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Formation

ENDODONTIE
DECEMBRE 199
Médico-Dentaire
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Cahier rédactionnel

Les urgences
endodontiques
Par définition, du latin urgens : pressant, une thérapeutique d’urgence ne
peut être différée et doit être conduite sans délai. De ce fait, le temps impar-
ti à l’acte opératoire est généralement court et non programmé, imposant
l’acquisition de réflexes sûrs et fondés, tant au plan de l’établissement du
diagnostic, que de la mise en place de la thérapeutique.
Les trois quarts des patients consultant en urgence pour des douleurs buc-
cales ou maxillo-faciales relè-
vent d’une thérapeutique endo-
dontique. C’est dire l’importance
SOMMAIRE
d’une parfaite maîtrise de la ges-
tion de l’urgence. Si l’évolution
des connaissances, associée à 2 Principes de base
la modernisation des concepts
endodontiques, rendent incon- 3 Objectifs thérapeutiques du
tournable pour le praticien de se traitement d’urgence
former aux nouvelles technolo-
gies, il est tout aussi pertinent de 4 Traitement d’urgence des
s’interroger sur ses attitudes, pulpites
voire ses habitudes, en matière
d’urgence. 7 Traitement d’urgence des
nécroses pulpaires
Dr Florence Toumelin-Chemla
M.C.U.P.H
Faculté de Chirurgie Dentaire de Paris V
10 Gestion des complications
Département d’Odontologie post-opératoires
Conservatrice et Endodontie
1, rue Maurice Arnoux, 92120 Montrouge
Les urgences endodontiques

Principes de base
Nous considérons ici les urgences douloureuses relevant d’une thérapeutique
endodontique en écartant volontairement les urgences traumatiques ainsi que les
pathologies endo-parodontales. Pour chacune des situations envisagées,
nous dégageons une attitude clinique : quels gestes précis préconiser en urgence,
quelles pharmacopées locale, voire générale conseiller.

Parler d’urgence oblige tout d’abord à tendue par des objectifs thérapeu- On considèrera ici les urgences
savoir de quoi on parle exactement : tiques spécifiques. appartenant aux catégories III et IV
pour cela la connaissance de la Dans cette perspective, il est utile de se de Baume et relevant donc d’un syn-
pathologie pulpaire, en particulier référer à une classification des pulpo- drome pulpaire irréversible. Les pul-
sémiologie et diagnostic, constitue pathies basée sur l’observation des popathies des catégories I et II, étant
un pré-requis incontournable que signes et symptômes cliniques et per- justiciables de traitements conserva-
nous ne développerons pas dans ce mettant d’orienter la thérapeutique en teurs de l’organe dentino-pulpaire
cahier. Néanmoins, J. de La Palice terme d’objectifs et de moyens. On vivant (syndrome pulpaire réver-
pourrait dire que, face à une situation retient encore aujourd’hui la classifica- sible), doivent être traitées dans des
clinique donnée, le praticien devrait tion de l’O.M.S, introduite par Baume séances programmées. D’emblée on
mettre en œuvre une thérapeutique en 1962 qui, si elle gagnerait à être notera qu’à l’intérieur des catégories
adaptée ; plus encore, dans les situa- revue dans une forme plus moderne, irréversibles (III et IV), qui nécessi-
tions d’urgence, le paramètre temps reste tout à fait compatible avec les thé- tent toutes deux un traitement endo-
impose une démarche précise sous- rapeutiques actuelles [fig. 1]. dontique, les objectifs thérapeutiques
devront tenir compte de l’état du
tissu pulpaire, vivant ou nécrosé : le
Classification symptomatique à but thérapeutique de l’O.M.S. maître mot qui dirige le traitement
d’une pulpe vivante est l’asepsie,
alors que le traitement d’une pulpe
• Cat. I Pulpes vivantes, sans symptomatologie, lésées accidentellement nécrosée est dominé par la notion
ou proches d’une carie ou d’une cavité profonde, susceptibles d’être d’antisepsie. Ces différences sont
protégées par coiffages. capitales à considérer et ce, même
• Cat. II Pulpes vivantes avec symptomatologie dont on tentera - surtout dans le cadre du traitement de l’ur-
chez les jeunes - de conserver la vitalité par coiffage ou bio-pulpotomie. gence, dans la mesure où l’on cherche
• Cat. III Pulpes vivantes dont la biopulpectomie et l’obturation radicu- à optimiser les résultats attendus de
laire immédiate sont indiquées pour des raisons symptomatologique, nos thérapeutiques. En effet, dans un
prothétique, iatrogène ou de pronostic. cas, l’absence présumée de bactéries
intra-pulpaires oblige à adopter une
• Cat. IV Pulpes nécrosées avec - en principe - infection de la dentine
méthode de protection vis-à-vis
radiculaire, accompagnée ou non de complications périapicales, exi-
d’une contamination secondaire,
geant un traitement canalaire antiseptique et une obturation apicale
dans l’autre la thérapeutique mise en
hermétique.
jeu doit en outre préserver contre
Fig. 1 - Classification symptomatique à but thérapeutique des pulpopathies l’infection en détruisant les micro-
(Baume 1962) organismes toujours présents. •

