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CeROArt

Numéro 4  (2009)
Les dilemmes de la restauration

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Romanella Bosseau
Réflexions sur la restauration du
patrimoine paléontologique à travers
 la réhabilitation scientifique d'un
fossile d'ichthyosaure
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Référence électronique
Romanella Bosseau, « Réflexions sur la restauration du patrimoine paléontologique à travers  la réhabilitation
scientifique d'un fossile d'ichthyosaure »,  CeROArt [En ligne], 4 | 2009, mis en ligne le 10 octobre 2009. URL :
http://ceroart.revues.org/index1249.html
DOI : en cours d'attribution

Éditeur : CeROArt asbl


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© Tous droits réservés
Réflexions sur la restauration du patrimoine paléontologique à travers  la réhabilitation (...) 2

Romanella Bosseau

Réflexions sur la restauration du


patrimoine paléontologique à travers  la
réhabilitation scientifique d'un fossile
d'ichthyosaure
Contexte de la restauration
1 Le fossile d'ichthyosaure (reptile marin du Jurassique) qui nous a été confié pendant dix-huit
mois dans le cadre de notre diplôme de fin d'études en conservation-restauration des œuvres
sculptées de l'École des beaux-arts de Tours, est issu de la collection géologique de l'Université
Claude-Bernard Lyon I, actuellement sous la direction d'Abel Prieur, paléontologue. Ce fossile
provient de la région des gisements allemands de Holzmaden (Bade-Wurtemberg), datés du
Toarcien inférieur (vers 180 millions d'années).
2 Notre travail s'est inscrit dans le cadre d'une demande précise d'Abel Prieur : celle de pouvoir
mouler le spécimen après restauration, la prise d'empreinte et la reproduction étant des
pratiques fréquentes en paléontologie. En dehors de cet impératif, nous avons eu le champs
libre pour aborder ce type de pièce, nouveau pour nous et développé de façon encore limitée
en conservation-restauration.

Description de la pièce
3 À son arrivée dans les ateliers, le fossile se présente sous la forme d'un squelette d'ichthyosaure
beige dans une dalle de schiste gris, rectangulaire et encadrée
Fig. 1. Le fossile FSL 532 351 avant restauration

© R. Bosseau, 2008.
4 La dalle, fragmentée, est complétée par de larges bouchages de plâtre1 et des mastics teintés
restituent localement certains os. Un adhésif protéinique chargé en pigment noir solidarise
certains fragments. Le squelette, complet et en connexion anatomique, est dégagé sur la moitié
de l'épaisseur des os. Il est également recouvert d'une importante couche de vernis à base de
nitrate de cellulose. Plusieurs badigeons gris (huileux) et noirs sont appliqués localement sur
les bouchages en plâtre, le schiste et les os.
5 La dalle est percée et fixée par de larges vis à un fond de deux planches, qui, solidaires de
deux cadres en bois (un cadre bleu ancien, dissimulé à une date récente par un cadre vernis),
forment un coffrage autour de l'ensemble.

État de conservation
6 La surface des parties naturelles du fossile (schiste et squelette) présente dans l'ensemble une
bonne cohésion. Nous relevons seulement quelques éclats d'os.
7 Les altérations sont beaucoup plus importantes dans l’épaisseur de la roche : la dalle est
fissurée et fragmentée.

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Réflexions sur la restauration du patrimoine paléontologique à travers  la réhabilitation (...) 3

Fig. 2. Relevé des fractures et des fissures

© R. Bosseau, 2008
8 Au niveau des fractures principales, la pierre est délitée, tendre et pulvérulente.
 Fig. 3. Détail d'une zone de schiste altéré

© R. Bosseau, 2008
9 Nous observons également un changement de coloration important (passage à l'ocre jaune).
Cette altération est caractéristique de ce type de roche (correspondant à une marne indurée
compactée, riche en pyrite). Elle est liée à la disparition de la pyrite (à l'origine de la teinte
grise de la pierre), laissant réapparaître principalement celle de la fraction argileuse de la roche
(ocre jaune)2.
10 L'assemblage du fossile comporte ensuite plusieurs décalages, et la couche de vernis qui le
recouvre l'assombrit fortement et empâte les détails du squelette en lui conférant un aspect
jaune-verdâtre3. Des résidus d'un agent de démoulage4 accentuent l'assombrissement. Les
autres ajouts sont dans un mauvais état de conservation : oxydation des vis de maintien  ;
fissures, délitage de surface et retrait des bouchages et des mastics…; usure des badigeons ;
et fort gauchissement des planches du fond, à l'origine de contraintes mécaniques sur la dalle.

