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Le marketing
au 21 e siècle
DANS CE CHAPITRE,
Le futur n'est pas NOUS NOUS POSERONS
LES QUESTIONS SUIVANTES:
devant nous. Il s'est • Quel est le rôle du marketing
dans l'économie d'aujourd'hui?
déjà produit.
• Quels sont les principaux
concepts et outils du
Malheureusement, marketing?
et les pays.
On a beaucoup glosé sur la noU\'elle économie. Au delâ du terme parfois
décrié, les évolutions de l'environnement économique sont indiscutables. JI
s'agit en p>lrticulier de la globalisation des activités et des entreprises, de l'ac-
célération de la transmission des informations, de l'hyper-concurrence entre
les firmes, des technologies de "disruption" qui modifient radicalement l'ac-
tivité d>lns de nombreux secteurs, et du pouvoir accru des consommateurs.
Autrefois, l'acti\'ité économique était essentiellement tournée vers la fabri-
cation de produits et structurée par des règles héritées de la Révolution
Industrielle. l<l st<lndardisation de la production permett<lit de bénéficier
d'économies d'échelle, Les entreprises <I\'<lient tendance à reproduire les
mêmes procédures et les mêmes politiques d'un marché géographique il
l'<lutre, Elles recherchaient l'efficience et adoptaient pour cela des organisa-
tions hiérarchiques pyramidales.
l'économie actuelle, par contraste, repose sur le management de l'informa-
tion et la révolution numérique. L'information >l un certain nombre de c.:lrac-
téristiques spécifiques: elle peut être différenciée, adaptée, personn>llisée il
l'infini; elle peut atteindre un gr>lnd nombre d'individus en un temps record;
p<lrce qu'elle est publique et accessible, elle améliore la cap,lCité des .:Icheteurs
potentiels à faire des choix pertinents. Ces évolutions ont donné de noU\'elles
possibilités aux consomm>lteurs et aux entreprises.
Aux COl/solIIl/lnlel/rs, d'abord:
• LIli p()!/11oir accm lors du prtJCCSSIIS d'achat. On peut comp>lrer les caractéris-
tiques ct les prix des produits en un clic et à domicile. La recherche d'infor-
mation et la compilfaison sont beaucoup moins coûteuses en temps et en
énergie que par le p>lssé. Certains sites Internet comparent même les prix de
différents offreurs. Les acheteurs en entreprises peuvent recourir aux
enchères descendantes dans lesquels les vendeurs en concurrence baissent
progressivement leurs prix potir gagner le contrat. Les .:Icheteurs peuvent
également s'associer pour agréger leurs volumes d'achat et obtenir des prix
plus compétitifs,
• Ln diversité des produits t'I semiœs, On peut pratiquement tout acheter sur Inter-
net. Amazon se présente comme lil librairie la plus grande du monde, a\'ec
3 millions d'ouvr<lges en c.:ltalogue, chiffre auquel illlcune librairie physique
ne peut prétendre. En outre, Internet permet de commilnder des produits de
nombreux pays du monde d\!s que les conditions de livraison sont assurées.
• Ulre grand.: quantiléd'informalion ~ur lous les sujets. On peut lire sur Internet les
journaux du monde entier. l'.:Icc\!s ilUX encyclopédies et ilUX dictionn;rires,
aux sites d'informiltion médicale, ilUXcommentaires des consommateurs et il
de nombreuses sources d'informZltions modifie la nZlture des relations entre
consommateurs et entreprises.
• UI facilité de C(lI/llllmldC'. Les clients peuvent pilsser commande de leur domi-
cile, de leur lieu de trZlvilil ou grfice il leur téléphone portable 24 heures sur 24
et 7 jours sur 7. Le produit serZl livré rapidement il l'endroit qu'ils souhaitent.
• L'accès aux commeulaires sr" les produits e/ services. Les sites d'informiltion et
surtout les forums de discussion spécialisés permettent d'échilnger des infor-
miltions avec d'autres consommateurs de manière à connilÎtre leur avis sur de
nombreux produits, services, loisirs ct problèmes de lil vic quotidienne,
611.611
le champ du marketing
TABLEAU 1.1
1. Demlll/de I/églltive Loin d'être attirés pM le produit, les clients potentiels
Situations cherchent fi éviter d'y penser. C'est par exemple le cas
de demande des soins dentaires ou des assurances décès. Le rôle du
et rôle marketing consiste alors li étudier les sources de résis-
du marketing tance et il tenter d'inverser la tendance.
b) Les services
.'\\·cc le développement ê<"onomique, une proportion croissante d'activités sc
déplace vers les services. En France, ils représentent plus de 70 % du PIB et
occupent plus de deux persomlcs actives sur trois. Les services comprennent
de nombreux domaines: transports, banques, hôtels, IOCi"ltionde voiture, coif-
fure et soins de beauté, entretien et réparation, gardiennage, ainsi que de
nombreuses professions libérales: experts-comptables, avocats, médecins,
consult"nts, etc. La plupart des offrt's comprennent ft la fois des produits et des
services. La prestation d'un psychiatre qui écoute son patient ou celle d'un
quartette qui joue du Mozart sont de purs services; un appel téléphonique,
quant il lui, est rendu possible p"r un gigantesque invt'Stissement en réseau et
équipement; un service encore plus tangible est un établissement de restaura-
tion rapide où le client consomme il la fois des biens ct des services.
c) Les expériences
En «orchestrant» divers biens et services, on peut créer, mettre en scène et
commercialiser des expériences. Le parc Disneyland Paris est une expérience :
on y visite un royaume féerique, un bateau de pirates, un vaisseau sidéral et
une maison hantée. Un repas au Hard Rock Café, un weck-end il Center Parc
ou la visite d'un Nike Town relèvent aussi de cette catégorie3.
d) Les événements
De grands è'énements comme le Mondial de football, tes Jeux olympiques,
[es anniversaires d'entreprise, les foires ct salons professionnels, les tournois
sportifs et les représentations tlrtistiques jalonnent le calendrier. C'est devenu
un mélier il part entière que de produire de tels événements et de 1L>sgérer
jusque dans les moindres détails.
