche procédurale : illustration


d’une démarche multicritère à la localisation participative
d’un parc éolien en région corse

Pascal OBERTI,
Université de Corse, IE-IDIM-CAPPEDDEM
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, C3ED, UMR IRD-UVSQ N°063

Résumé :
De nos jours, face aux impératifs de gouvernance, l’aide à la décision publique se doit
d’intégrer réellement la demande sociale de participation aux décisions de projets et
politiques concernant la collectivité. Face à cette nécessité de gouvernance participative,
particulièrement ancrée à l’échelon local, l’économiste moderne peut trouver, proposer et
mettre en œuvre une recherche procédurale opératoire et rigoureuse basée sur l’aide
multicritère à la décision participative (Froger, Oberti, 2002a et b). Nous présenterons le
cadre analytique de cette démarche et l’illustrerons à la localisation participative de parcs
éoliens ; étude pilote commanditée par le Conseil Energétique de Corse pour guider les
choix régionaux et les rendre plus acceptables aux yeux des acteurs sociaux locaux.
Mots clés : Décision participative, décision locale, choix énergétiques, recherche
procédurale, acceptabilité sociale, modélisation multicritère, analyse multi-acteurs.

Summary :
Nowadays, public decision aiding has to integrate the new imperatives of governance;
notably the social demand of participation in decisions of projects and policies. In front of
this necessity of participative governance, particularly anchored at local level, modern
economist can find, propose and operate a rigorous procedural research based on
multicriteria aiding for participative decision (Froger, Oberti, 2002a and b). We shall
present the analytical frame of this approach and shall illustrate it about participative
localization of a windy park; experimental study ordered by the Energy Council of Corsica
to guide regional choices and make them more acceptable by the local social actors.
Keywords : Participative decision, local decision, energy choices, procedural research,
social acceptability, multicriteria modeling, multi-actor's analysis.
1 INTRODUCTION

Cet article traitera de l’aide à la décision publique, sur la base de considérations


méthodologiques inhérentes à l’analyse multicritère utilisée dans un contexte participatif.
Trois temps étayeront notre propos.
Tout d’abord sera présenté, de façon générale, le cadre analytique qui sous-tend la
démarche ; notamment : - l’objet de cette science carrefour - les grandes problématiques
décisionnelles qu’elle étudie - les principales modélisations proposées - sa quête de
solutions de compromis, à savoir de décisions satisfaisantes plutôt qu’optimales - la
reconnaissance du contexte multi-acteurs dans les problèmes décisionnels ou évaluatifs - le
positionnement d’économistes positivistes et la perception parfois confuse de l’outil .
Dans un second temps, nous présenterons la trame de l’étude pilote actuellement menée en
Corse, sur la localisation participative d’un parc éolien. Une telle recherche procédurale
sera présentée selon un processus non linéaire en étapes. Au sein de ce dernier, nous
soulignerons comment, et en quoi, chaque acteur privé ou public participe à l’élaboration
progressive de recommandations finales portant sur les projets et politiques.
Finalement, sera posée la question de l’ouverture des sciences économiques, vis-à-vis
d’autres disciplines concourant à étudier l’aide à la décision.

2 L’ESPRIT GÉNÉRAL DU CADRE ANALYTIQUE DE L’ANALYSE


MULTICRITÈRE

L’Aide multicritère à la décision (AMCD) constitue de nos jours une discipline à part
entière, branche reconnue de la recherche opérationnelle moderne, ainsi qu’un courant de
pensée européen1. Elle naquit il y a une trentaine d’année, suite aux travaux de Roy
(1968a), présentant la première méthode multicritère ELECTRE ainsi qu’un article dont
l’intitulé était annonciateur : « Il faut désoptimiser la recherche opérationnelle » (Roy,
1968b). L’AMCD ne prétend pas être une science de la décision, mais se veut être une
science d’aide à la décision (Roy, 1992). Elle se définie comme l’activité de l’homme
d’étude (HE) visant à éclairer la décision par une recommandation formulée auprès des
décideurs; mais aussi à améliorer la cohérence entre l’évolution du processus décisionnel,
les objectifs et le système de valeurs des acteurs qui s’y insèrent. La notion de
recommandation conserve l’entière liberté de choix aux décideurs, la décision finale leur
appartenant.
Depuis ses origines, l’AMCD s’est développée au carrefour de plusieurs disciplines
(mathématique, gestion, économie, écologie, sociologie, informatique, etc.) et une
méthodologie multicritère a été édifiée (Roy, 1985) pour faciliter sa mise en œuvre par un
ou plusieurs homme d’étude (HE) selon la complexité du problème décisionnel ou évaluatif
à traiter. Cette méthodologie offre diverses possibilités de structuration d’un processus
décisionnel en niveaux (Roy, Bouyssou, 1993, pp. 24-25), suscitant de nombreuses
interrogations que l’HE doit considérer pour mettre en place une démarche rigoureuse. Elle
propose une typologie sur les résultats recherchés, à savoir les quatre problématiques2 de
références suivantes (Roy, 1985, p.74).

1
un groupe de travail européen (http://www.inescc.pt/~ewgmcda), totalisant près de 400 chercheurs situés aux
quatre coins du monde, se réunit de façon ordinaire tous les semestres.
2
La problématique est la « façon dont l’aide à la décision est envisagée, autrement dit manière de formuler un
problème en vue d’aboutir à des résultats jugés appropriés pour éclairer la décision » (Roy, 2000a, pp. 5-6).

2
Tableau 1 - Problématiques de référence

Problématiques Objectifs Résultats Procédures


Choix d’un sous-ensemble aussi restreint
que possible, comportant les
α Choix Sélection
« meilleurs » actions ou, à défaut, des
actions « satisfaisantes ».
Tri par affectation des actions à des
β Tri Affectation
catégories prédéfinies.
Rangement total ou partiel de classes
γ Rangement Classement
d’équivalence composés d’actions.
Description, dans un langage approprié,
δ Description Cognition
des actions et de leurs conséquences.
Pour chacune d’entre elles, plusieurs modélisations multicritères sont
disponibles, appartenant à la famille des méthodes ELECTRE (ELimination Et Choix
Traduisant la RÉalité)3, des méthodes PROMETHEE (Preference Ranking Organization
METHod for Enrichment Evaluations) et GAIA (Geometrical Analysis for Interactive
Assistance)4, des méthodes Satisfaction-Regret5, NAIADE (Novel Approach to Imprecise
Assessment and Decision Environments)6, UTA PLUS (UTilité Additive)7 ou encore
OMEGA8. L’informatisation de certains desdits modèles multicritères, de même que
d’autres outils annexes (pondération des critères, codage numérique d’échelles verbales,
etc.), permettent d’alléger l’ouvrage de l’HE, mais aussi, grâce à l’accroissement du
potentiel de calcul, de mieux tenir compte des avis propres à chaque acteur du processus
décisionnel (analyse multi-acteurs) sans procéder à leur synthèse systématique.
Par ailleurs, comme nous l’avons évoqué au tout début de ce point, l’AMCD rejette le
paradigme de la décision optimale (Roy, 2000b). Même si certaines modélisations
multicritères mettre en œuvre des procédés d’optimisation sous contraintes, bien que la
plupart de ces premières visent à construire des relations de surclassement non
optimisantes ; la quête de l’optimum n’est pas une finalité.
Contrairement au calcul économique des choix et à la recherche opérationnelle classique,
les modélisations multicritères permettent de proposer des recommandations basées sur la
recherche de solutions de compromis9, satisfaisantes plutôt qu’optimales. En matière de
DD par exemple, les décisions optimales sont l’exception et non la règle. Certaines
performances environnementales se font au détriment des performances économiques, ce
qui illustre une situation conflictuelle entre les critères. Aussi, les parties prenantes du
processus décisionnel, tout comme les agis qui perçoivent les conséquences des décisions
sans avoir d’emprise directe sur celles-ci, sont rarement satisfaites de façon unanime par les
choix finalement arrêtés. Par ailleurs, l’information disponible s’avère souvent limitée, ce

3
ELECTRE I (Roy, 1968a), ELECTRE II (Roy, Bertier, 1971, 1973), ELECTRE III (Roy, 1978), ELECTRE IV
(Roy, Hugonnard, 1982) (Roy, Bouyssou, 1993), ELECTRE IS (Roy, Skalka, 1985), ELECTRE TRI (Roy,
Bouyssou, 1991) (Yu, 1992a et b). Ces méthodes sont reprises par Maystre et al. (1994).
4
(Brans, Mareschal, 2002) (Kunsch et al., 1999).
5
(Oberti, 2001a, 1998) (Oberti, André, 2002) (Oberti, Oberti, 2001).
6
(Munda, 1995) (Froger, Munda, 1998).
7
(Jacquet-Lagrèze, Siskos, 1982) (Siskos, Yannacopoulos, 1983) (Slowinski, 1991).
8
(Oberti, 2002).
9
eu égard à la multiplicité des avis d’acteurs et les multiples critères de choix à appréhender, en situations souvent
conflictuelles, mais aussi compte tenu des limites informationnelles.

3
qui vient restreindre le champs des options envisageables pour répondre au problème
étudié, tout comme la fiabilité des évaluations qui sont entachées d’imprécision,
d’incertitude, d’indétermination.
Aussi, l’AMCD permet la considération de critères économiques et non-économiques,
hétérogènes et multiples voire qualitatifs, facilitant la mise en œuvre d’une approche
participative, concertative. Elle évite de monétariser les évaluations pour tout ramener à la
seule échelle économique, langage des uniques initiés du domaine. Plus largement, diverses
unités d’expressions rattachées aux critères sont alors permises, respectant ainsi le mode
d’expression de chacun des acteurs du processus de décision. Il découle alors la
reconnaissance du contexte multi-acteurs et la volonté de mener une démarche de
participation-concertation, laissant s’exprimer les systèmes de valeurs propres à chacun.
Dès lors, les parties prenantes du processus de décision pourront participer à la formulation
de la politique de DD. Ils interviendront, tout comme les experts du domaine étudié. Cet
aspect est fondamental pour retenir les signaux faibles (Faucheux, O’Connor, 2000),
portant les risques de non acceptation sociale d’une politique publique.
L’AMCD propose des modélisations revêtant une logique non-compensatoire ou
faiblement compensatoire, propriété importante en matière de DD. En effet, les critères
économique, environnementaux et sociaux, pour ne citer que ces catégories, ne doivent être
totalement substitués les uns aux autres, ou se compenser mutuellement sans limitation
aucune. Ils ont tous un rôle à jouer, voire un veto à imposer, dans la prise de décision. Les
procédures d’agrégation multicritère offre cette possibilité.
La légitimation d’une analyse des projets et politiques fondée sur l’AMCD n’est pas que
d’ordre intellectuel. De nombreux travaux appliqués ont déjà fait leurs preuves en
matière de DD. Divers ouvrages, documents et articles de références sont à souligner.
Parmi ceux où figurent des économistes, on citera : (Beinat, Nijkamp, 1998) (De Marchi
B. et al., 2000) (Faucheux, Froger, Munda, 1998) (Faucheux, Nicolaï, 2001) (Faucheux,
Noël, 1995) (Faucheux, O’Connor, 1998) (Froger, 1998) (Froger, Munda, 1998) (Froger,
Oberti, 2002a et b) (Munda, 1995, 2003) (Munda et al., 1994) (Oberti, 1998, 2001, 2002,
2003) (Oberti, André, 2002) (Oberti, Faucheux 2001) (Oberti, Froger, 2003) (Oberti S.,
Oberti P., 2001) (Oberti, Rombaldi, 2003) (O’Connor, 2000) (O’Connor, Amorsi, 2002).
D’autres contributions sont à noter : (Chevallier, 1999) (Greco et al., 1999) (Joliveau,
Molines, Caquard, 2000) (Kunsch et al., 1999) (Maystre, Bollinger, 1999) (Maystre et al.
1994) (Molines, 2003) (Pictet, 1999) (Rousseau, Martel, 1996).
Finalement, il est important de constater que la référence au cadre analytique de
l’AMCD est souvent confuse chez les économistes ; en raison de sa diffusion encore
relativement faible au sein de la discipline. Deux précisions méritent dès lors d’être
souligner.
L’AMCD se distingue de l’analyse des données fondée sur la statistique
multidimensionnelle. En effet, la notion de critère désire tenir compte, le plus fidèlement
possible, des attentes et préoccupations formulées (objectifs, conséquences et effets, etc.)
par les décideurs et autres acteurs du processus. En revanche, le concept de dimension
utilisé en analyse statistique des données est d’ordre théorique : il se rattache à celle
d’espace vectoriel, emprunté à l’algèbre, et nécessite la combinaison linéaire de vecteurs.
L’AMCD ne se fonde pas sur de tels principes, considérant que l’agrégation additive (totale
et transitive) et l’optimisation systématiques ne sont pas réalistes pour étudier les décisions
concrètes. Dès lors, l’analyse en composantes principales et l’analyse factorielle des
correspondances, notamment, ne relèvent pas de l’AMCD. Celle-ci dispose des méthodes
tout aussi rigoureuses qui lui sont spécifiques, ayant donc d’autres finalités ; comme nous
l’avons déjà souligné plus haut.
Ensuite, l’AMCD se distingue de la décision multicritère. En effet, les cas concrets de
décision montrent que celle-ci est par essence multicritère. C’est le cas en matière de DD,
où les critères économiques, environnementaux et éthiques, pour ne parler que d’eux,
président logiquement à la prise de décision. Dans ce contexte, dire que la décision est
multicritère est presque un pléonasme. En revanche, l’aide apportée par un HE
« classique » est généralement unicritère : noyer les coûts et les avantages monétaires, dans

4
un rapport ou un bilan par exemple, relève d’une procédure agrégation totale et transitive.
Les choix opérés par un tel paradigme se feront selon l’unique critère synthétique du
rapport coût-avantage, ou du bilan social net, laissant libre cours à la compensation entre
les pertes et les gains. Autrement-dit, il ne s’agit pas seulement de considérer plusieurs
critères, c’est aussi la manière de les agréger qui importe. L’AMCD met en œuvre des
procédures d’agrégation multicritère qui sont partielles, généralement fondées sur la
construction de relations de surclassement ; laissant place aux conflits inter-critères, à la
non compensation ou la faible compensation entre ces derniers, et même au veto imposé
par un critère pris isolément parmi les autres quel que soit son poids.
Sur la base d’un tel cadre analytique offert par l’AMCD, présentons comment nous
mettons en œuvre actuellement, en région corse, une recherche procédurale visant à éclairer
les décideurs locaux sur leurs choix énergétiques dans un contexte participatif.

