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Droit positif
- le Code civil et les réformes récentes du droit des successions et des
libéralités : nécessités économiques (évolution des patrimoines), sociologiques
(évolution des rapports de famille et de la vie en couple : concubinage et
recomposition familiale) et démographiques (diminution de la natalité et
augmentation de l’espérance de vie) : C. civ., art. 720 et s. ;
L’avant-projet du décret qui doit suivre est consultable sur le site internet du
ministère de la Justice.
Bibliographie
- les ouvrages généraux ;
- les revues ;
- les commentaires législatifs :
* A. Delfosse et J-F Peniguel, La réforme des successions et des libéralités,
Litec.
* N° spécial au Recueil Dalloz,
=> on laisse aussi de côté les techniques qui permettent d’avantager sans
gratifier (il n’y a pas transmission à titre gratuit et donc en principe pas
d’application des droits de mutation à titre gratuit) :
* les avantages matrimoniaux en présence d’enfants qui sont tous communs aux deux
époux (C. civ., art. 1527 : V. les principes du droit des régimes matrimoniaux) ;
* la stipulation pour autrui (C. civ., art. 1121) : le bénéficiaire acquiert un
droit direct contre le promettant qui est censé n’avoir jamais transité par le
patrimoine du stipulant. Ex. classique l’assurance sur la vie en cas de décès :
plutôt que de disposer à cause de mort au profit d'un tiers ou d'un successible,
le de cujus souscrit une assurance garantissant le risque de son décès en
désignant comme bénéficiaire, celui qu'il veut gratifier. A son décès, celui-ci
recueille la rente ou le capital garanti des mains de l'assureur et ce capital ou
cette rente sont censés n'avoir jamais figuré dans le patrimoine du de cujus (le
bénéficiaire de l'assurance a un droit direct contre l'assureur qui a qualité de
promettant, le souscripteur étant le stipulant.
Traditionnellement, il en résultait que le bénéfice de l’assurance n’était pas
taxable et sur le terrain civil n’était pas rapportable à la succession ni
réductible pour atteinte à la réserve (cf. art. L. 132-13 c. ass.) ; quant aux
primes, il a été prévu qu’elles ne sont pas non plus réductibles ou rapportables à
moins qu'elles ne soient manifestement exagérées eu égard à la fortune du
souscripteur. Mais l’assurance ayant tendance à drainer des sommes considérables
qui échappent aux règles successorales, une réaction s’est fait jour. D’une part,
la fiscalité de l’assurance sur la vie a été organisée dans un sens de plus en
plus sévère. D’autre part, la jurisprudence s’était orientée vers la
requalification en libéralités de certaines assurances sur la vie (les assurances
mixtes ou assurances en cas de décès contre-assurées en cas de vie) qui sont moins
des opérations de prévoyance que des opérations de capitalisation. Mais par une
décision éminemment contestable, la Cour de cassation a (pour de très mauvaises
raisons) mis un frein à cette jurisprudence : Cass. ch. mixte, 23 nov. 2004, Bull.
civ. CM, n° 4, RTD civ. 2005.435, obs. M. Grimaldi. Et il en résulte que
l’assurance-vie est devenue une machine à contourner le droit des successions
(infra).
Dans son principe, la dévolution légale au sein de la parenté repose sur une
double considération :
1° La première considération est la considération de l'ordre auquel appartient le
successible. La loi classe en effet les membres de la famille du de cujus en
plusieurs ordres successifs (art. 734). Le classement est hiérarchique, en ce sens
que les ressortissants du premier ordre ont vocation à succéder par priorité à
tous autres ; à défaut de successibles appartenant à cet ordre, ce sont les
successibles du deuxième ordre qui ont vocation à hériter, et ainsi de suite.
Il n’y a naturellement pas de distinction à faire entre les descendants selon leur
sexe ou leur date de naissance (art. 735). A la suite de la loi du 3 janvier 1972
et de celle du 3 décembre 2001, il n’y a plus à distinguer non plus selon leur
filiation (art. 733) : désormais, l’enfant adultérin a, en règle générale, les
mêmes droits qu’un « enfant légitime » et, en tous cas, qu’un « enfant naturel »
simple. Quant à l'enfant adopté, pour lequel l’article 733 renvoie au titre de
l’adoption, il faut distinguer : a) l'adoption plénière (sauf le cas de l'adoption
de l'enfant du conjoint) confère à l'enfant une filiation qui se substitue à sa
filiation d'origine (cf. art. 356) : par conséquent, l’adopté acquiert dans la
famille de l'adoptant les mêmes droits, spécialement successoraux, qu'un enfant
par le sang (art. 358) ; corrélativement, il perd toute vocation successorale dans
sa famille par le sang, puisqu'il cesse d'appartenir à celle-ci (cf. art. 356) ;
b) l'adoption simple, en revanche, est seulement adjonctive : l’adopté simple
conserve donc sa vocation successorale dans sa famille d’origine (art. 364, al.
1er) ; mais il acquiert de plus dans la famille de l’adoptant les droits
successoraux d'un enfant par le sang, à ceci près toutefois qu'il n'a pas la
qualité d'héritier réservataire à l'égard des ascendants de l'adoptant (art. 368).
