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CeROArt

Numéro 5  (2010)
La restauration en scène et en coulisse

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Claire Casedas
La conservation-restauration en
spectacle : les dessous des chefs-
d’œuvre révélés dans les expositions
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Référence électronique
Claire Casedas, « La conservation-restauration en spectacle : les dessous des chefs-d’œuvre révélés dans les
expositions »,  CeROArt [En ligne], 5 | 2010, mis en ligne le 28 mars 2010. URL : http://ceroart.revues.org/
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La conservation-restauration en spectacle : les dessous des chefs-d’œuvre révélés dans le (...) 2

Claire Casedas

La conservation-restauration en
spectacle : les dessous des chefs-d’œuvre
révélés dans les expositions
Introduction
1 Découvrir les dessous des chefs-d’œuvre, en décrypter leurs secrets invisibles à l’œil nu,
s’émerveiller à l’écoute des intrigues mêlant vols, faussaires et experts… Face au succès
planétaire du Da Vinci Code ou encore de l’ouvrage spécialisé écrit par Rose-Marie et
Rainer Hagen, Les dessous des chefs-d'œuvre : un regard neuf sur les maîtres anciens1, il est
aisé de mesurer le pouvoir attractif de ce thème auprès du grand public. En coulisse, dans
les laboratoires internationaux de conservation-restauration, le progrès de la science et des
techniques d’analyse des biens culturels, permet aux chercheurs de dépasser la fiction en
révélant, radiographies et autres diagnostics à l’appui, la vie intime des œuvres.
2 Très tôt, les chercheurs ont voulu diffuser leurs découvertes au grand public. En France,
Madeleine Hours, chef du Laboratoire du Musée du Louvre depuis sa création en 1947, est
l’une des pionnières dans cette démarche. Outre l’organisation d’expositions-dossiers2, elle
devient en 1959 l’auteur et l’animatrice de sa propre émission de télévision, Les secrets des
chefs-d’œuvre, qui dévoile à un public chaque jour croissant, les surprenantes découvertes
et les images mystérieuses, nées de la rencontre entre l’art et la science3. Cette politique de
diffusion connaît son paroxysme lors de l’exposition La vie mystérieuse des chefs-d’œuvre,
organisée du 10 octobre 1980 au 5 janvier 1981 à Paris au Grand Palais ; une synthèse de
cinquante années de recherches dans le domaine du patrimoine archéologique, des monuments
historiques, musées, archives et bibliothèques4.
3 Alliant spectacle et médiation, ces expositions à vocation documentaire et éducative sur la
conservation-restauration cherchent à mettre en lumière la mission scientifique et patrimoniale
des musées. Au-delà de leur contenu spectaculaire de par les découvertes et les techniques de
pointe présentées, elles ont pour objectif de sensibiliser les publics à la sauvegarde et l’étude
des biens culturels, puis d’expliquer les missions des conservateurs-restaurateurs dans les
laboratoires. Ainsi, ces manifestations ont autant pour thème les actes de restauration, c’est-
à-dire les interventions directes sur les œuvres5, que les découvertes suite aux examens et
analyses scientifiques6.
4 Basé sur l’étude de quelques expositions, cet article tente de décrire ce type de manifestation
en analysant ses objectifs et enjeux, puis les moyens mis en œuvre pour présenter au grand
public les découvertes scientifiques et le travail réalisé en coulisse sur les collections. Cette
analyse sera aussi l’occasion de déterminer si ces mises en spectacle de la recherche tendent
vers une représentation fidèle et accessible de la conservation-restauration et de ses experts.

Objectifs et enjeux des expositions sur la conservation-


restauration
Les prémices d’un nouveau thème expographique
5 Les événements ayant pour sujet central les techniques de recherche en conservation-
restauration, se sont progressivement imposés depuis les années 1970 dans le paysage des
expositions. Ségolène Bergeon-Langle7a défendu activement les expositions portant sur la

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conservation et la restauration des œuvres, qui renvoient à une politique de « faire-savoir » du


« savoir-faire ». « Le public a en effet droit à une information plus ample et spécialisée sur
les soins prodigués au patrimoine qui lui appartient ; il doit être inscrit dans les devoirs que
les services nationaux de restauration ont vis-à-vis du public, l’information la plus complète
possible par les moyens les plus divers possibles, presse, cinéma, conférences : le secret doit
être banni non seulement pour une raison technique […] pour la sécurité des œuvres, mais de
plus pour une raison morale, par respect du public qui a droit à la connaissance »8.
6 Comme Madeleine Hours, elle organise en 1980 pour l’année du Patrimoine, une exposition
documentaire au Musée du Louvre, La Restauration des peintures9. Elle salue dans son
ouvrage Science et Patience les autres initiatives nationales et internationales  : Firenze
restaura à Florence en 1972, Comprendre, sauver, restaurer à Avignon en 1976 puis à Paris
en 1978, Sauver l’art à Genève en 1982, Restaureringsbilleders à Copenhague en 1984, ou
encore Science et technique au service de l’art au Palais de la Légion d’Honneur à Paris en
1986.
7 Profondément informatives et encyclopédiques, ces premières expositions s’inscrivent dans
une perspective patrimoniale et ont pour objectif principal de décrire minutieusement toutes
les technologies employées à ce jour pour restaurer et étudier les biens culturels. Mais qu’en
est-il de ces expositions aujourd’hui ?

