BONUS REPRISE
PROTOCOLES
Œdème aigu
du poumon
cardiogénique
1. Rappel des principaux
signes cliniques
• L’œdème aigu du poumon cardiogénique
(OAPc) est défini comme une dyspnée aiguë à
début brutal, liée à une insuffisance cardiaque
gauche.
• Il se manifeste essentiellement par une ortho-
pnée, souvent nocturne ou de fin de nuit. Cet
épisode aigu est souvent précédé de dyspnée d’ef-
fort ou de décubitus quelques jours auparavant.
• Le patient, souvent âgé, a du mal à parler,
avec souvent un grésillement laryngé audible
sans auscultation et une expectoration mous-
seuse. Une douleur thoracique ou un syndrome
infectieux bronchique peuvent s’ajouter au
tableau clinique. Dans le cas de bronchopa-
thie associée, on retrouve souvent une compo-
sante bronchique spastique, réalisant un
“pseudo-asthme” cardiaque avec des sibi-
lances à l’auscultation. La fréquence ventila-
toire est élevée, ainsi que la fréquence
cardiaque. La pression artérielle est normale
ou élevée (cause ou conséquence de l’OAPc).
2. Éléments à rechercher
lors de l’interrogatoire
• Il faut, à chaque fois que cela est possible,
que le médecin régulateur du SAMU essaie
d’avoir le patient lui-même au téléphone. Cela
lui permet à la fois d’apprécier son débit de
parole (nombre de mots possibles entre deux
inspirations), d’entendre sa ventilation (gène
inspiratoire, expiratoire ou mixte), de recher-
cher une douleur thoracique associée.
L’interrogatoire doit être bref, précis et concis.
Il doit rechercher principalement une hyper-
 Dr A. Rozenberg
tension artérielle, une cardiopathie isché-
mique (angor, infarctus du myocarde) ou
valvulaire, un épisode antérieur d’OAPc et une
éventuelle hospitalisation en cardiologie ou
en réanimation pour le même motif. Un écart
du régime hyposodé ou un arrêt de la théra-
peutique sont des éléments qui complètent le
diagnostic.
• Si le patient ne peut s’exprimer au télé-
phone, il faut essayer d’obtenir ces informa-
tions auprès de l’appelant, mais aussi les
raisons de non-réponse au téléphone. Parfois
liées à des contingences matérielles, elles
sont souvent secondaires à la présence de
signes de gravité : troubles de conscience,
cyanose, sueurs profuses, bradypnée,
marbrures cutanées.
• Si un médecin est sur place, l’auscultation
de râles crépitants et sous-crépitants bilaté-
raux confirme le diagnostic. Le bilan médical
peut alors être plus précis : antécédents et trai-
tements, présence de signes de gravité, déter-
mination de la pression artérielle, fréquence
cardiaque, fréquence ventilatoire, localisation
et typologie de la dyspnée et d’une douleur
thoracique, interprétation d’un ECG, premiers
gestes et traitement d’urgence.
3. Conduite à tenir
dans l’envoi des secours
La présence d’un signe de gravité est une
urgence absolue, et implique l’envoi immédiat
et simultané d’un véhicule de secouristes
(pompiers, Croix-Rouge…) pour administrer au
patient de l’oxygène, et d’une unité mobile
hospitalière (UMH) du SAMU pour une prise
en charge médicale rapide. Devant un tableau
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clinique moins évident et en l’absence de
signe de gravité, l’envoi d’un médecin de
garde peut suffire, à condition qu’il puisse se
rendre sur les lieux rapidement. La conduite à
tenir est résumée dans la figure 1.
4. Conseils à donner
à l’appelant
• Si l’appelant est un médecin, en attendant
le SMUR, il doit si possible installer le patient
en position assise, jambes pendantes hors du
lit. Il peut aussi lui administrer un diurétique
intraveineux d’action rapide en adaptant son
utilisation à l’état hémodynamique du
patient. Dès que possible, le patient doit être
mis sous oxygène à fort débit au masque. Si
l’OAPc est lié à une poussée hypertensive, et
en l’absence de signe de gravité (notamment
une hypotension artérielle), il est possible de
lui donner un antihypertenseur adapté à son
niveau de pression artérielle systolique. Il en
est de même pour l’utilisation d’un dérivé
nitré sublingual en cas de douleur thoracique
associée.
• En l’absence d’un médecin sur place il faut, si
nécessaire, rassurer le patient et calmer son
entourage, les prévenir de l’envoi des secours, et
essayer de faire installer le patient en position
assise jambes pendantes hors du lit. I

Appel pour dyspnée aiguë

Âge, antécédents, traitements,

hospitalisation antérieure
pour le même motif ?

OUI Le patient peut-il venir NON

au téléphone ?

OUI Signe NON

de gravité ?

Médecin
de garde
+
ECG

UMH Parole difficile Médecin

+ OUI ou douleur thoracique NON de garde
secouristes ou antécédents OAPc/cardio +
avec O2 ou signes de gravité ECG

Figure 1. Algorithme de régulation médicale d’un œdème aigu du poumon (OAPc)