Que décider enfin dans le cas où le de cujus est mort en laissant son père et sa
mère ou bien l’un d’eux seulement, mais pas de collatéraux privilégiés ? La
considération de l’ordre pourrait paraître devoir conduire à leur attribuer
l’entière succession. Mais ce n’est pas la solution que retient classiquement le
droit français. En effet, la logique de l’ordre des ascendants et des collatéraux
privilégiés est, ainsi qu’il a été dit, d'assurer la promotion des collatéraux
privilégiés dans le classement des successibles. Dès lors, cet ordre n'a plus de
raison d'être si le de cujus meurt sans frère ou sœur (ou descendants de ceux-ci)
: aussi bien (quoi que puisse paraître signifier les articles 734 et 739) les
ascendants privilégiés sont traités dans ce cas comme de simples ascendants
ordinaires (cf. infra : on applique le principe de la fente successorale) ; c’est
ce que vient de rappeler (certains avaient douté de la permanence de la solution)
la loi du 23 juin 2006, par une disposition déclarée interprétative (et donc
immédiatement applicable) : art. 738-1 :
La loi indique que cet ordre se compose des ascendants en ligne directe autres que
les père et mère, c’est-à-dire des ascendants à partir du deuxième degré (grands-
pères, grands-mères, autres aïeuls : cf. art. 734, 3° et 739). En vérité, on doit
leur assimiler les ascendants au premier degré lorsque le de cujus n’a pas laissé
à sa survivance de collatéraux privilégié (cf. supra).
Ainsi qu’on l’a déjà laissé entendre, le principe sur lequel est fondé notre
système légal de dévolution est tempéré par deux techniques égalitaires qui
consistent à corriger dans certaines situations, les conséquences qui devraient
normalement s'attacher à la considération de l'ordre et du degré de parenté. Ces
deux techniques qui sont désormais toujours exclusives l’une de l’autre (elles ne
jouent plus jamais concomitamment) consistent dans la représentation et la fente
successorales (cf. art. 744, al. 3).
- la représentation successorale :
Cette technique que le code civil qualifie de fiction juridique (art. 751) permet
à un successible d'hériter en lieu et place de son auteur prédécédé ou indigne.
Initialement, elle visait à corriger l’aléa de l’ordre des décès ; aujourd’hui,
elle est instrumentalisée pour permettre en outre une transmission au-delà de la
première génération (c’est une manifestation de la faveur pour l’anticipation
successorale).
i. Domaine de la représentation
La représentation ne concerne que la succession ab intestat (en matière de legs,
c’est la substitution vulgaire qui remplir son office) et elle ne joue que dans
certaines configurations successorales :
1° Elle joue en premier lieu dans les successions descendantes en ligne directe.
Elle fonctionne donc dans l'ordre des descendants au profit des petits-enfants et
de leurs descendants (art. 752) :
DC
F1 F2 †
DC
F1 † F2 † F3 †
DC
F1 † F2 †
PF1 PF2 DC
PF1 PF2
Parents †
2 1 2
Frère DC Sœur †
3
Neveu
[1] : le neveu du de cujus vient à sa succession en concours avec son oncle.
Parents
2 1 2
Frère † DC Sœur †
3 3 3
F Indigne († ou non)
PF
Aujourd’hui comme hier, PF venant à la succession de DC de son propre chef, est
habile à succéder. Ex. 2 DC
F1 F2 Indigne †
PF
Avant la loi du 3 déc. 2001, PF qui a besoin du secours de la représentation pour
succéder était exclu par l’indignité de son père ; aujourd’hui il hérite (dans
notre ex. pour moitié).
P †
F1 F2 †
Allant beaucoup plus loin, la loi du 23 juin 2006 a admis que le renonçant puisse
également être représenté, ce qu’indique maladroitement l’article 754, al. 1er.
Sur le terrain des principes, la solution tourne à l’absurde : le représentant
venant à la succession aux lieu et place du représenté, comment peut-il succéder
si le représenté à renoncer à la succession ? Mais, la fin a justifié les moyens :
le but poursuivi a été de permettre une renonciation per favorem : le père renonce
au profit de ses propres enfants de sorte que la succession leur advienne
directement, sans qu’il soit besoin pour cela d’une seconde transmission soumise
aux droits de mutation…
F1 † F2 F3 † (ou indigne)
C'est parce qu'elle assure l'égalité des souches que la représentation est une
technique égalitaire. Si l'on s'en tenait au principe, dans le cas d'un défunt
ayant eu plusieurs enfants ou frères et sœurs, mais dont l'un d'eux serait
prédécédé, la succession passerait au(x) survivant(s) entre lesquels elle se
partagerait, le cas échéant, par têtes. La dévolution de la succession serait donc
fonction des hasards de la nature (ordre des décès). Avec la représentation, il en
va tout différemment : la succession n'est pas dévolue par têtes en fonction du
degré de parenté : elle est répartie à égalité entre chacune des souches. La
représentation écarte donc la priorité d'après le degré ainsi que l'égalité des
droits à égalité de degré.
DC
F1 † F2 †
DC
F1 † F2 † F3 =
1/3
RQ. Quoi qu’il en soit, cette possibilité de représenter des successibles vivants
(indignes ou renonçants) a obligé à poser une règle complémentaire dans cette
hypothèse ; il se peut en effet qu’après l’ouverture de la succession à laquelle
le représenté à renoncer ou a été déclaré indigne de succéder et qui a été
transmise en conséquence à ses enfants alors vivant et ayant personnellement
qualité pour succéder, lui survienne d’autres enfants. Ceux-ci n’existant pas à
l’ouverture de la succession (par hypothèse) n’ont pu hérité, mais il serait
injuste qu’ils ne touchent rien de cette succession, à la différence de leur
frères et sœurs qui étaient déjà nés. Car si l’on avait respecté la règle du
degré, ils auraient dû avoir exactement les mêmes droits. Et c’est pourquoi l’a
loi, s’est employée à corriger cette injustice : elle a posé que lorsque de
nouveaux enfants surviennent au représenté après l’ouverture de la succession, les
enfants nés ou conçus à ce jour et qui ont succédé à sa place devront rapporter à
sa propre succession, suivant les règles normalement applicables aux libéralités
en avancement d’hoirie (infra), ce qu’ils auront touché dans la succession à
laquelle ils ont été appelés en le représentant (art. 754, al. 2 et 755, al. 2,
rédac. L. 23 juin 2006).