Du laboratoire à l’exposition 
8 À l’image des manifestations pionnières, les expositions récentes sur la conservation-
restauration font semble-t-il à chaque fois l’objet d’une collaboration entre les musées et un
ou plusieurs laboratoires de recherche. Dans certains cas, ce sont les propres découvertes du
laboratoire du musée organisateur qui sont mises en exposition. Ces événements sont donc
d’abord des manifestations organisées par des conservateurs-restaurateurs qui sont intervenus
sur les œuvres, et les chercheurs qui les ont examinées. Étonnamment, les visiteurs-cibles
sont en général le grand public, l’objectif étant de communiquer les découvertes le plus
largement possible, de le sensibiliser et de l’éduquer à la conservation-restauration. Toutefois,
ces expositions s’adressent également aux visiteurs avertis et aux scientifiques, curieux de
l’avancée des recherches et des progrès techniques en conservation-restauration.
9 Bien que cet article n’ait point pour ambition de procéder à un relevé exhaustif de ce
genre d’exposition, on peut noter trois objectifs principaux en fonction des manifestations.
Certaines poursuivent les initiatives de Madeleine Hours et de Ségolène Bergeon-Langle, en
privilégiant le volet documentaire et informatif afin d’expliquer aux visiteurs les techniques
de conservation-restauration  et les enjeux patrimoniaux qui en découlent. C’est le cas de
l’exposition Patrimonis, 10 ans de restauration dans les Pyrénées-Orientales présentée en
2008 au Palais des Rois de Majorque à Perpignan. Organisée par le Centre de conservation
et de restauration du Patrimoine des Pyrénées-Orientales (CCRP 66) ouvert en 1998, elle
s’apparente à une campagne de communication sur les missions et actions menées par
l’institution. Elle propose aussi aux visiteurs de comprendre les différences entre restauration,
conservation curative et préventive, puis de découvrir les techniques d’examen, d’analyse et
de retouche.
10 D’autres manifestations ont pour but de présenter des chefs-d’œuvre restaurés et une synthèse
de la campagne accomplie. En septembre 2009, le Musée d’Art de São Paulo (MASP) a
organisé l’exposition Poussin Restauration en partenariat avec le Centre de Recherche et de
Restauration des Musées de France (C2RMF), le Musée du Louvre et l’École des beaux-arts
de l’Université Fédérale de Minas Gerais. Véritable chronique du travail de huit mois réalisé
par l’équipe franco-brésilienne, elle expliquait et détaillait le processus de restauration d’une
toile de Nicolas Poussin, l’unique œuvre exposée, Hymnée travesti pendant une cérémonie à
Priape (1634-1638)10.

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11 Enfin, certaines expositions présentent des découvertes et des hypothèses scientifiques à la


suite de travaux de recherches sur une question précise. Les œuvres exposées n’ont pas
subi d’intervention de restauration, mais ont été soumises à des examens et analyses à
des fins d’étude. En 2006 au Prado, El trazo oculto. Dibujos subjacentes en pinturas de
los siglos XV y XVI, présentait 17 peintures de la collection accompagnées chacune de
leurs images infrarouges qui permettaient d’étudier leurs dessins sous-jacents11. L’exposition
interrogeait le processus de création, de l’esquisse à la mise en couleur, et faisait émerger
la manière des maîtres. Cependant, c’est l’exposition itinérante Bunte Götter. Die Farbigkeit
der antiken Skulpturorganisée sous la direction du Dr Vinzenz Brinkmann, conservateur à
la glyptothèque de Munich, qui demeure l’exemple le plus emblématique. Présentée depuis
2003 dans plusieurs grands musées européens12, elle tente de faire table rase du cliché qui
veut que le marbre des statues gréco-romaines soit d’un blanc immaculé. Elle propose aux
visiteurs de redécouvrir la polychromie antique à travers des reconstitutions spectaculaires,
des moulages et des fac-similés en couleur, réalisés suite aux recherches menées depuis 1982
par l’Université de Munich.
Fig.1 Vue d’exposition

Vue de l’exposition El trazo oculto. Dibujos subyacentes en pinturas de los siglos XV y XVI, Musée du Prado à Madrid,
21 juillet-5 novembre 2006
© DR
12 Finalement au-delà de la promotion des techniques de conservation-restauration, ces
événements cherchent à donner une nouvelle vision des œuvres, et à en dévoiler leurs secrets13 :
un héros troyen en collant de couleur à Bunte Götter, les repentirs de Raphaël dans La Sainte
Famille de la Perle au Prado, un repeint de pudeur découvert dans Poussin Restauration… Les
visiteurs sont immergés dans le monde de la recherche et ont accès aux dernières découvertes.
À l’image des conservateurs-restaurateurs dans les laboratoires, ils peuvent observer à leur tour
le visible et l’invisible, lire en profondeur une œuvre d’art voire l’authentifier, en découvrir les
réalités virtuelles ou disparues jusqu’aux recettes d’ateliers. Ces expositions tentent d’ouvrir
aux publics les portes des laboratoires et donnent l’occasion d’observer l’envers du décor.
C’est bien la mission scientifique du musée, mais aussi sa fonction patrimoniale, qui affleurent
et qui sont mises en lumière. Ces manifestations se situent au carrefour des missions muséales
où se croisent conservation, recherche, exposition et médiation.

