du technocrate ou du bureaucrate.
Généralement, ce sont
Les affiches de campagnes
électorales
Comment les élus créent du sens et
de la proximité
Dans une affiche électorale, tout signifie : la partie
graphique (photographie, la mise en scène du texte, mise en
scène de la photo par rapport au texte, couleurs etc.) et le
discours (vocabulaire, thèmes, choix des pronoms
personnels, etc.) Tout cela forme un système très codifié, les
affiches de l’UMP ne ressemblent pas à celle du PS, qui ne
ressemblent pas à celle de l’utra-gauche, qui ne ressemblent
pas à celles des écologistes, et ainsi de suite.
Premier élément plastique d’importance : la couleur.
Le bleu est de manière normative, à la fois par héritage
historique et symbolique, la couleur de la droite. Le rose, de
manière un peu plus récente et dû à l’emblème du parti, est
attribué au PS. Le rouge est la couleur de l’ultra-gauche,
avec des partis qui choisissent parfois le noir et les dégradés
de gris. Enfin, le verts appartient aux écologistes. C’est là un
premier niveau qui peut-être respecté ou transgressé.
Certaines affiches reprennent les codes chromatiques du
voisin. Au mieux, cela crée de la surprise, au pire de la
frustration.
Deuxième élément d’importance : la photographie.
Elles ne sont pas toutes semblables. Souvent, lorsqu’une
personne prend toute la place du recto, c’est un parti de
droite, à l’inverse, vous pouvez être sûr que les petites photos
d’identité (type photomaton), voire même leur absence, sont
réservées aux partis de l’ultra-gauche. En outre, les
photographies prise en extérieur sont également plutôt de
gauche, elles connotent l’ «écoute» et la «proximité» plutôt
qu’un fond uni qui va connoter davantage l’ «officialité».
Enfin, l’habit est un indice primordial d’appartenance.
Bourdieu décrivait la cravate comme «indice de propriété
habituel de l’exercice du pouvoir», argument qui se trouve
confirmer par les projections stéréotypées que nous avons :
un homme de terrain serait gêné par une cravate, emblème
donc les partis de gauche qui s’affichent en tenues
décontractées, chemise ouverte et sans cravate, ou en pull.
Exception faite du FN qui joue parfois sur ces codes
vestimentaires.
Troisième élément d’importance : le discours. Deux
valeurs principales et structurantes s’opposent : l’utopie et le
pragmatisme. Certes, les discours mélangent les deux mais
ils mettent souvent l’accent sur l’un ou sur l’autre. Ce sont
les partis extrémistes, de droite comme de gauche, qui usent
le plus de ses valeurs utopiques (la démocratie, la liberté,
etc.). A l’inverse les autres partis semblent s’inscrire
davantage dans la quotidienneté des électeurs (prix de la
cantine, construction piste cyclable ou route, etc.)
Notons que le niveau discursif (discours) est beaucoup
plus normatif que le niveau graphique (couleurs et photos).
On retrouve le vocabulaire, les thèmes et les techniques
d’interpellation attendus : le tract de manif pour les partis
d’ultra-gauche, un «je» prédominant pour les partis de
droite, etc. En revanche, le niveau graphique est l’espace de
liberté d’expression des élus. Ils marquent leur
positionnement par leur identité visuelle, comme le ferait un
produit ou une marque.
Le cas Marine Le Pen
Les affiches du Front National sont les seules à avoir été
«nationalisées». Elles reprennent toujours les mêmes codes
graphiques et discursifs : une photographie qui prend
l’ensemble du recto, un fond uni bleu, un slogan «la vague
bleue Marine», cadrage tête-poitrine, un logo très visible,
des valeurs utopiques, des tournures impersonnelles
(infinitif), etc. Aucun ancrage donc dans la réalité
quotidienne du canton. Erigé à un niveau national, tout le
dispositif assure la mise en place d’un vote purement
contestataire. Des revendications n’ayant pas pour objet la
vie quotidienne d’un canton mais bien des projections plus
globalisantes et aspirationnelles.