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MINISTERE DE L’AGRICULTURE

Institut des régions chaudes

SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE

DEVELOPPER L’AUTOSUFFISANCE :
UNE VOIE POUR L’AIDE À L’AGRICULTURE FAMILIALE
PAUVRE ?

Par Luisa RAMIREZ

Spécialisation : Master Agriculture, Agronomie et Agro-alimentaire (3A)

Encadré par Mireille Dosso

Mars 2011
Tableau de contenus

Introduction................................................................................................................................... 1
1 La recherche .......................................................................................................................... 3
2 L’agriculture familiale ............................................................................................................. 8
3 L’exploitation agricole .......................................................................................................... 11
4 Les conditions et les obstacles de l’autosuffisance pour l’agriculture familiale...................... 13
4.1 Ressources naturelles et le climat ................................................................................. 15
4.1.1 Conditions : accès aux ressources et compréhension du milieu ............................. 15
4.1.2 Obstacles .............................................................................................................. 16
4.2 Science et technologie .................................................................................................. 16
4.2.1 Conditions : développement participative de techniques adaptées ....................... 16
4.2.2 Obstacles .............................................................................................................. 21
4.3 Libération du commerce et marchés............................................................................. 22
4.3.1 Conditions : insertion dans les dynamiques du marché ......................................... 22
4.3.2 Obstacles .............................................................................................................. 23
4.4 Les politiques, les institutions et les biens publics ......................................................... 24
4.4.1 Conditions : cadre institutionnel ........................................................................... 24
4.4.2 Obstacles .............................................................................................................. 25
4.5 L’information et le capital humain ................................................................................ 25
4.5.1 Conditions : accès à l’information et a l’éducation ................................................ 25
4.5.2 Obstacles .............................................................................................................. 26
5 Quelques exemples des pratiques autosuffisantes ............................................................... 26
5.1.1 Fermes intégrales autosuffisantes en Amérique Latine ......................................... 26
5.1.2 Zero Budget Natural Farming ................................................................................ 27
6 Conclusions .......................................................................................................................... 30
Bibliographie................................................................................................................................ 31
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

Introduction
Ce document constitue une synthèse bibliographique demandée dans le cadre de la première
année du Master Agriculture, agronomie et agroalimentaire (M13A). Le sujet choisi est
l’autosuffisance des fermes familiales pauvres, dû à l’intérêt de découvrir des manières d’appuyer
l’agriculture familiale qui se trouve dans des situations les plus défavorables afin de la rendre plus
productive. En révisant la bibliographie on peut constater qu’il n’existe pas un consensus par
rapport à la définition de « ferme familiale ». En plus, « l’agriculture familiale », est souvent un
terme échangeable avec « petite exploitant », « agriculture paysanne » ou « de subsistance ». Les
critères pour la caractériser sont établis dans le cadre de chaque étude, programme ou projet.
Cependant, de manière générale, on peut dire que « les fermes familiales sont des unités pilotées
dont la plupart du travail et de l’entreprise dérivent de la famille fermière » (Lipton, 2005). 1
Egalement, définir « pauvre » pose la même limitation conceptuelle ou méthodologique. Altieri
(Altieri, 2002 : 5) liste certaines caractéristiques des agriculteurs pauvres « en
ressources »2 lesquelles permettent d’avoir un cadre conceptuel :

 Propriétés insuffisantes et accès limité à la terre.


 Manque ou peu de capital.
 Peu d’opportunités de travail hors la ferme.
 Stratégies variées et complexes d’obtention de revenus.
 Systèmes d’exploitation complexes et variés en milieux fragiles.

On constate donc que les agriculteurs familiales pauvres sont soumis à des nombreux contraints.
De plus, des faits tels que les paysans du monde produisent les aliments qui nourrissent 70% de la
population mondiale (cf. § 2. L’agriculture familiale) et, que pourtant ils constituent la majorité des
pauvres de la planète, créent un spécial intérêt pour chercher des mécanismes d’aide à
l’agriculture familiale. « Les petits exploitants agricoles produisent l’essentiel des denrées
alimentaires dans les pays en développement. Cependant, d’une manière générale, ils sont
beaucoup plus pauvres que le reste de la population et leur sécurité alimentaire est plus précaire
que celle des pauvres des milieux urbains. Par ailleurs, bien que les prévisions indiquent que la
majorité de la population mondiale vivra en zones urbaines à l’horizon 2030, les populations
agricoles ne seront pas beaucoup moins nombreuses qu’aujourd’hui. Par conséquent, il est
prévisible que, dans la majeure partie du monde, la lutte contre la pauvreté et la faim reviendra à
s’attaquer aux problèmes de survie des petits exploitants agricoles et de leurs familles » (Dixon &
Gulliver, 2001). En autre, tel comme indique aussi Altieri (Altieri, 2002), la plupart des agriculteurs
et de la population rurale sont pauvres, ont à gérer des importants contraints, tels que des
conditions naturelles difficiles et le manque de services publics, et ont donc besoin d’avoir accès à
des technologies adéquates :

1
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez. “Family farms are operated units that derive most labor and enterprise from
the farm family.”
2
Idem. “Characteristics of poor smallholders: Meager holdings or access to land; Little or no capital; Few off-farm
employment opportunities; Income strategies are varied and complex; Complex and diverse farming systems in fragile
environments.”

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

« Although estimates of the number and location of resource-poor farmers vary considerably, it is
estimated that about 1.9–2.2 billion people remain directly or indirectly untouched by modern
agricultural technology (Pretty, 1995). In Latin America, the rural population is projected to remain
stable at 125 million until the year 2000, but over 61% of this population are poor and are expected
to increase. The projections for Africa are even more dramatic. The majority of the world’s rural
poor (about 370 million of the poorest) live in areas that are resource-poor, highly heterogeneous
and risk-prone. Despite the increasing industrialization of agriculture, the great majority of the
farmers are peasants, or small producers, who still farm the valleys and slopes of rural landscapes
with traditional and subsistence methods. Their agricultural systems are small-scale, complex and
diverse, and peasants are confronted to many constraints. The worst poverty is often located in
arid or semiarid zones, and in mountains and hills that are ecologically vulnerable (Conway, 1997).
These areas are remote from services and roads and agricultural productivity is often low on a crop
by crop basis, although total farm output can be significant. Such resource-poor farmers and their
complex systems pose special research challenges and demand appropriate technologies (Netting,
1993) ».

Cette recherche bibliographique a été initiée en considérant l’autosuffisance comme la capacité


d’une ferme de produire ces propres intrants à travers les procès de la ferme même. Cela
représentait les avantages de diminuer les coûts des exploitations (pour ne pas avoir besoin
d’acheter des intrants), éliminer la dépendance aux industries productrices des intrants et réaliser
des pratiques plus durables (concernant l’environnement et la capacité productrice de
l’exploitation). L’autosuffisance se présentait spécialement intéressante et pertinente pour des
fermes familiales étant donné la situation précaire qui vivent la plupart des petits agriculteurs et le
rôle que ces exploitations jouent dans la sécurité alimentaire mondiale. La recherche n’a pas
permis de trouver une définition explicite de l’agriculture autosuffisante cependant, ses éléments
déterminants ont pu été identifiés : la non-utilisation d’intrants externes, la mise en place des
pratiques durables qui cherchent à reproduire des processus écologiques afin d’éliminer l’usage
d’intrants externes et garantir la durabilité des exploitations, tout en éliminant la dépendance aux
grosses corporations de l’agro-business. Sur la base de ces éléments une définition
d’autosuffisance des fermes est proposée : la maîtrise de l’utilisation durable des ressources
locales et l’élimination d’intrants externes par des exploitations agricoles pour assurer leur
fonctionnement et leur continuité dans le temps. Atteindre l’autosuffisance implique la
conception systémique façonnée à chaque ferme, tenant en compte ses caractéristiques
spécifiques (milieu humain, milieu naturel et caractéristiques techniques), ainsi que son
environnement socio-économique. L’autosuffisance se révèle alors comme une démarche
complexe qui fait face à des nombreux obstacles surtout dans le cas de l’agriculture familiale.

Ensuite, tout d’abord, la démarche de la recherche sera narrée, le contexte de l’agriculture


familiale sera expliqué et l’exploitation agricole tant que système sera décrite, pour après
identifier les conditions et les obstacles de l’autosuffisance dans le cadre de l’exploitation agricole
familiale pauvre.

Mots clés : autosuffisance, intrants, petites fermes, agroécologie.

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

1 La recherche
La recherche bibliographique a servi pour clarifier des concepts et des principes bases de
l’autosuffisance, ainsi que leurs applications à l’agriculture familiale pauvre et pour découvrir des
tendances, pratiques et techniques associées, et les perceptions que sur elle existent.

En utilisant « autosuffisance » comme mot clé de recherche en français, anglais (self-sufficiency) et


espagnol (autosuficiencia), des informations ont été trouvées sur des nombreuses tendances et
mouvements autour de l’autosuffisance alimentaire et des modes de « vie autosuffisantes ». Des
documents techniques ne ressortaient pas beaucoup, ou la thématique était plutôt
l’autosuffisance alimentaire (surtout des régions et des localités), ce qui a priori échappait à
l’objectif de cette synthèse. Cependant, les termes « low external-input technology » et
« agriculture à peu d’intrants » ont été trouvés et puis utilisés pour continuer la recherche, ainsi
que les termes liés à l’utilisation efficace, la diminution et l’optimisation des intrants. Ce sujet se
trouvait constamment dans le cadre des thèmes sur l’agriculture durable. De la même manière, les
sujets concernant les petites fermes ou fermes familiales étaient souvent liés à la durabilité de
l’agriculture, la sécurité alimentaire et à l’importance de leur rôle par rapport a ce-deux-là.