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ENDODONTI
Objectifs thérapeutiques du traitement d’urgence

L’objectif princeps étant de soulager le patient, 3 mots clés vont diriger l’urgence :
temps, diagnostic et efficacité du traitement.
Le problème du temps, déjà évoqué et non spécifique à l’Endodontie, réside dans le fait
que le problème se pose au praticien de façon inopinée, souvent intercalé au sein de ses
consultations programmées. Ceci lui impose d’être capable de poser un diagnostic immédiat
(positif et différentiel) et de réaliser un traitement efficace rapidement
(mais néanmoins avec rigueur) permettant la sédation de la douleur.

Même dans les situations d’urgence où


la cause du problème apparaît évidente, temps
un diagnostic précis doit être établi en Urgence diagnostic
préalable de toute intervention : entre- traitement efficace
tien attentif, examen clinique et tests
complémentaires appropriés sont pri- • Réduire la surpression intrapulpaire
mordiaux. la pulpe est contenue dans un espace incompressible (murs de dentine)
Il nous semble également important de I’augmentation de la PIP* comprime les terminaisons nerveuses
rappeler que même si la célérité est pulpaires et desmodontales
appréciée en urgence, le praticien ne • Face à un syndrome pulpaire aigu, réaliser l’acte
doit pas occulter l’examen de l’état
clinique chirurgical
général du patient. En effet c’est dès la
c’est l’acte chirurgical qui soulage le patient et non pas telle ou telle
séance d’urgence que d’éventuelles pré-
médication...
cautions ou contre-indications de trai-
tement sont à envisager. • Choisir une médication locale
Dans l’optique d’une rationalisation, • Prescrire éventuellement une médication générale
on peut schématiquement dégager (*) PIP = Pression Intra Pulpaire
4 réflexes que nous considèrerons en
fonction des différentes situations d’ur- Fig. 2 - Les réflexes de l’urgence
gence [fig. 2].
lignée d’évolution aiguë du processus trictif et traduit bien le fait que l’inflam-
-1- inflammatoire, les situations d’urgence mation, initialement confinée à la cavi-
Le maître-mot de l’urgence endodon- endodontique correspondront à la pul- té pulpaire coronaire, puis radiculaire,
tique est la surpression. pite aiguë irréversible (qui fait suite à la s’étend ultérieurement dans la région
Un des objectifs majeurs spécifiques va pulpite réversible ou hyperhémie), puis péri-apicale (cément, desmodonte et
donc être de réduire la compression des à la parodontite apicale aiguë débutan- os). Cette évolution pathologique se
terminaisons nerveuses intrapulpaires te ou installée, à l’abcès périapical aigu traduit également par une modification
et/ou parodontales, engendrée par l’in- ou parodontite apicale aiguë suppurée, de la douleur ressentie.
flammation. La pulpe, emprisonnée et enfin à la cellulite révélatrice du pas- D’une douleur initiale viscérale diffuse
dans une cavité inextensible aux murs sage de l’infection dans les tissus lâches. et difficilement localisable par le patient
rigides, est caractérisée par une circula- Le terme de parodontite apicale est pré- (pulpite sans parodontite apicale), on
tion terminale. Si l’on considère une féré au terme de desmodontite trop res- passe à des douleurs de type articulaire

