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Psychologie sociale
Chapitre 1 : introduction
Qu’est ce que la psychologie sociale ?
La psychologie sociale est une discipline scientifique qui vise à comprendre et
à expliquer la façon dont les pensées, les sentiments et les conduites des
individus sont influencés par la présence réelle, imaginaire ou implicite d’autrui.
L’objet d’étude de la psychologie sociale est l’influence sociale.
Selon HOBBES, l’être humain est mû par le besoin de dominer les autres. Ainsi, le
comportement social s’expliquerait par la compétition constante à laquelle se
livrent les individus pour s’approprier les richesses, les honneurs et le pouvoir.
Mais cette interprétation ne suffit pas à expliquer l’ensemble des comportements
sociaux.
Dans les années 1920 et 1930, la psychologie sociale connut quelques succès
avec, entre autres, la mesure des attitudes et l’étude de la formation des
normes. Cependant, c’est surtout à la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’elle
atteignit sa vitesse de croisière.
Elle s’est aussi intéressée à l’interaction entre les individus au sein de petits
groupes (prolongement des recherches de KURT LEWIN).
Fin des années 1960, certains croient la psychologie sociale vouée à l’échec en
raison de deux lacunes :
- la relativité de ses principes
- son origine presque exclusivement américaine
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Le chercheur peut aussi se livrer à une observation participante afin de voir les
personnes observées plus naturelles et spontanées.
Une observation participante est une méthode de collecte des données où
l’observateur se joint à un groupe et participe à ses activités tout en notant les
comportements des membres du groupe.
Les deux techniques permettent de se faire une meilleure idée sur les personnes
observées.
Attention, on ne peut pas établir non plus une relation de cause à effet à partir de
ces variables, parce qu’on ne peut pas manipuler ces variables, c’est-à-dire les
modifier en recourant à l’expérimentation.
Une expérience est prise en sérieux lorsqu’on voit que les participants émettent
des efforts. C’est ce qu’on appelle le réalisme expérimental.
Ainsi, le réalisme expérimental est le caractère d’une recherche qui suscite
l’engagement cognitif et émotif du sujet.
Cela dit, chaque personne est appelée à jouer plus d’un rôle tout au long de sa
vie. Il arrive cependant parfois que les rôles que doit jouer simultanément une
même personne entrent en conflit les uns avec les autres.
Nous apprenons à adopter certains comportements parce qu’ils sont suivis d’une
gratification, et nous apprenons aussi à en éviter d’autres parce qu’ils sont punis.
C’est ce qui s’appelle le conditionnement opérant (SKINNER).
Que se passe-t-il lorsque nous nous rendons compte que notre comportement
n’est pas en harmonie avec nos opinions ? Ces questions ont donné lieu à des
nombreuses recherches et à la formulation de diverses théories sur la
consistance cognitive.
Nous sommes souvent bombardés d’informations dans la vie de tous les jours.
Nous apprenons alors avec le temps à faire face à la surcharge d’informations en
reconnaissant des associations familières d’objets ou d’événements, ce que les
psychologues appellent des schémas. C’est ce que nous faisons, par exemple,
lorsque nous percevons une personne comme appartenant à telle ou telle
catégorie sociale.
Au milieu des années 1990, une nouvelle approche visant à étudier les
comportements sociaux est apparue en psychologie sociale : l’approche
évolutionniste (BUSS et KENRICK). Elle se distingue nettement de toutes celles
qui l’ont précédée et repose sur la théorie de l’évolution de Darwin et son
principe de sélection naturelle.
Selon l’approche évolutionniste, nous sommes des produits de l’évolution et nous
avons développé des tendances qui nous aident à survivre. Ces tendances vont
s’exprimer ou non selon l’environnement dans lequel nous vivons.
Chapitre 2 : le soi
Qu’est ce que le soi ?
Le soi est l’ensemble des caractéristiques individuelles qui font qu’une personne
est différente des autres ou semblable à eux.
Nous cherchons ce qui nous distingue des autres, mais aussi ce qui nous rattache
à eux.
Pour en arriver à connaître ce qu’il est, l’être humain puise dans diverses
sources.
CHARLES HORTON COOLEY soutenait que les réactions des autres sont la
principale source des croyances que nous élaborons à propos de nous-mêmes.
Ex : les mathématiques
Nous n’acceptons pas toutes les informations que les autres nous renvoient sur
nous-mêmes. Nous sélectionnons les messages qui nous semblent les plus
significatifs, puis nous les interprétons à notre manière et, nous les déformons
avant de les intérioriser.
C’est le travail cognitif de sélection et de réinterprétation.
Le concept de soi s’appuie sur les nombreux schémas de soi que nous
possédons.
Il n’est pas étonnant que les caractéristiques d’une personne varient selon les
situations. Ce qui nous apparaît comme une structure interne stable serait plutôt
le résultat d’expositions systématiques aux mêmes situations.
Nous finissons, en somme, par devenir ce que les situations que nous vivons font
de nous.
Un soi stable rassure : il aide à se comprendre et à comprendre les autres.
MICHAEL ROSS affirme que nos croyances actuelles nous servent de filtres pour
reconstruire notre passé. Ca nous permet de garder une certaine stabilité en
disant que nous avons toujours pensé ou fait ça.
Les êtres humains semblent être prêts à faire beaucoup pour édifier et maintenir
une estime de soi élevée, quitte encore une fois à déformer la réalité.
La tendance à se voir plus favorablement que ne le justifient les indices de la
réalité porte le nom d’augmentation de soi.
TAYLOR et BROWN ont observé que l’être humain utiliserait trois types de
stratégies pour construire et maintenir une forte estime de soi :
1) se voir eux-mêmes plus positivement qu’ils ne voyaient les autres et
n’étaient vus par eux ;
2) exagérer le contrôle qu’ils avaient sur leur vie ;
3) être excessivement optimistes quant à leur propre avenir.