Si on cherche dans le dictionnaire on trouvera que l’autosuffisance est l’autonomie de subsistance


pour un pays, un organisme ou un individu. Egalement l’autonomie est définit comme la liberté de
comportement d'un individu ou la faculté d'agir avec indépendance. Liberté, indépendance et
subsistance sont des termes qui souvent ont des connotations politiques. Donc ce n’est pas
surprenant que la poursuite de l’autosuffisance semblerait avoir une connotation « idéologique »
ou « activiste ». Quand on fait une recherche en internet sur « l’autosuffisance » ou
« l’autosuffisance de fermes » on trouve des tendances basées sur des très fortes valeurs pour
mener une « vie autosuffisante » ou créer des communautés autosuffisantes. Ces tendances sont
liées à la production de sa propre nourriture, le recyclage et la valorisation de tous les produits
d’une exploitation (ou jardin, potager, etc.), la génération de sa propre énergie et la création des
réseaux sociaux. Elles font la promotion de l’indépendance des consommateurs par rapport aux
tendances des marchés, aux choix d’habitudes et qualité alimentaires et au pouvoir des grosses
corporations privées. Ainsi on trouve la promotion des pratiques et des techniques très spécifiques
associées à chaque tendance ou mouvement pour atteindre l’autosuffisance (cf. § 4). Ce terme
crée des controverses sur sa définition et mis en pratique. De plus, des constates sur les avantages
des pratiques associées à l’autosuffisance sont souvent plutôt empirique et/ou « émotionnelles ».
« Des familles paysannes et de petites fermes (…) sont enracinées dans le lieu où elles et leurs
ancêtres ont cultivé pendants des générations et où leurs enfants et petits enfants cultiveront
dans le futur. Cela leur donne des raisons pour garder la capacité productive de la terre et le milieu
environnant. » (La Vía Campesina, 2010)

La bibliographie scientifique traite le sujet de l’autosuffisance (et souveraineté) alimentaire dans


des régions ou pays surtout au niveau de planification publique et/ou agricole. « Autosuffisance +
fermes » comme mots de recherche n’ont pas permis de trouver des publications scientifiques
spécifiquement sur l’autosuffisance de petites fermes. La documentation scientifique a plutôt une
tendance à aborder la thématique du point de vue de l’utilisation de peu d’intrants dans les
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

exploitations agricoles. Donc, l’agriculture durable avec peu d’intrants (ADPIE) ou « low external-
input technology » et la gestion d’intrants ont résulté des points centraux de la recherche
bibliographique. « L’ADPIE est une agriculture qui fait un usage optimal des ressources naturelles
et humaines disponibles localement (sol, eau, végétation, flore et faune locales, ainsi que travail,
connaissances et savoir faire). De plus, elle est économiquement réalisable, écologiquement saine,
culturellement adaptée et socialement équitable. L’utilisation d’intrants externes n’est pas exclue
mais est considérée comme complémentaire aux ressources locales » (Reijntjes, Bayer, &
Haverkort, 1995).

Dans les deux cas expliqué ci-dessus (« activiste » et scientifique) l’autosuffisance est liée aux
tendances de l’agriculture durable : agriculture biologique, agroécologie, agriculture raisonnée,
permaculture, agriculture naturelle, éco-agriculture, entre autres. Chaque tendance offre des
controverses sur sa propre définition et ainsi sur le niveau idéal d’utilisation d’intrants externes.
Cependant, il semblerait qu’elles convergent vers certains principes écologiques (cf. § 3.2.1.2) liés
à l’imitation de la nature pour la conception des systèmes agricoles. Dans le cadre de cette
recherche on se concentrera sur l’écologie, notamment l’agroécologie, vu sa prédominance entre
la documentation scientifique, pour en tirer des fondements scientifiques qui servent à concevoir,
développer et mettre en place des systèmes de pratiques durables associées à l’autosuffisance,
spécifiquement dans le cas de l’agriculture familiale. « L’agroécologie fournit une vision et des
lignes guides pour une agriculture plus productive et diversifiée, qui est plus solide au niveau
environnemental et capable de préserver le tissu social des communautés ruraux »3 (Altieri, 2002:
9). D’ailleurs, des nombreux documents scientifiques proposent l’agroécologie comme une voie
pour améliorer et mettre en valeur les petites fermes (familiales ou paysannes). « Partout dans les
pays en voie de développement, des fermiers pauvres en ressources (environ 1.4 milliards de
personnes) sont situés dans des environnements enclins aux risques, marginaux, restant intact par
la technologie agricole moderne. Une nouvelle approche à la gestion des ressources naturelles
doit être développée pour que des nouveaux systèmes de gestion puissent être façonnés et
adaptés d'une manière spécifique aux sites fortement variables et divers, conditions agricoles qui
sont typiques de fermiers pauvres en ressource. L'agroécologie fournit la base scientifique pour
adresser la production par un agrosystème biodiverse capable de parrainer son propre
fonctionnement4» (Altieri, 2002 : 1).

Si on continue à chercher dans le dictionnaire on trouvera qu’autosuffisance et autarcie sont des


synonymes. Autarcie est l’état économique d'un pays ou d'une région qui se suffit à lui-même.
Mais, pour les exploitations agricoles l’autosuffisance diffère de l’autarcie en ce que dans le cas de

3
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez. “Agroecology provides a vision and guidelines for a more productive and
diversified agriculture, one that is environmentally sound and also capable of preserving the social fabric of rural
communities”
4
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez. “Throughout the developing world, resource-poor farmers (about 1.4 billion
people) located in risk-prone, marginal environments, remain untouched by modern agricultural technology. A new
approach to natural resource management must be developed so that new management systems can be tailored and
adapted in a site-specific way to highly variable and diverse farm conditions typical of resource-poor farmers.
Agroecology provides the scientific basis to address the production by a biodiverse agroecosystem able to sponsor its
own functioning.”

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

l’autosuffisance l’exploitation agricole est un système ouvert : certains produits sortent (par
exemple via la vente). Dans le cas de l’autarcie, le système est fermé : rien n’entre, rien ne sort.

La recherche pour cette synthèse a été réalisée principalement aux bibliothèques SupAgro de l’IRC
et de l’INRA et à travers l’internet. Deux livres principaux ont été consultés dont les contenus sont
utilisés amplement et donc ne sont pas toujours cités :
 Une agriculture pour demain. Introduction à une agriculture durable avec peu d'intrants
externes. (Reijntjes et al., 1995)
 Self-Sufficient Agriculture: Labor and Knowledge in Small-Scale Farming. (Tripp, 2006)

Dans les deux cas, une définition d’autosuffisance n’est pas explicitement donnée, ni une
description de ce qui est considérée comme « petite ferme » ou « ferme familiale ». Pour ce deux
livres le sujet traité est « l’agriculture durable à peu d’intrants externes » (ADPIE), associée à la
notion d’autosuffisance. Ces deux livres abordent différemment la thématique. D’un côté Self-
sufficient Agriculture mets l’accent sur le travail et l’information dans le développement des
technologies agricoles et propose l’étude de trois cas d’introduction des techniques ADPIE
considérés comme ayant eu du succès, pour en tirer des leçons sur des possibles actions à mener à
futur. Ce livre fait une étude pragmatique plus que promotionnelle, basée cependant sur la
conviction que les techniques ADPIE peuvent « offrir des bénéfices aux fermiers ayant peu de
ressources et que les initiatives que permettent de renforcer les compétences des paysans,
profiter mieux de leur savoir-faire et de leurs ressources, doivent être soutenues »5 (Tripp, 2006 :
17). D’un autre côté, Une agriculture pour demain est une livre promotionnel des pratiques et
techniques ADPIE et offre des explications détaillées sur les fondements écologiques, les
techniques, leur diffusion et mise en place, le rôle des chercheurs et des agents de
développement, ainsi que des exemples concrets et diverses. C’est un livre dédié aux personnes
intéressées à promouvoir et réaliser l’application de ces pratiques. « Comment les agents de
développement peuvent-ils aider les petits agriculteurs dans leurs efforts permanents pour
adapter leur agriculture aux changements de conditions ? Telle est la question principale à laquelle
nous nous efforçons de répondre dans cet ouvrage » (Reijntjes et al., 1995). Les deux livres sont
consacrés à l’ADPIE de petites exploitations en pays pauvres, mettent l’accent sur la vision
systémique de la ferme et de l’ADPIE même, renforcent le besoin des chercheurs de travailler de
plus près des agriculteurs, insistent sur l’importance du capital humain (savoir-faire et
compétences paysans, et capacités locales) et de faire la diffusion de ces pratiques.

La lecture de ces deux livres, ainsi que du reste des documents consultés, a mené à considérer les
aspects suivants pour l’étude de l’autosuffisance dans l’agriculture familiale :

 L’autosuffisance de fermes implique remplacer les intrants externes par des ressources
disponibles localement. Pour arriver à cela il faut une bonne connaissance du milieu et une
conception adéquate des pratiques culturales de l’exploitation. Il faut donc, le

5
Traduction faite de l’anglais par Luisa Ramirez. “The book proceeds on the assumption that a significant proportion of
the work on LEIT can offer real benefits to resource-poor farmers and that initiatives to take better advantage of local
skills and resources and to strengthen farmer capacities and organization are well worth supporting.”

