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Le réseau routier québécois est constitué d'environs 185 000 kilomètres de routes dont près de
29 000 km sont gérés par le MTQ, ce qui entraîne des dépenses annuelles d'entretien, de
réhabilitation et de construction avoisinant le milliard de dollars. Le trafic a connu de fortes
hausses au cours des 20 dernières années; on a vu le nombre de véhicules de promenade
augmenter de 100 % et le nombre de véhicules lourds augmenter de 300 %, avec des charges
légales admissibles par essieu passant de 8 à 10 tonnes (source : MTQ, 2001).
Au cours des prochaines années, plusieurs milliards de dollars seront investis dans les
infrastructures publiques. Seulement dans la région de Montréal les investissements en cours
ou prévus sont présentés au tableau no 1 :
Tableau no 1
Projets en cours ou à venir dans la région de Montréal
Projet Estimation
Autoroute 25 207 M$
Autoroute 30 1 500 M$
Autoroute 35 370 M$
Rue Notre-Dame 750 M$ à 1 500 M$
Échangeur Dorval 224 M$
Échangeur Turcot 1 500 M$
Pont Champlain 212 M$
Chaussées et infrastructures municipales (Montréal) 258 M$
Par ailleurs, les attentes des donneurs d’ouvrage sont de plus en plus spécifiques et élevées
aussi bien en ce qui à trait à la sécurité qu’à la durabilité. Dans ce contexte, le mandat des
concepteurs se complexifie pour élaborer une conception adéquate dans une perspective
équilibrée de la gestion du risque. L’ouvrage doit être construit ou réhabilité pour longtemps, à
un coût raisonnable. Dans cette optique, une bonne connaissance du comportement de toutes
les composantes de la chaussée, ainsi que le développement d'outils de modélisation adaptés à
la puissance informatique actuelle, sont essentiels pour atteindre les objectifs.
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Cet article présente une réflexion sur la conception de chaussée au Québec et sur les outils
disponibles afin de réaliser une conception adaptée au contexte particulier du Québec. Un
exemple de conception illustre la réflexion.
La conception des routes est basée sur plusieurs aspects du comportement de la chaussée.
L'évolution des besoins et des technologies a favorisé la diversité d'approches de conception
tout en conservant les objectifs principaux de qualité et de pérennité des ouvrages. En effet,
plusieurs auteurs ont proposé une synthèse exhaustive relative à ce domaine, permettant d'avoir
un portrait d'ensemble des différentes approches (Haas 1994, Yoder et coll. 1975).
La construction des routes et chaussées a longtemps été basée sur l’expérience et l’empirisme
et ce n’est que depuis la deuxième guerre mondiale que l’on calcule les structures de chaussée
pour qu’elles puissent répondre à certaines contraintes de trafic en prenant en compte la
capacité portante des sols d’infrastructure. Deux écoles de pensée, l’empirisme et le
mécanisme se sont ainsi développées parallèlement jusqu’à leur fusion relativement récente.
L’amélioration de nos connaissances et de notre compréhension du comportement mécanique
et thermomécanique des matériaux couplée à la puissance de calcul des outils informatiques
ont permis de développer des méthodes de conception basées sur l’analyse des contraintes et
des déformations au sein des matériaux de structure et d’infrastructure des chaussées.
De façon générale, les modèles empiriques qui sont souvent associés à des modèles de
« performance » sont basés sur la connaissance historique des détériorations de la chaussée
pour des tronçons de routes donnés d'un réseau routier ou bien sur l'expérience d'experts dans
le but d'être corrélés par analyse à d'autres tronçons de routes dont les chaussées ont des
structures et des conditions semblables (trafic, climat). À travers cette connaissance
particulière de chaque type de détériorations reliées par des méthodes statistiques, il est
possible de porter un bon jugement sur l'évolution de la performance de la chaussée (Haas et
coll. 1994). La Figure 1 illustre le principe de l’approche par la diminution de la performance
exprimé en PSI (Present Serviability Index) soit l’indice de fonctionnalité (ou viabilité) en
fonction de l’âge exprimé en termes de nombre de cycles de chargement (ÉCAS – Équivalent
de Charge Axiale Simple).