La majorité des gens utiliseraient donc un biais qui consiste à surévaluer ses
aptitudes générales, particulièrement ses habiletés sociales et mentales.
La confiance en soi amène aussi les individus à surestimer la probabilité que des
événements heureux leur arrivent.
Lorsque les gens sont confrontés à des situations où la réalité ne correspond pas
à l’image qu’ils se font d’eux-mêmes, ils ont plutôt tendance à ne pas prêter
attention à ces situations ou ils remettent en questions les intentions de
l’interlocuteur, trouvant dans ses propos des préjugés.
Une autre manière de mettre notre mémoire au service de l’estime de soi est
d’utiliser le biais égocentrique.
C’est un biais qui amène un individu à exagérer dans ses souvenirs la part qu’il
prend à des activités collectives.
Un corollaire du biais égocentrique peut être trouvé dans l’effet projecteur, par
lequel nous sommes portés à surestimer l’attention que les autres nous portent.
De façon générale, on peut dire que les personnes ayant une forte estime de soi
se sentent mieux que les autres, et cela favorise leurs succès.
L’estime de soi présente cependant une forte corrélation négative avec la
dépression. En effet, les personnes ayant une faible estime de soi tendent à être
pessimistes à l’égard du futur et supportent moins la critique. Ils sont aussi plus
vulnérables à la dépression.
D’autre part, la théorie de la gestion de la terreur nous dit que l’estime de soi
répond à la peur la plus fondamentale de l’être humain, la peur de la mort.
L’estime de soi nous protégerait contre cette angoisse en nous donnant le
sentiment d’être un objet de première valeur dans un univers insignifiant.
Imaginons que vous vous faites interroger par le professeur à un cours où vous
êtes plus ou moins préparé. Cette situation risque de provoquer une crise de la
conscience de soi, autant privée que publique.
Dans une telle expérience, l’individu va mener une évaluation sur lui-même,
c’est-à-dire une comparaison entre son propre comportement et les normes
internes et externes définissant ce que l’individu voudrait faire, appelé soi idéal,
ou ce que l’individu devrait faire, appelé soi obligé.
Ainsi, le soi idéal est la vision de soi qui reflète ce que nous voulons ou
souhaitons être idéalement et le soi obligé est la vision du soi qui reflète les
attentes d’autrui à notre endroit.
La prise de conscience de divergences entre ces états du soi peut se traduire par
une activation émotionnelle douloureuse. Si la différence se situe entre le soi et
le soi obligé, cela génère de la culpabilité et de l’anxiété. Si elle réside entre le
soi et le soi idéal, il s’ensuit des sentiments dépressifs.
La présentation de soi
Si la régulation de soi nous permet de trouver une certaine cohérence entre les
différents états du soi, elle nous permet aussi de moduler les interactions avec
autrui.
En effet, pas plus que la conscience de soi, la planification et la gestion de
l’image que nous voulons donner aux autres ne se font sans une certaine
dépense cognitive, particulièrement lorsqu’on veut produire un effet particulier
qui ne nous est pas vraiment naturel.
L’individu choisit aussi ses interlocuteurs afin de recevoir d’eux une image
plaisante de lui-même.
C’est ainsi que nous nous arrangeons pour fréquenter des gens qui nous
renvoient une image positive de nous-mêmes, et nous présentons à ces
personnes les aspects de nous-mêmes que nous savons susceptibles de
provoquer des réactions positives.
Nous avons tendance à faire des efforts pour nous présenter sous un jour
favorable pour certaines raisons :
1) par besoin de plaire aux autres ou, à tout le moins, d’obtenir leur
approbation
2) pour amener les autres à agir dans le sens que nous souhaitons
3) pour nous convaincre que nous sommes vraiment ce que nous voulons
être
Le monitorage de soi
La culture et le soi
ENNS nous rappelle que la personnalité est décrite très différemment selon que
la culture soit individualiste ou collectiviste.
Ainsi, dans les cultures collectivistes, ce qu’on appelle « attributs
psychologiques » ou « caractéristiques personnelles » n’a pas beaucoup de sens.
Apparence physique
Comportement
Contexte
Processus d’attribution
Traits
Processus d’intégration
Impression
Une croyance repose sur le lien que l’on fait entre deux objets psychologiques.
Les croyances ne sont pas isolées les unes des autres. Elles ont tendance à
former des systèmes hiérarchisés au sein desquels certaines croyances prennent
une place centrale et exercent par conséquent une influence prédominante sur
notre représentation du monde et sur les autres croyances.
Lorsque nous avons le choix d’agir ou de ne pas agir, notre décision n’est pas
nécessairement pour autant le reflet de notre personnalité : les attendes des
autres peuvent aussi l’avoir motivée. Plus un comportement défie les attentes
sociales, plus nous l’attribuons à des dispositions internes.
BROCA a établit un lien entre un certain type de trouble du langage et une région
particulière du cerveau, à laquelle on a donné par la suite le nom d’ « aire de
Broca ».
Broca s’est posé trois questions :
• lorsque cette partie du cerveau est endommagée, le patient manifeste-t-il
de façon constante un certain type de trouble du langage ?
• ce trouble du langage se produit-il seulement si cette partie du cerveau est
endommagée ?
• les patients présentant une lésion dans cette partie du cerveau souffrent-
ils tous du même trouble du langage ?
Les biais reliés à l’attribution : comment on se trompe sur soi et sur les
autres
Lorsque l’analyse des causes d’un comportement est faite par la personne qui a
agi, on parle d’attribution de l’acteur ; lorsque l’analyse est faite par la
personne qui a agi, on parle d’attribution de l’observateur.
Dans les deux cas, des biais d’attribution peuvent être faits.