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

développement des compétences et des savoir-faire. Les communautés paysannes, les


hommes et femmes de l’agriculture, ont montré les avoir développé mais, ils sont encore
méconnus.
 Imiter le fonctionnement des écosystèmes permet de répondre à la question sur comment
remplacer les intrants externes. L’agroécologie propose des principes et des approches qui
permettent d’étudier et de comprendre les processus de la nature, et les imiter dans le cadre
des pratiques agricoles. En plus, ces principes semblent converger aux différentes pratiques de
l’agriculture durable. La question sur comment remplacer les intrants externes doit être
répondue dans chaque cas spécifique (chaque ferme) puisque sa réponse dépend du contexte
socioculturel de l’agriculteur et des caractéristiques du milieu, comme explique Altieri (Altieri,
2002 : 14): « agroecological designs are site-specific and what may be applicable elsewhere are
not the techniques but rather the ecological principles that underlie sustainability. It is of no
use to transfer technologies from one site to another, if the set of ecological interactions
associated with such techniques cannot be replicated. ». On ne parle pas donc des recettes
pour atteindre l’autosuffisance mais des principes et des approches qui peuvent être
apportés par des sciences et appliqués aux connaissances locales. “Agroecological principles
have universal applicability but the technological forms through which those principals become
operational depend on the prevailing environmental and socioeconomic conditions at each
site” (Uphoff, 2002 cité en Altieri, 2002 : 7).
 Malgré que la question de diminuer les intrants externes dans les exploitations agricoles ne
soit pas récente, il semblerait qu’elle n’est pas assez répandue ni étudiée dans le cas des
communautés paysannes ou des petites fermes, mais qu’elle constitue plutôt un sujet de
débat. Comme exprime Jan Pronk, Ministre de l’Aide au développement des Pays-Bas (1989 -
1998) dans l’avant-propos du livre Une agriculture pour demain (Reijntjes et al., 1995) :
« Certes, on assiste depuis quelques années à une multiplication des études consacrées aux
petites unités agricoles et à leur contribution potentiel au développement. Il est cependant à
craindre que la plupart de ces travaux ne visent qu’à alimenter des débats d’experts ».
 Dans le cadre de l’autosuffisance l’exploitation agricole est un système ouvert donc, elle doit
tenir compte de la sortie de la production. Cela implique que l’entreprise fermière familiale
doit pouvoir s’insérer dans les dynamiques de marché dont les petits agriculteurs sont
souvent exclus.
 L’agriculture familiale est soumise à un nombre de contraints qui représentent aussi des
obstacles pour l’autosuffisance : « des sols épuisés, érodés, alcalins, salés, engorgés en eau
ou superficiels ; des pentes abruptes ; des sécheresses, des inondations, des ouragans, etc. ;
de sérieux problèmes dus à des parasites et des maladies ; une insécurité ou une restriction
des droits d’utilisation de la terre, de l’eau et des arbres ; des limitations en matière de
commerce ou de transport ; un manque de facilité de crédit ; l’approvisionnement irrégulier
en intrants ; des relations hommes-femmes déséquilibrées, etc. » (Reijntjes et al., 1995). Alors,
le travail commun entre les scientifique/agents de développement et les agriculteurs, la
diffusion de l’information, ainsi que la définition des politiques publiques adéquates se
révèlent importants pour atteindre l’autosuffisance des petites fermes familiales.

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

Dans ce contexte, pour comprendre les opportunités et les limitations que l’autosuffisance peut
présenter pour l’agriculture familiale, une vision systémique est nécessaire. Tenant en compte les
principaux déterminants d’un système d’exploitation et leurs interactions, cinq grandes
catégories6 seront utilisées afin de structurer des éléments de réponse à la question :
« développer l’autosuffisance : une voie d’aide à l’agriculture familiale pauvre ? ». Ces catégories
sont :
 Ressources naturelles et climat.
 Science et la technologie.
 Libéralisation du commerce et marchés.
 Politiques, institutions et biens publics.
 Information et capital humain.

6
Ces catégories sont proposées dans Résumé. Systèmes de production agricole et pauvreté (Dixon & Gulliver, 2001) dans
le cadre d’une étude des systèmes de production dans le monde.

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

2 L’agriculture familiale
« Petite ferme » est souvent un terme échangeable avec ferme « familiale », « paysanne » ou « de
subsistance ». Cela varie par rapport aux pays et au contexte d’études. « La Stratégie Rurale de la
Banque mondiale (2003) définit de petites fermes comme ayant moins de 2 hectares de terre
cultivée et une base d'effectifs basse. Les papiers de fond pour l'Atelier de Recherche de l’Imperial
College IFPRI/ODI/IMPERIAL (2005) utilisent la ferme de 2 hectares comme une ligne d'arrêt pour
la plupart de leurs études. À son tour, Acosta et Rodriguez (2005) du Bureau Régional de la FAO
pour l'Amérique Latine et le des Caraïbes suggèrent un tableau à quatre critères pour distinguer
les fermes familiales, de fermes de subsistance et, finalement, de fermes commerciales (vivant à la
ferme, aucun employé fixe, terre suffisante/insuffisante pour couvrir les besoins de base, des
ventes ou pas au marché). » (Dirven, 2006). Rodriguez et Acosta (Rodriguez & Acosta, 2005)
expliquent les difficultés pour arriver à une définition de l’agriculture familiale pour le cas de
l’Amérique Latine et les conséquences nocives que cela a sur la définition de politiques publiques
agricoles efficaces. Ils proposent une classification des fermes en AL par rapport à quatre critères :

Variable Agriculture Agriculture Agriculture


familiale de familiale entrepreneuriale
subsistance
1. Les producteurs habitent OUI OUI NO
dans l’exploitation
2. Main 2.1 Familiale OUI OUI NO
d’œuvre
2.2 Temporaire NO OUI OUI
2.3 Permanente NO NO OUI
3. Surface de l’exploitation est NO OUI OUI
suffisante pour satisfaire les
besoins basics
4. Commercialisation NO OUI OUI
Tableau 1. Identification opérative de l’agriculture familiale à partir du recensement agraire (Rodriguez & Acosta,
2005)

On trouve des autres définitions de l’agriculture familiale dans le cas de l’Amérique Latine (voir
Tableau 2). On distingue certains critères de description communs : la participation de la famille
dans les activités de l’exploitation, la surface de l’exploitation, la provenance de main d’œuvre –
par exemple, familiale ou employée - et le niveau et/ou la nature des revenus.

Mars 2011 8
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

Tableau 2. Définitions de l’agriculture familiale dans certains pays de l’Amérique Latine

Le fait qu’il n’existe pas une définition officielle de « ferme familiale » ou « petite ferme », même
pas au niveau de chaque pays, fait que des chiffres officiels sont difficiles d’obtenir. Cependant, il
existe des nombreuses études sur la caractérisation des petites exploitations. En analysant les
données de 63 pays, Adamopoulos & Restuccia (Adamopoulos & Restuccia, 2009) constatent des
différences alarmantes par rapport aux tailles des fermes dans des pays développés et des pays en
voie de développement :

« First, in the poorest countries the average farm size is 1.6 Ha, while in the richest the average
farm size is 56.7 Ha (a 36-fold difference). Second, this disparity in scale of operation is not due to
the fact that poor and rich countries produce different goods. Differences in average farm size are
large even after controlling for type of agriculture (livestock vs. crops); type of crop (e.g., wheat,
maize, rice); and type of livestock (e.g. cattle, sheep, chicken). Third, the whole size distribution of
farms is heavily skewed to the left in poor countries and to the right in rich countries. More
specifically, in poor countries very small farms (less than 2 Ha) account for over 70% of total farms,
while in rich countries only 15%. In poor countries there are no farms over 20 Ha, while in rich
countries they account for 40% of the total number of farms. »

Donc, le nombre de petites exploitations familiales est beaucoup plus important dans les pays
pauvres, où il est constaté que la plupart des denrées alimentaires proviennent précisément de
ces exploitations. Il est d’autant plus pertinent de chercher des voies d’aide à l’agriculture
familiale. De plus, on constate que les exploitations familiales doivent faire face à un nombre
important de contraints (voir Tableau 3) et traditionnellement elles ont été les moins favorisées
dans les projets de développement agricole. « Un de principaux préoccupations sur la Révolution

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

verte est qu’elle était souvent mise en place en localités ayant des ressources au-dessus de la
moyenne, comme l’irrigation et des bons accès aux marchés»7 (Tripp, 2006 : 70). Cependant, le
rôle des petites exploitations dans le développement est de plus en plus reconnu et des
chercheurs tâchent de les défendre, en défiant les tendances qui annoncent leur disparition.
« L'opinion communément admise de petites fermes doit être défiée. Leur caractère
'multifonctionnel' les rend plus productives, plus efficaces et leur permet de contribuer plus au
développement économique que des grandes fermes. Les petits cultivateurs font les meilleurs
gardiens des ressources naturelles, en conservant la biodiversité et en protégeant mieux la
durabilité de la production » (Rosset, 2000 : 77). Alors, on trouve que « la question de la viabilité
des petites fermes est de nouveau un sujet de débat académique et politique, entre autres parce
que beaucoup de pays développés et de bailleurs ont exprimé un engagement renouvelé au rôle
du développement de l’agriculture pour la croissance et la réduction de la pauvreté »8 (Dirven,
2006). Egalement, des mouvements soutiennent que « les petites fermes permettent le
développement de la biodiversité fonctionnelle avec une production diversifiée et l’intégration des
cultures, des arbres et d’élevage » (La Vía Campesina, 2010). Aussi quant à leur rôle dans
l’approvisionnement de produits alimentaires, des études montrent que « les petites fermes
familiales ont un avantage comparatif en produits pour lesquels la surveillance du travail est
importante, la mesure de l’effort du travail est difficile et l’intensité du capital est négligeable »
(Ciaian, Pokrivcak, & Drabik, 2007). « Il y a 1.5 milliards de paysans dans 380 millions de fermes;
800 millions de jardins urbains en croissance; 410 millions récoltent les cultures cachées de nos
forêts et savanes; 190 millions d'éleveurs nomades et bien plus de 100 millions de pêcheurs
paysans. Au moins 370 millions d'entre ceux-ci sont aussi des peuples indigènes. Ensemble ces
paysans composent presque la moitié des peuples du monde et ils cultivent au moins 70 % de la
nourriture du monde. » (ETC Group, 2009 : 3).

