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SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
DEVELOPPER L’AUTOSUFFISANCE :
UNE VOIE POUR L’AIDE À L’AGRICULTURE FAMILIALE
PAUVRE ?
Mars 2011
Tableau de contenus
Introduction................................................................................................................................... 1
1 La recherche .......................................................................................................................... 3
2 L’agriculture familiale ............................................................................................................. 8
3 L’exploitation agricole .......................................................................................................... 11
4 Les conditions et les obstacles de l’autosuffisance pour l’agriculture familiale...................... 13
4.1 Ressources naturelles et le climat ................................................................................. 15
4.1.1 Conditions : accès aux ressources et compréhension du milieu ............................. 15
4.1.2 Obstacles .............................................................................................................. 16
4.2 Science et technologie .................................................................................................. 16
4.2.1 Conditions : développement participative de techniques adaptées ....................... 16
4.2.2 Obstacles .............................................................................................................. 21
4.3 Libération du commerce et marchés............................................................................. 22
4.3.1 Conditions : insertion dans les dynamiques du marché ......................................... 22
4.3.2 Obstacles .............................................................................................................. 23
4.4 Les politiques, les institutions et les biens publics ......................................................... 24
4.4.1 Conditions : cadre institutionnel ........................................................................... 24
4.4.2 Obstacles .............................................................................................................. 25
4.5 L’information et le capital humain ................................................................................ 25
4.5.1 Conditions : accès à l’information et a l’éducation ................................................ 25
4.5.2 Obstacles .............................................................................................................. 26
5 Quelques exemples des pratiques autosuffisantes ............................................................... 26
5.1.1 Fermes intégrales autosuffisantes en Amérique Latine ......................................... 26
5.1.2 Zero Budget Natural Farming ................................................................................ 27
6 Conclusions .......................................................................................................................... 30
Bibliographie................................................................................................................................ 31
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Introduction
Ce document constitue une synthèse bibliographique demandée dans le cadre de la première
année du Master Agriculture, agronomie et agroalimentaire (M13A). Le sujet choisi est
l’autosuffisance des fermes familiales pauvres, dû à l’intérêt de découvrir des manières d’appuyer
l’agriculture familiale qui se trouve dans des situations les plus défavorables afin de la rendre plus
productive. En révisant la bibliographie on peut constater qu’il n’existe pas un consensus par
rapport à la définition de « ferme familiale ». En plus, « l’agriculture familiale », est souvent un
terme échangeable avec « petite exploitant », « agriculture paysanne » ou « de subsistance ». Les
critères pour la caractériser sont établis dans le cadre de chaque étude, programme ou projet.
Cependant, de manière générale, on peut dire que « les fermes familiales sont des unités pilotées
dont la plupart du travail et de l’entreprise dérivent de la famille fermière » (Lipton, 2005). 1
Egalement, définir « pauvre » pose la même limitation conceptuelle ou méthodologique. Altieri
(Altieri, 2002 : 5) liste certaines caractéristiques des agriculteurs pauvres « en
ressources »2 lesquelles permettent d’avoir un cadre conceptuel :
On constate donc que les agriculteurs familiales pauvres sont soumis à des nombreux contraints.
De plus, des faits tels que les paysans du monde produisent les aliments qui nourrissent 70% de la
population mondiale (cf. § 2. L’agriculture familiale) et, que pourtant ils constituent la majorité des
pauvres de la planète, créent un spécial intérêt pour chercher des mécanismes d’aide à
l’agriculture familiale. « Les petits exploitants agricoles produisent l’essentiel des denrées
alimentaires dans les pays en développement. Cependant, d’une manière générale, ils sont
beaucoup plus pauvres que le reste de la population et leur sécurité alimentaire est plus précaire
que celle des pauvres des milieux urbains. Par ailleurs, bien que les prévisions indiquent que la
majorité de la population mondiale vivra en zones urbaines à l’horizon 2030, les populations
agricoles ne seront pas beaucoup moins nombreuses qu’aujourd’hui. Par conséquent, il est
prévisible que, dans la majeure partie du monde, la lutte contre la pauvreté et la faim reviendra à
s’attaquer aux problèmes de survie des petits exploitants agricoles et de leurs familles » (Dixon &
Gulliver, 2001). En autre, tel comme indique aussi Altieri (Altieri, 2002), la plupart des agriculteurs
et de la population rurale sont pauvres, ont à gérer des importants contraints, tels que des
conditions naturelles difficiles et le manque de services publics, et ont donc besoin d’avoir accès à
des technologies adéquates :
1
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez. “Family farms are operated units that derive most labor and enterprise from
the farm family.”
2
Idem. “Characteristics of poor smallholders: Meager holdings or access to land; Little or no capital; Few off-farm
employment opportunities; Income strategies are varied and complex; Complex and diverse farming systems in fragile
environments.”
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
« Although estimates of the number and location of resource-poor farmers vary considerably, it is
estimated that about 1.9–2.2 billion people remain directly or indirectly untouched by modern
agricultural technology (Pretty, 1995). In Latin America, the rural population is projected to remain
stable at 125 million until the year 2000, but over 61% of this population are poor and are expected
to increase. The projections for Africa are even more dramatic. The majority of the world’s rural
poor (about 370 million of the poorest) live in areas that are resource-poor, highly heterogeneous
and risk-prone. Despite the increasing industrialization of agriculture, the great majority of the
farmers are peasants, or small producers, who still farm the valleys and slopes of rural landscapes
with traditional and subsistence methods. Their agricultural systems are small-scale, complex and
diverse, and peasants are confronted to many constraints. The worst poverty is often located in
arid or semiarid zones, and in mountains and hills that are ecologically vulnerable (Conway, 1997).
These areas are remote from services and roads and agricultural productivity is often low on a crop
by crop basis, although total farm output can be significant. Such resource-poor farmers and their
complex systems pose special research challenges and demand appropriate technologies (Netting,
1993) ».