Quelles « valeurs » pour aborder la restauration d'un


fossile ?
11 Gardant à l'esprit le principe des instances de Cesare Brandi, notre démarche a d'abord été
celle d'une réflexion sur les angles d'approche à développer afin de cerner, de la façon la
plus pertinente et complète possible, la nature de la pièce et par là même, tous ses intérêts à
préserver.
12 Les fossiles étant situés en dehors du domaine artistique, les instances « historique » et surtout
«  esthétique  » telles que les a définies C. Brandi pour les œuvres d'art, ne pouvaient pas
s'appliquer directement à notre cas. Sans les écarter d'emblée, nous avons cherché à voir
dans quelle mesure elles pouvaient être utilisées et complétées par de nouvelles catégories,
telles que les dimensions scientifique, utilitaire, technique ... C'est ainsi que notre travail a été
orienté par quatre grands axes, aussi bien lors des recherches bibliographiques que dans la
mise en pratique lors des propositions de traitement : axes que nous appelleront ici dimensions
« scientifique », « utilitaire », « historique », « esthétique » et « patrimoniale ».

Les dimensions scientifique et utilitaire


13 La dimension scientifique d'un fossile est induite par la définition de sa nature : chaque fossile
est considéré en premier lieu comme un outil de recherche, en tant que témoignage d'un
spécimen vivant ancien unique (disparu ou non) que des processus complexes de fossilisation
ont transformé et préservé. Et pour cette raison, les fossiles sont recherchés, étudiés (observés,
analysés, reproduits, etc.) et stockés. Ils sont l'outil scientifique principal du paléontologue, et
complémentaire dans des disciplines voisines telles que la géologie ou les sciences du vivant.

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Réflexions sur la restauration du patrimoine paléontologique à travers  la réhabilitation (...) 4

14 Dans le cas du fossile d'ichthyosaure de Lyon I, ce point est apparu particulièrement important
en raison d'un contexte de conservation au sein d'une collection universitaire, donc adressée
en priorité à un public de chercheurs. D'une façon générale et indépendamment de ces grandes
dimensions (240 x 65 cm), ce fossile est à considérer comme « en usage », allant être manipulé
et étudié. Cet aspect s'est retrouvé renforcé par la demande de moulage exprimée par Abel
Prieur, demande à but scientifique.
15 D'un point de vue pratique, ces considérations ont conduit à une réflexion sur la lisibilité de
l'information scientifique (à l'instar de la question de la lisibilité d'une œuvre d'art5) puis sa
transmission par un tirage. De là, deux constats se sont étroitement enchaînés :
• d'une manière générale, les interventions successives subies par le fossile ont entraîné
la constitution d'un état dans lequel la distinction des contours naturels (de la dalle et
du squelette) et les ajouts ultérieurs est particulièrement difficile (auquel nous pouvons
ajouter les empâtements liés au vernis, les décalages dans le remontage et l'encrassement
général),
• sur un tirage issu d'un moulage, les éventuels ajouts liés à la restauration doivent
être facilement discernables des parties naturelles du fossile (celles qui intéressent le
scientifique).
16 Dans l'optique de retrouver, conserver, transmettre ou étudier une information scientifique
juste, la question de la lisibilité nous apparaît primordiale.
17 D'un point de vue plus théorique, la dimension scientifique de la pièce nous a fait nous poser
plusieurs questions que nous résumerons en une interrogation générique sur la «  qualité  »
du fossile. En effet, bien que chaque fossile soit unique par son mode de constitution, les
spécimens peuvent être plus ou moins exceptionnels (par leurs dimensions, leur qualité de
fossilisation, l'espèce à laquelle ils appartiennent, le nombre d'individu similaires connus, etc).
Arriver à déterminer cette qualité nous a semblé important pour déterminer la portée du fossile
en tant que pièce de collection, et nous permettre ainsi, selon le résultat, d'insister sur cet aspect
ou sur des spécificités propre à l'individu.
18 L'étude des conditions de fossilisation des gisements de Holzmaden (considérées comme
excellentes), puis celle de l'espèce des ichthyosaures nous ont permis de cerner la très grande
qualité de ce spécimen, notamment conservé en complète connexion anatomique et possédant
des traces de parties molles6 fossilisées, précieuses en terme d'information et de conservation.