e) Les personnes
Le marketing des célébrités t."Stde\'enu une véritable activité. Autrefois, ulle
personne en quête de notoriété louait les services d'une a!lachée de presse
pour obtenir des articles dans 1L>sjournaux et les magazines. Aujourd'hui,
toute star qui se respecte a un <lgent, un impresario et utilise les services d'une
agence de relations publiques. Les artistes, les musiciens, les présidents, les
savants ct lt.>savocats de renom sollicitent, avec d'autres, les services des
«markelcrs de la célébrité,,~. D.11ls le monde de l'art, Andy Warhol a claire·
ment tiré p<lrti des principes du marketing entreprcneuri<ll pour devenir
célèbre. Le consultant Tom Peters, lui-même expert dans la gestion de sa célé-
brité, recommande il toute personne de se voir comme" une marque».
f) Les endroits
par son nom et sa rÎ\'ière, l'A\'on. C'est en organisant un festi\'al annuel sur
Shakespeare qu'elle de\'inl objet d'attraction touristique. L'Irlande a fort bien
réussi son marketing, attirant plus de 500 entreprises qui y installèrent leurs
usines, Elle a créé l'Irish De\'elopment Bo.,rd, J'Irish Toudst Bo.,rd et l'Irish
Export Board responsables, respecti\'ement, de l'invL'Stisscment industriel,
des touristes, et des exportations. Les spécialistes de celte forme de marketing
sont tres divers: experts L>conomiques en développement, agents immobiliers,
banques, associations locales, agences de publicité et de relations publiques.
g) Les propriétés
L, propriété est un droit intangible sur un bien immobilier (bâti ou non) ou
mobilier (actions et obligations). Les propriétés sont achetées et \'endues et
nêœssitent donc un effort de marketing. Les agents immobiliers agissent pour
le compte de propriétaiT(,'S ou de clients concernés par dL'S biens résidentiels
ou commerciaux. LL"Ssociétés d'investissement ct les banques commerciali-
sent des \'aleurs auprès de clients privés et institutionnels.
h) Les organisations
Les organisations s'efforcent de jouir d'une image forte et positive aux yeux du
public. Elles mettent en place des campagnes de cOlIIlI/wlicnlio/l il/stituliollt/clle
pour accroître leur notoriété et améliorer leur image. Renault a ainsi choisi le
slogan "Créateur d'automobill"S». Les mag<lsins Body Shop attirent l'attention
en s'intéress.1nt aux grandes cau5t.>S. D'autres sociétés doÎ\'ent leur visibilité 11
un leader comme Richard Branson pour Virgin ou, en France, Alain Affleloll.
Des universités ou des musées élaborent des programmes d'amélioration de
leur image, afin d'attirer davantage d'étudiants, d'audience et de fonds.
i) L'infonnation
dictionnaires. Les magazines spécialisés comme Aulo Plus ou 011nforlllflliquc
le font aussi pour leurs marchés respectifs. Le public achète des CD-Rom ct
utilise Internet pour s'informer. La production, le conditionnement, et la dis-
tribution de l'information sont devenus un secteur d'activité à part entièré.
j) Les idées
Toute offre s'articule autour d'une idée de base. Charles Revson, de Rcvlon,
disait" À l'usine, nous fabriquons des cosmétiques; en m<lgasin, nous ven-
dons de l'espoir ". Celui qui <lchète une perceuse achète en réalité des trOllS.
Les produits et services ne sont que des supports pour véhiculer lIne idée ou
un avantage. Le marketing social promeut des grandes causes comme la sécu-
rité routière, la lutte contre le SIDA oU la prévention contre la drogue
a) Le marché-cible et la segmentation
Un responsable m<lrketing ne peul Satisfaire l'ensemble du marché. Tous les
gens n'aiment pas forcément les mêmes boissons, hôtels, restaurants, ,mtomo-
biles et films. Il faut donc procéder li une st'gmclltatioll du marcl/t. Segmenter
consiste li identifier des groupes distincts de clients qui ré<lgironl de la meme
façon li l'offre de l'entreprise. L(.'S segments peuvent être définis à partir des
c:lractéristiques socio-démographiques, psychographiqul's ou comportemen-
t:lles de lems membres. L'entreprise doit choisir les segments qui représentent
le meilleur potentiel pOlIT elle, c'est-j-dire ceux qu'elle peut s:ltisfaire de façon
p:lrticulièrement effic:lce, Ces segments-là constituent S:l ciMe.
Pour chaque m:lrché-cible visé, l'entreprise élabore une Off YI'. Cette offre est
position liée dans l'esprit des acheteurs à p:lrtir d'un ou plusieurs aV<lntages
essentiels. Par exemple, Volvo a choisi de s'adresser en priorité aux automobi-
listes pOlir qui la sécurité est une priorité. L'entreprise positionne donc ses
voilures comme les plus sûres du m:lrché.
À l'origine, le terme de marché décrivait {'CI/droit Oll :lcheteurs ct \'endeurs
se rencontrent pour échanger leurs Illarchandises. Aujourd'hui, pOlir les éco-
nomistes, l:l notion de marché fait référence à l'ensemble des vendellrs et
acheteurs concernL'S par l'échange d'un produit ou d'un service. Ainsi, le mar-
ché du rom:ln se compose de firmes telles qu'H:lchelte, Gallimard, Gmsset et
FIGURE 1.1 CommullrC<ltion
Un systëme
marketing
élémentaire
Inform.:ltlon
f) La valeur et la satisfaction
Un produit ne connaîtra le succès que s'il procure valeur et satisfaction il son
ilcquéreur. Un ilcheteur choisit entre différentes offres en fonction de la valeur
qu'il perçoit en elles. La valeur résulte de la triade qllillité/service/prix : elle
S'ilccroît ilvec les deux premiers et diminue avec le prix.
