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« PUBLICITÉ » MENSONGÈRE

ET TROMPEUSE DU LOBBY
PSYCHIATRIQUE

Facteur contribuant à la négligence et à


la maltraitance des patients ?

Un rapport d’intérêt général de la

COMMISSION DES CITOYENS POUR LES DROITS DE L’HOMME


« Je suis convaincu
que les explications et
interventions psychia-
triques présentent de
sérieux défauts et que
la plupart des gens le
pensent aussi au fond
d’eux-mêmes. » 1

Dr Thomas Szasz
Professeur émérite de psychiatrie
La folie, l’idée et ses conséquences
INTRODUCTION

C
« Quelles sont les
e rapport a été Ce que les médecins et
écrit dans un conséquences légales le public lisent à propos
but d’intérêt du fait d’échouer à des médicaments et de
général, afin de informer ou à avertir ce qui cause les troubles
révéler l’histoire large- mentaux n’est en aucun
correctement,
ment dissimulée du lob- cas un reflet neutre de
bying psychiatrique et de notamment lorsque toute l’information dis-
ses groupes de soutien et quelqu’un qui a été ponible. » 2
de défense qui souvent influencé par une
relaient des opinions Forte de ses 35 ans d’ex-
“publicité” trompeuse
partiales à propos de la périence dans l’investi-
maladie mentale et du
ou par un échec à gation et la dénoncia-
besoin d’une médica- informer de manière tion des violations des
tion psychiatrique pour adéquate s’engage dans droits civils et des droits
la traiter. La plupart de de l’homme dans le do-
un traitement pharma-
leurs publications font maine de la santé men-
passer des théories pour
ceutique qui provoque tale, la Commission des
des faits, trompant ainsi des dommages ? » Citoyens pour les Droits
les parents et les con- de l’Homme a documen-
sommateurs. Il peut en té l’histoire cachée de
résulter des décisions de santé erronées, la psychiatrie et, en particulier, l’adminis-
prises sur la base de fausses informations. tration en masse de drogues à des enfants.
La conséquence la plus tragique est le parent Une histoire qui implique des groupes « de
qui, influencé par un tel conseil, donne son ac- défense » des patients, groupes qui sont lar-
cord à ce que son enfant soit mis sous psycho- gement financés par des intérêts pharma-
tropes, qu’il devienne par là même dépendant ceutiques.
et fasse l’expérience d’autres effets destructifs
et risque la mort. La CCDH reconnaît que les compagnies
pharmaceutiques produisent des médica-
Elliot Valenstein, biopsychologue et auteur ments valables et souvent vitaux pour les
de Blaming the Brain (Tout est la faute du maladies physiques. Cela dit, les psycho-
cerveau), déclare que les gens « sont forcés tropes ne sont pas prescrits pour des mala-
de dépendre d’une information qui est en dies, mais pour des « troubles » fondés non
fait un matériel promotionnel, ou d’une in- sur des faits scientifiques mais sur des avis
formation qui, pour le moins, est filtrée et psychiatriques. Ceci fait courir des risques à
façonnée par divers groupes d’intérêts … des millions de familles et d’enfants.
ABSENCE D’INFORMATIONS
SUR LES RISQUES