- la fente successorale :
La fente est un autre correctif à la dévolution selon l'ordre et le degré ; elle a
deux applications :
GM † GP † GM = 1/4 GP = ¼
M † P †
DC
Grands-parents † Grands-parents †
3 2 2 3
GM = 1/4 GP = 1/4 GM GP
M †
P = ½
DC
Fondement. L'idée qui sous-tend la fente est que le décès sans postérité du de
cujus brise le lien de famille qui existait en sa personne entre ses parents du
côté paternel et ses parents du côté maternel. L'unité de sa famille laisse place
à deux familles représentées l'une par la branche maternelle, l'autre par la
branche paternelle. Il est juste que la dévolution favorise l'égalité entre ces
deux branches plutôt que de s'en tenir à la considération du degré de parenté.
Domaine d'application. Cette considération explique que la fente joue dans les
successions dévolues à des ascendants ou à des collatéraux ordinaires (art. 747 et
749) : par hypothèse, les successibles n’appartiennent alors qu’à une branche.
Elle explique aussi que la fente soit exclue lorsque la succession est dévolue à
des descendants (quand même ils seraient issus de lits différents). Car les deux
branches (paternelle et maternelle) auxquelles appartenait le de cujus sont alors
continuées par tous les héritiers : les motifs de faire jouer la fente font donc
défaut. En revanche, le fondement de la fente aurait pu conduire à en faire
parfois application dans l’ordre des ascendants et des collatéraux privilégiés ;
et il pourrait en aller ainsi spécialement lorsque les collatéraux sont issus de
lits différents. Mais, avec la réforme du 3 décembre 2001, cette application de la
fente (que l’on qualifiait de privilège du double lien) a disparu. Désormais la
fente ne joue plus jamais dans l’ordre des ascendants et collatéraux privilégiés
(si l’on veut bien admettre qu’en l’absence de collatéraux les père et mère
appartiennent à l’ordre des ascendants ordinaires). Ainsi les choses sont
aujourd’hui très simples : les techniques de la représentation et de la fente
s’excluent l’une l’autre : la représentation joue au profit des descendants et des
collatéraux privilégiés à l’exclusion de la fente, la fente joue à l’exclusion de
la représentation au profit des ascendants et des collatéraux ordinaires.
C'est la loi du 11 juillet 1966 sur l'adoption qui a fait application de la fente
pour répartir la succession de l'adopté simple, mort sans postérité. On suppose
que le de cujus, adopté simple, ne laisse pas de descendants, mais des ascendants
ou des collatéraux dans sa famille d'origine et dans sa famille adoptive.
L'adoption simple étant adjonctive, à la mort de l'adopté sa famille d'origine et
sa famille d'adoption ont également vocation à lui succéder. On verra qu'un droit
de retour permet à chacune de reprendre les biens que l'adopté avaient reçus
d'elles à titre gratuit, sauf les droits du conjoint et le jeu du droit de retour
des collatéraux privilégiés (infra : successions anomales). La fente détermine la
dévolution des autres biens (art. 368-1).
Famille d’origine
Famille adoptive
Grand-Mère = ¼
DC
Frère d’adoption = 1/4
Rq. Avant la loi du 23 juin 2006, l’articulation du droit de retour prévu en cas
d’adoption simple et de celui qui appartient aux collatéraux privilégiés évincés
par le conjoint survivant posait difficulté, parce qu’ils peuvent logiquement
jouer de concert et ne profitent pas aux mêmes personnes. La loi du 23 juin 2006 a
entendu mettre fin à ce conflit, en précisant que la présence du conjoint excluait
le premier de ces deux droits de retour, mais elle a aussi supprimé la disposition
finale de l’art. 368-1, al. 2 qui précisait que le surplus des biens de l’adopté
simple décédé sans postérité se divise par moitié entre la famille d’origine et la
famille de l’adoptant « sans préjudice des droits du conjoint sur l’ensemble de la
succession ». Si l’on applique littéralement le texte, il faut en conclure que
désormais le conjoint n’a, sauf le jeu du droit de retour prévu par l’art. 368-1,
al. 1er, aucune vocation légale sur la succession de l’adopté simple décédé sans
postérité, puisqu’il n’appartient ni à la famille d’origine ni à la famille de
l’adoptant… Mais cette conséquence absurde doit être rejetée : elle ne correspond
absolument pas à ce qu’on voulu les auteurs de la réforme. Il faut donc continuer
de décider qu’il peut prendre dans chaque moitié de la succession divisée par la
fente en fonction des héritiers en concours. Mais c’est déjà parler des droits du
conjoint successible.
On précise que cette vocation est subordonnée aux conditions habituelles (survie
et dignité) et à la permanence du mariage : le divorce y fait obstacle. En
revanche, la séparation de corps ne prive plus le conjoint de sa vocation
successorale : art. 301 et 732. Mais dans le cas de la séparation de corps par
consentement mutuel, les époux peuvent prévoir dans la convention liquidative une
renonciation à leurs droits légaux dans la succession du conjoint (art. 301).
