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2020/2 N° 41 | pages 39 à 51
ISSN 1295-9278
ISBN 9782724636635
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-sociologies-pratiques-2020-2-page-39.htm
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RÉPONSES SOCIOLOGIQUES
La production de confiseries de fruits dans cette région a débuté au milieu du XIXe siècle
à partir de la mise en œuvre de politiques publiques destinées à la formation d’une société
paysanne poly-productrice, composée d’immigrants venant de nombreuses régions
d’Europe, notamment des Allemands, des Français, des Italiens, et des Poméraniens 7.
À partir de produits agricoles tels que la figue, la goyave, l’orange, la pêche et le
raisin, ces familles paysannes ont garanti le développement d’une industrie artisanale
de fabrication de confiseries de fruits, en produisant des confitures, des Schmiers 8,
des fruits confits, des pâtes de fruits, des fruits séchés, entre autres. Cette production
est issue d’une tradition d’origine paysanne, connue dans la région comme les confi-
series coloniales 9, les confiseries de fruits, les confitures anciennes ou les confiseries
7. Les Poméraniens sont originaires de la Poméranie, région côtière de la mer Baltique qui, au cours
de l’immigration au Brésil (seconde moitié du XIXe siècle), était une province du royaume de Prusse.
Aujourd’hui, le territoire de l’ancienne Poméranie est devenu une partie de la Pologne et de l’Allemagne.
8. Le Schmier est une pâte à tartiner produite à partir de pulpe de fruit cuite avec de l’eau et du sucre.
9. Chaque famille immigrante recevait un morceau de terrain, appelé colônia (colonie), ce qui leur a
valu le nom de colon et, par conséquent, les sucreries produites par ces familles étaient connues sous le
nom de sucreries coloniales. Les ingrédients de ces confitures sont des fruits de saison, souvent cuits
dans des chaudrons en cuivre.
10. Entre autres, des associations d’agriculteurs, des églises, des écoles, des centres culturels, un
musée historique et des entreprises associées à l’itinéraire touristique, avec le soutien des autorités muni-
cipales et d’une entreprise de recherche agricole, d’un organisme d’assistance technique et d’une uni-
versité de la région et avec la participation des familles paysannes qui produisent des confiseries coloniales.
11. Institut national du patrimoine artistique et historique du Brésil, Rio de Janeiro, Brésil.
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RÉPONSES SOCIOLOGIQUES
Le pouvoir de l’hygiène
À partir du XIXe siècle, les découvertes scientifiques ont permis de connaître la compo-
sition des aliments, ce qui a ouvert la voie à des innovations dans le secteur de l’indus-
trialisation agroalimentaire (Mennell ; Murcott ; Otterloo, 1994). Des études dans les
domaines de la chimie, de la biologie et de la physiologie alimentaires ont favorisé
l’émergence de techniques de conservation, comme la pasteurisation des aliments,
créée par le chimiste Louis Pasteur. Ces innovations ont augmenté la durée de vie des
aliments, de sorte que le temps de la nature s’adapte au rythme de l’industrie. Les
nouvelles lois sur la production alimentaire favorisent les modèles de production indus-
trielle considérés comme le seul modèle qui garantisse la qualité des aliments. Des
structures et des équipements de taille industrielle, ainsi que l’utilisation de matériaux
inoxydables et d’intrants industriels, sont désormais imposés pour garantir la fiabilité et
la qualité des aliments. Cette alliance entre l’État, l’industrie et la science a conduit à la
constitution d’un réseau institutionnel et à l’élaboration de normes, de lois et d’instru-
ments de contrôle de la production alimentaire.
Le conflit entre les pratiques traditionnelles et les paramètres industriels de la pro-
duction alimentaire est ancien. Après la Seconde guerre mondiale, avec la prolifération
de nouvelles technologies pour la production et la conservation des aliments, ce secteur
a été soumis à une réglementation accrue par l’État et par des entreprises agroalimen-
taires. De cette façon, l’État a développé tout un appareil bureaucratique de normes
dans le but de contrôler et de surveiller la production alimentaire. La qualité des aliments
est un sujet soumis à des conflits et des négociations où des acteurs puissants de la
chaîne agroalimentaire cherchent à imposer leurs normes de production, ce qui crée
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Dans le cas du Brésil, ce processus s’est traduit par la consolidation du premier Code
hygiéno-sanitaire pour l’inspection industrielle des aliments, en vigueur depuis 1952. En
1999, l’Agence nationale de surveillance de la santé (Anvisa) a été créée. Il s’agit d’une
agence fédérale responsable de la coordination du Système national de surveillance de
la santé (SNVS), qui intègre des actions à différents niveaux gouvernementaux. L’Anvisa
établit des règles de production alimentaire applicables à l’ensemble du pays.