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Entre spectacle et médiation : communiquer et mettre en


scène les restaurations et les découvertes
Comment exposer la conservation-restauration ?
13 Bien que les expositions montrent des versants différents de la conservation-restauration, elles
se caractérisent à chaque fois par leur contenu attractif et proprement spectaculaire14. Les
visiteurs sont d’abord surpris par les découvertes et les « secrets » qui leur sont présentés.
Les dispositifs scénographiques contribuent généralement à renforcer le sensationnalisme
des révélations en jouant sur des effets de lumière parfois théâtraux, et en mettant en scène
les œuvres et les résultats des analyses ou interventions. Dans Poussin Restauration, les
commissaires ont joué sur l’effet de surprise en plaçant la toile en fin de parcours, et en la
cachant en partie derrière les cimaises pourvues du lettrage explicatif. Dans El trazo oculto, le
Prado a choisi quant à lui de maximiser la découverte et la subtilité des dessins sous-jacents,
en les présentant en très haute définition par le biais de grandes rétroprojections placées en
dialogue avec les tableaux, qui immergeaient le spectateur dans l’intimité même des œuvres.
14 Toutefois, c’est au sein de Bunte Götter que le contenu spectaculaire de l’exposition trouve un
accord parfait avec la mise en scène choisie. Lorsqu’elle fut présentée en 2007 à Hambourg au
Musée de l’art et de l’industrie sous la direction du Dr Frank Hildenbrandt, elle se caractérisait
par une scénographie colorée en totale adéquation avec les découvertes révélées. Au fil du
parcours chronologique, dans une semi-obscurité, le visiteur était littéralement plongé dans
la couleur. Les cimaises peintes selon les sections en rouge cramoisi ou bleu foncé faisaient
écho à la polychromie restituée des moulages et fac-similés des sculptures antiques, mises
en valeur par un éclairage directionnel. Un effort de contextualisation des œuvres aidait
aussi le public à accepter la « terrible vérité » et à comprendre notre vision erronée de l’art
antique : la reconstitution polychrome du fronton du temple d’Aphaïa à Égine siégeait devant
une vue actuelle du sanctuaire. Ce dispositif sera repris plusieurs fois à Kassel en 2009,
notamment pour la présentation d’éléments de frise posés sur des socles dont la hauteur
rappelait l’entablement d’origine.

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Fig.2 Vue de l’exposition Bunte Götter

Bunte Götter. Die farbenfröhe Welt der Alten Griechen, Musée d’art et de l’industrie à Hambourg, 4 avril-1er juillet 2006
© Dr Frank Hildebrandt, Museum für Kunst und Gewerbe Hamburg, Antikensammlung
15 Il est intéressant de constater que le parti pris scénographique diffère en fonction du lieu
d’accueil de l’exposition. À Kassel, Athènes ou Istanbul, la couleur n’était utilisée que par
touche sur les soclages ou certaines cimaises tandis que la palette s’avérait plus neutre par
l’emploi du blanc et de l’anthracite. Cette scénographie apparaissait chromatiquement plus
douce, comme pour minimiser la «  violence  » des découvertes et la surprise de certains
visiteurs, au regard de la Koré au péplos et de la stèle d’Ariston mises en couleur, et face à
Auguste de Prima Porta au teint rosé et à la chevelure jaunâtre. Si la mise en spectacle des
découvertes et des interventions varie en fonction des manifestations, les scénographies sont en
revanche à chaque fois comparatives. Un dialogue voire une confrontation est toujours établi
entre les œuvres et les documents expliquant les interventions ou les recherches réalisées.

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Fig. 3 Vue de l’exposition Polychromoi Theoi