Figure 1. Paysans nourrissent au moins 70% de la population mondiale

7
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez.
8
Idem.

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

Constraints to which poor farmers are exposed Contraints auxquels sont exposés les
agriculteurs pauvres (traduction du texte original)
Heterogeneous and erratic environments Milieux hétérogènes et erratiques
Market failures Echec des marchés
Institutional gaps Brèches institutionnelles
Public good biases Impartialité des services publics
Low access to land and other resources Accès limité aux ressources foncières et autres
Inappropriate technologies Technologies inadéquates

Tableau 3. Quelques contraints des systèmes d’exploitation paysanne et des foyers ruraux pauvres (Altieri, 2002)

3 L’exploitation agricole
L’exploitation agricole est un agrosystème unique : une combinaison de ressources physiques et
biologiques telle que le relief, le sol, l’eau, les plantes et les animaux. En exerçant une influence
sur les composantes de cet agrosystème et sur leurs interactions, les agriculteurs obtiennent des
extrants ou produits tels que les récoltes, du bois et des animaux. Au sein d’un système
d’exploitation, les composantes se complémentent mutuellement quand elles ont des fonctions
différentes (productrice, reproductrice, protectrice, sociale) et s’insèrent dans des différentes
niches écologiques, spatiales, économiques et/ou organisationnelles. Si ces composantes agissent
en synergie, en plus de leurs fonctions, elles favorisent d’autres composantes utiles au système,
par exemple, par :

 La création de microclimats favorables à d’autres composantes ;


 La production des substances chimiques qui stimulent les composantes intéressantes ou
suppriment les nuisibles ;
 La réduction des populations des ravageurs (association de cultures, cultures pièges,
cultures-leurres…) ;
 La production de biomasse ou de déchets pouvant servir à alimenter d’autres végétaux ou
des animaux.

« Chaque exploitation agricole a sa spécificité propre, qui est déterminée par les disparités des
niveaux de ressources et par les circonstances au plan familial. Le ménage, les ressources dont il
dispose, ainsi que le flux de ces ressources et les interactions au sein d'une exploitation donnée
constituent un système d'exploitation. Par contre, un système de production est défini comme
étant un regroupement de systèmes d'exploitation individuels disposant à peu près d'un même
niveau de ressources, pratiquant les mêmes modes de production, bénéficiant des mêmes sources
de subsistance et assujettis aux mêmes contraintes et pour lesquels des stratégies et interventions
de développement similaires peuvent être élaborées. » (Dixon & Gulliver, 2001)

Une approche systémique servira à étudier les conditions et les obstacles de l’autosuffisance pour
l’agriculture familiale. « L’approche des systèmes d’exploitation agricole considère à la fois les
dimensions biophysiques (telles que les éléments nutritifs du sol et les balances hydriques) et les

Mars 2011 11
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

aspects socioéconomiques (tels que ceux liés au rôle des hommes et des femmes dans les
exploitants, à la sécurité alimentaire et à la profitabilité) au niveau de l’exploitation agricole - où la
plupart des décisions de production et de consommation sont prises. L’efficacité de l’approche
repose dans sa capacité à intégrer des analyses multidisciplinaires de la production et ses relations
avec les facteurs biophysiques et socioéconomiques déterminants d’un système d’exploitation
agricole. » (Dixon & Gulliver, 2001)

Les facteurs biophysiques et socioéconomiques déterminants mentionnés ci-dessus sont


regroupés en cinq catégories afin de présenter l’analyse des systèmes d’exploitation agricoles
familiales :

 Ressources naturelles et climat;


 science et technologie;
 libéralisation du commerce et développement des marchés;
 politiques, institutions et biens publics;
 information et capital humain.

La figure 2 représente schématiquement les interrelations de ces facteurs déterminants des


systèmes de production et, par extension, des systèmes d’exploitation agricole. Certains de ces
facteurs sont internes ou font partie des systèmes d’exploitation agricole, tandis que d’autres sont
externes. Les principaux facteurs exogènes (externes) qui influent sur le développement des
systèmes d’exploitation agricole - politiques, institutions, biens publics, marchés et information -
sont indiqués sur le côté gauche de la figure, à l’extérieur des pointillés qui marquent les limites du
système. La présence de marchés et les prix de l’offre influent sur les décisions des agriculteurs,
sur le modèle de leurs entreprises, sur les achats d’intrants et sur le moment de la vente des
produits. L’accès aux infrastructures économiques et sociales en zone rurale détermine les coûts
de transport et l’accès des ménages aux services - particulièrement de santé humaine et animale.
De même, l’information et les services d’éducation affectent les stratégies des ménages et leurs
décisions.

Les technologies qui déterminent la nature de la production et de la transformation, et les


ressources naturelles sont des facteurs très endogènes (internes) et sont donc représentés
principalement à l’intérieur des limites des systèmes d’exploitation agricole. En termes généraux,
les facteurs biophysiques tendent à définir l’ensemble des possibilités d’un système d’exploitation
agricole, tandis que les facteurs socioéconomiques déterminent la réalité de ce système qui peut
être observée à un moment donné.

Mars 2011 12
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

Figure 2. Facteurs déterminants d’un système d’exploitation agraire

3.1 Les intrants dans l’exploitation agricole


Un intrant est un produit nécessaire pour le fonctionnement de l’exploitation agricole, notamment
ceux apportés aux terres et aux cultures. Les intrants désignent « les éléments que les agriculteurs
ajoutent aux ressources de l’exploitation afin d’influer sur la productivité, la stabilité ou la
durabilité » (Reijntjes et al., 1995).

Dans le cadre de l’autosuffisance les cultures, les arbres, la végétation et les animaux n’ont
seulement une fonction productrice mais également une fonction écologique, telle que la
production de matière organique, le pompage et la création des réserves minéraux dans le sol, la
protection naturelle des cultures et la limitation de l’érosion. Ces fonctions contribuent à la
continuité et à la stabilité de l’agriculture et peuvent être considérées comme produisant des
intrants d’origine interne. Les systèmes ADPIE cherchent à imiter à un écosystème naturel arrivé à

Mars 2011 13
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

maturité, en réinvestissant la presque totalité de la biomasse produite afin d’assurer au système


sa fertilité et sa stabilité biotique.

Dans les exploitations agricoles la quantité de biomasse qui est réinvestie est toujours inférieure à
celle produite, puisque l’agriculteur extrait une partie de la production. En remplaçant les intrants
d’origine interne, comme le fumier et le compost, par des intrants externes tel que les engrais
artificiels, il est possible d’extraire davantage de produits de l’agro-écosystème. Par ailleurs, la
variabilité de la production peut être réduite en substituant aux processus naturels des processus
contrôlés par l’homme, comme l’irrigation. La sélection et le croisement des plantes et des
animaux permettent d’augmenter leurs capacités à transformer les intrants en produits utiles.
Mais, au cours de ce processus, d’autres caractéristiques telles que la résistance naturelle et la
compétitivité peuvent disparaitre.

L’utilisation d’intrants externes implique que l’agriculteur se substitue aux fonctions écologiques
de manière large. A court terme ces intrants permettent d’intensifier fortement l’exploitation des
terres. Cependant, le plafonnement actuel de l’augmentation de la production suscite des doutes
importants quant à la capacité des systèmes forts consommateurs en intrants d’origine externe à
assurer la productivité à long terme. Egalement, l’accroissement de l’extraction de produits et la
diminution du réinvestissement en ressources internes, entraîne un appauvrissement du sol. Ces
raisons motivent les tendances d’agriculture durable à chercher la diminution d’utilisation
d’intrants externes. Une agriculture pour demain (Reijntjes et al., 1995) présentent les limites des
intrants externes :

 Les engrais artificiels. Leur effet est rapide et leur mode d’emploi facile. Cependant, leur
efficacité se révèle souvent inférieur aux attentes escomptées, ils peuvent perturber la vie et
l’équilibre du sol et l’utilisation continue et exclusive d’engrais artificiels de type NPK entraîne
l’appauvrissement des sols en oligo-éléments (zinc, fer, cuivre, manganèse, magnésium,
molybdène et bore).
 Les pesticides sont des substances chimiques ou naturelles qui s’opposent à la prolifération
des populations de ravageurs. Chaque année des milliers d’individus sont empoisonnés para
ces produits, dont près de la moitié dans le Tiers monde. Avec le temps les ravageurs
acquièrent une résistance à ces pesticides qui après doivent être utilisées en quantités
supérieures. Les pesticides éliminent non seulement les organismes nuisibles aux cultures,
mais aussi des organismes utiles tels que leurs ennemis naturels. La plus grande partie des
pesticides épandue se perd dans l’air, le sol et l’eau. Des pesticides qui ne se dégradent pas
facilement sont véhiculé tout au long de la chaîne alimentaire. Alors ces substances causent
des importants dommages à l’écosystème.
 Les semences « améliorés ». Les variétés modernes de semences sont essentiellement des
variétés à haut potentiel, sélectionnées pour répondre à des doses élevées d’engrais
chimiques. Semées dans des conditions optimales d’apport nutritif et d’eau, associé à une
protection antiparasitaire appropriée, ces variétés modernes et ces hybrides peuvent
effectivement donner des hauts rendements. Si, par contre, telles conditions ne peuvent pas