Le gouvernement fédéral a le pouvoir d’établir des normes générales, mais les États
et les municipalités peuvent également édicter des normes spécifiques. C’est ainsi que,
dans la législation sanitaire brésilienne, se trouvent des normes qui cherchent à contrôler
minutieusement chaque étape du processus de production. Le système brésilien de
surveillance de la santé est ainsi composé d’un réseau complexe de règles, décrets et
lois fédérales, régionales et locales, constamment mises à jour. À titre d’exemple, le
Service brésilien de soutien aux micros et petites entreprises (SEBRAE), entité privée, a
été créé pour optimiser le développement de celles-ci. Il énumère, sur son site officiel,
quatorze réglementations sanitaires nationales applicables au secteur de la production
de confiseries. À ces réglementations s’ajoutent celles créées par les gouvernements
des États et des municipalités 13.
Les gouvernements des États et des municipalités sont les principaux responsables
de la supervision de la production pour le marché local, comme celle des confiseries.
Les équipes de surveillance de la santé sont constituées d’agents publics qui ont reçu
une formation technique ou supérieure en sciences de la santé. Elles sont donc quali-
fiées pour réaliser des actions d’inspection. Leurs agents sont chargés d’autoriser ou
non le fonctionnement des établissements commerciaux, de saisir les produits non
conformes, d’infliger des amendes voire fermer des restaurants, magasins ou usines
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RÉPONSES SOCIOLOGIQUES
tombées malades en consommant ces confiseries, ce que font valoir les familles pro-
ductrices, qui affirment que les risques sont surestimés.
Ainsi, les discours scientifiques sur l’hygiène, prétendument fondés sur la neutralité
scientifique, camouflent souvent des agendas politique et économique. Le contrôle de
l’hygiène est devenu une forme de pouvoir (Foucault, 1997) qui crée des privilèges pour
certaines entreprises et des obstacles économiques, technologiques et juridiques pour
d’autres acteurs désireux d’entrer sur le marché.
Au Brésil, la législation sanitaire a été élaborée à partir du modèle des grandes ins-
tallations industrielles, en mettant l’accent sur les exigences technologiques pour
répondre aux normes industrielles. Les équipements et les méthodes traditionnelles
employées par les familles paysannes productrices de confiseries à Pelotas sont donc
considérés comme inadaptés à ladite qualité alimentaire.
Il est commun d’utiliser le terme informel pour décrire les produits qui ne respectent
pas les normes légales de production ou qui ne sont pas enregistrés auprès des organes
officiels de l’État. Dans ce contexte, les producteurs travaillent en dehors des canaux
de commercialisation légaux et conventionnels. D’un autre côté, les produits formels
sont ceux qui adoptent les normes réglementaires de l’État.
Les confiseries réglementées sont des exceptions puisque la plupart des familles
productrices de confiseries coloniales travaillent de manière informelle. Ainsi les confi-
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La pêche, la goyave, la figue doivent forcément être séchées au soleil. Vous pouvez les
sécher dans une serre, mais elles doivent encore aller au soleil pour être bonnes. Sinon,
les fruits ne créent pas cette croûte qui les protège. Donc, le soleil aide à créer ce sucre
autour, et à l’intérieur, les fruits sont encore tendres. Ils maintiennent l’humidité interne,
alors que dans la serre, ils se déshydratent et flétrissent. Et qu’est-ce qu’ils nous disent,
14. Puisque des situations décrites dans cet article pourraient exposer les familles, nous avons choisi
d’utiliser des noms fictifs.
les législateurs ? Qu’on ne peut plus les sécher au soleil ! Aujourd’hui, presque plus per-
sonne ne le fait. Si vous demandez aux autres là-bas, ils vous diront : ces jours sont
comptés. (Monsieur Manuel)
Les serres sont des structures coûteuses et leur fonctionnement demande des inves-
tissements et du travail, parce qu’elles fonctionnent en brûlant du bois, ce qui produit
la chaleur qui déshydrate les fruits. Alors que dans la méthode traditionnelle, le soleil
déshydratait des fruits, dans ce nouveau mode de production imposé par l’État, les
agriculteurs dépendent d’intrants et d’équipements coûteux, ce qui a rendu plus difficile
l’atteinte des résultats souhaités.
Nous voyons le paradoxe de l’action de l’État qui, tout en reconnaissant la tradition
de la confiserie locale en tant que patrimoine culturel, impose des modèles industriels
de production et réprouve les méthodes traditionnelles. Les familles paysannes luttent
afin de perpétuer leur patrimoine culturel en maintenant les recettes originales et leurs
modes de production. C’est ainsi que, lors des entretiens réalisés, elles manifestent leur
indignation face à l’interdiction d’équipements traditionnels tels que chaudrons en cuivre,
cuillères et pelles en bois.