Polychromoi Theoi  / Bunte Götter, Musée national d’archéologie à Athènes, 29 janvier-24 mars 2007
© National Archaeological Museum, Athens, Hellenic Ministry of Culture /Archaeological Receipts Fund.
16 L’équilibre entre les œuvres présentées et le volet documentaire varie selon les expositions :
une seule œuvre pour Poussin Restauration, 17 au Prado et leur équivalent en rétroprojections
pour les dessins sous-jacents correspondants. Les commissaires de Bunte Götter ont développé
au maximum cette idée de scénographie comparative en diversifiant les objets et les documents
de recherche présentés : un corpus de sculptures antiques variant en fonction des collections du
musée organisateur, des œuvres originales présentant des restes de polychromie, des moulages
et des fac-similés colorés, ou encore des images en haute définition montrant les détails des
œuvres autrefois en couleur.
17 L’objectif de ce dialogue entre des œuvres et des documents d’analyse est d’inviter le public
à comparer. Le visiteur dispose en effet de tous les documents de travail que les scientifiques
ont utilisés et recueillis au cours de leurs analyses. Il peut observer les œuvres avant, pendant
et après l’intervention des restaurateurs, comparer les radiographies aux œuvres originales
afin de découvrir les changements apportés par l’artiste ou par le temps (repeints, lacunes,
etc.). Les œuvres étudiées sont alors montrées sous toutes leurs coutures : l’endroit, l’envers,
sous la surface peinte, les altérations agrandies, des focus sur certains détails… Cependant,
la distinction entre œuvres et documents est toujours claire, y compris à Bunte Götter lorsque
sont juxtaposés les sculptures antiques et leur moulage coloré hypothétique. À Athènes par
exemple, les reconstitutions sont parfois en léger retrait par rapport aux originaux et la couleur
des socles diffère en fonction du statut de l’objet.
18 Finalement, ces expositions se caractérisent par l’importance donnée au volet documentaire.
La signalétique est donc généralement abondante : nombreux textes explicatifs, illustrations
et images documentaires de nature variée suite aux interventions et examens réalisés sur les
œuvres (comparaisons avant-après, agrandissements numériques, radiographies, etc.). Des
documentaires filmés sont souvent projetés pour expliquer plus concrètement les travaux

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de recherche, comme celui portant sur le sarcophage d’Alexandre à Bunte Götter. La


muséographie se veut avant tout didactique et pédagogique.

Sensibiliser et éduquer les publics à la conservation-restauration


19 Ce type de manifestation possède un rôle éducatif primordial. Les dispositifs scénographiques
doivent permettre aux publics de comprendre les travaux menés sur les oeuvres et de les
sensibiliser à la conservation-restauration. Dans ces expositions, les visiteurs sont invités à se
glisser dans la peau des scientifiques en expérimentant à leur tour les procédés évoqués. Outre
la lecture des panneaux explicatifs et la simple observation des documents, ils peuvent par
exemple à Bunte Götter faire eux-mêmes le diagnostic des traces de polychromie sur certaines
pièces, grâce à l’éclairage rasant privilégié par les scénographes, à l’instar des spécialistes
dans les reportages filmés. De plus, des vitrines présentent les pigments employés pour la
polychromie antique et la fabrication des moulages exposés.
20 Toutefois, c’est la Cité de la Musique à Paris lors de l’exposition Un musée sous rayons
X . 10 ans de recherches au service de la musique (24 avril-12 août 2001), qui se distingue
par son inventivité dans les dispositifs pédagogiques mis au point, pour sensibiliser et
éduquer les publics à la conservation-restauration. Cet événement avait pour objectif de
présenter les activités de recherche et de restauration du laboratoire du musée, et d’exposer
les nouvelles acquisitions. Outre l’importance de l’audiovisuel (5 documentaires de 6’ et un
reportage de 23’), chacune des 8 sections présentait les instruments en situation d’étude par
le biais de vitrines interactives. Le visiteur pouvait procéder à une endoscopie par simple
pression d’un bouton : une main en résine permettait de rentrer et sortir une caméra dans un
instrument tandis que les images de l’analyse apparaissaient sur un écran d’ordinateur. Un
autre dispositif l’invitait à réaliser une analyse chimique d’une œuvre en déplaçant un faux
faisceau fluorescent et à observer sur un moniteur la composition d’un décor peint. D’autres
expériences comme l’électrolyse des métaux, l’analyse spectrale d’un instrument et l’étude
sonore des cuivres par l’action de lèvres artificielles, étaient également proposées.
21 En définitive, la mise en exposition de la conservation-restauration semble se situer entre
spectacle et médiation, par une mise en scène parfois théâtrale afin de sublimer les
interventions ou les découvertes, et par une volonté d’offrir aux publics un contenu documenté
et pédagogique.

Poursuivre la politique du « faire-savoir »


22 Les expositions sur la conservation-restauration ne sont toutefois que la communication au
grand public de tout un travail scientifique de longue haleine. Elles font aussi l’objet d’une
publication de référence pour le public averti et les spécialistes par le biais du catalogue
d’exposition. Ces ouvrages se distinguent toujours par leur qualité scientifique, réunissant
les plus importants spécialistes du domaine abordé et jouit, le temps de l’exposition, d’une
médiatisation accrue.
23 Ainsi, le catalogue publié à l’occasion de Bunte Götter propose une véritable synthèse
des recherches sur la polychromie antique, compilant essais, études de cas et résultats des
analyses réalisées. L’ouvrage du Prado pour El trazo oculto résume quant à lui l’histoire
de la réflectographie infrarouge et offre une description détaillée de ce procédé phare de
l’exposition. La qualité du catalogue de la Cité de la Musique est aussi à saluer. Véritable
document de travail pour les scientifiques, il réunit les contributions de musicologues,
organologues, conservateurs, restaurateurs et ingénieurs, et traite tant de l’histoire des
instruments que des enjeux patrimoniaux. Rassemblant documents d’analyse et études de cas,
il contient un disque compact encarté qui apporte une dimension musicale indispensable à
cette étude.
24 Enfin, séminaires et colloques complètent généralement le volet scientifique ces expositions,
qui réunissent pendant un temps grand public et spécialistes autour d’une même question.