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ou osseux dès lors que les tissus péri-
apicaux sont atteints ; les récepteurs
Traitement d’urgence
parodontaux concernés permettent au des pulpites
patient de reconnaître la dent causale,
facilitant ainsi l’établissement du dia- Il s’agit là d’une urgence inflammatoire
gnostic. (pulpopathies irréversibles de la cat.III) dont les
clés essentielles du diagnostic sont brièvement
-2-
rappelées sur la figure 3.
Les tableaux cliniques relevant d’un
syndrome pulpaire irréversible aigu
sont généralement sévères. Après un • Attitudes Il est important de prendre conscien-
diagnostic précis, c’est l’acte clinique L’objectif global du traitement est la ce du caractère microchirurgical de
chirurgical qui soulagera le patient et en réalisation, sous champ opératoire sté- cette intervention imposant le respect
aucun cas telle ou telle médication. rile, d’une biopulpectomie suivie de principes thérapeutiques : nettoya-
Hormis certaines situations exception- d’une obturation canalaire hermé- ge du site d’intervention, élimination
nelles, le praticien doit donc pratiquer tique et d’une obturation coronaire des restaurations et des tissus infec-
en urgence l’intervention adaptée à la étanche et fonctionnelle. Le geste cli- tés, mise en place d’un champ opéra-
situation rencontrée en mettant en nique d’urgence consiste, après anes- toire, accès à la pulpe et préparation
œuvre un protocole précis et rationnel thésie, à pratiquer l’extirpation de tout de la cavité pulpaire coronaire (cavité
dont la standardisation garantit sans (pulpectomie sur monoradiculée) ou d’accès) sous irrigation à l’hypochlo-
nul doute la rapidité de l’intervention. partie (pulpotomie sur pluriradiculée) rite de sodium (ClONa) [fig. 4]. La
-3- du parenchyme pulpaire enflammé. prise en considération de la notion
La pulpotomie est la procédure de essentielle d’asepsie impose, même en
Une fois l’intervention réalisée, il est de choix du traitement d’urgence d’une urgence, l’isolement du site opératoi-
règle de placer dans la cavité pulpaire pulpite sur pluriradiculée. re au moyen d’une digue étanche. En
une médication locale à des fins de ren-
forcement de l’acte chirurgical et d’op-
timisation des résultats post-opéra- Pulpite irréversible : éléments du diagnostic
toires. Le choix d’une médication locale
est à envisager en fonction de la patho-
logie initiale et du contexte clinique, à • douleur spontanée irradiée intermittente
partir du cahier des charges des pro-
• hypersensibilité aux agents thermiques
duits préconisés à l’heure actuelle.
• douleur rémanente > 30-60 sec
-4- • douleur à la pression : non présente initialement (percussion -),
Dans certaines circonstances,une ou des apparaît dans les stades ultimes de l’inflammation
médications générales peuvent être indi- (percussion + si parodontite apicale associée)
quées. Qu’il s’agisse de suppléance antal-
• inspection visuelle : destruction coronaire (caries, fracture), dyschromie
gique, anti-inflammatoire ou anti-infec-
de l’émail, restauration défectueuse, surocclusion...
tieuse, la prescription doit être dictée par
l’analyse précise du tableau clinique et • examen RX : image du ligament périradiculaire normale
doit être justifiée, en prenant garde ou légèrement élargie
d’éviter toute prescription abusive.
• Fig. 3 - Pulpite irréversible : éléments du diagnostic

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ENDODONTI
Fig. 4 - Conditions de l’acte microchirurgical : Fig. 5 - Etanchéification extemporanée de la digue au
champ opératoire et irrigation moyen d’un matériau de calfatage (Oraseal®, Bisico)