L
a prolifération des « diagnostics » neuroleptiques causaient une dyskinésie
psychiatriques dans le DSM tardive, trouble neurologique irréversible
(Manuel diagnostique et statistique se manifestant par des tics faciaux et des
des troubles mentaux) de l’Asso- spasmes incontrôlables. Après enquête,
ciation américaine de psychiatrie (APA) Robert Whitaker, journaliste médical
a provoqué une augmentation massive primé et auteur de Mad in America (Folie
de la vente d’antidépresseurs, qui s’est en Amérique), a déclaré : « Durant des
élevée jusqu’à 12,5 milliards de dollars années, l’APA n’a pas fait le moindre
en l’an 2000. Le marché cible en était les effort pour instruire ses membres, alors
enfants : 1,5 millions d’entre eux reçoivent que le nombre d’Américains souffrant
aujourd’hui des antidépresseurs ISRS de dyskinésie tardive n’a cessé de croître
(inhibiteurs sélectifs de la recapture de la pour atteindre un chiffre de plus de 250
sérotonine), en dépit du fait que la majorité personnes par jour, l’APA ne faisant
de ces derniers n’ont pas été testés comme toujours rien. » Elle a émis un avertis-
étant sûrs ni approuvés par la FDA pour un sement seulement après « plusieurs actions
usage pédiatrique. de droit civil, rendues largement publiques
et concluant à la négligence des psychiatres
En 2003, les organismes de contrôle (et de leurs institutions) pour avoir omis
britanniques ont interdit la prescription d’avertir les patients de ce risque ; dans un
d’ISRS aux moins de 18 ans parce que des cas, les dommages et intérêts s’élevaient
essais cliniques avaient mis en évidence à 3 millions de dollars », écrit Whitaker.
des effets secondaires potentiels tels que « Une telle attitude est le signe évident d’un
suicide, hostilité ou automutilation. Malgré étonnant mépris pour le malade mental »,
l’inquiétude croissante à propos de ces ajoute-t-il.
risques, l’APA n’a pas encore averti les
psychiatres pour qu’ils cessent de prescrire Depuis 1995, aux Etats-Unis, l’Organe
ces médicaments. Les groupes de « défense » international de contrôle des stupéfiants
des patients psychiatriques, qui reçoivent (OICS) a condamné l’administration
des fonds pharmaceutiques et/ou gouver- massive de psychotropes à des enfants.
nementaux et ont notamment la responsa- En 1995, l’OICS a notamment exprimé sa
bilité d’informer correctement les parents, préoccupation à propos d’organisations
n’ont pas non plus émis d’avertissements non gouvernementales et d’associations
appropriés. parentales faisant dans ce pays un lobbying
actif en faveur de l’usage médical de la
En 1960, l’APA avait refusé d’informer ses Ritaline (méthylphénidate) chez les enfants
membres et le corps médical du fait que les présentant un « trouble d’hyperactivité
avec déficit de l’attention » (THADA). Des résultat d’une publicité directe auprès du
transferts financiers de la part de sociétés consommateur. » Depuis 1997, année où le
pharmaceutiques, dans le but de promouvoir marketing direct auprès du consommateur
les ventes d’une substance sous contrôle a été approuvé aux Etats-Unis, les ventes
international, équivalaient, selon lui, à de la de stimulants pour enfants ont augmenté
publicité cachée et étaient en contradiction de 37 %, pour s’élever aujourd’hui à plus
avec les dispositions de la Convention de d’un milliard de dollars.
1971 sur les substances psychotropes. 3
Financés par l’industrie pharmaceutique ou
Dans son rapport pour 2002, publié en le gouvernement, les groupes pro-psychia-
janvier 2003, l’OICS a lancé un avertis- triques continuent à promouvoir cette
sement : « La situation aux Etats-Unis drogue, contribuant au marketing direct
concernant la surprescription de méthyl- auprès du consommateur via l’internet.
phénidate [Ritaline] devient de plus en
plus préoccupante ; il se peut qu’elle soit le
LE DSM : COMMENT SE CRÉER UNE
CLIENTÈLE D’ENFANTS

E
n 1952, la première édition du lesquels près de 30 % des Américains souf-
DSM ne contenait que trois « trou- frent d’un trouble mental et ont donc besoin
bles » relatifs aux enfants. En 1980, d’un traitement, la plupart pensent qu’un
le nombre de ces troubles avait été chiffre si élevé n’est pas plausible. » 4
multiplié par près de dix. En 1987, les mem-
bres de l’APA ont littéralement voté le « On entend souvent dire que dix millions
THADA comme « trouble » à inclure dans d’Américains souffrent de ceci, trois autres
le DSM à titre d’élément de facturation. millions, de cela », déclare Barbara Mintzes,
Conséquence : parler en classe, être distrait, épidémiologiste au Centre de recherche en
gigoter ou perdre ses crayons donnait droit politique et services de santé de l’Univer-
à l’étiquette « THADA » et à une médica- sité de Colombie Britannique. « Si vous
tion. En une année, 500 000 enfants améri- additionnez tous ces millions, vous aurez de
cains ont reçu ce diagnostic. Aujourd’hui, la peine à trouver des Américains qui n’ont
à peine sortis des couches, les enfants ont pas de tels diagnostics. » 5
déjà droit à un diagnostic de maladie men-
Les groupes de « défense » des patients
tale, d’où une hausse substantielle de la
psychiatriques jouent un rôle important
consommation de médicaments psychiatri-
dans le marketing des « troubles » du DSM,
ques chez les enfants en bas âge au cours
qui a contribué à augmenter les ventes de
des 15 dernières années.
médicaments. Alors qu’en 1989 une étude
Les membres de l’APA et leurs groupes rapportait que seul 1,2 % de la population
de défense prétendent que près de 5 % des souffrait de cet obscur trouble du DSM
enfants souffrent aujourd’hui du THADA. qu’est le « trouble d’anxiété généralisée »
Sans la moindre légitimité scientifique pour (TAG), après l’approbation par la FDA
d’un antidépresseur pour son traitement,
étayer ce trouble en tant que maladie médi-
suivie d’une campagne de promotion mas-
cale, ils proposent souvent des « remèdes »
sive, les médias rapportèrent que 10 millions
plus puissants que la cocaïne et susceptibles
d’Américains souffraient de ce « trouble ».
de créer, comme elle, une dépendance.
En 1998, une compagnie pharmaceutique
Les statistiques fournies sur le nombre de demanda à la FDA d’approuver un anti-
personnes souffrant d’une maladie mentale dépresseur/anxiolytique pour le « trouble
sont entièrement fausses ou, au mieux, dis- d’anxiété sociale » (TAS), une forme de
cutables. timidité dont le DSM disait qu’elle était très
rare (environ 2 %). Une fois le médicament
Selon une étude de février 2002 publiée dans approuvé, une stratégie de marketing fit du
la revue Archives of General Psychiatry, TAS un trouble « grave » affectant jusqu’à
« lorsque les gens voient des chiffres selon 13,3 % de la population.
PROMOUVOIR DES « TROUBLES »
POUR VENDRE DES MÉDICAMENTS