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Des chercheurs et experts à la loupe


De l’acte médical à l’enquête policière : quelles visions de la
conservation-restauration ?
25 En communiquant les recherches et en initiant les publics à la conservation-restauration, ce
sont les chercheurs et les experts eux-mêmes qui sont mis en spectacle. Les technologies de
pointe, leurs outils, leurs gestes ou encore leur cheminement intellectuel envahissent l’espace
d’exposition et dessinent bon gré mal gré une certaine image de leur métier. Dans une émission
de télévision diffusée en 1959, La double vie des chefs-d’œuvre, Jean Thévenot évoque face
à Madeleine Hours la manière dont elle est perçue par le grand public, « tantôt la médecin,
tantôt le Sherlock Holmes […] tantôt la sorcière de la peinture »15. Il réussit en ces quelques
mots à résumer le caractère pluridisciplinaire du métier de conservateur-restaurateur et d’en
dégager ses multiples visages : artiste, scientifique, médecin, magicien, policier.
26 Dans les expositions évoquées, les reportages projetés et les images documentaires choisies
mettent toujours l’accent sur le caractère spectaculaire, voire merveilleux, des restaurations
et des techniques employées. Munis de leurs lunettes-loupes, pinceau et lampe au poing, les
conservateurs-restaurateurs s’assimilent, parfois de manière stéréotypée, à des médecins pour
œuvres d’art ou à des experts de la police scientifique, menant l’enquête. La comparaison à
l’acte médical n’est pas nouvelle. « La restauration peut être assimilée à la médecine, domaine
auquel est associé le triptyque prévention, soins curatifs et actes chirurgicaux, c’est-à-dire
le contrôle du climat, les opérations simples, superficielles, courtes et souvent ponctuelles
[…] et les opérations profondes […]  : comme en médecine, les méthodes scientifiques
physico-chimiques d’examen et d’analyse sont indispensables […] Comme en médecine, la
restauration a ses généralistes qui détectent les maux et orientent le malade, et ses spécialistes
qui le soignent ; le personnel de consultation sont les forces vives d’un centre de restauration ou
hôpital des œuvres d’art »16. Le caractère médical de la conservation-restauration est largement
suggéré dans les expositions par l’importance donnée aux altérations souvent en gros plan,
par cette volonté de « disséquer » et de diagnostiquer les œuvres sous toutes leurs coutures,
ou encore par les technologies présentées (radiographies, lasers et autres).
27 Par ailleurs, les intrigues émanant de la restauration et de l’étude des chefs-d'œuvre renvoient
parfois à un véritable polar où le public est lui-même invité à mener l’enquête. Le Metropolitan
Museum de New York a opté pour ce scénario lors de l’exposition Rembrandt / Not
Rembrandtprésentée du 10 octobre 1995 au 7 janvier 1996. Cet événement révélait au public le
débat qui opposait les spécialistes, notamment les deux commissaires Hubert Von Sonnenburg
et Walter Liedtke  : sur les 42 peintures du musée attribuées à Rembrandt, une vingtaine
seulement seraient de la main du maître. L’exposition proposait au grand public de participer à
cette polémique et de distinguer, preuves à l’appui, les vrais Rembrandt des faux. Le MET lui
fournissait les éléments du dossier. Il était tout d’abord invité à comparer les œuvres attribuées
au peintre avec celles de ses élèves et suiveurs à travers une sélection de 30 dessins et 32 toiles.
Le visiteur était informé des procédés techniques utilisés par les chercheurs pour authentifier
les œuvres et des méthodes qui continuaient à partager les spécialistes. Un important volet
documentaire lui dévoilait des indices, les analyses aux rayons X et certains détails pour qu’il
puisse lui-même diagnostiquer la surface picturale, en particulier les signatures quelquefois
falsifiées par les élèves de l’atelier.
28 Dans les expositions, les intrigues à mi-chemin entre l’enquête policière et la recherche
scientifique contribuent aussi, peut-être de manière plus attractive, à comprendre le travail
des restaurateurs et de s’identifier à eux. Au-delà d’observer leurs découvertes et méthodes,
certaines manifestations invitent les publics à émettre un jugement critique sur leur profession.
L’exposition Fake or not fake organisée au Groeningemuseum à Bruges du 26 novembre
2004 au 28 février 2005, interrogeait les frontières ambivalentes entre faux, falsifications,

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reconstitution et restauration, à travers le portrait de Joseph Van der Veken, un peintre-


restaurateur plutôt controversé pour ses interventions sur des Primitifs flamands. Basé sur
les analyses du laboratoire de Louvain-la-Neuve et la communication des archives privées
de Van der Veken, Fake or not fake proposait au visiteur de réfléchir sur les limites des
restaurations et de s’immerger dans le travail quotidien d’un célèbre restaurateur, soupçonné
pour ses « hyperrestaurations » d’avoir été un faussaire de génie.