Même s’ils ont été l’objet d’amendes et de saisies de produits, les producteurs ne
manifestent pas publiquement leur opposition aux réglementations hygiéno-sanitaires,
peut-être parce qu’ils craignent des représailles des pouvoirs publics. Cependant,
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RÉPONSES SOCIOLOGIQUES
l’opposition des familles productrices s’exprime dans leurs actions de résistance visant
à contourner l’inspection sanitaire, comme en témoigne Krone (2019). Beaucoup de
producteurs cherchent à rester anonymes et vendent leurs produits directement à des
amis et des parents qui vivent au centre-ville et ainsi esquivent le réseau de surveillance
de l’État.
Les chaudrons en cuivre appartiennent aussi bien à la culture de cette région, qu’à
la culture et à la cuisine de différentes régions du Brésil. Leur utilisation a toutefois été
interdite par l’Anvisa sous prétexte que les aliments pouvaient absorber les traces métal-
liques et donc causer des problèmes de santé aux consommateurs. Depuis lors, dans
les confiseries agrées, les chaudrons en cuivre ont été remplacés par des marmites en
acier inoxydable, comme l’exigent les agences sanitaires.
Selon Ferreira, Cerqueira et Rieth (2008), certains chaudrons en cuivre utilisés par les
confiseries locales ont été importés d’Europe par les premiers immigrants, tandis que
d’autres ont été achetés sur le territoire national. Parmi les familles étudiées, on a trouvé
des chaudrons en cuivre hérités, patinés par le temps, dont beaucoup sont conservés
comme des reliques. Ces chaudrons sont plus que des équipements de travail, car ils
sont porteurs d’une vie sociale et d’une mémoire affective, liée aux ancêtres. Cela peut
expliquer pourquoi les familles continuent à les utiliser, malgré les pressions des agences
sanitaires.
Le fait que le cuivre libère des produits chimiques qui menacent la santé ne semble
pas être ignoré par les familles productrices, puisque la plupart d’entre elles ont
démontré une connaissance approfondie du sujet. C’est le cas de madame Brenda,
qui a expliqué que « les chaudrons en cuivre produisent le vert-de-gris 15, une couche
verdâtre toxique qui se forme à cause de l’oxydation du métal ». Au fil du temps, les
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Une autre mesure de sécurité mentionnée par les interlocuteurs pour assurer la qualité
des confiseries cuites dans des chaudrons en cuivre est de les enlever du feu dès
qu’elles sont prêtes. Les familles coloniales productrices de confiseries considèrent que
les sucreries cuites dans des chaudrons en cuivre sont meilleures que celles cuites
dans des marmites en acier inoxydable ou en aluminium. Monsieur Jairo en témoigne :
C’est ainsi que monsieur Jairo, pour se conformer aux ordres de l’inspection sanitaire,
a remplacé les chaudrons en cuivre par des contenants industriels en acier inoxydable.
Cependant, comme on l’a souligné précédemment, peu de producteurs ont suivi la voie
15. Couche verdâtre qui se forme sur les objets en cuivre, à cause de l’oxydation.
de la réglementation. Les familles qui ne s’y sont pas conformées continuent à utiliser
des chaudrons en cuivre. Néanmoins, en raison de la pression de l’inspection sanitaire
et du coût élevé pour acquérir des chaudrons en cuivre – rendus plus chers à cause
de leur côté décoratif – on voit une tendance à remplacer les chaudrons en cuivre par
d’autres, en aluminium ou en acier inoxydable, ce qui pourrait conduire à la disparition
de l’utilisation du cuivre dans la région.
Une autre controverse entre les agences sanitaires et les producteurs de confiseries
concerne les ustensiles en bois, également interdits par l’Anvisa. Leur interdiction est
fondée sur l’allégation que ces ustensiles sont difficiles à nettoyer contrairement à ceux
disposant de surfaces lisses. Par conséquent, les agences sanitaires recommandent
l’utilisation de matériaux tels que le plastique, le polyéthylène, l’acier inoxydable, etc.
Dans la région de Pelotas, des pelles et des cuillères en bois sont souvent utilisées
pour mélanger et remuer les confiseries cuites au chaudron. Dans certaines recettes,
les confiseries doivent être remuées d’un mouvement constant pour ne pas accrocher
au fond du chaudron. C’est pourquoi les familles productrices préfèrent les pelles en
bois, car leur long manche permet de travailler à une distance confortable de la cas-
serole, loin de la chaleur produite par le feu.
Source : (1) GEPAC, 2012. © Presses de Sciences Po | Téléchargé le 02/02/2021 sur www.cairn.info (IP: 200.50.217.54)
Légendes : (1) pelle en bois. (2) chaudron en cuivre.