La dimension historique
19 Au-delà de leur rôle utilitaire spécifique, une des richesses des fossiles, nous a-t-il semblé, est
la multiplicité des approches historiques dont ils peuvent être le support et le témoignage. Mis
en collection avec un parcours propre à chaque pièce, nécessitant des opérations techniques7
avant de pouvoir être étudiés, porteurs parfois de croyances (selon les cultures, la période
ou les connaissances scientifiques), ou conservés pour des raisons purement esthétique ou
d'apparente originalité, les fossiles sont aussi des « objets », à la fois anthropiques, témoignant
de pratiques techniques variés et s'inscrivant dans une histoire des sciences naturelles et de
l'avancée des connaissances scientifiques par le regard adopté au moment de leur préparation
et du choix de leur présentation. Selon la pièce, ce sont donc autant de valeurs possibles
auxquelles sera confronté le restaurateur.
20 Dans nos recherches contextuelles propre au spécimen de notre diplôme, ces aspects se sont
traduits  en différentes synthèses orientées sur :
21 l'historique proprement dit de l'objet, avec la reconstitution de son parcours, depuis son
gisement d'extraction (Holzmaden) jusqu'à sa mise en restauration, ce qui a permis de mettre au
jour des informations plus globales sur des collections paléontologiques anciennes (Clermont-
Ferrand, Lyon),

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22 une approche technique avec les techniques d'extraction et de préparation développées depuis
la fin du 19e siècle pour ce type de fossile (en plaque car en schiste8),
23 les modalités de présentation de ce type de fossile au sein des collections (de la fin du 19e
siècle à aujourd'hui), notamment celle du musée de Holzmaden.
24 Ce dernier point, mêlant technique, histoire et muséographie, a été développé avec deux
objectifs : tout d'abord, constituer un éventuel outil de datation et d'identification relatif (en
l'absence de source historique sur la date et le lieu de préparation) ; ensuite, permettre une
réflexion sur les choix de restauration récents des quelques précédents existants. Un des
résultats supplémentaire de ce travail fut la mise en avant de la possible valeur esthétique des
« objets » fossiles.

La dimension esthétique
25 Notre point de départ vis-à-vis de l'«  instance  » esthétique comme angle d'approche d'une
pièce paléontologique a été de ne pas établir de relation directe. Dans le cadre d'une
collection universitaire, les fossiles ne sont pas définis prioritairement par cette dimension.
L'étude des modes de présentation a cependant révélé que celles-ci n'étaient pas exemptes de
considérations purement esthétiques.
26 Les présentations anciennes9 des fossiles en plaque sont en effet caractérisées par le choix de
donner à voir le spécimen comme un tableau. Préparé à la fin du 19e siècle ou au début du
20e siècle, c'est le cas du fossile étudié (cfr. Fig.1)
27 Les fossiles sont présentés à la verticale et encadrés, mais surtout, ils sont préparés de façon
à pouvoir être encadrés : la gangue naturelle de schiste conservée autour des squelettes est
systématiquement complétée par du plâtre ou des pièces rapportées de schiste. L'ensemble est
ensuite travaillé (polissage de la pierre, badigeons plus ou moins illusionnistes sur le plâtre
dont la surface a été lissée …) de manière à former un fond volontairement uni gris et donner
un contour rectangulaire à la dalle
Fig. 4. Stenopterygius quadriscissus. (Paris, MNHN, 1909-29)