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
1 La recherche
La recherche bibliographique a servi pour clarifier des concepts et des principes bases de
l’autosuffisance, ainsi que leurs applications à l’agriculture familiale pauvre et pour découvrir des
tendances, pratiques et techniques associées, et les perceptions que sur elle existent.
exploitations agricoles. Donc, l’agriculture durable avec peu d’intrants (ADPIE) ou « low external-
input technology » et la gestion d’intrants ont résulté des points centraux de la recherche
bibliographique. « L’ADPIE est une agriculture qui fait un usage optimal des ressources naturelles
et humaines disponibles localement (sol, eau, végétation, flore et faune locales, ainsi que travail,
connaissances et savoir faire). De plus, elle est économiquement réalisable, écologiquement saine,
culturellement adaptée et socialement équitable. L’utilisation d’intrants externes n’est pas exclue
mais est considérée comme complémentaire aux ressources locales » (Reijntjes, Bayer, &
Haverkort, 1995).
Dans les deux cas expliqué ci-dessus (« activiste » et scientifique) l’autosuffisance est liée aux
tendances de l’agriculture durable : agriculture biologique, agroécologie, agriculture raisonnée,
permaculture, agriculture naturelle, éco-agriculture, entre autres. Chaque tendance offre des
controverses sur sa propre définition et ainsi sur le niveau idéal d’utilisation d’intrants externes.
Cependant, il semblerait qu’elles convergent vers certains principes écologiques (cf. § 3.2.1.2) liés
à l’imitation de la nature pour la conception des systèmes agricoles. Dans le cadre de cette
recherche on se concentrera sur l’écologie, notamment l’agroécologie, vu sa prédominance entre
la documentation scientifique, pour en tirer des fondements scientifiques qui servent à concevoir,
développer et mettre en place des systèmes de pratiques durables associées à l’autosuffisance,
spécifiquement dans le cas de l’agriculture familiale. « L’agroécologie fournit une vision et des
lignes guides pour une agriculture plus productive et diversifiée, qui est plus solide au niveau
environnemental et capable de préserver le tissu social des communautés ruraux »3 (Altieri, 2002:
9). D’ailleurs, des nombreux documents scientifiques proposent l’agroécologie comme une voie
pour améliorer et mettre en valeur les petites fermes (familiales ou paysannes). « Partout dans les
pays en voie de développement, des fermiers pauvres en ressources (environ 1.4 milliards de
personnes) sont situés dans des environnements enclins aux risques, marginaux, restant intact par
la technologie agricole moderne. Une nouvelle approche à la gestion des ressources naturelles
doit être développée pour que des nouveaux systèmes de gestion puissent être façonnés et
adaptés d'une manière spécifique aux sites fortement variables et divers, conditions agricoles qui
sont typiques de fermiers pauvres en ressource. L'agroécologie fournit la base scientifique pour
adresser la production par un agrosystème biodiverse capable de parrainer son propre
fonctionnement4» (Altieri, 2002 : 1).
3
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez. “Agroecology provides a vision and guidelines for a more productive and
diversified agriculture, one that is environmentally sound and also capable of preserving the social fabric of rural
communities”
4
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez. “Throughout the developing world, resource-poor farmers (about 1.4 billion
people) located in risk-prone, marginal environments, remain untouched by modern agricultural technology. A new
approach to natural resource management must be developed so that new management systems can be tailored and
adapted in a site-specific way to highly variable and diverse farm conditions typical of resource-poor farmers.
Agroecology provides the scientific basis to address the production by a biodiverse agroecosystem able to sponsor its
own functioning.”
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
l’autosuffisance l’exploitation agricole est un système ouvert : certains produits sortent (par
exemple via la vente). Dans le cas de l’autarcie, le système est fermé : rien n’entre, rien ne sort.
La recherche pour cette synthèse a été réalisée principalement aux bibliothèques SupAgro de l’IRC
et de l’INRA et à travers l’internet. Deux livres principaux ont été consultés dont les contenus sont
utilisés amplement et donc ne sont pas toujours cités :
Une agriculture pour demain. Introduction à une agriculture durable avec peu d'intrants
externes. (Reijntjes et al., 1995)
Self-Sufficient Agriculture: Labor and Knowledge in Small-Scale Farming. (Tripp, 2006)
Dans les deux cas, une définition d’autosuffisance n’est pas explicitement donnée, ni une
description de ce qui est considérée comme « petite ferme » ou « ferme familiale ». Pour ce deux
livres le sujet traité est « l’agriculture durable à peu d’intrants externes » (ADPIE), associée à la
notion d’autosuffisance. Ces deux livres abordent différemment la thématique. D’un côté Self-
sufficient Agriculture mets l’accent sur le travail et l’information dans le développement des
technologies agricoles et propose l’étude de trois cas d’introduction des techniques ADPIE
considérés comme ayant eu du succès, pour en tirer des leçons sur des possibles actions à mener à
futur. Ce livre fait une étude pragmatique plus que promotionnelle, basée cependant sur la
conviction que les techniques ADPIE peuvent « offrir des bénéfices aux fermiers ayant peu de
ressources et que les initiatives que permettent de renforcer les compétences des paysans,
profiter mieux de leur savoir-faire et de leurs ressources, doivent être soutenues »5 (Tripp, 2006 :
17). D’un autre côté, Une agriculture pour demain est une livre promotionnel des pratiques et
techniques ADPIE et offre des explications détaillées sur les fondements écologiques, les
techniques, leur diffusion et mise en place, le rôle des chercheurs et des agents de
développement, ainsi que des exemples concrets et diverses. C’est un livre dédié aux personnes
intéressées à promouvoir et réaliser l’application de ces pratiques. « Comment les agents de
développement peuvent-ils aider les petits agriculteurs dans leurs efforts permanents pour
adapter leur agriculture aux changements de conditions ? Telle est la question principale à laquelle
nous nous efforçons de répondre dans cet ouvrage » (Reijntjes et al., 1995). Les deux livres sont
consacrés à l’ADPIE de petites exploitations en pays pauvres, mettent l’accent sur la vision
systémique de la ferme et de l’ADPIE même, renforcent le besoin des chercheurs de travailler de
plus près des agriculteurs, insistent sur l’importance du capital humain (savoir-faire et
compétences paysans, et capacités locales) et de faire la diffusion de ces pratiques.