Plus précisément, la \'illeur correspond au rapport entre ce que le client
obtient et ce qu'il donne. Le client bénéficie d'avmllages mais supporte des
coûts. Les anntages pell\'cn! être fonctionnels ou émotionnels. Quant au coût,
ils comprennent les dépenses, lil perte de temps et d'énergie, ainsi que le tril-
cas lié à l'achilt et il l'utilisation du produit. La \'aleur se déduit de l'équation
suivante:
Qu.e l'khange ait réellement lieu dépend de la possibilité pour les deux
p..o des'entendre sur des termes d'échange qui les laissent en meilleure
(ou. en tout cas, pas moins bonne) position qu'avant. Ainsi peut-on définir
ra:r.ange comme un processus créateur de valeur.
[)eu.....: parties échangent lorsqu'elles négocient en \'ue d'un accord. Si un
.!IttOrd înter••. ient, on dira qu'une /ran$l/c/iol1 a eu lieu. A donne X à B ct reçoit
y en retour. Dupont vend il Durand un téléviseur pour la somme de
30J euros. Il s'agit ici d'une Iral/sne/ioll lIIoJ/é/aÎre. Mais toutes les trans.,ctions
ne le sont pas. Dans un troc, on échange certains biens contre d'autres,
par exemple lorsqu'un électricien répare J'installation d'un médecin qui l'a
examiné.
Une transaction comporte différents éléments: deux choses de valeur, ct un
clC'COrà sur les termes, le moment et le lieu de l'échange. En général, un sys-
tème rêglementaire (le droit des contrats) encadre les trans.,ctions afin de limi-
ter les conflits.
Une transaction diffère d'tm tnmsjcr/ pour lequel il n'y a pas de contrepar-
tie. Les dons et les sub\'entions sont des transferts. Même s'il n'y a pas tran-
saction, il y a quand même échange car le don ou le cadeau s'accompagnent
en général d'un sentiment de gratitude ou de reconnaissance de la part de
celui qui reçoit. Le marketing a élargi son spectre d'étude afin de s'intéresser
également il cette forme d'échange.
A un niveall plus général, le respons.îble marketing attend de son parte-
naire dans l'échange une répo1lse compor/l'U!C1Jlnle : un achat, dans le cas d'une
entreprise; Ull vote, pour un candidat; une pratique régulière, pour une
congrégation religieuse; et un soutien passionné, pour une organis.îtiOl\ cari-
tative. Le marketing englobe toutes les actions entreprises pour obtenir les
réponses souhaitées.
Un professionnel du marketing désireux de mener à bien un échange étu-
die en détail les attentes de l'autre partie. On peut représenter une situation
d'é<hange limitée à deux parties en explicitant leurs attentes et leurs offres.
Supposons que la société Renault Trucks souhaite accroître ses \'entes de
bennes allx entreprises de travaux publics. Elle étudie les besoins correspon-
dant à un prospect type. Ils sont indiqllés dans la partie supérieure de la
figure 1.3. Le prospect souhaite un équipement fiable et maniable sur route et
sur les chantiers, un prix raisonnable, des délais respectés, un plan de finan-
cement adéquat et un service après-vente attentif. De tels souhnÎls n'ont pas
forcément tous la même importance et peuvent varier d'un client il un autre.
Renault Trucks doit alors déterminer le poids relatif de chncun de ces facteurs.
En même temps, Renault Trucks a ses propres exigenc(.'S,également identi-
fiées sur la figure 1.3. La société préfère des tarifs qui lui assurent une bonne
rentabilité, un p..,iement rapide et un bouche-a--oreille favorable. Si les deux
listes ont suffisamment de points de convergence, une transaction devient
possible. Lî tâche de l'entreprise consiste à définir une offre de nature li pous-
ser le prospect à acheter le matériel offert. Si le prospect fait une contrc·
proposition, il s'ensuit lm processus de Il!!gocilltioll qui débouche soit sur une
transaction acceptable par les deux partit.'S, soit sur un constat de désaccord.
1 Tanfs renlables
2. Paiemenlrapide
3 Bouch~reille favorable
j) La chaine d'approvisionnement
:~.I0t'5 que les circuits marketing relient l'entreprise n ses mnrchés, la chnine
d'appro\'isionnement englobe tout ce qui est nécessnire nu produit fini \'endu
.! Yacheteur final, des matières premières et composants jusqu'à la \'ente. Ainsi,
dans le caS de la maroquinerie pour femmes, la chaine d'approvisionnement
comprend les peaux, le tannage, la coupe, ln production et ln distribution. Elle
constitue un ~y~tèllle de gestiOlI de va/cur, où nombre d'entreprises occupent cha-
rune un rôle, correspondnnt il un pourcentage de ln vnleur totale. Lorsqu'il y a
intégration en amont, en aval ou horizontnle, les pourcentnges se modifient.
k) La concurrence
FIGURE 1.4
la vision radar
de la concurrence:
le cas de
la sidérurgie
'Bethle~!rrningn<1m
.""
• Adéri~ intégrées japomises
• t\ciénes intégrées Co<éennes
1) L'environnement marketing
La concurrence ne représente que l'une des forces agissant dans l'environne-
ment de l'entreprise. JI faut en réalité distinguer l'envirol1nement du secteur
d'activité etlc IIIl1crocnvirolllremelit.
L'environnement du secteur d'activité comprend tous les acteurs impliqués
dans la production, la distribution, et la promotion de l'offre. Il s'agit de l'en-
treprise, des fournisseurs, des distributeurs, des concurrents et des clients.
Parmi les fournisseurs, on trouve ceux qui approvisionnent l'entreprise en
produits mais aussi en sen'ices (sociétés d'études de marché, agences de com·
munication, banques et assurances, transporteurs et opérateurs de télécom-
munications). Parmi les distributeurs, on trouve les revendeurs, les agents, les
détaillants, les courtiers, les vendeurs et tous ceux qui sont en relation corn·
merciale avec les clients.
Le macroerwironnement comporte six dimensions: la démographie, l'éco-
nomie, les ressources naturelles, la technologie, la socio-culture et le contexte
politico-Iégal. Toutes ces forces peuvent avoir un impact majeur sur le secteur
d'activité, aussi doit-on déceler loute tendance significative et ajuster la stra-
tégie marketing en conséquence.