cas de carie importante, la reconstitu- 2,5% qui constitue un bon compro- cès à plus de 95% mais demande tout
tion pré-endodontique, difficile à mis entre propriétés antibactériennes de même suffisamment de temps.
réaliser en urgence, peut être avanta- et toxicité tissulaire. Pour pallier cet inconvénient, elle
geusement remplacée par des maté- peut être envisagée en faisant appel à
Le pansement médiat, inter-séances
riaux de calfatage (Oraseal®, Bisico) des formes commerciales du produit,
comprend à la fois l’éventuelle médi-
[fig. 5]. Le plus souvent, le temps plus rapides d’emploi mais plus oné-
cation locale intra-pulpaire et l’obtu-
nécessaire à l’isolement du champ opé- reuses (Calxyl® France OCO,
ration provisoire coronaire, la qualité
ratoire est inférieur au temps requis Calasept® Scania Dental, Hy-Cal®
de cette dernière ayant sans doute
pour l’obtention de l’anesthésie : ne Pierre Rolland, Endocal® Septodont).
beaucoup plus d’importance.
pas poser la digue pour des raisons de Dans la mesure où l’acte chirurgical a
temps n’est pas acceptable ! Pour une pluriradiculée, une fois la pu être correctement mené, on peut
A ce stade déjà on peut évaluer d’éven- pulpotomie réalisée, la mise en place également opter pour un pansement
tuelles contre-indications locales au d’un hydroxyde de calcium (Ca(OH)2) plus simple associant un coton sec
traitement endodontique : dents non dense dans la cavité pulpaire coronai- stérile ou imbibé de ClONa placé
restaurables, non fonctionnelles, sup- re présente l’avantage de concilier sous une obturation coronaire
port parodontal déficient. propriétés anti-bactériennes et bio- étanche (IRM).
compatibilité. La médication est pré- En cas de manque de temps réel ou de
parée à partir d’une poudre de difficulté d’anesthésie, le recours à
• Quelle médication Ca(OH)2 pure (Prolabo) mélangée à une médication sédative, Eugénol ou
locale ? un véhicule stérile, sérum physiolo- spécialité type Pulperyl® (Septodont),
Concernant la solution d’irrigation, gique ou solution anesthésique. Pour utilisée avec parcimonie sur un coton
qui doit être utilisée dès l’accès pul- une monoradiculée, une fois la pul- exprimé, au contact de la pulpe expo-
paire, un consensus est aujourd’hui pectomie réalisée, le Ca(OH)2 est uti- sée après curetage de la carie, peut se
établi autour de l’hypochlorite de lisé sous forme fluide et injecté au justifier. Toute autre médication est à
sodium. Classiquement on retient moyen d’un bourre-pâte. L’efficacité proscrire, l’utilisation d’anhydride
une concentration de la solution à de cette procédure est garante de suc- arsénieux étant condamnable. Dans

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Les urgences endodontiques

Fig. 6 - Cas clinique :


pulpite sur 36
a : cliché radiographique
préopératoire : présence
d’une carie récurrente
sous la restauration
à l’amalgame de 36.
Noter le début
d’élargissement
ligamentaire péri-
a b radiculaire.
b : saignement à
l’ouverture de la cavité
pulpaire coronaire.
c : cavité d’accès et
pulpotomie ont été
réalisées sous irrigation
à l’hypochlorite de
sodium à 2,5%.
d, e : mise en place d’un
Ca(OH)2 dense
(Hy-Cal® P.Rolland)
c d dans la cavité pulpaire.
f : obturation coronaire
temporaire (1 semaine)
à l’IRM.
g, h : pulpectomie et
obturation canalaire
sont réalisées au cours
du rendez-vous
programmé, 8 jours
plus tard (préparation
canalaire Pro-File®
Maillefer et obturation
à l’aide du système
e f Thermafil®, Maillefer).
La reconstitution
prothétique définitive
doit intervenir au plus
tôt pour optimiser les
résultats du traitement
endodontique.

g h

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ENDODONTI
tous les cas, un grand soin doit être associée (l’inflammation déborde sur flammation, ou d’un problème réel
apporté à l’obturation coronaire tran- le parodonte apical, douleur à la per- de temps : recours à l’association
sitoire afin d’éviter qu’une pathologie cussion): en fonction de la sévérité du paracétamol + codéine (Efferalgan
initialement inflammatoire n’évolue tableau clinique initial, on peut avoir codéine®, Codoliprane® 120mg/j), ou
vers un processus infectieux. recours à une prescription antalgique paracétamol+ dextropropoxiphène
ou antiinflammatoire pour diminuer (Di-Antalvic® 150mg/j).
Cas clinique pulpite les risques d’exacerbation de la dou- Ce type de prescription doit être
Illustration du temps par temps opé- leur en post-opératoire. exceptionnel et de très courte durée ;
ratoire. [Fig. 6a, b, c, d, e, f, g, h]. —> douleur faible : antalgique pur : il faut revoir le patient dès que pos-
paracétamol sible pour réaliser l’acte chirurgical.
• Quelle médication —> douleur plus importante : anal- - l’antibiothérapie n’a dans ce cadre
générale ? gésique anti-inflammatoire : acide acé- aucune justification hormis chez les
En principe le seul traitement local tylsalicylique ou ibuprofène (mieux patients susceptibles d’endocardites
chirurgical permet la sédation des toléré) : 1,2 à 2,4 g/J. Donner 1g bactériennes (porteurs de valves).
symptômes et n’appelle pas de pres- immédiatement après le soin. Pour ces derniers les recommanda-
cription générale. - obligation de surseoir : doit être tions de l’ANDEM font référence :
Dans certains cas néanmoins, une exceptionnel. Amoxicilline 3g per os 1h avant le
médication générale peut être indi- Il peut s’agir par exemple d’un pro- geste ou, en cas d’allergie à la pénicil-
quée : blème d’anesthésie, parfois difficile à line, Clindamycine 600 mg per os 1h
- pulpite avec parodontite apicale obtenir rapidement du fait de l’in- avant le geste (Dalacine®). •

