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CHRIS DESJEUNES

Le
Crépuscule
du
Socialisme français?

Ou

Comment a-t-on créé un débat de salon autour de la défaite


de Ségolène Royal - à qui on imputera bientôt l’assassinat de
Jean Jaurès?

Réflexion sur la défaite de 2007, par une enfant de l’ère


Mitterrand

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A la mémoire de François Mitterrand, le
premier Président de la République que j’aie
connu (ou plutôt dont j’ai le souvenir en tant
que tel), le premier homme politique qui m’a
intéressé à la chose publique. A Robert
Badinter, qui est pour moi la quintessence de
l’homme de Droit et qui, là où Victor Hugo
n’a su faire entendre la voix de la Raison à la
France, a réussi à sortir notre pays de la
barbarie de la Loi du Talion, grâce au
susmentionné Président de la République, en
abolissant la peine de mort. A tous les gens de
Gauche qui veulent en finir avec les tabous et
l’insuccès. A tous les Français, qui, pour la
vitalité politique de notre République, ont
besoin de la Gauche. A ma mère, qui a
longtemps été « un îlot de Gauche ». Enfin, à
la surprenante, à l’enthousiasmante Ségolène
Royal (envers qui, je n’ai pas toujours fait
preuve d’objectivité, je le reconnais), à son
courage et à sa détermination.

C.D.

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SOMMAIRE

AVANT-PROPOS

PARTIE I : LA FIN DE LA LÉGENDE DORÉE DU SOCIALISME FRANÇAIS

La fin des haricots?

L’Idealpolitik, une belle connerie!

Flashback
1. Mai 68
2. L’épopée chabano-pompidolienne du tandem Sarkozy/Fillon
3. « Retour vers le futur » : l’avènement de la Mitterrandie

1997-2007 : chronique d’une décrépitude annoncée


1. La débandade
2. 2002, Parti Socialiste année zéro?
3. Le traité de cons

Un vent de nouveauté
1. La voie Royal
2. Royal VS Sarkozy
A. Nicolâââs, Nicolâââs… Ma première larme ne fut que pour toâââ…
B. Royal Style
C. Monarchie et « Royalisme »…

PARTIE II : 2012, ODYSSÉE DE LA GAUCHE

Ne pas se laisser dicter son orientation politique


1. Pour le meilleur et pour le pire… Sortez les alliances!
2. Marmelade d’orange
3. A bâbord toute!

La nécessaire critique de 2007


1. Ségolène Royal
A. L’accusation
B. La défense
RAVISSANTE IDIOTE, SÉGOLÈNE?
« MERE LA MORALE », SÉGOLÈNE?
MANIPULATRICE, SÉGOLÈNE?
2. La critique du Parti Socialiste
3. La critique des critiques
4. Vanitas vanitatum et omnia vanitas

Chantiers à venir
1. De l’Éducation Nationale et de l’Enseignement
2. De l’immigration et du co-développement

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Du symbolisme à rebours comme légitimation de la Droite « bleu-blanc-rouge »

Français, mode d’emploi ou de la politique comme moyen d’action populaire

De la réforme

De l’économie, du travail et des salaires


1. Moi y’en a vouloir des sous!
2. « Le capitalisme est un processus continu de destruction créatrice »
3. « Argent, trop cher! »… Ah, la valeur travail!
4. « Un tiens, vaut mieux que deux tu l’auras »… dans ta gueule!

Liberté… Égalité… Égalité face à la (aux) Liberté(s) ou Liberté d’être égalitaire


(ou non)? Un vrai défi démocratique

De la paupérisation de la politique et de son discours

De la monarchie républicaine

Le Bon, la Victime et le Salaud

ÉPILOGUE : SÉGOLÈNE ROYAL… SÉGOLÈNE… SÉGO

ANNEXES

LEXIQUE RAISONNÉ DU « ROYALISME ».

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AVANT-PROPOS

1979 : Dans un monde auquel rien n’avait été épargné1, en cette funeste année où l’on
assista à l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny en Iran, qui proclama une
République islamique – avec les conséquences que l’on sait, dont le second choc
pétrolier, à l’exécution d’Ali Bhutto au Pakistan, à la mort suspecte de Robert Boulin,
ministre de Valéry Giscard d’Estaing, au début de la guerre en Afghanistan, j’en passe
et des meilleures… Quelque part dans ce chaos, en la bonne ville de Sèvres (son musée
de la porcelaine, tout ça…), je suis née le 12 septembre, à 10 heures 20 du matin, en
ayant déjà fait atrocement – et longuement – souffrir ma mère (qui n’en était qu’à ses
débuts!), à cause d’un problème de grosse tête… Déjà!

Née sous V.G.E., avant l’arrivée – dont hélas, je ne peux pas me souvenir – de
François « Enfin la Gauche au pouvoir! » Mitterrand, je n’ai connu que la réalité
illusoire d’une Gauche politiquement présente aux affaires par à coups (1981-1986 et
1988-1993), victime de l’illogisme de la cohabitation (1986-1988 et 1993-1995) ou par
le biais de la cohabitation elle-même (1997-2002) jusqu’en 2002. Car, qu’on le veuille
ou non, la France est un pays de Droite (c’est toujours la majorité qui parle…)! Et les
victoires de la Gauche sont plus souvent des sanctions populaires envers la Droite, que
la manifestation d’un amour soudain envers les idéologies de Gauche. « Mais les
hommes et les femmes de Gauche, pourvu qu’ils soient de bons politiques se font
réélire! », m’objectera-t-on. Certes. Encore faut-il que la conjoncture politique leur soit
favorable pour qu’ils se fassent élire une première fois, et ainsi faire leurs preuves,
avant d’être réélus ou non. Être de Gauche ne va pas de soi, au pays des Lumières. Et
en ce moment, ce n’est pas une sinécure… Ça non!

Au soir de l’élection de Nicolas Sarkozy, j’ai ressenti viscéralement le besoin de mettre


par écrit mes réflexions, mes conclusions, mes idées, sur cette campagne, sur la
Gauche et son état… Parce que l’écriture étant mon principal moyen d’expression, je
voulais absolument ajouter une dimension plus engagée à ce que j’écrivais (et que je
l’ai prise frontalement, cette élection!). Quoi qu’il en soit, c’est autant une histoire
subjective (puisque orientée par ma propre vision), qu’une analyse personnelle –
satirique, soit – d’un courant politique que je me fais forte de partager ici, par le biais
du roman de l’élection présidentielle 2007 et avec un fil conducteur de choix :
Ségolène Royal. Personnage charismatique, romanesque et complexe, que je me
permets de présenter, ici, telle que je la perçois, Ségolène Royal est un véritable défi à
l’imagination. Un paradoxe que les vicissitudes de son parcours personnel ne suffisent
pas à cerner entièrement. En fait, dans un monde politique où, comme dans la vie, un
manque cruel de nuance se fait de plus en plus sentir, et où différents types de
radicalisme s’affrontent, participant à un perpétuel dialogue de sourds, que l’on ne
rompt que lorsque c’est viable électoralement, à coups de tactique politicienne,
Ségolène Royal, a pris acte de ses paradoxes, ce qui lui confère souvent la nuance qui
manque à d’autre. Le radicalisme étant un fonds de commerce politique, tandis que la
nuance est le préalable de la politique (puisque c’est la nuance qui permet le

1
Mais qui vit quelques lueurs, comme la Présidence du Parlement Européen confiée à Simone Veil,
le premier lancement réussi de la fusée Ariane ou la sortie du premier album solo de Michael Jackson
« Off the Wall »…

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compromis, en politique, condition sine qua non pour prétendre faire le contentement
du plus grand nombre).
J’ajoute à cette histoire et à mes analyses de la présidentielle, mes réflexions, mes
critiques sur le sort de cette Gauche aimée (« qui bene amat, bene castigat »), mais
surtout de ce Parti Socialiste avec lequel j’ai grandi, en ces temps de revers électoraux
(moins cuisants qu’en 2002. C’est déjà ça de pris!). Mes propos n’engagent donc que
moi, mais dans le cadre d’une nécessaire interrogation sur « Qu’est-ce que la Gauche
aujourd’hui ? », elle a le mérite d’exister, à défaut d’être essentielle!

L’élection de 2002 nous avait tous engourdi l’esprit au point que l’incertitude politique
et le douillet immobilisme de Jacques Chirac nous apparaissaient comme un réconfort.
Sur le terrain, la Gauche bénéficiait encore, en 2004, d’un mécontentement envers la
Droite en train de sourdre, sans en prendre acte. L’avant 2007 n’était pourtant à
l’avantage ni de la Gauche ni de la Droite. Les événements de novembre 2005, eux,
profitaient à la Droite au niveau national, tandis qu’au niveau local, ils profitaient plus
à la Gauche. C’est une des données que l’on ne peut éviter d’analyser, parce qu’elle est
détentrice d’un début d’explication des résultats de l’élection : il y a un décalage
profond entre ce que l’on voit et ce l’on vit. Ce qui est assez inquiétant, c’est que cette
tendance qui a été toujours applicable à la question sécuritaire, se soit généralisée à
tout un ensemble de considérations, économiques (ainsi, que les promesses fiscales du
candidat Sarkozy aient été avalisées par une large population peu ou prou imposable,
est un exemple criant de ce décalage), sociales, culturelles… De telle façon que les
résultats de l’élection présidentielle de 2007 (et à sa suite, les législatives), résonnent
presque comme le glas d’une doctrine – à la mode française – qui a quand même su
séduire, sans toujours convaincre, une majorité de Français. Une doctrine sur laquelle,
malgré les efforts considérables de la candidate socialiste de 2007 pour faire de la
pédagogie à son sujet (bien ou moins bien, c’est un autre débat!) et pour tenter de la
moderniser, un énorme travail de clarification doit être fait, afin qu’elle soit intelligible,
cohérente et moderne pour la prochaine échéance présidentielle.

53/47, c’est le score d’un match politique qui inaugure une ère nouvelle. Le tout est de
savoir si elle sera fatale ou a contrario bénéfique au Parti Socialiste et, au-delà, à la
Gauche.
Face à une Droite ayant fait sa synthèse historique (Droite chrétienne, Droite
monarchiste, Droite bonapartiste, gaullisme, Droite de la droite et refonte de l’extrême
droite dans la Droite républicaine), la Gauche pourra-t-elle se repenser, se recréer?
Rien n’est moins sûr! Les dissensions, les divergences idéologiques, la dispersion des
courants de Gauche (même complètement lessivés comme le Parti Communiste,
Lutte Ouvrière, la Ligue Communiste Révolutionnaire et les Verts) se poursuivent
à l’envi, jusqu’au suicide politique. Encore rescapé (mais pour combien de temps?), le
Parti Socialiste se trouve à la croisée des chemins : car, feignant de l’ignorer ou
refusant de l’accepter, son espoir le plus concret de RÉSURRECTION, pour
l’instant, repose sur les épaules d’une femme, candidate à l’élection présidentielle –
battue, certes, mais surtout battante! – qui doit composer avec le spectre de
l’encroûtement de son parti, le réveil d’une volonté de parti centriste Centre-centre
(mais à forte valeur ajoutée Centre-gauche, dans les faits), le désormais célèbre
MODEM ou Mouvement Démocrate de François Bayrou, et un parti majoritaire,
l’U.M.P. (dont la vulnérabilité repose en son sein-même) qui n’attend(ent) – tout en
oeuvrant pour l’accélérer – que l’effondrement du P.S., ainsi que de cette
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« pasionaria de la bonne pensée de Gauche », au culot monstre, au courage
reconnu, un peu trop poil à gratter et iconoclaste pour ne pas se révéler dangereuse
dans les années à venir (cette dernière assertion valant aussi pour son propre parti!!!) et
que l’on voue aux gémonies depuis la défaite.
En imputant à la présidente de Poitou-Charentes tous les travers et tous les torts dans
cette défaite, on a réussi à créer un véritable débat de salon, tournant autour de l’idée
que sa candidature à l’élection présidentielle vaille pour seule raison de ladite défaite,
et qui sert à cacher la misère qui guette depuis longtemps une formation politique qui,
pour avoir un rôle prépondérant dans la vie publique française, ne souffre pas moins de
maux divers et variés, au point qu’une pharmacie entière est bien le moins que l’on
puisse lui prescrire (neuroleptiques, anti-dépresseurs, aspirine, ibuprofène, anti-
histaminiques, baume contre la douleur, vitamine C…). Avant même que de
commencer son chemin de croix vers 2012, Ségolène Royal doit d’abord commencer
par son propre camp, où l’atmosphère western-spaghetti régnante, si elle prête à
sourire, n’en demeure pas moins inquiétante sur le fond.
Et de nous – de « me », en fait – poser des questions qui illustrent parfaitement le
caractère dramatique de la chose (comme il y a incontestablement un côté tragique
sous-jacent dans les westerns spaghetti…) : SÉGOLÈNE ROYAL saura-t-elle
ajuster, élargir son propre corpus idéologique – car elle en a un – à l’envie de Gauche
plus marquée, qui existe encore chez les Socialistes et une bonne partie du peuple de
Gauche? Et le cas échéant, réussira-t-elle à sortir le Parti Socialiste des ornières où l’a
entraîné son lourd passé, avec l’aide de ses petits camarades? Mieux, réussira-t-elle,
tout court? Plus crucial encore, assisterons-nous au crépuscule du Socialisme français
ou au début d’une aube nouvelle, d’ici à 2012?
Laissons-nous tenter par une seule réponse qui instille un rien de tension dramatique,
histoire de coller à l’ambiance établie par ces interrogations ponctuant cet incroyable
roman de l’élection présidentielle 2007, voire ce roman de la défaite 2007
(puisqu’étant de Gauche, je regarde les choses par le prisme de la défaite) : NOUS LE
SAURONS DANS LES MOIS, LES ANNEES A VENIR…
C.D.

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PARTIE I : LA FIN DE LA LÉGENDE DORÉE DU
SOCIALISME FRANÇAIS

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La splendeur d’un crépuscule, cette esthétique naturelle, ce
moment de grâce absolue ou l’astre solaire se dérobe à nos
yeux, a ceci de précieux que sa réapparition dès le lendemain
semble toujours relever du miracle.
Quand le soleil se retire, je ne peux m’empêcher de me
demander s’il reviendra le lendemain. Je sais qu’il reviendra,
mais devant la force de ce spectacle éblouissant, la Raison
n’a plus sa place. Et je prends chaque jour un peu plus
conscience que le soleil se couchera tous les soirs et se lèvera
tous les matins, jusqu’au moment où il ne lèvera vraiment
plus… Alors, je me prends à espérer de n’être jamais le
témoin impuissant de ce crépuscule final.
C.D.

La fin des haricots?

Ne remontons ni à Saint-Simon, ni à Fourier, ni même à Proudhon et à leurs


socialismes (voire anarchisme, pour Proudhon) utopiques. En son temps déjà lointain,
Karl Marx mettait déjà en garde les proto-socialistes de son époque contre l’idéalisme!
Las! L’idéalisme semble être, en 2007, le cautère sur jambe de bois de la pensée d’une
bonne partie de la Gauche française2, qui a vu les idéologies de la lutte des classes
disparaître :

- le Parti Communiste est mort en direct, lors du premier tour de l’élection


présidentielle de 2007, à travers le score tragiquement bas recueilli par la candidate du
Parti Communiste, Marie Georges Buffet (1,93 % des suffrages. Une dégringolade
plus que cinglante!);

- la Ligue Communiste Révolutionnaire, qui a obtenu le meilleur résultat de


l’extrême Gauche, surnage avec les 4,08 % de son candidat Olivier Besancenot;

- Quant à Lutte Ouvrière, et son infatigable représentante, Arlette Laguiller, présente


pour sa sixième et dernière candidature à la Magistrature Suprême, ils se sont écroulés
à 1,33 %, L.O. ayant déjà été siphonnée par la L.C.R.

Les Socialistes, principale force de Gauche (le Parti Radical de Gauche et le


Mouvement Républicain et Citoyen, ayant très peu d’élus et ayant fait cause
commune avec le Parti Socialiste, contrairement à 2002, pour l’élection présidentielle
de 2007), ont vu leur candidate, Ségolène Royal, franchir le premier tour de l’élection
présidentielle – contrairement à 2002, rappelons-le, encore une fois! – avec 25,87 %

2
Je ne m’intéresse ici qu’aux résultats électoraux de ceux que je considère comme idéalistes. Je ne
fais donc pas allusion au cas des Verts ici, qui est un cas particulier - et dont le score très bas (1,57 %)
lui aussi pose question, le problème de l’idéalisme politique ne s’appliquant pas vraiment à eux…
Encore que… Les primo-candidatures de José Bové (1,32 %), pour le courant altermondialiste et de
Gérard Schivardi (0,34 %), pour le Parti des Travailleurs, ne sont pas à prendre en compte non plus
ici, car, elles font partie de ces candidatures-surprises, voire folkloriques, qui jalonnent les élections
présidentielles françaises sous la V ème République pour notre plus grand plaisir!

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des voix. Cependant, Ségolène Royal ne bénéficiait, malgré tout, que d’une réserve de
voix de 10 % et des poussières à sa gauche (en additionnant les voix du Parti
Communiste, de Lutte Ouvrière, de la Ligue Communiste Révolutionnaire, plus celles
des Verts, ainsi que celles du truculent José Bové) pour le second tour, en ayant déjà
bien siphonné ces autres partis de Gauche, dont beaucoup d’électeurs ont voté utile
dès le premier tour. Poussif, donc! Intéressons-nous un peu aux statistiques… Je suis
tombée, au détour d’un journal (lequel, je ne sais plus…), juste après la présidentielle,
sur des études chiffrées très sérieuses, rentrant dans le détail des votes, pour le moins
édifiantes. Il était très troublant d’y constater que pas mal des voix de Gauche du
premier tour de la présidentielle de 2002, sont allées, au premier tour de celle de 2007,
sur l’– alors encore – U.D.F. François Bayrou et un peu sur Nicolas Sarkozy, le
candidat U.M.P.! Dans de telles circonstances, dans cette valse effrénée des voix, avec
un taux de participation pourtant extraordinaire, le score de 47 % au second tour de la
candidate du Parti Socialiste est tout aussi intriguant, qu’intéressant. En effet, il
marque le retour au bercail – provisoire – des voix de Gauche allées vers Bayrou au
premier tour, mais aussi de Centristes, plus confirmés et non-affiliés à l’U.M.P.,
penchant plutôt à Gauche par raison, que par franche communauté d’idées (de deux
maux, ne faut-il pas toujours choisir le moindre?) ou totalement allergiques à Nicolas
Sarkozy.
47 %, sauf à dire que l’on s’attendait à ce que Ségolène Royal gagne les voix de
l’électorat Le Pen (ou tout le troisième âge, qui n’a voté pour elle qu’à 28 %),
n’ayant pas déjà divergé vers Nicolas Sarkozy au premier tour, c’est un score
plus qu’honorable! Car, les 6 % d’écart entre la socialiste et l’ancien Ministre de
l’Intérieur, soit deux millions de voix et quelques, c’est fou ce que cela correspond au
chiffre du report des 71 % de voix du Front National du premier tour3 sur le candidat
U.M.P.!
Pour intéressant que tout cela soit, c’est quand même la troisième élection
présidentielle d’affilée que perd le P.S., que certains pontes socialistes estimaient
imperdable, au nom d’une alternance Droite/Gauche de bon aloi, dont ils n’ont
toujours pas compris que la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de
l’élection présidentielle de 2002 était le rejet épidermique…
Les leçons – multiples – que le Parti Socialiste doit tirer de cet échec, devront être
reprises par l’ensemble des Gauches (l’extrême Gauche s’est tout de même posée la
question d’une candidature unique, avant qu’EGO, divergences de fond aussi, et
incapacité à voir la très pragmatique loi de la politique « pour de vrai », ne la
ramène à présenter un candidat pour chaque parti, soit quatre. « Trop de choix tuant le
choix », c’est aussi une des raisons qui explique le vote utile pour le P.S., seule
structure de Gauche pouvant prétendre à la Présidence, puisque parti de
gouvernement. Cela s’applique aussi aux Verts, d’ailleurs… Cependant cette

3
Jean-Marie Le Pen, dont Nicolas Sarkozy a siphonné une bonne partie de l’électorat au premier
tour, ce qui lui a valu le score de 10,44 % des suffrages, soit 8 % de moins qu’en 2002, avait donné
comme consigne de vote à ses électeurs, de s’abstenir massivement. En fin de vie politique, le leader
du F.N. a vu sa consigne superbement ignorée, puisque seulement 10 % de son électorat s’est abstenu.
Sur les 3.835.029 voies qu’il a comptabilisées au premier tour, 71%, soient 2.722.870 voix, se sont
reportées sur le candidat de l’U.M.P. et 19 %, sur la candidate socialiste soient 728655 voix. CQFD!
Les électeurs U.D.F. ayant donné 40 % aux deux candidats finalistes, il va sans dire qu’un mépris de
Ségolène Royal à l’égard des électeurs du Centre, aurait provoqué une abstention des Centristes
beaucoup plus forte sur la Gauche! Les joies de la politique…

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dispersion, même minime, des voix de la Gauche, est aussi un problème qu’elle devra
résoudre).

La « refondation », « rénovation » ou « reconstruction », comme il plaira aux gens


de l’appeler (depuis le temps qu’on parle de « rénovation » au P.S., il faudra bien se
mettre d’accord sur un de ces termes un jour!), ce grand chantier dont il est question à
Gauche, après ces deux salves électives 2007, doit absolument commencer par une
profonde remise en question. Car, la Gauche française, cette Gauche plus pléthorique
que partout ailleurs en Europe, perdue dans ses divers méandres idéologiques, a
sombré face à la réalité de son électorat initial. C’est une Gauche qui idéalise son rôle,
au lieu de concrétiser une politique sociale, intrinsèquement liée – eh oui, il faut bien le
dire, au bout d’un moment! – à une politique économique (qui peut être de Gauche,
pour peu que l’on réfléchisse à la question), et qui, donc, fatalement, a perdu pied!

Plus vraiment idéaliste, mais refusant le pragmatisme dépassionné et n’ayant toujours


pas tranché quelle était son orientation pour prétendre aborder les enjeux électoraux
sereinement, le Parti Socialiste français est probablement la structure politique la plus
compliquée de France, d’Europe… Voire du monde! La seule chose plus compliquée
que le mode de fonctionnement du P.S. étant un manuel pour meuble en kit… Et
encore! Quoi qu’il en soit, je suppose que cette complexité – que j’exagère à peine, est
une des choses qui séduit le plus certains fans de la politique politicienne (qui, pour
être mal perçue, est nécessaire), les lecteurs assidus de Nicolas Machiavel et autres
décortiqueurs de chroniques politiques sous toute forme, mais le truc, c’est qu’elle
rebute tous les autres. Alors, la déco maison a beau être une des nouvelles passions des
Français, la rénovation « du côté de chez les Socialistes » de la maison P.S., ce
serait plutôt du gros œuvre pour lequel le premier Français venu n’est pas franchement
équipé. C’est d’ailleurs bien le problème! Pour le Français, comme pour le P.S., la
« rénovation » demande de gros efforts. Or, si la main d’œuvre est motivée, mais que
l’entrepreneur n’y met pas du sien, forcément, on dépasse les délais. Malheureusement,
la « rénovation », ça fait un peu quatorze ans qu’elle devrait avoir commencé… Du
coup, là, c’est une « reconstruction » qu’il faut envisager, sinon à la prochaine tempête,
la maison P.S. s’écroulera complètement! Les ruines, c’est sympa aussi, c’est vendeur.
Mais là, on donne dans la visite des vestiges du passé! C’est toujours émouvant, c’est
sûr, mais ça file légèrement le bourdon! Donc, je crois que c’est le moment de lancer
un appel d’offre pour changer d’entrepreneur. De toutes les façons, ça ne pourra pas
être pire… Ça des briques, il y en a (la brique « social », la brique « égalité », la brique
« travail », etc.)! C’est le ciment qui est pourri (il y a trop de sable dedans! De ce fait, il
est trop friable et ne tient pas!)…
J’en termine avec mes métaphores sur le bâtiment, mais avec toutes ces histoires de
« rénovation », c’était trop tentant!

La Gauche a moins besoin d’un idéal que d’un but commun (qu’elle devra partager
avec TOUS les Français). Soit toute la différence entre l’abstrait et le concret, dilemme
éternel qui torture la Gauche et le Parti Socialiste, en particulier, qui lui a valu
d’ignorer un fait pourtant visible dans l’évolution sociologique d’une partie de la
Gauche française…
Jeune, parfois, on est de Gauche, parce que l’on trouve ça romantique, par atavisme ou
par contradiction, quand ce n’est pas simplement par défaut, histoire de s’occuper et
de se trouver une vie sociale. Du coup, l’abstrait, on s’en accommode très bien, on

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refait le monde dans des cafés avec des potes qui nous ont aidé à coller des affiches, le
pognon, on s’en fout, tout ça, tout ça… A trente ans, on verse déjà moins dans
l’abstrait, on travaille, on fonde (ou on espère fonder) une famille, et les concepts, ça
ne nourrit pas son homme, alors que le brousouf oui, et qu’on en a besoin pour vivre
une petite vie bien sympa, dans un quartier bien sympa, avec une famille bien sympa,
des voisins bien sympas, des boutiques bien sympas… Du coup, on vire social-
démocrate (voire bayrouiste aujourd’hui), par nostalgie de sa pas si lointaine jeunesse,
où l’on était fou et de Gauche de chez Gauche, on se dit que la social-démocratie, c’est
le pendant moderne de la Gauche à papa. Et puis, ça reste toujours chic d’être de
Gauche. A quarante ans, on réfléchit à comment on va fournir à sa progéniture les
moyens de démarrer le mieux possible, dans la vie. Du coup, là, la logique du
portefeuilles, ça parle plus. Mais, un peu lâche, « ce n’est pas parce qu’on est devenu
de Droite, qu’on a voté à Droite… C’est parce que la Gauche, ce n’est plus ce que
c’était! Et puis, la candidate, franchement, elle n’était pas taillée pour le rôle…
Franchement, elle était taillée pour le rôle? Non!… Donc, on a voté à Droite. Mais on
reste quand même de Gauche! ». C’est beau comme du Proust post-moderne! Et je ne
vous parle même pas de ce qui se passe arrivé à la cinquantaine ou la soixantaine…
Bien sûr, je généralise!

S’il y a une chose que cette élection présidentielle a prouvé, c’est bien l’instabilité qu’a,
aujourd’hui, la conviction politique. Jamais, auparavant, les voix n’avaient à ce point
fluctué. Oh, pas tant du fait des considérations pragmatiques d’usage, où à Gauche
comme à Droite, les petits partis de mêmes sensibilités se font dépouiller de leurs voix
par les partis majoritaires. C’est vieux comme la V ème République… Ici, ce qui est
assez nouveau, c’est ce curieux principe de ménage à trois politique que les électeurs,
ont, de facto, imposé à l’U.M.P., au P.S. et à l’U.D.F., en mettant un peu le P.S. au
rebut. Car, les voix du P.S. et de l’U.M.P. se jetant dans les bras de l’U.D.F., et les
voix de l’U.D.F. et du P.S. s’abandonnant à l’U.M.P., ont laissé le Parti Socialiste un
peu seul4! Et cela, a deux causes : le Parti Socialiste au pouvoir, a mal éduqué la
jeunesse de Gauche qui s’enflammait sous Mitterrand. Elle lui a donné des signaux,
mais pas de profondes convictions, pas l’idée d’un but commun, socialiste (ou ceux,
qui en firent parti, n’auraient pas été dupes du brouillage des signaux qu’ont pratiqué
Nicolas Sarkozy ou François Bayrou). Surtout, le P.S., a raté l’occasion historique
d’imprimer sa marque idéologique dans la conscience collective française. Parce
que si l’on se souvient de Mitterrand, qu’on l’aime ou non, d’ailleurs, s’il reste un
personnage de notre histoire récente, quid du socialisme français récent? Il reste le
mitterrandisme et après? Le vide sidéral. Les « jospinistes » ne sont qu’un courant
interne au P.S., mais qui en rien ne s’inscrit dans une vision française historique. Alors
que Jospin fut Premier Ministre il n’y a pas si longtemps encore. Qui pourrait dire ce
qu’est le « jospinisme »? Comment quiconque pourrait le dire, puisqu’en même temps,
il avait aussi le « fabiusianisme » (et non le fabianisme, mouvement intellectuel anglais -
« The Fabian Society », fondateur de la social-démocratie européenne), le « strauss-
kahnisme », et caetera… Un seul mot en « -isme » manque ici, c’est socialisme.
Si les courants, à l’origine, avaient vocation à garantir le fonctionnement démocratique
du P.S., tout cela a vite dégénéré en constitution d’écuries présidentielles, noyant alors

4
Mais puisqu’il paraît qu’en amour, il y en a toujours un qui s’emmerde (à deux, déjà! Alors à trois,
pensez…), il fallait bien que cela tombe sur quelqu’un!

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le socialisme, dans l’adjectif l’accompagnant, et déterminant, l’orientation qu’avait
celui-ci. Car, lorsqu’on parle d’un jospiniste, d’un strauss-kahnien, d’un fabiusien, on
sait que l’on parle d’un socialiste, mais l’appellation personnalise une orientation
doctrinale, si bien que l’on ne perçoit plus très distinctement ce qu’il y a derrière. J’ai
trouvé d’ailleurs très gouleyant, d’entendre dans la bouche de cadres socialistes des
différents courants - voire des chefs de courants eux-mêmes5 - que Ségolène Royal, en
véritable Narcisse qu’elle était, dévoyait le Socialisme à ses propres fins et qu’elle
n’allait pas vers les autres courants socialistes (qui eux, c’est bien connu, ont toujours
pris soin d’aller vers elle, depuis toujours!). Que, social-traîtresse, elle faisait peser sur
le Socialisme français son influence néfaste … J’avoue qu’à l’aune du talent des
Socialistes pour faire de bonnes blagues, celle-là est collector!

Pourquoi le Parti Socialiste ne fixe-t-il pas un d’électorat suffisant pour devenir un


parti majoritaire (hormis le fait que l’on soit un pays de Droite, que c’était à lui de
renverser cette situation, et qu’il ne l’a jamais fait)? Parce qu’il manque de courage
depuis longtemps. Parce qu’il tient débat en son sein de ce qui philosophiquement,
intellectuellement, socialement, le distingue de la Droite, et qu’il ne se met en tête de le
partager avec « les autres » que lorsque des échéances électorales approchent. Parce
qu’il ne se fait pas suffisamment force de proposition. Quand il est au pouvoir, puisque
tout lui est acquis. Dans l’opposition, parce qu’il contre-propose moins qu’il ne
s’oppose. C’est son rôle? C’est vrai. Les media ne facilitent pas le développement
dialectique d’un projet, d’une idée? C’est vrai aussi. Néanmoins, on voit ici combien il
y a de l’embourgeoisement intellectuel, et même de l’embourgeoisement tout court.
Quand les circonstances ne sont pas favorables, que fait-on? On retrousse ses manches
et on va au charbon. Pas seulement avant des élections, au quotidien. On parle aux
gens, on monte au créneau, on crée les occasions, on ne se contente pas d’écrire une
tribune dans « Libé » ou « le Nouvel Obs » où l’on prêche déjà des convertis! Qui
d’entre les anciens socialistes, ne se souvient du Mitterrand opposé à de Gaulle?
Certes, les temps étaient moins frivoles et la télé moins pro. Mais tout de même…
Ségolène Royal avec ses débats participatifs, qui ont rythmé la campagne, tant les
émissions politiques reprenaient le principe, et qui aujourd’hui procèdent, comme par
magie, d’une innovation 100% U.M.P. à les en croire, eux qui mettent du participatif à
toutes les sauces… Ségolène Royal, donc, n’a-t-elle pas compris que c’est en les y
intéressant, que les Français pourraient renouer avec le Parti Socialiste? Que c’est en
battant le pavé (lorsqu’elle était députée, pour valoriser son département, ou
présidente de région, pour faire de même avec celle-ci), qu’on avait une chance de faire
entendre ses idées, ses convictions, ses combats, quitte à en faire parfois des tonnes, du
moment que l’on peut impacter les esprits afin de faire passer son message?… Ne se
moquait-on pas d’elle de façon snobinarde? « Démagogue », « péroniste »,
« populiste », que n’a-t-on utilisé de mots assez durs pour la railler. C’est vrai, ça…
Pourquoi discuter avec les électeurs? Ils sont trop cons pour comprendre! D’un autre
côté, si vous ne leur expliquez rien de ce que vous voulez faire, ni même du comment
vous voulez le faire, attendu que tout le monde n’a pas des dons de divinations, ni ne
maîtrise le subtil art de lire dans les astres (n’est pas Élisabeth Teissier qui veut!), et
que vous ne leur demandez pas non plus ce qu’ils veulent, ce qu’ils attendent, ce qu’ils
espèrent, il est plus que normal qu’il y ait comme de l’incompréhension. Alors, c’est

5
Qui sont tous des hommes, dites-donc. « Bizarre? Vous avez dit bizarre?… Comme c’est étrange! »

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mignon, de faire des discours devant une assemblée conquise… Mais c’est autre chose
que de faire de ses convictions des idées majoritaires! Et pour cela il faut être audible.
Audible oui, mais audible pour qui? Et pour quoi faire? Ben, audible pour tout le
monde. Je suppose que lorsqu’on brigue la Présidence, c’est au peuple français dans
son ensemble que l’on pense et pas seulement au peuple de Gauche… Pour quoi faire?
Pour essayer de rassembler les Français autour d’un projet, d’un but commun, de
Gauche, socialiste, qui les inclut dedans. La réflexion débouchant sur l’adoption, à
cette fin, de moyens, d’outils, en phase avec l’époque, qui veut que les citoyens
attendent autre chose que de l’arbitraire (le slogan du candidat d’en face ne
commençait-il pas par « Ensemble »?), n’est-il pas plus pertinent que la psycho-rigidité,
voire le conservatisme, digne du « Café du commerce » qui a pour ligne le « c’était
mieux avant! » ou le « tout se perd, ma bonne dame! » (quand c’est à ceux qui se
plaignent, pour la plupart, que doit être imputée la dérive doctrinale du P.S.! Hum, la
bonne amorce libérale de l’ère Fabius! Hou, la jolie couleur social-démocrate du
gouvernement Jospin! Et ça viendrait vous donner des leçons de marxisme, en prime!),
comme si les incertaines années 2000 avaient quoi que ce soit de comparable avec le
strass et les paillettes des années 80. On refuse de voir, que faute d’avoir pris en
compte le changement de la politique, sur la forme, on a perdu un temps considérable
pour adapter le fond de la politique, autrement plus important, à cette nouvelle
méthode, pour être efficace. Et cette position eût été inéluctable, si Ségolène Royal,
fidèle à ses convictions, n’avait pas mis les pieds dans le plat, et ainsi, suivi ses
intuitions sur l’évolution des moyens actuels dont dispose un homme ou une femme
politique pour écouter les gens, leur transmettre un message et finalement les
convaincre de les rejoindre. La démocratie participative, la pédagogie, on peut trouver
cela mièvre, inutile ou que sais-je encore… Mais aux autres, c’était quoi leurs idées
pour diffuser le message des Socialistes? Les petites phrases assassines? Les bons
mots? L’embrouillamini verbeux de rigueur et la langue de bois, dès lors que l’on
aborde les sujets brûlants sur les plateaux télé? Ah, oui… C’est un bon message! Ça,
c’est imparable!

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L’Idealpolitik, une belle connerie!

La politique, n’est pas, et on peut le regretter, un IDÉAL. Ce n’est certainement pas la


panacée universelle, ne nous illusionnons pas. C’est à mi-chemin entre une science
humaine et un art. Avant tout fondée sur une doctrine, mise en pratique en considérant
la vérité brute d’une société, elle consiste à appliquer cette doctrine pour faire
fonctionner ladite société, par des moyens divers et variés. La politique, c’est aussi le
moyen d’administrer un peuple avec des outils qui, au fur et à mesure des avancées
sociales et sociétales, sont de plus en plus complexes, un moyen d’assurer la cohésion
du plus grand nombre et son bien-être, par le compromis. Alors, bien sûr, on doit y
adjoindre un idéal, une vision, une ligne personnelle, avoir la légitime ambition de faire
quelque chose de grand (sans tomber dans le grandiloquent!). Toutefois, le rôle de la
politique avant tout, qui n’a rien de glamour de facto, c’est le moyen de faire
fonctionner cet appareil froid que l’on nomme ÉTAT au sein duquel, sont le début et
la fin de cet appareil : le PEUPLE.

La politique n’est pas un idéal, parce que comme tout artifice, même génial, elle ne
tend pas, elle ne peut pas tendre vers l’Absolu (autrement dit, certainement pas vers la
pureté, qu’en dépit du bon sens nous cherchons constamment à atteindre, en sachant
pertinemment que c’est impossible!), pour la seule raison – et elle est de taille – qu’elle
s’élabore PAR et POUR les Hommes (les Humains, sinon, je vais encore passer pour
une sexiste…).
L’Homme (râââ!!!), cet être d’intelligence et d’émotion (ne nous lançons pas dans un
débat kantien…), oscillant entre Raison et Sentiment (violemment antithétiques!), et
qui, dans de nombreuses circonstances, a du mal à « Raison garder », quel que soit le
côté de la barrière politique où il se trouve.

En ce qui concerne le Socialisme, son origine se perd dans des courants issus de
l’esprit de la Révolution Française6, inspirateurs de courants ayant eux-même inspiré
Marx, qui, en définitive, théorisa ce que devait être ce Socialisme et ce vers quoi il
devait tendre (le Communisme). Malheureusement, comme après l’écriture de chaque
bible, il y a toujours des types plus malins que les autres qui s’auto-proclament
exégètes et qui vous expliquent ce que la bonne parole signifie en clair. Ainsi, l’œuvre
de Marx a donné lieu a bien des interprétations…

Si de nombreux points de la doctrine marxiste sont toujours d’une brûlante actualité


(la réalité du coût du travail, celle du fossé économique et social toujours grandissant
entre le capital et le travail… etc.), il s’est greffé dessus, très tôt, des concepts émanant
d’idéologues exégètes de la pensée de Gauche7, comme Karl Kautsky, qui, pour
marxiste qu’il fût, a « démarxisé » la pensée du Grand Homme, pour lui donner la
saveur fadasse de la social-démocratie allemande ou comme Édouard Bernstein, qui,
purgeant la doctrine marxiste, et la transformant en un socialisme tiède, a aussi servi de

6
Le terme de Gauche vient de la Révolution lui aussi, en fait par antagonisme à la Droite. Le 11
septembre 1789, à l’Assemblée Nationale Constituante, ceux qui défendaient l’idée d’un pouvoir
monarchique fort - les conservateurs, donc - formèrent un groupe à la droite du président de ladite
Assemblée. Le terme est resté.
7
Et d’intellectuels bien intentionnés (the Fabian Society, en Angleterre).

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base idéologique à la social-démocratie et a donné, en partie, naissance au Socialisme
français, puisque cette exégèse sera reprise par Jean Jaurès et Georges Sorel (et même
s’il reste un fond de la conception guesdiste du Socialisme - héritée directement de
Marx, laquelle a dû aussi se confronter à la compromission politique)… De ces
exégèses, la doctrine initiale s’est perdue dans un dogme qui s’est substitué à l’idée-
même du marxisme. A cela, il faut ajouter le constat qu’un socialisme national se
heurte aussi à des vérités bassement prosaïques et particulières, liées à la nature de la
nation à laquelle il s’applique, qui, dès le départ, interfèrent avec une stricte application
de ces modifications idéologiques. Ce maëlstrom a abouti, en France, à un DOGME
SOCIALISTE national8, véritable Vulgate, qu’on ne doit surtout pas repenser (mais
que l’on peut décliner) sous peine d’anathème. Ainsi donc, le dogme socialiste français
est vieux, poussiéreux, sclérosé! D’autant qu’il souffre en plus d’un mal touchant toute
la Gauche : une invariable, tragique et romantique tendance à la nostalgie, au « c’était
mieux avant! ». Au P.S., cela a été un temps réglé par François Mitterrand. Sur un
programme « remarxisé », il a dû faire du pragmatisme politique pour durer.
Timidement, ainsi, depuis vingt-six ans, ce qui correspond à l’arrivée des Socialistes au
pouvoir, ces derniers ont dû lâcher du leste vis-à-vis de leur étouffante orthodoxie
(sans véritable véhémente récrimination des Communistes, sauf quand Georges
Marchais, l’inénarrable secrétaire général du Parti Communiste, essayait de se refaire
une virginité idéologique, afin de redresser un P.C.F. en perte de vitesse, via Jean-
Pierre Elkabbach et Alain Duhamel interposés), laisser du terrain aux idées extérieures.
Inévitable conséquence de la réalité du pouvoir, impulsée par François Mitterrand.
Mais, après les années Mitterrand, qui ne furent pas sans difficultés (une cohabitation
pour chacun de ses deux septennats), le Parti Socialiste s’est à nouveau replié dans
cette lénifiante nostalgie du passé. Sans personnage providentiel ayant l’audace de
bouleverser ses petites habitudes, il n’arrive pas à se repenser en fonction des
évolutions naturelles et rapides de cette société française si singulière qu’il veut
gouverner (et même dans ce cas, il ne facilite pas la tâche aux audacieux qui soulèvent
ne serait-ce qu’un début de réflexion… Ségolène Royal pourrait en témoigner!). Au
pouvoir, il compose avec cette réalité, dans l’opposition, il se réfugie ou dans le
mitterrandisme, vestige politique d’une époque - hélas! - révolue ou dans une pseudo-
doxa marxiste, dont, de toute façon, il n’a jamais vraiment été l’héritier! Il a laissé
s’installer une épouvantable dichotomie à sa tête, qui fait du P.S. un Parti
Schizophrène…

La Gauche ne peut s’étonner de sa stagnation (le Parti Socialiste) ou de sa disparition


(le Parti Communiste et l’extrême gauche). Car, face à l’évolution environnante
(évolution sociétale, sociologique…), on ne peut pas se murer et opposer
l’IMMOBILISME IDÉOLOGIQUE et l’ARCHAÏSME DOGMATIQUE. Et ce

8
Il est toujours très dérangeant de lier ces deux mots… Néanmoins, les cris d’orfraie que cela a
provoqué sont d’une hypocrisie sans nom. Parce que cela rappelle une histoire douloureuse, ou le mot
« socialisme » était rapproché du « national », à de basses fins démagogiques, populistes et
mensongères, pour fabriquer de toutes pièces et « euphémiser » une dictature nationaliste dangereuse,
ségrégationniste, raciste et meurtrière, peut-on ignorer que d’un pays à l’autre, l’application d’une
doctrine politique tient compte des populations qui les composent? Et que, même si le Socialisme se
réclame de l’internationalisme, le P.S., n’est pas le LABOUR, pas plus qu’il n’est le parti socialiste
italien ou espagnol, etc. Tout simplement parce que les Français, ne sont pas les Anglais, ni les
Italiens, ni les Espagnols!

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n’est pas faute d’avoir des idées, comme on l’entend ici ou là, de façon malhonnête.
Des idées, il y en a. Il y en a même beaucoup. C’est juste qu’il y a une frilosité patente
des hautes instances à vouloir ou les faire émerger, ou à même en choisir certaines. Ce
ne sont pas des polyphonies (car ils ne chantent pas la même chose), mais bien une
cacophonie socialiste qui rythme les rassemblements du P.S., et qui les ronge de
l’intérieur.

La Gauche ne doit certes pas renoncer à sa doctrine, porteuse d’avancées sociales, de


l’idée d’une société meilleure fondée sur la redistribution des richesses, la solidarité et
le bien collectif (à l’inverse de la dialectique individualiste de Droite), mais elle doit
amender sa lecture de l’exégèse marxiste, pour se ressourcer au contact de la pensée
fondatrice marxiste elle-même, afin d’en revoir les grands axes et de tirer des
enseignements de ce qui a échoué et de ce qui n’a pas été creusé tout au long de son
expérimentation au XX e siècle, de ce qui est toujours d’actualité et de ce qui ne l’est
plus, avant d’envisager un socialisme moderne, s’adaptant aux paradigmes actuels!
Parce que c’est dans l’évolution permanente qu’une pensée survit, sinon, elle n’a pas
plus de valeur qu’un bouquin poussiéreux sur une étagère que personne n’a ouvert
depuis des lustres, sous prétexte de ne pas l’abîmer! Marx, n’a pas inventé le
Socialisme, il a réfléchi sur la base de pensées nées avant la sienne, et compris grâce
aux conditions, à l’atmosphère de son époque (et en comprenant l’importance de la
Commune), qu’il fallait une doctrine assurant le bonheur du plus grand nombre, face à
un système politique et économique générateur d’inégalités. Mais en comprenant déjà
l’imbrication de l’économie dans la politique et ses effets pervers.

Certains paradigmes, qui n’ont pas changé depuis l’époque de Marx, expliquent, en
partie, la crise du travail et nous touchons là au cœur du problème social français!
En 2007, les classes ont-elles disparu? Non, elles ont changé, muté, mais elles
persistent! Rétribue-t-on enfin le travail à sa juste valeur ou s’assure-t-on toujours
de la docilité des travailleurs en la compensant par un salaire garantissant la continuité
du travail? Les bas salaires des classes les plus défavorisées, de tranches d’âge
particulièrement exposées (les jeunes, les plus de cinquante ans), ou la disparité des
salaires homme/femme, faisant de beaucoup de femmes des travailleurs pauvres, sont
des vérités qui ne peuvent souffrir le mépris. Car dans un monde occidental miné par
la question du travail (et de son pendant maléfique, le chômage), de la précarité, un
emploi, même mal rétribué, fait l’objet d’une acceptation résignée. Une augmentation?
Les syndicats sont là pour défendre les travailleurs, certes, mais dans un pays où
seulement 8% des salariés sont syndiqués, dire est plus aisé que faire. La plus-value
générée par les forces de production ne fait toujours pas l’objet d’une redistribution
du Capital vers le travailleur. Et quid des ouvriers, les exploités du Capital qui ont
fait l’objet de la démonstration marxiste originelle de l’inégalité dans les rapports de
production? Les années 80 ont définitivement sonné le glas des régions ouvrières du
Nord et de Lorraine où le chômage, les délocalisations ont fait des ravages… Le
monde ouvrier s’est transformé, mais, il y a toujours des ouvriers! Ce ne sont plus les
ouvriers d’antan, d’accord, mais leurs problèmes ne sont pas résolus pour autant.
D’ailleurs, aux ouvriers, on peut aussi adjoindre nombres de professions du tertiaire,
nouveau prolétariat de l’ère post-industrielle. En quoi le sort de ces travailleurs
s’est-il amélioré (si ce n’est par l’agitation de la carotte du crédit pour leur faire
croire qu’ils ne sont plus des pauvres…)? Si ces questions concernent toujours le Parti

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Socialiste, alors, c’est qu’il subsiste un peu des valeurs provenant du marxisme en eux.
Les termes d’origine sont peut-être surannés, cependant la question de la forme est-elle
ici essentielle, quand le fond réclame la plus grande attention? N’a-t-on pas plus urgent
à faire concernant cette question cruciale, que de chipoter sur des questions de
vocabulaire et de terminologie?

Certains autres paradigmes n’entrent cependant plus en considération, parce que faute
de les avoir abordés d’entrée, il y a longtemps qu’ils sont tombés dans l’obsolescence
la plus totale. Ne pas le prendre compte est irresponsable. Évidemment qu’il est
toujours difficile d’engager un changement, que l’on n’a cessé de repousser au
lendemain, au risque de se retrouver dans une société dans laquelle votre approche
n’est plus adaptée! Seulement, il y a un moment ou il faut y aller sous peine d’étouffer
et de finalement mourir… Répondre de façon pertinente, cohérente et de Gauche à
ces changements, ces évolutions de la société (encore faut-il se poser les bonnes
questions et pour cela ne laisser aucun sujet de côté), est le cœur-même de
l’orientation à donner à la Gauche, à ce Parti Socialiste à l’identité incertaine et qui ne
veut pas le reconnaître. Ainsi, l’expérience politique de nombreux de ses membres sera
utile dans la refondation de la pensée, mais la vision de personnes plus jeunes ou en
tout cas plus en phase avec la société actuelle est aussi déterminante. Il faudra aussi
prendre en considération l’électorat dans toutes ses composantes et cela nécessite une
nouvelle conception de la part du P.S. des Français (comme il faudra aussi avoir une
conception claire de l’Europe et du monde, de la place que la France y tient et de celle
qu’on voudra lui faire prendre par la suite).

Si l’on a voulu faire de la doctrine marxiste un idéal, c’est que pour être mise en place,
la transition du capitalisme vers le socialisme, devait s’affranchir des classes et donc
passer par une révolution, le plus vieux problème du monde – ayant été, un temps,
traité sous la Révolution Française – consistant à mettre les compteurs à zéro, entre
ceux qui détiennent le Capital et les autres, ne pouvant se faire sur la base d’un accord
mutuel, puisqu’il toujours difficile de partager avec les autres ce que l’on a! Mais très
tôt, nombres d’intellectuels, partout en Europe, ont voulu croire au socialisme par les
urnes et la France n’y a pas échappé. Tuant de fait le Socialisme et techniquement aussi
le Communisme, qui devait être la réalisation de l’idéal socialiste dans un monde de
partage où les classes n’existeraient plus (et où tout le monde vivrait heureux…). On
s’est pourtant enfoncé dans la croyance que rien n’était changé et que le Socialisme,
c’était le Marxisme (ou le Marxisme, le Socialisme, je m’y perds un peu…). Restait
alors l’idée, déjà hautement utopique d’un humanisme jaurésien, qui, tant que les
conditions de travail globales des classes ouvrières étaient tellement en deçà de tout
traitement humain décent, pouvait encore promettre et réaliser des avancées, faire de la
politique de Gauche sans forcer son imagination. Aujourd’hui, alors que l’idée-même
de révolution est incongrue et que les altérations à la démocratie passent par la Loi et
les changements de Constitution, dans une partie de la Gauche, y compris au sein du
P.S., on brandit sa bible marxiste, pour faire acte de foi, mais c’est tout ce que l’on se
contente de faire!

Si Ségolène Royal, la candidate socialiste à l’élection présidentielle, était une marxiste


invétérée, ça se saurait, et à mon avis, cela constituerait le plus grand scoop politique
depuis que l’on a appris que Lionel Jospin a été trotskiste dans sa jeunesse ou que
Jacques Chirac a signé l’appel de Stockholm et a assisté à des réunions socialistes avec

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Michel Rocard! Cela dit, Ségolène Royal a une chose que nul ne peut lui contester :
des tripes! En avoir, en politique, c’est plutôt une bonne chose! En avoir, au P.S., il
faut le dire, ça change! Cela a d’autant plus pu troubler que cela venait d’elle… Ne
jouons pas les hypocrites, qu’on l’apprécie ou non, force est de constater que la
dernière personne ayant avancé des idées neuves – qu’on les partage ou non – au Parti
Socialiste (démocratie participative, changement réel de constitution, que l’on doit
reconnaître aussi à l’ineffable Arnaud Montebourg, entre autres, vraie réforme des
institutions, syndicalisme de masse, seul point positif de la social-démocratie…), qui a
utilisé des moyens d’action plus en phase avec ce début de millénaire, qui a voulu
trancher à vif nombres de questions restées en suspend (la question sécuritaire
monopolisée par la Droite et qui pourtant concerne tout le monde, la généralisation des
35 heures…), qui a réveillé l’intérêt de nombre de Français pour le P.S., depuis le
référendum sur la Constitution Européenne, qui a même réveillé certains de ses petits
camarades, depuis le même référendum (même si, là, c’était plutôt pour la charger,
elle), c’est quand même bien Ségolène Royal.
Admettre son statut de femme politique, de femme d’État, c’était faire preuve
d’objectivité et ne signifiait pas être en accord parfait avec elle. Le nier, en
revanche, c’était une tactique politicienne, visant juste à la décrédibiliser (ce qui
a eu son petit effet, c’est certain… Félicitations!). Or la critique, est autrement
plus utile, autrement plus constructive, lorsqu’elle est guidée par l’objectivité.
Pour une fois, le P.S. avait une candidate qui sans renoncer aux bases fondamentales,
telles que progrès social (parce que le plus triste, c’est qu’en 2007, on en a toujours
besoin!), redistribution des richesses, enfin tout ce qui tient de la lutte contre les
inégalités, a essayé de donner un coup de jeune et d’apporter un vent de renouveau au
Socialisme français9, sans pour autant dire que son programme n’était « pas
socialiste ». Blairiste, pour les tenants de la doxa puriste de Gauche, amatrice,
pour la Droite, visionnaire pour les fans… Je n’ai pas encore tranché la question.
Mais je crois qu’il faut lui reconnaître de poser des questions, sans se limiter (ce qui est
sans doute dû au fait, qu’elle n’est pas dogmatique pour un sou). A charge alors, à
ceux qui ne se les posaient pas ou ne se les posaient plus, d’y réfléchir collectivement
avec elle, afin d’y apporter des réponses de Gauche… Encore fallait-il pour cela
entamer un débat, entre les diverses factions du P.S.! En cela, les dirigeants du P.S. et
même Ségolène Royal, ont loupé l’occasion de faire avancer réellement les choses. Il
n’est cependant pas trop tard!
La seule chose m’apparaissant comme parfaitement claire à propos de Ségolène Royal,
c’est sa volonté de tisser un lien social solide et pérenne. Une volonté que l’on sent
viscérale (« chevillée au corps? »). Étant donné que je ne la connais pas
personnellement, je ne voudrais m’enfoncer plus avant encore dans la psychologie de
bazar à son endroit, que je ne le fais déjà, en essayant de chercher dans les tréfonds de
sa psyché, les raisons d’une telle volonté… Quoi que de sa personne, émanent
beaucoup de choses que l’on peut analyser, si l’on se donne la peine de l’observer deux
secondes et que l’on ne préjuge pas de ses motivations.

9
Coup de jeune et renouveau que l’on retrouvait à ses côtés, avec la mise en avant d’Arnaud
Montebourg, de Vincent Peillon, de Delphine Batho, d’Aurélie Fillipetti, Najat Belkacem, Safia
Otokoré ou de Thomas Piketty… Même le choix de la députée P.R.G. Christiane Taubira comme
l’une de ses porte-paroles, démontrait sa volonté de ne pas marginaliser les autres partis de Gauche
qui l’avaient ralliée! Changement total de mentalité, donc…

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Parfois énoncée de façon maladroite (l’accompagnement des femmes policiers
systématique, les références à la gauche européenne tous azimuts…), parfois énoncée
sans ambages (rétablissement de la police de proximité, aide aux devoirs par les profs
et les étudiants, syndicalisme de masse…), la logique « royaliste » n’est pas dénuée
des fondements qu’on lui reproche de ne pas avoir. Cette idée selon laquelle, je la cite,
« tout se tient », n’est pas une des bourdes qu’on lui prête, au contraire, je crois que
c’est une vision globale, bien plus socialiste (mais je dis cela après réflexion! Vous
m’auriez demandé de faire un essai politique sur Ségolène Royal, avant janvier 2007, la
teneur en eût été changée du tout au tout… D’ailleurs, les termes « socialiste » et
« Ségolène Royal » employés ensemble, m’ont longtemps fait rire, je le confesse
volontiers… J’aborderai le sujet plus amplement par la suite) que l’on ne l’imagine
chez elle.
C’est peut-être sa vision du Socialisme, mais dans un pays où il y a autant de visions
du Socialisme que d’habitants au mètre carré ou presque, en quoi, la sienne serait plus
illégitime que les autres? Car – mais cela demande un effort d’imagination
considérable, si l’on s’entend à dire que la réciprocité État/Citoyen, favorisée donc
par un lien social fort, fonctionne, et que les conditions optimales sont garanties par lui,
est-il alors stupide de penser que dans cette logique don/contredon, l’insécurité recule,
du fait de l’apaisement civil que cela engendre, que la performance scolaire augmente,
parce que les politiques publiques se rejoignent pour la garantir, que les travailleurs
sont plus compétitifs, car mieux rétribués, mieux protégés socialement et donc apaisés,
que l’idée de « contrat social » fait plus volontiers avancer les mentalités et accepter de
se soumettre aux difficiles, mais nécessaires impôts pour redistribuer les richesses,
qu’harmonisé, un peuple consomme plus, parce qu’il le peut, que la consommation
relance la croissance, et cætera? Alors, c’est sûr, cela ne fera pas de la France une
nouvelle Sybaris pour autant! Néanmoins, c’est une vision bien plus réjouissante que
celle de la France des cinq années à venir. Je crois que cette notion de la contrepartie,
la base de ce lien social, pour peu que cette contrepartie soit effective, et – peu
heureusement, à mon sens – instillée dans le concept du « donnant-donnant » (et de
son corollaire plus winner du « gagnant-gagnant », entendus quelques fois depuis
dans la bouche de hauts dignitaires de Droite…), c’est cette idée, au fond, de revenir à
l’essence de la politique. Une politique fondée sur un « Contrat Social » ou « Pacte
Républicain » ou « Pacte Présidentiel », qu’importe le nom, l’idée d’échange de
bons procédés restait l’idée générale, pour garantir l’harmonie du peuple. Or, l’idée
d’harmonie sociale, si ce n’est pas le but du Socialisme, qu’est-ce que c’est?