3 L’AIDE MULTICRITÈRE À LA DÉCISION PARTICIPATIVE : UNE


RECHERCHE PROCÉDURALE ORIGINALE POUR LA GOUVERANCE
LOCALE

3.1 Précisions terminologiques préalables

Il s’agit tout d’abord d’opérer un distinguo entre l’AMCD et l’aide multicritère à la


décision participative (AMCDP) (Froger, Oberti, 2002a et b), prend source dans la manière
de conduire une telle activité scientifique de conseil. Bien que les fondements
méthodologiques soient identiques (Roy, 1985) et que la décision finale incombe au(x)
seul(s) décideur(s) officiels, l’outil peut servir la gouvernance d’autorité10 (Froger,
2001) ou la gouvernance participative, selon la recherche procédurale menée par
l’HE.
Dans ce premier cas de figure, l’activité d’aide à la décision est entendue ici dans son
acception classique : - les multiples critères retenus pour guider la prise de décision
traduisent exclusivement les préoccupations du ou des décideurs demandant un éclairage
sur le problème soulevé - les paramètres économiques, tels les poids relatifs des critères,
reflètent les seuls priorités du / des décideurs - l’évaluation des réponses potentielles au
problème sur chacun des critères est menée par une expertise technico-scientifique dite
indépendante ou réalisée en interne. Autrement-dit, même si l’AMCD offre un cadre
analytique permettant de faire intervenir les acteurs socio-économiques privés, au même
titre que les acteurs publics et experts dans le processus d’aide à la décision ; l’HE
orchestrant ce dernier peut cependant lui conférer un caractère non participatif et ne pas
contribuer à ouvrir la recherche procédurale à la société civile locale.
En revanche, lorsque nous employons le concept d’AMCDP, nous nous référons à une
volonté de sortir du tandem décideur(s)-expert(s) pour y introduire une place aux acteurs
socio-économiques privés, donc à d’autres systèmes de valeurs. Autrement dit, au sein
d’une AMCDP : - la famille des critères retenue vise à traduire des préoccupations variées
et communes entre plusieurs acteurs publics ou non - les jeux de paramètres
économiques (poids des critères, seuils de discrimination sur les critères) sont propres à
chacun de ces acteurs - l’évaluation citoyenne des options sur chaque critère se mêle à
l’évaluation experte. Une telle conception de l’activité d’aide à la décision s’avère, selon
nous, plus en phase avec l’optique d’une gouvernance participative.
Ces précisions terminologiques étant apportées, il est à présent loisible de présenter la
recherche procédurale proprement-dite qui sera illustrée au choix énergétiques en région
corse.

10
ancien modèle de décision des politiques et projets publics, également qualifié de « régime de la planification »
(Fourniau, 1997), ou de « modèle de l’instruction publique » (Callon, 1998).

5
3.2 Considérations méthodologiques et illustration à la localisation
d’éoliennes

Les considérations méthodologiques présentées ici constituent la trame principale d’une


étude pilote en cours de réalisation, et dont l’objet est de proposer au Conseil Energétique
de Corse une méthode d’aide à la décision en vue, d’une part, d’éclairer ses choix de projets
d’implantation de parcs éoliens11, et d’autre part, d’accroître leur acceptabilité sociale
(Oberti, 2003, 2004). Si le cas d’étude exposé n’est autre qu’une simulation étayant notre
propos, soulignons qu’une telle recherche procédurale a déjà fait ses preuves dans cette
région par diverses applications à grandeur réelle (Oberti, 2001, 2002) (Oberti , Andre,
2002) (Oberti, Froger, 2003).
En matière d’AMCD, « … le concept de décision est difficilement séparable de celui de
processus de décision dans la mesure où c’est l’ensemble des temps forts dans le
déroulement de ce processus qui détermine la décision globale. » (Roy et Bouyssou, 1993,
p. 20). Plus particulièrement, la structure générale du processus décisionnel participatif
que nous proposons comporte dix étapes principales12 :
• Phase I : Clarification de la situation et du problème d’étude
• Phase II : Constitution d’un groupe de travail
• Phase III : Explicitation des actions
• Phase IV : Révélation des critères d’évaluation
• Phase V : Evaluation des actions sur chaque critère
• Phase VI : Importance relative des critères
• Phase VII : Choix des méthodes multicritères appropriées au problème d’étude
• Phase VIII : Obtention des paramètres liés aux méthodes multicritères retenues
• Phase IX : Application des méthodes multicritères retenues
• Phase X : Validation des conclusions scientifiques par les acteurs et
recommandations finales.
Un tel processus d’AMCDP ne se réduit donc pas aux seules recommandations finales
destinées aux décideurs/acteurs (Phase X), ni à élaborer des modélisations multicritères
pour déterminer ces premières. Par ailleurs, la présentation successive en phases d’étude
vise à structurer la démarche et à la rendre transparente. La mise en œuvre du processus ne
suit pas nécessairement une séquence linéaire de I à X : le contenu de certaines phases peut
se redéfinir même si l’étude est à un stade plus avancé13. Notons aussi que, selon les
problèmes décisionnels à étudier, une partie du processus peut être renseignée grâce au
travail déjà effectué sous l’initiative d’acteurs socioéconomiques (Phases I à III en général).
Cependant, une rétroaction sur ces étapes sera nécessaire, afin de revenir sur des bases
méthodologiques communes, de satisfaire à leurs objectifs et d’apporter les éventuels

11
l’article 29 de la loi n°2002-92 du 22 janvier 2002 implique la consultation de l’Assemblée de Corse
préalablement à tout projet d’implantation d’un ouvrage de production utilisant les ressources énergétiques
locales.
12
Un tel processus est dit « déca phasé ».
13
Telle la constitution d’un collège d’évaluateurs, réellement concrétisée après avoir exprimé les objectifs et
critères (phase IV). De même cette dernière est liée à la phase III : l’apparition de nouvelles actions, affichant
des particularismes inattendus, peut remettre en question la formulation des critères. Ces possibilités de
rétroaction laissent le dialogue ouvert le plus longtemps possible afin de mieux tenir compte de l’avis des
acteurs du processus ; elles facilitent l’acceptation progressive et le partage de la méthodologie. Cette
souplesse n’est pas permise dans tout le processus : la phase VI ne débutera qu’une fois les phases IV et V
validées.

6
renseignements complémentaires utiles à la mise en oeuvre de ces premières. Soulignons
d’emblée que le choix et l’application des méthodes multicritères14 (phases VII et IX)
relèvent de l’activité technique, et donc non participative, des seuls HE. Cependant, ce
coté « boîte noire » est bien accepté par les autres acteurs du processus, considérablement
impliqués en amont et aval de ces étapes.
Présentons maintenant le contenu de chaque phase, ainsi que leur caractère participatif
et illustré à l’éolien.

3.2.1 Clarification de la situation et du problème d’étude (Phase I)

3.2.1.1 Contenu de la phase et caractère participatif

Cette phase d’amorce est jalonnée par trois temps forts, correspondant a autant de
réunions de travail.
Tout d’abord l’HE principal, le(s) décideur(s) voire le(s) commanditaire(s), se
réunissent pour : 1) exposer le problème rencontré, en raison de la situation actuelle ou/et
future dans un domaine particulier, pour lequel ils désirent recevoir un éclairage
scientifique (aide à la décision ou à l’évaluation)15 ; 2) révéler l’objectif général, voire des
objectifs particuliers16, que se fixent les décideur(s) et commanditaire(s) dans la recherche
d’une éventuelle réponse ou avancée face au problème ; 3) procéder à une identification
préliminaire des principaux acteurs sociaux économiques concernés par le problème
soulevé17, afin d’en dresser une liste qui soit la plus exhaustive possible. Suite à la première
réunion, l’HE procédera à une consultation de ces derniers, afin de leur livrer le compte
rendu du travail effectué, mais surtout, en vue d’identifier leurs intérêts et
préoccupations. A cet effet, la réalisation d’une enquête peut s’avérer un moyen utile. Les
résultats de la consultation doivent permettre, dans la mesure du possible, de fournir une
première identification des groupes d’intérêts possibles par regroupement des enjeux
similaires d’acteurs face au problème soulevé.
Une seconde réunion de travail, entre l’HE et le bloc décideur(s)-commanditaire(s),
dressera le compte rendu de la consultation et préparera une assemblée publique visant à
mobiliser les acteurs sur le problème rencontré.
Le déroulement de cette première réunion plénière, pouvant être annoncée par la presse
locale, est prévu comme suit : 1) l’exposé, par le(s) décideur(s) et commanditaire(s), du
problème rencontré et de la volonté de mettre en œuvre une démarche participative de
traitement, fondée sur une réelle implication des acteurs ; 2) l’HE précisera les diverses
préoccupations et objectifs rattachés au problème, le processus d’étude (Phases I à X) et le
rôle de chacun, la constitution des groupes d’intérêts proposée ; 3) les acteurs en présence
auront la parole pour confirmer, infirmer ou amender les enjeux (objectifs, préoccupations)
et la composition des groupes d’intérêts (restructuration, constitutions nouvelles) ; 4)
chaque groupe d’intérêts finalement auto-constitué18 est ensuite invité à se réunir en atelier,
à en dresser un compte-rendu écrit remis à l’HE sur : - la nomination démocratique d’un
représentant (et du suppléant) qui siégera au sein du futur groupe de travail - la révélation
des objectifs qu’ils y défendront.

14
Il est judicieux de les déterminer en fonction de la nature du problème et de l’évaluation à traiter, plutôt que de
procéder à des adaptions risquées mais nécessaires à l’usage de modèles retenus a priori.
15
Les limites géographiques et impératifs temporels d’étude seront également précisés.
16
S’il est impossible de déterminer ces derniers, à ce stade du processus (par exemple en raison d’un contexte
institutionnel changeant, ou encore lorsque le problème rencontré est nouveau), ils seront révélés lors de la
phase IV.
17
Que nous désignerons plus tardive sous l’appellation de « parties intéressées ».
18
selon un regroupement d’acteurs effectué cette fois-ci par eux-mêmes.

7
Ainsi, cette première phase revêt un caractère participatif du fait qu’elle associe les
acteurs concernés dès le début du processus décisionnel, tant dans la communication d’une
politique projetée, des enjeux rattachés, que dans la définition des objectifs recherchés.
Cela permet d’instaurer d’emblée un certain climat de confiance, notamment en laissant la
liberté d’élire des représentants19, en limitant l’éviction de certains acteurs et les effets
subséquents.
3.2.1.2 Illustration à l’éolien

Le Conseil énergétique de Corse (CEC), organe consultatif en matière d’implantations


d’éoliennes, à récemment émis le souhait, auprès de l’Université de Corse, de recevoir un
éclairage scientifique en matière d’aide à la localisation de parcs éoliens dans une optique
participative, d’acceptabilité sociale et d’harmonie vis-à-vis de l’aménagement du territoire
régional. Les recommandations qui en découlerait pourraient servir aux décideurs finaux,
que sont la Collectivité territoriale de Corse (CTC) et la Préfecture de région20. L’étude
porterait sur un territoire infra-régional digne d’intérêt, et s’étalerait sur une durée de dix
huit mois. Les soumissions de projets éolien seront centralisées par le CEC, et l’activité
d’aide à la décision confiée au groupe de travail éolien élargi sous la coordination
scientifique d’un enseignant-chercheur de l’Université de Corse.
Ce besoin d’aide à la décision émerge en raison de la situation énergétique actuelle, et
des engagements régionaux et nationaux relatifs au développement à venir des énergies
renouvelables pour contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. En 2001, la
Corse a adopté le Plan énergétique21 à moyen terme (CTC, 2001). Actuellement, la
puissance installée du parc éolien en Corse atteint 18 MW, soit 3.47% du total toutes
sources énergétiques confondues. Elle permet d’économiser approximativement 10500
tonnes de fuel par an, soit 33000 tonnes d’émissions de CO2. A l’échelon national, la
France reste en retard sur les autres pays de l’Union Européenne, en occupant la dixième
place avec moins de 1% de son électricité issue de l’éolien. Cependant, elle s’est fixé
l’objectif ambitieux d’atteindre, d’ici 2010, les 21% à partir d’énergie renouvelable, en
misant beaucoup sur l’énergie éolienne pour y parvenir. Face à une telle visée quantitative,
on peut dès lors s’interroger sur le rôle que joueront prochainement les régions disposant
d’un important gisement éolien, plus particulièrement la Corse visant 100MW installés en
2010. Un tel désir de montée en puissance, s’il est légitime en termes de lutte contre l’effet
de serre et de sécurité accrue en matière de fourniture énergétique, doit cependant être mis
en œuvre avec prudence. Il s’agit d’éviter un développement anarchique d’installations,
sans réelle cohérence territoriale, risquant de dénaturer le paysage voire d’engendrer
de vives contestations de la société civile locale, et de priver la Corse d’une partie de
cette énergie propre. Notons aussi que, la non acceptation sociale des projets éoliens peut
avoir des incidences financières lourdes auprès des investisseurs, notamment des dépenses
irrécupérables inhérentes à l’ingénierie et aux expertises commanditées. De plus, le tarif de
rachat du kWh produit à partir d’énergies renouvelables est supérieur en Corse
comparativement au continent : respectivement 9.15 centimes d’euros contre 8.38. Cela
peut constituer un facteur d’attractivité régionale pour les industriels, tout comme servir des
intérêts politico-financiers dominants.
Ainsi, le commanditaire de l’étude (CEC) a émis le besoin de disposer d’une méthode
d’analyse des projets éoliens, pouvant éclairer les décideurs publics du département et de la
région, répondant aux objectifs suivants : - intégrer l’ensemble des critères et contraintes de
choix - adopter une vision spatiale à l’échelle du territoire, même si au final les décisions
porteront sur chaque projets pris individuellement - être en phase avec la chartre de

19
contrairement aux méthodes de constitution de groupes fondées en amont sur des critères de représentativité, ou
des relations technocratiques / bureaucratiques déjà établies.
20
Notamment à propos des avis émis dans l’instruction des permis de construire.
21
Articulé autour de trois options : l’exploitation des centrales thermiques jusqu’aux environs de 2012, la
promotion des énergies renouvelables et l’amélioration de la qualité de fourniture électrique.

8
concertation éolienne (CTC, 2003)22. Aussi, avons nous été chargé de mettre en œuvre
ladite méthode.
L’identification préliminaire des principaux acteurs socioéconomiques concernés
(tableau 2) se base en partie sur la composition du CEC23, de son groupe de travail éolien,
et d’après certaines adjonctions personnelles.