Ce biais nous amène à attribuer nos succès à nous-même et nos échecs aux
circonstances. L’acteur trouve donc des causes internes à ses succès et des
causes externes à ses échecs.
Dans la vie de tous les jours, notre comportement, nos sentiments et nos
attendes dépendent en partie des suppositions que nous faisons à propos des
événements qui se produisent et des comportements que nous avons ou que
nous observons.
Un individu qui attribue trop fréquemment ses échecs à une cause interne peut
finir par considérer qu’il est dépourvu de ressources. A l’inverse, l’impression
d’être dirigé de l’extérieur conduit souvent à la résignation acquise (MARTIN
SELIGMAN).
C’est une tendance à mettre fin à ses efforts après un certain nombre d’échecs,
même si de nouvelles tentatives pourraient mener au succès.
Les dispositions que nous attribuons aux gens nous aident à prévoir leurs
réactions, de la même façon que la connaissance de la région lésée du cerveau
aidait BROCA à prévoir les troubles de langages qui s’ensuivaient.
Les jugements nous permettent de mettre un semblant d’ordre dans le chaos que
constituerait autrement la réalité sociale que nous entoure. Et s’ils n’obéissent
pas toujours à une logique irréprochable, ils sont en général relativement
efficaces en ce qu’ils répondent au besoin bien pragmatique d’asseoir nos
relations avec autrui sur certaines certitudes.
L’intégration de l’information
Deux approches permettent de rendre compte de l’intégration de l’information
en matière de perception d’autrui. Selon la première approche, les traits
attribués à une personne n’ont de sens que les uns en fonction des autres. Selon
la seconde approche, l’impression globale est plus ou moins positive selon que la
somme des traits évalués indépendamment les uns des autres est plus ou moins
positive.
L’interaction entre les traits : être prudent ne veut pas toujours dire la
même chose
L’effet de centralité
Asch a observé que certains traits (les traits centraux) pèsent plus lourd que
d’autres (les traits périphériques) et influent sur l’image que les sujets ont de la
personne décrite. C’est ce qu’on appelle l’effet de centralité. C’est donc l’effet
de traits importants qui servent à organiser l’impression et qui influent sur le
sens retenu pour les autres traits décrivant une personne.
Un trait central peut devenir périphérique lorsqu’il est associé à une autre liste
de traits. Cela veut dire que le contexte relativise les traits.
L’effet de primauté
Asch s’est aussi demandé si les premiers traits énumérés dans une liste sont plus
influents que les suivants.
Les résultats de ses expériences montrent que l’ordre de présentation avait un
effet considérable sur l’impression globale des sujets. Ainsi, les traits présentés
en premier lieu ont plus de poids dans la formation de l’impression générale.
C’est ce qu’on appelle l’effet de primauté.
Ça s’explique par le fait que l’individu doit associer les traits les uns aux autres
pour arriver à se former une impression, et l’impression se forme dès le premier
trait. Lorsque le second trait est présenté, l’individu l’interprète en fonction de sa
première impression, et ainsi de suite jusqu’au dernier trait.
D’après Asch, un trait change de sens selon qu’il est associé à tel ou tel autre
trait.
NORMAN ANDERSON n’est pas de cet avis.
Selon Anderson, c’est la règle de la moyenne pondérée qui permet le mieux de
prédire une impression générale : l’impression générale est la somme des
produits de l’évaluation de chaque trait par son poids (l’importance que lui
accorde la personne), divisée par le nombre de traits.
Notons que l’importance que nous attribuons à chaque trait de personnalité
dépend de nombreux facteurs personnels, culturels et situationnels.
L’exactitude de l’impression
L’exactitude de nos jugements dépend, entre autres, de la possibilité de les
vérifier. Plus celle-ci est grande, plus les jugements sont exacts.
Mais les comportements peuvent changer en fonction des situations, ce qui rend
d’autant plus difficile l’attribution de traits de personnalité.
Pour faciliter les rapports sociaux dans les relations interpersonnelles lorsque
celles-ci sont en train de s‘établir, l’exactitude dans la perception de l’autre est
peut être moins importante que le maintien d’une interaction sociale plaisante,
mais superficielle.
En revanche, dans les relations à plus long terme, la stratégie de perception de
l’autre peut être davantage centrée sur la recherche d’informations exactes.
Ces dernières années, les chercheurs en psychologie sociale ont mis en évidence
des stratégies fort utiles que nous employons dans la vie de tous les jours pour
nous former une idée sur les autres. C’est ce qui s’appelle la cognition sociale.
La cognition sociale
Les biais courants : il est si facile de tromper
La positivité
Pourquoi ? Parce qu’après avoir pris connaissance de leur résultat, les sujets se
sont engagés dans un processus de consolidation de cette information. Ils se sont
convaincus qu’ils étaient bons (ce qu’on leur avait dit pour les résultats d’un test
alors que c’était faux, voir p.86) en rassemblant toutes les croyances découlant
de leurs souvenirs et de leurs réflexions.
Le raisonnement contrefactuel
Nous sommes d’autant plus sûrs qu’un scénario se concrétisera que nous
sommes convaincus de la forte probabilité des événements qui le composent. Il a
toutefois été démontré que nous sommes souvent mal équipés pour évaluer la
probabilité d’un scénario.
Nous tirons souvent des conclusions sur des personnes en nous fondant sur des
informations souvent lacunaires. Pour réduire cette incertitude, dû à ces lacunes,
nous disposons de moyens utiles comme les schémas et les règles heuristiques
qui nous rassurent quant à la pertinence de nos décisions.
Les schémas
Les schémas nous permettent ainsi de traiter l’information non verbale et d’aller
au-delà des mots. Aucune expressions du visage n’est vraiment nouvelle pour
nous : nous interprétons des visages totalement inconnus, voire fabriqués de
toutes pièces dans un cadre expérimental, en fonction des schémas généraux
formés au gré de nos interactions sociales et intégrés à notre mémoire à long
terme.
