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REVUE

DE

L'ORIENT CHRÉTIEN

RECUEIL TRIMESTRIEL

DEXJXIE]M:E SERIE
Tome III (XIII)

PARIS
BUREAUX LIBRAIRIE
DES ŒUVRES D'ORIENT A. PICARD ET FILS
BUE DU REGARD, 20
RUE BOXAPARTE, 82
AU SECRÉTARIAT
DE L'INSTITUT CATHOLIQUE LEIPZIG
RUE DE VAUGIRARD, 74 OTTO HARRASSOWITZ
Recueil trimestriel. — Prix de l'abonnement : 1-2 fr. — Étranger : 1 1 Ir.
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS CE VUL L' M E

Pages.

I. - LE SANCTUAIRE DE LA LAl'IKATIOX DE SALXT-ÉTIENNE A JÉ-


RUSALEM (/m), par M.-J. Lagrange I

II. _ UN DERNIER MOT SUR LES ÉdLISES SAIXT-ÉTIENNE A JÉRU-


SALEM, par la Rédaction 20

III. — UNE VERSION ARABE D'UNE HOMÉLIE INÉDITE SUR LA PÉ-


NITENCE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN CIIRYSOSTOME (texte arahi-: et
TRADUCTION FRANÇAISE), par L. Leroy L':!. -^ 17

IV. — LES COUVENTS DES CHRÉTIENS, TRADUCTION DE L'ARABE


D'AL-xMAKRIZI, par L. Leroy 32, 102

V. — HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉGYPTIENS (su//^', ais. Coislin 126,fol


189 sqq.), par F. Nau IG, 26(j

VI. — UNE VIE ABRÉGÉE DE SAINTE MARINE (texte arabe, traduction


française), par M. Asin y Palacios (J7

VII. — ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE L'ARMÉNIE AU CHRISTIANISME


{suile). GRÉGOIRE ET TIRIDATE, par F. Tournebize 72, 1 12

VIII. — ÉTUDE SUR UNE TRADUCTION ARABE D'UN SERMON DE SCIIE-


NOUDI, par E. Tisserant si

IX. — LE CALENDRIER D'AB01T.-BARAKAT, traduit en latin par Renau-


dot, par F. Nau 113

X. — UN EXTRAIT DE LA DIDASCALIE : LA PRIÈRE DE MAXASSÉ (avec


une édition de la version syriaque), juir F. Nau 134

XL — LITTÉRATURE ÉTHIOPIEXXE PSEUDO-CLÉaiEXTIXE. — TEXTE ET


TRADUCTIOX DU MYSTÈRE DU JUGEMEXT DES PÉCHEURS (suile et
fin), par S. Grébaut 16(i, 314

XII. — SAIXT EUTHVME LE GRAXD, MOINE DE PALESTINE (.mile), par


S. Vailhé 181, 223, 3S!)

NUI. —HISTOIRE DE LA CONVERSION DES JUIFS HABITANT LA VILLE


DE TOMÉl, EN EGYPTE, D'APRÈS D'ANCIENS MANUSCRITS ARABES,
l)ar R. Griveau 208
VI tablp: des matières.

PilgL-.S.

XIV. — VIE DE BARSOMA LE SYRIEN (texte ktiiiopiex, traduction Iran-


çaise), par S. Grébaut 337

XV. — NOTES DE GÉOGRAPHIE ET D'HISTOIRE D'EXTRÊME-ORIENT,


par E. Blochet 3 16

XVI. — HISTOIRE D'HAIKAR LE SAGE, d'après les manuscrits arabes 3637


et 3656 de Paris, par L. Leroy 363

MELANGES
I. — TRADUCTION DE LA CHRONIQUE SYRIAQUE ANONYME ÉDITÉE
PAR S. B. M=' RAHMANI, PATRIARCHE DES SYRIENS CATHOLIQUES
(sxile), par F. Nau 00, 321, 236

IL — COMITÉ D'ORGANISATION ET SECTIONS DU XV^ CONfiRÉS IN-


TERNATIONAL DES ORIENTALISTES, par F. Nau 00

m. — CONCORDANCE DE LA CHRONOLOGIE ÉTHIOPIENNE AVEC LA


GRÉGORIENNE, par S. Grébaut ICI

IV. — DEUX CATALOGUES DE LA BIBLIOTHÈQUE DU HIÉROMOLNE


IGNACE EN 1516-1522 (notes du ms. Coisiin 202), par F. Nau 205

V. — RÉCENTS PROGRÉS DE LA PATROLOGIE ORIENTAL L, par F.


Nau :ilO

VI. — NOTE SUR LES ANIMAUX DE SAINT-MÉNAS. par M. Chaîne.. 212

CHRONIQUE
I. — LE XV« CONGRES INTERNATIONAL DES ORIENTALISTES (Copen-
hague, 1 1-20 Août 1008), par F. Nau 320

BIBLIOGllAPUIE

Agnès Smith Lewis Margaret Dunlop Gibson, Forly-one Fac-similés of


et
dfited C/irinlian A rabic
nianuscripts (F. Nau) 105
Université Saint-.Joseph (Beyrout), Mélanges de la FacuUc orientale (F. Nau). 106
A. Gastoué, Catakigue des manuscrits de musir/ue byzantine (F. Nau) 106
M. A. Kugcner, Un Irailé astronomique et incléoroluf)ique syriaque, attri-
bué à Dcnys l'Aréopagite (F. Nau) 107
F. Macler, Mosaïque orientale (F. Nau) 108
Vigoureux, Bacuez et Brassac, Manuel Biblique, tome III (F. Nau) 100
Maximilien, prince de Saxe, Praelectiones de liturgiis orientalibus (F. Nau). 110
H. Pognon, Inscriptions sémitiques de la Syrie, de la Mésopotamie et de la
région de Mossoul (F. Nau) 110
TARLR DES MATIKRES. VII

l{. 1'. SnlOluoii, [m Viril- delavérilr,vi'vw n(''0-syi'i;u|ur' (l'()iiriiii;ih (!•'. Naii). 111
K. l'anuier, Les Psaumes, d'après l'hébreu (L. Loj,'Taiii). '.

-ZV.)

Addaï Scher, Livre des mois 'persa)is passés dans la lanf/ue arahe ([.. Leroy). 2îiO
H. Pognon. lascriplions sémitn/ues, seconde partie (F. Nauj fSf
V. Cnnionl, La rosmolut/ie manichéenne, d'après Théodore bar Kàni (!•'.
Xau) 222
Micliclansclo ( Inidi, Un Bios di Conslanlino (!•'. Xan) 223
Basniadjian, Baaaser, revue philologique et liistori(^ne (L. Honvat) 33-1

R. W Bedjan, Homiliae seleclae mar Jaiobi Saraijensis, t. \\ (F. Xau) 335


F. Macler, Catalogne des manuscrits arméniens cl ç/éorf/irns de la fUblio-
thcciue Nationale (F. Naii) .330

UniviTsité Sl-.Josepli. lieyrout, Mélanç/cs de la Faculté orientale, t. 111, l'asc. 1

(F. Xau) 411


Chrysostomica, i'asc. Nau)
I (F. 44.5

I. Ei)lu"aem II Rahmani, Acta Pilati (Studia syriaca, fasc. 2) (F. Nan) 440
E. Nestlé, Septuaginlastudien (F. Nau ) 447
II. Donzinger, Encinridion symbolorum... (F. Xau) 448
LE SANCTUAIRE DE LA LAPIDATION
DE SAINT ETIENNE À JERUSALEM

{Suite) (1)

Venons maintenant, il est grand temps, au passage qui


regarde le lieu de la lapidation de S. Etienne. Le texte latin de
la recension A porte :

« Et qui mecum est in orientali parte monumenti jacens,


pise est domnus Stephanus, qui lapidatus est a Judaeis etprin-
cipibus sacerdotum in Jérusalem pro Christi fide foris portam
quae est ad aquilonem, quae ducit ad Cedar; ubi die ac nocte
jacuit, etc. »

La recension B, dans le texte grec de Papadopoulos-Kéra-


meus (2) : ô oè o-jv 1]).q\ y.£([j,£voç, ajTOç icTTiv h xùçnc, HTô'oavo^. o

ippi[jAyoq tlq là 'E^toTruAa tyjç zôÀsw; wç k-l tov (3) Iv^oàp à7i£p-/5-

jj.sQa... « Celui qui repose avec moi, est le seigneur Etienne,


qui, ayant été lapidé par les Juifs à Jérusalem, et ayant passé
une nuit et un jour jeté aux exopyla de la ville, comme [quandj
nous allons au Cédar... » Le texte syriaque est traduit par
M. Nau (4) « Il passa un jour et une nuit, gisant en dehors
:

de la ville, dans le chemin de Cédar, selon l'ordre des princes


des prêtres... » Le texte latin de la recension B dans Migne
porte :

(1) Voy. ROC, 1907, p. 114 ss.


(2) P. 32, lu ss.
(3) Le ms. de M. Nau {Revue deVOrieni chrcllen, 190G p. 206), porte tïîv.

(4) Loc. laud., p. 206, note 6.


OUIENT CHRÉTIEN. 1
2 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

« Qui autem jacet nieum,domiius Stephanus est, qui a


Judaeis Jerosolymis lapidatus noctuque in exapeleo
est, et die

jacuit civitatis, in via euntibus Cedar, jussu impiorum sacer-


dotum projectus, ut a bestiis et avibus devoraretur. » Le Codex
germanensis a tenté de rendre èppt[jivcç, en séparant la lapida-
tion et la projection du corps : « in exapoli jacuit civitate. Inde

abstractus est in via euntibus Cedar, jussu impiorum sacer-


dotum, ut a bestiis et avibus devoraretur ».

Le R. P. Vailhé aurait pu insister davantage sur le sens de


ces passages. Si on s'en tient strictement au texte de la seconde
recension, le lieu précis de la lapidation n'y est pas mentionné
directement. S. Etienne est lapidé à Jérusalem, puis jeté aux
Exopula. Admettons si l'on veut qu'on l'ait jeté aux Exopula les
plus voisins du lieu de la lapidation, s'il y en avait plusieurs, ces
Exopyla qui sont, par définition, hors des portes, ne seraient
toujours pas le lieu de la lapidation.

Et que sont, en somme, ces £'.rop«/rt.^ J'avais proposé» fau-


bourg » (1). Sur quoi M. Clermont-Ganneau a fait remarquer :

« J'inclinerais à voir dans les l^okjXa, non pas précisément le

faubourg, mais la voirie de Jérusalem, les tas d'ordures situés en


dehors des portes de la ville (cf. les monticules de cendres d'au-
jourd'hui, dans la région nord) les y.oTrpiîc sont, par définition,
;

l;w-uAa; le corps du supplicié aurait été jeté (sppt;j,évc;), en


quelque sorte, aux gémonies » (2). Et cela parait bien, en effet,
le sens du texte. D'après le R. P. Vailhé (3), Les èHojTruXa sont <c

les faubourgs de la ville, peut-être les tas d'ordures situés en


dehors des portes et qui devaient exister sur plusieurs points
aux alentours de Jérusalem ». Il faudrait opter, et je reconnais
maintenant que le sens de M. Clermont-Ganneau est le seul qui
explique bien V^'^i\j.ivoc,. Dans ce sens que je n'avais pas reconnu
d'abord, il faut encore plus nécessairement conclure à un enlè-
vement] du corps du lieu de la lapidation pour être jeté à la voi-
rie, car on ne peut pourtant pas admettre, et ce serait contraire

au texte de cette recension, que la lapidation a eu lieu sur la


voirie!
Continuons l'analyse du texte. J'avais déjà noté ce qu'ont

(1) Revue biblique, 1900, p. 143.


(•2) Revue biblique, 1900, p. 308 s.

(3) P. 37.
LE SANCTUAIRE DE LA LA[M[)ATIOX. '{

(Fabsurdo les mots « comme (quand) nous allons ;iuCédar »,


:

dans la bouche du défunt G;im;diel. Le R. P. V'aillié ne voit là


rien d'anormal —
non plus que M. Nau —
et trouve que la ver-
sion latine « a fort bien rendu ». Il faudi-ait dire très large-
menl au point (Vètre hioxacte : ipp'.;x£v;r devient jV/cw?7, et
cependant rien n'empêche de lui laisser son sens normal de
« jeté, mis au rebut » h.r.z^yjj]}.t^a devient l'inoffensif euntihim.
;

M. Clermont-Ganneau avait cependant appuyé ma remarque et


dit tout clair : « Les mots wç ï~\ -Vt -/.-/jcàp b.T.z^'/z\).-J)y. ont tout l'air

d'être une glose qu'on a ajoutée au texte pour déterminer la


direction de ces irw-uXa (1) »... Cette tournure qui a échappé au
remanieur n'est pas pour recommander beaucoup le texte grec
de B. Quant au texte syriaque, s'il suit B, il est évident qu'il
abrège, ayant omis la circonstance intermédiaire indispensable
de la projection du corps.
Mais qu'est-ce que Cédar?
Le R. P. Vailhé nous fait du moins la grâce de ne point tra-
duire Cédar par Cédron, comme avait rendu M. Nau, sans
paraître même soupçonner que la chose n'allait pas de soi. « On
serait bien tenté de lire Cédron, et, dès lors, toute difficulté
disparaît. Plusieurs l'ont fait sans scrupule (2), mais je ne crois
pas qu'on puisse l'interpréter ainsi pour le moment, puisque
tous les textes portent Cédar. Disons plutôt que c'est « le nom,
peut-être estropié, de quelque point des environs immédiats de
Jérusalem », non encore retrouvé (3). »
Nous ne supposerions pas volontiers avec M. Clermont-Ganneau
et le R. P. Vailhé que Cédar est le nom estropié de quelque
point des environs immédiats de Jérusalem. D'ailleurs la po-
sition prise par le R. P. Vailhé nous dispense d'insister sur
Cédar.
Il comparer le texte grec de B avec le texte
faut maintenant
latin de A. La comparaison du R. P. Vailhé est très sommaire :

« Les mots décisifs, foris portam quae est ad aqudonein,


manquant dans la traduction syriaque et dans l'original grec que
nous regardons comme le texte de Lucien, jusqu'à plus ample

(1) Loc. laud., p. 309.


(2) Est-ce à l'adresse de M. Nau?
(3) Vailhé, loc. laui., p. 87; la citation est de Clenaont-Ganneau. HB., l'.XX).

p. 309.
4 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

informé, nous les tenons pour une addition postérieure (1). »

En réalité les deux textes diffèrent beaucoup plus. D'après le

texte latin, S. Etienne, lapidé hors de la porte du nord, qui


mène à Cédar, est demeuré là, abandonné, sans sépulture;
d'après le texte grec, S. Etienne, lapidé à Jérusalem, a été jeté
sur la voirie extérieure, comme quand nous allons au Cédar,
C'est entre ces deux recensions qu'il faut choisir.

Mais peut-être le R. P. Vailhé s'étonne et m'a déjà répondu :

vous ne voyez donc pas que la recension latine, elle aussi, dit
que S. Etienne a été lapidé à Jérusalem, et cependant elle aussi
place la lapidation hors de la ville? —
Précisément, mais la
remarque prouve, simplement, que l'incise relative à la porte

est indispensable à l'intelligence des faits! Tel qu'il est, le texte


grec affirme la lapidation dans la ville. Pour que ce terme
général pût s'entendre d'un endroit hors les murs, il fallait le

dire... *Sans cela l'opposition entre âv 'IspcuaaX-fiiJL et -à â^wTruXa


T-^ç dépendant de Ipptijivoç, ne nous permettrait pas de
TTÔÀsoiç,

soupçonner que la lapidation a eu lieu hors des murs.


Il y a plus, et nous avons de l'omission une preuve tout à
fait décisive. M. Clermont-Ganneau regardait comme une
glose les mots « comme (quand) nous allons au Cédar ».
Cependant ils se trouvaient aussi dans la première recension,
où ils ne font pas l'effet d'une glose la porte du nord, qui
:

conduit à Cédar, cela s'entend très bien. D'où vient donc qu'ils
ne se rattachent à rien dans la seconde recension? C'est
précisément parce qu'elle ne parle pas de la porte, mais de la
voirie. Même avec l'incurie moderne, on ne voit pas de débris
ou de fumiers précisément en droit de la porte; on ne dit pas
officiellement de la voirie que ce soit le chemin de tel (2) en-
droit. Tout est parfaitement clair dans notre texte si l'on
reconnaît que la mention précise de la porte a été remplacée
par la mention pathétique de la voirie. On ne pouvait plus
dire la voirie qui conduit à Cédar; et cependant, pour con-
:

server ce détail, on a dit comme quand nous allons au Cédar.


:

Paroles qui ne sont pas seulement déplacées dans la bouche


de feu Gamaliel, mais qui ne conviennent pas au prêtre Lucien

(1) Loc. laud., p. 88.


La colline de cendres du nord a dû disparaître précisément quand on
(2)
a fait un chemin qui la coupait.
LK SANCTLAIRK DE LA LAPIDATION. 5

qui parle do Jérusalem comme de la grande villf où il est


étranger.
Les particularités de B, dans le texte qui nous importe, sont
précisément celles de cette recension en général. Omission d'un
détail précis, remplacé par un trait sensationnel, maladresse
dans la soudure, négligence de détails précis de l'histoire,
abondance de détails impressionnants et merveilleux, tout ce
qui recommande la recension B à des auditeurs bénévoles, lui
donne aux yeux des critiques une note de mauvais aloi. Nous
avons donc le devoir de nous en tenir, sur le point précis de
la lapidation de S. Etienne, au renseignement topographique
de la relation authentique relatif à la porte du nord, laissant
pour ce qu'il vaut le renseignement émouvant de la voirie, dû
à la relation légendaire.

III. UNE NOUVELLE COMBINAISOX.

En discutant les textes de Theodosius et de Lucien, le

R. P. Vailhé n'avait d'autre intention que de nous enlever des


témoignages positifs; ces textes ne pouvaient être allégués
pour la tradition du Cédron, qui n'est attestée formellement
qu'au XII® siècle, comme il le reconnaît.
Mais il existe un texte qui parle de la lapidation sans dire
où elle a eu lieu; c'est celui du pseudo-Basile de Séleucie. Le
voici encore une fois, d'après la traduction du R. P. Vailhé :

« Les restes du bienheureux sont déposés, selon la propre volonté d'E-


tienne, devant les murs de Jérusalem, à l'endroit où, lapidé et souffrant
une mort célébrée sur toute la terre par d'illustres louanges, il avait ceint
la brillante couronne du martyre. Juvénal, qui orne maintenant le trône
glorieux et illustre de Jacques lui bâtissant une église digne de sa mé-
moire, de ses travaux et de ses luttes admirables (1). »

(1) Loc. laiid., p. 81.

Je n'ai pas à me
plaindre de cette traduction, surtout en ce qui regarde le
mot « bâtissant Les lecteurs seront étonnés que dans la même page le R. P.
».

Vailhé commente « A ce moment-là, l'église était construite


: £xx),r|(TÎa; oîy.ooo-
:

y-rfitlariz ». La loyauté m'avait fait un devoir de signaler cette nuance du passé,

que le français « bâtissant » ne rend peut-être pas avec assez de précision.


Pour être tout à fait exact, il faut noter que ce passé n'est pas un parfait, mais
6 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

On le voit, ce texte ne parle ni de Test ni du nord. En l'en-


tendant du nord, on le met en harmonie avec la tradition an-
cienne. L'entendre de l'est, ce n'est pas, d'un seul coup, donner
raison à la tradition récente; c'est simplement établir un con-
flit. Après cela on pourrait discuter de la valeur respective
des textes et rappeler le jugement sévère de Tillemont sur

l'éloge de S. Etienne faussement attribué par Combefis à Basile


de Séleucie: « II me semble qu'il y a très peu de génie et d'es-

prit dans cette pièce. Le style en est aussi trop long, et le grec
trop barbare pour croire qu'elle soit de lui (1). » Mais nous
n'en sommes point réduits là. A la différence du R. P. \'ailhé,
je ne récuse aucun texte, et je ne leur attribue aucune confu-
sion. Pour qu'on fût autorisé à mettre celui-ci en contradiction
avec les autres, c'est-à-dire pour qu'on pût l'alléguer en faveur
du Cédron, il faudrait :

1° Prouver qu'il y avait une église de S, Etienne dans la

vallée du Cédron avant 455, puisque le R. P. Vailhé admet


qu'Eudocie a commencé vers cette date la basilique du nord;
2° Prouver que cette église était la seule à Jérusalem.

Tant que cette double preuve n'aura pas été fournie, l'argu-
ment est caduc en faveur de la tradition de l'est.
Or je crois qu'il est plus facile d'établir l'existence d'un
sanctuaire de S. Etienne au nord de la ville dès 438 que celle
d'une église à l'est vers cette même date. L'argument tiré du
pseudo-Basile se retourne donc en notre faveur.
Voyons d'abord les arguments du R. P. Vailhé en faveur de
l'est.

un aoriste. L'action est passéepar rapport au verbe principal il est possible;

qu'elle ne «oit pas tout à fait achevée. Le sens est que Juvénal avait com-
mencé cette construction pour y déposer les reliques; il se pourrait qu'elle ne
fût pas terminée; tout ce que ce passé exige, c'est que l'église fût assez avancée
pour recevoir les reliques. C'est un des sens du participe aoriste d'après Koch-
Rouff < Le participe aoriste peut encore (comme, en latin, le participe passé
:

des verbes déponents) expriiner l'action avec l'idée de commencement, de telle


sorte que le commencement de l'action secondaire, seul, précède l'action prin-
cipale, et que, pour la suite, les deux actions s'accomplissent simultanément »
{Grammawe grecque, p. 393). 11 y a là sans doute quelque subtilité, mais il nous
sera bien permis de prendre ce texte dans son sens grammatical strict, quand
le R. P. Vailhé suppose si aisément des confusions dans ceux qui lui sont con-
traires.

(1) Mémoires..., t. XV, p. 315.


LE SANCTUAIRE DE LA LAPIDATION. 7

L'église (le Test est attestée par le Commemoratorium de


casis Dei, en 8()S. J'avais cité ce texte (1); il faut le relire pour
juger de l'importance que pouvait avoir ce sanctuaire In valle :

Josaphat... in sancto Leontio, presbyter I, in sancto Jacobo I,


in sancto Quaranta III, in sancto Chri.stophoro I, in sancta
Aquilina I, in sancto Quiriaco I, in sancto Stephano III, in

sancto Dometio N'avais-je pas raison d'ajouter


I. c'est un : «

petit sanctuaireau milieu de beaucoup d'autres, relativement


important puisqu'il a trois prêtres »? Aujourd'hui je note qu'il
n'est pas question de S. Jean-Baptiste dans cette énumération
assez considérable.
M. Nau a versé au débat deux autres textes dans l'un, tiré :

des Plërophories, il est question, avant 151, de deux églises de


saint Etienne et de saint Jean (2), sans qu'on marque autre-
ment leur situation; mais cette situation est fixée, croit-on, par
un second texte. Le patriarche Amos avant l'an 60U — —
pour expier une très sotte plaisanterie, — il avait habillé un
porc en moine — , fit bâtir une église à saint Jean-Baptiste :

ap'/£Tai y.TtÇsiv vabv tou «7(00 'Iwàvvou -coj Typoop!:\J.o-j s^o) t'^ç -iXîwç,
xaXiVavTi tûîj vaoD tou à'-{(o\) SieÇavou xaxà àvaTcXàç. En discutant
ce texte en 1905 (3), le R. P. ^^ailhé le traduisit d'abord litté-
ralement : Amos commence à construire l'église Saint-Jean-
Bapiiste, hors de la ville, en face de VÉglise Saint-Éiienne,
à FEst. Puis il l'expliquait de l'est de la ville, « tout en recon-
naissant qu'on pourrait traduire à la rigueur l'église Saint- :

Jean-Baptiste, qui se trouve hors de la en face et à l'est ville,

de Saint-Étienne ». Et en effet, si l'auteur avait voulu désigner


Saint-Étienne de l'Est, par opposition à Saint-Étienne du Nord,
il eût dû écrire tsD -/.a-à œ)y.-o\<xq, et s'il eût voulu dire à l'est de
:

la ville, il eût dû mettre les mots -/.a-à àva-roXâ; après tSkuùz.


Quoi qu'il prudente réserve de 1905 a complète-
en soit, la
ment disparu en 1907, et cela n'est pas un progrès.
Mais quoi, si en 151 il y avait déjà tout proche l'une de
l'autre deux églises, de saint Etienne et de saint Jean-Baptiste,

(1) RB., 1894, p. 458.


(2) Revue de l'Orient chrétien, M. Nau avait d'abord traduit une
1906, p. -211;
église consacrée à la fois à saint Etienne et à saint Jean, sur quoi avait tablé le
R. P. Vailhé dans son article des Échos d'Orient de 1905.
(3) Échos d'Orient, 1905, p. 83.
8 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

comment le patriarche Amos a-t-il eu l'idée de bâtir une église


à saint Jean-Baptiste près de celle de S. Etienne? A cela M. Nau
avait répondu (1) que « s'il y a contradiction entre les deux
anecdotes, c'est celle des Plérophories qui doit être retenue,
car l'anecdote sur Amos est isolée, étrange et provient d'une
source inconnue, mais il est facile de concilier les deux récits
en supposant qu'Amos a remplacé le inartyrium par un beau
temple comme cela résulte d'ailleurs de la fin de son récit ».

Et c'est à quoi se range maintenant le R. P. Vailhé qui croyait,


d'après la première traduction de M. Nau, qu'il n'y avait d'a-
bord qu'une église, dédiée à la fois à saint Etienne et à saint
Jean. Mais si on trouve ici cette solution si naturelle, pourquoi

ne pas admettre qu'Eudocie, elle aussi, a relevé avec plus d'é-


clat un sanctuaire déjà existant au lieu de la lapidation? Et
qu'est donc devenue cette église de saint Jeandu Cédron, dont
le Com7nemoratorium, si explicite, ne souffle mot? Et enfin,
peut-on s'appuyer sur une anecdote isolée, étrange, contre des
textes clairs et d'origine connue?
Toujours est-il que ces textes ne font aucune allusion à la
lapidation.
A supposer qu'il y ait eu avant 451 une église de saint Etienne
dans le Cédron, a-t-on le moindre indice qu'elle ait été bâtie
par Juvénal? M. Nau prétend qu'elle a été bâtie par le séna-
teur Alexandre. « Toutes les rédactions grecques mentionnent
un martyrium, bâti par le sénateur Alexandre, dans lequel on
mit les reliques de saint Etienne (2). »
Le R. P. Vailhé n'a jamais fait état de ces textes, d'origine
très suspecte en effet, mais qui valent bien celui qui est relatif
au patriarche Amos. Du moins ce sont des textes qui peuvent
remémorer quelques vagues souvenirs relatifs à cet Alexandre.
Si c'est Alexandre, du temps du patriarche Jean, et non Ju-
vénal, qui a bâti cette prétendue église, on ne peut lui appli-
quer le texte du pseudo-Basile, qui parle de Juvénal.
L'existence de l'église de l'est avant 151 repose donc sur la
combinaison du texte, d'interprétation douteuse, relatif à Amos,
avec le texte des Plérophories qu'il contredit, du moins en

(1) Revue de l'Orient clwélien, 1906, p. 212.


(2) Revue de l'Orient chrc ien, 1906, p. 214.
LE SANCTUAIRE DE LA LArMDATIOX, 9

apparence, et rien n'indique que cette église ail ('-ti; hàtie par
Juvénal.
Était-elle bâtie sur les rampes du Cédron, près du rochoi-
traditionnel, où un trou figure le corps de saint Etienne, parmi
les marches de l'escalier ancien? Il n'est pas si facile de ré-
soudre la question par l'affirmative.
Un défenseur résolu de la tradition du C<''dron,le R. P. Fioro-
vich, S. J., soutenait qu'il avait toujours été impossible de bâ-
tir une église sur cette pente à pic, et formée de décombres,
qui sépare les murs du torrent (1). On avait doncdû renoncer
à consacrer par un sanctuaire le lieu du martyre; on avait
bâti l'église ailleurs, et la tradition avait suivi l'église. C'est
une pure conjecture, contraire aux textes, mais qui repose du
moins sur une difficulté réelle.
D'ailleurs une possibilité n'est pas même une probabilité.
Quelqu'un a pu bâtir, quelque part à l'est, comme Mélanie au
Mont des Oliviers, une église de saint Etienne, sans que pour
cela on ait le droit de la placer près du rocher traditionnel.
Et, quelle que soit sa place, pour qu'on puisse lui attribuer le
texte du pseudo-Basile, il faudrait une autre condition que
cette existence — putative — , il faudrait prouver qu'elle était
seule. Tout ce qu'on peut dire, si on rejette le texte que nous
allons produire, c'est que nous n'en savons rien. Celle de l'est
et celle de Mélanie, d'après le R. P. Vailhé, cela fait déjà deux;
pourquoi pas trois? Dire que nous n'en connaissons que deux,
ce n'est pas avoir établi qu'il n'y en avait pas davantage. Tant
qu'on ne sera pas fixé sur ce point, l'argument demeure sans
vertu.
Mais j'ai promis de montrer qu'au contraire il existait dès
438 une église au Nord, église mentionnée par un texte presque
contemporain, et non point échafaudée sur une combinaison
branlante.
Le texte est celui de la Vie de Pierre l'Ibérien (2). Citons-le
encore une fois :

« Cyrille (d'Alexandrie) avait été invité par la lidèle et orthodoxe reine


Eudocie à venir pour la déposition des os vénérés de l'illustre et très glo-

(1) Cf. Revue biblique, ISIC), p. 456 s.

(2) Peii us dcr Iberer, traduction du texte syriaque de la page 33, éd. Raabe.
10 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

rieux Etienne, le premier des martyrs et le premier des diacres, et pour


accomplir la dédicace du beau temple qu'elle avait bâti en dehors des
portes septentrionales de la ville, et il accepta volontiers cet appel. Et

lorsqu'il fut arrivéavec une foule d'évêques de toute l'Egypte et qu'il eut
accompli avec honneur la déposition des saints os du premier des martyrs,
le quinzième jour du mois de Ijar(mai), il fit, le 16 du même mois, sur l'in-
vitation de sainte Mélanie, la déposition des saintsmartyrs perses, des
quarante martyrs avec eux au mont des Oliviers, dans le vénérable temple
qui avait été aussi élevé brillamment par la reine Eudocie, elle-même,
comme il est attesté et écrit dans une inscription sur la paroi. »

C'est catégorique. Pierre l'Ibérien est mort vers 185 et le

biographe est un de ses disciples, contemporain d'une partie au


moins des faits. Voilà une église un peu mieux attestée, en
dehors des portes septentrionales, que celle de l'est ou du j

Cédronî Aussi leR. P.Vailhé n'épargne rien pour se débarrasser


de ce témoin comme des autres. Il suppose une confusion « d'au-
tant plus vraisemblable que, selon le R. P. Peeters (1), <f cet
épisode de saint Cyrille ne se lit point dans la Vie ibérienne ou
géorgienne » de Pierre l'Ibérien qu'a publiée M. Marr (2) ». — Je
ne comprends pas. Si le texte n'est pas authentique, n'en
parlons plus. Mais comment son absence dans une version
confirme-t-elle la confusion supposée? C'est toujours la même
argumentation que pour Theodosius. Le texte n'est probable-
ment pas authentique et d'ailleurs l'auteur aura confondu de ;

toute façon, le témoin est suspect! Sur cette omission de la


version géorgienne, j'ai consulté depuis longtemps le R. P. Pee-
ters qui a bien voulu me répondre « Le passage relatif à la
:

dédicace de la basilique de S. Etienne par S. Cyrille manque to-


talement dans la Vie géorgienne de Pierre l'Ibère. Le § 19 (p. 89-
90 de la traduction russe) se termine sur les mots « Praeposi- :

tus... eos in monachos consecravit ad sepulcrum Dfii J. C. cum

Murvano nomenPetrum dedisset et eunucho nomen lohannem.


Deinde eos in cœnobium reduxit. » Ces mots répondent bien, si
je ne me trompe, au passage du texte syriaque qui précède
immédiatement celui qui vous intéresse (p. 32, 1. 16-19). De là
notre abréviateur passe directement à un récit non pas identique
mais très ressemblant à celui que le biographe syriaque reprend
après la digression sur les constructions Eudoxiennes. Je ne

(1) Annlecla bollanduuia, janv. 11105, p. 1:37.

(2) Loc.laud.jp. 79.


LE SANCTUAIRE DI-; LA LAPIDATION. 11

crois pas que le nom (TEudocie suit môm<,' mentionné dans le

texte g:éorg'ien, ni à cet endroit, ni ailleurs. Kst-ce Teffet d'une


rolicence systématique de l'abréviateur"? je l'ignore. M Marr a
émis l'idée que la Vie géorgienne de Pieri-e, qui est certaine-
ment une traduction du syriaque, ne dépend pas du texle de
M. Raabe mais d'un autre qui reste à trouver. » On voit —
dans quelle mesure l'omission d'un passage par un recenseur
que le R. P. Peeters nomme tout uniment « l'abréviateur »
prouve que la recension syriaque de Raabe avait fait une confu-
sion! Mais en quoi consiste donc cette confusion? D'après le
R. P. Vailhé, le biographe a confondu les deux séjours d'Eu-
docie à Jérusalem : « Ainsi, il ferait dédier l'église Saint-Étienne
d'Eudocie, lors du premier séjour de l'impératrice à Jérusalem,
c'est-à-dire en 438 ou 439, alors que la dédicace de cette église
n'a réellement eu lieu que le 15 juin 460, lors du second séjour
de rimpératrice(l). «Mais cela ne va en somme qu'à une confu-
sion sur la cérémonie de la dédicace. Peut-on en conclure que
l'auteur s'est trompé aussi sur l'existence d'une église et sur la
déposition des reliques en 438 ou 439? Ce qui prouve l>ien le
contraire, c'est la sûreté de son information. « Car l'impératrice
Eudocie, en 438 ou 439, assista réellement à la dédicace d'une
église Saint-Étienne au mont des
dans les monastères
Oliviers,
de sainte Mélanie (2). » Qu'un auteur si bien informé de ce qui se
passa à Jérusalem le 16 mai, se soit trompé de plus de vingt ans
sur ce qu'il dit s'être passé le 15 du même mois, c'est ce que je
ne puis ni concevoir, ni accorder.
Il est vrai que l'intervention de S. Cyrille m'avait été suspecte

à moi-même, et que le R. P. Peeters y a vu plus assurément une


fiction monophysite. Cependant le savant et obligeant bollan-
diste a bien voulu me communiquer un témoignage qui confirme
la présence de Cyrille à Jérusalem en même temps qu'Eudocie.
Il est tiré delà chronique de Jean, évêque de Nikiou, en Egypte,

au VI 1° siècle :

« L'empereur lui ayant donné son consentement (à Eudocie) écrivit aux


gouverneurs de toute la province, leur ordonnant de recevoir Timpéra-
trice d'une manière digne d'elle, et il la fit accompagner à Jérusalem par
Cyrille patriarche d'Alexandrie pour qu'il la bénit, la dirigeât dans l'accom--

(1) Loc. laitd.,p. 79.


(2) Loc. lai(d.,p. 79.
12 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

plissement des bonnes œuvres. C'est ainsi que se réalisa pour elle tout ce
qu'elle avait demandé à Dieu elle arriva à Jérusalem, restaura les églises
:

et les habitations, et fit construire un couvent pour les vierges et un hos-


pice pour les pèlerins et leur attribua de grands biens, elle fit aussi relever
les murs de Jérusalem qui étaient tombés en ruine depuis longtemps.
Tout ce qu'elle entreprenait, elle l'exécutait avec autorité. Ensuite l'impé-
ratrice se retira du monde et elle vivait dans la solitude (1) ... »

Il est vrai que Jean est lui aussi monophysite, et il laisse

entendre qu'Eudocie mourut fidèle à la secte; cependant il place


correctement sa mort après la mort de Marcien. Il est donc
vraisemblable que l'activité d'Eudocie, dès sa première visite
aux lieux saints, a été plus considérable qu'on ne le supposait
jusqu'à présent, et qu'elle y a vraiment rencontré Cyrille; d'au-
tant que le voyage du patriarche d'Alexandrie à Jérusalem ne
peut être contesté (2).
L'auteur de la Vie de Pierre Tlbérien était donc très bien in-
formé; il n'y a pas lieu de rejeter son texte, ni de l'accuser d'une
confusion bien étrange. Par conséquent y avait une église de il

S. Etienne au nord, dès 438, et nous pouvons lui appliquer le


témoignage du pseudo-Basile; nous le devons même si nous
préférons, ce qui est raisonnable, le supposer d'accord avec
Lucien et avec l'ancienne tradition de Jérusalem.
Il ne me donner satisfaction aux difficultés du
reste plus qu'à
R. P. Vailhé. Le lecteur n'exigera pas que je lui dise exactement
comment les choses se sont passées. Ce serait affecter une assu-
rance que l'état de nos connaissances n'autoriserait pas. Tout
ce qu'on peut demander, après que j'ai établi la situation d'après
tous les textes, c'est de montrer que les objections ne portent
pas.
Au fond tout revient à ceci. Si le sanctuaire du nord existait
dès 438, comment se fait-il qu'il n'était point encore achevé,
lorsque Eudocie en la dédicace le 15juin460(3), d'autant que,
fit

d'après le biographe de Pierre l'Ibérien, S. Cyrille l'avait déjà

(1) et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. XXIV


Notices
(1883), p.470 de la traduction de Zotenberg. Une partie de ce texte a été |déjà
citéepar le R. P. Vailhé (Échos d Orient, 1905, p. 78 s.); les passages qu'il a cités ne
parlent pas de S. Cyrille
(2) 't>; Si£Tpi6ov£v tTi AtÀiÉwv (P. G., LXXVII col. 341) et d'après Tillemont pré-
cisément en 438.
(3) D'après Cj'rille de Scj'thopolis, dont ie texte sera cité plus bas.
LE SANCTUAIRE DE LA LAPIDATION". 13

consacré par la déposition des reliques, en lli.S? On voit le

thème...
Deux solutions sont possibles (1).
Première solution il y a eu deux églises consécutives. C'est
:

bien ce qu'admet le R. P. Vaillié, seulement il suppose que celle


de Juvénal était à l'est, et celle d'Eudocic au nord. Nous deman-
dons : Est-il vraisemblable qu'on ait transféré les reliques hors
du lieu du martyre, alors que, d'après le pseudo-Basile, S. Etienne
lui-même avait voulu qu'elles y fussent déposées? Est-il vrai-
semblable que l'impératrice, qui voulait reposer auprès du saint,
ait commencé par l'enlever du lieu qu'il avait choisi, plutôt que

de fixer sa sépulture au lieu de la lapidation où étaient déjà les


reliques? On voit s'il est vrai de dire que « l'interprétation
donnée des textes amène une meilleure intelligence des
faits (2) ». Il n'y a rien d'étonnant à ce que deux églises, la se-
conde sans doute plus grande et plus riche, aient été bâties au
même lieu (3j.
La difficulté est exactement la même que celle qu'on pour-
rait soulever aujourd'hui à propos de la basilique restaurée.
Un décret de la sacrée congrégation des Rites en faveur du
sanctuaire dominicain du nord débute ainsi : « Quum Hieroso-
lymis Cœnobium et Ecclesia Fratrum Ordinis Pra^dicatorum
extet in loco ubimartyrium subiit inclitus Protomartyr sanctus
Stephanus est daté du 6 déc. 1887. Qui ne croirait qu'il
»... il

s'applique à l'église actuelle"? Or la première pierre de celle-ci


n'a été posée que le 10 déc. 189.j, c'est-à-dire huit ans après;
l'ancienne église ou chapelle provisoire a été désaffectée et on
serait bien embarrassé de reconnaître sa destination. Comment
aurait-on droit d'exiger que nous retrouvions aujourd'hui
le

l'église de Juvénal à côté de celle d'Eudocie? Le R. P. ^'ailhé


me rappelle que j'ai dit (1) « Les fouilles exécutées avec soin
:

(1) Car je ne veux pas en proposer une troisième qui consisterait à préférer
l'autorité du biographe de Pierre l'Ibérien, monophysite ardent, au très cons-
ciencieux Cyrille de Scythopolis; absolument parlant il faut cependant recon-
naître que Cyrille est postérieur d'une cinquantaine d'années.
(2) Est-ce bien une interprétation des textes que de les rejeter ou de leur
prêter les plus étranges confusions?
(3) Nous n'avons jamais prétendu marquer le lieu de la lapidation d'un hic
précis; il s'agit d'une certaine aire.
(4) Revue biblique, 1906, p. 301.
14 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

et relevées par un homme du métier n'ont permis de constater


aucune dualité dans l'édifice, sauf l'addition de la petite église
de beaucoup postérieure ». Mais d'abord il serait exagéré de
conclure que« les fouilles s'inscrivent en faux » contre la suppo-
sition" de deux églises, parce que ce serait transformer un ar-

gument négatif en preuve positive (l). Peut-être d'ailleurs ai-


je excédé dans le sens du R. P. Vailhé. La seconde église,
telle qu'on l'a découverte, est postérieure à la basilique, mais
elle marque du moins une dualité qui est peut-être tradition-

nelle ; elle a peut-être remplacé un sanctuaire plus ancien ;

peut-être aussi faudrait-il tenir compte de l'annexe qui forme


comme une quatrième nef, et qui n'a point été rebâtie, parce
qu'elle rentrait mal dans le plan d'une basilique, mais dont une
mosaïque en dehors de l'église a conservé la trace (2). Je me
garderais bien de dire, c'est ceci ou c'est cela mais je réserve :

la possibilité de deux églises.


Cette possibilité, personne ne peut la contester, et dès lors
il nous est bien loisible d'appliquer à la première église, bâtie

par Juvénal, le texte du pseudo-Basile, surtout si, comme le


prétend le R. P. Vailhé, cette homélie doit être placée plutôt
au début qu'à la finde l'épiscopat de Juvénal. Que le panégy-
riste la déclare digne du premier martyr, c'est une affirmation
de style : une impératrice a pu faire mieux.
Et cette solution est, croyons-nous, pleinement suffisante.
Nous en avons promis une deuxième : la voici. La discussion est
plus délicate. Il n'y a eu peut-être au nord qu'une seule égUse,
consacrée d'abord par la déposition des reliques en 13S, puis
dédiée par Eudocie en" 460. Voici comment on pourrait concevoir
les faits.

Juvénal aurait entreprisla construction de l'église du nord


en même temps que 8'" iMélanie bâtissait l'église de S. Etienne
au mont des Oliviers. L'impératrice Eudocie étant Acnue une
première fois à Jérusalem en 138, et S. Cyrille y ayant été
mandé par l'empereur pour lui faire honneur, on profita de
cette circonstance pour consacrer les églises, déjà bâties, ou sur

(1) Nous n'avons jias non plus retrouvé le couvent dont Gabriélos était higou-
mène, avant même la dédicace de l'église.
(2) Cf. Saint Etienne et son sanctuaire, les plans de M. l'architecte Sandel,
p. 121 et 131.
LE SANCTUAIRE DE I.A LATMOATION. 15

le point (rétro terminées, déposition des reiiqu(;s. Les


pai- la

troubles religieux éclatèrent. Eudocie revint à Jérusalem ot


prit i)arti pour les monophysites. Lorsqu'elle eut reconnu le
concile (le Chalcédoine sur les instances de S. Eutliynic, un de
ses premiers soins fut de mettre son disciple Gabriélos à la tête
de la vénérable maison de S. Etienne qui existait donc déjà (1) !