Il ne faut jamais oublier que la logique féodale, héritée des civilisations antiques, bien
qu’elle se soit modifiée à travers les siècles, n’a pas disparu complètement (la politique
de la tabula rasa est assez rare, car l’on trouve toujours des avantages à de
précédentes méthodes de gestion de société, seraient-elles totalement passéistes!).
Pourquoi les gens se choisissent-ils des chefs? Parce qu’ils veulent vivre bien et en paix
(paix civile et paix sociale), sans qu’il leur incombe de gérer les complications
extérieures à leur propre existence, influant sur les conditions de ce « bien-vivre » et de
cette paix. Ils se soumettent alors à une autorité qui les protège, mais qui réclame, en
échange des contreparties. C’est la base-même du pouvoir et de sa pérennité. Et c’est
par l’élaboration d’une politique globale que l’autorité garantit la paix. Seulement,
lorsque le pouvoir ne tient pas ses engagements, les problèmes commencent. Mais dans
la mesure où notre régime a muté pour adopter la démocratie, il y a toujours plus ou
moins de résignation du côté du peuple et de complaisance du côté du pouvoir,
21

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aboutissant à une lente dégradation du climat social et visant à préserver la démocratie,
dont on sait qu’elle est un rempart – a priori – contre le chaos. C’est tout le noeud de
la question! Comment faire pour que la démocratie soit obligatoirement garante
du bon fonctionnement global de cet échange de bons procédés entre
administrateur et administrés? Gageons que puisqu’aucun modèle de société, n’a pu
résoudre cette question, ce n’est certainement pas la démocratie qui y parviendra! Car
tout comme il est imparfait, rien de ce que l’Homme conçoit n’est voué à l’être… Mais
au moins peut-on faire en sorte de se rapprocher le plus possible de la résolution de
cette question viscérale (qui se pose à l’ensemble du monde), étant donné que
contrairement à la résolution de tous nos petits problèmes métaphysiques individuels,
cette quête éperdue de perfection nous caractérisant, a ici un plus noble but, que de
satisfaire à nos complexes d’êtres vivants égotiques pensants. Parce que l’Homme
n’est jamais aussi grand que lorsqu’il bâtit une œuvre collective!

Passé ce petit moment de grâce, empli de philosophie de comptoir, je tiens à dire que je
ne considère pas le fait de se rapprocher de la perfection comme un idéal. La quête
d’Absolu, bien que contre tout sens commun, fait partie de notre nature, pourquoi le
nier? Et c’est elle qui nous a permis de réaliser des avancées considérables dans de
nombreux domaines (ou bien est-ce la paresse?… Peu importe!). Non, l’idéalisme, en
ce qui me concerne, c’est de croire sincèrement que l’on atteindra la perfection un
jour…

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Flashback

Historiquement enfant maudit du capitalisme, le Socialisme est une phase de transition


vers le Communisme.
Le socialisme français, lui, dérivé à la fois de la compréhension approximative de Jules
Guesde et de l’exégèse tiédasse d’Édouard Bernstein du marxisme adoptée par Jean
Jaurès, n’a jamais véritablement assumé sa position de sous-courant marxiste.
Initialement, tourné vers les ouvriers, on compte, en 1900, six différentes fractions de
socialistes et à chacune son parti :

- les « marxistes », dont Jules Guesde, entre autres, qui pour avoir diffusé l’œuvre de
Marx en France, n’en a pas compris toute l’essence et a très vite été atteint par la
schizophrénie entre idéal socialiste et réalité politique (le Parti Ouvrier Français);

- les « blanquistes » : dont Édouard Vaillant, Marcel Sembat, socialistes


révolutionnaires, héritiers de Louis Blanc (le Parti Socialiste Révolutionnaire);

- les « possibilistes » : dont Paul Brousse (la Fédération des Travailleurs


Socialistes);

- les « ouvriéristes » ou « allemanistes » : dont Jean Allemane, Communard, s’il en


était (le Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire);

- les pré-Communistes (l’Alliance Communiste);

- les Socialistes « Indépendants » : dont Jean Jaurès, Alexandre Millerand et Aristide


Briand.

De ces six groupes, l’année suivante, il ne reste plus que deux, dans lesquels se sont
refondus tous les autres. D’un côté, on a le Parti Socialiste Français, qui, en plus des
indépendants, compte les possibilistes et les ouvriéristes, et dont le chef n’est nul autre
que le Grand Homme, Jean Jaurès. De l’autre, Jules Guesde, marxiste, qui s’est allié
aux blanquistes et à l’Alliance Communiste. Il faut attendre l’an de grâce 1905, avant
que ne soit créée la S.F.I.O. (Section Française de l’Internationale Ouvrière).
L’assassinat de Jaurès avant le début de la guerre 14-18, et les dissensions sur
l’attitude à tenir vis-à-vis de ladite guerre, divise en trois courants les Socialistes.
Après la guerre, c’est le « Grand Schisme d’Occident », le re-Tours10. En effet, c’est
en 1920, suite à un congrès, à Tours, donc, que le vote d’une motion divise les
Socialistes à nouveau, mais pour créer le Parti Communiste Français! 75 % des
Socialistes s’autoproclament donc Communistes, ce qui est un non-sens, dans la
mesure où le Socialisme ne s’est toujours pas substitué au Capitalisme… Les 25 %
restants, sont ceux qui vont fonder le Socialisme français, en recréant la S.F.I.O., avec,
notamment le fameux Léon Blum, que la Droite nous envie tant, et qui porta au
pouvoir la Gauche, avec le légendaire « Front Populaire »!

10
Désolée!

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Si je fais, cette parenthèse historique, c’est pour l’on comprenne bien de quelles limbes,
le Parti Socialiste est sorti. Au P.S., rien de nouveau, serait-on tenté de dire, et l’on
aurait raison ou presque. Il est cependant assez amusant de constater, chose purement
logique, que le Communisme est mort avant sa phase initiatrice. L’idéal socialiste
n’ayant pu arriver à ses fins, il serait étonnant que le Communisme survive, puisqu’il
n’est pas encore censé exister! La longévité du Parti Communiste Français ne
s’explique que par les liens étroits qu’il entretenait avec la maison-mère U.R.S.S.,
pendant la Guerre Froide. Le fait que François Mitterrand ait absorbé une bonne
partie de son électorat et que sous sa présidence, en Russie, la Perestroïka, entamée
par Mikhaïl Gorbatchev, mette doucement fin au Communisme d’État, a achevé de
précipiter le P.C.F. dans l’abîme.

Je ne m’arrête cependant pas en si bon chemin, dans ma digression « historico-


explicative ». Il est, en effet, toujours utile de connaître l’Histoire, car ce sont les faits
et les décisions prises par nos prédécesseurs qui orientent les choix à venir, que l’on
veuille les perpétuer, les modifier ou alors aller carrément à leur encontre.

1. Mai 68

Et puisqu’il faut bien commencer par une date et que celle de Mai 68 est follement
tendance en ce moment (et que cela ne remonte pas trop loin, surtout… Je ne vise pas
à écrire un ouvrage de référence, mais juste à livrer une réflexion personnelle! Sinon,
on remonte à la Commune et là, j’en ai pour toute une vie. Seulement, parler de la
défaite de 2007 à l’horizon de l’élection présidentielle de 2062, je ne vois pas bien
l’intérêt…), commençons donc par là! Mai 68 est probablement l’occasion la plus
manifeste avant longtemps que l’on a eu de revoir un jour la révolution au pays des
Lumières. En 1967, la Gauche s’était refait une santé, lors des législatives, grâce à une
sorte de nouveau « Front Populaire » (la F.G.D.S.11 avec la S.F.I.O., le P.S.U.12, les
Radicaux et divers clubs de Gauche… Plus les Communistes). Face au pouvoir
monarchique essoufflé du Général de Gaulle, initiateur de cette V ème République, qui
déjà se fatiguait de l’usure de son propre pouvoir, les Gauches, la Gauche, était à la
fête, entre réalisme des revendications d’une part (rejet des « Accords de Grenelle », le
protocole de négociation entre les syndicats et le pouvoir), et surréalisme mitterrandien
(Mitterrand, qui a déjà perdu la présidentielle de 1965, constate, le 28 mai, une
« vacance » du pouvoir – de Gaulle est à Baden Baden – et se porte candidat à la
Magistrature Suprême, annonçant Pierre Mendès-France en Premier Ministre!). La
dissolution de l’Assemblée par de Gaulle, après les événements de mai, et les élections
de juin, dépouillèrent littéralement la Gauche, qui de 118 députés sortant, se voyait
chichement octroyer 57 sièges (comme en 1993, d’ailleurs, où là, la Gauche était au
pouvoir, ce qui est tout de même beaucoup plus mortifiant! Passer d’une majorité
parlementaire à 57 sièges, c’est vraiment fâcheux pour le P.S.)! De Gaulle était
finalement le vainqueur de cette épreuve de force printanière, ainsi que la manifestation
de la Droite (si, si, ça existe!), en soutien au pouvoir gaulliste, sur les Champs-Élysées,
le 30 mai, jour du retour du Général à Paris, semblait vouloir le montrer.
La Gauche n’était pas encore rendue! D’autant qu’après le référendum de 1969 sur la

11
Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste.
12
Parti Socialiste Unifié.

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réforme des régions et une transformation du Sénat, et la victoire du non (à 54%), le
pouvoir, cette fois-ci, vraiment laissé vacant par le Général de Gaulle – vacance
comblée par Alain Poher13, le temps d’une élection anticipée – vit réapparaître l’avant-
dernier Premier Ministre du vieux Général, à la tête de l’État. Il est d’ailleurs assez
cocasse de remarquer que la situation de 1969 ressemble fort à celle de 2007, avec
tous les réajustements dus à l’évolution de la société française, évidemment! D’où,
petite digression avec en prime un parallèle, pour les dirigeants de Gauche qui ont vécu
cette époque, fussent même enfants, mais qui découvrent, grâce à Nicolas Sarkozy, le
coup politique et s’offusquent de son début de mandat…

2. L’épopée chabano-pompidolienne du tandem Sarkozy-Fillon

En 1969, donc, Georges Pompidou (dont le plus fervent, le plus zélé disciple est un
certain Jacques Chirac…), ancien Premier Ministre gaullien, qui n’a pas survécu
politiquement à Mai 68, est élu Président de la République. L’ex-Premier Ministre
(cinq gouvernements sous de Gaulle), se choisit comme successeur, le fringuant
Jacques Chaban-Delmas, lui-même ex-Président de l’Assemblée Nationale…
Autrement dit, retour aux bonnes vieilles habitudes de Droite!

En 2007, Nicolas Sarkozy (dont le mentor, fut un certain Jacques Chirac, décidément
omniprésent…), Ministre de l’Intérieur du gouvernement sortant, ayant fait un crochet
par Bercy entre deux villégiatures place Beauvau, est élu Président de la République. Il
nomme François Fillon, ministre dans les gouvernements Raffarin I, II et III, (s’étant
fait bouté très cavalièrement hors du gouvernement, après la démission de Jean-Pierre
Raffarin, par Jacques Chirac, après les manifestations lycéennes de 2005, suite à sa
réforme de l’Éducation), Premier Ministre… De vrais perdreaux de l’année!

Chaban, entré à Matignon, il annonce un gouvernement « d’ouverture », auquel il


intègre un certain Valéry Giscard d’Estaing, sous l’étiquette indépendante, et des
Centristes14. Ces derniers étant aussi intégrés dans la majorité U.D.R.!

Devenu Président de la République, Nicolas Sarkozy, qui fait aussi office de Premier
Ministre, quand il a cinq minutes, annonce lui aussi la création un gouvernement
« d’ouverture », avec quelques subtilités dans le terme, correspondant au changement
d’époque tout de même :

- « Ouverture » par la parité homme/femme (plus réelle cependant dans le


gouvernement Fillon I, que dans Fillon II), revendication découlant directement de Mai
68, certainement la période de l’histoire contemporaine la plus d’actualité depuis la
présidentielle, et dont Nicolas Sarkozy s’est pourtant fait le pourfendeur pendant sa
campagne (et alors qu’il marche dans les pas d’un Président, qui fut Premier Ministre
pendant les événements de 1968 et que son mentor Chirac fut l’un des artisans des

13
Qui fut deux fois Président de notre République, par intérim! Nous en sommes donc à notre
septième Président sous la V ème République, techniquement.
14
Par ailleurs, notre bon Président François Mitterrand, pratiqua lui aussi la manœuvre de
l’ « ouverture » aux Centristes. En tout cas, l’« ouverture » mène à tout, puisque Jean-Pierre Soisson,
membre centriste du gouvernement Rocard est aujourd’hui un député U.M.P.! Ça laisse songeur…

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« accords de Grenelle »).

- « Ouverture » par la « diversité15 », avec la nomination de Rachida Dati (dont on


nous a assez dit qu’elle était issue de l’immigration pour qu’on le comprenne! Mais aux
dernières nouvelles, elle est bien Française, non?) comme Garde des Sceaux, puis celle
de Rama Yade, au Secrétariat d’État de… De quoi d’ailleurs?… Enfin sous la tutelle
d’un ministre issu d’un autre genre « d’ouverture »…

- … L’« ouverture » pratiquée vis-à-vis de l’opposition, en la personne du sémillant


Bernard Kouchner (figure éminente de l’esprit soixante-huitard...)! Jean-Marie Bockel,
faisant aussi partie des prises de guerre socialistes de Nicolas Sarkozy.

- L’« ouverture » vers la société civile, surtout de gens de Gauche (Martin Hirsch,
Fadela Amara).

- Enfin, l’« ouverture » plus classique vers le Centre, qui s’est faite vers des
Centristes intégrés de la majorité… Dieu, que tout cela est original!

Encore plus fort, notre bon Chaban, entend « jeter les bases et les modalités d’un
processus de concertation entre l’État et les partenaires sociaux ».

Nicolas Sarkozy, qui lors du débat face à Ségolène Royal, s’est gaussé de sa volonté
de consulter les partenaires sociaux sur tous les sujets où une discussion autour de la
table s’impose, le même donc, a, dès son élection, reçu lesdits partenaires sociaux
(même s’il s’agit plus d’affichage de sa part… Il ne faut pas rêver, non plus!) et
continue de les consulter avec une opiniâtreté digne d’un leader syndical… Bernard
Thibaut a du souci à se faire!
C’est quand même balèze, pour un candidat élu sur le thème de la « rupture », de
réitérer le modèle du mentor de son mentor (étant le Président sortant!), renouant ainsi
avec un modèle passéiste, dont, n’était l’hyperactivité du nouveau locataire de l’Élysée,
il n’y a vraiment pas de quoi faire tout un foin! « Rupture pompidolienne »? LA
BOUCLE EST BOUCLÉE!

Les références au passé politique de la France – et pas seulement de la V ème


République – ne manquent pas chez Nicolas Sarkozy, je ne les énumèrerai donc pas
toutes ici. Il y a néanmoins dans sa conception du pouvoir présidentiel beaucoup de
Valéry Giscard d’Estaing, aussi… Enfin! Espérons seulement que le nouveau Président
de la République n’a pas, en plus de tout le reste, appris à jouer de l’accordéon en
cachette! Je ne dis pas ça parce qu’il est d’origine hongroise (moi, j’ai des origines

15
Terme qui se veut un euphémisme pour « minorité visible »… Euphémisme visant déjà à désigner
les « gens de couleurs »… Lui-même euphémisme pour « non-blancs »… Autrement dit, les Français
de types asiatique, indien, arabe et assimilés, les Noirs et autres bonnes gens aux peaux un peu
bronzées, comme moi, dont, on nous rabâche sans cesse, que nous sommes des Français comme les
autres. « Trop d’euphémisme tue l’euphémisme », certes. Cependant, tout cela permet au moins de
constater, la poésie, dont nous sommes l’objet, ce langage fleuri que des gens sont payés pour
inventer, afin d’éviter de trop nous stigmatiser, en ne se rendant ni compte du ridicule de la démarche
(mais au moins, c’est drôle… C’est déjà ça!), ni que cela nous marginalise encore plus… Enfin, il faut
bien s’amuser!

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africaines… Ce n’est pas pour autant que je joue du tam-tam!), mais parce que j’ai en
horreur l’accordéon et qu’avec ma chance, s’il devait vouloir imiter son mélomane
prédécesseur, et s’inviter chez le Français, pour lui mettre une ambiance « bal
musette » de folie (sans Mireille Matthieu, je vous en supplie! Sans Mireille Matthieu!),
à tous les coups ça tomberait sur moi… Et je crois que là, ce serait vraiment le
pompon!

3. « Retour vers le Futur » : l’avènement de la Mitterrandie

Il aura fallu attendre le désormais célèbre « Congrès d’Épinay », qui vit le


couronnement de François Mitterrand à la tête du Parti Socialiste, pour assister à la
lente – mais effective – accession vers le pouvoir d’un socialiste. Le voir franchir ses
derniers obstacles sur 10 ans et enfin triompher en 1981, pour entrer à l’Élysée.

Depuis les événements de mai 68, force est de constater que la Droite rayonne comme
jamais. En attendant, la Gauche se maintient dans l’espoir d’une victoire et François
Mitterrand avec elle.

Étant à la fois homme politique et politicien de talent, cet homme ayant compris le
sens profond du politique tel qu’on le pratique en France, mais qui a sa propre
conception du pouvoir, est un véritable phœnix politique (avec des casseroles, qui
rendent insignifiantes toutes celles accumulées au Parti Socialiste depuis les vingt
dernières années). « Prince » fantasmé de Machiavel, « Florentin » de la rive gauche
(ça tombe bien, en même temps!), François Mitterrand sait que la victoire passe par le
rassemblement de la Gauche16. Qu’il faut faire de cette Gauche française qui a
maintenant l’âge de raison, un ensemble cohérent. Pas forcément homogène, mais
cohérent!
Socialiste, Mitterrand l’est devenu sur le tard (d’aucuns se demandent s’il le fut jamais.
Je leur laisse le choix de la réponse. Pour ma part, je dirais que oui, au fond, je crois
qu’il s’est laissé séduire par l’idéal et la cause de la Gauche). Après une carrière en
dents de scie menée principalement contre le Général de Gaulle, et de sérieux revers
politiques et électoraux, il sait que son accession au pouvoir passe d’abord par la phase
incontournable de la prise de son parti.

16
Selon le principe simple et même « poncifiant » de « l’union fait la force ». C’est bête, hein?
Mais c’est tellement vrai, que c’est ce qui a réussi à Nicolas Sarkozy, et qui manquait tant à Ségolène
Royal : l’unité! Alors, c’est venu dans l’entre-deux tours (Arlette Laguiller a même appelé à voter
pour Ségolène Royal, c’est quand même historique!), mais c’était déjà trop tard! Un peu de pédagogie
dans toutes les fractions de la Gauche pour expliquer pourquoi toute la Gauche s’alliait contre le
programme de Nicolas Sarkozy (et non Sarkozy lui-même), et l’électorat de Gauche aurait senti
l’urgence de se mobiliser plus encore, les hésitants auraient pris conscience que quelque chose se
passait dont ils ne pouvaient se détourner et Royal n’aurait pas été obligée de repêcher les dissidents
de Gauche, parti vers Bayrou en lui faisant un appel du pied, mieux, les électeurs de Gauche ayant
voté Sarkozy y auraient peut-être réfléchi à deux fois avant que de s’offrir corps et âme à un
programme pseudo-libéral rétrograde qui allait leur faire gagner plus en travaillant plus, à coup
d’heures supplémentaires, dont ils n’ont pas même l’assurance qu’elles leur seront proposées, un
programme qui facilite encore plus la vie des plus aisés au détriment des plus modestes, qui remet
dangereusement en cause le droit de grève, qui revient sur le système de la Sécurité sociale, qui
conçoit le vivre ensemble comme un rapport dominant/dominé digne de l’Ancien Régime… Elle fait
rêver la France qui gagne!

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1971 : le Congrès d’Épinay. Le morcellement, pire, l’éparpillement en divers petits
partis et autres clubs, affaiblit les socialistes. Cette Gauche parcellaire (S.F.I.O.,
C.E.R.E.S., F.G.D.S., etc.), ce congrès a pour but de la fédérer! Le programme
d’Épinay, d’inspiration assez marxiste, est porté par François Mitterrand, qui avec le
soutien, entre autres, de Pierre Mauroy, à la tête de l’encore puissante fédération du
Nord, est nommé Premier Secrétaire du Parti Socialiste, nouveau nom de ce parti
anciennement nucléaire. S’il voit le début de la fin de Michel Rocard, ce congrès
annonce une ère nouvelle. Le ralliement de « quatre garçons pleins d’avenir » au
nouveau Premier Secrétaire est symptomatique de ce souffle nouveau. Ces
« SABRAS », comme on appelle alors ceux qui rejoignent François Mitterrand après le
congrès d’Épinay, Lionel Jospin, Jack Lang, Paul Quilès et Laurent Fabius (qui sont
devenus les « ÉLÉPHANTS », moins Quilès, plus DSK), font leurs classes auprès de
Mitterrand et incarnent le renouveau socialiste… Bah, oui, les temps changent!
L’unité, elle, va se faire avant les législatives de 1973, autour d’un « programme
commun », des Socialistes, Communistes et Radicaux de Gauche17. Las, le succès
annoncé n’est pas au rendez-vous!

1974, l’heure de vérité. En effet, l’élection présidentielle anticipée, suite au décès de


Georges Pompidou, est l’occasion de tester la méthode de la Gauche. La Droite est
divisée par le combat entre Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d’Estaing.
François Mitterrand se présente pour la deuxième fois à la Magistrature Suprême. Un
débat télévisé d’anthologie, à son avantage, et le soutien de Jacques Chirac (avec tout
ce que cela implique de coups tordus), permettent à V.G.E. de l’emporter de justesse.
« Roi Sunlight », le bon V.G.E. règne sur l’Élysée de façon inégale, se heurte à un
contexte économique sur fond de crises pétrolières et achève littéralement les « Trente
Glorieuses ». C’est une période transitoire, dont il reste quand même du bon (loi sur
l’IVG portée par Simone Veil adoptée, notamment grâce aux voix de la Gauche,
abaissement de la majorité de 21 à 18 ans, assouplissement de la loi sur le divorce…).

Pendant l’ère Giscard, la Gauche, elle, retourne à ses vieux démons. A nouveau
divisée, elle s’est pris une gifle électorale aux législatives de 1978, alors qu’on
l’attendait victorieuse. Tandis que sous l’impulsion du Président, se crée un nouveau
parti, l’U.D.F., en réponse à la création en 1976 du R.P.R., sur les cendres de
l’U.D.R., par Jacques Chirac. L’ex-Premier Ministre démissionnaire de V.G.E., s’il fut
l’artisan de la victoire de celui-ci, sera l’artisan de sa défaite en 1981. A Droite, la
division règne donc à nouveau et le combat pour la présidentielle y oppose cette fois
V.G.E. à Chirac. Jacques Chirac, qui n’a pas supporté l’accaparement de l’exécutif par
Giscard (et vécut ainsi, sa première « cohabitation », si ce n’est du point de vue
politique, au moins du point de vue des personnalités), n’a pas loupé une occasion de
s’en prendre à lui, depuis sa démission en 1976. Mais Giscard, doit aussi faire face aux
conséquence de la seconde crise pétrolière de 1979, à l’usure de son pouvoir (de
conception monarchique), entaché par l’affaire des diamants de Bokassa, par des morts
suspectes dans les rangs de la Droite (comme celle de Robert Boulin), par les attentats
de 1980, qui ont instauré un sentiment d’insécurité, et par la progression du taux de
chômage, qui insécurise tout autant. De plus, les lois sur l’IVG et le divorce, sont très

17
Même si le rapprochement avec les Communistes, créa une nouvelle scission chez les Socialistes,
qui aboutit à la création d’un Mouvement Démocrate Socialiste…

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loin d’avoir fait l’unanimité à Droite, notamment chez les plus conservateurs. Ajoutons
à cela l’envie de changement qui se fait sentir dans la société française, même si on ne
sait pas bien dans quels termes ce changement doit intervenir.
L’élection de 1981 cristallise toutes les incertitudes, les troubles, les envies d’une
société qui veut tourner la page d’une certaine conception de la France, sous le coup
d’un contexte mondial plutôt anxiogène (répercussions économiques des deux crises
du pétrole, apparition du SIDA, fin d’une ère assez insouciante…) et d’un contexte
français guère plus reluisant. Au fond, l’avènement de la Mitterrandie est le résultat de
l’opiniâtreté d’un homme, je n’en disconviens pas, mais aussi d’une trahison politique
incroyable (le report de voix du premier tour de Jacques Chirac sur François
Mitterrand, au détriment de Giscard), de l’appel de Marchais à voter Mitterrand (le
pétulant Secrétaire du Parti Communiste, candidat lui aussi, s’en était pris violemment
à Mitterrand, mais réalisant un score très mauvais au premier tour, entre 15 et 16%, il
n’a pas d’autre choix. Même si une consigne officieuse est donnée pour voter contre
Mitterrand, qui ne sera pas suivie), et aussi d’un malentendu populaire extraordinaire…
Bref, d’un contexte! 51,7 % des voix, ce n’est pas un plébiscite, c’est la volonté d’un
« changement ». Mitterrand n’a pas tant gagné que Giscard a perdu. Mais un des
nombreux talents de notre bon vieux François, c’était de savoir tirer avantage de la
conjoncture politique!

Son élection de 1981 fut une sorte de malentendu, et sa réélection procède d’un
constat (finalement, contrairement à ce que les gens croyaient, l’avènement de François
Mitterrand n’a pas changé - à ce point - la société capitaliste française, et les gens de
Droite se sont rendu compte que l’on restait dans une certaine continuité de monarchie
républicaine) et un contexte politique (la cohabitation avec le gouvernement Chirac,
mettait politiquement celui-ci dans l’embarras. En effet, vieux renard, François
Mitterrand a coupé l’herbe sous le pied de Jacques Chirac en le nommant Premier
Ministre. Récupérant ainsi toute l’aura qu’il avait en 1981 et peut-être même plus, car
il le dominait à tout point de vue. Jacques Chirac aura bien compris la leçon, qui
proposera à son ami, Édouard Balladur, de tenir le rôle de chef de gouvernement en
1993) particuliers.

François Mitterrand, le seul Président de la République de Gauche de la V ème


République, était un homme brillant, un politicien rare, un modèle de charisme,
d’intelligence politique, d’intelligence tout court, mais François Mitterrand était
surtout l’homme d’une époque désormais révolue. Depuis l’ère Mitterrand, bien des
choses ont changé. Et notamment les méthodes politiques. Ainsi que l’élection
présidentielle 2007 l’a prouvé, et même si la science politique n’a guère été
révolutionnée sur le fond, sur la forme, en revanche, elle correspond a l’air du temps.
Plus que jamais, elle est partie prenante de ce modèle sociétal panem et circenses qui
nous ronge le cerveau (modèle se perpétuant, de façon plus ou moins apparente,
depuis les Grecs et les Romains). A terme, d’ailleurs, la « politique spectacle » aura
un effet encore plus néfaste sur la politique en général, qui se paupérise déjà depuis un
bout de temps. A bien y réfléchir, il m’apparaît même assez plausible que l’archonte
François Mitterrand, dans les circonstances politiques actuelles, où les méthodes, le
« Faire », sont plutôt médiocres, n’aurait pas forcément voulu - ni pu - briller dans la
vie politique française, lui à qui répugnait tant la médiocrité.
Souvent, je m’imaginais le sourire taquin de feu notre Président, où qu’il fût, à la
désignation de Ségolène Royal au sortir des primaires socialistes. Car, s’il y a bien une

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personne capable de jouer les Brutus18 quand il le faut, c’est elle! Qui d’autre que cette
énarque zélée, qui s’est longtemps cachée derrière d’immenses lunettes et des fringues
douteuses, cette surdiplômée ambitieuse, sachant se faire oublier quand il le faut et
parler d’elle quand la situation le réclame, que l’on tient pour une gentille petite
provinciale, qui lit Schopenhauer (saine lecture!) et John Stuart Mill (intéressant19!),
cette femme timide qui a surmonté les obstacles comme un légionnaire enragé, cette
quinquagénaire que personne n’avait vu (re)venir avant 2005… Oui, qui mieux qu’elle,
dans cette conjoncture, avait l’étoffe pour se confronter à la Magistrature Suprême
pour le Parti Socialiste, où le pontifiant le dispute à l’humour sardonique incompris de
François Hollande? Qui, enfin, sait mieux qu’elle qu’il faut d’abord se plier aux règles,
si l’on veut les contourner à son avantage, puis les modifier?

Des deux septennats de François Mitterrand, on retiendra l’euphorie des débuts,


L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT, les grands travaux, la frénésie du
gouvernement Mauroy à appliquer les 110 propositions (appliquées à une dizaine
près), la politique culturelle, Mazarine (qui est un peu comme une cousine éloignée
pour les gens de ma génération, si on y réfléchit bien…), mais aussi, la politique social-
démocrate des gouvernements Fabius, Rocard, Cresson et Bérégovoy, la première
cohabitation de la V ème République (puis la deuxième!), les affaires…

Pour brillant qu’il fut, Mitterrand était par trop un esthète du politique, pour envisager
une seconde qu’il ait pu goûter le jeu politique des années 2000. C’est pourquoi voir
les pseudo-gardiens du temple de la Mitterrandie encenser Nicolas Sarkozy, ou
certains socialistes le rallier (dont beaucoup sont d’anciens jospinistes… Ceci
expliquant peut-être cela!), sous-entendant qu’il revêtirait des qualités de chef, limite
mitterrandiennes, me semble constituer un argument fallacieux. All that glitters is not
gold…
Nul doute que la Mitterrandie fasse encore partie de ce que l’on pourrait appeler « la
légende dorée du Socialisme français », et je comprends qu’il soit difficile de vouloir en
sortir, attendu que ce qui se profile à l’horizon n’est guère reluisant… Les dorures ne
cachent pourtant pas si bien les outrages du temps.

18
Lucius Brutus, le neveu de Tarquin le Superbe. Et non Marcus Brutus, le fils adoptif de Jules
César. Allez chercher vous-même dans votre encyclopédie, qui était le premier, attendu que le second,
vous le connaissez déjà (« Tu quoque, filii! », tout ça…). VOUS NE CROYIEZ TOUT DE MÊME
PAS QUE J’ALLAIS VOUS MÂCHER TOUT LE TRAVAIL!!! Magie de l’interactivité…
19
Philosophiquement, le Libéralisme « utilitariste » de Mill prônant la liberté individuelle totale,
pourvu qu’elle ne cause pas de tort à autrui, et alignant la notion de morale sur celle de plaisir,
notamment intellectuel (« mieux vaut être un Socrate inquiet, qu’un imbécile satisfait »), admettait
que la liberté individuelle pouvait être sacrifiée au profit du « bien collectif ». Bien! Mais Mill était
aussi un économiste. Du coup, sa lecture, n’est pas très politiquement correcte… Surtout pour une
socialiste!

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1997-2007, chronique d’une décrépitude annoncée

Il est amusant de voir comment on conspue aujourd’hui Ségolène Royal qui, à écouter
– presque – tout le monde, aurait à elle seule poussé le Parti Socialiste vers une fin
tragique, alors que seules deux personnes sont, contre leur gré, responsables de son
état de délabrement actuel (même si d’une certaine façon, François Mitterrand et
certains de ses ministres, premiers ou non, sont aussi comptables de ce délabrement, en
remontant plus loin dans le temps, et qu’au vu son histoire-même, il fallait bien que
cela se produise à un moment donné). La première, pour surprenant que cela puisse
être, et bien que telle ne fut pas son intention, c’est Jacques Chirac. La seconde, que
son expérience rend utile, mais que sa science politique rend dangereux, c’est Lionel
Jospin.

Je m’explique : même si le but de la manœuvre était de s’adjoindre une majorité


plus conciliante, voire consentante (en gros, se débarrasser des encombrants
balladuriens, véritables empêcheurs de tourner en rond au sein de la Chiraquie, qui
commençaient sérieusement à excéder notre cher Président Chirac, encore échaudé par
la trahison de son ami de trente ans et de certains de ses suiveurs, à l’exemple d’un
dénommé Nicolas Sarkozy, ancien Ministre du Budget, sous le gouvernement
Balladur), la dissolution de l’Assemblée Nationale par Jacques Chirac20 a tué
Lionel Jospin et affaibli le P.S. en plein déni de réalité. Lequel Jospin, en acceptant
d’être son Premier Ministre, à l’issue du résultat catastrophique de la Droite aux
législatives, s’est tiré une balle dans le pied pour briguer la Présidence de la
République. Apparemment, les leçons apprises aux côtés de François Mitterrand n’ont
pas été retenues par le bon Lionel, qui entrait, souriant de toutes ses dents, dans le
piège électoral le plus con de l’histoire de la V ème République. Preuve aussi, s’il en
était besoin, que le P.S. est un parti coupé du peuple français depuis longtemps
(puisqu’il ne se rendait pas compte de l’effet néfaste que la cohabitation avait sur les
Français). Les deux précédentes cohabitions ont poussé à bout une bonne partie
des Français, qui faute de trouver des réponses à leurs problèmes dans les
discours de la Gauche ou dans les discours de la Droite, ont bifurqué vers le F.N.,
cédant aux sirènes de la culpabilité des immigrés dans leurs problèmes
quotidiens.

Comment, au vu des résultats de l’élection présidentielle de 1995, Lionel Jospin a-t-il


pu se complaire dans l’idée, alors qu’il était Premier Secrétaire du Parti Socialiste, que
son parti n’avait pas besoin d’un sérieux nettoyage de printemps? Comment n’a-t-il pas
vu qu’une profonde remise en question était de rigueur au P.S.? Comment, au vu du
score, qui faisait déjà peur, de Jean-Marie Le Pen (et alors qu’en 2002, la Droite
n’avait qu’un seul candidat contrairement à 1995), il n’a pas pensé que celui-ci tirait sa
force tant des défaillances de la Gauche que de la Droite, et que seule figure à Gauche

20
Dont un autre des effets collatéraux, fut le début du démantèlement de l’U.D.F., qui, de 215 élus
en 1997, passe, après dissolution, à 113 (et même à 82, dès 1998, après recomposition de son groupe),
avant la véritable curée des législatives de 2002 où, le groupe U.D.F. se restreignit aux vingt-neuf
députés que l’on sait (dont vingt-trois purs U.D.F.), laquelle situation favorisa l’abaissement de trente
députés nécessaires pour constituer un groupe parlementaire à vingt, et dont la majeure partie,
échaudée, a préféré rejoindre la majorité présidentielle sarkozyste en 2007, de peur de voir leur
formation atteindre plus encore la portion congrue aux législatives. Eh, oui, c’est moche!

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ayant ses chances pour 2002, c’était à lui de préparer le P.S. pour cette échéance
présidentielle et ramener à lui les brebis égarées sur les voies de la facilité? Comment?
La question est plutôt : pourquoi? Et la réponse est : parce que Lionel Jospin est un
bon homme politique, mais un politicien médiocre21. C’est un mal qui touche
beaucoup de monde à Gauche comme à Droite. Un bon homme politique, est un
bon gestionnaire, et Lionel Jospin l’était, mais un bon politicien est quelqu’un
qui sait conquérir le pouvoir, qui sait utiliser, voire inventer des outils politiques
pour y arriver, et en cela, Lionel Jospin, fut bien moins performant. Sur
l’échiquier de la politique, très peu nombreux sont ceux prêts à se laisser manger
leur dame pour pouvoir faire mat. Et Lionel Jospin n’est certes pas de ceux-là.
Lui a préféré répondre aux appeaux des ors de la République, en ne comprenant pas
qu’il signait là son arrêt de mort électoral. On serait tenté de me dire que c’est une
facilité de ma part de dire cela a posteriori… Cependant, j’avais dit à ma mère, à la
vue des résultats du premier tour de l’élection de 1995, que Jean-Marie Le Pen serait
au second tour en 2002 (comme j’avais vu venir en 2005, que le vote contestataire, en
2007, serait François Bayrou…)! Idée qu’elle a repoussé d’un geste de la main en
riant, en me disant que je racontais n’importe quoi, que j’étais trop jeune et pas assez
expérimentée pour apprécier de façon réaliste la politique, quand bien même la
politique était un de mes théâtres de jeu préférés, depuis qu’à l’âge de trois ans – mater
dixit, je me suis mise à imiter V.G.E. dans le métro sous le regard amusé de ses
usagers. Mais en 2002, elle s’est ravisée. C’était juste déconcertant de logique. Un
peuple qui vote systématiquement l’alternance pour montrer ses désaccords depuis
1981, parce qu’il n’a que le vote protestataire pour manifester son mécontentement et
qui, parallèlement, pour faire dans la contestation patente, vote de façon croissante
pour le candidat d’extrême droite… Ça ne vous effleure même pas l’esprit?
Vous, si suite à des législatives anticipées, vous voyez le parti dont vous êtes le tôlier
devenir majoritaire, sachant qu’un Premier Ministre sortant n’a jamais été élu sous la V
ème, car étant tenant personnellement de la politique menée avant les élections, il paye
une vindicte populaire qui ne manque jamais de survenir (il y a toujours des motifs de
mécontentements! Voir Chirac en 1988, voir Balladur en 1995), que dans votre parti,
vous êtes le seul présidentiable convenable et que vous ne devez votre succès électoral
qu’au mécontentement suscité par le camp d’en face… Franchement, même dans la
peau de Lionel Jospin, vous y allez vous au gouvernement? Vous ne saisissez pas
l’occasion de consolider votre parti pour les prochaines élections présidentielles? Vous
n’envoyez pas Fabius à votre place? Ben, je ne sais pas vous, mais moi si! Parce que je
sais que je ne serais pas stigmatisé en 2002, qu’on ne pourra pas m’accuser de m’être

21
Ce qui explique qu’il ne se soit pas posé la question du « Comment vais-je gagner cette
élection? ». Non lui, il était dans le « pourquoi je vais gagner cette élection! ». Et les arguments ne
manquaient certes pas : bilan pas trop mauvais (excepté à l’Éducation, merci Claude Allègre!), preuve
que la Gauche est comme le cinéma, une grande famille (deux Ministres Communistes - et une
secrétaire d’État, dont notre bonne Marie-Georges, à la Jeunesse et aux Sports, une Écologiste à
l’Environnement, en la personne de Dominique Voynet, des Radicaux Socialistes, dont, tiens, le très
sous-employé Bernard Kouchner, Secrétaire d’État à la Santé, et même Jean-Pierre Chevènement,
représentant de poids de son Mouvement des Citoyens, futur M.R.C., Place Beauvau), un Chirac dans
les choux… Mais en politique, si l’on veut être vainqueur, il faut essayer d’envisager tous les cas de
figure possibles. D’où la question du « Comment? », qui permet d’élaborer un plan de bataille! On
peut se tromper en le dressant, mais au moins fait-on l’effort! Parce que partir en guerre sans même
avoir réfléchi au moindre plan de bataille, il faut chercher un peu la « lose »…

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endormi sur mes lauriers pour mettre mon parti à la pointe, au contraire. Que j’aurais
préparé mon parti à être une véritable machine de guerre électorale. Que j’aurais un
staff de campagne rôdé et un programme précis comme une montre suisse, en
m’attaquant directement aux problèmes des Français. En cinq ans, je suis LE candidat!
Et en plus, je fais profiter de mes lumières le gouvernement pour préparer 2002. Je
pallie mon manque de charisme par la maîtrise du contexte politique. J’ai travaillé
comme un bœuf pendant cinq ans, certes, mais je veux mener mon parti vers la victoire
et gouverner mon pays de la meilleure façon qui soit. Car, c’est cela mon moteur :
« mener mon parti vers la victoire et gouverner mon pays de la meilleure façon
qui soit »! Mais peut-être suis-je trop utopiste… Peut-être! Ou trop tordue… Peut-
être aussi!

1. La débandade

La dissolution de l’Assemblée a accéléré le processus de décrépitude de l’appareil


socialiste, parce qu’entre les deux ans qui séparaient l’élection de Jacques Chirac
de la victoire aux législatives de la Gauche, le P.S. n’a pas vraiment réfléchi aux
causes structurelles et conjoncturelles de sa défaite, ni à comment aborder le
pouvoir pour entrer dans le XXI ème siècle sous les meilleures auspices. Ainsi,
lorsque Lionel Jospin entre à Matignon, il n’est pas prêt, ni plus avancé sur ce qu’est le
Parti Socialiste, ni les idées socialistes qui le feront gagner demain. Peut-être est-ce
pour cela qu’il a fait campagne en 2002 avec un programme qui n’était « pas
socialiste »… Vu comme ça, c’est sûr!

L’affiche du gouvernement en elle-même présentait plutôt bien (pas mal de femmes,


notamment à des postes importants, et que l’on ne peut pas suspecter d’avoir été
nommées uniquement pour faire de la figuration22), mais à y regarder de plus près, les
choix en disent long. Bien sûr, il y avait les « jospinistes23 » : Martine Aubry, ministre
du Travail, Claude Allègre, Ministre de l’Éducation Nationale (flanqué de Ségolène
Royal, détestée par Jospin comme par Allègre, ministre déléguée à l’Enseignement

22
Rappelons-nous qu’Élisabeth Guigou, fut la première femme Garde des Sceaux de la V ème
République! Et ayons une petite pensée pour Catherine Trautmann, notre ancienne Ministre de la
Culture, qui… Qui fait quoi maintenant, d’ailleurs?
23
J’ai toujours bien aimé Élisabeth Guigou. Discrétion, sobriété, compétence, capable de remettre les
gens à leur place aussi… On ne peut pas détester une femme comme ça, même si elle est jospiniste.
C’est amusant, parce que j’aime bien des gens très différent au P.S., pour des raisons différentes. Mais
ce qui est encore plus amusant, c’est que j’apprécie Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon pour les
mêmes raisons (même si idéologiquement, j’ai plus d’accointances avec le premier, tandis qu’au
niveau personnel et des capacités politiques, la seconde me fait bien plus délirer). Ce sont deux
grandes gueules, qui évitent autant que faire ce peut d’employer la langue de bois, et qui, lorsqu’ils en
font preuve, tintent toujours leurs propos de second degré ou d’allusions taquines. Qu’ils sont de
véritables poils à gratter, dont le discours au sein du même parti - c’est un tour de force! - est
diamétralement opposé (tout comme leurs parcours), mais qui ont un caractère qui devrait les faire
travailler ensemble, pour trouver un bon compromis entre l’énergie, les intuitions politiques, les
compétences politiciennes de Royal et le côté gaucho, l’irrévérence, la volonté puriste - quasi « don
quichottesque », aujourd’hui, au P.S. - de Mélenchon. Cependant, ils ont tous deux des personnalités
trop fortes pour dépasser (pour l’instant, du moins) ce qui les sépare, et comprendre que leur duo
donnerait un bon coup de fouet au Parti Socialiste. Dommage, ce serait vraiment cool!… Mais je les
aime bien quand même!

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Scolaire, mise là sans doute parce que femme en plus, dans un gouvernement qui se
voulait relativement paritaire, puis ministre déléguée à la Famille, ce que Lionel Jospin
voyait comme une punition pour elle… Faut-il être idiot! La famille… Une punition…
Pour Royal!), Élisabeth Guigou, Garde des Sceaux ou Daniel Vaillant, Ministre en
charge des relations avec le Parlement. Mais la touche finale à cette infrastructure de
confusion doctrinale dans les grandes largeurs, commencée par Laurent Fabius en
1984, c’est le choix, qui n’est pas innocent, de Dominique Strauss-Kahn comme
Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Dominique Strauss-Kahn, le
social-démocrate. Le Ministre de l’Économie que même la Droite reconnaît comme un
des, sinon LE meilleur Ministre de l’Économie qu’elle ait jamais eu (quand on sait les
divergences existant entre la Droite et la Gauche, sur le plan économique, cela laisse
songeur…)! Pas même Michel Sapin ou un économiste de la société civile de Gauche
(et il y en a plus qu’on ne le croit! L’élection de 2007 l’aura suffisamment prouvé),
mais DSK! A l’époque, on n’entendait pas les récriminations de l’aile gauche du P.S.,
on n’entendait pas les dénonciations d’une coupable allégeance des Socialistes à
l’économie de marché! Pas de démission des Communistes du gouvernement se
désolidarisant de la politique économique du gouvernement Jospin. Une fois encore, le
P.S., complètement schizo, préparait sa propre crise. Et les cris d’orfraie de Jean-Luc
Mélenchon, avec lequel je suis pourtant d’accord sur de nombreux points, n’y
changeront rien. Le Parti Socialiste a lui-même ouvert la voie vers une
transformation idéologique d’acceptation totale de l’économie de marché, sous le
gouvernement Fabius et l’a rendu irréversible sous le gouvernement Jospin. A
moins de trouver un système économique alternatif et équitable, il ne peut plus revenir
dessus, c’est déjà trop tard. Tout ce qu’il peut faire, à présent, c’est penser à la façon
dont il peut le concilier avec une politique sociale – ou le contourner quand il le peut,
mieux comment il peut mettre l’économie au service du social, du culturel, d’une
croissance qui permettra à la France d’être un modèle et non pas de suivre un modèle
lambda parce que c’est comme ça qu’il faut faire. Encore faut-il en avoir l’ambition…
Mais cela est une autre histoire! Revenons-en au contexte d’avant 2002. Donc,
économiquement social-démocrate (doux euphémisme pour dire acceptation du
marché sans restriction), comme au bon vieux temps de Mitterrand après
Mauroy, mais de manière beaucoup plus patente, alors que le discours socialiste
restait sur la critique économique de base. C’est sur les fondements de cette
politique-là que Lionel Jospin voulait donc mener la Gauche à la victoire. Ayant
fait la preuve que le socialisme pouvait transiger avec le marché au pouvoir, et
réussissant l’exploit de le décrier en période électorale, Lionel Jospin s’est
définitivement condamné à échouer, avant de mener la campagne désastreuse
que l’on sait. Victime du « ni-ni, non-non », du fantôme guesdiste, de l’orientation de
plus en plus ouvertement libérale que prenait son parti, avec en plus la « Jospin’s
touch » qui consiste à refuser toute pédagogie, à la façon d’un Juppé de Gauche, avec
cependant un fâcheux inconvénient par rapport à son prédécesseur : une incapacité à
faire de la politique politicienne dans la bonne direction. Et pire, une forme de mépris
pour des questions simples et pourtant cruciales qui se posent au bon peuple de France
(mais il ne comprend pas que les couches les plus modestes de la population,
historiquement à Gauche, se soient détournés du Parti Socialiste. Diantre!).

Dans cette élection de 2002, les électorats de Gauche, comme de Droite ont voté
du bout des doigts, et le très fort taux d’abstention est éloquent. Il indique la
désillusion d’une grande partie du peuple français que, manifestement, ni le
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discours de la Gauche, ni son bilan, ni le discours de la Droite (et certainement
pas son bilan de 1995 à 1997) n’avait convaincu… Et vers qui, l’électorat déçu
s’est-il retourné avec beaucoup plus de véhémence qu’en 1995 pour montrer son
ras-le-bol? A qui profite la démobilisation électorale, dont on sait toujours qu’elle
est toujours plus forte à Gauche qu’à Droite? Mais à Jean-Marie, pardi! En effet,
le score du président du F.N., vient des suffrages d’une population mi-apeurée, mi-
désespérée.

Mi-apeurée, parce que l’essentiel de la campagne s’est tenue sur le thème médiatique
hautement porteur de l’insécurité. L’insécurité… Le résultat d’une équation fausse
que beaucoup de gens tiennent pour vrai :

IMMIGRATION + BANLIEUES = INSÉCURITÉ

Ah, l’immigration! Le fond de commerce de Jean-Marie! On ne joue pas impunément


sur les plates-bandes du Front National sans se salir… Mais, ne parlons pas de la
campagne 2007, restons sur la séquence de 2002. Une population mi-apeurée, disais-
je, mi-désespérée également. Mi-désespérée, parce qu’elle est une déçue de la
politique. Cet électorat-là, est un acquis plus récent du F.N., c’est un électorat
laborieux, victime de l’idéologie statique du Communisme français, lequel l’avait
préparé en douceur à passer du côté obscur de la Force, en n’ayant rien trouvé de
mieux, dans les années 80, que d’entamer un son de flûte très franco-français (la
question des immigrés en banlieues, le « produisons français » de Marchais…). Cet
électorat précarisé, boudé par la croissance et le marché du travail, qui cherchait une
oreille compatissante et un moyen de se faire entendre des autres (voire de leur donner
une leçon), a glissé petit à petit vers le Front National, par désespoir.

Ainsi donc, le résultat de ce premier tour donnait en tête Jacques Chirac, avec un score
médiocre, secondé par Jean-Marie Le Pen. Et les électeurs ont envoyé Lionel Jospin
voir ailleurs s’ils y étaient (les cherche-t-il encore?… Non, là, je fais du mauvais
esprit!). C’était injuste, tragique, mais prévisible!
Souvenons-nous, non, ayons une pensée émue pour notre dernier Premier Ministre de
Gauche (quel dommage que l’écriture ne me permette pas de vous faire entendre
l’« Adagio » d’Albinoni, comme musique de fond, à ce point précis de mon récit!).

Bien sûr que Lionel Jospin aurait pu accéder à la Magistrature Suprême, si Jacques
Chirac n’avait pas dissout l’Assemblée Nationale. Seulement Jacques Chirac a
dissout l’Assemblée Nationale! Et la présence au second tour de Le Pen, a permis à
Jacques Chirac, même si celui-ci ne l’avait pas vu venir non plus (ce qui est la preuve
que l’usure du pouvoir a profondément lénifié Jacques Chirac, sinon, il l’aurait vu!),
d’être réélu avec un score propre à faire pâlir d’envie un dictateur africain! Pour lui,
cela a été tout bénef’, bien que ce ne soit pas vraiment glorieux!
Pas content, Lionel s’en va par la petite porte (ce qui n’est pas vraiment glorieux non
plus!) le soir même. Décidément, ils n’ont rien compris, ces Français! Mais lui, a-t-il
seulement compris pourquoi il s’est pris cette seconde claque électorale, encore plus
forte que celle reçue sept ans auparavant? Pas sûr…
Il ne fut pas un mauvais Premier Ministre, ce bon Lionel! Son gouvernement ne fut pas

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mauvais, non plus. Mais toujours dans ce tiraillement entre doxa socialiste et réalités
du pouvoir, Lionel Jospin a mené une politique de Gauche a minima24, réitérant la
terrible dichotomie déjà à l’œuvre sous François Mitterrand et intrinsèquement liée à
l’histoire socialiste.

2. 2002, Parti Socialiste année zéro?

21 avril 2002 : Lionel Jospin perd donc, et s’en va. Le croque-mitaine de la Gauche,
que l’on ressortait à des fins électorales, s’est matérialisé, piétinant le moral d’un
socialisme en berne!

Au départ de Jospin, le P.S. se trouve dans une grave crise identitaire25, suite à un
traumatisme qui nous poursuivra encore longtemps. Que de questions à se poser face à
cette défaite indigne, en effet! Un début d’introspection? 2002, Parti Socialiste année
zéro? Même pas! Premier Secrétaire du P.S. depuis l’entrée de Jospin à Matignon,
François Hollande a la délicate tâche de recoller les morceaux. Y est-il parvenu? Une
réponse laconique ne rendrait pas justice à François Hollande. D’un autre côté, la
réponse laconique n’est pas vraiment ma spécialité… Ça tombe bien!
Dans la mesure où le vase P.S. ressemblait à un puzzle de 1000 pièces, après la
bourrasque du 21 avril 2002, tomber sur le Premier Secrétaire à bras raccourcis serait
franchement injuste. François Hollande a réussi à assurer la continuité du Parti
Socialiste, après avoir fait preuve de sa capacité innée de synthèse, suite à la défaite de
Jospin à la présidentielle. Oui, mais de quelle continuité s’agit-il au juste? Là, le constat
est déjà moins aimable… Forcément!
Il est impossible de faire tabula rasa, et, de toute manière, ce n’est jamais une bonne
solution que de jeter bébé avec l’eau du bain… Mais de là à lui passer de la pommade!
Car, dans ce culte de l’enfant-roi, ni François Hollande, qui malgré ses compétences,
s’est borné, la plupart du temps, à tenir le rôle d’un apparatchik (ce qui est indigne de
lui, franchement!), ni les autres hiérarques du P.S., qui n’attendaient rien d’autre de lui,
n’ont voulu purger bébé… Je jubile toujours à user une image jusqu’à la corde!
Ceci étant dit, le rôle d’un Premier Secrétaire, ce n’est pas d’être le vassal de ses sujets
(fusse même plus une impression qu’une réalité) et de leur prêter hommage, mais de les
diriger. Que l’on ait souhaité de lui qu’il ne tranche pas, lui non plus, l’orientation à
tenir au Parti Socialiste et qu’il ait tenté de ménager la chèvre et le chou, pendant cinq
ans de plus, après l’échec de Lionel Jospin, c’était sans doute la méthode la plus facile
à adopter afin de ne pas heurter les sensibilités de tout un chacun (qu’est-ce qu’il ne
faut pas entendre!) et de se promouvoir un peu aussi. Mais d’une certaine façon, ne pas
avoir pris les décisions douloureuses, pendant ces cinq années, ne pas avoir cherché à
confronter les idées, les courants et leurs chefs, quitte à être chahuté ou même rejeté,

24
A l’exception de la loi sur les 35 heures (l’abaissement du temps de travail étant le dernier sursaut
d’un socialisme respectueux de ses traditions, mais qui, n’étant pas accompagné d’un discours sur le
travail, et ayant été appliqué dans des conditions pédagogiques zéro, fait toujours l’objet d’un débat
clivant Droite/Gauche!). Rappelons la salve de privatisations orchestrée sous le gouvernement Jospin!
Très socialiste, ça!
25
Qu’il n’a toujours pas surmonté et qu’il n’est pas près de surmonter, au vu des tirs verbaux tous
azimuts qui sifflent dans tous les coins du P.S.! Mais qui n’est pas de la seule responsabilité de Jospin,
loin de là!

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l’incrimine de facto, dans la stagnation du parti. Car cet acte aurait au moins déterminé
le positionnement du P.S. face aux courants, aux tendances et aurait peut-être laissé
émerger de lui-même le/la futur(e) champion(ne) du Parti (sans aucune garantie de
victoire de celui-ci ou de celle-ci), avec une ligne limpide. En tout cas, au moins y
aurions-nous vu clair et les militants P.S. aussi.
Cette synthèse (modus operandi « socialistissime », s’il en est!), pour effective qu’elle
fût, ce qui n’était pas chose aisée, il faut en convenir, et si elle lui assurait une
confortable position de présidentiable en 2004 (ainsi que les victoires électorales de
cette même année), où François Hollande était l’homme de l’année (posant même dans
« Paris Match » aux côtés du futur champion de la Droite, Nicolas Sarkozy), lui revient
comme un boomerang en pleine tête, maintenant, attendu que, comme le dit le
proverbe, « qui trop embrasse mal étreint »! Et donc, il s’en prend plein la tête, alors
qu’à l’époque, en ménageant tous les présidentiables potentiels, ces derniers lui
savaient gré de ne pas se décider, de ne pas trancher. Et d’ailleurs, pourquoi l’aurait-il
fait? Le P.S. n’a-t-il pas raflé vingt régions sur vingt-deux lors des régionales de 2004?
N’a-t-il pas aussi obtenu de bons résultats aux cantonales et aux européennes? Ces
succès semblaient effacer comme par magie, la débandade de 2002.

Les régionales sont importantes. Car si l’on se souvient de l’atmosphère délétère qui
régnait autour du gouvernement Raffarin, et que l’on commençait – déjà à l’époque – à
s’intéresser de près à Ségolène Royal, il y a de quoi voir ici, comment celle-ci,
extraordinaire de patience, d’intelligence politique et de constance, a saisi l’occasion
qui passait enfin d’être la candidate socialiste à l’élection de 2007. En effet, plusieurs
raisons poussaient à s’intéresser au sort que les régionales réserveraient à la députée
des Deux-Sèvres (assurant son quatrième mandat). Tout d’abord, elle briguait les
terres du Premier Ministre d’alors, le flamboyant Jean-Pierre Raffarin, qui avait laissé
la Présidence de sa région en entrant à Matignon. Élue de la région depuis un bail,
ayant été membre de son Conseil Général et Régional, Ségolène Royal est plus que
légitime pour ce poste, à cet endroit précis. Elle y affronte la présidente sortante, une
protégée de Raffarin. De plus, compagne du Premier Secrétaire de son Parti, avec tout
ce que cela implique, elle avait un cachet médiatique non-négligeable, tout comme le
fait qu’elle soit une femme plutôt pas mal ajoutait à l’intérêt global de sa candidature
(déjà!). Moi, je me souviens du soir de sa victoire, où elle était interrogée à la
télévision avec régal par les journalistes. Pendant la période entre les élections
présidentielles de 2002 et les régionales, Ségolène Royal – à part pour poser aux côtés
de François Hollande – n’était pas très médiatisée, elle avait presque disparu, alors
qu’en 2002 encore, elle était Ministre. Déléguée, certes, mais membre du
gouvernement. Et sa quasi réapparition politique, presque ex nihilo, pour annoncer sa
candidature aux régionales, puis de seule femme élue de ces dites régionales (alors
qu’elle succédait à une femme), là, comme ça, m’a fait sourire (il faut dire qu’à
l’époque, je la détestais, et que je lui prêtais sous doute plus de malice que je ne le fais
aujourd’hui). Bref, la « Zapaterreur » faisait son entrée sur la scène présidentielle,
l’air de rien. Cela prendra encore bien un an, avant que les choses ne se précipitent et
que la nouvelle présidente de Poitou-Charentes, ne voit sa chance de prétendre
librement à ce qu’elle envisageait déjà en 1995.