Il en est de même dans la perception sociale en général : en l’absence
d’informations satisfaisantes, nous y suppléons à partir de nos schémas.
Les schémas nous permettent d’aller au-delà de l’information reçue. C’est le plus
grand avantage mais aussi le plus grand risque associé au fonctionnement par
schémas.
Comme tout autre schéma, une théorie implicite de la personnalité peut faire un
mauvais sort aux informations qui entrent en contradiction avec elle.
Notamment, l’une des caractéristiques les plus résistantes des théories implicites
de la personnalité est leur tendance à nous faire croire que des traits sont fixes
ou au contraire malléables.
Les individus qui ont tendance à voir les autres comment ayant des
caractéristiques définies une fois pour toutes sont décrites par les chercheurs
comme des partisans de l’entité, tandis que celles qui conçoivent les êtres
humains comme étant plutôt malléables sont dites incrémentielles.
Lorsqu’on se retrouve devant une nouvelle donnée, on a donc le choix entre deux
possibilités au moins :
- peser soigneusement chaque information, selon une démarche rationnelle,
voire mathématique, afin d’aboutir à l’impression globale la plus juste
- faire appel à un schéma déjà inscrit dans la mémoire et qui nous permet
d’intégrer et d’interpréter rapidement la nouvelle information.
• la représentativité
Il nous arrive souvent de catégoriser les personnes qui nous entourent dans tel
ou tel groupe dont les caractéristiques semblent correspondre à ce que l’on sait
d’elles.
La règle heuristique de la représentativité consiste donc à estimer la
probabilité d’appartenance d’un objet à une classe d’objets à partir de sa
ressemblance avec un cas prototypique de cette classe.
• l’ancrage et l’ajustement
La règle heuristique de l’ancrage et de l’ajustement consiste à estimer une
grandeur (fréquence, probabilité, etc.) en se fondant sur une quantité connue
relative à un événement donné, puis à ajuster cette grandeur pour tenir compte
des particularités d’un nouvel événement semblable.
Par exemple, pour connaître le nombre de spectateurs à un match de foot, on va
se baser sur le nombre de spectateurs qu’il y a eu à l’ancien match de foot.
En ce qui concerne notre perception des autres, le point d’ancrage que nous
utilisons pour prédire la conduite qu’ils adopteront est notre propre
comportement.
- Caractéristiques de l’attitude
2/ RAPPORT ATTITUDE-COMPORTEMENT : et si on
avait tout faux ?
Les études de psychologie sociale ont mesuré le lien entre la force d’une
attitude et le comportement. Ce lien dépend de l’accessibilité des
attitudes. L’accessibilité d’une attitude dépend de sa force et de
certaines conditions particulières la rendant plus saillante,… Des études
en laboratoire confirment qu’une attitude facilement accessible a
tendance à se transformer en comportement. Pour vérifier dans quelle
mesure une attitude permet de prédire un comportement, on doit se
demander si l’attitude et le comportement se trouvent à un niveau
comparable dans le système d’attitudes. On prédit mieux un
comportement particulier en posant une question portant précisément sur
l’action en question, le contexte dans lequel l’action est produite dans le
temps.
Qui : la source
Il arrive souvent que le véritable facteur qui nous fasse changer d’attitude
soit l’identification à un personnage réel ou fictif qui nous ressemble. Les
groupes d’entraide misent beaucoup sur l’identification.
Quoi : le message
1. Convaincre ou émouvoir ?
Les deux stratégies sont très souvent associées dans un même message.
Les recherches de HOVLAND, LUMSDAINE et SHEFFIELD puis celles de
CACIOPPON PETTY et MORRIS concluent que le choix de la stratégie
dépend du public auquel on s’adresse. Une attitude principalement fondée
sur des cognitions sera vulnérable aux messages centrés sur des
arguments tandis qu’une attitude reposant essentiellement sur des
affects sera plus facilement modifiée par de stimuli jouant sur les
émotions. Lorsqu’ils choisissent d’exploiter les émotions, les publicitaires
recourent très souvent à la peur. Il importe de doser le niveau d’angoisse.
Une peur relativement intense a un grand pouvoir de persuasion à
condition que l’on propose à l’auditoire un moyen sûr et crédible d’éviter
le danger.
Le message unilatéral convient mieux pour les individus qui maîtrisent mal
un sujet et qui sont peu engagés sur le plan affectif. Ceux qui connaissent
le message et se sentent concernés connaissent le revers de la médaille.
Tout individu qui se laisse convaincre par un message unilatéral sera
également sensible au message contraire. Les publicitaires doivent dès
lors désamorcer les publicités de leurs adversaires en mentionnant dans
leurs publicités des éléments défavorables au produit concurrent. On parle
d’inoculation d’attitude.
A qui : l’auditoire.
Comment : le canal
Plusieurs auteurs douent du pouvoir réel des médias. C’est le plus souvent
d’une oreille distraite que l’on écoute les messages et les informations
qu’ils diffusent. Mais la distraction n’en diminue pas moins la portée du
message que contient le discours. De plus, même lorsque nous prêtons
une oreille attentive à ce qui est dit, il n’est pas certain que nous
saisissons l’essentiel. D’après une étude de CHAIKEN et EAGLY,
seulement 30 à 40% de l’information des messages télévisés est
comprise. Selon OSKAMP, les informations télévisées seraient si peu
comprises qu’il faudrait les considérer comme des communications
divertissantes plutôt qu’informatives. Selon GREENWALD, ce qui nous
convainc le plus dans un message, ce ne sont pas tant les arguments eux-
mêmes que la réflexion qu’il provoque chez nous. C’est sans doute
pourquoi les messages complexes sont plus persuasifs lorsqu’ils sont
véhiculés par les médias écrits, qui stimulent davantage le travail de
réflexion du récepteur, que par les médias électroniques.