Avant de mourir, elle se donna la consolation de célébrer la


dédicace de toutes les églises qu'elle avait bâties, et entre au-
tres de S. Etienne qui n'était pas encore complète, (ju'on veuille
bien ne pas oublier qu'il s'agissait d'un immense établissemen
comprenant un couvent, un cloître, peut-être des propylées,
mais certainement une église à trois nefs avec une annexe, le
'tombeau de S. Etienne et celui d'Eudocie elle-même, qui en
effet ne devait pas être achevé (2). Au moment des troubles
religieux, quand Eudocie était hérétique et en disgrâce, on a
pu faire honneur de l'église à Juvénal; plus tard la tradition
n'a retenu que le nom de l'impératrice.
(^ue l'église ait été d'abord seulement disposée pour le culte,

et qu'on ait depuis repris les travaux, il n'y a rien là d'extraor-


dinaire, d'autant qu'à vrai dire aucun texte ne mentionné la
part précise d'Eudocie. La date de 455 est purement conjectu-
rale et ni Cyrille, ni personne, ne dit qu'Eudocie ait commencé
les travaux de l'église après sa conversion.
La seule difficulté est donc dans la consécration, suivie d'une
dédicace- Il est d'ailleurs bien clair que si l'église a pu être dé-
diée avant d'être terminée, elle avait pu être consacrée dans le
même état.
Au moment où j'ai du biographe de
versé au débat le texte
Pierre, j'ai supposé que l'auteur avait quelque peu grossi le
rôle de Cyrille (3), et j'ai soutenu plus récemment que le mot
de dédicace était probablement trop fort ( 1), d'autant que l'au-
teur ne parle en fait que de la déposition des reliques. C'est là,

(1) Kai Tov [j.àv raêpiïi).iov TtpoaX&oopLÉvo, ;?iyoûiji.evov toO ffsêaiiiioy o'v/.om Tzsroirjy.s toù
àytou TrpwTOfjLâoTupo; -xs^âvou.
(2) Le s(?ns du mot àTrXïipwxov n'est pas tellement clair: en grec classique, cela
signifie «insatiable »
;
peut-être Cyrille veut-il dire simplement que l'installation
n'était pas suffisamment complète ;
peut-être même seulement qu'il }• manquait
des revenus; aussi ajoute-t-il qu'Eudocie y pourvut.
(;3) Revue biblique, 1896, p. 459.
(4) Le syriaque est une transcription du grec èy/aivia.
16 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

d'après leR. P. Vailhé, une mauvaise chicane; car la déposi-


«

tion des reliques était précisément une des principales céré-


monies de la dédicace (1) ». Je ne denxande pas mieux que d'être
instruit par le R. P. des cérémonies de la dédicace au v* siècle.
J'avais cependant cité les pages de M^^' Duchesne d'où il ré-
sulte que, dans les premiers temps, la dédicace n'était, à pro-
prement parler, qu'une solennité sans rite spécial (2). Je crois
bien que la déposition des reliques était, à parler exactement,
ce qui consacrait une église et permettait d'y célébrer le culte,
mais il semble que, en Palestine du moins, on réservât le
terme de dédicace, £7/.a{via, à une solennité spéciale. Dans la
rigueur du terme, on faisait les Encénies de temples détruits
ou profanés c'est ainsi qu'après la grande persécution de
:

Dioclétien et de lAIaximin, on fit en Orient des consécrations


de temples nouvellement construits, et aussi des Encénies, donc
de temples anciens {:]). Ce terme d'Encénies employé par le
biographe de Pierre l'Ibérien n'est donc pas tout à fait propre,
comme l'a noté l'éditeur, M. Raabc au contraire, si Eudocie a;

fait faire les Encénies de l'église Saint-Étienne dont les travaux


avaient été interrompus, qui avait peut-être été détruite en par-
tie ou profanée pendant les troubles religieux, le terme serait
absolument exact. Loin de s'étonner de cette seconde dédicace,
il faudrait y reconnaître une parfaite propriété des termes. On

sait que ce mot a été employé d'abord dans l'Évangile (Joan., x,

22) pour désigner la fête instituée par Judas Macchabée lors de


la purification du Temple. Je ne prétends pas argumenter avec
cette acribie; cependant il faut noter que la Vie de sainte
Mélanie, parlant de la solennité du mont des Oliviers (au lende-
main de celle de S. Etienne du nord, d'après le biographe de
Pierre l'Ibérien), emploie bien en latin le mot dedicatio (1), mais

(1) Loc. laud., p. 79.


(2) Origines du cuUe chrétien, p. 386 ss.
(3) EusKBE, H. £., X, 3 ... èy/aivîtov éopxal xaxà
: 7t6),£'.; xal twv «pri veoTtaywv
TipoffEuxTrjpiwv à9i£pa)(î£iç...La dédicaco du martyrium constantinienà Jérusalem,
en latin dedicalio, est (Vie de Constantin, iv, 40, 45; cf. iv, 47). C'est
à;pi£pw(7ii;

aussi la terminologie de Sozomène àçiÉptDaiç, xa6i£p(5<7ot, ch. xxvi; àzuépMaiz,


:

ch. xxxHi. Au contraire S. Athanase ditéY^aîvta, P. G., XXV, 012 ss.


(4) Deinde vadit (l'impératrice Eudocie) et in virorum monasterium, et in-
gressa audit fedificari pnedictum martyrium iubetquecelerius opus consummari,
et rogat sanctam ut, dum ibidem esset, dedicatio celebraretur (éd. du card. Ram-
polia, LVIII).
LK SANCTUAIRK DR LA LAPIDATION. 17

le grec dit seulement déposition des saintes reliques et non


pas èy/aivia (1).
En
pareil cas la critique nous fait un devoir de tenir compte
de ce qu'affirment les textes, plutôt que de nous buter à de
prétendues invraisemblances.
On i)eu1 supposer d'ailleurs, sans la moindre invraisem-
blance, qu'une église d'abord consacrée par la déposition des
reliques a été ensuite dédiée très solennellement. C'est presque
ce qui a eu lieu de nos jours. La nouvelle basilique, relevée
de ses ruines, a été bénite par M^'' Piavi, patriarche de Jéru-
salem, le 11 avril 1898; elle a été ensuite consacrée solen-
nellement le l:> mai 1900 'par M^' Duval, archevêque de
Pétra (2).
Le R. P. Vailhé a beau jeu de nous demander qu'est-ce que
cette église qui a été dédiée deux fois? Je lui répondrai sans hé-
siter que ce ne fut pas la seule, et précisément dans les mêmes
circonstances. Le texte de Cyrille de Scythopolis nous est op-
posé (3). Je n'élève contre lui aueune chicane; je ne songe ni à
en révoquer en doute l'authenticité, ni à reprocher à l'auteur
d'avoir confondu. Mais il faut le lire jusqu'au bout! On y voit
que l'impératrice, en vue de sa fin prochaine, fit dédier toutes
les églises qu'elle avait fondées. En avait-elle bâti tant en cinq
années? Ne faut-il pas comprendre sous ce terme toutes les
églises qu'elle avait réparées, peut-être môme celles qu'elle
avait enrichies? Plusieurs de ces églises avaient sans doute
déjà servi au culte; elles avaient donc été consacrées. Mais on
résolut de faire une sorte de solennité générale, qui rappelât les
bienfaits de l'impératrice et conservât son souvenir.
Dans ces conditions, est-il bien étonnant que l'église de S.-
Étienne ait été d'abord consacrée, puis dédiée?
Au surplus je n'entends pas imposer la solution d'une seule
église. Il suffit d'avoir constaté une église au nord de Jérusalem

(1) "H[JL£»£v oï ytveaôat -^ xafâôîat; Ttùv àyîwv ).£i'|iàvwv èv tw vewdTt 0~' aOtr,; xTi-

ffôévTi [lapTupiu (58)


(2) Il y manque encore bien des compléments qui tiguraient dans le projet : un
ciborium, desmosaïques, etc.!
(3) Ka: SpofAaito; ètù tiôv àyîav 7rô),iv ôp(i.iQ(Ta(ja, xai tov àp-/iîT:t(îxo7iov [j.£TaoT£t),a-
(A£'vYi, àTtXinptoTov ôvTa Tov vaov xoù àytou XTcixivoy toù 7;pwTO[iâpTypo; èyxa'.vKJÔrivat
:tap£(îy.£Ûa(7£... xal 7r£pirip;(£T0 Tràaa; -cà; iiTz' aÙTy]; xTcsÔEiTa; Èxx>,r,(jia; £yxa'.v(^0"J(Ta,

y.aî £xâ(jTYi àpxoOffxv àçopii^oyija upoffoSov {Coleiier, IV, p. li).


ORIENT CHRÉTIEN. 2
18 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

dès 438. Peu importe, au regard des combinaisons du R. P.


Vailhé, qu'elle ait été continuée ou rebâtie. Nous acceptons tous
les textes et ils s'harmonisent très aisément.
Peu nous importe eu avant 451 à l'est de Jérusa-
qu'il y ait

lem, outre l'église de S. -Etienne du mont des Oliviers, une autre


église située dans le Cédron, église dont l'existence n'est pas
démontrée; il y avait aussi une église au nord, où on avait dé-
posé les reliques du saint. C'est à cette église que peut s'appli-
quer, de 438 à 457, peu nous importe la date, le panégyrique
du pseudo-Basile, et c'est à cette église qu'il doit s'appliquer,
puisque la déposition des reliques a été faite au nord (Pierre) et
au lieu du martyre (le pseudo-Basile), qui d'après Lucien et
Theodosius était au nord; c'est aussi dans cette église que Mé-
lanie est venue prier en 439, quelques jours avant sa mort. Pour
affirmer que Ju vénal a construit son église dans la vallée du
Cédron, sans parler des difficultés de la construction, re-
il faut,
jeter le texte de Lucien, le texte de Theodosius, le texte de la
Vie de Pierre, et supposer que les reliques, d'abord déposées au
lieu du martyre selon la volonté du saint (pseudo-Basile), ont
été transportées au nord malgré sa volonté.
La principale autorité, ce sont les textes. Je crois avoir
montré que ceux que j'avais allégués n'ont pas été ébranlés
par le R. P. Vailhé. Tant qu'ils demeureront debout, il n'y aura
pas de place pour les combinaisons qui n'en tiennent pas
compte, pour ingénieuses qu'elles soient.
Entraîné par sa démonstration, le R. P. Vailhé n'a pas
craint d'écrire : « Aujourd'hui, les Grecs (1) prétendent avoir
retrouvé, près de Gethsémani, les restes d'une ancienne église
de Saint Etienne et ils invoquent à l'appui une inscription

grecque qui semble bien leur donner raison (-2). Cette trou-
vaille épigraphique confirme admirablement les données his-
toriques, possédées jusqu'à aujourd'hui, chose fort rare, sinon
unique, dans l'histoire des sanctuaires palestiniens » (3). A
ce raisonnement il n'y a rien à répondre, si ce n'est qu'il :

n'y a pas eu de trouvaille épigraphique de cette sorte à Gethsé-

(1) Lisez M. Spyridonidis et le diacre Louvaris, qui eux-mêmes ne vont pas si

Aite.

(2) Que sont devenues les réserves du début?


(3) Loc laud., p. 82.
LE SANCTUAIRE DM LA LAPIDATION. 19

mani; que cette trouvaille ne prouverait pas l'existence d'une


église comme le R. P. l'avait d'abord eonapris; que les seules
données historiques que nous possédions placent le lieu de la
lapidation au nord, et que nous attendons toujours les textes
anciens qui le placent à l'est.
L'accord « fort rare, sinon unique » tles docuraenis épigra-
phiques et des données historiques en faveur du sanctuaire du
Cédron, en l'absence soit de monuments, soit de textes avant

le xii"" siècle, c'est tout de même un peu fort, et ce ne sont pas


les combinaisons du R. P. Vailhé qui combleront la lacune.

Jérusalem, IG juillet 1907.

Fr. M.-J. Lagrange.

p. -S. Depuis que cet article a été écrit, un fait s"est produit qui prouve
que de ce genre ne sont pas toujours inutiles quand les
les discussions
opinants cherchent avec la même préoccupation du vrai. M. Nq,u a repris
la question des manuscrits latins et a signalé avec une loyauté parfaite
que quelques-uns disent Crsarée et non Cedar. Nous n'avons plus qu'à le
remercier vivement de sa découverte. Ces manuscrits sont plus rares,
mais parmi les plus anciens, et on doit certainement préférer la leçon qui
harmonise toutes les données. Le changement de Césarée en Cédar nous
apparaît maintenant comme la cause de toute la confusion topographique.
Un nom biblique a remplacé un nom latin comme le Jébuséen a remplacé
leVésuve dans les Tractatus d"abord attribués faussement à Origène (Cf.

Revue biblique, 1900, p. 293j.


UN DERNIER MOT
SUR LES É&LISES S.ÉTIENNE A JÉRUSALEM

Aujourd'hui que le débat semble clos et que toutes les expli-


cations ont été données, il nous semble opportun de résumer
brièvement les résultats acquis après la précédente contro-
verse :

1° D'après le R. P. Vaillié, il y avait anciennement, dans la


vallée duCédron, un sanctuaire dédie'' à saint Etienne. L'exis-

tence de ce sanctuaire est confirm(''e par un témoignage de


Tannée 808, par un texte parlant d'un fait arrivé à la fin du
vi" siècle, enfin par un texte de Jean de Maïouma dans les pre-

mières années du vi' siècle. Ce dernier texte constate l'exis-


tence de l'église avant l'année 451 Le témoignage de Tannée
.

808 est indiscutable; les deux autres, plus anciens, ont été
attaqués par le R. P. Lagrange, mais ses raisons ne sont pas
de nature à entraîner la conviction. On ne peut récuser les
données topographiques du Pré Spirituel ou ouvrages analo-
gues à cause seulement de Tétrangeté des faits qui les encadrent.
Remarquons, du reste, qu'aucun de ces trois textes n'identifie
l'églisede l'Est avec celle de la lapidation, et le R. P. ^ ailhé
ne Ta jamais prétendu (voir ROC, 1907, p. 72 seq.).
2" Pour placer
le lieu de la lapidation dans la vallée de l'Est,

le R. P. Vailhé s'est appuyé sur une inscription trouvée non


loin de Gethsémani et sur les difficultés que présente la conci-
liation de certains textes avec la tradition
du Nord.
a) Ecartons tout d'abord le
premier motif, car, après les
explications des Pères Mncent et Lagrange, il est prouvé au-
UN DERNIKIl MOT SUR LKS ÉGLISES S.-KT1E\NH A .ll'.IK.SALKM. 21

jourcrimi que rinscrii)1ion a été trouvée à B^.Tsabéo, enterrée


puis déterrée à Gethsérnaui par des Grecs.
h) La difficulté de concilier les textes avec la tradition du

Nord provient surtout de Cyrille de Scytliopolis. Celui-ci, his-


torien bien informé généralement, assure querégiiso du Nord,
celle d'Eudocie, fut dédiée le \:> juin 160, avant d'être achevée.
Or, deux auteurs contemporains : le pseudo-Basile de Séleucie
et le biographe de sainte Mélarue, nous disent que l'église de
la lapidation existait sûrement, d'après l'un avant l'année 158,
d'après l'autre en l'année 439 au plus tard. Comme le R. P.
Lagrange avait affirmé que « les fouilles exécutées avec soin
et relevées par un homme du métier n'avaient permis de cons-
tater aucune (lualit<i dans l'édifice » du Nord, force était bien
de distinguer le sanctuaire de la lapidation de la basilique eu-
docienne. L'article du R. P. Lagrange écarte cette difficulté

capitale en apportant deux explications :

Première explication. Il y a eu deux églises au Nord, bâties


sur le même lieu en moins de trente ans et dédiées l'une vers
438, l'autre vers 160. N'a-t-on pas fait la même chose de
nos jours chez les Pères Dominicains! Avec cette explication,
l'exemple apporté ne cadre pas d'une manière parfaite. En
effet, la première église moderne des Dominicains n'était pas

bâtie sur le même lieuque la seconde, mais assez loin de là;


de plus, ce n'était pas une église, mais une salle transformée
en chapelle provisoire jusqu'au jour où les ressources ont
permis de relever la basilique d'Eudocie. Au v*" siècle, il ne pou-
vait en être ainsi, puisque les reliques de saint Etienne repo-
saient déjà, avant la construction de la basilique, dans une
chapelle provisoire, sur le mont Sion, et qu'on n'éprouvait
pas besoin d'avoir une seconde chapelle provisoire sur le
le

lieu du martyre, avant la construction de l'église définitive sur


ce même lieu.
Seconde explication. « Il n'y a eu au Nord qu'une seule
église, consacrée d'aljord par la déposition des reliques en 438
et dédiée par Eudocie en 460 ». C'est la vraie solution, si l'on

veut tirer au Nord les textes si clairs et si concordants du pseudo-


Basile et du biographe de sainte ^Mélanie. Mais cela à une condi-
tion, c'est que la dédicace de juin 460, dont parle Cyrille de
Scythopolis, soit une dédicace générale quelconque d'autres égli-
22 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

s&s OU d'autres constructions, ou bien une cérémonie se rappor-


tant à la décoration de la basilique, et non la dédicace de la ba-
silique elle-même qui était dédiée depuis plus de vingt ans. Dans
ce cas, et dans ce cas seulement, l'accord règne entre les textes
cités. On peut alors faire dédier la basilique par saint Cyrille
d'Alexandrie avant l'année 439, comme l'assurent le biographe
de Pierre l'Ibérien et Jean de Nikiou. Et il faut reconnaître sur
-ce point que la lettre de saint Cyrille lui-même, Ep. 70, P. G.,
t. LXXVII, col. 311, versée pour la première fois aux débats
par le R. P. Lagrange, est une confirmation authentique des
affirmations de Jean de Nikiou et du biographe de Pierre. La
date de la dédicace serait alors le 15 mai 438 ou 439, l'année
438 étant admise généralement pour le premier voyage d'Eu-
docie à Jérusalem (1). Ainsi l'église Saint-Étienne du Nord
serait bien le sanctuaire de la lapidation, mais la date de son
érection devrait être vieillie de vingt à trente ans, ce qui n'est —
pas pour déplaire aux Pères Dominicains. On pourrait égale-
ment l'attribuer soit à l'évéque Ju vénal, comme le dit le pseudo-
Basile, soit, d'après les autres sources, à l'impératrice Eudocie,
qui avait sans doute avancé de Constantinople les fonds néces-
saires à la construction. Avec cette interprétation, tous les
textes concordent parfaitement. En même temps disparaît la
difiiculté d'ordre moral, mise en avant par le R. P. Vailhé,
attendre quarante-cinq ans
qu'il ait fallu de 415 à 160 — —
pour avoir à Jérusalem, lieu de la lapidation de saint Etienne,
un sanctuaire digne de lui.
3" Le R. P. Vailhé a de nouveau attiré l'attention sur les

recensions latines de la lettre du prêtre Lucien. Il a constaté


avec raison que la recension que Ton est convenu d'appeler
la seconde, correspond dans l'ensemble aux textes grecs et
syriaques de cette lettre, textes dont deux au moins, un grec
et un syriaque, ont des attestations sérieuses dès le vi" siècle.
D'où la conclusion tirée par lui que cette seconde recension
doit correspondre au texte original du prêtre Lucien. Or, cette
seconde recension latine, comme d'ailleurs tous les documents
grecs et syriaques, omet le passage décisif : foris portam quae

(1) Le plus récent biographe de saint Cyrille d'Alexandrie, leR. P. Mahé, S. J.,
fixe la rédaction de cette lettre après l'année 135, voir Yacant-Mangenot, Dic-
tionnaire de théologie catholique, sub verbo, t. III, col. 2108.
UN DERNIER MOT SUR LICS EGLISES S. -ETIENNE A JÉRU.SALHM. S.)

est ad aquilonou, qui se trouve dans la première recension.


A celte objection le R. I*. Lagrange a longuement répondu
par des raisons de critique interne, arme délicate s'il en fut.
En usant du même procédé, on montrerait peut-être que le

premier récit, tout comme le second, est « embelli jusqu'au


ridicule ». A quoi bon? Il suffit de retenir que la seconde re-
cension est jusqu'ici la seule connue en Orient. D'ailleurs,
M. l'abbé Nau a montré [ROC, 1907, p. 411 seq.), d'après les
seuls manuscrits latins de Paris, que le problème soulevé ;iutour
de la phrase incriminée était fort complexe. 11 serait intéres-
sant de montrer que tous les textes peuvent dériver de la pre-
mière recension latine, auquel cas Césarée(pourCédar)ne ferait
pas de difficulté. Le débat reste encore ouvert, sur ce point
tout au moins.

• La Rédaction.
UNE VERSION ARABE
D'UNE HOMÉLIE INÉDITE SUR LA PÉNITENCE

ATTRIBUÉE A S. JEAN CIIRYSOSTOxME.

AVERTISSEMENT

Au cours d'un voyage en Allemagne, pendant l'été de 1906,


je passai quelques jours à Berlin et profitai de l'occasion pour
visiter la Bibliothèque Royale. Je m'arrêtai de préférence à la
section des manuscrits orientaux et, grâce à la complaisance
de M. le Bibliothécaire, qui fit tout son possible pour faciliter
mes recherches, je pus prendre la liste de tous les manuscrits
chrétiens, de langue arabe ou copte. Quelques mois après, je
demandai le manuscrit désigné comme il suit dans le catalogue :

lui 99 Ms. 105


15 Bl. 8^« Abs. c. 1100 (1688)
Bruchstiick der christl. Théologie angehôrig
iiber den Messias, seine Eigenschaften und
Aufgaben (1).
M. le Bibliothécaire voulut bien le prêter pour trois mois à la
Bibliothèque des Facultés catholiques d'Angers, et je pus le
copier à loisir.

La description donnée dans le catalogue n'est pas tout à fait

exacte. Les 10 premières feuilles contiennent deux homélies


incomplètes d'ailleurs (il manque le commencement de la
première et la fin de la seconde) sur les deux premiers chapitres

(1) 15 feuilles in-octavo; transcrit vers l'an 1100 de l'hégire (IG88 de l'ère
chrétienne). Fragment concernant la théologie chrétienne, sur c Messie, ses
propriétés et sa mission.
UNE VERSION ARABE D UNE HU.MELIK SUR LA l'ÉNITKNCE. 25

de l'Ecclésiaste, et il du Christ
n'est question qu'in(-i(lemmenl
et de sa mission. Les quatre feuilles suivantes donnent une
partie notable d'une homélie sur la pénitence et la crainte de
Dieu, attribuée à saint Jean Chrysostome. Elle a pour texte le

verset 11 du Ps. xxxiii" : « Venite, filii, audile me, limorem


Domini docebo vos. » Elle est d'ailleurs incomplète et la fin
manque. M. Nau m'a signalé un texte grec analogue à cette
homélie, contenu dans un manuscrit du xn" siècle Cl), et une
autre traduction arabe, en caractères syriaques, de la même
homélie (Bibl. Nat., Fonds syriaque, n" 239, feuilles 182-189).
Celle-ci a l'avantage d'être complète et plus correcte que celle
de Berlin. Le texte en est parfois identique, mais elle présente,
en plusieurs passages, des différences considérables. Je donne,
en note, la traduction des passages omis dans le texte de
Berlin.
Le parchemin de Berlin a servi antérieurement à un autre
manuscrit et il subsiste encore des traces de la première écri-
ture, ce qui en rend la lecture souvent difficile.

Angors, janvier 1908.


L. Leroy.

TRADUCTION
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit
Dieu unique.

Homélie composée par le Père saint et pur Jean Chrysostome sur la


Pénitence et la Crainte du Dieu Très-Haut, que ses prières agréables à
Dieu nous gardent tous jusqu'au dernier soupir. Amen.
11 dit David le Prophète nous donne une leçon excellente par ces
:

paroles « Venez, mes enfants, et écoutez, je vais vous enseigner la crainte


:

de Dieu. » 11 faut par conséquent que nous acquérions avant toutes choses
la crainte pour qu'elle nous procure la vie éternelle. La crainte de Dieu
en effet nous conduit à la vie éternelle et chasse le péché. Elle nous donne
non seulement la vie éternelle mais encore la gloire et la louange (2). Il

(1) Il Jean Chrysostome, sans doute à tort, car tous


est attribué aussi à saint
les éditeurs l'ont omis. — Nous
croyons donc qu'il n'existe aucun texte grec
édité qui soit identique ou même parallèle à la présente homélie.
(2) Le texte de Paris débute dans les mêmes termes mais il contient, à partir
;

de cet endroit, un long passage omis dans le manuscrit de Berlin « Puisque la :

crainte de Dieu nous procure tous ces biens, ô ami de Dieu, rends-lui un culte
véritable non seulement eu paroles mais en œuvres. Établis la base de ton culte
26 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

faut prier. Ne dis pas :.Vài demandé telle grâce une fois, deux fois,

mais je ne l'ai pas obtenue. N'abandonne pas la prière jusqu'cà ce que ta

sur l'humilité, pour, que tu apprennes à connaître l'amour de ton Seigneur.


Prends garde que, entraîné par quelque passion mondaine, tu méprises ton
Seigneur. Sache que tu es un être é])hémère et ne sois pas assuré de vivre jus-
qu'au lendemain, car ta vie est bornée. Pourquoi la gaspilles-tu inutilement"?
Y au monde quelque chose d'assez sûr pour que tu t'y attaches? Qui donc
a-t-il

est né sans être mortel? ou quel est l'être assez excellent pour que le tombeau
ne l'altère pas? Quel est le jeune homme qui ne vieillira pas? Y a-t-il quelqu'un
au monde qui doive survivre à son argent? Réfléchis à cela et à d'autres consi-
dérations analogues, et rejette loin de toi toute pensée superbe. Sache que
l'homme n'est que vanité et que ses jours passent comme l'ombre. Quand tu vois
l'herbe des champs, songe à la nature humaine les altérations que subit le
:

gazon sont l'image des vicissitudes auxquelles l'homme est soumis. Le Seigneur
a promis la vie éternelle et toi tu t'attaches à ce monde périssable. Rejette les
plaisirs et triomphe des appétits du ventre. Ne néglige pas ces jours si brefs de
peur que tu ne tombes dans le châtiment qui ne finira point. 11 vaut mieux
pour toi souffrir un peu ici-bas et échapper au châtiment sans fin. Ne marche
pas chargé de la souillure des péchés pour servir d'aliment au feu qui ne s'éteint
point. Je t'en prie, ô mon
ami, ne t'écoute pas toi-même, si tu veux parvenir à
cette gloire qui ne ces.sera point, au bonheur suprême, à la vie céleste, et aux
tabernacles du Seigneur. Ne iirétextons pas la longanimité du Seigneur Christ à
notre égard. Ici-bas, en effet, il nous supporte et use de patience envers nous,
mais là-bas il nous fera subir une investigation sévère. Surveille la porte de ton
âme, je veux dire ta bouche, car la parole est le principe de la plupart des péchés.
Ne dis pas J'ai dit une parole sans importance, mais considère quelle en est la
:

conséquence. Redoute l'approche du jugement terrible où seront manifestées


toutes tes actions, car tous les péchés sont écrits là-bas. Tout ce que nous faisons
et tout ce que nous disons y sera manifesté à son heure. Tremble, malheureux,
et fais en sorte de ne rien écrire là-bas, mais efface "plutôt ce qui s'y trouve déjà
écrit. faut pleurer beaucoup, faire pénitence, prier et confesser tes péchés et
Il

faire d'autres bonnes œuvres; par ce moyen et d'autres œuvres de ce genre, tu


effaceras tes péchés et tu échapperas à ce châtiment et à cette honte. On n'a pas
besoin là-bas de richesses mais de bonnes œuvres. Tu ne déchiras pas le juge
par de l'argent mais par des pleurs. Si tu as de l'argent, distribue-le aux
jiauvres. Nous pouvons nous sau\er si nous le voulons. Prends garde que les
femmes de mauvaise vie elles publicains ne te précèdent dans le royaume. Gémis
ici, pour te réjouir là-bas. Les pleurs qui passent valent mieux que les pleurs

qui ne passent point. Sème ici le travail pour récolter là le repos. Génds,
désole-toi et ^erse des larmes. Si la femme adultère, dont parle l'Évangile, a
par ses pleurs obtenu le pardon du Seigneur Christ, les pleurs que tu répandras,
avec le jeûne et la pureté, t'obtiendront mieux encore la miséricorde. Si tu n'as
pas de bonnes œuvres, dis comme la Chananéenne Ayez pitié de moi, Sei-
: <-

gneur. Si tu n'as pas d'œuvres à montrer, réfugie-toi dans la miséricorde


..

incommensurable du Créateur. Fréquente assidûment la source des livres saints.


De même en effet que ceux qui sont assis près d'une source d'eau sontà l'abri de
la chaleur, et jouissent de la fraîcheur de l'eau, celui qui fréquente les sources
des livres saints, sauve son âme de tous les maux et de la flamme de l'enfer, car
la parole des livres vient de Dieu. Y a-t-il quelqu'un qui puisse s'affliger de ce
qui le console? La lecture assidue de l'Écriture ne doit pas t'ennuyer, car si tu
UNK VERSION ARABE u'UNE HOMÉLIE SLR LA l'ÉMTENCE. 27

demande Lorsque tu te prosternes devant Dieu, il ne faut


ait été exaiu-ée.

pas que bouche seule prie tandis que ton esprit est loin de lui.
ta
Dieu na pas besoin de paroles. mais il demande des bonnes œuvres. Celui
que tu pries est génénmx. Me dis pas (pour t'excuserj (^ue tu as foi en sa
miséricorde envers ceux qui ont recours à lui. Rougis de honte. Est-ce
que celui qui est dans sa crainte le haïra? Celui qui le prie le négli-
gera-t-il parce qu'il est miséricordieux? Pense, malheureux, à ton départ
de ce monde, et à ce jour terrible où, ton âme étant prête à partir, tu seras
étendu sur ton lit sans que ton intelligence puisse désormais lui être
utile. Autour de toi tes parents et tes amis pleureront en voyant que ton
âme va t'être ravie, mais aucun d'eux ne pourra intercéder auprès des
anges qui voudront la prendre. Pense à toutes tes actions. Tu auras devant
les yeux le ver qui ne dort point et le feu qui ne [s'éteint point et la four-
naise qui ne se refroidit point. Éteins les péchés non sous l'abondance de
l'eau, mais sous l'abondance des larmes, car les pleurs n'éteignent pas
seulement le feu, mais ils purifient des péchés. C'est ce qu'atteste David le
prophète, si éprouvé et si patient, quand il dit « Toutes les nuits, je
:

baigne ma couche (de mes larmes) » il ne dit pas ;


« Je mouille », mais
:

« je baigne » pour nous apprendre que les larmes ont la vertu du baptême.

Quand la douleur a Dieu pour cause, elle chasse la douleur du péché.


Pleure ici sur tes péchés pour ne pas pleurer là-bas dans les tourments
vengeurs. Découvre ta blessure au médecin et dévoile tes péchés. Redoute
le Juge et crains le jour de la rémunération, quand viendra tout à coup

l'heure du jugement pleine de tremblement et de larmes où s'ouvrira


l'abîme de perdition," où paraîtra le témoin qui ne se trompe pas. Pense à
du même ordre, et ne sois pas l'en-
ces vérités, malheureux, et à d'autres
nemi de ton âme. Sache qu'il n'y a rien de plus salutaire pour l'àme de
l'homme que le souvenir de ses péchés. Sois assidu à la prière pour satis-
faire ton Seigneur (1), car il a le pouvoir de te sauver. C'est pourquoi ne
te relâche pas dans la prière même quand tu n'es pas en grâce avec Dieu.
Prie alors pour obtenir la grâce. Tu seras sans doute exaucé de celui qui
ne veut pas que l'homme se tienne éloigné de lui par crainte. C'est lui
qui est ton Dieu; il veut ton salut plus que toi, et tu n'as pas à cet égard
une sollicitude égale à la sienne. Aie soin, malheureux, de persévérer
dans la prière. Elle n'exige aucun travail pénible. Livre-toi à cet exercice
qui ne demande pas de peine et souviens-toi qu'il ne convient pas de
proférer des paroles tout en étant dans un état de somnolence. Ne sera
couronné que celui qui veille, qui travaille et qui persévère dans la prière,

éprouves de la fatigue, ton cœur est purifié. Applique-toi aux œuvres excellentes
de la foi, aux invocations, aux veilles, à la patience et à la prière assidue. »
(1) A cet endroit le ms. de Paris s'écarte de nouveau de celui de Berlin. Il
continue ainsi « et lui donner l'occasion de manifester sa miséricorde par la
:

rémission de tes péchés. Prends garde de ne pas mettre obstacle à sa bonté par
ta négligence. Quand bien même tu serais tombé au dernier degré dans le péché,
il aie pouvoir de t'en retirer >•. Puis les deux textes coïncident de nouveau, avec

des nombreuses variantes.


28 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

et l'homme n'obtient rien sans peine. Contiens tes passions par la lecture
des livres saints et pense au jugement futur. Excite ton âme à méditer
l'enfer. Prépare-toi à la lutte contre les démons afin que la miséricorde du
Sauveur soit avec toi. Tu ne peux pas
servir deux maîtres. Pleure ici pour
te réjouir là-bas. qu'un hâbleur celui qui se réjouit ici-bas, car
Il n'est
il finira par pleurer. Que la voix que tu fais entendre soit celle des pleurs,
la nuit comme le jour, car le résultat des pleurs est la joie éternelle.
Prends garde de purifier ton âme. Tu dois t'appliquer au travail et à
la mortification de tes passions afin de mortifier ton corps et de le sauver,
et toutes tes actions seront agréables à Dieu (1). Sache qu'il te faudra
comparaître devant le Seigneur, que tu sois libre ou esclave, riche ou
pauvre. Le vertueux Paul dit en effet que tout sera remis entre les mains
du Christ. Il faudra donc, malheureux, que tu rendes compte non seule-
ment des actions mais des paroles, car il te demandera un compte rigou-
reux des paroles vaines que tu as dites, de l'aide que tu as pu prêter pour
faire le mal, des paroles inutiles que tu as pu prononcer, car rien n'est
nuisible à l'homme comme les paroles dites mal à propos et les discours
frivoles qu'il tient. Aussi en rendra-t-il compte au jour du jugement.
Prends garde, malheureux, car tu n'auras pas seulement à rendre compte
de la parole, mais aussi de l'ouïe. Lorsque quelqu'un vient en ta compagnie
et que tu accueilles sa parole, tu deviens son complice dans le péché, car
la loi interdit cela. Et si celui qui ne fait qu'écouter doit être jugé, quel
compte aura à rendre celui qui calomnie le prochain ?
Ce n'est pas seulement des paroles qu'il faudra rendre compte, mais
encore des pensées. Sois donc désormais sur tes gardes il te faudra
:

rendre compte de toute parole mauvaise ou légère que tu auras dite à ton
prochain ou de toute pensée de ce genre qui aura pu te venir à l'esprit (2).
Réfléchis à tout cela, crains et tremble. Sache bien que Dieu n'e.st pas

Le manuscrit de Paris contient, à cet endroit encore, un passage omis dans


(1)

celui de Berlin « Car une grande crainte s'emparera


; de ceux qui n'obéissent
qu'à eux-mêmes. Prends donc garde, malheureux, de ne pas t'écouter de peur que
tu ne tombes dans ce feu. Fais donc en sorte que ton âme ne soit pas trouvée
de paille et que ce feu ne te brûle pas. Il n'écoute pas la parole de Dieu celui
qui ne s'éveille pas de sa négligence bien qu'elle soit comme la trompette qui
excite le cavalier au combat. Xe cesse pas de courir de peur que tu ne sois atteint
par le lion dont l'Apôtre Pierre parle en ces termes « Mettez-vous en sûreté,
:

car Satan, comme un lion, rôde cherchant à dévorer ceux qu'il trouve. >•

Prenez garde à lui, car il ne combat pas seulement pendant le jour, mais encore
pendant la nuit. Il a une cavalerie puissante ce sont les pensées impures. Prends
:

garde, malheureux, aux menaces du lion. Ceins tes reins du cilice et verse des
pleurs. Vaque sans cesse à la prière, de peur que tu ne tombes dans sa gueule.
Ne cesse pas de gémir et de t'humilier devant Dieu, pour qu'il l'écarte de toi.
Loue et remercie celui qui t'a créé. Rélléchis à toute heure et sache qu'il te
faudra rendre compte de tes œuvres quand le Seigneur Jésus viendra pour juger
ses serviteurs. Sois à toute heure dans l'attente de ce jugement. Scrute ton cœur
et rappelle-toi les œuvres que tu as accomplies dans tout le cours de ta vie. >
(2) A partir de cet endroit, le texte du ms. de Paris s'écarte de celui de Berlin
et on n'y trouve plus de passage identique.
UNE VERSION ARABE d'uNE HOMÉLIE SUI5 LA PÉNITENCE. 20

seulement lumière, mais ([u'il est aussi un feu qui brûle les pécheurs.
Heureux mais malheur à celui qui attend le
celui qui reçoit la lumière,
feu, car les œuvres de tout homme seront éprouvées par le feu. Celui dont
les œuvres subsisteront sera reconnu et récompensé; mais celui dont les
œuvres seront consumées sera perdu. Dieu n'a pas besoin de bois; prends
garde que tes œuvres ne soient du bois pour toi. Consulte les livres saints
et considère quel a été le sort des saints et quel a été celui des pécheurs,
prends garde d'éprouver le sort de ces derniers. Le Seigneur t'a planté
comme une vigne vraie et féconde. Il viendra pour cueillir le fruit. Fais
en sorte qu'il y ait en toi des grappes saines et de bons fruits, et prends
garde qu'à son arrivée, il ne trouve en toi des épines au lieu de raisins.
Tremble, malheureux, devant le châtiment, car le péché n'est pas à l'ex-
térieur, mais il est imprimé dans le cœur. Ne cherche pas à nier en disant :

« Je n'ai pas commis de péché » car des témoins nombreux se présen-


;

teront contre toi et les anges viendront en foule te reprocher hautement


cet orgueil qui fait que tu renies tes péchés, que tu ne te résous pas à
l'obéissance et que tu restes dans tes péchés. Sache, ô homme, qu'il n'y a
ni jeûne, ni prière, ni miséricorde, ni pleurs sans la charité et sans l'hu-
milité. La crainte n'existe et n'est parfaite que lorsque l'orgueil est détruit.
La crainte de Dieu donne la force la crainte de Dieu fait couler les
;

larmes; la crainte de Dieu attendrit le cœur insensible. De même que l'eau


éteint les ardeurs du feu, la crainte de Dieu détourne l'homme de ce qui
déplait à Dieu et l'amène à accomplir ce qui lui plaît. Mets tous tes soins
à ne pas t'enorgueillir; de même en effet qu'il est au pouvoir de l'homme
de faire le bien et le mal, ainsi il peut librement marcher dans la voie de
l'enfer ou dans celle du ciel il peut aussi briser l'orgueil de l'âme par
;

l'humilité. C'est ainsi que Notre-Seigneur Jésus-Christ s'est abaissé afin de


noi^ rendre semblables à lui, comme il le dit lui-même « Je suis doux et
:

humble de cœur. » 11 nous a tracé la voie du salut, afin que le chemin du


ciel nous devînt facile. Cette voie consiste en ce que Dieu ne demande
ni or ni argent, mais le jeûne, la prière et l'humilité, et, à ces conditions,
il sauve le pécheur de ses péchés. Adonne-toi donc au jeûne, à la prière, à

riiumilité, à la patience et à la résignation au milieu de toutes les peines,


car le Seigneur éprouve celui qu'il aime dans ce monde qui passe, mais
il lui donnera la joie parfaite dans
(.4 suivre.)
TEXTE ARABE

JU y^fi] j^6,^] ^«fiJt J,! '-^<!^ ukisT^ iJj^iUM jjijl'^


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^ j^ .^Oi j.^"^
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r,_^jJ! ,\ ^jXAxi UJO *^' ^0 Jj! Jaib J_j (j;__;:5^


>^U J.S'
^

(1) Le manuscrit porte .>««!.> U,sJxj. H y a là évidemment une faute de

copiste. J'ai rétabli ^^J:> ,y' \:^Ax) d'après le manuscrit de Paris.


(2) Le Ms. de Paris porto à cet endroit v^^ :::;= >,jj\lsiz ^i js-^c», « mets-toi
dans l'esprit. » ^
UNE VERSION ARAHE d'uNE HOMÉLIE SUR LA PÉNITENCE. 'M

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32 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

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(1) J J.=bCM ^y3' à^_^^.j Jo.yi JbJî Ij.,* ^ i.j^l ^^J!

(^ suivre.)

(1) Ici .s'arrête le ms. de Berlin. Je cloiinerai la fin de riiouiélie d'après k


manuscrit de Paris.
LES COUVENTS DES CHRÉTIENS
TRADUCTION DE L'ARABE D'AL-MAKRIZI

INTRODUCTION

Les Couvents des Chrétiens précèdent les Églises des Chré-


tiens,dans l'Al-Khitatd'Al-Makrizi (v. ROC, 1907, n° 2, p. 190).
Comme on a pu s'en rendre compte par la lecture des Églises
des Chrétiens, la relation de Makrizi donne une idée très juste
de la situation du christianisme en Egypte pendant le moyen
âge. La partie historique est moins développée dans le traité des
Couvents que dans celui des Églises, où notre auteur raconte
tout au long les séditions survenues sous le règne du sultan
Muhammed an-Nasser ben-Kalaoun mais il s'arrête davan-
;

tage aux traditions et aux légendes. L'impression qui s'en


dégage d'ailleurs la même. La désertion des couvents
est
indique relâchement de la vie religieuse et la diminution du
le

nombre des chrétiens. De nombreux monastères sont ruinés soit


par suite d'une persécution systématique comme sous le calife
Hakim, soit par une explosion spontanée du fanatisme musul-
man, soit qu'ils aient été abandonnés par les chrétiens devenus
trop peu nombreux et trop pauvres.
Les Monastères ont été traduits en même temps que les
Églises des Chrétiens, par M. Evetts, sous forme d'appendice
à l'ouvrage d'Abou-Saleh l'Arménien, imprimé à la Clarendon
Press (v. ROC, 1907, n° 2, p. 191). La traduction de M. Evetts
ne donne pas deux morceaux de poésie cités dans la notice sur
le monastère d'Al-Kassir. Elle présente en outre quelques
variantes que j'indique en notes.
Comme pour les Églises des Chrétiens, j'ai utilisé l'édition

des œuvres de Makrizi imprimée à Boulak en 1854.


ORIENT CHRÉTIEN. 3
34 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

TRADUCTION

Ibn Saïdah dit Le mot Deir (couvent) signifie une hôtellerie


:

(khan) des chrétiens. Ce mot fait au pluriel Adyar et celui


qui en est le chef est appelé Dayâr ou Dirâni. De mon côté,
je fais remarquer que le Deir (couvent) est l'habitation ré-
servée aux moines qui y séjournent, tandis que la Kénissah
(église) est le lieu où le peuple se réunit pour prier.
Al-Kilàyat à Masr. —
Al-Kilâyat (1) (la cellule) est un mo-
nastère situé près d'Al-Maalakah que Ton appelle aussi Kasr
ech-Chamàa dans la ville de Masr. C'est le lieu de réunion des
moines les plus âgés et des chrétiens les plus savants. Les déci-
sions qu'ils prennent sont obligatoires pour tous les chrétiens.
Le couvent de Tourâ. —
On l'appelle encore le couvent
d'Abou-Girg. Il est situé sur le bord du Nil. Cet Abou-Girg
n'est autre que saint Georges. Il fut l'un de ceux que tortura
Dioclétien pour lui faire abandonner la religion chrétienne.
Il le soumit à toutes sortes de tourments, le fit frapper et le fit

brûler dans le feu. Mais Georges n'apostasia point. Il eut la


tête tranchée par le glaive le troisième jour de Tichrin qui
coïncide avec le septième jour de Babàh.
Le monastère de Cha'arân. —
Le couvent est situé aux confins
du district de Tourâ. Il est bâti en pierres et en briques et
renferme des dattiers dans son enceinte. Il est encore appelé
monastère de Chahrân avec un h. Ce Chahrân était l'un des
plus savants chrétiens. On prétend même qu'il était roi. Ce
couvent portait autrefois le nom de Mercurius que Ton appelle
aussi Markurah ou Abou-Markourah. Plus tard il fut habité
par Barsumâ ben at-Tabân et prit le nom de couvent de Bar-
sumâ. On célèbre sa fête le cinquième vendredi de Carême.
Le patriarche y assiste avec les principaux chrétiens et on y
fait de grandes dépenses. Quant à Mercurius, il fut l'un de

ceux qui furent martyrisés par Dioclétien. Il fut mis à mort


le dix-neuvième jour de Tamouz qui correspond au vingt-cin-
quième d'Abib. Il était militaire.