3. Le traité de cons

La crise va poindre à nouveau avec le référendum organisé par Jacques Chirac

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(décidément, même involontairement, terriblement dévastateur pour le Parti
Socialiste), sur la Constitution Européenne en 2005. A Droite comme à Gauche, on
veut le « oui » pour une grande majorité.
François Hollande, qui a le vent en poupe comme pas permis, fait son Chirac et
organise au sein du Parti Socialiste un référendum, histoire d’en remettre une couche,
sur son côté winner. Mais, « patatra! », Laurent Fabius, qui pour se refaire une
virginité politique aime à s’envisager, depuis le début du millénaire, comme le tenant de
l’aile Gauche du P.S. (ah, bon, il y aurait donc une aile Droite?), voit dans la perplexité
populaire à « la version expurgée » déjà très exhaustive du traité constitutionnel
européen – dont notre bon vieux V.G.E. fut l’un des rédacteurs, le moyen d’affirmer sa
position de futur présidentiable… Après que la ligne « oui au traité constitutionnel » ait
été adoptée au P.S., par référendum interne, Laurent s’en va sur les plateaux télé, nous
expliquer qu’il est contre ce traité, pourquoi il est contre, et nous raconte un peu le
nouveau Fabius, en nous la jouant « Laurent intime », homme moderne qui fait de la
moto (Rrrr!!!) et qui mange des carottes râpées (Miam!… Mais rétrospectivement, on
peut se demander si la carotte, ce n’était pas prémonitoire…). Fichtre! Ça fait
beaucoup d’un coup! On ne verra jamais autant Laurent Fabius et ses lieutenants
(Claude Bartolone, Jean-Luc Mélenchon, Marie-Noëlle Lienemann) aller prêcher le
« non » dans les media, relayés par les Communistes, la L.C.R., l’inoxydable Arlette
Laguiller et les altermondialistes, alors que de l’autre côté, François, Dominique et les
autres, allaient porter la bonne parole de « l’Europe sociale » par le « oui ». Et tandis
que notre cher Président de la République constatait le fossé qui le séparait de la
jeunesse française et sa méconnaissance de ses aspirations, que le « non » tissait son
chemin sur le Web, que la colère envers Jean-Pierre Raffarin et Jacques Chirac depuis
2002 était à son comble, et que ce référendum devenait une tentante manière de les
envoyer se faire voir, certains, à Gauche, pensaient sérieusement que cette séquence de
clivage populaire et politique pourrait constituer la base d’un programme électoral! Il y
en a vraiment qui ne doutent de rien et qui connaissent bien mal le pays qu’ils veulent
gouverner!

Et le « non » l’emporte, dites-donc! « Victoire! », pensent ceux qui se bercent de


l’illusion susmentionnée. Grosse claque, pour le Président de la République et pour le
Premier Secrétaire du Parti Socialiste. Une bien retentissante. De celles qui laissent une
bonne grosse marque sur la joue, d’autant qu’avec le pourcentage du « non », cette
gifle collective, on l’a entendue jusqu’aux portes de l’Europe!

Le 29 mai : Fin de la gagne de François Hollande, donc, qui a désormais une image
bien écornée, et fin de la belle unité socialiste de synthèse…

Les autres présidentiables potentiels ne font pas franchement rêver : Jack Lang,
candidat à tout depuis… Au moins tout ça! Laurent Fabius, l’ex « plus jeune Premier
Ministre » victorieux du « non », Dominique Strauss-Kahn, l’économiste-star social-
démocrate, Lionel Jospin, le rangé des voitures, qui referait bien un tour de piste… La
presse les connaît par cœur, ça fait plus de vingt ans qu’elle les connaît par cœur. Mais,
se souvient-on, il y a bien une touche de glamour au P.S.! Comment s’appelle-t-elle
déjà, celle qui a remporté la région de Poitou-Charentes? C’est une ancienne Ministre
de Mitterrand! On l’a vu à la télé avec son bébé, à l’époque… Mais si, la compagne de
François Hollande… Ah, oui, c’est ça : Ségolène Royal! Une Ségolène Royal, qui fait
trembler ses collègues à Poitiers. C’est que la « Zapaterreur », comme on la

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surnomme alors, est « autoritaire », dit-on, mais sa politique de présidente de région
est plutôt musclée. Reviennent alors en mémoire les propos de Ségolène Royal à
travers le temps : les valeurs familiales, la sauvegarde du patrimoine, ses positions de
Ministre de l’Environnement, de ministre déléguée à l’Enseignement Scolaire, puis à la
Famille… Petit à petit, on assiste à une montée en puissance dans la presse de la
« Madone du Poitou », comme on la surnomme encore, de « Ségolène », de « Ségo »,
bref… « La Royal » est dans la place!
Ce serait bien peu lui rendre justice, que de croire que Ségolène Royal n’est qu’une
création des media (de plus, cela reviendrait à dire que Nicolas Sarkozy, tout comme
François Bayrou, le seraient aussi. Or, aucun d’eux ne l’est. Ils n’ont certainement pas
attendu les media pour se construire!). Et si c’était aussi simple, cela voudrait dire que
les militants du P.S. (comme ceux de l’U.M.P., qui, depuis sa première installation
Place Beauvau, mangent du Nicolas Sarkozy – et nous avec eux – à toutes les sauces
jusqu’à l’indigestion) sont des moutons de Panurge comme pas possible26! Croire que
Royal n’est qu’une création des media, c’est aussi naïf que de croire que la victoire du
« non » au traité constitutionnel européen serait d’une quelconque utilité électorale
pour 2007… Mais bon, puisqu’il y en a qui sont encore persuadés que c’était crucial…
Assumons la naïveté de telles croyances! Non, je crois qu’au fond, la France a trouvé
dans ces deux figures très différentes, mais très fortes, des émanations de ce qu’ils
cherchaient, dans une certaine mesure. Des figures charismatiques, qui portaient
chacune à leur façon, une certaine idée de la France. Seulement, qui dit que tous les
gens qui votent ont forcément une idée de la France et que ce qui leur parle ou non, à
savoir ce qui les concerne directement, n’est pas la seule chose qui détermine leur
choix… Oui, qui?
Laurent Fabius, n’ayant pas trouvé le moyen politique de transformer l’essai
(métaphore rugbystique tout à fait inhabituelle de ma part), après la victoire du « non »
au référendum sur la constitution européenne (bah, oui, mais, c’est normal, en même
temps! Une fois que Jean-Pierre Raffarin, suite au camouflet référendaire, a été – enfin!
– débarqué de Matignon, au profit du « beau Dominique Galouzeau de Villepin27 », et
que le contraste Galouzeau/Sarko, fascine les media, le « non », tout le monde s’en
fout!), et les autres étant quand même assez K.O. (outre l’épisode C.P.E., qui remet les
Socialistes sur le devant de la scène pendant un temps, et ôte toute velléité de
candidature présidentielle à Dominique de Villepin) et à nouveau divisés, à la rentrée
2005, forte du sentiment populaire assez important en sa faveur, Ségolène Royal saisit
sa chance et se déclare possible candidate dans la course à l’investiture socialiste…

Congrès du Mans, 2005 : A nouveau en mille morceaux, le P.S. doit redonner dans la

26
Si les militants du Parti Socialiste changeaient d’avis, désignaient un/une autre candidat(e)
agréant plus à ceux qui tiennent ces propos invraisemblables, voire désignaient directement un de ces
derniers, qui se serait présenté comme la personne de la situation, relayé par - tiens! - nos amis des
media, cela voudra-t-il dire que les militants P.S. ont (enfin) vu la lumière ou qu’ils auront de
nouveau été manipulés, vous croyez? C’est original, ça, de briguer des suffrages après avoir limite
traité ceux qui votent de cons… Bah, au vu du résultat, on saura s’ils avaient raison ou non!
27
Jospin, Raffarin, Villepin… Moi, si j’étais François Fillon, je me ferais du souci. Parce que
décidément, les terminaisons en « –in » ou en « –n » et les doubles consonnes, ça sent un peu le sapin!
Note pour plus tard. Si, ou quand (de la pensée positive, que diantre!) Ségolène Royal sera élue en
2012, ne pas prendre Michel Sapin pour Premier Ministre! Ministre de l’Économie, comme au bon
vieux temps de Mitterrand ou autre chose, mais pas Premier Ministre! Moi, je dis ça, c’est pour lui…

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synthèse. Et quelle synthèse! François Hollande, qui excelle dans l’exercice, ménage à
nouveau tout le monde, a priori, et se ménage aussi un peu lui-même. Toute cette
agitation socialiste n’est pas très jolie et c’est pour cela qu’afin de laisser se
« décanter » les candidatures potentielles (dont encore la sienne, on s’en doute), il
décide de procéder à la désignation du candidat fin 2006 (ne nous pressons pas!)…
Quand bien même les « sympathies » à l’égard de Ségolène Royal ont déjà commencé
en fanfare (ah, ça, ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, les loulous! C’est le
moins que l’on puisse dire!), depuis qu’elle a fait part de ses aspirations élyséennes.
Premier à avoir ouvert les hostilités : Laurent Fabius, qui, grande classe, se la joue
sexiste à la faveur d’un bon mot (puis deux, puis trois, puis… Enfin, bref, grande
classe, quoi!)! Il faut dire que, comme il est à la Gauche du parti, maintenant, l’ancien
premier prix d’équitation ne conçoit pas que l’on puisse être socialiste et se payer une
nounou28… Ce sont des choses qui arrivent!
Concernant Royal, cependant, rien n’était encore fait. En effet, Lionel Jospin à qui ne
semble pas convenir l’hérémistisme auquel il se vouait au soir du 21 avril 2002, en
partant pour l’Île de Ré (mais bon, maintenant qu’il est sur les terres dont Ségolène est
la tôlière, il ne doit vraiment plus en pouvoir de la vie!), montre de plus en plus de
volonté de revenir au bercail. DSK, qui fascine la Droite avec son courant social-
démocrate, a une bonne place, mais les petites piques que lui et Fabius (et d’autres)
envoient sur la seule candidate femme, confèrent à celle-ci une aura qu’elle a
l’intelligence de conserver en ne les attaquant pas frontalement, mais en les méprisant
le plus royalement29 du monde (mais apparemment, ils n’ont toujours compris, au P.S.
– comme en face, que plus on tape sur Ségolène Royal, plus, primo, cela lui donne la
gnaque et la renforce, plus, secundo, cela la rend sympathique)!

La décantation pour faire émerger le champion du P.S. a eu lieu et la première victime


en fut… Son instigateur, François Hollande! Puis, Lionel Jospin jette l’éponge, pas
assez désiré sans doute… Jack (Jack Lang, je veux dire, mais est-il vraiment besoin de
le préciser?), lui, dans un élan de collectivité bien réglé, décide de se retirer de la
course à son tour. Restent donc Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et…
Ségolène Royal! C’est qu’elle s’accroche, la charogne! Que faire pour choisir lequel ira
au charbon (image qui ne manque pas de piquant pour une candidature socialiste de
nos jours)? Démocratie, démocratie… N’organiserions-nous pas des primaires à
l’américaine (oui, enfin, moins le budget, évidemment! Ça ne paye pas d’être
socialiste!)? Sitôt dit, sitôt fait! Grand raout politique, sous forme de feuilleton, sur
Public Sénat, dont le directeur n’est autre que le sémillant Jean-Pierre Elkabbach,
l’interviewer politique star. Pronostic largement défavorable pour Ségolène Royal, qui
n’y « connaît rien à rien et [qui] va se faire bouffer, c’est sûr!30 ».
Ainsi donc, en ce bel automne 2006, les heureux propriétaires d’abonnements au câble
et autres abonnements satellite ou décodeurs TNT (et leurs amis) se régalèrent devant

28
Bah, oui, étant devenu extrêmement pauvre lui-même, il ne sait plus ce qu’est l’aisance financière
et le bon vieux temps où l’on confiait les enfants à des pauvres femmes exploitées (heureusement que
personne ne lui a dit que maintenant il y a même des hommes qui gardent des enfants… Pas
seulement des pères de famille, car il doit quand même se souvenir que le congé paternité a été
introduit en France par… Bigre! Par Ségolène Royal! Mais qu’il y a des hommes qui sont payés pour
garder des enfants. Où va le monde, ma bonne dame?)
29
Oui, je l’ai fait exprès!
30
Si, si! Je l’ai entendu un nombre de fois considérable. Ça me faisait déjà rire à l’époque…

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ce divertissement, au suspense haletant comme une saga de l’été programmée en
avance, ou en retard, c’est au choix (et aux gourmandises off – très – partiellement
révélées par la regrettée émission de Daniel Schneiderman « Arrêt sur Images », qui
prouvent que la tension dramatique dans cette élection touchait au sublime. Et dire
qu’on en a vu à peine le quart de la moitié du millième!)… Pour voir la cinglante, la
fracassante victoire de Ségolène Royal à un peu plus de 60 % des suffrages des
militants socialistes!
Analyser cette victoire comme le simple fait qu’il avait été prédit par les sondages que
Royal gagnerait les élections face à Sarkozy, que seule cette garantie de victoire
comptait aux yeux des votants, et explique le résultat net et sans bavure de la madame,
est malhonnête. D’abord, parce que c’est oublier la multiplication des adhérents à 20 €
(mesure qui n’était même pas de l’initiative de Ségolène Royal et qui n’avait
certainement pas pour but de garantir son succès, quand elle fut mise en place), qui
sont venus pour la désigner candidate, tenait aussi, et même surtout au fait de voir une
nouvelle tête, une nouvelle approche de la politique. Bref, du changement au Parti
Socialiste! Bonne ou mauvaise chose, après, c’est un autre débat, mais c’est une
réalité. La théorie du vote entièrement téléguidé par les sondages, ce serait également
nier que Ségolène Royal a du charisme, lequel charisme a son rôle dans la perception
du personnage par ces nouveaux militants (en même temps, il faut les comprendre, les
gens! Le charisme, le charisme… C’était un peu devenu une légende urbaine au P.S.,
depuis la disparition de François Mitterrand. On en entendait toujours beaucoup parler,
mais on ne le voyait jamais…). Je comprends que cela puisse sembler incompréhensible
pour certains, la notion de charisme concernant Royal (j’ai personnellement le même
problème avec Nicolas Sarkozy), mais cela procède aussi d’un certain mystère, le
charisme (j’en parlerai un peu plus tard)… Et surtout de l’arbitraire!

La victoire de Ségolène Royal aux primaires socialistes n’est pas seulement un


accident, ce qui est l’argument le plus foireux… Pardon, fallacieux – restons polis! –
que j’aie jamais entendu! Parce que, de cette façon, on amenuise la signification
politique de cette victoire (car il y en avait une), en faisant croire qu’elle n’influence en
rien l’avenir, en oubliant de préciser, que ce vote est dans une certaine mesure un rejet
de ceux qui représentaient les hautes instances du parti… Bien, pas bien, là n’est pas la
question! Donc, ce vote de désignation était beaucoup plus un acte politique, qu’on ne
le dit. Ce n’est pas parce que l’on nie quelque chose, que cela veut dire que ça n’a pas
existé. Le déni est le pire défaut du Parti Socialiste, son histoire l’a largement prouvé…
Nier Ségolène Royal ne la fera certainement pas disparaître! Cela serait, de plus, la
réitération d’une erreur, depuis longtemps commise à son égard, et dont les
conséquences provoquent pourtant encore l’aigreur de nombre de socialistes, ceux-là
même qui ne tirent aucune conclusion de leur erreur, en voulant renvoyer la présidente
de Poitou-Charentes aux oubliettes socialistes (mais il semble facile de s’en extraire…
Ou alors j’ai rêvé les réapparitions intermittentes de Lionel Jospin?).

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Un vent de nouveauté

Ainsi donc, un changement notable s’est fait jour à Gauche, au milieu de tout ce chaos,
grâce à l’approche de l’échéance présidentielle de 2007. En effet, on peut critiquer la
méthode (de toutes les façons, on peut toujours critiquer!), l’aspect pour le moins
iconoclaste et soudain de ce changement (iconoclasme et soudaineté à la hauteur de
l’improbabilité du personnage qui l’initia), toutefois, Ségolène Royal – que l’on nous
présente encore comme un O.V.N.I. politique31, la présidente de la région Poitou-
Charentes, candidate du Parti Socialiste à l’élection présidentielle, a enfin eu l’idée
géniale de ne pas seulement se cantonner au(x) dogme(s) socialiste(s) français32, mais
de se créer, sur la base de la doctrine socialiste revue, une conception toute
personnelle, née du mélange de ladite doctrine avec sa vision : un socialisme
pragmatique, qui ne s’interdit pas pour autant de porter un certain idéal. Que n’avait-
elle pas fait là!

- A Droite, on fustige la démarche de la candidate, qui tente de (ré)concilier socialisme


et modernité, Gauche et pragmatisme politique – chose que l’on n’a pas faite depuis les
années Mitterrand, tenant compte des réalités contextuelles, sociologiques et socio-
économiques (est-ce à dire que la Droite se tient pour sauveur de l’idéologie de la
Gauche? A la teneur de certains discours du Premier Ministre, François Fillon, et à la
composition du gouvernement, on peut juger que oui! Même si elle ne le fait que
quand cela l’arrange politiquement. Une orientation social-démocrate des socialistes ne
serait pas pour lui déplaire… Mais j’y reviendrai plus tard). Alors, il va sans dire que
« la démarche Royal » a besoin d’être travaillée plus avant, affinée, puis peaufinée (et
gauchisée aussi…). Cependant, au vu du peu de temps dont Ségolène Royal disposait,
la démarche est plutôt louable et l’impulsion salvatrice!

- Au Parti Socialiste, on s’offusque des libertés prises par la « championne » du Parti,


par rapport au programme (et à l’idéologie, signe qu’elle est sur la bonne voie).
Programme qui fut le fruit d’une intense réflexion longue de quatre ans! Offuscation
toute légitime, car l’intelligentsia socialiste aime à se gargariser de sa formidable
capacité de réflexion! Pourtant, du propre aveu de cadres du parti et de Dominique
Strauss-Kahn, membre éminent du Parti Socialiste, représentant de la social-
démocratie au sein du P.S., le programme socialiste avait des faiblesses. Lui, que l’on
tient pour l’économiste incontournable33, pendant ces quatre années de réflexion, que
n’a-t-il, afin de conjurer le spectre des défaites consécutives de Lionel Jospin de 1995
et – celle plus brutale – de 2002, fait montre de son savoir, de ses compétences pour le
projet socialiste? On ne le saura probablement jamais. En revanche, l’on sait depuis le

31
Si elle l’est, que dire de son ancien camarade de promotion de l’E.N.A., ancien diplomate et notre
ancien Premier Ministre, Dominique de Villepin, qui n’a jamais été élu?
32
Le P.S. pratiquant un socialisme national, dans lequel existe DES visions du socialisme! Les
courants du P.S. tels qu’ils fonctionnent depuis un moment (en dehors de l’aspect démocratique de
vote à la proportionnelle), ne permettent pas l’unité nécessaire…
33
Ce qui est frappant, c’est qu’outre la présence de Michel Sapin, ancien ministre de l’économie
sous Pierre Bérégovoy, chargé, après le retournement de casaque d’Éric Besson en février 2007, de
l’aspect économique du projet socialiste, autour de Ségolène Royal, on pouvait voir le jeune mais
brillant économiste Thomas Piketty, le renouvellement passe donc aussi par les têtes nouvelles. Non
pas forcément pour remplacer qui que ce soit, mais pour enrichir le débat!

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soir de la défaite du 6 mai 2007, qu’il ne rechignera pas à en faire la preuve, dès lors
que son courant social-démocrate sera majoritaire au sein du Parti Socialiste. A bon
entendeur… En attendant, il est à la direction du F.M.I. (ah, tiens?), instance dans la
plus pure tradition du socialisme militant…
Tout fondamental, vital, que soit le travail intellectuel, il ne trouve sa fin que dans
l’application qui en est faite (à quoi servent les idées si on ne peut les mettre en
pratique?). D’où l’urgence d’un pragmatisme politique de Gauche! La réflexion
précède l’action et Nicolas Sarkozy l’a compris (de travers, mais, grosso modo, il l’a
compris), qui s’est attaqué – malhonnêtement, mais c’est de la politique! – à
l’intellectualisme patenté que porte l’idéologie de Gauche. Qui a surfé sur le concept
de l’action contre les grandes idées (mais les actes sans réflexion préalable sont tout
aussi inutiles! Heureusement que l’esbroufe a ses limites), à grand renfort de slogans
simplistes (d’où « TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER PLUS »), qui a
stigmatisé les technocrates, autrement dit les énarques (visant directement Ségolène
Royal – qui, malgré le fait qu’elle ne s’en soit jamais vraiment targuée, au contraire, a
pâtit aussi de son statut d’énarque, pendant la campagne – et Dominique de Villepin.
Les deux anciens camarades de la promotion Voltaire, ayant dû être en 2006, les objets
de tous les cauchemars de Nicolas Sarkozy), qui a subtilement clivé les « vrais gens »
et les autres, les manuels et les intellectuels (d’où l’acharnement contre mai 68),
les travailleurs laborieux et les travailleurs plus privilégiés (d’où un hommage aux
fameuses gens qui « SE LÊVENT TÔT »), les travailleurs précaires et les chômeurs
(discours sur la fin de l’assistanat), les « Français qui aiment la France » et « ceux qui
ne l’aiment pas », les immigrés et les Français34 … etc.
Ségolène Royal a tenté de créer un sursaut de conscience, dans son camp, visant à faire
de la pédagogie, plutôt que du grandiloquent, qui n’a pas été entendu (même si la
reprise du discours sur l’assistanat, m’a hérissée! Mais, bon… Je suppose qu’il faut
poser tous les sujets sur la table, pour savoir sur quoi on va plancher ou non, et
comment… Mais tout de même!). Qui a même été moqué, dans son parti, dans les
media… Alors qu’en face, on avait déjà instillé dans l’avant-campagne, l’idée d’une
simplification à l’extrême, pour ne pas dire un simplisme, du discours politique. On
peut juger que les réponses de Ségolène Royal sont insuffisantes ou insatisfaisantes,
dans les termes, les thèmes abordés… Mais on ne peut pas diaboliser sa démarche, ni
insulter son intelligence! Parce qu’elle a pour elle d’être une femme de terrain (si elle a
été réélue tant de fois députée, ou qu’elle a remporté les régionales en 2004, ce n’est
pas que sur sa bonne mine!), de comprendre les évolutions conjoncturelles sociétales
qui influent sur la politique, et de savoir faire de la politique selon les règles
d’aujourd’hui, sans pour autant méconnaître les méthodes d’antan… Tout cela sans
renoncer à ses propres principes, preuve de son intégrité. On peut lui opposer son

34
C’est une réalité tangible que celle du « Ministère de l’Immigration, de l’Identité Nationale etc. »
que nous avait promis le candidat Sarkozy pendant la campagne présidentielle. A ce sujet, parce que
je l’ai entendu plusieurs fois réécrire l’histoire depuis son élection, ce n’est pas tant l’idée d’Identité
Nationale, qui a provoqué l’indignation de la Gauche. Bien sûr qu’elle existe, cependant en quoi est-
ce une prérogative gouvernementale que d’imposer aux Français son idée de l’Identité Nationale? Le
drapeau, la Marseillaise, nous appartiennent à tous, l’histoire et les valeurs de notre pays, tout autant,
cependant hors cela, il appartient à chaque Français de se vivre comme il l’entend, tant que cela ne
nuit pas à autrui. C’est surtout le rapprochement entre la notion d’Immigration et celle d’Identité
Nationale, donnant à penser que ce sont les immigrés qui menacent l’Identité Nationale, qui a
scandalisé la Gauche, pas le terme d’Identité Nationale…

43

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désaccord, mais pas lui jeter à la figure son ressentiment, ni lui cracher dessus, et
vouloir la jeter en pâture aux requins, ne serait-ce que par respect. Parce que c’est tout
simplement indigne humainement d’agir de cette façon et que les hommes politiques, se
doivent d’être plus fins que cela. Ou en tout cas, plus dignes publiquement. Mais peut-
être leur fait-elle peur et n’osent-ils pas se confronter à elle… Intéressant!

- A Gauche de la Gauche, une Gauche de la Gauche plus que jamais flippée (son poids
électoral et sa position politique marginale, depuis 2002, encore accentués lors de la
présidentielle 2007, le justifie amplement), on jouait les puristes intransigeants, on nous
donnait une véritable représentation des « Deux Orphelines », en brandissant les
oripeaux d’une orthodoxie sous acharnement thérapeutique, plus tellement marxiste, à
grand renfort de discours d’une obsolescence rare, alors que l’aveuglement et la
langue bois sont plus présents que jamais (on peut néanmoins attendre de voir ce que la
jeune garde, avec, par exemple, Clémentine Autain – pour peu qu’elle s’exalte un peu
moins, parce qu’il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser! – proposera dans l’avenir,
histoire de réinventer l’extrême Gauche. Olivier Besancenot, lui, ayant apparemment
définitivement renoncé à passer par la case électorale pour défendre ses idées).

1. La Voie Royal

Une autre donnée, qui n’est pas tant une nouveauté qu’un renouveau, c’est le retour du
charisme politique à Gauche. Pour brillant qu’il est, Lionel Jospin a souffert
politiquement de son manque de charisme35. D’abord, parce que face à la haute figure
de François Mitterrand, il ne pouvait soutenir la comparaison, et cela a beaucoup joué,
surtout lors de l’élection de 1995, où Mitterrand était le Président sortant et où le
contraste était par trop saisissant aux yeux des Français, pour n’être pas partie
prenante. C’est injuste, certes, mais c’est une réalité! D’ailleurs, c’est assez logique.
Avoir du charisme procède d’une injustice, puisque c’est un don et que tout le monde
ne l’a pas, en l’occurrence.
Ne bénéficiant pas vraiment, et c’est regrettable, d’exemples suffisants qui
constitueraient la base d’un champ d’expertise digne de ce nom (les femmes politiques
de haut rang – et je n’aurais même pas l’outrecuidance de remonter aux débuts de la V
ème République – pouvant pratiquement se compter sur les doigts), afin de prétendre
engager une véritable étude comparative entre les différents types de charisme des
femmes politiques36, il est difficile de comprendre en quoi celui de Ségolène Royal est

35
D.S.K. et Laurent Fabius, ne manquent pas d’un certain charisme, mais le temps a fait son œuvre,
et a émoussé cet avantage. Quant à François Hollande, sa bonhomie joue, malheureusement, contre
lui.
36
Simone Veil pour l’U.D.F. et Arlette Laguiller de Lutte Ouvrière sont parmi les rares exemples que
l’on puisse citer. La première, que son histoire, son parcours, son combat politique pour les droits des
femmes au sein d’une majorité conservatrice d’hommes, et sa persévérance, ont promue au rang de
femme politique de référence, est devenu un symbole républicain. La passion pour la lutte, la
détermination, la longévité, mais aussi le statut d’éternel outsider, de la seconde, lui ont conféré, au fil
des ans, un charisme qui s’écrase invariablement sur les rochers de la réalité politique et de
l’économie de marché. On peut ajouter au nombre des femmes politiques charismatiques Christiane
Taubira, qui a longtemps eu un manque de visibilité sur le territoire métropolitain jusqu’en 2002, où
elle était candidate à l’élection présidentielle et qui est aussi victime de la petitesse de sa structure
politique, le PRG, mais dont l’esprit et l’engagement politique ont fait merveille dans la campagne
2007.

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si singulier. Il ne tient pas seulement au fait qu’elle est une femme. Il ne vient pas de sa
voix (ça, non…), ni de son phrasé (non plus, non!), ni de son maintien (ça va!). Mon
avis sur la question, c’est qu’il naît du subtil équilibre entre l’apparente fragilité de
cette femme frêle, jolie, et la force qui s’en dégage. Du contraste entre sa féminité
assumée – et manifeste – et de son opiniâtreté, de sa détermination, à vous faire passer
un militaire pour une fillette. C’est aussi la réciprocité de la relation entre une femme et
la foule. Là où la vibration qui naissait du discours d’un politique donnait, jusqu’ici,
une impression d’« englobement », où le candidat se pose en parent autoritaire qui va
tout décider, tout commander, vous absorbe presque, la vibration perceptible dans les
discours de la socialiste (cela m’a particulièrement frappée) était étonnamment en
cohérence avec son envie de mettre les Français au cœur de la politique. Car, il
ressortait de cet échange un renforcement réciproque instantané. La foule tirait sa
ferveur et sa force de celle de Ségolène Royal et Ségolène Royal se renforçait par la
ferveur et la force de ces foules. J’ai observé le phénomène à Solférino, les soirs du 22
avril et du 6 mai 2007, à Charléty le 1er mai, ou avant les législatives au Zénith, le 29
mai. A voir l’effet qu’elle produisait sur les gens, je ne pouvais m’empêcher de me
demander « Mais comment fait-elle cela? ». Moi qui n’aime pourtant pas la ferveur
populaire, je me suis pourtant aussi sentie cueillie par ce personnage intriguant, que
longtemps j’ai – pour des raisons personnelles – eu du mal… à voir en peinture! Un
personnage que je considérais comme vaguement de Gauche, mais que son côté
rock’n’roll, sa gnaque, sa résistance, son culot, son intuition, son iconoclasme et ses
paradoxes, nés du conflit entre des convictions aux origines diverses (éducation,
expérience personnelle, engagement politique…) cohabitant en lui, rendent hautement
singulier – donc précieux! – dans le paysage politique français37.
Ayant compris que la doctrine, aussi puissante et juste qu’elle soit, s’incarne d’abord
dans une personne (leçon toute mitterrandienne, s’il en est), qu’elle fait corps avec la
personnalité qui la propose, la présidente de Poitou-Charentes a créé sa propre ligne,
préalable à la mise en marche de son action politique. Cette ligne politique a même
rencontré un certain écho, outre chez quelques-uns au sein la formation socialiste, dans
une frange de la population plutôt rétive au vote… Elle a su séduire, convaincre, bref,
elle a une légitimité que nul ne peut lui contester. Cette ligne est un bon angle de
départ pour préparer les difficiles batailles électorales à venir, quand bien même elle
doit être étoffée.
A cet égard, le meeting de Charléty38, dans l’entre-deux tours est le meilleur exemple
de la force de Ségolène Royal. Parce que là où Nicolas Sarkozy clive, pour attirer
certains types d’électorats pour mieux les cloisonner ensuite, la candidate socialiste a
su donner corps à un credo qui me tient particulièrement à cœur : les Français ne sont
pas incompatibles les uns avec les autres. Qu’il se soit agit des artistes sur scènes ou
des gens dans le stade, l’unité dans le mélange était le message. Tous ceux à qui je
parlais me rendaient fière d’être de Gauche. J’y ai rencontré des gens de différents
courants politiques de Gauche, d’ailleurs, les hauts dignitaires de Gauche y sont venus

37
Ségolène Royal est l’exemple parfait de ma théorie personnelle selon laquelle, bien souvent, on
déteste ou on apprécie une personne pour les mêmes raisons (ma théorie ne prend en compte que des
personnalités fortes, mais avec qui on n’a pas d’incompatibilité profonde). Ce qui change, c’est le
prisme à travers lequel on la regarde. Voilà comment une personne que l’on aime détester devient un
personnage appréciable, puis une personne que l’on apprécie tout simplement.
38
Clin d’œil à Mai 68. C’est dans ce même stade Charléty que Pierre Mendès-France a tenu un
meeting sur les accords de Grenelle, avec une Gauche rassemblée… Royal connaît ses fondamentaux!

45

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nombreux. J’ai ainsi parlé avec des Verts, des Communistes, des membres épars du
peuple de Gauche – dont je faisais encore partie à l’époque, et même des Bayrouistes,
avec leurs T-shirts orange, déterminés à voter pour elle au second tour. Jean-Pierre
Raffarin moquait la participation à ce meeting en prétextant la présence des artistes qui
avait suffit à déplacer les jeunes. Justement, n’en déplaise à notre ex-Premier Ministre
(si, si, rappelez-vous! Juste avant Dominique de Villepin… Son antithèse totale, qui
faisait des supers blagues! Un anglophone exemplaire… Voilà, vous y êtes! Jean-Pierre
Raffarin!), à Charléty, des générations totalement différentes se sont déplacées
(personnellement, je ne suis pas venue pour la musique… Sauf à faire venir Blur,
Garbage, Muse ou The Cardigans, je ne me serais pas déplacée si cela n’avait été qu’un
concert! Déjà parce que j’ai une sainte horreur de la promiscuité. Vous imaginez donc
l’effort considérable que cela m’a demandé de me retrouver, dans un espace clos avec
plusieurs dizaines de milliers de personnes, pendant des heures? Mais cela valait
amplement le coup que de surmonter cette phobie, pour assister à un tel engagement
collectif). Et l’on ne pouvait soupçonner que ceux qui seraient venu pour le rappeur
Disiz la Peste étaient les mêmes que ceux qui viendraient pour Lény Escudero, ou pour
Bénabar! Que les amateurs de Renaud ou que les amateurs de Yannick Noah, se
déplaçaient aussi pour Cali ou pour écouter le chanteur de Dionysos! Ainsi, on voit
bien que la musique était plus un prétexte, pour tous ceux présents, de nous retrouver
ensemble, de faire le geste politique de soutenir quelqu’un, de soutenir une vision
politique ou de se positionner contre une autre39… Charléty montrait aussi qu’être de
Gauche, c’est un état d’esprit particulier du vivre ensemble. J’ai aussi entendu dire
que la grande majorité de l’électorat de Ségolène Royal, c’était les bobos…
Intéressante analyse. Jeunes travailleurs, étudiants, fonctionnaires, retraités, professions
libérales, cadres, chômeurs, ouvriers… Gens aisés et moins aisés, tous ceux que j’ai
rencontrés ne ressemblaient à rien d’autre qu’à la France. Une France multicolore, où
valides et non-valides, hommes et femmes, jeunes et vieux, entre les deux, chrétiens,
athées, musulmans, juifs et autres, n’étaient que les citoyens d’un pays semblable à tout
autre en cet instant précis : plein de diversité.
La modernité de Ségolène Royal, en l’occurrence, procède de la compréhension aiguë
qu’elle a des Français. Et avant tout, je pense que le cri d’égalité poussé par elle, qui a
fait rire une bonne partie de la classe politique, n’a pas une résonance aussi absurde,
dans un pays où l’égalité est un des axiomes de notre devise nationale, mais qui,
bien qu’il soit ostensiblement écrit sur les frontispices de la République, n’est pas pour
autant une réalité! L’égalité existe-t-elle lorsqu’on parle encore de la parité
homme/femme, de Français issus de l’immigration, de revalorisation des bas salaires et
des petites retraites, de la place des handicapés dans la société, de l’égalité des
chances, des droits des homosexuels?

39
On accuse la Gauche de sectarisme, néanmoins, l’éclectisme de la programmation musicale et le
comportement des gens étaient la meilleure preuve du contraire. 60.000 personnes, à l’unisson, qui se
laissent porter, quelle que soit la couleur musicale… Une vraie démonstration de force, non?
D’ailleurs, vous ne pouvez pas imaginez – sauf si vous y étiez – l’ambiance qui régnait même après le
meeting, dans la rue, dans le métro… C’était de la folie! Jamais, le 1er mai, même en 2002, où l’on
était pourtant remontés comme des coucous suisses et où l’on a manifesté jusqu’à plus en pouvoir
contre Jean-Marie Le Pen (et où une France rassemblée, défilait dans la rue pour montrer son aversion
de l’extrême Droite), l’ambiance n’a été aussi électrique qu’en 2007. Les gens ne s’arrêtaient pas de
scander le désormais célèbre « Ségolène Présidente », sur les deux quais, puis, dans le métro, rythmé
par le klaxon du conducteur à chaque arrêt. Surréaliste!

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Alors, oui, essayer de faire de cette valeur essentielle, une réalité tangible est un
argument politique majeur. Car l’égalité est la condition préalable à une société
pacifiée. La cohésion nationale ne pourra jamais exister sans elle. Ce désir profond
d’égalité, qui n’est pas une pose de la part de Ségolène Royal (ou alors, ça fait vingt-
cinq qu’elle se force, et là, chapeau!), est probablement ce qu’il y a de plus socialiste
en elle et l’absout, à mes yeux, de l’orientation Centre-gauche que je lui ai toujours
prêté. Parce que cette question est probablement la seule qui vaille, en définitive, et
que lui opposer un mépris puriste de Gauche serait une stupidité. Dans ce souci
d’égalité, jamais le discours de la socialiste n’a été clivant, contrairement au candidat
d’en face. J’aimerais d’ailleurs revenir sur une des remarques (sorte de mini-polémique,
parce qu’il faut bien dire quelque chose) les plus nauséabondes que j’ai entendue ici et
là, et notamment évoquée par le journaliste Éric Zemmour, après la défaite de
Ségolène Royal, où reprenant dans le détail les votes en fonction des religions (!), il
expliquait ainsi qu’une grande majorité de musulmans avaient voté pour Ségolène
Royal, tandis que les chrétiens traditionalistes (qui historiquement votent à Droite!)
avaient, eux, quasi exclusivement voté Sarkozy, ce qui signifiait qu’il y avait un
ÉNOOOOORME clivage entre un électorat « chrétien-chrétien » (plus tellement
représenté… Ni représentatif de quoi que ce soit, en fait!) et un électorat musulman…
Si je trouve le procédé douteux, je me pose des questions : sont-ce les mêmes
musulmans dont on nous a rebattu les oreilles, côté Droite, pendant la campagne
présidentielle, qu’ils traitaient mal les femmes40?… Ah oui, vouloir en élire une à la tête
de l’État, ça, c’est une véritable fatwa! Mais que fait la police? Sont-ce toujours les
mêmes musulmans dont on nous a dit qu’ils « excisaient leurs filles », qu’ils « tuaient
des moutons dans leurs baignoires »? Quoi encore? En lisant en diagonale le « Pacte
Présidentiel » de Ségolène Royal, on n’a pas non plus trouvé, un crypto-message
d’Al-Qaïda, pour rajouter dans le poncif et traiter les musulmans de terroristes pendant
qu’on y était et ainsi accuser Ségolène Royal de leur apporter son soutien? Qu’est-ce
qu’il y a? On est surpris, qu’une Française, chrétienne (laïque!), puisse avoir un
électorat de Français(es) musulman(e)s41? Avec les politesses – que j’ai mises entre
guillemets – sorties de la bouche du candidat Sarkozy, pendant la campagne, sur une
grande chaîne, à une heure de grande écoute, y’a-t-il bien lieu de faire tout un foin de
ces statistiques?
Si la question est oratoire, elle montre que là où l’explication est d’une simplicité et
d’une clarté limpide, on s’ingénie à chercher la malice, alors que là où la volonté de
clivage est criante (les Français – les vrais Français? Les chrétiens français? – ne tuent
pas de moutons dans leurs baignoires, ils n’excisent pas leurs filles, ils ne traitent pas
mal les femmes… Ah, non, ça, ça ne marche pas! Peu importe! Donc, les musulmans
ils ne doivent pas faire des choses aussi barbares… Bref, si les déclarations du
candidat, n’étaient pas le fruit d’un jugement à l’emporte-pièce qui visait à cliver les
chrétiens et les musulmans, je me demande bien ce que c’était… Une exhortation à une

40
… Ce qui n’est pas bien en France, où les femmes, on les respecte, les propos sexistes de nombres
d’éminent(e)s représentant(e)s de la République Française, concernant Ségolène Royal, en étant la
meilleure preuve!
41
Encore une preuve que les mentalités doivent évoluer! L’essentiel dans cette phrase n’est-il pas que
ce sont des Français qui ont voté pour une Française (attendu qu’elle ne se présentait pas à la
présidentielle à Belize, ça tombe plutôt bien, en même temps!)? Et donc, on a déjà fêté le centenaire
de la loi sur la laïcité…

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conversion massive à l’Islam?), cela déclenche peu ou prou des commentaires. N’est-
ce pas finalement cela le plus troublant?
Toute plaisanterie mise à part, je constate que le mélange ou la « mixité », pour utiliser
un terme idoine, est une question qui ne se posait pas à Charléty, c’était une réalité
toute naturelle. Un simple état de fait. Et non pas un plan com’ où l’on pratique la
mixité à dose homéopathique pour faire plaisir et se donner bonne conscience. Et c’est
tout de même une chose à porter au crédit de la « pasionaria de la bonne pensée de
Gauche », dont aujourd’hui on se gausse, mais qui a d’ores et déjà marqué l’histoire
politique française, en ayant été la première femme arrivée au second tour de l’élection
présidentielle et en passe d’être la première Présidente de la République Française!…
Mais un peu de sueur (c’est tendance en ce moment, il paraît…), de la matière grise
supplémentaire pour plancher comme des brutes, et 2012 sera la bonne!

2. Royal VS Sarkozy

En France, nous sommes les plus puristes – officiellement – de l’Europe de l’ouest, en


ce qui concerne la conception politique, à Droite comme à Gauche. C’est pour cela
que la politique a longtemps été aussi lénifiante. L’élection présidentielle de 2007 a au
moins remédié à cet inconvénient. Certes, le côté panem et circenses de la campagne, a
un peu appauvri le débat politique, ou disons qu’il l’a vulgarisé. Rassurons-nous,
néanmoins, les politiques ne donnent à voir que ce qu’ils veulent que l’on voie… La
politique politicienne n’est donc pas morte (cette nouvelle devrait réjouir les
aficionados des intrigues de palais)! Mais contrairement à leurs prédécesseurs et à leurs
aînés, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont enfin des personnes représentatives de
la France d’aujourd’hui.

Ainsi donc, le « changement » n’a pas seulement eu lieu à Gauche, rendons en cela au
moins justice à Nicolas Sarkozy (même si, en ce qui me concerne, il y a des
changements dont je me passe parfaitement!), qui a su vendre sa nouveauté. Les deux
principaux candidats de cette élection (tous deux primo-candidats, d’ailleurs) ont, au
niveau de leurs personnalités, marqué un renouveau du monde politique français.
Pourtant, leurs parcours, leurs cursus, leurs histoires, leurs sexes, leurs conceptions
diffèrent. Jamais deux adversaires politiques n’ont eu des personnalités aussi
diamétralement opposés :

IL est né en France, mais est fils d’immigrés (jus solis). ELLE est née au Sénégal de
parents français (jus sanguinis). IL est avocat d’affaires de formation, a appris la
politique sur le tas. ELLE commence sa carrière en tant que magistrate au Tribunal
Administratif de Paris, c’est une énarque, une technocrate. IL est un bourgeois de
Neuilly que sa diction et sa gesticulation rendent sympathique et proche du peuple.
ELLE est une fille de militaire que sa diction et sa raideur rendent sévère, lui conférant
même un air de « grande bourgeoise »42. IL est un homme. ELLE est une femme. IL
est de Droite. ELLE est de Gauche. IL est démonstratif. ELLE est plus réservée. IL

42
Il est d’ailleurs amusant de constater que l’une des rares choses qu’ils ont en commun, c’est
d’avoir un nom tronqué. LUI est né Nicolas Sarkozy de Nagy-Rocsa, ELLE est née Marie-Ségolène
Royal, suite à une lubie parentale qui consistait à donner à toutes les filles Royal un prénom composé
sur la base de Marie… Pas cool!

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cherche à séduire en plaisant à tout le monde, à tout prix. ELLE s’avance en restant
assez elle-même.
Le roman de la présidentielle s’est écrit (et c’est même la partie la plus intéressante), en
premier lieu, avec les circonvolutions, les péripéties, qui ont précédé les investitures de
ces deux animaux politiques, avant de continuer durant la campagne qui les opposa.
Ces deux quinquagénaires, qui ont occupé des postes dans la politique française à
quasiment tous les échelons, qui ont une parfaite connaissance et maîtrise des outils
médiatiques, de la communication, et qui ont réussi le tour de force, en leur prêtant
leurs traits, d’anthropomorphiser la politique, représentaient à eux deux, l’évolution
politique majeure, sinon structurelle, du moins sociétale, de la France. Mais surtout ce
duel (et même la présence de Bayrou à la troisième place témoigne de cet état de fait)
rompait avec le régime de gérontocratie français, ou Régime des Anciens!

A. Nicolâââs, Nicolâââs… Ma première larme ne fut que pour toâââ…43

Si Nicolas Sarkozy a fait SA synthèse de la Droite française (pas au mieux, selon mon
humble avis, mais du moins l’a-t-il fait…), c’est parce que des modèles extérieurs ont
influencé sa vision de la politique droitière. Le bipartisme, l’absorption des partis aux
marges de sa doctrine (extrême droite et Centre droit), sont le signe de cette influence
très américaine, la formation républicaine abritant des mouvements, aux marges, très
très droitiers. Pour autant, c’est sur la forme que les choses ont changé. Dans le fond,
c’est à une synthèse des droites qui rétrograde, qui réactionnaire, de la pensée
maurrassienne, du poujadisme, comme du gaullisme épuré de ses fantasmes
humanistes, mais renforcé dans ses appétences du « tout pouvoir », et de la droite à
papa que l’on a assisté! Un mélange typiquement franco-français tellement inassumable
que Nicolas Sarkozy a dû aller chercher des références idéologiques positives dans les
sources de Gauche. Chez les Socialistes, avec les icônes Jean Jaurès et Léon Blum,
chez les Communistes, avec une OPA hostile lancée sur Guy Môquet! Sa « rupture »
ne s’est faite que par rapport au Chiraquisme… Et encore… Car, sur le plan des
propositions de campagne, on remarque que de la T.V.A. sociale44 ou du service
minimum, et autres de projets novateurs du genre (elle est bien bonne!), il en était
déjà question sous le second mandat du mentor tant honni par le nouveau locataire de
l’Élysée. Du coup, la « rupture » ressemble fort à un simple repêchage d’idées (et de
ministres des gouvernements de Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin aussi :
Xavier Darcos, Christine Lagarde, Xavier Bertrand, Michèle Alliot-Marie –
l’impayable MAM, Jean-Louis Borloo, Roselyne Bachelot, Alain Juppé – pour furtif
qu’il fut, et, bien sûr, le très charismatique François Fillon… Hou, qu’il est
charismatique!)…

Nicolas Sarkozy, a en fait surtout bénéficié de la création de l’U.M.P., véritable

43
… Et elle le fut! Pas cependant pour les mêmes raisons que Sylvie Vartan. Ce ne fut pas de la
tristesse, mais de la colère! Même si, ici, le mot « larme » pour moi, n’est que pure licence poétique…
44
Idée de Charles Pasqua, objet des années plus tard d’un rapport exhaustif - préconisant plutôt, in
fine, un recours à une Cotisation sur la Valeur Ajoutée des sociétés, bénéficiant d’une assiette plus
large pour prétendre financer la Sécurité Sociale - commandé par Alain Juppé, qui atterrira sur le
bureau de Lionel Jospin l’ayant remplacé, qui le met à l’étude, puis le rejette. Ressortie à nouveau
sous Jacques Chirac, cette taxe controversée divise les économistes depuis un bout de temps…

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machine de guerre électorale, comme le fut le R.P.R. en son temps, bébé d’Alain
Juppé, inspiré par Jacques Chirac, pour que « le meilleur d’entre nous » succède à celui
à l’Élysée. Las! Rattrapé par les affaires du R.P.R. à la Mairie de Paris, Jacques Chirac,
joue le joker Juppé, qui trinque, ce qui met fin à ses rêves élyséens (lesquels qu’il le
croit ou non, n’auraient jamais été réalisés, tant Juppé est à la Droite ce que Jospin est
à la Gauche!). L’U.M.P. échoit alors à la très changeante MAM (passer de Faure à
Chirac, pour finir aux côtés de Sarkozy… Après que ses velléités de candidature pour
2007 aient été fraîchement accueillies sous les huées ou les piques de ces petits
camarades, François Fillon en tête…).
C’est en fait le véritable tournant de la prise de pouvoir par Nicolas Sarkozy, car il sait
pertinemment que le choix de Michèle Alliot-Marie pour diriger le parti, lui laisse les
coudées franches pour s’en emparer. Et il s’en empare. Bien que l’« Affaire
Clearstream » (qui n’est sans doute que la partie émergée d’un iceberg bien plus
colossal qu’il ne semble être, et dont les dessous, lorsqu’ils sortiront au grand jour,
feront passer les essais nucléaires de Mururoa pour des pétards de Quatorze juillet),
éclabousse le Ministre de l’Intérieur, avant qu’il ne soit blanchi et ne se porte partie
civile pour dénonciation calomnieuse dans le cadre de ladite affaire, Nicolas Sarkozy,
toujours attiré par les feux de la rampe, comme un papillon par une ampoule 60 watts,
continue sa campagne pour 2007. A charge pour lui, alors, de conquérir la Chiraquie,
qui, avec les villepinistes en goguette, tentent de lui opposer – largement aidés par
l’intérêt des media pour le duo Sarko/Galouzeau – Dominique de Villepin comme
concurrent à l’investiture UMPiste. Force est de constater que le rapport est presque
inégal a priori. Villepin, fait figure de beau gosse de la politique, ancien diplomate, il
est auréolé de la gloire du « non » à la guerre en Irak, alors qu’il était Ministre des
Affaires (ah, ah, ah!) Étrangères (bah, le Luxembourg, c’est l’étranger… Je plaisante!),
c’est un énarque, poète à ses heures, et il a le cachet ténébreux que lui apporte le statut
d’éminence grise de Jacques Chirac. Mais Dominique de Villepin a un fâcheux
désavantage par rapport à Nicolas Sarkozy, qui va se retourner contre lui : il n’a jamais
reçu de mandat du peuple, il n’a donc jamais pratiqué la politique sur le terrain. Ayant
toujours été dans les arcanes du pouvoir, il apprendra, à ses dépends, que la réalité de
la politique, n’est pas aussi confortable, lorsqu’on la pratique personnellement.
Ministre (aux Affaires Étrangères et à l’Intérieur), il eut un bilan mitigé. Premier
Ministre, après l’éjection de Jean-Pierre Raffarin, suite au fiasco du traité
constitutionnel européen, il eut maille à partir avec les députés et les Français. Et c’est
l’épisode du Contrat Première Embauche, qu’il fit passer en force, peu glorieusement
(par le biais de l’article 49.3 de la Constitution, lui permettant de passer par-dessus
l’Assemblée), qu’il retirera, moins glorieusement encore, et qui en finira avec ses
velléités présidentielles. En s’entêtant sur le CPE, Villepin, qui voyait dans cette
réforme instaurant un contrat pour les jeunes, un moyen, certes imparfait, mais un
moyen tout de même, de s’attaquer au problème du chômage chez les jeunes, et ainsi,
gagner la bataille de l’emploi, pour se propulser en tête dans la course à l’Élysée, a
compris que dans les faits, même animé d’une volonté de bien faire (ce dont je ne
doute pas, chez Dominique de Villepin, lui qui fustigea alors, avec véhémence, « la
lâcheté » des députés de Gauche… Il est mignon! De mauvaise foi, mais mignon tout
plein!), un cautère n’est pas une solution. Mais, ce qui lui est arrivé, était à prévoir. Et
la fin du purgatoire pour Nicolas Sarkozy, qui n’avait qu’à attendre le premier faux pas
de son principal – et plus sérieux – concurrent, est arrivée au sortir de cette crise, qui,
en 2006, vit sortir la France dans la rue (et rappelait tant 1995).
Bien sûr, on pourrait penser que les événements en banlieues fin 2005, auraient affaibli

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le Ministre de l’Intérieur, suite à son dérapage verbal. Mais quoi que l’on puisse en
penser, Nicolas Sarkozy n’est pas con (en tout cas, pas plus qu’un autre). Il n’est pas
particulièrement brillant, c’est un fait. C’est même un homme politique plutôt mauvais
(mais qui sait si bien s’entourer). Oui, mais, c’est un bon politicien! Là, où l’homme
politique commet une bévue, même grosse, le politicien (qui tire son épingle du jeu,
grâce à sa formation d’avocat d’affaire, par sa tchatche, et son charisme – il doit bien
en avoir, sinon, il n’aurait pas réussi à empapaouter autant de personnes, même en
jouant sur les portefeuilles!) rattrape les choses de façon extraordinaire. Il faut dire
aussi que le mutisme de Jacques Chirac, de Dominique de Villepin et de la Gauche, lui
a grandement facilité les choses, dans cette histoire, qui se nourrissait d’elle-même, par
l’intervention des media. En fait, l’épisode des émeutes de banlieue de 2005 et leur
surmédiatisation mondiale, ont même été très bénéfiques à Nicolas Sarkozy. Car, lui, a
retenu la leçon de 2002. Ainsi, en surenchérissant dans la provoc’, après que tout fut
calmé, à coup de petites phrases, de réitération des mots « racaille », « Kärcher », en se
montrant intraitable sur la manière de traiter les banlieues, sans la moindre nuance, il
amorçait déjà le siphonnage du Front National.

Insécurité, quand tu nous tiens, tu nous droitises… Et cela, Nicolas Sarkozy, l’a
compris mieux que personne. En ajoutant à cette image de mec qui ne s’en laisse pas
raconter par la « racaille », ce qui pourrait passer pour de l’audace politique, si ce
n’était pas tout simplement du calcul (car, s’il y avait des gens scandalisés par cette
attitude typiquement sarkozienne, on pouvait aussi entendre ceux qui lui donnaient
raison), et en faisant procéder à des reconduites à la frontière musclées et
surmédiatisées et à des descentes de police qui l’étaient tout autant45 (musclées et
surmédiatisées), le Ministre de l’Intérieur, a fait ce qu’il fallait pour préparer le terrain.
Ainsi, lorsqu’il est investi par l’U.M.P., alors qu’il était le seul candidat à se présenter,
je le rappelle, avec dans les 69% de votants… Lorsqu’il est investi par l’U.M.P., donc,
il ne lui reste plus qu’à enfoncer le clou, sur l’Islam, la répression, l’immigration
(instillation du concept d’immigration choisie, lutte acharnée contre l’immigration
clandestine, durcissement des conditions d’entrée sur le territoire français46) et
l’identité nationale, qui accolée à cette dernière, revêt un sens politique fort. Mieux,
grâce à la plume d’Henri Guaino, pour structurer tout ça, Nicolas Sarkozy arrive à
faire renaître, en filigrane, derrière ses discours, le spectre du mentor de Jean-Marie Le
Pen, l’oublié (et s’il le fut, c’est qu’il y avait de bonnes raisons!) et le très populiste
Pierre Poujade. Haro, sur les rites barbares associés à l’Islam, l’immigration, les
patrons voyous, les fonctionnaires, les intellectuels, les héritiers de Mai 68, qui ont

45
Alors que dans les faits, il a plus souvent plié qu’il n’a passé outre l’opinion publique, concernant
les expulsions, laissant traîner les choses, et que lesdites descentes de police, avec une fanfare de
journalistes caméras à l’épaule, ne concernaient que du petit bois! Rappelez-vous la super prise de
drogue à Nanterre, alors que le type n’était qu’un trafiquant de shit minable qu’on nous a presque
vendu comme le Pablo Escobar français ou la vendetta organisée par les policiers d’une cité - aidés de
renforts pléthoriques, dont l’un des membres a été caillassé par des gars d’une cité. Certes, l’action
était plus que condamnable. Cependant, il ne s’agissait pas non plus l’arrestation d’un dangereux
groupe de terroristes, ni d’un serial killer!
46
Et après, étonnez-vous qu’un député-maire trop zélé, d’un coin très droitier où le F.N. est une
force politique importante, sorte de sa boîte à malice un amendement préconisant des tests A.D.N.
pour favoriser le regroupement familial! Tout est une question de signal initial. D’ailleurs, le
Président a lui-même admis que cet amendement ne le choquait pas. Si ça ne le choque pas, alors…

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aboli les valeurs traditionnelles, l’euro qui est trop fort… La société de l’époque de
Poujade étant révolue, on adapte, on dépoussière par-ci, par-là, mais surtout, on
nuance, on délaye, et l’on obtient une construction intellectuelle homogène,
entrecoupée, pour mieux y revenir ensuite, de morceaux de bravoure, partant dans le
victimaire et le compassionnel, d’envolées lyriques sur des hommes de Gauche et sur
cette France dont la grandeur n’a d’égale que celle de ses héros (Jeanne d’Arc,
Gambetta…), quand on n’atteint pas l’infini avec des formules incantatoires au « dieu
Argent » et des litanies sur l’effort et le labeur, appuyées par l’abondante sudation du
candidat Sarkozy. Une véritable prouesse scénique, sur fond d’« Ensemble, tout
devient possible » (slogan qui porte en lui le caractère hautement illusoire de son
approche politique, mais colle avec le côté conte de fées droitier version 2000 de son
programme)!