© R. Bosseau, 2008
28 De plus, ce fond évoque la nature morte, qui met en avant par le principe d'un fond uni le
sujet de la peinture.
29 Les spécimens peuvent aussi être vernis (afin de les mettre en valeur par des teintes plus
soutenues et par la brillance obtenue), et peints plus ou moins largement. Dans notre cas,
l'ensemble du fossile a été vernis avec une insistance sur le squelette, et plusieurs badigeons
gris et noirs (correspondant à différentes interventions) ont eu pour vocation de dissimuler de
façon plus ou moins illusionnistes les zones ocre jaune du schiste et les bouchages de plâtre,
toujours dans l'optique d'un fond gris.
30 Les vis traversant la dalle des fossiles et permettant généralement leur maintien à un système
de présentation vertical sont aussi systématiquement dissimulées selon les mêmes techniques.
31 Enfin, dans le cas de certains fossiles préparés à Holzmaden par Bernhard Hauff (1866-1950),
inventeur officiel du site, une signature datée pouvait être gravée sur la face visible du
spécimen, telle une signature d'artiste.
32 Les présentations plus récentes montrent des fossiles affranchis de l'usage d'un cadre ou
exposés dans un état naturel, « archéologique » : les contours irréguliers de la dalle sont laissés
apparents et l'aspect de surface de la pierre apparaît brut.

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Fig. 5. Steneosaurus (Mystriosaurus) bollensis Cuv. (Holzmaden, Urwelt-Museum Hauff, s. n.)

© R. Bosseau, 2008
33 Mais dans certains cas d'extractions récentes, lorsque le spécimen est monolithe, la
préparation10 reprend le principe d'un fond uni gris, travaillé volontairement selon des
critères esthétiques (surface finement polie, absence de fissures et de toute irrégularité,
affranchissement en une dalle rectangulaire …). Certains spécimens dont la dalle est
particulièrement altérée sont aussi détourés et extraits de leur gangue de schiste, pour être
réintégrés dans une dalle en bon état et dont le potentiel esthétique est également plus grand.
Fig. 6. Pelagosaurus typus Br. (Holzmaden, Urwelt-Museum Hauff, s. n.)

© R. Bosseau, 2008
34   Ainsi, la valeur esthétique peut constituer une véritable entrée à considérer lors d'une
 restauration.

La dimension patrimoniale
35 Les fossiles sont aujourd'hui classés parmi les «  biens culturels  » à préserver, en tant que
« patrimoine naturel » et « universel », selon les définitions établies par la Convention pour
la protection du patrimoine mondial culturel et naturel adoptée par l’UNESCO en 1972, puis
par le code éthique d’E.C.C.O11 dans sa version de 2004. Les biens culturels sont les « objets
auxquels une société attribue une valeur artistique, historique, documentaire, esthétique,
scientifique ou religieuse particulière » et qui « constituent un patrimoine matériel et culturel
pour les générations à venir ».
36 Leur conservation ou leur restauration procèdent donc des devoirs déontologiques de la
conservation-restauration, tels que la réversibilité, la stabilité et l'inertie des matériaux
employés, ainsi que la lisibilité des interventions et une réflexion systématique sur le niveau

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d'intervention par   la considération des différentes dimensions de l'objet dans le choix du


traitement.

Propositions de traitement
37 Au regard de toutes les remarques émises précédemment et de la prise en compte de l’opération
de moulage, trois propositions ont été faites. Dans les trois cas, l'état de conservation des
matériaux à mouler doit être bon, c’est-à-dire stable d’un point de vue physique et chimique,
et l'ensemble doit  être manipulable sans risque de dommages.
38 En accord avec les principes déontologiques de la profession de conservateur-restaurateur,
la première proposition fut celle d'une intervention minimale, qui considère sur un pied
d’égalité toutes les dimensions du fossile (témoignage historique, outil scientifique, dimension
esthétique ...), impliquant dans la mesure du possible la préservation de tous les constituants
qui nous sont parvenus (plâtre, badigeons, vis, cadres, restitutions anciennes …) et leur
stabilisation par des interventions de consolidation, de refixage et de nettoyage.
39 Il est apparu toutefois difficile de retenir cette option car elle ne supprime pas les causes des
problèmes de conservation et complique l’opération de moulage par une hétérogénéité des
matériaux à protéger. Enfin, le manque de lisibilité scientifique demeure, et sera reproduit par
le moulage.
40 Le second choix envisagé a été basé sur la mise en avant de l’intérêt historique avec un retour
à l’état de préparation le plus ancien, c’est-à-dire à l’aspect original du fossile en tant qu’objet.
En terme de conservation, ce choix amène à éliminer une partie des ajouts. Les facteurs de
dégradation ne sont donc que partiellement supprimés. Et l’état le plus ancien peut se révéler
plus ou moins bien conservé, ou difficile à documenter à l'issue d'une étude stratigraphique.
41 C'est pourquoi la proposition retenue fut celle d'un traitement plus interventionniste,
permettant de rétablir de bonnes conditions de conservation, et orienté en priorité vers la
valorisation de l’information scientifique. Une présentation nouvelle, plaçant le fossile sur un
fond rectangulaire adapté à ses dimensions et destiné à mettre en valeur l'aspect naturel du
fossile (avec ses altérations caractéristiques visibles et une surface mise à nue), est proposée
et doit faciliter l'opération de moulage.
Fig. 7. Proposition de présentation