(1)Ce mot vient du grec x£/).îov. J/asr désigne l'ancienne Fostat, le vieux Caire
(V. ROC, 1907, p. 195, note 1).
LES COUVENTS DES CHRETIENS. A.j

Le monastère des Apôtres. — Ce monastère est à l'extrérnité


du district d'As-Souf et d'Al-Ouadi. C'est un couvent ancien,
d'élégante architecture.
Le monastère de Pierre et de Paul. —
Ce couvent se trouve
à l'extrémité méridionale d'Atfih. C'est un bel (klifice. On y
célèbre le cinquième jour d'Abib une fête qu'on appelle la fête
d'Al-Kasriah. Ce Pierre était le premier des Apôtres. Il était
tanneur, ou pêcheur d'après d'autres. Il fut mis à mort par
l'empereur Néron, le vingt-neuvième jour d'Hazirân, le cin-
quième d'Abib. Paul était Juif; il se fit chrétien après l'Ascension
du Christ (salut à lui), et prêcha sa religion. Il fut mis à mort
par l'empereur Néron, un an après le martyre de Pierre.
Le monastère de Djoumaïzah. —
On l'appelle encore monas-
tère d'Al-Djoud. Les mariniers appellent où il se trouve
le lieu

Djazaïr ed-Deir (les îles du Couvent). Il est situé en face d'AI-


Maimoun et à l'ouest du couvent d'Al-Arabah. Il a été cons-
truit sous le vocable de saint Antoine qu'on appelle aussi An-
tounah. Après le règne de Dioctétien, voyant qu'il avait
échappé au martyre, il voulut remplacer par un genre de
le

culte qui méritât la même récompense ou quelque chose d'ap-


prochant. Il se moine et il fut le premier qui introduisit la
fit

vie monastique parmi les chrétiens pour tenir lieu du martyre.


Il restait quarante jours et quarante nuits sans manger et sans

boire et veillait pendant la nuit. C'est ainsi qu'il passait le


carême chaque année.
Le monastère d'Al-Arabah (1). On se rend à ce couvent en
trois jours de marche, à dos de chameau, à travers le désert
oriental. Il est situé à une journée de marche de la mer Rouge.
Presque toutes les espèces de fruits y sont cultivées. Il est arrosé
par trois sources. Ce monastère a été fondé par saint Antoine.
Les moines qui l'habitent jeûnent toute leur vie, mais seule-
ment jusqu'après midi, heure à laquelle ils déjeunent. Toute-
fois pendant le carême et le Barmoidat, ils jeûnent jusqu'au

lever des étoiles. Le Barmoulat dans leur langue désigne un


jeûne de cette sorte.
Le monastère d'Anbà Boula. — On l'appelait autrefois le

(1) Le monastère d'Al-Arabah et celui d'Anbà Boula sont les deux célèbres
ermitages de saint Antoine et de saint Paul.
36 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Monastère de Boulos; on dit aujourd'hui le Monastère de Boula,


ou àe Namourah. Il est situé dans le désert à l'ouest du Sinaï,
près d'une source où vont puiser les voyageurs. Ils rapportent
que c'est à cette source que se purifia Marie sœur de Moïse
(salut à eux), quand Moïse descendit au milieu des lils d'Israël
dans le désert de Colzoum (I). Cet Anbâ Boula était d'Alexan-

drie. Quand son père mourut, il lui laissa, ainsi qu'à son frère,

une fortune considérable. Son frère étant entré en contestation


avec lui à ce sujet, il le quitta plein de colère. A ce moment il

aperçut un mort que l'on enterrait. Cela le fit réfléchir, et il

partit marchant devant lui jusqu'à ce qu'il arrivât à cette


source. Il y demeura et Dieu, le Très-Haut, pourvut à ses be-
soins. Antoine vint l'y trouver et resta avec lui jusqu'à sa
mort. Ce monastère fut bâti sur son tombeau. Il est à une dis-
tance de trois heures de la mer. Il a un jardin avec des pal-
miers et des vignes et il est arrosé par une source.
Le monastère d'Al-Kassir. — Abou-el-Hassan ben-Mohammed
ach-Chabuchti rapporte, dans son Litwe des Monastères, que
ce couvent est situé sur un plateau qui couronne le sommet
d'une montagne. Il est construit solidement, dans un style de
bon goût. Sa situation est charmante. Il est habité par des
moines. Il possède un puits creusé dans le roc où l'on va puiser
l'eau. y a dans son église une image de Marie (salut à elle)
Il

gravée sur une planche. On va en grand nombre pour voir


cette image. Au-dessus d'elle se trouve un appartement cons-
truit par Abou-el-Geich Khomârouïaliben-Ahmed ben-Touloun,
avec quatre fenêtres dans quatre directions différentes. Il venait
souvent au monastère pour admirer cette image qu'il trouvait
très belle et qu'il ne pouvait se rassasier de regarder. Le chemin
qui va de Masr à ce couvent est difficile, mais du côté du sud
la montée et la descente sont faciles. Il y a tout près un er-
mitage occupé constamment par un anachorète. Le couvent
s'élève droit au-dessus d'un village appelé Chaliarân et domine
en même temps le désert et le fleuve. Chaharân est un grand
et populeux village situé sur le bord du fleuve. On rapporte
que Moïse (que les faveurs de Dieu soient sur lui) naquit dans ce
village et que sa mère le porta de là au fleuve dans la corbeille.

(1) Colzoum est l'ancien nom de Suez.


LES COUVENTS DES CHRÉTIENS. 37

Il y a aussi en ce lieu un couvent appelé monastère de Chaliaràn.


Le couvent d'Al-Kassir est un do ceux que Ton visite le plus.
C'est un cause de la beauté de
lieu de plaisiince fréquenté à
son site qui de Masr et sa banlieue. Les poètes
domine la ville

de Masr en ont parlé et l'ont décrit maintes fois, et ont célébré


ses avantages et ses agréments. Ainsi Abou-Harira ben-Assam
en parle en ces termes :

« Que de fois au Deir el-Kassir ai-je fait bonne chère avec

une compagne pleine de jeunesse et de grâce !

« Là je me suis diverti avec un faon badin que les artifices

littéraires sont impuissants à décrire. »


Ibn-Abd-el-Hakem dit dans son livre de la conquête de l'E-

gypte : « Les opinions varient au sujet d'Al-Kassir. Ibn-Lahia


affirme que ce n'est pas Moïse le Prophète (que Dieu lui soit
propice et lui accorde Magicien qui y
le salut), mais Moïse le

naquit. De son côté Al-Mofaddal ben-Fadalà tient de son père


le récit suivant « Nous entrâmes chez Qa'ab-al-Ahabàr qui
:

nous demanda « D'où êtes-vous? » Nous répondîmes « Nous


: :

sommes deux jeunes hommes de Masr nous demanda alors ». Il :

« Que dites-vous d'Al-Kassir? —


C'est la maison de Moïse. » Il
nous dit alors « Ce n'est point la maison de Moïse, mais celle
:

d'Aziz d'Egypte (I) qui s'y retirait dans le temps de l'inon-


dation du Nil. C'est pourquoi ce lieu est saint depuis la mon-
tagne jusqu'au tleuve. » Il ajouta : « On raconte encore qu'il y
avait un feu que l'on allumait pour servir de signal à Pha-
ici

raon quand il se rendait en barque de Menf (Memphis) à Aïn


ech-Chams (Héliopolis). Il y avait un autre feu sur le Mokattam.
Quand ils voyaient ces feux allumés, les gens savaient que le
roi venait en barque et lui préparaient ce qu'il désirait. Il en
était de même à son retour d'Aïn ech-Chams. Dieu sait le mieux
ce qu'il en est. »

Qu'y de plus beau que ces vers de Qachàdjim (2)


a-t-il :

« Salut au monastère d'Al-Kassir et à la vallée qu'il domine,


au milieu de jardins délicieux et de palmiers.
« Séjour enchanteur, où j'avais tout à souhait, asile de mes
plaisirs et de mes réjouissances ;

(1) Dans le Coran, Aziz d'Egypte désigne Putiphar.

(2) Ces vers, comme les précédents, ne se trouvent pas dans la traduction
Evelts.
38 REVUE- DE l'orient CHRETIEN.

« Quand je m y rendais, le bonheur était mon véhicule et je


revenais sur les barques qui voguent mollement.
« Au momentoù se borde l'œil de l'Aurore, alors que l'homme

chasse dans la demi-obscurité,


« J'avais avec moi de gais compagnons, enjoués et parfaite-

ment aimables, au delà de tout ce que l'on peut désirer.


« Notre nourriture se composait de ce que capturaient nos

chiens et de ce que nous prenions dans nos filets;


« Chacun avait sa coupe et son aiguière; nous jouissions des

sons harmonieux de la flûte et de la lyre. Nous étions servis


par un échanson ingénu au regard langoureux,
« Souple comme une branche de saule que l'on brandit c'est :

d'elle qu'il a appris la grâce des mouvements.


« C'est là que je savoure de délicieux breuvages et que des
jours de joie accompagnent ma vie. »

Les historiens chrétiens rapportent qu'Arcadius, empereur


des Romains, fit chercher Arsénius pour lui confier l'éducation

de son fils. Arsénius crut qu'il voulait le mettre à mort et s'en-


fuit en Egypte, où il se fit moine. L'empereur lui envoya un
sauf-conduit (1) et lui fit savoir qu'il ne le cherchait que pour
en faire le précepteur de son fils. Mais Arsénius s'excusa et

s'en alla sur le mont Mokattam, à l'est de Tourà. Il habita pen-


dant trois ans dans une caverne, puis il mourut. Arcadius
(2)
avait envoyé de nouveau vers lui, mais on le trouva mort. Il fit
construire une église sur son tombeau. C'est le lieu appelé Deir
el-Kassir. On l'appelle encore Deir el-Bahal (le monastère du
mulet), parce qu'il y avait là un mulet qui y apportait l'eau.
Il sortait du couvent et allait au bassin. Il se trouvait là quel-
qu'un qui remplissait l'outre. Quand l'eau était puisée, le mulet
revenait au couvent.
Au mois de Ramadan de Fan 400 (lOIO), Al-Hakim
bi-Amr-Illah (3) fit détruire le couvent d'Al-Kassir, et il resta

(1) M. Evetts traduit « lui envoya un Jiomme (sent a man) », parce que son
texte porte ^'*"j' au lieu de '-''•J'.

(2) Trois jours (tliree days) dans la traduction Evetts.


Le khalife Fatimite Al-Iiakem bi-Amer-IUah régna sur l'Egypte de l'an 386
(3j

de l'hégire jusqu'en 411 (996-1021). Il est célèbre par ses extravagances. Il se donna
d'abord comme une nouvelle incarnation d'Ali, puis voulut se faire adorer
comme Dieu. Les Druses du Liban le regardent comme l'incarnation delà divi-
nité.
LES COUVENTS DES CHRÉTIENS. 39

de longues années dans cet état de' désolation et de ruines.


Le monastère de Mar Hannâ (saint Jean). —
Ach-Chabuchli
relate que le monastère de Mar Hannà est situé sur le bord du
lac d'Al-Habach (des Abyssins), non loin du Nil. Il est entouré
de jardins dont quelques-uns ont été plantés par l'émir Tamim
ibn-al-Moëz. Il y a aussi un pavillon qui repose sur des colonnes
d'un beau style et bien travaillées et qui est entouré d'une mu-
raille. Il a été élevé parle même
émir Tamim. Près du couvent
se trouve un puits appelé le puits de Mamati. Il est ombragé par
un grand sycomore au pied duquel on se réunit pour buire.
C'est un lieu de divertissement, de bonne chère et de plaisir.
Il est charmant au moment de la crue du Nil, quand le lac est

rempli. La vue est également très belle pendant la saison des


semailles et des fleurs. Il ne manque jamais de promeneurs qui
viennent s'y divertir. Sa beauté et ses agréments ont été célé-
brés par les poètes. On l'appelle maintenant le monastère
d'At-Tin.
Le monastère d'Abou-an-Na'nà'a. —
Ce couvent est situé en
dehors d'Ansina et il est un des anciens monuments de cette
ville. Son église est construite sur le donjon et non sur le sol.

Il est sous le vocable de saint Bakhens al-Kassir (saint Jean le

Nain), dont on célèbre la fête le vingtième jour de Bàbà. Nous


parlerons plus tard de saint Jean le Nain.
Le monastère de de Chakalkil.
la grotte —
C'est un couvent
d'aspect charmant, suspendu au flanc de la montagne. Il est
creusé dans le roc. La pente au-dessous est si raide que l'on
ne peut y accéder ni par en haut ni par en bas. Le seul moyen
d'y parvenir a été de pratiquer des trous dans la montagne.
Quand quelqu'un veut y monter, on lui tend une corde qu'il
tient à la main, tandis qu'il met les pieds dans les trous et
monte par ce moyen. II y a un moulin qu'un âne met en mou-
vement. Ce monastère s'élève au-dessus du Nil, en face de
Menfalout et d'Oumm-el-Koussour. Du côté opposé se trouve
une entièrement entourée d'eau qui s'appelle Chakalkil. Elle
île

contient deux villages dont l'un porte le même nom de Cha-


kalkil et l'autre celui de Bani-Chakir. On célèbre dans ce cou-
vent une fête pour laquelle s'assemblent les chrétiens. Il est
dédié à saint Mennas. C'était un des soldats que Dioclétien tor-
tura pour leur faire abandonner la religion chrétienne et re-
40 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN

venir au culte des idoles. Mais il persévéra dans sa religion et


fut mis à mort le vingtième jour de Haziràn ou le sixième jour
de Bâbâ.
Le monastère de saint Victor. —
Sur la digue d^Anbouli, à
l'est de Bani Mour; il est situé au pied de la montagne, à une
distance de deux cents toises (kassaba) (1). C'est un vaste cou-
vent. On y célèbre une fête pour laquelle se réunissent les chré-
tiens de la région de l'est comme de l'ouest du Nil. L'évêque
y assiste également. Ce Victor était fils de Romanos, l'un des
ministres de Dioclétien. Il était beau et vaillant et avait une
dignité à la cour de l'empereur. II se fit chrétien. L'empereur
employa les promesses et les menaces pour le faire revenir au
culte des idolesmais il n'y réussit pas et il le fit mettre à mort
;

ledouzième jour de Nisan ou le vingt- septième de Barmouda.


Le monastère de Bouktourchouk. —
Il est situé au nord

d'Abnoub. C'est un petit monastère abandonné maintenant. Les


chrétiens n'y viennent qu'une fois par an. Bouktourchouk
(Victor de Bhouk ou Chou) est l'un de ceux que tortura Dioclé-
tien pour les faire renoncer à la religion chrétienne. Il refusa
et fut mis à mort le vingtième jour d'Hatour. 11 était militaire.
Le monastère de saint Georges (2). —
Il a été édifié sous le

vocable de saint Georges. Il est aux portes d'Al-Maïsira, dans


le district situé à l'est de Bani Mour. Il est parfois abandonné

par les moines et d'autres fois habité par eux. On y célèbre une
fête à une date déterminée.
Le monastère de Khamas. —
Khamas est le nom d'une ville
située au nord du couvent. On y célèbre chaque année deux
fêtes pour lesquelles se réunissent de grandes multitudes de
peuples.
Le monastère d'At-Taïr. —
C'est un monastère antique qui
domine le Nil. On y accède par des degrés pratiqués dans la
montagne. Il est situé en face de Samallout. Ach-Chabouchti
en parle en ces termes « Il y a dans les environs d'Akhmim
:

un vaste monastère, habité par une nombreuse communauté.


On y vient de tous les côtés. Il est situé près de la montagne
appelée Mont d'Al-Kahf (de la grotte). Cette montagne présente,

(1) La kassaba égyptienne est de 3", 55.


(2) La traduction de M. Evetts porte au même endroit : • Monastery of
Abu's-Sarî.
LES COUVENTS DES CHRETIENS. Il

une un certain endroit. Le jour de la fête du couvent,


fente à
il le pays un seul liou-Kir (sorte d'oi-
ne reste pas dans tout
seau) qui ne vienne à cet endroit. Ils forment une multitude
innombrable et poussent de grands cris près de cette fente.
Ils introduisent, l'un après l'autre, leui- tête dans la fenio,
poussent des cris et se retirent. Ils continuent ainsi jusqu'à ce
que dans la fente et y reste accroché.
l'un d'eux ait sa tête prise
Il meure.
s'agite jusqu'à ce qu'il Alors les autres se séparent
et il n'en reste pas un seul. » Le cadi Abou Djaafar al-Koudàhi
dit également « Parmi ses merveilles (il parle de l'Egypte),
:

il y a le ravin des Bou-Kir, dans le district d'Achmoun, au

Saïd. Ce ravin est situé dans une montagne et présente une


fente.Les Bou-Kir y viennent, un jour déterminé, et se pla-
cent au-dessus de la fente. Puis chaque Bou-Kir introduit son
bec dans la fente et s'en va. Ils continuent ainsi jusqu'à ce que
l'un d'eux soit pris dans la fente et retenu par elle. Tous les

autres s'en vont alors. Quant à celui qui est pris, il reste là sus-
pendu jusqu'à ce qu'il tombe en morceaux. »
Le monastère de Bou-Harmina. —
Il est situé au nord de
Fàou al-Khàrab et au sud de Barba-Faou où se trouve un grand
nombre de livres et d'écrits des sages. La distance entre le
monastère d'At-Tin et ce couvent est d'environ deux jours et
demi. Ce Bou-Harmina était un ancien moine illustre chez les
chrétiens.
Le monastère des Sept Montagnes à Akhmim. Ce couvent —
est situé à l'entrée de sept vallées. C'est un édifice élevé, en-
touré de hautes montagnes. Le soleil ne se lève sur le couvent
que deux heures après l'aurore, à cause de la hauteur de la
montagne qui le domine. De même deux heures avant le coucher
du soleil, il se trouve dans l'ombre, la nuit commence et l'on
allume les tïambeaux. Au-dessus de ce couvent se trouve une
source ombragée par un saule et le lieu où se trouve le monas-
tère du Saule Ouadi 1-Moulouk (la vallée des Rois),
est appelé
parce qu'on y trouve une plante appelée Al-Moulouka qui res-
semble au radis. Le jus en est rouge et est employé par les
chimistes. Au-dessus de ce couvent se trouve :

Le monastère d'Al-Karkas. —
Il est situé au sommet de la

montagne dans laquelle il a été creusé. On ne connaît pas d'autre


moyen d'y accéder que par des trous pratiqués dans le flanc
42 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

de montagne. Entre le monastère du Saule et celui d'Al-Kar-


la
kas, y a une distance de trois heures. Au-dessous du couvent
il

d'Al-Karkas se trouve une source d'eau douce et des arbres Bàn


(saule d'Egypte, muscadiers).
Le monastère de Sabra, — situé à l'est d'Akhmim, est ap-
pelé ainsi à cause de la tribu arabe des Bani-Sabra. Il est dédié
à l'ange Michel. Il que par un seul moine.
n'est habité
Lecouventd'Abou-Bachadal'Évêque, —
dans le di strict d'Atfa.
Il se trouve sur la digue et il a, en face de lui du côté de l'ouest,

MonchatAkhmim. Cet Abou Bachada était un docteur chrétien.


Le monastère de Bou Hor le Moine, —
appelé encore couvent
des Saouada. Les Saouada sont des Arabes qui s'établirent en
ce lieu. Ce monastère est situé en face de Minieh Bani-Khassib.
Il a été ruiné par les Arabes.

Tous ces couvents se trouvent à l'est du Nil et ils appartien-


nent tous aux Jacobites. Il n'y en a pas d'autres sur la rive
orientale. La rive occidentale du Nil possède un grand nombre
de couvents à cause de sa nombreuse population.
Le Monastère de Dimoua à Gizeh, —
appelé aussi Dimoua as-
Sabâ'a. Il est dédié à Côme et à Damien. C'est un élégant petit
monastère. Les Chrétiens rapportent que Dimoua fut habité
par un sage nommé Saba' et que l'église de Dimoua, qui est
maintenant entre les mains des juifs, était autrefois un couvent
chrétien. Les Juifs la leur achetèrent dans un moment de gêne.
Il a déjà été question de l'église de Dimoua ainsi que de Côme

et de Damien qui étaient deux sages chrétiens et de pieux


moines. Leur histoire est célèbre chez les chrétiens.
Le monastère de Nahia. —
Ach-Chabouchti en parle en ces ter-
mes « Nahia est situé à Gizeh. C'est un des plus beaux cou-
:

vents de l'Egypte; un des plus agréables, des mieux situés et


des plus pittoresques. Il est habité par des moines et d'autres
personnes. Au moment de la crue du Nil, il offre une vue ma-
gnifique, parce qu'il est entouré d'eau de tous côtés. Quand les
eaux sont retirées et que les terres sont ensemencées, le sol,

couvert de fleurs éclatantes, est merveilleux à voir. C'est un lieu


de promenade recherché, dans une situation charmante. Il a un
canal près duquel s'assemblent toutes sortes d'oiseaux. On y
pêche beaucoup de poissons. Les poètes l'ont célébré et ont
chanté son charme et sa beauté. »
LES COUVENTS DES GIIKÉTIENS. -13

Le monastère de Tamouïah. — Yakout donne la prononeia-


tion de ce mot et njoute :
y a en Egypte deux villages de ce
« Il

nom dans la
: l'un province d'Al-Mourtàhïa et l'autre à Gizeh. »
Ach-Chabouchti dit à son tour « Tamouïah est sur la rive occi-
:

dentale, en face d'Hélouan. Le monastère s'élève au-dessus du


Nil, entouré de vignes, de jardins, de palmiers et d'autres
arbres. C'est un lieu de villégiature populeux. On y jouit d'une
belle vue sur le Nil. Quand le sol se couvre de végétation, il se
trouve entre deux tapis : le fleuve et la verdure. C'est un des
lieux de plaisance les plus en vogue pour les habitants de Masr
et une de leurs villégiatures les plus célèbres. Ibn-Abou-'Assim
al-Masri l'a célébré dans les vers suivants (du mètre al-Basit) :

« Puissé-jc boire à Tamouïah la vermeille liqueur qui couvre

de confusion les vins de Hit et de 'Anât (1)!


Sur des prairies aux fleurs éclatantes, où coulent des ruis-
«

seaux au milieu des jardins,


« Les bouquets de jaunes anémones s'y succèdent comme des

coupes remplies d'un vin coloré,


« Et le narcisse dont la jolie fleur semble un œil qui cherche à

faire par signes une communication silencieuse.


« Le Nil, quand le zéphyr caresse sa surface, semble revêtu

d'une fine cotte de mailles.


« Lieux hospitaliers dont j'ai été épris violemment, qui avez
été autrefois l'asile de mes plaisirs et mon refuge.
« Je n'ai me trouver le matin au tintement
jamais cessé de
des cloches, tant est grande mon affection pour les monastères. »
Ce monastère porte chez les chrétiens le nom de Saint-Geor-
ges. Ils s'y réunissent de toute la région environnante.
monastère d'Akfàs.
Le —
Sa véritable orthographe est
Akfahs. Il est maintenant détruit.
Le monastère à l'extrémité du district de Manharà. Il est —
peu connu, car les moines qui y habitent ne distribuent pas d'a-
liments.
Le monastère d'Al-Khadim (du Serviteur). Il se trouve sur —
le bord du canal d'Al-Manhi, dans le district d'Al-Bahanassà.
Il est dédié à l'ange Gabriel. Il y a un jardin planté de pal-
miers et d'oliviers.

(1) Ces deux villes, renommées pour leurs vins, sont situées sur l'Euphrate.
44 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Le monastère d'Achnin — est ainsi appelé d'après le district


d'Achnin, au nord duquel il se trouve.' C'est un joli petit monas-
tère dédié à la Vierge Marie. 11 n'est habité que par un seul
moine.
Le monastère d'Isous. —
Isous signifie Jésus. On l'appelle
encore monastère d'Ardjanous. On y célèbre une fête le
quinzième jour de Bakhons. La nuit qui précède ce jour, on
obstrue un puits qui s'y trouve et qu'on appelle puits de Jésus.
Ensuite on se réunit à la sixième heure du jour et l'on enlève le

couvercle du puits. L'eau monte à ce moment, puis redescend.


On mesure alors la différence entre le point où elle est montée
et celuioù elle est redescendue. Cette différence donne l'accrois-
sement que le Nil doit prendre encore cette année-là.
Le monastère deSadmant, —
près d'Al-Manhi, sur la digue qui
va du Fayoum au Rif. Il est dédié à saint Georges. Son impor-
tance a beaucoup diminué et les moines qui y vivent sont moins
nombreux.
Le monastère d'An-Nakloun, —
appelé aussi monastère d'Al-
Khachha, ou de l'ange Gabriel, est situé au-dessous d'une grotte
creusée dans la montagne appelée Tarif al-Fayoum. Cette grotte

est connue dans le pays sous le nom d'Abri de Jacob, car on


prétend que Jacob, se rendant en Egypte, s'y mit à l'ombre.
Cette montagne s'élève au-dessus de deux localités : Atfih Chîlâ
et Chalâ. L'eau nécessaire au couvent est puisée au canal d'Al-
Manhi. Il se trouve au-dessous du couvent de Sadmant. On y
célèbre une fête qui réunit les chrétiens du Fayoum et d'autres
lieux. Ce monastère est situé sur la route qui descend au Fayoum.
Cette route est peu fréquentée.
Le monastère d'Al-Kalamoun. —Il est situé au désert, au pied

de la colline d'Al-Kalamoun que les voyageurs descendent pour


aller au Fayoum. Elle s'appelle colline d'Al-Gharik. Ce couvent
est dédié au moine Samuel qui vécut dans l'intervalle qui sépara
la venue de Jésus de celle de Mahomet. Il mourut le huitième
jour de Kihak. Il y a un grand nombre de dattiers dont le fruit
sert à la préparation de VAdjoua (sorte de confiture), ainsi que
des Labakh (perséa) qui ne se trouvent que là. Leur fruit est
une sorte de limon à saveur douce de même goût que le Râmikii
(nux indica). Son noyau sert à divers usages. Abou-Hanifa dit
à ce sujet dans son livre des Plantes « Le Labakh ne croit qu'à
:
LES COUVENTS DES CHRÉTIENS. 45

Ansinâ. Son bois sert à faire des planches pour les navires; il

fait parfois saigner du nez l'homme qui le scie. Le prix d'une


planche est d'environ cinquante dinars. Si on lie ensemble deux
planches et qu'on mette dans l'eau pendant un an, elles s'adap-
les

tent l'une à l'autre et n'en forment plus qu'une. Ce couvent pos-


sède deux tours bâties en pierres. Elles sont hautes et vastes et
d'une blancheur éclatante. Il y a, à l'intérieur, une source d'eau
vive et à l'extérieur une autre source. La vallée contient un
grand nombre d'anciens oratoires. Un peu plus loin la vallée
appelée Ouadi al-Oumailih possède une source d'eau vive et de
petits dattiers dont les Arabes récoltent les fruits. Il y a en de-
hors du monastère une saline dont les moines vendent le pro-
duit. Toute la région environnante vient s'y approvisionner.
Le monastère de la Vierge Marie. —
Il est situé en dehors de

Tounbadâ et n'est habité que par un seul moine. Il est situé en


dehors de la route fréquentée. Il y a aussi dans la province
d'Al-Bahnsâ un grand nombre de couvents détruits.
Le monastère de Bar Kânâ, —
au nord de Bani-Khàlid, est
construit en pierres dans un très beau style. Il est situé dans
la province de Minieh. Il y avait autrefois mille moines; au-

jourd'hui il n'y en a plus que deux. Il est bâti sur la digue au


pied de la montagne.
Le monastère de Baludja, — près d'Al-Manhi, appartient aux
habitants de Daldja. C'était un des monastères les plus impor-
tants, mais il a été ruiné et il n'y reste plus qu'un ou deux
moines. Il est situé en face de Daldja à une distance de deux
heures environ.
Le monastère de Markoura, — appelé aussi Abou Markoura,
se trouve au-dessous de Daldja, en dehors de cette localité. Il

estcomplètement abandonné.
Le monastère de Sanabou, — situé au nord de la même ville

et tout près d'elle, est dédié à la Vierge Marie. II n'y reste plus
un seul moine.
Le monastère deTâdoros (saint Théodore) — est entièrement
négligé à cause de la pauvreté des chrétiens.
Le monastère d'Ar-Raïramoun —
est situé à l'est du district
d'Ar-Raïramoun, lequel se trouve lui-même à l'est de Mallaoui
et à l'ouest d'Ansinà. Il est dédié à l'ange Gabriel.
Le monastère d'Al-Mouharak. — Les chrétiens affirment que
46 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

le Christ (salut à lui) a séjourné en ce lieu six mois et quelques


jours. On y célèbre une fête solennelle appelée la fête de l'Oli-

vier, ainsi que la fête de la Pentecôte qui attire une grande


multitude de peuple.
Le monastère de Bani-Kalb, —
ainsi appelé parce que les
Bani-Kalb sont venus aux alentours. Il est dédié à
s'établir

Gabriel. Il n'y a plus un seul moine, mais il sert d'église aux


chrétiens de Manfalout. Il est situé à l'ouest de cette ville.
Le monastère d'Al-Djàoulia. —
Ce couvent se trouve dans le
district d'Al-Djâoulia, au sud de cette ville. Il est dédié au mar-
tyr Mercuros, appelé aussi Markoura. Il a des revenus assurés
par des fondations et reçoit des offrandes votives et des dons.

On y célèbre deux fêtes chaque année.


Le monastère des Sept Montagnes — se trouve au sommet
d'une montagne à Touest de Siout, sur le bord du Nil. On l'ap-
pelle encore le monastère de Bakhens al-Kassir (saint Jean le
Nain). On y célébrait plusieurs fêtes. Mais il a été détruit en
l'an 821 (1417) par une troupe de partisans qui le surprit pen-
dant la nuit, Bakhens ou saint Jean le Nain fut moine et abbé.
On a conservé de lui un grand nombre de traits. On rapporte
en particulier que, sur l'ordre de son supérieur, il planta en
terre un bâton de bois sec et l'arrosa pendant quelque temps.
Ce bâton devint un arbre et produisit des fruits dont les moines
purent se nourrir. On l'appela l'arbre de l'obéissance. Saint
Jean le Nain fut enterré dans son couvent.

Le monastère d'Al-Moutil. — Ce couvent est sous le vocable


de la Vierge Marie. Il est situé sur le flanc de la montagne,
au-dessus du couvent des Sept Montagnes, en face de Siout. On
y célèbre une fête pour laquelle se réunit la population des
districts environnants. Il n'y a plus un seul moine dans ce
monastère.
(vl suivre.)

Angers, le 22 novembre 1907.

L. Leroy.
HISTOIRES DES SOLITAIRES EGYPTIENS
[Suite (1): ms. Coislin 12G, fol. IS'.I siiq.]

133. — (f" 189 v") Elirev yépwv 'Ocpeilsi ô jj-ovayo; àyopy/^aiv

TY]V hn^yj.oiv aÙTO'JTrpô; to xaTacppovsîv, èàv /.al ccov,aTi./trj Çr,[Aiz Gujjfyfi.

134. — Af/iy/îdaTO Tiç* OTt xpsî; cpiT^OTTOvoi iysvovro àyaTUViTol,

/.vX [xàv £iç '/ipSTiGaTO Toùç jjLaj(_0[;ivouç sipvivsueiv y-axà tÔ slpvifxevov

Maxacioi oî eïpvivoTCOtoi. 'O 8ï ôsuTspoç £-irtG/,£XT£«70ai. Toùç àcOsvoOv-

Taç. 'O (^à TptTO<; à7rvil6ev -rinuy^oc'Cs.^^ £'-Ç tyiv spnjxov. 'O oOv tcowtoç

/.OTTiàcaç 5ià Tàç y-r^'/aç xcov àv6p(07ïcov, o'V/>viouviXTO ôspaxs'jsiv izxwrxç,

y-al àjtYi^iàcaç, viXÔe xpoç tov ûxvipeTO'jVTa to'jç àcrÔsveîç, -/.al sùps /.al

aÙTOv ô);iy(opoGvTa, /-al jj/h (pOzvovxa TeT^siwcat t-/iv àvroV/jv. Rai


GU[A(pct}v/i'cavT£Ç ol ^uo, à.TT^'Xôov tS£Îv TOV 7i(7uyà(^ovTa (f° 189 V^) xal

•^tviyvicravxo aÙTco tviv B'Xi^l^iv aÙTwv, /.al Trape/.aleGav aùxov £It£Îv aù-

Toîç t( xaTwpôcocjv. Rai ciw7r-/icaç [Jt.'./.pôv, pa7^};£t ûbwp £tç /.pxxvîpa

/.al T^iysi aùxoTç* Yl^oaiytxs. zlç xô u^wp, viv ^è x£xapay[j.£VOV /.al |y,£xà

[xi/.pov, TCzXiv l£y£i aiixoT;* r[po<7£j(_£X£ /.al apxi w; /.axîcxv) xo ûôtop

Rai (Îj; Trpo(7£(770v xÇi u^axi, ÔEwpouciv w; £V ÈcoTTxpo) xa •Kpocrwra


aùxùv /.al 7;£y£t aùxoïç" Ouxwç £gxI /.al 6 £v pLEcrco àvÔpcoT^cov aTuô xriç

xapaj^'Tiç où P'XsxEt xàç àf^apxlaç aùxou, oxav oï vî<7U)(_a'7Vi, /.al •/.à>.iG:Ta

£V spvftxw, Toxc (âT^ÉxEi xà £Xaxy(o|xaxa aùxou.


135. — Atviy/](7axo yÉpojv ô'xi àSslcpo'^ xiç àva^ç^cùpEiv [j.£X>^(ov,

£;t(o>.u£xo UTTO x'^c t^iaç •j//;xpo';. 'O <^£ où/. £7:au£xo (f" 190 r") xoC

t^tou CJtOTToij 'XÉywv SôGai ôlXto x-/iv <l"JX.''îv t'-o^-


'^^-ï o^ TZoXkk gtzou-

f^acraca, È^airo^trjai aùxov où/- ïajyaiv, u<iX£pov TCaQe^a)p-/|(j£V aùxco.

'AT:£l9à)v ^£ /.al [/.ovafraç £V àa£'X£ia x'/iv éauxoG /.xxTivaT^wjS (^w/fv.

(1) Voy. 1907, p. 43, 171 et 393.


48 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

'Eya'vsTO i^È vry [x'/iTepsc aÙToO àiuoÔavslv, xal asTa )(^pdvov àGO£V/i(ja,VTa

aÙTOv à'îOévsiav ^.tyxkriV, yevîdOai ev Ixctxgsi /.ai àpxay7Îva.t £iç T'/jv

•/.ptiTiv, xal eûpâ Triv [xviTspa aÙTOu jj^erà tcov x.ptvo;j-£vwv. 'E/.£tv7i oùv

o)ç el^sv aÙTOv, y.aTaTrlayet'ccf sittev Tt Igtiv toOto, t£X,vov, xal gù

£Îç T-ov TOTtov TouTov x,aT£y.ptOyi; ! xal tïoO oî "Xoyoi cou ouç £>.£y£Ç

OTi cwcrai Bs'Xco Tr;V <|;uyviv [/.ou. 'EvTparEiç oùv =(p' olç 7Îy.ouG£v, xaT-
(oSovoç tcraTO [j/^ ijç^cov ri Trpôç aÙT'/iv àTi:ox.ptvac6ai. .(f° 190 r") Kal
à"/.oÛ£t xzltv «pwv^ç leyoûavîç* 'ApaT£ toOtov ÈvtsuOsv, ÈttI a.Xkov [7.ova-

yov o[J/Jvu[/.ov aÙTOλ àxÉCTsO^a û|7.à(; toO oè to-j xoivoêioi». Oç oè

T£loç £«T)(_£V 7) opact,;, £7rav£py£Tai £iç éauTov x,ai ^i7iy£ÏT0 Totfç Trapoûat

Tauxa. Tlpoç ^è Psêotuociv x,al ttictiv twv 'Xsyojy.évcov, 7i:ap£'7y.£'JX(7£ Ttva

àTrcXOfiiv 8ÎÇ '/îxoucs xoivo'êtov, )cai t^sîv £t £-/,oi[;//,0-/iv £)'.£Îvo; ô y.Ss.'k-

cpoç 7U£pi O'J 7ix,0'jcr£v. Kal y.Tre'XGcov ô 7r£[;,(p()£lç, sùpsv oGxcoç. "Ots ^£
à.'^Cko&i /.al iyÉvero éocuToCi, xaTaxlsiCocç éxuTov i/A^iGt cppovTt^wv t-^ç

(ïWTVipiaç aÙTou, [XSTavowv /.al /.Aaiojv £(p' oLç à'xpa^fiv £v à[j-£X£t(Z to


TTpo'Tspov. ToGotuTV) o£ "Àv a'jTÛ 71 /,aTxvu(;iç, (î)<7T£ TToXXoùç xapax,»,-

letv aÙTÔv £v^oûva'. [jt.f/.pov, [Ayi'jTroT£ xal (f° 190 v^) pXxêviv Tivà

ÛTTOfXStvTi Sià T'/jV àfASTpiav Tou 5t>.auO[;-0'j . 'O ^è où'/. •/î6£7^£ xapax'XviG-^-

vai lÉycov El Tov ôvEi^tcrxov t'^ç [7//iTpd; [xou où/. */iv£y/.a, -nrwç t'/jV £-1

XpiGToO xal Tûv àytwv àyy£7;(ov ÈvÉy/tw aiaj^uviriv Iv '/îfxÉpa /,piG£wç.

136. — Eï'7i:£V yeptov ort £i ivt^éyjTO ev Tvj Trapoucria tou Xpi-


GTOu y.Exà T71V àvàcTaGiv £^£lG£t'v Tàç i|;uyàç twv àvGpwxcov, aTûô toù

cpoêou xaç ô îcoc[j-oç à7r£6vviG/.£v y.TwO (ppr/.rjr /.al £/.CTaG£wç. Tt yàp


£GTiv îo£Tv; oùpzvouç g^i'CojjlÉvouç, /.al TOV Geov à7r0>ta>.U7CT0'fJ!.£V0V [J.£t'

ôpy^ç /.al àyava)CT7iGewç, /.al GTpaTiàç àvapiGy.rjTOu; àyyÉlwv, x,al

o|jt.oû TraGav ttiv àvGpcoTUOTviTa 9£aGaGGai. Ai' ô outwç ci<p£Î'Xto[X£v (viv,

wç xaG' éxàcTTiv "koyov àxaiTOupiEVOiç ûttô tou Geou tïi; ^laywyviç éauTwv.

137. — (f° 190 v'') 'A^Elcpo; '/ipwTViGfi yspovTa XEywv Oojç


£pj^£Tai ô çoêoç TOU G£Ou £[? T'/iv iLu^'/î'v ; Kal elx£v yÉpcov 'Eàv â'^'/i

avGpcoxoç T'Àv TaTVEivioGiv, /.al xriv à/.TviptoGuvviv, /.al t6 v/zi x,piv£iv,

'£pj(_£Tat aÙToi ô cpo'oo; tou 0£Oû.

138. — 'A^E'Xfpoç 7ûap£êa7;£ y£povTi y.al vipcoTa aùxov léytov


'Aêêâ" 7r66£V 7) /.apot'a jj.ou G/cV/ipa £Gti /.al où (poé'ou[j.ai tov Geo'v;

A£y£i aÙTÛ d y£pwv Nop-iCw ôti eàv avGpwTCoç /.paT'^'G'/i tov â'T^Ey-

vov £v T'^ xapoia aÙTOÛ, /.Taxai tov çdêov tou Ô£ou. A£y£i aÙTw 6

(x^eXc^ôq' Tt SGTiv 6 £>^£y^oç; Etx£v ^à aÙTw ô yspwv "Iva avGpwTCOç âv


IIISTOIliKS DKS SOLITAIRES ÉGYPTIENS. 10

TCavrl Trpy.yixaTt. i'kéyyjf] t-/iv éauTOu ^uy-r^^j ^.syojv aùr/i' Mv/i'<707,ti oti

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(^zï fïi TO) ôeô) àTCavxfiTat, 'kéyav oè x.al toOto" HiXoi èyto v.sTa

àvOpcoTTOtj ; XoyiJ^ofxa'. (f" 191 r") Ôti Èzv tiç sv toutoiç Tirapay.c^v/;,

•/l^et aÙTw 6 çoêoç tou OsoC.


11)9. — Taptov Tiç £i^£ Ttvà yzliovTX y.y.i ).ay2!. aÙTfV/ "EjJLTupocôsv

oùpavou/.oàyloç, o>.oi» toO [ii'ou -/ify.fôv ïyo[XcV èouvai Xoyov, /.al tu yeAzç!

140. — EIttsv yspwv Ocxîp t-/iv /axiav éauTwv 7:a.vTa^o'j ttsgicûs-

pojXcV, rjijTwç o(pjt>.o[7-ev xal To yJ.y.isi'j -/.ai t-/iv xaTavu^iv {jl£Ô' éauTtov

lyeiv OTTOu (i' àv sg^-sv.

141. — 'A^slcpôç -flpwTviGS ylpovra Isytov Ti xotr,7G) ; Kal et-

Tûsv aÙTw* Aa/.pusiv ô<p8t'Xoy.£v TTavTOTS. Suvsêv) yàp riva tôjv TcaTsowv

TTOTS xo'.[xvi6yivai. /.al aexà 7rollr;V topy.v xa/iv s'XOaîv sic éauTov, /.al

vip(n)Triaa|7.£v aÙTov T^eyovrs;' T'! slosç £/.£T, àêêa; Rai oi'nyr^GCCzo -/iiaîv

/.'Xatcov H/.ouf7a £/,£Î' (pwvvi; /,\a,uO[xoo }.£y6vTWv à^'.a*X£i7îTfe);* Oùy.i

y/j'., oùai, [xoi! 0'jTO)ç oçECXojy.fiv /.al rij^-aiç (f° 191 r") Tzoiv-ort Xsy£iv.

142. — 'HpwTTiCiSv àS£7.(poç Tiva yépovTa ^éycov' Tlwç £7ui6u[7-£!; r,

^j^uyv] [j.ou oaxp'jwv coG7r£p à/.o'jco toÙ; yspovxaç /-al où/. â'pyovTai xal

ÔXtêsTai pioi» r, <|/uyyi; Rai atTirfiv aÙTco o ylpcov Oi ulol 'laparil r^ià

T£i7(7apà)covTa £Ttov sicrriXSov eïç t'/iv yr^v tyïç £7rayy£Aia;, £Îç r,v sàv

STuavélByii;, où/-£ti <poêfi Tvd'Xaij-ov. Outoj; yàp 0£"X£i ô Ôeo; OliêecrOai tviv

i];dj^viv, l'va TràvroTa inOuixi^ £t(7£A6£Î'v £l>; Tviv yr,v £/.£'>r)V.

143. — 'A^£>.(po- v)p(.')T-/ic£ yÉpovTa' riwc; TtoOtiJ; 'O ^è s/.^U(jâ[i,£-

voç Tov Xsê'/iTwva y.al Çcorrxu.evoç tviv Ôtçov, xal /.paj^acaç xàç éauToO
y£lpaç £Î>; tov oùpavov stTrav "Oti oûtwç 6 ^.ova'/oc, 6cp£tl£i elvai' yuv.voç

aTTo Tvîç û'Xr,^ TOU ptou xal £GTaiipoj[;-£vo;' àv toîç TzakaiGjxoiGi TuuyaaTÎ-

(^81 (f" 191 v") ô àOlTiT'};;, £v ToTç 7vOy'.'7[7,oîç àvaGTaupol Taç y£lpaç
£!,; TÔv oiipavôv 6 [j.ovayoç /.alûv tov Oeov, yutxvôç o à6'Xr;T-/iç £CTr,/.£v

£;ç TOV àyûva 7i:a>.a«ov, yu[xvoç /.al auloç 6 fxovayoç, à>.£i(po;/£vo;

slatco /.al oioaGxd|7,£Voç Otto too £TCiTàîCTOu ttwç oeî TraT^auiv, outcoç 6

0£OÇ ô ETTlêà'XXtoV -/)[J.ÎV TT/V VU'/IV.

n£pl lyxpaTSia;.

144. 'Ey£V£TO TTOTS £V T'io SxV]'t£1 /.al l'^CO/.av yî'pOVTl TCGTVl'plOV

oïvou, /.al àxoGTpÉtpaç aÙTO £iTC£v' "ApaTô à-ir' £ixoO tov GavaTOV tootov.
'I^dvT£<; oï y,cà ol "XoittoI ol guv£gO'^ovt£ç aÙTw, oo^è aÙTol i^i^avTO,
OlilENT CHRÉTIEN. ^
50 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

145. — 'E7rEtva<7£ Tiç Ta>v ào£).cpwv àxo Tuptot y.(xt è7ïo7;£[/.yi'7£ [xsTa

ToO' loyi(7[j.oîï Tou [r/j cpayslv ê'wç oO ylv/irai TptT'/i topa. Rai yevojyivv)?