PSIo
PSIt
N (ÉCAS)
Le logiciel « Chaussée 2 », développé et mis en ligne sur Internet par le MTQ, utilise la
méthode de dimensionnement de l’AASHTO version 1993. Bien qu’elle ait été modifiée pour
prendre en compte les conditions climatiques rencontrées au Québec, le comportement
structural des chaussées est principalement basé sur des relations empiriques.
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Le logiciel « Chaussée 2 » permet un calcul rapide pour une première conception structurale
d’une chaussée et une étude approfondie de l’impact du gel sur l’épaisseur de chacune des
couches de la structure de la chaussée.
Performance de la
chaussée (ornière, Partie empirique
IRI, fissuration)
L’analyse mécaniste du logiciel MnPave est réalisée au moyen d’une approche multi-couches
élastique linéaire de type « WESLEA » développée par le USCE (U.S. Corps of Engineers).
Cette méthode multi-couches permet l’évaluation des contraintes et des déformations verticales
et horizontales à chacune des couches. Des fonctions de transfert permettent d’évaluer l’impact
de ces contraintes et déformations sur la performance de la chaussée dans le temps.
Le logiciel M-E PDG (Mechanical-Empirical Pavement Design Guide) produit par l’Applied
Research Association inc. se veut un outil complet de dimensionnement des chaussées souples
et rigides et de conception des chaussées réhabilitées sur des chaussées existantes. Il s’agit
d’un outil des plus complets qui permet le dimensionnement sur une base mécaniste-
empirique. Pour le dimensionnement des chaussées souples, le programme utilise deux
approches de calcul soit une approche simplifiée multi-couches élastique linéaire de type
« JULEA » et une approche plus complexe par calcul par éléments finies de type « DSC2D ».
Le programme permet le dimensionnement d’une structure de chaussée basé sur les relations
contraintes-déformations et sur les modèles de performances établis à partir des importantes
banques de données du programme américain LTPP (Long Term Pavement Performance) et
des pratiques développées par le National Cooperative Highway Research Programm
(NCHRP) et l’AASHTO.
• Trafic :
Nombre et classe de camion
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- Par heure
- Par jour de la semaine
- Et par mois
Vitesse moyenne / distribution et charge par essieux / pression des pneus/ etc.
• Climat (à partir d’une station météo existante ou d’une interpolation de plusieurs
stations sur plusieurs années de données)
Fluctuation mensuelle des températures et précipitations
Indice de gel
• Structure de la chaussée
Sol d’infrastructure (aspects physiques et mécaniques)
Matériaux non-liés de fondation et sous-fondation
Matériaux liés au bitume, ciment, chaux, etc.
Enrobé bitumineux multi-couches.
- Granulats / classe de bitume
- Formulation PCG ou Module Complexe E*
Les résultats obtenus sont décrits sous forme de tableaux et graphiques et traitent de plusieurs
critères de performances tels que la fissuration par fatigue, la fissuration thermique,
l’orniérage, la rugosité (IRI).
Les sols de la grande région de Montréal ainsi que des basses terres du St-Laurent présentent
cependant une certaine constance en ce qui concerne la nature des sols d’infrastructure. On
observe sur les deux rives du fleuve des sols naturels principalement constitués d’argile
silteuse raide à très raide (croûte) en surface. Cette argile provient de la sédimentation de
particules fines déposées par la mer de Champlain qui s’est formée au terme de la dernière
glaciation (± 10 000 ans). Après le retrait de la mer, la surface du dépôt argileux a subi
plusieurs cycles de gel et dégel ainsi qu’une certaine oxydation entraînant une surconsolidation
de l’argile. Le retrait de la mer de Champlain s’étant fait par étapes, on trouvera plusieurs
terrasses constituées de sables fins, de silt sableux et argileux réparties sur l’ensemble du
territoire.
