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Le document que nous allons étudier est une charte, un traité de paix civile rédigé
notamment par l’intellectuel anglais Etienne Langton (1150-1228) et signé par Jean sans
Terre (1166-1216.) Ce dernier, fils d’Henri II d’Angleterre, est duc d’Aquitaine, seigneur
d’Irlande et roi d’Angleterre de 1199 jusqu’à sa mort. Le 15 juillet 1215, il accepte de signer
la Grande charte, également appelée en latin la Magna carta. La ratification de ce texte, qui
s’adresse au peuple anglais et plus particulièrement à la noblesse et au clergé, s’inscrit dans
un contexte historique particulier. En effet, Jean sans Terre, qui succède au très puissant
souverain Richard Cœur de Lion, connait des échecs cuisants au début de son règne. Piètre
chef militaire, il perd l’essentiel des terres de l’Empire angevin situées en France (à
l’exception de la Guyenne.) En outre, il est excommunié par l’Eglise catholique en 1209 après
un conflit autour de l’élection de l’archevêque de Cantorbéry. Ces échecs engendrent
d’importantes pertes économiques, que Jean sans Terre tente de compenser en renforçant la
taxation des Seigneurs. Cette décision entérine la rébellion des barrons, qui s’emparent de
Londres le 17 mai 1915 puis contraignent le roi à la signature de la Grande charte.
Celle-ci énumère dans un premier temps les différentes personnes qui ont pris part à la
rédaction du texte : une dizaine de membres du clergé anglais sont cités (des archevêques, des
évêques, des cardinaux, des maitres…) puis 17 membres de la noblesse. 4 d’entre eux sont
appelés par le titre nobiliaire Earl, qui désigne les gouverneurs de comtés. La Magna carta
instaure ensuite plusieurs libertés. Elle rappelle la totale autonomie de l’Eglise d’Angleterre,
notamment en matière d’élections. Elle accorde des droits supplémentaires à tous les hommes
libres du Royaume, notamment en termes d’héritages (dont elle fixe les montants et les
modalités) et confirme les libertés de coutume de la cité de Londres et de toutes les autres
cités, bourgs et villes. En outre, la charte modifie le fonctionnement des institutions politiques
en déterminant que l’octroiement d’une aide ou d’un écuage ne peut se faire qu’après l’accord
du Commun conseil du Royaume, composé de représentants du baronnage. De nouvelles
règles judiciaires sont également édictées : les droits des personnes accusées et des marchants
circulant sur le territoire royal sont renforcés. Enfin, la charte institue l’élection de 25 barons
par leurs pairs, chargés de veiller à la paix et au respect des libertés.
L’analyse de ce document nous amène à nous poser la question suivante : En quoi la
Grande Charte de 1215 pose-t-elle les jalons de l’Etat de droit contemporain et plus
particulièrement du parlementarisme anglais ? Nous commencerons par voir que la Charte
attribue de nouveaux droits à certaines composantes de la société anglaise comme le clergé et
la noblesse. Puis nous verrons qu’elle institue des libertés fondamentales, notamment en
matière de justice. Enfin, nous observerons que la Magna Carta dessine l’épure d’un nouveau
partage du pouvoir et d’une limitation de l’autorité du Roi.
En définitive, nous pouvons dire qu’à certains égards, la Grande Charte de 1215 a permis
d’appuyer la fondation des Etats de droits contemporains tels que nous les connaissons
aujourd’hui. En effet, elle a énoncé plusieurs libertés et droits fondamentaux qui sont
aujourd’hui repris dans la Constitution de la plupart des pays occidentaux, en particulier
ceux de droit anglais : liberté d’aller et venir, droit à une justice impartiale, droits d’héritage…
Au Royaume-Unis, nation sans Constitution, elle a souvent servi d’argument contre
l’arbitraire pour les opposants à la monarchie absolue, notamment au XVIIème siècle. Elle a
sous-tendu la création et la consolidation du Parlement anglais aux XIII et XIVème siècles. La
Carta Magna demeure toutefois un texte de circonstance, dont les dispositions avaient
davantage vocation à pallier les incompétences d’un Roi impopulaire qu’à s’inscrire dans le
long terme. C’est pour cette raison que le texte fut en partie vidé de sa substance après les 3
rééditions successives qu’en effectua le roi Henri III en 1216, 1217 et 1223. La portée
universelle des libertés qu’énonce ce texte est également à relativiser, dans la mesure où ces
nouveaux droits ne concernent que les hommes libres, ce qui exclut de facto les serfs, qui
représentent l’écrasante majorité de la population. Malgré toutes ces limites que nous pouvons
mettre en exergue, la Grande Charte de 1215 a indubitablement revêtu une influence notoire
sur la rédaction de certains textes fondamentaux comme la Déclaration universelle des Droits
de l’Homme, signée en 1948. Elle est toujours célébrée comme une pierre angulaire des
démocraties modernes. Un mémorial lui est consacré è Runnymède, près de Windson, en
Angleterre
Bibliographie