TpiTTiç èé'ixfjaTO (f° 191 v") £ù)ç yevTiTat £-/.tvî wpa, zal PpÉ^aç Toùç
à'pTouç £/C5c6i(7£ çaysîv, xal ttxIiv àvÉGXvi >.£yo>v tco >>oyi(7;xfô' M£ivw-
[Jt,£v £oj; ivax'/iç (opo.;. Kal £y£V£TO svaT'/i, -/.ai Trof/f^aç E'jyyjv £lo£ tyjv

£vépy£ia.v wç xairvov àvaêaivoocav ex. Toii £pyoy(^£ipoi», xxl sTrauTaxo -^

x£{va £^ aÙTOu.

146. — Af/jy/iTaTo Tiç [/.aGviTViç ~£pl tou àêêa aùxoCi ôti £v Ôloiç

£ÏxoGi £T£crtv oùx £xoi[/.r;6rj £71:1 7u"X£upoij, àH' £iç TO •/.àOicrpLo. atJTO'j £1;

£Îpyà{^£TO £)t£Î' £X,âÔ£UO£V )CaO-/l'[Jt.£VOÇ. "Hc6l£ ^£, 7) Stà è'JO, Y] ^là

TECCaptOV, T; ^là 7ï£VT£, OOTWÇ £7vl £l>tOGl £T£ClV 0T£ 0£ '/iaÔt£V, 'Ô [JLt'a

aÙTOj yH^ £)CT£Ta[J!,£v/i -/iv £Î; 7:poc£i»y^viv xal ttî àlV/i '/l'crOiEv, xâ[JLou 8ï

ÊtTcovTOç aÙTw" Tt £GTi TOuTO ; oix Ti ouTcoç TCoiEÎ;, aé'é'x *


(f" 192 r^)

'ATue/pivaxo xpdç [;,£" 'Oti to /.pt|Jt.a toû ()£oO ti6û xpo 6(pGa>,p.cov (jt.ou,

/.al où ^uvaj^-ai xapT£p7;cai. 'Ey£V£To ^ï tvots [3a>.>.o'vTcov y)fj,(î>v auva^iv,

â'iaôe fx£xal Êx'Xav/îOviv Viyov à.TTO toO (j/a'Xi/.oiï, xal wç £T£7.£(7aj/.£v T7;v

cûvaçiv, àTvoxpiOel; 6 yÉpwv £l7r£V 'Eyw oxav fia'Xlw GÛva^iv, wç xop


riyoû[xat uTCOxaTû) {/.ou xato'[X£vov, xal où àuvaxat, 6 'XoyiGj/.o'ç [/.ou £X-
xX^vai Silice VI àptCTEpa' xal ttoO '/iv ô };0yi(7[/.o>; <70u ot£ sêaVjy.Ev tyiv

<7Ûva^tv, ÔTt £)^a6£ G£ 6 >v6yoç toù ^|;a7;[i.où ; Oùx oloaç on £V(ô-iov toÙ

G£où srrTYixa;, xal tw Ôew D.à'XEiç;

'E^-Â7^6£ ^£ ttotÈ 6 y£pct>v £v vuxtI, xal £Ùp£ [/.£ xoi[j.(jJ(/.£Vov ziç TTIV

aùV/iv ToG X£).liou, xal è'ffTVi 6 y£p(ov ÔprjVcov [/,£ xal x'Xatwv £'X£y£V'

'Apa TCOu £«7Tiv ô "XoyiTy.oç toutou, (f" 192 r'') oti OUTWÇ Xa9£ù5£l ;7,£Tà

àj/.£pi[/.v{aç.

147. — 'A§£Vpoç xap£êa>.£ ye'povTi ^oxi[7WT3ct(o, xal X£y£i aÙTÛ*


Kajxvoj. Rai £l7i:£v aÙTO) 6 yspwv* RàOou elç to xeT^Xiov <70u, xal 6 ÔeÔç

xap£)^£i cot avficiv.

148. — HvÉyGv) £iç Ta 'A.ùJXia GaÎTtv otvou àxapj^Yiv, ïva âoG-^ toîç

àc^E'Xcpoïç Trpoç TCOT'/i'piov. Rai ly.êavTOç tivo; Toiv à(^£'X(pûv ettI tov
Od)^ov çuyslv, ÏTTEGEV ô Od>.oç, xal à7r£X6o'vT£<; ^là tov i]^6(pov, £Ûpov

aÙTÔv £ppi[7.a£vov, xal vip^avTo aÙTOV àTi(/.xC£iv XfiyovTeç- R£vo'(^o^£,

xaXoii; Got £y£V£TO. Rai Tupoce'XàêETO aÙTÔv ô àêêàç 'XÉywv 'AcpeT£ tov

uîo'v y.ou, xalov spyov £tco''-/i«7£v, xal ^vi xûpioç, où [/.vj otxo^O[/.Yi9-^ 6

66lo; ùuTOç £V TOiç ypo'voi; [j.ou, Iva [j,aGvi */] otxou[/.£v/i oti 8ix ttotvi'-

piOV OÏVOU (f" 192 y'*) £7r£(7£V Q GoOvOÇ £IÇ TC( XçX)>''a,.
MISTOlIiKS DKS SOMTAIlîKS É(iVPTIK\S. 51

ty-aO'/iTvi atjToG' nor/iTOv -ôi^iv (/.wpôv 'pa/.ov, xal è7co'//i'7£V, xal [jûs^ov

•/ipiv apTouç, xal è'êpe^sv. Kal £[/.£ivav éVoç oiXkriÇ, */i[/.epaç é'ojç ôioaç

êV-Tviç >.a>.oC»VT£ç Trepl TCVSufJLaxtxwv. Kai Aa'yet, ToJ y.aÔYirr^ aÙToO


7wz)^tV OoiTicov •/îf;Jv [j-i/.pôv (pxKov, T£-/,vov. Kal Xiyei' 'Au' èyOèç
èxoivica. Kocl oÛTCoç â'cpayov.

ioO. — "AXlo^ Tcç yapcov TTocpe^aAs Ttvi xT-r; Tra-sctov. '() rTz

i<\)-i]Gy.; o'Xiyov cpocxôv, et-Tusv aÙTtI)* rior^'Twy.sv [^.ijtpzv cjvy.^iv, /.xl

STs).S'7£v ô £i,ç 6"Xov To d^alTvfptov, /.al 6 à^Elcpoç à7r£(jT-/iOi<7£ TO'jç [/,£ya-

Xouç o'Jo 7Tpocp-/iTaç. Kal Tuptoiaç y£vo[7-£V7i!;, y.vtyù^'riGzv <> xapaêa'Xwv


yspwv xal T-^ç Tpocpvi'ç (f" 19!2 v'') IxîXzBovto.

151. — 'HaOÉvviffÉ Tiç T6)V y£p6vTWv /.al [/.•/] ^uvy.fjLsvo; ^ê'^acQat

Tpo(p'/iv sTul TToT-Xàç -/îj^Épa;, Trapî/.aXsî'TO Otco toO Ibiou jxaÔY-oO ôi; ys-
v£(7Ôai aÙTw |xi/«pov Tva/svTiv. 'A7r£>.Gwv ^s, £-ot-/i(j£ /.al •/iv£y/.£v aùro)
«payslv, -nv ^è £/,£Î' àyyfifov )cp£[xa[7-£vov â'yov [/.i/.pov j^.sli, /.al ETâpov

àyyfiiov £^ov ïlaiov àTvo livoGTilpjj.ou, /.al -/iv o{^ov Trpoyojoov u.£v

£iç >.uyvov. Kal £>vaÔ8 rôv zS£7;(^ov, /.al àvxl [Xc"XtTOç ï^yjkev i'^ aÙTOù
£iç TÔ fip(I)[7.a TOÛ yÉpOVTOÇ. r£jCr5C[JL£V0Ç 06 6 ys'pojV, O'Jf^SV ÈXxXvjTcV

àXT^à <j«07rwv Icpaysv. 'Hvxy/.ao'fi c^à aùrov /.al to ^£UTeoov cpay£lv xal
fiia(7a[7.£Voç £(pay£v. "E^coxe ^£ aÙTW /.al tÔ rptrov. 'O ^è oùx -rtHelz

(pay£iv );£ywv ttu^rsi où ^rjva[7.ai (f' 193 r") (pay£LV, t£'/.vov. 'O ^à wç
Trpo9uu,ou[7.£voç aÙTOv "Xéyii' Kalo'v icrxiv, àêêa, looù /.ayco Towyco
y.£Tà co'j. Fsu'jap'.EVoç r^è xal [xaôwv o £7roi7ic£v, tTzeGev i-l xc6<7cozov

aÙToO XÉycov Oùa-' [7-0'., àêêà, on aTvs/.TEiva Tc /.al cù Tr,v àixaprlav

sôvixaç £-' £|A£ OTi oùx £Xa);Yicraç. A£y£t 6 yspwv Texvov, j^/^ Oliêy^ç,

£1 -/lOsT^sv ô fjîbçhy. ipàycu [/£At, [7.£Xi. £l)(_^ç [3a7;£Î'v.

I5î2. —- AiTiy/i'javTO •;r£pi tivoç ys'povxoç oti £7U£6'jp//irr£ 7tot£ gux'>5'iv,

07U£p 'Xabwv £/,p£'[y,ai7£ irpô Toiiv oçpOalfj.àiv aÙToO, >cal avi r,TyviO£iç T"Ô

£7ri6u[Aia [/.£T£vo£t, oa{/,à(^(ov éauTOv oti /.àv oXwç £7r£Gu[/.v]C£v.

153. — 'Ao£>.cpoç Tiç â^-^lÔEv sxiGxi'iarrOai tvjv i^tav à^6>.(p'/iv £v

[/.ovacTïipiw àcrOfivoûcrav, TiV ^è -nriGTOTaT-/), /.al (f'* 193 r'') [j.r, /.oltcc^z-

yojj.£'v/i i^£Ïv avopa. [/.viS'à iva'Xtv tov l^tov àoc^vCpôv Tzpooy.Gtt. aÙT-^'ç £i;

[j-sVov yuvaixtov £Îcr£'X6£rv, Èr^/i'XwjEV oùv T^Éyourra aùrû* nop£uou, a^£>.(p£,

£0"/_0[A£VOÇ ÛTTÈp £[/,0U, /tal yOCpiTt XptGTOÎi, (^>.£7î:0J <J£ £V TYj paGi'Xfiia TWV
oùoavojv.

— Movayoç
I

154. ÛTraw/iTaç /.avovuaîç /.arz t-/)v ôSôv, ÙTZiyoiO'naiy


52 REVUE DE l/ORIENT CHRÉTIEN.

SX TTjÇ 6^0'J. E'.X£V ^à 71 •/îyOUJ/.SV/l XpOÇ aÙTOV Et 71Ç T£*X£10Ç (Jt.ova)(_ô;

•^u,tv w; yuvaiçiv oùx. àv 7rpoc£<7^£ç,

155. — 'Ao£'X(poç £Ï<; Ta îce'XXia viveyxe Ta <|/w[/.ia iauTOu veapà, xat

£)ca:>.£<7£ [xtav Tpax£Cav y£povTCL)V, xal wç £9a.y£V âV.acTOç Tupoç S\)Q

tj;to|xia, èxauGaTO. O ^à xo^kd^oç eïôtoç tov xo'vov t-^ç àcy."/î<7£toç aÙTûv,


^isêa'Xs [j.sTxvoiav "kéjMV (f° 193 "V^) Aià tov zuptov, çay£T£ <jri[A£pov

£Ojç OÙ yopTacOviTE. Kal è'tpayov xpoç (x);la ^Éy.oc -a,^(X(xzTia' i§où oùv

TTapà Tcoaov T*?,;


XP'^*^^
'/i^Giov 01 àTwViôtvol à^x-viTaî.

156. — 'E'/.axcoQvi Tiç yépcov àcOeveta pL£ya>.vi (oi7T£ toc êvtoç aÙTOo

aij/,a TTolù £xêà'Xl£t.v. Eùxa^p'/iGe ol tivi tojv à^elcpàiv p.u^apia ^ïipà,

xal TToiTi/jaç àGvïpav, lêaT^sv ocÙTa xaTco^ X7.l '/l'vfiy/tE tû y£povTi, /.al

xapexo.'XEi aÙTÔv yeuGCCG^iai Isyojv rior/icov àyxTuriV, <p3cy£, (/,7i'7roT£ xal

cu[x(p£'p£i,. 'ATSvtcaç §£ aoTto s-TCiTCoXù ô yÉpcjv gl7U£V* 'Ex' y.\rfici!xç,

•/îGslov l'va a.(i^'/]y.( [J^^ ô Oeoç sv tv; à'jftsvisc TauTVi aX/va Tpi,y.)covTa IV/i.

Kal où /,aT£^£ÇaTO ô ys'pcov Iv TOiauTV) àcOEVEia, -/.àv [j-i/tpàv àO-^pav

<pa.yeïv,y.al'Xaêwv (f° 193 v''] o à^e'X^oç àx-^7t0£v £Îç to' aauToO y.tWiov.
157. — "AHoç yspcov sxàÔviTO sic ïpvijxov [/.o-xpàv. SuvE'êr, Se

à^e'XçpS) xapa€a7v£Î^v aÙToi, -/.al £'jp8v aÙTov àcQsvouvTa, xat 7,aêwv,

è'vnj^sv aÙTOv, xal è^ wv -/ivEy/.s ^psiôjv £Uo{ri(7£ [j.ixpôv £<]/vitov, zai

rivey/,£v aÙToi «payElv. 'Axo/,pi6£'.i; Se ô yspwv, £tTC£V <J>u<7£i, a(^£l(p£,

èVriOapyviGa OTi £Tx.ov oi av6po)xoi Tr,v àvzxo.UTt.v TauTTiV. "iïvEy/.s ^è

aÙTco jcal uor/i'piov ol'vou, x,al ù^cov aÙTÔ, £x.)^au(7s Isycov' 'Oti où xpoG-
£^dx.7)<7a swç Oav^Toi) xi£Î'v oivov.

158. — "Tl(jx,vi'7£ yc'ptov ToG p/1 xi£lv v)[X£paç TETcapa-z.ovTa, -/.al

£ÏX0T£ £y£V£TO /.aùp.a, £X);UV£ TO ^aUXxTvtOV Xal £y£tXl'C£V aÙTO Ù^aTOÇ,


XXI. £xp£[i.va aÙTO svavTi'ov aÙToO, xal £X£pwT'/iO£lç xapà à<^£A<poO

(f" 194 r^) ^i' "^v aÎTtav to'jto xoieî", àx£xpi97i' "Iva [7.£Tà toù f5i'|àv ;7-£

x^eov xoxuo, xai x).£iova [/.icOov 'Xa[/.êàvco xapà toO OeoO.

159. — 'A§£Vpoç-riv 6^£Ù(i)v [j.£Tà TYiç i^t'aç {JLV)Tpôç ypaiSoç Tuyya-

vo'jcviç, xal wç -^iXÔov £xl xoTapiov, oùx -/iouv/iÔTi vï ypaOç xepàçai, xal
};aêo)v ô u'.ôç (XÙTvi'ç to |j.a(pdpiov aÙToO x£pt£iX7i(7£ Tàç yEÎpocç âauTOu ïva
ijLYl £yyt<7"/i TO C(ï)[/,a. ttjÇ [xviTpôç aÙTOÙ, xal où'tcoç fiacTacaç aÙTYiv
àxvi'veyxEv £!ç to xÉpav. Rai "kiyei aÙTÔî •/) pz/iTTip aÙTOu* TÉxvov, otaTi

ETu'Xi^aç Taç yei^oiç <70u; 'O ^£ £©vi' 'Oti t6 atoj^a t'a; yuvatxoç
XÙp £GTIV, XOCl £X TOUTOU £py£Tai [/V7)[7.yi à'X'XwV, Xal Otà TOOtO OÙTWÇ

çxotvica.
HISTOIRES DES SOLITAIRES EGYPTIENS. .j3

160. — EiTTEv Tiç Ttov TuaTépwv Oîf^a àSe'Xcpov sic Ta KeV/Xy.


(f" 194 r'') V7icT£ycavTa T'/^v k^^o[jA^7. zoù Kx.ayjx, >tal tîiç a'jv/iyOriTy.v

o^l^è, é'çpuYsv ïva [j/o çzy/i eîç r/iv iy.ySkrtniav , -/.ai [^.ixpy. nz'JTky. s-oir.Tsv

£/.(^£(;Tà /cal £<paY£ /_ojpk àprou.

161. — 'ArïTiT^Oev TCOTÈ o TirpscrêuTepoç ttïç S-/.vi't£coç T^poç tov [xa-/.-/.-

piOV 0£O(pi);Ov TGV àpyi£XL<7)t07C0V ' A'X£^aV^p£ia(;, /,Xl W; 'jrc''7Tp£'}£V £i;

Sx.'^Tt.v, '/iptoTYicav aÙTov 0'. àr^sT^oor flwç vî ud'X'.ç; O os sixev aùroîç*

<i>U(J£t, ài^sTvOol, Èyoi XpOGCOTkOV àvOptOXOU où/, £lb0V £1 [7//1 [/.OVOV TO'J

àojç^isTTi'j/.OTTOu . Ol ^È àx.oÛGavT£;, ÈTapay^'/icav }v£YOVT£(;' 'Apy. i^awOr,-

(7av, àêêa; 'O ^s sIttev Où*/ outwç, à>.l' où/, i^^r/.-nai [j,£ ô XoyiGjj.or

ToO i^cîv T'.và. Oî ^£ à-/.o'JcavT£ç £Oau[y.acav xal sGTyipiyOviGav y.TCÔ to'j

};6you (f° 194 ¥'*) aÙTOu, hy. <ptj"XaT-coGt,v aTro fA£T£cop'.<7[y.o'j to'j; ocpGa).-

[i.O'j; aÙTwv.
162. — EiCTÏAÔov TTOTs TraTspfiç £1; 'AA£^avèp£(,xv •/.AyiB£VT£; ûttô

ToO (/.axapiou 0£O(pi"Xoi> toC âp)(^i£Tn.c5to'-ou, ivoc Tcof/i^cociv eù^"riv 7.cà

y.oiHtkri Ta Σpà, îcal sgOiovtwv aÙToiv [ast' aÙToO, 7ûap£T£0-/i /.p£aç pj-
C710V, 3cal Y|c6tov |xvi^£v f^ta/,p!.v'j[7.£voi, xal T^aêc'ov o àpyi£7:iax,07roç Iv

X077â<^t,v, £fW/.£v Tw â'vviCTa aÙToD yspovTi. Xsycov' 'IrVjù touto /.aXôv

/.OTraSiv £(7tIv, «paye, àêêa. Oi fîà à7UO/ipt.6svT£ç siTrav 'H{/,£rç swç apTi
"Xa^ava */ic6i6[X£V, £t ^£ -/.paa ectIv, -/ly-sï; où Tpc6y(i);/.£Vj xal oÙ/Csti xpo;-

î'OcTO £iç £^ aÙTcuv Tou js.6nccG^a'. aÙToO.

ripOÇ TÔV £•/. TTtÇ 770pV£taç (f" 194 V**)

STCaVlTTajXEVOV 71[/,ÏV TCOlsjXOV.

163. — 'A^£"Xçoç Tiç £ii:o)v£[j(.7]'0v] £1? TTOpvEiav, /,cd -/iv ô xoXsfAo; tîjç

TîGp )tat,o'[JL£vov £v T-fl xapr^îz aÙTOu vux-to; xal T;[j.£pa.ç. O ôè àà£A<p6ç

rjywvi^ETO p//i^£ cuyjcaTaê'^vai tw )^oyi«7[xw. Rai y-STa -o>.ùv j^po'vov,

â'muysv d TCoT^ev-oç y//i^£v iG^uaa; f)ià T'/iv ùreoaov/iv to'j âoslooo, x.ai

eÙOswç cpôi; T,l9£v £V TY| }(.y^hix aÙToS.

164. — 'k^ek^jç oiXko; £Xo'X£;r/iG-/i £1; TiopvEÎav y,x\ àva^Ta; vj-

XTOç, y.Tzfi'k^i Tcpo'; Ttva yépovTa -/.al si-ûsv aÙTw TÔv7;oyt(j[7.ôv, -/.al Traps-

/.a>.£(7£v aÙTOv 6 yÉpojv, xal foo£V/i(Jsl; à77-/iAÔ£V £iç to x.£>.}.iov a'jToO,

y,y.i i6oi» Tra'Xiv ô Tr6'X£[xoç ÈtccTÉG-/] xÙtw- 6 àà xaT^iv o(.Tzr,'khe Trpo; tov

yÉpovTa, (f° 195 r''') £7ror/îC£ ^è ouTto; TioXky.xiç, 6 i^è ys'pwv où/. £}.'j7C7;-

C£v aÙTOV, àH' £}^aX£t. aÙToi Ta Tipôç wcpÉ'Xsiav, xal £"Xïy£v aÙTor ]M-/i

TTXpa^wpTîV/iç, àX)^à ^j.yXkov I^'/Jm -/.adoTi tco'X£[X£ï coi ô ^aiy-wv, /.al


54 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ïy-^yy^t (xùxov x.al outcoç ikiyy6[j.z\oç uTCoycopeT. Oùrîèv yàp à'/]oi^ii tov
ooi.iit.ova. T'/iç Tïopvsiaç toç to à-ozaXuTfTsiv xà spya aÙToCi, /.al où^àv

y^apoTVOisr aÙTOv, wç to y.puTiTSi.v toÙç T^oyicp^oùç aÙTOu.


165. — 'E7ïoX£j7//iO-/i àrtcT^cpo; eîç xopvstav, xal '/lywv-craTO STtixsi'vtov

T'/)V a«7/.7i(7iv, /.al TÔv 'koyiG'jJjv Tvipcov Toij [/.v] (Juy/.aTaê'^vai tyj £7ii6u-

{/.(jc. "T(7T£pov IlOc'ov £tç Tr,v È/./.V/ioiav, svEcpàvice to Tvpayjxot xavxl tco
7vÀ7;0£i, /.al £àdOy) ÈvtoV/i, ^-al 7rzvT£; £-ovr,cav TC£pl
{J"
195 r") aÙTOo
éêoofxzoa £Ùyo[j,£voi tû G£Ç), xal £77auaaTo 6 x67^£[xo;.

166. — Hpôç tÔv 7>.oyt(7p!,ôv T'^'c Tcopveîa;, £Itc£v tiç tojv y£p6vTfa)v

ic)'n[UTriç' Koi|y.oS[;.£voç OéIei; (TwOvivai; "YTrays x.z[/.£, uTrayE 770v£(70v,

Û7Tray£ ^•/fryiTov /.al £'jpi(7/.£iç, yp-/iyo'p'/iGov xal /.poucov, /.al àvo'!y£Ta(

(joi, £;gIv £v TCO /.oiraw 7wa[j,[j.ayapioi, /.al à.TTo tou 'KùXka TU7rT£cr0at /.al

écTavat /.al £ÙTOV£rv, 'jT£'ï)avo'jVTa'., Tvo7;Xâ/.iç oè /.al £lç àxo ^oo tuxto-
[/.evoç, EÙTovricaç TaTç TrV/iyaîç, toÙç TÙ-Tovxaç £vi/.r,a'£v. Eîo£ç EUTOVia
xoc"/) r^tà TÔv T-lo'ç cap/.'jç uopicjxo'v ; Kal gj oùv aTr,Oi /.al £ÙTOvr,Gov, /.al

Ô ÔSOÇ 'Ko'k&'J.Zl {)77£p COij TOV £yOpdv.


167. — rîpo; TOV aÙTov Xoyi<7[xov £lp'/i/.£v aXkoç y£pwv' Fevou
(f" 195 V'') ô); Tuapuov £v àyooa ,
Sià /.aTr'/ilEiou, /.al 6GCppaivd[j-£vo;

£i];-/iaaTo; Ti TuapoTCTO'j Tivô?, o (iiT^wv £Î(7riA6£ /tal â'cpayfiv, 6 ^è [7,vi

ÔeXcov, oaçpy'vOy) jy.dvov Traoïcov /.al à7:-À'X6£v. OuTco;; /.al cù, Tiva^ov

àTO coO T71V ^u'7W(^tav, £y£ip£ /.al £'j^ai. "kiycùv' TU toO 6£0bl po'/iOsi [/.oi.

To'jTO 7:o{ei /.al 1-^ àHoïç 7vOyi.(7jy.oï; , où yàp £/.pi^(OTal ic^Àv twv ua-
6ttiv, àA).' àvTaycdvi«7Tai.

168. — 'A<^£*Xcprjç •/;pc6r/i'7£ y£povTa };£ycov 'Eàv £[;-7r£C7-/i [xovaj^6>;

£i; T:£ipa(7p!.6v, 6Xié'£Ta!. œç àûo TTooîtOTU'flç eiç ÈXxTywciv È'XOtov, /.al

/.OTCia £coç où àvy.CTvi. 'O 5a àTuô xo'crjj.ou £pyd|j-£VOç, w; àpjrvjv [^dclT^wv

7ûpo/.d7r£i. Kal àTToxpiÔsl; 6 yê'ptov eiTTEV Mova^o; ô £Ïç 77£ipacp(,ov sp.Tvi-

7:tcov, (f" 195 v'') (0Gîï£p oi/.îo, X£(70u'7a IctIv, /.al Èàv Ôlcoç vi<];yi tw
'Xoyi(7{/.û aÙTOu oî/.oooj^/^ca'. t'/jv 7V£cou<7av o;/.iav, izoXkaç 'jAaç EuptaxEr

Ta ^^j.fkiT., Toùç liOouç, Ta ^uXa, xal f^ùvaTat TCLysioç TCpo/.o'(Lai ûxÈp


TOV [X'/i opu^avra /.al (iaVjVTa Bi^.ikiov /.al [/.r.i^èv s^ovTa 7rpoj^p£t'av,

àA>.' £7ï' £A7u(oi ^aXovTa sl'iirto; àpa Tfi'XEiwc £i. Outco; oùv aTTÔ tvîç [/.o-

vaj^i5C-flç spyaciaç èàv £{;-£G'/i £i; TîEipa^Tjxôv /.al £Trt<7Tp£<]^v; ïye: TZoXkh'i

xpoj^p£iav Tvjv ij,£A£Triv, T71V J/a>.[A(o5iav, /.al to £pyd^£ipov aTivà


£GTi Ta 6£[j'.£7.ia. 'O f^£ àoyaoïoç, £V occo Ta-jTa [/,av6zv£i, l'oy/i cù dç
T'^V TCpWTVlV Ta^lV.
HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉGYPTIENS. 55

169. — 'A^e"Xcpdç Ttç 6y(^Aoij[/,£voç utto Tcopveia;, TiacsÇay.c yiort^-'.

[xtyoikiù, )tal 7rape>ty.>>£i (f" 196 r^jaÙTOv Ac'ycov IlotriCOv àyazv.v, £'^/^ou

uTçèp spLoû oTi b'/\oîJ[j.cci uro Tuopvsiaç. O ^è ys'pwv, èbe'/îOvi to'j OéoO

ÛTCep aÙTO'j. nàXiv s/, ^eurlpou ï^yj.ra.i xpo; tov ylpovTa, /.al tov

aÙTOV 'Xoyov sixsv oaoï'wç, /.otl o yspcov oùx, 7iy,s'Xr,':£ 7capay.aAwv tov Oeov

ûxàp aÙToGi xal X£'ycov Kupie à:vo/,aAu<];ov ;j,oi to ;czOicj/y, to'j àoeXcpoO

TOUTO'j, )tal TuoOev vî dv£py£ia, ÔTt. 7ï!xp£/.zl£c>x (7£, x,xl oij^£up£v àvarrau-

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TOV Ôcov xal x,oii^i5^£i TOV 7ro"X£p!,ov aTTÔ croO; 'O Sï tiiztv ©scopôi,

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TCapax,a>.£(70v tov Beèv, îva [;-0i ^û ùttojaov/iv toO Û7r£V£yx£rv. (f" 196 v'')

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171. — "EX£yov TCspt Ttvo-; y£povToç OTt /.xT£êvi £î; S/.'^Tiv /cai

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£0£tx,vuov aÙTto ot ^xt[A0V£ç Ta (7YVÎ|j.xTa T(I>v yuvat/ccov, /.xl àvviyyet'XE

TÛ xaTpl xÙtoO, /.xl £Ôau[/.xi7£V. noT£ oùv xvaêxç p-ETa TOO •JTXTpO?

aÙTOû £t; AtyuTTTOv /.al t^wv Taç y'jvatx,xç, T^s'yet tô TTXTpl aÙTOÙ*

'Aêêà, o'JTOt eirrtv ot èpydjASVot •TCpd; ^t vu/.to; £tç S/.TjTiv. Rai XÉysi

aUTÔ 6 TCaTVip xÙtOU' OiJTOt EtCtV 01 [7-ova^ol twv /.wjxwv, ts/.vov,

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yÉpwv xôi; xal £v t-^ £p"/)y-w e^£i;av xùto) oî ^xtfAoveç (f*^ 196 v ) Ta;

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TÙiv.

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èj^ôpoç (Avyi[x-/iv yuvatJtd; tivoç eù(7.op(p{oTXTYiç, xal eÔT^iêsv xùtov c(p6oca.


56 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Rai /car' ot)tovop.tav, clXkoç àoe'Xçpoç •/.are'XGcbv aTro AîyuTrTou tlç Sx.?itiv,

xal T^alouvTiov aùjoiv sItcsv ôti /) yuvio foQ ^s^voç aT^éGavsv. *Hv ^è
aÛTTi, £Îç 7ÎV £7ro}v£[j,£Î'To ô àywviGT'/iç. 'O ^à à-AOUGV.ç "kyfjiàv Tov T^eêv)-

Ttova aÙToS vuxtoç, /.al àvaêàç, rivot^sv aÙT'^ç tov Tà(pov, xal e^sjxa^e

Toùç tj^ûpaç aiJTyiç xco 7^£b'/;TU)Vi aùroG, xai ûx£CTp£i|;£v £J(_C)l)V aÙTOV dq
To xe'X^viov aÙTO'j, /.ai ItiOsi ttiv àucrajoiav £X£tv7iv £|/.7rpo(76£v a'jTOu,

xal £7:oX£[/.£i TÛ 7.oytG(j!,oj léyœv (t 197 r'*) 'I^où •/) £7rtOu[jt.ia cjou tiv

ÈQtitei;, £)(_£i; aÙT/jv, yopracrov c7£ai)Tov. Rai oûrcoç £v tyi ^uGw^ia


£êa(javi^£v éauTov, Iwç où ÈTTauaaTo ô 7:6X£[j.o<; I^ aÙTou.
173. — 'E^rjXO£ TVOT£ Ti; £v S/,riT£i OeIcov y£V£GOa.i [y.ovayôç, è'^wv

/.al TÔv lilov aÙToij a-oya'Xax.Ti,'jO£VTa |7.£6' ÉauTOo. Rai wç iyévero


v£ioT£poç, -/ip^aviro oi TuoXca.oi ÈTriTiÔsTOai aùroj, /.al £l7ï£v tû xarpl
auToij' TTrayoi) £Îç tgv xocpLov" où yàp icîyua) tov Tro'X£p-ov ûx£V£yy.£Î'v.

'O oè TraTTip aÙToO, £7i:3i7.£V£ Tvapa/.a'Xwv aùto'v. Rai TràXtv };£y£'. ô

V£WT£poç' 'AêSx, O'jy. ia/ùco, ïy.G6v [j.z à-ilHiiv. Aéyei aÙTw 6 -axTip

aÙToO* "AXO'JGO'V [/.ou, TiV.VOV, £Tl TO aT^aÇ, TOÛTO, 7.ai );xê£ CfiaUTfô T£(7-

Gapa/.ovTa C^t^y/l apTWv, /.al (ictXkiy. -/^[j-spwv T£C(>apa'/.ovTa. (f" 197 r'')

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eIVoci -/îj^-lpaç, /.îù £l^£V T71V £V£py£iav i^yofjAvnv stî' aÙTOv. Rai ciçÔvi

IvwTriov aÙTOu wç AiGioTr^rca ^u(ywr^£crTy.T'/i, fe)<7T£ y//) ^uvacOat aùrôv


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/.al Tviv ôuGtooiav aÙTTjÇ. *IIv ^à /.al o TraTvip aÙToO 77'X-/ipo(pop'/)G£lç

::£pl aÙTO'j, /.al X£y£i aÙTw* E; £[i.£ivaç Ta; T£GGapâxovTa vi[7.£paç, /.al

Sfpûla^a; ttiv IvtoXv/V, £lj(_sç l^eïv [j.£i{^ova G£cop''av.

174. "EX£yOV TT£pi TIVO; TœV 7VaT£pWV ÔTI à-TUÔ )tOG[XOU 7)V, /.al

ÈirolEfAErTO £;ç T-/)v éa'jTO'j yuvaf/.a, Ai^/iyEiTO oùv toOto toiç TraTpaGi,

/.ai £IOOT£Ç OTI £pyaT7:; £GTIV, X,ai 77£piGG0T£pa 7r0l£l COV aUTOl A£yOUG'.V,
STlGoUV aÙTW 7707;lT£taç, WGT£ £^aGG£V^Gai aUTOO TO Cà>|J,a /.ai [J!,7]/.£Tl
HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉGYPTIENS. 57

(f" 197 v'^) ^uvaçBat, àva^Tvivai. KaT' or/.ovoiAïav 8ï Oeoîï, èTvÔojvtiç twv
TCarépwv ^svoç Trapo.êa'XeTv eJç Sx'Âtiv, xoù èT^^wv xo-xà rviç y.éXK'fi: aO-

Too, etSsv aùr/iv àv£coy[X£V/iv, xal TCap-fl>.Oe Oa.'j[j.7.^o)v tcojç 0'j<^st; éçriAOsv

eiç TVjv àTCàvr/iciv aÙTOÙ. 'WocrTûS'W-ç oùv, e/.pouTe Aayojv M'/ittotî o

à^sl(poç àcOevsT. Kal -/.po'Jcra;, s;(7-^>.0e y.al eOpsv «Otov sv tcoT^T.*^ àaOe-

vsia. Kai 'kéyei aùror Tî îttiv o s'y si-, —y.Tsp '


Kal or/iy/iTO-TO o-Ùtco

Xéycov Eyô) dx, toù /.octxou eîjj.'., /.a.1 — o).£[xeî f7.£ vîiv ô î''//^po: si; tviv

ÈfXTiv yuvai/.a, •/cal 5iriyvi(jàp!,*/iv toïç xarpaci, /.al sxsG'/ix.y.v [xoi TCOAiTsiaç

Àtaodpouç, /.al Tîouov aùràç è^Yi^rOév/ica, /.al o 7coXe[^-0i; a-j^ei. 'A/.oû'raç

^è TaoTa 6 yépwv, èXuir-z^ôv) /.al Asyst a'jTor (P 198 r') Oî piv TvaTspsç,

côç cWaxol, /.aVoç èirsOevTO toi xàç TToXiTELaç:, éàv oi [;.ou y/z-ouT'/iç t'^ç

TaTr£ivco(7£0)ç, pi'ïj^ov aTTÔ GO'J TauTa, /.al [xeTalà[xêav£ to'j t'/jv y-txpàv

Tpocpyjv sïçTOV /.aipov aOr'^ç, /.al tcoiwv tviv [j,t/.oav cou cûvaQiv, sTTÎppul'^v

ETUI /.upiov TTjv [/,£pi[;.vav (jou, 8V yao toiç aotç tcovoi; O'j ouvaaai T^cpiys-

vscOxi TO'jTO'j Toî> Trpy'yfAaTOi;, x.al yxp to Gw'xa •/îy.cov oj; t[/.aT(.ov icxiv.

'Eàv iTûiasV/iS'/i; aÙToO, larccxca, sàv ^£ à[/.£V;oV/iç, c/iTTSTat,. 'O oè

à/.ou<7a; aÙToG s^o'/ziTev outco;, /.al stç ôT^iya; rjV.Épaç à77£(7T-/i ô 7roA£[J-oç

ait' aoToG.

TRADUCTION

qu'il faut rechercher la solitude et la COMPON'CTIOK.

133. — Un vieillard dit (1) : 11 convient que le moine pri.se sa solitude


au point de ne pas se préoccuper .s'il lui en résultera un dommage cor-
porel.
134. — Certain racontait (2) que trois zélateurs devinrent amis et l'un
s'occupait de réconcilier les ennemis, selon la parole Bienheureux les :

pacifiques second visitait les malades; le troisième alla vivre dans


(3); le

la solitude du désert. Le premier, lassé des luttes des hommes, ne pouvait


les guérir tous, il tomba dans le découragement et alla prés de celui qui
soignait les malades. 11 le trouva aussi tombé dans la négligence et ne pou-
vant accomplir le commandement; tous deux tombèrent d'accord d'aller

(1) Coislin 127, fol. 4G\ M, 800, n° 15.


(2) B, p. 441, a" .-î; M, col. 8(30, n" 1(5; Paul, 12. Coislin 127. loi. -VW
ÇS) Matth., V.
58 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

voir le solitaire; ils lui racontèrent leur affliction et le prièrent de leur


dire jusqu'où il avait réussi. Il garda le silence un instant, mit de l'eau
dans un vase et leur dit : Faites attention à l'eau — or elle était troublée.
Un peu après, il leur dit encore : Regardez de nouveau maintenant que l'eau

est apaisée, et lorsqu'ils s'approchèrent de l'eau, ils virent leurs visages


comme dans un miroir et il leur dit : De même celui qui vit parmi les

hommes, à cause de l'agitation, ne voit pas ses péchés, mais lorsqu'il vit

solitaire, surtout au désert, alors il voit ses défaillances.


135. — Un qu'un frère voulant se retirer en était
vieillard (l) racontait
empêché par n'abandonnait pas son projet et disait Je veux
sa mère. Il :

sauver mon âme. Elle prit beaucoup de peine sans pouvoir l'arrêter et le
lui permit donc enfin. Il s'en alla et, devenu moine, consuma sa vie dans
la négligence. II arriva que sa mère mourut et que lui-même, au bout d'un
certain temps, tomba dans une grave maladie il fut ravi en extase et con- ;

duit au jugement il trouva sa mère parmi ceux qui devaient être jugés.
:

Lorsqu'elle le vit elle dit, pleine d'épouvante Qu'est-ce que cela, mon fils, :

toi aussi tu es jugé en ce lieu! Où sont tes discours? Ne disais-tu pas que

tu voulais sauver ton âme? Rougissant à ces paroles, il restait saisi de dou-
leur et n'avait rien à lui répondre. Il entendit encore une voix qui disait :

Enlevez celui-là d'ici, je vous ai envoyés dans tel couvent à un moine son
homonyme (2). Lorsque la vision eut pris fin, il revint à lui et raconta le
tout aux assistants. Pour confirmer et certifier ce qu'il racontait, il envoya
quelqu'un au monastère dont il avait entendu parler pour voir si le frère
dont il avait été question était mort. L'envoyé trouva qu'il en était ainsi.
Lorsqu'il eut repris ses forces et fut revenu à lui, il s'enferma et vécut dans
le souci de son salut, plein de repentir et de larmes pour ce qu'il avait fait
auparavant avec négligence. Sa componction était si grande, que beaucoup
le priaient de s'en relâcher un peu, de crainte qu'il n'éprouvât du mal à

cause de ses gémissements excessifs. Il ne se laissa pas convaincre et dit :

Si je n'ai pu supporter le reproche de ma mère, comment supporterai-je,


au jour du jugement, le blâme du Christ et des s.aints anges"?
136. —
Un vieillard dit (3) S'il était possible que les âmes des hommes
:

quittent (leurs corps) à l'arrivée du Christ après la résurrection, tout le


monde mourrait de crainte, d'horreur et d'égarement. Que verrait-on en
effet, sinon les cieux déchirés. Dieu qui se montre avec colère et indigna-
tion, les troupes innombrables des anges et toute l'humanité ensemble ? II
faut donc vivre comme si Dieu devait à chaque instant nous demander

raison de notre conduite.


137. — Un
frère demanda à un vieillard (4) Comment la crainte de Dieu :

entre-t-elle dans l'âme? Le vieillard dit Si un homme possède l'humilité :

et la pauvreté, et s'il ne juge pas, la crainte du Seigneur viendra en lui.

(1) Coislin 127, fol. W\ M 8G3, n" 20; 808, n" 210.
(2) Ceci 110 pas dans M, 863, 20; mais bien col. 808, 21G.
se trouve
(3) Coislin 127, fol. 59^'; M, 863, n° 21.
(4) Paul, 13, sons deux formes. L'une dos deux formes donne au vieillard le
nom d'Euprépios; B, p. 741, n° 114; L, fol. 106'^; Coislin 127, fol. 60.
HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉGYPTIENS. 59

138. — Un frère rencontra un vieillard (1) et lui demanda Abbé, pour- :

quoi mon cœur est-il dur et n'ai-je pas la crainte de Dieu? Le vieillard lui
dit : Je pense que si un homme applique son cueur à se blâmer, acquerra il

la crainte de Dieu.Le frère lui dit Qu'est-ce que ce blâme? Le vieillard :

lui dit C'est que l'homme en toute chose réprimande son âme et lui dise
:

Souviens-toi qu'il te faut aller au-devant de Dieu dis-lui aussi Qu'ai-je de ; :

commun avec l'homme? —


Je pense que si quelqu'un est dans ces senti-
ments, la crainte de Dieu lui viendra.
139. — Un vieillard (2) vit quelqu'un rire et lui dit : Nous devons rendre
raison de toute notre vie en présence du ciel et de la terre, et tu ris!
140. —
Un vieillard dit (3) De même que nous portons chacun notre
:

malice (4) partout où nous allons, ainsi nous devons avoir ;ivec nous le^
larmes et la componction partout où nous sommes.
141. — Un frère (5) demanda à un vieillard : Que ferai-je? 11 lui dit: 11

nous faut toujours pleurer. Car il arriva jadis qu'un père mourut et revint
à lui après plusieurs heures. Nous lui demandâmes Qu'as-tu vu là, abbé? :

Et il nous raqonta en pleurant J'ai entendu en cet endroit des voix en :

pleurs qui disaient sans cesse Malheur à moi, malheur à moi! C'est ce :

qu'il nous convient aussi (de dire) en tout temps.


142. —
Un frère (6) demanda à un vieillard Pourquoi mon âme désire- :

t-elle pleurer comme j'entends les vieillards le faire, et les larmes ne vien-

nent pas et mon âme est affligée? Le vieillard lui dit C'est au bout de :

quarante ans que les fils d'Israël sont entrés dans la terre promise. Si tu
arrives à y entrer, tu né craindras plus de guerre. Car Dieu veut que
l'âme soit tourmentée, afin qu'elle désire toujours entrer dans cette
terre.
143. — Un frère demanda â un vieillard (7) : Comment serai-je sauvé?
Celui-ci quitta sa tunique, ceignit ses reins, éleva les mains vers le ciel et

dit : Voilà comment le moine doit être Dépouillé de tout le matériel de la


:

vie et crucifié. L'athlète combat dans les luttes et le moine doit élever ses
mains en croix vers le ciel en invoquant Dieu. L'athlète se dépouille de ses
habits pour combattre dans le cirque, ainsi le moine doit être nu et imma-
tériel; (l'athlète) est oint d'huile et instruit par un ancien sur la manière
de combattre. C'est ce que fait Dieu qui nous donne la victoire.

(1) B, p. 734, n-J 78; L, fol. 93^'; Coislin 1?7, loi. 60. M, 801, n» -22: 1015, n" I.

(2) Coislin 127, fol. 60; M, 864, n" 23.


(3) Coislin 127, fol.60: M, 864, n° 24.
(4) M et C 127 : l'ombre de nos corps.
(5) Coislin 127, fol. 60; I\I, 804, n" 26.
(6) Coislin 127, fol. 60; M, 864, n° 27.
(7) B, p. 197, n" 158; Paul, 406. Coislin 127, fol. 108\; iM, 891. n- 16. La lin
manque dans le latin et dans le Ms. 127. ,
60 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

DE LA TEMPERANCE.

144. — fois (1), à Scété, on donna une coupe de vin à un vieillard.


Une
Il la rendit en disant Enlevez-moi ce (poison) mortel. A cette vue, les
:

autres qui mangeaient avec lui ne la reçurent pas non plus.