3.2.2 La constitution du groupe de travail (Phase II)

3.2.2.1 Contenu de la phase et caractère participatif

Cette seconde phase vise à mettre en place un comité de pilotage, amorçant l’étude du
problème décisionnel ou évaluatif, puis à constituer progressivement un réel groupe de
travail24 composé d’acteurs s’insérant dans trois blocs principaux : les PI, le collège des
évaluateurs, et le groupe des HE ; ces deux derniers étant composés d’acteurs particuliers
influençant le processus sans être pour autant des porteurs d’enjeux.

a Les parties intéressées

En matière d’AMCD, le terme général d’acteur est souvent précisé par les vocables de
parties prenantes25 ou encore de parties intéressées26 (PI) par le problème soulevé. Nous
préférerons ce dernier concept, impliquant de considérer aussi la catégorie d’acteurs
constituée des agis : il s’agit de tous ceux qui subissent les conséquences de la décision, de
manière normalement passive (Sfez, 1973), et qui interviennent indirectement dans le
processus par l’image que d’autres acteurs se font de leurs valeurs et systèmes de
préférences (Jacquet-Lagrèze, 1981).
Parmi les PI, on distinguera les décideurs, commanditaires d’étude, les représentants du
monde économique, public ou privé, et ceux de la société civile. Soulignons que
l’intervention de ces derniers au sein du groupe de travail est nécessaire, notamment pour
faciliter l’acceptation sociale d’une politique de DD : de par leur participation et la mise en
place d’une concertation, il est possible de prendre en compte la demande sociale qui
émane des ONG, groupes verts et associations locales notamment. Les signaux faibles de
contestation, voire d’opposition locale, peuvent ainsi être révélés : la maîtrise ex ante du
risque de non acceptation sociale est alors permise. Cependant, l’influence des PI doit être
contrôlée par l’HE, afin que le processus de décision ne soit monopolisé, biaisé ou avorté :

22
autrement-dit mettre en place une concertation dépassant le simple cadre des communes d’implantation, pour
associer celles situées dans le périmètre de visibilité du projet (CEC, 2002).
23
43 membres sont regroupées en 3 catégories : membres de droit, membres associés, et membres consultatifs
nommées par arrêté délibéré en conseil exécutif.

24 Il doit être constitué dans l’esprit suivant : désignation démocratique des représentants, vouloir faire avancer le
processus de façon concertée, dégager une communauté d’intérêts et d’objectifs, partager la responsabilité
des recommandations, voire des décisions subséquentes, être aussi représentatif que possible. D’autres
appellations sont également utilisées selon les démarches multicritères : comité de concertation (Bertand,
2000) (Rousseau, Martel, 1996) ou encore groupe de négociation (Maystre, Bollinger, 1999).
25
« Tout individu, corps constitué ou collectivité susceptible de prendre part effectivement (éventuellement par
l’intermédiaire d’un mandataire) dans le déroulement du processus de décision avec l’intention de
l’influencer en fonction des objectifs dont il est porteur ou de ses propres enjeux. » (Roy, 2000a, p. 5).
Notons que le terme anglais équivalent stakeholder, ou porteur d’enjeux, est d’une acception encore plus
large : il désigne tout individu ou groupe d’individus ayant un intérêt conscient ou non dans le contexte
décisionnel. Dans ce cas, les générations futures peuvent être parties prenantes.
26
Personnes, groupes de personnes ou organisations pouvant être affectées par l’action du ou des décideurs, ou qui
peuvent affecter ou influencer le processus de décision (Banville et al., 1998).

9
il s’agit de permettre la représentation du grand public, plutôt que celle des intérêts
particuliers.

b Le collège des évaluateurs

Un évaluateur a pour rôle de porter un jugement de valeurs sur les actions eu égard à un
ou plusieurs critères qu’il accepte d’analyser. Il doit revêtir trois qualités principales27 :
- neutralité par rapport au problème étudié : un évaluateur ne doit pas être juge et partie
dans l’étude - indépendance par rapport aux actions potentielles retenues : il ne peut
être porteur d’une solution et prétendre en même temps à évaluer les autres de façon
équitable - compétence dans le domaine rattaché aux évaluations dont il a la charge
(travaux de qualité déjà réalisés en la matière, travaux en cours ...). Généralement, les
évaluateurs sont des experts (universitaires, ingénieurs, consultants, techniciens,
spécialistes, etc.) dans un domaine bien précis (Maystre, Bollinger, 1999), mais lorsque ces
derniers font défaut ou que l’expertise n’est pas de mise, la tache d’évaluation sera confiée
à des citoyens répondant aux exigences précitées. En effet, les membres de la société civile
peuvent apporter des connaissances localisées dans le temps et l’espace, parfois
indispensables pour générer l’évaluation : - signaux faibles de contestation, voire
d’opposition - faits actuels méconnus ou sous-estimés - mémoire populaire, etc. Soulignons
aussi la présence recommandée d’évaluateurs extérieurs à l’espace géographique
d’application des actions, pour apporter des visions complémentaires et plus neutres.

c Le groupe des hommes d’étude

Il se compose de spécialistes des démarches multicritères. Ce groupe ne pourra être


constitué dans sa totalité qu’après avoir validé les phases V et VII. En effet, la
détermination des méthodes multicritères les plus appropriées à la nature du problème
étudié peut nécessiter des compétences scientifiques et techniques particulières, ce qui
précisera les HE en charge de les mettre en œuvre. La place d’un HE est centrale dans le
processus décisionnel : - il contribue activement à son initialisation ainsi qu’à son bon
déroulement, conformément aux impératifs méthodologiques - c’est un « chef d’orchestre »
coordonnant les acteurs du début à la fin, et parfois même un médiateur lorsqu’il s’agit de
prévenir, limiter, voire résoudre des conflits d’intérêt - il a pour charge de faciliter la
production des évaluations, en proposant divers critères, échelles et conseils d’élaboration -
il doit conduire à l’élaboration de recommandations collectives claires et robustes. Compte
tenu de l’ampleur de la tache, des HE adjoints assistent généralement l’HE principal.
Finalement, l’esprit dans lequel le groupe de travail est constitué, de même que la
manière de le composer attestent du caractère participatif de cette phase II : partage et
démocratie en sont la trame. Les décideurs acceptent d’y perdre une part de leur
souveraineté. Cette variété d’acteurs va dans le sens de la complémentarité des
compétences et attentes. Aussi, l’implication des membres du groupe de travail n’est pas
uniforme28 : - les évaluateurs participent aux phases II, IV, V, VIII et X - les PI ont un droit
de regard sur l’ensemble du processus, se voient confier une activité au sein des phases I à
IV, VI, VIII et X, peuvent intervenir indirectement sur la phase V. Ainsi, chaque membre
peut largement s’investir dans ses missions.
3.2.2.2 Illustration à l’éolien

Le groupe de travail éolien élargi du CEC pourrait fortement ressembler à celui proposé
au tableau 2 qui suit.

27
Ces contraintes guideront particulièrement les HE dans le choix des évaluateurs pouvant siéger au sein du
groupe de travail.
28
Excepté pour les HE pilotant l’ensemble du processus.

10
Tableau 2 - Composition possible du futur groupe de travail éolien élargi

BLOCS MEMBRES CODES


Un représentant des producteurs privées d’électricité
P11
d’origine éolienne29
Un représentant de chaque syndicat30 représentatif dans
P12
la région Corse
Un représentant des associations déclarées de protection
P13
de l’environnement de Haute-Corse
Acteurs
privés Un représentant des associations déclarées de protection
P14
de l’environnement de Corse-du-Sud
Un représentant des résidents par commune située dans
P15
le périmètre de visibilité
PARTIES INTÉRESSÉES

Un représentant des résidents situés dans le proche


P16
voisinage des lieux d’implantation
Le Président du Conseil Exécutif de Corse P21
Le Conseiller exécutif en charge de l’énergie P22
Le Président du Conseil Economique, Social et Culturel
P23
de la Corse ou son représentant
Le Préfet de Corse ou son représentant P24
Le Directeur de la DDE compétente ou son représentant P25
Acteurs Le Directeur régional d’EDF ou son représentant P26
publics Le Directeur de l’OEC ou son représentant P27
Le Directeur de l’ADEC ou son représentant P28
Le Directeur de l’ODARC ou son représentant P29
Le Délégué régional de l’ADEME ou son représentant P30
Le Conseiller général du Canton concerné par
l’implantation ou l’élu local compétent de chaque P31
commune d’implantation
Le DIREN ou son représentant E11
COLLÈGE D’ÉVALUATEURS

Experts Le DRIRE ou son représentant E12


locaux Un physicien ENR de l’Université de Corse E13
Un économiste de l’Université de Corse E14
Expert
Un consultant enquêteur E21
extérieur
Un représentant des associations déclarées de protection
E31
Citoyens de l’environnement du département d’implantation.
Un représentant des commerçants locaux E32
Généraliste Un HE principal de l’Université de Corse
D’ÉTUDES
HOMMES

Un HE adjoint spécialisé dans les applications à l’énergie éolienne


Spécialistes Un HE adjoint spécialisé dans la conduite de démarches
participatives
Les principes méthodologiques de constitution seront certes mis en œuvre, mais les
acteurs clefs du territoire insulaire, limité par nature, sont bien connus en raison de leur
ferme engagement à participer aux décisions de projets d’implantation divers. Ainsi, sur la
base du groupe de travail éolien restreint déjà existant, une souplesse supplémentaire est
introduite : l’implication aux cas par cas d’acteurs concernés localement par chaque projet
pris isolément. Aussi, une place plus grande est conférée aux acteurs sociaux économiques

29
Association France Energie Eolienne.
30
STC, CGT, CFDT, FO, CFE – CGC, Union Professionnelle Artisanale, Union régionale des PME, MEDEF.

11
privés, de même qu’à l’expertise quasi-bénévole offerte par le monde universitaire31. Par
ailleurs, le souci d’insérer des membres ayant un rôle d’information, afin qu’ils renseignent
les acteurs faibles et agis, externes au processus décisionnel, notamment sur son état
d’avancement en espérant obtenir leurs sentiments et propositions.

3.2.3 L’explicitation des actions (Phase III)

3.2.3.1 Contenu de la phase et caractère participatif

Le terme générique d’action est surtout utilisé dans la théorie, pour désigner « … ce qui
constitue l’objet de la décision ou ce sur quoi porte l’aide à la décision. En pratique, ce
terme peut être remplacé, selon les cas, par scénario, plan, programme, projet,
proposition, variante, dossier, opération, investissement, solution, … Le concept d’action
n’incorpore, a priori, aucune idée de faisabilité, autrement dit de possibilité de mise à
exécution de ce que recouvre l’action. Une action est qualifiée de potentielle lorsqu’elle est
regardée comme pouvant être mise à exécution ou simplement digne d’intérêt en vue de
l’aide à la décision. Une action potentielle peut donc être fictive. » (Roy, 2000a, p. 2).
Le qualificatif de potentielle nécessite notamment de définir des conditions d’acceptation
ou d’éligibilité, généralement appelées contraintes dans la théorie de la décision, que les
actions doivent impérativement remplir pour être candidates à la décision et / ou à l’étude
multicritère.
Notons par ailleurs, que la démarche multicritère peut s’inscrire dans une optique plus large
d’aide à l’évaluation, n’ayant pas systématiquement de finalité décisionnelle. Les pratiques
évaluatives relatives aux politiques publiques (Perret, 2001) et autres réflexions (Oberti,
2001b), nous enseignent que l’évaluation, et par conséquent la notion d’action, sont
intiment liées au contexte temporel dans lequel elles s’insèrent. Une évaluation ex ante, ou
a priori, vise à émettre des recommandations sur des actions futures, qu’il s’agit ou non de
mettre en œuvre, pour répondre au problème décisionnel. Ces dernières peuvent être
qualifiées d’actions potentielles sans ambiguïté. Cependant, une nuance intervient lorsqu’il
s’agit de pratiquer une évaluation concomitante, ou « chemin faisant », visant à piloter des
décisions déjà prises dans le passé mais dont la mise à exécution n’est pas achevée32. Dès
lors, le terme d’actions en cours33 est mieux accepté par les acteurs du processus. Aussi,
l’évaluation ex post, ou a posteriori, se fonde sur l’observation des effets réels d’actions
précédemment décidées et complètement mises en œuvre. Le terme d’actions achevées34
est apparu comme mieux adapté. Dès lors, aux yeux des acteurs du processus d’étude, ces
qualificatifs supplémentaires du terme d’action sont nécessaires pour clarifier davantage
l’objet de l’évaluation. Ils rappellent également la contribution possible d’une évaluation
multicritère des politiques publiques.
Définir l’ensemble des actions, en concertation avec les PI, témoigne du caractère
participatif de cette troisième phase. En effet, ces dernières peuvent à cette occasion
soumettre des propositions d’actions et participer ainsi à la formulation et l’orientation
même de la politique. Celle-ci n’est pas prédéterminée par les seuls décideurs, selon un
catalogue de mesures définies a priori, et les conditions éventuelles d’éligibilité ou
d’acceptation sont aussi établies de manière concertée avec les PI. Tous ensemble, ils
peuvent imaginer des scénarios, des avenirs souhaitables, préciser s’ils ont perçu
l’existence de certaines actions en cours ou achevées, etc. Ceci va dans le sens du partage,
de l’action concertée, et renforce la transparence.

31
plutôt que de recourir systématiquement aux bureaux consultants, certes compétents mais souvent très onéreux.
32
eu égard par exemple à la plus ou moins grande réalisation d’indicateurs physiques, entendus comme buts
quantifiés ou normes de parcours à atteindre.
33
Par exemple, les mesures constitutives d’un programme.
34
Telles les divers programmes d’un document unique de programmation, à titre d’illustration.

12
3.2.3.2 Illustration à l’éolien

La présente simulation s’insérant dans une optique d’aide à la décision, il s’agit


d’exprimer des actions potentielles. Elles correspondent ici à des projets d’implantation
d’éoliennes recouvrant plusieurs localisations candidates, portés par une ou plusieurs
communes en rapport ou non avec des investisseurs privés, et satisfaisant aux contraintes
suivantes :
• exigence d’efficacité énergétique territoriale (C1) : les projets devront s’implanter
dans les communes situées au sein des zones à potentiel éolien satisfaisant35 et
s’intégrer au schéma régional éolien36.
• exigence de connexion facilitée au réseau électrique (C2) : les projets d’implantation
devront porter dans les zones de raccordement définies par EDF37.
• exigence de concertation dans le périmètre de visibilité (C3): les projets devront
respecter les règles fixées par la charte de la concertation éolienne (CTC, 2003).
Parallèlement, des contraintes supplémentaires pourraient être exigées sur un autre type
de projets candidats à une aide financière : ceux portés par les petites communes au budget
restreint, envisageant des parcs éoliens de taille réduite contribuant à limiter l’impact visuel
sur le paysage. A cet effet, le Fond Corse pour la Maîtrise de l’Energie de la CTC, se
destine à soutenir les porteurs de projets dans la réalisation d’études préalables (potentiel
éolien, diagnostics environnementaux, faisabilité), pour le montage de dossier plus
pertinents intégrant une ingénierie. Ainsi, les contraintes additionnelles envisageables
pourraient être les suivantes : le projet s’implanterait dans un ou plusieurs communes de
type rurales38 (C4) ayant une faible capacité d’autofinancement (C5).