La lecture de ces deux livres, ainsi que du reste des documents consultés, a mené à considérer les
aspects suivants pour l’étude de l’autosuffisance dans l’agriculture familiale :
L’autosuffisance de fermes implique remplacer les intrants externes par des ressources
disponibles localement. Pour arriver à cela il faut une bonne connaissance du milieu et une
conception adéquate des pratiques culturales de l’exploitation. Il faut donc, le
5
Traduction faite de l’anglais par Luisa Ramirez. “The book proceeds on the assumption that a significant proportion of
the work on LEIT can offer real benefits to resource-poor farmers and that initiatives to take better advantage of local
skills and resources and to strengthen farmer capacities and organization are well worth supporting.”
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Dans ce contexte, pour comprendre les opportunités et les limitations que l’autosuffisance peut
présenter pour l’agriculture familiale, une vision systémique est nécessaire. Tenant en compte les
principaux déterminants d’un système d’exploitation et leurs interactions, cinq grandes
catégories6 seront utilisées afin de structurer des éléments de réponse à la question :
« développer l’autosuffisance : une voie d’aide à l’agriculture familiale pauvre ? ». Ces catégories
sont :
Ressources naturelles et climat.
Science et la technologie.
Libéralisation du commerce et marchés.
Politiques, institutions et biens publics.
Information et capital humain.
6
Ces catégories sont proposées dans Résumé. Systèmes de production agricole et pauvreté (Dixon & Gulliver, 2001) dans
le cadre d’une étude des systèmes de production dans le monde.
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
2 L’agriculture familiale
« Petite ferme » est souvent un terme échangeable avec ferme « familiale », « paysanne » ou « de
subsistance ». Cela varie par rapport aux pays et au contexte d’études. « La Stratégie Rurale de la
Banque mondiale (2003) définit de petites fermes comme ayant moins de 2 hectares de terre
cultivée et une base d'effectifs basse. Les papiers de fond pour l'Atelier de Recherche de l’Imperial
College IFPRI/ODI/IMPERIAL (2005) utilisent la ferme de 2 hectares comme une ligne d'arrêt pour
la plupart de leurs études. À son tour, Acosta et Rodriguez (2005) du Bureau Régional de la FAO
pour l'Amérique Latine et le des Caraïbes suggèrent un tableau à quatre critères pour distinguer
les fermes familiales, de fermes de subsistance et, finalement, de fermes commerciales (vivant à la
ferme, aucun employé fixe, terre suffisante/insuffisante pour couvrir les besoins de base, des
ventes ou pas au marché). » (Dirven, 2006). Rodriguez et Acosta (Rodriguez & Acosta, 2005)
expliquent les difficultés pour arriver à une définition de l’agriculture familiale pour le cas de
l’Amérique Latine et les conséquences nocives que cela a sur la définition de politiques publiques
agricoles efficaces. Ils proposent une classification des fermes en AL par rapport à quatre critères :
On trouve des autres définitions de l’agriculture familiale dans le cas de l’Amérique Latine (voir
Tableau 2). On distingue certains critères de description communs : la participation de la famille
dans les activités de l’exploitation, la surface de l’exploitation, la provenance de main d’œuvre –
par exemple, familiale ou employée - et le niveau et/ou la nature des revenus.
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Le fait qu’il n’existe pas une définition officielle de « ferme familiale » ou « petite ferme », même
pas au niveau de chaque pays, fait que des chiffres officiels sont difficiles d’obtenir. Cependant, il
existe des nombreuses études sur la caractérisation des petites exploitations. En analysant les
données de 63 pays, Adamopoulos & Restuccia (Adamopoulos & Restuccia, 2009) constatent des
différences alarmantes par rapport aux tailles des fermes dans des pays développés et des pays en
voie de développement :
« First, in the poorest countries the average farm size is 1.6 Ha, while in the richest the average
farm size is 56.7 Ha (a 36-fold difference). Second, this disparity in scale of operation is not due to
the fact that poor and rich countries produce different goods. Differences in average farm size are
large even after controlling for type of agriculture (livestock vs. crops); type of crop (e.g., wheat,
maize, rice); and type of livestock (e.g. cattle, sheep, chicken). Third, the whole size distribution of
farms is heavily skewed to the left in poor countries and to the right in rich countries. More
specifically, in poor countries very small farms (less than 2 Ha) account for over 70% of total farms,
while in rich countries only 15%. In poor countries there are no farms over 20 Ha, while in rich
countries they account for 40% of the total number of farms. »
Donc, le nombre de petites exploitations familiales est beaucoup plus important dans les pays
pauvres, où il est constaté que la plupart des denrées alimentaires proviennent précisément de
ces exploitations. Il est d’autant plus pertinent de chercher des voies d’aide à l’agriculture
familiale. De plus, on constate que les exploitations familiales doivent faire face à un nombre
important de contraints (voir Tableau 3) et traditionnellement elles ont été les moins favorisées
dans les projets de développement agricole. « Un de principaux préoccupations sur la Révolution
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
verte est qu’elle était souvent mise en place en localités ayant des ressources au-dessus de la
moyenne, comme l’irrigation et des bons accès aux marchés»7 (Tripp, 2006 : 70). Cependant, le
rôle des petites exploitations dans le développement est de plus en plus reconnu et des
chercheurs tâchent de les défendre, en défiant les tendances qui annoncent leur disparition.
