Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Résumé
Les résultats présentés ci-dessous sont ceuxd¶une étude qualitative menée auprès de pôles de
compétitivité, de SSII régionales et d¶un organisme de formation. Reprenant les travaux sur la créativité et
son style de management, je me suis attaché à identifier les principales caractéristiques des environnements
pouvant faciliter la créativité organisationnelle au sein de ces acteurs. De plus, pour les TPE/PME, j¶ai
rapproché certains comportements d¶entreprises, lors de périodes spécifiques, aux études
comportementales menées dans le domaine des neurosciences, pouvant être source de recherches
approfondies.
Cette étude suggère, pour les groupements d¶entreprises et les SSII, que l¶engagement d¶actions permettant
la créativité implique au préalable certains renforcements et ajustements, telle l¶expertise et la motivation.
Pour les SSII, le domaine de compétence n¶est pas forcément source de succès différenciateur, mais
l¶utilisation de modes de pensées plus créatives augmenteraitsans doute leurs chances de succès.
Cadre
Les études sur la créativité en entreprise couvrent,pour l¶essentiel,les trente dernièresannées. De nombreux
auteurs, notamment nord-américains, sont des références sur ce sujet. Que ce soit au niveau individuel
(Barronet Harrington 1981 ; Amabile 1988 ; Ford 1996), au niveau des relations de groupe
(Taggar2002 ;Bjorkman2004), sur la définition et le rôle de leadership (Amabile 2004 ;
RickardsetMoger2006 ; Zhang etBartol2010), le management de la créativité (Tan 1998 ;Borghini2005 ;
Auger 2006), ou la proposition de théorie d¶une créativité organisationnelle (Woodmanet . 1993) les
connaissances s¶enrichissent par agglomération. Le lien entre l¶innovation, fer de lance des politiques
publiques depuis le conseil extraordinaire de Lisbonne en mars 2000, et la créativité a été démontré dans
certains travaux (Rickards1996 ; Ekval1996), l¶Europe ayant même déclarée 2009 comme « année de la
créativité et de l¶innovation ».
S¶appuyant sur l¶hommeau travail, l¶approche des chercheurs c¶est peu à peu élargie aux sphères
environnementales, dans la prise en compte d¶aspects territoriaux, nouveaux enjeux de développements
économiques. Soit dans une approche géographique et technologique portant sur l¶innovation
(Aydalot 1986 ; Fleeminget . 2006), soit s¶appuyant sur des facteurs spécifiques au territoire tels la culture,
la démographie ou la sociologie (Florida 2004). D¶autres chercheurs l¶ont intégrédans un management de
projet (Bardin 2006) ou ontproposé un processus de création, issu d¶études menées sur les industries
créatives (Paris 2010).
L¶ensemble de ces travaux met en avant autant les compétences et les capacités,qu¶ils induisent des
notions fortes de motivation et de volontariat. La créativité s¶apparente donc soit comme action volontaire et
impliquée, soit plutôt intégréeau seind¶un milieu favorable, soit commeun processus à minima. Son
management, au cœur d¶une démarche d¶entreprise, cherche à optimiser les résultats sous contrainte de
gestion, pouvant être vu soit par niveau d¶intérêt (strate horizontale) soit par recherche d¶équilibre (strates
verticales) (Figure 1).
Ò
Le niveau Environnements
L¶approche par environnements consiste à identifier les facteurs externes favorisant une démarche créative,
individuelle ou collective. Pour Florida (2002) il s¶agit essentiellement de la technologie, du talent et de la
tolérance. Chaque facteur doit être suffisamment développé et a l présence des 3,au sein d¶un même
territoire restreint,favorise la créativité individuelle et collective. La technologie comprend autant les produits
techniques à forte valeur ajoutée que le processus régulier d¶innovation permettant de les obtenir sur le
marché. Les talents sont individuels, pouvant être issus d¶écoles de renoms, attirant les entrepriseset
démarrant un cycle vertueux talent/école/entreprise. La tolérance permet l¶écoute et le changement de
paradigme nécessaire à toute créativité individuelle. Elle la nourrit, facilite les contacts et les échanges ainsi
que la dualité entre les propositions convergentes ou divergentes, sources de variétés. Cette dichotomie
peut être source de réadaptation de marque. La créativité convergente aboutie certaines fois à une
innovation incrémentale ou de rupture, tandis que celle divergente peut aboutir à une remise en cause de la
finalité de l¶entreprise, de son positionnement et de ses enjeux.Pour Woodmanet (1993) la performance
créative des individus est fonction des leurs caractéristiques, d¶influence sociales (ex : composition des
équipes) et contextuelles (ex : système de récompenses). Il ne convient donc pas seulement de choisir des
personnels plus créatifs que d¶autres, mais aussi de veiller à la composition des équipes et de l¶organisation.