L
e scénario se déroule comme suit. patronnées par les compagnies en question.
On veut plus de ventes d’un médi- Celles-ci établissent ou financent des groupes
cament approuvé par la FDA. Un de «défense» des patients, afin que ces derniers
trouble obscur du DSM est choisi deviennent «le porte-parole» du «trouble».
pour pouvoir tester le médicament. Les Certains de ces groupes opèrent directement
compagnies pharmaceutiques financent les à partir des agences de relations publiques
études et se servent d’éminents psychiatres des fabricants.6
pour confirmer que le « trouble » est un sé-
rieux problème. Des agences de relations Voici un exemple de conflit d’intérêts
publiques lancent des campagnes pour faire dans l’un de ces groupes de « défense » des
connaître la nouvelle maladie, utilisant des patients :
statistiques spectaculaires tirées d’études

LE CHADD
(CHILDREN AND ADULTS WITH ATTENTION
DEFICIT / HYPERACTIVITY DISORDER) :

[THADA] « C’est vraiment une affaire de croyance. »


- E. Clarke Ross, directeur du CHADD
The Washington Times Insight Magazine

● Le CHADD (Association pour enfants promotion et qu’il valide sur son site inter-
et adultes présentant des troubles d’hy- net sont fabriqués par les compagnies qui
peractivité et de déficit de l’attention) a financent l’organisation.
été sévèrement critiqué, tant par l’Organe
international de contrôle des stupéfiants ● Alors que le CHADD accuse ceux qui
(organe des Nations Unies) que par la le critiquent de « répandre des menson-
DEA (Drug Enforcement Administra- ges et des inexactitudes », de faire de la
tion) américaine, pour ses liens financiers « désinformation » et de parler de « pseu-
avec les fabricants de médicaments pour doscience », une étude approfondie de
le THADA. En effet, plus de la moitié son site révèle que le CHADD fait exac-
des médicaments dont le CHADD fait la tement ce dont il accuse les autres.
Mais voyons plutôt : ● Malgré les préoccupations de l’OICS et
de la DEA, et les conflits d’intérêts avec
● En 1987, les membres de l’Association
le financement pharmaceutique, en 2002,
américaine de psychiatrie votaient l’in-
le Centre pour le contrôle des maladies
clusion du trouble d’hyperactivité et de
et la prévention (Center for Disease
déficit de l’attention (THADA) comme
Control and Prevention) a donné au
trouble mental dans son DSM. La même
CHADD 750 000 dollars pour devenir
année, le CHADD était formé. 7
un centre de ressources national pour le
THADA.
● Après un soutien financier de la part des
milieux pharmaceutiques intéressés, le ● Plus de la moitié des médicaments dont
nombre de groupes du CHADD explosa, le CHADD fait la promotion sur son
passant de 29 à 500. 8 site internet sont fabriqués par les com-
pagnies qui le financent.
● Rien qu’entre 1991 et 1994, le CHADD
a reçu près d’un million de dollars de la ● Les parents accusent le CHADD de se
part de groupes d’intérêts pharmaceuti- servir de l’argent des contribuables pour
ques, et en 2001, un nouveau montant de diffuser des informations partiales, les
700 000 dollars. 9 privant ainsi d’un véritable « consen-
tement éclairé » qu’ils seraient en droit
● Comme déjà dit plus haut, en 1995, l’OICS
d’attendre de la part d’un « centre de res-
a exprimé sa préoccupation à propos d’or-
sources» financé par le gouvernement.
ganisations non gouvernementales et d’as-
Bien que la liberté d’expression soit un
sociations parentales faisant aux Etats-
droit constitutionnel, le soutien financier
Unis un lobbying actif en faveur de l’usage
du gouvernement implique que les infor-
médical de la Ritaline chez les enfants pré-
mations soient exactes et impartiales.
sentant un THADA. Selon lui, des trans-
ferts financiers d’une compagnie phar- ● Le CHADD prétend faussement que le
maceutique dans le but de promouvoir THADA est un trouble « neurobiolo-