« L'opinion communément admise de petites fermes doit être défiée. Leur caractère
'multifonctionnel' les rend plus productives, plus efficaces et leur permet de contribuer plus au
développement économique que des grandes fermes. Les petits cultivateurs font les meilleurs
gardiens des ressources naturelles, en conservant la biodiversité et en protégeant mieux la
durabilité de la production » (Rosset, 2000 : 77). Alors, on trouve que « la question de la viabilité
des petites fermes est de nouveau un sujet de débat académique et politique, entre autres parce
que beaucoup de pays développés et de bailleurs ont exprimé un engagement renouvelé au rôle
du développement de l’agriculture pour la croissance et la réduction de la pauvreté »8 (Dirven,
2006). Egalement, des mouvements soutiennent que « les petites fermes permettent le
développement de la biodiversité fonctionnelle avec une production diversifiée et l’intégration des
cultures, des arbres et d’élevage » (La Vía Campesina, 2010). Aussi quant à leur rôle dans
l’approvisionnement de produits alimentaires, des études montrent que « les petites fermes
familiales ont un avantage comparatif en produits pour lesquels la surveillance du travail est
importante, la mesure de l’effort du travail est difficile et l’intensité du capital est négligeable »
(Ciaian, Pokrivcak, & Drabik, 2007). « Il y a 1.5 milliards de paysans dans 380 millions de fermes;
800 millions de jardins urbains en croissance; 410 millions récoltent les cultures cachées de nos
forêts et savanes; 190 millions d'éleveurs nomades et bien plus de 100 millions de pêcheurs
paysans. Au moins 370 millions d'entre ceux-ci sont aussi des peuples indigènes. Ensemble ces
paysans composent presque la moitié des peuples du monde et ils cultivent au moins 70 % de la
nourriture du monde. » (ETC Group, 2009 : 3).
7
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez.
8
Idem.
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Constraints to which poor farmers are exposed Contraints auxquels sont exposés les
agriculteurs pauvres (traduction du texte original)
Heterogeneous and erratic environments Milieux hétérogènes et erratiques
Market failures Echec des marchés
Institutional gaps Brèches institutionnelles
Public good biases Impartialité des services publics
Low access to land and other resources Accès limité aux ressources foncières et autres
Inappropriate technologies Technologies inadéquates
Tableau 3. Quelques contraints des systèmes d’exploitation paysanne et des foyers ruraux pauvres (Altieri, 2002)
3 L’exploitation agricole
L’exploitation agricole est un agrosystème unique : une combinaison de ressources physiques et
biologiques telle que le relief, le sol, l’eau, les plantes et les animaux. En exerçant une influence
sur les composantes de cet agrosystème et sur leurs interactions, les agriculteurs obtiennent des
extrants ou produits tels que les récoltes, du bois et des animaux. Au sein d’un système
d’exploitation, les composantes se complémentent mutuellement quand elles ont des fonctions
différentes (productrice, reproductrice, protectrice, sociale) et s’insèrent dans des différentes
niches écologiques, spatiales, économiques et/ou organisationnelles. Si ces composantes agissent
en synergie, en plus de leurs fonctions, elles favorisent d’autres composantes utiles au système,
par exemple, par :
« Chaque exploitation agricole a sa spécificité propre, qui est déterminée par les disparités des
niveaux de ressources et par les circonstances au plan familial. Le ménage, les ressources dont il
dispose, ainsi que le flux de ces ressources et les interactions au sein d'une exploitation donnée
constituent un système d'exploitation. Par contre, un système de production est défini comme
étant un regroupement de systèmes d'exploitation individuels disposant à peu près d'un même
niveau de ressources, pratiquant les mêmes modes de production, bénéficiant des mêmes sources
de subsistance et assujettis aux mêmes contraintes et pour lesquels des stratégies et interventions
de développement similaires peuvent être élaborées. » (Dixon & Gulliver, 2001)
Une approche systémique servira à étudier les conditions et les obstacles de l’autosuffisance pour
l’agriculture familiale. « L’approche des systèmes d’exploitation agricole considère à la fois les
dimensions biophysiques (telles que les éléments nutritifs du sol et les balances hydriques) et les
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
aspects socioéconomiques (tels que ceux liés au rôle des hommes et des femmes dans les
exploitants, à la sécurité alimentaire et à la profitabilité) au niveau de l’exploitation agricole - où la
plupart des décisions de production et de consommation sont prises. L’efficacité de l’approche
repose dans sa capacité à intégrer des analyses multidisciplinaires de la production et ses relations
avec les facteurs biophysiques et socioéconomiques déterminants d’un système d’exploitation
agricole. » (Dixon & Gulliver, 2001)
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Dans le cadre de l’autosuffisance les cultures, les arbres, la végétation et les animaux n’ont
seulement une fonction productrice mais également une fonction écologique, telle que la
production de matière organique, le pompage et la création des réserves minéraux dans le sol, la
protection naturelle des cultures et la limitation de l’érosion. Ces fonctions contribuent à la
continuité et à la stabilité de l’agriculture et peuvent être considérées comme produisant des
intrants d’origine interne. Les systèmes ADPIE cherchent à imiter à un écosystème naturel arrivé à
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Dans les exploitations agricoles la quantité de biomasse qui est réinvestie est toujours inférieure à
celle produite, puisque l’agriculteur extrait une partie de la production. En remplaçant les intrants
d’origine interne, comme le fumier et le compost, par des intrants externes tel que les engrais
artificiels, il est possible d’extraire davantage de produits de l’agro-écosystème. Par ailleurs, la
variabilité de la production peut être réduite en substituant aux processus naturels des processus
contrôlés par l’homme, comme l’irrigation. La sélection et le croisement des plantes et des
animaux permettent d’augmenter leurs capacités à transformer les intrants en produits utiles.
Mais, au cours de ce processus, d’autres caractéristiques telles que la résistance naturelle et la
compétitivité peuvent disparaitre.