145. —
Un frère (2) eut faim dès le matin et combattit avec sa pensée
pour ne pas manger avant la troisième heure. A la troisième lieure, il
s'obligea à attendre la sixième, puis il brisa le pain et s'assit pour manger;
mais il se leva encore et dit à sa pensée Attendons jusqu'à la neuvième :

heure. La neuvième heure arriva, il pria et vit la force (de la tentation) qui
montait, comme une fumée, de son travail manuel, et la faim le quitta.
146. —
Le disciple (3) d'un certain vieillard racontait de son abbé que
durant vingt ans entiers il ne se coucha pas sur le côté mais il dormait ;

assis sur le siège oii il travaillait. Il mangeait, ou chaque deux jours, ou


chaque quatre jours, ou chaque cinq jours, et cela durant vingt ans. Lors-
qu'il mangeait, l'une de ses mains était étendue en prière et il mangeait
de l'autre. Je lui dis Qu'est-ce que cela, abbé, pourquoi fais-tu ainsi? Il
:

me répondit Je place le jugement de Dieu devant mes yeux et je ne puis


:

le supporter. Un jour que nous faisions l'office, je m'oubliai et je m'écartai

du psaume; à la fin de l'office, le vieillard me dit Lorsque je fais l'office, :

j'imagine qu'il y a sous moi comme un feu brûlant et ma pensée ne peut


s'en écarter ni à droite ni à gauche. Où était ta pensée lorsque nous fai-
sions l'office pour que tu en aies oublié le psaume? Ne sais-tu pas que tu
te trouves en présence de Dieu et que tu parles à Dieu?

Une fois, le vieillard sortit durant la nuit et me trouva couché dans la


cour de la cellule; il pleura sur moi et dit en pleurant Où est donc la :

pensée de celui-ci pour qu'il dorme ainsi avec tranquillité !

147. — Un frère alla trouver un vieillard très estimé et lui dit : Je souf-
fre. Le vieillard lui dit : Reste dans ta cellule et Dieu te donnera le
repos.
148. — Cellules une jarre (5) de vin comme prémices,
On apporta (4) aux
afin qu'on la donnât à boire aux frères. L'un des frères montant suï» la
voûte pour s'enfuir, la voûte tomba, et ceux qui sortirent au bruit le trou-
vèrent à terre et ils commencèrent à le blâmer et à dire C'est bien fait, ô :

ami de la vaine gloire. L'abbé l'accueillit et dit Laissez mon fils, il a fait :

une bonne action. Vive le Seigneur! on ne rebâtira pas cette voûte de ma

(1) B, p. 470, n" 78; Coishn 127, fol. 77 : « il y eut une fête » ; M, 871, 53.
(2) B, 468, n"69; L, fol. 26^ Paul, 87; Coislin 127, fol. 77; M, 871, 58. Paraphrasé
dans M, 740, n°
'

4.

(3) Cf. B, p. 533, n° 246; Coislin 127, fol. 77^


(4) B, p. 471, n" 79; Coislin 127, fol. 77^';
M, 871, 54.
(5) Ce mot manque dans le dictionnaire. Le syriaque porte seulement > Une :

autrefois, on envoya dos pi-i'^micos do vin. pour on donnor uno coupe à chaque
frère ».
HISTOIRES DES SOI,ITA(RES ÉriVPTIENS. 61

vie pour que toute la terre saclic que la voûte est tombée aux Ccllvlca à
cause d'une coupe de vin.
149. — Un vieillard (1) vint en trouver un autre qui dit à son discijjle :

Fais-nous un peu de lentilles, et il les fit, et : Mouille-nous des pains, et il

les mouilla. Ils restèrent à parlerde choses spirituelles jusqu'à la sixième


heure du jour suivant, et le vieillard dit à nouveau à son disciple Fais- :

nous un peu de lentilles, enfant. Il répondit Je l'ai fait dès hier. ¥A ainsi :

ils mangèrent.

150. — Un autre vieillard (2) vint trouver l'un des pères


Celui-ci, ayant :

fait cuire un peu de Faisons un petit office, et l'un ter-


lentilles, lui dit :

mina tout le psautier et l'autre récita par cœur les deux grands prophètes.
Lorsque le matin fut venu, le vieillard s'en alla et ils oublièrent de
manger.
151. — Un vieillard (3) tomba malade
ne pouvant prendre de nour-
et,

riture durant plusieurs jours, son disciple lui demanda d'accepter un pe-
tit plat de légume (4). Il alla le faire et le lui apporta pour manger. Or il

y avait là, suspendu, un vase dans lequel se trouvait un peu de miel et un


autre vase avec de l'huile de graine de lin qui sentait mauvais parce qu'elle
ne devait servir qu'à (garnir) la lampe. Le disciple se trompa et, au lieu du
miel, il mit de cette (huile) dans la nourriture du vieillard. Quand le vieil-
lard la goûta, il ne dit rien, mais la mangea en silence. Le frère l'obligea à
en manger une seconde fois, et il le fit malgré sa répugnance. A la troisième
fois, il ne voulut plus manger, mais dit En vérité, je ne puis manger,
:

enfant. Celui-ci répondit vivement C'est bien, abbé, je mangerai avec toi.
:

Quand il eut goûté et senti ce qu'il avait fait, il se prosterna et dit : Mal-
heur à moi, abbé, voilà que je fai tué et tu as mis ce péché sur ma (cons-
cience) puisque tu n'as pas parlé. Le vieillard dit M'en sois pas peiné, :

enfant, si Dieu avait voulu que je mange du miel, tu l'aurais eu sous la


main pour le mettre.
152. — On racontait d'un vieillard (5) qu'il désira un jour une petite
figue (6). Quand il l'eut, il la pendit devant ses yeux et se repentit sans se
laisser vaincre par le désir, il se dompta, si grande qu'eût été sa concu-
piscence.
— Un frère ^
153. (7) alla sœur qui
malade dans certain cou-
voir sa était
vent. Or, elle était très religieuse et, comme elle ne voulait pas voir
d'homme ni donner prétexte à son propre frère de venir parmi les femmes,
elle lui fit dire Va, mon frère, en priant pour moi, et, par la grâce du
:

Christ, je te verrai dans le royaume des cieux.

(1) CoisliQ 127, fol. 78; M, 871, n" 5(j.

(2) B, p. 466, n° 64. Coislin 127, fol. 78; M, 871, n" 57.
(3) Coislin 127, fol. 78; M, 871, n° 59; 767, n° 51.
(4) Nous traduisons comme Xa-/âviov. Le latin porte : « Fecit de farinula lenti-
culam, et zippulas ».

(5) Coislin 127, fol. 78; M, 767, n" 50; 872, n° 60.
(6) " Un concombre » M.
Ç) B, p. 881, n° 138; Paul, 226; Coislin 127, foi. 78^' : iM, 760, n'^ 35; 872, n° 6L
62 RKVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

154. — Un moine (1), rencontrant des moniales sur son chemin, s'écarta
de la route. La supérieure lui dit Si tu étais un moine parfait, tu ne nous
:

aurais pas regardées comme des femmes (2).

ISf). — Un frère (3) porta ses derniers petits pains aux cellules, et con-
voqua (au repas) une table de vieillards. Lorsque chacun d'eux eut
mangé près de deux petits pains, il s'arrêta. Le frère, connaissant leur
grand ascétisme, s'excusa et dit Par le Seigneur! mangez jusqu'à ce :

que vous soyez rassasiés. Et ils mangèrent dix autres petits pains. Telle
est la proportion que ces véritables ascètes observaient entre la nourriture
et leur besoin (4).

156. — Un vieillard fut affligé d'une grave maladie (5) au point que ses
entrailles rejetaient beaucoup de sang. Des sébestes secs (6) se trouvaient
justement en la possession d'un certain frère qui fit une bouillie et les
mit dedans. Il les porta au vieillard et le pria de les goûter, disant Fais :

charité, mange, peut-être cela te sera-t-il bon. Le vieillard le regarda lon-


guement et dit En vérité, je voudrais que Dieu me laissât dans cette
:

maladie durant trente autres années. Le vieillard dans une si grande


infirmité n'accepta même pas de manger une petite bouillie et le frère,
la prenant, retourna à sa cellule.
157. —
Un autre vieillard (7) demeurait dans le grand désert. 11 arriva
qu'un frère, le rencontrant, le trouva malade. 11 le prit, le lava, fit un
peu de bouillie avec ce qu'il avait apporté et lui offrit à manger. Le vieil-
lard lui dit En vérité, frère, j'avais oublié que les hommes avaient cette
:

consolation. 11 lui porta aussi une coupe de vin; en la voyant, il pleura et


dit Je n'avais pas pensé boire du vin avant ma mort.
:

158. —
Un vieillard (8) eut l'ascétisme de ne pas boire durant quarante
jours; lorsqu'il avait la fièvre, il lavait le seau, le remplissait d'eau et le
suspendait devant lui. Un frère lui demandant pourquoi il faisait cela, il
répondit Afin que je souffre davantage lorsque j'ai soif et que je reçoive
:

de Dieu une récompense plus forte.

159. — Un frère (9) voyageait avec sa mère qui était vieille. Lorsqu'ils
arrivèrent au fleuve, la vieille femme ne pouvait passer; son fils prit son
maphorion (sa pèlerine) et s'en mains pour ne pas toucher
enveloppa les
le corps de sa mère, puis il la porta et la passa de l'autre côté. Sa mère
lui dit Mon fils, pourquoi as- tu enveloppé tes mains? 11 lui dit Parce
: :

(1) B, p. 715, n" 34. Coislin, fol. 78^-; M, 872, n''62.


(2) Le latin porte : « tu ne nous aurais pas rogardéos ot tu n'aurais pas vu que
nous étions des femmes ».

(3) B, p. 468, fol. 78^; M, 872, n°


n" 71. Coislin 127, 64.

(4) Ils mangeaient donc au sixième de leur faim.


(5) fol. lb\ Coislin, fol. 78^; M, 872, n''65.
B, p. 467, n° 66; L,
(6) Le nixa sicca » et semble conclure, dans VOnomasHcon. qu'il
latin porte «

peut s'agir de pruneaux.


(7) Coislin 127, fol. 78'; M, 873, n- 66.

(8) B, p. 468, no 68; L, foi; 22'; Paul, 87; Coislin 127, fol. 79; M, 873, n» 67,

(9) B, p. 588, n" 387 Paul, 226; Coislin 127, fol. 79 M, 873, n" 68.
; ;
IIISTOIKES DES SOMTAIIîKS iVlYPTIKNS. ('»;]

que le corps de la femme est un feu et (|u'il nous raiipcllo d'autres


(femmes), c'est pour cela que j'ai aj^i ainsi (1).
160. —
L'un des pères dit Je connais un frrre aux Cellules qui Jeûna
:

la semaine de
la Pàquc, puis, lorsqu'on se réunit au soii-, il s'enfuit pour
ne pas manger dans l'assemblée, il fit cuire de petites bettes et mangea
sans pain (2).
161. — Le prêtre de Scr'lr alla une fois près du bienlieurcux ThrophUr,
archevêque (VAlexanilrie{^.i)\ lorsqu'il revint iiScétc, l(;s frères lui deman-
daient Comment est la ville? 11 leui- dit
: En vérité, frères, je n'ai vu :

le visage de personne (4), sinon celui de l'archevêque. Les auditeurs

furent étonnés et lui dirent Ils avaient donc été détruits, abbé? 11 leur
:

répondit Non, mais ma raison ne m'a pas imposé de voir quelqu'un. Les
:

auditeurs furent dans l'admiration, et sa parole les fortifia pour préserver


leurs yeux de la curiosité.
162. —
Les pères allèrent une fois à Alexandrie (b), convoqués par le
bienheureux archevêque Théophile pour prier et pour détruire les temples.
Pendant qu'ils mangeaient avec lui, on apporta de la chair déjeune veau
et ils mangèrent sans le remarquer. Puis, l'archevêque prenant un mor-
ceau le donna au vieillard son voisin et dit C'est un bon morceau, mange, :

abbé. Ils répondirent Jusqu'ici nous avons mangé des légumes, si c'est
:

de la viande nous n'en mangeons pas; et aucun d'eux ne voulut en


goûter.

DE LA GUERRE QUE NOUS FAIT L IMl'URETE.

163. — Un frère (6) était combattu par l'impureté et la guerre était


comme un feu brûlant jour et nuit dans son cœur. Le frère combattait
pour ne pas céder à sa pensée. Au bout d'un long temps, la guerre ce.ssa
sans avoir abouti à cause de la résistance du frère et aussitôt la lumière
vint dans son cœur.
164. — Un autre frère était combattu par l'impureté (7). Il se leva de
nuit, alla près d'un vieillard et lui fit connaître ses pensées. Le vieillard

(1) B, p. 478, 11" 102. Coislin 127, fol. 7fl; M, 873, n"6!). Le latin porte : <-
dans (sa)
cellule. "

(2) Syriaque « il s'enfuit à sa cellule, pour no pas manger dans rassemblée,


:

et il mangeait un peu de bettes pour cacher son ascétisme ».


(3) B, p. 698, n" 7. Le syriaque ne nomme pas Théopiiilo. Coislin 127. foL 70:
M, 871, 55.
Syriaque « Lorsqu'il revint à Scété, et qu'il voulut tortiller les t'rèros, il
(4) :

leur dit Je vous avais entendus dire qu'Alexandrie est le siège d'une nom-
:

breuse population, en vérité je vous le dis, moi qui y ai été, ji^ n'ai vu le vi-
sage de personne ».
5) B, p. 884, n" 149; Coislin 127, fol. 79; M, 872, n» 63.

(6) B, p. 655, n" 555; L, fol. 8'; Paul, 210; M, 876, n» 12.

(7) Paul, 59; B, p. 655, n» 556; L, fol. 8'. Paraphrasé dans M, 743, n" 9; 876, M
ji" 13. Le latin ajoute quelques lignes à la fin.
64 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

le consola,il retourna à sa cellule, et voilà que la lutte recommençait en

lui. retourna près du vieillard et le fît ainsi souvent. Le vieillard ne le


Il

chagrina pas, mais lui dit ce qui pouvait lui être utile et ajouta Ne :

t'enferme pas, mais viens plutôt, lorsque le démonte coiTibat, réprimande-


le et, ainsi réprimandé, il s'en ira rien ne chagrine le démon de l'im-
;

pureté comme de révéler ses œuvres, et rien ne le réjouit comme de


cacher les pensées qu'il inspire.

165. — Un il résistait (2) en aug-


frère (1) était attiré vers l'impureté,
mentant son ascétisme en préservant sa pensée des mauvais désirs.
et

Enfin il se rendit à l'assemblée et révéla la chose à tout le monde. Tous


reçurent l'ordre de prier Dieu pour lui durant une .semaine et la lutte
cessa.
166. —
Un vieillard (3) solitaire disait contre les pensées d'impureté :

Veux-tu être sauvé après ta mort? Va te fatiguer, va travailler, va cher-


cher et tu trouveras, veille et frappe et on t'ouvrira. Dans le monde il y
a des gladiateurs (4) qui sont couronnés lorsqu'ils ont beaucoup frappé,
résisté et montré du courage; souvent un seul, frappé par deux, supporte
courageusement ses blessures et vainc ceux qui l'ont frappé. Vois quel
courage pour des avantages charnels Toi donc résiste avec courage et !

Dieu combattra l'ennemi à ta place.


167. — Un autre vieillard disait des mêmes pensées (5) : Fais comme
celui qui passe sur la place publique devant une taverne, il sent le potage
et quelque rôti si cela lui plaît, il entre et mange si cela ne lui plaît pas,
; ;

il sent seulement et continue son chemin. Toi de même, chasse bien


le

loin toute mauvaise odeur, lève-toi et prie en disant Fils de Dieu, se- :

cours-moi. Fais cela aussi pour les autres pensées, car nous ne pouvons
pas extirper les passions mais seulement leur résister.
168. — Un frère (6) interrogea un vieillard disant : Si un moine tombe
en tentation, il est affligé parce qu'il passe du progrès à la défaillance,

et il travaille jusqu'à ce qu'il mais celui qui vient du monde


se relève;
fait du progrès parce qu'il part du commencement. Le vieillard lui répon-

dit Le moine qui tombe en tentation est comme une maison qui tombe.
:

Si sa pensée se purifie au point de rebâtir la maison tombée, il trouvera


beaucoup de matériaux les fondements les pierres,
: les bois, et il ,

pourra avancer beaucoup plus vite que celui qui n'a pas encore creusé ni
jeté de fondement et qui n'a aucune avance mais qui travaille dans l'es-
poir de terminer. Il en est de même du travail du moine s'il tombe dans :

la tentation et se convertit, il a beaucoup d'avance la méditation, la :

(1) M, 877, 11° 14; Paul, 59; B, p. 656, n" 557; L, fol. 9' ; Coisliii 127, fol. 87'.

(2) Le latin ajoute « durant quatorze ans ».


:

(3) B, p. 670, n» 590; Coislin 127, fol. 87'; M, 877, n" 15.
(4) Cf. supra, 39. Le syriaque rend ce mot par « athlètes » le latin par ;
« pan-
cratiarii ».

(5) B, p. 669, no 589. Coislin 127, fol. 87'; M, 877, n" 16.
(6) Paul, 15 ; M, 877, n" 18.
HISTOlIiKS DRS SOI.ITAIUKS KflVI'TlKNS. ().">

psalmodie et le travail manuel, ce sont les fondements; mais tandis que


le novice apprend tout cela, l'autre arrive au premier ordre.
169. — Un frère (1), tourmenté par l'impureté, alla trouver un gi-and
vieillard et le supplia disant : Fais charité, prie pour moi, je suis (our-
menté par l'impureté. Le vieillard pria Dieu à son sujet. Il vint une
seconde fois prés du vieillard et lui en dit autant, et celui-ci ne négligea
pas d'im})lorer Dieu jjour lui et dit : Seigneur, révèle-moi le cas de ce
frère et d'où vient que je t'ai imploi'é et qu'il n'a pas trouvé la tranquillité?
Et Dieu lui révéla ce qui le regardait et il le vit assis, avec l'esprit d'im-
pureté près de lui. Un ange pour le protéger et s'irritait de
avait été envoyé
ce que le frère ne recourait pas à Dieu, mais prenait plaisir au.\ pensées
et abandonnait son esprit à toute leur action. Le vieillard connut donc que
la cause provenait du frère, et hii dit C'est toi qui es d'accord avec tes
:

pensées! Puis il lui apprit à résister aux pensées et le frère, ramené à


la raison par la prière et l'enseignement du vieillard, trouva le repos.
170. —
Le disciple (2) d'un grand vieillard fut combattu un jour par
l'impureté. Le vieillard, le voyant découragé, lui dit Veux-tu que je :

demande à Dieu de te délivrer de cette lutte? L'autre répondit Je vois, :

abbé, que je peine, mais je vois aussi que cette peine me porte des fruits;
demande donc seulement à Dieu de m'accorder la patience. Son abbé lui
dit Je vois maintenant que tu es en progrès et que tu me surpasses.
:

171. — On racontait (3) qu'un vieillard vint à Scété avec un fils encore
à la mamelle, qui ne savait ce que c'était qu'une femme. Lorsqu'il devint
homme, les démons lui montrèrent des figures de femmes, et il l'annonça
à son père qui fut fort étonné. Un jour qu'il monta en Egypte avec son père
et vit des femmes, il lui dit Abbé, voilà ceux qui venaient près de moi,
:

durant la nuit, à Scété. Et son père lui dit Ce sont les moines des villages,:

enfant, ceux-là ont certain costume et les ermites en ont un autre. Le


vieillard s'étonna comment, même dans le désert, les démons lui avaient
montré des figures de femmes, et aussitôt ils retournèrent dans leur cellule.
172. — Un frère luttait à Scété (4) ; l'ennemi lui rappela le souvenir
d'une femme tourmenta beaucoup. Par un elîet de la Pro-
très belle et le
vidence, un autre frère, venant d'Egypte à Scété, lui dit, tout en parlant,
que la femme d'un tel était morte. —
Or c'était celle pour laquelle il
luttait. — Il prit donc sa tunique, s'en alla de nuit, ouvrit son tombeau,

essuya le pus du cadavre avec sa tunique et le porta à sa cellule. 11


plaça cette puanteur près de lui et combattit ses pensées en disant :

Voilà l'objet de concupiscence cjue tu convoitais, tu l'as, rassasie-toi. Et il


demeura ainsi dans cette puanteur jusqu'à ce que la lutte eût cessé.

(1) B, p. 660, n» 571 ; Paul, 64; L, fol. 106"; M, 745, ii» 13; Coisliii h'7. fol. 87'.

Le latin est une paraphrase M, ; 878, n» 10.


(2) Paul, 210; Coislin 127, fol. 88; L, fol. 8'; M, 742. n" 8. Le latin allonge
beaucoup; M, 878, n" 20.
(3) Paul, 210; Coislin 127, fol.88; M, 878, n" 21.
(4) B, p. 666, n» 583; L, fol. 16- Paul, 210. Coislin 127, fol. 88'; M, 744, m 11:
878, n" 22.
ORIENT CHKÉïlEN. 5
66 REVUE DE lV)R1ENT CHRÉTIEN.

173. — Un homme alla un jour à Scétc voulant devenir moine (1); il

avait avec lui son fils qui venait d'être sevré. Lorsque celui-ci grandit, il

eut à lutter et dit à son père Je vais dans le monde, car je ne puis sup-
:

porter la lutte. Son père le pria longtemps et le jeune homme lui dit
encore Abbé, je ne puis plus résister, laisse-moi partir. Son père lui dit
: :

Écoute-moi, mon fils, encore cette fois prends quarante couples de pain :

et des branches (à tresser) pour quarante jours, puis va dans le désert


•intérieur et reste là quarante jours, puis que la volonté du Seigneur soit
faite. 11 obéit à son père, alla au désert et souffrit à tresser des branches
sèches et à y demeura vingt jours et vit un prodige
manger du pain sec. Il

(diabolique) venir près de lui. Il vit devant lui comme une négresse très
fétide, au point qu'il ne pouvait supporter son odeur. 11 la chassait donc et
elle lui dit : Je parais douce aux cœurs des hommes, mais, à cause de ton
obéissance et de ton travail. Dieu ne m'a pas laissée te séduire et te (ca-
cher) ma puanteur. Il se leva, rendit grâces à Dieu, vint près de son
père et lui dit Je ne veux plus aller dans le nionde, abbé, car j'ai vu son
:

action et la puanteur (de la femme). Son père fut édifié à son sujet et lui
dit : Si tu avais attendu les quarante jours et si tu avais observé mon
précepte, tu aurais vu mieux que cela.
174. — On racontait d'un père que c'était un séculier et qu'il regrettait
sa femme (2). 11 le raconta aux pères, et ceux-ci, sachant que c'était un
travailleur qui en faisait plus qu'on ne le lui disait, lui imposèrent un
genre de vie qui affaiblit son corps au point qu'il ne pouvait se tenir
debout. Par un effet de la divine Providence,
vint à un père étranger
Scété; passa devant sa cellule, la vit ouverte et passa, fort étonné de ce
il

que personne tf était sorti à sa rencontre. 11 se retourna donc et frappa en


disant Peut-être que ce frère est malade. Après avoir frappé, il entra et
:

le trouva en grande faiblesse. Il lui dit : Qu'as-tu, frère? Et il lui raconta


disant : Je suis un combat au sujet
séculier et maintenant l'ennemi me
de ma femme, je l'ai raconté aux pères qui m'ont imposé diverses lignes
de conduite et, en les suivant, je suis devenu malade tandis que la
lutte augmente. Le vieillard l'entendant fut affligé et lui dit Certes les :

pères, en hommes d'autorité, t'ont imposé de bonnes lignes de conduite,


mais si tu veux écouter mon Humilité, laisse tout cela, prends un peu de
nourriture en son temps, fais ton petit office et confie tous tes soucis au
Seigneur, ce que tu ne peux faire avec tes durs travaux. Car notre corps
est comme un habit si tu t'en occupes, il dure, mais si tu ne t'en occupes
:

pas, il pourrit. Il lui obéit et fit comme il le disait et, en peu de jours, la
tentation le quitta.
{A suivre.)

(1) B, p. 663, n» 577. Ms. 1596, p. 323; L, fol. 162"; Paul, 210; Coislin 127, fol.

88'; M, 879, n 23.

(2) B, p. 708, n" 20; Paul, 213; Coislin 127, fol. 89; M, 886, n" 40.
UNE VIE ABRÉGÉE DE SAINTE MARINE

L'ouvrage de politique, bien célèbre, intitulé Sirâclj al-


mulùh ou Lampe des princes (1), dont l'auteur est le soûfî
espagnol Aboû Bekr Mohammed ibn al-Walid at-Tortoûchî, qui
tlorissait pendant le \\f siècle de J.-C. (2), renferme un grand
nombre de récits édifiants, d'exemples de pénitence et d'ascé-
tisme chrétien insén's par l'auteur, quoiqu'il soit musulman,
afinde bien démontrer la nécessité de la vertu appelée az-zohd
ou mépris du monde, non seulement pour tous les hommes,
mais surtout pour les princes et les rois.
Les lignes suivantes nous font connaître un de ces récits (3) :

d'un roi quitte secrètement son palais pour se dévouer


la fille
à Dieu dans la solitude, elle cache son sexe sous des vêtements
d'homme, elle se fait admettre dans un couvent de moines;
elley pratique d'héroïques vertus qui lui conquièrent l'admira-
tion des religieux du monastère lorsqu'elle meurt, les moines
;

chargés de laver son corps pour l'ensevelir reconnaissent que


c'est une femme; pénétrés de respect et de vénération, les
moines prennent la résolution de ne pas inhumer aussitôt la
sainte dépouille, mais de la soutenir sur leurs bras jusqu'à ce
que la putréfaction l'ait entièrement consumée.
On le voit : ce récit a quelques traits communs avec la Vie de
sainte Marine : V il s'agit d'une femme qui a vécu sous des
habits d'homme dans un couvent de religieux, 2" son sexe n'est
reconnu qu'après sa mort. En revanche, la fausse accusation
du péché de fornication avec toutes les conséquences qui sont
bien connues dans l'histoire de sainte Marine, manque tout à
fait dans notre récit. Une autre différence remarquable, entre

(1) ^j_53U! Jj^ édit. du Caire (1289 hég. = 1872 J.-C).

(2) Cfr. Brockelman'n, Geschichte d. arabischen LUteratiir, I, 159.


(3) Sirâdj, page 23, ligne 1.
68 REVUE DE lVjRIENT CHRÉTIEN.

les deux histoires, c'est celle des honneurs funèbres tout extra-
ordinaires et presque invraisemblables qu'on accorde au ca-
davre (1).

Le récit du Siràdjune nouvelle rédaction arabe de la


est-il

Vie de sainte Marine, plus simple, plus abrégée, moins légen-


daire et romanesque que toutes les versions connues, arabes
ou autres (2) ?
A première vue, c'est une réponse affirmative qu'il faudrait
donner à cette question, si Ton ne trouvait, dans les récits
hagiographiques des anciens monastères de l'Orient chrétien,
des vies de femmes, autres que Marine, qui auraient aussi fui
le monde, se faisant admettre dans des couvents de moines,

déguisées sous des habits d'homme (3). Il est donc très possible
que la femme du récit du Sirâdj soit une de celles-ci, puisque
l'auteur ne nous a pas conservé son nom. C'est pourquoi,
avant de résoudre définitivement la question, il nous faudrait
entreprendre une collation attentive de tous ces récits de
femmes-moines avec le récit du Sirâdj. Mais cet examen
comparatif nous ferait sortir de la sphère de nos études habi-
tuelles; nous laissons donc à d'autres le soin de le faire, et
nous nous bornons à communiquer aux lecteurs de la Revue
de l'Orient chrétien le texte arabe et la version du récit du
Sirâdj.

La chrétienne du récit me semble indubitable, non


filiation

seulement en raison de l'emploi exclusif du mot syriaque-


chrétien^^ pour exprimer couvent ou monastère, mais encore
parce que l'idée et le fait du déguisement d'une femme sous

(1) Ces témoignages de vénération -sont si exceptionnels que rien de semblable


ne se trouve dans l'œuvre de D. Bessè, Les Moines d'Orient (Paris, Oudin, 1900)
au chapitre où on énumère les plus extraordinaires de ces moyens de canonisa-
tion privée qui étaient alors en vogue. (Cfr. p. 545 et seq.)
(2) ROC, Vil, 1902, p. 245. Voir dans cette même Revue (VI, 1901, p. 283, 357,

572; VII, 1902, p. 136,478,647; VllI, 1903, p. 288, 014; IX, 1904, p. 240,409) les
versions syriaque, latine, grecque, copte, allemande, française, éthiopienne.
(3) ROC, VI, 1901, p. 278, n. 3 et IX, 1904, p. 561,
UNE VIE ABRÉGÉE DE SAINTE MARINE. 69

des habits d'homme est et a toujours été chose inouïe chez des
musuhïians dont la religion défend en termes formels ces
travestissements (1). Au contraire, c'est un thème assez com-
mun dans l'hagiographie des anciens monastères chrétiens (2).
Cependant, il y a dans le texte même du récit une petite
difficulté, touchant hi filiation chrétienne : c'est que l'auteur
du Sii'àdJ déclare l'avoir puisé à une source dont le titre
semble Israélite; on pourrait donc se demander s'il ne s'agit
pas d'un récit provenant d'un monastère essénien ou hérapeute. 1

Cependant, à notre avis, les mots dont se sert l'auteur pour


commencer son récit : c^^^'|^^^ J- <33j ^ ^r^^' 1^3 « Une
des choses les plus merveilleuses qu'on rapporte dans [les

récits] Israélites » ne signifient pas qu'il l'emprunte directement


aune source Israélite, mais seulement qu'il le lire d'un ouvrage
historique musulman, le Kitàb al-Israïlnjât. L'auteur de cet
ouvrage, Wahb ibn Munabbih, du commencement du siècle 11''

de l'hégire (viii* de J.-C), se vantait, audire d'IbnQouteïba (3),


d'avoir puisé aux. sources religieuses les plus nombreuses et

les plus variées pour rédiger ses compilations historiques.


C'est pour cela que son nom (celui de Wahb ibn Munabbih)
est très souvent invoqué par les écrivains musulmans, surtout
soûfîs, comme autorité hors ligne en tout ce qui se rapporte
à la vie, aux miracles et aux sentences de Jésus-Christ.
Après avoir fait toutes ces réserves, je n'oserais donc rien
du récit n'est pas
décider, soit parce que la filiation chrétienne
absolument certaine, soit parce que nous ne connaissons pas
toutes les légendes hagiographiques consacrées aux femmes-
moines, mais en tout cas, même si notre héroïne n'était pas

(1) Cfr. ^r-î^lsbJ! isyj ^L^ du Cheikh 'Ubaïd ad-Darîr ((klit. du Caire,
1317 hég.), p. 131, 1. 18: « LeProphèto a maudit les hommes effemiiK^s ainsi que
les femmes qui se l'ont passer pour hommes. « Le Prophète a maudit l'homme

habillé en femme, ainsi que la femme déguisée sous des habits (riiomme. » Cfr.

jL^ ,v ^-^^ ^U-^\V. ,


^LIJI, -L^-M ixk! J. ^IIM (Pubii-

cations arabes du GouvcriieunMil «iiMiéral de l'Algérie), Alger, Fontana. 1907 ;

pages 37-38.
(2) Cfr. D. Besse, op.
cil., p. 65.

(3) Apud Ibn Khallikan (édit. Boulaq, l:>99hég.), 111, 106, biographie de Wahb.
Cfr. Brockelmaxn, op. cit., I, 05, pour la bibliographie de cet historien. 11 était

juif converti à l'Islâni. Cfr. ^^jJ^^J) ^"*1 ,


\'S d al-Ghazzàlî (édit. Caire,
1317 hég.), p. .34.
70 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

sainte Marine, notre courte publication démontrerait qu'un


récit assez analogue à
la Vie de sainte Marine était déjà répandu
parmi les musulmans avant le viii" siècle de J.-C, c'est-à-dire
à une date plus ancienne que celle du texte latin de la Vie de
sainte Marine (inséré par Rosweyde dans son recueil des vitœ
et verba seniorum), que M. Clugnet considérait comme la
rédaction primitive (1).

TEXTE ARABE
(Extrait du Sirâdj al-mulùk, édit. du Caire, 1289 h., pag. 23, 1. 4).

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Ij^k- 4)1 ^Uj>-J Âil.^ C^iAS jUjll

(1) iîOf, IX, 1901, p. 50-2, 11. 3.


UNE VIE ABRÉGÉE DE SAINTE MARINE. 71

TRADUCTION

Une des choses les plus uierveilleuscs qu'on rapporte clans le lAvre dcn
traditiona israrlites c'est qu'une fille des rois embrassa la vie ascétique,

renonçant au monde et se dévouant à Dieu par la pénitence. Elle quitta la


cour et on la rechercha en vain jamais on n'entendit plus parler d'elle et
;

il fut impossible de découvrir la trace de ses pas.

11 y avait par là un couvent de moines adonnés à la vie dévote. Un jeune

homme vint les rejoindre pour se dévouer à la perfection. Ils observèrent


en lui une telle assiduité, un tel effort, dans la pratique de la vertu, une
telle fidélitéaux règles monastiques touchant la distribution du temps et
une persévérance si continuelle dans les œuvres de piété, qu'il surpassa
en vertu tous les moines qui demeuraient au couvent.
Il ne cessa pas de se conduire ainsi tout le temps que Dieu voulut, jus-

qu'à ce que, ses jours finis, la mort arriva vers lui, et le jeune homme lui
paya son tribut.
Les moines du couvent, si détachés du monde, si austères, furent déso-
lés d'une telle perte. Ils versèrent des larmes sur lui et ensuite, quand ils
commencèrent à faire l'ablution du cadavre, ils reconnurent que c'était
une femme. Recherches'et vérifications faites, elle était la fille du roi. Tout
ceci accrut l'admiration et la vénération qu'ils avaient auparavant pour
lui. Ils se consultèrent les uns les autres sur les honneurs tout nouveaux

qu'il fallait rendre à son corps, et on décida de ne pas l'inhumer sous


la terre mais qu'ils le soutiendraient sur leurs mains.
Ainsi donc, ils firent l'ablution funèbre et, après l'avoir enveloppé dans
la toile du linceul, ils firent les funérailles. Ensuite ils se mirent tous à la

soutenir sur leurs mains et sur leurs avant-bras. Aussitôt que l'un d'eux
éprouvait de la fatigue, un autre venait soutenirla charge avec ceux qui

restaient. Et personnes qui arrivaient au couvent pour se


toutes les
dévouer au service de Dieu, se mettaient à la soutenir avec eux, jusqu'à
ce qu'elle fût consumée par la putréfaction et que les articulations de
ses membres se déchirèrent après une longue durée de temps. C'est alors
qu'elle fut inhumée. Que la miséricorde de Dieu soit sur elle!

Madrid
Miguel AsiN Palacios.
ETUDE
SUR LA CONVERSION DE L'ARMÉNIE AU CHRISTIANISME

(Suite) (1)

HOUSIG ET NeRSÈS le RÉORGANISATEUR DE l'ÉgLISE ARMÉNIENNE;


TENTATIVE DE SCHISME PAR BaB.

25. — Les traditions laissées, au point de vue hiérarchique,


par Grégoire et Tiridate, sont fidèlement suivies de leurs
premiers successeurs. — Diran lui-même n'ose les en-
freindre.
Le catholicos Verthanès et le roi Khosroès paraissent avoir
exactement suivi la direction politique et religieuse, inaugurée
par Grégoire et Tiridate. Si leurs actes eurent moins d'éclat, ils
ne furent pourtant pas sans mérites. Khosroès le Petit (Pokr),
dont Moïse de Khorène parle avec dédain, est appelé un héros
par Faustus (III, 3, 4, 7, II). L'entente du catholicos et du roi
semble avoir été complète le second, au point de vue politique,
:

resta le vassal de l'empereur, comme le premier demeura, au


point de vue religieux, le suffragant de l'archevêque de Cé-
sarée. Leur subordination ressort de ce fait, qu'il n'y a point
trace d'une rupture entre Grecs et Arméniens. Ne pourrait-on
pas voir un indice de cette subordination, dans le nom même de
patriarche, que les historiens les plus anciens donnent de pré-
férence à l'archevêque deCésarée, encore que ce titre n'ait sou-
vent signifié qu'une indépendance relative, et non une auto-
nomie absolue (Socrate, V, 8; Greg. Naz. oratio XLII, 23)?
Ne fallait-il pas que ce lien à l'égard de Césarée fût bien éta-

(1) Voy. I9()7,p. 2-2, 195, 280, 35G.


ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE l'arMÉNIE AU CHRISTIANISME. 73

bli, pour que le fils do Khosroès, Diran, qui regardait d'un œil
si jaloux tout ce qui fortifiait lé pouvoir spirituel du catliolicos
contre les abus de rautorilé royale, se décidât néanmoins à en-
voyer Housig, son beau-frère ou son beau-fils, recevoir la con-
sécration épiscopale dans la métropole de laCappadoce (1)?
Comme Diran dut regretter, plus tard, que le siège du catlio-
licos ne fût pas isolé, sans autre abri ([ue le tnme royal, et
dépourvu de vives attaches avec TÉgiise universelle, quand il
entendit le jeune et austère catholicos flétrir, sans ménagements,
les graves désordres qui déshonoraient surtout la cour royale :

l'adultère, les péchés contre nature, l'oppression des faibles et


des petits, l'effusion du sang! Sous ces cinglantes apostrophes,
le roi s'irrite et s'emporte jusqu'à la fureur : il fait bàtonner
Housig, qui expire peu après; il fait étrangler le vénérable
Daniel qui imite l'intrépide langage de celui dont on lui offre
la succession. Et, tout impatient qu'il est de tenir sous la main
une autorité qui exaspère son orgueil en entravant ses passions,
Diran n'ose encore trancher la racine qui attache le patriarcat
arménien à l'Église universelle et lui donne, en face de la
royauté, son prestige et sa force. Les occasions ne manquent
pourtant pas, qui semblent favoriser une tentative de scission.
C'est l'époque où les fils de Housig, après avoir, été ordonnés
diacres malgré eux, se marient, embrassent la carrière mili-
taire et, par leur conduite, se proclament positivement indignes
de la succession qui leur était destinée. Si l'on en croit Faustus,
une grande partie des sujets de Diran ne vaut guère mieux

(1) Faustus (III, li), après avoir nommé plusieurs des seigneurs qui accompa-
gnent Housig à Césarée, ajoute < et le prince de notre famille de la
: race des
Saharouni ». Plusieurs historiens, entre autres Gelzer (A nf'dnge et trad. armén.,
p. 17), ont conclu de ce passage que Faustus, l'historien, était de la famille Saha-
rouni. On peut cependant douter qu'il ait fait réellement partie de cette famille,
quand on le voit, lui, si partial en faveur des Mamigonian, étaler au contraire
sans réticence la perfidie de Pad Saharouni (V, 25, 27). —
Ce qui parait certain,
c'est qu'il a composé son Histoire vers la Un du quati-ième siècle et qu'il a puisé
ses documents, ainsi que le fera plus tard Jloïse de Khorène, dans les archives,
les dictons, les chants et les traditions populaires. L'œuvre, probablement écrite
en grec vulgaire, a été altérée çà et là, chargée de chiffres fantaisistes et de quel-
ques récits fabuleux.
L'auteur de la Généalogie de Grégoire et de la I le de Xersès, probablement un
disciple de Mesrob, parait avoir tiré une grande partie de ses documents de la
même soui-ce. Mais il a souvent suivi de près ou copié Agathange et surtout
Faustus. Quelques fragments semblent aussi avoir été ajoutés à cette œuvre.
74 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

(III, 13). A l'entendre, la conversion de ceux qui n'étaient pas


initiés à la littérature grecque ou syrienne, ou, comme il s'ex-
plique, la conversion de la multitude, n'avait été qu'extérieure
et forcée; le peuple n'entendait rien aux instructions des doc-
teurs; ne prenait plaisir qu'aux souvenirs de l'ancien culte
il

pa'ien, et continuait de le pratiquera l'écart, dans l'obscurité

des nuits. Ses mœurs étaient à l'avenant. Enfm, celui qui est
choisi pour le catholicat, Paren, prêtre de l'Église de St-
Jean-Baptiste de Daron, ne paraît guère disposé à résister au
roi. Et, pourtant, au lieu d'inviter les évêques arméniens à lui

imposer les mains, Diran l'envoie, avec une pompeuse escorte,


dans la capitale de la Cappadocepoury être consacré catholicos.
A la mort de Paren, on donnera son siège à Sahag de la fa-
mille Aghpianos, bien connue par sa complaisance pour la cour
et les partisans de l'autonomie religieuse; et Diran, au lieu de
mettre à profit ces circonstances, sollicitera encore pour le ca-
tholicos l'imposition des mains du patriarche de Césarée.
26. — A'ersès le Grand; son éducation, ses qualités, son
huniilitè; raisons de son élection; consécration à Césarée; le
réorganisateur de l'Église arménienne catholique, synode
d'Achdichad, réformes disciplinaires; multiplication des
églises et des couvents, qu'illustrent quelques religieux par
leur austérité et leur zèle apostolique; écoles de langue grec-
que et syrienne; zèle de Nersès contre les vices et les prati-
ques superstitieuses; sa charité, ses fondations de bienfai-
sance. Évèques formant le conseil du catholicos; Khat, son

courageux auxiliaire; protestation de Nersès contre la con-


duite d'Arsace; son éloignement de la cour. — Depuis la
mort de Housig et de Khosroès, le peuple arménien, tout
en demeurant catholique, c'est-à-dire uni à l'Église univer-
selle, avait continué de déchoir au point de vue de la foi, de
la morale évangélique et des pratiques du culte. Faute d'être
comprises, les vérités dogmatiques et les règles' disciplinaires,
laborieusement prêchées par Grégoire et ses trois premiers
successeurs, n'avaient, si l'on en croit Faustus, ni persuadé
l'esprit nigagné le cœur de la multitude. A peine avaient-elles
commencé de germer dans ce sol peu propice, qu'elles venaient
d'être couvertes et, çà et là, emportées par un reflux des su-
perstitions et des coutumes immorales du paganisme.
ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE l'aRMÉNIE AU CHRISTIANISME. 75

La civilisation chrétienne de l'Arménie menaçait donc de


dépérir dans sa première fleur ou d'être facilemeut fauchée par
les mazdéistes de la Perse, quand la Providence éleva sur le

trône patriarcal un homme qui, par sa prudence, sa piété, son


zèle, son amuui- pour Dieu, sa chariti' pour les pauvres, s;i pitié
pour les humbles, son orthodoxie, (^nfin par son génie organi-
sateur, mérite d'être placé à côté de Basile le Grand.
Formé à la science et à la vertu, à Césarée, alors que Basile,
par de ses dons, y faisait présager un rôle extraor-
l'éclat

dinaire, Nersès annonçait aussi lesjjlus heureuses dispositions.