FIGURE 1.5
les 4 composantes
Mix marketing du mix marketing
Pmdu"
Qualité ~~~"np"" [Drstnbution]
C",,<é"'''qu'' (an"u< "
el optionS àr~t"butlOrl
Style Zone de
~.·1.,uque Marchklble chatandlse
Condluonnemelll PoIntSde vente
Tailles Stocks et
Garantie enrrep6ts
Service de
après vente Prix
Tarif
Promotion
[Communication)
As~~;~::
Moycn~
Remise PuIJIICllé
Rabais Force c:Ievenle
Conditions Prom()(!on des vemes
de paiement Relations publiques
COnditions M:lrketing direct
de crédit
FIGURE 1.6
"F:: I-~I
1 la stratêgiedu mil(
marketing
r-I 1
" I:JI"
MJI de roflre "
f' ~.,m",';J'--,-,
El'llreprise Preo:Uts
services Force de Cir~its. ConsommaleOO
':~
À noter que les 4 P correspondent il l'optique du fabricant face il son mar-
ché. Du point de vue dc l'acheteur, toute action marketing doit se traduire par
un avantage client. Lauternborn a suggéré les équivalences suivantes qu'il
appelle les 4 C16:
Les4 P Les4C
PrOf/uif Client
Prix Coût
Mise en pince Commodité
Promotioll Communication
Les entreprises perform<lntes sont celles qui satisfont les besoins et désirs
des clients de façon économique et pratique ct il l'aide d'une communication
efficacc.
L'AI rAII\I: IJ[ 1.,\ DIO.\I.\:I:. En j\lin 1999, les ventes de poulets puis de l'ümdc de bœuf ct
de porc ont dît être interdites en Belgique pendant plusieurs semaines. On ill'ait dé<::ou-
verl de la dioxine d;ms ces aliments. Dans un souci de rentabilité, les farines animales
uliliS<.\cs dans l'alimentation avaient été fabriqu&.-s avec dt'S résidus contaminés.Plu-
sieurs consommateurs furt'llt intoxiqués tandis que beaucoup d'autn.'S dt~idaient de
s'approvisionner dans les pays voisins.
ART(. ,,"Laissez-vous déranger" est notre slogan. Nous n'avons pas l'intention de
suivre les suggestions de M. Audimat ct Mme Part de Marché. Même si un toul petit
nombre de télés!X,<:lateurs décide de l1."gardcr un opéra à 20 h 4lJ, nous aurons gagné,,,
Un mois après, le nombre d'auditeurs n'avait toujours pliS atteint le million ct le temps
moyen d'écoute était de ... 2 minutes!
Il s'agit donc de vendre le plus possible <lU plus gr<lnd nombre de clients
possibles. sans forc..!menl sc préoccuper de ['utilité réelle du produit pour les
<lcheteurs et donc des ch,lIlces de les fidéliser. Appliquée ft ['extrême, celte
optique peul donc provoquer des insatisfi1ctions après la consomm<ltion du
produit ou du service.
L'optique venle cst fréquemment employée pOlIT les produits non sou-
haités par les consommateurs comme les polices d'assurance ou les encyclo-
pédies. Elle se rencontre également dans les org.1nisations fi but non lucratif.
Un exemple courant (.'Stle parti politique fi la recherche de suffr.1ges pour son
candidat. Le candidat ct ses supporters font campagne dans les circonscrip-
tions électorales dès l'aube jusque tard dans la nuit. serrant des mains,
embrassant des enfants, se promenant sur les m<lrchés, et lançant des for-
mules fi effet. Des sommes importantes sont dépens~es en publicité, affiches,
tracts, etc. Toute f.1iblesse du candidat est minimisée ct même dissimulée, car
l'objectif est de remporter la vente. Une fois vainqueur, le nouvel élu continue
il adopter l'optique vente dans ses rapports avec les citoyens: on ne mesure
guère ce que le public désire mais on multiplie les efforts destinés fi lui f"ire
accepter la politique choisiel9.
La plupart des firmes qui adoptent l'optique vente sont en situation de sur-
capacité. Leur but est de ve!ndre!ce ql/'efles IlToouismt Fllltôt que de produire ce
ql/'efles pollrrail'llt wI/d,... Dans un marché dominé par les acheteurs tel que
nous le conn.1issons d"ns une économie moderne, le problème majeur est de
trouyer des clients. Ccux-ci sont donc bombardés de mess<lges publicitaires de
toutes sortes les incitant fi acheter. Il est, dans ces conditions, peu surprenmlt
que le marketing soit souvent assimilé fi la publicité et il la \'ente.
L'optique vente comporte n<lturellement un certain nombre de risques, sur·
tout celui de détruire le marché, le \'endeur ne trouvant plus de client qui lui
"ccorde sa confiance. Pour que l'optique vente puisse réussir sur une période
de temps prolongée, il faudrait que: 1) les clients ÎnsMÎsfaits oublient vile leur
mécontentement ou le rationalisent; 2) qu'ils soient peu enclins fi parler de
leur mésaventure aux autres; et 3) qu'il y ait sur le marché un tel nombre de
clients potentiels que l'entreprise ne dépende pas d'achats répétés. Ces hypo-
thèses se vérifient rarement. En f<lit, une étude a montré que les clients m(>(on·
tents en parlent à au moins dix personnes de leur entourage; sur Internet, ce
type d'informations circule encore plus vÎIe et plus largement2o.
~Ulll'optique marketing
L'optique marketing, qui a émergé dans les annL'eS 1950, se préoccupe a\'ant
tout des clients en cherchant fi analyser leurs souhaits et fi }' répondre. Face il
l'optique vente qui «ch<lsse» le client, il s'agit ici de "culti\'er» la relation avec
lui. On ne cherche pas il identifier les bons clients pour son produit, mais les
bons produits pour ses clients. L'approche des relations d'échange est donc
radic<llement différente des trois optiques précédentcs2L :
L'optique marketing considêre que, pour réussir, une entreprise doit, plus efficacement
que la concurrence, crêer, dêlivrer et communiquer de la valeur auprès des clients qu'elle
a choisi de servir.
Certains slogans représentent, parfois de façon lapidaire, cette idée :
"Satisfaire des besoins de façon rentable."
"Trouvez des besoins et ser.'ez-Ies."
"Aimez le client, pas le produit."