Traitement d’urgence des nécroses pulpaires


avec complications périapicales
Il s’agit là d’une urgence infectieuse (pulpopathies irréversibles de
la cat. IV) dont les clés essentielles du diagnostic
sont brièvement rappelées sur la figure 7

Nombre de nécroses pulpaires sont


asymptomatiques, qu’il y ait ou non Nécrose pulpaire avec parodontite apicale aiguë :
une lésion périapicale associée, sui- éléments du diagnostic
vant une lignée pathogénique chro-
nique : nécrose asymptomatique—> • douleur spontanée, sourde, intense, continue et localisée
parodontite apicale chronique avec • douleur à la palpation, au simple contact percussion +++
ou sans suppuration. L’urgence infec- • pas de réponse aux agents thermiques
tieuse concerne la parondontite api- • mobilité possible
cale aiguë installée, avec ou sans sup- • inspection visuelle : destruction coronaire (carie, fracture, exposition
puration (abcès péri-apical ou alvéo- pulpaire), dyschromie de l’émail, restauration défectueuse, surocclusion...
laire aigu) qui peut aller jusqu’à la • examen RX : image radioclaire périradiculaire
cellulite par diffusion de l’infection, à
travers l’os, dans les tissus lâches. Fig. 7 - Nécrose pulpaire avec parodontite apicale aiguë : éléments du diagnostic

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Les urgences endodontiques
• Attitudes et pharmacopée sont dic- faut ouvrir et drainer. Il s’agit ici ratifs biologiques imposent de res-
tées par les objectifs du traitement : encore d’une intervention chirurgica- pecter un nettoyage progressif et
drainage et désinfection canalaire. le, nécessitant après nettoyage du site, d’éviter l’ensemencement bactérien ;
Le facteur le plus important dans la la mise en place d’un champ opéra- à cet effet, une mise en forme corono-
symptomatologie de la parodontite toire (digue) et l’utilisation d’hypo- apicale («crown-down») est recher-
apicale aiguë est l’élévation de la pres- chlorite de sodium. Une fois la cavité chée : forets de Gates ou instruments
sion dans les tissus périapicaux : seuls pulpaire ouverte, le drainage est endodontiques à forte conicité utili-
le drainage et la normalisation de la recherché et le contenu canalaire sés en rotation continue («orifice
pression tissulaire permettent la séda- aspiré. Il faut laisser le tarissement de opener»), puis lavage canalaire abon-
tion des douleurs souvent très vio- la suppuration se faire et entre- dant à l’hypochlorite de sodium utili-
lentes. Donc là aussi le geste opératoi- prendre si possible le traitement chi- sé en seringue, ou mieux, véhiculé par
re l’emporte sur la médication. Sans mio-mécanique étant donné que c’est les ondes ultra-sonores (système EMS
anesthésie, ou en injectant à distance l’infection canalaire qui a causé la par exemple). On garde à l’esprit que
du foyer infectieux si nécessaire, il parodontite apicale aiguë. Les impé- le classique «cleaning and shaping» se

a b

c d
Fig. 8 - Cas clinique : nécrose sur 16
a, b : vues cliniques pré-opératoires. Noter la présence de tartre et l’inflammmation parodontale en rapport avec la région
concernée, la dent ne pouvant supporter le moindre contact.
c, d : après nettoyage du site d’intervention, drainage et désinfection canalaire sont réalisés sous digue et sous irrigation continue