Reconnaissons, que l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy fut pour le moins


épique et que les embûches qui lui furent tendues, il les surmonta avec succès.
Néanmoins, on peut considérer aussi que pour beaucoup, il a bénéficié d’une chance
insolente, caractéristique de tous ceux qui accèdent à l’Élysée. D’aucuns croient que
l’on provoque la chance, cependant, je me garderai bien de théoriser sur le facteur
chance dans une élection, car elle ne représente qu’un pourcentage infime dans le
processus. Mais quand même…

B. Royal Style

Ségolène Royal, elle aussi, avait ses influences extérieures (les pays nordiques,
notamment, l’Allemagne et l’Italie, également… Bof!). Toutefois, de la « rupture »
sarkozienne, elle s’est abstenue. Les idées les plus intéressantes, tel le syndicalisme de
masse (rappelons à nouveau, que c’est tout ce que l’on peut garder de la social-
démocratie), et surtout la démocratie participative (inspirée du sommet
altermondialiste de Porto Alegre), idée que l’on peut moquer ou ne pas apprécier, et
qu’elle a largement défendue à l’Assemblée Nationale, qu’elle a ensuite expérimentée
sur ses terres, avant que de les intégrer à son programme présidentiel, plus dans une
volonté d’innover, que d’habiller façon paquet-cadeau un socialisme français
souffreteux, car essentiellement nostalgique d’une époque! D’accord avec la plus
grande partie des fondamentaux de Gauche (ce qui invalide le scandaleux procès qui lui
est fait concernant sa pseudo-ligne droitière!), Ségolène Royal n’a cherché qu’à
assouplir certains archaïsmes-réflexes, positions grégaires sur la forme et autres
discours antédiluviens, qui sont aujourd’hui inaudibles par une population qui a changé
et a vu naître des générations depuis le jour où ils ont été forgés47 (crime de lèse-
socialisme, s’il en est, mais qui a au moins le mérite de faire débat)!

De même, le bouleversement institutionnel porté par Ségolène Royal, via une VI ème
République, est un changement hautement souhaitable, dans un pays doté d’une
Constitution gaullienne, déjà épuisée par son principal bénéficiaire – et initiateur, que
l’on s’est borné à perpétuer par goût du pouvoir présidentiel et que l’on modifie au gré

47
Message personnel aux dirigeants du Parti Socialiste (Ségolène Royal incluse!) : Arrêtez de
parler de « logiciel »! Humanisez un peu vos termes, que diantre! Le jargon informatique est un
langage trop froid pour être utilisé dans un discours que vous voulez social! D’avance, merci. C.D.

56

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des événements, à coup de lois organiques… En finir avec cette constitution
agonisante, pour que les institutions répondent à la volonté des Français d’avoir un
État neuf et moins centralisateur de pouvoirs (puisque le pouvoir du Parlement est
restreint de par la constitution de la V ème République elle-même et que la politique de
décentralisation à la française mériterait que l’on envisage d’accorder aux régions un
peu plus de prérogatives, pour rompre avec les fantômes de l’idéal centralisateur
jacobin), est de loin le changement le plus important que l’on nous ait proposé depuis
bien longtemps.

Je ne reviendrai pas sur l’avènement de Ségolène Royal, puisque je l’ai déjà abordé
dans le chapitre précédent. Néanmoins, constatons que ni Nicolas Sarkozy, ni Ségolène
Royal, n’ont à s’envier leurs cheminements respectifs vers l’Élysée… Quoi qu’il en
soit, je ne suis pas sûre, que dans la peau d’une femme, Nicolas Sarkozy eût été aussi
chanceux! Surtout à l’U.M.P.! Ni que Ségolène Royal, dans la peau d’un homme, n’ait
pas eu un parcours sans difficultés! Même au P.S.! Mais au moins l’aurait-on prise plus
au sérieux, d’un point de vue général…
Une des clefs expliquant la mauvaise préparation de Ségolène Royal, pour cette primo-
candidature à l’élection présidentielle, tient beaucoup à son statut de femme, qui lui
laissait un timing ric-rac pour pouvoir tout faire. Je m’explique : Avoir l’ambition de
briguer la présidence de la République nécessite une volonté, une détermination, dont
on sait que la présidente de Poitou-Charentes n’est certes pas dépourvue. Mais, si
comme Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal attendait son heure, le facteur du genre
ajoutait un obstacle à son parcours, quand ce n’était pas un problème pour son
concurrent. En effet, se préparer en amont, peaufiner sa stratégie en attendant l’heure
la plus propice pour se présenter lorsque le contexte est le plus clément, et qu’on a
réussi à dégager l’horizon des multiples autres candidats potentiels dans son camp, est
une chose, mais attendre en plus de contourner l’antique résistance politique
masculine, pour s’appuyer sur une opinion française, apparemment plus en phase avec
l’idée que l’heure des femmes était enfin arrivée en politique, nécessitait une patience
(et d’être de la bonne génération au bon moment, ce qui n’était pas le cas en 1995!)
qu’elle a su avoir (et dont les femmes politiques peuvent lui être reconnaissantes, car
sans sa volonté à briguer sérieusement la Présidence de la République, l’expérience
n’aurait toujours pas été menée), sans aucune garantie que cette heure arriva jamais
pour elle.

Entre 1995, où la volonté de se présenter à l’élection présidentielle, est née pour la


première fois chez Ségolène Royal et 2004-2005, beaucoup de choses ont changé en
France. L’évolution sociétale, elle a su la prendre en compte, sans pour autant
renoncer à ce qui est sa marque de fabrique, ni à transiger avec ses convictions (ce qui
est plutôt rare chez un politique pour être souligné). Mais lorsqu’elle est élue
présidente de région en 2004, que la presse commence timidement à se réintéresser à
elle, l’horizon vers l’Élysée, n’est pas dégagé de son côté (Hollande, Fabius, DSK,
Lang, Jospin qui ressort de temps en temps de son mutisme…) et rien ne garantit que
ses prétentions ne seront pas tuées dans l’œuf par les autres potentiels présidentiables.
Voilà pourquoi elle n’a saisi l’occasion qu’en 2005, après les déboires socialistes dus
au référendum, en surfant sur la vague qui la portait (l’image n’est pas dénuée de
drôlerie… Particulier, mais fun!). Alors, elle pouvait commencer à mettre son
intelligence politique au service de ses ambitions nationales (et pourquoi n’en aurait-
elle pas eues? Elle n’est ni moins intelligente, ni moins capable que les autres!).

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Seulement, le congrès du Mans, qui repoussait le choix du candidat socialiste à la fin
2006, donnait l’obligation à Ségolène Royal, primo, de se maintenir dans les sondages
(alors qu’on assistait à la multiplication des critiques à son égard) jusqu’à fin 2006,
secundo, de commencer à structurer son projet personnel, appuyé sur ses intuitions,
ses convictions, son expérimentation de la démocratie participative, et son constat sur
la société française, tout en tenant compte qu’elle devrait l’intégrer à un programme
socialiste, déjà bouclé et dont certains aspects laissaient perplexes. Ségolène Royal
n’étant pas membre du bureau du P.S. et détestée d’une bonne partie de l’appareil,
malgré des soutiens importants (Ayrault, Mauroy, Collomb…), n’a pas eu la possibilité
temporelle de verrouiller le Parti Socialiste comme Nicolas Sarkozy l’a fait avec
l’U.M.P., pour imposer son programme et ses idées. Mais je ne suis pas sûre qu’elle
l’ait vraiment désiré. Son statut d’outsider du parti était un gros point en sa faveur,
dans l’opinion. De plus, avec son côté « œcuménique », il lui était difficile de
s’enfermer dans le parti. C’est un peu dommage qu’elle ne se soit pas plus appuyé sur
le parti, mais elle n’avait pas vraiment le choix! En effet, elle ne bénéficiait pas du
temps nécessaire pour convaincre toutes les factions du P.S., entre son investiture en
novembre 2006 et le début effectif de la campagne, afin de toutes les rallier, histoire
d’avoir un parti en ordre de marche, sans la moindre dissonance – ou voix discordante,
lui permettant de mener la campagne comme elle le voulait, l’esprit en paix. Elle a donc
composé comme elle pouvait, en s’appuyant sur ses proches et sa propre équipe, et le
cas échéant, sur les cadres du parti.

Gérer à la fois un engagement, un credo politique, des ambitions et les difficultés liées
à son sexe, ne sont pas une sinécure, et Ségolène Royal le sait mieux que personne.
Pour autant, avec un timing aussi court, en politique, faire ce qu’elle a fait, pousse à
l’admiration qu’on l’aime ou non. Voilà pourquoi, même si les années à venir ne seront
pas de tout repos pour elle (ah, ça non! Je serais elle, j’investirais dans le café…), ne
préparons pas tout de suite son extrême onction. Gardons toujours à l’esprit qu’une
Ségolène Royal qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas, est bien plus à redouter, qu’une
Ségolène Royal qui sourit sur une estrade ou sur un plateau télé. Parce qu’au moins là,
on sait ce qu’elle fait… Enfin, moi, je l’ai toujours ressenti comme ça! Je l’ai vu tant de
fois disparaître pour mieux réapparaître, encore plus déterminée qu’avant, que la
célèbre phrase de Talleyrand « en politique, on ne meurt que pour ressusciter », semble
avoir été écrite pour elle. D’ailleurs, à bien y réfléchir, l’« épopée présidentielle 2007 »
de Ségolène Royal, ne devrait vraiment pas être considérée comme un « one shot »,
par certains de ses pairs ou certains journalistes… Au contraire! Car, elle a maintenant
(et ce grâce à l’opinion publique favorable que recueillait son audace et les militants
socialistes, les sympathisants de Gauche, qui ont cru en elle) créé la jurisprudence48,
qui peut lui permettre de faire bis repetita en 2012, à la condition qu’elle puisse se
maintenir, Première Secrétaire ou pas, pour être sur les rangs en 2010, date de la
désignation du candidat socialiste.
Or, si tout peut arriver, il n’est pas sûr que ses concurrents déclarés puissent, eux aussi,
se maintenir. C’est loin 2010! Et rester populaire de 2010 à 2012, ne sera pas facile!
Toute baisse de popularité dans cette période se répercutant mécaniquement sur le

48
Sa légitimité est établie de fait, par sa seule présence au second tour de la présidentielle. Car
Ségolène Royal est désormais indissociable de Nicolas Sarkozy, puisqu’elle a été sa principale
adversaire, tout comme l’inverse est vrai.

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favori d’un autre camp (adverse ou allié), le spectre de la défaite apparaîtra,
démobilisateur, inverseur de tendance. On hausse le ton, on accumule des petites
erreurs, dues à l’agacement… Et au final, on perd! C’est terriblement stressant, une
campagne présidentielle! Primo-candidate, je n’ose imaginer l’état intellectuel dans
lequel Ségolène Royal pouvait bien se trouver au quotidien, entre 2006 et 2007…
Quoi qu’il en soit, en dépit de tout le stress, de toute la violence de la campagne, elle a
tenu bon, elle n’a jamais craqué (quand tout le monde s’y attendait…)! Cette force
mentale, nul n’ayant jamais été confronté, personnellement, à cette campagne
particulière qu’est la présidentielle, ne peut préjuger l’avoir (d’ailleurs, beaucoup se
demandaient, aussi, si Nicolas Sarkozy tiendrait le coup, mentalement, jusqu’à la fin!).

Quant à ceux qui nourriraient une secrète ambition élyséenne, ils devront avoir la
possibilité d’émerger entre les diverses ambitions (en plus de posséder un bagage
irréprochable! Et de surtout - surtout! - éviter d’avoir de trop grosses casseroles, qui
n’en doutons pas, ressortiraient toujours comme par magie, en pleine période
électorale!), ce qui induit qu’ils devront également avoir un charisme hors du commun.
Rien n’est donc fait! Oh, que non!

C. Monarchie et « Royalisme »…

Il est quand même assez intéressant de voir que le projet sarkozien a pu passer pour
moderne, alors que toutes les références (de Gaulle, Pompidou, Giscard, voire
Kennedy – qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre! – et même jusqu’à ce pauvre François
Mitterrand, qui, j’en suis sûre, aimerait bien qu’on le laisse reposer en paix et que l’on
cesse ces comparaisons hasardeuses à son endroit!) qu’on lui accole sont passéistes et
que son programme l’était plus encore. Pire, nous pouvons le constater par nous-même
aujourd’hui, tout dans sa conception de l’État et du pouvoir nous renvoie à l’Ancien
Régime (le monarque qui gouverne avec des ministres qui sont au mieux des
conseillers royaux, y compris le premier d’entre eux, des favoris, une « foultitude » de
sous-conseillers, et de courtisans prêts à faire des courbettes pour bénéficier des
bonnes grâces de son Altesse, laquelle pourrait sans choquer quiconque en appeler à
Louis XIV, « L’État, c’est moi! » ou à Louis XV, « Après moi, le déluge! »), son souci
d’accorder aux plus riches des privilèges (abaissement du bouclier fiscal, tuant de facto
l’ISF, quasi-suppression des droits de succession, crédit d’impôt sur les emprunts
immobiliers…), lesquels seront garantis par les deniers de ceux qui en ont le moins, et
enfin son inquiétante propension à faire, ici et là, des déclarations remettant en cause la
laïcité. Il ne lui manque plus qu’à abroger la loi de 1905 sur la laïcité et c’est le bon
vieux retour à la Noblesse, au Clergé et au Tiers-État!

Avec Nicolas Sarkozy, c’est donc à la réhabilitation de l’Ancien Régime que l’on
assiste. L’Ancien Régime avec juste ce qu’il faut de bonapartisme (d’arrivisme?) çà et
là, pour que les codes soient grossièrement brouillés (on est toujours esclave de son
l’histoire! A croire que c’est un sport national pluriséculaire que de passer notre temps
à reproduire des schémas rassurants qui nous rappellent le passé, parce que l’on n’est
toujours pas prêts pour le changement en profondeur!) et qu’il faut bien accéder au
pouvoir, d’une manière ou d’une autre, avant de l’exercer, attendu que la monarchie
absolue de droit divin n’a plus court de nos jours.

Lorsque l’on voit à quelle « rupture », nous assistons, dans de pareilles conditions, que

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le projet politique de Ségolène Royal ait déconcerté, est bien normal! Il portait
cependant en lui les graines d’une politique de Gauche originale, qui mérite d’être
approfondie dans certains de ses aspects (tant sur le fond que sur la forme). Une
politique en finissant avec les positions grégaires de la République Française, qui ne
servent qu’à sauver les meubles – Louis XIV – d’institutions en pleine décrépitude.
Une politique où les rapports gouvernant/gouvernés sortent de la chape de plomb
coulée dans le moule monarchiste qui a, qu’on le veuille ou non, formé l’esprit
démocratique français depuis la fin du Second empire.

En fait, l’idée-même de la victoire d’une femme49 au pays de la Loi Salique, a sûrement


joué un rôle dans la perception du projet, déjà peu conventionnel, de la citoyenne
Royal. Que l’on n’ait pas vu que la « rupture », la vraie, se situait dans ce vote-là (pour
toutes les raisons évoquées précédemment), m’a proprement sidérée! Et je sais gré à ce
cher Monsieur Besson50 – Éric, hein! Ni Luc, ni Philippe, ni Patrick! – de ses
remarques à l’égard de Ségolène Royal, femme inconséquente, à qui il impute toute la
dangerosité de la Terre, soucieuse, selon lui, uniquement de sa petite personne et de
son propre pouvoir. Seulement, quand bien même cela aurait été vrai, quand on
connaît son histoire, on ne décapite pas Marie-Antoinette pour se jeter dans les bras de
Napoléon (ou de son ersatz contemporain)!
Preuve, s’il en était encore besoin, que l’Histoire est un cycle qui se répète à plus ou
moins longue échéance et que l’Homme, ce présomptueux ignare, est incapable d’en
tirer la moindre leçon! Il est néanmoins toujours intéressant de constater tout ce à quoi
des sentiments froissés peuvent vous faire renoncer et comment la Raison, guidée par
eux, est capable de justifier très pompeusement les retournements les plus insensés.
Comme celui d’un ancien socialiste, qui se veut encore homme de Gauche, et qui ne
rechigne pourtant pas à aider un candidat de Droite dans sa campagne, puis, à accepter
d’intégrer le gouvernement du vainqueur, qui fait voter la quasi-suppression des droits
de succession, de l’ISF, et où il peut croiser une homme chargé de l’immigration et de
l’identité nationale! Ainsi va la nature humaine, je suppose…

49
Enfin, en fait, d’une femme très féminine et, pas de chance pour elle, plutôt pas mal pour une
quinqua! Longtemps, la femme politique a été assez peu glamour, et lorsqu’elle était avantagée
physiquement, elle s’affublait ou de vêtements d’un rare mauvais goût, ou de frusques austères au
possible - comme celles qu’arborait Royal à ses débuts, qui les vieillissaient, les « asexuaient » ou les
masculinisaient. La femme politique se devant même parfois d’avoir un aspect masculin jusque dans
ses attitudes, allant jusqu’au mimétisme… Brrr!!! Alors évidemment, si Ségolène Royal avait été un
tromblon, elle aurait tout de suite eu un meilleur capital crédibilité (même auprès de collègues
féminines moins avantagées, ayant vu leurs aspirations présidentielles déçues, et ne rechignant pas à
la péroraison)! C’est vrai, quoi, une jolie femme qui a une formation politique classique (Sciences Po,
E.N.A.), qui a débuté dans la haute administration comme magistrate au Tribunal Administratif de
Paris (et qui au milieu des années 90 a passé le Barreau de Paris…), qui a une expérience politique de
25 ans bien remplie, à l’Élysée (comme conseillère au Secrétariat général de l’Élysée de 1982 à 1988),
à l’Assemblée (élue députée quatre fois d’affilée de 1988 à 2007), en tant que ministre (trois fois), que
conseillère générale des Deux-Sèvres et conseillère régionale du Poitou-Charentes et comme
présidente de cette même région… Mais quelle incompétente! Une vraie perdrix de l’année 2007!
50
Lequel Monsieur Besson a au moins eu le courage de ses opinions, a rendu sa carte du P.S. et est
allé de l’autre côté, avant l’élection, voir si l’herbe y était plus verte! De la même façon qu’il ne s’est
pas représenté à la députation. Si la procédure est plus que discutable (toujours ce maudit sens de
l’euphémisme!), au moins y a-t-il mis les formes.

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Les résultats de l’élection présidentielle 2007 et ceux des législatives, concomitantes,
semblent indiquer que l’idée – même floue – d’un changement équivaut au changement
et que l’impression de modernité et de mouvement équivaut à la modernité et au
mouvement! La forme Sarkozy a plus plu (présidentielle), même si le fond a quelque
peu inquiété ici et là (législatives). Le simple concept de « rupture », galvaudé et élimé
comme la pelisse d’un vieux prince russe désargenté, à force d’une répétition à la limite
du supportable, d’un martèlement lobotomisant, a suffi à faire d’un homme opiniâtre et
gesticulant le PRIMUS INTER PARES. Est-on finalement arrivé à cette époque
fatidique où le signifié n’a absolument plus besoin du signifiant, pour exister, pourvu
que l’on en abuse? Je le crains. La superficialité est devenu l’essentiel, mais cela nous
pendait au nez depuis longtemps!
Pourtant, que l’on ne s’y trompe pas : ses concepts, idées, intuitions, peuvent ne pas
plaire, sa méthode peut sembler étrange, mais se servir de ça, pour faire passer
Ségolène Royal pour une incompétente notoire à Q.I. négatif, ou le croire, tout
simplement, est ou d’une mauvaise foi, ou d’une stupidité, voire d’un aveuglement
ahurissant! Parce que malheureusement pour ceux qui toujours se focalisent sur la
forme au mépris du fond, Ségolène Royal est une bonne politicienne et en plus, c’est
une bonne femme politique, ce qui ne gâche rien (ou peut-être que cela a fait mal à
certains, de le découvrir à leurs dépends… Voilà à quoi cela sert de savoir jouer les
Brutus, en politique!)! Sa méthode politique paraît certes, fruste de prime abord, ce qui
peut laisser à penser qu’elle n’a pas de structure, et n’existe ainsi pas, mais elle
correspond – ce qui dénote une anticipation bien sentie – à notre société en constante
mutation, et dont on s’aperçoit dix ans plus tard qu’elle a fait un bond. Elle a réussi à
garder son corpus idéologique au milieu de tout cela, en happant des moyens, des idées
qui lui plaisaient. Ségolène Royal est un éventail. Lorsqu’il est plié, on n’en voit qu’une
face, ça ne ressemble à rien. Mais lorsqu’on le déplie, il montre de multiples facettes, et
cela devient un objet d’une autre dimension – à tout point de vue – qui couvre une bien
plus grande surface. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de cohérence. Car, aussi
grand qu’il soit, pour être fonctionnel, donc utilisable, un éventail est maintenu par sa
base…

Au fond, ce qui s’est joué lors de cette élection présidentielle, entre la conception
monarchiste de Nicolas Sarkozy et la conception « royaliste », pourrait se résumer à
deux symboles : le paternalisme et le « maternalisme ». On s’est arrêté aux deux
symboles, qui ont leur importance, d’un homme aux origines étrangères et d’une
femme, symboles forts et positifs tous deux à ce niveau de l’État, alors que l’enjeu réel,
se situait dans le symbolisme du Père et de la Mère. Car, qu’on le veuille ou non, au vu
de l’importance que l’État a dans nos vies, le chef de l’État est, dans une certaine
mesure, un substitut parental.

Bien que l’on ne puisse pas théoriser ce qu’aurait donné, dans les faits, le
« maternalisme » à la Royal (« maternalisme » n’induisant pas forcément
« matriarcat », même si le rôle des femmes dans la société, nécessite un activisme que
pas un homme n’oserait déployer à ce niveau. Le paternalisme, quant à lui, induisant
totalement le « patriarcat »), puisque l’on n’a pas fait ce choix, d’après ses traits de
caractère, son parcours, ses discours et même de l’image qu’elle renvoie, on peut
néanmoins imaginer ce à quoi aurait consisté la Présidence sous Ségolène Royal.
Si l’on sait que la famille a une importance capitale pour elle, que les valeurs sont
vitales à ses yeux et qu’elle a en permanence – ce qui a, certes, été source

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d’agacement, y compris pour moi – rappelé son statut de mère, la socialiste n’a pas
l’image de la mère latine, méditerranéenne (étouffante et castratrice). Au contraire,
l’image de « froideur » (la réserve, aurais-je dit) qu’elle peut renvoyer, laisse à penser
que de son point de vue, la cellule familiale, les valeurs que l’on donne, sont avant tout
une colonne vertébrale, une structure, permettant de s’émanciper par la suite.
L’autorité dont elle fait preuve, qui, justement, est d’essence maternelle, c’est celle
dont on doit faire preuve pour transmettre ces valeurs, et une certaine forme
d’intransigeance, qui consiste à les maintenir. Je ne sais pas si c’est conscient de sa
part, mais il s’avère que c’est cohérent avec le discours qu’elle tient, puisque, dans son
approche des institutions (rôle de l’exécutif plus égalitaire avec le législatif, aux
prérogatives augmentées) et du rapport du pouvoir avec le peuple (autorité, mais
interaction), on retrouve cela. Le duo fonctionne : des valeurs structurantes et une
pratique politique permettant au peuple de s’émanciper de la chape de plomb que lui
impose le pouvoir51. Ce n’est pas tant parce que Ségolène Royal n’avait pas d’idées,
mais qu’elle cherchait à redonner au peuple le moyen de reprendre un peu de ce
pouvoir qu’il confie à l’exécutif, de le responsabiliser. Car, après tout, qu’est-ce qu’une
bonne mère, si ce n’est une femme qui vous donne une structure pour que vous
puissiez voler de vos propres ailes et avoir la meilleure vie possible? Or, quoi de mieux
que les valeurs de la République, pour se structurer? Et n’est-il pas du ressort du
PRIMUS INTER PARES de les transmettre aussi? Mais de quelles valeurs
républicaines s’agit-il, au juste? De la liberté, de l’égalité, de la fraternité… De la
solidarité, de l’éducation. De quelle famille? La famille France, une famille « métissée »
(c’est un terme qu’elle a elle-même utilisé), vivante, avec des personnes jeunes, moins
jeunes, âgées, des hommes, des femmes, des hétéros, des homos, des urbains, des
ruraux, des diplômés, des non-diplômés, des actifs, des inactifs, des fonctionnaires, des
ouvriers, des valides, des non-valides… Des Français, tout simplement!

Le paternalisme étant historiquement, le modèle politique français (et de tout un tas


d’autres pays, parfois même dirigés par des femmes, se conformant à ce vieux modèle),
le choix de Nicolas Sarkozy tombait sous le sens. Mais, contrairement aux années
Chirac, où il régnait dans les mœurs républicaines un côté « vivre et laisser vivre », qui,
pour la Droite, d’essence conservatrice, sentaient un peu le laisser-aller, le paternalisme
« old school » de Nicolas Sarkozy en devient réac’, cependant qu’il traduit une
aspiration sensible de cette Droite, en pleine crise identitaire sous Jacques Chirac.
L’image de ce père, qui victimise ses « enfants », et qui se pose en autorité
décisionnaire en permanence, qui va s’occuper de nous tous (surtout que l’on ne fasse
rien!), c’est un retour aux sources! Mais comme la figure paternelle a un peu été mise à
mal, il lui faut remonter à cette période bénie où le père omnipotent était révéré. Que
fait-il Nicolas Sarkozy? Il appelle à la liquidation de Mai 68, où « la chienlit » (les
jeunes, pour faire court!), en avait marre de la France à papa, et s’est retournée contre
elle (d’ailleurs, c’est assez savoureux de voir qu’en France, c’est après 68, que les
mouvements féministes ont pris leur essor. Comme si le rejet des pères annonçait
l’Homo Francus Novus, plus égalitaire).

51
Pouvoir qui, en démocratie, répond à un extraordinaire paradoxe : on donne à une personne, par le
vote, la responsabilité de se faire notre porte-parole, de nous représenter, sans qu’une fois élue, cette
personne n’ait plus à s’en remettre à nous (c’est pourquoi Emmanuel Kant, pensait que comme toute
autre forme de régime, la démocratie était un « despotisme »).

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L’honneur du père restauré, le paternalisme de Nicolas Sarkozy – rénové sur la forme,
bien à l’ancienne sur le fond – pouvait enfin s’exprimer et ramener la France dans le
Droit chemin. Ouf, il était temps!

Comme il serait douloureux de penser que l’on a peut-être loupé le coche, et comme il
est agréable de s’enfermer dans l’idée que l’on a eu raison, envers et contre tout,
envers et contre tous ceux qui ne le pensent pas. Comme il est doux d’être appuyé par
une majorité. Et pourtant… Pourtant, lorsque les électeurs de Nicolas Sarkozy en
finiront avec leur gueule de bois, ils verront… Et ils l’attaqueront d’autant plus fort
qu’il représentera tout ce qu’ils ont bradé pour l’élire : leurs valeurs!
Ceux de Gauche, s’en voudront d’avoir contribué à faire élire - au nom d’une
compétence et d’une stature censément supérieures - un homme ayant tout promis à
tout le monde (quand on sait si bien que les intérêts des uns, sont rarement compatibles
avec ceux des autres!), au détriment de la candidate de leur camp, qu’ils auraient huée,
si elle faisait le millième de ce que fait « le plus compétent », du pouvoir qu’ils lui ont
confié!
Ceux de Droite, s’en voudront de leur renoncement à une certaine idée de la France.
Idée qu’ils verront disparaître un peu plus chaque jour, derrière chacune des actions du
Président de la République. Ils regretteront amèrement d’avoir abandonné ce que la
Droite pouvait porter comme valeurs, pour rallier un Sarkozysme qui les a
complètement éradiqué!

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PARTIE II : 2012, ODYSSÉE DE LA GAUCHE

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Ne pas se laisser dicter son orientation politique!

Redonner du sens, est la gageure majeure de la Gauche. Elle ne peut certainement pas
s’engager à le faire sur le modèle périmé d’une social-démocratie (fantasmée par ceux
ayant perdu leurs repères de Gauche, le temps ayant fait son œuvre), qui fusionne en
Europe avec le Centre pour se maintenir, qui plaît tant à la Droite, parce qu’il est son
pendant plus ou moins de Gauche… La Gauche distillerait ainsi la doctrine
économique et sociétale de Droite rendue acceptable grâce à elle! L’ouverture (qui a
pioché dans ce que le Parti Socialiste a de moins socialiste), les dithyrambes sur l’idéal
social-démocrate (le comble alors que la social-démocratie est plus ou moins la ligne
de politique économique non-avouée du P.S. depuis les années 80, que les Socialistes
pratiquent plus ou moins à chaque fois qu’ils accèdent aux affaires!), les sondages sur
les Français, à peine orientés pour nous pousser dans ses bras, et les injonctions – bien
présomptueuses – de la Droite à nous orienter vers cet idéal ringard qui, acculé partout
en Europe, a dû se centrer (en effet, en Europe, partout où la « Gauche social-
démocrate » est au pouvoir, on a aujourd’hui un parti plus ou moins du Centre. Et
encore… C’est parce qu’ils font des coalitions avec des gens plus à Gauche qu’eux,
qu’on ne les met pas dans la case Centre-Droit. Ils n’ont plus de Gauche que le nom).
Tout cela ne doit pas polluer notre réflexion sur l’avenir de la Gauche! Pourquoi la
Droite la veut-elle tant cette social-démocratie? Parce que cela l’exonèrera, à terme,
d’être le seul tenant de l’idéologie économique avant tout! Parce qu’à ce moment-là,
une fois établie officiellement, cette ligne politique, entraînera la fin de la Gauche, ni
plus ni moins! Elle légitimera ce poncif éculé du « bonnet blanc, blanc bonnet »,
consistant à dire que la Gauche et la Droite sont une seule et même chose. Et quand
bien même, entre la social-démocratie et la Droite façon Sarkozy, il y aurait une
énorme différence, nous donnerions en permanence l’impression de nous dédire de nos
valeurs de Gauche… Nous aurons fait le jeu de la Droite.
D’ailleurs, le fait-même que François Bayrou, ait réussi à prendre une bonne partie
d’un électorat socialiste, qui, à Ségolène Royal auraient préféré Dominique Strauss-
Kahn (mais il y a aussi ceux qui ont vraiment cru à la carotte, « il ne sera pas au second
tour, mais s’il y était, il l’emporterait face à Nicolas Sarkozy »… Il y a de ces naïfs, je
vous jure!), me conforte dans l’idée que c’est autant une partie de l’électorat de
Gauche, qu’une partie de ses dirigeants qui glissent à Droite depuis vingt ans et
quelques. Parce que même si l’on n’aime pas Ségolène Royal, aller voter pour François
Bayrou – U.D.F., quoi! – pour la contrer, quand on est de Gauche parce que ce n’est
pas DSK qui a remporté les primaires (ne rigolez pas, j’en connais!), reviendrait à dire
que même elle serait trop de Gauche (Ségolène Royal? Une dangereuse bolchévique,
oui!)! Je ne suis pas contre les gens de Droite, je ne les juge pas (c’est leur idéologie
qui me fait mal…). Des gens de Droite, il en faut… Et il y en a des très bien.
Néanmoins, faire du Parti Socialiste un parti social-démocrate, serait contre le sens
commun. D’accord, les travers guesdistes qui ont amené le P.S. dans la dialectique du
« ni-ni, non-non », et l’utopie jaurésienne héritée de l’exégèse Bernstein, qui
gangrènent ici et là le verbe solférinien, ne permettent pas de jouer les puristes
socialistes, ultra-marxistes à mort et révolutionnaires jusqu’au bout des ongles
(d’accord, mais avec une French manucure!). Cependant, je trouverais plus logique
que ceux qui le veulent, créent un Parti Social-Démocrate hors lien avec le P.S.!
Autant faire une coupe franche que de maintenir une unité de façade entre ces deux
conceptions, même si la division perpétuelle de la Gauche, lui coûte toujours
électoralement! Il ne faut pas courir le risque d’amalgamer totalement socialisme et

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social-démocratie. Ce sont deux choses bien distinctes. De toute façon, la social-
démocratie est has been d’une manière générale, la politique européenne nous le
prouve. Quant à la social-démocratie française… Elle a battu son plein entre 1984 et
1986 sous le gouvernement Fabius (confinant même au social-libéralisme) et entre
1997 et 2002 sous le gouvernement Jospin. Elle aura vécu 7 ans (allez 11, si l’on
compte les gouvernements Rocard, Cresson et Bérégovoy)! Et malgré tout, la Gauche
s’est ramassée aux législatives de 1986, à celles de 1993... Elle n’est même pas arrivée
au second tour de l’élection présidentielle en 2002… Et il y aurait encore des gens qui
pensent que la social-démocratie serait la panacée? Cette bonne blague!

1. Pour le meilleur et pour le pire… Sortez les alliances!

Des accords électoraux, ponctuels, avec le Centre indépendant du MODEM ne


seraient pas forcément une trahison (encore faudrait-il voir les modalités dans les faits),
s’ils s’attachaient à défendre la pluralité, voire empêcher l’hégémonie de l’U.M.P. ou
s’ils étaient dictés par la sauvegarde d’un idéal démocratique commun52. La démocratie
doit toujours prévaloir en la matière. Toute considération contraire à ce précepte, ne
serait que de la littérature! Ce ne serait rien moins qu’une posture stérile. Mais il ne
saurait nullement être question de fusion avec le Centre, et ce, pour plusieurs raisons :

- D’abord, parce que ce serait une identité trop large pour maintenir une Gauche
cohérente (voir l’exemple de ces coalitions en Europe). Pour l’instant, la Gauche se
penche vers ses alliés électoraux historiques. Or, le rapprochement avec l’extrême
Gauche étant déjà une question épineuse, si la Gauche se centrait après s’être un peu
plus gauchisée, elle exploserait. Extrême Gauche et Centre ne parviendront jamais à
exister sous le même chapiteau (et ce, quand bien même, il y aurait un cachet Centre-
gauche, chez certains de ces Centristes nouveaux). Déjà que c’est difficile, voire
explosif, entre courants socialistes…

- Ensuite, il me semble que l’idée d’un Centre, devenu plutôt Centre-Gauche par la
seule présence de Nicolas Sarkozy, qu’ils craignent, redeviendra un Centre-droit dès
lors que le spectre Sarkozy cessera d’être agité. En cela, le refus de se positionner de
François Bayrou n’encourage guère dans la direction d’un grand parti englobant la
tendance centriste au sein d’un parti de Gauche et qui ferait scission dès lors que
l’occasion lui serait donnée.

- Ne perdons pas de vue, non plus, que François Bayrou VEUT être Président.
Autrement dit, il faudrait la bénédiction préalable de François Bayrou à toute fusion…
Ce qui n’est pas gagné! D’autant qu’avec sa nouvelle ligne politique, il s’est assuré un
nombre de media faiseurs de rois, assez important pour faire sa promo, plus malgré lui,
d’ailleurs. « La Droite, on a donné, la Gauche, on a donné et si on essayait le

52
Comme ce fut le cas lors des élections présidentielles et législatives. Souvenons-nous aussi que le
P.S. a déjà aidé le Centre, en faisant élire l’U.D.F. Anne-Marie Comparini, aujourd’hui MODEM, aux
antépénultièmes régionales, face à Charles Millon (R.P.R) ayant fait alliance avec le Front National.
Cela avait alors valu à l’ancienne présidente de la région Rhône-Alpes des huées mémorables. Et ce
sont ces bonnes gens de Droite qui viennent nous parler « d’ouverture » et de rassemblement! Enfin,
peut-être qu’ils ont, de concert avec leur grand chef, « changé », eux aussi depuis ce 14 janvier 2007
où la rupture permettait que tout devienne possible… Un vrai conte de fée !

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Centre? ». Ce slogan colle assez bien au buzz qui sourd dans certains magazines. La
création d’un parti est certes quelque chose de très excitant. Bayrou qui pour être
assez anti-Sarkozy, est tout de même – rappelons-le – de tendance Centre-droit, à
moins que les choses n’aient changé et qu’il soit devenu totalement Centre-centre (non
parce que Centre-gauche… Je ne crois pas au Père Noël, non plus!). Dans ce cas, que
n’a-t-il appelé à voter Ségolène Royal à la présidentielle ou pour les députés P.S. aux
législatives, après des décennies de soutien politique à la Droite de la part du Centre?
Et que l’on ne s’y trompe pas, lorsqu’il a dit vouloir travailler avec un certain type de
Socialistes s’il était élu, le choix du sujet n’était pas innocent… Ses propos revêtaient
même un double sens patent! On a rigolé de l’apparente blague de François Bayrou,
demandant un Jacques Delors jeune. Cependant, disant cela, le patron de l’U.D.F. ne
renvoyait pas tant à l’âge de ce dernier, qu’au fait que, plus jeune, Jacques Delors
travaillait aux côtés de Jacques Chaban-Delmas, Premier Ministre de Georges
Pompidou! Je dis ça, moi…

2. Marmelade d’orange

La stratégie « ni de Gauche, ni de Droite » est une stratégie bien pensée. Tout d’abord,
parce qu’elle rameute beaucoup de gens qui ne savent pas pour qui voter, mais qui
veulent accomplir cet acte citoyen. Elle s’adresse à des gens qui pensent que la Gauche
et la Droite, c’est la même chose (ça, c’est une véritable aberration!), ou qui n’ont pas
encore choisi politiquement de quel bord ils étaient. « Pourquoi choisir un bord ?», me
demanderez-vous. « Soyons enfin rassemblés et réconciliés dans la joie du youpi! ».
Oui… Mais non! Choisir un camp par défaut, ce n’est pas non plus une solution. Ce
n’est pas une bonne base pour forger un engagement citoyen et politique, responsable.
En tout cas, ce n’est certainement pas comme cela que le débat politique en sortira
grandit.

Historiquement, le Centre – dont la tentation d’être une force politique de poids,


indépendante, ne date pas d’hier – a, faute d’avoir suffisamment réussi à demeurer dans
la voie du milieu (convergeant presque exclusivement sur sa droite), toujours été affilié
à une majorité de Droite53. D’ailleurs, les députés centristes « félons54 » ont été
reconduits par leur électorat U.D.F. naturel et le temps qui passe devrait leur donner
une légitimité par les urnes, liée à leur constance aux valeurs Centre-droit de feue
l’U.D.F., tandis que les électeurs MODEM, qui voient dans le Centrisme orange des
vertus à nulles autres pareilles, constituent, dans leur majorité, un électorat nouveau
(les néo-centristes, plutôt de centre-gauche, donc), ce qui explique le passage de 6-7%
du début de la campagne, aux 18% enregistrés par François Bayrou (ce n’est pas le
simple fait de l’enthousiasme de Marielle de Sarnez, qui a, par ailleurs, d’énormes
mérites en tant que femme politique et directrice de campagne), au premier tour de la

53
Cf. le Parti Social Libéral Européen ou le Nouveau Centre… ou quel que soit le nom
qu’arborent les anciens compagnons de route de Bayrou ralliés à Nicolas Sarkozy, parce que la
position de Bayrou rompait avec leur orientation de toujours… Enfin, quel que soit le son de flûte (de
pipeau?) qui l’accompagne, une traîtrise reste toujours un acte d’une bassesse innommable! Les
Socialistes peuvent te comprendre, François… Oh, oui!
54
Je dois rendre justice à Ségolène Royal qui a avalisé l’expression après l’épisode Éric Besson.
J’avoue toutefois avoir un faible pour l’expression « mécréant », même si la notion de « félonie » est
particulièrement bien choisie et plus appropriée.

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présidentielle. Le problème, c’est que la grande majorité des Français ont une couleur
politique, bien définie. Avec laquelle ils peuvent transiger sur telle ou telle chose, mais
qui met du temps à se transformer (sinon Sarkozy ferait 100%, dès qu’il joue sur le
portefeuilles… Sur les sentiments? C’est pareil!). Le milieu de Bayrou ne le portera
donc pas à l’Élysée, à moins que… Parce qu’il y a toujours un « à moins que… »! A
moins que Nicolas Sarkozy ne se vautre allègrement. Deux possibilités : l’électorat
fraîchement U.M.P. de 2007, soit retourne au bercail (un peu au F.N., un peu à
Gauche, un peu à Gauche de la Gauche, un peu au Centre), mauvais plan pour Bayrou.
Soit il va en masse au MODEM, auquel cas dans le système bipartite qui s’est dessiné,
cela signifiera que Ségolène Royal n’aura pas mis à profit ces cinq années pour
bétonner son projet pour la candidature 2012 ou que, le P.S. lui aura tout bonnement
préféré un autre candidat, prétextant que « c’est dans les vieux pots que l’on fait les
meilleures soupes »… Ouais, ben, elle risque d’être amère, la soupe! Donc, il faut,
pour que Bayrou l’emporte, que la Droite se viande et que le P.S. reste comme il est!
Cela fait beaucoup de spéculations, mais finalement c’est jouable! Les pronostics lui
donneraient même un avantage… A la condition aussi qu’un nouveau phénomène ne
détourne pas l’opinion de François Bayrou. Or, rien n’est plus versatile que l’opinion…

Deux autres choses donnent à repenser, aujourd’hui le bien-fondé de la position


Bayrou.
La stratégie d’ouverture pratiquée par Nicolas Sarkozy est la meilleure preuve, qu’à
visions différentes, il est finalement peu de sujets sur lesquels on peut politiquement
tomber d’accord… Et cela donne, en plus, une désagréable sensation de vouloir un
parti unique, ce qui est plutôt inquiétant!
Ajoutons à cela que la formation MODEM n’a pas pléthore de postulants pour
constituer un gouvernement, dans l’éventualité du succès de Bayrou à la présidentielle.
Quel programme proposer alors aux Français, sur l’idée « ni de Droite, ni de
Gauche »? Et puisqu’il est peu probable que des gens du Centre, aujourd’hui ayant un
parti indépendant du sien et l’ayant abandonné en rase campagne, reviennent dans son
giron sans décrédibiliser un peu plus encore la politique, que des gens de Gauche se
ruent à ses côtés, sans prendre en considération le fait qu’ils se grillent politiquement,
de même pour les gens de Droite, comment fera-t-il pour gouverner la France? Il
prendra des gens de son parti? La formule est plus que risquée!

3. A bâbord toute!

L’alliance la plus pertinente, contrairement à ce que l’on pourrait croire, consisterait à


créer une fédération de Gauche. Au sein de cette grande fédération, des pôles
constitués autour de grands thèmes verraient des Socialistes, des Communistes, des
Radicaux de Gauche, des Verts, et les L.C.R./L.O. ainsi que les altermondialistes,
plancher sur les mêmes sujets et débattre pour arriver à des conclusions acceptables
pour l’ensemble de la Gauche. Parce que s’il est normal qu’il y ait des nuances de
couleur dans les sensibilités d’un parti aussi large, je ne comprends toujours pas que
l’on puisse trouver de telles disparités au sein des partis eux-mêmes! La création d’une
fédération de Gauche règlera déjà la question des courants, des sensibilités et des
machins…

- Les Socialistes, en tant que représentants d’un parti de gouvernement, possèdent des
ressources humaines, logistiques, qui pourront être utiles à l’ensemble de cette

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fédération et une expérience du pouvoir, qu’elle pourra partager (si déjà entre partis de
Gauche, le partage et la cohésion ne sont pas possibles, ça ne va pas être gagné pour se
présenter devant les Français par la suite!). Le Parti Socialiste a aussi bon nombre de
technocrates, dont la capacité à rendre praticables les idées de cet ensemble politique
sera plus que précieuse ;

- Les Communistes, la L.C.R. et L.O. (pourvu que le parti survive au retrait politique
d’Arlette), même si la L.C.R. veut se recréer, peuvent constituer un pôle chargé de la
politique sociale sur le terrain, menant le dialogue avec les syndicats et repartant à la
(re)conquête des ouvriers et de tous les nouveaux prolétaires qu’a engendré l’évolution
de la société, avec l’explosion du tertiaire aux dépends des autres secteurs d’activité.
De plus, la Gauche protestataire est un bon baromètre, qui interne à cette fédération de
Gauche, pourra indiquer à l’ensemble quand il s’éloigne trop de ses préoccupations de
terrain ;

- Les Radicaux de Gauche (qui sont les représentants du Centre-gauche, dans les faits.
Donc, il conviendrait qu’ils reboostent leur électorat, qui faute d’un appareil
suffisamment visible et audible, est orphelin et se tourne vers celui qui fait le plus de
bruit… Je veux bien sûr parler de François Bayrou), parti historique, spécialiste de la
laïcité et des problèmes sociétaux, pourrait être mis à contribution, sur ces sujets ;

- Les Verts, eux, seraient en charge bien évidemment de la question écologique, avec
l’impératif de mettre cet engagement au cœur des préoccupations de Gauche, sur des
tas d’aspects pouvant avoir intérêt à ce qu’elle le soit. L’agriculture aussi, doit faire
partie de ces considérations ;

- Les Altermondialistes, quant à eux, en rapprochement avec les Verts et la Gauche


protestataire, apporteraient leur jeunesse (le mouvement est le plus jeune de
l’ensemble) et leur activisme, efficace sur le terrain, et leur réflexion sur la
mondialisation et les questions agricoles.

Ensuite, forts des réflexions et de la politique menée sur le terrain, tous ces partis de
Gauche devront essayer d’élaborer, de structurer un projet cohérent, sur la base de
leurs conclusions. Mais le combat sera rude, c’est sûr! Il leur faudra tomber d’accord
sur ce qu’est le projet de cette Gauche, savoir si l’on ne s’adresse qu’à une seule
frange de la population (la Gauche) ou si l’on considère que l’on s’adresse au peuple
français. De la même façon qu’à Droite on a tendance à exclure certaines personnes de
son discours (aujourd’hui, au moins, fait-on semblant de les y inclure), que la Gauche
fasse de l’exclusion est une idiotie totale! Ce que l’on doit avoir comme discours, et il
faudra s’y tenir, ce n’est pas de dire « Vous les petits employés, les faibles, les pauvres,
les enfants d’immigrés, y’a des salauds qui vous exploitent, qui vous écrasent, qui vous
méprisent et qui vous volent le fruit de votre labeur! ». L’idée consisterait plutôt à
dire : « Français, il y a une injustice criante, qui est due aux limites du système
dans lequel nous vivons et que nous perpétuons au mépris du bon sens! Chacun y
joue son rôle et nous ne pouvons pas continuer comme ça! On ne peut pas se
regarder en chiens de faïence, s’ignorer, se détester et vouloir être une nation
rassemblée, aspirant à vivre le mieux possible. Ce dysfonctionnement du système,
nous à Gauche, nous voulons le combattre, et pour cela, nous vous proposons… »
et là on sort ses arguments massue, son programme, bien rôdé, clair, concis et

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applicable! Parce qu’on n’est pas plus cons qu’en face et que des idées, on en a un
paquet ! On ne va pas jouer pas les uns contre les autres, nous devons tous jouer
ensemble. Et ceux qui ne veulent pas jouer collectif, qu’ils aillent se faire voir!

Il y a aussi des idées sur lesquelles on ne doit pas transiger. L’âge de la retraite, par
exemple, fixé à 60 ans sous François Mitterrand, est un véritable acquis social. Et puis,
de toute façon, y toucher n’a pas de sens. Car dans un pays où il y a déjà une sur-
représentation des quinquagénaires chez les chômeurs qui rament pour retrouver du
travail, s’ils ont été licenciés parce que trop vieux, et qui ont donc des petites retraites,
puisqu’ils n’ont pas cotisé suffisamment longtemps pour espérer vivre paisiblement
leurs vieux jours, à quoi servirait de pousser le vice à augmenter l’âge de la retraite,
sous prétexte que comme l’on vit plus vieux, il va falloir en passer par là, sinon pour
les précariser plus encore et les confronter au spectre du chômage plus longtemps? La
question ce n’est pas tant « combien de temps vit-on? », que « comment vit-on? » et
que pour légiférer sur un sujet aussi important, il faut prendre en considération tous les
à-côté! Cela permettra-t-il vraiment de sauver notre système de retraites? Pas sûr. Pas
tant que la perspective de voir des personnes de plus de 50 ans confrontées au
chômage, dont on sait qu’ils ont peu de chance d’en sortir, va crescendo. De plus,
ayons l’honnêteté d’affirmer, que si certains veulent continuer de travailler au-delà de
l’âge de la retraite, et ils en ont parfaitement le droit, d’autres considèrent que donner
40 annuités (merci François Fillon, d’avoir déjà allongé l’âge de la retraite!) à
travailler, surtout dans des métiers particulièrement difficiles, physiquement ou
psychologiquement, mérite qu’on leur accorde du repos! Parce que dans un pays où
l’on finit ses études de plus en plus tard, et où l’on devra enchaîner, un jour, sur…
Disons, quarante trois ou quarante cinq ans de travail… Cela place la retraite à environ
68-70 ans minimum (miam, hein?). Donc, au fond, outre le fait que l’on se sert de
l’argument de la pérennisation du système des retraites pour justifier cette réforme, il y
a un fond d’idéologie derrière tout cela. Je veux bien reconnaître que le travail puisse
être émancipateur, tout ça… Mais prolonger la durée du temps de travail au pro rata
de l’allongement de la vie, cela revient à dire, plus ou moins, que le travail serait une
fin en soi, quand on sait tous que c’est faux! C’est comme pour beaucoup de choses,
un mal nécessaire garantissant la continuité d’une société (le travail étant un produit de
la société et non un besoin physiologique de l’Homme).
Vivre, se limiterait-il à n’apprendre que pour trouver un travail, que l’on fera le
plus longtemps possible? Si tel est le cas, je comprends mieux les imprécations au
dieu Brousouf qui ont jalonné le parcours présidentiel de Nicolas Sarkozy! On
travaille, on travaille, on a plein de sous… Mais, bon sang, que fait-on avec tout cet
argent? Et surtout, soyons logique, quand trouve-t-on le temps de le dépenser? L’idée
d’une vie réussie consisterait-elle juste de s’élever socialement et pécuniairement, pour
se faire un nom, pour exister, pour garantir à nos gamins l’avenir doré, que nous
enviions, enfants, aux gosses de riches? Ou à ressembler en tout point à ce nous
conspuions hier, pour finir par mépriser ceux qui nous renvoient à la face nos
extractions sociales? C’est vieux comme le monde, c’est toujours aussi con, c’est
probablement pour cela que cela fonctionne toujours, mais c’est un modèle de pensée
si primaire que cela ne peut être un rêve collectif! Rêver de se faire du blé, ce n’est pas
un idéal, c’est un poncif! Travailler, c’est un moyen de subsistance et c’est aussi
être utile à la société dans laquelle on vit. C’est maigre comme consolation quand on
a un salaire minable, mais il y a des gens à qui cela suffit pour aller au travail tous les
matins, que d’avoir un toit, à manger et d’être utile. On peut penser que notre pays ne
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mérite pas des gens comme cela et on aurait raison! Parce que les rêves de gloriole
« pognonnesque », c’est de la connerie! C’est bon pour ceux qui veulent prouver des
choses, qui veulent montrer qu’ils peuvent travailler encore plus que les autres, faire du
fric encore plus que les autres (mais au fond, je suppose que ce n’est que justice, dans
un monde où l’on crétinise tous les jours les gens un peu plus, en leur faisant bouffer
de l’émulation à toutes les sauces, distillée dans des concepts télévisés parfaits pour
préparer les esprits à ce genre d’inepties)! C’est terriblement constructif de verser dans
le culte de la performance au mépris de la qualité! Et cela nous ramène à la question de
savoir qu’est-ce que c’est que vivre? Si c’est « travailler plus pour gagner plus », alors,
oui, il y a bien une crise profonde dans ce pays! Quand je vous dis que nous sommes
un pays de Droite…
Qu’est-ce que c’est que vivre? Voilà une question à laquelle la Gauche devrait réfléchir
et apporter sa réponse! Ce serait intéressant de la confronter avec celle de la Droite. Et
dans la foulée, la Gauche devrait se demander qu’est-ce que le travail, cette sacro-
sainte notion dont on a usé et abusé dans cette campagne? Et se mettre d’accord sur la
réponse! Car, je persiste à penser qu’une société où les gens veulent travailler jusqu’à
ce que mort s’en suive ou presque, est une société qui s’emmerde… Pire! C’est une
société qui ne rêve pas, qui n’a plus la moindre imagination (puisqu’elle ne sait pas
comment occuper son temps autrement qu’en travaillant jusqu’à la fin!)… Ou si ce
besoin de travail à vie est guidé par une nécessité financière, c’est que c’est une société
qui se rend complice de son appauvrissement. C’est une société qui accepte de se tuer
à la tâche, sans se battre pour qu’il en soit autrement, afin que la reconnaissance de son
travail lui assure une vie tranquille et une retraite bien méritée, mais qui préfère
quelqu’un qui lui annonce que primo, elle n’aura pas droit au salaire équivalant à
sa force de travail (vieille revendication marxiste, il est vrai! Mais est-ce sa faute, à
Marx, si, plus d’un siècle après sa mort, ses conclusions sont toujours d’actualité?)
dans le cadre de son temps légal de travail, et que c’est seulement à coup d’heures
supplémentaires, qu’elle pourra grappiller quelques miettes de salaire en plus, au
détriment de sa vie familiale, de sa santé psychologique, voire physique (si tant est que
l’on puisse lui en dégager, des heures supplémentaires!)… Et que secundo, elle devra
travailler encore plus longtemps pour pouvoir vivre correctement, une fois
qu’elle aura pris sa retraite (preuve s’il en était encore besoin que c’est une mesure
inégalitaire, étant donné que ceux qui sont riches ou aisés, les héritiers, comme les gros
épargnants, pourront prendre leur retraite plus tôt que les autres)!

Maintenant qu’on a touché au régime des retraites, en repoussant l’âge de la retraite, à


chaque fois que l’on aura encore besoin de le financer, on ne cherchera plus une
solution à long terme, on ne réfléchira plus à une solution économique intelligente pour
pérenniser notre système des retraites… Non, on se contentera de repousser encore
l’âge de la retraite (ou de l’abolir), et les récriminations populaires n’y pourront plus
rien, parce qu’on a déjà cédé et qu’on ne peut plus reculer. La guerre psychologique a
déjà été gagnée par l’État! Par la Droite, en fait…

La réflexion que nous allons engager à Gauche est celle de la dernière chance (faute de
cette réflexion, la Gauche va tout simplement se déliter et c’est vingt ans de Droite
d’un coup, qu’on va se manger! Miam!), et elle se DOIT impérativement d’être le
préalable de l’ACTION d’une Gauche en ordre de marche qui prétendra accéder aux
responsabilités en 2012 et qui sera résolument prête à les assumer (des idées, des idées,
oui! Mais qui débouchent sur quelque chose!). Cohérence, transparence, pédagogie,
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volontarisme, audace, égalité… Le projet du Parti Socialiste et de leurs camarades ne
peut pas se permettre d’afficher la médiocrité des slogans racoleurs du camp d’en face.
De slogans efficaces, oui, mais obligatoirement pertinents, donc ayant du fond! Et
avant tout vrais! Puisqu’il semble que la réflexion doive être menée par la base et les
intermédiaires, plutôt que par la tête, qui n’a pas l’air pressée de s’abandonner aux
délices de LA PENSEE DOULOUREUSE, ni de renoncer à ceux du TAILLAGE
EN PIECES RÉGLEMENTAIRE, chaque démarche individuelle doit être prise en
compte et s’ajouter au pot commun des idées. Le collectif ne nie pas l’individu, il
relativise son importance pour affirmer la primauté de la solidarité (soit les uns
avec les autres) au nom du bien commun, dans un souci d’Égalité, par opposition à
l’égoïsme (soit chacun pour soi… et Dieu pour tous!). Comme il semble qu’il faille le
rappeler, je le fais avec joie.