"Nous fabriquons du sourire" (ACCOT).
••VouS êtes le patron» (United Airlines).
(,Créer ce qui vous change \<1vic» (Vivendi).
Theodore Levitt, professeur il Harvard, a exprimé de belle manière le
contr<1ste entre vente et marketing:
Ln "CIII<' SI.~cOJlcmtresur It'Sb,'SOillSdl/l'Cl/d,'lIr; le IImrketillg SM CCliX dt' l'ilchetmr.
U/ velite 5,' préoccupe dt' cO/malir le pmduit du vmdeur l'II IIrsmt liquid,'; li' I/Il1r-
kt'til/g, Ik SII/isfllin' ks Ilésirs du cI/mt à l'ilide d/l pf/xll/i! c/lk !au! C(~qlli t'sI asso-
cù;àsacddliol1,sndistrill/lliol/,I'lfil1l1ll'lI1mlsncoI1S0/ll/llntiol/22.
Benéfices
Ueude Produits de Vente et tirés du
production rentreprise promotion
,ol'm'd,""" /
B. L'optique marketing
Bénélicestirés
Marché<ible Besoins et
désirs du client
Marketing
coordonnê de la sati~faction
d,,,,,,,, V
~ /
a) Un choix de marché
Aucune entreprise ne peut inten'enir sur
tous les marchés ni chercher à satisfaire tout
le monde. L'optique mnrketing suppose un
réel effort de ciblage, de nature à orienter
l'ensemble des activités de 1" firme:
Pat exemple, si le besoin exprimé est une voiture bon marché, le besoin réel
?=".J! correspondre fi une voiture peu coûteuse fi l'usage (ct non pas seulement
.! rachat) et le besoin latent fi un service de qualité de la pilrl du concession-
naire; un système de guidage électronique peut faire partie des besoins rêvés,
tandis que le désir d'être perçu comme un acheteur malin et averti par ses
a..ïUs relè\·e d'lm besoin profond.
Une difficulté majeure du marketing réside dans le fait que de nombreux
consommateurs ne savent pas ce qu'ils a!tendent d·un produit, surtout lors·
qu'il est très no\'ateur. Les consommateurs ne sa\'aient pas grand chose des
;:élêphones portables lorsque ceux-ci ont été lancés. Ils étaient en situation
d'apprentissage, Ce sont les entreprises qui ont structuré leurs attentes et leurs
perceptions il tra\·ers les produits proposés et les politiques marketing <ldop-
rées. Comme l'indique Carpentcr, "répondre aux besoins des clients ne suffit
plus; il faut les aider fi 5."l\'oir ce qu'ils souhaitent ",n. A fortiori, concentrer 5{.'S
efforts sur les besoins exprimés peut s'avérer improductif. On propose de
façon précipitée une solution alors qu'on n'a pas encore compris le problème.
Il faut en fait distinguer trois formes de marketing: le lIIarke/iug réac/if, le
nurk<'lillg Il/1ticipa/if, et le IIInrkdillg créa/if. Le marketing réactif consiste fi. iden-
tifier un besoin exprimé et fi le s<ltisfaire. Le marketing anticipntif se préoc-
cupe de ce dont le dient pourrait 11\'oir besoin dans un avenir proche. Le
marketing créatif imagine et met en place dl'S solutions auxquelles le client
n'a\·ait pas songé mais qu'il plébiscite. Hamel et Prahalad pensent que k'S
entreprises ne doivent pas se contenter de demander <lUXconsommateurs cc
qu'ils \'eulent. ScIon eux:
• Les die/Ils fi/lll rarcmcul l'n'uve d'imagillalioll. Combiell d'filin' 110l/S ollraÎ!ml, il
ya quil/:w ailS, exprimé I/JI dl~ir llOllr IIIIItlépl:OIlC 1II0bift>, 1/11fil.\", Ime photoc()piI'IfSl.'
li dom ici/l', III/ kctellr de CD, III/ ordillatcllr ('mlHlrtj/lé de lIavisnlll/ll nulommû!;:, 01/
biclll'lIcorelllll'alllelll1el'arnbo/iqllt'perslJ/lllelle?24"
FORI) a rtXl'mml'tll ch.1ngé son upliqu(' t'Il fa\'eur d'une \·éritable orient.ltion \·ers les
d!l'nts. Son r<lpport annuel de 1999 soulignait que œlte <lpproche exige un effort perma-
nent ; l'entreprise "doit écouter st.'S clients, trouver des moyens de répondrl' il leurs
rn.'S()insct <lnalyscr en permanence dans quelle mesure t'Ile palvient il Il's s,1tisfairc". Elle
souhaite f.l;ll.'ellsorteque lesdients «<lil'nl confiance en l'enlrl'prisc, <liment ses marqul'S
l'I adoll..'nl SI..'5pl\.'Stalions de SCT\·kc •..Ford a rcncontn.; certail1l's difficultés d<lns l<lmisc
Cil œm·re de cette stratégit" notiltnmcnl la né<l>5sité de rl'n\'oyer en usine certains
tlIodèll's ct kt rupturl' aVl'C son fournisscur de pneus Firl'stonc en 2001, mais l'Ill' tl1ain-
tit'nt Iccap!7.
Pourquoi est-il si import(lnt de satisfaire les clients \'isés? PMce que les
clients satisbits sont il la base du développement du marché. Les ventes de l'en-
treprise dépendent en effet, il tout moment de deux groupes: les nOUVe<lUX
c) Un marketing coordonné
Les salariés d'tme entreprise ne se sentent pas toujours au service du client.
Un ingénieur se plaint souvent des «exigences coùteuses de la clientele qui
désorganisent la production ». Un financier juge k'S coûts de stockage d'une
trop grande variété de produits «excessifs». Un ncheteur redoute les" petites
commandes» qui, pour salÎsfnire une demnnde d'urgence, l'empêchent de
bénéficier de conditions favornbles. Pour être efficnces, les efforts mnrketing
doivent donc être coordonnés nu niveau de l'ensemble de l'entreprise. Ce
n'cst pas toujours le cas.