Le niveau Processus
Plusieurs auteurs proposent des processus permettant ou générant la créativité. Ces parcours ayant comme
objectif l¶accompagnement des personnes « créatives » ou leurs misent en conditions permettant l¶obtention
des résultats escomptés. Wallas (1926) articule sa proposition autour de 4 phases séquentielles :
préparation, incubation, illumination et vérification (Figure 3). La première phase consiste à s¶imprégner du
sujet, de la problématique, à rechercher des solutions retenues lors de difficultés identiques, à identifier les
facteurs d¶influence tout en apportant les connaissances, expériences personnelles vécues, et ainsi
confronterles idées au sein de l¶équipe. La seconde, plus intime,consiste à laisser murir les idées, échanges,
propositions formulées précédemment. Elle est essentiellement inconsciente et personnelle, s¶appuyant
donc sur des capacités cognitives et conatives. La troisième n¶est pas assurée, elle est inattendue,
intemporelle, résultante de la précédente et décrite comme un aboutissement, mettant en avant sensations
et émotions. La dernière confronte l¶idéal à la réalité, elle identifie les ressources nécessaires à la réalisation
de la solution.
Les propositions de Bardin et Paris enrichissent celle de Wallas en gardant cette dynamique de phases. Ils
prennent en compte cette opposition entre réalité économique et construction individuelle ou collective
abstraite. Bardin(Figure 4) s¶inscrit dans une démarche de projet, identifiant les phases, ressources,
organisation, acteurs et proposant des formules afin de manager la créativité en interne. Cette approche se
veut exhaustive dans son construit, utilisant les outils de gestion des idées, de motivation, de management,
d¶organisation matricielle et les incorporant dans son modèle. Paris (Figure 5), propose un système
d¶approfondissement partant de l¶idée vers le produit, des mots vers l¶objet.
Quel que soit la solution choisie, les processus sont par nature dynamiques et spécifiques à l¶organisation.
Ils s¶appuient sur des caractéristiques initiales, individuelles ou collectives, et une organisation à vocation
productiviste, recherchant le résultat économiquement pertinent.
L¶art aussi peut être source de d¶innovations. Vera etCrossan(2005) décortiquent les phases du théâtre
d¶improvisation, proposant quelques pistes permettant d¶accentuer les aptitudes d¶innovation. Une forte
capacité d¶improvisation corrélée à une grande expertise, de fortes compétences, une habitude à
communiquer ou une pratique régulière d¶essai/erreur augmentent considérablement les capacités
d¶innovation des personnels et des équipes.
Ekval(1996) suggère qu¶un type de climat d¶entreprise peut favoriser la créativité et l¶innovation, regroupant
ces notions sur des bases communes, tout du moins dans leurs sensibilités à l¶environnement. Martin
etTerblanche(2003) abondent dans le sens d¶un environnement favorable et définissent la stratégie,
l¶organisation, les mécanismes d¶aides, les comportements encourageants l¶innovation et la libre
communication comme déterminant de cet environnement favorable.EkvaletIsaksen (2010) enrichissent le
débat par l¶étude des tensions pouvant intervenir dans ce type de climat. West (2002) insiste sur deux
critères d¶un groupe créatif : les processus d¶intégration dans le groupe et un fort sentiment de sécurité des
membres, même si la perception d¶une menace, l¶incertitude ou de fortes exigences entravent la créativité
mais favorisent l¶innovation.
La rconcerne uniquement des SSII.Utilisant les variables des neurosciences en cas de stress
(Fradin2004),enles appliquant aux comportements perçus de l¶entreprise dans le cas de succès et d¶échec,
les résultats obtenus suggèrent que l¶expertise ou la compétence (traitement de l¶information) n¶est pas
source de différence entre le succès et l¶échec. Cette différenciation se situe plutôt en amont et en aval,
dans les phases de recueil et d¶exploitation de l¶information. Seules les capacités d¶association, d¶utilisation
des nouvelles informations et leurs applications, orienteraient le résultat. L¶utilisation des modes mentaux
préfrontaux (MMP), tends à suggérer un comportement d¶entreprise plutôt orienté vers l¶ouverture,
l¶utilisation de nouvelles solutions et le changement de point de vue, toutes caractéristiques intégrées dans
une démarche de créativité.