ABELSON affirme que, lorsque nous ne voulons pas changer nos attitudes
ni notre comportement ou encore lorsque nous en sommes incapables, il
nous arrive de réinterpréter la réalité de façon à ne plus être conscients de
la dissonance cognitive ( le fameux « bof, mourir de ça ou autre chose ! »
que lancent les fumeurs relève de cette catégorie). Selon BEAUVOIS et
JOULE, la théorie de la dissonance cognitive est plus une théorie de la
rationalisation plutôt qu’une théorie du changement d’attitude.
Les stéréotypes : « Les Anglais sont froids, les Français sont bavards… »
La représentation que nous avons des membres des autres groupes est
formée de nos croyances à leur égard.
Un stéréotype est une croyance partagée portant sur des
caractéristiques de personnes appartenant à un groupe.
Les premières mesures des stéréotypes ont été effectuées par KATZ et
BRALY.
Pour qu’il y ait stéréotype, il faut qu’un groupe se distingue des autres par
la présence plus ou moins fréquente d’une caractéristique.
Bien des gens ont par ailleurs des stéréotypes se rapportant à leur propre
groupe. On parle alors d’autostéréotypes.
Le racisme traditionnel
Le racisme moderne
Comme dans le cas du racisme, on ne doit pas nier les progrès faits en
matière de sexisme. Il convient toutefois d’éviter de tomber dans
l’autosatisfaction.
L’origine des préjugés est une question complexe qu’on peut étudier sur
plusieurs plans d’analyse : historique, sociologique, psychosocial et
psychologique.
Il en a conclu que les préjugés ont pour origines des raisons objectives : le
partage d’un territoire et de ressources.
Selon la théorie du conflit de groupe réaliste, la lutte entre les groupes
pour occuper un territoire et obtenir de la nourriture et des ressources
matérielles serait à l’origine des préjugés.
La théorie du conflit de groupe réaliste est une théorie selon laquelle
l’antagonisme entre les groupes repose sur des conflits d’intérêts réels et
produit de la frustration.
La socialisation
Les préjugés étant des attitudes, ils sont donc acquis. Nous ne naissons
pas avec un bagage de préjugés ne demandant qu’à s’exprimer le
moment venu.
Les préjugés peuvent être acquis par l’expérience directe, mais ils sont
souvent transmis d’une personne à une autre, notamment au cours de la
socialisation de l’enfant.
L’expérience des enfants en bas âge est cruciale parce qu’il y a souvent
cristallisation au début de l’adolescence et que les préjugés sont par
conséquent plus difficiles à éradiquer à l’âge adulte.
Les médias jouent un rôle notable dans la socialisation. En effet, l’image
qu’ils présentent de la réalité vient souvent renforcer les stéréotypes qui
ont cours dans la société.
Quant aux stéréotypes sexistes, ils sont acquis encore plus tôt dans
l’enfance. Non seulement les parents se comportent très différemment
avec un enfant selon que c’est un garçon ou une felle, mais les livres,
émissions de télévisions, etc. véhiculent les stéréotypes traditionnels.
L’influence sociale
L’ethnocentrisme est l’état d’esprit des personnes qui croient que leur
groupe ethnique est le meilleur et qui entretiennent une attitude
systématiquement négative à l’égard des autres groupes.
On ne s’étonnera pas de le retrouver dans la personnalité autoritaire : la
peur du changement coïncide généralement avec la peur de l’inconnu, et
quoi de plus inconnu qu’un étranger ?
La catégorisation
Les catégories nous simplifient donc la vie. Néanmoins, elle peut conduire
à une simplification dont les conséquences peuvent être désastreuses
pour ceux qui en sont victimes.
Une simplification trop poussée peut être à l’origine de stéréotypes et de
préjugés.
Le fait d’associer des traits négatifs peu fréquents et, par conséquent,
saillants à des individus appartenant à un groupe minoritaire, c’est-à-dire
saillants eux aussi, est susceptible de rendre ces traits plus accessibles à
la mémoire et de faire percevoir un lien plus fort qu’il n’existe en réalité.
Le problème avec les préjugés, c’est qu’ils sont difficiles à infirmer, mais
qu’ils créent souvent aussi leur propre réalité : on parle alors de
prophéties qui s’autoréalisent.
Une explication des préjugés est que les membres des groupes qui font
l’objet de préjugés méritent leur réputation souvent peu enviable.
Autrement dit, ces groupes possèdent bien les défauts (ou les qualités)
qu’on leur attribue.
La réduction des préjugés
Le contact entre les groupes : est-il suffisant pour réduire les préjugés ?
L’effet du contact sur la réduction des préjugés doit être évolué sur une
période relativement longue.
Quelles raisons les gens donnent-ils pour expliquer qu’ils évitent les
contacts intergroupes et, selon eux, quelles raisons les personnes des
exogroupes ont-elles d’éviter ces contacts ?
SHELTON et RICHESON ont observé que généralement, les groupes
souhaitaient avoir davantage de contacts entre eux, mais croyaient que
l’exogroupe ne recherchait pas de tels contacts. Les individus expliquent
leur inaction par la peur d’être rejetés, mais ils attribuent l’inaction des
autres à leur manque d’intérêt.
Pour qu’une norme soit établie, il faut qu’un groupe de personnes s’entendent
sur une certaines vision de la réalité.
Notre propre culture, ou encore notre expérience personnelle, nous sert donc de
cadre de référence pour évaluer la réalité.