Ainsi, le directeur marketing d'une compagnie aérienne européenne sou-
h:litait accroître S<l part de trafic. Sa stratégie consist<lit à accroître la satisfac-
tion en améliorant le service il bord, en élargiss ... mt les sièges et en baissant les
prix. Pourtant il n'a\'ait pas autorité sur ces sujets. C'est le sen'ice de catering
qui choisiss<lit les repas; le service de maintenance qui s'occupait du
nettoyilge; le service du personnel qui recrutait les hôtesses et le service
finance qui élabor.lit les tarifs. Du fait que chacun de ces sen'ices cherchait il
optimiser ses propres coùts, le directeur marketing ne pouvait mettre en place
de plan d'action milrketing intégré.
La coordination s'opère li deux niveaux. Elle concerne d'abord l'harmoni-
$..1tion des différentes variables d'action commerciale: force de vente, publi-
cité, opérations promotionnelles, etc. Toutes ces activités doivent refléter une
même stratégie définie il partir des besoins des clients.
À un second nÎ\'eau, le marketing doit s'intégrer nux autres sen'ices de l'en-
treprise. En fait, l'esprit milrketing doit se diffuser à l'ensemble du personnel
depuis la standardiste jusqu'au président. Chez Xerox, toutes les définitions de
fonction (plus de 4000) expliquent en quoi ch<lque poste affecte la clientèle. De
cette façon, la mission du dép<lrtement marketing est nutant interne qu'externe.
Alors que le /1Inrkdillg ex/cme s'occllpe des marchés extérieurs il l'entre-
prise, le II/nrJù'lillg illieme prend en charge le r<."Crlltcment, la formation ct la
~t:Ol"l de ceux qui ont pour charge de servir les consommateurs. En fait,
~=a.!kf'ting doit être interne avant d'être externe. Il ne sert fi rien de faire des
~ que l'on ne peut tenir.
E.."loutre, le manager qui considère le client comme le seul véritable
.•~ de profit., de l'entreprise rejette l'organisation traditionnelle - repré-
~ il: la. figure 1.8 a au profit de la "pyramide inversée», illustrée fi la
~ l.sb. C'est alors le client et non le patron qui est au sommet de la pyra-
=X.a Viennent ensuite les «combattants du front», c'est-a-dire tous ceux qui
sxc a.u contact direct du client. Suit le personnel d'encadrement: chefs de
~, responsables de bureau, et enfin les managers qui doivent motiver
!Esoores. Nous avons ajouté les clients des deux côtés de la pyramide pour
~er que toute l'entreprise est, en définitive, au service de la clientèle.
Visions
traditionnelle
7(f et moderne
de l'entreprise
d) la rentabilité
l'activité marketing ne constitue pas une fin en soi mais sert les objectifs d'une
organisation, Pour une entreprise privée, l'objectif poursuivi est généralement
li? profil; dans le cas d'une association ou d'une administration, ce peut être
rîntérét général ou le service public, Dans l'optique marketing, le profil est la
résultante de la satisfaction du client. Certaim."Sentreprises l'ont remarquable-
ment compris. Considérons le cas suivant:
EH". Quoi de plus banalisé que J'cau plate? Avec 1,5 milliard de litres vendus
ciuque année dans le monde (deux fois plus qu'il y a quinzeaflS), Evian est devenue la
~m!mière marque mondiale d'eau minérale. Alors que la marge opérationnelle
moyenne du Groupe Danone, auquel Evian appartient, est d'environ 9 %, celle d'Evian
b:, selon les analystes financiers, deux fois supérieure. Comment Monseigneur Cachat,
"ropriétaire d'une fontaine située sur la commune d'Evian ct connue dès le Hl" siècle
?our ses effets bienfaisants, aurait-il pu imaginer un tcl essor? À l'époque de son rachat
par BSN, Evüm est une entreprise provinciale vivant sur une rente de situation: le mar-
ché des bébés. 500 millions de litres sont alors vendus exclusivement en pharmacie.
,.I.Jltoine Riboud en fera un produit de grande consommation avcc un chiffre d'affaifl's
estimo1 aujourd'hui à 480 millions d'euros. Derrière ce phénoménal succês, un marke-
ting exemplaire, reposant sur deux piliers: l'innovation IEvian a été la première
marque à remplacer le \'errc par le rvc (1%9), puis li lancer le conditionnement d'I,S 1
(19ïS), les petits formats de SOct 33 cl (1982), le bouchon fi vis (1984), la poignée sur les
packs (l988), la bouteille compactable (1995) ('\ enfin le code-barre di!tachable des
paquets (2001)11:1 la commlllllcation (grâce à ses nombreu$(.'S campagnes centrêl'S sur
la pureti! ct la lêgèreté, Evii\n est de\'enue l'une dl's vingt lllarques mondiales les plus
connues):!9.
À l'épreuve des f:lits, une entreprise convertie <lU marketing rencontre trois
L--cueits sur sa route I) la résistanœ organisée; 2) la lenteur de l'apprentis-
sage; et 3) b rapidité de l'oubli.
la résistance organisée. Lorsqu'une entreprise développe son infrastructure
Illarketing, les <lutres départements ré:lgissent. Les financiers aLlssi bien que
les insënieurs considerent sou\'enllc marketing comme une menace pour leur
st:ltut et leur pouvoir dans l'entreprise.
Le caractère expansionniste du marketing se trouve illustre a la figure 1.9.
Au début, ln fonction commercinlc est envisagée comme l'une des quatre prin-
cip.1les fonctions contribuant, ,'1 part egaie, il l'équilibre globnl de J'entreprise
(fig. 1.9 a). Une insuffisnnce de demande conduit les respons.lblt.-s mnrketing a
considérer que leur fonction est plus importante que les <lutTes (fig. 1.9 b). Cer-
tains, emportés par leur enthousiasme, voient meme en lui la fonction primor-
diale de l'entreprise, puisque ce sont les clients qui pcrmetteht a cette dernière
d'exister. Le marketing de\'Îenl alors, scion eux, le noyau d'activité de la firme,
toutes les autres fonctions gra\'itant <lutour de lui (fig. 1.9 c). Le directeur du
marketing doit alors expliquer qu'en fait, c'est le client et non le marketing, qui
est au centre de l'affnire (fig. 1.9 d), Il prône ainsi une philosophie d'action qui
fait de b valeur créée pour b clientèle l'objectif suprême de J'activité manage-
riale. Enfin, certains soutiennent qu'afin d'interpreter corn ..'Ctemcnt et de salis-
faire efficacement les besoins des clients, le marketing doit occuper une place
privilégiée (fig. 1.9 e). Leur argumentation est résumLoC d,ms l'encadre 1.4.