3.2.4 La révélation des critères (Phase IV)

3.2.4.1 Contenu de la phase et caractère participatif

Selon Roy (2000a, p. 2), un critère est un « outil construit pour évaluer et comparer
des actions potentielles selon un point de vue … L’évaluation d’une action selon un critère
peut faire intervenir des règles de calcul plus ou moins complexes, une enquête plus ou
moins lourde ou encore l’opinion d’un ou plusieurs experts. Quelle de soit la procédure
utilisée, il s’agit de prendre en compte les effets et attributs pertinents selon le point de vue
considéré. ». Cette définition, riche dans son contenu, nécessite d’être comprise sans
ambiguïté au sein du groupe de travail. En effet, rien ne sert de mettre en œuvre des
techniques d’agrégation de critères si ces derniers ne s’avèrent pas probants (Bouyssou,
1989). A cet effet, il convient de souligner l’interprétation des concepts de point de vue,
d’échelle et de sens de la préférence, de types et nature de critère.
En matière d’AMCD, la notion de point de vue entendue au sens usuel du terme (angle
d’analyse), est traduite de façon opératoire par celle d’axe de signification (ou de
préoccupation) d’un critère : dans la plupart des processus de décision, aussi complexes et
conflictuels soient-ils, il est souvent possible de mettre à jour un certain nombre d’axes de
signification concrets, communs aux différents acteurs, autour desquels ils justifient,
transforment et argumentent leurs préférences (Roy, Bouyssou, 1993). Concernant
l’illustration à l’éolien, les PI pourraient retenir des axes de signification/préoccupation tels

35
Eu égard à la cartographie livrée par l’atlas éolien de la corse, réalisée par l’ADEME-GERMA-EQUATORIAL.
36
proposé à la réalisation par le CEC (2003), dans le moyen terme, et susceptible d’être intégré au Plan
d’aménagement et de développement durable en région corse (PADDUC).
37
D’après la carte des équipements de production et de distribution électrique de la Corse.
38
Comptant moins de 2000 habitants, au sens de l’INSEE.

13
l’impact sur l’environnement naturel, le coût pour la collectivité, l’acceptation sociale, les
incidences sur la fréquentation touristique39.
Aussi, selon Roy et Bouyssou (1993, pp. 66-67) : « Une échelle de préférence E est un
ensemble d’états qui sont rangés selon un préordre complet jouissant de la propriété
suivante : raisonnant sur deux actions idéales a, a’ dont la comparaison correspond très
exactement à celle de deux états e et e’ de E, tout acteur Z admet : - la situation
d’indifférence a I a’ lorsque e et e’ sont ex æquo dans le préordre … - la situation de
préférence a a’ lorsque e précède e’ dans le préordre … ». Autrement dit, une échelle de
préférence est un ensemble d’échelons totalement ordonné qui est associée à un critère,
employée afin d’évaluer les actions sur ce dernier. Le rôle de l’homme d’étude est de
présenter aux évaluateurs diverses échelles types, de même qu’ils peuvent en proposer eux-
mêmes, afin de retenir celle qui leur apparaît être la plus appropriée à la démarche
évaluative. Afin apprécier la dégradation visuelle du paysage suite à l’implantation
d’éoliennes, diverses échelles pourraient être retenues selon les accords trouvés entre les
évaluateurs :
- une échelle quantitative, ou numérique, composée par exemple de notes : {1, 2, 3, 4,
5} ou [0 , 10]
- une échelle qualitative, à savoir verbale et ordinale : {Très faible, Faible, Modéré,
Fort, Très fort}
- une conventionnelle, à savoir ni numérique ni verbale, mais constituée d’échelons
convenus (symboles, icônes, codes, couleurs, etc.) : {--, -, =, +, ++}.
Notons d’ailleurs que la nature d’un critère est celle de l’évaluation à laquelle il conduit,
et par conséquent, correspond à la nature de l’échelle de préférence rattachée.
Le sens de la préférence sur un critère est dit croissant (↑), ou encore que ce dernier est à
maximiser, lorsque entre deux actions distinctes on préférera celle qui obtient l’évaluation
la plus élevée sur l’échelle de préférence associée au critère considéré40. De manière
symétrique, le sens de la préférence sur un critère est décroissant (↓), ou ce dernier est à
minimiser, du moment qu’entre deux actions différentes on préfère celle qui obtient
l’évaluation la plus faible sur l’échelle de préférence associée au critère considéré41.
Par ailleurs, nous distinguons deux types de critères : - le critère construit, qui est un
outil clairement explicité permettant de guider l’évaluation : une fonction mathématique
(somme pondérée, produit pondéré…), une série de conditions à remplir, un barème de
notation, une règle de calcul … ou tout autre procédé rigoureusement établit - le critère
informel, en tant que procédé implicite ne permettant pas la construction d’un guide
systématisant l’expression de l’évaluations de n’importe quelle action, mais faisant appel à
l’opinion argumentée liée à la subjectivité, les systèmes d’informations, de valeurs,
l’expérience et la compétence. Notons que les critères informels sont à considérer avec le
même égard que ceux qui peuvent être construits. Face à des impératifs temporels ou
financiers d’étude, voire en raison de l’impossibilité de bâtir un procédé explicite de
production des évaluations, un évaluateur a ainsi la possibilité de s’orienter vers l’usage des
critères informels. Des méthodes multicritères spécifiquement élaborées à cet effet sont
utilisables (Oberti, 1998, 2001) (Oberti, Oberti, 2001) (Oberti, André, 2002). Par ailleurs,
les critères rattachés à des échelles non quantitatives peuvent également faire l’objet
d’une construction rigoureuse (cf. tableau 5). Effectivement, en arrêtant une signification

39
Par exemple, lorsque les éoliennes sont situées à proximité des chemins de randonnées et relativement proches
des villages, même si la sécurité est garantie, les résidents peuvent s’inquiéter d’une éventuelle désaffection
des randonneurs- consommateurs.
40
Illustrons : le critère rattaché à la préoccupation d’acceptation sociale des éoliennes est à maximiser : entre deux
localisations potentielles, celle obtenant le plus grand pourcentage d’avis favorables est préférée à l’autre.
41
A titre d’illustration, si la dégradation écologique relative à une localisation d’éolienne est jugée faible alors
qu’une autre implantation est considérée comme forte, on préférera la première.

14
aux échelons d’un critère qualitatif ou conventionnel, chacun des évaluateurs : - propose à
ses co-évaluateurs42, ou défini avec eux, le contenu des jugements de valeurs adoptés
comme langage commun d’évaluation (caractère concertatif) - dispose de plus de clarté
sur les motivations d’un évaluateur à assigner tel ou tel autre échelon à une localisation
candidate, transparence également accessible à l’ensemble des membres du groupe de
travail (circulation de l’information contribuant au caractère participatif). Ainsi, un droit de
regard des acteurs du processus d’évaluation/décision sur les jugements de valeurs est
alors permis, et la mise en oeuvre d’une activité évaluative de nature qualitative ou
conventionnelle revêt un caractère plus rigoureux, moins abstrait et moins arbitraire
que la simple production d’évaluations sans garde-fou.
Finalement, du fait qu’il n’existe pas de méthode prédéfinie et systématique de
construction des critères, ceci implique que les acteurs du processus de décision
comprennent et admettent (Bouyssou, 1989) : - les axes de signification, autour desquels
sont construits les critères - le procédé permettant de définir l’évaluation de chaque action
sur chaque critère. Dès lors, le caractère participatif de cette quatrième phase est très
marqué. En effet, la recherche d’un procédé simple et transparent doit être une
préoccupation importante des évaluateurs, afin que lesdits acteurs reconnaissent le bien-
fondé des comparaisons des actions qui découlent d’un tel procédé. L’homme d’étude sera
attentif à cet égard. La construction d’un critère est donc très variable. Aussi, « bâtir
différents critères autour d’axes de signification, c’est tenter de modéliser ce qui peut
apparaître comme la partie stable de la perception du problème qu’ont les acteurs. » (Roy
et Bouyssou, 1993, p. 49). Ainsi, la construction des critères entraîne l’introduction d’une
part non négligeable d’arbitraire obligeant l’articulation de points de vue conflictuels qui ne
peut être obtenu que dans le cadre d’une démarche participative.
3.2.4.2 Illustration à l’éolien

L’ensemble des éléments constitutifs de cette phase IV est livré aux tableaux 3, 4 et 5
suivants.

Tableau 3 - Illustration de la notion de critère d’évaluation

Unités d’échelle
préoccupations

d’évaluation

préférences

Echelles43 de
Sens des
Critères
Axes de

Principe de
Intitulés des
construction des préférence des
critères
critères critères
Exposition
aux vents

Campagne de mesures
Vitesse moyenne du
m/s

g1 ↑ par mats in situ (9 [6, 11]


vent
mois)

42
Ce terme désigne les évaluateurs qui oeuvrent sur les mêmes critères.
43
Dont les échelons sont rangés par ordre croissant, du plus petit au plus grand.

15
Unités d’échelle
préoccupations

d’évaluation

préférences
Echelles43 de

Sens des
Critères
Axes de
Principe de
Intitulés des
construction des préférence des
critères
critères critères
Acceptation sociale44

Proportions d’avis
Somme pondérée des
favorables de
résultats de l’enquête
g2 résidants des
↑ publique et d’un [0 ; 100]

%
communes
sondage
d’implantation et de
complémentaire
résidants externes45

{Insignifiante,
g3 Dégradation
Avis d’expert Faible, Modérée,
écologique
Impact sur l’environnement

sémantique
Forte, Très forte}

Avis d’expert46 {Minime, Limitée,


g4 Dégradation visuelle Modérée,
du paysage ↓ Avis citoyen Considérable,
argumenté Insupportable}
Mesures du niveau

décibels dB A
Nuisances sonore résiduel,
g5 acoustiques relevés [0.5 ; 15]
supplémentaires47 météorologiques,
modélisation 3D
Influence sur le

Tendance de la

symboles
tourisme

g6 fréquentation Avis citoyen


↑ {---, --, -, =, +}
touristique locale par argumenté
les randonneurs

d’Euros M€
Incidences financières

Coûts millions
g7 Devis estimatifs48 et
d’investissement et ↓ [2 ; 4]
frais de maintenance
de fonctionnement
Taxes
g8 Surplus anticipé de professionnelles,
↑ [150 ; 300] %
budget communal foncières, loyers des
terrains

44
Les citoyens pourraient exprimer s’ils sont favorables ou non à l’implantation d’éoliennes, après avoir pris
connaissance des résultats de l’étude d’impact sur l’environnement (critères g3 à g5), du rapport éventuel
d’enquête publique, et des incidences financières (g7 et g8).

45
Aux communes d’implantation, mais habitant dans le périmètre de visibilité.
46
L’expert paysagiste présentera ses évaluations motivées aux évaluateurs citoyens (simulations photographiques
à l’appui), qui sur la base de ces informations additionnelles exprimeront à leur tour leurs propres jugements
de valeur.
47
du proche environnement géographique.
48
Frais d’études, travaux de génie civil (piste d’accès et de desserte, fondations des éoliennes, bâtiment
d’exploitation), installation du champ d’éoliennes (fourniture, pose et mise en service), évacuation du courant
(ligne, équipement de gestion du parc, comptage), , maîtrise d’œuvre et d’ouvrage, contrôle, assurances.

16
Tableau 4 - Répartition des évaluateurs sur les critères

CRITÈRES DE LOCALISATION
VEN SOC ENV TOU FIN
g1 g2 g3 g4 g5 g6 g7 g8
E11 ● ●
EVALUATEURS

E12 ●
EXPERTS LOCAUX
E13 ●
E14 ● ●
EXPERT EXTÉRIEUR E21 ●
E31 ●
CITOYENS
E32 ●
Effectifs par critère 1 1 1 2 1 1 1 1
Nombre de matrices d’évaluation 2

Tableau 5 - Construction participative des échelles de préférences rattachées aux


critères non quantitatifs

Critères : Echelles Codages


Significations des échelons
Intitulés (croissantes) numériques
Pas de destruction d’habitats et / ou
Insignifiante 1
d’espèces animales / végétales.
Destruction d’habitats et / ou d’espèces
Faible 2
animales / végétales ordinaires.
g3 : Destruction d’habitats et / ou d’espèces
Modérée 4
Dégradation animales / végétales fréquents.
écologique Destruction d’habitats et / ou d’espèces
Forte 7 animales / végétales fréquents mais présentant
un caractère patrimonial.
Destruction d’habitats et / ou d’espèces
Très forte 11
animales / végétales rares ou protégés.
Modification non significative du paysage ne
Minime 1
changeant pas le cliché initial.
Modification réduite du paysage restant
g4 : Limitée 2
harmonieux.
Dégradation
Modérée 4 Altération du paysage à caractère partielle.
visuelle du
Destruction du paysage conduisant à sa
paysage Considérable 7
dénaturation.
Destruction du paysage conduisant à une
Insupportable 11
défiguration importante.
Baisse considérable concernant les
randonneurs fidélisés, liée à la proximité de
--- -3 zones touristiques concurrentes non dégradées
pouvant recevoir un report de demande
touristique.
g6 :
Baisse envisageable concernant les
Tendance -- -2
randonneurs occasionnels.
de la
Baisse probable concernant les randonneurs
fréquentation - -1
occasionnels.
touristique Maintien de la tendance actuelle (randonneurs
= 0
indifférents).
Augmentation probable en raison de la
+ 1 curiosité des randonneurs occasionnels ou / et
écocitoyens.

17
3.2.5 L’évaluation des actions sur chaque critère (Phase V)

3.2.5.1 Contenu de la phase et caractère participatif

Cette phase nécessite que la répartition49 des critères auprès des évaluateurs ait été
effectuée50 (cf. tableau 4). Par évaluation nous entendons ici un jugement de valeur
argumenté, portant sur une action considérée au regard d’un critère particulier,
exprimé par un ou plusieurs évaluateurs à l’aide d’une échelle même de préférence
adoptée comme langage commun. Voir par ailleurs Munda (2003).
La nature d’une évaluation, tout comme celle d’un critère, correspond à la nature de
l’échelle rattachée. L’évaluation est de nature quantitative du moment qu’elle est chiffrée.
On distingue le cas de l’évaluation cardinale51 de l’évaluation ordinale52. En revanche,
l’évaluation sera de nature qualitative lorsque l’appréciation des actions est verbale et
ordinale. Ainsi, ce sont des mots et non plus des chiffres qui sont employés pour évaluer53,
l’ensemble de ces mots devant être totalement ordonné. Finalement, l’évaluation est de
nature conventionnelle, du moment qu’elle n’est ni quantitative ni qualitative, mais basée
sur un langage plus approprié54. Notons que la mise en œuvre de la plupart des procédures
d’agrégation multicritères nécessite de pratiquer un codage numérique55 des évaluations
non quantitatives. Même si les évaluateurs s’exprimeront dans le langage qu’ils ont eux-
même adopté, l’HE aura généralement besoin d’attribuer un équivalent numérique à chaque
échelon qualitatif ou conventionnel.
Le résultat attendu de cette phase est la construction d’un ou plusieurs tableaux
(matrices) d’évaluation, par le collège des évaluateurs, dont l’intersection de chaque
ligne et colonne revêt l’évaluation d’une action considérée selon un critère donné (cf.
tableaux 6 et 7). Soulignons qu’en aucun cas l’homme d’étude ne demandera une opinion
multicritère sur chaque action : cette activité de synthèse reste de son seul ressort. La
construction matricielle peut être directe, lorsqu’il n’existe pas de co-évaluateur,
autrement-dit quand chaque critère est étudié par un seul évaluateur : un unique tableau
d’évaluation est exprimé. En revanche, si sur un critère au moins, l’exercice évaluatif est
mis en œuvre par plusieurs évaluateurs experts ou citoyens et qu’il en résulte des jugements
d’actions différents, la construction de tableau(x) d’évaluation devient indirecte :
l’intervention de l’HE est nécessaire pour déterminer une matrice de synthèse56 (médiane,
moyenne, majoritaire, etc.) ou plusieurs matrices possibles57 (minimaliste, maximaliste, par
combinaisons de colonnes, etc.).