Mars 2011 14
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

être assurées, les risques de perte de rendement peuvent être plus élevés qu’avec des
variétés locales.
 L’irrigation. En agriculture tropicale, le manque de sources d’eau régulières est une contrainte
majeure. L’accroissement de la salinité de l’eau, l’épuisement progressif des nappes
phréatiques et d’autres problèmes de nature écologique limite la possibilité d’irriguer les
cultures. La construction des réseaux d’irrigation est très couteuse donc la conservation et la
gestion durable de l’eau deviennent de plus en plus importantes.
 Des combustibles fossiles (dû à la mécanisation). La mécanisation peut améliorer les
rendements par une meilleure préparation du sol, une réalisation à temps et plus précise des
semis et des applications d’engrais et une récolte plus efficace. L’utilisation de tracteurs et
d’autres machines repose généralement sur la consommation de combustibles fossiles non
renouvelables. Les machines et le combustibles sont des intrants non seulement externes à
l’exploitation, mais souvent aussi, extérieurs au pays en voie de développement. Ainsi la faible
disponibilité des équipements, du carburant, des capitaux, des compétences, des installations
d’entretien et des pièces détachées, viennent s’ajouter aux effets polluants de l’utilisation des
combustibles fossiles.

4 Les conditions et les obstacles de l’autosuffisance pour


l’agriculture familiale
4.1 Ressources naturelles et le climat
4.1.1 Conditions : accès aux ressources et compréhension du milieu
« L'interaction entre les ressources naturelles, le climat et la population détermine la base
physique des systèmes de production » (Dixon & Gulliver, 2001). Cet interaction établit les règles
et pratiques d’utilisation des ressources naturelles (foncier, parcours, eau, etc.). L’accroissement
de la population a généralement pour corollaire une expansion des surfaces cultivées et, dans la
plupart des cas, des conflits entre les différents usagers de la terre et des ressources hydrauliques.
Cela conditionne donc, l’accès aux ressources comme les terres cultivables et l’eau. Une condition
pour mettre en place des pratiques associées à l’autosuffisance et ainsi favoriser le
développement agricole est précisément avoir accès à la terre et à l’eau. « Efficient land markets
and secure property rights are essential to capture agricultural growth (Binswanger, Deininger,
and Feder 1993). Where land rights are secure, farmers have the greater incentive needed to invest
in land improvements. Secure land rights also make long-term investments more likely. Moreover,
land ownership is an important source of collateral that can improve the credit status of farmers,
leading to easier access to funding for inputs and so forth (Feder et al. 1988).” (Pingali, Khwaja, &
Meijer, 2005)

Mars 2011 15
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

La plupart des agriculteurs familials font face à des conditions naturelles défavorables (par
exemple, des terrains pentus). Il faut, donc trouver des techniques qui permettent de mettre en
valeur le milieu, malgré ses limitations. Altieri propose des techniques agroécologiques pour cela :

“Agroecological technologies do not emphasize boosting yields under optimal conditions as


Green Revolution technologies do, but rather they ensure constancy of production under a
whole range of soil and climatic conditions--and most especially under marginal conditions,
which usually prevail in small-farm agriculture”.

Malgré les limitations, les agriculteurs paysans on montré des fortes capacités pour s’adapter aux
différents environnements, maîtrisant une condition nécessaire pour l’autosuffisance : la bonne
connaissance du milieu. « Ne pouvant compter sur des intrants extérieurs ni sur une assistance
technique, les communautés paysannes ont appris à subvenir à leurs besoins grâce aux ressources
naturelles par une profonde compréhension des mécanismes de l’environnement, la
domestication des plantes et d’animaux, la réalisation d’essais sur les différentes manières de les
maitriser et de les exploiter, et en développant des techniques spécifiques et souvent très
complexes afin d’optimiser l’utilisation des ressources locales. Ainsi, les membres de la
communauté ont acquis un savoir très riche quant aux conditions les plus favorables au
développement des plantes et des animaux de leur environnement » (Reijntjes et al., 1995).

4.1.2 Obstacles
« Dans les régions à forte croissance démographique, la terre peut devenir une ressource agricole
rare. Sur une même surface, il faut cultiver davantage de produits, ou des produits de valeur
supérieur (fruits, herbes, médicinales aromatiques, cultures hors saison, etc.). En fonction des
ressources dont ils disposent, les agriculteurs vont élaborer différentes stratégies en vue
d’accroître cette production, et avec l’accroissement du manque de terre, l’agriculture
s’intensifie. » (Reijntjes et al., 1995)

4.2 Science et technologie


4.2.1 Conditions : développement participative de techniques adaptées
Altieri insiste sur la nécessité de travailler de près avec les agricultures afin de créer des modèles
de production durables, tout en valorisant les connaissances des paysannes et les apports des
sciences :

« The stubborn persistence of millions of hectares under traditional agriculture in the form of
raised fields, terraces, polycultures, agroforestry systems, etc. are living proof of a successful
indigenous agricultural strategy and comprises a tribute to the “creativity” of small farmers
throughout the developing world (Wilken, 1987). These microcosms of traditional agriculture offer
promising models for other areas as they promote biodiversity, thrive without agrochemicals, and
sustain year-round yields. (…) Undoubtedly, the ensemble of traditional crop management
practices used by many resource-poor farmers represent a rich resource for modern workers
seeking to create novel agroecosystems well adapted to the local agroecological and
socioeconomic circumstances of peasants. Peasants use a diversity of techniques, many of which fit

Mars 2011 16
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

well to local conditions and can lead to the conservation and regeneration of the natural resource
base, as illustrated by the study of Reij et al. (1996) of indigenous soil and water management
practices in Africa. The techniques tend to be knowledge-intensive rather than input-intensive, but
clearly not all are effective or applicable, therefore modifications and adaptations may be
necessary. The challenge is to maintain the foundations of such modifications grounded on
peasants’ rationale and knowledge.” (Altieri, 2002 : 3)

“An increased understanding of the agroecology and ethnoecology of traditional farming systems
is necessary to continue developing contemporary systems. This can only occur from integrative
studies that determine the myriad of factors that condition how farmers perceive their environment
and subsequently how they modify it to later translate such information to modern scientific terms
(Fig. 3).” (Altieri, 2002 : 5)

L’autosuffisance est possible grâce aux savoir faire des paysans et aussi à leur disposition d’innover
et de comprendre leur milieu. Les scientifiques doivent mettre en valeur et diffuser ces savoir-faire
au lieu d’imposer des techniques non-adaptées aux réalités paysannes. Les projets de
développement du passé dans les pays en voie de développement, notamment ceux associés à la
Révolution verte, ont fait la diffusion des pratiques agricoles conçues dans des pays développés.
Ces pratiques n’étaient forcement pas adaptées aux pays plus pauvres et en plus, ils ont crée des
dépendances aux produits élaborés à l’étranger (tel comme les semences sélectionnées et les
engrais chimiques). « La formule (de la révolution verte) était basée sur des systèmes
d’approvisionnement d’intrants externes, souvent subsidiés, et elle comptait sur des paquets de
technologie dont les pratiques étaient similaires à celles utilisées dans des pays industrialisés »
(Reijntjes et al., 1995). De plus, « la plupart des petits exploitants agricoles pauvres dans les zones
marginales n'ont pas bénéficié de ces augmentations de rendement et l'investissement dans le
développement de technologies de production de cultures non céréalières n'a jamais été une
priorité majeure » (Dixon & Gulliver, 2001). Donc, une condition pour l’autosuffisance est le
développement participative des techniques qui prenne en compte le savoir faire traditionnelle
des petits agriculteurs.

“Current tendencies in agroecology encourage researchers to tap into the knowledge and skills
of farmers, and to identify the potential for assembling biodiversity to create beneficial
synergisms that provide the ability to remain at or return to a relatively stable state.

A closer look at ethnoscience (the knowledge system of an ethnic group that has originated
locally and naturally) has revealed that local people's knowledge about the environment,
vegetation, animals, and soils can be very detailed (Altieri 1995). Peasant knowledge about
ecosystems usually results in multidimensional, productive land-use strategies, which
generate, within certain ecological and technical limits, the food self-sufficiency of
communities in particular regions. By understanding ecological features of traditional
agriculture--such as the ability to bear risk, production efficiencies of symbiotic crop mixtures,
recycling of materials, reliance on local resources and germplasm, and exploitation of a full
range of microenvironments--it is possible to obtain important information that may be used
for developing appropriate agricultural strategies tailored to the needs, preferences, and

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

resource base of specific farmer groups and regional agroecosystems.” (Rosset & Altieri,
1997).

Figure 3. Le rôle de l’agroécologie et de l’ethnoécologie dans le recensement des connaissances fermiers traditionnels

4.2.1.1 L’optimisation d’usage d’intrants externes


Une condition fondamentale et centrale de l’autosuffisance est la non-utilisation des intrants
externes. La science et la technologie doit apporter aux agricultures des moyens techniques de
mettre en valeur leur milieu, tout en diminuant l’usage des intrants d’origine extérieure.