FIGURE 1.9
L'êvolution
des conceptions
relatives au rôle
du marketing
dans l'entreprise
3, C'eslenoffrilntdl'sproduilsct serl'Îcesà la
hauteur de sl's promesses que l'entrl'prise
peut attirer et consen'erS.1 dientè!e.
-1. Ll mission du marketll1g consiste li définir
des promesses appropriées ct à filire en sorte
que lesdients soient sahsfaits.
L'argumentation tient en six poinls: 5. La S<llisfaction du citent dépt'lld cependant
aussi de ln performanccdesaulrcsserviccsdc
1. L1 \'aleur de la firme est subordonnée a l'cntreprise.
l'existence d'une clientèle. 6. 11 est donc nnturc1 que Il' marketing
2. L'objectif prioritilire de l'entreprise eSI influence ou contrûle Cl'S scn'iœs afin d'assu-
donc d'obtenir et de conser"l'f des dil'nts. rer la s,ltisfaction de la dientêle.
En même temps, le marketing se heurte toujours à une hostilité dans cer-
tains secteurs, notamment l'industrie lourde, la santé ou les services cultu-
rels. Dans l'audiovisuel par exemple, on se méfie du marketing fi qui l'on
reproche de tout mercantiliser et soumettre à la "tyrannie des sondages ",
même si on le pratique parfois sans le dire (voir encadré 1.5). Pour certains,
seule la fonction de création est noble, sa commercialisation ne pouvant être
qu'avilissante.
FIGURE 1.10
L'optique client
--c,-,oo-,----'''-o-'n-' ---Ma-'k"-,-ng---C-'O-iSsa-,,,-.-/
individuel el valeurs individualise rentable gri'lce
du client {one-to-one] il une part
el chaine accrue du client.
de valeur a la fidélisation
eta la valeur
àvie
LES F"sT-FoODS. Ils satisfont les désirs dl'S consommateurs pour une nourriluu'
rapide ct bon marché mais propoSt.'nt des produits gras et, pour les frites, riches en
féculents. En oulre, le hamburger est d'abord enveloppé dans un papier-tissu, puis
placé dans une boite en carton dcstinél' il Il' garder au chaud. Tout ccla a pour consé-
quence un énorme gaspillage de papier el d'argenl pour le client. En répondanl aux
désirs des consomlllaieurs, ces Tf..'Stnur;J.nts
ne f;l\'oriscnt ni !l'ur santé, ni le rl'Spt'ct dl'
l'el1\'ironnCl11l'nt.
Hom' 51101'. En 1976, Anita Roddick a ouvert son premier magasin à Brighton, en
Angleterre. Elle en gère aujourd'hui plus de 1500 dans 47 pays. Son entreprise fabrique
et commercialise des cosmétiques à base de produits ni1turels, conditionn~ dans des
emballages rccyclables. Tous 1L"S produits sont éli1borés sans tests animi1liers et un
poun::entage des recettes est versé à dl'S organisations caritatives. Beaucoup de clients
se rendent chez Body Shop parce qu'ils souticnnent, de même que les employés, les
objectifs sociétaux de l'entreprise .••Je pense, dit Roddick, qu'il est trL'Simportant que
mon entreprise ne se limite pas à la re<herche de meilleurs produits mais sc sente
concerné{' par l'ell\'ironnement et la société d.;ms laquelle nOlis \'i\'ons32". Même si
aujourd'hui ses bénéfices se sont rloduits, Anita Roddick tient bon l'fi expliquant que
"toute société qui va 11 contre-courant de l'establishment doit se préparer à faire f<lceà
des situ"tions extrêmes ".
Une société comme Body Shop pratique ce que l'on peut appeler le lIIarke-
Cill/se. Pringle el Thomson le définissent comme une" activité par
tillg d'I/lle
laquelle, fi tra\'ers une image, un produit ou un service, une entreprise sert
une ou plusieurs causes en vue d'un éch<'lngemutuellement satisfaisant33.» Ils
considèrent celte forme de marketing comme lIne ch<'lncepour l'entreprise
d'améliorer sa réput<'ltion,S<'lnotoriété, la fidélité de ses dients, les ventes d I.:l
COU\'erturede presse. Ils pensent que le marché accorde de plus en plus d'im-
portance à l'image de «bon citoyen» d'une entreprise. Les firmes qui le com-
prennent se dotent d'une identité supérieure qui va au-delà des promesses
fonctionnelles ct émotionnelles.
On peut dire avcc certitude que «le marché n'est plus ce qu'il était ". 11 é\'olue
désormais rapidement sous l'effet du progrès technologique, de la globalisa-
tion ct de la dérégulation. Une telle évolution est riche d'implications:
• Les clien/s s'attend.:nt à des produits et services de plus cn plus performants
et personnalisés. Ils voient de moins Cil moins de différences dans l'offre ct
leur fidéhté s'e((rilc. Grâce à Internet, ils peu\'ent obtenir beaucoup d'infor-
mations sur les projets qui les intéressent et donc "acheter m.1lin". Jls sont
enfin de plus en plus sensibles au r<lpport qualité/prix.
• Les f(/lIriCilIlI$ sont soumis fi une concurrence extrêmement vive entre
nwrques, qui a pour effet d'accroître les dépenses en communication et de
réduire les marges. Ils sont en outrc confrontés il des distributeurs de plus en
plus puissilnts qui contrôlent l'espace de vente et promeuvent activement
leurs propres marques.
• Les danillnll/s sou((rent de la 5.1turation de l'appareil commercial. Les petits
détaillants sont étouffés par les grandes surfac<.'S, spécialisées ou Ilon. Les
magasins subissent la concurrence des catalogues, de la \'enle directe, du
téléachat et du commerce électronique. De ce fait, leurs marges s'amenuisent.