RQ 2. Cette solution est très dangereuse, car le conjoint même séparé de corps se
voit reconnaître désormais une réserve héréditaire en l’absence de descendants…
Père = ¼ Mère = ¼
Frère = ½ DC
Père = ¼ Mère = ¼
Frère DC Conjoint = ½
Grand-mère = ½
Père † Mère = ½
DC Grand-mère
Père † Mère = ¼
DC Conjoint = ¾
1° Pour éviter que la primauté du conjoint survivant sur les ascendants ordinaires
ne heurte l’équité, il a toutefois été prévu que les ascendants du défunt, autres
que les père et mère, peuvent dans le délai d’un an réclamer à la succession des
aliments s’ils sont dans le besoin, lorsque le conjoint recueille la totalité ou
les trois-quarts de la succession (art. 758). Cette créance alimentaire est
prélevée sur la succession et supportée par tous les héritiers et, en cas
d’insuffisance, par tous les légataires à titre particulier proportionnellement à
leur émolument (sauf le respect des legs prioritaires).
Rq. Il est à remarquer que cette créance n’existe que lorsque le conjoint
recueille la totalité ou les trois quarts des biens (ou plutôt lorsqu’il a
vocation à recueillir cette totalité ou ces trois quarts) : elle n’existe donc pas
quand ses père et mère succèdent au de cujus puisqu’alors le conjoint n’a vocation
qu’à la moitié de la succession ; l’idée est que la créance alimentaire est une
compensation à l’éviction des ascendants ordinaires par le conjoint, elle n’a donc
pas lieu d’être lorsque les ascendants ordinaires auraient de toute manière été
primés par les ascendants privilégiés : dans ce cas, ils ont d’ailleurs les uns et
les autres une créance alimentaire personnels contre les ascendants privilégiés
qui sont leurs descendants. Il reste que lorsque l’idée n’est pas poussée au bout
de sa logique, puisque lorsque le conjoint recueille les trois-quarts de la
succession, les aliments sont dus par celle-ci (faute de distinction dans la loi)
non seulement aux ascendants ordinaires évincés par le conjoint mais aussi le cas
échéant à ceux qui sont évincés par leur propre descendant (l’ascendant privilégié
qui a survécu).
Les termes de l’option n’ont rien de fortuit : si l’on a retenu que les droits en
propriété seraient limités au quart, c'est pour qu’ils demeurent en toute
hypothèse dans les limites du disponible, la part que la loi réserve aux enfants
pouvant représenter jusqu’aux trois quarts de la succession (infra) ; si l’on a
retenu que l’usufruit légal serait désormais universel (il était auparavant d’un
quart), c’est parce que cela correspond à ce que les époux se consentaient le plus
souvent par voie de libéralité (on retrouve l’idée que la vocation ab intestat
correspond au plerumque fit). Cet usufruit étant universel porte aussi bien sur la
quotité disponible que sur la réserve des enfants qui est donc ramenée à de la nue
propriété. Mais ainsi que le texte le précise (à la suite d’une initiative de P.
Catala), il ne porte que sur les biens existants ; c’est dire qu’il ne porte pas
sur les libéralités rapportables, non plus d’ailleurs que sur les legs (à
l’exception toutefois des legs d’attribution dans la mesure où ils s’imputent sur
la réserve).
Ainsi que l’article 757 le signale clairement, cette option est ouverte au
conjoint lorsque les descendants en concours sont tous issus des deux époux ; en
revanche, elle est fermée lorsqu’un ou plusieurs enfants ne sont pas ceux du
survivant (c’est évidemment ainsi qu’il faut comprendre l’expression « enfants qui
ne sont pas issus des deux époux »), soit qu’il s’agisse d’enfants d’un précédent
lit du de cujus, soit qu’il s’agisse d’enfants adultérins, soit encore qu’il
s’agisse d’enfants adoptés par le seul défunt (au contraire, il n’y a évidemment
pas lieu d’écarter en principe la vocation en usufruit lorsque le ou les enfants
non communs sont issus du seul conjoint survivant). Dans ce cas, le conjoint ne
peut prétendre qu’au quart en propriété. La solution s’explique aisément : on a
voulu éviter les tensions entre le conjoint et les descendants du de cujus qui
risquent de résulter de l’usufruit du premier. Mais elle n’en introduit pas moins
une discrimination indirecte entre les enfants du couple lorsqu’ils sont issus de
lits différents, ce qui est fréquent : le quart en propriété du conjoint est perdu
pour les enfants du seul de cujus, tandis que les enfants communs le recueilleront
à terme dans la succession du conjoint survivant (il est d’ailleurs à remarquer
que contre ce genre d’injustice, l’article 1098 – dont la réforme du 23 juin 2006
a d’ailleurs élargi le domaine – prévoit un mécanisme égalisateur en cas de
libéralité en propriété faite au second conjoint). Un enfant d’un premier lit ne
risque-t-il pas un jour de s’en offusquer devant la Cour de Strasbourg… ?
La loi n’a pas prévu de délai particulier pour l’exercice de cette option (comme
d’ailleurs pour l’option successorale qui appartient à tout héritier) ; elle se
prescrit donc théoriquement par dix ans (ce qui est le nouveau délai pour l’option
successorale). Mais les autres héritiers ont une action interrogatoire pour forcer
le conjoint à prendre parti. Curieusement, alors que désormais les héritiers ne
peuvent être contraints de prendre parti avant 4 mois (art. 771), la loi ne laisse
que trois mois au conjoint pour exercer son choix entre l’usufruit et la pleine
propriété : art. 758-3…
RQ. Cette précision n’a pas été dotée d’une application immédiate dans le temps
(dans l’idée qu’elle serait simplement interprétative du droit préexistant, ce qui
était difficilement soutenable) => elle ne vaudra (à moins que la jurisprudence ne
l’impose que pour le passé) que pour les successions ouvertes à compter du 1er
janvier 2007.