Privilégier une rencontre directe avec le public


29 Ces expositions impliquent finalement une certaine « spectacularisation » du métier et des
missions confiées aux conservateurs-restaurateurs  : elles corroborent une image avenante,
séduisante et attirante de leur profession, et s’efforcent à mettre en scène leurs actions grâce
à des dispositifs scénographiques propres au spectacle, privilégiant la dramatisation et la
création d’une atmosphère, qui cherchent à émerveiller et émouvoir le visiteur à la vue des
découvertes ou des résultats après restauration. Ces images médiatisées s’avèrent-elles en
somme fidèles à la réalité du terrain ?
30 La mise en exposition de la conservation-restauration n’est pas l’unique moyen pour
communiquer aux publics les découvertes et les missions menées par les scientifiques.
Si les publications demeurent l’apanage du public averti, certaines institutions choisissent
de privilégier une rencontre directe avec les spécialistes. Les manifestations culturelles
organisées par la Cité de la Musique à l’occasion de l’exposition Un musée sous rayons X,
vont dans ce sens. Un séminaire pour le public averti sur la conservation et la restauration des
instruments était organisé, tandis que les enfants pouvaient expérimenter au cours d’une visite-
atelier les techniques de restauration ou découvrir les secrets d’une œuvre par une recherche
ludique au centre de documentation. Il arrive également qu’en dehors de toute exposition un
conservateur-restaurateur vienne présenter au public sa profession. Par exemple, le LAAC de
Dunkerque (Lieu d’Art et Action Contemporaine) organise ponctuellement lors de ses « midi /
une œuvre » des tables rondes.
31 Toutefois, certaines rencontres organisées revêtent un caractère bien plus spectaculaire lorsque
le simple dialogue entre public et spécialistes devient une véritable démonstration en direct.
Par exemple, durant l’été 1994, deux célèbres tableaux de Vermeer, La vue de Delf et La jeune
fille à la perle, ont été restaurés sous les propres yeux des visiteurs dans le Koninkelijk Kabinet
voor Schilderijen du Mauritshuis à la Haye. Cette animation a également été organisée de mars
à décembre 2009 au Musée de Nouvelle-Calédonie à Nouméa. Lors de cette manifestation
intitulée « Labo-démo», le laboratoire de conservation-restauration se délocalisait une journée
entière par mois dans les salles d’exposition permanente. Une conservatrice-restauratrice
de l’établissement expliquait son métier, répondait aux questions des visiteurs et travaillait
devant eux sur des objets de la collection nécessitant nettoyage, consolidation, réparation ou
retouches.
32 Ces « performances » qu’on croirait ponctuelles, voire exceptionnelles, font pourtant l’objet
d’un dispositif muséographique permanent au Musée international d’horlogerie à La Chaux-
de-Fonds en Suisse. Depuis 1974, le centre de restauration d'horlogerie ancienne a été
intégré dans le parcours du musée. Les visiteurs peuvent ainsi observer derrière une vitre
des restaurateurs en train d’entretenir des pièces de la collection, de restaurer des montres
et pendules pour des clients extérieurs, et de former des élèves de l’École d'horlogerie de
la ville. Ces restaurateurs « en vitrine » permettent aux publics de contempler, de manière
authentique et sur le vif, les coulisses du musée. Cependant, le contact avec les spécialistes est
volontairement limité afin de garantir le calme et la concentration nécessaire à leur travail. La
rencontre et l’échange ne sont possibles que sur demande. Ce dispositif d’atelier-vitrine existe
également au Musée Patek Philippe à Genève. Au début du parcours au rez-de-chaussée, un
maître horloger travaille sous les yeux des visiteurs dans un ancien atelier reconstitué.

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Photo 4 Un centre de restauration In vivo

Centre de restauration d'horlogerie ancienne du Musée international d'horlogerie à La Chaux-de-Fonds, Suisse


© Photo MIH

Conclusion : Priorité au spectacle ?


33 Au faîte de leur contenu spectaculaire et de leurs thèmes souvent séduisants17, les expositions
sur la conservation-restauration s’apparentent de prime abord à des événements attractifs à
destination du grand public. Par la spectacularisation des découvertes, le sensationnalisme
des techniques de pointe employées, et par la mise en scène du métier de conservateur-
restaurateur, elles ont le mérite de proposer aux publics une approche captivante de leurs
missions. Le visiteur est invité à se glisser dans la peau des experts, en comparant les résultats
d’analyses, et en réalisant parfois lui-même les expériences scientifiques par le biais de
dispositifs interactifs ou par simple observation. Documents et preuves à l’appui, il peut mener
l’enquête et s’immerger dans l’intimité des œuvres et des laboratoires.
34 Mais derrière cette mise en spectacle plus ou moins poussée de la conservation-restauration,
affleure le caractère profondément scientifique de ce type de manifestation. Ces expositions
sont avant tout informatives, documentaires et éducatives. Ce sont les coulisses de la
recherche, la mission scientifique et patrimoniale des musées que les commissaires veulent
d’abord communiquer. Chaque exposition étudiée et recensée au cours de mes recherches
était toujours organisée à l’initiative des spécialistes eux-mêmes et s’avérait le fruit d’une
collaboration étroite entre musées et laboratoires. Entre spectacle et médiation, ces événements
représentent ainsi, idéalement, la jonction entre conservation-restauration en scène et en
coulisse. Lors de l’inauguration de El trazo oculto, Miguel Zugaza Miranda, directeur du Prado
a d’ailleurs affirmé qu’il était rare que la vie privée du musée remonte ainsi à la surface, grâce à
ce travail de recherche aux résultats presque miraculeux, permettant de contempler les secrets
des œuvres projetés sur le devant la scène.18
35 Depuis leur apparition dans les années 70-80, ces expositions semblent avoir actuellement le
vent en poupe. Si Bunte Götter continue sa « croisade colorée » en parcourant le globe depuis
2003, certaines institutions organisent, semble-t-il, de plus en plus régulièrement ce type de