En ré.1ction, les détaillants les plus dynamiques comme Extrapole ou la Fnac
enrichissent l'atmosphère de leurs points de vente en )' ajoutant cilfé, restilu-
rants, conférences et autres "êvénements".lls ne proposent plus seulement
un ilssortiment rllilis une" expérience ,.
Tous ces thèmes seront développés tout au long de ce li\'re afin d'aider les
entreprises il naviguer dans les eaux turbulentes mais prometteuses de ce
nouveau millénaire. Les entreprises performantes seront celles qui feront évo-
luer leur marketing aussi rapidement que le marché.
Résumé
l, L'entreprisc esl aujourd'hui confrontœ fi un triple défi. la globalisation, le pro-
grès teclmologique ct 1<1déréglementation,
Le marketing consiste il créer, promouvoir et distribuer des biens et services de
\'aleur pour autrui. Il peut prendre de nombrellses formes: entrepreneurial,
codifié ou intrapreneurial. Et il peut concerner de nombreuses entités: biens,
scn'ices, expériences. événements, personnes, endroits, propriétés, org;'IIlÎsa-
lions, informations ct idées,
3. Le marketing a pour rôle de réguler lil demande, c'est-il-dire d'inOuencer son
nh'eau, son moment d'expression ct sa structure. Pour}' p.1rvenir, un respon-
5<1blemarketing est amené fi prendre de nombreuses décisions qui concernent
dh'ers types de marché (les consommateurs, les industriels, les marchés étran-
gers et les institutionnels).
~, Sur chaque marché-cible, l'entreprise propose une offre positionnée autour de
bénéfices offerts aux clients. Le marketing s'efforce de comprendre les besoins,
dêsirs el exigences de la demande, C'est la valeur perçue et la siltisfaction
engendrée qui témoigneront de son succès. Sous le nom de marché, on désigne
divers types de configurations: marchés physiques, espaces virtuels ct méta-
marchés,
5. L'échange implique l'obtention d'un produit par quelqu'un qui offre quelque
chose en retour. Une trans.1ction est un échange de valeurs entre deux ou plu-
sieurs parties, Elle implique au moins deux éléments de valeur et un accord sur
les conditions, le moment et le lieu de l'échange, Au sens le plus générique, le
marketing s'efforce d'obtenir une réponse comportementale: un achat. un vote,
unc participation ilctivc, l'adoption d'une cause.
6, Le marketing relationnel a pour bul d'établir des relations de long terme
mutuellement satisfaisantes entre les principaux acteurs d'un marché - clients,
fournisseurs, distributeurs - afin d'engendrer et de conserver la préférence
commerciale. Le but ultime est d'aboutir il un réseau, véritilble actif de l'entre-
prise,
7. Le marketing atteint ses marchés 11travers difiérenls circuits - de distribution,
de communication et de service. II opère dans un Sl'<.:leur d'activité et dans un
macrQenvironncment. Il est confronté fi une concurrence actuelle cl potentielle,
L'ensemble des outils dont il dispose pour obtenir du marché les réponses sou-
haitées constitue le mix marketing.
8. II existe six orientations possibles pour une entreprise dans la gestion de ses
acth'itlos l'optique production, l'optique produit, l'optique \'enle, l'optique
marketing, l'optique client ct l'optique du marketing sociétal. Les trois pre-
mières sont d'une utilité relativement limitée aujourd'hui. L'optique marketing
soutient que la clé de la réussite réside dans l'identification et la 5<.ltisfaction des
besoins et désirs du marché, de façon plus efficace que la concurrence. Elle
s'appuie sur une démarche en quatre temps; choix de la cibl(', détection de ses
besoins, coordination de toutes les activités ayant un impact sur le client et
recherche de la rentabilité il travers la satisfaction du client. L'optique client
traite les besoins individuels de chaque client dans l'objCi:tif de favoriser 5<.1
fidélité et de capitalisèr sur sa valeur il vic.
9. L'optique du marketing sociétal soutient que le rôle d'une entreprise est de
déterminer et de satisfaire les besoins, désirs ct intérêts du marché-cible plus
efficacement que la concurrence mais de le faire d'une manière qui améliore le
bien·être du consommateur et de la société dans son ensemble. Cc concept vise
il trouver un juste équilibre entre la rentabilité, la satisfaction du client et l'inté-
rêtgénéral.
Notes
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II/risl, oct. 1984, pp. 7-13; Patrick Hetzel. Planète
modèles rationalis.1teurs du marketing .. pp. S!-
COI'SO; markelillgexlliriclIlÎll eluOIwmux Imit>eTSIle
90; et Jean-P.lOl Flipo,,, Pou\'oir ct Marke~
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revisité», pp. 112-127.
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du managrmelll (paris: Villllge Mondilll, 1999). pllbilities of Markl'i·Driven Organizations~, I~
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nett (Chicllgo: American Marketing Association, gerilll AlIprOllch. 9" édition (Homewood, !TI. _
1995). Richard D. [Min, Inc. 1981), p. 39 (1'" édit. 1~
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in the /"o,'larketspacc ", Harvard Bllsincss Revil'u'. Fre}' propose de regrouper tous les éléments 6:
nov-<lé<:. 1994, pp. 141-50. Voir aussi" Exploring mllTkcting 1Hix en deux catégories: 1) /'o!frt (Ir
the Virtual Value Chain .•, Harva"/. BlIsiJ/css produit, l'emballage, la m.uque, le prix et le ;;e-
Revic!!', nov-déc. 1995, pp. 75-85. vicc) et 2) les mélhodfs t:llt>elmiql/Cs (Cllnam de ~
-=b::::ion. la force dl' \'l'Illl', la publicih.>, la pro- 22. ledit, op. cil., p. SO.
P-""C:icn des \'enll'S, \los rl'lalions publiqul's). Voir 23. Propos tenus lors d'une COIWCrs.1tÎOIlal'LoePhilip
.~ W, Fwy, Adf'crlising, 3" édit. (Nl'w York: Kotler. Voir nussi sur Il' sujet G. Carpenler et
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