Cette imputation signifie qu’il faut déduire du montant des droits légaux du
conjoint tels que chiffrés au terme des deux étapes précédentes, le montant des
libéralités adressées au conjoint par le de cujus. L’article 758-6 ne faisant
aucune distinction à cet égard doivent être imputées, les libéralités entre vifs
comme les libéralités à cause de mort, les libéralités rapportables comme les
libéralités hors part (à supposer cette distinction applicable au conjoint). Mais
comment procéder lorsque les libéralités faites au conjoint ne seront pas en
pleine propriété, mais simplement en usufruit comme c’est souvent le cas.
L’article 767 avait soulevé la même difficulté et l’on admettait en général qu’il
fallait procéder à une conversion pour ramener les droits légaux et la libéralité
à imputer au même dénominateur (cf. non sans ambiguïtés : Cass. 1re civ., 6 févr.
2001, Bull. civ. I, n° 28, RTD civ. 2001.637, obs. Patarin). La même analyse
s’impose pour l’application du nouvel article 758-6. Mais les mêmes difficultés
techniques ne vont alors pas manquer de se poser : comment ramener de l’usufruit à
de la pleine propriété ou inversement ? On peut bien sûr utiliser le barème fiscal
de l’article 669, I, CGI (anc. art. 762) et cela paraît d’autant plus admissible
que ce barème a été récemment réformé pour tenir compte de l’accroissement de
l’espérance de vie.
Quoi qu’il en soit, au terme de cette imputation, deux hypothèses sont possibles :
soit les libéralités que le conjoint a reçues sont inférieures au montant de ses
droits légaux en pleine propriété : dans ce cas, il peut prendre le complément sur
les biens existants, sans jamais pouvoir recevoir une portion de biens supérieure
à la quotité disponible spéciale (art. 758-6) ; soit, les libéralités reçues sont
supérieures au montant des droits légaux en pleine propriété : dans ce cas, le
conjoint ne peut plus prétendre à rien.
Illustrations :
I.- Le de cujus laisse son conjoint et trois enfants A, B et C. De son vivant, il
a fait donation préciputaire à A d’un bien valant 200 au jour de la donation et
(dans le même état) 500 au jour du partage. Plus tard, il a fait donation
rapportable à B d’un bien valant 300 au jour de la donation et (dans le même état)
400 au jour du partage. Plus tard encore, il a fait donation rapportable à C d’un
bien de 300 qui vaut (dans le même état) 500 au jour du partage. Figurent dans le
patrimoine successoral, une maison, des comptes bancaires créditeurs, des
placements et des œuvres d’art pour un montant respectif, au jour de l’ouverture
de la succession, de 1000, 200, 400 et 200. Ces mêmes biens valent respectivement
au jour du partage 1200, 250, 350, 300. Le passif successoral s’élève à 200. Un
testament a été retrouvé dans lequel il est fait legs des œuvres d’art à un tiers.
Le conjoint survivant a opté pour le quart en pleine propriété.
Pour connaître l’émolument des autres héritiers, il suffit alors de soustraire ses
droits de la masse et de partager le reliquat entre les ayants droit (sauf à tenir
éventuellement compte du droit viager au logement si le conjoint prétend l’exercer
sur la maison : infra), soit :
Biens existants au jour du partage : 1800
- droits du conjoints : 225
Masse partageable :
solde : 1575
rapports dus par les copartageants : 400 + 500
Total : 2475
A répartir à égalité entre A, B et C, soit pour chacun 825 (2475/3)
On connaît alors les droits bruts de chaque héritier. Reste à répartir le passif
successoral entre eux, proportionnellement à leurs droits respectifs (cf. infra) ;
le total à partager est de 2700 (addition des droits des 3 enfants et du conjoint,
ce qui correspond à la valeur des biens existants et des rapports au jour du
partage, exclusion faite des biens légués). Il en résulte que A, B et C devront
respectivement supporter le passif à hauteur de 825/2700 x 200 (montant du passif)
soit 61, 10 ; le conjoint devra pour sa part le supporter à hauteur de 225/2700 x
200 = 16, 70.
Finalement, A, B et C, ont droit chacun (droits nets) à 763, 90 (825 – 61, 10) ;
le conjoint a droit à 208, 30 (225 – 16, 70).
II.- Même exemple que précédemment ; simplement, au lieu d’une donation de 300 à
C, le de cujus a fait à celui-ci une donation rapportable de 200 (valant 300 au
jour du partage) et il a fait en outre à son conjoint une donation de 100 (valant
200 au jour du partage).
Comme le droit temporaire, le droit viager au logement porte d’une part sur le
local d’habitation effectivement occupé au décès par le conjoint et appartenant
aux époux ou dépendant totalement de la succession du de cujus, et d’autre part
sur le mobilier garnissant le logement et compris dans la succession du de cujus.
Il faut donc un immeuble propriété des deux époux ou du de cujus ; si le logement
était assuré par un bail, le droit viager se réduit à l’usage du mobilier (765-2).
Mais il y a alors lieu de faire application de l’article 1751.
Une différence considérable entre les droits temporaire et viager tient à ce que
le droit viager est un droit successoral (et non plus un effet direct du mariage).
Il en résulte que sa valeur s’impute sur les droits du conjoint survivant ;
autrement dit, elle vient en déduction de sa vocation successorale (art. 765, al.
1). Naturellement, la question ne se pose que lorsque le conjoint succède en
propriété. Parce que s’il opte pour l’usufruit de toute la succession, le droit
d’usage et d’habitation qui n’est qu’un diminutif de l’usufruit se trouvera
nécessairement absorbé dans la vocation successorale. On suppose donc que le
conjoint succède en propriété et, dès lors, de deux choses l’une. Soit la valeur
du droit viager au logement est inférieure à celle des droits successoraux du
conjoint, auquel cas il peut réclamer le complément de ses droits sur les biens
existants (art. 765, al. 2). Soit la valeur du droit viager au logement est
supérieure à celle de ses droits successoraux, et dans ce cas il a été prévu que
le conjoint ne serait tenu à aucune indemnité à l’égard de la succession pour
l’excédent (art. 765, al. 3).