Il paraissait même
également apte à se distinguer (hms les
carrières les plus opposées. De belle prestance, d'une physio-
nomie prévenante, il charmait par l'aménité de ses manières
autant qu'il en imposait par sa réserve et sa gravité. Dans ce
temps de désarroi politique et religieux, deux carrières surtout
devaient solliciter un grand cœur celle des camps ou celle de
:

l'Église. Nersès était devenu soldat; on louait déjà sa bravoure


et, ce qui est plus rare, sa conduite irréprochable. L'éclat de
sa naissance et d'une récente alliance relevaient encoi-e, aux
yeux de la multitude, ces singuliers mérites. Arrière-petit-fils
de Grégoire l'Illuminateur par son père Athanakinès, il avait
pour mère Bambischen, la fdle ou la sœur de Diran.
Son biographe ajoute qu'il épousa Santoukd, fille de Vartan
Mamigonian, et que sa femme mourut à Césarée, au bout de trois
ans, lui laissant un fils unique, Sahag (HA, 1897, p. 145;
Langlois, n. 2, p. 22). Nersès vint alors se mettre au service
du jeune roi Arsace, qui, frappé de son esprit de sagesse et
d'intégrité, le nomma presque aussitôt son chambellan et son
conseiller. Il est à présumer, qu'à ce dernier titre, Nersès ne fut
pas étranger à quelques-unes des meilleures mesures prises
par le roi bonne administration du royaume
pour restaurer la
et réorganiser l'armée. — Mais,
quand le roi eut rappelé les
quatre fils d'Ardavazt Mamigonian, réfugiés dans leurs domai-
nes au pays de Daïk, quand il eut nommé Vasag commandant
en chef de l'armée ou Nahabed, premier; chef, et placé sous ses
ordres ses trois frères, Vartan, Vahan et Vrouj avec le titre de
chiliarqueouhazarabed, alors l'assemblée générale des satrapes,
du clergé et du peuple pressa le roi de restaurer aussi le siège
patriarcal, en choisissant le titulaire dans la race de Grégoire
76 REVUE DE L'ORIENT CHRÉTIEN.

rilluminateur (1). La seulement le


foule ne connaissait pas
jeune chambellan pour l'avoir souvent admiré, dans son bril- «

lant uniforme, debout derrière le roi, dont il tenait Fépée


d'acier, dans son fourreau d'or, attaché à une ceinture ornée
de perles et de pierres précieuses ». Elle appréciait plus encore,
sans doute, d'autres qualités d'ordre supérieur. Aussi, d'une
voix unanime, le proposa-t-elle pour la charge de catholicos.
Conduit en présence du roi et au milieu de l'assemblée gé-
nérale, le Tliomas Becket de l'Arménie fit tous ses efforts,
semble-1-il, pour écarter de sa tête la dignité suprême. Au dire
de son biographe et de Faustus, il en vint jusqu'à s'accuser
publiquement de péchés et d'actes d'impiété qu'il n'avait pas
commis. A cette étrange confession d'une conscience égarée
par l'excès même de son humilité, le peuple, les satrapes et le

roi lui-même poussèrent des éclats de rire ; les troupes firent

écho à l'assemblée et, à sa suite, elles s'écrièrent : « Que tes


péchés retombent sur nous; mais, toi, reprends l'œuvre de ton
bisaïeul Grégoire ». Vainement, il se répandit en reproches
contre les soldats et essaya de les fléchir par ses objurgations;
leurs acclamations redoublèrent : « Eh bien, pécheur, criaient-
ils, nous ne voulons que toi pour notre pasteur ». — Séance
tenante, au dire de Faustus, ou, selon le biographe, devant
l'assemblée qui eut lieu le lendemain, le roi se leva irrité, ar-
racha le glaive d'acier des mains de son chambellan; il ordonna
« de le lier, couper ses cheveux bouclés, longs, épais,
de lui

magnifiques, incomparables pour leur beauté, de le dépouiller


de ses riclies vêtements, de le revêtir d'habits sacerdotaux » ;

puis il appela l'évêque Faustos, qui conféra au candidat le

(1) lan, en arménien, marque la filiation; ani, ouni marquent la possession et


terminent d'ordinaire le nom propre des nakharars, Ardzrouni, Pakradouni, etc.
— Nahabed signifie juge suprême ou chef suprême de l'armée (nah, ou nach, le
premier; bed, tête ou chef). Danouder, maître de maison, ancien de village,
seigneur (doun, maison, et der, seigneur). Asbed, chef ou commandant de cavale-
rie {Asva, en sanscrit, signifie cheval). Sbarabed ou Zoravar, chef d'armée; Se-
bouh, grand propriétaire Ischkhan, administrateur d'une partie de la contrée.
;

Les nakhararq (ceux qui marchent en avant) sont les personnages politiques les
plus importants après le roi; vassaux, gouverneurs de province, ils conduisent
leurs propres troupes à l'api^el du roi; dans les interrègnes, ils défendent les
frontières; ils ont coussin à la table royale. Ce titre, d'abord donné aux seuls
princes du sang, les rois retendirent ensuite à d'autres personnages, en raison
de leurs services.
ÉTUDK SUR LA CONVERSION DK i/AI!.M|';XIK AU CIII! ISTIAMS.MK. 77

diaconat par l'iraposition des mains. Ce que nous savons du


caractère de Nersès ne permet pas de douter qu'il ait donné le
consentement, sans lequel son ordination eût été nulle. Le bio-
graphe, lui, va plus loin il suppose qu'un
: ange aui-ail di<tc
à Nersès son adhésion (dans Lani^lois, p. 2:}; Faustus,
IV, 3).
La contrainte dont on usa à l'égard de Nersès met, une fois

de plus, en lumière le fait de la transmission du calliolicaf, de


père en fils, quia lieu, de préférence, dans la «lescendance de
saint Grégoire. C'est la principale raison qui a conduit Gelzer
à assimilera la succession du sacerdoce juif, la succession du
haut sacerdoce arménien {An fange..., 132, 136, etc.). Il faut
bien reconnaître que, dans l'Église arménienne, surtout à la
période qui nous occupe, on a souvent suivi de plus près que
dans les autres É.dises, tel ou tel usage en vigueur sous l'An-
cien Testament. A ce résultat contribuait, entre autres causes,
l'importance de l'élément juif mêlé à la population. Mais on
excède, croyons-nous, en prétendant que le sacerdoce dans
l'Église arménienne primitive se rattache uniquement, comme
chez les Juifs, au principe d'hérédité. En réalité, descendre de
Grégoire était un titre qui assurait à un candidat son élection
au catholicat, pourvu qu'il en fût digne.
Ce n'était point une condition indispensable, ou absolu-
ment suffisante. Faute d'un descendant de Grégoire, réunis-
sant les qualités requises, on choisissait le catholicos, soit dans
la famille rivale des Aghpianos, soit même parmi les prêtres
qui étaient simplement les plus dignes, comme le chorévêque
Daniel. Plus que l'origine de Nersès, plus que le désir, pourtant
réel, de voir l'héritage de Grégoire, notamment le domaine
d'Aclidichad, faire retour au patriarcat et à l'Église, l'espoir de
voir revivre l'apostolat fécond de l'Illuminateur en la personne
de Nersès détermina les meilleurs à le choisir pour catholicos.
Ce choix fut d'ailleurs confirmé par une assemblée d'évêques,
qui se réunit chez le roi; et c'est sur l'attestation des vertus qui
le recommandaient pour que Nersès fut consacré
cette charge,
évêque par l'exarque de Césarée. A ces signes, comme au carac-
tère bien chrétien du sacerdoce arménien, on constate sans peine
que les Arméniens lui attribuaient une origine non judaïque,
mais directement divine, et que la constitution de leur Église
78 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ne différait pas essentiellement des autres Églises chrétiennes,


reconnues et richement dotées par TÉtat.
Nersès, raconte son biographe, fut mené triomphalement à
Césarée sur le char royal attelé de mules blanches, ayant pour
escorte 4.000 cavaliers, à la tète desquels chevauchaient 26 na-
kharas et 28 évêques. Faustus, qui est plus ancien, permet de
réduire au delà des deux tiers ce pompeux cortège, qui reste
encore imposant. La consécration de Nersès n'eut lieu que vers
l'an 363, s'il faut ici ajouter foi à Faustus et au biographe, qui
l'un et l'autre l'attribuent à Eusèbe de Césarée. Comme dans
les cas précédents, l'archevêque ainsi que les évêques conférè-
rent l'ordination par l'imposition des mains ; on fit ensuite as-
seoir Nersès sur un siège épiscopal; on l'acclama et il célébra
ensuite la messe (Faustus, IV, 1; le Biographe, loco cit., n. 3).

Par ses sages règlements, ses institutions de bienfaisance, sa


vie sainte, apostolique, et le martyre qui en fut le couronne-
ment, Nersès est devenu l'un des hommes les plus populaires
et les plus justement vénérés de l'Arménie. Peu après son
retour de Césarée (365?), il convoqua les évêques arméniens en
synode à Achdicliad. Maintes circonstances désignaient encore
ce bourg pour être le centre de la réunion. N'était-ce pas là que

se trouvait la première église, fondée par Grégoire, et où il avait


déposé, ainsi qu'à Pakvan, la plus grande partie des chères
reliques apportées de la Cappadoce? N'était-ce pas, Achdichad,
enfin, qui, après avoir été, avec Thortan, Ani, Erez, Thil, Paka-
van, le principal centre de la résistance longue, acharnée du
paganisme, était <levenu le centre où « d'ordinaire se tenaient
les assemblées ecclésiastiques »?
Les Pères portèrent plusieurs décrets, ayant pour objet le
rétablissement de la foi et de la discipline, qui s'étaient fort
relâchées sous le règne de Diran. Ces décrets n'étaient, en
général, que la remise en vigueur des Institutions dites apos-
toliques : On interdit le mariage entre parents, jusqu'au cin-
quième degré; on défendit l'inceste et, pensons-nous, le divorce;
car ne faut-il pas étendre jusqu'à la prohibition du divorce la
recommandation faite aux époux de se garder « une fidélité
mutuelle »? et nous savons d'autre part que, sous le pontifi-

cat de Nersès, le divorce fut chose inouïe. On condamna aussi la


fornication ou, selon lacurieuse expression de Faustus, « lesrap-
ÉTUDK SUR LA ('ONVMRSION l)K l'AIIMK.MK Ai: CIIItlSTI AMS.MK. 70

ports illicites av(3C les filles d'une Iteauté remarquable ». On


réj^la jusqu'à l'usage du droit mutuel des époux, en renouve-
lant un précepte de la Loi mosaïque (Levit., vx, 2i). C'est à
la même influence qu'il faut attribuer la défense de se nourrir
du sang et de la chair dos animaux. Sans doute, quoique Faustus
ne le dise pas, la seule chair interdite ici, en temps ordinaire,
devait être celle des animaux étouffés (1).
Le synode d'Achdichad édicta d'autres proscriptions, ayant
pour objet la restauration et la construction des églises, la ré-
forme et la multiplication des cloîtres, la fondation d'établisse-
ments de bienfaisance, la suppression des abus et la n''forme du
clergé et du peuple. Le pontife, qui avait mis en avant ces pro-
jets, eut la gloire de les réaliser en grande partie. Il ne se borna

pas à restaurer les églises dévastées, à rétablir les autels ren-


versés. Il fit construire de nouvelles églises dans les villes et
les campagnes et assura l'entretien de ceux qui les desser-
vaient; il donna plus d'éclat au culte. S'il faut en croire son

biographe, il aurait fait siéger le clergé divisé en neuf classes,


derrière les 400 nakharars, dont il avait, dit le même auteur,
du roi. Mais cette dernière
réglé l'ordre de préséance à la taljle
affirmation est en désaccord avec le témoignage des anciens
historiens, qui attribuent au roi lui-même l'ordre selon lequel
devaient siéger les nakharars ayant coussin à la table du roi.
Le zèle et l'industrieuse activité de Nersès s'employaient
aussi à donner un nouvel essor à la vie religieuse. Il interdit
aux moines, ermites ou cénobites, aussi bien qu'aux évêques,
de vivre au sein de leur famille, soit dans les villes, soit dans
les campagnes. Il établit en plusieurs endroits des couvents,

y réunit les moines en communautés, les dota de villages et de


fermes. Il bâtit, dans certains bourgs etcertaines villes, des mo-
nastères pour les femmes et les fit entourer de murailles. Il

désigna d'autres monastères pour la sépulture des princes, des


chefs arméniens, et en confia la garde aux religieux. En aug-
mentant de la sorte leurs moyens de subsistance, tout en les
excitant à la perfection propre de leur état, Nersès fut cause que
lenombre des prêtres, des moines et des ermites s'accrut rapi-
dement et que les couvents prospérèrent.
(I) Faustus, IV, 4; Acl. apost., xv, "20; xxi, 25; Levit., xvii, 11, etc.; Deuter.,
XII, 16, 2o Ge7i., IX, 4.
;
SO rp:vue de l'orient chrétien

Quelques-uns de ces moines exercèrent une profonde in-


fluence. Tels furent surtout le Syrien Chaghida, Kint de Daron
et le Grec Épiphane, tous disciples du Syrien Daniel. Kint, qui
halàtait d'ordinaire vers les sources de l'Euphrate, gouvernait
un grand nombre de religieux, la plupart anachorètes. Leur
régime était austère et semblable probablement à celui qu'avait
autrefois suivi Resdagués (Agath. arabe, p. 138, fin) : ils

vivaient dans les anfractuosités de rochers, allaient nu-pieds,


n'ayant qu'un seul vêtement de peaux de chèvre ou de brebis,
ne buvant que de l'eau, ne se nourrissant que de légumes,
d'herbes et de racines (Faustus, VI, 1(3). — Chaghida, après
avoir vécu sur la montagne d'Arioudz ou du Lion, se fixa, après
la mort de Nersès, dans le canton de Gortouk; il y acquit une
grande réputation de fhàumaturge. Un jour qu'il traversait un
lleuve, il fut emporté par le courant. Son corps ne put être re-
trouvé, au grand désespoir de ses trop peu discrets admirateurs,
qui escomptaient la mort du saint homme pour s'emparer de
sa dépouille. — Épiphane séjourna quelque temps au lieu mon-
tagneux appelé Athorr Anahda, trône de Anahid, puis dans le
désert du grand Dzoph, nommé Mambré, sur la rive du Ma-
mouchegh.

F. TOURNEBIZE.
[A suivre.)
ÉTUDE SUR UNE TRADUCTION ARABE
D'UN SERMON DE SCHENOUDI

M. Amélineau a écrit quelque part (1) « Je ne crois pas qu'il :

existe dans les bibliothèques d'Europe un manuscrit arabe ayant


trait à ce célèbre moine (Schenoudi); du moins je n'en connais
pas. » Il était bon d'ajouter cette formule de restriction, car il
y
a dans une bibliothèque d'Europe que M. y^mélineau connaît
très bienune traduction en arabe d'un sermon de Schenoudi.
Le manuscrit de la Bibliothèque Nationale, fonds arabe, n° 144,
contient du f 9 au f° 20 un sermon que M. Nau avait remarqué
dans le catalogue du Baron de Slane (2), et qui jusqu'ici n'a été
signalé dans aucune étude sur Schenoudi, ni par M. Amélineau,
ni par M. Leipoldt. Voici la notice qui se trouve sous le n" 144 :

« 2'' (Fol. 9) Homélie dans laquelle le grand S. Abou Scheloudah


(»:5^k.^j|) archimandrite universel (•i-^ JWLj ^^jj^j.- ^^j^^ '^^"
vite leshommes à se repentir de leurs péchés. » Dans une note,
on relève une erreur de lecture du Baron de Slane, bien permise
à qui se contente de lire le titre, mais qu'il est facile de corri-
ger « Au lieu de ï^^-U-^jI lisez ^^y-i- jj!; il s'agit d'Abba Sche-
:

nouti le célèbre archimandrite copte. H. Z. » A la vérité, la


forme du noun est un peu insolite, mais en prolongeant la lec-
ture du ms. on ne tarde pas à trouver plusieurs exemples de
cette graphie défectueuse, et la lecture du nom propre devient
tout à fait certaine lorsqu'on a remarqué le point diacritique
supérieur qui se promène, un peu en dehors de sa place, au-
dessus du ivaio.

(1) Mémoires publiés par les luenibres de la Mission archéologv/UL' française au


Caire, t. IV, p. xlviii. — Cf. Œuvres de Schenoudi, Paris, 1907, p. xvi.
(2) Cf. Une version syriaque inédite de la Vie de Schenoudi, par F. Nau, Paris.
1900, page 30, note 5.

ORIENT CHRÉTIEN 6
82 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Voici d'ailleurs les paroles par lesquelles le scribe annonce le


sujet de sa copie : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-
et

Esprit, Dieu unique, à lui gloire à jamais. Nous commençons


avec l'aide de Dieu (qu'il soit exalté! ), et la beauté de son
secours, à copier l'homélie qu'a prononcée grand Saint Abou
le

Schenoudah, archimandrite du monde entier, pour avertir


l'homme qu'il doit se convertir et revenir de ses péchés et de sa
voie perverse, et qu'il doit suivre continuellement l'Église
sainte, catholique, apostolique, et qu'il doit implorer le pardon
de ses péchés de la bonté de Dieu dans l'Église et les prophètes
et les disciples et les martyrs et tous les ordres des anges dans
la paix du Seigneur. Amen. »

Un texte de Jérémie (1) fournit à Schenoudi son entrée en


matière : ce n'est pas à Galaad qu'il faut chercher des remèdes
contre le mal, c'est dans l'Église sanctifiée par l'Esprit-Saint
que sont maintenant tous les médecins et les remèdes, c'est
dans l'Église que se tiennent Moïse, le chef des prophètes, les
prophètes, les apôtres, les martyrs; tous les saints de l'Ancien
et du Nouveau Testament se sont réunis en elle et leur maître
à tous nous appelle « Venez, ô hommes fatigués et appesantis
:

par les fardeaux (2) ! et il dit encore : Que celui qui a soif vienne
vers moi, certes, je le désaltérerai, et celui qui croit en moi,
des fleuves d'eau vive couleront de lui (3). »
Alors, Schenoudi entre dans le vif de son sujet : « Que sont
ces fleuves qui sortiront de l'homme, sinon les paroles des pro-
phètes et des apôtres? qu'est-ce que cette eau? Leurs comman-
dements et leurs paroles que nous entendons à chaque instant
dans les églises de Dieu. » Et voici comment ces fleuves sorti-
ront de l'homme « Ceux qui parlent ayant la bouche pleine de
:

tout bien et de joie, en pourvoient les autres. » Il s'agit ici de


la joie éternelle, de la sagesse et de l'intelligence qui viennent
de Dieu. « Celui qui fera les œuvres du Seigneur vivra à

(1) Jér. (hébr. xlvi, U) grec et copte, xxvi, 11. Ou bien : Jér. viu, 22.
(2) Mat. XI, 28.

(,3) .lean, vu, o7-38.


KTuor: SUR ijnk traduction araiji;. 83

jamais », car « il est réveillé, celui qui dormait; le Christ


s'est levé d'entre les prémices de tous ceux qui doi-
morts, lui,

maient, nous ressuciterons donc de la mort du péché, afin que


nous vivions avec lui, parce qu'il nous a tous fait nous relever
aveclui, dans le baptême, de ce qui nuit, et de même que tous

meurent de la mort du premier Adam, de môme encore, ils vi-


vent avec le Christ qui est le second Adam ». Suivons les traces
des Saints.
Puis vient un long développement sur l'invitation de la Sa-
gesse contenue dans Prov. vm et xi ; écoutons la Sagesse, car
elle a dit : « Certes, j'ai crié vers vous, mais vous n'avez pas
répondu, ma main s'est tendue vers vous, mais vous ne vous
êtes pas tournés, et à cause de cela, moi, maintenant, je me
moque de votre silence. Lorsque je ferai descendre sur vous la
colère et que vous me supplierez, alors je ne répondrai pas à
vous qui m'appellerez, et vous ne me trouverez pas. »

Schenoudi rappelle ensuite les promesses que le Seigneur a


faites à ceux qui se convertissent « Tournons-nous vers le •

prophète Jérémie Revenez vers moi, ô enfants qui êtes éloi-


:

gnés de moi! et je regarderai vers vous, car je suis miséricor-


dieux; tournez-vous vers moi, car je purifierai votre souillure. »
Puis viennent des textes connus, d'Ézéchiel (1) et de David (2),
un passage attribué à Salomon, enfin des paroles d'Isaïe (3) et
de saint Paul (4).

Jésus médecin suprême a effacé nos péchés par sa mort et


le

nous a réunis au Père « Le médecin prend garde aux mala-


:

dies, tandis que Jésus-Christ a donné son corps en échange de


nos infirmités ... Le médecin regarde le malade pour son pro-
pre bénéfice, tandis que Jésus-Christ, de qui est l'esprit de vé-
rité, regarde ceux qui lui obéissent, afin de leur donner le

royaume éternel. » Il ne faut pas avoir « deux cœurs », car


Jésus a dit « .Celui qui aime un père ou une mère plus que
:

moi n'est pas digne de moi. » C'est pourquoi il faut que nous
renoncions au monde « nous n'avons pas de cité où nous de-
:

meurions », et aussi « nous sommes entrés en ce monde


:

(1) Ez. XXXIII, 11.


(2) Ps. xxxm, 12.

(3) Is. I, 16.

(4) Rom. XII, 1.


84 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

n'ayant rien, etc. (1) ». Nous retournerons à la poussière (2).

Jésus aime vous n'êtes pas comme ces petits


les petits : « Si
enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux. »
Après cette longue suite de textes assez mal enchaînés, Sche-
noudi adresse un véhément appel « Jusqu'à quand remet- :

trons-nous de jour en jour, et persisterons-nous dans notre


amour du monde? Jusqu'où accumulerons-nous péché sur
péché, et corruption sur corruption, chute sur chute, mauvais
désir sur mauvais
brigandage sur brigandage, trom-
désir,
perie sur tromperie, regard mensonger sur regard mensonger,
injustice sur injustice, rapine sur rapine, meurtre sur meur-
tre, haine sur haine, jalousie sur jalousie, médisance sur médi-

sance, mauvaise action sur mauvaise action? Combien de temps


encore ne nous tournerons-nous pas vers Dieu, et ne le cher-
cherons-nous pas, et ne reviendrons-nous pas de notre conduite
détestable et de notre voie perverse? » Une citation de Jér. ix, 1,

termine cette invitation à la pénitence et sert de transition; il

faut bien le constater, le mal existe sur toute la terre : « le chef


rapine et le juge prend un cadeau, puis se montre injuste dans
une parole funeste; le fort fait ce qu'il veut ».

Nouvelle description du bonheur de l'homme juste d'après


lePs. cxxvii, 3, dont voici le sens intime « Cela signifie ton âme :

dans la Jérusalem céleste (ioU*J! ^jjijt o^^), étant donné que


toutes tes bonnes œuvres t'entoureront dans le royaume du
ciel, tu t'en réjouiras, et tu t'entretiendras dans la joie des
anges. »

Mais, malheur à ceux qui ne craignent pas Dieu; « malheur,


malheur à cette maison qui est celle des pécheurs! il aurait
mieux valu pour eux n'être pas nés en ce monde », car personne
ne peut les sauver, aucun homme ne peut porter secours à ce-
lui qui est damné, « parce que chacun est occupé pour lui-

même », l'àme meurt dans le péché qu'elle a commis « Ce ne :

sont pas les enfants de celui qui a mangé des raisins verts qui
ont les dents agacées, ... la faute du père ne pèsera pas sur le
fils, ni celle du fils sur le père, mais il est écrit que l'homme
ne délivrera pas l'homme et que le. frère (ne sauvera pas) son

(1) I Tim. VI, 7.

(>) Geii. III, li>.


KTUI>E SUH IINR TRADUCTION AHAIii;. 85

frère, et que Ton ne se rachètera pas l'un l'autre, il n'y a pas


âme pour âme. »

Jésus lui-même (sans être nommé) entre en scène et reproche


aux hommes les divers épisodes de sa passion, comme ils ont
crié « Crucifiez-le » (1), le Seigneur leur refusera la paix et leur
:

rendra le mal, etc. « Comme vous m'avez frappé, je vous frap-


perai dans la géhenne, et comme vous avez divisé mes vête-
ments entre vous (2), moi, je vous diviserai et vous disperserai
sur toute la terre, et ^•ous deviendrez un objet de risée pour les
rois de la terre, ... et comme vous avez scellé mon tombeau,
je mettrai un sceau sur vous dans la géhenne, ... et de même
que vous avez dit Nous n'avons pas d'autre roi que César (3),
:

moi aussi je dis J'établirai sur ceux qui n'ont pas voulu de
:

moi des rois qui marcheront à leur tête et les exposeront à la


mort. » Les hommes n'ont pas écouté les paroles <lu Seigneur»
il n'écoutera pas leurs cris lorsqu'ils appelleront au secours :

« De même que vous avez dit Cet : homme n'est pas instruit,
d'où est-il? moi je vous dirai aussi : Certes je ne vous connais
pas, d'où êtes-vous? Écartez-vous de moi, maudits! au feu éter-
nel qui est le châtiment de Satan et de ses anges (li; et vous re-
garderez votre père Abraham et Isaac, ... dans le royaume du
ciel, tandis que vous serez éloignés et que vous serez rejetés
avec le diable (5). »

Long développement sur les pécheurs, leurs différentes sor-


tes de corruption, leur fdiation diabolique, les menaces qui
leur sont faites. Mais comment se fait-il que nous, chrétiens
qui avons la vie, nous mourons? Pourquoi sommes-nous cor-
(.<

rompus, alors que nous avons celui qui ne se corrompt pas? ...
Pourquoi marchons-nous dans les ténèbres, tandis que nous
avons la lumière de justice, le Christ? Pourquoi choisissons-
nous la géhenne, alors qu'un lieu de repos nous a été laissé en
héritage dans le royaume du ciel? » Il faut que nous nous re-
pentions et que nous nous convertissions sans tarder. Que per-
sonne ne nous retarde, ni frère, ni père, ni fille « Ne te place :

(1) Marc, XV, 12, 13.

(2) Mat. XXVII, 35.


(3) Jean, xix, 13.

(4) Mat. XXV, 41.


(5) Cf. Luc, XVI, -23.
(S6 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

pas loin de la vie du Christ Dieu, ne ne souille pas ton corps et


le corromps pas par la luxure de peur que le châtiment vienne

sur toi ... ton corps sera corrompu dans le tombeau, ne cor-
!

romps pas celle qui dure à jamais (l'âme). » A la question de


Mat. XVI, 25, Schenoudi répond : « Je dis que l'homme ne don-
nera en échange de son âme ni or, ni argent, ni quelque ri-

chesse que ce soit. »

Sans aucune transition, on en vient au sort que le corps doit


partager avec l'âme : « Tu as commis l'impureté avec ton corps,
tu brûleras dans le feu avec ton corps. Toi, tu as été vierge avec
ton corps, tu seras couronné avec ton corps. » Mais avant d'être
couronné faut combattre.
il « Notre Seigneur et Dieu Jésus-
Christ ne nous a-t-il pas enseigné à combattre Satan et ses ar-
mées, en disant que ce genre ne sort que par le jeûne et la
prière (!).••? Souviens-toi, ô homme, de ta fin dernière, et de ta
sortie vers Dieu, récompensera de ce que tu auras fait,
il te

bien ou mal. Dégage-toi des œuvres de ce monde, et fais ce


dont Dieu est satisfait sur la terre, avant que ta vie soit finie
et que tes jours disparaissent. Ne remets pas de jour en jour,
de mois en mois, d'année en année, parce qu'aucun jour ne
sera accordé à tes yeux. » L'incertitude du moment de la mort
est un motif de conversion immédiate, la mort vient vite :

« Les enfants seront pris promptement, et les parents n'en au-

ront pas joui, et des frères se quitteront sans avoir joui les uns
des autres, le jeune homme sera pris sans avoir joui de sa fian-
cée et la fiancée sera enlevée avant que son fiancé ait joui
d'elle, et après cela nous serons tous séparés les uns des au-

tres. ... Où sont les frères qui étaient avant nous, où sont ceux
qui se sont rendus célèbres par leurs épées, où sont ceux qui
ont illustré leur nom, où sont ceux qui étaient attachés aux
honneurs du monde? ... Ils sont tous dans les tombeaux, et
leur nom et leur souvenir sont disparus. homme, hâte-toi de
te convertir avant que les jours de tes maux soient partis et
que le regret t'ait enveloppé, et avant quQ tu dises Je n'ai :

plus la faculté d'agir. homme, convertis-toi avant que le so-


leil disparaisse, et avant que la lumière de la lune et des étoiles

soit obscurcie. ... Convertis-toi, ô homme, avant que l'argent soit


transformé et que l'or soit corrompu. »
[l) Mat. xvii, 21.
ÉTUDE SUR UNE TriADUCTION AHAliK. 87

Aux promesses do Dieu correspondent des menaces : « Celui


qui travaille sa terre est rassasié de pain, et celui qui a suivi la
paresse est rassasié par la faim; celui qui craint Dieu est rassa-
sié du pain de vie, Jésus-Christ a dit Je suis le pain de vie :

descendu du ciel (1); celui qui garde la loi fait de son âme une
forteresse solide, quant à celui qui bouche son oreille et n'écoute
pas la loi, sa prière est vaine. ... Dieu est proche de ceux qui
le craignent et ceux qui ont souci de lui posséderont la terre,

mais ceux qui ne le craignent pas seront rejetés de la terre.


Lorsque meurt l'homme vertueux, on le regrette, tandis que
le pécheur, lorsqu'il meurt, on en écarte la main et on se ré-

jouit de sa mort. »

Pour convaincre davantage ses auditeurs, après avoir rappelé


les encouragements de la Bible, Schenoudi ajoute « Moi, j'ai :

été un jeune garçon, et je suis devenu vieux, et je n'ai pas vu


que Dieu ait jamais abandonné le juste, et je n'ai pas appris
que le pain lui ait manqué (?). Le souvenir du juste est éternel,
il s'étend comme le palmier, etc. » (Ps. xci, 13). Les cris des
justes les sauvent, ceux des pécheurs les font périr ; car Dieu
est bon, il aime les bons, il est miséricordieux, il aime ceux qui
font miséricorde, l'amour remet la multitude des péchés; c'est
par un panégyrique de l'amour, envisagé surtout dans l'au-
mône, que se termine ce sermon sur la conversion.

Il reste à discuter la question d'authenticité : est-ce bien le


grand moine d'Athribis qui a prononcé le discours dont l'ana-
lyse précède? Ceux qui connaissent Schenoudi répondront à la
question ;
qu'il soit permis cependant de faire ici quelques re-
marques.
Tout d'abord, le texte arabe est une traduction, la langue en
est défectueuse, la construction des phrases est souvent étran-
gère à la stylistique arabe. Le mot mimar {y^' ^ipop^o) employé
par le copiste dans le titre qui a été signalé en tête de cet article
indique comme pour le panégyrique de Visa (2) que le traduc-

(1) .Jean, vi, 35; 58.


(2) Mémoires..., t. IV, p. 289.
88 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

leur était peut-être « un moine originaire de Syrie, et par con-


séquent ayant longtemps habité Nitrie (1). » Les confusions de h

et >, de ô,. et vo- et l'écriture de i au lieu de j qui se trouvent


fréquemment dans les manuscrits d'origine syrienne appuie-
raient cette hypothèse.
L'époque de la traduction n'est pas évidente, le manuscrit
paraît êtredu quatorzième siècle, car son écriture se rapproche
des fac-similés donnés par Miss Lewis sous les numéros 27 et
30 qui sont respectivement de 1333 et 1386 (2). L'écriture est
d'ailleurs tracée d'une main rapide et ferme, habituellement
lisible, un peu trop avare de points diacritiques; Valif n'est lié
qu'une fois au lam qui le suit.

Il y aurait à comparer le texte du ms. arabe 144 avec la tra-


duction, également arabe, qui dans
ms. copte 68 accom-
le

pagne un autre texte de Schenoudi, une comparaison avec le


pagyrique de Visa publié par M, Amélineau serait aussi très
intéressante; plusieurs des spécialités graphiques du ms. arabe
144 lui sont communes avec le ms. 72 du même fonds qui con-
tient une traduction du copte (3j.
Les citations bibliques, traitées d'ailleurs dune manière très
large, prouvent que l'arabe n'est pas un texte original, même
les passages qui sont cités le plus littéralement divergent, quant
aux mots, du texte établi par Walton. Pourrait-on établir par
une comparaison avec la Bible copte que la traduction a été
faite de cette langue? Deux ou trois passages dont les leçons

curieuses avaient éveillé l'attention ont provoqué un examen


qui est resté sans résultat. Ainsi Prov. ix, 1 sous la forme :

« la Sagesse s'est bâti une maison sur sept colonnes d'or »

n'appartient pas au texte copte tel qu'il se trouve dans Ciasca.


Le passage de Jér. qui sert d'exorde au sermon a échappé lui
aussi à l'investigation. Au lieu du texte connu « Monte à :

Galaad », le manuscrit porte ^^^ bj^'-^'» «


^
descendez de
Galaad », puis un peu plus loin >>l*^ ^! ^îj,;^^"^! qu'il faut
traduire « la descente vers Galaad ». A quel texte se rap-
:

porte cette leçon? Dans l'édition de Tattam, Jér. xxvi, 11, le

(1) Ibid, p. Li, Amélineau à propos du panégyrique de Visa.

(2) Forty one facsimiles ofdated Christian arabie manuscripts, Sludia Sinaitica,
t. XII.
(3) Cf. Proceedings of the Society of Biblical Archaeology, 1907, p. 137.
ÉTUDE SUR UNE TRADUCTION ARABE. Sî)

texte est comme dans les autres versions « monte à Galaad ».


:

Le texte lui-même n'a révélé en ce premier examen aucune


donnée historique suffisant à dirimer l;i question, et le nom
de Schenoudi ne se trouve pas ailleurs que dans la notice du
copiste. Le titre donné aux auditeurs pourrait paraître un
ethnique, car on lit au f" 9, recto, 1. 11 ^^^~-«AJy,"^' ^^% -..:

,^«jliJ! U^"^!; le troisième mot ne portant que les points dia-


critiques marqués, il est difficile de se prononcer en faveur de
quelque lecture; on songerait peut-être à lire j^^^---jy^^! « ha-
bitants d'Athribis «, mais
y a un r de trop et la forme arabe
il

du nom d'Athribis est w-i'j-^î- D'ailleurs il ne faut pas lire un


»^, les dimensions de cette lettre sont telles que ce doit être
J ou v^r; il faut donc rétablir un terme cher aux prédicateurs
syriens : « mes enfants, les orthodoxes! » c'est-à-dire

Il serait téméraire d'insister sur le style pour en faire un

argument véhéments conviennent à


d'authenticité, les appels
Schenoudi, les énumérations abondent ici comme dans les
textes publiés ailleurs. Enfin un texte du sermon sur la mort
conservé dans le panégyrique de Visa est parallèle à un passage
cité plus haut (cf. Mémoires, p. 349) « Ton fils te sera enlevé
:

pendant qu'il est dans tes bras, avant que tu n'aies pu te réjouir
avec lui ; la fiancée sera enlevée des bras de son fiancé avant
qu'elle n'ait joui avec lui, le frère (des bras) de son frère avant
qu'il n'ait rassasié sesyeux de sa vue; et dans tous les cas, il
faut que quelqu'un se sépare chaque jour. »
La question d'authenticité reste donc ouverte, ne l'est-elle —
pas pour tout ce qui est attribué à Schenoudi? il suffit que ce —
sermon soit signalé; on ne pourra l'omettre sans discussion
lorsqu'on voudra faire une étude d'ensemble sur le célèbre
moine égyptien (2).
Paris, le 23 jamiei' 1908.

Eug. TiSSERANT.

(1) Cf. Guérin,Sermons inédits de Senoutù Rev. Eg., 1903, pp. 30 et 32 du


tirage à part et Mémoires, loc. cit., p. 130.
:

(2) L'évèché clialdéen de Diarbekir possède aussi une homélie carcliouni « de


Abou Schenouda sur la pcnitcnce » qui a chance d'être identique à la nôtre.
{'t. /ouriial asiati(^ue, noy.-ûéc. 1907, p. 121.
MÉLANGES

TRADUCTION

DE LA CHRONIQUE SYRIAQUE ANONYME, éditée pah

Sa Béatitude M^"" RAHMANI


patriarclie tics Sj'riens catholiques.

{Suite) (1)

Des guerres contre la ville d'Ilion et de sa destruction.

Au temps où les juges gouvernaient les fils d'Israël, quelque temps après
Josué Bar-Noun, dans les jours du juge Hésebôn (2), lorsque les Grecs
avaient plein pouvoir sur les îles de la mer, un homme nommé
Alexandre
Paris, de Priam, roi à'Ilion, partit avec une armée navale, navigua
fils

jusqu'aux îles de Rhode et de (Irète. Il ravit Hélène, [p. 28] femme du roi
Mènrlas, et la conduisit à Ilion, grande ville sur la mer d'Asie. C'était une
ville belle et superbe, entourée de solides murailles et elle était célèbre
par toute nous a paru bon de faire mémoire ici de sa grande
la terre. Il

destruction, comme
nous l'avons trouvée dans la chronique d'Aôrnôrôs qui
commence son histoire dans le chapitre quarante-troisième (et continue)
jusqu'au chapitre cinquante et unième. Il décrit donc son histoire dans
huit chapitres (3).

(1) Voy. 1907, p. 429.


(2) 11 est haut que ce juge (non mentionné dans la Bible) aurait gou-
dit plus
verné après la mort de Samson, durant sept ans.
(3) Litt. " discours ». Il ne
: peut s'agir ici de Vlliade; cependant le nom de
l'auteur est presque identique à Homère. Il est probable que l'auteur utilise les
chapitres 43 à 51 d'une certaine chronique et qu'il remplace ici le nom de l'au-
teur de la chronique par le nom d'Homère. Ce nom pouvait se trouver en tête de
ces huit chapitres et notre auteur ne le connaissait sans doute pas par ailleurs.
MÉLANGES. 91

Il y eut un roi grec (1), nommé Thésée, qui eut une lille nommée Nounâ
(Léda). maria à un roi grec, car elle était très
Il la belle. Elle eut deux
filles : l'une —
que son père nomma Clytemnesire — fut mariée à un roi

grec nommé Agamemnon; l'autre fille reçut le nom à.' Hélène, c'est à cause
d'elle que toute la Grèce fut bouleversée et qn'Ilion, la grande ville, fut

détruite. Cotte jeune fille était plus belle qu'aucune autre. Lorsque sa re-
nommée se répandit en Grèce, beaucoup vinrent trouver son père et la
demandèrent en mariage pour leurs fils. Le père répondit « Queferai-je :

maintenant? Je ne puis cependant la donner qu'à l'un de vous! » Ils ré-


pondirent « C'est bien vrai, tu ne peux la donner qu'à un ». Il leur ré-
:

pondit « Que ferons-nous et à qui d'entre vous la donnerai-je? Voilà que


:

vous êtes tous prêts à combattre pour elle! » Enfin ils résolurent de dire
à son père de la donner à qui il voudrait, et ils s'engagèrent, par pactes
etserments, à ne pas se quereller par la suite quiconque userait de ruse :

ou de violence et chercherait à l'enlever au roi aurait tous les autres pour


ennemis et ils en tireraient vengeance.
Lorsqu'ils eurent fait au père de la jeune fille des serments redoutables,
selon la coutume de leur religion, il maria la jeune fille à Ménélas, frère
d'Agamemnon, époux de son autre fille, afin qu'elle ne demeurât pas loin
de sa sœur Clytemnestre. Après cela les princes assemblés se dispersèrent
et chacun retourna chez soi.
Priam, roi à^Ilion, avait des fils distingués, robustes et beaux; l'un d'eux
se nommait Alexandre Paris. Lorsque la renommée d'Hélène parvint en
son pays, Alexandre fut enflammé de passion il prépara de nombreux ;

navires avec des hommes bien armés et bien équipés et des provisions, puis
il prit la mer et arriva à Bhode, île de Ménèlas l'époux de la belle Hélène,
comme s'il voulait le saluer et voir sa femme, ou présenter ses hommages
et offrir une dot à la nouvelle et illustre épouse et au fils du roi en même
temps. Il laissa les navires et les hommes armés à un endroit caché de la
mer et arriva à l'île avec quelques hommes. Lorsque Ménèlas l'apprit, il

vint au-devant de lui avec allégresse, il le reçut avec honneur et le fit

entrer (chez lui) avec grande joie.


Hélène était alors assise dans une chambre en haut, elle regardait
[p. 29] par la fenêtre pour voir le fils du roi qui venait la saluer. Quand
elle vit Alexandre elle fut aussitôt enflammée d'amour pour lui, car il était
très beau et d'abord agréable. Lorsqu'il fut entré dans le palais royal, tandis
qu'ils se réjouissaient et se complaisaient avec l'hôte nouveau et illustre
qui était venu chez eux, la reine Hélène se prépara aussi, selon la coutume

(1) Ce récit ne se trouve sous cette forme dans aucun autre chroniqueur grec,

nous a affirmé M. Serruys, professeur à l'école des Hautes Études. Nous en tra-
duisons donc une partie comme contribiUion à l'étude du cycle troyen dans l'O-
rient médiéval. Michel le Syrien ne renferme pas de passage parallèle. Cf. Cons-
tantin Manassé (xii» siècle), Migno, P. G., t. CXXVII, col. 261-275. Les vers de
Constantin ont été mis en prose dans le ms. grec de Paris 1110 A, fol. 49''-53-\ —
Cédrénus place aussi la prise de Troie après Samson, Migne, P. G., t. CXXI,
col. 181, mais ne la raconte que plus loin, col. 249-265,
92 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

des Grecs, à aller voirle fils de roi qui était venu chez eux. Une place
d'honneur préparée et on la para de beaux habits et de la pourpre
lui fut
royale elle se prépara et s'habilla avec grande pompe et alla s'asseoir pour
;

le repas avec son mari et ses familiers en face d'Alexandre Paris et de ses

fidèles.
Lorsqu'ils se virent, ils furent encore davantage épris, et brûlèrent
d'amour l'un pour l'autre ; tandis que les autres mangeaient, buvaient et
se réjouissaient, leurs regards étaient croisés et correspondaient ;
par signes
ils s'entendirent tous deux.
Un jour ou deux après l'arrivée (de Paris), vint de la mer unc'nouvelle
terrifiante : une bande de voleurs y circulait, elle pillait, dépouillait ou ra-
vageait les îles qui appartenaient à Ménélas. A cette nouvelle, celui-ci
partit prnmptement, il monta sur de rapides navires de combat avec toutes
ses troupes et ils partirent pour atteindre les voleurs,
reprendre leur
butin et protéger le pays. Il commanda à ses serviteurs de servir son hôte
avec honneur jusqu'à ce qu'il revînt de poursuivre les voleurs, et lorsqu'il
partit, ce fourbe (Paris) ne pensa pas que tout cela était disposé pour la
perte de sa maison.
Dès que (Ménélas) se fut éloigné de la ville, la jeune reine Hélène, durant
la nuit,, se rencontra avec Paris en un endroit; ils tinrent conseil entre
eux et se firent un serment source de ruines et cause de guerres. Une
autre nuit, elle se leva, elle prit ses serviteurs et ses servantes, ses bijoux,
ses beaux liabits et tout ce qui lui appartenait. Ils mirent tout cela .sur des
mulets et quittèrent le palais royal. Ils descendirent sur le rivage, les au-
tres navires qui étaient cachés en mer vinrent près d'eux et ils ravirent
l'épouse avec toute sa suite. montèrent sur les navires et prirent vite la
Ils

mer, ils passèrent de là dans une autre mer et, au bout de peu de jours,
ils arrivèrent dans lewr pays. Des messagers coururent annoncer à Priant

et à ses fils l'arrivée di Alexandre Paris eï de l'épouse Hélène qui l'accom-


pagnait. Ils allèrent au-devant à la distance d'un jour de marche avec

grande allégresse; toute la ville d'Hion se mit en fête en l'honneur du roi


et de l'illustre épouse qu'il amenait dont le nom était célèbre par toute la
terre. On lui fit des festins, des cérémonies nuptiales et des fêtes dont le
bruit retentit par toute la terre. Ainsi s'accomplit ce mariage illégal, source
de calamités.
Alexandre avait une jeune sœur vierge nommée Mamistrà (Cassandre?),
qui prophétisait constamment. Tandis que tous étaient dans la joie, l'allé-
gresse et le bonheur, elle pleurait et criait Malheur à la ville d'Ilion et
:

au royaume de Priam, [p. 30] car leur perdition viendra de cette réjouis-
sance funeste sa maison .sera déracinée, son souvenir sera détruit, son
;

enceinte sera ravagée.