les ventes d’une substance sous contrôle gique» ; il n’y a en effet aucune preuve
international, équivalaient à de la publicité scientifique pour soutenir cette affirma-
cachée et étaient en contradiction avec les tion. Son site web omet d’informer les
dispositions de la Convention de 1971 sur gens de la variété considérable des opi-
les substances psychotropes. 10 nions médicales à propos de la validité
du THADA. 12
● En 1995 également, la DEA a publié
un document de fond sur le méthylphé- ● Le CHADD se réfère au rapport du
nidate (Ritaline), déclarant : « La DEA chef du service fédéral de la santé publi-
s’inquiète du fait que l’importance des que sur la santé mentale de 1999 pour
relations financières avec les fabricants dire que le THADA est un trouble neu-
n’est pas bien connue du public, ni même robiologique, pourtant ni ce rapport, ni
des membres du CHADD, qui se fient à le DSM-IV, pas plus que le NIH (Natio-
cet organisme pour recevoir des conseils nal Institutes of Health) ou le Guide de
à propos du diagnostic et du traitement pratique clinique de l’Académie amé-
de leurs enfants. » 11 ricaine de pédiatrie pour le THADA,
ne confirment ou ne mentionnent le CHADD ne font pas mention de l’abus
THADA en tant que trouble « neuro- potentiel et effectif de Ritaline. Celle-ci
biologique ». En fait, le chef du service y est décrite comme une substance béni-
fédéral de la santé publique ne fournit gne, légère, qui n’a pas le moindre lien
aucune preuve concluante pour étayer avec des abus et ne présente pas d’effet
cette théorie – un fait que le CHADD secondaire grave. En fait, la Ritaline et
néglige de mentionner sur son site plusieurs autres médicaments pour le
internet. 13 THADA sont des stupéfiants inscrits
au Tableau II (Convention de 1971),
au même titre que la cocaïne et la mor-
Attitude partiale du CHADD phine. 15
envers les thérapies non
médicamenteuses ● Le CHADD s’oppose à toute législation
qui empêcherait de forcer les parents à
● Dans un geste symbolique pour fournir mettre leurs enfants sous de tels médica-
une information équilibrée, le CHADD ments potentiellement dangereux ; par
consacre environ 4 pages de son site à exemple, la loi américaine de 2003 sur
nier l’existence de traitements alternatifs la sécurité de la médication des enfants.
efficaces, alors qu’il utilise 10 pages pour En fait, elle attaque les parents affli-
promouvoir les vertus des psychotropes. gés par la mort de leur enfant à la suite
Les effets secondaires connus et docu- d’une pharmacothérapie psychiatrique
mentés de ces médicaments sont mini- – ou les parents qui ont été menacés
misés, étant qualifiés de « légers et typi- d’une poursuite pour négligence médi-
quement de courte durée », alors que les cale pour avoir choisi de ne pas droguer
rapports médicaux et scientifiques font leur enfant. Le CHADD se moque de
état d’effets secondaires graves, incluant leur peine, parlant de cas « isolés », alors
la mort. 14 qu’en vérité des centaines de parents se
sont plaints de tels abus (cf. http://www.
● La DEA a averti que la plupart des ablechild.org, où se trouve une liste de
documents préparés pour être remis plus de 600 signatures de parents qui
au public par des groupes comme le avaient été forcés).
LA NAMI
(NATIONAL ALLIANCE FOR THE MENTALLY ILL) :

« L’Alliance nationale pour les malades


mentaux (NAMI) reçoit de l’argent de l’industrie
pharmaceutique et dit qu’elle le dépense dans
sa campagne “anti-stigmate”. Elle affirme que la
maladie mentale est une “maladie du cerveau”.
Et que les gens qui en souffrent ont de bons
résultats avec ses médicaments. C’est pourquoi
la NAMI encourage la médication forcée.
La NAMI fait là un travail de promotion étonnant. »16

— Loren Mosher, psychiatre et ancien directeur


du Centre d’études de la schizophrénie
de l’Institut américain de la santé mentale (NIMH)