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RÉPONSES SOCIOLOGIQUES
Si le cuivre et le bois faisaient du mal, la colonie serait déjà décimée, on serait tous morts
[rires]. Je ne connais personne qui soit mort de manger des confiseries coloniales. Mes
arrière-grands-parents, mes grands-parents, mes parents, tout le monde a grandi comme
ça, en mangeant ces confiseries. [...] Alors je ne crois pas que ça fait du mal, je n’y crois
pas.
Il est vrai que les nouvelles connaissances mises en évidence par les recherches
biomédicales et épidémiologiques ont contribué à renforcer le sentiment d’insécurité,
puisque les gens sont devenus de plus en plus conscients des incertitudes quoti-
diennes. Comme le soulignent Castiel, Guilam et Ferreira (2010), les discours technico-
scientifiques sur les risques pour la santé reposent souvent sur des prédictions
catastrophistes. Pour défendre la nécessité d’une vision plus critique de la prolifération
de ces discours, ces auteurs soutiennent que les mécanismes de contrôle des agences
sanitaires s’appuient sur une exagération dans la définition des risques, ce qui entraîne
un processus d’hyperprévention ou « riscophobie », c’est-à-dire une normativité exces-
sivement préventive, dans le but de contrôler toutes les variables et tous les risques
possibles.
C’est précisément ce point de vue critique qu’on perçoit chez des producteurs de
confiseries coloniales qui, remettant en question les normes sanitaires qui auraient eu
pour but de garantir la sécurité et la qualité des aliments, semblent se rendre compte
que ces normes ne sont qu’un reflet des conflits politiques et économiques visant à
privilégier les grandes industries. Ainsi, plusieurs interlocuteurs ont fait observer que,
tandis que les règles sanitaires imposées par l’État interdisent l’utilisation d’ustensiles
traditionnels, ce même État permet l’application d’intrants qu’ils considèrent comme
nuisibles ou suspects. Les réflexions de monsieur Matteus en rendent compte :
Ces bonnes pratiques ne bénéficient qu’aux grandes entreprises. Si les agences sanitaires
arrivent et me voient produire des confiseries, je ne peux pas. Ils me confisquent tout. Mais
si je veux appliquer [le pesticide] « Roundup », qui tue même les oiseaux, alors ça, je le
peux. [...] Alors, comment pouvons-nous prendre cela au sérieux ? Par exemple, je ne
peux pas utiliser de pelle en bois, mais je peux empoisonner ma ferme de pêches !
Ils [les inspecteurs] parlent de qualité, mais ils ne voient pas la qualité de mon produit. Ils
ne s’intéressent qu’à savoir si j’ai un tel équipement, ce que la loi dit que je dois avoir. Et
vous devez le faire comme ils le veulent. Donc j’ai dit : « Pourquoi vous [inspecteurs] venez
ici, vous ne regardez pas mon produit ? » [...] « Oh, d’accord, vous avez l’étiquette, vous
avez un gant, un toque cuisinier, une poêle en acier inoxydable, des tuiles au mur... » Mais
si ce produit est endommagé, mais qu’il a été fabriqué dans une poêle en acier inoxydable,
dans une cuisine toute en tuile, avec l’étiquette sur le produit, rien ne se passe. Ce sont
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sont devenues illégales. Ainsi, l’informel n’est pas seulement un moyen de préserver
les caractéristiques originales des sucreries, mais c’est peut-être le seul moyen de laisser
vivante la production.
Conclusion
Dans cet article, nous avons cherché à montrer que, malgré l’importance de la tra-
dition des confiseries coloniales, des centaines de producteurs de la région de Pelotas
voient leurs pratiques de production traditionnelles rendues illégales par l’État, bien que
ce dernier reconnaisse également ces pratiques comme un patrimoine culturel imma-
tériel du pays.
Ainsi, la situation entraînée par les tensions entre les normes d’hygiène et les politi-
ques publiques de valorisation des pratiques et du savoir-faire traditionnel brésilien est
paradoxale. C’est dans ce contexte polémique que les entités locales de la société civile
sont au défi de construire, au cours des prochaines années, un plan de sauvegarde de
la production de la confiserie traditionnelle. Celui-ci devra garantir la sécurité alimentaire
tout en préservant les modes de vie et de production traditionnels des familles
paysannes.
N’existe-il pas une logique de « modernité » imposée par le pouvoir de l’État, faisant
dépendre la qualité des aliments de l’introduction de technologies dites modernes ?
Dans ce contexte, les pratiques traditionnelles de production alimentaire sont dites obso-
lètes, car elles ne se conforment pas aux standards technologiques de l’industrie, qui
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