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Sous la croûte argileuse, on rencontre souvent une argile silteuse plus molle et sensible. À cet
endroit, l’argile est peu ou pas oxydée et a peu ou pas subi de gel. Comme il s’agit
essentiellement de la même argile que celle de la croûte, les proportions d’argile et de silt
observées sont pratiquement les mêmes.
3.2 Le gel
Les hivers rigoureux rencontrés au Québec ont des impacts importants sur la qualité de
roulement en hiver ainsi que sur la longévité des structures routières. Il est fréquent de voir
l’uni de la chaussée, exprimé en terme d’IRI, doubler voire tripler en hiver. Pour une structure
de chaussée construite en milieu rural, exposée au froid et au vent, le gel peut atteindre des
profondeurs avoisinant les 2,0 mètres dans la région de Montréal. Typiquement, selon la nature
des sols d’infrastructures, l’effet du gel/dégel peut se faire sentir de quatre façons différentes
(MTQ, 2006) : 1) Gonflement de l’eau interstitiel; 2) Soulèvements différentiels des sols à fort
potentiel de gel (SP0); 3) Gel des argiles à haut indice de liquidité; 4) Perte de la capacité
portante de la fondation et de la sous-fondation au printemps.
3.3 Le territoire
Le Québec possède un vaste territoire et une faible population. Il est plus coûteux qu’ailleurs
de bien desservir la population en termes de réseau routier. Ce contexte particulier nous oblige
à trouver un équilibre entre la conception de chaussée à longue durée de vie, les coûts de
construction et les coûts d’entretien. Le tableau no 2 présente quelques statistiques de réseaux
routiers gérés par l’état.
Tableau no 2
Réseau routier géré par l’état (Source MTQ)
Québec Ontario New-York
Longueur du réseau routier (km) 29 000 20 000 30 500
Nombre d’habitants (millions) 7,5 12,2 19
Précipitation annuelle moyenne (mm) 1000 850 750
Durée du gel (jours/an) 147 à 218 100 à 200 10 à 100
Profondeur de gel (m) 1,2 à 3 1 à 2,6 Moins de 1,4
De manière à concevoir une structure de chaussée adaptée aux conditions du Québec tout en
permettant une estimation de l’évolution de la performance en termes de critères quantifiables
tels que l’IRI, la profondeur d’ornière ou le nombre de fissures, nous proposons une conception
basée sur les approches empirique et mécaniste-empirique.
La démarche est illustrée au moyen d’une conception récente de chaussées souples réalisée sur
la rive-sud de Montréal. La conception de ces chaussées souples a été réalisée au moyen de
trois logiciels de conception disponibles gratuitement sur Internet. Il s’agit du logiciel
« Chaussée 2 », du logiciel MnPave, et du logiciel M-E PDG .
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Le logiciel « Chaussée 2 », est utilisé pour une première analyse afin de déterminer l’épaisseur
minimum de la structure de la chaussée permettant de rencontrer les critères de gel de 1994 et
de minimiser le soulèvement différentiel associée au potentiel de ségrégation. À partir de
l’indice de gel (IG) de la région étudiée et des caractéristiques physiques des sols
d’infrastructure, le logiciel permet d’établir la structure de base de la chaussée.
La structure de base obtenue est introduite dans le logiciel MnPave après adaptation des
paramètres de dimensionnement. Ce logiciel permet d’obtenir un aperçu rapide de la réponse
de cette structure de chaussée en termes de fatigue et d’orniérage.
Finalement, le logiciel M-E PDG est utilisé afin de valider les résultats obtenus des autres
logiciels de dimensionnement et d’amener une réflexion sur l’influence des autres paramètres
intervenant dans la conception de chaussée. Bien que le programme soit encore en
développement, la plupart des résultats qu’il produit sont conformes aux attentes.
