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INTRODUCTION
Le premier consiste à confondre ce qui est légal et ce qui est moral. Une conduite
peut être légale sans être automatiquement morale et vice versa. Par exemple, le
divorce est légal dans nos pays, cela ne lui confère pas pour autant un caractère
moral. De plus, ce qui est légal n'est pas nécessairement obligatoire. On peut porter
plainte en toute légalité, pour faire valoir des droits. Mais rien n'oblige un chrétien à
prendre l’initiative de régler ses différends au tribunal.
Le second danger, contrairement au premier, consiste à utiliser la voie législative
comme moyen coercitif pour imposer son point de vue ; par exemple, faire qu’une
loi rende obligatoire une cérémonie religieuse pour tous les couples d'un pays. La
tentation du pouvoir peut conduire à l'intolérance en refusant aux autres un point de
vue différent du nôtre.
Pour pouvoir prendre position par rapport aux nouvelles législations, il est
indispensable de rappeler, au préalable, ce que recouvre la notion de mariage.
1. À PROPOS DU MARIAGE
Les modalités, par lesquelles une société ratifie et régule les liens qui unissent un
homme et une femme, ont considérablement varié à travers le temps et les cultures.
Dans nos cultures judéo-chrétiennes, les modèles de référence les plus anciens nous
viennent de l'Ancien Testament et sont généralement connus. Dans le monde
biblique, où tout est religieux, le mariage est vécu essentiellement comme une
Différentes formes de conjugalité légalement reconnues – Commission d’éthique de l’UFB
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affaire entre deux familles. Il est social, public et religieux, même si les instances
politiques et le prêtre n’interviennent pas. Le mariage est un acte fondateur,
l'accent porte surtout sur la durée et sur les conditions de la vie conjugale.
Au Moyen Âge, il arrivait fréquemment que le mariage soit officialisé par le seigneur
du domaine. Mais, petit à petit, l'Église s'opposa à ces pratiques coutumières, parfois
immorales,1 pour imposer finalement sa mainmise sur le mariage qui devint religieux
et sacramentel. La seule validation du mariage devint celle accordée par l'Église à
travers le clergé.
En France, le pouvoir, que l’Église s’était attribué, lui fut enlevé à la Révolution
française. Un texte de loi du 20 septembre 1792 retira, aux prêtres, la tenue des
registres de mariage et la confia aux mairies. Selon la loi de 1802, seul un officier
d’état civil peut déclarer l’état de mariage. Ce fut la naissance du mariage civil tel
que nous le connaissons aujourd’hui et, à partir de là, libre aux époux de faire bénir
ou non leur union par une autorité religieuse.
Dans la majorité des pays, où le droit juridique est le modèle quasi exclusif de
fonctionnement de la société, le mariage civil est la règle. Mais, selon les législations,
il peut être prononcé par un ecclésiastique qui en a reçu officiellement le pouvoir2.
La pluralité des modalités légales, que l’Église ne peut que constater, nous pousse à
approfondir, à préciser et à justifier nos positions et nos convictions en tant qu'Église
adventiste. Nous ne commenterons pas la situation de concubinage3 puisque c’est
une situation de fait non soumise à un statut juridique, même si elle est légalement
reconnue (art. 515-8 du code civil) et donne droit à certains avantages sociaux.
Par contre, le PACS se définit comme un contrat qui permet à deux personnes
d’organiser leur vie commune sans être obligées de se marier. L’innovation majeure
de cette loi est que ces personnes peuvent être du même sexe. Selon l’article 515-1
du code civil, un « pacte civil de solidarité est un contrat conclu par deux personnes
physiques majeures, de sexe différent ou de même sexe, pour organiser leur vie
1
Par exemple le « droit de cuissage »
2
C’est le cas des États-Unis d'Amérique. On comprend que, dans l'esprit du rédacteur américain du Manuel
d'Église, un ancien ne puisse célébrer un mariage, non pour des raisons religieuses, mais parce qu'il n'est pas
officier d'état civil. Dans de nombreux pays, notamment d'Europe occidentale, cette distinction entre pasteur et
ancien tombe d'elle-même puisqu'ils ne sont, ni l'un ni l'autre, mandatés par l'État pour une quelconque fonction
officielle.