© R. Bosseau, 2008
42 Pour des raisons de conservation toutefois, nous accompagnons également notre proposition
d'un rappel des risques que peut représenter un moulage au silicone, notamment par la
pénétration irréversible d'huile de silicone dans les matériaux.

Les interventions
43 Nos interventions ont d'abord consisté en un démontage complet, puis au dégagement du
fossile de tous les ajouts (vernis, badigeons, plâtre, mastics, vis, cadres, fond …) par voie
chimique (solvants organiques uniquement, sans eau, en raison de la pyrite) et mécanique.
44 Afin de rétablir de meilleures conditions de conservation du schiste, les zones altérées ont
été consolidées à l'aide d'un silicate d'éthyle (Rhodorsil RC  70®). Cependant, devant les
difficultés rencontrées aux cours des tests réalisés pour la sélection d'un produit et d'une
méthode de consolidation12, l'absence d'intervention a été momentanément envisagée, avec
pour conséquence directe de formuler un argument supplémentaire important pour ne pas
mouler un fossile trop fragilisé.

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45 La structure a ensuite été conçue de façon à réutiliser les percements anciens du fossile
et surtout, de limiter les collages au regroupement de certains fragments entre eux (selon
le principe déontologique d'intervention minimale). Pour cela, des systèmes de fixation
mécanique réglables en métal ont été réalisés afin de permettre un remontage directement à
la verticale, le réglage précis de la position des fragments puis leur maintien définitif. Pour le
fond, nous avons sélectionné un panneau nid d'abeille époxy/aluminium, permettant d'allier
des qualités de grande résistance mécanique avec un poids léger. La teinte donnée à la structure
a été déterminée de manière à être proche mais distincte de celle du  schiste.
46 À l'issue du remontage et afin de satisfaire à la demande de moulage, un matériau de bouchage
a été sélectionné pour combler les contre-dépouilles formées par les écarts entre les fragments
non jointifs. Cependant, à la vue de l'aspect final obtenu, jugé très satisfaisant, et des risques
importants induits pour le fossile par un moulage, ce dernier a été finalement écarté par Abel
Prieur.

Conclusion
47 La restauration du fossile d'ichthyosaure de la collection de Lyon I a ainsi permis de retrouver
une partie inaccessible de l'intérêt scientifique de la pièce (par la remise au jour d'informations
précieuses pour le paléontologue telles que les traces de parties molles fossilisées notamment,
ou l'aspect des matériaux ...), et d'en améliorer les conditions de conservation.
48 Elle a aussi été l'occasion d'entreprendre une large réflexion sur les termes en lesquels peut
être pensée une pièce paléontologique en matière de restauration.
49 Il ressort de ce questionnement que le matériel paléontologique se définit tout d'abord par
sa dimension scientifique, dans une acceptation qu'il convient de définir précisément pour
chaque pièce selon son contexte de conservation, son « utilisation » pratique, sa qualité, son
état de conservation, etc. Mais cette dimension n'est pas la seule et n'est pas incompatible avec
les valeurs de référence utilisées dans des domaines plus développés car plus anciens de la
conservation-restauration (dimension historique et esthétique, impératifs liés à la conservation
et à des considérations patrimoniales).
50 Cette richesse des approches des objets fossiles se traduit par une multiplicité possible des
propositions de restauration, selon la finalité recherchée, les limites techniques et la dimension
mise préférentiellement en avant (historique, scientifique, utilitaire, conservation …). La
responsabilité du restaurateur réside alors dans cette vision multiple de la pièce dont il doit
être l'inventeur et la voix.
51 Dans le cas d'une pièce à dimension utilitaire, elle peut également passer par une sensibilisation
du public scientifique à la conservation de son outil de travail au quotidien (port de gants lors
des manipulations, matériaux utilisés pour le stockage, conditions de conservation générale
…).
52 Notre responsabilité s'exprime enfin par le questionnement de la signification de nos
interventions face à des contextes nouveaux. Dans le cas d'un fossile, ce que l'on désigne
traditionnellement comme une altération du matériau pierreux, est ici une des informations
scientifiques de l'objet (dans le cas du schiste, l'altération de la pyrite est une transformation
naturelle géologique caractéristique). Les fossiles font aussi l'objet de prélèvements pour
analyse géologique. Ces appréciations offrent alors un champ nouveau de questions sur
l'impact d'une consolidation des matériaux par exemple.