Pour optimiser l’usage d’intrants externes il faut bien comprendre le milieu afin de concevoir des
systèmes de culture9 qui mettent en valeur les ressources locales (en tant qu’intrants d’origine

9
Un système de culture est l’ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées
de manière identique. Chaque système de culture se définit par la nature des cultures et leur ordre de
succession, et les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures (Sebillote, 1990a cité en

Mars 2011 18
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

interne) et diminuent la demande en intrant extérieurs. En conséquence, « il est nécessaire que


pour chaque milieu pédo-climatique des données précises soient récoltées sur les calendriers
agronomiquement acceptables des différentes opérations culturales et sur les temps
d’intervention au champ et sur les cultures » (Bonciarelli, 1981). On constate donc le besoin du
travail commun entre des chercheurs et des agriculteurs pour concevoir des systèmes de cultures
qui utilisent peu d’intrants externes, sans que cela entraîne une perte significative du rendement
de la production.

D’auprès Bonciarelli (Bonciarelli, 1981) « une donnée de fond est que l’humanité a besoin de
denrées alimentaires : donc tous les systèmes (de culture) envisageables ne devront pas amener à
des réductions importantes de rendement. En conséquence, on doit chercher et fixer la
« hiérarchie » des différents intrants, de ceux les moins nécessaires à ceux les plus nécessaires.
Cela tenant en compte d’une part de la diminution de rendement provoquée par la réduction d’un
certain intrant et d’autre part, du coût énergétique et économique de l’intrant. » Il propose donc
que les considérations suivantes soient prises en compte pour faire l’analyse sur l’optimisation
d’usage des intrants externes :

 Fertilisation (engrais artificiels) : Ni l’acide phosphorique ni la potasse ont un coût


énergétique de production élevé ; cependant, on doit les employer sans gaspillage, suivant
juste les exigences des cultures et de la richesse des sols. Pour l’azote, on doit faire des
considérations beaucoup plus complexes. L’azote des engrais est coûteux en termes d’énergie
(14.000 Kcal pour 1 kg d’azote fixé de l’air), mais la limitation de son emploi aurait de très
graves conséquences sur le rendement des cultures non légumineuses. On devrait s’efforcer
d’améliorer l’efficacité de son utilisation, ou de réduire les besoins en azote en reprenant en
considération le rôle des cultures de légumineuses (fourragères, à graine, pour engrais vert)
dans des systèmes de culture.
 Les pesticides : L’usage des pesticides devrait être limité à ceux qui sont vraiment efficaces et
dans les cas de réelle nécessité. Il est vrai que du point du vue financier leur coût est
extrêmement élevé, mais il faut remarquer que les quantités en jeu sont toujours très petites
et l’épargne énergétique est très faible en comparaison des énormes pertes de rendement qui
seraient la conséquence de la suppression de leur emploi.
 Les semences : L’avantage économique de réduire l’emploi de semences sélectionnées est
négligeable dans beaucoup de cas.
 L’irrigation : L’irrigation est un moyen coûteux en général, plus ou moins selon le système de
distribution de l’eau. Le coût maximum est celui de l’irrigation par aspersion ou localisée
« goutte à goutte », avec de l’eau soulevée du sous-sol. Le coût minimum est celui des
systèmes par gravité, mais qui demandent beaucoup de main d’œuvre et qui donc ne sont pas
souvent utilisés. Une approche de la réduction des coûts pourrait être de substituer l’irrigation
intensive à celle limitée aux phases les plus critiques des cultures. Il est bien établi que des

Sebillotte, 1992). Itinéraire technique se définit comme une combinaison logique et ordonnée des
techniques culturales qui permettent de contrôler le milieu et d’en tirer une production donnée (Sebillotte,
1992).

Mars 2011 19
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

rendements assez proches des rendements maximum peuvent être obtenus avec des
quantités d’eau réduites.
 Travaux du sol (combustibles fossiles). A présent, les travaux du sol constituent une des voies
les plus importantes dans le coût énergétique de nos systèmes de culture. Il est certainement
très important d’évaluer les possibilités de faire des économies, et il est très probable que l’on
puisse le faire, compte tenu du fait que la motorisation agricole a amené un tendance, pas
toujours agronomiquement justifié, à manipuler le sol trop profondément, trop souvent et
trop brutalement. Un très grand intérêt doit être porté aux études sur les nouvelles
techniques de labour et de préparation simplifiée du lit de semis telles que le « minimum
tillage »10 et le « direct drilling »11.
Un moyen important pour réduire l’usage des combustibles fossiles est de réduire le parc de
machines par une meilleure utilisation des machines elles-mêmes. Pour cela, il est important
de mettre au point un assolement qui assure l’utilisation la plus régulière et la plus prolongée
des machines et de la main d’œuvre de l’exploitation.

Egalement, compte tenu du rendement de la production, des coûts énergétique et économique


des intrants et de la performance générale de l’exploitation, des questions doivent être posées
avant d’adopter des techniques permettant réduire l’usage d’intrants externes, telle comme
recommande le Scottish Natural Heritage12 avant de considérer des techniques culturales
simplifiées :
 Quelle est le système de culture actuel et le coût par hectare ?
 Le sol, les patrons de pluviométrie et les systèmes de production, sont-ils adéquats ?
 Quel est l’objectif d’un changement (de techniques) ?
 Le système actuel peut-il être amélioré avec peu d’investissement ?
 Quels sont les types de machines actuelles ? Vont-elles être remplacées bientôt ?
 Combien de connaissance ont les actifs de la ferme sur les différentes techniques ?
 Quelles sont les conséquences d’un changement donné sur les coûts fixes ?

4.2.1.2 Les conditions écologiques de l’autosuffisance


L’écologie en tant que discipline de la biologie étudie les relations entre les organismes concernés
et leur environnement. L’écologie se révèle fortement utile pour l’étude et la définition des
systèmes agraires qui cherche s’adapter au contraints de l’environnement, tout en le préservant.
Une nouvelle science donc, apparait : l’agroécologie, qui tente de fusionner les savoir de
l’agronomie et celles de l’écologie. Particulièrement dans la définition des systèmes d’exploitation
forts autosuffisants l’agroécologie fournie des fondements et des éléments d’analyse très utiles.
Les fondements écologiques de l’ADPIE peuvent être regroupés selon les points suivants :

10
« Minimum tillage » (labour minimum) est partie des « techniques culturales simplifiées » (TCS) cherchant
à diminuer le labour, en faisant une intervention superficielle du sol caractérisée par une profondeur de
travail de 5 à 10 cm. Le but est de limiter les interventions mécaniques afin d'en minimiser les coûts et
d'économiser du temps.
11
Idem. (« Direct drilling » : semis direct, en français).
12
Source : http://www.snh.org.uk/tibre/section2_2_2.htm. Consulté le 15/01/2011.

Mars 2011 20
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

1. Assurer des conditions de sol favorable à la croissance des plantes.


2. Optimiser la disponibilité en éléments minéraux et leur recyclage.
3. Maitriser les flux de rayonnement solaire, d’eau et de vent.
4. Minimiser les pertes causées par les ravageurs et les maladies.
5. Exploiter la complémentarité et la synergie dans la combinaison des ressources génétiques.

4.2.1.3 Autonomie énergétique


Dans le cas des petites fermes, le foyer se trouve dans l’exploitation même et donc,
l’autosuffisance inclurait la production d’énergie pour la maison et la consommation familiale. Des
différentes tendances de « vie autosuffisante » et du développement durable proposent des
pratiques bioclimatiques (conception de l’habitat vis-à-vis de l’environnement). « Ainsi est-il
question de bénéficier au maximum du rayonnement solaire, de savoir préserver la fraîcheur
d’une maison, de se protéger des vents, d’analyser la qualité des sols, de tenir compte de la
pluviométrie locale, d’imaginer une enveloppe à la fois ‘respirante’ et extrêmement protectrice
(en termes d’isolation). Bref, la conception bioclimatique a pour but d’imaginer des maisons
intelligentes. » (Leloy, 2006). Etudier les possibilités d’autonomie énergétique pour une
exploitation agricole implique une démarche rigoureuse, comme on peut constater dans certains
cas (Kerharo, Logivière, & Moog, 1981) :

 Recensement des besoins énergétiques actuels du domaine, leur localisation et leur


répartition dans le temps.
 Calcul et évaluation des besoins futurs en liaison avec l’évolution projetée des activités du
domaine.
 Détermination des ressources en quantité et disponibilités.

La détermination exacte de toutes les données décrites ci-dessus est très difficile sur un domaine
agricole. Après il faut identifier des solutions, voire créer un système de solutions, les plus
adaptées aux spécificités de l’exploitation : panneaux solaires, photopiles, éoliennes, production
de biométhane, chauffage solaire d’eau, entre autres. On reste sur l’idée de trouver une
combinaison optimisée des différentes ressources locales disponibles.

