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RDSS

RDSS 2019 p.558

Vaccinations obligatoires * Protection de la santé * Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et
des libertés fondamentales * Droit au respect de la vie privée et familiale * Droit à l'instruction * Convention
d'Oviedo * Droit au consentement * Contrôle de conventionnalité
Observations sous Conseil d'État, 6 mai 2019, n° 419242, Ligue nationale pour la liberté des vaccinations

Jérôme Peigné

(...) 12. Il résulte de ce qui précède qu'en rendant obligatoires les onze vaccins figurant déjà au calendrier des vaccinations
rendu public par le ministre chargé de la santé, mais qui, pour huit d'entre eux, étaient antérieurement seulement
recommandés, les dispositions législatives critiquées ont apporté au droit au respect de la vie privée une restriction
justifiée par l'objectif poursuivi d'amélioration de la couverture vaccinale pour, en particulier, atteindre le seuil nécessaire
à une immunité de groupe au bénéfice de l'ensemble de la population, et proportionnée à ce but. Par suite, l'association
requérante n'est pas fondée à soutenir que les dispositions du I de l'article L. 3111-2 du code de la santé publique, résultant
de la loi du 30 décembre 2017, seraient incompatibles avec les stipulations de l'article 8 de la convention européenne de
sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (...)

14. Ainsi qu'il a été dit précédemment, l'obligation vaccinale résultant du I de l'article L. 3111-2 du code de la santé
publique tel que modifié par la loi du 30 décembre 2017 est justifiée par les besoins de la protection de la santé publique
et proportionnée au but poursuivi. Il s'ensuit que le moyen tiré de ce que l'article L. 3111-2 du code de la santé publique
serait incompatible avec les stipulations de l'article 9 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et
des libertés fondamentales ne peut, en tout état de cause, qu'être écarté (...)

16. La restriction apportée par l'article L. 3111-2 du code de la santé publique à l'obligation de consentement du
représentant du mineur à toute intervention dans le domaine de la santé est inhérente au caractère obligatoire de la
vaccination, lequel, comme il a été dit précédemment, est justifié par les besoins de la protection de la santé publique et
proportionné au but poursuivi. Dans ces conditions, les dispositions de cet article ne sont pas incompatibles avec les
stipulations du 2 de l'article 6 de la convention signée à Oviedo le 4 avril 1997 (...)

19. En second lieu, il résulte du III de l'article 49 de la loi du 30 décembre 2017 de financement de la sécurité sociale pour
2018 que l'exigence de fourniture de la preuve du respect de l'obligation vaccinale, pour les huit vaccins nouvellement
rendus obligatoires, s'applique " à compter du 1er juin 2018 et aux personnes titulaires de l'autorité parentale ou qui
assurent la tutelle des enfants nés à compter du 1er janvier 2018 ". Cette distinction selon la date de naissance des enfants,
qui est liée au choix, fondé sur des considérations médicales, épidémiologiques et pharmacologiques, de prévoir que les
vaccinations obligatoires sont pratiquées dans les dix-huit premiers mois de l'enfant, tout en laissant aux professionnels de
santé la faculté de mettre en oeuvre des schémas individualisés de rattrapage pour les enfants nés avant le 1 er janvier 2018
qui n'auraient pas déjà reçu les mêmes vaccinations, ne revêt pas le caractère d'une discrimination au sens de l'article 14 de
la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Par suite, le moyen tiré de la
méconnaissance de ces stipulations combinées à celles de l'article 2 du premier protocole additionnel à cette convention
doit être écarté. (...)