● Des familles inquiètes pour des pro- (1,87 million), Pfizer (1,3 millions), Abbot
ches souffrant – à ce qu’on leur avait dit Laboratories (1,24 million), Wyeth Ayerst
– de schizophrénie, ont fondé la NAMI en Pharmaceuticals (658 000) et Bristol-
1979. Suite à la participation du directeur Myers Squibb (613 505). La part du lion a
du NIMH, psychiatre, à une réunion du servi à la NAMI pour le financement de sa
groupe, ce dernier créa un comité consul- « Campagne pour mettre fin à la discrimi-
tatif « scientifique », constitué en majeure nation » contre le malade mental. 18
partie de psychiatres, dont certains du
gouvernement.17 Durant les 20 années qui ● En 1996, la NAMI a débuté une campa-
ont suivi, la NAMI a pu compter sur des gne de cinq ans visant à inciter les assu-
fonds pharmaceutiques (plus de 11 mil- reurs à payer des fonds illimités pour
lions de dollars sur une période de 4 ans). les traitements psychiatriques, avec leur
«Campagne pour mettre fin à la discri-
● Selon des documents internes, publiés dans mination ». Les « sponsors fondateurs »
un article de Mother Jones en 1999, « une de cette campagne étaient 8 compagnies
association à but non lucratif influente pharmaceutiques fabriquant des médica-
dans le domaine de la santé mentale est ments psychiatriques : Abbott Laborato-
alimentée par les millions de l’industrie ries ; Bristol-Myers Squibb ; Eli Lilly and
pharmaceutique » ; 18 compagnies ont Company ; Janssen Pharmaceuticals, Inc.;
donné à la NAMI un total de 11,72 mil- Pfizer, Inc. ; Sandoz Pharmaceuticals; Smi-
lions de dollars entre 1996 et la mi-1999, thKline Beecham et Wyeth-Ayerst Labo-
dont Janssen (2,08 millions), Novartis ratories. 19
● Dans un article de Insight Magazine paru ● La dernière fois que la NAMI a fait la
en 2000, Bob Carolla, porte-parole de la une des médias, le 18 décembre 2003,
NAMI a déclaré : « La maladie mentale est c’était lorsque le New York Times a rap-
un trouble biologique du cerveau ». Et il a porté que l’association avait fait venir en
fait référence au rapport du chef du servi- bus des quantités de manifestants à une
ce fédéral de la santé publique des Etats- audience, à Frankfort dans le Kentucky,
Unis de 1999 sur la santé mentale pour avait placé des pages entières d’annonces
étayer son affirmation. Pourtant, l’auteur dans les journaux du Kentucky et envoyé
de l’article, Kelly Patricia O’Meara, ayant des fax enflammés aux fonctionnaires
revu le rapport en entier, a découvert que d’Etat, pour protester contre la proposi-
« le rapport du chef du service fédéral de tion d’une commission d’Etat d’exclure le
la santé publique n’apportait pas la moin- Zyprexa (un antipsychotique) de la liste
dre donnée scientifique à l’appui de l’af- des médicaments préférés de Medicaid.
D’après l’article, « ce que les groupes de
firmation que la maladie mentale était un
défense n’ont pas dit à l’époque c’est que
trouble ou une maladie du cerveau ».20
les bus, les annonces et les fax étaient tous
● En réalité, le rapport du Chirurgien gé- payés » par le fabricant du Zyprexa. 23
néral admettait qu’il n’y avait aucune
● Sally Zinman, du Réseau californien des
preuve médicale pour soutenir les af-
clients de la santé mentale, résume en
firmations de la NAMI. Il disait en fait
ces termes l’omission primaire que fait la
ceci: « On pense souvent que les dia-
plus grande partie de la presse grand pu-
gnostics de troubles mentaux sont plus
blic en considérant la NAMI comme une
difficiles que ceux de troubles médicaux
source valable d’informations sur la ma-
somatiques ou généraux du fait qu’il n’y
ladie mentale : « La NAMI est, pour les
a pas de lésion définitive, ni de test de
médias, la voix de la communauté de la
laboratoire ou de tissu anormal dans
santé mentale, mais ses sources de finan-
le cerveau permettant d’identifier la
cement font douter de l’intégrité de son
maladie. » 21 [mise en évidence ajoutée]
travail. » 24
● La NAMI ne parvient même pas à faire
régner l’ordre dans ses propres rangs. En Le psychiatre Loren Mosher fustige l’APA
septembre 2003, des plaintes ont été dé- pour son soutien à la NAMI qui, dit-il, « croit
posées pour 40 chefs d’accusations de vol que les malades mentaux devraient être for-
contre Julie L. Warren, manager du bu- cés à prendre une médication. Ce niveau
reau d’Etat de Washington de la NAMI, de contrôle social est terrifiant. On devrait
pour avoir détourné du groupe plus de accorder aux malades mentaux le droit de
169 000 dollars sur une période de deux choisir un traitement alternatif. » 25
ans.22 Pour sa défense, Warren a déclaré
qu’elle souffrait d’un trouble mental qui
avait altéré sa capacité de décider. Le
juge ne l’a pas suivie et l’a condamnée à
20 mois de prison.
LA NMHA
(NATIONAL MENTAL HEALTH ASSOCIATION) :