4.2.2 Obstacles
D’auprès Reijntjes et al. (Reijntjes et al., 1995) « Sans intrants d’origine extérieur, il est impossible
de créer des systèmes d’exploitation orientés vers le marché et permettant de satisfaire les
besoins des populations non paysanne. » On observe donc, certains obstacles : d’un coté, il existe
des agriculteurs qui utilisent peu d’intrants puisqu’ils « sont réticents ou n’ont pas la possibilité
d’utiliser des intrants externes entre autres pour les raisons suivantes:

 Il est difficile ou impossible de se les procurer à cause d’une infrastructure et des services
commerciaux de mauvaise qualité ;
 S’ils sont disponibles, leurs prix sont élevés ;
 Leur utilisation présente des risques et peut être inefficace dans des conditions écologiques
variables et précaires (par exemple, pluviométrie, pluviométrie irrégulière, terrain en pente) ;
 Ils ne sont pas très rentables dans telles conditions ;
Mars 2011 21
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

 La communication entre le personnel de recherche et développement et les agriculteurs est


médiocre, ce qui conduit souvent à des graves (et parfois dangereux) malentendus et
l’incompatibilité des innovations et des recommandations techniques avec les conditions
écologiques et les valeurs culturelles locales. » (Reijntjes et al., 1995)

De l’autre coté, l’autosuffisance demande la non-utilisation d’intrants externes. Alors, la question


se pose : l’agriculture familiale pauvre doit viser à la subsistance ou aux marchés ? Produire
exclusivement pour l’autoconsommation constituerait une autarcie (système fermé), ce qui n’est
pas le but de l’autosuffisance (pour laquelle l’exploitation est un système ouvert). « Assurer le
fonctionnement et la continuité dans le temps » de l’exploitation agricole demande l’insertion de
ses produits dans les marchés. “Increased commercialization shifts farm households away from
traditional self-sufficiency goals and toward profit- and income-oriented decision making; farm
output is accordingly more responsive to market needs” (Pingali et al., 2005). Le défi est de trouver
des niveaux favorables de production en s’appuyant sur des processus écologiques du milieu
pour ne pas faire appel aux intrants externes.

Par les conditions expliquées ci-dessus ont peut apprécier qu’atteindre l’autosuffisance entraine
toute une série d’études et de considérations qui peuvent arriver à être très complexes (et même
encombrantes) pour les petites agriculteurs. On constate encore le besoin du soutien de la
communauté scientifique pour le développement et mis en place des technologies adéquates.

4.3 Libération du commerce et marchés


4.3.1 Conditions : insertion dans les dynamiques du marché
Dans le point précédent on a vu qu’assurer le fonctionnement et la continuité dans le temps de
l’exploitation agricole demande l’insertion de ses produits dans les marchés. Pour que l’agriculture
familiale pauvre s’insère dans les dynamiques du marché il faut identifier les niches où elle a des
avantages comparatives. Pour certains cas des efforts ont été faits :

“The pertinent issue is to understand which particular markets give small farmers a comparative
advantage. [From case studies in Central America, one can deduct that subsectors that require
large investments, such as beef and milk, seem to exclude small producers (Regoverning Markets
project). On the other hand, labor-intensive production such as fresh fruits and vegetables seem to
favor small farmer participation. This argument is based on the lower transaction costs involved in
supervising family labor. One can question how this comparative advantage holds in areas where
there is a shortage of labor.]” (Pingali et al., 2005)

Etant donné les hauts coûts qu’impliquent les négociations et les opérations transactionnelles
dans agro-industrie moderne, les petits agriculteurs ont intérêt à s’associer. L’association entre
agriculteurs et avec des ONG ou autres organisations de soutien, se constitue comme une
condition pour accéder aux marchés. Plus que réussir à vendre leurs produits aux prix plus élevés,
il faut assurer une place stable dans le marché, tel comme indiquent Pingali et al :

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

“The inverse relationship that can exist between scale and transaction costs makes for a powerful
incentive for small farmers to coordinate their activities so that they can jointly benefit from
reduced transaction costs that are at similar levels to larger production units. (…)Benefits can be
described in terms of increased productivity and increased negotiating power. More information is
needed, however, to understand an actor’s rationale for participating in producer groups. Better
prices are often mentioned; nevertheless some argue that receiving a better price is not the main
concern, having a secured market outlet and access to technical assistance and credit being more
important (Swinnen 2005).” (Pingali et al., 2005)

4.3.2 Obstacles
Pingali et al expliquent les difficultés qui trouvent les petits agriculteurs pour s’insérer dans le
marché agroindustriel actuel. Ce marché est caractérisé par beaucoup des normes et des
dynamiques communicationnelles de plus en plus complexes et exigeants. Cela fait que les petits
agriculteurs aient des limitations pour négocier et trouver leur place dans l’agro-industrie.

“Nevertheless, collaborative action brings with it a whole new set of transaction costs. It is likely
that farmers associating will occur only if the benefits from collaboration cover the value of
investment needed. Not enough is yet understood about the potential benefits and, particularly,
costs. (…)On the potential costs even less is known. Successful association requires management
and entrepreneurial skills—“soft” assets that many small producers with little education are less
likely to have. Extension agents and nongovernmental organizations are working hard to build
capacity in these areas, but no systematic information is available as to the impact of such
trainings and the characteristics of farmers that benefit from them.” (Pingali et al., 2005)

“Given the potential for high rewards, the structure of food systems has radically altered with
globalization. Traditional food systems were essentially production systems that were highly linear
and involved only rudimentary processing and minimal distribution. Modern food systems, on the
other hand, are highly integrated with greater forward and backward linkages and significantly
involve the private sector in determining standards and market regulations (Rondot, Biénabe, and
Collion 2004). Moreover, they are systems that exhibit an ever increasing degree of technological
and process innovation. As such these modern food systems are much more discriminatory in terms
of who is able to enter. (…) Small farmers face two main difficulties in trying to adapt to modern
food systems. The first concerns their ability to commercialize from production systems that are
often semi or fully subsistence, and the second concerns the actual crop or enterprise choice.”
(Pingali et al., 2005).

“Small farmers in that respect find a very skewed structure in the food system, facing on the one
hand a small and reducing number of large food companies and food retailers. On the other hand,
at the point of input supply to farmers, large chemical and seed companies are creating patented
input supply systems controlled by a small number of companies (e.g., Monsanto and Dekalb
Genetics Corporation/Delta and Pine Land, DuPont and Pioneer HiBred) (Napier 2001). Facing this
structure, agricultural producers will find it increasingly difficult to negotiate favorable terms of the
contract.” (Pingali et al., 2005).

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

4.4 Politiques, institutions et biens publics


4.4.1 Conditions : cadre institutionnel
« Le développement de systèmes de production dynamiques passe nécessairement par
l'instauration d'un cadre de politique favorable. (…) Bien que l'autosuffisance alimentaire au plan
national ne soit plus un objectif majeur, la sécurité alimentaire des ménages demeure quant à elle
une importante question de politique pour les pays en développement et pour le monde en
général. Ceci a été confirmé par le Sommet mondial de l'alimentation organisé en 1996. » (Dixon
& Gulliver, 2001).

Un cadre institutionnel favorable aux pratiques liées à l’autosuffisance des fermes familiales
doivent promouvoir des techniques agricoles durables et favoriser le changement des « forces clés
qui pilotent la crise agricole actuelle : monoculture extensive, usage excessif des machines,
contrôle des intrants par les agro-business, dépendance des fuels fossiles, et hautes demandes de
capital.13 » (Rosset & Altieri, 1997). Une vision plus agroécologique est donc nécessaire et elle
n’est pas possible sans l’existence des politiques publiques correspondantes.

« However, this vision cannot be fully realized without an enabling policy scenario that
encourages a truly sustainable agriculture. Such a scenario will mean removing existing
disincentives and putting in place new incentives. Active participation of farmers' groups, in
partnership with other institutions, will be essential to push for policies that work and to
challenge research agendas that presently serve corporate interests at the expense of farmers
and the environment (Pretty 1995).” (Rosset & Altieri, 1997)

Tripp (Tripp, 2006 : 55) indique que plusieurs études sur l’adoption de techniques agricoles
révèlent qu’il existe une relation positive entre le niveau d’éducation des agriculteurs et
l’assimilation des techniques conventionnelles. Ainsi des politiques publiques dirigées à favoriser
l’éducation des paysans, aussi que l’infrastructure rurale et la communication, offrent des
avantages pour la mise en place des démarches qui cherchent à améliorer la situation des petits
agriculteurs, telle comme l’autosuffisance.

“Policies aimed at the provision of better education, rural infrastructure, and communication have
a number of benefits for small farm welfare. For those who can successfully remain in production
there is a clear link between public good services and reduced transaction costs. In terms of
facilitating exit strategies, public good provision is vital to reorient the rural economy toward
alternative employment opportunities that support changing agricultural systems.” (Pingali et al.,
2005)

13
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez. “(…) key forces that are driving the agricultural crisis: extensive monoculture,
excessive use of machinery, input control by agribusiness, dependence on fossil fuels, and very high capital
requirements”.

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Finalement, le cadre politique doit chercher à équilibrer les intérêts de tous les acteurs concernés
par la démarche de l’autosuffisance, surtout au niveau économique.

“Any marketing system represents a field of conflicting interests between the actors, and an
efficient system necessarily needs to find the balance between the economic interests of each of
the actors in the system.” (Pingali et al., 2005)

4.4.2 Obstacles
Altieri présent les obstacles par rapport à la création d’un cadre institutionnel favorisant des
pratiques de l’agriculture durable :

« Key constrains to implementing sustainable agriculture partnerships (modified from Thrupp,


1996)

Macroeconomic policies and institutions


Pesticides incentives and subsidies
Export orientation and monocultural focus of conventional policies
Lack of incentives for institutional partnerships
Pressures from agrochemical companies
Political and economic power wielded against IPM (Integrated Pest Managament)
Advertising and sales practices
Funding/donor issues and sustainability questions
Lack of funding, especially long-term support
Lack of recognition of IPM/sustainable agriculture benefits
Need for reducing dependency on donors and for developing local support
Lack of information and outreach on innovative alternative methods
Weak internal capacities of institutions involved
Institutional rigidities among some collaborators
Lack of experience with agroecology and participatory methods
Social and health concerns sometimes neglected
Lack of communication and cooperation skills (among some groups).”