L’utilisation d’intrants externes implique que l’agriculteur se substitue aux fonctions écologiques
de manière large. A court terme ces intrants permettent d’intensifier fortement l’exploitation des
terres. Cependant, le plafonnement actuel de l’augmentation de la production suscite des doutes
importants quant à la capacité des systèmes forts consommateurs en intrants d’origine externe à
assurer la productivité à long terme. Egalement, l’accroissement de l’extraction de produits et la
diminution du réinvestissement en ressources internes, entraîne un appauvrissement du sol. Ces
raisons motivent les tendances d’agriculture durable à chercher la diminution d’utilisation
d’intrants externes. Une agriculture pour demain (Reijntjes et al., 1995) présentent les limites des
intrants externes :
Les engrais artificiels. Leur effet est rapide et leur mode d’emploi facile. Cependant, leur
efficacité se révèle souvent inférieur aux attentes escomptées, ils peuvent perturber la vie et
l’équilibre du sol et l’utilisation continue et exclusive d’engrais artificiels de type NPK entraîne
l’appauvrissement des sols en oligo-éléments (zinc, fer, cuivre, manganèse, magnésium,
molybdène et bore).
Les pesticides sont des substances chimiques ou naturelles qui s’opposent à la prolifération
des populations de ravageurs. Chaque année des milliers d’individus sont empoisonnés para
ces produits, dont près de la moitié dans le Tiers monde. Avec le temps les ravageurs
acquièrent une résistance à ces pesticides qui après doivent être utilisées en quantités
supérieures. Les pesticides éliminent non seulement les organismes nuisibles aux cultures,
mais aussi des organismes utiles tels que leurs ennemis naturels. La plus grande partie des
pesticides épandue se perd dans l’air, le sol et l’eau. Des pesticides qui ne se dégradent pas
facilement sont véhiculé tout au long de la chaîne alimentaire. Alors ces substances causent
des importants dommages à l’écosystème.
Les semences « améliorés ». Les variétés modernes de semences sont essentiellement des
variétés à haut potentiel, sélectionnées pour répondre à des doses élevées d’engrais
chimiques. Semées dans des conditions optimales d’apport nutritif et d’eau, associé à une
protection antiparasitaire appropriée, ces variétés modernes et ces hybrides peuvent
effectivement donner des hauts rendements. Si, par contre, telles conditions ne peuvent pas
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
être assurées, les risques de perte de rendement peuvent être plus élevés qu’avec des
variétés locales.
L’irrigation. En agriculture tropicale, le manque de sources d’eau régulières est une contrainte
majeure. L’accroissement de la salinité de l’eau, l’épuisement progressif des nappes
phréatiques et d’autres problèmes de nature écologique limite la possibilité d’irriguer les
cultures. La construction des réseaux d’irrigation est très couteuse donc la conservation et la
gestion durable de l’eau deviennent de plus en plus importantes.
Des combustibles fossiles (dû à la mécanisation). La mécanisation peut améliorer les
rendements par une meilleure préparation du sol, une réalisation à temps et plus précise des
semis et des applications d’engrais et une récolte plus efficace. L’utilisation de tracteurs et
d’autres machines repose généralement sur la consommation de combustibles fossiles non
renouvelables. Les machines et le combustibles sont des intrants non seulement externes à
l’exploitation, mais souvent aussi, extérieurs au pays en voie de développement. Ainsi la faible
disponibilité des équipements, du carburant, des capitaux, des compétences, des installations
d’entretien et des pièces détachées, viennent s’ajouter aux effets polluants de l’utilisation des
combustibles fossiles.
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
La plupart des agriculteurs familials font face à des conditions naturelles défavorables (par
exemple, des terrains pentus). Il faut, donc trouver des techniques qui permettent de mettre en
valeur le milieu, malgré ses limitations. Altieri propose des techniques agroécologiques pour cela :
Malgré les limitations, les agriculteurs paysans on montré des fortes capacités pour s’adapter aux
différents environnements, maîtrisant une condition nécessaire pour l’autosuffisance : la bonne
connaissance du milieu. « Ne pouvant compter sur des intrants extérieurs ni sur une assistance
technique, les communautés paysannes ont appris à subvenir à leurs besoins grâce aux ressources
naturelles par une profonde compréhension des mécanismes de l’environnement, la
domestication des plantes et d’animaux, la réalisation d’essais sur les différentes manières de les
maitriser et de les exploiter, et en développant des techniques spécifiques et souvent très
complexes afin d’optimiser l’utilisation des ressources locales. Ainsi, les membres de la
communauté ont acquis un savoir très riche quant aux conditions les plus favorables au
développement des plantes et des animaux de leur environnement » (Reijntjes et al., 1995).
4.1.2 Obstacles
« Dans les régions à forte croissance démographique, la terre peut devenir une ressource agricole
rare. Sur une même surface, il faut cultiver davantage de produits, ou des produits de valeur
supérieur (fruits, herbes, médicinales aromatiques, cultures hors saison, etc.). En fonction des
ressources dont ils disposent, les agriculteurs vont élaborer différentes stratégies en vue
d’accroître cette production, et avec l’accroissement du manque de terre, l’agriculture
s’intensifie. » (Reijntjes et al., 1995)
« The stubborn persistence of millions of hectares under traditional agriculture in the form of
raised fields, terraces, polycultures, agroforestry systems, etc. are living proof of a successful
indigenous agricultural strategy and comprises a tribute to the “creativity” of small farmers
throughout the developing world (Wilken, 1987). These microcosms of traditional agriculture offer
promising models for other areas as they promote biodiversity, thrive without agrochemicals, and
sustain year-round yields. (…) Undoubtedly, the ensemble of traditional crop management
practices used by many resource-poor farmers represent a rich resource for modern workers
seeking to create novel agroecosystems well adapted to the local agroecological and
socioeconomic circumstances of peasants. Peasants use a diversity of techniques, many of which fit
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well to local conditions and can lead to the conservation and regeneration of the natural resource
base, as illustrated by the study of Reij et al. (1996) of indigenous soil and water management
practices in Africa. The techniques tend to be knowledge-intensive rather than input-intensive, but
clearly not all are effective or applicable, therefore modifications and adaptations may be
necessary. The challenge is to maintain the foundations of such modifications grounded on
peasants’ rationale and knowledge.” (Altieri, 2002 : 3)
“An increased understanding of the agroecology and ethnoecology of traditional farming systems
is necessary to continue developing contemporary systems. This can only occur from integrative
studies that determine the myriad of factors that condition how farmers perceive their environment
and subsequently how they modify it to later translate such information to modern scientific terms
(Fig. 3).” (Altieri, 2002 : 5)
L’autosuffisance est possible grâce aux savoir faire des paysans et aussi à leur disposition d’innover
et de comprendre leur milieu. Les scientifiques doivent mettre en valeur et diffuser ces savoir-faire
au lieu d’imposer des techniques non-adaptées aux réalités paysannes. Les projets de
développement du passé dans les pays en voie de développement, notamment ceux associés à la
Révolution verte, ont fait la diffusion des pratiques agricoles conçues dans des pays développés.