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ENDODONTI
voit avantageusement remplacé par
«shaping and cleaning». [Fig. 8 a, b, c, Prévention des douleurs post-opératoires endodontiques
d] : Cas clinique nécrose.
Le contrôle de l’occlusion est égale- Abcès périapical
ment très important : l’œdème péri-
apical toujours présent impose un Parodontite apicale aiguë
meulage coronaire doux et sélectif.
Dans les cas où le réseau canalaire est Parodontite apicale chronique
inaccessible ou impénétrable (canaux
obturés, ancrage radiculaire), un
drainage par voie chirurgicale sera Pulpite
recherché.
- Cas favorable : le drainage est obte- Pulpe saine
nu et il n’existe pas de symptomato-
logie loco-régionale ni générale.
La dent est refermée après mise en
place d’une médication locale anti- Paracétamol + Codéine
septique, Ca(OH)2 fluide dans le Ibuprophène
canal et plus dense dans la cavité pul- Paracétamol
paire coronaire, associée à une obtu-
ration coronaire étanche. Fig. 9 - Prévention des douleurs post-opératoires en Endodontie : représentation
—> Il faut se garder de laisser la dent schématique du choix de l’antalgique en fonction du tableau clinique
ouverte à la septicité buccale au pré-opératoire
risque de compliquer la suite du trai-
tement, ceci pour plusieurs raisons : ne devant pas se substituer au dia- de complications post-opératoires : la
- contamination bactérienne supplé- gnostic et à la thérapeutique chirurgi- fréquence des douleurs après traite-
mentaire cale. ment est nulle pour la pulpe saine (à
- possible pénétration intra-canalaire La prescription antalgique est indi- condition bien sûr qu’il n’y ait pas eu
de débris alimentaires quée, à la demande du patient. Le de manœuvres iatrogéniques), faible
- multiplication des rendez-vous choix et la posologie de la médication dans le cas d’une pulpite et augmente
associée à une difficulté majorée à doivent tenir compte de la sévérité du progressivement avec la parodontite
obtenir la sédation des symptômes, tableau clinique initial. La prise en apicale chronique, pour culminer
nécessaire pour l’oburation canalaire considération, à la fois de l’état pul- avec la parodontite apicale aiguë et
définitive. paire et péri-apical initial, et de la l’abcès péri-apical [fig. 9].
En terme de médication générale, puissance antalgique des médica- - Cas défavorables : 3 questions
l’antibiothérapie ne doit pas être sys- tions, orientera vers un antalgique essentielles doivent être envisagées :
tématique mais régie par la considé- pur (paracétamol), un AINS à faible • faut-il laisser la dent ouverte ?
ration de l’état général du patient et dose (Ibuprofène 200mg) ou vers • faut-il instituer une antibiothérapie ?
son passé pathologique (voir cas l’association paracétamol-morphi- • s’agit-il d’une contre-indication du
défavorables évoqués ci-dessous). La nique mineur. traitement endodontique ?
douleur ne constitue en aucun cas un D’une manière générale, on gardera à Le cas idéal est celui pour lequel le
critère valable pour l’instauration l’esprit la relation existant entre la drainage est obtenu spontanément à
d’une antibiothérapie, cette dernière douleur préopératoire et la survenue l’ouverture de la dent ; parfois on