3
Le concubinage est un accord de volonté, non officiel, ne concernant que les intéressés. C’est une union de fait
caractérisée par une vie commune présentant un caractère de stabilité et de continuité. Il est attesté par le
certificat de concubinage fourni par la mairie ou établi par le notaire, ou encore par une attestation sur l’honneur
signée des deux concubins et de deux témoins. Il n’y a aucune formalité de déclaration publique, ni aucun acte
d’enregistrement légal. Depuis la loi du 15.11.99, le concubinage peut exister entre deux personnes de même
sexe.
commune ». Ainsi le PACS se situe entre le mariage, institution qui crée des droits et
des obligations à l’égard des signataires, et le concubinage n’imposant aucune
obligation aux intéressés.
Le texte de la loi (art. 515-1) évacue les différences biologiques entre les sexes et
provoque amalgame et confusion entre des types très différents de relation.
Sont donc englobées dans une même loi, quatre configurations différentes :
Qu'un tel contrat s'applique à des partenaires de même sexe soulève le problème
des relations homosexuelles et ne relève pas seulement d'une simple juridiction civile,
mais pose aussi un problème éthique.
Malgré son désir d'équité et de justice, ce texte contient les germes d'une injustice
certaine. Deux membres d’une même fratrie, célibataires ou veufs, par exemple, qui
vivraient et travailleraient dans une entreprise artisanale ou agricole familiale, et qui
pourraient être protégés en matière de logement ou d'héritage, n'ont pas droit au
pacte civil de solidarité (art. 515.2).
Le sujet de l'adoption est un second exemple. Le PACS n'en parle pas. Actuellement,
si le droit à l'adoption a été refusé, en France, au couple homosexuel, il n'en
demeure pas moins que, séparément, avec ou sans contrat, une personne peut
procréer ou adopter des enfants. De plus, le texte ne résout pas une certaine réalité
irréductible : l'un ou l'autre des partenaires d'un couple féminin peut donner
naissance à un enfant, que ce soit par fécondation naturelle ou par un procédé de
fécondation artificielle. Cela pose aussi la question de la filiation pour l’enfant, dans
la mesure où un seul des partenaires peut adopter.
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Non-droit au logement, privation d'héritage, revenus dramatiquement insuffisants, désavantages fiscaux, etc.
Différentes formes de conjugalité légalement reconnues – Commission d’éthique de l’UFB
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Ceci amène à constater que cette loi ignore l’enfant et donne indirectement plus
d'importance au droit à l'enfant qu'aux droits de l'enfant. Or, l'enfant a aussi ses droits
: celui d'exister et d'être protégé par des parents et par la loi. Même si le mariage
n'assure pas, de façon absolue, une stabilité à l'enfant, la nouvelle législation le
fragilise davantage du fait d'une rupture unilatérale possible d'un des partenaires.
Il est à remarquer que le PACS est un contrat, alors que le mariage est une institution.
Ce dernier comporte un certain nombre d’obligations minimales prévues par la loi,
tandis que pour le PACS, il n’y a pas de cadre défini légalement. Les partenaires
sont autorisés à se « pacser », mais, en ce qui concerne le contenu du contrat, la loi
ne fait que ratifier ce qu’ils ont prévu.
Par cohabitation légale (art. 1475 du Code civil), il faut entendre la situation de vie
commune de deux personnes ayant fait une déclaration de cohabitation dans les
formes requises par la loi :
ces personnes peuvent être un parent et un enfant ou des frères et des sœurs
habitant sous le même toit (ayant donc un domicile commun).
Les droits et obligations des parties sont régis par l’article 1477 du code civil :
les « cohabitants » peuvent (ce n’est pas obligatoire) régler les modalités de leur
cohabitation légale par une convention. Cette « convention de cohabitation »
doit être passée devant notaire, sans témoins (donc pas de solennité). Et cela,
avant la « déclaration de cohabitation » faite à l’état civil (tout comme le contrat
de mariage doit précéder le mariage civil).
l’ordre public et les bonnes mœurs : le contrat ne peut obliger les « cohabitants »
à la fidélité ;
La nouvelle loi n’aborde pas l’aspect affectif. Elle règle les aspects patrimoniaux.