Ces pratiques n’étaient forcement pas adaptées aux pays plus pauvres et en plus, ils ont crée des
dépendances aux produits élaborés à l’étranger (tel comme les semences sélectionnées et les
engrais chimiques). « La formule (de la révolution verte) était basée sur des systèmes
d’approvisionnement d’intrants externes, souvent subsidiés, et elle comptait sur des paquets de
technologie dont les pratiques étaient similaires à celles utilisées dans des pays industrialisés »
(Reijntjes et al., 1995). De plus, « la plupart des petits exploitants agricoles pauvres dans les zones
marginales n'ont pas bénéficié de ces augmentations de rendement et l'investissement dans le
développement de technologies de production de cultures non céréalières n'a jamais été une
priorité majeure » (Dixon & Gulliver, 2001). Donc, une condition pour l’autosuffisance est le
développement participative des techniques qui prenne en compte le savoir faire traditionnelle
des petits agriculteurs.
“Current tendencies in agroecology encourage researchers to tap into the knowledge and skills
of farmers, and to identify the potential for assembling biodiversity to create beneficial
synergisms that provide the ability to remain at or return to a relatively stable state.
A closer look at ethnoscience (the knowledge system of an ethnic group that has originated
locally and naturally) has revealed that local people's knowledge about the environment,
vegetation, animals, and soils can be very detailed (Altieri 1995). Peasant knowledge about
ecosystems usually results in multidimensional, productive land-use strategies, which
generate, within certain ecological and technical limits, the food self-sufficiency of
communities in particular regions. By understanding ecological features of traditional
agriculture--such as the ability to bear risk, production efficiencies of symbiotic crop mixtures,
recycling of materials, reliance on local resources and germplasm, and exploitation of a full
range of microenvironments--it is possible to obtain important information that may be used
for developing appropriate agricultural strategies tailored to the needs, preferences, and
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
resource base of specific farmer groups and regional agroecosystems.” (Rosset & Altieri,
1997).
Figure 3. Le rôle de l’agroécologie et de l’ethnoécologie dans le recensement des connaissances fermiers traditionnels
Pour optimiser l’usage d’intrants externes il faut bien comprendre le milieu afin de concevoir des
systèmes de culture9 qui mettent en valeur les ressources locales (en tant qu’intrants d’origine
9
Un système de culture est l’ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées
de manière identique. Chaque système de culture se définit par la nature des cultures et leur ordre de
succession, et les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures (Sebillote, 1990a cité en
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
D’auprès Bonciarelli (Bonciarelli, 1981) « une donnée de fond est que l’humanité a besoin de
denrées alimentaires : donc tous les systèmes (de culture) envisageables ne devront pas amener à
des réductions importantes de rendement. En conséquence, on doit chercher et fixer la
« hiérarchie » des différents intrants, de ceux les moins nécessaires à ceux les plus nécessaires.
Cela tenant en compte d’une part de la diminution de rendement provoquée par la réduction d’un
certain intrant et d’autre part, du coût énergétique et économique de l’intrant. » Il propose donc
que les considérations suivantes soient prises en compte pour faire l’analyse sur l’optimisation
d’usage des intrants externes :
Sebillotte, 1992). Itinéraire technique se définit comme une combinaison logique et ordonnée des
techniques culturales qui permettent de contrôler le milieu et d’en tirer une production donnée (Sebillotte,
1992).
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
rendements assez proches des rendements maximum peuvent être obtenus avec des
quantités d’eau réduites.
Travaux du sol (combustibles fossiles). A présent, les travaux du sol constituent une des voies
les plus importantes dans le coût énergétique de nos systèmes de culture. Il est certainement
très important d’évaluer les possibilités de faire des économies, et il est très probable que l’on
puisse le faire, compte tenu du fait que la motorisation agricole a amené un tendance, pas
toujours agronomiquement justifié, à manipuler le sol trop profondément, trop souvent et
trop brutalement. Un très grand intérêt doit être porté aux études sur les nouvelles
techniques de labour et de préparation simplifiée du lit de semis telles que le « minimum
tillage »10 et le « direct drilling »11.
Un moyen important pour réduire l’usage des combustibles fossiles est de réduire le parc de
machines par une meilleure utilisation des machines elles-mêmes. Pour cela, il est important
de mettre au point un assolement qui assure l’utilisation la plus régulière et la plus prolongée
des machines et de la main d’œuvre de l’exploitation.
10
« Minimum tillage » (labour minimum) est partie des « techniques culturales simplifiées » (TCS) cherchant
à diminuer le labour, en faisant une intervention superficielle du sol caractérisée par une profondeur de
travail de 5 à 10 cm. Le but est de limiter les interventions mécaniques afin d'en minimiser les coûts et
d'économiser du temps.
11
Idem. (« Direct drilling » : semis direct, en français).
12
Source : http://www.snh.org.uk/tibre/section2_2_2.htm. Consulté le 15/01/2011.
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
La détermination exacte de toutes les données décrites ci-dessus est très difficile sur un domaine
agricole. Après il faut identifier des solutions, voire créer un système de solutions, les plus
adaptées aux spécificités de l’exploitation : panneaux solaires, photopiles, éoliennes, production
de biométhane, chauffage solaire d’eau, entre autres. On reste sur l’idée de trouver une
combinaison optimisée des différentes ressources locales disponibles.