SHERIF a placé dans ces conditions des individus seuls. Le point lumineux était
visible pendant quelques instants, puis il disparaissait. Lorsqu’il réapparaissait, le
sujet devait dire de combien de centimètres il s’était déplacé.
Cette expérience lui a permis d’observer qu’en l’absence de cadre de référence
externe, les sujets s’en construisent un.
Il a répété cette expérience mais cette fois ci, les sujets étaient répartis par
groupes et constaté qu’une norme collective se créait.
La norme a une double valeur : une valeur descriptive (elle informe l’individu
sur ce que les autres font) et une valeur prescriptive (elle indique le
comportement approprié).
La réalité sociale n’est pas non plus définie une fois pour toutes. La perception
que nous avons varie selon les époques, les cultures et les situations.
La foule et la rumeur : quand les normes sont suspendues
Il existe cependant des situation où les normes sont soit suspendues, soit à
inventer, notamment les situations de foule.
Selon la théorie de la norme émergente (TURNER et KILLIAN), les normes
habituelles qui régissent une collectivité ne fonctionnent pas toujours dans une
foule, et elles doivent donc être réinventées.
Pour TANFORD et PENROD ces résultats indiquent qu’il est plus facile, pour une
majorité de personnes, de contredire l’évidence que d’aller à l’encontre du
jugement de purs étrangers.
Dans les études qui reprennent l’expérience d’ASCH avec un stimulus non
ambigu, on obtient généralement des taux de conformisme semblables.
Mais qu’en est-il lorsque la réponse n’est pas du tout évidente (questions
d’opinion par exemple) ?
Pour vérifier si la taille du groupe joue un rôle dans le conformisme, ASCH a fait
varier le nombre de compères dans ses expériences. Il s’est rendu compte que le
taux de conformisme augmente jusqu’à un certain nombre, ou le sujet naïf
soupçonne qu’il est victime d’un coup monté.
Dans un même cas, nous nous conformons plus facilement aux croyances et aux
comportements de personnes qui font partie de notre entourage et auxquelles
nous nous identifions, qu’à ceux d’étrangers ou d’individus associés à un autre
groupe.
Les personnes qui ont un grand besoin d’affiliation, c’est-à-dire un grand besoin
de se faire aimer des autres, sont plus conformistes que la moyenne.
Les individus marqués par un fort degré de monitorage de soi ont également
tendance à céder plus facilement à la pression du groupe. Cela n’a rien
d’étonnant si l’on considère que ces individus accordent une grande importance
à l’image qu’ils projettent.
Les personnes ayant une faible estime de soi ont également tendance à se
conformer à la majorité : ils ont peu confiance en leurs capacités, ce qui les rend
très réceptifs à la vision de la réalité que leur propose leur entourage, même si
elle est erronée.
D’après TRIANDIS, les cultures se distinguent selon qu’elles ont une orientation
collectiviste ou individualiste.
En fait, une des principales peurs ressenties par les sujets lors des expériences
comme celles d’ASCH est de se faire rejeter pour avoir insulté les autres sujets
en mettant en cause leur capacité d’évaluer la longueur des lignes.
Dans cette section, nous allons faire un tour rapide des différents procédés
utilisés pour favoriser l’acquiescement, qui ont été mis en évidence tantôt par
des études expérimentales, tantôt par des observations en milieu naturel.
Nous avons tous appris, au cours de notre socialisation, qu’ « un service en attire
un autre », qu’il suscite souvent chez la personne qui le reçoit un besoin de faire
de même.
La norme de réciprocité est tellement présente dans toutes nos sociétés que les
spécialistes l’envisagent comme un avantage évolutif important chez les espèces
qui la possèdent. Cette réciprocité permet de créer des systèmes complexes et
coordonnés d’échanges qui favorisent une adaptation collective à
l’environnement.
Pour convaincre, ce n’est pas une mauvaise idée de se faire aimer. Se rendre
aimable pour convaincre est un procédé si évident que l’on peut se demander
comment on s’y laisse prendre. Pourquoi ?
L’un des plus sûrs moyens de se faire aimer est d’utiliser la bonne vieille flatterie.
Des recherches démontrent qu’il n’est même pas nécessaire de flatter la
personne elle-même : flatter son entourage immédiat, par exemple sa famille,
peut avoir un effet comparable.
Une autre façon de se faire aimer est de donner à l’autre l’impression qu’on lui
ressemble. Avoir les mêmes goûts, des opinions similaires ou tout simplement le
même patronyme ou le même prénom, venir de la même région, voilà autant
d’exemples de similarité superficielle, mais qui entrouvrent pourtant la porte de
l’acquiescement.
L’attirance physique joue évidemment un rôle dans l’aptitude à se faire aimer
des autres.
Pour amener quelqu’un à satisfaire nos demandes, il est utile de les présenter
comme relevant d’un consensus social.
Comme la plupart des méthodes visant à obtenir rapidement l’acquiescement,
cette technique suppose bien entendu que les donneurs potentiels ne procèdent
pas à un traitement élaboré de l’information.
Une autre façon de faire céder le client consiste à lui offrir une prime avant
même qu’il ait eu le temps de donner son accord à une première demande. C’est
ce que l’on appelle la technique du « ce n’est pas tout ».
Les techniques de persuasion fondées sur des demandes successives ont toutes
en commun de nous pousser à faire un travail cognitif qui modifie notre
perception de soi ou de la situation que l’on nous présente.
L’obéissance n’explique pas tout. Le fait que la personne soumise à une autorité
reconnue soit souvent dans une situation passive constitue pour Milgram un
facteur tout aussi crucial. En se définissant comme un « agent », c’est-à-dire un
exécutant et non comme l’initiateur de l’action, la personne a tendance à se
décharger de la responsabilité de l’action sur la figure d’autorité.