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manifestations, pour informer les publics des découvertes récentes suite à une campagne de
restauration ou après un travail scientifique sur les collections. Du 17 novembre 2009 au
7 février 2010, le MET organise à nouveau une exposition de ce type intitulée Velázquez
Rediscovered, qui retrace les dernières recherches en paternité du tableau Le Portrait d'un
homme.19
36 Il est encore difficile aujourd’hui d’affirmer avec certitude que ce genre de manifestation
soit réellement en cours de développement, et connaisse une fréquence accrue dans le
paysage extrêmement large des expositions. Mais il faut reconnaître que leur atmosphère,
mêlant mystères, secrets, intrigues, émotion, expérience, parfois magie et merveilleux, semble
correspondre à la tendance actuelle qui veut que le musée propose aux publics du spectacle
et de l’évasion. Au cœur de ce spectaculaire muséal, le « courant dominant actuel » dont la
définition et les caractéristiques demeurent nébuleuses20, les expositions sur la conservation-
restauration réussissent magistralement à conjuguer spectacle et médiation, sans sacrifier leurs
discours et objectifs scientifiques.

Notes
1 HAGEN, Rose-Marie et Rainer, Les dessous des chefs-d'œuvre : un regard neuf sur les maîtres
anciens,Paris, Taschen, 1995-1997, rééd. 2000 et 2003, 2 vol.
2 MOHEN, Jean-Pierre, L’art et la science. L’esprit des chefs-d’œuvre, Paris, Gallimard, 1996, p. 23.
3 HOURS, Madeleine, Les secrets des chefs-d’œuvre, Paris, Pont royal, 1964, rééd. Denoël, 1997.
4 Madeleine Hours (dir.), La vie mystérieuse des chefs-d'œuvre : la science au service de l'art, exposition
présentée du 10 octobre 1980 au 5 janvier 1981 au Grand Palais, Paris, RMN, 1980.
5 Par exemple, l’allègement des vernis ou la suppression d’un repeint.
6 Entendons ici l’emploi de techniques d’examen ou d’analyse  de conservation-restauration : loupe
binoculaire, microscope, réflectographie infrarouge, analyse aux rayons X, etc. Ces études sont
accompagnées de recherches historiques, esthétiques, etc.
7 Ségolène Bergeon-Langle a été directrice du Service de restauration des peintures des musées
nationaux au Louvre de 1981 à 1988 puis de l’IFROA entre 1992 et 1995. Elle est aujourd’hui
conservateur général honoraire du patrimoine.
8 BERGEON, Ségolène, Science et Patience, Paris, RMN, 1990, p. 260.
9 BERGEON, Ségolène, Restauration des peintures, exposition présentée du 30 mai au 1er décembre 1980
au Musée national du Louvre, Paris, RMN, 1980.
10 L’exposition Poussin Restauration  a été organisée au Musée d’art de São Paulo (MASP), du 8 au 30
septembre 2009, à l’occasion de l’année de la France au Brésil.
11 Le projet qui a donné lieu à cette exposition a vu le jour en 2002 grâce au Cabinet de documentation
technique du Prado. Cet événement est le fruit d’une collaboration avec le laboratoire de métrologie
optique pour le diagnostic des biens culturels appartenant à l’Institut de physique appliquée de Milan.
La Galerie des Offices de Florence et l’Académie Carrare de Bergame ont contribué à ces recherches.
Ces dernières ont eu lieu sous la direction scientifique de Gabriele Finaldi, directeur adjoint du pôle
conservation et recherche du Prado et de Carmen Garrido, commissaire de l’exposition et directrice du
cabinet technique du musée.
12 Projet commun entre la Glyptothèque de Munich, la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague et
des musées du Vatican. Glyptothèque de Munich, Bunte Götter. Die Farbigkeit der antiken Skulptur
 (16 décembre 2003-29 février 2004), Glyptothèque de Copenhague (12 mars au 30 mai 2004), Musées
du Vatican, I colori del bianco. Mille anni di colore nella scultura antica (25 juillet-5 septembre 2004),
Musée des moulages de Bâle, Bunte Götter. Die Farbigkeit der antiker Skulptur(11 août-20 novembre
2005), Musée Allard Pierson d’Amsterdam, KLEUR! Bij Grieken en Etrusken (1er décembre 2005-26
mars 2006), Musée de l’art et de l’industrie à Hambourg, Bunte Götter. Die farbenfrohe Welt der Alten
Griechen (4 avril-1er juillet 2006), Musée d’archéologie d’Istanbul, Renkli Tanrilar(21 avril-16 juillet
2006), Musée national d’archéologie d’Athènes, Polychromoi Theoi (29 janvier-24 mars 2007), Musée
Arthur M. Sackler de Cambridge, Gods in Color. Painted Sculpture of Classical Antiquity (22 septembre
2007-20 janvier 2008), Städtische Galerie Liebieghaus à Frankfort, Bunte Götter. Die Farbigkeit der