« Une autre façon des compagnies pharmaceutiques


d’accroître le marché des médicaments psychotropes
est de soutenir divers groupes de défense de patients
qui encouragent les gens à recevoir de l’aide sous la
forme de tels médicaments. Il y a beaucoup de grou-
pes de ce genre, notamment… l’Alliance nationale
pour les malades mentaux,… l’Association nationale
pour la santé mentale… et le CHADD.
Ces groupes de défense des patients ont une influen-
ce qui complète celle de la publicité des compagnies
pharmaceutiques. Beaucoup de ces groupes reçoi-
vent des fonds de l’industrie pharmaceutique, ce qui
leur permet d’accroître la publicité dans les journaux
et les magazines ainsi que les informations qu’ils
distribuent par d’autres moyens. Leurs documents
contiennent généralement des partis pris en faveur
des médicaments, pour encourager les gens à vouloir
une médication en exagérant l’efficacité des médica-
ments et les fondements scientifiques sur lesquels ils
reposent.»

— Elliot Valenstein, professeur émérite


de psychologie et de neurosciences à
l’Université du Michigan26

● La NMHA (Association américaine ou l’absence de symptômes dépressifs et


pour la santé mentale) est une organisa- fournir une base d’évaluation pour le cas
tion à but non lucratif qui dit s’adresser où ce serait nécessaire ». Ce programme
à tous les aspects de la santé mentale et est en partie soutenu par des subven-
de la maladie mentale. Il s’agit d’un des tions pour l’éducation de Eli Lilly and
sponsors principaux du programme de Company, fabricant du Prozac, l’un des
dépistage national annuel de la dépres- médicaments les plus vendus pour la
sion, qui prétend identifier « la présence dépression. 27
● La « Journée nationale de dépistage de causée par quantité d’autres conditions
la dépression » est devenue aujourd’hui, médicales. »30 « Attribuer un nombre à
aux Etats-Unis, un événement médiati- la dépression d’un patient peut sembler
que majeur, avec des dossiers de presse scientifique, mais si l’on examine les
sur papier glacé envoyés bien à l’avance questions posées et les échelles utilisées,
aux journalistes pour promouvoir la jour- on voit que ce sont des mesures entiè-
née. Des milliers de sites à travers le pays rement subjectives, basées sur ce qu’un
(hôpitaux, sociétés et universités) offrent patient pense ou sur les impressions d’un
un dépistage gratuit de la dépression ; les évaluateur », ajoute-t-il. 31
gens répondent à un test qui est une version
● Le Dr Thomas Szasz, professeur émérite
modifiée de « l’échelle d’auto-évaluation
de psychiatrie, donne une très bonne
de Zung » (moins de cinq minutes), puis
description des efforts de relations publi-
ils regardent une vidéo sur comment on
ques de la psychiatrie comme la jour-
« traite » la dépression. 26
née de dépistage de la dépression : « La
● Joseph Glenmullen, psychiatre de mobilisation massive du Mouvement de
l’Ecole de médecine de l’Université de la santé mentale est mieux comprise si
Harvard et auteur de Prozac Backlash on la voit comme une tentative d’aug-
menter le nombre des malades mentaux
(Répercussions du Prozac), déclare que
“repérés” dans la société. » 32
la liste de contrôle et les échelles d’éva-
luation pour la dépression sont « conçues ● Un article intitulé « Prozac Indignation »
de manière à s’ajuster parfaitement avec paru dans la revue Salon en l’an 2000 a
les effets des médicaments, insistant montré comment Eli Lilly et des grou-
sur les symptômes de la dépression qui pes de défense des patients ont critiqué
correspondent le mieux à la médication le livre de Dr Glenmullen, Prozac Bac-
antidépressive ». « L’échelle d’autoéva- klash. L’article fait la liste des connexions
luation de Zung » pour les patients et de plusieurs de ces groupes (notamment
« l’échelle de la dépression de Hamil- la NMHA et la NAMI) avec les com-
ton » pour les évaluateurs techniques pagnies pharmaceutiques, soulignant
demandent au patient de répondre à des que « la NMHA et la NAMI reçoivent
questions telles que « Je suis fatigué sans tous deux des fonds considérables de
raison », « J’ai de la difficulté à dormir », Eli Lilly, qui réfère les journalistes à
« J’ai remarqué que je perds du poids », ces organisations pour toute informa-
« Je me sens découragé et triste ». A cha- tion. La NMHA, à Alexandria, Virginie,
que élément correspond un chiffre sur reçoit près de 1 million de dollars. Dans
un échelle allant de « peu souvent » à « la sa déclaration du 11 avril condamnant
plupart du temps ».29 Les symptômes de Prozac Backlash, elle se décrit comme
dépression, ajoute-t-il, « sont des états “la plus ancienne et la plus grande orga-
émotionnels subjectifs rendant le dia- nisation à but non lucratif s’adressant à
gnostic extrêmement vague. Les symp- tous les aspects de la santé mentale et de
tômes de dépression se recoupent avec la maladie mentale.” Pourtant, elle n’a
beaucoup d’autres syndromes psychia- jamais révélé que Eli Lilly était l’un de
triques et avec la fatigue, qui peut être ses principaux contributeurs. » 33
● Le rapport annuel NMHA de 2001 énu-
mère les contributions reçues de l’indus-
trie pharmaceutique (près de 2 millions
de dollars), la palme revenant à Eli Lilly :

