Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
La deuxième raison, c’est que, en politique étrangère, c’est le Sénat qui décide, pas juste le
président. (…) Enfin, pour nous, Européens, nous sommes une quantité beaucoup plus
négligeable que par le passé. Je ne crois pas du tout à un grand accord commercial
transatlantique. Le précédent a d’ailleurs été un échec, comme ce devait l’être, d’ailleurs.
1
pays. Ce rêve a totalement échoué. On va être, depuis Trump, plus agressif avec la Chine sur
les questions de commerce, de finance…, mais il n’y a pas vraiment de solution pour contenir
ou engager la Chine.
On sait qu’ils vont être plus durs, mais que va faire l’administration Biden sur Hongkong et
Taïwan, par exemple ? C’est extraordinairement risqué et compliqué. Je pense qu’ils sont très
inquiets, parce qu’à mesure que le gouvernement de la Chine continentale va continuer ses
agressions contre ces deux territoires, l’administration Biden, qui a remis au premier plan les
questions de droits de l’homme et de respect de la démocratie, ne va pas pouvoir baisser la
garde.
Pascal Lamy : Que le multilatéralisme soit en crise, c’est sûr, mais que ce soit sa fin, je ne le
crois pas. Je ne crois pas que ce monde doive s’organiser autour d’un multilatéralisme de
demain qui remplacerait celui d’hier et qui soit seulement entre les démocraties. De mon point
de vue d’Européen, un des enjeux de la conversation internationale globale multilatérale, c’est
d’emmener des pays qui ne sont pas démocratiques vers nos propres valeurs démocratiques.
Ce que Trump a fait, c’est-à-dire de faire basculer au sein du Politburo chinois la majorité du
côté plus nationaliste, plus communiste, cette erreur qui consiste à avoir renforcé en Chine la
tendance autarcique, isolationniste, je crois que c’est mauvais. Je considère qu’à certains
égards, la Chine est une menace. Mais je trouve qu’une Chine autarcique est beaucoup plus
dangereuse qu’une Chine globalisée. Si le sommet des démocraties, c’est pour l’isoler, je ne
suis pas pour.