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antiken Skulptur (8 octobre 2008-15 février 2009), Museum Schloss Wilhelmshöhe à Kassel, Bunte
Götter. Die Farbigkeit der antiken Skulptur  (6 mars-12 juillet 2009).
13 Entendons ici par secret d’une œuvre, les recettes d’atelier, les repentirs cachés sous la couche
picturale, son aspect d’origine, mais aussi l’identité du créateur, etc.
14 Le contenu de ces expositions peut être qualifié de spectaculaire, dans le sens où les découvertes et
les interventions présentées sont parfois surprenantes et impressionnantes pour le public, au faîte des
techniques employées, du changement après restauration de l’aspect matériel d’une œuvre ou de son
image au sens large (place dans l’histoire des arts, etc.). Elles proposent au visiteur de l’évasion et de
l’émotion.
15 La double vie des chefs-d’œuvre, réal. par Claude Dagues, Radiodiffusion Télévision Française, en
direct,3 juin 1959, 32’52. A visionner sur le site internet de l’INA  : http://www.ina.fr/art-et-culture/
musees-et-expositions/video/CPF86609190/la-double-vie-des-chefs-d-oeuvre.fr.html
16 BERGEON , Ségolène, op.cit, p. 14-15.
17 Il faut reconnaître qu’au sein de l’échantillon des expositions étudiées et recensées, nombre d’entre
elles mettent en scène des artistes et des œuvres connus du grand public.
18 « El Prado desvela en una exposición los secretos ocultos de los grandes maestros de la pintura »,
El País, 21 juillet 2006.
19 Après nettoyage et restauration, l'œuvre a été réattribuée au maître espagnol Diego Velasquez en
personne, et non à son atelier ainsi que le pensaient les historiens de l'art. Des questions restent en
suspens, notamment l'identité de l'homme qui fixe le spectateur avec tant d'intensité. En rapprochant
cette toile de l’autoportrait inséré par l’artiste dans la célèbre Reddition de Breda (Les Lances) peinte
entre 1634 et 1635, certains experts pensent que le modèle serait le peintre lui-même. Toutefois, l’œuvre
garde pour l’instant son titre actuel.
20 MAIRESSE, François, Le Musée, temple spectaculaire, Lyon, PUL, 2002, p. 129-147.

Pour citer cet article


Référence électronique
Claire Casedas, « La conservation-restauration en spectacle : les dessous des chefs-d’œuvre révélés
dans les expositions »,  CeROArt [En ligne], 5 | 2010, mis en ligne le 28 mars 2010. URL : http://
ceroart.revues.org/index1473.html

Claire Casedas
Titulaire d’une Licence d’Histoire de l’art et d’un Master en Gestion des sites du Patrimoine à
l’Université de Lille 3, Claire Casedas est actuellement doctorante en Muséologie à l’Université de
Liège. Ses recherches portent principalement sur la comparaison entre musée et parc à thème, et sur le
spectaculaire muséal. Contact : casedasclaire@yahoo.fr

Droits d'auteur
© Tous droits réservés

Résumé / Abstract

 
L’article propose une analyse des expositions ayant pour thème la conservation-restauration.
Alliant spectacle et médiation, ces manifestations à vocation documentaire et éducative
cherchent à mettre en lumière la mission scientifique et patrimoniale des musées. Elles ont
pour objectif de sensibiliser les publics à la sauvegarde et l’étude des biens culturels, puis
d’expliquer les missions des conservateurs-restaurateurs dans les laboratoires. Outre l’étude
de leurs objectifs et enjeux, cet article présente les moyens scénographiques et pédagogiques

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mis en œuvre. Mais s’agit-il d’une représentation fidèle et accessible de la conservation-


restauration et de ses experts ?
Mots clés :  restauration, conservation, exposition, musée, spectacle.

 
The article deals with exhibitions about conservation-restoration. Between show and
mediation, these events have a documentary and an educative purpose and they try to hightlight
museum’s scientific and curatorial missions. These exhibitions allow to interest and explain
to visitors the curators-restorators’ part in laboratories, when they are restoring and studying
the cultural works. After describing the interest and different stakes of these exhibitions, the
article describes the scenographic and educational tools. However, do these events show a real
and an understanding image of conservation-restoration and its experts?
Keywords :  restoration, exhibition, conservation, museum, show.

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