49
Généralement non uniforme, afin de réduire la charge d’évaluation de chaque évaluateur.
50
Il est parfois recommandé d’affecter plus d’un évaluateur par critère, en vue de confronter les évaluations
d’actions.
51
c’est-à-dire quantifiable et mesurable : les opérateurs arithmétiques (+, -, ×, ÷) sont alors utilisables pour traiter
les jugements de valeur.
52
quantifiable et non mesurable : seules les relations d’ordre peuvent être employées pour comparer les jugements
de valeur.
53
L’évaluation qualitative est préférable à l’évaluation quantitative ordinale, du moment que les mots ont plus de
sens que ses chiffres qui ne traduisent qu’un simple classement des actions hors de tout jugement de valeur
sémantique.
54
en raison notamment d’une expérience acquise par un évaluateur dans un domaine de compétence : symboles,
icônes, codes, couleurs, etc., ou tout autre ensemble d’échelons convenus, totalement ordonné.
55
Le logiciel MACBETH [Bana e Costa et al., 1999] [Bana e Costa, Vansnick, 1997] s’atèle à ce type de procédé.
56
Nécessaire lorsque le nombre de co-évaluateurs est jugé suffisamment important pour alourdir considérablement
les analyses de sensibilité-robustesse.
57
Ceci reste techniquement exploitable lorsque le nombre de co-évaluateurs est réduit, et rend les analyses de
sensibilité-robustesse plus fidèles.

18
L’évaluation, telle qu’elle est entendue ici, s’avère multiforme58. Elle contribue à
respecter les divers systèmes de valeurs des évaluateurs : révérer les modes d’expression
qui leur sont propres, ne pas imposer d’échelles de préférences, favorise la participation à la
démarche multicritère tout en améliorant la compréhension de celle-ci59. Aussi, selon le
principe d’évaluation justifiée, les évaluateurs ont le devoir60 de communiquer auprès des
autres acteurs du processus, les fondements qui sous-tendent la production des jugements
de valeurs portés sur les actions61. Ces derniers doivent être compris et admis par lesdits
acteurs qui ont donc un droit de regard pouvant conduire à la révision, généralement
marginale, des évaluations62. Soulignons qu’il ne s’agit pas d’aboutir absolument à une
évaluation consensuelle. Si aucun accord n’est trouvé entre les évaluateurs analysant les
actions selon le(s) même(s) critère(s), l’HE retiendra les jugements de valeurs propres à
chacun et procédera ultérieurement à des analyses de sensibilité-robustesse pour émettre
des conclusions stables (phase IX). Egalement, dans le cadre d’une évaluation
concomitante ou ex post, les PI peuvent exprimer le niveau d’atteinte des objectifs de
parcours ou de réalisation, sur la base des effets qu’ils ont eux-même ressentis. Cette
possibilité d’impliquer ces acteurs à une telle démarche évaluative va dans le sens d’une
transparence accrue sur l’efficacité des actions en cours ou achevées. Finalement, une
évaluation citoyenne ex ante peut être mise en œuvre comme c’est le cas dans notre
simulation. Par ailleurs, la construction d’échelles numériques par codage des évaluations
non quantitatives, s’avère plus pertinente et mieux acceptée par les évaluateurs en charge,
lorsqu’elle résulte d’une discussion avec eux menée par l’HE, qui tente de prendre en
compte leurs perceptions mentales des nombres plutôt que d’imposer ces premières
(Maystre, Bollinger, 1999, pp. 17-21).
3.2.5.2 Illustration à l’éolien

Le processus d’évaluation pourrait aboutir au résultat présenté aux tableaux 6 et 7 qui


suivent63.

Tableau 6 - Sous-matrice d’évaluation des localisations d’un projet, sur les critères
individuellement appréhendés par un unique évaluateur

Critères
g1 g2 g3 g5 g6 g7 g8
a 11 92 Faible 5 = 2.5 150
Localisations
b 9 95 Modérée 0.5 -- 2 180
potentielles
c 6 80 Insignifiante 15 - 4 270

58
compte tenu de ses diverses formes partiellement combinables : quantitative, qualitative, conventionnelle,
cardinale, ordinale, discrète, continue, précise, imprécise.
59
contrairement l’analyse coûts-avantages qui n’admet qu’une simple échelle monétaire (langage unique et
unilatéral).
60
Pour des raisons de transparence, de cohérence et d’exhaustivité.
61
Voir également les travaux de Azibi et Vanderpooten [2001].
62
La charge d’évaluer incombant prioritairement aux évaluateurs.
63
Les jugements de valeur figurant en bleu correspondent aux meilleurs performances unicritères, alors que ceux
inscrits en rouge renvoient aux pires évaluations obtenues.

19
Tableaux 7.a et 7.b - Sous-matrices d’évaluation des localisations d’un projet, sur les
critères dont la responsabilité incombe à des co-évaluateurs

Critères Critères
E11 g4 E31 g4
a Limitée a Modérée
Localisation Localisations
b Minime b Limitée
potentielles potentielles
c Considérable c Considérable
Compte tenu du fait qu’il n’existe que deux matrices d’évaluation différentes par
combinaison de colonnes, il n’est pas absolument nécessaire d’agréger ces premières en
une seule pour alléger l’activité de l’HE64. Dès lors, en plus des évaluations communes du
tableau 6, les jugements de valeurs formulés aux tableaux 7 par les co-évaluateurs E11 et
E31 seront insérés isolément dans l’analyse multicritère. Ainsi, chacun des avis citoyens ou
experts exprimés sera pris en compte, de la manière la plus fidèle possible en raison des
codages numériques éventuels. A cet égard, notons que (cf. tableau 5) :
• les échelles initiales rattachées aux critères g3 et g4 sont numériquement codées par
différence linéairement croissante : ceci traduit que les évaluateurs en charge
perçoivent une distance psychologique de plus en plus grande entre deux échelons
consécutifs, lorsqu’ils procèdent à une lecture de bas en haut des échelles.65.
• l’échelle rattachée à g6 est codée de manière arithmétique, car l’évaluateur E32
considère que, tout au long de cette première, la distance psychologique entre deux
échelons consécutifs est invariante 66.
A la lecture du tableau 6, on peut constater l’existence de conflits entre les critères,
notamment g1, g2 et g3 : il n’existe pas de localisation optimale, préférée à toutes les autres
sur chacun des critères. Dans les modélisations multicritères, de telles situations
conflictuelles peuvent engendrer des relations d’incomparabilité entre certaines
actions : l’homme d’étude ne prendra pas position en faveur d’une de ces dernières ou
même des deux.

3.2.6 Importance relative des critères (Phase VI)

3.2.6.1 Contenu de la phase et caractère participatif

L’importance relative des critères est « … une notion complexe qui concerne la
différentiation des rôles qu’une partie prenante souhaite voir jouer aux différents critères
dans l’élaboration et l’argumentation des préférences globales. » (Roy, 2000a, p. 4).
Soulignons que cette notion est souvent mal cernée, en raison du recours fréquent à la
métaphore du poids qui est généralement trompeuse : plus le poids d’un critère est élevé
et plus ce critère jouerait un rôle important dans la formation des préférences globales. Or,
« la façon dont les poids opèrent dépend de la logique qui est à l’œuvre dans la procédure

64
L’agrégation peut être parfois nécessaire quand à un nombre réduit de co-évaluateurs se combinent plusieurs
paramètres économiques propres aux PI (Phases VI et VIII), venant alourdir les analyses de sensibilité-
robustesse.
65
Par exemple, à propos de la dégradation visuelle du paysage (g4), les évaluateurs E11 et E31 considèrent que la
distance psychologique séparant les échelons « Minime » et « Limitée » est plus faible qu’entre « Limitée »
et « Modérée » ; et qu’il en est de même entre les couples « Modérée »-« Considérable » et « Considérable »-
« Insupportable ». Une telle perception est traduite par une différence linéairement croissante entre les
codages numériques ; les écarts ici obtenus étant : 2 - 1 = 1, 4 - 2 = 2, 7 - 4 = 3, 11 - 7 = 4.
66
Ceci est traduit ici par le fait que les écarts entre les échelons numériques consécutifs sont tous égaux à 1 ; ou
encore que le codage se fait par différence linéaire constante.

20
d’agrégation multicritère » (Roy, 2000a, p. 4). En effet, la plupart des modélisations
multicritères bien établies laissent la possibilité à chaque critère, quantitatifs et cardinaux,
de mettre son veto envers la préférence d’une action « a » par rapport à une autre action
« b ». Cela ce vérifie quand « a » est significativement moins bien évaluée que « b » sur
ledit critère, même si son poids est relativement faible, et cela quelles que soit l’évaluation
de ces deux actions sur les critères restants.
L’expression de l’importance relative des critères, lorsqu’elle est possible67, peut être
obtenue par l’HE selon divers procédés s’appliquant en relation directe avec chaque PI :
une technique rigoureuse de pondération est livrée par la méthode SRF (Roy, Figueira,
1998), ou Simos révisée, permettant de traduire scientifiquement l’importance que revêt
chaque critère par un chiffre (le poids)68. Notons par ailleurs que l’importance relative des
critères peut parfois s’avérer également utile pour choisir la ou les méthodes multicritères
appropriées au problème d’étude69.
Pour ce qui est du caractère participatif de cette sixième phase, notons qu’elle permet à
chaque PI de conférer des rôles particuliers aux critères retenus, en fonction du système de
valeurs qui la caractérise. Concrètement, l’HE peut théoriquement déterminer un jeu de
poids des critères spécifique à chacune des PI. Aucune exclusivité quant à l’expression de
l’importance relative des critères n’est accordée au(x) décideur(s) et commanditaire(s). Les
PI n’ont pas l’impression que le problème est déjà pré-décidé, ou qu’ils n’ont pas les
facultés de s’exprimer sur la priorité des critères ; leurs avis étant pris en compte dans
l’élaboration et l’argumentation des préférences globales. Ceci maintien un climat de
confiance dans le processus, en évitant l’éviction des PI de cette phase.
3.2.6.2 Illustration à l’éolien

Le tableau suivant retrace le résultat type que l’on peut obtenir par la mise en œuvre de
cette phase.

Tableau 8 - Jeux de poids normés des critères et priorités par partie intéressée
répondante

CRITÈRES
g1 g2 g3 g4 g5 g6 g7 g8
Acteurs P13(4) 0.09 0.12 0.2 0.2 0.2 0.05 0.07 0.07
privés P15 0.05 0.2 0.07 0.2 0.2 0.08 0.1 0.1
PARTIES
P22 0.21 0.21 0.1 0.21 0.07 0.03 0.07 0.1
INTÉRESSÉES Acteurs
P27 0.13 0.16 0.16 0.16 0.16 0.05 0.08 0.1
publics
P30 0.28 0.28 0.08 0.06 0.06 0.04 0.1 0.1
Rangs des ère
% 1 position 40 80 40 80 60 0 0 0
classements % dernière pos. 20 0 0 0 0 80 0 0
Plus grands écarts de poids 0.23 0.16 0.13 0.15 0.14 0.05 0.03 0.03
Une première lecture partielle permet de dégager, par exemple, un large consensus. Pour
80% des PI ayant participé à l’exercice de pondération : - les critères d’acceptation sociale

67
Lorsque la pondération n’est pas réalisable, la méthode ELECTRE IV peut être employée, si le décideur admet
toutefois l’hypothèse de disparité limitée : « Aucun critère n’a, à lui tout seul, une importance supérieure ou
égale à celle d’une coalition rassemblant au moins la moitié des critères. » [Roy, Bouyssou, 1993, p. 275].
68
Normé, compris dans l’intervalle ]0; 1[ : plus le poids tend vers 1, plus l’importance relative du critère est
considérable. Par ailleurs une approche qualitative de questionnement, moins lourde mais plus limitée dans
l’exploration, peut positionner chaque critère sur une échelle d’importance du type {Moyennement
important, Important, Très important, Extrêmement important}.
69
Notre méthodologie considère que la phase VII puisse, sous certaines conditions, être partiellement déterminée
par la phase VI ; en vue d’adapter l’outil à la nature de l’évaluation et du problème à traiter, et non l’inverse.

21
(g2) et de dégradation visuelle du paysage (g4) sont jugés comme prioritaires70 - le critère
d’influence sur le tourisme (g6) est le moins important, comparativement aux autres. Aussi,
les critères relatifs aux incidences financières (g7 et g8) occupent des places intermédiaires
dans l’ordre d’importance71, sans pour autant traduire des conflits de valeurs probants :
toutes PI confondues, les plus grands écarts de poids restent faibles (3%). Ainsi, sur les huit
critères, seul l’exposition aux vents (g1) partage vivement les avis (23% d’écart
pondéral maximum, d’après les poids propres aux acteurs P30 et P15).

3.2.7 Choix des méthodes multicritères appropriées au problème d’étude


(Phase VII)

Cette phase ne revêt pas de caractère participatif, dans le sens où elle est du seul ressort
des HE. Le théoricien de la décision et de l’évaluation se réjouira de constater la diversité
des procédures d’agrégation multicritères (Roy, Bouyssou, 1993) , qui peuvent être
regroupées en approches opérationnelles (critère unique de synthèse, surclassement de
synthèse, jugement local interactif avec itérations essais-erreurs) , ou encore en familles (cf.
point 2). En revanche face à ce foisonnement, l’HE praticien sera confronté à la relative
difficulté de choisir une, sinon plusieurs, méthodes multicritères adaptées au problème à
traiter72. S’il n’est pas envisageable d’établir un guide exhaustif et objectif systématisant la
retenue de tel ou / et tel autre modèle, certains éléments peuvent néanmoins être pris en
compte ; notamment : - les délais d’étude, ressources humaines et financières utilisables -
la problématique décisionnelle considérée (cf. tableau 1) - la possibilité de pondérer ou non
les critères - l’éventuel caractère imprécis, incertain, voire indéterminé, des évaluations
d’actions - la lourdeur codage numérique des évaluations qualitatives ou conventionnelles
des actions - le poids des critères qualitatifs, pris collectivement - la disponibilité ou non du
modèle sous la forme de logiciel, sinon la difficulté de l’informatiser.
Bien évidemment, les HE ne sont donc pas neutres73 dans le choix des modélisations
multicritères, tout comme dans l’ensemble du processus. Concernant l’illustration à
l’éolien, nous avons retenu la méthode ELECTRE III (Roy, 1978)74 répondant à la
problématique γ de rangement des localisations potentielles.