Mais comment évaluer concrètement le droit viager au logement ? Il est précisé que
pour la liquidation des droits de mutation à titre gratuit le droit d’usage et
d’habitation est chiffré à 60 % de la valeur de l’usufruit en application de
l’art. 669 CGI (V. supra ce texte). Mais on rappelle que l’application de ce
barème n’est obligatoire que pour le calcul des droits de mutation. Pour
l’évaluation civile de l’usufruit, la méthode économique peut être utilisée, mais
elle est difficilement transposable à l’évaluation d’un simple droit d’usage et
d’habitation, puisque par hypothèse ce droit ne donne pas accès aux revenus du
bien (alors qu’elle repose sur l’idée de capitalisation des revenus). L’évaluation
civile des droits d’usage et d’habitation risque donc de soulever de graves
difficultés en cas de mésentente.
Une autre différence avec le droit au logement temporaire tient à ce que le droit
viager n’est pas automatique ; il doit être réclamé par le conjoint survivant qui
dispose d’un an à partir du décès pour manifester sa volonté d’en bénéficier (art.
765-1). Pour libérer le logement, le conjoint et les héritiers peuvent convenir de
convertir ce droit en une rente viagère ou même en capital (art. 766).
Ainsi qu’il a déjà été indiqué, l'ascendant adoptif ou par le sang d’un adopté
simple s’est vu reconnaître par la loi du 11 juillet 1966, qui a réformé
l’adoption, un droit de retour sur les biens transmis à titre gratuit à l’adopté,
lorsque celui-ci est décédé sans postérité (art. 368-1, al. 1er).
Il faut donc supposer qu'un adopté simple soit décédé sans postérité (sans laissé
de descendants). En outre, il ne faut pas que l’adopté simple laisse à sa
survivance son conjoint. En effet, on a déjà dit qu’à la suite de la loi du 3
décembre 2001 ce droit de retour pouvait entrer en collision avec le droit de
retour institué par cette loi au profit des collatéraux privilégiés évincés par le
conjoint survivant. Pour éviter ce télescopage, la loi du 23 juin 2006 est venu
préciser que ce droit de retour ne vaut qu’à défaut de descendant « et de conjoint
survivant ». Dans ce cas, le droit de retour légal est établi au profit de la
famille adoptive comme de la famille d'origine. Dans chaque famille, il bénéficie
aux ascendants au premier degré (adoptant, père et mère par le sang) et, en cas de
prédécès de ceux-ci, à leurs descendants (frères et sœurs d'adoption ou par le
sang).
Quant à l'objet du droit de retour, il consiste dans les biens que l'adopté a
reçus à titre gratuit, entre vifs ou à cause de mort (par voie de succession ou
libéralités), de ses parents par le sang ou adoptifs. Ainsi dans la famille
adoptive, le droit de retour porte sur les biens donnés par l'adoptant à l'adopté
ou recueillis dans sa succession s'il est prédécédé. Et il en va de même dans la
famille d'origine de l'adopté. En tous les cas, il faut que ces biens reçus à
titre gratuit par l'adopté existent encore en nature lors de son décès : il n'en
va pas ainsi s'ils ont été détruits ou si l’adopté en a disposé à titre onéreux ou
gratuit, entre vifs ou même à cause de mort.
Encore que ce soit discuté (notamment parce que les biens en question ne font pas
« retour » aux ascendants, mais à des collatéraux), l’hypothèse consiste en un
droit de retour légal au même titre que les deux précédents cas envisagés (V. cep.
Goubeaux, Defrénois 2002, p. 427). Si ses conditions ne font pas de difficulté, en
revanche la mise en œuvre de ce droit de retour risque de poser de sérieux
problèmes, du fait que ce droit constitue en vérité une cote mal taillée.
Encore que cela ne soit pas précisé, il va de soi que les bénéficiaires du droit
de retour pour en profiter effectivement doivent remplir toutes les qualités
requises pour hériter et en particulier ne pas être frappés d’indignité. Ces
bénéficiaires, ce sont les frères et sœurs du défunt et leurs descendants,
autrement dit les collatéraux privilégiés, dont la vocation respective, s’ils sont
plusieurs, sera fixée par application des principes habituels (ie : règle du degré
corrigée par la représentation). A une précision près toutefois : seuls les frères
et sœurs issus de l’ascendant à l’origine de la transmission à titre gratuit
peuvent y prétendre, ce que l’on serait tenté d’expliquer par le fondement
apparent de l’institution : sa raison d’être semble résider dans le principe de la
conservation des biens dans la famille ; par conséquent, seuls les représentant de
la famille peuvent logiquement y prétendre. Si donc le bien a été reçu du père
seuls les frères et sœurs germains et consanguins du de cujus ou leurs descendants
pourront y prétendre ; si le bien a été reçu de la mère, seuls les germains et les
utérins ainsi que leurs descendants en profiteront, le cas échéant.