Quant à ceux qui parlent d’un Sarkozy de Gauche (l’oxymore dans toute sa splendeur!
Voyez pourtant à quel point ces deux termes, violemment antithétiques, sont
choquants une fois accolés? Enfin, c’est vrai que le verbe politique s’est
considérablement paupérisé! On compose avec les figures de style comme on peut…),
qu’est-ce qu’ils n’ont pas compris, dans « la Gauche doit se trouver son propre
style »? Personne n’a à copier le modèle d’en face sous prétexte qu’il a remporté
l’élection! D’abord, parce que, dans cinq ans, le modèle Sarkozy sera has been depuis
longtemps! A quoi servirait donc un Sarkozy de Gauche (Dieu, que c’est irritant!) en
2012? Ensuite, parce que s’il y a bien une idée de Gauche, c’est le droit à la diversité…
Il y a un Nicolas Sarkozy et cela suffit amplement (c’est même déjà limite trop!), point
trop n’en faut! Le droit à la différence, tout ça…

En fait, le seul avantage qu’a l’élection de Sarkozy pour la Gauche (car, il y en a


un!… Si, si, je vous assure!), c’est qu’en premier lieu, c’est un bon coup de pied au
cul (ce qui n’est pas volé! Même si on souffre tous ensemble et que la position assise
est douloureuse à tenir), qui justement devrait nous amener, ensuite, non pas à faire du
« gaucho-protestataire de base », limite diabolisant (car si on ne comprend pas que plus
on parle de lui de façon primaire, voire violente, plus on lui fait une publicité monstre,
et plus on le légitime à nous faire passer pour de vieux – ou de jeunes – cons…
Comme le disait ce bon Georges, « le temps ne fait rien à l’affaire… »), mais à
formuler des réponses de Gauche à sa politique de Droite assumée comme telle et aux
problèmes qu’elle posera à court terme (de manière à ce qu’il n’y ait plus de brouillage
de notre image)! A imaginer une politique vraiment de Gauche. Car je persiste à croire
que la violence de la politique menée par le sémillant Nicolas Sarkozy, va engendrer un
retour de l’idéologie, des structures, par opposition à l’esbroufe sarkozienne et aux
conséquences qu’elle va avoir! En fait, le maëlstrom politique pratiqué par l’actuel
occupant de l’Élysée (encore une expérience tentée par Sarkozy, qui a eu le nez creux,
en tirant les leçons de l’épisode Bayrou), a de bonne chance de réhabiliter la - vraie -
pensée de Gauche, pour lutter contre sa politique! Voire d’inspirer de nouveaux
penseurs! Ce n’est peut-être pas un « choc de confiance », mais ce sera certainement
un « choc de résistance », avant de se transformer en « choc de conscience »! Et s’il est
malheureux qu’il ait fallu en passer par l’élection de Nicolas Sarkozy pour arriver à
cela, c’est toujours ça de pris!

Enfin, quoi qu’il en soit, il va bien falloir que quelqu’un assume sa personnalité, au
Parti Socialiste!. Au moins, Ségolène Royal n’a-t-elle pas ce défaut-là! Elle a (et c’est
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d’ailleurs, ce qui doit lui valoir à la fois tant d’inimitiés et de ferveur populaire) de la
personnalité… Elle reste telle qu’elle a toujours été, elle fait du Royal! Elle ne se
cherche pas une personnalité de substitution! Tout n’est pas parfait, mais, elle assume
ce qu’elle est! Ce n’est pas la plus à Gauche, c’est un fait, mais ce n’est certainement
pas la plus à Droite! Et puisque je la crois douée de quelque intelligence, et bien que je
comprenne sa position du moment, je ne doute pas qu’elle arrivera à la conclusion que
la Gauche a besoin de se repositionner à Gauche. Je dois même dire que je la
soupçonne de l’avoir déjà un peu anticipé… Mais bon, après, s’il y en a qui le veulent
vraiment leur Sarkozy de Gauche (décidément, je ne m’y fais pas!), qu’ils fassent!
Qu’ils désignent l’heureux(se) élu(e)! S’ils veulent se prendre une quatrième branlée…
Qu’ils ne comptent pas sur moi!

Évidemment, si bien des gens aux alentours y vont de leur petite critique ou de
leurs exhortations, limite de leurs injonctions à la « rénovation », tout en
insistant sur le fait que c’est ou trop tard ou impossible, et donc en appellent,
voire plébiscitent un choc frontal entre tous les courants, groupes, sensibilités du
P.S., pour que ça explose (et même si c’est vrai qu’il faut vraiment qu’il se passe
un truc!), ce n’est pas toujours totalement désintéressé, c’est surtout que ça ferait
plaisir à beaucoup de monde… Événement politique considérable (hou, que ce
serait excitant!), coup de pouce au MODEM, fin de la bien embêtante et
principale force d’opposition, possibilité pour chaque ambition socialiste de se
rêver entrer à l’Élysée… Ah oui, une vraie avancée pour la démocratie55
française, que l’éclatement du Parti Socialiste! Beaucoup de gens y trouveraient
leur intérêt…
D’où une vigilance à avoir, vis-à-vis de la soi-disant opinion publique, qui n’est pas
toujours si publique que cela. Sans mépriser les conseils extérieurs pertinents venus de
toute part, c’est avant tout une réflexion personnelle des socialistes, de la Gauche, qui
doit s’effectuer, sinon cela risque d’altérer plus encore son identité (déjà bien fragile).
Forte d’une identité assurée, la Gauche, le Parti Socialiste pourront alors s’ouvrir à une
réflexion plus globale.
On ne tire aucune gloire à épouser le point de vue de tout le monde, car on s’expose
ensuite à la vindicte populaire, attendu que « qui trop embrasse, mal étreint » et que
l’on ne peut satisfaire tout un chacun. Un(e) responsable politique est une personne
ayant des convictions personnelles, pas une éponge! A lui/elle de tirer de ses
convictions un moyen de répondre efficacement aux problèmes auxquels il doit faire
face et une force de persuasion. Parce que si chaque personne pouvait convaincre les
autres que ses idées sont les meilleures pour améliorer la société dans laquelle elle vit,
il n’y aurait pas besoin d’hommes ou de femmes politiques! C’est une chose qu’il
convient de rappeler parce qu’apparemment ce n’est pas toujours clair…

Je reconnais, quand bien même je suis amenée à les critiquer, que j’ai besoin des
hommes et des femmes politiques, dont l’action est relayée par les technocrates (et

55
Le terme de démocratie est un terme générique. Ainsi, recouvre-t-il parfois des réalités moins
reluisantes. J’ai d’ailleurs toujours tenu le régime français, dans lequel nous sommes, non pas tant
comme une démocratie qu’une République monarchique, ce qui fait une grande différence! La III ème
République ayant été fabriquée initialement en ce sens et la V ème République, ayant été articulée
autour d’un seul homme, un monarque, donc, stricto sensu.

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sans qui les politiciens ne feraient pas grand’chose, en fin de compte) et que de leur
travail à tous, dépend une partie de ma tranquillité d’esprit56. Je sais que le
fonctionnement d’un État est une chose extrêmement complexe qui nécessite des
connaissances et des compétences qui me font défaut. Et si certains aspects me
concernent plus que d’autres ou me sont plus connus, je sais aussi que la politique,
c’est de l’argent, des moyens accordés branche par branche, que l’on doit tenir compte
de l’équilibre des finances publiques (non, parce que moi, je donne de l’argent à tout le
monde, je fais de l’art la principale [pré]occupation des Français et en une semaine,
nous devenons le tiers-monde!). Aussi, je me garderai bien de taper aveuglément sur
les politiciens, et surtout sur les technocrates que l’on accuse de tous les maux, alors
qu’ils planchent sur les politiques publiques de manière minutieuse, s’affairant à réaliser
les promesses électorales – parfois assez hautement démagogiques – que font les
candidats avant de prendre leurs fonctions ou tout du moins essayent… Je ne remets
pas absolument pas en cause le bien-fondé de l’existence de toutes ces bonnes gens
(sans qui on s’emmerderait copieusement, reconnaissons-le! De quoi parlerait-on lors
du traditionnel déjeuner dominical en famille, sinon?… Oui, de quoi?), mais leurs
moyens de persuasion et leurs méthodes, voire leurs doctrines pour certains.

56
Enfin cela dépend surtout de qui sont ces femmes et hommes politiques. Il y a des politiques de
Droite que je ne déteste pas et même que j’apprécie, tout comme il y a des politiques de Gauche que je
ne peux pas souffrir! Une partie de mon « radicalisme » tient à des points sur lesquels je ne peux, je
ne veux transiger. En revanche, j’essaye d’avoir, autant que faire ce peut, le sens de la nuance.
D’ailleurs, prendre la défense de Ségolène Royal de façon si manifeste et personnelle, procédait de
cette démarche, ce n’était pas mon intention initiale. Mais c’est sans doute ce qui fait la force du
personnage de Ségolène Royal, ça met le temps (ça m’a bien pris 17 ans), mais lorsqu’on s’y attache,
pour je ne sais quelle étrange raison, on a du mal à s’en défaire!

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La nécessaire critique de 2007

Parce que tant qu’on n’a pas tiré de leçons de ses erreurs, on n’avance pas, et qu’il faut
bien en passer par la critique, positive et négative. A tout seigneur, tout honneur, je
commencerai donc les joyeusetés d’usage en attaquant par Ségolène Royal.

1. Ségolène Royal

A. L’accusation

Il y a trois principales choses à dire, qui ne tiennent pas à la « bravitude », au nombre


de sous-marins nucléaires français, et autres péripéties hautement insignifiantes… Car,
aussi vrai qu’ils ne sont pas là pour être nos copains ou nos copines, les hommes et les
femmes politiques ne sont pas non plus des singes savants ou des otaries qui jouent
avec un ballon!

- Une chose m’apparaît criante, certainement le fait de sa primo-candidature, et du


moment où, Ségolène Royal a enfin trouvé l’opportunité réelle de se présenter comme
candidate, comme je l’ai déjà dit, face à un candidat qui se prépare (et accapare les
media) depuis cinq ans de façon visible (et certainement plus, mentalement… A quel
âge Nicolas Sarkozy a-t-il commencé à se raser au juste?), c’est le manque de clarté!
La volonté de trop en dire, sur trop de choses, et qui ne contribue qu’à rendre difficile
sa lisibilité.

Ségolène Royal a lancé beaucoup d’idées, tous azimuts, sans pour autant donner une
forme homogène à son projet. Je le dis avec d’autant plus d’aisance que malgré le fait
que j’ai joué de pédagogie, usant d’acrobaties verbales, pour expliquer les propos de la
présidente de Poitou-Charentes à des rétifs ou des indécis, quand bien même « le Pacte
Présidentiel » n’avait pas ma totale approbation (mais qui peut se targuer de faire des
programmes qui plaisent à tout le monde, sur tous les points?), je voyais bien le trouble
qui s’emparait de mes interlocuteurs. Je n’étais pourtant pas une militante P.S., mais je
sentais, en tant que personne de Gauche, qu’il fallait bien que je mette la main à la pâte.
La confusion dans les propos de la candidate tient selon moi, à ce que j’ai dit plus haut,
à savoir que Ségolène Royal n’a pas attendu 2005-2006 pour penser se présenter à
l’élection présidentielle française, qu’elle en a saisi l’occasion (on ne se réveille pas un
beau matin en se disant : « Tiens! Je me présenterais bien à l’élection présidentielle
aujourd’hui! »)!

Son idée de démocratie participative – outil visionnaire, qui nécessite un complément


didactique pour être véritablement génial – engagée par elle à l’échelle picto-
charentaise, était difficile à tenir sur un laps de temps aussi court que l’intervalle entre
l’investiture et le début de la campagne, à échelle nationale, avant de synthétiser les
multiples données issues des débats participatifs, et à formuler intelligiblement ce qui
en ressortait.

Il s’agit donc d’une mauvaise préparation, plutôt que d’une impréparation. Un mauvais
timing, quoi! Elle aurait gagné à préparer en amont un programme exhaustif, qu’elle
aurait pu affiner à l’issue de tous ces débats. Là, on a eu l’impression que c’était
l’inverse qui se produisait. Je n’entends cependant pas ajouter ma voix à celles qui –

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bien péremptoirement – affirmaient que la candidate socialiste manquait d’idées.
Ségolène Royal a un corpus idéologique qui lui est propre, qu’elle tente de concilier
avec les valeurs socialistes, et je crois que beaucoup de thèmes ayant affleuré durant
cette campagne sont des thèmes que portaient Ségolène Royal ou dont elle avait eu
l’intuition qu’ils étaient cruciaux (même si certains me paraissent poussifs!). D’où une
certaine empathie entre les Français qui ont « participé » et elle. Malheureusement,
l’expérience n’était pas assez bien rôdée, pour être efficace à 100%. Creuser dans cette
voie reste une chose intéressante et importante, qui portera ses fruits, lorsque l’outil
sera maîtrisé.

- Une autre des erreurs de Ségolène Royal, c’est d’avoir joué sur son genre avec tant
d’insistance. On le savait tous, Ségolène Royal est une femme! Là, je pense que même
ceux qui font preuve de la mauvaise foi la plus éhontée à son égard, feront consensus
sur la question. Si cet état de fait était à la fois un avantage et un inconvénient pour
elle, autrement dit une donnée centrale, et si lorsqu’elle parle d’elle, elle ne peut se
présenter autrement que comme une femme, je trouve qu’elle en a un peu trop fait sur
le sujet. Au point de susciter un certain agacement. D’autant qu’elle invoque, en plus,
de façon quasi systématique, son statut de mère, dont on est content qu’elle en soit
satisfaite, mais qui, honnêtement, n’est que très moyennement intéressant, pour faire
dans l’euphémisme poli. Alors, bien sûr, le caractère inédit de son statut de femme
possiblement éligible à la plus haute fonction de l’État, peut faire penser que si
d’aventure Ségolène Royal se représentait à l’élection présidentielle (ou une autre
femme, un jour, en position d’être élue), le précédent créé par elle, permettrait d’en
finir avec cette affirmation de la « féminitude » ou de « maternitude »57 (mais qui
procède un peu aussi de la figure « maternaliste », qu’elle représente)!

En réponse à celles qui dénoncent son manque de féminisme (encore un dogme qu’il
faudrait vraiment repenser en profondeur!), beaucoup de mots me viennent, mais ils ne
sont ni aimables, ni particulièrement châtiés, je m’abstiendrai donc de les écrire… Si je
déplore que son statut de femme lui ait certainement coûté des voix, même s’il lui en a
sûrement apporté d’autres, je n’entends pas jouer le jeu de la primauté sexuelle sur le
reste! Son genre est, au mieux, la valeur ajoutée de Ségolène Royal, mais en aucun cas
ce ne doit être l’unique raison de vouloir la faire élire… Pour peu que l’on soit – même
un peu – de Gauche! Voilà encore un exemple de ce qui me désole dans le discours
féministe moderne : le communautarisme primaire.
Dirait-on, par exemple, que le démocrate Barack Obama (à côté de qui Ségolène
Royal fait figure de guévariste forcenée… C’est tout dire!) devrait devenir
Président des États-Unis, simplement parce qu’il est noir, au mépris de ses
qualités comme de ses défauts, qui sont à prendre en compte dans sa
candidature, si l’on veut être honnête intellectuellement? Ça n’aurait pas le
moindre sens! Pire, ce serait d’une idiotie crasse! Cela reviendrait à vouloir
ériger des contre-systèmes de valeur aussi ineptes que les systèmes de valeur en

57
J’assume d’utiliser des « ségolismes », puisque non contents de l’avoir charriée sur ses aptitudes à
créer des néologismes, les media ont fait de Ségolène Royal une faiseuse de tendance, même si, elle
n’a fait que relancer cette fâcheuse habitude « so 90’s » d’inventer des substantifs en « -itude »!
Souvenez vous, « zénitude », « beaufitude », « coolitude » et autres joyeusetés linguistiques du même
ordre…

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place. Ce serait donc s’abaisser au niveau abyssal qui les caractérisent! Sauf à
dire que l’on doive obligatoirement répondre à la connerie par la connerie, et
là…

- L’erreur majeure de Ségolène Royal, selon moi, c’est d’avoir volontairement bridé sa
personnalité, pour se rendre plus consensuelle qu’elle ne l’est. Ségolène Royal n’est
pas vraiment une « pasionaria gauchiste », convenons-en! Son socialisme est une vision
personnelle, mélange entre le mitterrandisme (LA référence socialiste, au moment où
elle s’est engagée en politique), des influences extérieures (bonnes ou mauvaises, après
c’est une question d’appréciation), une expérience sur le terrain de vingt-cinq ans, des
valeurs personnelles et une réflexion sur la doctrine initiale à la lumière de tous ces
éléments. Pour moi, qui ait une vision plus radicale de la Gauche58, elle représenterait
même plutôt une ligne limite Centre-gauche, tendance démocrate-chrétien, avec de
socialiste, un certain humanisme et des valeurs structurantes qui induisent justice,
partage, égalité, etc. Mais je suis mauvaise langue! Seulement, contrairement à
beaucoup de hiérarques socialistes, Ségolène Royal n’est pas sectaire, elle a su le
montrer. Et c’est ainsi, qu’elle, a pu sentir le besoin de fraîcheur, de mouvement,
qu’attendaient certaines gens de Gauche. Il lui manque juste un petit fond de
radicalisme, qui fait le charme du verbe de Gauche, pour la « mauvaise graine
gauchisante59 » que je suis, mais qui ne fait – hélas – pas recette pour briguer
l’Élysée60!

L’originalité de Ségolène Royal, c’est d’être plutôt cash, un rien provocatrice, d’avoir
des tripes et de revendiquer ses opinions souvent controversées, mais jamais
consensuelles. Franchement, au point où elle en était, à lutter contre, dans son camp,
les vieux barbons omniscients du P.S., les tenants de la Mitterrandie canal
historique – qui radotent encore sur la campagne de 1981, les éternels champions au
panache en berne et à la monture agonisante et les bien-pensants de la Gauche
(qui tous – tous! – la détestent et à qui elle le rend bien, aussi!), qui ne se sont jamais
autant manifestés que lorsqu’elle est entrée dans la course à l’investiture socialiste61, et
ceux du camp d’en face qui, de toute façon, voulait se la payer, elle n’avait rien à

58
Même si j’ai depuis longtemps compris qu’idéal et politique sont incompatibles. Un idéal, peut
être un prétexte politique, un alibi, mais il est indissoluble dans la pratique politique, qui réclame un
pragmatisme de bon aloi. On peut à la limite teinter d’idéal, la politique que l’on mène, cela lui donne
vaguement une couleur… C’est aussi une des raisons pour laquelle que je ne fais pas de politique,
même si, allez savoir pourquoi, cela me passionne depuis mon enfance. Il me faudrait renoncer à des
idéaux que je n’ai pas envie d’abandonner et cela me rendrait plus cynique, plus blasée, que je ne le
suis déjà!
59
Je me suis entendue dire cela une fois et cela m’a fait beaucoup rire. Alors je reprends
l’expression, qui est franchement drôle… Débile, donc drôle, fatalement!
60
Il est d’ailleurs assez troublant de constater que le seul Président de Gauche jamais élu venait
originellement de la Droite! Mais son intellectualisme l’adoubait largement aux yeux de
l’intelligentsia urbaine de Gauche et son charisme faisait le reste ailleurs. Enfin, souvenons-nous
quand même que Mitterrand s’y est repris à trois fois avant de l’emporter!
61
Rappelons encore une fois que les victoires aux élections cantonales, régionales et au Parlement
Européen ne sont que le fruit d’un rejet populaire de la politique de Raffarin. De 2002 à 2005, le pouls
du P.S. était fébrile, légèrement ravivé par les élections susmentionnées. De 2005 à 2007 on n’a
jamais autant vu, entendu les Socialistes, sauf pendant l’épisode du C.P.E. et la campagne
référendaire sur la Constitution Européenne, laquelle a replongé le P.S. dans le coma.

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perdre! Elle n’aurait pas dû renoncer si brusquement à son sobriquet de
« Zapaterreur »! Elle aurait dû y aller plus franco! Ça hurle au Parti Socialiste? Et
alors? Au moins, ça prouve qu’il est toujours en vie, ça alimente le débat! Ça hurle
dans le camp d’en face? Et alors? Ça fait venir l’U.M.P. sur son terrain (quand ce qui
s’est produit dans la campagne 2007, c’est l’inverse! L’U.M.P. a fait venir la Gauche
sur son terrain, brouillant ainsi le message de la candidate, en l’obligeant à se
positionner de façon systématique sur ses thèmes62…). Elle se montre dure à l’égard de
certains de ses interlocuteurs? Cela fait partie de sa personnalité et je ne vois pas
pourquoi elle s’est volontairement affadie.

B. La défense

« Avec des certitudes, point de style : le souci du bien-dire est l’apanage de ceux qui
ne peuvent s’endormir dans une foi. A défaut d’un appui solide, ils s’accrochent aux
mots, semblant de réalité; tandis que les autres, forts de leurs convictions, en
méprisent l’apparence et se prélassent dans le confort de l’improvisation. »

Émile Cioran, « Syllogismes de l’amertume ».

Il m’apparaît assez injuste, et en cela, le fait qu’elle soit une femme est à double
tranchant, que les seules images (qui sont le reliquat des critiques entendues pendant sa
campagne), que l’on ait gardé de Ségolène Royal soient ou bien celles d’une
ravissante idiote, ou d’une « mère la morale », ou encore d’une manipulatrice63,
pour peu qu’on ne l’aime pas ou d’une icône, d’un souffle encourageant, mais déjà
passé, si l’on est partisan, mais pas trop! La mauvaise foi avec laquelle on la juge est
par trop excessive à mon sens. Cette mauvaise foi dans les propos du camp adverse ne
me choque guère, le contraire me paraîtrait même suspect. En revanche, venant de la
Gauche, elle m’offusquerait presque, si je n’avais pas conscience des surenchères de
gauchisme garantes de l’esprit de… De quoi, au fait? C’est ça le problème, je crois
qu’ils ne se souviennent plus trop. Peu importe!

RAVISSANTE IDIOTE, SÉGOLÈNE?

Comme je le disais plus avant, bien que de formations et de parcours différents,


Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont en commun d’avoir commencé la politique à
peu près à la même époque (fin des années 70, début des années 80) et d’en avoir gravi
tous les échelons en vingt-cinq ans, de façon très talentueuse. Pourtant, de ce simple
postulat de départ, naît une interrogation inquiétante : comment ce qui fait la légitimité
de l’un, n’a pu faire celle de l’autre (mais à jouer les Brutus…)?

62
Mais comment est-il possible que le message de l’U.M.P. ait été si audible?… Oui, en effet,
comment?
63
Je me cantonne aux principales critiques et perfidies que j’ai entendues. Il y en a plusieurs autres,
mais elles sont plus marginales, et comme je ne me suis pas engagée à écrire tout cela, dans l’espoir
de rivaliser en nombre de pages avec ce chef d’œuvre de Tolstoï qu’est « Guerre et Paix » ou encore à
détrôner les « Mémoires d’outre-tombe » de Chateaubriand, je préfère en rester là, dans les critiques.
Encore que… « Guerre et Paix »… Nicolas Sarkozy en pseudo-Napoléon et Ségolène Royal en
Natacha Rostov…

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S’il y a du François Mitterrand chez Royal (et il y en a), il y a un peu de Jacques Chirac
aussi (le bon côté de Chirac, oserais-je dire). Il y a du Chirac en Royal, parce que
comme lui, elle a su faire oublier qu’elle appartenait au sérail énarco-politique. Elle n’a
pas fait campagne en vomissant son C.V. (pourtant à rallonge!), afin d’essayer de
prouver qu’elle était à sa place, en briguant l’Élysée. Je crois profondément qu’elle ne
doutait pas de sa légitimité à être là, en tant que femme politique. Elle n’a décliné son
pedigree que lorsque, benoîtement, on lui demandait comment elle en était arrivée là
(???). Il y a du Chirac en Royal, parce que son enfance dans les Vosges et son
implantation en province lui ont donné cette façon si particulière d’appréhender
l’humain, que quiconque n’ayant pas vécu dans une petite ville ne peut pas
comprendre.
Là, s’arrêtent les comparaisons avec notre ancien Président. Lesquelles comparaisons64
n’ont pas pour but de jeter le trouble sur l’orientation politique de Ségolène Royal
(quand après 12 ans de présidence de Jacques Chirac, bien malin celui qui pourrait
définir l’orientation politique de celui-ci, tant elle est confuse! Le moins hasardeux
serait de dire que Jacques Chirac a inventé le Centre, au sens de « voie du milieu »…
Enfin, d’autres trancheront cette question plus tard et réécriront l’Histoire), mais
simplement de dire que face à Sarkozy, le citadin, Royal fait figure de provinciale. Je
dis bien « fait ». Car, il serait très réducteur de cantonner la socialiste à cette image
convenue (la « Madone du Poitou »!… Franchement, il y en a qui n’ont peur de rien!
Mais bon, à son sujet, on n’en est plus à un raccourci près!). Comment reprocher à
Ségolène Royal un défaut de « crédibilité », de « carrure », dès lors qu’outre la jolie
femme politique en tailleur et talons que l’on nous présentait bien volontiers, on n’a eu
de cesse de lui demander de les démontrer, quand elles étaient acquises de fait à son
principal rival. Et au principal outsider. Car, c’est un fait, François Bayrou (celui-là
même dont on se gaussait en 2002, à cause de son bus au colza, qui « n’avait pas la
carrure », même avant 2007…), on peut le déplorer, n’a pu acquérir de la « carrure »
durant la campagne présidentielle, que sur le présupposé manque de celui de Royal.
Ça, et un créneau qu’il s’est ouvert en ayant l’outrecuidance (mais c’est de bonne
guerre!) de vilipender vertement les journalistes sur les plateaux télé de son manque de
visibilité – c’est quand même un comble! – à la télévision? Nicolas Sarkozy, déjà
omniprésent dans les media depuis cinq ans, il l’avait aussi sa crédibilité. Du coup, non
seulement Ségolène Royal se devait d’avoir un programme parfait à tout point de vue

64
Ces aspects de Jacques Chirac, personnage mystérieux s’il en est, en ont fait le personnage
sympathique qui restera dans les mémoires. La reconnaissance de la collaboration française durant la
Seconde Guerre Mondiale (et son refus de se rendre sur la tombe du maréchal Pétain, contrairement à
ses prédécesseurs), de l’esclavage et les positionnements hautement symboliques, respectueux de nos
valeurs, comme le refus d’intervenir en Irak et son activisme en faveur de l’application de la « taxe
Tobin », sont à mettre à son crédit, comme le Musée des Arts Premiers, qui témoigne du refus de tout
ethnocentrisme de Jacques Chirac. Si, politiquement, je lui reproche tout le reste, ce n’est rien au
regard du reproche que je lui fais de ne pas avoir su ou pu dépasser son hermétisme (pour continuer
dans l’euphémisme), à nommer Nicolas Sarkozy Premier Ministre au lieu de Raffarin ou de Villepin
(avec tout ce que cela implique)! Je reconnais une certaine idée de la France à Jacques Chirac, qui, par
certains aspects se défend, quand celle de son successeur me scandalise. Pas parce qu’elle serait
nouvelle (elle ne l’est pas!), pour moi, le changement est naturel (enfin, tout dépend de la réalité que
revêt ledit changement!), mais parce que l’idée de la France qu’instille Nicolas Sarkozy depuis cinq
ans, ne s’harmonise guère avec les valeurs auxquelles je crois et que je défends. Ah, si on nous avait
dit que l’on regretterait, à Gauche, le tandem Chirac/Villepin, il y a encore un an, il y aurait eu
suffisamment de dents de Gauche dehors, pour fournir de la lumière à la France pendant un an!

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(du genre tout en un, limite avec option lave plus blanc…) et convaincre en
permanence qu’elle avait autant de légitimité que les deux autres d’être là. Pendant ce
temps on entendait « Travailler plus pour gagner plus » ou « ni de gauche, ni de
droite », mais on scrutait le moindre faux pas de Royal, pour pouvoir étayer la thèse
selon laquelle elle n’avait pas l’étoffe. Comme avec la fameuse « bravitude », dont on
voit objectivement qu’elle veut faire de l’humour (Arrête l’humour, Ségolène! Ce n’est
pas ton truc. Ne te sens pas obligée! Continue à faire du second degré discret, ça, c’est
ton style…), attendu qu’elle était quand même morte de rire en balançant son truc.
Alors, à moins, qu’elle n’ait voulu participer au concours du « roi de la blague », je
n’ai toujours pas compris en quoi ce néologisme (à l’heure où il naît plusieurs par jour,
et des franchement plus cons!) la rendait impropre à quoi que ce soit. Les dés étaient
donc pipés dès le départ.
Était-elle ferme, qu’elle était autoritaire. Souriait-elle un peu trop, qu’elle était niaise.
Était-elle un peu technique qu’elle était confuse. Voulait-elle faire plus simple, qu’elle
était conne. Portait-elle tel vêtement, qu’elle était trop soucieuse de son image. Aurait-
elle été moins attentive à ses fringues, qu’elle aurait été ringarde ou souillon. Était-elle
cash, qu’elle était démagogue. Se montrait-elle plus mesurée, qu’elle n’avait pas
d’idées. Était-elle trop présente dans les media, qu’elle était accaparatrice. Ne la
voyait-on pas, qu’elle se cachait65. Était-elle novatrice, qu’elle était incompétente.
Tenait-elle un discours plus dans la ligne du P.S., qu’elle était rétrograde. Avançait-elle
sur sa propre ligne (qui est celle qui l’a menée à être investie), qu’elle n’avait pas le
soutien de son parti. Allait-elle chercher les membres épars de son clan, qu’elle
« ressortait les éléphants ». Trop féminine, pas assez féministe, pas assez dure, trop
agressive, trop bourgeoise, pas assez distinguée… On en avait tous les jours des
couches et des couches pour apporter de l’eau au moulin de l’incongruité de sa
présence dans la course à la Présidence (et Dieu sait si on a pu nous les briser sur le
sujet…)!
Ségolène Royal, ravissante idiote? Non, juste une femme politique qui a dû composer
avec un brouillage constant de son message par les nombreuses – et souvent
contradictoires – analyses médiatiques de son image et de son discours (la forme au
mépris du fond, toujours…). Amoureux d’une image, le système médiatique a
découvert derrière un être de chair et de sang, bien plus complexe qu’il ne l’avait
imaginé au départ, et qui, trop difficile à résumer, dans un monde on l’on doit pouvoir
tout cataloguer en quelques secondes, devait rentrer dans le cadre qui serait le plus
simple et le plus vendeur : l’image! Comme si les media n’avaient voulu nous l’offrir
en pâture telle un jouet, que pour mieux la casser ensuite! Mais elle est toujours en un
seul morceau et cela prouve que cette quinquagénaire atypique, qui, dès 1995, a songé
à se présenter à l’élection présidentielle66, n’est pas une simple création des media,
assertion pour le moins méprisante pour sa carrière et son intelligence. Elle a juste saisi
l’opportunité de le faire (comme tous ceux qui ont un jour suivi le chemin élyséen. On
ne se lance pas dans une telle entreprise sans tenir compte de la conjoncture

65
D’où sa célèbre phrase « Même quand je ne dis rien, ça fait du bruit », qui lui a valu le prix
politique de l’humour en 2006 (?)… Pourtant preuve en est qu’elle avait raison, puisque quand
Ségolène Royal n’est pas physiquement dans les media, on le commente à l’envi, on n’en finit pas de
gloser. C’est donc cela, « le bruit » : le caquetage médiatique !
66
Imaginons une femme de 41 ans voulant défier les géronto-phallocrates… Délire! Non,
franchement, elle est rock’n’roll!

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médiatique)! Signe d’un esprit d’à propos, d’ailleurs! Et comme il se trouvait que les
media lui étaient favorables… Arrêtons deux secondes l’hypocrisie! La popularité
n’est-elle pas toujours le préalable à toute candidature présidentielle?

« MERE LA MORALE », SÉGOLÈNE?

S’il y a quelque chose de troublant dans « le personnage Royal », c’est qu’autant elle a
fait fi du carcan traditionaliste dont elle était l’héritière pour prendre en main sa vie,
autant elle a sur certains sujets des valeurs qui pour être traditionnelles ne sont pas
forcément réactionnaires, mais déconcertent assurément. Aucun être humain n’ayant
réussi à s’exonérer de paradoxes, que je sache, il me semble juste d’accepter que
Ségolène Royal en ait aussi. Sans rentrer totalement dans la psychologie du personnage
(parce que quand bien même nous serions des observateurs avertis, nous ne sommes
pas dans sa tête et nous ne pouvons donc décemment pas prétendre pouvoir interpréter
chacun de ses paradoxes!), au mieux pouvons-nous avancer des explications ou
essayer de la comprendre.
Le fait qu’elles soient traditionnelles ne rend pas invariablement certaines valeurs
dépassées. Ainsi en est-il de la sécurité. Sauf à dire que le problème de la sécurité doit
être laissé au bons soins de ceux qui en ont le plus besoin ou rester une prérogative du
parti politique adverse, ce qui serait soit d’un cynisme sans nom, soit d’un rare
aveuglement, aborder le problème très « touchy » à Gauche de la question sécuritaire
n’est pas une nécessité (mais heureusement qu’il y en a que ça préoccupe, quand
même, comme par exemple la « jeune » – elle est plus âgée que moi, mais bon… –
Delphine Batho)!

Si la forme est à revoir, sur le fond, au moins Ségolène Royal a eu le bon sens de
penser, de parler et de proposer de remédier au problème réel de la sécurité. Qu’il
s’agisse de viol, de délinquance, de criminalité… Je ne dis pas qu’elle a raison sur tout,
mais au moins a-t-elle eu le courage d’aborder cette question. On ne peut, en effet, pas
s’avancer devant un peuple en niant des réalités auxquelles il est confronté. Pourtant,
dès lors qu’elle a effectivement abordé le sujet, Ségolène Royal s’est vue taxer d’avoir
un discours droitier (?), de verser dans le sécuritaire, de faire le jeu de la Droite… Et
en plus, elle parlait d’« ordre », l’effrontée! D’« ordre juste », plus précisément
(emprunté à la dialectique chrétienne). Il y a dans la compréhension de ce concept
quelque chose qui révèle, une certaine tendance franco-française dont je ne m’exclus
pas. Je m’explique : la simplicité de ce concept, qui ne veut pas dire autre chose que ce
que ses deux termes signifient globalement, donne un faux effet simpliste. Or,
simplicité et simplisme ne sont pas la même chose. L’« ordre » ici, a un sens général.
C’est autant l’idée de remettre de l’ordre dans le système institutionnel français, que de
remettre de l’ordre dans le système économique français, que de remettre de l’ordre
dans la société française. C’est un tout. Structuré par des règles, composantes de
l’ordre et de la justice, un État n’est-il pas plus efficace? Au fond, ce concept d’« ordre
juste », n’est rien d’autre qu’une solution à un État en désordre (postulat de Ségolène
Royal, donc), qui fabrique de l’injustice parce que ses règles ne sont plus adaptées à la
situation. D’où l’adjectif « juste » accolé au mot « ordre ».

Malgré tout, le simple mot d’« ordre » renvoie de façon pavlovienne notre cerveau
vers une idée de sévérité, de restriction, de police, etc. Quant à la justice, ici, elle aurait
presque une tonalité utopique, donc irréaliste, et elle est annulée par la force du mot

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« ordre »… L’association de ces deux mots nécessite toujours, en ce qui me concerne,
un temps d’adaptation, car, magie de l’esprit, mon fonctionnement intellectuel retors se
méfie des concepts trop simples. Alors que c’est de la simplicité que naissent, la
plupart du temps, les meilleures idées. Si le concept est simple et l’énoncé tout autant,
cela ne signifie pas que sa mise en application ne sera pas complexe. Bien au contraire!
Mettre en chantier une réorganisation totale d’un État, pour sauvegarder ce qui doit
l’être et remettre de la justice, de l’égalité – justice fondamentale – là où il y en a
besoin, et lui assurer un fonctionnement pérenne, ce n’est pas vraiment une promenade
de santé (ou alors, que ne l’a-t-on fait avant?)!
L’« ordre juste » a donc fait crisser des dents à Gauche, réflexe de Pavlov oblige
(thématique chrétienne et ordre… La coupe était pleine!). Pour autant, n’est-ce pas
formidable de mépris pour ceux, et ils sont nombreux, qui n’étant pas blasés (ni
pointilleux) au dernier degré (et c’est autant mon autocritique que je fais ici!), ont
compris pour ce qu’il était ce concept? La question reste posée…
Ainsi a-t-on pu assister à la critique en règle d’une Ségolène Royal autoritaire, voire
autoritariste. Autoritaire, elle l’est sûrement, selon les circonstances. Nous le sommes
tous plus ou moins, selon les circonstances! D’ailleurs, elle n’a jamais dit le contraire.
Ceci étant, un chef d’État doit pouvoir faire preuve d’autorité, quand il le faut.
Justement, ça tombait bien! Mais ce n’était pas encore fini… Non! Aux péroraisons
pseudo-analytiques, il fallait en rajouter sur le physique! « Trop rigide », « l’air trop
strict », un phrasé et une voix particulièrement monotone et monocorde, ce qui n’a pas
plus d’importance que ça (chaque Président ou présidentiable a toujours eu ses
particularités physiques, verbales, voire vocales…), a pris des proportions telles,
qu’ajoutées à ses déclarations sur la sécurité et l’« ordre juste », à son rappel qu’elle
est une mère (en même temps, si elle le ressent si profondément d’être une mère, est-ce
un crime? Oui, même moi, ça m’agace au plus haut point quand j’entends parler
famille! Ce n’est pas mon truc! Bon, ben, c’est le sien… Et après?), on en a fait une
« Mère la morale », véritable allégorie de la « bien-pensance » casse-pieds d’hier,
possible initiatrice d’un retour à un passé moraliste fantasmé. A peine n’adoptait-on
pas des mots fleurant bon le temps de jadis (type naphtaline, crinoline, etc.) pour
souligner chez elle « une manière de penser surannée » (ces bonnes gens ne doivent pas
être déçues du voyage, aujourd’hui…)!

C’est drôle de constater que malgré le fait que dans le domaine de la gestion des
sociétés, on n’a encore jamais apporté, ni inventé de solution définitive à un problème,
on puisse envisager le statu quo sur une question aussi cruciale, aujourd’hui, que la
sécurité ! Et ce, au fallacieux motif que ce serait un thème partisan. Or, l’Histoire étant
cyclique, du simple fait de la constance de l’inconstance du facteur humain, les mêmes
problèmes se reposent encore et encore, sous des formes différentes. Itaque, chaque
manifestation de la déliquescence d’une société engendre sa révolution (politique,
idéologique, intellectuelle… Qu’importe son support), et chacune d’entre elles apporte
une variante qui modifie un peu plus le déroulement de l’Histoire, en influençant le
cours normal des choses.
Le problème de la sécurité en France, s’il n’est pas réglé de façon intelligente,
engendrera sa révolution (dont les événements de novembre 2005, ne sont que de
vagues prémices). Quelles que soient ses conséquences (qui seront tout bénef’ pour la
Droite, comme d’hab’). Aborder ouvertement le sujet est donc un impératif!

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MANIPULATRICE, SÉGOLÈNE?

Encore une preuve de l’incohérence des critiques à l’égard de Ségolène Royal, c’est
que les deux critiques précédentes sont antagonistes de cette troisième. Parce que tout
ce qui a été dit auparavant, dénie l’idée-même que Ségolène Royal ait la moindre
intelligence politique (voire même intelligence tout court…), la moindre capacité
stratégique ou tactique, ce qui est plutôt fâcheux pour pouvoir manipuler quiconque.

Ne donnons pas dans l’angélisme! Si Ségolène Royal a survécu pendant vingt-cinq ans
dans le milieu politique sans tomber dans l’alcool, la drogue et les… Ah bah, non, ça
ne marche pas! Si elle a survécu de manière assez digne, disais-je, c’est qu’elle n’est
pas non plus la douce colombe égarée dans ce monde cruel que l’on voulait bien
nous vendre pendant la campagne présidentielle (par opposition à Nicolas Sarkozy qui,
lui, était forcément « l’homme de la situation »)! Attendu qu’elle a dû en voir, en
entendre ET EN SUBIR des vertes et des pas mûres, c’est qu’elle est suffisamment
forte mentalement pour encaisser les coups et engager les parties d’échecs, base de la
politique politicienne. Toutefois, je ne pense pas qu’elle le fasse sans y avoir été
poussée.

Ségolène Royal a sa propre conception du politique : concret et déchargé des


circonvolutions d’usage, tant rhétoriques (circonlocutions) que pratiques. Mais c’est
intéressant aussi de jouer avec les pions noirs! Dire qu’elle est manipulatrice est
largement exagéré, parce que son discours et ses positions sont toujours plus ou moins
les mêmes (évidemment, la société évoluant, elle a pris en compte ses changements),
qu’elle n’a pas toujours forcément choisi des thèmes populaires, au sein de sa
formation politique, depuis ses débuts. Il y est toujours question d’égalité et de justice
(et non d’équité, qui ne découlant pas de la justice, induit une nuance fondamentale),
pour les femmes, les handicapés, les enfants, les personnes âgées, les bas salaires, les
petites retraites, les petits producteurs, les paysans, les… Bref, si elle a utilisé les media
tout au long de son cheminement politique, c’est tout simplement parce que – comme
Nicolas Sarkozy, et – contrairement à ses aînés, elle sait et a grandi dans l’idée que
c’est le meilleur moyen de véhiculer un message et que plus il marque les esprits, plus il
a d’impact sur le long terme! Encore une fois, je me régale de la cohérence de certains
journalistes qui fustigent son utilisation des media, alors que cela fait partie de leur
boulot de rapporter et de commenter les faits et gestes des hommes et femmes
politiques… Sinon, on ne mangerait pas du Nicolas Sarkozy à toutes les sauces depuis
plus de cinq ans, à la manière de « Martine »! Quoi qu’il en soit, si être manipulateur,
c’est savoir faire passer son message politique via les media, alors oui, Ségolène Royal
est une manipulatrice (et on est manipulé par beaucoup de gens, du coup!!!). C’est
aussi faire injure aux personnes qui croient réellement en elle, que de leur dire « vous
êtes sous l’influence d’une mauvaise femme qui vous manipule! ». C’est surtout
manichéen et condescendant, car cela revient à dire « vous êtes vraiment des cons! ».
Toujours cette focalisation sur la forme au désavantage du fond. Enfin, le moyen
importe peu! Tout dépend du message que l’on véhicule… C’est le message,
l’important (la rose aussi? Ouais, je sais…)!

Il y a une autre récrimination concernant Ségolène Royal qui ne manque certainement


pas de piquant : Ségolène Royal serait une comédienne… Elle manipulerait les foules
en jouant la comédie! Comédienne? Royal? Bon, alors, je veux bien croire que sa

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personnalité, son histoire, son parcours, puissent donner à penser à une tragi-comédie,
néanmoins faut-il avoir une bien piètre opinion du noble art de la comédie ou avoir
revu ses critères de qualité de jeu très très à la baisse, pour en faire une comédienne!
En effet, n’étant pas exactement Catherine Deneuve67 (n’en déplaise à notre bon Alain
Duhamel!), Ségolène Royal n’a pas vraiment un talent fou pour masquer ni son
agacement, ni son trouble, ni sa trop grande euphorie, et cætera et cætera… On le lui a
même reproché68. Donc non, ce n’est pas une comédienne, non plus (ou alors une très
mauvaise comédienne)!
Disons qu’elle a juste ce qu’il faut de capacité de dissimulation pour assumer sa
fonction de femme politique (vertu absolument nécessaire, dans sa sphère de
compétence). « Qui nescit dissimulare, nescit regnare ». Ségolène Royal sait à
merveille quand faire sa Brutus. Quant à cette façon qu’elle a de sourire69 en
permanence, ce sourire soi-disant faux, en tout cas, souvent crispé, à mon avis, c’est sa
manière à elle d’avancer, d’encaisser les coups… Comme une seconde nature. Un
sourire de défi, semble-t-il même, la plupart du temps!

Longtemps (très longtemps, même), je dois le reconnaître, j’ai eu un mal fou à


encadrer Ségolène Royal70 (bah, oui ! Ce sont des choses qui arrivent!) et c’est un
doux euphémisme, croyez-moi! Néanmoins, lors des débats internes pour l’investiture
socialiste, j’espérais que ce serait elle qui l’emporterait, parce que la partie
pragmatique de ma personnalité – qui me fait entendre raison de temps à autre – voyait
que les espoirs de victoire, ou en tout cas de mouvement, étaient plus de son côté que
de celui des autres. Quand on est de Gauche, on ne transige pas avec ses devoirs, sous
prétexte qu’on n’aime pas le/la candidate (ou sur la foi de sondages allant contre le
sens commun). Donc, je savais que je voterais pour Ségolène Royal dès son
investiture, je ne l’aimais pas pour autant, mais je ne voulais pas prendre le risque de
rendre certaine l’élection de Nicolas Sarkozy, ou même de la faciliter, juste parce que
mes goûts personnels étaient mis à rude épreuve, en m’abstenant, en votant blanc ou
en votant pour un des voisins. D’ailleurs, qui aurais-je choisi moi-même, si on m’avait
laissé la possibilité de désigner un(e) candidat(e) socialiste? Sincèrement, personne

67
En 2004, anticipant - et souhaitant grandement, même - la présence dans la course à la prochaine
présidentielle américaine d’Hillary Clinton, j’envisageai une candidature Catherine Deneuve 2007, en
France. Prestige international, glamour, engagement… C’est vrai que ça aurait franchement eu de la
gueule! Ségolène Royal, ce n’était pas mal non plus, finalement, comme candidate en 2007,
puisqu’elle est une véritable femme politique, avec tout ce que cela implique, et avec une touche de
glamour en plus, ce qui ne gâche rien… Oui, mais Catherine, c’est Catherine!
68
J’ai entendu dire plusieurs fois, pendant la campagne, à Gauche, comme à Droite, que Ségolène
Royal devrait apprendre à jouer la comédie, parce qu’elle avait trop tendance à manifester ses
émotions et que ce n’était « pas une bonne chose pour une femme politique ». On ajoutait aussi qu’elle
devrait prendre des cours de diction, d’abord, histoire de travailler son phrasé assez « calamiteux », et
de maintien, ensuite, pour se départir de sa rigidité. Alors, il y a de quoi être perplexe, car, ou bien,
c’est une - mauvaise - comédienne, et donc, c’est une méchante manipulatrice qui joue avec les
sentiments des gens, ou bien, il faudrait qu’elle le devienne pour justement jouer avec les sentiments
des gens à de pures fins électorales… On s’y perd un peu!
69
Un sourire mi-poli, mi-taquin, souvent assorti d’une petite phrase ou deux, très second degré. Je
pense d’ailleurs que prendre en permanence Ségolène Royal au premier degré est une grossière erreur
d’appréciation. Ainsi, lorsque l’on décortique un peu le discours de la socialiste, on s’aperçoit qu’elle
a une réjouissante tendance à caser des petites choses à double sens, avec un petit côté « comprenne
qui pourra », voire à verser dans le provoc’ christique, avec un sérieux goût pour la surenchère…
70
Voir Annexes : Ségolène Royal et moi.

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(moi, à part Robert Badinter…)! J’aurais même eu plus de mal à me convaincre d’aller
voter en toute sérénité en fonction d’un autre choix. Je l’aurais fait, mais ça m’aurait
vraiment fait très mal!

Début 2007, j’ai même pris mon parti de soutenir Ségolène Royal, sans condition,
parce que je voulais que la Gauche gagne. Parce que j’en avais surtout marre
d’entendre les attaques peu pertinentes, venant de gens de Gauche dans mon
entourage, d’une méchanceté crasse à son égard71, alors que ce n’était pas le moment,
en pleine présidentielle! Marre d’entendre parler de son amateurisme, voire de sa
bêtise, or, je la tiens pour tout sauf bête (mais à force de – trop bien – jouer les
Brutus…)!

On peut utiliser des tas d’adjectifs pour qualifier Ségolène Royal, à tort ou à raison :
irritante, iconoclaste, imprévisible, autoritaire, bizarre, dure, (trop?) souriante, rigide,
charismatique, intrigante (choisissez le sens que vous voulez), surprenante, réac’,
maternelle, moderne, christique (oui, « aimez-vous les uns les autres »… Bordel!),
martiale, ambitieuse, thaumaturge, populaire, putschiste, hautaine, médiatique,
laborieuse, imaginative, secrète, démocrate, crispante, malicieuse, méprisante,
réservée, provinciale, non-conventionnelle, bourgeoise, moralisatrice, expansive… On
peut dire tout et son contraire, et comme pour chacun d’entre nous, à un moment
donné, chaque adjectif sera peut-être pertinent. Mais l’accuser de bêtise est à la
hauteur de l’accusation.
Cette foison de qualificatifs prouve aussi, au fond, à quel point on connaît mal cette
femme, que les media ont pourtant tenté de nous présenter sous toutes (c’est le moins
que l’on puisse dire!) les coutures pendant plus d’un an. Son atypisme au Parti
Socialiste interroge, sa liberté de ton et sa manière de mener sa barque sur des eaux
troubles forcent, sinon l’admiration, du moins le respect, tandis que l’ensemble de la
personne intrigue forcément. Ce qui laisse augurer du meilleur, car un politique dont
on a fait le tour est un politique mort72.

2. La critique du Parti Socialiste

Je crois surtout que ce que le Parti Socialiste n’a pas digéré, c’est que la désignation de
Ségolène Royal par les militants, était un formidable désaveu de tout ce qu’il
représente aujourd’hui. Que ce vote exprimait un profond rejet des hiérarques du P.S.,
de leurs méthodes et de leurs discours. Il semble que le Parti Socialiste n’ait pas pris
conscience que sa désignation tenait aux limites des courants et de l’absence
d’harmonisation au sein du P.S.! Le fait qu’il y ait, à l’intérieur du Parti Socialiste
français, différentes visions du socialisme a achevé de mettre à mal le socialisme
français. Chaque dignitaire y a sa doxa, qui mitterrandienne, qui jospinienne, qui social-
démocrate, voire social-libérale, qui Gauche-gauche… Bref, en 2006, on avait des
bonnes gens qui nous rabâchaient leurs ritournelles passéistes avec un aplomb qui

71
On parle souvent de la campagne « Tout Sauf Sarkozy », parce qu’elle était plus visible. Mais tous
ceux qui vivaient la campagne 2007 sur Internet peuvent témoigner qu’il y a aussi eu un « Tous Sauf
Ségolène », par le biais de sites et autres blogs de Gauche, comme de Droite!
72
Mais un politique mort, lui, n’est pas forcément un politique dont on a fait le tour (Cf. de Gaulle,
Pompidou, Mitterrand)!

85

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indiquait que les revers des treize dernières années73 n’avaient pas fait l’objet d’une
analyse profonde de la crise dans laquelle se trouvait les Socialistes. C’est ainsi que
Ségolène Royal est passée pour le Sauveur (outre sa dimension christique récemment
acquise). Pas hiérarque, pas dogmatique, pas tenante d’un courant, l’air un peu coincé,
mais pas vérolée par les tabous, élue de province (députée des Deux-Sèvres, présidente
de la région Poitou-Charentes) mais rompue aux lois parisiennes, femme… Tout
contribuait à la différencier de Lionel Jospin, de Laurent Fabius, et autres Dominique
Strauss-Kahn… Et même de François Hollande! Il n’y avait qu’elle pour montrer si
crûment la ringardise qui guette le P.S., pas de ses valeurs, mais de son personnel
dirigeant, de son appareil, de ses divers dogmes74. Cela aurait dû leur donner à
réfléchir!

Le fait que la primaire socialiste ait eu lieu quelque mois seulement avant la campagne
et l’élection elle-même (après une longue et rude campagne en interne), a aussi été un
choix peu judicieux. Parce que lorsqu’on voyait Laurent Fabius et Dominique Strauss-
Kahn encore en train de lécher leurs plaies et ruminer leur défaite à l’investiture
socialiste, au soir du 6 mai, on constate que ça n’a pas vraiment facilité l’unité (pour
une surprise!)… François Hollande avait en effet décidé, en 2005, au Congrès du
Mans, rappelons-le nous, de choisir une date de désignation proche de l’élection
présidentielle, se référant à la candidature de Mitterrand en 1980, qui allait mener la
Gauche à la victoire... Mouaip! Sauf que Mitterrand, il avait déjà été candidat en 1965
et en 1974, avant. Du coup, qu’il s’envisageait candidat pour 1981, alors qu’il était
Premier Secrétaire du Parti Socialiste (Tiens!…), je pense que tout le monde le savait
dès le jour de sa défaite face à V.G.E. en 1974 (Tiens!…)!

Ségolène Royal a perdu, soit! Mais je trouve que s’attaquer aussi violemment à elle,
suite à sa défaite, alors que personne (pas même le principal intéressé) ne semble avoir
totalement terminé la réflexion sur la défaite de 2002, et ses effets dévastateurs sur le
Parti Socialiste (et le traumatisme qu’elle a causé dans l’esprit des Français), pendant
ces cinq dernières années (ajoutant un tabou de plus au pays solférinien des tabous et
créant un manque de transparence nuisible à une éventuelle avancée du P.S.), n’a pas
bénéficié à la réflexion pour 2007, puisqu’il manque une période de l’histoire. Surtout,
le refus de parler de ce sujet épineux, pas encore bien digéré, invalide le procès en
sorcellerie que tous les Torquemada du P.S. pourraient intenter à Royal.
Le procès précédent n’ayant pas été réellement instruit (ou alors, c’est très récent et
plutôt timide), pas même par contumace, celui de la présidente du Poitou-Charentes
n’a aucune légitimité! Et après, on s’étonne que Ségolène Royal ne veuille pas se
prêter à la mascarade…
En tout cas, dire comme Laurent Fabius que l’élection d’un candidat à l’Élysée repose
sur un « déficit de crédibilité » ou de « présidentialité » du candidat adverse, ce n’est

73
La claque du P.S. aux législatives de 1993 fit vivre une seconde cohabitation à Mitterrand. Celle
vécue par Chirac, n’était que le résultat que de la dissolution de 1997, et d’une impopularité partagée
avec Juppé. Depuis 1993, donc, on a un P.S. au creux de la vague, ne bénéficiant au plan national, que
d’un reflux dû à des défaillances de la Droite, selon la logique implacable de l’alternance, seul moyen
de montrer son mécontentement envers le pouvoir et dont les Français sont lassés depuis longtemps!
74
Le Socialisme français, aujourd’hui, c’est comme le Christianisme : le message est universel, mais
le dogme a donné lieu à trop d’interprétations! Du coup, le message s’est un peu égaré… Et les gens
perdent la Foi!

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pas très gentil non plus pour Lionel Jospin (ni même pour le Mitterrand de 1965 et de
1974… Surtout pour le Mitterrand de 1974!)! Je ne m’attarderai pas sur la
« collégialité ». Pour ce que cela lui a servi à Lionel, la « collégialité »! Et puis, je n’ai
pas souvenir que les institutions de la V ème République disent quoi que ce soit sur
une éventuelle « Présidence collégiale de la République »… Mais, je peux me tromper!
La « collégialité », d’ailleurs, si Laurent Fabius en avait un peu plus fait preuve entre
2002 et 2005, le Parti Socialiste en eût sûrement été fort aise!

Que dire des interventions ou des bons mots qui ont plombé la campagne? Comme les
déclarations hors de propos de François Hollande sur la fiscalité, alors qu’en face,
c’était un argument de campagne majeur, et que l’on attendait au tournant Ségolène
Royal sur le sujet! Les piques de Laurent Fabius (et d’autres socialistes) à propos de
Ségolène Royal avant les primaires socialistes, qui ont fait le miel, durant toute la
campagne, de gens de Droite sur le Net et dont ils ont justifié l’emploi, en toute bonne
foi, par le simple fait que ces déclarations venaient du camp-même de la candidate!…
Tout cela a justement pesé sur la « crédibilité » de Ségolène Royal, qui n’allait déjà de
soi, eu égard à son sexe. Les recadrements sortis ex nihilo et les remarques machistes,
ce n’est pas très glorieux! Que la Droite critique, attaque, mette des bâtons dans les
roues, tape en dessous de la ceinture, c’est normal, c’est le jeu politique, on fait pareil.
On se cherche, on se trouve, on se répond, on se « fighte »… C’est comme ça! Mais
que chez certains Socialistes, empêcher à tout prix Nicolas Sarkozy d’accéder à la
Magistrature Suprême, ait été moins important que de se bouffer la gueule (surtout
devant caméras), à cause de ressentiments, est une des pilules qui restera la plus dure à
avaler. Si Ségolène Royal n’a pas fait appel à tous les Socialistes, en toute
circonstance, c’est justement que si elle a plu, c’est contre eux, qu’ils le veuillent ou
non. Et puis, après le désastre de 2002, battre le pavé électoral avec les mêmes
directeurs de campagne et tous les mêmes intervenants, ce n’était pas franchement un
message d’espoir, ni un gage de victoire flamboyante. Autrement dit, s’afficher en
permanence avec eux, court-circuitait son message, même si en coulisse, elle aurait pu,
dû – j’en suis d’accord – montrer plus de « collégialité » dans la campagne et profiter
des expériences de chacun. Mais elle est quand même allée les chercher… Quoi qu’il
en soit, je crois que les pontes du P.S. savent mieux que quiconque qu’une campagne
présidentielle est quelque chose de suffisamment prenant pour avoir, en plus, le temps
de ménager l’ego et les petites susceptibilités de chacun. Et puis il faudrait savoir! On
l’accuse de trop faire « maman », on en rigole, mais en même temps on veut être
materné… J’y perds mon latin! Des fois qu’on ne saurait pas que la politique est un
monde cruel et sans concessions, quand les choses sont difficiles, on serre les dents et
on avance! On ne va pas bouder sur les plateaux télé ou devant les caméras pendant la
campagne… On attend après! Enfin, si l’on n’a pas obtenu pas de maroquin, en cas de
victoire de son camp (ben oui, si on obtient un poste à responsabilité, c’est déjà plus
difficile de cracher dans la soupe!)… Et en cas de défaite… Suis-je bête, c’est déjà fait!