3.2.8 Obtention des paramètres liés aux méthodes multicritères retenues


(Phase VIII)

3.2.8.1 Contenu de la phase et caractère participatif

Dans cette phase, les HE vont révéler divers jeux de paramètres : - économiques,
propres aux PI, à savoir principalement les seuils de discrimination, de veto et niveaux
d’aspiration - techniques, plus spécifiques à chaque méthode multicritère. Leurs modes
d’obtention doivent être précisés.
Les seuils de discrimination sur les critères servent à modéliser le fait que l’écart entre les
évaluations propres à deux actions sur un même critère, peut être : - compatible avec une

70
au premier rang, pour 80 % des parties intéressées ayant participé à la phase.
71
Puisque aucune des PI ne les situent en 1ère ou dernière position.
72
A ce propos, voir Maystre, Pictet et Simos [1994].
73
L’homme d’étude n’est pas entendu comme un analyste, terme généralement plus usité accréditant l’idée que ce
premier est « totalement extérieur au problème et au processus de décision qu’il analyse sans les influencer
en quoi que ce soit » [Roy, 1985, p. 17].
74
Diverses mises en œuvre détaillées de cette modélisation, en matière de gestion environnementale, sont livrées
par Maystre, Pictet et Simos [1994].

22
situation d’indifférence entre ces actions (seuil d’indifférence qj) - probant d’une nette
préférence en faveur de l’une d’entre elles (seuil de préférence pj). Ainsi, il est possible de
modéliser les préférences d’un acteur par des pseudo-critères (Roy, Bouyssou, 1993) qui
tiennent compte du caractère imprécis, incertain, voire indéterminé des évaluations. Aussi,
sur un même critère, une action « a » peut obtenir une évaluation tellement insuffisante par
rapport à une autre action « b », que cette situation rend inacceptable, aux yeux d’une PI
considérée, la préférence de « a » comparativement a « b » tous critères confondus. Dans ce
cas, il s’agit d’appréhender pour chacun des critères concernés un seuil de veto (vj),
particulièrement utile aux problèmes d’évaluation et de décision en matière de
développement durable75. Certaines méthodes multicritères n’intègrent pas cette possibilité
d’exploiter l’information issue des jeux de seuils de veto, et semblent plutôt s’inscrire dans
une optique de soutenabilité faible (Faucheux, O’Connor, 2002) ; les compensations de
l’altération de l’environnement n’ayant aucune borne. Aussi : vj > pj ≥ qj ≥ 0.

Cette phase VIII peut s’appliquer aux évaluateurs, décideurs et autres PI désirant
s’exprimer. Ainsi, contrairement au modèle du vrai critère, généralement utilisé dans
l’analyse économique de la décision, où tout écart d’évaluation aussi infime soit-il entre
deux actions est ressentit par un agent et traduit une nette préférence envers l’une d’entre
elles (pouvoir discriminant absolu) ; le modèle du pseudo-critère laisse la place à une
perception moins mécanique (pouvoir discriminant nuancé). A travers les seuils de
discrimination, un HE peut retenir comment chaque acteur ressent les préférences
unicritères. Par exemple, si aux yeux des décideurs publiques un écart de 0,1 million
d’Euros sur le coût total de deux projets d’implantation d’éoliennes reste compatible avec
une situation d’indifférence ; les contribuables peuvent l’interpréter comme un surcoût trop
élevé et préféreront le projet moins coûteux : le seuil d’indifférence de ces derniers est donc
plus faible que celui des décideurs. Les HE devront révéler les divers jeux de paramètres
propres aux acteurs du processus, ce qui accrédite le caractère participatif de cette phase.
3.2.8.2 Illustration à l’éolien

Tableau 9 - Jeux de seuils d’acteurs sur les critères de localisation

ACTEURS DU PROCESSUS
E21 E12 P16 P31 E14
qj 5%
g2 pj 10%
vj 50%
qj 5 dB A
g5 pj 9 dB A
CRITÈRES

vj 13 dB A
qj 0.05 M€ 0.1 M€
g7 pj 0.4 M€ 0.7 M€
vj 1 M€ 1 M€
qj 6%
g8 pj 35%
vj 150%

75
Les critères économiques, environnementaux et sociaux, généralement rattachés à l’objectif de développement
durable et spécifiés selon les problèmes étudiés, doivent tous jouer un rôle réel dans l’analyse évaluative et
décisionnelle. Par exemple, il n’est pas soutenable que des faiblesses environnementales significatives
puissent être compensées, sans limite, par des atouts d’ordre économique ou social.

23
Les critères qualitatifs ou conventionnels sont exclus du paramétrage76, tout comme la
vitesse moyenne du vent mesurée en mètres par seconde, au lieu des kilomètres par heure,
pour obtenir une grande précision. Dès lors, on retiendrait les critères rattachés à
l’acceptation sociale, aux incidences financières, et les nuisances acoustiques
supplémentaires ; en vue d’exprimer les seuils de discriminations et de veto.

3.2.9 Application des méthodes multicritères retenues (Phase IX)

3.2.9.1 Contenu de la phase

Cette phase, largement renseignée par l’activité des HE, doit être particulièrement
soignée dans l’optique d’une aide à la décision participative. En effet, l’ensemble des avis
propres à chacun des acteurs du processus doit être pris en compte de la manière la plus
complète possible. Plus particulièrement, il s’agira de procéder à :
• une analyse multi-acteurs, visant à appliquer les modélisations multicritères retenues
(phase VII) autant de fois que l’on peut y insérer les différentes combinaisons de jeux
de données propres aux acteurs du processus (évaluations d’action sur les critères,
poids relatifs et seuils sur ces derniers, etc.) ; afin de dégager les diverses solutions
livrées par les modèles face au problème étudié.
• Des analyses de sensibilité, faisant varier les données empreintes d’une part
d’arbitraire, pour révéler celles qui conditionnent le plus étroitement les solutions
dégagées77.
• Des analyses de robustesse des conclusions (Roy, 2002) (Vincke, 1999a et b)
(Durand, Trentesaux, 2000), informant notamment les acteurs du processus sur la
capacité des solutions à résister aux variations de données d’entrée78.
• L’intelligibilité des résultats scientifiques pour tous les acteurs du processus, par la
production de représentations claires79 (graphes, tableaux, etc.).
L’étude de la robustesse, se légitime notamment par la réponse qu’elle apporte aux acteurs :
« Celles et ceux qui sont responsables d’arrêter une décision ou, plus largement,
d’influencer un processus de décision n’attendent pas, en général, de l’aide à la décision
qu’elle leur dicte leur conduite mais, plus simplement, qu’elle leur apporte des
informations utiles pour baliser leur champ de réflexions et d’actions. Que ces
informations se présentent en termes de solutions, de méthodes ou de recommandations
assises sur des conclusions, elles ne leur seront véritablement utiles que si la façon dont
elles sont dépendantes ou encore conditionnées par la contingence, l’arbitraire et
l’ignorance … est prise en compte dans un cadre suffisamment large et explicité. Pour qu’il
en soit ainsi, il importe donc que ces informations exploitent non pas un résultat privilégié
mais tous ceux envisagés … » (Roy, 2002, p.3-4).
Aussi, pour compléter l’analyse multi-acteurs par des analyses de sensibilité-
robustesses, l’usage de logiciels s’avère dès lors indispensable pour les HE ; compte tenu
de la masse considérable de calculs à effectuer au sein des modélisations multicritères
appliquées de manière répétitive.

76
Les écarts d’évaluation n’ayant pas de sens intelligible pour les acteurs du processus évaluatif.
77
c’est à dire quand une variation marginale de données suffit à changer la ou les solutions proposées.
78
Par exemple en cherchant à déterminer le domaine de variation des données dans lequel une recommandation
reste stable, c’est à dire inchangée.
79
A cet égard, l’outil graphique SURMESURE [Pictet J. et al., 1994], spécifiquement élaboré pour les méthodes
multicritères fondées sur le surclassement, de même que AGATHA [Maystre, Bollinger, 1999], peuvent
s’avérer utiles.

24
3.2.9.2 Illustration à l’éolien

Les premiers résultats que pourraient formuler les HE aux membres du groupe de travail
sont présentés au tableau suivant. L’insertion successive des divers jeux de données,
propres à chacun des acteurs du processus dans la mise en œuvre de la modélisation
multicritère, souligne bien la volonté de prendre en compte l’ensemble des avis obtenus.
Dans l’illustration considérée, nous n’agrégeons pas les évaluations des localisations livrées
par les acteurs E11 et E31 en un unique jeu synthétique de jugements (minimaux,
maximaux, majoritaires, médians, moyens, etc.). De manière analogue, les poids relatifs des
critères et les seuils sur ces derniers sont considérés individuellement, c’est à dire en
introduisant directement dans le modèle les résultats issus de la discussion avec chaque
acteur du processus. Ainsi, 20 cas possibles sont exploités80, permettant de mieux souligner
les consensus et divergences potentiels sur les recommandations brutes d’implantation
d’éoliennes. A cet égard, les colonnes « graphes finaux et distillations » nous livrent les
divers préordres81 obtenus sur l’ensemble des localisations candidates.

Tableau 10 - Analyse multi-acteurs et conclusions scientifiques brutes obtenues par


l’application de la modélisation multicritère ELECTRE III

Jeux de Graphes finaux Graphes finaux


Cas Cas Jeux de données
données82 et distillations et distillations
1 (E11, P13, P16) 11 (E11, P13, P31)
aIbSc aIbSc
2 (E31, P13, P16) 12 (E31, P13, P31)
3 (E11, P15, P16) 13 (E11, P15, P31)
bSaSc aIbSc
4 (E31, P15, P16) 14 (E31, P15, P31)
5 (E11, P22, P16) 15 (E11, P22, P31)
aIbSc aIbSc
6 (E31, P22, P16) 16 (E31, P22, P31)
7 (E11, P27, P16) 17 (E11, P27, P31)
aIbSc aIbSc
8 (E31, P27, P16) 18 (E31, P27, P31)
9 (E11, P30, P16) 19 (E11, P30, P31)
aIbSc aSbSc
10 (E31, P30, P16) 20 (E31, P30, P31)

A la lecture des précédentes conclusions scientifiques, ou recommandations brutes de


localisation, on peut dresser plusieurs constats :
1) aucune relation d’incomparabilité des localisations, prises deux à deux, n’est
révélée : les préordres étant totaux, les localisations peuvent toutes être rangées par
préférences globales décroissantes.
2) D’une manière générale, les résultats bruts sont robustes (inscrits en bleu) : - la
localisation « c » est toujours surclassées par les deux autres - dans une large

80
Deux co-évaluateurs ont la charge de juger les localisations sur le quatrième critère (cf. tableau 7), 5 parties
intéressées ont participé à l’exercice de pondération des critères (cf. tableau 8) et 2 acteurs ont livré les seuils
sur le septième critère (cf. tableau 9) ; d’où 2 × 5 × 2 = 20 cas différents.
81
I étant la relation d’indifférence entre les localisations (jugées équivalentes), S étant la relation de surclassement
(préférence) d’une localisation par une autre. Le cas n°1 révèle que « a » et « b » sont équivalentes et
surclassent « c » ; d’après le cas n°4 «b » surclasse « a » qui à son tour surclasse « c » (par transitivité « b »
surclasse « c »).
82
Présentés chacun par un triplet du type (X, Y, Z), retenant : - les évaluations des actions fournies par le co-
évaluateur « X » - le vecteur de pondération des critères propre à l’acteur « Y » - les seuils (de discrimination
sur les critères et de veto) relatifs à l’acteur « Z ». Par exemple, le jeu de données (E11, P13, P16) traduit
que : - la sous matrice d’évaluation (cf. tableau 6) est complétée par les jugements de valeur exprimés par
l’expert E11 (cf. tableau 7.a) - que la pondération des critères retenue est celle obtenue par le questionnement
de l’acteur privé P13 (cf. tableau 8) - que les seuils d’indifférence, de préférence stricte et veto sont propres à
l’acteur privé P16 (cf. tableau 9).

25
majorité de cas, les localisations « a » et « b » peuvent être considérées comme
équivalentes pour l’implantation d’un parc éolien.
3) Concernant l’influence des co-évaluations, la considération des jugements experts
(E11) ou citoyens (E31) ne change en rien les rangements des localisations qui sont
totalement stables.
4) A propos de l’incidence des poids relatifs des critères, les priorités propres à l’acteur
P15 (cas 3 et 4) et celles de P30 (cas 19 et 20) viennent considérablement perturber
les rangements de localisations, comparativement à ceux obtenus dans tous les autres
cas. Les HE pourront engager, dans la mesure du possible83, une discussion tentant de
réviser les avis inhérents aux acteurs évoqués pour lever ces résultats atypiques. Ceci
illustre à nouveau le caractère non linéaire du processus décisionnel ici proposé,
puisque l’obtention des résultats de la présente phase est conditionnée par une
rétroaction sur la phase VI et une nouvelle application des méthodes multicritères
retenues (Phase IX).
5) L’analyse des effets relatifs aux divers jeux de seuils sur les critères, souligne les
positions particulièrement contrastées entre l’acteur privé P16 (cas 3 et 4) et
l’acteur public P31 (cas 13 et 14), eu égard aux coûts d’investissement et de
fonctionnement à supporter localement. Ces discordances d’avis perturbent la tête
du rangement des localisations. Une discussion s’impose à nouveau entre les HE et ces
deux acteurs, à interroger individuellement ou collectivement84. Dès lors, pour tenter
de résoudre les divergences de rangements obtenus dans cette phase IX, il faudra au
préalable réactiver la phase XIII avec P16 et P31.
Ainsi, même si les résultats scientifiques sont très largement concordants, les HE peuvent
tenter de résoudre85 les cas atypiques et contradictoires, tels que ceux (n°3 et 4) où « b »
surclasserait « a » d’une part, et ceux (n°19 et 20) pour lesquels « a » surclasse « b » d’autre
part. En effet, il est techniquement possible, dans l’illustration considérée, de les exclure
par le biais d’analyses de sensibilité-robustesse faisant varier, dans un intervalle
raisonnable, les poids des critères et les seuils exprimés sur ces derniers. En effet, les HE
peuvent soumettre : - à l’acteur P15, d’augmenter le poids du critère « vitesse moyenne du
vent » de 1% (de 0.05 à 0.06) - à P30, de diminuer le poids dudit critère de 2% (passage de
0.28 à 0.26) - à P16, d’accroître son seuil de préférence sur le critère « Coûts
d’investissement et de fonctionnement » de 0,12 M€ (passage de 0.4 à 0.52) ; soit + 30% - à
P31, de réduire ce même seuil de 0.07 M€ (passage de 0.7 à 0.63) ; soit - 10%.