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Les urgences endodontiques
réussira à l’obtenir, après parage
canalaire en réalisant un élargisse-
Gestion des complications
ment très contrôlé de la zone apicale.
Urgence liée aux complications post-opératoires
● Si le drainage n’a pu être obtenu,
des thérapeutiques endodontiques
bien souvent faute de temps : afin de
soulager le patient, il est préconisé de
laisser la dent ouverte, 24 à 48h maxi- • Recrudescence d’une biologiques (mise en forme corono-
mum et d’instaurer alors une antibio- apicale contrôlée sous ClONa).
thérapie (Amoxicilline) associée à
parodontite apicale
chronique ou réactiva- - modification de la flore bactérienne
une prescription antalgique. Le intracanalaire du fait de l’ouverture
patient doit être revu impérativement tion infectieuse de la dent ou de la désinfection qui
dans de brefs délais (24h) pour Cette situation se rencontre dans le peut favoriser la virulence de cer-
rechercher à nouveau l’obtention cadre du traitement endodontique taines bactéries laissées en place
d’un drainage et refermer la dent. La d’une dent nécrosée, présentant ou (zones cryptiques) ou le réveil de bac-
suite du traitement canalaire sera non une lésion péri-apicale et initia- téries quiescentes en position extra-
programmée, en principe en deux lement asymptomatique. Bien sou- canalaire.
séances. vent c’est la découverte radiogra- - patient affaibli ou malade.
● S’il existe une symptomatologie phique, au moment de l’observation Le fait qu’il n’existe pas de signe
loco-régionale (cellulite, trismus), ou clinique générale, qui a permis de pathognomonique avant coureur de
bien si l'on constate des signes géné- mettre en évidence la pathologie et ce phénomène de réactivation infec-
raux (fièvre, adénopathie, asthénie) : indiqué le traitement. Après la pre- tieuse dont la fréquence, estimée
dans ces conditions, et même si l’on a mière séance de traitement, le patient entre 2,5 et 25% des cas, est majorée
pu obtenir un drainage, le risque de revient avec tous les signes de l’abcès en cas de lésion périapicale, représen-
diffusion de l’infection est tel que alvéolaire aigu : mobilité, douleur à la te une difficulté certaine pour le pra-
l’antibiothérapie s’impose d’emblée, pression, tuméfaction. ticien. S’il n’est pas envisageable de
avec en supplément une surveillance Il s’agit là d’une situation particulière- prescrire une antibiothérapie systé-
indispensable à 24h pour contrôler ment frustrante, à la fois pour le matique préventive devant toute
son efficacité. patient, qui initialement ne souffrait lésion périapicale, on peut cependant
Un décontracturant sera prescrit en pas, que pour le praticien qui garde la la préconiser dans le cas d’une lésion
cas de trismus (Decontractyl®, 6cp/j). sensation d’un traitement canalaire qui s’est manifestée récemment ; dans
● Chez les patients à risque bactérien bien conduit, sans incident particulier. ce cas, la prescription débutera la
systémique : l’antibiothérapie est ici Ce phénomène peut trouver son étio- veille du rendez-vous de mise en
de règle et c’est en général l’extrac- logie dans trois directions qui peu- forme et parage. Quoi qu’il en soit, il
tion qui devra être programmée, vent parfois être associées : est vivement conseillé de toujours
compte tenu du fait que chez ces - surinstrumention de la zone péri- informer le patient du risque poten-
patients, le traitement endodontique apicale induisant le refoulement dans tiel, et même si elle n’a pas de réelle
ne peut s’envisager que s’il peut être le périapex de débris nécrosés, de justification scientifique, une ordon-
conduit en une seule séance bactéries ou d’endotoxines. Il s’agit nance « en cas de besoin » peut trou-
(Recommandations ANAES). vraisemblablement de la cause la plus ver sa place pour certains patients
• fréquente, ce qui met l’accent sur la inquiets. Il est en effet curieux de
nécessité d’adopter une méthode de constater qu’un patient prévenu et
préparation canalaire atraumatique qui possède son ordonnance présente
et répondant au mieux aux impératifs rarement des complications !