De toutes les façons, malgré les ressentiments, la démocratie avait parlé. La présidente
du Poitou-Charentes a été élue sans controverse possible à 60% et des poussières.
Comment aller parler de respect de la démocratie quand on la remet sans cesse en
cause, par des procédés douteux tenant essentiellement à des recadrements ou à des
critiques personnelles? Pourquoi, quand un Michel Charasse ou un Claude Allègre
médisent à l’envi sur la candidate du Parti, pendant la campagne, le Parti ne fait pas
bloc derrière elle et ne condamne-t-elle pas leurs propos?

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En cela, parmi les figures incontournables du Parti, une de ceux qui ont le plus mérite
(avec Élisabeth Guigou, Bertrand Delanoë et Pierre Moscovici, qui ont toujours été
impeccables et évidemment les pro-Royal qui défendaient leur candidate) et à qui je me
garderais bien de faire des reproches, bien que, personnellement, je ne sois pas sa plus
grande fan, c’est Martine Aubry. On sait que Ségolène Royal et elle, sont de véritables
sœurs ennemies. Si les relations étaient encore à couteaux tirés entre elles deux, fin
2006, dès lors que Royal a remporté la primaire socialiste, Martine Aubry a joué le jeu,
jusqu’à la fin. Bien plus que Laurent Fabius ou que Dominique Strauss-Kahn ou même
que l’inénarrable Lionel Jospin, que l’on voyait tous assez peu et qui, pourvu qu’ils
fassent quelque apparition, tiraient des têtes de dix mètres de longs, à vous faire passer
un meeting socialiste pour une convention d’entrepreneurs de pompes funèbres (encore
qu’à bien y penser, même cette dernière puisse paraître plus festive!).

Parmi des membres éminents du Parti, il y a eu des gens qui ont joué le jeu (dont
certains à qui cela a dû énormément coûter), qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour
donner ne serait-ce qu’un semblant d’unité, de concorde, d’enthousiasme, ce sont des
images qui marquent les gens. Quand on voit des responsables qui se forcent, qui
rechignent, on se dit qu’ils savent des choses qu’on ne sait pas, qu’ils ont sûrement de
bonnes raisons de ne pas accorder leur confiance à leur candidate et que si eux ne le
font pas, on ne voit pas pourquoi nous on le ferait! Il y a une « foultitude » de petits
détails qui jouent sur la psyché des gens et ne pas les prendre en compte est une erreur,
parce que de la même façon qu’il n’y a jamais rien d’écrit d’avance, quand on entre
dans la bataille, il faut être attentif à tout. Et là, c’est autant une critique à l’endroit de
Ségolène Royal que d’autres. Ceci dit, quand vous n’arrivez pas à convaincre que vous
avez confiance en votre candidate, cela ne facilite pas sa confiance en vous! Avait-elle
raison de se méfier des hautes instances du Parti Socialiste? Sur le papier, non, bien
sûr. Dans les faits… C’est déjà une autre histoire! Maintenant que les élections sont
passées, que les langues se sont déliées et que les plumes Sergent-Major ont trempé
dans le vitr... l’encre du ressentiment (pour le plus grand profit de la littérature
politique, s’entend!), on comprend d’autant mieux l’amour infini qui lie le Parti
Socialiste à Ségolène Royal, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce sont les
« Liaisons Dangereuses », dont la présidente de Poitou-Charentes serait – à en croire le
P.S. – la Merteuil, rien de moins (et donc, les livres et autres tribunes, seraient une
forme d’hommage à la veine épistolaire du chef-d’œuvre de Choderlos de Laclos…
Mais c’est bien sûr!).

3. La critique des critiques

Pour ce qui est de la Gauche, je ne dirai qu’une chose : lorsque l’essentiel des critiques
commence par un refrain nostalgique du genre « à l’époque de Mitterrand… » ou « à
l’époque de Jospin… », je crois que l’on a tout dit! Pourquoi ne pas en appeler au
« temps de Léon Blum » ou « au temps de Jaurès », tant qu’on y est? Ah, non, c’est
vrai… C’était déjà pris par Nicolas Sarkozy! A propos des procès en incompétence,
des perfidies et du cri collégial « Haro sur Ségolène Royal! », je vais faire un petit
discours général : Oui, Ségolène Royal est responsable de tous les maux du P.S.!… Il
faut dire les choses, maintenant que l’on est dans l’ère de la transparence! L’assassinat
de Jaurès? C’est elle! Les défaites de François Mitterrand en 1965 et en 1974? Pareil!
La cohabitation de 1986? C’est sa faute! Celle de 1993? Aussi! La défaite de Lionel
Jospin face à Jacques Chirac en 1995? C’est encore elle! Quant à l’éviction dès le

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premier tour de l’élection présidentielle du même Jospin, en 2002, c’est toujours de la
faute de Ségolène Royal! Pendant qu’on y est, elle a été Ministre de l’Environnement75,
le trou dans la couche d’ozone et le réchauffement climatique, c’est encore et toujours
à cause d’elle! Voyons… Ah, oui! Si l’Apocalypse arrivait dans les prochaines années,
Ségolène Royal en serait bien évidemment l’entière responsable… Ça, c’est fait! A
quand « le temps des cerises »? On ne sait pas. Mais apparemment en avance sur la
saison, « le temps des marrons », lui, a bel et bien commencé en juin 2007!

Les critiques de la Droite… Ah, mais non, ils ont repris les critiques du P.S., en y
ajoutant quand même (il faut bien justifier les salaires de la pléthore de conseillers qui
« travaillent plus pour gagner plus », gravitant à l’U.M.P.), le fait que la Gauche soit
vieille, usée, rétrograde… C’est marrant, ça! Mais où vont-ils chercher des trucs
pareils? Certainement dans le « vivier » de gérontocrates socialistes qui cachent la
savane luxuriante pleine de – plus si – patients socialistes qui veulent la parole!
Je soupçonne les UMPistes (et même certain de ses camarades), d’avoir sincèrement
cru, à un moment, que Ségolène Royal n’irait pas jusqu’au bout de sa candidature. Et
lorsqu’on s’est rendu compte qu’elle n’avait aucune intention de renoncer (et pourquoi
l’aurait-elle fait? Ni les vidéos sur Internet, ni les moqueries de part et d’autre, ni les
huées, ni les biographies au vitriol, ni l’approfondissement – via les media – des vies
dissolues de membres de sa famille, ni les controverses sur sa vie privée, ni la
proposition de Michel Rocard de désistement en sa faveur, ni le terrain, ni les meetings
menés tambours battants, ni Nicolas Sarkozy n’ont réussi à la faire plier ou à la
décourager!… Ségolène Royal, adepte du précepte nietzschéen « Tout ce qui ne te tue
pas, te rend plus fort »? A n’en pas douter…), on y est allé avec les tanks! Tout y est
passé. Ce qui invalide la théorie selon laquelle elle n’avait pas la carrure (on ne lâche
pas les tanks pour rien!).
Et pendant ce temps, dans le camp Sarkozy, on avait quasiment droit aux grandes
eaux, parce que les gens, ils étaient méchants avec Nicolas Sarkozy (qui lui aussi
découvrait que le monde de la politique était un monde cruel… Après vingt cinq ans de
pratique, il aura au moins fait l’expérience des dures réalités de la politique)!

4. Vanitas vanitatum, et omnia vanitas

Ce qui est frustrant, finalement, c’est que tant d’intelligences socialistes aient été mises
au service du conservatisme, du bon mot, assez assassin, mais surtout de l’EGO! Que
l’affrontement des idéologies personnelles (voire des personnes) ait prévalu sur la
confrontation d’idées, autrement plus constructive!

Oui, il y a des gens brillants et expérimentés au Parti Socialiste76, à commencer par son
Premier Secrétaire, François Hollande. Bon manager, technocrate mu par le sentiment
que la politique est une réponse, quand bien même elle serait incomplète, aux

75
Elle reste d’ailleurs à ce jour la plus jeune MINISTRE femme d’un gouvernement français,
puisqu’elle avait 38 ans quand elle a été nommée Ministre de l’Environnement, en 1992, dans le
gouvernement de Pierre Bérégovoy. Valérie Pécresse y était presque!
76
J’ai mes préférés, qui ne sont pas forcément les plus connus, comme les excellents Vincent Peillon
et Jérôme Cahuzac, pour ne citer qu’eux… Et évidemment, les Pierre Moscovici, les François
Rebsamen et autres Elisabeth Guigou, qui sont toujours très bons…

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problèmes des Français. Excellent orateur, souvent drôle, mais dont le côté lunaire et le
pragmatisme hésitant, illustrent à eux seuls le syndrome qui frappe le Parti Socialiste.
Cependant, dans la foule de talents socialistes, peu ont un profil de présidentiable…
Toutes ces bonnes gens socialistes, avaient – ont toujours – les capacités, les
connaissances, l’expérience pour fonder un projet politique de Gauche un peu moins
plan-plan que celui sur lequel ils ont travaillé pour 2007. Qu’en ont-ils fait de toute
cette intelligence, de toute cette expérience? Voilà la question à dix mille dollars à
laquelle il faudra bien qu’ils répondent un jour, et le plus tôt sera le mieux! On (le
peuple de Gauche) voulait gagner une élection, et au lieu de cela, on a assisté à un
remake de « What Ever Happened to Baby Jane? »… D’un autre côté, à voir la
célérité avec laquelle ont succombé au chant des sirènes sarkoziennes certains d’entre
eux, on comprend mieux pourquoi la campagne de Ségolène Royal a été un tel succès!
Édifiant!

Si je ne suis pas tendre avec le Parti Socialiste, c’est que j’aimerais tellement que les
cadres du parti se réveillent de cette léthargie, qu’ils pourraient se permettre de goûter
sans retenue, si leur sort était la seule chose dont ils aient à se préoccuper! Cependant
que sous leurs fenêtres, il y a un peuple de Gauche (dont je suis) qui piaffe
d’impatience et de colère de voir la Droite encore au pouvoir pour cinq ans! Un peuple
de Gauche (dont je suis) qui enrage de constater que rien ne change, que rien ne vient!
Un peuple de Gauche (dont je suis), qui est fatigué de lutter pour du vent! Un peuple
de Gauche, enfin, qui aurait bien aimé (re)voir à l’Élysée une personne de Gauche!
Alors non, je ne vais pas brosser qui que ce soit dans le sens du poil, parce que j’ai les
nerfs! La Gauche s’est vautrée et bien que Ségolène Royal y soit pour quelque chose,
les autres ne sont pas exempts de reproches, loin s’en faut! Avant de crier « Haro! »
sur quiconque, il faut être capable de voir ses propres conneries77 en face, sinon, ça ne
sert à rien.
Même nous, gens de Gauche, nous sommes nous peut-être trop entre-déchirés entre
tenants d’idées, de courants ou de partis, sur des positions idéologiques non-clarifiées,
à notre humble échelle, et nous sommes-nous peut-être trop livrés à cette guéguerre
improductive et néfaste qui gangrène le haut de l’échelle. Peut-être avons-nous aussi
fait preuve de morgue, de narcissisme ou de condescendance, parfois, et ne nous
sommes pas assez mobilisés intelligemment face à Nicolas Sarkozy, qu’aujourd’hui
encore, je considère comme ne répondant pas à l’exigence de notre République, qui
pour originale qu’elle fût, s’achemine sur la voie d’une nation semblable à toute autre
nation, s’alignant sur un modèle occidental voué à disparaître dans moins de temps
qu’on ne le pense, économiquement, politiquement, culturellement et
philosophiquement parlant!
Nul ne doit être épargné par cette nécessaire critique. Itaque se (re)politiser dans des
circonstances telles que celles-ci est essentiel! Une réflexion collective, sur tous, je dis
bien TOUS, les sujets est à organiser dans les foyers français, dans les associations,
dans les différents partis politiques de Gauche, dans les cafés même ou que sais-je
encore. Lorsqu’on veut quelque chose, cela commence toujours par le renoncement à
une autre. En l’occurrence, ici, il nous faut renoncer, à notre fol aveuglement, qui

77
Cette phrase a un aspect très biblique… Comme quoi, en définitive, les fondements judéo-
chrétiens de notre civilisation laissent des traces indélébiles dans notre psyché. Pourtant, la parabole
de la paille et de la poutre n’est pas ma préférée… Ah, les reliquats du catéchisme!

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consiste à perpétuer la logique de division, ou bien nous mourrons! « On ne peut pas
être et avoir été », soyons en conscients! Et ce n’est pas être de Droite que de le dire,
mais être résolument de Gauche, pour vouloir enfin, que le choix d’un pouvoir de
Gauche français, ne soit pas un malentendu, ni un choix par défaut, qu’il représente un
modèle de politique toujours en mouvement, toujours innovante, une politique de
Gauche dans le cadre de laquelle le débat intellectuel n’est pas le théâtre de fâcheries et
prétexte à des éclatements, mais le terrain d’un vivifiant partage d’idées.

Il va sans dire que cette nécessaire critique de 2007 s’inscrit dans une logique de
transparence, de justice et dans un processus de remise en question générale, ni plus, ni
moins. Se défausser sur Ségolène Royal et sur sa défaite, est à peu près aussi
constructif et utile que de vouloir fournir en glaçons des Inuits. C’est surtout une façon
tout à fait minable de tenter de noyer le poisson, pour ne pas dire cacher la misère. En
revanche, il serait déjà plus intéressant et même plus pertinent d’observer en quoi, le
Parti Socialiste paye le lourd tribut de son histoire. De chercher les racines du mal,
pour lutter contre.

Avant, la Gauche en France, c’était – magie de la métonymie – le Parti Communiste


(comme le Parti Radical le fut avant lui), parce qu’il était majoritaire. Puis, le Parti
Socialiste est devenu majoritaire et il est devenu la Gauche. S’il disparaissait demain, il
n’y aurait plus de Gauche. Il n’y aurait plus que des gens de Gauche, sans appareil
pour les représenter. Au fur et à mesure, ces gens de Gauche seraient de moins en
moins nombreux et ne resterait plus, alors, qu’une poignée de braves qui finiraient par
s’entre-bouffer parce que venant de tel ou tel courant ou se radicaliseraient
dangereusement. La Gauche pourrait à nouveau s’écrire en version latine… Une vision
sinistre, qu’il faut à tout prix conjurer!

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Chantiers à venir

Il s’agit ici de sujets qui me tiennent particulièrement à cœur et qui font l’objet d’un
manque de pédagogie, ainsi que d’une hypocrisie sans nom : l’éducation et
l’enseignement, d’un côté, l’immigration et le co-développement, de l’autre.

1. De l’Éducation Nationale et de l’Enseignement

Entrons dans le vif du sujet dès à présent, parce que cette question ne souffre pas les
atermoiements dont elle a fait l’objet jusqu’ici.
L’Éducation Nationale ne meurt pas tant sous l’effet des vestiges de Mai 68, d’une
surpopulation, réelle, certes, mais gérable. Elle ne meurt pas d’un manque de rigueur
ou d’une déperdition de l’autorité du professeur sur l’élève. Elle meurt de non-
intelligence!
Parce que les politiques d’Éducation Nationale, ont achevé de pallier l’intelligence par
la Culture. La Culture n’est qu’un moyen, vassal de l’intelligence. Pour moi,
l’intelligence n’est rien d’autre que ce qu’induit son étymologie. Intellegere, c’est
comprendre, ni plus ni moins! C’est pourquoi je n’oppose pas de types d’intelligence.
Un Normalien infoutu de comprendre comment fonctionne un siphon d’évier, et qui est
incapable de le déboucher, est-il plus ou moins intelligent que le plombier qui vient le
dépanner, lequel ne s’intéresse pas forcément à l’œuvre d’Alexis de Tocqueville? Les
choses ne fonctionnent pas comme cela. La Culture est un outil nécessaire, mais ce
n’est qu’un outil! Un outil qu’il faut savoir apprendre à utiliser plutôt qu’à l’ériger en
fin absolue au mépris de l’intelligence! On ne doit pas faire la distinction dédaigneuse,
par opposition à une prétendue infériorité des travaux manuels, dont de toute façon,
nous avons tous besoin, parce que dans un monde où il n’y aurait que des médecins,
des avocats ou des chercheurs, on n’irait pas très loin dès lors qu’il y a aurait un
problème n’ayant pas trait à leurs professions, tout aussi nécessaires. Ainsi, le concept
d’élite, n’est qu’une vaste fumisterie qui n’a pour but que de perpétuer ce non-sens
éducationnel. Car, le but d’un enseignement égalitaire, n’est pas de hisser des élèves
censément moins favorisés au niveau du miroir aux alouettes qu’est l’élite, mais de
faire en sorte qu’il n’y ait pas de distinction entre les enseignements et d’avoir la même
exigence pour chacun des enfants de cette République où aller à l’école est une
obligation! A charge au système éducationnel de mettre en place, dans les écoles, les
collèges, les lycées, de multiples options que les élèves pourront choisir selon leurs
envies, leurs aspirations, et qui couplées à un enseignement général, qui est le même
pour tous, permettrait déjà de conserver la curiosité qui caractérise chaque enfant, mais
qu’il perd souvent dès lors qu’il met un pied dans le système scolaire (bon élève,
comme mauvais élève), ce qui est quand même un comble!
Si apprendre est crucial pour mieux comprendre le monde qui nous entoure, le Savoir
n’est pas un paquet sacré, qu’on nous confierait comme un trésor et qui doit faire
l’objet d’un culte de bon ton! C’est avec ce genre de croyance, que dans les hautes
sphères décisionnelles de l’Enseignement, on a imposé le Panurgisme comme la norme.
Le Panurgisme, parce que pour l’essentiel, on veut faire de l’élève un mouton, qui
ingurgite ce Savoir, cette Culture, qui le régurgite, mais jamais ne le digère! Et c’est
bien le nœud du problème, parce qu’on ne valorise pas l’intelligence à faire ânonner
bêtement des phrases qui pour importantes qu’elles soient, ne font pas l’objet d’une
analyse, pour peut qu’on les sache! Le corps professoral qui se désespère des disparités
de niveaux, souffre de la substitution de l’intelligence scolaire, qui consiste à
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comprendre que l’on n’attend pas autre chose de vous que d’apprendre par cœur
(prix à payer pour se gargariser d’une possible appartenance aux élites), à
l’intelligence, pure et simple, qui consiste à expérimenter ce savoir, à le distordre, à en
tester les limite, à l’analyser et à en tirer la « substantifique moelle », à comprendre
tout simplement ce que l’on vous enseigne! Cela pose la question cruciale de savoir
« Qu’est-ce que l’intelligence, si l’on n’en fait pas bon usage? ».

C’est grâce à des professeurs qui ont ce feu de partager, dans les meilleures conditions
possibles, le Savoir, la Culture, que le système éducationnel français subsiste! La
pédagogie personnelle de chacun d’entre eux, est la réponse à cette anormalité du
système. Mais pour autant que l’on veuille sincèrement changer les choses,
lorsque le système est inepte, on ne peut, au mieux, que composer avec.
Le défi de l’Éducation Nationale, cette Éducation Nationale figée, où les professeurs
sont autant les otages d’une politique d’Enseignement obsolète, que les élèves, où les
deux parties se confrontent souvent parce que le système ne peut pas leur permettre
d’échanger dans les conditions souhaitables… Son défi, donc, c’est d’arriver à
repenser intégralement son fonctionnement. L’élitisme n’est rien de plus qu’une
coquetterie culturelle, qui repose sur un accord tacite entre le système éducationnel en
place et ceux qui veulent bien se rendre complices de cette insulte à leur intelligence.
Or, hypothéquer son intelligence, ne débouche que sur du pédantisme! Heureusement,
parmi ceux qui acceptent cette compromission, il y en a qui ne le font que pour mieux
contourner le système, pour, un jour peut-être, le changer, et il faut leur en savoir gré.

On a tous eu des professeurs que l’on a aimé et chahuté, mais qui, lorsqu’il s’est agi du
Savoir, ont su créer un enseignement constructif, qui ne se borne pas à faire de leurs
élèves des manuels scolaires interactifs. Il serait peut-être temps qu’on leur donne les
moyens de leur action pour avoir une Éducation Nationale ambitieuse, rénovée, et
vivante. Oserai-je le dire, même, utile. Libérons les cerveaux! Parce que c’est ainsi que
la relève française sera assurée, parce qu’au niveau national, cela vivifie
l’enseignement, que les relations élèves/professeurs seront pacifiées et parce qu’ainsi,
chacun de ces élèves qui arrivera en formation professionnelle ou à l’université, aura eu
une formation intellectuelle structurante, qui lui permettra d’envisager plus sereinement
la poursuite de son cursus, et peut-être rentrer dans le monde du travail avec une
assurance profitable et à lui, et à son employeur.

2. De l’immigration et du co-développement

Voilà bien deux sujets, dont on parle sans vraiment aborder les fondamentaux. D’un
côté, le problème, réel, de l’immigration, dont on n’ose pas dire que malgré le fait que
la France ait une des natalités les plus élevées en Europe, elle est bien insuffisante à
pérenniser le système français des retraites (et autres systèmes de redistribution des
richesses) et que le recours à l’immigration devra être envisagé à un moment ou à un
autre. L’immigration en France ne s’est pas faite comme ça. D’abord, lorsqu’on parle
d’immigration, il faut expliquer qu’il en existe de différents types. Immigration légale et
la déjà moins choisie (ah, ah! Pardon…) immigration clandestine, très efficace (et qui
constitue une main-d’œuvre bon marché pour nombre d’entreprises françaises). Il y a
une immigration européenne, souvent d’Europe de l’Est, qui n’est plus une
immigration, maintenant que nombres des pays d’Europe de l’Est d’origine de ces flux
migratoires, sont entrés dans l’Union Européenne et dans l’espace Schengen. Pour ce
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qui est du Maghreb et de l’Afrique Noire, ils naissent des suites de la décolonisation.
Tout comme pour une partie de l’Asie (qui est un cas à part).
Dans un premier temps, on a fait venir des travailleurs non-qualifiés pour s’occuper du
travail pénible, on a ensuite procédé au regroupement familial. Plus les situations
politique et économique de leurs pays étaient mauvaises, plus le nombre de gens
candidats à l’immigration a augmenté. Pourquoi viennent-ils chez nous? Parce que les
politiques des chefs d’État de ces pays, souvent soutenus, voire placés par la France,
dans le cadre d’accords et de privilèges, ont transformé ces peuples, à l’héritage
culturel, linguistique, juridique français, ainsi que la colonisation prêchée comme
mission civilisatrice par les plus grands penseurs de notre État, le leur a légué (alors
que personne ne leur avait rien demandé, que je sache…) et qui cachait juste une
profonde envie d’expansion (ne parlait-on pas d’empire colonial?), à coup de mandats,
de protectorats et de colonies (voire de départements, comme pour l'Algérie), ont
toujours vécu dans le souvenir de cette terre d’asile lointaine, souvenir accentué avec
le temps par le diktat commercial occidental et les media… Parce que l’on ne peut pas
balayer d’un revers de main une histoire qui, toujours, a des conséquences, dont on ne
peut s’exonérer, sous prétexte que maintenant ils sont indépendants. Parce que ces
peuples, enfin, sont toujours en quête d’une identité qu’ils redécouvrent petit à petit et
dont les parcelles se mélangent étroitement avec l’identité nationale française.
Il y a aussi des demandeurs d’asile, qui immigrent. Leurs difficultés procèdent de la
mise en place des régimes presque systématiquement pilotés par notre pays, des
frontières redessinées à la va-vite, au mépris de considérations politiques et ethniques,
qui jusqu’aujourd’hui font des ravages et qui ne déclenchent l’indignation bien-
pensante que lorsque cela, est devenu suffisamment croustillant pour faire un bon sujet
de reportage! Là où on peut sombrer dans le misérabilisme le plus éhonté, pourvu que
cela attire l’œil.

Notre nouveau Président, nous avait exposé depuis son avant-poste de la place
Beauvau, le concept d’immigration choisie, qui n’est rien d’autre qu’un mix entre le
Brain Drain à l’américaine, qui consiste à attirer les diplômés et les élites des pays
étrangers78, et un moyen détourné de dire qu’il y a du travail pour des laborieux non-
qualifiés venus de l’autre côté de la Méditerranée, du travail que personne n’a envie de
faire, alors que l’on réclame à corps et à cri le plein emploi! Oui, mais, il y a emploi et
emploi! Sinon, ce n’est pas drôle… De ces immigrés choisis, on exigerait presque une
correction grammaticale, un éventail de vocabulaire et une syntaxe digne d’un
Académicien, dans un pays où l’on sait que le niveau moyen de français est déjà bien
bas! Et les exemples célèbres ne manquent pas pour illustrer ce désolant constat!

Que fait-on pour régler l’épineuse question de l’immigration, outre le fait qu’on pense
pouvoir se contenter de la choisir pour la plus grande part? On brandit la politique de
co-développement. Cela ne veut rien dire, tant que l’on y met pas un contenu tangible,
une volonté et une ambition qui avalisent le fait que l’on parle de co-développement.
Apparemment, vraie œuvre de charité internationale de la part de l’actuel
gouvernement, dont la question a été confiée au fringant Brice Hortefeux (celui-là

78
Quand on voit le sort réservé aux médecins ou aux ingénieurs d’origine étrangère sur notre sol, qui
coûtent moins cher, et qui ne bénéficient pas du statut de leurs homologues estampillés France, on se
dit que c’est vraiment l’Eldorado qu’on leur propose à ces candidats à l’immigration choisie! Ça…

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même qui s’occupe de l’Identité Nationale… Tout un programme!) et dont il faut
expliquer aux Français, que pour être bonne et juste, une politique de co-
développement, nécessite de dire comment et pourquoi, elle n’est que justice.

Lorsqu’on dit que l’on veut aider les populations sur place, il faut dire que c’est parce
que la majorité des ressources naturelles mondiales consommées par les « pays du
Nord » sont détenues par « les pays du Sud » et en proviennent, que la croissance que
l’on cherche tant à relancer s’est longtemps faite et se fait encore sur le dos de ces
populations. Que le gaz, en France, on va le chercher en grande partie en Algérie,
pour que G.D.F., soit un des fournisseurs de gaz les plus importants d’Europe. Que les
minerais (ceux qui se trouvaient sur le continent américain ont déjà été dépouillé, en
bonne partie), on les trouve majoritairement en Afrique…

Les pays africains, qui n’ont pas vécu leur révolution agricole, sont passés à la
révolution industrielle sans la moindre transition, laquelle n’a pas eu le temps de se
poser, que le secteur tertiaire a monopolisé son espace urbain. C’est donc, une
évolution à trois niveaux qui se fait et qui laisse persister d’incroyables disparités
villes/campagnes, sur un continent qui a un nécessaire besoin de produire, de façon
massive, ses biens de consommation. Important une grande partie de ses biens de
consommation, certains pays d’Afrique sub-saharienne, dont les contraintes climatiques
et le manque d’eau aggravent encore la situation, n’exportent pas tant qu’ils cèdent des
avantages aux grands groupes occidentaux pour qu’ils se fournissent sur place,
moyennant un échange de bons procédés dont les populations ne bénéficient pas
vraiment, attendu que les dirigeants de beaucoup de pays africains ne sont pas vraiment
des évergètes, à défaut d’être démocrates! Alors l’idée d’un co-développement
intelligent est, dans un premier temps, une action purement politique et diplomatique,
pour éviter de dispenser des largesses à des chefs d’État qui s’empresseront de garnir
leurs comptes en banque off-shore avec! Les productions de fruits exotiques et de
cacao (Afrique de l’Ouest, et notamment la Côte d’Ivoire… On comprend mieux les
enjeux qui se jouent dans le « soap » diplomatique franco-ivoirien), de bois précieux
(Afrique Centrale), de pétrole (excepté au Darfour, où la Chine se fournit en partie)
sont gérées par des entreprises extérieures. Alors, elle a bon dos, la mondialisation,
mais lorsqu’elle est à l’avantage de la France, personne ne s’en offusque, pourvu que
chacun ait son carré de chocolat79.

Une bonne politique de co-développement passera donc aussi par la fin de la tutelle
française de l’économie africaine. Cela ne doit pas être un prétexte pour nous refaire
une virginité, en passant pour une dame patronnesse, faisant de la politique de co-
développement comme on fait la charité! Parce que cela porte un nom : le mépris.
On comprend néanmoins que l’idée de « repentance » puisse donner de l’urticaire à
notre nouveau Président. Accepter le poids de ses erreurs passées en tant que nation
(erreurs nées de la conjugaison magique d’une formidable prétention ethnocentriste,
sous couvert d’humanisme et d’un incroyable appât du gain, ce qui n’est guère
reluisant comme héritage, il est vrai!), ce n’est pas évident! Surtout, si cette
« repentance » peut donner lieu à une surenchère de sanglots longs de la part de chefs

79
Chocolat auquel on trouve aujourd’hui toutes les vertus! A quand le chocolat remède miracle
absolu?… Ils sont quand même fort, ces groupes de l’industrie agro-alimentaire!!!

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d’État hyperémotifs (mais pragmatiques!), rapport à la colonisation et aux injustices
subies, tandis que derrière, le niveau de « repentance » pourrait avoir à se mesurer en
espèces sonnantes et trébuchantes, histoire de compenser la souffrance subie et
l’accaparement de ressources naturelles antérieures… Ah, les valeurs se perdent ma
bonne dame! Mais ce n’est pas de repentance dont ces peuples ont besoin! C’est de la
reconnaissance publique, officielle, de ce qu’on leur a infligé (et pas d’entendre des
discours paternalistes qui distillent l’idée condescendante que « l’homme africain n’est
pas assez entré dans l’Histoire »!), pour pouvoir enfin le dépasser! Du rétablissement
de l’Histoire! La repentance… Et puis quoi encore? Pourquoi ne pas mettre un cilice et
faire l’ascension des marches du Sacré-Cœur à genoux en se fouettant, tant qu’on y
est? La repentance… Personne ne l’a réclamée, la repentance! Pourquoi détourner le
problème de la reconnaissance, en en faisant ce qu’il n’est pas? Apparemment, pour
notre nouveau Président, si la colonisation ce n’était pas bien (ah, ça non alors!), ça a
apporté les ponts, les routes, les dispensaires, les hôpitaux80, mais cela n’a pas précipité
la misère qui grandit en Afrique chaque jour un peu plus (si c’est Nicolas Sarkozy qui
le dit…)!
Si je suis d’accord pour dire que l’Afrique doit s’en sortir par elle-même (non, parce
que si elle compte sur les Occidentaux pour l’aider, elle ne sera plus très habitée au
siècle prochain, attendu que tant qu’on peut tirer avantage d’un continent exsangue
aux multiples richesses minières, forestières et autres hydrocarbures, on n’a pas
vraiment intérêt à l’aider à le relever, sinon, ça coûte trop cher…), je n’entends pas me
laisser séduire par un conte à dormir debout pour que mon esprit d’occidentale bien
tranquille, puisse rester dans l’idée douillette que le passé de mon pays, mieux, de mon
continent81, n’est en rien redevable économiquement d’un continent qui ne lui avait rien
demandé, à qui il a imposé un modèle culturel en niant sa culture, à qui il a bouffé ses
richesses – et qu’il continue de bouffer! – et qu’il n’a cessé de traiter avec mépris. Je
ne m’en sens pas coupable, ce n’est pas moi qui l’ai initié ou fait. En revanche, j’en
conçois un profond dégoût de notre système de société, hypocrite, qui n’en finit pas de
s’auto-congratuler, de se gargariser de son esprit, de sa culture, de son histoire, qui
viendrait presque vous démontrer que le type qui a découvert (et non inventé) le feu

80
Ce qui est formidable, parce qu’hormis des maladies comme le paludisme, la drépanocytose ou la
maladie du sommeil, maladies principalement rencontrées en Afrique, contre lesquelles on ne se
mobilise pas extraordinairement – sauf peut-être ces dernières années le paludisme, mais c’est un
problème plus tropical qu’africain! Dans les dispensaires, les hôpitaux, que soigne-t-on? La
malnutrition, conséquence d’une politique coloniale désastreuse et de la sécheresse. Mais qui s’occupe
d’essayer d’endiguer le problème sur le terrain? Des ONG! Dont la mention « non-gouvernementale »
indique bien le respect, la considération, que les anciennes nations colonisatrices ont pour les peuples
qu’ils ont laissé aux mains de pouvoirs qu’ils ont, soit contribué à mettre en place pour sauvegarder
leurs intérêts, soit qu’ils ont laissé prendre par la première graine anti-démocrate et donc hautement
corruptible venue. Sinon, que soigne-t-on d’autre dans ces dispensaires et ces hôpitaux? Marrant…
Des maladies qui n’existent plus chez nous, qui n’existaient pas chez eux avant qu’on y arrive, mais
qui tuent chaque année des tas de gens : la tuberculose, le choléra, la lèpre… Quant au Sida… Oh
là… Oh là! Il faudrait déjà que la majorité des malades puissent trouver l’argent pour se payer une
trithérapie, ensuite on parlera de vaincre le Sida en Afrique!
81
Qui n’en est pas vraiment un. La péninsule eurasienne n’a pas de division géographique, mais
seulement culturelle, fusse depuis des millénaires! Europe et Asie forment donc un ensemble
géographique, que seul notre ethnocentrisme occidental a réussi à faire passer aux yeux du monde
comme deux mondes bien distincts, au nom d’une supériorité de notre civilisation sur les autres.
Heureusement, que la morgue qui nous a toujours caractérisé est plus que jamais vivace. Ouf!
L’honneur est sauf!

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était un des nôtres, mais qui est incapable d’aborder sainement les conneries qu’il a
commise!
Que je sache aucune civilisation n’en est exempte, de conneries. Les reconnaître, ce
n’est pas s’abaisser, mais au contraire avancer. Encore faut-il que cette reconnaissance,
ne tourne pas au grand-guignolesque, par le biais d’assertions minimisantes, déplacées,
voire méprisantes! Que le continent africain ait aussi ses propres torts, à travers son
histoire (récente et moins récente) fort tourmentée, cela, nul n’en disconviendra!
Aucune société humaine ne peut s’en décharger. Néanmoins, quand on déclare que la
colonisation n’est pas à l’origine des génocides82, ne doit-on pas reconnaître que la
question du dessin des frontières et les différents peuples ou ethnies qui ont été
déplacés par le traçage de ces lignes imaginaires (tracées par qui déjà?), si elle n’a pas
joué du temps des colonies, a une part dans certains conflits post-indépendance qui ont
engendré des génocides? Que l’affirmation d’une suprématie ethnique ou la
revendication d’une terre, pour ce qu’il y a dans son sol ou pour ce qu’elle représente,
naissent de ces choses apparemment anodines pour certains mais cruciales pour
d’autres! D’autant que l’Afrique ne fabriquant pas d’armes, les hommes qui mènent ces
guerres génocidaires les achètent bien quelque part… Mais on ne parle jamais des
marchés obtenus par les entreprises d’armement occidentales en Afrique, ni des
comptes de ces entreprises d’armement, qui, en toute transparence, devraient faire
l’objet de l’attention particulière de l’O.N.U., censée maintenir la paix dans le monde.
Si nous sommes assez hypocrites et cyniques pour détourner les yeux de cela, avant
d’aller verser une larme sur le sort de « ces pauvres Africains » qui meurent sous les
balles de « méchants individus », il ne faut pas non plus donner dans la négligence
historique, ça fait un peu trop! Et au bout d’un moment, ça va se voir…
L’histoire n’est pas linéaire. Elle est faite de tas de petites choses qui, si vous ne les
désamorcez pas, vous reviennent toujours en pleine tête, comme un boomerang.
L’Histoire est écrite par les vainqueurs, certes, mais c’est celle des vaincus qui
détermine son orientation, car les vaincus n’oublient jamais et réclament toujours
réparation, si on ne leur rend pas justice. Voilà pourquoi l’histoire se répète encore et
encore, tant que l’on ne décide pas de rompre un cycle, en ayant assimilé le potentiel
de nuisance d’événements cruciaux (et même de certains nous apparaissant comme
parfaitement anodins), faisant « effet boule de neige ». Chaque action engendrant une
conséquence, il est vital de tirer des enseignements de l’Histoire, la réécrire à son

82
Nicolas Sarkozy a décidément un vrai problème avec le « génocide »… Candidat déjà, il nous
expliquait que la France n’avait pas « inventé la solution finale ». Et là, il est reparti en croisade pour
rayer les dérapages idéologiques français au travers de l’histoire… C’est quoi le prochain truc? Il va
aller voir la communauté protestante en disant que la Saint-Barthélemy était un drame regrettable,
c’est sûr, que l’édit de Fontainebleau était une erreur, mais que les catholiques ne sont pas
responsables des problèmes des protestants? Ou bien il va nous expliquer que finalement l’émergence
des ligues (la Cagoule, l’Action Française, pour ne citer qu’elles…), des pensées maurrassienne,
barrésienne, et des théories nauséabondes de Gobineau, que l’« Affaire Dreyfus », tout ça, c’étaient
des faits isolés. Que la France, pays formidable d’entre les pays formidables, a, bien sûr, toujours eu
ses éléments perturbateurs, mais que jamais, il n’y a eu de sentiment national profondément
antisémite, faisant le lit des débordements collaborationnistes de la France de Vichy? Ces dérives sont
à lier avec des contextes historiques, économiques, sociaux, culturels, bien évidemment, on le sait.
Mais cela nous exonère-t-il de reconnaître la gravité de la chose? Dans un passé national, tout n’est
pas noir ou blanc. Si l’on n’assume pas les erreurs commises par nos prédécesseurs, comment tirer des
leçons pour l’avenir? Il semble que formidables comme nous sommes, nous n’ayons aucune leçon à
recevoir… Si on n’est pas formidables!

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avantage ne fait que précipiter le chaos. Voilà pourquoi l’on doit DIRE haut et fort,
RECONNAÎRE ses torts ou alors on se tait! On ne prétend pas donner des leçons, si
on pense ne pas avoir à en recevoir! Ça ne règle pas les choses, mais ça évite qu’elles
ne s’enveniment… Malheureusement, nous sommes un peuple aveugle et sourd à notre
propre histoire, qui n’en connaît que les « highlights » pour peu que cela soit à notre
avantage, ou que cela nous mette en position de victime.

L’Afrique n’a pas besoin de nos conseils, ni de notre condescendance. Près de


cinquante ans après la décolonisation (pour nos anciennes colonies), ces jeunes états
font l’apprentissage rapide de ce que sont la démocratie ou la dictature. L’un et l’autre
étant de vieux modèles politiques, ajustés à leurs réalités locales. Nous, qui avons testé
toutes sortes de régimes, dont le pays n’a acquis définitivement ses frontières qu’en
1945, après moult péripéties, dont la régionalisation démontre que malgré sa volonté
de centralisation, l’État n’a pas mis fin à ses spécificités, aujourd’hui toujours vivaces,
grâce à des langues et des traditions régionales, des identités régionales qui enrichissent
notre patrimoine commun, qui sommes-nous, pour oser hasarder des conseils à l’égard
des Africains?

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Du symbolisme à rebours comme légitimation
de la Droite « bleu-blanc-rouge »

S’il est un combat que les soi-disant bien-pensants de Gauche orthodoxes mènent en
faveur de la Droite aux accents les plus nationalistes, c’est bien celui des symboles
nationaux! Sous prétexte que leur confiscation par la Droite les a malmené (laissant
penser que la France, se serait la Droite! On est un pays de Droite, d’accord, mais il y a
des limites!), les emblèmes de notre pays sont devenus le nouveau fond de commerce
des contestataires du dimanche. Car enfin, je ne sache pas qu’un drapeau et un hymne,
nés d’une Révolution Française, fondatrice de tous les « mythes » français modernes,
des petites choses, comme la « liberté », l’« égalité » et la « fraternité », soient
l’apanage d’un parti quelconque… Ou alors s’il en était question, je ne suis pas sûre
que la Droite ait jamais eu l’occasion de les revendiquer, sa naissance-même, en 1789,
tenant de sa prise de position pour le maintien de la monarchie (et créant ipso facto le
schisme politique qui nous amène à parler du clivage Droite/Gauche, en général, et sur
la question épineuse sur laquelle je me penche dans ce chapitre, en particulier). Elle eût
été mal avisée de se réclamer d’un chant révolutionnaire!
Réconciliation nationale oblige, la « Marseillaise » devint l’hymne de tout un pays,
quand le drapeau tricolore, élaboré pour la Marine française, devint l’emblème de la
France.
En dénonçant ces symboles républicains comme des outils de propagandes droitiers,
ces pseudos bien-pensants de Gauche instrumentalisent plus encore cette croyance
erronée – éculée, devrais-je dire! – fort répandue. Pire! Ils la légitiment! Car, l’erreur
majeure, ici, selon moi, c’est de confondre le concept de « nation », largement
galvaudé par l’accaparement d’une Droite héritière de Maurras, de Barrès, des ligues
et de Vichy, et le concept de « République Française », dont par métonymie, le
drapeau bleu-blanc-rouge et la « Marseillaise » sont les symboles. Et parce que c’est un
enjeu pour la Droite, que de les garder dans son escarcelle, les protestations
véhémentes à Gauche, conforte tout citoyen français – quelle que soit son origine ou sa
religion – qui ne souffrirait pas de « dextrocardie politique », que ces symboles, qui
nous appartiennent pourtant à tous, ne seraient pas les leurs.
Un symbole, ce n’est rien moins qu’une façon concrète d’insuffler à un bout de
tissu, toute l’abstraction de concepts, qui apparemment aujourd’hui encore ont
du mal à être compris, ou de concrétiser la cohésion nationale autour d’un chant,
fût-il révolutionnaire… De là à sortir le drapeau à la moindre occasion, en chantant,
la main sur le cœur, la « Marseillaise », il y a un fossé immense! La liberté, ici,
consisterait à laisser le choix aux gens d’arborer, de révérer ou non ces symboles de la
République, en sachant que de toute façon, ils leur appartiennent… Pas d’en faire un
imbroglio idéologique et de leur bourrer le crâne, ce qui est justement ce que fait la
Droite! « Vivre et laisser vivre »…

Lorsque pour un match de foot de l’équipe – métissée – de FRANCE, avec des joueurs
FRANÇAIS, chantant la « Marseillaise », alors que dans les tribunes, le drapeau
s’agite, petit ou grand, dans les mains de chaque supporter ou presque (quand il n’est
pas peint sur les visages…), sans que cela ne donne lieu à la moindre offuscation,
tandis qu’à côté, tout à l’esprit de surenchère pseudo-patriotique de bon ton, l’on verse
dans un symbolisme incroyable de ridicule, l’on s’extasie devant une France « black-
blanc-beur », dont le rappel à la « trichromie » de notre drapeau, est bouleversant de
non-sens, puisqu’il n’est question que de France, ici, et que la couleur n’a justement

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rien à y voir, tant il est vrai que la France, n’a pas de couleur… Ainsi, donc, monter au
créneau dès lors que l’on a le malheur de parler des mêmes symboles, de façon banale,
renvoyant directement les auteurs de « ces écarts de langage droitier », à « Travail,
Famille, Patrie », est, une fois de plus la manifestation de la pauvreté de la
contradiction pour la contradiction, de la polémique pour la polémique! De tels propos
insultent également nombres de Français d’origine étrangère, dont les grands-parents
ont combattu, voire sont tombés, pour ce même drapeau, et à qui l’on voudrait renier
le droit de le revendiquer83.

Il est certes douloureux de constater que l’intégration à la française n’est pas toujours
un succès. Mais, si dès lors que l’on a un teint un chouïa trop bronzé ou des cheveux
un peu épais, bien que l’on soit Français, l’on se voit gratifier de sifflements admiratifs,
s’il s’avère que l’on soit comme n’importe quel autre Français (et c’est malheureux à
dire, mais la dichotomie veut qu’il y ait dans cette acceptation de « Français », le sens
de « blanc »), limite de véritables modèles d’intégration, alors qu’il ne vous viendrait
même pas à l’esprit que cela relève d’une quelconque particularité, on ne peut
s’étonner, au mieux de la lassitude, au pire de la colère, que cela peut engendrer. Car, à
vous hisser au-dessus du lot, même par réelle volonté de rééquilibrer un peu les choses,
on ne vous pointe pas moins du doigt, lorsque tout ce que vous espérez, c’est de n’être
ni plus, ni moins qu’un autre. Le principe même de l’égalité… Votre plus grande
valeur, au fond, c’est votre pigmentation. Pas vos talents particuliers, qui eux
mériteraient toute l’attention de vos interlocuteurs, juste votre couleur. C’est injuste à
la fois pour les blancs et pour les minorités, et c’est tout sauf républicain!

Mais alors, que faire pour endiguer le fléau du communautarisme? Qu’elle soit
positive ou négative, la discrimination est détestable, et ce, quelle que soit la
minorité à laquelle elle s’applique (raciale – si tant est que les races aient un sens,
religieuse, sexuelle, sociale, etc.…). La marginalisation peut revêtir bien des formes,
mais il est aussi coupable de la pratiquer que de s’y complaire. « Caressez un cercle, il
deviendra vicieux », écrivait Eugène Ionesco, et tout le nœud du problème se situe là.
Lorsqu’on est marginalisé, alors que sur le papier, on bénéficie des mêmes droits que
les autres, on se replie sur soi et l’on en appelle à ceux qui vous comprennent, par
souci de trouver de la solidarité, on se ghettoïse, rejetant de facto l’idée-même d’avoir
le moindre devoir, puisque vos droits ne sont pas pris en compte. L’effet de groupe
aidant, on vit dans des micro-sociétés parallèles, qui ne facilitent pas l’objectivité vis-à-
vis de LA société. Ce qui ne facilite pas non plus, la compréhension des observateurs
extérieurs, puisqu’ils ne vivent, ni ne comprennent, les règles qui régissent ces micro-
sociétés. C’est donc un dialogue de sourds, qui fait le lit de tous les extrémismes, parce
qu’alors la confusion règne et que c’est de la confusion qu’ils se repaissent. Mais
jamais personne ne s’est dit que lorsqu’on parle de « minorités », de « Français issus de
l’immigration », de « Français de deuxième ou de troisième génération », on stigmatise
plus qu’on ne rend service? Que si la question d’« Identité Nationale » a pris une telle

83
Ayant la chance d’être Française, tout en ayant une mère d’origine africaine, il m’apparaît
réconfortant de savoir, en regardant un drapeau français, quand je me promène dans la rue et que j’en
vois un, que mes grands-pères, blanc et noir, se sont battus pendant la Seconde Guerre Mondiale, afin
que l’on puisse encore l’arborer sur les Champs-Élysées ou sur la devanture de bâtiments
administratifs, aujourd’hui!

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ampleur, aujourd’hui, c’est qu’elle sourd depuis longtemps, sans que l’on ne se soit
jamais arrêté pour comprendre ses racines, et que si les communautés font prévaloir
leur particularisme, à toute autre considération, c’est parce qu’on ne leur laisse pas être
autre chose que ce que leur particularisme induit dans nos esprits?
Alors, si l’on verse dans l’idéologie droitière – au sens le plus péjoratif du terme –
primaire, en maniant les symboles républicains, à des fins bassement nationalistes, qui,
du fait d’un raccourci malhonnête84, ne représentent plus que ceux qui les brandissent,
n’est-ce pas pour prouver que l’on offre de la confiture aux cochons? Que ces
symboles, « ces gens », ne les méritent pas, alors que le mérite, n’a rien à y voir,
puisque ces symboles, ils leurs sont acquis de fait, à la naissance? Tandis que le premier
qui crache dessus (au sens figuré, j’entends! Je précise, on ne sait jamais…), crachant
sur les pleutres qui se cachent derrière, reçoit les vivats de crétins qui n’ont pas
compris qu’ils offrent le spectacle que l’on veut leur voir jouer, et que
l’instrumentalisation qui en sera faite, permet à un Nicolas Sarkozy de « [dire] avec le
sourire, mais avec fermeté », que s’ils en étaient qui n’aimaient pas notre beau pays, ils
ne devaient pas se sentir gêner de le quitter… Avec le style fleuri qui le caractérise
tant!
A qui croyez-vous que cette menace à peine voilée s’adressait? Aux « mauvais
Français » qui, comme le disait le toujours très inspiré François Fillon, à propos des
gens de Gauche, « n’osent pas aimer la France »…

Voilà, en quoi, avoir voulu faire de Ségolène Royal, une nationaliste droitière (le
pléonasme est de taille, mais le procédé stylistique, s’il est grossier, répond à un
impératif de fond), jouant « dangereusement » des symboles de la nation, était d’une
rare inconséquence et d’une totale idiotie! Elle avait bien compris, elle, l’enjeu que
représentait la reconquête des ces fameux symboles! C’était que l’on arrête de
stigmatiser les enfants maudits de la République, à qui l’on oppose le drapeau et
la « Marseillaise », avant chaque échéance électorale, puisqu’il est avéré qu’il
s’agit là du meilleur moyen de marquer des points sur leurs dos. L’idée de la
socialiste était justement de faire en sorte que ces Français « maudits » puissent se les
réapproprier, pour en faire ce que bon leur semblerait après, mais surtout pour clore le
bec à une Droite qui en usait et en abusait pour draguer un électorat frontiste, qui ne
sait même plus, au juste, ce qu’il révère à travers eux, s’y accrochant comme un
bigorneau à son rocher, parce que c’est tout ce qu’il lui reste pour se sentir exister!

Alors, bien sûr, Ségolène Royal en fait toujours un peu trop, mais c’est par l’outrance
qu’elle sait que l’on peut atteindre son but (surtout dans notre société modèle, où l’on
consomme du signifiant, comme un glouton devant un buffet à volonté : on goûte un
peu tout sans s’arrêter sur un plat en particulier…). C’est sa marque de fabrique depuis
toujours : frapper les esprits, pour que le message passe. Seulement, voilà, polémiques
dans les media, cris d’orfraies, et c’est à un Sarkozy triomphant que l’on abandonna
presque la primauté des symboles de la République Française, malgré une Ségolène
Royal qui n’en démordait pas (elle ne démord jamais de rien, c’est bien le moins que
l’on puisse dire…) et qui en remettait une couche de temps en temps, pour le plaisir

84
Légitimé par des bonnes poires de Gauche, qui tels Pierre, crient au loup, à la moindre
provocation, en ayant le front de parler de relents de l’Histoire (eux qui la méconnaissent tant!), sans
jamais contester cette accaparement arbitraire…

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d’entendre grincer les dents de ceux qui lui mordaient les chevilles.

Je n’ai que faire d’un drapeau bleu-blanc-rouge chez moi! C’est un peu agressif comme
papier peint, et je préfère écouter du Bach ou du rock anglais, en boucle, en lieu et
place de mon cher hymne national, que je connais pourtant par cœur (tant mon grand-
père paternel, a tenu à ce que je le connaisse). Cependant, j’ai toujours en mémoire les
paroles d’un copain de classe de cinquième, lorsque je vivais au Bénin, et que tous les
matins au collège, nous devions chanter l’hymne national béninois, pendant qu’un de
nos camarades hissait le drapeau vert-jaune-rouge. Comme je ne connaissais pas les
paroles, je me contentais de bouger mes lèvres en même temps que les autres. Un jour,
alors que nous étions tous alignés dans la cour du collège, je racontai à Fred – c’était le
nom de mon copain de classe, ma mystification. Il la trouva drôle et me demanda si je
connaissais l’hymne national français. Quand je lui répondis par l’affirmative, il
m’approuva et prit un air grave. « Je ne pourrais jamais oublier mon hymne », me dit-il.
« C’est l’histoire de mon pays. Quel que soit l’endroit où j’irai, je l’aurai toujours en
tête ». Je me mis à réfléchir à ces paroles pour le moins solennelles, pendant que tout le
monde chantait et que je continuai ma mystification. En regardant Fred mettre tant
d’ardeur à chanter (lui, qui chantait comme une casserole quelque chose de costaud!),
je constatai que les paroles de mon propre hymne me revenaient en mémoire. Je fis
donc l’effort d’apprendre au moins le début de l’hymne béninois, par respect, et en le
chantant à mon tour, avec mes camarades, je me suis rendue compte qu’il faisait écho à
mon propre hymne. Constat plutôt déroutant… Mais qui eut le mérite de me faire
réfléchir à la question.

Ainsi, si, aujourd’hui, on réfléchit un tant soit peu, à Gauche, à ne – certainement – pas
laisser à la Droite le monopole de la « Marseillaise » et du drapeau tricolore (ce qui,
déjà, ne serait-ce que pour voir leurs tronches, quand on leur aura piqué leurs joujoux
favoris, devrait valoir le détour!), pour leur rendre leur place originelle, celle de
symboles républicains, ni plus ni moins, qui, dans un premier temps, permettent de
situer, grosso modo, qui nous sommes, aux yeux des autres pays du monde (qui ont
tous des drapeaux et des hymnes nationaux, dites-donc!), et qui n’ont pas vocation à
signifier quelque chose en particulier85, mais bien à représenter ce pays, en général…
Dans ce cas, alors, la pseudo-polémique (encore une!) qu’a suscité Ségolène Royal
n’aura pas été vaine.

85
On ne va non plus les instrumentaliser!

102

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Français, mode d’emploi ou de la politique comme moyen d’action populaire

On en a beaucoup entendu parler du « Français », pendant la campagne et jusqu’à


présent, le Français, les Français, sont au cœur du discours politique… C’est bien!
Mais qui est-il au juste, ce « Français »? Est-il riche? Pauvre? Masculin? Féminin?
Chrétien ou pas? Est-il brun ou blond… Ou autre? Blanc ou pas? Grand? Petit?
Écoute-t-il une musique particulière? A-t-il des préférences alimentaires particulières?
Où va-t-il en vacances?
A force d’entendre parler du « Français » en permanence, pour justifier en son nom
tout et n’importe quoi, politiquement parlant, et de se demander « Mais qui c’est donc
que ce Français? », on en viendrait presque à oublier que « le Français », avant tout,
ben, c’est bibi!
Évidemment, se voir brandir en étendard virtuel à coup de discours partisans,
s’entendre dire que « le Français » pense ceci, veut cela, en a marre des autres
(d’ailleurs, qui sont ces autres?), a l’effet pervers que je viens de mettre en exergue! A
savoir qu’il y a « un Français » qui n’existe pas, qu’on ne ressort qu’en période
électorale et « le Français » dans les faits. Souvent même, il est plus vendeur d’utiliser
le pluriel, dans la mesure où cela apporte une caution supplémentaire : celle du
nombre. « Les Français »… Comment opposer une contestation à haute voix face à ce
principe éminemment démocratique : c’est la majorité qui l’emporte (ce que
Tocqueville appelait « la tyrannie de la majorité »)? Mais justement, si l’on sort « les
Français » de leur boîte, c’est que ce principe démocratique a un revers de médaille. En
effet, la majorité est la voix des vainqueurs, mais est-ce que cela signifie pour autant
que la majorité a toujours raison? On se montre toujours très frileux pour trancher
cette question, pour la simple raison qu’elle peut se retourner contre ceux qui la
soulèvent. « Les Français », sont-ce ma mère, mes amis, mes potes et moi, par
exemple? Un groupe peut-il être représentatif de quoi que ce soit? Non. C’est très
subtil, comme distinction, car ces « Français » dont on nous parle, ils n’existent pas, ils
ne sont que la somme des desiderata que l’on préjuge qu’ils ont et de ce que les
sondages semblent refléter d’eux. Ces « Français » sont un argument massue, parce
qu’ils mettent à mal notre fibre individuelle, voire individualiste. Ils sont une
justification et un moyen de conviction. Dans une société, en effet, comment s’extraire
de la pensée majoritaire, fondement même de son fonctionnement. Comment ne pas se
laisser influencer par elle, en mesurant le risque de se marginaliser. Vox populi, vox
dei? C’est en cela que la politisation ou la repolitisation est essentielle. On ne peut pas
se contenter de se vivre comme une démocratie d’opinion ad vitam aeternam!
Nous valons mieux que cela. Faire comprendre le fait politique, même de façon
générale, est un chantier ambitieux qui serait parfaitement complémentaire de la
démocratie participative que Ségolène Royal tente de mettre en place, pourvu que cela
soit fait sérieusement. La combinaison de la théorie et de l’expérience étant, à mon
sens, le meilleur moyen de servir notre République. N’être tenant que de la théorie
empêche de voir un certain nombre de choses et de rendre efficace la politique sur le
terrain. N’avoir que l’expérience est aussi une limite, dans la mesure où elle n’est
centrée que sur nous et ne nous permet pas d’avoir la vision d’ensemble nécessaire à
un idéal collectif, qui pour nous être bénéfique, ne doit pas se faire au détriment des
autres. Il s’agit de créer une interaction entre le politique et le citoyen, à la lumière de
laquelle, une démocratie nouvelle peut exister. L’un relayant toujours l’action de
l’autre.