$ 700 000 et plus – Eli Lilly et Co. ;

$ 500 000 et plus – Pfizer Inc. ;

$ 400 000 à 499 999 – Janssen Pharmaceutica Products, Inc. ;


McNeil Consumer and Specialty Pharmaceuticals ;
Wyeth ;

$ 300 000 à 399 999 – Forest Laboratories, Inc. ;

$ 200 000 à 299 000 – AstraZeneca Pharmaceuticals LP ;


Bristol-Myers Squibb Co. ;

$ 50 000 à 99 999 – Fondation Eli Lilly & Company ;

$ 10 000 à 49 999 – GlaxoSmithKline ;

$ 5000 à 9999 – Abbott Laboratories.

TOTAL : $ 1 977 000 34


RÉSUMÉ

P
« Nous ne devrions pas
ersonne ne peut nier que beau-
coup d’enfants et même d’adultes convertir tout problème de
font aujourd’hui face à des problè- l’homme en maladie. Les
mes très réels. Mais propager l’idée ISRS donnent un sentiment
qu’il s’agit d’une maladie mentale largement
de bien-être. Ils sont pour
répandue ou du résultat d’une « maladie du
cerveau » sans disposer de la moindre preuve beaucoup une sorte de pilule
pour étayer cette affirmation est mensonger. magique contre le malheur
Promouvoir l’utilisation de médicaments causé par les circonstances
altérant les fonctions mentales – et présen- de leur vie. Mais ce n’est pas
tant des effets secondaires graves – pour
traiter un « déséquilibre chimique » dans le
à la psychiatrie de donner
cerveau, alors qu’il n’y a pas de preuve médi- une aura scientifique à ce
cale à l’appui de cette théorie, constitue une genre d’automédication folk-
faute. Priver ou détourner les gens d’une opi- lorique mue par des intérêts
nion médicale différente à propos de l’exis-
tence effective ou non d’un « trouble », ou les
commerciaux. » 35
empêcher d’avoir toutes les informations sur
les risques documentés d’un « traitement » et Expert médical britannique
Extrait de « Résister à l’industrie
ne pas fournir une information complète sur
de la dépression »
les autres possibilités de traitement doit être The Independent, Londres, 2001
considéré comme une violation du consente-
ment éclairé.

Le Dr Valenstein signale que si les thérapeu-


tes et les médecins « sont persuadés que des
déséquilibres chimiques sont le seul facteur
à prendre en considération dans le traite-
ment de troubles mentaux, ils négligent alors
d’autres facteurs qui peuvent jouer un rôle
d’importance égale, voire supérieure ». 36

Et par une telle négligence, les vies d’innom-


brables familles et enfants ont été mises en
danger, voire lésées de façon permanente.
COMMISSION DES CITOYENS
POUR LES DROITS DE L’HOMME