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ENDODONTI
Le traitement d’urgence est identique la mise en place d’une médication
à celui d’un abcès alvéolaire aigu : intra-canalaire temporaire à l’hy-
ouverture, drainage, parage ClONa, droxyde de calcium. La dent est mise
fermeture si possible. Cependant, la en sous-occlusion et refermée avec un
sévérité du tableau clinique impose pansement coronaire étanche pour
ici d’emblée la prescription de l’asso- prévenir toute contamination infec-
ciation Amoxicilline (1,5g à 2g/j) + tieuse. En fonction de la sévérité du LECTURES CONSEILLÉES
Métronidazole (1,5g/j). tableau on pourra prescrire un anti- • ANDEM - Prescription d’antibiotiques en
inflammatoire non stéroïdien (AINS) odontologie et en stomatologie. Service des
• Réactivation Réferences Dentaires, 30 avril 1996.
(ex: Ibuprofène).
• BOUILLAGUET S., CIUCCHI B. et HOLZ J. -
inflammatoire Dans le cas où la complication se pré- Diagnostic et classification des pulpopathies.
Cette complication, qui se manifeste sente après l’obturation canalaire directives thérapeutiques. Réalités Cliniques, 6 :
définitive, la situation requiert alors 135-143, 1995.
en cours ou suite à un traitement • CIARLONE A.E. et PASHLEY D.H. -
endodontique est, à la différence de la une prescription AINS et la mise en
Medication of the dental pulp : a review and
complication précédente, toujours sous-occlusion légère de la dent avant proposals. Endodont. Dent. Traumatol, 8 : 1-5,
d’origine iatrogénique. Elle peut être de réévaluer la qualité du traitement 1992.
endodontique (dépassement de gutta • COHEN A.G., HARTMANN A. et MACHTOU P. -
occasionnée soit par une surinstru- Le traitement des urgences endodontiques.
mentation apicale résultant d’une en particulier) dans un délai de 15 Réalités Cliniques, 3 : 139-151, 1992.
erreur d’estimation de la longueur de jours. • DALLEL R. et WODA A. - Choix des antal-
giques en odontologie. Réalités Cliniques, 5 :
travail, soit par la mise en place de
Conclusion 161-172, 1994.
médications intra-canalaires irri- • DUMSHA T.C. et GUTMANN J.L. - Problems
tantes (phénols, solvants...) induisant Encore plus que dans un traitement in managing endodontics emergencies. In GUT-
alors une parodontite médicamen- endodontique de routine, la théra- MANN J.L., DUMSHA T.C., LOVDAHL P.E.
peutique d’urgence requiert une par- Problems solving in endodontics. Year Book
teuse. Medical Publishers, Chicago : 123-137 : 1988.
Le recours à des méthodes rigou- faite connaissance des pulpopathies • GLUSKIN A.H. et GOON W.W.Y. - Orofacial
reuses de détermination de la lon- et de leurs différents tableaux cli- dental pain emergencies : endodontic diagnosis
gueur de préparation (radiographie, niques. Elle impose également d’agir and management. In COHEN S, BURNS R.C.
Pathways of the pulp. 6th ed. Mosby, St Louis :
localisateur d’apex) et l’utilisation immédiatement, avec rapidité et 25-50 : 1994.
contrôlée des médications endodon- méthode pour satisfaire à sa mission • LAROUSSE J.M., GIMENEZ G.M., ROCCA J.P.
tiques (ClONa, Ca (OH)2, eugénol et essentielle, soulager le patient et opti- et GUERRI P. - Pharmacologie endodontique :
solvants utilisés avec parcimonie, à miser les étapes ultérieures du traite- évolution des concepts . Réalités Cliniques, 3 :
131-137, 1992.
l’exclusion de tous les dérivés phéno- ment endodontique et de la restaura- • LASFARGUES J.J. - Les traitements endodon-
lés permettent de prévenir ce type de tion fonctionnelle de la dent. tiques d’urgence.2e partie. Rev. Franç. Endo., 4 :
complications. L’évolution des concepts et des tech- 43-63, 1985.
Le traitement d’urgence consiste à niques privilégie aujourd’hui la quali- • LAVELLE C.L.B. - Is antibiotic prophylaxis
réouvrir la dent sous digue, ce qui té de l’acte microchirurgical en lui-
required for endodontic treatment? Endodont.
Dent. Traumatol, 12 : 209-214, 1996.
met souvent en évidence un suinte- même, limitant de ce fait considéra- • RILLIARD F. et LAURENT E. - La prescription
ment intra-canalaire ou une odeur blement l’arsenal des médications en odontologie conservatrice et en endodontie.
caractéristique des dérivés phénolés. intra-canalaires encore présentes sur In CASAMAJOR P., HUGLY C. La prescription
Un parage par rinçage soigneux à en odontologie. Ed CdP, Paris : 43-82, 1997.
le marché et l’utilisation incontrôlée • TRONSTAD L. - Endodontie clinique. Paris,
l’hypochlorite est réalisé en évitant de des médications générales, antibio- Flammarion, 1993.
réinstrumenter les canaux jusqu’au tiques en particulier. • • WEINE F.S. et WINGO J.L. - Drug therapy use-
foramen afin de ne pas exacerber la ful in endodontics. In WEINE F.S.Endodontics
réaction tissulaire. On procède alors à therapy. 5th ed. Mosby: St Louis : 835-846, 1996.

Formation M dico-Dentaire Continue 11


Les urgences endodontiques
Gestion de l’urgence douloureuse en Endodontie :
arbre décisionnel schématique
URGENCE DOULOUREUSE

Anamnèse - Examens clinique


et radiographique

Crises intermittentes Douleurs continues intenses


Douleurs spontanées

Dent insensible Dent sensible Dent douloureuse


à la percussion à la percussion au simple contact

Diagnostic Diagnostic Diagnostic


pulpite pulpite avec parodontite nécrose avec
apicale débutante abcès péri-apical

Pulpo- ou Pulpectomie Parage - Drainage


pulpectomie Sous occlusion Sous occlusion

Pas de prescription Antalgiques Antalgiques


en première ou AINS Antibiotiques si justifiés
intention

Antibiotiques si patient à risque, voire extraction programmée

Rendez-vous programmé Accident


à 8 - 10 jours infectieux
Accident
inflammatoire
Poursuite du traitement Evolution
endodontique loco-régionale

COMITÉ ÉDITORIAL : Jean-Jacques Lasfargues, Franck Decup, Dominique Guez, Charles-Daniel Arreto

ID Formation M dico-Dentaire Continue - 40 avenue Bugeaud - 75784 Paris cedex 16


Tél 01 56 26 50 00 - Fax 01 56 26 50 01 - Url www.information-dentaire.com

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