c) Au profit des père et mère ayant fait donation à leur enfant décédé sans
postérité (art. 738-2)
Objet du droit de retour. Ce droit de retour n’a en effet été prévu que pour les
biens donnés par les père et mère au de cujus (et semble-t-il seulement sur ce que
chacun a donné personnellement ou conjointement avec l’autre) ; à la différence
des précédents, il est inapplicable aux biens reçus d’eux par voie de succession,
sans que l’on s’explique bien cette exclusion. Et c’est pourquoi ce droit de
retour risque de ne présenter qu’un faible intérêt pratique : les notaires ne
manquent pas en effet de stipuler dans les donations pour lesquelles ils
instrumentent un droit de retour conventionnel pour le cas de prédécès du
donataire avec ou sans postérité. Or ce droit de retour conventionnel joue à la
manière d’une condition résolutoire (et non pas d’une transmission successorale
comme c’est le cas pour le retour légal) : il prive donc le droit de retour légal
d’assiette en faisant rétroactivement sortir le bien donné de la succession du
donataire. Ainsi le droit de retour légal ne devrait-il pratiquement jouer que
pour les donations non solennelles (à condition d’ailleurs qu’elles soient
prouvées) et c’est très bien ainsi, tant le dispositif nouveau est complexe et
décevant. Contrairement, à ce qu’on aurait pu penser ce droit ne porte pas sur
tout le bien donné mais d’après la loi « sur les biens que le de cujus avait reçus
[de ses père et mère] », « à concurrence des quotes-parts fixées au premier alinéa
de l’article 738 », c’est-à-dire à concurrence de la quote-part que la loi leur
reconnaît dans la succession ordinaire lorsqu’ils sont en concours avec des frères
et sœurs du défunt : autrement dit à concurrence du quart chacun. Mais toute la
difficulté est de préciser à quoi se rapporte dans l’esprit du législateur ce
quart auquel le père et la mère ont droit chacun, lorsqu’ils sont en situation
d’exercer leur droit de retour légal. Faut-il comprendre qu’ils peuvent exercer
leur droit de retour à concurrence du quart de la valeur des biens compris dans la
succession ordinaire ou à hauteur du quart des biens qui font l’objet du droit de
retour (si ces biens sont de très forte valeur et dépassent le quart de la
succession ordinaire ce sera avantageux, s’ils sont inférieurs à ce quart, cela
réduira le droit de retour à très peu de chose) ? L’hésitation vient des termes
ambigus de la loi : l’alinéa 2 de l’article 738-2 parle en effet de la « valeur de
la portion des biens soumise au droit de retour » et cela laisse entendre que le
quart s’applique aux biens qui sont l’objet du droit de retour. De même on verra
que le texte permet une exécution en valeur du droit de retour mais il précise en
ce cas, que le droit de retour ne peut s’exercer que dans la limite de l’actif
successoral (al. 3) : pourquoi cette précision si le droit de retour ne peut
jamais s’exercer qu’à hauteur du quart des forces successorales ? Cette
interprétation doit cependant être écartée : pas tellement parce que les travaux
préparatoires sont plutôt en sens contraire, mais parce que l’objectif de ce droit
de retour a été de compenser la disparition de la réserve (qui était du quart des
biens successoraux) ; si l’on veut que cette compensation ne soit pas un marché de
dupe, il faut retenir que le quart qui fixe la limite du droit de retour prenne
également pour assiette la succession légale. Et si l’on veut bien raisonner
ainsi, on admettra que le bien donné objet du droit de retour soit lui-même
comptabilisé avec les autres biens successoraux, ce qui montre suffisamment qu’il
ne s’agit pas d’une vrai succession anomale (faute d’autonomie de son assiette).
Une autre particularité tient à ce que ce droit de retour peut s’exercer non
seulement en nature mais aussi en valeur dans la limite de l’actif successoral
précise l’article 738-2, al. 3. On peut en effet imaginer que le bien donné soit
d’une valeur telle que le droit de retour qui est limité au quart de la succession
(supra) ne puisse s’exercer par la reprise du bien et que celui-ci ne soit pas
divisible. Dans ce cas, le texte implique que le droit de retour s’exercera par
équivalent sans que les cohéritiers ne puissent jamais être recherchés sur leurs
biens personnels (l’exécution en valeur du droit de retour est en effet limité à
l’actif successoral dit le texte : sur les incertitudes que font naître cette
précision : supra). Mais dans l’esprit des parlementaires, cela visait aussi
l’hypothèse où le donataire aurait aliéné le bien de son vivant. Et si l’on
accepte cette interprétation, cela signifie que le droit de retour pourrait
devenir extrêmement fréquent (il pourrait même porter sur une donation de somme
d’argent ou un bien fongible) et sources de comptes (sur quelle base : la valeur
au jour de l’aliénation avec subrogation liquidative ?) et de contestations
multiples. Il faut espérer que la jurisprudence s’en tienne à la première
hypothèse.
Quoi qu’il en soit, une dernière limitation du droit de retour qui confirme qu’il
ne s’agit pas d’une succession anomale mais d’une absurdité juridique résulte de
la précision que la valeur du droit de retour s’impute en priorité sur les droits
successoraux des père et mère : il faut comprendre que ce droit les remplit
prioritairement de leur vocation légale ordinaire et ce n’est que si il ne suffit
pas à les remplir de leurs droits ordinaires qu’ils pourront prendre le complément
sur l’actif successoral. En somme, le cumul qu’impliquerait l’analyse du droit de
retour en une succession anomale est écarté.
- Consentement : la volonté doit être saine et non viciée : cf. art. 901 ;
particularisme : par exception (cf. art. 489-1), il n'est pas besoin, pour que
l'insanité d'esprit puisse être invoquée après le décès du disposant, que l'acte
porte en lui-même la preuve du trouble mental ou bien que son auteur ait été placé
sous sauvegarde de justice : en toute hypothèse, cette preuve peut être
intrinsèque, mais aussi extrinsèque et être administrée par tous moyens ; les
vices du consentement sont admis plus facilement.
b) La saisine héréditaire
- Alors que la saisine est de principe pour les successeurs légaux, elle
n'appartient qu'exceptionnellement aux successeurs testamentaires. Seul le
légataire universel qui n'est pas en concours avec des héritiers réservataires (en
ce cas, la saisine appartiendrait à ceux-ci : art. 1004) bénéficie de la saisine
(art. 1006). Encore cette saisine ne produit-elle son plein effet que si le
légataire universel a été institué par un testament authentique. Dans le cas
contraire (testament olographe ou mystique) il doit en effet "se faire envoyer en
possession", c'est-à-dire se soumettre à une vérification judiciaire sommaire de
son titre en justice (art. 1008). Quant aux légataires à titre particulier ou à
titre universel, ils n'ont jamais la saisine.