L
a Commission des Citoyens pour La CCDH rejette tout traitement psychia-
les Droits de l’Homme (CCDH) a trique prescrit sur la base du DSM, ouvrage
été fondée en 1969 par l’Eglise de scientifiquement discrédité. Le Dr Thomas
Scientologie afin de procéder à des Szasz, professeur émérite de psychiatrie à
investigations, de révéler les violations des l’Université de l’Etat de New-York, auteur
droits de l’homme perpétrées par la psy- renommé et cofondateur de la CCDH,
chiatrie et d’assainir le domaine de la santé déclare : « La fonction première et le but du
mentale. Aujourd’hui, la CCDH compte DSM, c’est de rendre crédible la revendica-
plus de 130 bureaux dans 31 pays. Ses con- tion selon laquelle certains comportements,
seillers, appelés commissaires, compren- ou, plus précisément, certains mauvais
nent des médecins, des avocats, des éduca- comportements, sont des troubles mentaux
teurs, des artistes, des hommes d’affaires et que de tels troubles sont par conséquent
et des représentants des droits de l’homme des maladies. Donc, la passion pathologi-
et des droits civils. La CCDH ne prodigue que du jeu jouit du même statut que l’in-
pas de conseils sur le plan médical ou juri- farctus du myocarde (caillot de sang dans
dique, mais elle collabore étroitement avec une artère du cœur). Dans les faits, l’APA
les médecins et la pratique médicale et leur soutient que la passion du jeu est une chose
apporte son soutien. que le patient ne peut pas maîtriser ; et
qu’en règle générale tous les “symptômes”
La CCDH a inspiré et dirigé des centaines ou “troubles” psychiatriques échappent au
de réformes en témoignant à des audiences contrôle volontaire du patient. Je rejette
législatives et en organisant des audiences cette affirmation comme manifestement
publiques sur les abus de la psychiatrie. Elle fausse.
collabore aussi avec les médias, les organis-
mes chargés de l’application de la loi et les «La prétendue validité du DSM est ren-
officiels du monde entier. forcée par l’affirmation psychiatrique selon
laquelle les maladies mentales sont des
Depuis longtemps, la CCDH a pour prin- maladies du cerveau. Cette affirmation est
cipe que quiconque souffre d’une affection soi-disant fondée sur de récentes découver-
physique nécessitant des soins médicaux tes dans les neurosciences, rendues possibles
devrait consulter un médecin compétent, par des techniques d’imagerie pour le dia-
non psychiatre. Si la CCDH ne fournit pas gnostic et des agents pharmaceutiques pour
de conseils médicaux et légaux, elle pré- le traitement. Ce n’est pas vrai. Aucun test
conise en revanche des soins médicaux diagnostic ne confirme ou n’infirme le dia-
standard. gnostic de la dépression ; un tel diagnostic
ne peut et ne doit être posé qu’en se fon- qu’une fois que les étudiants ont fait leur
dant sur l’apparence et le comportement du « inventaire » du DSM et « identifié les
patient, ainsi que d’après les comptes rendus symptômes cibles de la psychopharmacolo-
que font les autres sur son comportement. gie, l’établissement du diagnostic et la com-
munication significative ont cessé… » 37
«Il n’existe pas de tests sanguins ou d’autres
tests biologiques pour établir la présence ou La psychiatrie a littéralement couvert cha-
l’absence d’une maladie mentale, comme que secteur avec ses critères inventés. La
c’est le cas pour de nombreuses maladies personne migraineuse a un « trouble de la
physiques. Si l’on élaborait un tel test (pour ce douleur », l’enfant qui s’agite ou aime trop
qui, jusqu’à présent, a été considéré comme jouer est « hyperactif », la personne qui
une maladie psychiatrique), la condition arrête de fumer ou de boire du café souf-
cesserait alors d’être une maladie mentale fre d’un « trouble nicotinique », respective-
et serait au lieu de cela cataloguée comme ment d’une « intoxication à la caféine ». Si
symptôme d’une maladie physique. » vous bégayez, il s’agit d’un trouble mental.
Si vous avez de mauvais résultats en maths,
A cause du DSM, les médecins ne prati- vous avez un « trouble de développement
quent souvent plus le diagnostic différentiel, arithmétique ». Si un adolescent se dispute
qui considère en premier toutes les causes avec ses parents, il a un « trouble de défiance
sous-jacentes possibles des symptômes visi- oppositionnelle ».
bles chez le patient. Au lieu de cela, ils éta-
blissent un diagnostic d’après une « liste de Pour la CCDH, ces étiquettes font l’affaire
contrôle » du DSM, échouant fréquemment de la psychiatrie et des médicaments sont
à diagnostiquer des conditions physiques. produits pour satisfaire la demande. Sans
Lors d’un discours prononcé en 1986, Mor- ces diagnostics mensongers, nous ne serions
ton Reiser, psychiatre affilié à l’École de pas confrontés au problème que représentent
médecine de l’Université de Yale, déclara ces prescriptions de médicaments aujourd’hui.

Pour davantage d’informations :

CCDH Romandie
Case postale 5773
1002 Lausanne
021 646 62 26
email : cchrlau@dplanet.ch
www.cchr.org
RÉFÉRENCES :

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11. Ibid, “Methylphenidate (A Background Paper). 28. Joseph Glenmullen, M.D., Prozac Backlash,
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12. Op. cit, Kelly Patricia O Meara, “Putting Power
Back In Parental Hands.”. 29. Ibid, p. 206.

13. Ibid. 30. Ibid, p. 205.


14. “Assessing Complementary and/or Controver- 31. Ibid, p. 206.
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