La conception de la chaussée est fondée sur une campagne exhaustive d’investigation sur le
terrain menée afin d’établir la valeur de plusieurs paramètres au moyen des essais de chantier
et de laboratoire. Cependant, comme il est impossible de connaître toutes les caractéristiques
des sols en tous points, certaines hypothèses pour la modélisation doivent être faites.
Le gel des sols constitue une problématique au Québec qui gouverne, dans bien des cas, le
dimensionnement de la structure de la chaussée. Plusieurs essais sur les sols d’infrastructure
ont été réalisés afin de bien définir les valeurs des propriétés (w, wL, SP0, IL, d50, SS) ayant une
incidence sur le comportement des sols en présence du gel. Malgré tout, certaines hypothèses
doivent être faites.
À ce titre, nous considérons la protection partielle contre le gel telle que définie par le critère
de gel de 1994 du MTQ. Ce critère fera varier l’épaisseur de la structure de la chaussée selon la
fonctionnalité de la chaussée et la nature des sols d’infrastructure. Globalement, pour les cas
étudiés, la protection partielle contre le gel selon ce critère fait varier l’épaisseur de la structure
de la chaussée entre 910 mm et 1070 mm.
plusieurs essais de gélivité (SP0 norme LC 22-331 du MTQ) ont été réalisés dans nos
laboratoires. De plus, des essais de granulométrie par sédimentation, de valeur au bleu de
méthylène et de teneur en eau et limite de consistance ont également été réalisées.
Tableau no 3
Distribution des poids lourds par nombres d’unités et d’essieux
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Dans un contexte de sol gélif et de nappe phréatique élevée, les données climatiques sont
importantes. Pour l’utilisation du logiciel « Chaussée 2 », nous avons utilisé les données par
défaut d’une région voisine au site des travaux. Les données climatiques du logiciel MnPave
ne sont fournies que pour le Minnesota. Toutefois, le nord du Minnesota possède un climat
semblable à celui du sud du Québec.
Les données horaires de la station météorologique ont été utilisées pour déterminer la
température, la vitesse du vent, l’humidité relative et la quantité de précipitation. Parce qu’il
n’était pas disponible pour la région, le pourcentage d’ensoleillement a été pris à partir de la
station américaine Massena dans l’état de New York qui se situe aux coordonnées
géographiques 44.56º de latitude et –74.51º de longitude.
Pour le dimensionnement des structures de chaussée, nous considérons une construction sur la
croûte argileuse dont les propriétés obtenues du site sont présentées au tableau no 4 suivant.
Tableau no 4
Propriétés géotechniques des sols d’infrastructure au droit des sondages
Profondeur SP Mr w wL
Tranchée no IL Sol
(m) (mm²/°C-jour) (MPa) (%) (%)
TP-1 0,4 27 27 0,2 34 74,0 CH
TP-2 0,5 47 28 0,3 42 74,0 CH
Trois types de matériaux granulaires constituant la fondation et la sous fondation ont été
utilisés pour le dimensionnement. Il s’agit des matériaux de calibre MG-20, MG-56 et MG-112
tels que classés par le MTQ.
correspondant. Les Mr utilisés sont de 4021 MPa pour les BB HRO-BAF (béton bitumineux
haute résistance à l’orniérage avec base anti-fatigue) et de 3592 MPa pour les BB HRO (béton
bitumineux haute résistance à l’orniérage).
Dans le cas du logiciel MnPave, il est possible d’entrer plus de détails sur les enrobés comme
l’indique la Figure 3. Cependant, une seule couche de module équivalent est traitée par le
logiciel.
.
Figure 3- Paramètres des enrobées bitumineux utilisés dans MnPave
Dans le cas du logiciel ME-PDG, il est possible de caractériser chacune des couches d’enrobé
avec une combinaison des paramètres provenant de la formulation PCG (Presse à Cisaillement
Giratoire) et par l’approche des modules complexes.
Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé les paramètres pour trois types d’enrobé dont
les caractéristiques sont présentées dans le tableau no 5. La première couche d’enrobé est de
type ESG-10 PG 70-28 (MTQ). La seconde est une couche de type GB-20 avec PG-64-28. La
troisième couche (couche de base) est une couche à haute résistance à la fatigue de type ESG-5
avec PG-64-28.
Tableau no 5
Propriétés des enrobés bitumineux et des bitumes
Temperature Enrobé bitumineux ESG-10 E* (psi)
°F
0,1 Hz 1 Hz 10 Hz
14 2237936 2817363 3378515
77 143588 297763 558106
130 19580 29298 55405
Temperature Enrobé bitumineux GB-20 E* (psi)
°F 0,1 Hz 1 Hz 10 Hz
14 2005440 2537150 3030279
77 76870 202473 461511
130 10153 12328 29878
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Tableau no 5 (suite)
Propriétés des enrobés bitumineux et des bitumes
Temperature Enrobé bitumineux ESG-5 E* (psi)
°F 0,1 Hz 1 Hz 10 Hz
14 1240655 1767578 2323219
77 44092 100511 227130
130 15664 26977 57870
Temperature Bitume 70-28 Fréquence angulaire = 10 rad/sec
°F G* (psi) Delta (°)
158 154,7 65,5
169 97,9 67,1
172 75,6 69,0
Temperature Bitume 64-28 Fréquence angulaire = 10 rad/sec
°F G* (psi) Delta (°)
136 162,7 74,5
158 88,7 75,9
162 74,7 76,6
Une première conception a été réalisée en utilisant la démarche proposée avec les paramètres
de conception présenté au tableau no 6 pour une section d’autoroute d’une durée de vie de 30
ans (Autoroute A) et une section de route régionale d’une durée de vie de 25 ans (Route
nationale RN).
Tableau no 6
Paramètre de conception
Nb de voie DJMA par ÉCAS Mr d'infra SP0
Tronçon IL
par direction direction (million) (MPa) (mm²/°C-jour)
Les structures proposées par le logiciel « Chaussée 2 » pour ces segments de route sont
présentées au tableau no 7.
Tableau no 7
Dimension de la structure de chaussée
Logiciel Chaussée 2
ESG-10 ESG-14 GB-20 ESG-5 MG-20 MG-56 MG-112 Remblai H tot
Tronçon
(mm) (mm) (mm) (mm) (mm) (mm) (mm) (mm) (mm)
Route nationale
40 115 --- --- 300 --- 575 --- 1030
RN
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Pour ces deux segments de route, c’est la capacité portante du sol d’infrastructure qui gouverne
le dimensionnement plutôt que le gel. En utilisant ces dimensions, le calcul des performances a
été réalisé avec le logiciel MnPave et le logiciel M-E PDG. Dans le cas de MnPave, la réponse
est donnée en fonction du nombre d’années nécessaires à atteindre une certaine limite de
performance.
Dans cette analyse, aucun calage des modèles de performance n’a été fait. Les logiciels ont été
utilisés en considérant les paramètres réels de conception, ou du moins ceux les plus adaptés
possibles, afin de permettre une reproduction réaliste de la réponse de la chaussée aux
sollicitations du trafic et du climat.
Les modèles permettant d’évaluer la performance de la chaussée dans le temps n’ont pas été
calés faute de donnés significatives. On remarquera que les résultats de performance obtenus
avec MnPave et M-E PDG sont du même ordre de grandeur mais représentent-ils vraiment la
réalité ?
Tableau no 8
Performance des segments de chaussée selon les divers outils utilisés
PSIo1 PSIf2 Fatigue Ornière Fatigue Ornière IRI
Tronçon
Chaussée 2 Chaussée 2 MnPave MnPave M-E PDG ME-PDG M-E PDG
Limite admissible 20 % 13 mm 20 % 13 mm 2,2 m/km
Autoroute A 4,3 2,5 30 ans 1 an > 30 ans 1 an 22 ans
Route nationale
4,0 2,0 28 ans 3 ans >30 ans 1 an 20 ans
RN
PSIo1- Indice initial actuel de viabilité
PSIf2- Indice final actuel de viabilité
Afin de tenter de répondre à cette question, nous avons simulé, à l’aide de ces deux logiciels, la
performance d’un segment de route existant et pour lequel nous connaissons la structure, le
trafic et l’état après 15 ans de service. Le tableau no 9 présente les paramètres de la structure
existante correspondante et la Figure 4 présente l’état de la chaussée après 15 ans.