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De la réforme

Réformer, cela signifie réparer ce qui ne va pas dans notre système. Attendu que le
Grand Soir, cela fait longtemps que les socialismes européens – et a fortiori le
socialisme français – y ont renoncé, et donc que ce n’est plus la mise en place d’un
projet de société nouvelle qu’il vise, il faut composer avec les choses en l’état. La
réforme, pur moyen d’action politique, a pour but d’améliorer (ce qui donne à réfléchir
sur le sens, qu’à, aujourd’hui, par extension, le mot « réforme », comme dans la
« réforme » des régimes spéciaux… Qui n’est pas vraiment ce que l’on pourrait
appeler une amélioration). C’est déjà une première chose à dire avant que de dire, « il y
a des choses qui ne fonctionnent pas, on réforme ». L’esprit réformateur nécessite
donc de posséder de la pédagogie. On explique que le système ne fonctionne plus ou
fonctionne mal, en quoi il est inefficace et ce que l’on compte appliquer pour remédier
au problème.

Parce que lorsque le P.S., englué dans son fonctionnement guesdiste, aura admis qu’il
n’a jamais vraiment porté un projet de société complètement révolutionnaire (comme
son histoire le démontre!) et que son action consiste à créer avec les matériaux dont il
dispose, une société égalitaire, donc juste, et efficiente, alors, il pourra envisager de
gouverner et de se servir de l’outil réforme pour corriger ce qui ne va pas. Il n’y a pas
de secret, ce n’est pas tant que nous sommes un peuple rétif aux réformes, que nos
hommes politiques sont de piètres pédagogues. Voyez comme l’illusion de la
pédagogie sous couvert de slogans emplis de démagogie, ont fonctionné lors de cette
élection. Il faut dire que le bon François Fillon a théorisé la chose dans son édifiant
ouvrage « Les Français peuvent supporter la vérité86 »!

Une bonne fois pour toute ou le Parti Socialiste se repense entièrement et décide ET
ASSUME de porter un modèle de société différent, intelligent, auquel il faut penser
dans les moindres détails dès aujourd’hui, économie, société, emploi, culture… UN
PROJET! Un projet réalisable qu’il lui faudra proposer aux Français, lesquels, s’ils
ont la conviction profonde que ça va fonctionner, suivront. Mais pour cela, encore
faut-il avoir la fierté d’être socialiste (et non pas social-démocrate), de conserver ses
valeurs d’origine et de les assumer envers et contre tout. Malgré tout, il faut revoir le
projet en fonction de la société. En fait, c’est aux socialistes d’aujourd’hui d’écrire leur
propre exégèse du marxisme, de ne pas machinalement suivre les précédentes, en
sachant (nul projet n’étant parfait, puisqu’élaboré par les Hommes) que dans vingt ans
ou trente ans, il ne vaudra peut-être plus. C’est aussi cela la force d’une doctrine, c’est
d’être une idée qui peut en inspirer d’autres. Une idée qui vit, qui revit et qui revivra
toujours, par les idées qui la perpétuent quelle que soit l’époque. Évidemment, tout
dépend de ce que l’on en fait, et force est de constater que ces derniers temps, on n’en
a pas fait grand’chose! Si c’est la direction du nouveau modèle de société que prend le
parti, les socialistes suivront. Pas tous, certains prendront le large par frilosité.
Néanmoins, les gens suivront. A partir de ce Parti Socialiste-là, une Gauche moderne
est aussi possible que dans le deuxième cas.

86
Ah, c’est fou ce que la Droite se ressource à la fontaine des penseurs de Gauche! Quand ce n’est
pas Nicolas Sarkozy qui nous parle de Blum ou Jaurès, ou nous cite Guy Môquet, les yeux embués,
c’est François Fillon qui utilise une phrase de Pierre Mendès-France…

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Ou le Parti Socialiste, prend le parti du « réformisme ». J’entend par-là, qu’il use de la
réforme pour donner une teinte socialiste aux institutions françaises. Dans ce cas, il
faut, comme pour l’autre proposition, avoir le courage de se revendiquer comme parti
progressiste d’origine socialiste, mais on ne peut plus se réclamer uniquement du
socialisme. Au fond, ce que l’électeur de Gauche lambda attend, ce n’est pas tant un
magicien ou une magicienne, qu’une personne qui décide quelle orientation prendre!
Après, on peut en être d’accord ou non, mais l’horizon est au moins dégagé, on sait où
l’on va (ou bien où l’on ne va pas)! Si le P.S. prend la deuxième orientation, il lui faut
aussi un projet clair, structuré, savoir ce que l’on va réformer, comment on va le
réformer, et comment on va l’expliquer avant de l’appliquer. On ne peut plus s’avancer
en comptant sur l’alternance (j’espère que les dirigeants du P.S. l’ont enfin compris!),
ni en disant juste qu’on a raison, parce qu’on est la Gauche et que ce sont les autres les
cons, qui n’ont rien compris, et que si on ne l’emporte pas, c’est juste pour ça! On doit
toujours s’avancer avec un projet en titane! Avoir des réponses de Gauche à des
questions brûlantes!

Il y a une chose commune à ces deux approches du socialisme, qui concerne la


mondialisation, et qui, dans le cadre de la création d’une fédération de Gauche (car, ces
deux modèles sont le préalable à une intégration dans cette fameuse fédération), est
impérative. Avant tout, il faut mettre au placard cette conception suiviste de la
politique qui consiste à vouloir composer avec tout, même avec le plus néfaste (retour
sur des acquis sociaux), et de s’inspirer en permanence, sans regard critique, des autres
modèles européens, voire d’autres modèles à travers le monde.
Si on ne comprend pas que chaque pays est tributaire de son histoire, que chaque pays
a donc un contexte historique, politique, sociologique qui lui est propre et que le
socialisme, l’idée de Gauche, de façon plus générale, dépend intrinsèquement de ce
contexte, ce n’est pas la peine! Bien sûr que l’on peut s’inspirer du monde, pour peu
que l’on reste mesuré. Car vouloir à tout prix transposer des modèles tels quels est une
hérésie. Faire du suivisme, c’est renoncer à nos ambitions et à notre histoire. Cela ne
signifie pas que l’on doive s’enfermer dans une espèce de protectionnisme stérile, ou
de chauvinisme nauséabond, au contraire.
En fait, je crois qu’au lieu de parler de « logiciel » en permanence et autres conneries
du même acabit, il nous faut considérer que la France est un organisme plus proche
d’un être humain, qu’autre chose. D’un être humain avec ses paradoxes, ses démons
intérieurs, ses pathologies, ses parts de lumières, ses souvenirs heureux et moins
heureux… Et que tout comme un être humain, elle a besoin de reprendre confiance en
elle, de s’aimer, avant que de s’ouvrir aux autres! Ainsi, elle pourra apporter sa pierre à
l’édifice. Faire les choses dans le sens inverse, ne nous différencierait pas des autres, et
ne nous donnerait aucune légitimité à vouloir faire entendre notre voix dans le concert
des nations!

Je trouve quand même assez truculent qu’il y ait des anti-libéraux altermondialistes, qui
considèrent, comme leur nom l’indique, qu’une autre mondialisation est possible…
C’est une bonne chose! Mais c’est donc bien que mondialisation il y a (ou alors je n’y
comprends plus rien!), et qu’il ne sert à rien de la rejeter sur le principe! On ne peut
pas s’évertuer à vouloir ou rejeter complètement la mondialisation ou se résigner à la
subir, dans les conditions les plus injustes qui soient. On se doit de l’inventer, de
manière à ce qu’elle corresponde à nos désirs de justice sociale pour tous… même
mondialement! Ou alors, le défi intellectuel que cela représente nous ferait-il peur?

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Dans ce cas, autant abandonner tout de suite la politique!

Faire du suivisme, ce n’est rien d’autre que de la résignation et en politique, la


résignation est la pire des choses. La résignation, c’est une faiblesse de Droite, pour
qui, « tant que le dieu Brousouf va, tout va »! Et comme la mondialisation, c’est un
coup à se faire du fric facile… Cependant, à Gauche, on ne peut pas se contenter de si
peu. On se doit d’être plus exigeant que cela, d’être ambitieux! Nous ne sommes ni la
plus grande, ni la plus petite des nations, nous sommes nous tous simplement. Avec les
élans humanistes, universalistes qui nous caractérisent, avec nos défauts aussi. C’est à
nous de vouloir apprivoiser ce monde qui peut nous ingurgiter en une seule bouchée,
mais où les idées ont encore (mais pour combien de temps?) assez de poids, pour
changer les choses, pourvu qu’on le veuille.
Laissons à la Droite son manque d’ambition, d’imagination pour la France, et attelons-
nous à créer, à imaginer son originalité, dans une volonté d’intégration mondiale, qui
pourvu qu’elle soit bien menée, peut déboucher sur de grandes choses.

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De l’économie, du travail et des salaires

Les implications de l’économie de marché, de la mondialisation et les conséquences de


la mise en jachère de la réflexion économique par la Gauche, pour ne pas trancher la
question, tout cela révèle aussi, un manque d’imagination, de volontarisme idéologique
et décisionnel sur LE SUJET TABOU, qui là, clive la Gauche au-delà de toute autre
considération. Tout ce qui, idéologiquement, touche à l’argent est assez tabou, à
Gauche. A dire vrai, c’était un tabou français tout court! A Droite aussi, les questions
économique et pécuniaire, étaient difficiles à faire sortir, parce que l’on n’avait pas
vraiment tranché sur l’orientation économique de la France et que disons-le
franchement, il y a traditionnellement une certaine vulgarité à parler gros sous (vieux
reliquat catholique)… On fait, mais on ne dit pas trop.

1. Moi, y’en a vouloir des sous!

L’une des forces de Nicolas Sarkozy, d’ailleurs, est d’avoir affranchi la Droite du
tabou de l’argent. Mieux d’avoir recouru à un large champ lexical pour dire de façon
subliminale : DES SOUS! DES SOUS! DES SOUS!

Sa politique fiscale d’une injustice totale (sur les droits de succession, sur les intérêts
d’emprunts immobiliers, sur le bouclier fiscal…), son « travailler plus pour GAGNER
plus87 » (défiscalisation des heures supplémentaires), tout cela procède d’une
dialectique du porte-monnaie qui fonctionne toujours très bien (mais dont la réalité,
notamment pour les heures supplémentaires, n’est pas toujours avérée). La nouveauté,
ici, consistait juste à le dire ouvertement. C’est surtout ça, la « Droite décomplexée »!

Cette question de gros sous, c’est aussi ce qui a pu donner le sentiment, en France, que
la social-démocratie à la française, sauce Strauss-Kahn88, serait encore un mets à la
mode. Le problème, et nombre de nos voisins européens peuvent le confirmer, c’est
que la recette social-démocrate n’est pas fabuleuse (et pas vraiment créatrice d’une
franche égalité, voir le cas de l’Allemagne dans les faits) et que, de toutes les façons,
les ingrédients sont périmés.
Remplacer un plat trop roboratif, donc indigeste, par les restes peu ragoûtants du
voisin, ce n’est pas comme cela que l’on va à nouveau mettre les Français à table!

87
Critique simpliste des 35 heures, qui empêcheraient les Français de faire des heures
supplémentaires! Alors que la réforme Fillon, sous Jacques Chirac, prévoyait 220 heures d’heures
supplémentaires, dont les entreprises n’utilisaient même pas la totalité… Alors, c’est sûr, c’est en
supprimant les charges payées par les entreprises sur les heures supplémentaires que les employés
vont travailler plus! Bah oui, c’est bien connu, ça augmente la demande, du coup, on est obligé de
produire plus, donc on fait effectuer à ses employés des heures supplémentaires! On relance la
croissance, le pouvoir d’achat ET L’EMPLOI par des effets d’annonce qui vont jouer - c’est certain! -
sur la conjoncture économique mondiale… Vive l’économie fiction! Il n’y a pas à dire, ils sont forts à
l’U.M.P.! Ils doivent être coachés par David Copperfield ou Gérard Majax (il est moins cher), ce n’est
pas possible!
88
Ce qui explique aussi que le député du Val-d’Oise soit plus populaire au niveau national (à Droite,
donc), qu’au sein de sa propre famille politique…

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2. « Le Capitalisme est un processus continu de destruction créatrice89 »

L’économie, soyons-en tous d’accord, n’a rien de glamour. Cependant, le principe de


Gauche selon lequel on peut encore faire semblant que cette question peut être réglée
par de bonnes intentions ne nous avancera à rien, si ce n’est à nous prendre une autre
claque en 2012.

Le point de repère à ne jamais perdre de vue, avec lequel on ne doit jamais transiger,
c’est que le capital doit toujours être plus taxé que le travail… Néanmoins, si nous
voulons sauver ce qui reste de notre État – plus si Providence que cela – et continuer à
redistribuer les richesses, il faut envisager de nouvelles solutions d’y parvenir. Quitte à
créer des théories économiques complexes, mais efficaces, qui sortiront la France de
son endettement et de sa sinistrose économique…

Une chose m’a frappée dans le discours de Ségolène Royal, c’est l’influence de
Schumpeter (mais il me semble que Ségolène Royal a fait des études d’économie…).
En effet, sa volonté d’investir dans la recherche, d’aider les entreprises innovantes, a
des accents schumpeteriens. L’économiste autrichien ne jurait que par le rôle central de
l’entrepreneur, vecteur de dynamisme économique, par son sens de l’aventure, pour
autant qu’il innove…

Adopter un modèle schumpeterien, pour faire suite ou compléter le bon vieux modèle
pseudo-keynésien remanié, voire aménagé outrageusement, depuis de Gaulle, est déjà
le signe d’une volonté de répondre concrètement à la demande de modification
profonde du modèle économique exsangue que nous avons et qui ne peut plus faire
l’objet de bricolage approximatif pour sauver les meubles avant une prochaine
échéance électorale! Et puisque l’adoption d’une politique économique libérale (qui
n’est pas d’une prime jeunesse non plus) à tout crin, n’est pas LA solution miracle
qu’on essaye de nous vendre, bien au contraire, une politique économique alternative
est toujours bonne à prendre.

D’autant que créer de l’innovation, ce qui nécessite un investissement de l’État


considérable et une vraie volonté de relancer l’économie, signifie dans les faits, ne pas
se résigner à importer des biens de consommations technologiques que nous ne
produisons pas, mais à en créer, à en produire, justement, pour les consommer et aussi
les exporter, afin de commencer à combler notre déficit du commerce extérieur. Mais,
c’est un problème qu’il faut prendre à la base, c’est-à-dire passer par l’investissement
dans l’université, qui permettra de former ceux qui créeront de l’innovation et qui
permettront aux entreprises de la produire. Ce n’est pas gagné, vu d’ici!

3. « Argent, trop cher! »… Ah, la valeur travail!

L’économie politique ne doit jamais faire l’objet de désinvolture ni à gauche, ni droite.


Oui, le programme de Ségolène Royal était imprécis sur le plan économique. Elle est
elle-même convenue que nombres de propositions du projet socialiste qu’elle a reprises

89
Joseph Alois Schumpeter (1883-1950).

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ne lui paraissaient pas « crédibles90 », comme le SMIC à 1500 euros brut ou la
généralisation des « 35 heures ». Elle souhaitait mettre en place une revalorisation des
bas salaires plus audacieuse, mais qu’elle n’a pas su expliquer, alors qu’en face, on
avait un argumentaire simpliste, certes, mais efficace. Sa volonté de renforcer le
pouvoir d’achat à long terme, ou de relancer la croissance en investissant dans la
recherche, créatrice de richesses, redistribuées aux entreprises, de revaloriser les petites
retraites, tout cela n’a pas été accompagné par suffisamment de pédagogie. C’est
dommage! Il faut donc qu’elle retravaille son argumentaire de manière à être entendue
et qu’elle fasse en sorte que son message ne soit pas brouillé par de l’approximation. Il
faut adopter « la technique Michel Chevalet », du « Comment ça marche? ».

La grille salariale doit faire l’objet d’une réflexion plus intense que la seule hausse du
SMIC! Quid des salaires de la classe moyenne? Cette classe moyenne qui a réussi
l’exploit de voter majoritairement contre ses intérêts, au profit d’une politique fiscale
qu’elle va financer pour les couches les plus aisées de la population! Va-t-on se décider
à ne pas choisir de mettre en place des pis-aller, parce qu’ayant tourné le problème
dans tous les sens, on s’est rendu compte que mettre en place une politique de Gauche
efficace, il faut réformer en profondeur (ou imaginer une nouvelle théorie économique
efficace, en tenant compte du fait que, de toute façon, l’économie est une science
incertaine. Quoi? Nicolas Sarkozy ne l’avait pas dit pendant sa campagne? Ce n’est pas
grave, je crois que maintenant les Français sont au courant…)? Cela pose évidemment
le problème de savoir si on veut se faire élire juste parce que sinon, louer l’Élysée,
reviendrait trop cher, ou si l’on veut faire au mieux pour la France. Faire au mieux, ne
signifie pas flatter les porte-feuilles, mais établir une politique qui ne pénalise pas
systématiquement les riches, et qui favorise d’abord les moins aisés. Il est impensable
qu’en France, on parle encore de travailleurs pauvres! Une politique salariale
efficace, ce n’est pas donner dans l’assistanat (donc, le discours sur la fin de
l’assistanat n’a pas lieu d’être!), mais promouvoir la valeur de chacun – en fonction de
ses propres aptitudes, bien sûr! – et le rétribuer en conséquence (la fameuse valeur
travail). Mais encore faut-il définir clairement ce qu’est le travail!

De la réflexion, des solutions, de la pédagogie pour faire changer les mentalités et


ensuite, oui, on réforme! Dans de telles conditions, porter le SMIC à 1500 € bruts, ce
qui fait dans les 1200-1300 € et des poussières nets, est une solution à court terme
pour un problème qui ne sera jamais réglé si on ne met pas les mains dans le cambouis,
pour qu’il le soit sur le long terme, c’est-à-dire de manière évolutive! Car enfin, ceux
du privé qui gagnent juste au-dessus du SMIC et qui ne bénéficieront pas de hausse de
salaires hors demandes express à leurs patrons, qu’adviendra-t-il d’eux à la prochaine

90
Et de fait, elles ne l’ont pas été, puisque les couches les plus modestes de la population ont été
attirées par le son de pipeau… de flûte, pardon, de « travailler plus pour gagner plus »! Si l’emballage
cache les futures déconvenues que ce slogan va infliger, la simplicité de la réalité « je travaille plus
d’heures, parce que mon patron ne paiera pas de charge sur les heures supplémentaires et qu’il
acceptera plus facilement d’en dégager pour que je puisse me faire plus d’argent à la fin du mois… Et
en plus, ces heures sup’ seront exonérées de mes impôts » a été entendue et comprise par beaucoup.
Mais la formule cache la condition sine qua non du bon fonctionnement de la mesure, car avec ou
sans charges, on ne dégage des heures supplémentaires que lorsqu’il y en a besoin. Autrement dit,
lorsqu’il y a surproduction, ou un remplacement à effectuer… Du coup, ne pas payer d’impôts sur un
argent qu’on ne gagne pas, est un avantage limité!

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revalorisation du SMIC, compte tenu de la montée de l’inflation91? Tomberont-ils sous
le coup du SMIC? Que les salaires moyens du privé se retrouvent au niveau du salaire
minimum, ça, c’est de l’avancée en matière salariale! Quitte à faire de la revalorisation
des salaires un cheval de bataille crédible, autant avoir de l’audace! Au moins, dans le
camp adverse, ils ont eu le courage de faire campagne sur les cadeaux fiscaux aux
riches… Peut-être que faire campagne sur une grille salariale plus équilibrée pour les
bas salaires et les classes moyennes, serait une bonne idée pour la Gauche… Encore
faut-il que ce ne soit pas qu’un effet d’annonce! Peut-être aussi que vouloir en finir
avec le concept-même de bas salaires, est une solution à envisager !
Quant aux « 35 heures », à moins que vivant dans une grotte, des Français n’aient pas
regardé avec fébrilité le débat du 2 mai 2007 entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy,
je rappelle que la socialiste y disait déjà que la généralisation des 35 heures devrait faire
l’objet d’un consensus entre l’exécutif et les partenaires sociaux, pour être adoptée
branche par branche. Qu’elle ne serait pas appliquée unilatéralement par elle au cas où
elle serait élue92, étant donné qu’elle trouvait que les choses avaient été faites, sur le
sujet, avec un manque de pédagogie certain… Pas de mauvaise foi, donc! Elle n’a
jamais remis en cause les « 35 heures », sur le principe, ni dit que leur généralisation
était forcément une mauvaise chose, elle a juste émis des doutes quant au bien-fondé
de l’imposer brusquement! Si la situation économique le réclame, on doit pouvoir faire
des aménagements. Vous me direz, la Droite en a déjà fait. Certes! Néanmoins, je
suppose que l’on veut que cela reste dans l’esprit de la loi initiale, donc il vaut mieux
que ce soit la Gauche qui s’y colle. Non, parce qu’avec son histoire de « travailler
plus pour gagner plus », le sémillant Nicolas Sarkozy, il les a un peu tuées, les
« 35 heures » (du moins, dans l’esprit. L’idée des « 35 heures », c’était le partage du
temps de travail, pour créer des emplois. Or, non seulement, Nicolas Sarkozy vient de
facto de les généraliser comme temps de travail hebdomadaire légal, mais, avec les
heures supplémentaires, elles ne favorisent même plus de création d’emplois, puisqu’on
fait « travailler plus » ceux qui travaillent déjà!).

4. Un « tiens », vaut mieux que deux « tu l’auras » dans ta gueule!

La question économique n’est pas réglée pour autant, maintenant que la Droite a
gagné. Bien au contraire! Pour autant que je m’en souvienne, le désendettement de
l’État faisait partie des priorités de Ségolène Royal, comme de celles de François
Bayrou et de Nicolas Sarkozy. Or, Nicolas Sarkozy, au pouvoir, annonce la mise en
place de la politique fiscale qu’il a promise pendant la campagne, pour, dit-il, relancer
l’économie, mais qui pèsera lourdement sur les caisses de l’État, puisque ce faisant, il
prive celles-ci de 9 à 14 milliards d’euros pour l’année en cours, et de 15 milliards, en
année pleine, autrement dit les quatre prochaines années (soit 69/74 milliards d’euros
sur tout le quinquennat Sarkozy!), alors que l’Union Européenne nous signifie de
redresser la barre quant à notre désendettement (et que, franchement, c’est une

91
D’autant que la France, longtemps un des pays avec le plus faible taux d’inflation, commence à
mieux comprendre ce qu’est l’inflation grâce à l’euro! Même si un euro fort n’a pas que des
inconvénients.
92
J’aurai été curieuse de voir un dirigeant socialiste aller expliquer au patron d’une P.M.E. en
difficulté que, bien qu’il ne puisse pas se permettre financièrement d’engager de nouvelles têtes, à mi-
temps, il devait obligatoirement se soumettre à la loi des 35 heures, parce que c’est comme ça, parce
que c’est la loi! Ouaip, j’aurai adoré assister à cela!

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nécessité)! Un État trop endetté est un État qui se désengage de nombreuses
prestations sociales, comme la Sécurité Sociale, par exemple. La mise en place d’une
franchise de soins découle d’ailleurs de cette constatation! Ce n’est pas tant pour
financer le trou de la Sécu! Quant à la T.V.A. sociale, c’est le plus vrai-faux
stratagème de proposition de recouvrement de la dette de la Sécu que la Droite ait
jamais sorti – puis ressorti, puis re-ressorti – de ses cartons… depuis Pasqua! A moins
d’être aisé, riche, voire très riche, à quoi sert de gagner un peu plus d’argent, si c’est
pour le dépenser là où on n’avait pas besoin de le faire avant?… J’avoue que la logique
m’échappe!

Donc, sur la question économique, je ne suis pas plus avancée – sinon un peu plus
préoccupée – que pendant la campagne présidentielle. Car, hypothéquant ainsi notre
avenir et le système de redistribution des richesses garantissant une certaine égalité de
traitements à l’ensemble des Français, qui fait notre singularité (la fameuse « exception
française »), Nicolas Sarkozy fait du Thatcher ou du Reagan. Pire, car foin de
conviction libérale ici (les libéraux vont faire la tête, le jour où ils se rendront compte
qu’il n’y a point de libéralisme, chez lui), mais que de la démagogie pour jongler avec
les desiderata de chacun, de l’affichage!

Le chantier de l’économie est la grande opération douloureuse que la Gauche aura à


faire et elle doit le faire à vif! Socialistes, Communistes et extrême Gauche doivent en
finir avec l’hypocrisie économique. Sauf à dire que le Socialisme, avec l’aide de
l’extrême Gauche, va, par la force (la révolution, donc!), enfin se substituer au
Capitalisme, comme il devrait l’avoir fait depuis longtemps, afin de préparer le terrain
pour que le Communisme réalise l’idéal égalitariste qui est le sien, il va bien falloir
cesser de tourner autour du pot93!

Mais l’aveuglement idéologique vis-à-vis de l’économie, n’est pas que l’apanage de la


Gauche. Certes, à Gauche, on tient des winners!
D’un côté, on a une extrême Gauche, qui osons le dire, souvent assez frileuse pendant
tout le XX ème siècle a plus ou moins laissé s’installer le « tout pognon » et qui
voudrait, maintenant qu’il est central et qu’elle en est tributaire, lutter contre avec la
véhémence et la fraîcheur d’un mouvement gauchiste qui vient de se créer!
Sinon, formation qui draine un chouïa d’exotisme, on a aussi les anti-libéraux
altermondialistes, laquelle formation a émergé à la fin des années 90 et porte
nominalement sa contradiction! Alors, je suis juste curieuse de savoir comment, ils
comptent désenclaver la France d’une économie de marché mondiale qui la domine et
lui fera faire ce qu’elle veut, sans la moindre trace d’un système économique alternatif
– même juste et solidaire – viable…
Quant aux Socialistes, dire qu’ils sont dans l’économie de marché jusqu’au cou semble
une évidence. Pour autant, ils se posent encore la question de savoir comment ils vont
faire leur coming out économique, sans poser d’emblée LA CONDITION SINE QUA
NON QUE C’EST LE MARCHÉ QUI DOIT ÊTRE INFÉODÉ AUX
INDIVIDUS ET NON L’INVERSE! Parce que déjà, cette conception de l’économie

93
Il faudrait aussi arrêter de confondre le Libéralisme politique et le Libéralisme économique! Parce
que l’on peut se réclamer du premier, mais c’est le second qui doit être activement combattu par des
gens de Gauche.

111

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est à l’opposée de celle de la Droite. Et parce que, dans la mesure où personne ne
cherche à imaginer, à inventer un système économique alternatif qui fonctionne, il faut
bien faire avec ce qu’on a (quitte à essayer de circonvenir le système lorsque l’on
peut). « Faute de grives, on mange des merles »? C’est bête, mais oui, c’est exactement
ça! Le Socialisme n’est pas soluble dans le Libéralisme économique (ainsi que certaines
personnes semblent l’oublier…). N’était-ce pas Hayek94, l’un des principaux
théoriciens du Libéralisme économique moderne (tendance ultralibérale), qui le
considérait comme un « anti-socialisme radical »?

A Droite, pour faire bonne mesure dans la crétinerie du tout économique (le social,
finalement, c’est très surfait!), on pense encore en dépit de toute logique humaine
(mais parfois, on distribue des miettes de social, ça et là, afin de pacifier la population
et qu’elle ne se retourne pas contre les instances dirigeantes. C’est toujours efficace de
détourner l’attention… Même si à un moment, cela finit par se voir)! On ne se rend pas
compte qu’en poussant la logique pécuniaire à son paroxysme, on détruit l’objet-même
de l’obscur désir et, à terme, ceux qui, au départ, sont censés en tirer profit. Autrement
dit, les gens! Les riches, y compris. Que l’on s’insère dans un processus irréversible de
la suffocation par le fric. Alors, bien sûr, un sursaut de bon sens peut surgir dans cent
ou deux cent ans… Mais rien n’est moins sûr! Si même la présupposée prise de
conscience écologique, n’a pas encore poussé massivement notre espèce à se
questionner sur les origines du mal, le culte du pognon a encore de très beaux jours
devant lui et le panurgisme capitalo-économico-libéralisant droitier sévissant chez nous
sera à la fête pendant un bout de temps!

94
Friedrich August von Hayek (1889-1992). Autrichien, comme Schumpeter, Hayek, de six ans son
cadet, étant aussi un farouche opposant aux théories keynésiennes (et faisant limite passer Malthus
pour un joyeux luron), mourut centenaire. Ce sont décidément toujours les meilleurs qui s’en vont les
premiers…

112

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Liberté… Égalité… Égalité face à la (aux) Liberté(s) ou Liberté d’être égalitaire
(ou non)? Un vrai défi démocratique

La Gauche, au départ, celle née des Lumières, était une Gauche libérale (aujourd’hui,
on dirait libertaire). Ce qui a favorisé l’implantation des idées socialistes en Europe et
en France, en particulier, c’est que l’idée de liberté, aspiration aux accents plutôt
bourgeois, n’induisait pas forcément l’égalité… « Être libre » quand on a de
l’argent, n’est pas la même chose que lorsqu’on est « libre » et pauvre. De fait,
« être libre » et pauvre ne permettait pas souvent de se sortir de ses
déterminismes sociaux, parce qu’il faut bien manger et nourrir sa famille et qu’à
cette fin, on renonce plus facilement à la liberté que lorsqu’on est aisé. Ou alors
un pauvre était « libre » de crever de faim, la liberté se soldait alors par une mort dans
la misère, au mépris de tous, et le prix semblait cher à payer. Donc, les revendications
égalitaires portées par le socialisme ont rencontré un écho, dans les couches les plus
pauvres de la société, et malgré les avancées sociales effectuées, force est de constater
que l’égalité, reste toujours une revendication, de nos jours.

L’importance des notions de « Liberté » et d’« Égalité », est, d’ailleurs, le principal


point de divergence entre des pays comme le nôtre et les États-Unis… Pour les États-
Unis, la valeur cardinale est la Liberté (garantie par leur Constitution), qui permet
encore aujourd’hui aux Américains d’avoir la liberté de porter une arme, par exemple.
En France, bien que la Liberté ait la première place dans la devise nationale et dans la
déclaration des Droits de l’Homme (« les Hommes naissent et demeurent libres et
égaux en droits. […] », art. 1er ), l’Égalité, en seconde position, est devenue la valeur
cardinale, sous l’influence de la Gauche. Laquelle valeur est garantie par la
Constitution française. Mais il est vrai que la Liberté, est une question sensible,
puisqu’on reproche souvent à la Gauche française de se soucier plus de l’Égalité que
de la Liberté (reproche très BHLien). Cependant, l’idéal de Liberté ne peut déboucher
sur rien, tant qu’il reste inégalitaire. De fait, l’Égalité est même la liberté suprême,
puisqu’à niveau égal, chacun peut choisir la manière d’en faire l’usage (dans le cadre
strict où elle ne nuit pas à autrui, bien entendu) ou non (avoir la liberté de choisir d’être
libre ou non, n’est-ce pas, la plus grande des libertés, au fond?). Personnellement, je
ne crois pas à la Liberté, mais à des libertés. D’une manière générale, je ne crois pas à
l’Absolu (mais je crois que cela s’est vu!). L’être humain, soumis à ses paradoxes, ses
arbitraires, ses passions, ne peut sincèrement y prétendre. Cependant, j’ai parfois la
pensée saugrenue que l’intelligence reste le seul et le meilleur moyen de pallier, autant
que faire ce peut, nos dérives. Et que l’adage voulant que « l’on ne fasse pas à autrui
ce que l’on ne voudrait pas qu’il nous fasse », devrait guider nos pensées et nos
actions, en toute circonstance. C’est ma façon à moi d’être égalitaire, quand bien
même l’idée d’Égalité, s’applique à différents domaines (sociaux, économiques,
physiques, religieux, sexuels…) et varie en fonction des gens, ce qui pose la question
de savoir ce qu’est l’Égalité.

Si pour toute autre considération que le social et l’économique, l’Égalité est un


impératif, sur lequel on ne doit pas transiger, et dont l’application ne passe pas par
autre chose qu’un changement de mentalité global, sur les deux autres plans, le
problème est plus ardu. Car, enfin, socialement, économiquement, qu’est-ce que
l’Égalité? Une manière de traiter tout le monde de la même façon? Les riches comme
les pauvres? Mais cela voudrait dire que l’on accepte les riches comme les pauvres,

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alors que l’idée voudrait qu’il n’y ait ni riche ni pauvre… Mais les riches, s’ils se sont
enrichis légalement, ont le DROIT d’être riches (ce qui pose à nouveau la question de
la Liberté). L’Égalité voudrait alors que tout le monde puisse être riche! Mais si tout le
monde devient riche (et cela, les riches l’ont bien compris), la richesse n’a plus de sens.
Puisqu’être riche, par définition, se détermine par opposition aux pauvres! Et puis, par
ce travers humain qu’est la comparaison systématique, il y a aurait les plus riches et les
moins riches, et alors tout le monde voudrait être plus riche, forcément. Plus riche que
qui? Plus riche pourquoi? Je ne sais pas. Cependant, m’est avis que dans une société où
les gens n’aspireraient qu’à être « plus riches », ceux qui seraient les plus libres seraient
sans conteste ceux qui auraient décidé de ne pas être riches du tout… Tout le monde
n’aspire pas à être riche (enfin, je crois… Enfin, j’espère…)! De fait, l’idée du
socialisme, consistait à ce qu’il n’y ait plus de riches, ni de pauvres, opposés dans des
classes sociales, et à ce que l’État pourvoit aux besoins de tout un chacun (préparant
l’étape d’après, le Communisme, où le système fonctionnerait de lui-même, puisqu’il
serait égalitaire), ce qui signifiait donc, qu’il fallait en passer par une révolution pour
l’installer, parce que ceux qui possèdent le Capital, ne se départiraient pas de leurs
biens, sans lutter. Autrement dit, il fallait en passer par les armes et acquérir l’Égalité
au prix du sang. Mais si l’on est vraiment égalitaire, on ne peut pas décider d’agir
différemment envers certaines personnes, même riches, au mépris de la notion-même
d’Égalité, même animé des meilleures intentions du monde (d’où, le « socialisme par
les urnes » prôné très tôt, dans les pays d’Europe de l’ouest) et, ainsi, déposséder ou
tuer au nom de l’Égalité est un contre-sens. Non plus seulement du point de vue légal,
qui garantit cette Égalité, mais du point de vue de la stricte légitimité. Cependant,
comme l’instinct de possession, l’instinct d’accumulation, ne sont pas près d’être remis
en cause (trop bouddhiste, tout ça!), le (vrai) partage des richesses, ce n’est pas pour
demain!
Les successions, sont, dans cette mesure, un excellent indicateur idéologique…
L’héritage étant le comble de l’inégalité, et sa meilleure forme de perpétuation,
supprimer plus ou moins les droits de succession, comme l’a fait Nicolas Sarkozy,
montre que la prétendue méritocratie qu’il appelle de ses vœux, n’est qu’une formule
de plus (quelqu’un qui hérite, n’étant pas, par essence, méritant, puisqu’il n’a rien fait
pour cela. Ainsi, dans un monde parfait, l’héritage n’existerait pas, il irait directement à
l’État, qui redistribuerait, de façon équitable, cet argent. Les compteurs seraient vite
remis à zéro… Ai-je précisé que nous ne vivions pas dans un monde parfait?), et que le
Capital, c’est toujours le magot de ceux qui transmettent et de ceux qui héritent,
préservé par le pouvoir. Magot que personne ne viendra sérieusement leur réclamer
(alors, de là à le leur prendre, vous pensez…Pas même ceux qui s’auto-proclament
« révolutionnaires », aujourd’hui, et qui ne feront pas la révolution… Trop compliqué!
Décidément, « lâââ révolution n’est pas z’un dîner de galâââ […]!!! ).

La question de l’Égalité sociale (et économique) est donc épineuse… Pour la résoudre,
mettre à plat la notion elle-même, semble être un bon préalable à une réflexion
pertinente. Cependant, il est intéressant de constater que c’est (encore!) une question
qui ne pourra être tranchée de manière satisfaisante que si l’orientation du Parti
Socialiste et de la Gauche dans son entier, l’est elle-même. Ce serait aussi une manière
de (ré)concilier la Gauche libertaire, héritière du libéralisme politique et philosophique,
le Socialisme et les autres Gauches diverses et variées.
D’ailleurs, la notion d’Égalité par un contrôle total de l’économie par l’État est en soi
problématique (l’Histoire ne nous l’a que trop prouvé, mais les dérives étatiques

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étaient à prévoir). L’argent, le nerf de la guerre, la véritable matérialisation du pouvoir
pour les esprits rétrécis, mis à disposition du seul État, incarné dans nos démocraties,
par une personne est pour moi quelque chose de préoccupant. Certes, on lui adjoint
des garde-fous, mais cela ne représente qu’une minorité de personnes, qui sous
influence de l’argent, du pouvoir donc, pourront être amenés à en abuser (rappelons-
nous de la mise en garde de Montesquieu!)… Or, le pouvoir entre les mains d’un petit
groupe, n’est-ce pas ce que l’on appelle l’oligarchie? Pas vraiment démocratique, tout
ça. A terme, cela pose la question du modèle démocratique lui-même, et peut
nous donner à penser que, dans une économie mixte comme la nôtre, où le Privé
et l’État se disputent le gâteau, si ce système bancal, vestige de la pensée
keynésienne, peut être le vecteur de la dégradation du modèle démocratique
(voire de la société elle-même), la subsistance de la démocratie (et donc de la
société) est peut-être aussi intrinsèquement liée à ce type de compromis bâtard…
D’où il ressortirait qu’un nouveau modèle de société (qui aura ses défauts comme
les autres!) reste à inventer… Diantre! Cela ne nous ramènerait-il pas vers le
marxisme? Certes, certes. Ceci dit, le terme de démocratie a été largement dévoyé (au
fond, à par mettre un bulletin de vote de temps en temps pour untel ou unetelle, qui
une fois élue n’a plus tellement à nous rendre compte, et dont il faudra attendre la
prochaine échéance électorale pour pouvoir les sanctionner, le peuple, le « démos », est
quand même la quantité négligeable du pouvoir, le « cratos », dans toute démocratie
qui se respecte, excepté lorsqu’il descend dans la rue), et si le modèle communiste, tel
qu’il fut pensé par Marx est véritablement démocratique (ce qui prouve l’usurpation
qui en a été faite à travers le monde, où les dirigeants ont confisqué le pouvoir et donc
l’argent, sous prétexte de Communisme… Les pays communistes étant tous des pays
pauvres!), puisque fonctionnant PAR le peuple POUR le peuple, malheureusement, à
cause du détournement qui en a été fait, il ne laissera pour toute trace dans l’Histoire
que celle d’une histoire d’amour entre une doctrine et les Hommes qui aura très mal
tourné… Encore une! Comme une belle idée, salie par les Hommes… Encore une!
Aussi, le modèle démocratique, même souffreteux, même maquillé comme un camion
volé, reste à ce jour la seule résurgence temporelle de l’aspiration égalitaire (et
libertaire… Encore faut-il regarder de près ce que l’on range dans les pays
démocratiques…) qui anima nos prédécesseurs. Et c’est avec tout l’art du compromis
dont nous sommes capables, que ce modèle perdure. Car, là où il n’y a plus
compromis, il n’y a que de l’arbitraire et l’arbitraire, au final, débouche sur la dictature,
qui elle engendre, pour le coup, sa révolution, attendu que l’on ne fait jamais la
révolution contre une démocratie (mais pour l’instaurer, sinon, il est question de coup
d’État. Tout cela est très subtil…). Le problème, au fond, de l’Égalité, de la Liberté,
des questions économique, sociale, politique, c’est que tout cela réclame une réflexion
qui va bien au-delà de ces seules questions, tout en les intégrant pleinement - et peut-
être auront nous, alors, la troisième partie de notre devise : la Fraternité… Car, et en
cela, je vais faire preuve de « royalisme » (mon Dieu! Si je ne l’avais pas écrit, je ne le
croirais pas!) en la matière, « tout se tient »!

Pour l’instant, il faut, certes, parer au plus pressé et faire en sorte que le délitement du
lien social ne s’aggrave pas outre mesure, commencer à colmater les brèches, que la
soif d’Égalité soit autant que possible étanchée par l’État. La question de l’Égalité
économique et sociale se reposera tôt ou tard (et en général, c’est toujours plus tôt).
Mais qui peut dire si dans dix ans, dans vingt ans, il n’émergera du cerveau d’un allumé
épris de justice, un nouveau modèle de société, ou un réaménagement sérieux (et

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ambitieux) du modèle démocratique mettant au cœur de la vie politique les citoyens…
C’est marrant, ça me rappelle quelque chose…

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De la paupérisation de la politique et de son discours

Il ne suffit pas d’être habile et de faire d’une image, d’un symbole ou d’un slogan
creux, un message politique en soi. Ce qui pèse sur l’efficacité de la politique, c’est que
plusieurs ambitions motivent les candidats aux suffrages des Français.

Pour certains, ce sont les ors de la République qui les hypnotisent, et avec, le prestige
sans panache des responsabilités pour la gloriole. Pour d’autres, c’est une ambition
beaucoup plus dévorante que celle du pouvoir, source de tous les prestiges et griserie
absolue. Enfin, il y a la caste des pragmatiques, politiciens plus mesurés qui voient dans
la politique un moyen de faire avancer les choses et les idéalistes ou les naïfs, qui
finissent en pragmatiques ou changent d’orientation professionnelle. Malgré tout, la
confrontation au pouvoir nécessite des nerfs d’acier, une lucidité et une certaine
intégrité pour ne pas se transformer en aveuglement par et pour le pouvoir. Une fois
que l’on a goûté au pouvoir, il est rare que l’on arrive à y renoncer (poncif toujours
avéré). C’est ainsi qu’il apparaît que nombre de promesses électorales ou de
discours politiques, n’ont pour fonction que de se faire élire à l’échelon supérieur
ou à se faire réélire. Il en découle forcément une paupérisation de la politique et
de son discours, puisque ce n’est plus un moyen de servir un dessein plutôt noble
(gérer de façon juste un État), et qui nécessite forcément aussi des ambitions
personnelles, lesquelles se confondent cependant avec une vocation collective,
mais un moyen inféodé à ses ambitions personnelles pour les assouvir, ni plus ni
moins.

C’est dans ce contexte politique là, aussi, que s’est déroulée l’élection de 2007. Au
fond, le résultat de l’élection de 2002 tenant à un rejet de l’extrême droite, on ne s’est
pas vraiment penché sur l’évolution du discours politique. C’est pourtant une autre
des données de la défaite incroyable de Lionel Jospin. Le thème de cette élection,
c’était l’insécurité. Thème inlassablement relayé par les media. Mais dans une
France où déjà, le simplisme de la formule et des symboles se substituait au
discours politique, Lionel Jospin n’en a pas tenu compte.
Il faut toujours se servir des armes dont on dispose au moment où l’on livre
bataille, mais Lionel Jospin n’en a eu cure. D’où il ressort que je me pose cette
question fondamentale : Lionel Jospin a-t-il jamais voulu être Président de la
République? Je ne crois pas. C’est un homme trop intelligent pour ne pas s’être
rendu compte de l’incongruité de sa candidature. Mais face au déficit de
présidentiables dans son clan, avait-il franchement le choix? Je ne pense pas, non
plus. Il n’en demeure pas moins que dès lors qu’il s’était engagé à porter les
couleurs socialistes et, au-delà, de la Gauche, il avait un devoir de rentrer dans la
mêlée pour se battre (encore une métaphore rugbystique! Décidément!). Voilà une
des choses que l’on ne pourra pas reprocher à Ségolène Royal, c’est d’avoir donné
toutes ses forces (quand bien même elles ne furent pas suffisantes pour l’emporter)
dans la bataille!

Un slogan, un symbole ne sont pas de mauvaises armes, s’ils sont utilisés à de


bonnes fins, s’ils ont un sens et correspondent à un message politique tenable.
Encore faut-il avoir suffisamment d’à propos et d’esprit pour les manier à bon
escient afin de contrer ses adversaires, une fois qu’ils ont lancé les hostilités!

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2002 est en cela révélateur de cette paupérisation généralisée du politique95 que
négligeant tout autre sujet de préoccupation de la population, l’insécurité (comme en
1995, « la fracture sociale », signe que Lionel Jospin n’a pas tiré les leçons de ce
premier échec) a été le leitmotiv de la campagne. En 2007, c’est « travailler plus
pour gagner plus » qui a, de toutes les façons, emporté le plus de suffrages.
Cependant, on se souviendra de l’« ordre juste » ou bien de la « démocratie
participative » (qui est maintenant plus que jamais expérimentée)… J’ai beau
chercher dans ma mémoire, je n’ai pas le moindre souvenir de thèmes venant de Lionel
Jospin96 et je défie quiconque n’ayant pas participé à ces deux campagnes de me dire
quel souvenir clair il en garde. C’est bien de vouloir lutter contre cette paupérisation,
cependant, le laps de temps d’une campagne ne peut y suffire. Autrement dit, on se sert
des outils que l’on a et lorsqu’on accède aux responsabilités, on peut faire quelque
chose! Pour cela, il faut d’abord accéder aux responsabilités. C’est bête, mais c’est
comme ça! On peut avoir son originalité, mais si l’on n’a pas l’avantage, il faut savoir
utiliser les armes de l’adversaire... Ou au moins essayer en tenant compte du contexte
politique. C’est du simple bon sens! Donc, en attendant de voir à nouveau la Gauche
au pouvoir, on peut déjà essayer de redonner des lettres de noblesses au discours
politique, faire en sorte que le Verbe de Gauche, ait du fond, rien que du fond! C’est à
nous d’imposer une politique du sens, mais en se préparant, au cas où, à utiliser les
armes dont on dispose, si le message reste underground! La politique, c’est aussi
savoir composer avec les moyens que l’on a et arriver à faire passer son message avec.
L’adaptabilité est aussi une des qualités que doit posséder un homme ou une femme
d’État. Ségolène Royal l’a, il lui reste juste à la maîtriser plus efficacement. « Trop
d’adaptabilité, tue l’adaptabilité » et l’on donne l’impression de tirer tous azimuts!

95
C’est pourquoi, il faut se méfier des jolies histoires qu’on nous raconte aujourd’hui.
L’hyperpolitisation, d’accord! Mais enfin, si la politique s’est considérablement appauvrie, faire de
l’hyperpolitique, consiste à vouloir faire des miracles politiques avec un moyen vidé de toute
substance! Du coup, on nous joue un peu le mouvement « allegro ma non troppo » d’un concerto pour
pipeau et orchestre, en politique mineure… Je ne doute pas que le don d’ubiquité de Nicolas Sarkozy,
lui permette de diriger et de jouer de tous les instruments à la fois. Cependant, il n’est pas sûr que les
oreilles des plus mélomanes apprécient la musique.
96
En 1995, j’avais 15 ans et cela faisait un bon moment que la politique était chez moi une
préoccupation majeure, voire une obsession. Je me souviens de la « fracture sociale », de la bataille
Balladur/Chirac, je me souviens même des musiques de campagne de Chirac et de Jospin… Je me
souviens d’un des spots de campagne de Jospin, mais de quoi diable pouvait-il bien parler? Cela me
laisse dans le schwartz le plus total! En 2002, j’étais en licence à Nanterre, je suivais la campagne de
très près et pareil, pas le moindre souvenir… Mais alors pas un seul, de la campagne de Jospin, si ce
n’est sa fameuse mention au fait que son programme n’était « pas socialiste »!

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De la monarchie républicaine

C’est un vieux fantôme de la France que celui de la monarchie et notre système


républicain est vampirisé par ce spectre. D’où il apparaît plus distinctement que la
démocratie française est assez ectoplasmique, en fin de compte. Bienvenue dans la
République monarchique française! Le Roi est mort? Vive le Président! On dirait
que l’on a comme du mal à se libérer de cette bonne vieille image de « l’homme
providentiel », et ici, homme est sexuellement connoté!

La monarchie pendant des siècles, puis, son corollaire post-Révolution Française, le


Bonapartisme, matérialisé par l’Empire (survenu quinze à peine après la chute de la
monarchie absolue et une Première République anecdotique), la Restauration, sous le
prisme d’une monarchie constitutionnelle, le Second Empire après un autre intermède
républicain, et jusqu’à la désignation du Maréchal Pétain, pour sauver la patrie, le
recours à de Gaulle pour régler la question algérienne, et même le choix de Mitterrand
comme Grand Homme de Gauche, apte à apporter le changement par l’alternance (ce
qui explique que des nostalgiques de l’ère Mitterrand, désireux de vivre une dernière
fois cette griserie de la gravitation autour du Grand Homme, soient allés ramper vers
ce qu’ils pensent être l’incarnation – même revue très largement à la baisse – de
« Tonton », le mirifique Nicolas Sarkozy… Comme une dernière excitation avant
retraite. De vrais winners!... C’est moche de vieillir!). La France, lascive, aime à
s’offrir à cet « homme providentiel », quel que soit son nom et son visage (et quelle
que soit l’idée que chacun se fait de la Providence), vieux pays de Droite, elle ignore
dans une large mesure, qu’« il n’est pas de sauveur suprême. Ni Dieu, ni César, ni
tribun97 »… Comme je le disais précédemment, pays de la Loi Salique, c’est-à-dire qui
ne reconnaît pas le droit des femmes à accéder au trône (et qui ne reconnaît pas les
droits de leurs descendants, non plus), la France a maintenu ses traditions
monarchistes, purgées par Bonaparte. L’échec du régime parlementaire et le retour au
régime semi-présidentiel (enfin « semi »…) version de Gaulle, trouve aujourd’hui sa
plénitude avec le passage au quinquennat et le débat stérile sur
l’hyperprésidentialisation du régime n’y changera rien! J’avoue m’étonner des
offuscations qui accompagnent cette logique évolution du système. Ce qui m’étonne,
c’est que cela ne soit pas arrivé avant! Ça a pratiquement pris cinquante ans pour que
la V ème République atteigne ses objectifs! On revient à la monarchie absolue, encore
un peu et on ajoutera peut-être aussi dans la Constitution qu’elle est de droit divin.
Voilà pourquoi la conception de l’équilibre de pouvoirs façon Ségolène Royal98 était
probablement un des points qui me semblait le plus important de son programme (et ce
malgré le fait, qu’à bien des égards, elle ait tout de « l’homme providentiel », dans sa
stature – même si sa conception de l’État la place dans une autre sphère. D’ailleurs, on
lui a souvent conféré des attributs masculins, lorsqu’on a voulu la complimenter sur
son courage, sa ténacité, sa pugnacité… Ne disait-on pas, alors, qu’elle « avait des
couilles »?). Parce que je considère qu’un État qui se veut impartial, intègre et efficace,
un État fier, qui tient compte de ses citoyens, est un État moderne, digne de ce début
de XXI ème siècle, tournant définitivement le dos à l’arbitraire monarchiste – stricto

97
Citation extraite des paroles de l’Internationale.
98
Vouloir mettre au placard le spectre monarchiste en s’appelant Royal, c’est quand même très fort!
Mais peut-être que ça n’amuse que moi, ce genre de petites ironies de la vie…

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sensu – pluriséculaire, où le pouvoir rend des prérogatives au peuple et à ses
représentants. Je crois en un peuple plus au fait de la politique, plus armé pour prendre
son destin en main, un peuple au sens collectif du terme et non pas un amoncellement
de fractions qui corporatistes, qui partisanes, qui raciales, qui sexuelles, qui sociales,
qui religieuses ou que sais-je encore? Mettre en marche un nouvel État, expérimenter
une vision collective de la politique, avec une confrontation des idées entre la tête et la
base, puis mettre en place cette politique collective dans les meilleures conditions
possibles, ce qui incombe aux professionnels de la politique (politiciens ou
technocrates)… Comment n’a-t-on pas pu voir, comprendre que l’avenir de la
politique se situait là? Comment a-t-on pu se replier sur l’illusion d’une politique
atrophiée, sous prétexte qu’elle avait la forme du vibrionnant Nicolas Sarkozy?
Comment, enfin, peut-on perpétuer le modèle monarchiste ad libitum et demander, en
même temps, d’être partie prenante d’un système tout en s’exonérant d’y participer?
Pour en finir avec la monarchie républicaine ou la République monarchique, prendre en
compte un changement profond des institutions dont la résultante serait à terme un
changement de constitution, il faut arriver en 2012 avec un projet constitutionnel bien
bouclé. Quitte à exposer ce projet à la tribune avant, une sorte de Bayeux99 bis, quoi!

99
Référence au discours de Bayeux lors duquel, le Général de Gaulle a dévoilé son projet
constitutionnel, future mouture de la V ème République.

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Le Bon, la Victime et le Salaud

Il n’aura échappé à personne (où alors vous le faites vraiment exprès!) que, très
paradoxalement, autant Nicolas Sarkozy a fait campagne sur la « décomplexion de la
droite » (« Arrivisme, fric… Et alors ? On vous emmerde! »), autant il fût le chantre de
la victimisation à outrance, à vous faire passer « La Petite Maison dans la Prairie »
pour un programme punk! En effet, il a su montrer, à longueur de meetings, de
déclarations et autres conférences, tout au long de son marathon 2002-2007 pour la
conquête du pouvoir, l’aisance qui était la sienne à passer d’un registre à l’autre,
réussissant parfois même l’exploit de les mélanger, voire de les confondre. Il est des
talents bien curieux et Nicolas Sarkozy les possède en nombre, poussant jusqu’à en
faire étalage, là où tout autre homme ou femme politique, aurait à cœur de n’en rien
laisser paraître, tant ils ne sont guère recommandés dans ce métier.
Malgré tout, je ne crois pas qu’il s’agisse chez lui d’une posture, mais qu’il porte cela
en lui. C’est par trop cohérent avec sa vision manichéenne de la vie (le Bien/le Mal, le
gentil/le méchant, le travailleur/le fainéant, le laborieux/le fonctionnaire, le pépère
Jacques Chirac100/le suractif Nicolas Sarkozy… Bref, « aimez vous les uns contre les
autres »!). Ceci étant, l’exacerbation du pseudo-compassionnel, l’emploi systématique
de violons verbaux, véritable dialectique des sanglots longs, donnent l’impression de
vivre dans un mauvais mélo : « le Bon, la Victime et le Salaud ».
Le compassionnel est une méthode politique assez inédite (j’y reviendrai), mais très
efficace, puisqu’elle est fondée sur l’émotion. On a tous, même moi (enfin, je crois…),
une corde sensible. Cependant, quand on est dans l’émotion, il n’y a plus guère de
place pour la réflexion. On compatit. On est dans l’empathie. On est sensible au sort
d’une Victime, parce que cela pourrait être nous ou un proche. Apparaît derrière le
spectre du Salaud (c’est amusant, comme les exemples d’ordures choisis sont toujours
de genre masculin…), qui a osé s’en prendre à la Victime… Qui a osé s’en prendre à
nous! Et puis, il y a le Bon. Ce Bon, qui nous parle de la souffrance de la Victime, des
Victimes, qui s’en fait le défendeur et, donc, qui se fait le pourfendeur du Salaud. Mi-
victime lui-même, mi-héros, le Bon nous prend à témoin, nous interpelle et nous fait
part de sa volonté d’en finir avec le Salaud, avec les Salauds, et il nous explique que
tous ceux qui ne sont pas avec les Victimes à 100%, sont avec les Salauds, avant de
partir en croisade, sous les applaudissements de la foule en délire… Clap de fin… The

100
Ce qui assez amusant, car l’on surnommait Jacques Chirac « l’agité » (cela venait de Giscard) ou
« le bulldozer ». C’est l’usure du pouvoir et aussi la caricature d’un Chirac glandeur et buveur de
bière (ce qui me le rendra toujours assez sympathique, même si ce n’est qu’une caricature… Un
buveur de bière ne peut pas être un homme foncièrement mauvais!) qui nous donnent aujourd’hui
cette image, et cela devrait donner à réfléchir à Nicolas Sarkozy, dans la mesure où, au sortir de l’état
de grâce, le peuple enfin réveillé de son état d’hypnose (l’un étant pour bonne partie la conséquence
de l’autre), il devra se confronter au pouvoir au quotidien. De Gaulle s’y est cassé les dents, Giscard
aussi, Mitterrand autant, quant à Chirac… Au fond, le primus inter pares est confronté à ce que
j’appelle le syndrome d’Icare. Le pouvoir, comme le soleil, brille, grise et chaque présomptueux qui
s’en approche de trop près s’y brûle les ailes, tout brillant ou avide qu’il soit! A ceci d’encore plus
pernicieux, que le soleil est une force de la Nature contre lequel l’Homme ne peut rien, mais que le
pouvoir est une émanation des Hommes, qui, devenue autonome, les a rendu esclaves de la chimère
qu’elle est en réalité, leur laissant miroiter qu’ils pourraient un jour s’en saisir pleinement. Il nous
faut toujours garder à l’esprit que l’on a jamais que l’illusion du pouvoir, qu’on ne le possède jamais
vraiment. Pourquoi? Tout simplement parce que ceux qui vous donnent le pouvoir ou qui vous laissent
l’exercer peuvent vous le reprendre, d’une manière ou d’une autre!