4.5 L’information et le capital humain


4.5.1 Conditions : accès à l’information et a l’éducation
« La nécessité d'une meilleure information et d'un renforcement du capital humain s'est accrue
dans la mesure où les systèmes de production sont devenus plus intégrés aux systèmes de
marché. Le manque d'éducation, d'information et de formation s'érige toujours en facteur limitant
le développement des petits exploitants. Les observateurs prévoient une révolution de
l'information qui mettra à la disposition des petits producteurs un important volume
d'informations technologiques, institutionnelles et commerciales. Cependant, il est peu probable
que l'essentiel de ces informations atteigne dans un proche avenir les producteurs pauvres dans
les pays à faible revenu. Inévitablement, des questions relatives à l'accès et à la diffusion

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

équitables de l'information se poseront dans la mesure où les populations marginalisées sont


occultées dans ce processus. » (Dixon & Gulliver, 2001). De plus :

« Education substantially reduces informational and search costs, but in a wider context education
has to be seen as a fundamental policy priority. As commercialization proceeds, exits from small-
scale agriculture are bound to occur. Education not only is necessary for the development of
nonfarm sectors in the rural economy but is critical in facilitating labor movements across sectors.”
(Pingali et al., 2005)

4.5.2 Obstacles
Les fermes familiales pauvres se trouvent normalement dans des zones marginales et les niveaux
d’éducation des agricultures sont bas. Cela représente des obstacles pour accéder à l’information
technique disponible, la mettre en valeur et finalement consolider le capital humain. En autre, le
savoir-faire paysan est encore très méconnu, étant donné les limitations de communication et
d’accès aux moyens de diffusion.

5 Quelques exemples des pratiques autosuffisantes


5.1.1 Fermes intégrales autosuffisantes en Amérique Latine
En Amérique Latine on peut trouver plusieurs initiatives de « granjas integrales autosuficientes »
(fermes intégrales autosuffisantes) dans des différents pays. En Colombie, l’organisation
Fundacion Hogares Juveniles Campesinos a crée un modèle de ferme autosuffisante qui a été
diffusé dans le pays depuis 35 ans. La ferme est conçue comme un système intégral qui n’a pas
besoin d’intrants externes. Certaines conditions de base doivent exister : un terrain d’entre 2 et 4
ha de surface ayant une pente de jusqu’à 20%, accès à l’eau et une maison « hygiénique »
construite avec les matériaux de la zone. Cette ferme est un système complexe qui favorise les
cycles naturels de l’écosystème pour produire tous les intrants nécessaires, tout en valorisant les
produits de l’exploitation. Donc, elle inclut l’intégration culture-élevage, la pisciculture,
l’apiculture, l’utilisation des énergies renouvelables et la production d’énergie, etc. La fondation
définit la ferme intégrale autosuffisante comme « un système écologique qui se centre sur la
circulation et mis en valeur maximal des ressources existantes dans la région, tout en offrant au
paysan le moyen le plus efficace pour améliorer ses conditions de vie ». La ferme intégrale
autosuffisante familiale a la « fonction de nourrir la famille sur la base des habitudes alimentaires
de la région et créer de l’emploi (pour la famille). Elle est conçue comme une petite entreprise
familiale, destinée à être rentable. » Les éléments du système d’exploitation sont :
 Terre avec de l’eau
 Friche (zone de pâturage)
 Stable
 Cochon
 Poulailler
 Poste de compost
 Horticulture et plantes médicinales

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 Allopathie
 Lombriculture
 Verger
 « Petites espèces » (abeilles, lapins, etc.).
 Pisciculture
 Transformation des aliments (agro-industrie)
 Elaboration des produits laitiers
 Technologies adéquates

Figure 4. Exemple d’une ferme autosuffisante

Cette initiative est une réponse de la société civile aux problèmes de la pauvreté dans le milieu
rural. « Mientras haya hambre no habrá paz » est un de ses slogans.

5.1.2 Zero Budget Natural Farming


Zero Budget Natural Farming (ZBNF) a été proposé par Subhash Palekar en Inde. Cette méthode
culturale ne requiert pas d’investissement monétaire pour l’achat des intrants tels que des
semences, fertilisants ou des chimiques protecteurs des plantes. Tout dont le système a besoin est
d’une vache de race native. Il est indiqué qu’une vache est suffisante pour appliquer la méthode
sur 30 acres de terrain. Les pratiques associées à la ZBNF sont :

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1. Puisque son objectif est l’autosuffisance, il n’y a pas d’usage d’intrants externes et la main
d’œuvre nécessaire est minimale.

« In this system of farming no monetary investment on the part of farmer is required for
purchase of seeds, fertilizers and plant protection chemicals from the market. The farmer
can produce his own seed or he may use seeds that are available with other farmers. More
importantly, there is absolutely no place for fertilizers and plant protection chemicals in
this scheme of farming. Dependence on hired labour is also reduced to the bare minimum
as the system discourages intercultural operations. The whole philosophy behind this
system is to make the farmer self-reliant so that he is freed from the clutches of money
lenders and market dispensed high cost inputs.”
(http://palekarzerobudgetnaturalfarming.com/zbnf.aspx)

2. Traitement de semences avec Beejamrutha. Beejamrutha est une préparation faite de la


bouse et l’urine de vache, la terre de la ferme, de l’eau et de la lime. Son fonction est de
protéger les semences des pathogènes provenant du sol ou des semences mêmes,
pendant les étapes initiales de germination. Il faut juste mettre les semences dans la
solution, les sortir et les semer.

3. Jeevamrutha est une préparation qui sert d’agent catalytique pour promouvoir l’activité
biologique dans le sol. Il faut épandre cette solution une fois par mois sur le terrain. Sa
composition pour une acre de terrain est :

1) Water 200 litres


2) Desi cow dung 10 kg
3) Desi cow urine 5 to 10 litres
4) Jaggery 2 kg
5) Flour of any pulse 2 kg
6 Handful of soil from farm or forest -

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

4. Mulching ou paillage, laquelle est une opération consistant à recouvrir le sol, au pied des
plantes cultivées, avec des matières végétales opaques mais laissant passer l’air et l’eau. Cette
pratique protège la structure de la terre et limite les pertes d’eau et la croissance des
mauvaises herbes. Cela évite la réalisation de labour.

5. Protection des plantes. La ZBNF propose deux fongicides et trois insecticides naturels en
cas d’attaque des ravageurs.
« The above mentioned fungicides and insecticides can be prepared by the farmer himself
and used either as prophylactic or as curative measure for control of crop pests. If the
economic injury to crops due to pests is less than five percent, it should be deemed to be
‘return to nature’ and no plant protection measures should be taken.”
6. Association et rotation de cultures.
« Zero Budget Natural Farming advocates cultivation of diverse species of crops depending
on site specific agro climatic conditions. Mixed cropping provides buffer against total
failure of single crop and also widens the income source of farmers. There is stress on
inclusion of leguminous crops to ensure replenishment of soil fertility. Crop rotation is also
emphasized to discourage build up of endemic pests. In the scheme of mixed cropping,
cereals, millets, leguminous crops, horticulture crops particularly vegetables and even
medicinal plants can be included to make farming more lucrative. The system also
advocates wider spacing of crops to facilitate inter cropping. »

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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

6 Conclusions
A travers la recherche on constate qu’il existe des nombreuses tendances d’agriculture
autosuffisante, cherchant à reprendre des pratiques anciennes, surtout en réponse à
l’insatisfaction qui laisse la société de la consommation et la crise agricole actuelle.
Paradoxalement, ces initiatives se trouvent principalement dans des pays industrialisés et sont
menées par des ONG ou par la société civile en général. L’autosuffisance a donc une certaine
connotation « idéologique » ou « activiste ». La communauté scientifique aborde la thématique
plutôt dès la perspective de diminuer les intrants externes pour un développement durable de
l’agriculture, en cherchant des voies qui assurent l’approvisionnement d’aliments dans le monde.
Il existe aussi un intérêt scientifique pour les petites fermes familiales comme des acteurs
fondamentaux dans la sécurité alimentaire et le développement.

Arriver à l’autosuffisance de l’agriculture familiale implique une bonne compréhension systémique


du milieu et l’application de l’ingéniosité pour le piloter d’une manière durable, d’où l’intérêt de la
nouvelle science « agroécologie ». Les chercheurs peuvent aider à améliorer et raffiner les
pratiques locales (manifestations de l’ingéniosité paysanne) en travaillant de près avec les
agriculteurs, sachant que des petites exploitations sont soumises à des nombreux contraints tels
que des conditions environnementales difficiles, peu d’accès au marché et le manque d’accès à
l’aide technique. Il y a des initiatives qui cherchent des manières de rendre les petites fermes plus
productives et de les répandre, tout en valorisant le savoir-faire déjà existant. Malgré les efforts
les pratiques paysannes sont encore très méconnues. Egalement, même si dans certains cas ils
mènent leurs propres initiatives, les pays les plus pauvres continuent à avoir peu de accès à
l’information (technique) existante et aux moyens de diffusion pour faire connaître leurs propres
pratiques, principalement dans les communautés paysannes. En conséquence, des politiques
publiques doivent être élaborées et mises en place pour créer un cadre institutionnel favorable
aux pratiques agricoles durables associées à l’autosuffisance de l’agriculture familiale.

Mars 2011 30
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?

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