Notes
1 Afin de lui donner un contour géométrique rectangulaire.
2 Ce processus est naturel et basé sur l'oxydation de la pyrite, qui à travers plusieurs réactions chimiques,
se transforme en acides (essentiellement sulfurique, sous forme de gaz) et en gypse (parfois, accompagné
d'autres minéraux).

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3 Certainement lié au vieillissement du nitrate de cellulose qui entre dans sa composition.


4 De type alcool de polyvinyle. Le fossile a été moulé au silicone au cours des années 1970.
5 Au sens de lisibilité de la signification de l'œuvre, de ses remaniements, de son histoire, des
interventions de restauration, etc. selon les réflexions menées par C. Brandi.
6 Sont ainsi désignées les parties non minéralisées ou faiblement indurées d'un organisme (tissus, fluides,
cartilage, matières protéiniques variées …).
7 Dégagement, nettoyage, collage, etc, englobés sous le terme de « préparation ».
8 Constitué par dépôts successifs, le schiste se délite naturellement et parallèlement aux feuillets qui le
composent.
9 Que nous placerons dans une fourchette chronologique large «  fin du 19e siècle – première moitié
du 20e  siècle ».
10 Les fossiles ont en effet la particularité de posséder une présentation indissociable de leur préparation :
la première est matériellement déterminée lors de la seconde.
11 Sigle anglais pour « Confédération Européenne des Organisations de Conservateurs-Restaurateurs ».
E.C.C.O. réunit toutes les organisations européennes vouées à la définition, au développement et à la
reconnaissance de la profession de conservateur-restaurateur et de sa déontologie.
12  En raison du risque d'assombrissement du schiste et de sa sensibilité aux imprégnations (risque de
dilatation des feuillets qui le constituent).

Pour citer cet article


Référence électronique
Romanella Bosseau, « Réflexions sur la restauration du patrimoine paléontologique à travers  la
réhabilitation scientifique d'un fossile d'ichthyosaure »,  CeROArt [En ligne], 4 | 2009, mis en ligne le
10 octobre 2009. URL : http://ceroart.revues.org/index1249.html

Romanella Bosseau
Diplômée en mai 2009 en conservation-restauration des œuvres sculptées de l'École des beaux-arts de
Tours. Auparavant, a mené des études en Histoire (DEUG Histoire mention archéologie et histoire de
l'art) puis en archéologie (titulaire d'un DEA).

Droits d'auteur
© Tous droits réservés

Résumé / Abstract

 
La restauration d'un fossile d’ichthyosaure (Lias, Holzmaden) dans le cadre d'un diplôme de
fin d'études a permis de comprendre la nécessité d'une approche particulière et multiple pour ce
type de pièce. À la fois outil paléontologique, bien culturel et « objet » de collection historique,
le choix d'intervention retenu dans ce cas fut celui d'une réhabilitation scientifique. L'article
présente la démarche et l'équilibre obtenu entre ces trois dimensions et les impératifs liés à
la conservation.
Mots clés :  restauration, fossile, Holzmaden, schiste, présentation

 
The restoration of an ichthyosaur fossil (Lias, Holzmaden) as post-graduate work has shown
relevance of a specific, multiple approach when dealing with this type of piece. Since the
fossil is at the same time a paleontological tool, a cultural asset and a historical collection
“object”, we chose to carry out a scientific rehabilitation. The article describes our approach,

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Réflexions sur la restauration du patrimoine paléontologique à travers  la réhabilitation (...) 10

the balance that was achieved among all three dimensions and the imperatives related to the
conservation of the fossil.
Keywords :  restoration, fossil, Holzmaden, shale, presentation

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