Le paradigme bleu-vert
Pour ce faire, les expérimentateurs ont utilisé une série de diapositives bleues qui
ne différaient entre elles que par la luminosité. Un prétest effectué auprès d’un
groupe témoin a démontré que le stimulus était peu ambigu, les sujets ne
commettant pratiquement pas d’erreur. On a montré les mêmes diapositives à
un groupe de sujets composé pour un tiers de compères qui répondaient
systématiquement que les diapositives étaient vertes, au mépris de l’évidence.
Eh bien, 32% des sujets de la majorité ont suivi la minorité à au moins une
occasion.
Pour être efficace, une minorité doit être cohérente dans ses jugements.
Une minorité ne doit cependant se montrer ni rigide ni dogmatique. MUGNY
rappelle que, tout en restant constante et logique, elle a intérêt à varier ses
façons de s’exprimer et de négocier sa position.
L’innovation aujourd’hui
La résistance à l’influence
L’indépendance et l’anticonformisme : « je pense oui, je dis oui ; tu dis oui,
je dis non »
Dans un groupe doté d’une grande cohésion, cette réaction peut coûter cher à
ceux qui contreviennent à la norme. Mais l’indépendance peut aussi entraîner un
mouvement favorable à l’innovation.
Toutefois, n‘est pas indépendant qui veut. Les personnes dont le statut dans le
groupe est faible peuvent difficilement résister aux pressions auxquelles on les
soumet, à moins que leur statut soit si faible qu’elles n’aient rien à perdre.
HOLLANDER parle de « crédit idiosyncrasiques » : le conformisme permet de se
faire aimer et d’améliorer son statut dans le groupe, et l’on tolère davantage la
déviance d’un membre dominant.
Le refus de céder aux pressions sociales peut aussi prendre la forme de
l’anticonformisme. On parle d’anticonformisme quand une personne adopte un
comportement qui va dans le sens contraire de ce que prescrit la pression
sociale.
Il n’exprime pas la volonté personnelle de l’individu, mais la demande sociale.
Une autre raison de résister à l’influence sociale est liée à ce que l’on appelle la
réactance (BREHM). C’est une réaction au sentiment d’avoir perdu sa liberté.
Elle mène généralement à l’anticonformisme.
Enfin, le besoin de garder la maîtrise des évènements stimule l’anticonformisme
ou l’indépendance.
Aucune personne que nous fréquentons ne peut combler tous ces besoins à elle
seule.
Lorsqu’on leur demande quelle est la source de l’attraction entre les personnes,
les gens sont portés à citer des caractéristiques intrinsèques : la personnalité,
l’intelligence, le sens de l’humour, etc. ce faisant, ils commencent une erreur
d’attribution fondamentale. Il n’y a rien d’étonnant à cela : nous aimerions tous
que les caractéristiques de la personne constituent le facteur déterminant dans
notre choix d’amis ou d’amoureux. Or, des variables relevant de la situation
exercent une influence déterminante dans le jeu des relations entre les gens.
C’est le cas par exemple du simple fait d’être physiquement près de quelqu’un
ou de le voir souvent.
La proximité pourrait faciliter l’attraction tout simplement parce que les gens qui
vivent près de nous sont plus accessibles.
Par conséquent, la meilleure façon de rencontrer des gens, c’est encore d’évoluer
dans un milieu où il y a beaucoup de monde.
Ce sont avec les gens et les objets que nous voyons souvent, que nous
connaissons bien et avec lesquels nous sommes à l’aise, que nous préférons. Le
contact répété avec une personne ou un objet, ce que ZAJONC appelle la simple
exposition, produit des réactions affectives positives envers ces stimuli.
Il se peut aussi que voir souvent une personne que l’on n’aime pas accroisse nos
sentiments négatifs à son égard.
Quant à la familiarité, elle peut entraîner une baisse de l’attraction lorsqu’elle
atteint un niveau extrême.
La beauté physique
Pourquoi les personnes les plus belles sont-elles les plus recherchées ? Est-ce
seulement une question d’attirance sexuelle ? Pas nécessairement. S’associer
avec de belles personnes apporte son lot d’avantages. En effet, un homme qui
est vu avec une femme exceptionnellement belle reçoit plus d’attention et jouit
d’un plus grand prestige que s’il est vu avec une femme moins jolie. Il en va de
même pour une femme vue avec un très bel homme. En général, lorsque les
autres nous voient liés avec de belles personnes, ils nous évaluent de façon plus
favorable.
Une autre raison explique pourquoi les belles personnes nous attirent : nous
sommes sujets à ce qu’on pourrait appeler un biais en faveur de la beauté.
Lorsque nous regardons la couverture d’un livre, nous en tirons toutes sortes de
conclusions sur son contenu. Il en irait de même pour les gens : quand nous
voyons une belle personne, nous lui prêtons toutes sortes de belles qualités.
On a observé que les sujets attribuent aux belles personnes plus de bonheur,
plus de succès, de traits de personnalité socialement désirables, une intelligence
plus grande et un statut social plus enviable. Ils le perçoivent aussi comme étant
plus sociables, plus dominantes, plus chaleureuses sur le plan sexuel et en
meilleure santé mentale.
Cela dit, plusieurs recherches démontrent que l’évaluation globale qu’on fait de
la beauté varie très peu au sein d’un groupe culturel, de même que d’une culture
à l’autre et d’une ethnie à l’autre. Certains visages sont considérés comme
attirants par tous, peu importe la culture. Qu’est ce que ces visages ont donc de
particulier ?
Certaines recherches confirment que plus un visage est symétrique, plus il nous
semble attirant.
D’autres recherches révèlent que nous préférons les visages moyens. Cela
signifie que nous préférons les visages dont la configuration des traits est
moyenne : bouche de taille moyenne, yeux de taille moyenne, séparés par une
distance moyenne, visage de taille moyenne, nez moyen, etc.