' (
Cette étude incluait aussi les étudiants d¶une formation type master en innovation. Dans la ,
représentant les notions abordées par les personnes interviewées, peu de notions se détachent. La
formation, vue par les personnels, ne semble pas permettre une exploitation déductive tant les jeunes sont
fortement demandeurs.
Conclusion
La créativité en entreprise est un axe de développement fort, pouvant initier des cycles court d¶innovation.
Les résultats, autant dans les groupements que dans les sociétés de services aux entreprises, démontrent
l¶intérêt de la diffuser et la développer en interne à l¶organisation. Même si, comme le suggère Le
Theule(2005) il existe une tension entre création et rationalisation, l¶environnement économique actuel nous
pousse à mettre en œuvre une créativité organisée et structurée voir organisationnelle et environnementale.
L¶ensemble des auteurs cités n¶abordent pas la formation et la transmission à la créativité. Parlant de
caractéristiques individuelles ou d¶environnements propices. Cette approche est abordée
aujourd¶hui,notamment par Sir Ken Robinson, plus dans sa façon de concevoir un système éducatif que
dans l¶optique d¶une matière d¶enseignement. Sa mise en application dans un système pédagogique
renforcerait les caractéristiques des individus, leurs façons d¶aborder les problèmes et proposer de nouvelles
solutions dans leurs environnements de travail, caractéristiques demandées dans toute approche créative
ou processus d¶innovation. Au Canada, pays reconnucomme fortement innovant, il existe non seulement un
environnement favorable mais aussi des centres d¶études et de suivi d¶industries créatrices sur l¶économie.
Certainesformations de niveau maitrise intègrent des modules autour du développement de la créativité,
permettant à l¶étudiant d¶augmenter son potentiel de créativité, celui de son équipe, et le mettant en
condition de poursuivre son action dans une organisation en lui donnant des outils.
Même si le résultat ne se juge qu¶à postériori, les besoins de solutions nouvelles, en regard aux nouveaux
défis majeurs, nous invitent à initier des accompagnements collectifs vers des modes de pensées plus
créatifs. Compétences et capacités cognitives sont autant des piliers de l¶enseignement que des qualités
requises pour des personnels créatifs dans nos entreprises. Notresystème éducatif devrait s¶y investirafin de
répondre aux besoins économiques et culturels.
Bibliographie
Amabile T M. (1998). ³How to kill creativity.´Ë
+,.
Amabile T M, Barsade S. G., Mueller J., Staw B.,(2005). ³Affect and Creativity at Work.´!
$-
.
Amabile T M, Cheek J.M.,(1988). ³Microscopic and macroscopic creativity.´. *
11(1): 57-60.
Amabile T M,Schatzel E., Moneta G., Kramer S J(2004). ³Leader behaviors and the work environment for
creativity: Perceived leader support.´ /0
-
15(1): 5-32.
Argyris C., Schon D. (1978), ³12
0´Reading, MA: Addison-Wesley.
AugerP.,(2006). ³La créativité au travail, peut-on manager la motivation des créatifs ?´ 3
: 1-14.
Aydalot P. (1984) « #
» Paris : Economica
Borghini S. (2005). ³Organizational Creativity : breaking equilibrium and order to innovate.´ . *
4, 3
vol 9 n° 4: p19-33.
Cyert R. M., March J.G. (1963), ³A Behavioral Theory of the Firm´. 5 ,# **
6 NJ; Prentice Hall.
Deci E. L., Ryan R. M. (1995). ³Human autonomy: The basis for true self-esteem´. In M. 4
75"86
5**66
*9
(pp. 3149).New York: Plenum.
DuranceP, Mousli M, Godet M.,(2010). « Créativité et innovation dans les territoires » (rapport Conseil d¶
Analyse Economique)Paris, DATAR.
Ekvall G.,(1996). ³Organizational climate for creativity and innovation.´5 . * :
12
5(1): 105-123.
Fleming L, Marx M.,(2006).³Managing Creativity in Small Worlds.´# *3
+, 48(4).
Florida R.,(2004). ³The rise of the creative class : A Review and Analysis.´ Ë
$ : 125-
130.
Ford C M. (1996).³A Theory of Individual Creative Action in Multiple Social Domains.´! *
3
+, 21(4): 1112.
FradinJ., (2004) ³