3.2.10 Validation des conclusions scientifiques par les acteurs et


recommandations finales (Phase X)

3.2.10.1 Contenu de la phase et caractère participatif

Les recommandations brutes d’actions, ou conclusions scientifiques, obtenues dans la


précédente phase par les HE, vont être soumises à l’avis de membres du groupe de travail86
pour faire l’objet d’une validation, que l’on pourrait également nommer délibération. Cette
dernière est conçue ici comme un ensemble d’approbations ou amendements

83
selon les contraintes de temps, de moyens financiers et humains, de disponibilité des acteurs, etc.
84
en fonction notamment des contraintes temporelles d’étude, du climat socio-politique du moment, des relations
plus ou moins conflictuelles qu’ils entretiennent.
85
on entend par là de faire converger les rangements atypiques (4 cas sur 20) vers le préordre total obtenu dans la
large majorité de cas (16 cas sur 20), à savoir : a I b S c.
86
Notons qu’il est préférable d’exclure les évaluateurs de cette délibération, ou qu’ils soient simplement
spectateurs, pour des raisons d’indépendance vis à vis des recommandations finales exprimées sur les
actions.

26
argumentés lors d’un débat (pour, contre, neutre, à exclure), menant à l’élaboration
des recommandations finales du groupe de travail. La recherche d’un compromis
s’avère parfois nécessaire.
Les conclusions scientifiques sont généralement reprises sous la forme de propositions du
type : - l’action « d » est toujours sélectionnée - les actions « e » et « f » sont
systématiquement éliminées - l’action « g » est généralement bien classée - l’action « f » est
toujours classée dernière - l’action « g » obtient une évaluation globalement satisfaisante -
les actions « d » et « g » sont incomparables - etc.
La validation peut, quant à elle, se présenter sous une forme tabulaire, consistant à dresser
la compilation d’une conclusion (Maystre, Bollinger, 1999, pp. 78-79) en croisant les
précédentes propositions types avec les avis d’acteurs. Ce tableau a l’intérêt principal de
faire apparaître leurs positions vis-à-vis des recommandations finales87; de faciliter
l’élaboration d’un rapport d’étude clair et accepté. Les actions recommandées apparaîtront
alors, la décision finale incombant aux seuls décideurs.
Par la démarche adoptée dans cette phase, les PI et les évaluateurs n’ont pas le
sentiment d’abandon avant la fin du processus. Ceci permet d’une part de prévenir, tant que
possible, des rejets d’une recommandation brute, et d’autre part, d’élaborer conjointement
un rapport final dans des termes non seulement techniques mais intelligibles par l’ensemble
des membres du groupe de travail. Le développement durable passe également par une
information sur les décisions préconisées qui soit intelligible, tant pour les acteurs qui ont
pris part aux processus que pour ceux qui en ont une vision extérieure. Aussi, le rôle d’HE
est-il moins perçu comme celui d’un alibi scientifique auprès des décideurs ou
commanditaires : jusqu’au bout du processus, il s’efforcera de valoriser l’apport des divers
acteurs dans l’élaboration des recommandations finales.
3.2.10.2 Illustration à l’éolien

Les divers rangements des localisations obtenus et les interprétations associées seront
soumis à l’avis (pour, neutre, contre, à exclure) des PI (17 votants), avant de formuler les
recommandations finales d’implantation destinées aux décideurs officiels. Cette conclusion
du groupe de travail peut être présentée comme suit.

Tableau 11 - Compilation d’une conclusion de groupe et recommandations finales de


localisation du parc éolien

Avis des membres du groupe de travail


Recommandations finales Pour Contre Neutre A exclure
% % % %
La localisation « c » n’est Tous
R1 - - -
pas retenue 100
Les localisations « a » ou
Autres PI P15, P16, P30, P31
R2 « b » peuvent être - -
76.47 23.53
retenues indifféremment
La localisation « a » est
P30, P31 Autres PI
R3 préférable à la - -
11.76 88.24
localisation « b »
La localisation « b » est
P15, P16 Autres PI
R4 préférable à la - -
11.76 88.24
localisation « a »
Notons que cette compilation suppose que les acteurs P15, P16, P30 et P31 n’ont pas
accepté de réviser leurs positions (variations du poids relatif du critère g1, du seuil de
préférence p7), suite aux analyses de sensibilité-robustesse évoquées dans la phase
précédente.

87
Un degré de (non)consensus entre les acteurs peut être exprimé avec l’outil SURMESURE [Pictet et al., 1994].

27
En effet, même s’il est techniquement possible d’obtenir un unique préordre total sur
l’ensemble des localisations potentielles (a I b S c), faut-il encore que les conditions
d’obtention d’un tel résultat ne soient pas jugées contraignantes par les acteurs concernés.
En cas de refus , il s’avèrerait impossible d’obtenir un consensus unanime à propos du
rangement. En revanche, si les révisions de positions sont toutes acceptées, les
recommandations brutes R3 et R4 seraient exclues de la compilation d’une conclusion
de groupe; retenant dès lors R1 et R2 qui pourraient constituer un plus large consensus88,
éventuellement unanimitaire en terme de validation.
Après avoir exposé le type de démarche participative que nous proposions dans ce
dernier chapitre, il est à présent possible de porter un regard d’ensemble sur ce type de
recherche procédurale.

4 CONCLUSION

Depuis longtemps les sciences économiques empruntent des outils analytiques


rigoureux aux mathématiques, plus particulièrement à la recherche opérationnelle,
pour modéliser les problèmes de décision. La théorie de jeux, les procédés d’optimisation
d’une fonction objectif sous contraintes, etc. sont des exemples classiques, qui alimentent
l’analyse économique des comportements d’agents. Dans un souci d’allier modélisation et
application à grandeur réelle, le calcul économique des choix publics à connu un regain
d’intérêt avec l’analyse économique de projets (Greffe, 1999). A cet effet, les techniques
coûts-avantages, leurs critères de synthèse (rapport coûts-avantages actualisés, bilan social
actualisé, taux de rendement interne, etc.) et règles de décision (MaxiMax, MaxiMin,
MiniMax regret, espérance mathématique, approche Bayesienne, etc.) ; tout comme les
analyses coûts-efficacité ont fait et font toujours l’objet d’études appliquées nombreuses et
variées.
Cependant, l’impérialisme économique n’est plus le seul paradigme possible dès
qu’il s’agit d’appréhender des problèmes décisionnels complexes, impliquant de
multiples acteurs aux systèmes d’informations et de valeurs hétérogènes, voire
conflictuels. Plus particulièrement, l’ouverture des sciences économiques sur l’étude de
l’environnement et du développement durable, nécessite de considérer concomitamment
des préoccupations d’ordres écologique, économique, sociale et éthique, notamment, en des
termes non exclusivement monétaires ou utilitaristes afin de faciliter le dialogue et la
démarche participative89. L’économiste moderne, s’attelant à étudier la décision collective,
l’évaluation des politiques et projets publics, la gestion publique ; se doit de ne plus
seulement penser à la place des autres acteurs à l’aide d’un système de valeurs propre à
l’homo-œconomicus. Sa nouvelle mission s’inscrit aussi dans la confrontation des outils
qu’il défend avec la réalité économique et sociétale. C’est également son devoir d’impulser
de nouvelles formes de gouvernance par des méthodologies, modélisations et applications
utiles apportant des réponses à la demande sociale de participation aux décisions.
Ainsi, afin de ne pas sombrer dans l’unique voie de l’économisme, et dans un souci de
nouvelles avancées pour étudier l’aide à la décision publique, les sciences économiques ont
besoin de poursuivre leur quête originelle visant à emprunter des modélisations dans
diverses autres sciences. A cet égard, l’analyse multicritère, branche de la recherche
opérationnelle moderne, est selon nous un des outils supplémentaires, parmi d’autres
(Froger, 2001), pouvant contribuer à mieux positionner l’économiste dans la positivité du
discours scientifiques relatifs à la gouvernance participative des projets et politiques
publics.

88
Les 20 cas de figure convergeraient vers une même préférence globale sur les localisations : a I b S c.
89
avec des experts rattachés à d’autres disciplines (telles que les sciences de l’environnement, par exemple), ou
encore avec les acteurs socioéconomiques privés, etc.

28
En effet, l’AMCDP que nous avons présenté ici, repose sur des hypothèses analytiques
faibles90, pouvant être confrontées à l’activité réelle et non seulement théorique ou
normative d’aide à la décision et l’évaluation, et propose un cadre méthodologique
suffisamment souple91 permettant des adaptations aux problèmes étudiés. Plus
particulièrement, une telle recherche procédurale offre des possibilités pour la prise en
compte : - de systèmes de valeurs multiples plus ou moins conflictuels - des limites
d’information - des évaluations citoyennes ou / et expertes - de la légitimité, l’ouverture et
la réversibilité relative des processus décisionnels ou / et évaluatif - la nécessaire
structuration desdits processus pour clarifier le rôle affecté à chacun des acteurs associés -
d’avis propres à ces derniers, grâce à l’informatisation des principales modélisations
multicritères offrant un potentiel de calcul considérable. L’AMCDP, que nous avons
soumise à l’étude de cas, revêt des atouts nous permettant de la situer parmi les
recherches procédurales pouvant favoriser l’émergence d’une gouvernance
participative des projets et politiques, et dès lors, une relative « maîtrise » ex ante du
rejet social des décisions publiques / groupales.
Notons qu’un tel « calcul multicritère » ne désire aucunement être l’antonyme du calcul
économique issu de la recherche opérationnelle traditionnelle ; mais une approche
complémentaire voire syncrétique de ce dernier (Roy, Damart, 2002). En tant que support
méthodologique d’évaluation, l’AMCDP peut contribuer à renforcer de manière factuelle
la démocratie participative par l’implication d’acteurs, non officiellement au pouvoir,
dans la formulation, la décision, l’évaluation, le pilotage des politiques et projets publics92 :
« participer pour construire autrement le renseignement qui sécurisera davantage l’action
publique » (Baslé, 2000). La conduite de démarches participatives doit néanmoins rester
prudente, afin qu’elles ne soient pas vecteurs d’implications déguisées d’acteurs, ou
s’avérer dénuées de tout contrôle sur les rapports de forces qui peuvent s’y établir (Donzel,
1996). La course à la participation n’est pas une fin en soi.
Il y a encore une dizaine d’années, l’analyse multicritère était confiné au statut de
technique originale, voire utilisée par de rares économistes hétérodoxes. De nos jours, elle à
fait son entrée dans le dictionnaire des sciences économiques (Roy, 2001) et diverses
publications apparaissent (cf. point 2). Espérons que ce type de recherche procédurale
continue à gagner la confiance des économistes positivistes.

BIBLIOGRAPHIE

AZIBI R., VANDERPOOTEN D., (2001), « Elaboration de critères agrégeant des


conséquences dispersées : deux exemples concrets », », in « Aide MultiCritère à la
Décision », A. COLORNI - M. PARUCCINI and B. ROY Eds., Joint Research Centre,
Office for Official Publication of the European Communities, pp. 13-30.

90
Par exemple : - outrepasser la quête de l’optimum pour rechercher des solutions satisfaisantes de compromis,
tout en laissant la possibilité technique de retrouver des solutions optimales lorsqu’elles existent - admettre
les limites informationnelles, et modéliser dès lors l’imprécision, l’incertitude, l’indétermination qui
entachent les évaluations d’actions - ne pas forcer les préférences, en voulant comparer l’incomparable -
construire et appréhender des critères de choix reflétant les préoccupations variées d’acteurs, non
exclusivement monétaires - etc.
91
Notamment : - ne pas prédéterminer une modélisation pour éclairer le problème, mais choisir ou adapter chemin
faisant le modèle en fonction du cas d’étude pouvant d’ailleurs évoluer durant la période d’analyse - offrir,
dans les limites permises, la possibilité aux acteurs du processus de réviser leurs avis durant celui-ci -
soumettre les recommandations brutes d’actions, purement scientifiques, à l’avis des acteurs du processus -
etc.
92
ce qui peut être parfois perçu par les décideurs comme une perte de souveraineté, mais générer aussi des
rapports de force inattendus.

29
BANA e COSTA C., ENSSLIN L., CORREA E.C., VANSNICK J.-C., (1999), « Decision
support systems in action: integrated application in a multi-criteria decision aid
process », European Journal of Operational Research, Vol. 113, pp. 315-35.
BANA e COSTA C., VANSNICK J.-C, (1997), « Applications of the MACBETH
approach in the framework of an additive aggregation model », Jour. of Multi-criteria
Decision Analysis, Vol. 6, pp. 107-14.
BANVILLE C., M. LANDRY, J.-M. MARTEL, BOULAIRE C., (1998), « A Stakeholder
Approach to MCDA», SYST. Res., 15, pp. 15-32.
BASLÉ M., (2000), « Bonne gouvernance publique et évaluation : introduction à un
débat », in BASLÉ M., GUIGNARD-HAMON C. (Eds.),. « Evaluation et
gouvernance », Actes des 2èmes journées de la Société française de l’évaluation, Rennes,
pp. 5-13.
BEINAT E., NIJKAMP P., (1998), « Multicriteria Analysis for Land-Use Management »,
Kluwer Academic Publishers, Environment & Management, vol. 9.
BOUYSSOU D., (1989), « Problème de construction de critères », Cahier du LAMSADE
n°91, Université de Paris-Dauphine.
BRANS J.P., MARESCHAL B., (2002), « PROMETHEE-GAIA. Une méthodologie d’aide
à la décision en présence de critères multiples », Editions Ellipses, Collection
Statistique et mathématiques appliquées, Université libre de Bruxelles.
CALLON M., (1998), « Des Différentes Formes de Démocratie Technique », Annales des
Mines –Responsabilité et Environnement, 9, pp. 63-73.
CEC (Conseil énergétique de Corse), (2003), « Synthèse des travaux », 30 juillet.
CEC (Conseil énergétique de Corse), (2002), « Synthèse des travaux », 21 novembre.
CHEVALLIER J.-J., (1999), « DPM, Démarche Participative Multicritère pour la gestion
environnementale », Université Laval, GRIDD, Sainte-Foy, Québec, 20 p.
CTC (Collectivité Territoriale de Corse), (2003), « Charte de la concertation éolienne »,
nov.
CTC, (2001), « Plan énergétique de Corse à moyen terme ».
DE MARCHI B., FUNTOWICZ S., LO CASCIO S., MUNDA G., (2000), « Combining
participative and institutional approaches with multicriteria evaluation. An empirical
study for water issues in Troina, Sicily », Ecological Economics, vol. 34, issue 2, pp.
267-282.
DONZEL A., (1996), « L’acceptabilité sociale des projets d’infrastructure : l’exemple du
TGV méditerranée », Techniques, territoires et sociétés, 31, pp. 61-71.
DURAND S., TRENTESAUX D., (2000), « Des indices de robustesse pour la méthode
prudente et pour la fonction de choix de Borda », Journal of Decision Systems 9, pp.
269-288.
FAUCHEUX S., FROGER G., MUNDA G., (1998), « Multicriteria Decision Aid and the
Sustainability Tree» , in FAUCHEUX S. and O’CONNOR M., (ed.), Valuation for
Sustainable Development : methods and policy indicators, Edward Elgar, Advances in
Ecological Economics Series, pp. 187-214.
FAUCHEUX S., NICOLAÏ I., (2001), « Towards a Participative Foresight for the
Governance of Sustainable Development », in P. Oberti et S. Faucheux (Eds), Actes des
journées internationales Développement durable et processus d’évaluation-décision,
Université de Corse-APREMA, mai, pp. 9-34.
FAUCHEUX S., NOËL J.-F., (1995), « Economie des ressources naturelles et de
l’environnement », Armand COLIN, Collection U, Série Economie, Paris.