Malgré ce que nous venons d’en dire, la beauté n’a pas que des avantages. En
effet, si les personnes très cotées pour leur apparence suscitent facilement
l’attraction, cela ne veut pas dire pour autant que cette attraction donne lieu à
une prise de contact. En effet, si nous sommes attirés par les personnes très
belles, nous avons en revanche peur qu’elles nous rejettent.
Avec qui noue-t-on des relations ? Nous nouons des relations avec des personnes
que nous considérons comme à peu près de notre niveau pour ce qui est de la
beauté. On pourrait dire que nous évaluons intuitivement notre « valeur
marchande » et cherchons quelqu’un dont la valeur correspond à la nôtre.
Choisir son partenaire : similitude ou complémentarité ?
Nous sommes attirés par les gens qui nous ressemblent – ou du moins ceux dont
nous avons l’impression qu’ils nous ressemblent.
Ce qui est vrai pour les relations amicales l’est aussi, semble-t-il, pour les
relations amoureuses. Les gens se choisissent selon un principe d’appariement :
ils ont tendance à trouver des partenaires qui leur ressemblent.
De plus, selon ANTILL, il semble que les conjoints ayant des personnalités
similaires sont plus heureux que ceux ayant des personnalités dissemblables.
Une deuxième explication est que si nous aimons les gens qui nous ressemblent,
c’est tout simplement parce qu’ils nous renforcent dans ce que nous sommes,
dans ce que nous faisons et pensons. Et le fait de se sentir renforcé
systématiquement par une autre personne constitue un puissant facteur
d’attraction.
Une troisième explication possible : ils se pourrait que la ressemblance entre des
amis ou des amoureux soit la conséquence de leurs relations, et non le préalable
à l’établissement des liens. En d’autres termes, ces personnes se ressemblent de
plus en plus avec le temps, même si elles étaient relativement différentes au
départ.
Selon une quatrième explication, il se pourrait que nous entreteniez des relations
avec des gens qui nous ressemblent pour la simple raison que c’est ce type de
personnes que nous avez le plus de chances de rencontrer dans votre vie de tous
les jours.
Il arrive que nous recherchions chez nos amis et amoureux des caractéristiques
que nous n’avons pas.
Ainsi, les personnes qui ont une faible estime de soi ne sont pas du tout attirées
par les gens qui leur ressemblent. Par ailleurs, il semble que nous soyons attirés
par des personnes qui n’ont ni les mêmes habiletés ni la même spécialité que
nous. Selon TESSER, nous ne voulons pas être en concurrence avec l’être aimé
dans des domaines qui nous importent.
Notre attirance envers les autres dépend donc de facteurs externes (proximité,
familiarité) et de facteurs qui relèvent de l’individu (beauté physique, similitude,
complémentarité, etc.).
Les théories de l’échange social sont des théories de l’amour qui donnent une
description des relations intimes à la fois forte plausible et étayée
empiriquement.
Mais qu’échangent donc les partenaires d’une relation intime ? Des gratifications
et des renforcements de plusieurs ordres : affection, satisfaction sexuelle,
sentiments, prestige, argent, stat social, etc.
L’être humain étant foncièrement subjectif, ses jugements ne sont pas sans
failles. C’est pourquoi nous n’évaluons pas tous de la même façon les coûts et les
bénéfices d’une relation.
C’est ce que ROSS et SICOLY ont appelé le biais égocentrique : les deux
conjoints ont tous les deux l’impression d’en faire plus que l’autre.
Selon RUBIN, l’un des premiers chercheurs à s’être intéressé à l’étude des
relations amoureuses, il existe en réalité une différence qualitative entre l’amitié
et l’amour.
Le souci de l’autre, l’attachement et un besoin d’exclusivité dans les relations
caractériseraient l’amour, tandis que la conscience des ressemblances avec
l’autre et l’estime qu’un a pour lui seraient des composantes de l’amitié.
Une personne aux prises avec des réactions physiologiques résultant d’un état
d’activation prononcé cherchera dans son environnement ce qui la met dans un
tel état. Les mécanismes d’attribution entrent alors en action.
LEE a tenté de décrire l’amour à l’aide d’une typologie reposant sur une analogie
avec les couleurs.
Il pense que l’on peut obtenir toutes les nuances possibles de l’amour à partir de
ses composantes de base. Les couleurs de l’amour représentent en quelque sorte
différentes façons d’aimer. Les trois styles de l’amour primaires sont : eros, ludus
et storge. LEE s’intéresse à trois styles secondaires : mania, agape et pragma.
Selon LEE, il est rare que l’on retrouve un type pur dans la réalité.
STYLE CARACTERISTIQUES
S
Eros Amour où l’attirance physique est importante et où la sexualité est centrale.
C’est le coup de foudre.
Ludus Amour passe-temps ou l’amour comme un jeu : on s’engage peu et on a
plusieurs partenaires. Amour typique des personnes narcissiques, qui ne
songent qu’à leur plaisir, qui ne veulent pas s’engager et qui veulent garder le
contrôle dans leur vie amoureuse.
Storg Amour durable, qui dérive de l’amitié et qui se développe lentement. C’est un
e amour plaisant, chaleureux, tranquille et doux. Ce type d’amour correspond à
l’amour-affection.
Mania Amour obsessif, possessif et jaloux. C’est un amour en montagnes russes, avec
des sommets vertigineux et des précipices. Ce type d’amour correspond à
l’amour-passion.
Agape Amour altruiste, patient, qui ne demande pas de réciprocité. LEE considère que
ce type d’amour est très rare.
Prag Amour pratique, reposant sur la recherche d’un partenaire qui correspond aux
ma attentes, aux intérêts, aux antécédents et à la personnalité de l’individu. A
l’extrême, c’est le mariage arrangé.