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Tableau no 9
Structure de la chaussée existante
Structure de chaussée existante Épaisseur réelle moyenne Module estimé (MPa)
Enrobé 150 mm 3 500
MG-20 200 mm 100
MG-56-112 1,5 m à 2,3 m 80
CH-CL-SP-SM Infrastructure (infini) 30
AAccroissement
ccroisement des
Accroisement proportion du 100m affecté par la fissuration en pistes de roues
despoids
poidslourds
lourds %
30.0
5000
25.0
4000
20.0
D JM A P L
3000 f_fatigue_faible
f_fatigue_moyen
15.0
2000 f_fatigue_majeur
Somme
10.0
1000
0 5.0
1.5 10
1 8
6
0.5
4
0 2
1990 1995 2000 2005 2010
0
Année 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008
Année
Le tableau no 10 présente la synthèse les résultats issus des simulations de M-E PDG et
MnPave et les données réelles mesurées sur route à la fin de la période considérée. On
remarque un certain écart entre la simulation et la réalité. En effet, les logiciels utilisés ont
tendance à augmenter l’orniérage et à diminuer l’uni et la fatigue. Est-ce que l’explication de
ces écarts résiderait dans la pondération accordée à chacun de ces facteurs? Est-ce
qu’historiquement l’orniérage n’a pas toujours été considéré comme le facteur prépondérant
dans l’analyse de la performance?
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Tableau no 10
Synthèse de la performance réelle et celle issu des
simulations pour le segment de chaussée existant considéré
Segment
Tronçon MnPave ME-PDG
existant
Fatigue % 22,0 9,4 6,0
Orniérage mm 12 17 25
L’approche mécaniste-empirique veut faire le lien entre la réponse à une sollicitation au sein
d’un matériau ou d’une structure avec l’évolution de la performance de ce matériau et de cette
structure en fonction du nombre de sollicitations subies. Ce lien est réalisé par l’entremise d’un
modèle de performance, une fonction de transfert, généralement obtenu par l’analyse du
comportement du matériau sous chargement. Généralement, ces modèles découlent d’essais de
laboratoire qui tentent de reproduire des conditions réalistes de chargement. Les modèles ainsi
obtenus doivent être calés pour tenir compte des différences entre les résultats de laboratoire et
la performance réelle en conditions de service. Pour ce faire des coefficients de calage sont
intégrés à la fonction de transfert élaborée à partir des essais de laboratoire. La Figure 5
présente un exemple de modèle de performance (M-E PDG), une fonction de transfert,
permettant de décrire l’évolution de l’orniérage par cycle de chargement en fonction des
propriétés du matériau et des déformations induites par les sollicitations de la chaussée.
Comme on peut le constater, ce modèle possède plusieurs paramètres de calage, dont le
paramètre k1 afin de l’ajuster aux matériaux étudiés et le paramètre βs1 intégrant le lien labo-
chantier.
Une alternative simple, qui va permettre dans une certaine mesure le calage des modèles de
performance proposés par les différents logiciels consiste à caler directement certains des
paramètres de la fonction de transfert à partir des conditions réelles observées sur nos routes.
Afin de rendre plus réaliste l’estimation de la performance des tronçons projetés, les modèles
de performance utilisés dans les logiciels de conception ont été ajustés à partir d’un tronçon
existant au voisinage du projet et dont les données sont présentées au tableau no 9 et à la
Figure 4.