22. Il résulte des dispositions des articles L. 1110-5 et L. 1111-2 du code de la santé publique, auxquelles l'article L. 3111-
2 du même code ne déroge pas, que le médecin ou la sage-femme qui prescrit la vaccination doit informer les personnes
qui sont titulaires de l'autorité parentale ou assurent la tutelle de l'enfant notamment de l'utilité et des risques fréquents ou
graves normalement prévisibles que présente la vaccination et s'assurer que l'acte ne fait pas courir à l'enfant un risque
disproportionné par rapport au bénéfice escompté pour l'intéressé. Ainsi que le fait valoir la ministre des Solidarités et de
la santé en défense, il appartient ainsi à ce professionnel de conduire un entretien visant, en particulier, à vérifier 1'absence
de contre-indication à la vaccination et d'antécédents familiaux ou personnels survenus à la suite d'une vaccination, en
confortant son diagnostic, le cas échéant, par des examens complémentaires s'il les juge nécessaires. Dans ces conditions,
l'association requérante n'est pas fondée à soutenir que le pouvoir réglementaire aurait méconnu les dispositions des
articles L. 1110-1, L. 1110-5, L. 1111-2 et L. 3111-2 du code de la santé publique en n'imposant pas la réalisation d'un "
diagnostic préalable à la vaccination " destiné à déceler les éventuelles contre-indications.

23. Le décret attaqué se borne à déterminer les conditions d'application de l'article L. 3111-2 du code de la santé publique,
qui fixe la liste des onze vaccinations obligatoires, parmi lesquelles la vaccination contre le virus de l'hépatite B et sept
autres vaccinations auxquelles il ne peut être satisfait que par le moyen de vaccins contenant des adjuvants aluminiques.
Par suite, la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations ne peut utilement soutenir que, en adoptant les dispositions
que ce décret édicte, le pouvoir réglementaire aurait commis une erreur manifeste d'appréciation compte tenu du risque
que présenteraient, pour la santé publique, d'une part, la vaccination contre le virus de l'hépatite B et, d'autre part, le
recours à des adjuvants aluminiques dans les vaccins nécessaires à la satisfaction de huit des onze vaccinations
obligatoires (rejet)

S'il est vrai que les modes de contestation de la décision publique sont revigorés avec le développement des réseaux
sociaux et, plus généralement, de la société numérique de l'information - quand elle n'est pas non plus de désinformation -,
la question de la défiance envers les vaccins n'est pas nouvelle et a souvent trouvé à s'exprimer sur le terrain du
contentieux administratif. En témoignent un arrêt déjà ancien du Conseil d'État, ayant confirmé la légalité d'une mesure
d'exclusion scolaire fondée sur une méconnaissance de l'obligation vaccinale (CE, ass., 4 juill. 1958, Graff, n° 41841) et
un autre, à peine moins ancien, ayant validé un décret et un arrêté du 19 mars 1965 étendant à la vaccination contre la
polio les mesures consistant à vérifier le respect de l'obligation vaccinale lors de l'admission d'un enfant dans un
établissement scolaire (CE 16 juin 1967, Ligue nationale pour la liberté des vaccinations, n° 66840, Lebon ).

C'est cette même ligue qui demandait l'annulation pour excès de pouvoir du décret du 25 janvier 2018, pris pour
l'application des nouvelles dispositions de l'article L. 3111-2 CSP issues de l'article 49 de la loi du 30 décembre 2017 de
financement de la sécurité sociale pour 2018, ayant porté de trois à onze le nombre des vaccinations obligatoires
infantiles, ces dernières devant être effectuées dans les 18 premiers mois de l'enfant, selon les âges établis par le calendrier
vaccinal rendu public par le ministère de la Santé. Les titulaires de l'autorité parentale sont alors tenus personnellement
responsables de l'exécution de cette obligation et doivent en fournir la preuve pour que leur enfant puisse être admis dans
une collectivité (école, crèche, garderie, colonie de vacances...).