Ménélas, revenu de la poursuite des voleurs, trouva sa maison pillée
et son épouse enlevée, aussi la stupeur le saisit, puis il cria et rugit
comme un lion et sa voix arriva à toute la Grèce, et le père (d'Hélène) et
Agamemnon, mari de sœur Clytemnestre, l'entendirent. (Ces) rois se réu-
sa
nirent et grincèrent des dents à cause du grand affront qui leur était fait.
Ils furent saisis de colère et firent connaître à tous les rois et à tous les
MIïLANaES. 93

princes de Grèce lagrand(î arrogance d'Alexandre, ainsi que l'op-


tout(^ la

probre et la le puissant royaume des Grecs riches


honte qu'il avait j(;tcs sur
et orgueilleux. (Ils leur demandèrent), d'après leurs promesses et leurs
serments au temps du mariage (d'Hélène), de se réunir pour combattre et
pour tirer vengeance de la maison de Priam, roi d'IHon. A ces nouvelles,
les rois des Grecs furent remplis de colère et rugirent comme des lions;

tous les rois se réunirent et se préparèrent ainsi que les hommes illustres,
belliqueux et valeureux. Ils assemblèrent un peuple innombrable avec
beaucoup de navires, de chars, d'armes, d'attirail guerrier, de lances, de
machines de guerre (1), de munitions et de paille. Ils envoyèrent dire à
tous les pays d'alentour de se préparer à leur fournir de partout les vivres
et le nécessaire.Lorsque tout fut prêt selon leurs désirs, ils s'engagèrent
et promirent, sous de redoutables serments, de ne pas revenir, de ne pas
se diviser entre eux, de ne pas cesser une guerre sans merci et de tirer
vengeance de celui qui avait méprisé leur pouvoir. Ils se donnèrent pour
chef à eux tous Agamemnon, frère de Ménélas époux d'Hélène, parce que
c'étaitun homme sage et robuste. Lorsque tous les rois se mirent en route,
que toutes leurs troupes montèrent sur les navires, que l'on étendit les
voiles des navires et qu'on se mit en route, la terre fut étonnée aussi bien
que les mers, et toute la création fut dans la stupeur au sujet de leurs
luttes pour une femme, des déplacements d'armée, des bouleversements
des royaumes et des combats (qu'allaient livrer) 250000 hommes assem-
blés.
Quand arrivèrent à une ile où il y avait un grand arbre et près de lui
ils

l'oratoired'un temple des dieux païens, ils y prièrent et demandèrent un


présage de ce qui arriverait. Comme ils allumaient du feu en cet endroit,
selon le rit de leurs prières et de leurs encensements, un grand serpent
coup de dessous le foyer du feu, il rampa et monta à l'arbre
sortit tout à
au haut duquel il y avait un nid avec neuf petits oiseaux. Le serpent,
lorsqu'il les atteignit, les mangea tous l'un après l'autre et, à la fin, il

mangea aussi leur mère. Lorsque tout cela se fut déroulé sous les yeux
des rois puissants, ils firent venir les devins quiétaient du nombre de
leurs prophètes et leur demandèrent de leur donner des présages. Ceux-ci
leur répondirent : [p. 31] De même que vous avez vu de vos yeux ce qui
vient de se passer, vous combattrez contre durant neuf ans,
la ville d'Ilion

puis à la fin de la dixième mains et vous la pren-


elle sera livrée entre vos
drez. Lorsque les rois entejidirent cette longue durée, ils en furent fâchés,
mais parce que la ville devait à la fin tomber entre leurs mains et aussi à
(•ause des serments redoutables et de l'alliance qui les liait, il ne leur était
pas possible d'éviter le combat. Lorsque les barques et les navires arrivè-
rent près de la terre, ils parurent aussitôt devant Ilion, ville de Priam.
Le cœur des habitants de la ville fut rempli d'effroi et ils furent saisis
d'une grande crainte, mais ils n'avaient pas d'espoir de salut si ce n'est en
résistant virilement et en combattant avec courage. Ils s'étaient bien pré-

(1) Litt. : « des mulots de bois


94 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

parés et avaient fait dire de tous côtés à leurs voisins et à leurs amis de
venir à leur secours.
Les rois grecs quittèrent leurs navires et campèrent contre la ville du

côté de la plaine. De montagnes empêchaient d'établir un


l'autre côté, les
camp il n'était pas possible d'y camper ni même de chercher à entrer
:

dans la ville du côté des montagnes. Ils se mirent à combattre sur terre et
sur mer. Les uns étaient chargés de combattre chaque jour, les autres de
diriger les machines de guerre contre les murs, les autres de construire
des retranchements ou de creuser des fossés, chacun dans son rôle. On en
chargea d'autres de surveiller la mer; d'autres, avec de nombreuses trou-
pes, furent envoyés par tout pays pour ravager, piller, massacrer, jusqu'en
Galalie, en Bithynie et en Cilicie. Ils se livrèrent ainsi à des luttes surhu-
maines, vainqueurs et vaincus sans fin. Le roi Achille, fils de Pelée,
homme étonnant et valeureux au delà de toute expression, se distingua
surtout parmi eux.
De nombreux rois vinrent au secours d'Ilion ainsi que la reine célèbre
des Amazones (1) avec des femmes, ses soldats, accoutumées à combattre
courageusement. Cette reine était belle, redoutable, guerrière et très coura-
geuse; c'est avec orgueil et confiance qu'elle mena ses troupes contre celles
des Grecs pour les attaquer. Quand elle fut venue au secours de ceux d'I-
lion, elle battit une grande partie des troupes grecques et leur tua beau-
coup de monde. Lorsque le courageux Achille la rencontra, qu'elle le vit
et le reconnut, elle osa (2j marcher contre lui et elle lui cria « Com- :

ment, ô fils de Péléc, tes forces ont-elles diminué? » et elle lui lança un
javelot qui traversa les trois couches de son armure, la cuirasse et le bau-
drier dont il était revêtu, mais ne le blessa en rien. 11 se préparait habile-
ment et attendait comme si la reine l'effrayait et lui en imposait ; ensuite
il bondit sur elle avec la lame longue et solide qu'il portait et la frappa à
l'extrémité de l'armure qui la couvrait, il la perça de son glaive sous
l'épigastre et aussitôt elle tomba et mourut; ses troupes furent défaites et
livrées au meurtre et au pillage et il y eut grande angoisse pour les fils

(ïliion.
[P. 32] Plus idird A mâmnou7i (Memnon), grand roi des Couschiles, vint au
secours de la ville et la plus grande partie de ses troupes était formée de
noirs du midi, c'est-à-dire de nègres. Ce roi Amâmnonn (Memnon) combat-
tit vaillamment, il lutta seul avec Achille, homme redoutable, et leur
combat dura depuis le matin jusqu'à la neuvième heure. C'était un éton-
nant spectacle, aussi les troupes et tous les guerriers regardaient ce ter-
rible tournoi, enfin le roi des Couschiles faiblit et fut vaincu par Achille.
11 fut tué et il mourut et une grande frayeur tomba sur ses troupes : un
bon nombre fut tué et le reste s'enfuit.
Plus tard Achille fut frappé, à l'artère du talon, d'un trait aigu lancé de
la ville par Alexandre Paris; il mourut aussitôt et il y eut grande douleur
chez les Grecs. Il y avait encore chez les Grecs Denûôqlititos (Philoctète?),

(1) Penthésilée.
(2) Litt. : « elle rugit et elle osa ».
MÉI>ANGES. 95

homme célèbre et renommé. Il lança avec force un trait redoutable qui


frappa Alexandre Paris à et aussitôt il tomba et mourut. Dans
l'œil droit,

cette guerre terrible périrent encore Hector le valeureux, frère d'Alexan-


dre, et ses deux jeunes frères. A la mort ô.Wlexandre Paris, il y eut riva-
lité, au sujet d'Hélène, entre ses deux frères qui restaient. Le père (Priam)

la donna pour femme au plus âgé, mais l'autre, irrité, passa chez les
Grecs, qui le reçurent avec joie, et il leur indiquait les points faibles de la
ville (1). Il leur fit connaître qu'ils ne pourraient pas s'emparer de la ville
aussi longtemps que la statue d'AUiéné y resterait. Ils s'ingénièrent donc
à envoyer deux hommes robustes et fertiles en ruses qui entreraient pour
voler la statue d'Athénè. Ces hommes partirent en secret, et volèrent la
statue et descendirent de sa base et la portèrent au camp.
ils la

C'est ainsi que neuf années passèrent et que l'on arriva à la dixième.
(Les Grecs) s'ennuyèrent de la longueur de la lutte beaucoup d'entre eux ;

se blâmaient de s'être engagés, pour une femme, dans cette lutte où ils
faisaient tant de pertes et où tant de héros avaient été tués dans des com-
bats incessants alors ils imaginèrent un moyen étonnant qui mit fin à
;

la lutte. Ils se mirent à faire une grande figure de bois qui ressemble-
rait à un cheval et au moyen de laquelle ils pourraient prendre la ville.
Les habiles menuisiers se mirent au travail ainsi que les hommes ex-
perts dans la fabrication des ouvrages, ils réunirent une grande quantité
de bois de tout genre, joignirent des poutres, et façonnèrent un cheval très
grand, qui dépassait la hauteur du mur de la ville ils le sculptèrent avec
;

grand art et l'ornèrent de dessins et de peintures de diverses couleurs, de


sorte qu'on ne voyait aucun vide entre une poutre et la voisine, [p. 33]
Ils firent à cet animal, c'est-à-dire au cheval, une tète qui était très élevée
puisque lui-même l'était déjà beaucoup; ils lui donnèrent de larges flancs
pour qu'un grand nombre (d'hommes) put y entrer et s'y cacher d'au- ;

tres se tenaient dans la tête et entendaient ce qui se disait au dehors. Ils


lui firent de grands yeux et y mirent des verres pour que ceux du dedans

pussent voir ce qui se passait et que ceux du dehors ne vissent rien. Ils
lui firent des narines larges et profondes et une bouche afin que leur ha-
leine sortît par ces ouvertures et que l'air leur arrivât sans qu'ils eussent
à souffrir. C'est ainsi qu'ils fabriquèrent cet animal et ils lui écrivirent
sur le flanc, sur de l'or pur, en belles lettres, ce qui suit :

Ce cheval est le présent acceptable qui est offert au temple grand et in-
violable de la déesse Alhénê qui esta Uion, parce que les Grecs ont pris son
image vénérable et l'ont irritée contre eux. Que ce présent apaise son
courroux et qu'elle leur pardonne le sacrilège qu'ils ont osé commettre.
Quand le travail fut achevé, des hommes courageux s'armèrent de lan-
ces et de boucliers et entrèrent dans le cheval. Ils fermèrent l'entrée du de-
dans et on ne la voyait pas du dehors. Cette même nuit, tous les camps des
Grecs furent levés, ils quittèrent la plaine, mirent le feu aux maisons et
aux tentes du camp, montèrent sur leurs navires et s'éloignèrent un peu
jusqu'à un endroit protégé d'où ils n'étaient pas vus de la ville. Ils convin-

(1) Le syriaque porte on plus litt. : « et il leur ouvrit de inauvaises portes ».


96 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

rent avec ceux qui étaient dans le cheval^, qu'au moment où ce serait
l'occasion et où la ruse aurait son effets ils leur fissent un signal de feu
qui put être vu des navires pour qu'ils vinssent les aider. Ils prirent aussi
l'un d'entre eux, lui meurtrirent le corps, le dépouillèrent de ses vêtements;
lui lièrent les mains et les pieds, lui rasèrent les cheveux et la barbe ;
il

semblait avoir reçu de nombreux coups ; ils le jetèrent en cet état dans
un endroit du camp et lui apprirent ce qu'il devrait répondre aux fils

<i'Ilion lorsqu'ils l'interrogeraient sur les troupes des Grecs et leur départ
et sur ce cheval.
Au matin, lorsque les Troyens virent que les Grecs étaient partis, que
le feu brûlait les maisons du camp et que les navires avaient déjà dis-
paru et voguaient sur mer, ils grandement, se réunirent et
se réjouirent
quittèrent la ville pour piller et enlever tout ce qui restait, avant que le
feu ne le détruisit. Lorsqu'ils virent ce grand animal qui ressemblait à
un cheval, ils l'entourèrent et le regardèrent avec étonnement. Quelques-
uns d'entre eux trouvèrent aussi celui qui était enchaîné, meurtri et gisant,
et ils l'amenèrent (près du cheval), et lui demandèrent quel était ce pro-
dige et cet événement imprévu pourquoi les Grecs étaient-ils partis, pour
:

quelle cause avait-on construit ce grand animal semblable à un cheval,


enfin pourquoi lui-même était-il ainsi blessé, meurtri, et avait-il les pieds
et les mains liés? Il leur fit le récit trompeur qui lui avait été enseigné et
impo.sé auparavant par ses compagnons: [p. 34] « De mauvaises nouvelles
leur sont arrivées subitement des iles et ils sont partis aussitôt pour rentrer
chacun dans son pays; ils ont fait ce grand cheval comme un présent pour
le grand temple d'Atliénê, à cause de sa statue qu'ils ont enlevée à votre

ville, car depuis que cette statue est dans leur camp, un grand courroux

(divin) les poursuit; ils lui ont donné cette taille et ce poids pour que
vous ne puissiez pas l'enlever tel qu'il est, mais que vous deviez le dé-
pecer ou lui briser quelque membre et causer ainsi quelque dommage à
l'offrande CCAlhénê qui s'irritera contre vous et perdra votre ville. Pour
moi, comme je les blâmais et leur disais Quelle utilité tirons-nous de:

ces guerres contre Ilion poursuivies pendant dix ans, où nous nous affai-
blissons? nous perdons nos armées et nos pays sont sans défense; nous
subissons des pertes grandes et nombreuses. Nous sommes la risée et le
spectacle des nations pour avoir mis en mouvement pour une femme (tous)
les rois du pays des Grecs, nous sommes devenus un objet de fables et de
récits. Au point où nous en sommes, après avoir dévasté une grande partie
des terres des fils d'IIion, et en avoir massacré des milliers et des myria-
des, pendant qu'ils nous rendaient la pareille, il ne nous convient pas de
partir en laissant ce sujet de discorde entre nous et eux, entre nos enfants
et les leurs et s'il y a eu entre eux et nous beaucoup de dévastations et
;

de meurtres, du moins faisons la paix avec eux et rendons-leur ce qui est


encore en vie parmi les captifs et le butin avec le reste des dépouilles que
nousavons. Ne mettons pas le feu au camp, afin que ce que nous laisserons
console un peu ces captifs indigents, fils d'IIion. Comme je leur disais cela et
choses semblables, ce fou de Ménélas me condamna à être frappé de nom-
breux coups; ils me lièrent les pieds et les mains ©t me jetèrent comme
MÉLANGES. . 07

mort, puis ils s'en allèrent à la perdition après avoir pillé mes biens, y

Ces malheureux crurent à tout ce qu'il leur disait, sa parole était persua-
sive; ils aimèrent ce fourbe et lui firent honneur (en lui donnant) des pré-
sents et des habits. Ils entourèrent aussitôt l'animal, apportèrent de solides
cordes et des roues, aplanirent la terre devant lui, la garnirent de ponts
et de poutres qu'ils oignirent de graisse et d'huile afin qu'il put glisser et
progresser facilement ils l'entourèrent par milliers et par myriades, dési-
;

reuxdele conduireàla ville et soucieux de ne le laisser se briser en rien —


d'ailleurs ce n'était pas possible, tant solidement construit.
il était Quand —
ils arrivèrent au mur, ils y firent une brèche grande et large, puis ils firent

entrer cet animal et le placèrent à un endroit élevé devant le temple


d'Athéne. Ils sacrifièrent des bœufs nombreux et des brebis, ils mangèrent,
burent et se réjouirent grandement devant cet animal au point qu'ils s'eni-
vrèrent, tombèrent comme morts et s'endormirent tous à l'unisson, ils

gisaient comme des cadavres sur les toits, [p. 35] dans les rues et sur les
places de la ville.
Lorsqu'il y eut un grand silence et qu'un profond sommeil s'appesantit
sur eux, au milieu de la nuit, celui qui avait été laissé tout meurtri par les
Grecs vint donner le signal à ceux qui étaient dans le cheval ils ouvri- ;

rent la porte de la sortie et descendirent comme des guêpes avec leurs


épées nues en main. Ils mirent le feu pour que ceux des navires le vis-
sent et ils se précipitèrent — comme des lions sur un troupeau de mou-
tons et comme des ours dévastateurs dans une vigne — sur ceux qui gi-
saient endormis et les mirent à mort sans pitié. Bientôt ceux des navires
arrivèrent; ils entrèrent dans la ville par la brèche et par tous côtés; le

Seigneur, irrité contre Ilion et contre ses habitants, les livra au meurtre,
au pillage, à la captivité et à la perdition par les mains des rois grecs et
de leurs troupes. Mais qui pourrait écrire la grande calamité, le massacre,
le sang répandu qui coula comme des fleuves et les ravages qui eurent

lieu? Ainsi sont (décrits) la chute et la destruction à' Ilion — ville au nom
célèbre et renommé — dans de nombreux ouvrages de chroniqueurs.
Lorsqu'ils furent assouvis de meurtre et de carnage, ils emmenèrent en
captivité une multitude de peuple des femmes, des jeunes filles et des
;

jeunes gens innombrables; ils pillèrent les richesses et les biens de cette
ville superbe avec les demeures des chefs d'armée ils pillèrent aussi le ;

palais du vieux Priam —


homme malheureux et infortuné et enlevèrent —
tout ce qui s'y trouvait. Quant au Priam, ils
roi le percèrent d'un coup de
lance et le tuèrent ;
ils tuèrent aussi celui de ses
fils qui était resté dans la

ville. Ils trouvèrent cause de tous ces désastres, qui s'était enfuie
/fe'Zèjie,

et cachée dans le grand temple d'Athéne. Ils la saisirent, lui pardonnèrent


et la remirent à Ménélas qui se réconcilia avec elle. Ils mirent le feu à
toute la ville, la brûlèrent, la renversèrent et en firent une colline dé-
vastée. Ils retournèrent à leur pays avec grande joie, chacun avec sa part
de captifs et de butin et après une victoire éclatante. Et la ruine de cette
ville eut lieu de cette manière au temps des juges des fils d'Israël, comme
nous l'avons dit plus haut.

ORIENT CHRÉTIEN. 7
98 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

Après Hésebon, Abilsan ]\\ge?i le peuple hébreu (1) durant huit ans. A
cette époque mourut Zeus (Jupiter) et il fut enterré en Crète. Il vécut
780 ans, comme l'écrivirent les Grecs au sujet de la longue durée de sa
vie. A cette époque vivait Ruth la Moabite.

Vient ensuite l'histoire de Ruth sans abréviation [p. 35-


39]. Suite des grands prêtres et des rois d'Israël jusqu'à Aïiia-
sias [p. 39-43] ; histoire deJonas, fils delà veuve chez laquelle
avait demeuré le prophète râe [p. 43-44]. Depuis J/oise et
la sortie d'Egypte jusqu'à Joatham il y a 863 ans. Autres rois
d'Israël et de Juda jusqu'à la mort d'Isaïe [p. 44-45]. A cette
époque les Romains ajoutèrent deux mois au nombre de leurs
mois, à savoir le second Conôn et Schebat, car jusque-là
ils ne

comptaient que dix mois dans l'année. Tandis que Jérémie


était en Egypte avec Joachaz, il apprit aux prêtres qu'une
vierge enfanterait un fils et qu'au jour de sa naissance toutes
leurs idoles tomberaient (2). Avant la prise de Jérusalem il

emporta l'Arche d'alliance et tout ce qui s'y trouvait, puis les


enferma dans un rocher qui était situé entre les montagnes où
furent enterrés Moïse ei Aaron [p. 46]. Histoire de Daniel
[p. 47]. Prise de Jérusalem par Nabuchodonosor [p. 48].
Le temple était resté debout, depuis sa fondation par Salomon,
durant 441 ans.

Durant cette prise de Jérusalem, Simon était grand prêtre (3). 11 était en
bonnes relations avec le chef des satellites et il le pria de lui donner les
livres de la loi. On les lui donna et il alla les cacher dans un puits, ainsi
que le chandelier d'airain plein de feu et d'encens. Ils y demeurèrent
soixante-dix ans jusqu'à ce que les fils d'Israël revinssent de Babylone.
Jérusalem fut détruite et il n'y resta pas un homme. Jérémie fut lapidé en
Egypte par ses compatriotes. Jusqu'ici les écrivains juifs possédaient la
vérité. Mais, à partir de la prise de Jérusalem, on ne trouve plus la vérité
dans leurs écrits, mais dans ceux des Patriarches (des Pères de l'Église?)
seulement.

Captivité de Babylone, Daniel, Ézéchiel, les sept sages de la


Grèce; deux notes marginales ont été ajoutées au sujet de Ju-

(1) Ces deux juges ne sont pas mentionnés dans la Bible.


[Z) Figure dans le De vids Prophelarum du pseudo-Épipliane, Mignc, P. G.,
t. XLIII, et dans les Paralipomena du prophète Jérémie. La présente chronique

traduit d'ailleurs à l'occasion de chaque prophète le De vilis Prophelarum.


(3) Cette chronique semble attacher grande importance à nous énumérer tous
les grands prèti'es successifs.
MÉLANGRS. 1)0

dith et d'Esther dont ildans le texte


n'est pas question
[p. 49] (1). Daltasar; Darius; Cyrus; Zorohabel; pi-ophètes
Ilabacac, Zacharie et Malachie; le poète Théogyiis; Pytha-
gore; Cambyse [p. 50].
F. Nau.
{A suivre.)

II

COMITÉ D'ORGANISATION ET SECTIONS DU


XV^ CONGRÈS INTERNATIONAL DES ORIENTALISTES

(Copenhague, 14-20 août 1907)

Nous avons déjà donné une première annonce de ce Congrès


(cotisation 25 fr.), réuni sous le Patronage de Sa Majesté le roi
Frédérik VIII et des princes Christian et Valdemar. Les —
questions d'actualité politiques et religieuses sont exclues.
— Les langues admises pour communications, en de-
les
hors du danois, sont celles que nous admettons pour les traduc-
tions de la Patrologie orientale : allemand, anglais, français,
italien et latin. —
Les Compagnies de navigation de Copen-
hague et d'Helsingfors accordent une réduction de 50 % ou
de 32 1/2 % aux membres du Congrès.
Nous ajoutons ici la composition du Comité d'organisation
et des diverses sections. Nous espérons que de nombreux sa-
vants iront visiter ces pays du nord, cette Northmannie qui a
tant influé sur l'histoire de la France, de l'Italie du sud, de
l'Angleterre et par suite des États-Unis et des autres pays de
langue anglaise.

COMITÉ D'ORGANISATION
Président : M. Villi. Thomsen, D'", Professeur à l'Université, St. Knud
Vej 36.
Vice- Président : M. Fr. Buhl, D"", Professeur ù l'Université, Osterbro-
gade 56 A.

(1) Voir Esthar, p. 52.


100 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

Secrétaire général : M. Chr. Sarauw, D"", Frederiksberg Allée 48.


Membres : MM. Dines Andersen, D"", Professeur à l'Université, Steen
Blichers Vej 4. — J.-C. Jacobsen, Professeur à l'Université, Norre Vold-
gade 20. — J. Ostrup, D"", Norrebrogade 42. — Valdemar Schmidt, D"",

Professeur à l'Université, Ny Kongensgade 14.

Trésorier : M. I. Glûckstadt, Conseiller intime, Landmandsbanken,


Holmens Kanal 12.

SECTIONS DU CONGRES

PREMIERE SECTION QUATRIEME SECTION


Langues et Archéologie Sémitiques :
Linguistique. Langues Indo-euro-
a) Araméen, Hébreu, Phénicien,
péennes :

Ethiopien, etc. :

M. Vilh. Thomsen.
M. Fr. BuHL.
b) Assyrie :

M. Vald. ScHMiDT.
DEUXIEME SECTION c) Langues et Archéologie Mu-
sulmanes :

Langues et Archéologie des Pays Ostrup.


M. J.
Aryens :

a) Inde :

M. Dines Andersen. CINQUIEME SECTION


h) Iran : Egypte et Langues Africaines :

M. Edv. Lehmann, M. H.-O. Lange,


Dr, Bibliothécaire en chef,
Jaegersborg, Gentofte. Jahnsensvej 11, Gentofte.

SIXIEME SECTION
TROISIÈME SECTION
Grèce et Orient :

Langues et Archéologie de l'Ex- M, J.-L. Heiberg,


trême-Orient : Professeur à l'Université
a) Chine et Japon : Classensgade 13.

M. J. Henningsen,
Conseiller,
Amicisvej 6.
SEPTIÈME SECTION
h) Indochine et Malaisie : Ethnographie, Folk-lore de l'Orient :

M. A. de RiCHELiEU, M. Vilh. Gronbech,


Vice-amiral, Directeur, Dr,

Bredgade 77. Ibsensvej 7, Gentofte.

F. N.
MÉLANGES. 101

III

CONCORDANCE
DE LA CHRONOLOGIE ÉTHIOPIENNE
AVEC LA GRÉGORIENNE

Les années éthiopiennes, comme les années grecques, sont


groupées par cycles de quatre ans. Les quatre années du
cycle grec, intervalle compris entre deux fêtes des jeux olym-
piques, forment une olympiade. Chaque année du cycle éthio-
pien porte le nom de l'un des quatre évangélistes : la première
année s'appelle Matthieu, la seconde Marc, la troisième Luc, la
quatrième Jean. Luc est le nom réservé à la bissextile éthio-
pienne.
L'année éthiopienne se divise en treize mois 1° Maskaram (1), :

2° Teqmet, 3° Hedâr, 4" Tâhchâch, 5° Ter, 6" Yakâtit, T Ma-


gâbit, 8" Miyâzyâ, 9" Genbôt, 10° Sanê, 11° Hamlê, 12° Nahasê
(chacun de trente jours), 13° Pâguemên (de cinq jours dans une
année ordinaire, de six jours dans une année bissextile). Aux
mois depuis Pâguemên jusqu'à Tâhchâch inclusivement, l'ère
éthiopienne retarde sur la grégorienne de sept années, tandis
qu'à ceux depuis Ter jusqu'à Nahasë inclusivement elle retarde
de huit années.
Nous ajoutons, pour faciliter les recherches chronologiques,
deux tableaux, suivis de deux appendices, montrant de suite
l'équivalence des dates des deux calendriers éthiopien et gré-
gorien.

(1) En ce siècle, le 1" Maskaram correspond au 11 ou au !•-.' septembre du


calendrier grégorien. Voir ci-dessous.
102 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

PREMIER TABLEAU

Équivalence des ères éthiopienne et grégorienne.


Équivalence en grégorien du 1" Maskaram.
Trois cas se présentent :

1° Depuis la réforme grégorienne jusqu'à la première des


trois années séculaires communes (1582-1699).

( Matthieu.
8 septembre ) Marc.
1" Maskaram ^
/ l^^.

9 septembre \ Jean.

2° Aux années séculaires communes (1700, 1800, 1900


trois —
2100, 2200, 2300 —
2500, 2600, 2700 etc.).
A chaque année séculaire commune, l'ère éthiopienne prend
un retard d'un jour.
( Matthieu.
septembre l Marc.
( Luc.
1700-1799
10 septembre |
Jean.

C Matthieu.
[
10 septembre j Marc.
1®'' Maskaram j 1800-1899 )
^ Luc.

l 11 septembre |
Jean.

Matthieu.
11 septembre l
Marc.
Luc.
1900-1999
12 septembre |
Jean.

3" Aux années séculaires non communes (2000, 2400, 2800,


3200, etc.).

A chaque année séculaire non commune l'ère éthiopienne


ne change pas. Elle reste ce qu'elle était à la dernière année
séculaire commune.
( Matthieu.

[
(il septembre < Marc.
P"^ Maskaram \ 2000-2099 \
( Luc.

12 septembre ]
Jean.
MÉLANGES. 103

SECOND TABLEAU

Équivalence des mois et des jours des deux années éthio-


pienne et grégorienne.
Deux cas se présentent :

1 II s'agit des années Mattiiieu, Marc et Luc. — Ces années


ne coïncident jamais avec une bissextile grégorienne (1).

Voir ci-dessous l'appendice A.


2" Il s'agit de l'année Jean. — Cette année coïncide toujours
avec une bissextile grégorienne.
Pour l'équivalence en grégorien des jours de l'année Jean
2 périodes sont à distinguer :

a) Du 1" Maskaram'au 21 Yakâtit.


Pendant cette période, les mois de Maskaram, Teqmet, He-
dâr, Tâhchâch, Ter, Yakâtit (exactement en grégorien du 12
septembre au 29 février) retardent d'un jour sur ceux des an-
nées Matthieu, Marc et Luc.
b) Du 22 Yakâtit au 5 Pâguemên.
Pendant cette période, les mois de Magâbît, Mîyâzyâ, Gen-
bot, Sanc, Hamlé, Nahasê, Pâguemên (exactement en grégorien
du T"" mars au 10 septembre) commencent à la même date que
ceux des années Matthieu, Marc et Luc.
Voir ci-dessous l'appendice B.
Au moyen de ces deux tableaux et des deux appendices
ci-dessous, le lecteur trouvera rapidement à quelle date grégo-
rienne correspond une date éthiopienne quelconque.

Le Havre, le 20 janvier 1908.


Sylvain Grébaut.

(1) La bissextile étliiopienne est toujours raniiée qui précède la bissextile


grégorienne.
I I

-^ ~-> o) a

«
BIBLIOGRAPHIE

Agnes Smith Lewis et Margaret Dunlop Gibson, Forty-one Facsimiles of


dated Christian Arabie manuscripts (Studia Sinaitica, t. XII), in-4»,
xxii-82 pages, Cambridge, 1907. — 10 sh. 6 net.

L'écriture arabe, de son origine à nos jours, est restée presque iden-
tique à elle-même. Elle n'a pas, comme le grec, des onciales de divers
modules et des minuscules de toute forme, depuis les belles écritures
grecques du x<^ siècle jusqu'aux peu déchiffrables manuscrits postérieurs
au xiv'^, chargés d'abréviations et de ligatures. Aussi l'étude de la paléo-
graphie arabe a été assez négligée et aucune publication peut-être n'avait
été consacrée à la paléographie des niss. arabes chrétiens.
Mesdames Lewis et Gibson viennent de combler cette lacune en don-
nant les photographies de pages de quarante et un mss. datés, tous con-
servés au Sinaï, hors un de Paris et cinq du British Muséum. Ils sont
rangés par ordre chronologique depuis un papyrus de l'an 705 jusqu'à un
ms. de 1787. Deux mss. sont sur parchemin (des années 876 et 917) tous ;

les autres sont sur papier (des années 988, 989, 1056, 1065, 1095,
1103, etc.). Il ne faut pas s'étonner de trouver des mss. arabes sur papier
aussi anciens, tandis que les mss. grecs sur papier n'apparaissent pas
avant le milieu du xiii<" siècle, car les Arabes apprirent à connaître le pa-
pier dès 751 dans leurs luttes avec les Chinois et fondèrent déjà en 790 —
sous Haroun ar-Raschid —
une papeterie à Bagdad. L'éditrice nous dit
même (p. xx) que le nom latin donné au papier Charta bombycina pro-
:

vient de la ville d'Hiérapolis de Syrie, nommée aussi Mambidsch (Maboug)


ou Bambyce.
On trouve, en frontispice, la photographie d'une page d'un nouveau pa-
limpseste contenant la traduction arabe de quatre discours de Jacques de
Saroug récrite au x^ siècle sur un texte syriaque du Nouveau Testament
écrit le vi° siècle. Chaque photographie (hors celle du frontis-
lui-même vers
pice) est suiviede sa transcription et de sa traduction. M. David S. Mar-
goliouth a ajouté quelques pages (p. ix-xvi) sur l'écriture arabe.
Le mot siaq discuté par M. Lewis, page xviii, avait déjà été trouvé par
elle dans l'histoire d'Ahikar, p. 115, note 2, où il peut très bien avoir le
sens d'étable, comme le grec arjxo'ç. Il se serait ennobli d'ailleurs pour si-
gnifier maison et même couvent ou église, Anal. BolL. 1908, p. 89,1. 16.
On remarquera avec plaisir que tous ces manuscrits arabes sont faciles
106 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

à lire et que les seuls textes ayant donné une véritable peine aux éditrices
sont quelques lignes de grec récrites les unes sur le papyrus (pi. I) et les

autres sur un ms. de 1739 (pi. XL).


F. Nau.

Mélanges de la faculté orientale de l'université S. -Joseph (Beyrout), tome 11,

4°, 423 pages, Paris, Geuthner, 1907.

Ce volume, digne en tous points du précédent, comprend huit articles.


I. —
Le Père Lammens continue ses études sur le règne du calife
Mo'àwia F"". C'est une rédaction du cours d'histoire professé par lui et
pour lequel il a réuni de nombreux matériaux empruntés aux sources ma-
nuscrites aussi bien qu'aux ouvrages édités (p. 1-172).

II. — Le Père J. Dillenseger défend l'authenticité de


Pétri par la 11>'>

témoignages externes (Justin, Barnabe) et internes (langue, style, dépen-


dance littéraire, doctrine) (p. 173-212).
III. —
Le R. P. Mallon publie un second article sur « une école de sa-
vants égyptiens au moyen âge ». Il cite et traduit des introductions et des
spécimens de scalœ coptes et donne quelques détails sur les auteurs et
leurs ouvrages (p. 213-264).
IV. — Le Père L. Jalabert continue à rapporter et à commenter les
inscriptions grecques et latines de Syrie, n°^ 62-113, et signale un ms. épi-
graphique en arabe : Coll. Schefer A. 117 (265-320).
V. —
Une étude écrite en allemand par le Père H. Wiesmann sur les
Psaumes 40, 50, 51 (p. 321-335).
VI. — Une étude par le Père R. Mouterde d'une borne milliaire de la
voie romaine d'Antioche à Ptolémaïs (p. 336-345).
VII. — Le Père J. Neyrand montre que
le tnen hébreu peut se traduire

quelquefois par en face de » plutôt que par un comparatif (p. 346-365).


«

VIII. — Une étude du Père H. Lammens sur la géographie du massif


montagneux sis au nord-ouest d'Alep et sur les Mazonites du pays d'Oman
(p. 366-407).
IX. — Le Père L. Cheikho extrait d'un ms. arabe consacré au Sinaï et
écrit vers 1710, le chapitre relatif aux archevêques du Sinaï (p. 408-421).
Cette importante publication intéresse donc toutes les branches de
l'orientalisme : histoire, géographie, archéologie et critique biblique.

F. Nau.

Amédée Gastoué, Catalogue manuscrits de musique byzantine de la


des
Bibliothèque Paris et des bibliothèques publiques de
nationale de
France, 4°, x-100 pages, 7 planches, Paris, L.-M. Fortin, 1907 (Publica-
tions de la Société internationale de Musique, section de Paris).

L'ancienne notation musicale était surtout un aide-mémoire; c'est dire


qu'elle comprenait seulement les signes strictement indispensables pour
BIBLIOGRAPHIE. 107

rappeler à la mémoire
thèmes musicaux transmis par l'enseignement
les

oral. Aussi les fort peu l'at-


manuscrits avec notation musicale retenaient
tention du vulgaire et nous avons pu avoir plusieurs fois entre les mains
un ms. dont M. Gastoué fait en plusieurs endroits les plus grands éloges
(p. vin, 13, 52, 60, 96-99, pi. III), sans lui avoir consacré plus des deux
lignes suivantes : « Chartres 1754; fol. 61-66, 218 sur 156 mm. Non pa-
limpseste, minuscule sur parchemin. Hymnes avec notation musicale. >

{Patrologie orientale, t. IV, fasc. 5, p. 520.)


M. A. G. nous rend le service de nous initier, dans sa première partie,
à cette branche de la paléographie. Il reproduit, par lithographie, les

anciens signes musicaux et nous donne ensuite leur explication. Cette


partie —
la musique byzantine, les notations ekphonétique et diastéma-

tique (évolution et principes de lecture) — sera sans doute la plus goûtée


des lecteurs. Nous nous demandons ms. palimpseste de Chartres 1754
si le

n'a pas prêté à une petite confusion. Le catalogue de Chartres place sa


composition du ix® au xv^ siècle. Mais la date du ix'' ne s'applique qu'aux
plus anciens écrits — à certains caractères onciaux sous-jacents (I) et le —
fragment écrit en minuscules, avec des abréviations et des virgules, dont
deux pages sont reproduites sur la planche 111, ne peut sans doute être
placé plus haut que le x" siècle. Chacun pourra en juger.
A Antioche, dès l'an 515, Sévère avait composé en grec une quantité
d'hymnes sur le propre du temps et les fêtes des saints pour les faire
chanter à l'église et remplacer les chants païens. Il en reste une ancienne
traduction syriaque (octoéchus) dont l'édition préparée par M. E. W.
Brooks pour la Patrologie orientale est entre nos mains et paraîtra pro-
chainement. Nous ne savons pas d'ailleurs si les plus anciens mss. étaient
notés. Il est possible que les rythmes musicaux aient été transmis orale-
ment. Les plus anciens mss. notés conservés semblent être du x° siècle au
plus tôt.

La publication de M. A. G. rendra aux hellénistes le grand service de


donner un sens à des signes et symboles qu'ils sont exposés à rencontrer
bien souvent. Nous lui souhaitons donc la plus large vulgarisation.
F. Nau.

M. -A. KuGENER, Un traité astronomique et météorologique syriaque attribué


à Denys l'Aréopagile, édité, traduit et annoté (actes du XIV** congrès des
orientalistes, t. II). Paris, Leroux, 1907, 8°, 64 pages.

Ce traité, conservé dans le ms. de Londres add. 7192 (sans doute du


vil'' siècle), contient une partie de cet amalgame de philosophie et de cos-

(1) Ces caractères onciaux ont aussi grande variété de forme et de calibre. Si
certains caractères anguleux sont du ix« siècle, ceux des premières pages, fol. 1-
24 (écrits sous la vie de S. Pacôme), sont certainement du vni* comme l'indique
d'ailleurs le catalogue de Paris pour la fin de ce manuscrit (suppl. grec 480).
Nous avons analysé les textes sus et sous-jacents des mss. 1753. 1754 de Chartres
et suppl. grec 480 de Paris dans Patrol. orientale, t. IV, fasc. 5,
108 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

mographie constitué par Aristote et qui devait se transmettre jusqu'aux


temps modernes 1° Phases de la lune. Elle fut créée pleine, et cinq jours
:

après le soleil sortit « de la porte orientale de la lumière ». Chaque mois


elle est conçue (nouvelle lune) dans l'un des douze « magasins du vent »,
lequel influe sur toute la météorologie du mois correspondant. 2° Explica-
tion de la marche du soleil. Ce sont les vents qui le portent et le poussent.
Les éclipses sont causées par le vent violent qui précipite le soleil en des-
sous de sa route. 3° Été et hiver. 4° Altitude des étoiles, du soleil et des
nuages. 5° Des douze vents. 6" Importance de la cosmographie. 7° Réfuta-
tion des Chaldéens ou astrologues.
M. Kugener a traduit et annoté ce traité avec le grand soin qu'il ap-
porte à toutes ses publications. a ainsi reconstitué un anneau très inté-
Il

ressant — forgé sans doute à Édesse au vr siècle de la chaîne des —


sciences astronomico-philosophiques. Un autre Denys avait composé un
ouvrage de cosmographie où la philosophie avait moins de place (Cramer,
Anecdota grseca Parisiensia, t. I, p. 369) il était sans doute syrien, car il a
;

un chapitre sur le pays d'Adiabène il n'y a pas de relation textuelle entre


;

les deux ouvrages, mais il s'ensuit du moins que « Denys astronome » de-
vait être connu en Mésopotamie, il a suffi ensuite de l'identifier avec l'Aréo-
pagite. La réfutation des Chaldéens, analogue à celle de Bardesane, est in-
férieure à celle qu'écrivait Sextus Empiricus.
F. Nau.

F. Macler, Mosaïque orientale, 8^, 94 pages, Paris, Geuthner, 1907.

La première partie, intitulée Epigraphica, contient une note sur quel-


ques écussons relevés à Munster, dans le Haut- Valais (armoiries de sei-
gneurs locaux) une inscription punique du Musée archéologique de Ge-
;

nève (ex-voto à Tanit) l'inscription syriaque de Sainte-Anne de Jérusalem


;

(inscription funéraire en mauvais état) l'inscription arabe du brancard de


;

Sahwet el-Khidr ( Point de maison à habiter après la mort que celle


qu'on se serait construite avant la mort ); une note sur l'inscription

arménienne de la cathédrale de Bourges (Sergis serviteur de Dieu)...


La seconde partie intitulée (dans la table) Hùtorica, contient la notice
syriaque d'un manuscrit arménien (Colophon écrit le 15 février 1584) des ;

documents relatifs à l'imprimerie arménienne établie à Marseille sous le


règne de Louis XIV et enfin la requête de Ovanés Oglou Kivork et Cara-
bet frères (demande de secours adressée à Louis XIV pour continuer leur
voyage jusqu'à Amsterdam où ils avaient vendu « du fil de chèvre »
d'Angora). De nombreuses notes complètent l'ouvrage dont cette courte
analyse suffit à montrer la variété et l'intérêt,
F. Nau.
BIBLIOGRAPHIE. lU'J

ViGOURuux, Baguez et Brassac, Manuel Biblique, tome III, Nouveau Testa-


ment, par A. Brassac, douzième édition totalement refondue, in-li<J,
.\ii-768 pages, Paris, Roger et Chernoviz, 1908.

M. Vigouroux a su faire des deux premiers volumes de ce manuel un


ouvrage hors pair chez les catholiques français, par l'érudition, la pondé-
ration, la clarté didactique qu'il a su y mettre, et ces deux premiers vo-
lumes traînaient les deux derniers à leur suite. Dans la présente édition
M. A. Brassac, professeur d'Écriture sainte à l'école de Théologie d'Issy, a
fait un louable effort —
couronné de succès —
pour mettre les tomes III et
IV au niveau des précédents. Dans le tome
III, seul paru, nous trouvons

nombreuses notes bibliographiques grande richesse d'informations. Peut-


et

être l'auteur attache-t-il trop d'importance aux ouvrages de pure littéra-


ture qui sont, plus ou moins, ouvrages d'actualité et, par endroits, de
fantaisie, au détriment des éditions et discussions de textes qui sont les
seules bases scientifiques de toute étude. On pourrait peut-être n'indiquer
dans le cours du livre que les textes, les études et les ouvrages récents
qu'il est souhaitable et possible de voir entre les mains des étudiants et
reléguer dans un appendice à la fin du volume la bibliographie des mul-
tiples ouvrages de littérature biblique que l'auteur a pu parcourir, en ca-
ractérisant chacun d'eux en quelques lignes. De cette manière nous ver-
rons figurer à la page 114 les lo(jia récemment découverts que les
rationalistes voulaient opposer aux Évangiles, tandis que M. C. Wessely,
après les avoir reproduits et commentés, vient de montrer qu'ils dépendent
directement de nos Évangiles et ne font donc qu'en prouver l'autorité et
l'antiquité {Patrologia orientalis, éd. F. Didot, t. IV, fasc. 2). De même à
la page 121, nous trouverons mentionnés les textes (Évangiles des douze
Apôtres et de S. Barthélémy) édités par la Patrologie orientale. Par contre
beaucoup d'introductions (Introductio, Introduction, Einleitung) seront re-
léguées à la fin du volume.
Du moins^nous ne reprocherons pas à l'auteur d'avoir laissé relative-»
ment peu de place aux hétérodoxes et aux objections, car celles-ci pro-
viennent souvent des principes du contradicteur qui découlent eux-mêmes
Il est fort inutile de réfuter dans un cours d'Écri-
de sa tournure d'esprit.
ture sainte les objections d'un matérialiste,il faut commencer par adresser

celui-ci aux philosophes le jour où il sera devenu spiritualiste, partisan


,

d'un Dieu personnel, créateur et conservateur des êtres, ce jour-là seule-


ment, il conviendra de lui présenter la révélation et la Bible.
Les anciennes versions et les anciennes citations des Pères ont évidem-
ment leur importance pour établir le texte du Nouveau Testament (p. 20,
1. 5-8), mais il ne faut pas oublier que tout traducteur est exposé à mettre
un peu du sien dans la traduction (1) et que les écrits des Pères ont été

(1) L'antiquité d'une version copte ne peut jamais être admise a priori (p. 14),
mais doit toujours être prouvée, car le grec était d'usage courant en Egypte
chez les particuliers et dans l'Église. C'est après le concile de Chalcédoine seule-
ment que le copte est devenu la langue officielle de l'Église jacobite. Il n'est pas
IIU REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

encore plus maltraités que les textes de l'Ecriture. Par exemple, il ne nous
reste des œuvres de saint Justin qu'un manuscrit complet qui est de plus
moderne et mauvais. Dans bien des cas on risque d'interpréter obscurum
per obsciirius.
Ce manuel rendra gran dservice aux élèves de M. Brassac, et nous ne
pouvons que regretter pour notre part de ne pas l'avoir eu au temps de
nos études scripturaires (1).