4.2.2 Obstacles
D’auprès Reijntjes et al. (Reijntjes et al., 1995) « Sans intrants d’origine extérieur, il est impossible
de créer des systèmes d’exploitation orientés vers le marché et permettant de satisfaire les
besoins des populations non paysanne. » On observe donc, certains obstacles : d’un coté, il existe
des agriculteurs qui utilisent peu d’intrants puisqu’ils « sont réticents ou n’ont pas la possibilité
d’utiliser des intrants externes entre autres pour les raisons suivantes:
Il est difficile ou impossible de se les procurer à cause d’une infrastructure et des services
commerciaux de mauvaise qualité ;
S’ils sont disponibles, leurs prix sont élevés ;
Leur utilisation présente des risques et peut être inefficace dans des conditions écologiques
variables et précaires (par exemple, pluviométrie, pluviométrie irrégulière, terrain en pente) ;
Ils ne sont pas très rentables dans telles conditions ;
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Par les conditions expliquées ci-dessus ont peut apprécier qu’atteindre l’autosuffisance entraine
toute une série d’études et de considérations qui peuvent arriver à être très complexes (et même
encombrantes) pour les petites agriculteurs. On constate encore le besoin du soutien de la
communauté scientifique pour le développement et mis en place des technologies adéquates.
“The pertinent issue is to understand which particular markets give small farmers a comparative
advantage. [From case studies in Central America, one can deduct that subsectors that require
large investments, such as beef and milk, seem to exclude small producers (Regoverning Markets
project). On the other hand, labor-intensive production such as fresh fruits and vegetables seem to
favor small farmer participation. This argument is based on the lower transaction costs involved in
supervising family labor. One can question how this comparative advantage holds in areas where
there is a shortage of labor.]” (Pingali et al., 2005)
Etant donné les hauts coûts qu’impliquent les négociations et les opérations transactionnelles
dans agro-industrie moderne, les petits agriculteurs ont intérêt à s’associer. L’association entre
agriculteurs et avec des ONG ou autres organisations de soutien, se constitue comme une
condition pour accéder aux marchés. Plus que réussir à vendre leurs produits aux prix plus élevés,
il faut assurer une place stable dans le marché, tel comme indiquent Pingali et al :
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
“The inverse relationship that can exist between scale and transaction costs makes for a powerful
incentive for small farmers to coordinate their activities so that they can jointly benefit from
reduced transaction costs that are at similar levels to larger production units. (…)Benefits can be
described in terms of increased productivity and increased negotiating power. More information is
needed, however, to understand an actor’s rationale for participating in producer groups. Better
prices are often mentioned; nevertheless some argue that receiving a better price is not the main
concern, having a secured market outlet and access to technical assistance and credit being more
important (Swinnen 2005).” (Pingali et al., 2005)
4.3.2 Obstacles
Pingali et al expliquent les difficultés qui trouvent les petits agriculteurs pour s’insérer dans le
marché agroindustriel actuel. Ce marché est caractérisé par beaucoup des normes et des
dynamiques communicationnelles de plus en plus complexes et exigeants. Cela fait que les petits
agriculteurs aient des limitations pour négocier et trouver leur place dans l’agro-industrie.
“Nevertheless, collaborative action brings with it a whole new set of transaction costs. It is likely
that farmers associating will occur only if the benefits from collaboration cover the value of
investment needed. Not enough is yet understood about the potential benefits and, particularly,
costs. (…)On the potential costs even less is known. Successful association requires management
and entrepreneurial skills—“soft” assets that many small producers with little education are less
likely to have. Extension agents and nongovernmental organizations are working hard to build
capacity in these areas, but no systematic information is available as to the impact of such
trainings and the characteristics of farmers that benefit from them.” (Pingali et al., 2005)
“Given the potential for high rewards, the structure of food systems has radically altered with
globalization. Traditional food systems were essentially production systems that were highly linear
and involved only rudimentary processing and minimal distribution. Modern food systems, on the
other hand, are highly integrated with greater forward and backward linkages and significantly
involve the private sector in determining standards and market regulations (Rondot, Biénabe, and
Collion 2004). Moreover, they are systems that exhibit an ever increasing degree of technological
and process innovation. As such these modern food systems are much more discriminatory in terms
of who is able to enter. (…) Small farmers face two main difficulties in trying to adapt to modern
food systems. The first concerns their ability to commercialize from production systems that are
often semi or fully subsistence, and the second concerns the actual crop or enterprise choice.”
(Pingali et al., 2005).
“Small farmers in that respect find a very skewed structure in the food system, facing on the one
hand a small and reducing number of large food companies and food retailers. On the other hand,
at the point of input supply to farmers, large chemical and seed companies are creating patented
input supply systems controlled by a small number of companies (e.g., Monsanto and Dekalb
Genetics Corporation/Delta and Pine Land, DuPont and Pioneer HiBred) (Napier 2001). Facing this
structure, agricultural producers will find it increasingly difficult to negotiate favorable terms of the
contract.” (Pingali et al., 2005).
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Un cadre institutionnel favorable aux pratiques liées à l’autosuffisance des fermes familiales
doivent promouvoir des techniques agricoles durables et favoriser le changement des « forces clés
qui pilotent la crise agricole actuelle : monoculture extensive, usage excessif des machines,
contrôle des intrants par les agro-business, dépendance des fuels fossiles, et hautes demandes de
capital.13 » (Rosset & Altieri, 1997). Une vision plus agroécologique est donc nécessaire et elle
n’est pas possible sans l’existence des politiques publiques correspondantes.