Cela dit, quels sont les effets de la saisine ? Elle confère à son titulaire la
faculté d'entrer en possession de l'hérédité et d'exercer les actions du défunt
sans formalités préalables. L'héritier pourra donc exercer les actes matériels et
juridiques de possession dont les biens successoraux sont susceptibles :
appréhension, perception des fruits, actes d'administration, exercice ou défense
dans des actions en justice, etc.
D’un point de vue pratique, l’institution du mandat posthume pourra ainsi rendre
d’importants services. En particulier, elle pourra utilement remplir le rôle que
la fiducie joue dans d’autres systèmes juridiques et cela sera particulièrement
appréciable en cas d’incapacité d’un héritier ou de transmission d’une entreprise.
Mais, on l’a dit, le domaine du mandat posthume est bien plus large et il n’est
pas insignifiant que ce mandat puisse être fondé sur un intérêt légitime et
sérieux au regard de la personne de l’héritier ou du patrimoine successoral (C.
civ., art. 812-1-1). Sous couvert de protection de l’intérêt des héritiers,
l’institution glisse déjà dans les textes en direction d’une conception sociale de
la propriété par amputation de l’abusus. Aussi bien, il est précisé que les actes
réalisés par le mandataire dans le cadre de sa mission sont sans effet sur
l’option héréditaire (C. civ., art. 812-1-2), ce qui, hors l’hypothèse du
dépassement de pouvoirs, est difficilement concevable de la part d’une personne
réputée agir au nom et pour le compte des héritiers. Et il n’est pas non plus
indifférent que les seuls moyens des héritiers de se soustraire à cette
administration imposée soient d’en contester la validité ou la bonne exécution,
d’aliéner les biens qui en sont l’objet, ou de conclure un mandat
d’administration, non pas avec un tiers quelconque, mais avec le mandataire
posthume choisi par le testateur (C. civ., art. 812-4).
Dans tous les cas : garantie, privilège et sanction de la lésion : mais complément
de part (art. 889 s.)
2° Les libéralités-partages
a) Domaine et régime des libéralités-partages
- donations-partages au profit des héritiers présomptifs
- donations-partages hors du cercle des héritiers présomptifs
b) Liquidation en présence d’une donation-partage
Cas n° 1 : Un père de famille laisse à son décès des biens valant 50. De son
vivant, il a fait donation rapportable à son fils A d'un tableau évalué à 50 au
jour de l'acte et 100 à l'ouverture de la succession. Plus tard, il a fait une
donation-partage entre ses deux autres enfants B et C qui ont reçu chacun un
immeuble valant l'un 100 et l'autre 200 au jour de l'acte, 300 et 350 au jour de
l'ouverture de la succession. Les biens laissés par le de cujus sont évalués à 50.
Liquidez la succession.
Variante : la donation adressée à A a été incorporée telle quelle à la donation-
partage.
Cas n° 2 : Soit une donation-partage consentie par un père de famille à ses deux
enfants A et B : A reçoit un lot évalué à 260 au jour de l'ouverture de la
succession et 330 au jour de son règlement, B reçoit un lot valant 240 et 310 à
ces mêmes dates. Quelques années plus tard, l'ascendant consent une donation
préciputaire à son fils A : le bien donné vaut 150 à l'ouverture de la succession
et 210 au jour de la liquidation. Survient ensuite un nouvel enfant, C, qui est
gratifié par donation rapportable d'un bien d'une valeur de 110 au décès du
disposant et de 130 à l'époque du règlement. Au décès de l'ascendant les seuls
biens existants valent 40 ; ils sont évalués à 60 lors de la liquidation. Procédez
à celle-ci.
Solution du cas n° 1 : La masse de calcul de la réserve est de 800 (50 + 100 + 300
+ 350) ; les parts de réserve et la quotité disponible sont donc de 200. B et C
ont été pourvus de leur réserve dans la donation-partage. A qui n'y a pas
participé compose la sienne à hauteur de 150 au moyen de l'avancement d'hoirie
reçu (qui cesse ainsi d'être rapportable) et des biens existants. Pour le surplus,
c'est-à-dire les 50 manquants, il doit poursuivre la réduction de la donation-
partage ; les lots de B et C excèdent leur réserve de 100 et 150, soit 250. La
réduction étant proportionnelle, il convient de réduire de 20 le lot de B (50 x
100 / 250) et de 30 le lot de C (50 x 150 / 250). Si le règlement de la succession
est différé à une époque où le lot de B vaut 360 et celui de C 420, les indemnités
de réduction devront être réévaluées en conséquence : B devra 24 (360 x 20 / 300)
et C 36 (420 x 30 / 350).
LIQUIDATION FISCALE
Règles d’imposition applicables
1° Donations
2° Récompenses
3° Actif taxable
4° Passif déductible
5° Abattements
6° Barème
7° Réductions de droits
DECLARATION DE SUCCESSION
a) Récompenses
b) Communauté
Actif
Passif
Actif net
Dont la moitié pour la succession
c) Succession
d) Détermination des parts imposables
e) Calcul des droits de mutation exigibles