Plusieurs moyens étaient invoqués par l'association requérante afin de contester la validité des dispositions législatives
rendant obligatoires onze vaccinations infantiles. Sur le terrain du droit constitutionnel, aucune question prioritaire de
constitutionnalité n'a été soulevée. Il est vrai que le Conseil constitutionnel avait récemment déclaré conforme à la
Constitution les articles L. 3111-1 à L. 3111-3 CSP (Cons. const. 20 mars 2015, Époux L., n° 2015-458 QPC, AJDA 2015.
611 ; D. 2015. 687 ; ibid. 1919, obs. P. Bonfils et A. Gouttenoire ; ibid. 2016. 674, obs. M. Douchy-Oudot ; ibid.
1461, obs. N. Jacquinot et A. Mangiavillano ; AJ fam. 2015. 222, obs. H. Daïmallah ; ibid. 192, obs. A. Dionisi-
Peyrusse ; RDSS 2015. 364, obs. D. Cristol ). Bien que ces articles aient été modifiés pour étendre le champ de
l'obligation, il était néanmoins difficile de regarder la question comme nouvelle. Ceci explique sans doute aussi que le
Conseil n'ait pas été saisi par les parlementaires lors du contrôle de conformité de la LFSS pour 2018. Seule une
méconnaissance du principe constitutionnel de la personnalité des peines a été alléguée. Elle a été succinctement écartée
dans la mesure où le refus d'admission d'un enfant non vacciné dans une collectivité ne présente pas le caractère d'une
sanction.

Ne restaient donc plus que les questions de conventionnalité avec les instruments du droit international, notamment avec
les stipulations de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, d'une part, et de la Convention pour la
protection des droits de l'homme et de la biomédecine (convention d'Oviedo), d'autre part.
En l'occurrence, une atteinte portée à plusieurs droits fondamentaux était invoquée : le droit au respect de la vie privée et
familiale (art. 8 de la CESDH), la liberté de pensée, de conscience et de religion (art. 9 de la CESDH), le principe de non-
discrimination (art. 14 de la CESDH), le droit à l'instruction (art. 2 du premier protocole additionnel) et le respect du
consentement (art. 14 de la Convention d'Oviedo). C'est principalement au regard de l'atteinte portée au droit à l'intégrité
physique, lequel découle du droit au respect de la vie privée et familiale (CEDH 17 mars 2016, Vasileva c/ Bulgaria, n°
23796/10 ; CEDH 27 mars 2018, Keskin c/ Turquie, n° 10491/12) que la Haute juridiction administrative a été conduite à
statuer.

Celle-ci a d'abord rappelé que, conformément à la jurisprudence de la Cour de Strasbourg, imposer une vaccination à une
personne constitue une ingérence dans le droit au respect de sa vie privée, incluant son intégrité physique et morale, au
sens de l'article 8.1 de la Convention (CEDH 9 juill. 2002, Salvetti c/ Italie, n° 42197/98). C'est seulement à la condition
prévue par l'article 8.2 que l'atteinte est susceptible d'être justifiée, entre autres par des considérations de santé publique,
dès lors que celles-ci apparaissent nécessaires et proportionnées à l'objectif poursuivi, à savoir une amélioration
significative de la couverture vaccinale de nature à assurer la protection optimale de la population contre la propagation et
la recrudescence de maladies virales ou bactériennes.

Afin de vérifier si ces conditions sont réunies - la proportionnalité et la nécessité de la mesure -, le juge a d'abord effectué
une appréciation du rapport entre la contrainte et le risque présentés par la vaccination pour chaque personne vaccinée au
regard du bénéfice qui en est attendu, tant pour la personne que pour la population en général, y compris les individus ne
pouvant être vaccinés en raison d'une contre-indication médicale. Après avoir soigneusement étudié, pour chacune des
valences vaccinales rendues obligatoires, le niveau de gravité de la maladie infectieuse, son caractère plus ou moins
contagieux et l'efficacité du vaccin au vu des risques ou de ses effets indésirables, le Conseil d'État a conclu au caractère
non disproportionné de l'obligation législative.

Quant à la nécessité de cette dernière au vu des moyens dont dispose la puissance publique dans la conduite de la politique
de santé, il a estimé que le dispositif juridique précédent, reposant sur une simple recommandation des huit valences
devenues obligatoires, n'avait pas permis - contrairement à ce que l'on peut constater dans d'autres pays européens -
d'atteindre une couverture vaccinale suffisante pour faire reculer la circulation de certaines maladies infectieuses,
notamment en raison du fait que les patients français, voire les professionnels de santé, considèrent, à tort, que les vaccins
recommandés sont moins importants pour la protection de leur santé que les vaccins obligatoires. Dans ce contexte, la
sujétion vaccinale apparaît comme un moyen nécessaire pour obtenir une immunité de groupe couvrant l'ensemble de la
population.