« However, this vision cannot be fully realized without an enabling policy scenario that
encourages a truly sustainable agriculture. Such a scenario will mean removing existing
disincentives and putting in place new incentives. Active participation of farmers' groups, in
partnership with other institutions, will be essential to push for policies that work and to
challenge research agendas that presently serve corporate interests at the expense of farmers
and the environment (Pretty 1995).” (Rosset & Altieri, 1997)
Tripp (Tripp, 2006 : 55) indique que plusieurs études sur l’adoption de techniques agricoles
révèlent qu’il existe une relation positive entre le niveau d’éducation des agriculteurs et
l’assimilation des techniques conventionnelles. Ainsi des politiques publiques dirigées à favoriser
l’éducation des paysans, aussi que l’infrastructure rurale et la communication, offrent des
avantages pour la mise en place des démarches qui cherchent à améliorer la situation des petits
agriculteurs, telle comme l’autosuffisance.
“Policies aimed at the provision of better education, rural infrastructure, and communication have
a number of benefits for small farm welfare. For those who can successfully remain in production
there is a clear link between public good services and reduced transaction costs. In terms of
facilitating exit strategies, public good provision is vital to reorient the rural economy toward
alternative employment opportunities that support changing agricultural systems.” (Pingali et al.,
2005)
13
Traduit de l’anglais par Luisa Ramirez. “(…) key forces that are driving the agricultural crisis: extensive monoculture,
excessive use of machinery, input control by agribusiness, dependence on fossil fuels, and very high capital
requirements”.
Mars 2011 24
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Finalement, le cadre politique doit chercher à équilibrer les intérêts de tous les acteurs concernés
par la démarche de l’autosuffisance, surtout au niveau économique.
“Any marketing system represents a field of conflicting interests between the actors, and an
efficient system necessarily needs to find the balance between the economic interests of each of
the actors in the system.” (Pingali et al., 2005)
4.4.2 Obstacles
Altieri présent les obstacles par rapport à la création d’un cadre institutionnel favorisant des
pratiques de l’agriculture durable :
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
« Education substantially reduces informational and search costs, but in a wider context education
has to be seen as a fundamental policy priority. As commercialization proceeds, exits from small-
scale agriculture are bound to occur. Education not only is necessary for the development of
nonfarm sectors in the rural economy but is critical in facilitating labor movements across sectors.”
(Pingali et al., 2005)
4.5.2 Obstacles
Les fermes familiales pauvres se trouvent normalement dans des zones marginales et les niveaux
d’éducation des agricultures sont bas. Cela représente des obstacles pour accéder à l’information
technique disponible, la mettre en valeur et finalement consolider le capital humain. En autre, le
savoir-faire paysan est encore très méconnu, étant donné les limitations de communication et
d’accès aux moyens de diffusion.
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
Allopathie
Lombriculture
Verger
« Petites espèces » (abeilles, lapins, etc.).
Pisciculture
Transformation des aliments (agro-industrie)
Elaboration des produits laitiers
Technologies adéquates
Cette initiative est une réponse de la société civile aux problèmes de la pauvreté dans le milieu
rural. « Mientras haya hambre no habrá paz » est un de ses slogans.
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
1. Puisque son objectif est l’autosuffisance, il n’y a pas d’usage d’intrants externes et la main
d’œuvre nécessaire est minimale.
« In this system of farming no monetary investment on the part of farmer is required for
purchase of seeds, fertilizers and plant protection chemicals from the market. The farmer
can produce his own seed or he may use seeds that are available with other farmers. More
importantly, there is absolutely no place for fertilizers and plant protection chemicals in
this scheme of farming. Dependence on hired labour is also reduced to the bare minimum
as the system discourages intercultural operations. The whole philosophy behind this
system is to make the farmer self-reliant so that he is freed from the clutches of money
lenders and market dispensed high cost inputs.”
(http://palekarzerobudgetnaturalfarming.com/zbnf.aspx)
3. Jeevamrutha est une préparation qui sert d’agent catalytique pour promouvoir l’activité
biologique dans le sol. Il faut épandre cette solution une fois par mois sur le terrain. Sa
composition pour une acre de terrain est :
Mars 2011 28
Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
4. Mulching ou paillage, laquelle est une opération consistant à recouvrir le sol, au pied des
plantes cultivées, avec des matières végétales opaques mais laissant passer l’air et l’eau. Cette
pratique protège la structure de la terre et limite les pertes d’eau et la croissance des
mauvaises herbes. Cela évite la réalisation de labour.
5. Protection des plantes. La ZBNF propose deux fongicides et trois insecticides naturels en
cas d’attaque des ravageurs.
« The above mentioned fungicides and insecticides can be prepared by the farmer himself
and used either as prophylactic or as curative measure for control of crop pests. If the
economic injury to crops due to pests is less than five percent, it should be deemed to be
‘return to nature’ and no plant protection measures should be taken.”
6. Association et rotation de cultures.
« Zero Budget Natural Farming advocates cultivation of diverse species of crops depending
on site specific agro climatic conditions. Mixed cropping provides buffer against total
failure of single crop and also widens the income source of farmers. There is stress on
inclusion of leguminous crops to ensure replenishment of soil fertility. Crop rotation is also
emphasized to discourage build up of endemic pests. In the scheme of mixed cropping,
cereals, millets, leguminous crops, horticulture crops particularly vegetables and even
medicinal plants can be included to make farming more lucrative. The system also
advocates wider spacing of crops to facilitate inter cropping. »
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
6 Conclusions
A travers la recherche on constate qu’il existe des nombreuses tendances d’agriculture
autosuffisante, cherchant à reprendre des pratiques anciennes, surtout en réponse à
l’insatisfaction qui laisse la société de la consommation et la crise agricole actuelle.
Paradoxalement, ces initiatives se trouvent principalement dans des pays industrialisés et sont
menées par des ONG ou par la société civile en général. L’autosuffisance a donc une certaine
connotation « idéologique » ou « activiste ». La communauté scientifique aborde la thématique
plutôt dès la perspective de diminuer les intrants externes pour un développement durable de
l’agriculture, en cherchant des voies qui assurent l’approvisionnement d’aliments dans le monde.
Il existe aussi un intérêt scientifique pour les petites fermes familiales comme des acteurs
fondamentaux dans la sécurité alimentaire et le développement.
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Développer l’autosuffisance : une voie pour l’aide à l’agriculture familiale pauvre ?
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