Sur les graphiques (page suivante), le trait rouge horizontal indique la limite atteinte après 15
ans pour chacun des critères de performance. L’autre trait rouge indique l’évolution réelle de la
performance observée sur route, sur la période de 15 ans. Finalement, le trait bleu indique
l’évolution de la performance simulée avec M-E PDG.
17
F atig ue
12 0
10 8
96
84
Allig at or Cr ac kin g ( % )
72
36
24
12
Pe rm ane nt De for ma tion : Rut ting
0
0 18 36 54 72 90 108 126 14 4 16 2 1 80 1 98
1.20
Pav em en t Ag e ( m on th )
A CAC Rut
Ruting
ttingDesign
De sign V alue= =
Value 0.325
0 .3
TotTalotaRut
l Rutting
ting Desi
Desiggn
n LLimit
imit = =
0. 0.
33 47
1.00 Orniérage
0.80
Rut tin g Dep th (i n)
0.60
0.40
0.20
IRI
0.00
200 0 18 36 54 72 90 1 08 1 26 1 44 1 62 1 80 1 98
Pav em en t Ag e ( m on th )
180
160
IRI
140
120
I RI (in /m i)
100
80
60
40
20
0
0 18 36 54 72 90 108 126 144 162 180 198
Pav em ent Age (m o nth )
Faisant suite à cet exercice qui a conduit à corriger les fonctions de transferts du logiciel
M-E PDG et à définir les paramètres de calage à partir d’un tronçon route existant, nous avons
évalué à nouveau l’évaluation de la performance des segments de chaussée initiaux établie
pour l’autoroute A et la route nationale RN. Le tableau no 11 présente la synthèse des résultats
de simulations.
Tableau no 11
Performance des segments de chaussée selon les divers outils utilisés
PSIo PSIf Fatigue Ornière Fatigue Ornière IRI
Tronçon
Chaussée 2 Chaussée 2 MnPave MnPave M-E PDG M-E PDG M-E PDG
Limite admissible 20 % 13 mm 20 % 13 mm 2,2 m/km
Autoroute A
4,25 2,5 30 ans 1 an > 30 ans 1 an 22 ans
Avant calage
Autoroute A
4,25 2,5 NA NA 26 ans 20 ans 28 ans
Après calage
Route nationale
4,0 2,0 28 ans 3 ans >30 ans 1 an 20 ans
RN Avant calage
Route nationale
4,0 2,0 NA NA 16 ans 22 ans 23 ans
RN Après calage
Il est à noter que cette approche n’a pas fait l’objet d’une démarche scientifique complète.
Toutes les hypothèses sous-jacentes à cette approche n’ont pas été vérifiées sur d’autres
tronçons avoisinants. Plusieurs contraintes de terrain et conditions particulières de construction
n’ont pas été prises en compte. Cependant, à la lumière des ces premiers résultats nous pensons
que l’approche proposée mérite d’être approfondit.
6.0 CONCLUSION
Cet article présente une réflexion sur l’utilisation des outils qui sont à notre disposition et leur
impact sur la conception « moderne » des chaussées. On constate qu’il semble avantageux de
combiner plusieurs outils de manière à profiter des forces et avantages de chacun. Toutefois,
on observe par la modélisation d’un segment de chaussée existant qu’il faut utiliser ces outils
avec prudence.
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7.0 RÉFÉRENCES
AASHTO. (1986) Proposed AASHTO Guide for Design of Pavement Structure, NCHRP
Report 20-7/24, American Association of State Hihgway and Transportation Officials
Haas, R., Hudson, W.R., Zaniewski, J. (1994) Modern Pavement Management, Krieger
Publishing Company, Malabar, Florida, 583 p.
Konrad, J.M., Roy, M. (2000) Flexible pavements in cold regions : a geotechnical perspective,
Journal canadien de géotechnique, no 37, p. 689-699.
Yoder, E.J., Witczak, M.W. (1975) Principles of Pavement Design, 2iemédition, John Wiley &
son's, inc. 736 p.
ME-PDG :
http://www.trb.org/mepdg/software.htm