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End… Fondu enchaîné au noir!
Alors, oui, c’est un film qui fonctionne, lacrymal à souhait (et qui ressemble à s’y
méprendre au bon vieux téléfilm de l’après-midi!)… Il y manque juste deux-trois
répliques cultes comme « La mort, quelle vacherie! » ou « les Salauds, ce sont tous des
salauds! »… Ah, non, celle-là elle y est, je crois! On a mangé tout notre pop-corn, on a
vidé notre boîte de mouchoirs et on s’en retourne dans nos foyers avec la conviction
d’avoir vu l’incarnation de la justice, en la personne de Nicolas Sarkozy dans le rôle du
Bon, les victimes qui, malheureusement, alimentent tous les jours les rubriques de faits
divers, dans les rôles des Victimes et les salauds (toujours impersonnalisés), dans les
rôles des Salauds, dans un film au scénario original (enfin, original!) d’Henri Guaino,
mis en scène par Nicolas Sarkozy et produit par l’U.M.P.! Seulement, la vie, ce n’est
pas Hollywood et si la compassion est une vertu extraordinaire, elle doit être sollicitée
avec précaution. Oui, l’on doit punir les crimes commis. Oui, l’on doit protéger la
population contre ceux qui la menacent. Mais non, on ne doit pas brandir le pathos
à cette fin, pour justifier une conception judiciaire répressive. Car si l’on doit sans
cesse protéger la population, c’est que quelque chose ne va pas. Or si quelque chose ne
va pas, il nous incombe à tous de chercher à savoir pourquoi. Le but de toute société,
n’est-ce pas que ses membres vivent le mieux possible? Ce n’est donc pas de réprimer
pour faire respecter l’ordre, c’est de faire en sorte que le bon ordre ne soit pas remis en
cause, par des défaillances du système qui libèreraient nos plus bas instincts d’humains.
Prendre les problèmes à la base, plutôt que de vouloir agir pour l’après à grand
renfort de mesures censément dissuasives, c’est donc à ça que servent les hommes
politiques (si, si!). Soit, il existera toujours des criminels, mais si la justice a fait en
sorte de catégoriser les crimes et les peines qui leurs sont assorties, ce n’est pas pour
que l’on se cache derrière le bouclier de la compassion, mais parce que cela réclame de
la nuance, du doigté et de la pédagogie. Un amalgame est si vite arrivé!
La Justice est une affaire trop grave pour qu’on la traite avec autre chose que la Raison
ou l’on en reviendra au lynchage systématique, un de ces quatre matins. Parce que sous
le coup de l’émotion, on ne distingue plus rien. Le violeur, n’est pas différent du
braqueur, ni du meurtrier ou du petit délinquant…

Personne de sensé n’est pour les salauds (sauf peut-être les salauds de cinéma, pourvu
qu’ils soient magistralement interprétés), pas plus les gens de Gauche – qui selon
Nicolas Sarkozy, n’ayant pas la même conception de la justice que lui, sont de leur
côté – que d’autres. Alors, nous opposera-t-on peut-être l’hypothèse que les gens de
Gauche ne sont pas des personnes sensées. Moi, je ne sais pas, mais il me semble qu’il
y a de quoi faire chez les autres!

J’ai dit que je reviendrai sur la question de la méthode compassionnelle en politique,


car en effet, à ce point, elle est inédite, donc, j’y reviens! Extraordinaire, Nicolas
Sarkozy!… Quoi ? Ce n’est pas parce que je ne l’aime pas et que sa politique me
hérisse, que je ne lui reconnais pas des qualités. Car, s’il y a une chose que l’on peut lui
reconnaître, c’est de savoir se mettre au diapason de la société, d’absorber les
tendances et les goûts, sur un registre assez différent de celui de Ségolène Royal,
cependant, mais partant d’une même constatation. Ainsi en est-il de cette histoire de
compassion comme stratégie politique. Toutefois, si la stratégie est efficace, elle éveille
ma curiosité. Elle m’interroge. L’homme de la rupture, celui qui a « changé, parce
qu’[il a] souffert » est-il vraiment une victime? Une victime de quoi? Je ne doute pas
que comme tout un chacun, Nicolas Sarkozy ait souffert au cours de son existence.

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Peut-être aussi est-ce ce qu’il y a de plus intéressant chez les hommes politiques, que
cette part d’ombre qui en font des colosses aux pieds d’argile (enfin des colosses…).
Néanmoins, quelle est cette souffrance dont a été victime le candidat Sarkozy et qui a
fait de lui cet homme neuf, le jour de son investiture à l’U.M.P.? De qui a-t-il été la
victime? Pas de ses petits camarades politiques furent-ils dans son camp ou celui
adverse. Il sait trop comment cela fonctionne pour venir nous jouer les Cosette! Alors
qui est ou qui sont les salauds, dans le cas précis de Nicolas Sarkozy? Le savoir n’est
pas intéressant en soi. Tout ce qui importe, c’est de voir la conception globalisante
qu’a Nicolas Sarkozy de « la souffrance ». Il met toutes les formes de souffrance, de la
plus petite à la plus grande, sur un pied d’égalité, et ainsi, peut se glisser dans son
costume de victime qui transcende sa souffrance, non sans ostentation (« je veux le dire
avec pudeur, mais je veux le dire »), pour se transformer en héros de la France,
enfourchant son fidèle destrier U.M.P., pour sauver les victimes de tout. Il y a là
quelque chose dans l’air du temps que Nicolas Sarkozy a su capter. Dès lors qu’il fut
investi par l’U.M.P., il n’eut de cesse d’alterner, dans ses discours, entre pathos,
compassion, brousouf et fermeté répressive! L’hypnose a fonctionné, relayée par la
télé, medium idéal pour ses prestations calibrées pour la diffusion, la rediffusion, la
multidiffusion... Tous les ingrédients y étaient! Et Nicolas Sarkozy a réussi à être le
héros télévisé le plus populaire de 2007. Juste derrière, il y avait Ségolène Royal… Ah,
cet éternel combat entre TF1 et le service public!

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ÉPILOGUE : SÉGOLÈNE ROYAL…
SÉGOLÈNE… SÉGO

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N’avoir son premier revers électoral majeur qu’à sa première élection présidentielle, ce
n’est pas banal. Surtout pour une Française! Ceci étant, voir s’écrire la légende de
cette femme insaisissable (indépendamment de ce qui me plaît ou me déplaît
politiquement chez elle) est un kiff absolu, je n’en disconviens pas! Je dois reconnaître,
qu’elle m’intrigue trop pour ne pas susciter mon plus vif intérêt. A peine trouve-t-on
une explication logique à certains de ses paradoxes ou d’aspects de sa personnalité,
que cela soulève d’autres questions plus intéressantes encore. Pense-t-on la cerner,
qu’elle nous surprend au détour d’une phrase…
Si je ne peux pas me targuer d’être viscéralement « royaliste », au moins ai-je pris mon
parti de ne pas méjuger, ni de mépriser, ni d’anathématiser Ségolène Royal, mais plutôt
de lui apporter la considération qu’on lui refuse trop souvent, pour peu que cela lui soit
d’une quelconque utilité! Et à défaut d’être à 100% Royal, au moins suis-je loyale
envers mes principes (et puis comme cela sent un peu le souffre de prendre le parti de
Ségolène Royal, et que j’aime la provoc’…)!

La particularité de Ségolène Royal est sa plus grande force. Son courage et sa


ténacité, ses meilleures armes. Pour peu que son iconoclasme, son refus du sectarisme
et son culot, qui sont ses plus grandes qualités, la mène à toujours repousser les limites
qu’on lui impose (que ce soit elle qui ait réussi à faire passer les hiérarques du P.S.
pour conservateurs, est quand même à méditer!) et que sa capacité à réfléchir et à agir
ne se sclérose pas, je ne reviendrai pas sur ma décision (même si, j’aimerais qu’elle se
gauchise un peu plus… Mais qui sait?).
Et que Ségolène Royal ne prenne pas ombrage de ce que je me sois permise d’essayer
de commenter, d’analyser sa personnalité (ce qui n’est jamais agréable), ainsi que sa
campagne, qui positivement, qui négativement. De toute façon, elle demeure un
mystère, à mes yeux!
Au cœur de tous les débats ces derniers mois, elle a interrogé, donné à réfléchir (quels
que furent les résultats de ces interrogations et de ces réflexions) et elle reste, en
France, définitivement LA FEMME de l’année 2007. Tout comme – et je suis la
première à le regretter – Nicolas Sarkozy est, à n’en pas douter, L’HOMME de
l’année 2007!

Je trouve extrêmement malhonnête de faire de Ségolène Royal un bouc-émissaire, au


Parti Socialiste! Parce que ce faisant, chacun de ceux qui essayent de la moquer, de la
salir, de la détruire, ne grandissent pas le P.S.! Au contraire. Le font-ils par vengeance,
par profonde détestation ou frustration, par intérêt personnel ou simplement pour
exister, que c’est le P.S. qu’ils moquent, qu’ils salissent, qu’ils détruisent. Pourquoi?
Parce qu’ils le décrédibilisent. Des gens ont voté pour que Ségolène Royal représente
les Socialistes, des gens ont cru en elle, voté pour elle (certains ont même fait les trois!
Bigre!). Elle a commis des erreurs, elle a perdu l’élection présidentielle, mais est-elle la
seule coupable de l’incapacité du Parti Socialiste à conquérir l’Élysée depuis 1995?
Cette politique du Vae victis, a-t-elle un sens? Personne d’intellectuellement honnête,
ne peut répondre par l’affirmative à ces deux questions. Attaquer Ségolène Royal par
des petites phrases minables ou même de bons mots, des pamphlets partiaux dans les
media, c’est gentil pour elle (« il n’y a pas de bonne ou de mauvaise publicité, il n’y
a que de la publicité! »)! Toutefois, se jeter comme des vautours sur elle, par caméras
interposées, non seulement c’est peu glorieux pour ceux qui le font, et cela leur donne
une image exécrable d’aigris, mais surtout, cela montre qu’ils n’ont toujours pas
compris ce qui les tuent (leur morgue, leurs combats fratricides jetés à la face des

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Français – François Mitterrand était autrement plus subtil – et leur incapacité à faire
l’autocritique des quinze dernières années de socialisme), qu’ils sont incapables de
garder la tête froide, qu’ils ne sont intéressés que par leurs petits pouvoirs, leurs petites
chapelles, leurs petites guéguerres, leurs petites ambitions. Agissant ainsi, les
Socialistes qui alimentent cette curée, offrent à la Droite la capacité de pointer devant
les Français leur bêtise et au peuple de Gauche, le spectacle navrant de leur
complaisance pour leurs propres faiblesses, tant structurelle, qu’intellectuelle et
idéologique.
Auparavant, nous avions la Droite la plus bête du monde, il semblerait qu’aujourd’hui,
nous cherchions à être la Gauche la plus bête du monde (d’un autre côté, étant donné
qu’il n’y a plus vraiment de Gauche dans l’Union Européenne, que la Gauche dans le
reste du monde a des méthodes assez flippantes… Bête ou non, il est heureux que nous
l’ayons encore notre Gauche française, me direz vous! Ce n’est pas faux…). Ce qui ne
veut pas dire que notre Droite serait plus intelligente (elle est bien bonne!)… Mais qu’à
l’aune de l’état de la Gauche, elle paraît certes plus flamboyante qu’elle ne l’a jamais
été!

Que fait la Gauche pour changer les choses? Elle se « refonde »… Chaque parti se
refonde. Les Verts, la L.C.R., le P.S., etc… Chacun de son côté. On balaye les bonnes
vieilles habitudes d’un revers de main, on parle « refondation » sincère, profonde,
durable, mais tout n’est que bataille d’ego pour savoir qui sera le premier à crier
« EURÊKA! » et en tirer profit, personnellement, donc électoralement.
Si cela continue, on peut prophétiser que 2012 verra refleurir l’abstention. Et l’on sait
que la Gauche, se mobilise toujours moins que la Droite d’une manière générale
(Miam, encore cinq ans de Nicolas Sarkozy! Voilà qui est fort appétissant, non?)…
Qui sont ces grands pontes de Gauche, qui veulent soi-disant accéder aux
responsabilités, changer les choses, mais dont on se rend compte qu’ils ne le veulent
qu’à condition d’être ceux en position de le faire, puisqu’ils ne savent pas mettre leur
rancœur de côté, au nom de l’intérêt général, lorsque c’est un autre qui tient ce rôle?
Et c’est pour eux que l’on vote? Entre ceux qui poursuivent machinalement le suicide
politique et ceux qui ne veulent satisfaire que leurs ambitions en dépit du bon sens,
quand bien même ils seraient conscients qu’ils n’ont plus rien à espérer… Ces bonnes
gens qui poussent des membres du peuple de Gauche à virer à Droite, faute de
comprendre que leurs discours fatiguent, que leurs frasques agacent, et que pour
l’instant, le refus de langue de bois de Ségolène Royal et son ouverture d’esprit, sont le
meilleur moyen d’avoir une réflexion collective – pour peu qu’ils l’incluent dans cette
réflexion – afin d’élaborer un projet sans tabou aucun et débattre, même si cela
« clashe », pour savoir ce qu’ils veulent, en attendant l’écharpement traditionnel dans
le cadre de la course au pouvoir… Mais si le P.S. veut devenir véritablement un parti
de Droite ou rester un parti de Gauche, mais devenu confidentiel, à l’égal de ses autres
confrères de Gauche… Qu’ils continuent! Qu’ils tapent sur la vilaine Ségolène (vilaine,
vilaine, vilaine! Hou, qu’elle est vilaine!) et qu’ils épargnent les losers et les aigris qui
ouvrent leurs grandes gueules dès lors qu’il y a des caméras ou une bonne âme
disposée à les écouter, mais qui à part ressasser leur amertume, leurs espoirs déçus,
quand ce n’est pas tout bonnement leur manque de bol, ne donnent pas le moindre
signe de réflexion constructive, pourtant la seule chose que l’on attend d’eux! Quoi de
mieux que l’intérêt personnel avant l’intérêt des Français, quand on est de Gauche?…
Oui, quoi de mieux, en effet?

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J’ai peut-être un esprit particulièrement tordu… Réflexion faite, oubliez le « peut-
être ». Quoi qu’il en soit, je pense que la floraison littéraire d’ouvrages critiques
socialistes post-défaite, contient un extraordinaire terrain d’étude des personnalités qui
y contribuent et que ces véritables charges – explosives – contre Ségolène Royal sont
plus intéressants d’un point de vue psychologique que politique. Finalement, la défaite
de Ségolène Royal aura au moins été bonne à quelque chose. Car, comment, au vu de
l’apparente vertu cathartique qu’ont eu ces écrits – presque des cris du cœur, oserai-je
dire – pour leurs auteurs, ne pas imaginer que la victoire de Ségolène Royal aurait eu
un effet psychologique bien plus dévastateur sur eux? Pas tant par la perte de leurs
repères politiques personnels que parce qu’elle est le symbole de tout ce que, pour x
raisons, ils détestent et que la voir à l’Élysée eût été un choc émotionnel propre à
déclencher une profonde et sérieuse remise en question de leur sectarisme presque
irrationnel à son égard et du bien-fondé de leur méfiance, que sa désignation comme
candidate socialiste a largement ébranlé. Or sa défaite, les conforte dans leurs positions
(ils avaient raison, puisqu’elle a échoué… Raisonnement pour le moins malhonnête!),
sans que les douloureuses questions, leur permettant de faire le deuil des primaires (et
du reste) et de leur contexte particulièrement tendu, aient été abordées. La puissance
de l’affect est décidément sans limite… Y aurait-il un cursus socialiste obligatoire?
Celui de Ségolène Royal serait-il moins valable qu’un autre? Presqu’une trentaine
d’années au Parti Socialiste ne signifieraient donc rien? La confiance d’un François
Mitterrand en une jeune femme opiniâtre et talentueuse aurait-elle été une erreur? Si
oui, que penser de la confiance qu’il a accordé à d’autres, dans ce cas? Je pourrais
poser des tas de questions de ce genre qui invalideraient toute forme de critique
personnelle à son endroit, sans même avoir besoin de recourir au sophisme.
Ne pas partager la même conception du Socialisme que Ségolène Royal est une chose,
et, à ce titre, une critique négative, livresque ou non, n’est que la juste expression d’un
désaccord. Mais dans cette démarche qui se veut intellectuelle et où l’on doit donc
toujours « raison garder », se doit-on pour autant de jeter l’opprobre sur une personne,
fût-elle aussi singulière que Ségolène Royal? Je pense qu’il appartient aux éminents
auteurs qui rivalisent d’éloquence pour aborder le sujet de se poser la question.
Nier qu’il y ait autant – sinon plus – de personnel que de politique dans toute cette
curée littéraire, serait pour le moins étonnant… On ne met pas tant de véhémence à
essayer de démontrer la bêtise, l’incompétence de quelqu’un dont on affirme
l’inconséquence, si on ne met pas ses sentiments à contribution. En effet, le mépris
d’une personne si inconséquente eût été une manière d’aborder uniquement l’aspect
politique de la campagne de Ségolène Royal, de parler de sa conception politique, de
son corpus idéologique, sans rentrer dans des détails personnels (mais le diable est dans
les détails… Toujours). D’où il ressort que c’est donc bien la question personnelle qui
est prépondérante dans ces ouvrages et que l’on cherche à convaincre le lecteur de
quelque chose, qui pourtant, selon les auteurs, devrait sauter aux yeux : la bêtise et
l’incompétence de « l’héroïne » de ces véritables chefs d’œuvres de la littérature. Or si
l’on cherche à convaincre, c’est que cela ne va pas tant que cela de soi… Pourquoi
cherche-t-on à tout prix à nous convaincre? Pour nous faire voir la lumière? Et de
quoi, au juste, essaye-t-on de nous convaincre? Que nous sommes trop cons pour ne
pas voir ce qu’eux discernent si distinctement et qu’il faut donc que nous nous
rangions à leur avis emprunt de sagesse (soit : Ségolène Royal est – grosso modo –
une imposture, elle n’a rien compris, il ne faut surtout pas qu’on lui permette de
conserver une place de premier plan à l’avenir, sinon, c’est dangereux… Ne nous
fourvoyons pas à nouveau!)? Quelles réelles motivations se cachent derrière autant de

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véhémence? C’est vrai… On ne parle pas à ce point et de façon aussi passionnée d’une
personne sans importance (ou alors, c’est que l’on s’ennuie copieusement et que l’on
n’a vraiment rien d’autre à faire!). Cet acharnement littéraire est donc particulièrement
suspect et pousse à se poser des questions. Cela donne l’impression que l’on cherche à
nous vendre quelque chose… Quoi? Et à quelles fins? Connaître les auteurs, les enjeux
politiques majeurs se posant au Parti Socialiste, depuis la défaite de Ségolène Royal,
aide à trouver les réponses à ces deux questions. A la réflexion, les ouvrages auxquels
je fais référence ont, certes, une portée plus personnelle que politique, mais aussi, en
définitive, éminemment politicienne (avec l’effet de masse, ça s’est un peu vu!)…
Cependant, comme je le disais, j’ai un esprit particulièrement tordu!

Ayant appris à l’apprécier101, j’ai trouvé en Ségolène Royal un formidable personnage,


romanesque102 en diable, par le biais duquel, cet écrit a trouvé son fil conducteur, son
héroïne, avec tout ce que cela comporte de drame, d’aventure, de trahisons (et il y
avait de quoi faire!), de rires, de larmes, de colère (saine ou non), d’amour, de haine…
Et puisque les ouvrages consacrés à l’élection présidentielle 2007 la canardaient de
tout côté et lui ont taillé un bon gros manteau pour l’hiver 2007 (et même un manchon,
pour aller avec), il fallait bien que quelqu’un se dévoue pour la défendre. Je suis fière
d’être cette personne-là, fusse avec ma plume et ma prose boîteuses!

Mais malgré tout, malgré toute l’énergie que j’ai mise ici, il ne peut être question de
rivaliser avec l’excitation, le sentiment de griserie, ou encore l’appréhension, puis,
l’indignation finale, qui ont fait cette élection 2007, à mes yeux!
Les mots ne seront jamais assez forts, assez signifiants, pour traduire la folie que
c’était. Car, à tout point de vue, cette campagne était une folie (la campagne, et
non la candidature!)… Cinq mois d’adrénaline pure! Étant (un peu) folle moi-
même, je sais donc gré à Ségolène Royal… Ségolène… Ségo… Je lui sais gré de sa
pêche, de son sourire, de sa combativité, et de sa folie, aussi… Mieux, je l’en
remercie! J’espère qu’elle donnera enfin toute sa mesure, laissant éclater son talent
politique, au cours des prochaines années, rayonnant plus encore qu’elle ne le fit en
2007 (rien que pour emmerder ceux qui veulent l’enterrer, déjà…)! Car, s’il s’en faut
de peu que le crépuscule du Socialisme français ne survienne dans les années à venir, je
ne suis pas persuadée que celui de Ségolène Royal soit arrivé…

101
Ce qui a surpris pas mal de gens de mon entourage, qui n’en sont toujours pas revenus - et me
poursuivra sans doute longtemps! Je dirais même mieux… J’ai commencé à écrire, appréciant
Ségolène Royal depuis quelques mois seulement. Au fil de l’été et des critiques acerbes, mon
appréciation a crû et, finalement, plus le temps passe, plus je la vois pratiquer le sarcasme et le second
degré à dose homéopathique et sourire à ce joyeux bordel, en évitant soigneusement de s’y mêler
ostensiblement - alors qu’elle en est au centre - et plus je l’aime, cette femme!
102
D’ailleurs, des tas d’auteurs de grande qualité (contrairement à moi) en ont fait leur héroïne
aussi : Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, Éric Besson, Claude Bartolone, Jean-Christophe
Cambadélis, Guillaume Bachelay, Lionel Jospin, Marie-Noëlle Lienemann, Claude Allègre… De la
vraie, de la grande, de la belle littérature! Bon, Jean-Luc Mélenchon aussi parle d’elle, mais, je l’aime
bien, donc j’assume ma subjectivité, et puis, sa conception du socialisme a beau être diamétralement
opposé à celle de Ségolène Royal, il est le seul qui n’insulte ni son intelligence, ni ses capacités… Et
surtout, il ne va pas chercher dans des théories fumeuses les raisons de ses ambitions.

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N-B : A l’heure où j’en termine sur cette défaite 2007103, ses origines, ses tenants, ses
aboutissants, tout ça, tout ça… Ségolène Royal a déjà commencé son mea culpa –
mea maxima culpa (mais « sans masochisme », dixit Ségolène Royal herself!)
concernant sa campagne, et lancé la base de ses propositions pour l’avenir du P.S.,
entamant officiellement son chemin de croix (en pardonnant à ceux qui « ne savent
pas ce qu’ils font », avec une évidente volonté de foutage de gueule, qui a produit ses
effets) vers le Congrès du Parti Socialiste de 2008 (étape importante avant 2010, date
de la désignation du candidat socialiste pour 2012), à l’issue duquel sera désigné le
prochain Premier Secrétaire. Ira? Ira pas ? L’expérience nous a souvent prouvé qu’il
ne faut jamais sous-estimer Ségolène Royal et que l’on doit toujours s’attendre à tout
de sa part…Patientons, donc!

Il est quand même assez cocasse de constater que, déjà, le Parti Socialiste est en
train de réécrire – l’air de rien – son histoire récente, en ayant repris à son compte
(à l’occasion de l’Université d’été du P.S.) des thèmes sur lesquels Ségolène Royal
a entamé une réflexion à voix haute ou a commencé à trancher, pendant la
campagne présidentielle, et qui déchaînaient alors les rires moqueurs, les quolibets
ou les attitudes de vierges effarouchées, quand ce n’était pas tout simplement les
accusations de positions droitières, Ségolène Royal étant limite un démon (tu
m’étonnes, qu’elle use de la dialectique christique pour répondre!) de la société
capitaliste (comme si le P.S. était un parti révolutionnaire marxiste!), crachant sur
les 35 heures (enfer et damnation!), voire un démon du chaos, insufflant au gentil
et très orthodoxe Parti Socialiste, l’esprit du mal qui le mènerait à sa perte (ils ne
manquent pas d’air!)…

Mais aujourd’hui, à entendre – presque – tout le monde au P. S., les épineuses


questions sécuritaires, économiques, de la durée de travail, sont au goût du jour, et
constituent désormais des préoccupations socialistes majeures (ah, tiens?)!
Extraordinaire de cohérence!

Enfin, cela prouve que contrairement à ce que l’on a entendu ici et là durant la
campagne – et plus encore après les législatives, et que l’on entend encore, l’arrivée
de Ségolène Royal sur le devant de la scène socialiste n’était pas autant du ressort du
gadget que l’on a bien voulu le dire! Elle aura au moins eu le mérite de déclencher
un déblocage des tabous solfériniens, que même l’épisode tragique de 2002 (et ce
n’était pourtant pas rien, 2002!!! Jean-Marie Le Pen, candidat d’extrême Droite,
était au second tour à la place du candidat de Gauche…Dans une élection censément
imperdable, elle aussi!) n’a pas réussi à enclencher…Je ne dis pas que l’on doive la
suivre en tout aveuglément (je ne le pense pas)… Mais ce n’est pas une raison pour la
descendre pour autant104!

103
Les livres de BHL et de Patrick Mennuccci, prenant sa défense (quand même!), sont sortis…
Ségolène Royal a même livré sa propre version de sa campagne.
104
Message personnel au Parti Socialiste : Là, plus que jamais, vous l’avez votre occasion de
débattre, de discuter, de trancher des choses! Alors, bon sang de bois, faites-le! C’est le moment de
choisir votre positionnement, votre orientation stratégique ou que sais-je, encore! Confrontez-les
vos points de vue (mais de manière constructive, hein! Pas de déballage médiatique foireux…)!

129

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Ségolène Royal n’est pas dans l’aile gauche du Parti Socialiste105 (néanmoins, la
campagne lui a donné – dans une certaine mesure – un cachet bien plus socialiste
qu’elle n’avait en la commençant, et ne pas l’avoir remarqué, c’est de la
négligence…), c’est entendu! Elle n’est toutefois pas une femme de Droite déguisée et
il y a toujours bien un clivage entre la Gauche et la Droite, ce n’est pas « bonnet
blanc, blanc bonnet », puisque lorsque le choix est présenté aux Français, c’est
toujours vers la Droite qu’ils se tournent (à l’exception de François Mitterrand, dont
on a déjà établi que ce n’était pas tant une adhésion, qu’un malentendu, suivi d’un
choix par défaut) pour choisir son chef! Alors que si les deux bords étaient une seule
et même chose, qu’importerait la Droite ou la Gauche? Tirons-en donc deux
enseignements : primo, oui, nous sommes un pays de Droite! Secundo… Bah, oui,
Ségolène Royal est une Socialiste! Non, parce que si – en plus – elle était de Droite,
comme de mauvaises langues l’insinuent, et que Nicolas Sarkozy lui a été préféré, les
choses seraient encore bien plus désespérées que nous ne le pensions! Et je n’ose pas
vous dire, sur le fond, ce que cela révèlerait de notre pays, de notre société, de notre
conception-même d’identité, de style, de goût…Non, je n’ose pas!

J’ajouterai un dernier compliment à l’endroit de Ségolène Royal (pour autant que


mon talent à faire compliment soit avéré) : c’est très probablement (avec son vieux
copain de promo, Dominique de Villepin, qui – au moment où j’achève cette petite
histoire fort gouleyante, sur cet événement mineur, mais alors mineur, qu’à été
l’élection présidentielle 2007… Vraiment pas de quoi fouetter un chat! – est en pleine
rébellion et qui met, étonnamment, un peu d’ambiance dans cette Droite aux ordres
du grand chef) l’une des rares personnalités politiques qui n’ait pas peur de Nicolas
Sarkozy! Et qui, bien qu’elle soit courtoise et bien élevée (en même temps, c’est
Ségolène Royal, pas Courtney Love!), le déteste de manière viscérale depuis
longtemps! Cela se voyait déjà avant, mais je vous en supplie, revoyez le débat de
l’entre-deux tours attentivement (pas seulement pour ça, d’ailleurs!) et vous verrez
combien c’est manifeste, presque palpable! Je ne sais pas si c’est physique ou si c’est
dû au fait qu’elle exècre tout ce qu’il représente, mais ça, on peut dire qu’elle ne
l’aime vraiment pas! Ce qui, je l’avoue me la rend encore plus sympathique, tant je
partage ce sentiment!

J’en termine avec une pensée pour Jean-Luc Mélenchon – qui, lui non plus, n’a pas
peur de Nicolas Sarkozy et – qui, après un coup de chaud post-électoral, est passé

105
Et elle n’est pas de l’aile Droite non plus. Sinon, elle n’aurait pas traité les Gracques de
« droitiers », elle n’aurait pas « déçu » un Jean-Marie Bockel, qui lui s’assume vraiment comme
blairiste, et qui est allé se rendre autrement utile au gouvernement de Nicolas Sarkozy…Pardon, de
François Fillon! On l’oublierait presque ce bon François Fillon… Et Ségolène Royal, n’aurait pas -
depuis toujours - une telle animosité (quasi palpable) à l’égard de Nicolas Sarkozy et de ce qu’il
représente, alors que des personnes de son propre parti ne sont pas les derniers à lui cirer les pompes
et à crier au génie devant lui! De plus, Ségolène Royal, en tant que présidente de région, a eu le
courage de remettre en cause le C.N.E., et même de refuser des subventions aux entreprises y ayant
recours sur ses terres picto-charentaises, acte politique de Gauche, s’il en est, et la justice lui a même
donné raison! N’oublions pas non plus le merveilleux « Merci MEDEF! » envoyé à la face de Nicolas
Sarkozy, en plein débat de l’entre-deux tours, qui m’a collé des frissons… Son cas n’est pas
désespéré, je vous dis! D’accord, montrer systématiquement patte blanche, de façon bien ostentatoire,
pour prouver en permanence son appartenance à la Gauche, elle ne l’a jamais fait, ça, c’est sûr!

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d’une phase de « mépris » à l’égard de Ségolène Royal, à une phase d’analyse du
personnage et de ses caractéristiques, même si c’est une phase très critique.

J’entrevois une issue à la tragédie socialiste qui s’est nouée après la défaite de la
madame, une issue dont je rêve tous les matins, les yeux ouverts, entre deux
insomnies, à savoir que d’une entente entre ces deux visions et de la confrontation de
ces deux fortes têtes, peut naître un cocktail explosif, à même de dynamiter la
sinistrose (ah, ah, ah!…) ambiante du Parti Socialiste, et de montrer ce que c’est
qu’une Gauche « punchy », pour peu qu’ils se mettent autour d’une table et discutent
(ce qui risque d’être plutôt rock’n’roll, voire carrément funky, douloureux même,
mais ce qui pourrait en sortir serait tellement énorme!). Et s’ils arrivaient à récupérer
Noël Mamère et Christiane Taubira, au passage, ce serait même encore meilleur…A
suivre, donc!

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ANNEXES

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POLITIQUEMENT VÔTRE

Voici quelques dessins que j’ai fait pendant et après les élections. Le premier, dont je
n’ai que la copie (que j’ai envoyé par mail à Ségolène Royal, et dont je me demande
toujours si c’est elle qui a répondu à ce mail, attendu que vraiment, il n’appelait pas de
réponse et que j’ai été plutôt surprise de recevoir dans ma boîte mail un message dont
l’expéditeur était Ségolène Royal! Non, mais imaginez le truc…), je ne l’ai plus en ma
possession. Je l’avais dessiné dans l’entre-deux tours, dans un élan volontairement
prosélyte et moqueur.

J’ai fait énormément de dessins dans ce genre depuis les années 97-98, époque où j’ai
commencé à faire ces petits personnages, mais je ne les faisais jamais avec une arrière
pensée politique ou rarement. En fait, à la base, c’est pour faire rire mes amis ou des
personnes que je rencontre, itaque je les donne presque toujours à ceux qui me les ont
inspirés. J’ai commencé à inaugurer le genre politique, avec ce dessin de Ségolène
Royal. Ainsi donc… Je vous raconte la petite histoire de ce dessin, vous permettez?
Ainsi donc, disais-je, me baladant presque toujours avec mon fourbis sur moi (mes
dessins, mes carnets, mes crayons, mes feutres), le 7 mai, lendemain du jour funeste,
j’ai eu l’occasion de le lui remettre, par le plus grand des hasards (ou presque, parce
que j’étais quand même à Solférino, mais bon, être pile poil là au bon moment, c’était
fort, quand même), mais distraite comme toujours, je n’ai pas réagi assez vite pour le
lui donner. Je lui en ai donc envoyé la copie par mail, quelques jours après l’élection,
comme ça, sur un coup de tête! Je me suis dit que cela lui apparaîtrait comme un
encouragement pour 2012, d’où l’objet du mail : un dessin à recycler! Répugnant
toutefois à garder l’original par-devers moi, tant cela me fendait le cœur de le voir, et
comme je devais aller au meeting du 29 mai au Zénith lançant la campagne législatives
en grande pompe (et que quand j’ai une idée dans la tête… Ben, forcément, je l’ai dans
la tête!), j’ai réussi très discrètement à le lui filer sur son passage (comme quoi avoir de
grands bras, ça aide, je l’ai toujours dit!), ni vu, ni connu, je t’embrouille… Je
respirais! Voilà, je vous ai tout dit!

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SÉGOLÈNE ROYAL ET MOI

Mon histoire personnelle avec Ségolène Royal commence dès l’enfance, avec une
controverse sur les dessins animés japonais. En bonne fan de mangas que j’étais, que je
suis toujours, je ne pouvais souffrir la charge péremptoire contre les dessins animés
japonais de « la madame ». Fan de politique également depuis le berceau, je me suis
donc intéressée de près à son C.V. et ce que j’ai découvert m’a dressé les cheveux sur
la tête - et avec mon capital capillaire, ce n’est pas peu dire! Ségolène Royal, c’était
quasiment ma mère, en blanche! Née à Dakar au début des années 50, milieu
catholique, famille nombreuse, père rigide (militaire pour elle, magistrat pour ma
mère), mitterrandienne, pas franchement pro-mariage, un côté prof (ma mère est
prof!), à part le fait que ma mère, elle, aimait les mangas, et a de la mélanine en plus,
c’était la même (d’ailleurs, ma mère l’aime bien. Tu m’étonnes!)! Une mère m’étant
amplement suffisante, une Ségolène Royal qui y allait aussi de son avis sur l’éducation
des enfants et les valeurs familiales, c’était vraiment la goutte d’eau! Dieu, que j’ai
aimé détester cette femme, surtout pendant mon adolescence! Je l’ai allègrement (ah,
ah!) et particulièrement prise en grippe pendant la gouvernance Jospin entre 1997 et
2002, et ça a été ma personnalité de Gauche alibi, à chaque fois que je devais prouver
mon objectivité face à ma famille paternelle (traduction : à Droite). Je prenais même un
malin plaisir à taper dessus. Puisqu’on est dans une période de transparence… Autant
être honnête! En fait, je ne m’étais jamais remise en question à son sujet avant que la
curée ne commence vraiment début 2007. Et comme j’ai profondément horreur de
l’injustice, je l’ai d’abord défendue par principe, puis, finalement, je me suis rendue
compte que mon positionnement à son égard était plutôt débile, qu’il n’avait plus lieu
d’être et j’ai fini par apprécier la personne autant pour ses qualités que pour ses
défauts!

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LEXIQUE RAISONNÉ DU « ROYALISME »

Ou

Tout ce que vous devez savoir sur le monde de


Ségolène Royal, pour pouvoir briller en société

(Parce que l’on peut rire de tout, même de la politique… Surtout de la


politique! Et même de Ségolène Royal… Surtout de Ségolène Royal?…
Aussi, oui! Après tout, ne dit-on pas « Qui bene amat, bene castigat »!)

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- APOCALYPSE CAPITALISTE : Grand cataclysme, initié par la dévotion de plus
en plus grandissante de l’Homme au dieu Brousouf, et, au cours duquel, victime de sa
propre connerie, l’Homme n’aura même plus l’occasion de goûter l’ironie d’un constat
pourtant désopilant : on se tue à la tâche pour avoir plein d’argent, mais quand tout le
monde est mort, l’argent ne plus sert à rien! Si tant est que le concept de « valeur »,
sur lequel l’argent et l’économie toute entière sont fondés, ait le moindre sens au
départ et ait jamais fait de l’argent quelque chose d’utile. Mais foin de philosophie de
bazar! Précédée de la Lutte Finale*, opposant les adorateurs du dieu Brousouf*, à
savoir la Droite*, et la Gauche*. Si c’est la Gauche qui gagne, l’Apocalypse n’aura pas
lieu et on assistera à l’avènement du Communisme (le vrai!). Sinon…

- BAYROU, François : homme politique français. Faux prophète. A la tête du


MoDem (anciennement U.D.F., Union des Décisions Foireuses), parti passé du bas au
haut débit trop subitement, ce qui a créé un bug, et dont le fournisseur d’accès a cédé
les droits de la connexion au dit François Bayrou… Avec le résultat que l’on sait! De
toute façon, c’est moche comme couleur, le orange… Même pour un modem!

- BLUM (Léon) : Homme politique et saint français. Martyre du Socialisme, comme


Jean Jaurès*. Il est l’homme qui permis aux prolétaires français de découvrir la réalité
des vacances, grâce aux congés payés, instaurés suite à la victoire d’une coalition de
Gauche, en 1936, le Front Populaire*.

- BRAVITUDE : Néologisme inventé par Ségolène Royal*, dans une volonté un


chouïa tatillonne d’éviter de dévoyer le mot « bravoure », suite à son ascension de la
Grande Muraille de Chine (mais cela peut aussi être la manifestation linguistique d’un
manque d’oxygène, dû à la hauteur de ladite muraille!). Cette utilisation des substantifs
en « -itude »I, top années 90 (c’est mal, Ségolène! Très mal, de réhabiliter les années
90, linguistiquement parlant!), est redevenu un véritable phénomène de mode (voir
Humour).

- BROUSOUF : Dieu païen, dispensateur de brousouf, dont les fidèles ont des rites
étranges, et, pour tout dire, malsains, avec offrandes de caviar Sévruga (et les petits
toasts qui vont avec ou des blinis), de champagne brut rosé, de bœuf de Kobe…
Beurk! Malsains, on vous dit!

- CAPITALISME : 1/ La définition de Schumpeter me paraît assez concise (voir


p.107) ; 2/ Tour de passe-passe ayant consisté à perpétuer le système économique
féodal, sous des dehors plus avenants (une bonne couche de maquillage et le tour est
joué!) pour le rendre plus glamour et des atours bigarrés pour le rendre plus festif aux
serfs. Rrrr!

- COMMUNISME : Phase terminale de la transformation de la société capitaliste,


après la phase transitoire du socialisme. La société communiste étant une société
idéale, sans classes (et pas forcément sans classe…), où la redistribution des richesses
garantirait l’égalité pour tous. Sera atteint si, après la Lutte Finale, la Gauche
l’emporte sur la Droite (de façon définitive, je veux dire!), ce qui mettra aussi fin au

I
Tout substantif néologique en « -itude », s’appelle un « ségolisme » – le terme n’est pas de moi.

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socialisme*.

- DAKAR : Capitale du Sénégal. Ville de naissance de Ségolène Royal. D’où l’on en


conclut que Ségolène Royal est une escroquerie totale. Le mythe de la « Dame
Blanche », tout ça, c’est du pipeau! En fait, Ségolène Royal est noire… Bon sang, mais
c’est bien sûr!… Maman?

- DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE : De l’art de transformer des idées en or


électoral (sorte d’alchimie entre le peuple et le pouvoir politique). Quid de la pierre
philosophale? D’aucuns pensent qu’elle est au fond du sac à main ***** de Ségolène
Royal… Avis aux intrépides!

- DÉSIR D’AVENIR : Volonté d’empêcher l’Apocalypse Capitaliste* de détruire la


France, par des idées de lendemains meilleurs (Ch.9, v.22 du Grand Livre Rose de
Ségolène Royal*). Tout un programme!

- DEUX-SÈVRES : Ah, le royaliste* département du 79! Berceau-même du


royalisme* (19 ans de règne sur la circonscription melloise), toujours sous influence de
« la Madame », puisque cette dernière est maintenant la tôlière de toute la région
Poitou-Charentes*, les terres des Deux-Sèvres, m’ont toujours un peu rendue parano,
je l’avoueII.

- DONNANT-DONNANT : On pourrait penser, qu’il y a là, une allusion déguisée à la


Loi du Talion. Que nenni! Car Ségolène Royal est tout amour et tend toujours l’autre
joue… Avant de rendre au centuple (personne n’a jamais précisé qu’il ne pouvait pas
s’agir d’amours vaches!). Naaan, le donnant-donnant ou gagnant-gagnant*, c’est avant
tout une logique du don/contre-don : un droit/un devoir, une châtaigne/un marron…

- DROITE (LA) : Coalition de gens de mauvaise vie, païens adorateurs du dieu


Brousouf.

- D.S.K., (STRAUSS-KAHN, Dominique, dit) : homme politique français,


économiste. La personnification de la modernité à Gauche, le chantre de la social-
démocratie. Créateur de la méthode « l’économie de marché pour les Nuls et les
Récalcitrants ». D.S.K. ou la preuve vivante qu’à « Gauche », on peut parfois être plus
libéral qu’à Droite…

- E.N.A. : École de la Négation de l’Amusement. Drôle d’endroit où l’on fait de drôles


de rencontres, paradoxalement!

- FABIUS, Laurent : homme politique français. Ancien « plus jeune Premier


Ministre », qui… Ben, qui… Et qui a aussi… Enfin, qui… Ancien « plus jeune Premier
Ministre »!

II
Non, parce que je veux bien que Ségolène Royal ait des points communs avec ma mère… Mais
qu’elle en ait avec moi (les Vosges, Jeanne d’Arc…), c’est déjà plus préoccupant! J’ai horreur du
symbolisme à outrance, mais les Deux-Sèvres (79), pour quelqu’un qui est né à Sèvres en 79… Ça fait
un peu beaucoup, non?

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P-S (ah, ah!) : N’a rien à voir avec le général Quintus Fabius Maximus Verrucosus,
dit le « Cunctator » (le « Temporisateur »), lui aussi homme politique, qui a réussi à
ralentir, un temps, la progression d’Hannibal (et de ses éléphants?) sur Rome et qui
inspira le nom de la « Fabian Society », formée par des intellectuels britanniques et
véritable référence pour la social-démocratie européenne.
Aucun lien avec l’historien latin Fabius Pictor, non plus.

- FRONT POPULAIRE : Coalition de Gauche ayant accédé au pouvoir. Signe


précurseur, survenu en 1936, de l’imminence de la Lutte Finale.

- GAGNANT-GAGNANT : Corollaire winner du donnant-donnant*.

- GAUCHE : 1/ Côté ou se trouve le cœur (sauf pour ceux atteints de dextrocardie,


qui sont plus nombreux qu’on ne le croit. Seulement, étant donné qu’on ne peut pas le
savoir à moins de le vérifier, on a parfois des surprises!); 2/ Gauche (la) : Coalition
des Socialistes, des Communistes, des Verts, du Parti Radical de Gauche et de
l’Extrême-Gauche, ayant pour mission de défaire la Droite dans la Lutte Finale.

- GRAND LIVRE ROSE DE SÉGOLÈNE ROYAL : Bible royaliste.

- HOLLANDE : Pays membre de l’Union Européenne, qui, suite au référendum sur le


traité constitutionnel européen, a dit « non » à l’adoption d’un texte aussi mal rédigé
(peut-être aussi était-ce aussi dû à une mauvaise traduction en flamand… Il est vrai
que la prose de Valéry Giscard d’Estaing perd tout son sel à la traduction. Déjà qu’en
version originale, c’est limite…), tout comme la France!

- HUMOUR : Ne nous mentons pas, Ségolène Royal n’est pas vraiment la « Reine de
la Blague »… Effectivement! D’un autre côté, le Parti Socialiste, ce n’est pas vraiment
le « Jamel Comedy Club »… Non plus, non! On recense néanmoins, lorsqu’on y prête
un peu attention, deux types d’humour chez la présidente de Poitou-Charentes. 1/
Humour jeanniste, voire christique… En tout cas, humour incompris, légèrement
provoc’ et volontairement foireux ; 2/ Second degré, tout aussi incompris, parce qu’on
ne s’y attend tellement pas de sa part, que l’on prend tout ce qu’elle raconte au premier
degré… Grossière erreur! (voir « bravitude »).

- INTERNET : Medium de prédilection de Ségolène Royal. C’est un medium à


l’image de la socialiste : impossible à cerner totalement et participatif.

- INTERNATIONALE (L’) : Sorte de cantique sur la Lutte Finale, conjurant


l’Apocalypse Capitaliste, en annonçant la victoire de la Gauche.

- JAURÈS (Jean) : Homme politique, prophète et saint français. Martyre du


Socialisme, comme Léon Blum*, il a payé le prix de sa sagesse et de son engagement
(et non, ce n’est pas Ségolène Royal qui l’a tué!).

- JEANNE D’ARC : mystique française, dont l’image d’Épinal vendue par Jules
Michelet, relayée par Charles Péguy, a fait le bonheur des nationalistes, après qu’elle
fût canonisée en 1920. Seule figure de référence alternative à Saint-Nicolas pour un
Vosgien. Mis à part le passage par Sciences Po et l’E.N.A.*, son C.V. est quasiment le
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même que celui de Ségolène Royal. Ce qui a pu laisser penser qu’à l’instar de la
« Pucelle du Mans », dans la seconde moitié du XV ème siècle, ou de « Jean d’Arc »,
sous la Restauration, Ségolène Royal serait, elle aussi, une réincarnation de la
« Pucelle ». Jeanne d’Arc, personnage bien plus rock’n’roll que ce l’histoire pour les
enfants raconte, et moult fois instrumentalisé par la Droite la plus nauséabonde,
retourne, grâce à « la Royal », dans la besace de l’Histoire de tous les Français…
Nicolas Sarkozy s’est bien emparé des figures de Jaurès et de Blum! La balle au
centre… Euh, non, pas au Centre, en fait…

- JOSPIN, Lionel : homme politique français à la retraite…

- LAGUILLER, Arlette : femme politique française. Résistante marxiste-léniniste au


Capitalisme et figure emblématique de Lutte Ouvrière, « Arlette », comme on la
surnomme affectueusement, est la première femme à s’être présentée à l’élection
présidentielle française, en 1974, ce qu’elle fit six fois…en 33 ans! 33 ans?… Le temps
de la Lutte Finale ne doit plus être très loin!

- LUTTE FINALE (LA) : Grande bataille à venir, où la Gauche, devra se battre


contre la Droite, et la vaincre pour empêcher l’Apocalypse Capitaliste (c’est ça, le
fameux « temps des cerises »!).

- MAMÈRE, Noël : homme politique français, ancien journaliste. Poil (moustache?)


à gratter, du parti des Verts. Pourrait être le dernier élément d’un front anti-UMPiste
d’élite, au sein de la Gauche, lors de la Lutte Finale, avec Ségolène Royal, Jean-Luc
Mélenchon* et Christiane Taubira*, pour empêcher l’Apocalypse Capitaliste. Miam,
miam!

- MARX, Karl : Prophète, ayant prédit la fin du Capitalisme, pour être remplacé par
le Socialisme, qui doit faire naître la société idéale du Communisme*.

- MARXISME : Dogme basé sur la parole du prophète Karl Marx. La foi marxiste
est basé sur l’idée d’une société égalitaire (la société communiste), dont l’avènement
ne se fera que si à l’issue de la bataille finale entre la Droite et la Gauche (la Lutte
Finale), la Gauche l’emporte et empêche l’Apocalypse Capitaliste.

- M.E.D.E.F. : Mouvement Éternel Destiné à Entuber les Français. Faction française


d’un contre-ordre religieux très puissant à travers le monde, vouant un culte païen au
dieu Brousouf, dieu dispensateur de brousouf, sorte de manne en papier, dont on n’est
pas très sûr de l’utilisation qu’il faut en faire (j’ai bien une idée, mais elle n’est pas très
hygiénique…) et dont la liturgie se cantonne à ces imprécations primaires : « Du
brousouf! Du brousouf! Du brousouf! ». Le M.E.D.E.F. vise à précipiter l’Apocalypse
Capitaliste en France, relayé dans son action par l’U.M.P.*, organisme de promotion et
de diffusion de son dogme et dont le zèle au prosélytisme le plus éhonté, assure de
beaux jours à cette résurgence païenne de l’ère capitalisto-libérale ancienne.

- MÉLENCHON, Jean-Luc : homme politique français. Tenant de la doxa marxiste


au Parti Socialiste*. Méfiant envers les exégèses socialistes, et les néo-exégètes de tout
poil, il fait entendre sa voix, dès qu’on le chatouille un peu sur la doctrine socialiste.
Personnage bougon et haut en couleur, il a son rôle à jouer dans la lutte contre
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l’avènement de l’Apocalypse Capitaliste, pendant la grande bataille de la Lutte Finale.
(Voir Mamère, Royal, Taubira)

- MÉTISSAGE : Encore un terme souvent employé par Ségolène Royal. Le message


de la présidente de Poitou-Charentes, au sujet du métissage, pourrait se résumer à
« Métis de toutes les régions de France, unissez-vous! », ou quelque chose comme
ça…

- MITTERRAND, François : homme politique français légendaire. « Tonton »,


comme on l’appelait, fut un véritable père en politique pour Ségolène Royal, laquelle a
beaucoup appris de lui. Homme mystérieux, seul vainqueur et à deux reprises de la
course à l’Élysée, son règne (deux septennats… 7 + 7, vous me suivez?) a inauguré le
temps de l’avant Lutte Finale (et des cerises, aussi!). François Mitterrand aurait été le
seul à connaître la vraie mission de Ségolène Royal. Mais on l’accuse aussi d’avoir
tenu secrètes de nombreuses choses, comme l’emplacement exact de l’Atlantide, par
exemple. « On nous cache tout, on nous dit rien »!

- MODEM : … Comme son nom l’indique (voir Bayrou).

- ORDRE JUSTE : J’allais faire un jeu de mots pourri, mais il a déjà été fait… Du
coup, cette entrée vous renvoie à la page 81 (avec Chris, joue au « livre dont tu es le
héros »… Magie de l’interactivité toujours!)

- PARTI COMMUNISTE (FRANÇAIS) : Parti qui a pris la notion de « phase


terminale » au pied de la lettre. (Voir Communisme)

- PARTI SOCIALISTE (FRANÇAIS) : Par où commencer? Pour une explication


exhaustive, se référer au « Guide du Socialisme français des Castors Juniors » (la
quinzième réédition est en route).

- POITOU-CHARENTES : Ah, les terres picto-charentaises… Le territoire de la


mère Royal! Il paraîtrait que le Futuroscope de Poitiers, est une sorte de boule de
cristal géante, dont se sert Ségolène Royal pour lire l’avenir. L’histoire ne dit pas ce
qu’elle a vu dedans…

- ROYAL, Ségolène : femme politique française, alchimiste, mystique, hérétique,


sorcière, diseuse de bonne aventure, messie, et tourneuse-fraiseuse à ses heures
perdues. Dite la « Zapaterreur* », dite la « Madone du Poitou », dite « Ségo », pour
les intimes, dite « la Demoiselle de Rochefort », dite « la Bête noire du pêcheur de l’Île
de Ré », dite « la belle gosse du 79 » (dire du « sept neuf », pour faire hype!), dite « la
nouvelle Jeanne d’Arc », dite aussi « Jesus Christ Superstar » (prononcez à
l’américaine)… Ségolène Royal, envoie des C.V. anonymes dans les boîtes-aux-lettres
des Français, pour qu’ils n’aient pluss d’a priori en 2012 sur sa seconde candidature à
l’Élysée, car cette outrecuidante, a voulu, que dis-je, a osé, briguer la Présidence de la
République française, rien que ça! Sinon, cette grande incomprise, martyre de
l’humour, qui a tout de la première de la classe, puritaine au possible, est en fait une
grande rebelle, qui joue du piano avec Véronique Sanson, danse avec Jamel Debbouze
et cite du Diam’s dans ses discours politiques (et ne chante pourtant jamais à haute
voix, ce qui laisse supposer qu’elle connaît ses limites vocales et je ne sais pas
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pourquoi, mais je sens qu’on devrait lui en savoir gré…), Ségolène Royal est une sorte
de messie moderne (ou d’Antéchrist, ça dépend de quel point de vue on se place…),
assez contesté des hautes instances socialistes, et qui, selon les milieux autorisés, ferait
de l’entrisme au Parti Socialiste, pour en faire un grand parti trotskiste, et le mener à la
victoire, afin d’éviter l’Apocalypse Capitaliste… Mais chut! Il ne faut pas le dire…
Naaan, ce n’est pas une blague… A peine, alors!

- ROYALISME : nom. Culte étrange relatif à Ségolène Royal, qui s’apparente à une
sorte de messianisme, fondé sur « le Grand Livre Rose de Ségolène Royal » et dont la
liturgie, assez simple, consiste en un frénétique « Ségolène Présidente! », qui va
jusqu’à la transe… Ayant émergé vers 2005-2006 (on n’est pas tout à fait sûr de la
date exacte…), c’est sûrement encore une de ces nouvelles religions, diffusée par de
jeunes « Hare Krishna » qui se droguent…

- ROYALISTE : 1/Adepte du royalisme. Syn. Fanatique, hérétique; 2/ adj. Relatif à


Ségolène Royal.

- SARKOZY, Nicolas : homme politique français. Après lui être entré deux fois dans
le lard, de façon mémorable, à quatorze ans d’intervalle, la prochaine fois, Ségolène
Royal ne devrait plus trop faire dans le détail, attendu que ce mécréant lui a piqué son
boulot de 2007! Il court des bruits selon lesquels, Nicolas Sarkozy serait le pendant
maléfique de Ségolène Royal, s’étant offert corps et âme au côté obscur de la France,
mais, ce ne sont que des bruits… On t’a reconnu Dark Vador!… « Il n’est pas de
sauveur suprêmeuuuuu… » (air connu).

- SEPTIÈME (arrondissement de Paris) : Ou comment installer son Q.G. en


territoire ennemi?… C’est vrai, quoi! Les gars du Parti Socialiste, ils cherchaient un
peu la « lose », quand même, en s’établissant chez l’ennemi héréditaire (note de
l’auteur : le bourgeois)! « Socialiste », dans le 7 ème, c’est un mot qui fait peur (et
c’est limite un gros mot)! Car, c’est bien connu, « les Socialistes français, c’est
bolchéviques et compagnie! ».

- SOCIALISME : Phase numéro un de la transformation de la société capitaliste,


ayant pour but d’abolir les classes, c’est une étape transitoire n’ayant aucune vocation
à durer… Qui a duré!

- SOLFERINO : 1/ Ville italienne où se déroula la sanglante bataille éponyme, qui vit


la victoire des troupes de l’Empereur Napoléon III sur celles de l’Archiduc d’Autriche
François-Joseph (1859); 2/ Rue du septième* arrondissement de Paris où se situe le
siège du Parti Socialiste. Au vu de l’atmosphère souvent belligérante qui y règne, au vu
des confrontations parfois sanglantes avec l’ennemi et des incidents internes
malencontreux (un poignard qui traîne, vous savez ce que c’est…), il serait intéressant
de penser à une forme de Croix-Rouge, qui s’occuperait exclusivement des victimes
collatérales de la politique, comme la bataille de Solferino inspira la création de la
Croix-Rouge, par sa violence.

- TAUBIRA, Christiane : femme politique française. On pourrait penser que


Christiane Taubira et Ségolène Royal seraient des « sœurs jumelles, nées sous le signe
des Gémeaux »… On pourrait! Elles sont toutes deux des femmes de Gauche, toutes
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deux de fortes têtes, elles se sont toutes deux présentées à l’élection présidentielle (en
2002, pour Taubira, sous l’étiquette de sa formation politique, le Parti Radical de
Gauche… Je crois que pour ce qui est de Ségolène Royal, tout cela est encore un peu
trop frais. Inutile de préciser les circonstances… Ne parlons pas des choses qui
fâchent!), et si elles ont des ressemblances, une chose les distingue très fortement :
un second tour d’élection présidentielle. Sinon, Chris et Ségo, même combat!

- U.M.P. : Union pour un M.E.D.E.F.* Prospère.

- UMPiste : V.R.P. de l’U.M.P., donc du M.E.D.E.F., donc du dieu Brousouf.


Cravatés, bien peignés… Ou presque… Bigre! Ce ne seraient pas des mormons, par
hasard? Du coup, les vélib’ tombent à pic! La vie est quand même bien faite…

- VOSGES : Département méconnu du Nord-Est de la France, si ce n’est pour être le


lieu de naissance de Jeanne d’Arc (même si, à son époque, Domrémy, aujourd’hui dans
les Vosges, était dans ce que l’on appelait le « Barrois Mouvant », territoire aux
marches du royaume de France et du Duché de Lorraine… Pardon, je m’emballe!), et
le lieu où se tient le festival du film fantastique de Gérardmer (prononcez « gérarmé »),
le département des Vosges, le « Huit-Huit », comme on dit (ses sapins, ses moyennes
montagnes, ses petites villes aux noms évocateurs : Anould… Ah, Anould! Saulcy-sur-
Meurthe… Fraize… Comment ça, évocateurs de quoi?… Ses mirabelles, tout ça…),
ne se raconte pas, il se vit! Ségolène Royal en sait quelque chose…

- ZAPATERREUR : « … Son nom, elle le signe à la pointe de l’épéééeee, d’un Z qui


veut dire… » (air connu).

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