30
FAUCHEUX S., O’CONNOR M., (2002), « Pour une compatibilité durable entre
environnement et développement », Cahier du C3ED n°02-03, Université de Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines, juillet.
FAUCHEUX S., O’CONNOR M., (2000), « Technosphère vs écosphère - Choix
technologiques et menaces environnementales : signaux faibles, controverses et
décisions », Futuribles, n°251, pp.29-59.
FAUCHEUX S., O’CONNOR M., (1998), « Valuation for Sustainable Development :
methods and policy indicators », Edward Elgar Publishing, Advances in ecological
economics series, Great Britain.
FOURNIAU J-M., (1997), « Régimes de la décision et participation des citoyens », Dossier
Décision publique, Annales des Ponts et Chaussées, 81, pp. 4-11.
FROGER G., (2001) (s.l.d. de), « Gouvernance 1 : Gouvernance et développement
durable », Helbing et Lichtenhahn, Bâle.
FROGER G., (1998), « Quelle analyse multicritère pour le développement durable ? »,
Actes des 1ères journées internationales de l’APREMA, Université de Corse.
FROGER G., MUNDA G., (1998), « Methodology for Environmental Decision Support »,
in FAUCHEUX S. and O’CONNOR M., (ed.), Valuation for Sustainable
Development : methods and policy indicators, pp. 167-186.
FROGER G., OBERTI P., (2002a), « Gouvernance et développement durable : l’aide
multicritère à la décision participative », Revue sciences de la société, « autour du
développement durable », n°57, octobre, pp. 57-74.
FROGER G., OBERTI P., (2002b). « L’aide multicritère à la décision participative : une
démarche originale de gouvernance en matière de développement durable », in Actes de
l’Eurocongrès « Développement local, développement régional, développement
durable : quelles approches ? », Euroccat-Pôle universitaire européen de Toulouse,
Université des sciences sociales, Toulouse, 25-26 oct.,
http://euroccat.tls.free.fr/colloquenew/colloque/index.htm.
GRECO S., MATARAZZO B., SLOWINSKI R., (1999), « Hierarchical aggregation of
ordinal criteria and interval orders – rought set induction of rules from examples of
comprehensive estimates », Poznan University of Technology, Institute of Computing
Science, Report RA-006/99.
GREFFE X., (1999), « Gestion publique », Dalloz, Précis.
JACQUET-LAGREZE E., (1981), « Systèmes de décision et acteurs multiples.
Contribution à une théorie de l’action pour les sciences des organisations », Thèse
d’Etat, Université Paris-Dauphine.
JACQUET-LAGRÈZE E., SISKOS J., (1982), « Assessing a set of additive utility
functions for multicriteria decision-making, the UTA method », European Journal of
Operational Research, n°10, pp. 151-164.
JOLIVEAU T., MOLINES N., CAQUARD S., (2000), « Méthodes et outils de gestion de
l’information pour les démarches territoriales participatives », Rapport, 15ème appel
d’offre Jacques Cartier, novembre. http://www.univ-st-
etienne.fr/crenam/vielabo/actualite/RapportJCartier.pdf
KUNSCH P.L. , SPRINGAEL J., BRANS J.-P., (1999), « An adaptive multicriteria control
methodology in sustainable development-case study : a CO2 ecotax », Vrije Universiteit
Brussel - Centrum voor Statistiek en Operationeel Onderzoek, STOOTW/291.
MAYSTRE L.Y., BOLLINGER D., (1999), « Aide à la négociation multicritère », Presse
Polytechniques et Universitaires Romandes, Collection gérer l’environnement,
Lausanne.

31
MAYSTRE L.Y., PICTET J. , SIMOS J., (1994), « Méthodes multicritères ELECTRE »,
Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Collection gérer l’environnement,
Lausanne.
MOLINES N., (2003), « Méthodes et outils pour la planification des grandes infrastructures
linéaires et leur évaluation environnementale », Thèse de Doctorat, Université Jean
Monnet Saint-Etienne, décembre.
MUNDA G., (1995), « Multicriteria Evaluation in a Fuzzy Environment. Theory and
Applications in Ecological Economics », Physica-Verlag, Heidelberg.
MUNDA G., (2003), « Between Science and Democracy : the Role of Social Multi-Criteria
Evaluation (SMCE) », Bulletin du Groupe de Travail Européen « Aide Multicritère à la
Décision », Série 3, n°7, Printemps, pp. 1-5.
OBERTI P., (2004), « Projets de parcs éoliens, élaboration et localisation : La nécessité
d’une méthodologie participative en région corse », 4ème édition de la semaine des
énergies renouvelables « Pour une efficacité énergétique en contexte insulaire »,
ENSAM-Université de Corse, Institut Méditerranéen de Formation, Borgo, 2-3 avril.
OBERTI P., (2003), « L’acceptabilité sociale de l’éolien et la nécessité d’une démarche
participative au sein des projets d’implantation : le cas de la région Corse. », IIIème
Congrès International Environnement et Identité en Méditerranée, « Pour une
Méditerranée Durable », Univ. Tunis El Manar, Tunis, Atelier 3 « Coopération et
gouvernance en matière de ressources naturelles et énergétiques », 10-13 déc.
OBERTI P., (2002), « Valorisation durable du patrimoine bâti et évaluation de scénarios :
Application d’une démarche multicritère en région corse », in Actes du IIème Congrès
International « Environnement et Identité en Méditerranée », Univ. de Corse - Institut
de l’environnement, 3-5 juillet, Tome 1, pp. 93-108.
OBERTI P., (2001), « Méthodologie multicritère d ’évaluation ex ante de projets orientés
vers un développement durable : application en région corse », in P. Oberti et S.
Faucheux (Eds), Actes des journées internationales Développement durable et processus
d’évaluation-décision, Université de Corse-APREMA, mai, pp. 100-147.
OBERTI P., (1998), « La gestion des sites ruraux sensibles en matière d’ économie de
l’environnement : économisme et nécessité d’une analyse qualitative multicritère et
multi-acteurs », in Cemagref (Ed.), Gestion des territoires ruraux : Connaissances et
méthodes pour la décision publique, Tome 2, pp. 403-420.
OBERTI P., ANDRE S., (2002), « L’analyse multicritère de projets d’éducation à
l’environnement : un outil de gouvernance participative en région corse », Actes de la 7ème
Conférence biennale de la Société Internationale pour l’Economie Ecologique, Université
du Centre, Sousse, 6-9 mars.
OBERTI P., FAUCHEUX S., (2001), textes réunis par. « Développement durable :
Participation, évaluation et illustration », IIèmes journées internationales, 22-23 mai,
Université de Corse, Corte, 256 p.
OBERTI P., FROGER G., (2003), « L’évaluation de la qualité des eaux de consommation :
indicateurs et analyse multicritère / multi-acteurs en région corse», in Actes des 5èmes
Journées de la Société Française de l’Evaluation, 27 - 29 octobre 2003, Limoges, à
paraître.
OBERTI S., OBERTI P., (2001), « Révélation et protection du patrimoine historique dans
une optique de développement durable », in « Aide MultiCritère à la Décision », A.
COLORNI - M. PARUCCINI and B. ROY Eds., Joint Research Centre, Office for
Official Publication of the European Communities, pp. 231-244.
OBERTI P., ROMBALDI M., (2003), « L’évaluation participative et multicritère : une
illustration à la mise en œuvre du Plan d’aménagement et de développement durable en
Corse », 57èmes journées du Groupe de Travail Européen « Aide Multicritère à la

32
Décision », Università degli studi della Tuscia, Dipartimento di Scienze Ambientali,
Viterbo, 27-29 mars, session 5, http://www.unitus.it/mcda57/.
O’CONNOR M., (2000), « The VALSE project », Ecological Economics, vol. 34, issue 2,
august, pp. 165-174
O’CONNOR M., AMORSI N., (2002), « Verdir la face du Cube. Un jeu de Gouvernance
avec la Matrice de Délibération », Projet GOUVERNe, Université de Versailles Saint-
Quentin-en-Yvelines, C3ED, juin.
PERRET B., (2001), « L’évaluation des politiques publiques », La Découverte, Collection
Repères, Novembre.
PICTET J., (1999), « Légitimation d’un projet auprès des acteurs internes et externes au
processus de décision »., in Actes du premier colloque « La gestion de projet au service de
l’environnement », Lévis, Québec, 7 mai 1999, pp. 139 -152.
PICTET J., MAYSTRE L.-Y., SIMOS J., (1994), « SURMESURE : An instrument for
representation and interpretation of ELECTRE and PROMETHEE methods results », in M.
Paruccini (ed.), Applying Multiple Criteria Aid for Decision to Environmental
Management, Kluwer Academic Publishers, EURO Courses Series, vol. 3, pp. 291-304.
ROUSSEAU A., MARTEL J.-M., (1996), « La décision participative : une démarche pour
gérer efficacement les conflits environnementaux », Université Laval - Centre de
recherche sur l'aide à l'évaluation et à la décision dans les organisations, Document de
travail, n°96-24, Québec, Canada.
ROY B., (2002), « Robustesse de quoi et vis-à-vis de quoi mais aussi robustesse pourquoi
en aide à la décision ? », Bulletin du Groupe de Travail Européen « Aide Multicritère à
la Décision », Série 3, n°6, Automne, pp. 1-6.
ROY B., (2001), « Optimisation et analyse multicritère », in C. Jessua, C. Labrousse, D.
Vitry (sous la direction), « Dictionnaire des sciences économiques », Presses
Universitaires de France, pp. 640-643.
ROY B., (2000a), « Un glossaire d’Aide à la Décision en français et anglais », Bulletin du
Groupe de Travail Européen « Aide Multicritère à la Décision », Série 3, n°1,
Printemps.
ROY B., (2000b), « Réflexions sur le thème Quête de l’optimum et aide à la décision », in
J. Thépot et al. (textes réunis par), « Décision, Prospective, Auto-organisation.
Mélanges en l’honneur de Jacques Lesournes », Dunod, pp.61-83.
ROY B., (1992), « Science de la décision ou science de l’aide à la décision ?», Revue
internationale de systémique, vol. 6, n°5, pp. 497-529.
ROY B., (1985), « Méthodologie Multicritère d’Aide à la Décision », Economica, Paris.
ROY B., (1978), « ELECTRE III : un algorithme de classements fondé sur une
représentation floue des préférences en présence de critères multiples », Cahiers du
CERO, vol. 20, n°1, pp. 3-24.
ROY B., (1968a), « Classement et choix en présence de points de vue multiples (la
méthode ELECTRE) » , Revue informatique et recherche opérationnelle, 2ème année,
n°8, pp. 57-75.
ROY B., (1968b), « Il faut désoptimiser la recherche opérationnelle », l’AFIRO, Bulletin
n°7, Paris.
ROY B., BERTIER P, (1973), « La méthode ELECTRE II : une application au media
planning », in ROSS M. (ed.), Operational Research 1972, North-Holland Publishing
Company, pp. 291-302.
ROY B., BERTIER P, (1971), « La méthode ELECTRE II : une méthode de classement en
présence de critères multiples », SEMA Metra International, Direction scientifique, note
de travail n°142, Paris.

33
ROY B., BOUYSSOU D., (1993), « Aide Multicritère à la Décision : Méthodes et Cas »,
Economica.
ROY B., BOUYSSOU D., (1991), « Aide à la décision fondée sur une PAMC de type
ELECTRE », Université Paris-Dauphine, Document du LAMSADE, n°69, novembre.
ROY B., DAMART S., (2002), « L’analyse Coûts-Avantages, outil de concertation et de
légitimation ? », Métropolis, n°108/109, pp. 7-16.
ROY B., FIGUEIRA J., (1998), « Détermination des poids des critères dans les méthodes
de type ELECTRE avec la technique de Simos révisée », Université de Paris-Dauphine,
Doc. du LAMSADE n°109.
ROY B., HUGONNARD J.-C., (1982), « Ranking of suburban line extension project of the
Paris metro system by a multicriteria method », Transportation Research, vol. 16A, n°4,
pp. 301-312.
ROY B., SKALKA J.-M., (1985), « ELECTRE IS : aspects méthodologiques et guide
d’utilisation », Université Paris-Dauphine, Document du LAMSADE, n°30, février.
SFEZ L., (1973), « Critique de la décision », Dunod.
SISKOS J., YANNACOPOULOS D., (1983), « Amélioration de la méthode UTA par
introduction d'une double fonction d'erreurs », Université Paris-Dauphine, Cahier du
LAMSADE, n° 49, octobre.
SLOWINSKI R., (1991), « Interactive multiobjective optimization based on ordinal
regression », in LEWANDOWSKI A. and VOLKOVICH V. (eds.), Multiobjective
Problems of Mathematical Programming, Lecture Notes in Economics and
Mathematical Systems, vol. 351, Springer-Verlag, Berlin, pp. 93-100.
VINCKE Ph., (1999a), « Robust and neutral methods for aggregating preferences into an
outranking relation », European Journal of Operational Research 112, 2, pp. 405-412.
VINCKE Ph., (1999b), « Robust solutions and methods in decision-aid », Journal of Multi-
Criteria Decision Analysis 8, pp. 181-187.
YU W., (1992a), « Aide multicritère à la décision dans le cadre de la problématique de tri :
concepts, méthodes et applications », Thèse de Doctorat, Université Paris-Dauphine,
UER Sciences de l’organisation.
YU W., (1992b), « ELECTRE TRI. Aspects méthodologiques et manuel d’utilisation »,
Université Paris-Dauphine, Document du LAMSADE, n°74, avril.

34

S-ar putea să vă placă și