La violation prétendue d'autres droits fondamentaux a été écartée d'une manière analogue. L'atteinte à la liberté de pensée
et de conscience peut ainsi être justifiée compte tenu du but poursuivi, les organes de la Convention ayant refusé, par le
passé, d'accorder la protection de l'article 9 à la volonté de parents d'échapper à l'obligation, prévue par une législation
nationale, de faire vacciner leurs enfants (Comm. EDH, 15 janv. 1998, Boffa et autres c/ Saint-Marin, n° 26536/95). Il en
va de même pour le droit à l'instruction garanti par le premier protocole et dont l'exercice peut donner lieu à des
limitations, implicitement admises en ce sens qu'il implique, de par sa nature, une réglementation étatique (CEDH 6 oct.
2015, Memlika c/ Grèce, n° 37991/12), cette dernière pouvant consister, selon le Conseil d'État, à imposer des conditions
de scolarisation, dès lors qu'elles visent effectivement à protéger la santé des élèves.

La méconnaissance du principe de non-discrimination établi à l'article 14 n'a pas davantage été retenue, la distinction du
champ d'application de l'obligation vaccinale établie entre les enfants nés avant ou après le 1 er janvier 2018 ne pouvant
être regardée comme une discrimination, rien n'interdisant aux médecins de mettre en oeuvre des schémas individualisés
de rattrapage pour les enfants qui n'auraient pas déjà reçu les mêmes vaccinations.

Quant à la restriction apportée à l'obligation de consentement du représentant du mineur à toute intervention dans le
domaine de sa santé - imposée par l'article 6 de la Convention d'Oviedo -, elle trouve également une justification dans
l'exigence de protection de la santé publique, comme le reconnaît explicitement la dérogation prévue à l'article 26 de ce
texte.

En rendant obligatoires onze vaccinations infantiles, le législateur français a certes porté une atteinte à certains droits
fondamentaux. Mais celle-ci s'avère adéquate et nécessaire à la protection de la santé publique, expliquant qu'elle soit
compatible avec le droit conventionnel européen. Il ne fallait certainement pas s'attendre à ce que le Conseil d'État aille
au-delà du contrôle de la disproportion. Reste à voir si la Cour européenne des droits de l'homme - actuellement saisie
d'une affaire similaire concernant la législation tchèque, visant notamment la violation des articles 8 et 9 (Vavricka, n°
47621/13) - adoptera la même position, sachant qu'en matière de politique de santé publique, la jurisprudence de la Cour
laisse généralement une certaine marge d'appréciation aux États (CEDH 24 juill. 2014, Brincat c/ Malte, n° 60908/11, Dr.
soc. 2015. 719, étude J.-P. Marguénaud et J. Mouly ).

Le juge administratif était par ailleurs invité à statuer sur la légalité des dispositions réglementaires. Il a ainsi considéré
que celles-ci ne méconnaissaient pas certains droits que la loi reconnaît aux patients, qu'il s'agisse du droit de recevoir les
traitements les plus appropriés (CSP, art. L. 1110-5) ou du droit à l'information (CSP, art. L. 1111-2). En effet, les
professionnels de santé sont tenus d'informer préalablement les titulaires de l'autorité parentale de l'utilité et des risques,
fréquents ou graves et normalement prévisibles, présentés par la vaccination et s'assurer que l'acte vaccinal ne fait pas
courir à l'enfant un risque disproportionné par rapport au bénéfice escompté.

Le moyen tiré d'une éventuelle erreur manifeste d'appréciation du danger qu'aurait commise la ministre de la Santé en
imposant, parmi les vaccins obligatoires, le vaccin contre le virus de l'hépatite B et, plus globalement, ceux contenant des
adjuvants aluminiques, n'a pas davantage prospéré, sachant qu'un autre arrêt rendu le même jour devait statuer sur ce
dernier point (infra).

Mots clés :
SANTE PUBLIQUE * Lutte contre les maladies transmissibles * Vaccination * Vaccination obligatoire * Protection de
la santé * Convention européenne des droits de l'homme

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