Alors que le PACS est matérialisé par une convention commune obligatoire,
la « cohabitation légale » est une déclaration à l’officier d’état civil du domicile
commun. Les « cohabitants » peuvent – mais ce n’est pas obligatoire – régler les
conditions de leur cohabitation légale par une convention. En l’absence de
convention, des obligations minimales sont prévues par la loi (contribution aux
charges du ménage, protection du logement, etc.) ;
La « cohabitation légale » peut concerner des fratries, des ascendants, etc., alors
que le PACS (art. 515-1) est « nul s’il s’établit entre deux personnes, ascendants ou
descendants en ligne directe, et entre collatéraux » ;
A) Principes fondamentaux
Dans nos pays, l'Église prend acte de l’existence de ces lois. Elle ne peut s’y opposer,
mais elle se doit de rappeler impérativement les principes bibliques fondamentaux
relatifs à l'entrée en mariage et à l'état de mariage, idéaux que l’Église adventiste
reconnaît comme permanents.
Pour pouvoir se prononcer de manière éclairée et équilibrée sur les nouvelles formes
légales de conjugalité, il nous faut rappeler les éléments fondateurs constitutifs de
l’état de mariage. Le mariage est une union monogame entre un homme et une
femme ; il s'inscrit dans la durée, la fidélité exclusive, l'amour et le respect. C'est une
union socialement reconnue et idéalement indissoluble. Elle ne dépend pas d'une
législation mais repose sur un principe éthique d'origine divine par droit de création
et de rédemption.
Pour les époux, de témoigner publiquement qu’ils veulent construire leur foyer
dans la communion avec le Christ ; d’exprimer leur profond désir de le placer
sous l’égide du Saint-Esprit et de mener leur vie commune conformément à la
volonté de Dieu ;
Pour les témoins, de pouvoir attester de la dimension de foi qui anime les époux
dans leur projet de vie commune.
le fondement de la société.
C) Dimension légale
L'Église adventiste reconnaît le droit aux États de fixer le cadre légal d'une telle
union.
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Elle souhaite que l'évolution des mœurs ne conduise pas à des législations qui
défavorisent l'état de mariage face à d'autres statuts civils.
Elle affirme que la législation n'est pas suffisante pour définir ce qui est moralement
bon ou mauvais, car ce que la loi permet n’est pas automatiquement bon.
S’agissant ici du cadre conjugal, il n’est pas question de traiter d’un PACS pouvant
intervenir dans d’autres situations. Une étude à part devrait être envisagée pour des
cas relatifs à l’éventualité de PACS à connotations amicales et non sexuelles.
Un choix autre que le mariage ne devrait être qu’exceptionnel et justifié par des
raisons de force majeure, reconnues comme telles par un comité adéquat6 et,
en aucun cas, par laxisme moral. Un exemple théorique illustrera ce que pourrait
être un « cas de force majeure » : celui de deux membres âgés désirant vivre
ensemble mais que le mariage priverait de ressources financières indispensables
à la dignité de leur existence. Ce serait alors l’équivalent de ce que, dans
certaines contrées du globe, l’Église entend par « mariage coutumier », ou
d’« exceptions » plus ou moins connues que certaines communautés sont
amenées à envisager, généralement en accord avec les instances
administratives de l’Église, dans le cadre d’actions pastorales délicates. La vie de
l’Église y gagnerait en transparence.
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Législation fort discutable théoriquement, puisque dans un pays officiellement régi par la séparation de l’Église
et de l’État, elle reprend en fait à son compte le point de vue sacramentel catholique selon lequel la cérémonie
religieuse serait effectivement un mariage et légifère donc… en matière de théologie.
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Il serait intéressant de définir des lignes directrices à ces comités, commissions d’éthique ou « conseils de
sages » qui pourraient fonctionner, suivant la nature et l’importance des questions étudiées, aux différents
niveaux de l’Église : communauté locale, Fédération, Union, voire Division.
Différentes formes de conjugalité légalement reconnues – Commission d’éthique de l’UFB
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Une célébration religieuse publique (qui n’est pas une cérémonie de mariage)
ne pourrait être envisagée que dans la mesure où la législation en vigueur dans
le pays concerné permet à l’Église de réaliser une telle cérémonie.
CONCLUSION
Devant le cadre légal de l'union entre un homme et une femme, l'Église adventiste
du septième jour rappelle :
aux éventuels enfants, le droit fondamental d'avoir un père et une mère qui
s'aiment et qui s'accordent pour leur offrir l'environnement le plus propice à leur
développement ;
b) qu'elle considère comme « marié », tout couple hétérosexuel uni dans un cadre
légal, et peut accepter pour ces couples, dans le respect de la législation en
vigueur, une célébration religieuse, pour autant que ces couples s'inscrivent dans
une éthique adventiste ;