F. Nau.

Maximilien, prince de Saxe, Praelectiones de liturgiis orientalibus habitae


in universitate Friburgensi Belvetiae, 4°, viii-242 pages ; Fribourg-en-
Brisgau, Herder, 1908. — 5 M.
Ce premier volume comprend une introduction générale sur toutes les
liturgies orientales etune étude plus particulière du rit des Grecs et des
Slaves.
Dans la première partie, l'auteur étudie la légitimité, l'authenticité,
l'antiquité, les textes et les éditions des liturgies orientales, leurs qualités
et leurs défauts, leurs différences entre elles et avec nos propres liturgies.
Dans la seconde partie, consacrée aux Grecs et aux Slaves, il nous fait

connaître toute la partie matérielle du culte (édifices, vases et vêtements


sacrés, livres et personnes liturgiques), puis l'année ecclésiastique (Ca-
lendrier, fêtes solennelles et fêtes mobiles, saints fêtés chaque jour de
Tannée). Une table des noms propres termine l'ouvrage.
C'est donc un résumé complet et didactique de toutes les généralités
qu'il e.st indispensable de connaître avant de se livrer à une étude com-
parative plus approfondie des diverses liturgies. Il sera très utile à tous
les savants qui s'occupent des littératures chrétiennes orientales, car la
liturgie est en général le pivot autour duquel sermons, synaxaires et
même liistoires évoluent.

F. Nau.

H. Pognon, consul général de France, Inscriptions sémitiques de la Syrie,


de la Mésopotamie et de la région de Mossoul. Première partie, gr. in-4°7
11-100 pages, 25 planches, Paris, Lecoffre, 1907. — 60 fr. (Prix de souscrip-
tion des deux parties : 80 fr.)

Les facilités d'études que trouvent à Paris les futurs consuls formés à
l'école des langues orientales, leur permettent, s'ils veulent s'en donner la

probable qu'on ait songé à traduire toute la Bible pour les paysans qui ne sa-
vaient pas le grec. C'est ainsi qu'en Bretagne même on n'a pas éprouvé le besoin

de traduire toute la Bible en breton.


(1) 82 gravures et cinq cartes ornent l'ouvrage. Les divisions sont un peu pé-
nibles : faute de la division en livres, on trouve sections sur sections (IP section
et dans le chapitre iv do cette section).
BIBLIOGRAPHIE. 111

peine, d'ajouter les connaissances des langues mortes à celle des langues
vivantes qui seules leur sont indispensables. M. Pognon a donc appris et
pratiqué en sus des langues vivantes : l'assyrien, le syriaque et le man-
déen et a pu ainsi s'intéresser à toutes les traces du passé qu'il rencontrait
dans ses voyages. Son bel ouvrage s'ouvre par une inscription babylo-
nienne d'un grand prêtre du temple de Sin (lune) à Harran en l'honneur
de Nabonide, restaurateur de ce temple et contemporain de Cyrus
(vr siècle avant notre ère). Les 53 autres inscriptions sont syriaques et ont
été recueillies sur des pierres isolées, sur des tombeaux, dans des églises
et surtout dans des cavernes. Elles s'étagent du i®*" au xvi'^ siècle; par
exemple : i^"" siècle (n" 2); an 201 (n« 36); iir siècle (n°^ 0-10); v" siècle
{lY' 21); vi^- siècle (n°^ 19, 20); viir siècle (13-14, 52), etc.
Elles nous font connaître des toparques, des évéques, des noms pro-
pres, des faits historiques, voire des formes grammaticales, inconnus ou
peu connus par ailleurs, de nouvelles formes des lettres et des chiffres
(voir les planches), etc.
On trouvera la du site et du monument, le fac-
description minutieuse
commentaire de toutes les ins-
similé, la transcription, la traduction et le
criptions, avec de nombreuses notes historiques, géographiques et gram-
maticales. C'est donc un ouvrage de patientes recherches, d'heureuses
trouvailles et de savante élaboration. L'Académie, qui rumine longuement
pour son Corpus des inscriptions sémitiques analogues ou inférieures à
celles-ci, se devait, semble-t-il, d'encourager la présente publication. Nous
n'en avons pas trouvé mention sur la couverture. Ce sera, espérons-le,
pour le second fascicule.
En attendant nous ne pouvons que féliciter la librairie Lecoffre-Gabalda
d'avoir entrepris cette publication de pure science car ce ne sont pas les
;

publications de ce genre qui enrichissent les éditeurs. L'élévation du prix


ne peut compenser le nombre des acheteurs, de nos jours surtout où la
dispersion des ordres religieux en France a supprimé ces centres d'éludés
désintéressées, si nombreux il y a deux siècles, acquéreurs-nés de tout
ouvrage scientifique et dont les belles bibliothèques forment par suite —
de simple confiscation —
la plus belle partie de nos bibliothèques dites

nationales ou départementales. 11 reste maintenant en France, comme dé-


bouché pour les ouvrages de pure science, le dépôt légal qui est gratuit,
quelques professeurs arrivés et quelques aspirants professeurs qui espèrent
y trouver matière à avancement. C'est peu pour couvrir les frais considé-
rables des éditions qui comportent des caractères étrangers.

F. Nau.

La Voix de la Vérité, revue néo-syriaque d'Ourmia (Perse).

Cette revue est dirigée par le R. P. Salomon, des prêtres de la Mission.


Le néo-syriaque, parlé encore par cent mille chrétiens et juifs sur les con-
fins de la Turquie et de la Perse, est le dernier reste des idiomes clîal-
112 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

déens, araméens, syriaques, parlés dans ces régions depuis la captivité de


Babylone et supplantés de plus en plus par la langue arabe. Le R. P. Sa-
lomon, dans cette revue mensuelle (16 pages in-4o), s'efforce de mêler
l'ancien au nouveau. Dans le numéro de septembre 1907, il traduit en néo-
syriaque une partie du voyage de Mar Jaballaha en Europe (édité par le
R. P. Bedjan) et des lois de Hammourabi, il renseigne ses lecteurs sur les
principaux événements des pays étrangers (Norvège, Chine et Japon,
Maroc) et ajoute les faits divers de son propre pays (Iran). Il est regretta-
ble que les déprédations continuelles des bandits kurdes rendent ce pays
presque inhabitable pour les chrétiens, et obligent ceux-ci à émigrer vers
les villes et même en Amérique. Si l'insécurité actuelle, les vols et les
massacres ne sont bientôt enrayés, on peut prévoir à bref délai la dispari-
tion des Chaldéens de tout rite, en dépit de la présence et des efforts des
missionnaires américains, anglais et français. Pour l'instant, nous signa-
lons cette curieuse revue aux amateurs du néo-syriaque et de la philologie
comparée (1).

F. Nau.

(1) S'adresser au R. P. Salomon, imprimerie des missionnaires lazaristes, à


Ourmia, Perse. —Les lecteurs qui ne pourront se procurer la grammaire néo-
syriaque de M. Nœldeke, pourront recourir à la grammaire peu coûteuse de J.
Rosenberg Lehrbuch der Neusyrischen Schrifl- und Umgangsprache, Hartleben's
:

Verlag, Vienne et Leipzig, vni-161 pages, 2 M.

Le Directeur-Gérant :
F. Charmetant.

Typographie Firmin-Didot et C'«. — Mesnil (Eure).


LE CALENDRIER D'AROUL-RARAKAT
TRADUIT EN LATIN PAR RENAUDOT

Les synaxaires coptes rédigés en arabe, conservés dans nos


bibliothèques (Florence, Gœttingue, Londres, Paris, Rome),
sont donnés comme l'œuvre de Michel, évêque de Malig, qui
était célèbre aux environs de 1425. Ils reproduisent donc la
liste des saints jacobites fêtés à Fépoque et dans la région où
vivait Michel.
Le calendrier d'Aboul-Barakat nous fait remonter plus haut,
car son auteur vivait à la fin du xiif ou au commencement du

XIV' siècle. Il peut donc s'être écoulé près de cent cinquante ans
entre la rédaction des deux calendriers. Celui d'Aboul-Barakat
est conservé à Paris dans le ms. arabe n" 203, qui est du
xiv" siècle, c'est-à-dire postérieur d'assez peu à l'auteur. II
occupe les folios 257'-259''; les pages sont divisées en cases, les
douze mois sont disposés les uns sous les autres et les trente
jours courent horizontalement du fol. 257^ au fol. 259\ Chaque
case ne peut contenir que de deux à trois noms. Les mots :

patriarche, martyr, vierge, ne sont figurés que par la pre-


mière lettre du mot arabe (1).
La traduction latine de ce calendrier, faite par Renaudot, se
trouve dans le ms. Nouv. acqu. françaises, n° 7471, fol. 439-
451 (2). Elle a été faite comme complément et correction au

(1) Le travail d'Aboul-Barakat est lui-même une compilation, car en un


endroit au moins (17 Pachon), il nous donne deux noms en nous avertissant qu'il
a trouvé le second dans « un autre exemplaire ».
(2) Nous avons trouvé cette traduction pour première l'ois en 1902, lorsque
la
nous cherchions, pour M. l'abbé Goussen, si manuscrits de Renaudot ne
les
contenaient pas les références des textes cités sans référence dans la Perpétuité
de la foi. L'année suivante (1903), nous l'avons transcrit pour M. Goussen, afin
ORIENT CHRÉTIKIN. g
114 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

chapitre consacré par J. Selden au calendrier copte dans son


De synedriis vetenim hebraeorum. Notre but était d'éditer tel
quel le travail de Renaudot, cependant nous avons pris la peine
1" de revoir sur le ms. arabe tous les noms qui sont transcrits,
car bien des points manquent; nous nous sommes assuré qu'il en
est de même dans le ms. 2° d'ajouter toutes les différences du
;

synaxaire de Michel de Malig pour le mois de Paophi (28 sept,


au 27 octobre) (1), les notes ajoutées à ce mois suffiront pour
donner une idée des nombreuses différences des deux calen-
driers; 3" d'ajouter quelques explications ou quelques renvois à
des passages parallèles du synaxaire de Michel de Malig (F) (2)
des deux fascicules du synaxaire arabe jacobite publiés par
M.René Basset, directeur de l'école des lettres d'Alger (/?. 5.) (3),

et du synaxaire éthiopien (Zotenberg, Catalogue clesmss. éthio-


piens de Paris).

Paris.
F. Nau.

De calendario sacro ecclesiae jacobiticae Alexandrinac seu


Coptitarum.
Ut singularem de Calendario sacro Coptitarum dissertationem
scriberemus, suasit necessaria prope, ad ecclesiae Alexandrinac
disciplinam in multis explicandam, festorum dierum qui in ea
celebrantur expositio, ex quo sola intelligi potest quam parum
a vetustis hac in parte universalis Ecclesiae ritibus degenera-
verint. Unde cum vix ulla sit fidei vel disciplinae pars circa
quam vel a Protestantibus vel a Catholicis quibusdam non accu-
sentur, in ne minimam quidem suspicionem patiuntur.
ista

Pollicitus (ludum fuerat Kalendarii istius editionem Athanasius


Kircherus in Appendice ad Linguam /Egyptiacam restitutam et
paucis post annis ejus consilium antevertere conatus est, sed

de l'aider à préparer un fascicule de calendriers orientaux pour la Patrologie


orientale. La présente publication n'a pas encore d'autre but mettre un docu-
:

ment inédit à la portée des éditeurs de synaxaires et de calendriers orientaux.


(1) D'après le catalogue de la bibliothèque de Florence (S. E. Assémani, Bibl.
Palai. Med., Codex CXV), p. 161-187.
(2) D'après le catalogue de Florence cité ci-dessus.

(3) Pages 1-1G6 dans Palrol. orientale, t. I, l'asc. 3 et p. 167-470, Ibid., t. III,
fasc. 3.
LE CALKNDlilKIÎ d'ABOUL-IîARAKAT. 115

parum féliciter, Joannes Seldenus, operis sui de Synedriis vele-


riim Hebraeorum parte 3% ad quod sane Coptitarum festa nul-
latenus pertinebant. Veruni quod alias saepe parum socunda
fama fecerat, praesertim in fragmeiito unius folii ex historia
Saidis f. Patrik, si ve Eutychii, ex quo miras et inauditas origines
Ecclesiae Alexandrinae r^licero conatus est, id in Kalcndario
tentavit, quasirem facilem et in qua nemo, ut vidobatur, Ara-
bicari securenon possot, cum nomina lantum continerentur.
Ita tamen hoc iu labore versatus est, ut nihil minus quam fe-
storum et sanctorum in quorum memoriam celebrantur, adeo
confusa omnia, perperam arabice lecta, et pejus latine descripta
reperiuntur.
Ea itaque ratio nos movil , ut accuratius aliquid lioc in génère
(fol. 439'') operi nostro adjungeretur, praesertim cum multos
in eadem qua Seldenus religione, admiratos esse opus tam imper-
fectum, ex eodem sacros nobis continuo texere Christianorum
orientalium fastos, imo virum /Ethiopice doclissimum Jobum
Ludolfum, cum apud yEthiopes extent Kalendaria propria et
notae auctoritatis, novum ex isto Seldeniano composuisse videa-
mus, quae licentia non satisfacere eruditis potest, cum ita
multa fastis ecclesiasticis /Iilthiopum inseruerit quae apud eos
'

locum non habent.


Magna sane in extricandis multis nominibus difficultas est,
quia nulli minus characteres quam Arabici, graecis vocibus
explicandis conveniunt, ut norunt qui historias Arabum lege-
rint, in quibus propria nomina agnosci vix possunt. Verum etsi
pessimam scripturam, quando aliquatenus dubia est, referre
licet ad aliorum experiunda judicia —
quod facere cogemur non
semel —danda tamen opéra est ut aliunde lux talibus catalogis
inferatur, nisi operam ludere velimus, et vana orientalis litera-
turae ostentatione fraudem puerilem nec tolerandam lectoribus
facere. Itaque cum accuratam festorum omnium enumerationem
nobis subministret Abulbircat circafmem operis sui, eidem po-
tissimum insistere visum est et notas addere quae commen-
tarii loco esse possint.

Annus /Egyptiacus, ut nemo ignorât, initium habet a mense


Toth, de cujuscum Romanis Graecisque aut Arabicis mensibus
comparatione, cum illa paucis verbis explicari non possit, hoc
loco nihil dicemus nisi quod per ïr.x-(0]}.v)OLç accommodatur ad
116 REVUE DE l'orient CHRETIEN

cursum anni Juliani, eo modo quo in tabiilis expansis quae


extant in variis codicibus praescribitur.

MENSIS TOTH.

(29 août au 27 septembre).

I. Bartholomaei Apostoli. Elisaei proplietae. Diomedis marty-


ris. [In graecorum synaxario 25"' mensis Augusti memoria ejus-
dem Apostoli notatur, sed translationis ejus reliquiarum. Dio-
medis memoria est ejusdem mensis die 28"]. Neuruz est —
initium anni, non habet Abulbircat, sed codex quo Seldenus
usus est
(fol. 440') 2. Joannis Baptistae (1), [nempe decollatio] —
Kainanus martyr.
3._jJUjÎ Patriarcha (2). ^j-^r.-'^' patriarcha.
4. Simeon Anachoreta. Dionysius episcopus. Josue filius Nun
propheta. [In graecorum menologiis, 2 sept., memoria fit Si-
meonis stylitae et dormitionis Josuae].
.5. Mamantis martyris. ^jJ_j3l-^ et ^j^ martyrum. [Primus
2^ sept, apud Graecos commemoratur].

6. Isaiae prophetae. (j^^y etj^-^ martyres.


7. Dioscori patr. Agathonis patr. Alexandrinorum et fra-
trum ejus. Severi patr. [Antiocheni. Pro Anbaiato apud Sel-
denum lege : Anba Agatho].
8. Mosis prophetae. Zachariae sacerdotis. Hieremiae pro-
phetae. Juliani mart. (3).
9. Athanasii patriarchae [junioris Alexandrini, ut recte in
indice Seldenianoj. (^r<i?j'j,^' martyris.
10. Nativitas B. Mariae virginis. (^r-r.-'j et filiorum ejus (4)
mart.
II. Basilidis mart. Theodori episcopi.
12. Thomae Apostoli. Coesti {^k^s) Patriarchae et qui cum
60 passi sunt martyrum (.5).

(1) Martyre de S. Dasius, soldat F.


(2) En marge : Eumenii ; synax. 18» sept.

(3) En marge : 12 sept. syn. %


(4) Comm. de S. Jasina et de ses trois fils F.
(5) Translation des membres de S. Clément et des martyrs ses compagnons
dans la ville d'Alexandrie, R. B., p. 47.
LE CALENDRIER d'AROUL-BARAKAT. 117

13. Isaac reclusi. Philemonis apostoli. (j^j^^j^^ (Tarasii)

martyris,
Mari Gatlia ^^ ^)-') mari. (1). Ananiae cpiscopi.
14.
Stephani protomartyris.
15.

IG. Instauratio Anastasis |ecclesiae Resiirrectionis llieroso-


lymisj. Helenae imperatricis. Inventio ossium Joannis Bapli-
stae.
17. Festum crucis gloriosae. Theognostae virginis.
18. Inventio ossium Thomao Alexandriae. Pétri Halepen-
sis arcliimandrilae.
19. Eupliemiae virginis. Acacii mart.
20. (fol. 440'). Melitinae virginis et martyris (W.-^r:^'-")-

21. Tiberii (2). Eumenii episcopi.


22. ^-j/' et soror ejus martyrum (3). (j^^ martyr (4).

23. Tlieclae martyris. Sidriae mart. {^^^'^) (André?).


24. Gregorius Theologus patr.
25. Depositio ussium trium puerorum. Tliomae iterum.
26. Conceptio Joannis Baptistae in Elisabeth, wii'l^'j mart.
27. Eustatliius et uxor ejus mart.
28. Aba Dir et Ira (l^J) soror ejus et Irène martyres (5).
29. Translatio Johannis. Arabsimae (^-^jî) sociarumque
ejus virginum.
30. Gregorii Armenii et aba Pauli.

MENSIS PAOPHI, ARABICE BABA.

(28 septembre au 27 octobre).

1. Chariton. Susanna. Abschai martyr. Anadia ('p^') vir-


go (6).
2. Ingressus Severi in Aegyptum [patriarchae scilicet Antio-
clieni] (7).

(1) Mort de S. Agathon stylite de Scété F.


(2) Sanctorum Cypriani et .lustinae F.

(3) Martyre de S. Cotila et de sa sœur Acsua, fils de Sapor roi des Perses, et de
Tite (Tatius) son camarade F.

(4) Martyre de S. Jules rédacteur des actes des martyrs F.


(5) Martyrium S. Abatiri, ejusque sororis Irenes, sub Ariauo .Ea^ypti prae-
fecto F.
(6) Martyre de sainte Anastasie F.
(7) Sic F.
118 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

3. ^jâ^îj i^jj v^''-')^' O


ij^i^-j^-f'^- Gregorii episcopi arme-
nii. Romanae et Bacchi (1).

4. Hananiae Apostoli. Pauli Tmueos martyris (2).

5. Jacobi, lilii Alphaei apostoli. Abu Hour mart. (3).

(fol. 441') 6. Auaf (^y) et Antonii martyrum. Simeonis epi-


scopi et mart. (4).
7. Abu
Pauli ex populo Tiiiueos (.5).
8. Balachia et Bacchus (^^'jj ^^^\) martyres. J^^i .Jonas
propheta. j^l'jt Patriarchae (6).
9. Sanctae Ablagiae (i>-=^^') virg. et mart. (7).
10. Sergii et Bacchi martyrum. Jacobi Patriarchae (8).

11. Dorothaei martyris. Demetrii patriarchae Alexandrini.


12. Matthaei evangelistae.
13. Abtalamae (UÎ^Ll) et fratres ejus; Tarachi (;^=^^j'->)

martyrum (9).
14. Demetrii. Joannis iXsYiiJ.ovs;. Philippi uniuse septem [dia-

conisj (10).
15. Pétri martyris (11).
16. Sacerdotis Agathonis martyris. Antonii et sociorum ejus
martyrum (12).

(1) Commémoraison de saint Grégoire, évêque d'Arménie, et de sainte Théo-


dora, de l'empereur Arcadius. Mort de notre père Siméon, 51° patriarche
fille

d'Alexandrie F. La traduction de Renaudot ne semble pas exacte.


(2) Martyre de saint Bacchus, soldat, compagnon de saint Sorgius, sous Antio-
chus préfet de Syrie, et Maximien empereur F.
(3) Mort de notre père Paul, patriarche de Constantinopic, discii)lo du j)ère
Alexandre, patriarche de la même ville F.
(4) Mort d'Anne, mère du prophète Samuel F.

(5) Mort de Paul l'ermite. Commémoraison des saintes Menna et Hasia mar-

tyres F.
(6) Martyre do saint Métra le vieux et de ses compagnons sous rem|)ereur
Dèce F.
(7) Mort du père llonorius pape de Rome. Commémoraison de
l'évèque Siméon.
Mémoire de la grande éclipse de soleil qui arriva sous le roi Job au temps du
patriarche Cyrille l'an 950 des martyrs (1243 de J.-C.) F. —
Pélagie figure au
onze dans R. B., 115.
« patriarche d'Antioche » au jour suivant avec sainte Péla-
(8) F met Jacques
gie. Il omet Dorothée; place Démétrius, « 12'= patr. d'Alexandrie », au 12Paophi
après saint Matthieu.
(9) Zacharie, moine F.
(10) Philippe seul dans F.
^ll) Martyre de saint Magnus, de Pantaléémon et de ses compagnons sous
Maximien F.
(12) Mort d'Agathon 39= patriarche d'Alexandrie F.
LE CALENDRIER d'AROUL-BARAKAT. 119

17. Translatio trium puerorum. Gregorii cpiscopi N3S-


seni (1).
18. Theopliili palriarchae Alcxanclrini. Horaclii patriar-
chae (2).
19. BartliolomiU'i martyris. Depositio ossiuin Ignalii Palriar-
chae (3).
20. Joaniiis reclusi et Cypriani martyris (1).
21. Eudociae et filiorum ejus. (fol. HT) Ru... (^Hj;) vir-
ginis in Khaudek {^^^^l:) suburbio Cahirae (5).
22. Lucae evangelistae. Cyriaci martyris ... Aaron (^J--^'

jji;*) (6)-
23. Joelis prophetae. Dionysii, philosopliorum principis et
astronomi, niartyi'is (7).
21. ^Jj martyris (8). Constantini episcopi Laodicaeae (9).
25. Abla {^Mj monachus ex Thebaïde (10).
26. Jacobi fratris Domini, et Vares ((^^j'j) martyris in monte
S. Antonii (11).
27. Sancti Macarii episcopi et martyris; ^^^^.3^ mar-
tyris (12).
28. (^jj^J! i^yj^ martyris. Et Macarae (ïj'^') episcopi san-
cti (13).

(1) Commémoraison de saint Grégoire, frère de saint Basile. IMort de noti'o


père Dioscore, 31" patr. d'Alexandrie F.
(2) Théophile (23° patr.) figure seul dans F.
(3) Martyre de saint Théophile et de son épouse sous Dioclétien. Mémoire du
saint synode d'Antioche contre Paul de Samosate F.
(4) Mort de saint .Jean KoXo6bç hégoumène F.

(5) Translation de l'ile de Chypres à Constantinoplo des reliques de saint


Lazare que le Seigneur ressuscita des morts. Mémoire du grand prophète Joël.
Ménioire des grâces que le peuple des Coptes a reçues de Dieu par l'intercession
de la Vierge Marie, mère de Dieu.
(6) Aaron ne traduit pas tout le texte.

F porte Luc seul.
(7) Mort de Joseph, 5-2« patr. d'Alexandrie. Martyre de saint Denys, évêque
de Corinthe sous Dioclétien F.
(8) F porte Zinih. —
R. B., p. 152, Zéna.
(9) Mémoire de notre saint père Hilarion l'anachorète. Martyre des saints Paul,

Longin et Zina.
(10) Mort des saints Abib et Apollin (ApoUinis —
Abla?) monachi F.
(11) Martyre de saint Timon, l'un des 70 disciples F.

(12) Mort du saint père Macaire « episcopi Cavensis (ou Atakuae) » en


:

Egypte, compagnon de Dioscore patr. d'Alexandrie F. —


Ce serait donc Jlacaire
de Tkoou.
(13) Martyre des saints Marcien et IMercure, disciples de saint Paul, martyr,
patriarche de Constantinoplo F.
120 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

29. Demetrii. Depositiocapitis Joannis. Joannescontinens(l).


30. Valentis (^l^!j) martyris (2).

JVIENSIS ATHVR. ARABICE IIATIIUR.

(28 octobre au 26 novembre).

1. Cleophas apostolus ex minoribus [lioc est ex discipulo-


rum numéro].
2. Pétri, patriarchae Alexandrini. Irenes {^^j^})-
3. Epimachi martyris et sociorum ejiis.

4. Zachariae patris magni et Tlieodori martyris.


5. Adventus corporis (fol. 442"") Tlieodori ad Scliatibam
(^Jxi.) (3).
6. Apostolorum cum Domino congressus.
7. Encoenia ecclesiae sancti Georgii martyris Alexandriae.
8. Quatuor sanctorum aniraalium angelorum (4) et appari-
tionis signi Constantino.
9. (Memoria) trecentorum decem et octo qui Nicaeam conve-
nerunt.
10. Isaaci patriarcliae Alexandrini (5).
11. Agumii (,j-.r!y-') martyris (6).
12. Michaelis archangeli.
13. Anastasii imperatoris Christum araantis.
14. Eutranii {(j^_x'^^j^3^) martyris. Honorii imperatoris,
15. S. Minae vel Mennae in Mareotide. Corobasii ((^r^'-^jjy)
martyris.
16. Eo die consecrata est ecclesia Abunefer (yj y}) Misrae.
17. Samuelis martyris. Joannis Chrysostomi.
18. Philippi apostoli; ^y. ^^;^^--w!j>! virgines (7).
19. Bartolomaei Apostoli.
20. Matthaei (fol. 442'') evangelistae. Aniani Patriarchae.
Atlianasii patriarchae.

(1) Martyre de saint Démétrius sous l'empereur Maximien F.


(2) Mort du grand saint et du très pieux Abraham l'ermite F.
(3) R.B., p. 178.
(4) Les quatre animaux de l'Apocalj'pse F.
(5) Le 49™^ F.
(6) Archélaus martyr, R. B. p. 203.
(7) Correspond sans doute à « Martyre d'Atarasie, fille de l'empereur Hadrien
et de Junie, vierges » F. — /?. B., p. 228.
LE CALENDRIER d'aBOUL-OARAKAT. 121

21. Gregorii Thauraaturgi.


22. Cosmae et sociorum ejiis martyrum.
23. Quadraginta martyrum Sebastae et Cornelii.
21. Viginti quatuor jiresbyterorum Angolorum (1).
25. Mercurii martyris (2).
20. Gregorii Nysseni episcopi.
27. Jacobi intercisi martyris. Philemonis apostoli.
28. Serapionis. Absceda (s^^!) episcopi (3) [vel Biceiida hoc
est Vincentii].
29. démentis Apostoli. Pétri patriarchae Alexandrini.
30. Abu Macarii martyris (1).

MENSIS COHIAC.
(27 novembre au 26 décembre).

1. Pétri junioris patriarchae. Hunesch (^'_p) episcopi. Je-

min {^J'>i.)
martyris (5).
2. Abu Hur monachi. 1^^^'.^! martyris (6).

3. Ingressus Mariae in templum.


4. Andreae Apostoli. Zachariae martyris.
5. Isidori martyris.Nahum prophetae.
6. Ptolemaei (^jUUajIj sacerdotis in ecclesia S. Michaelis ad
caput canalis.
7. Matthaei pauperis, martyris (7).
8. Aba Samuelis Kalmonii martyris. Aba Isa (^-?.')- Teelae
(bLS3) et Barbarae martyrum (8).
9. Sancti Yemini (^j-n*-») patriarchae qui martyribus accense-
tur (9).
10. Sancti Nicolai (10).
11. Anba (Bigimi) et Ptolemaei (UIIsj!) (H).

(1) Les 24 vieillards de l'Apocalj'pse F.


(2) Martyre de Mercure le Romain sous Dèce et Valérien F.
(3) Serapionis, episcopi Nachiensis F.
(4) Macaire, martyr sous Dèce et Valérien F.
(5) F porte seulement Mort de saint Pierre d'Édesse, évoque de Gaza, sous
:

l'empereur Zenon.
(6) Ce dernier figure dans le synaxaire éthiopien, Catal. Zotenberg, p.
165.

(7) R. B., 320-326.


{B)R. B., 329-335 et 327-328.
(9J Pamim, R. B., p. 336-339.
(10) R. B.,]X 344-347.
(11) /?. 5., p. 347-354.
122 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

12. Abu Hedri (^j-^-*) martyris Asuanae (^l?-'-f) (1).


13. Conceptio Mariae virginis per Annam. Barsomae.
14. Cerclonis (Cliristodule?) patriarchae Alexandrini. Simeo-
nis martyris tempore Muhamedanorum in urbe Meiiaf .

15. Gregorii patriarchae Armeni (2).


16. ^jî^jl et sociarum martyrum. Ruacliiae (^A=^'^0 mar-
tyris (3).
17. Serapammoii et Eusiathiae martyrum.
18. Heraclae et aliorum. Titi et Pliilemonis martyrum (4).
19. Joannis hegumeni martyris. Theophaniae virginis et
martyris.
20. Danielis prophetae. _^ly (.Jean?) episcopi Paraloou
iu^j^^) (5).
21. Anba Sabae Hegumeni.
22. Gabrielis Angeli. Anastasii patriarchae Alexandrini (6).
23. ^^^j1 (^r-j'v' (^J^' martyrum.
24. Depositio sancti Ignatii patriarchae (7).
25. S. Joannis Kema (U$') (8) martyris. Theodori episcopi.
Pauli Confessoris.
26. Anastasiae martyris. ^i-'l'^^ martyris (Héraicion?) (9).
27. Oseae prophetae. Abshadae (s^l-^^') episcopi et marty-
ris (10).
28. Vigilia nativitatis et.... inilitum mart. (11).
29. Nativitas sancta. Cornelii conturionis (12).

{l) n. B.,p. 35^-358.


(2) R. R., p. 389-392.
(3) Peut-être Herwàdj, Calai, él/i. (Zotenberg), n. 108.
^ ^
(I) R. B., p. 406-408.
(5) F porte au 19 : Sancti Patris Joannis episcopi Borles in iE/ypto inl'eriori.
Cf. /?. 5., p. 410-413.
(C) R. B., p. 430-433.
(7) Saint Ignace d'Antioclie, disciple de saint Jean l'évangélisto, dans F. —
R. B., p. 440-441.
(8) Mort de Jean le Noir, moine dans TÉgypte inférieure F. — R. B., p. 4 13-

44G.
(9) R. B., p. 447-454.
(10) Martyrium sanctorurn Absadii et Callinici episcoporum Thepenensiuni,
sub Diocletiano imperatore F. —
R. B., p. 454-458.
(II) Commémoraison de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Martyre
de 150 hommes et de 24 femmes dans la ville d'Antinopolis F. R. B., p. 459- —
461.
(12) Autre commémoraison de la Nativité selon le rite de l'Église Copte d'A-
lexandrie F. —
R. B., p. 461-165.
LE CALENDRIER d'ABOUL-BARAKAT. 123

30. Davidis prophctae. Sancti Jacobi Episcopi et Apostoli.


Joannis Hegumeni moiiastcrii S, Macarii. Miiiae patr. Alexan-
drini (1).

MKNSIS TYRI. AllABIDUS TUBA.

(27 (léceiubrc au 25 janvier).

1. Inventio (^j^j) ossium Stephani diaconi. Pauli episcopi


Ephesi.
2. f^y^S)! patriarcha(2).Tlieonas patriarcha Alexandrinus.
3. Infantium Betlileliem.
4. Joannis, filii Zebedaei, evangelistac.
5. Venusfius i^j^^) martyr (3). Ablagius (^^^r^^^-^') l'o*
manus (vj, ^J^].
G. Circnmcisio. Eliae. Basilii Caesareae episcopi.
7. Epliraem Syri. Eumenii martyris.
8. Benjamini patriarchae Alexandrini. Dedicatio occlesiae S.

Macarii in Sceti (1).


9. Abrahami et Georgii martyrum in Sceti (5).
10. Patriciae {^kj^^.) martyris. Vigilia Epiplianiae.
Epiphania. Ari (^^) diaconus. Anuphius
11. et Anatolius
martyres in Monia (^^^^ ^
^^^^l?^'^-'' ,^:^yh'
12. Theodori orientalis et.Juliani martyrum.
13. Cana Galileae (6). ^>j^3- ^-v' (Mina?) stylitae (7).
14. Maximi martyris. Heraclidis(8). Irenes (^^î/') martyris.
15. j^LsU àj martyrum.
16. Philothei martyris. j^iUiJ^Î etuxorisetfiliaeejus Eupra-
xiae martyrum.

(1) F ne mentionne que Jean, hégoumène du monastère de Saint-Macaire


à Scélé. — R.B.,ii. 165-459.

(2) Doit correspondre à Martyrium sancti Leondiani sub Maximiano impera-


:

tore, que F porte au jour précédent. Le carcliouni porte ^^00.3-^(1^ évêque sous
Dioclétien.
(3) Le carchouni porte a»a>uL^a)o;. Martyrium sancti religiosiEusecnii Uranici,
et Malaniae sub .Juliano Apostata F. Il s'agit sans doute des mêmes saints. Cf.
Catalogue éthiopien (Zotenberg), p. 170, saint Eusigne, Acia SS., août 2, p. 70.
(4) Dédicace de l'église du monastère de Saint-Macaire en Egypte, faite par
Benjamin, 38* patriarche d'Alexandrie F.
(5) Mort du saint Père Abraliam, moine du monastère de Saint-Macaire F.

(6) Mémoire du premier miracle fait par Notre-Seigneur à Cana de Galilée F.

(7) Les deux derniers se trouvent en éthiopien, Catal. Zot., p. 172.

(8) Archélides de Rome dans le carcliouni.


124 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

17. Diomediani et fratris ejus Maximi martyrum (1).


18. Marthae et Mariae sororum Lazari.
19. Ptolemaei martyris.
20. Hathuae (t--») martyris (2). Pauli presbyteri et coiifessoris.
21. Obitus Alariae [kj^^') (Hilaria) filiae Zenonis. Commem.
Beatae Mariae (3).

22. Magni Antonii, patris inonachorum.


23. Theodosii imperatoris (4).
24. Abschadae episcopi. Demetrii et sociorum ejus.
25. Anba Askia (iSL\) martyris, Dorothei Carpasi {;^j^j^)
ex Menuf.
26. Quadraginta novem martyrum in Sceti. Marathonii et Narii
(^jj.bj ^^j^o^hy) filii ejus (5).
27. Timothei apostoli. Serapionis Patriarchae Alexandrini.
Sophronii martyris.
28. démentis episcopi et martyris.
29. Anba Minae continentis.
30. Fidei, Spei et Charitatis virginuin et martyrum et matris
earum.

MENSIS MECHIR, ARABIBUS AMSCHIR.


(26 janvier au 21 février).

1. Judae Apostoli. Pauli martyris.


2. Patris Pauli immundorum daemoniorum expulsons in
monasterio Elzejage (^U-j.)!). Thomae martyris.
3. Mar Ephrem martyris. Tirae (i^^) martyris.
4. Ptolemaei continentis et Maximi fratris ejus martyrum.
5. Apollo solitarii. Inventio corporum quadraginta martyrum
in Sceti.
6. Abu Kir et Joannis martyrum.
7.^l£'b! ^_jJ!x;j martyrum.
8. Ingressus Domini in templum et Simeonis sacerdotis.
9. Justi (;j*«^,0 martvris. Pauli Syri martyris. Mar Barsomae
Syri.

(1) Commémoraisoii de Maxime et de son frère Domèce, moines sous saint


Macaire F.
(2) Correspond àNahiae martyris de F. En éthiopien Behnouï martyr (p. 173J.

(3) F porte « mort » de la sainte Vierge.


:

(4) Mai-tyredu saint apôtre Timotliée F.


(5) Tous figurent en éthiopien, Catal. Zolcnbcrg, p. 174.
LK CyVLRNDIUKR D'AnOUI.-IîAIiAKAT. 125

10. Justi ccnturionis, filii régis, martyris.


11. Jacobi, filii Alphaei, apostoli. Basilidis martyris.
12. Joannis patriarchae [AlexandriniJ. ^^ ^j^^ ^y-^^S'!.
13. SergiietAbuKir(seuCyn)martyrum(l). Timothei junio-
ris patriarchae Alexandrini.
11. Severi Patriarcliae Antioclieni. Zacliariac Prophetae.
Agrippini (>:rl;^^) patriarchae Alexandrini.
15. Papnuda (forte Paphnutii) episcopi. ^1?^! martyris.
16. Theodorae ('j-^j'^) Christum amantis.
17. Anba Abrahami et uxoris ejus Elisabeth.
18. Jacobi Apostoli. Bafami {A^.) continentis.
19. Theocristae (b:-v^lj) martyris.
(fol. 445') 20. Pétri junioris patriarchae Alexandrini. démen-
tis patriarchae Romani.
21. Pétri metropolitae Damasci. Basilii... (2) martyrum.
22. Afilii (^r^M^): Porphyrii (^^r-^^.-^^ ) martyrum.
23. Pauli et sociorum martyrum.
24. Timothei episcopi Gazae.
25. (3) Uy ï^j, Ï^^U \jJ.

26. Sidrachi (^ji^.iL) et sociorum martyrum (1).


27. Theodori martyris Emeseni.
28. Theodori martyris. Didymi (jj-.,sj-\)^) ducis.
29. Pauli episcopi. Charis {,^^.j^) martyris (5).
30. Inventio capitis Joannis Baptistae.

MENSIS PHAJVIENOTH, ARABIBUS BARMAHAT.

(-25 février au 26 mars).

1. (7) ïjj-C IjI Ja^"^ !yU , ^ Î^Cjj iJ;. (6) , ^^j^L».


2. Anba ïj|^Ci! episcopi. Pionii martyris.

(1) F porte seiilenieut Sancti Sergii Athribensis.


:

(2) F porte Basilii et Timothei Alexandrîae.


:

(3) Semble correspondre à Commemoratio Sanctorum Phonae diaconi mar-


-.

tyris Romae et Minae martyris in Cypro F. Cf. Calai, élh. (Zotenberg), p. 177:
Cona martyr à Rome et Jlenas de Chypre.
(4) Martyrium Sadoch episcopi et centum viginti octo sociorum in Perside,
sub Sapore rege, caesorum F.
(5) Martyrium s. Polycarpi, episcopi Smyrnao F.

(6) F porte au jour suivant Martyrium sancti Patris nostri Macravii, episcopi
:

Nalvii in ^Egypto inferiore F.

(7) L'éthiopien (p. 178) porte : abba ftlercurius, évèque.


126 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

3. Porphyrii martyris.
4. Pétri qui fuit minister Severi patriarchae Antiocheni.
5. Anba Sereni (^j-j'-'^-) archimandritae (1).

6. Lazari martyris. Sernae hegumeni. Severi monachi.


(^jj— )

7. Theodosii (fol. llô"") imperatoris et martyrum... (2).


8. Matthiae apostoli. Hermanii (jj^^^'^j') praefecti (3).
9. Hippolyti et Kalderiani [forte Celerini] (,^^':'.i--'^) mar-
tyrum.
10. Inventio sanctae crucis Hierosolymis.
11. Juliani et Seuli (jj^'jj-) martyrum.
12. Demetrii Patriarchae Alexandrini. Malachiae martyris.
13. Quadraginta martyrum Sebastae.
14. Nisaphi (^^iLa^i) martyris (4).
15. Hieronymi martyris.
16. Heliae ex Ahnasa ((^^') et Chailis patriarchae Alexan-
drini.
17. Auamelasii f^^^^^îi=lj!) martyris (5).

18. Isidori et patris ejus et Matronae martyrum.


19. Ea die data est discipulis potestas solvendi et ligandi.
20. Martyris Aljum {^y})-
21. Theodori et Timothei martyrum.
22. Titi apostoli. Pauli episcopi. Cyrilli sancti (6).
23. Eupragiae vel Euphrasiae martyris.
24. Miclieae propheta.
25. Arsabae vel Barsabai [iS^j]) ex Perside et Daiiielis mar-
tyris (7).
(fol. 4 16^) 26. Korkii (^^^-J^tr^) martyris (8). Epraxiae (h.'^^ji^)

virginis.
27. Magni Macarii in Sceti et Josephi continentis.
28. Sancti Agabii (^^'^'), Alexandri, Dionysii.

(1) Mort du saint Père Sérapion hégounicnc, abbé du monastère de S. -Jean


en Egypte F.
(2) Martyre des saints Philénion, Apollon et de leurs compagnons, sous l'em-
pereur Dioclétien F.
(3) Arien (éthiopien, p. 179).

(4) 3Iartyrium S. Sanuthii (Schenoudi?) martyris F.

(5) Éth. (p. 180) Talasius martyr.


:

(6) Cyrille de Jérusalem F.

(7) F porte au 23 mort du grand prophète Daniel.


:

(8) Sans doute Porphyre (éth., p. 180).


LE CALENDRIEI! I) AliOUL-HADAKAT. !2/

29. Annuntialio Mariae per Gabrielcm Angeliim.

MENSIS PIIARMUTIII QU[ ARABIBUS HARMUDA.


(27 mars au 25 avril).

1. Aaronis sacerdotis; et patris Sylvani martyris (2).

2. Acarista (lia^^d.1) martyris in Perside.


3. Joannis archiepiscopi martyris. Sancti ^^jj'-^ (3).

4. Isaaci hegumeni. Vietoris, Acacii (^j^^^\) (1) et Irenae


martyrum.
5. Ezechielis proplietae. Theodori sacerdotis et martyris.
6. Marci fratris Joannis et Diogenis martyris.
7. Atiianasii et Tlieodori martyrum.
8. Quadraginta martyrum ex Perside (5).
9. Sancta Tarbu (yy) martyris et sociorum.
10. >_,i?-'y etcum eo martyrum 125. Honorii ascetae seu con-
tinentis.
(fol. 447') 11. Joannis episcopi Gazae. Maximi patriarchae
Alexandrini.
12. Juliani. Antonii episcopi Traueos. Joelis proplietae.
13. Dionysiae ancillae (i^ol.s-'!) (6). Didymi martyris.
14. Sancti Callinici.
1.5. Vadimi (^,sJ.ilj) archimandritae et sociorum in Perside.
16. Ezechielis Prophetae et Sawe ('j'--^) martyrum (7).
17. Aba Noun [vel Youn] (^y) diaconi.
18. Euthronii (^^^*J^^iji) et Euclavatii (^^^3;.!^!) martyrum.
19. Isaaci ascetae, Simeonis episcopi et.... martyrum in Per-
side (8).

20. ^--^M martyris (9).

(!) Translation du corps de saint .Jacques l'intercis F.


(2) F ajoute la mémoire du moine Jean tué par les Musulmans Tan 1380 de
notre ère.
(3) Saint Jean, (H'èque de Jérusalem. S. Michel, 71" patriarche d'Alexandrie.
S. Deusdedit tué par les Musulmans en 1380 de notre ère F.
(4) Decii F.
(5) Lutte des cent cinquante martyrs Perses F.
(6) Diaconissae F.
(7) Éth.
(p. 182) Saba martyr.
:

F ajoute le martyre du moine David tué par les Jlusuhuans Tan 1383 de
(8)
notre ère. Le mot qui manque doit être un chifi're. L'éth. (p. 182) porte 150.
(9) Martyre de S. Bennodius sous Arien, préfet d'Egypte F. L'éthiopien porte :

ce jour-là, martyre de S. Schenouti, sous Dioclétien.


128 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

31. Crescentis (j-^^^') martyris et Dioscoridis (I).


22. Marci junioris et Alexandri patriarcharum Alexandrino-
riim.
23. Sancti Georgii, inter martyres praecipui.
24. Septem puerorum Ephesinorum et sanctae ^^^y martyris.

2.^. Anba Paphnutii {y-_^) (2) senis, et l^ljj^ Christum dili-

gentis (3).
(fol. 447'') 26. Sisinnii martyris. Andronici patriarchae Alexan-
drini.
27. Victoris, filii Romani, martyris.
28. Basilisci et sociorum mart.
29. ^ij^^ martyris et sociorum.
30. Marci evangelistae et Apostoli.

MENSIS PACHON, ARABIBUS BASCHNES.

(26 avi'il au 25 mai).

1. Coinmemoratio B. Virginis, quod eo die celebratur dedi-


catio Ecclesiae ejiis in monasterio Elnilia ('^).
2. jobi justi. Tlieodori, Eiisebii, Pachomii martyrum. Zeno-
nis (4).
3. Aba Hour, J^ mj:!' Simonis, Pachomii sancti.
4. Joannis, patriarchae Alexandrini (.5).

5. Jacobi, filii Zebedaei. Translatio Hieremiae prophetae.


6. Abu Isaaci (Dapharensis) martyris. Abu Macarii Alexan-
drini. Arcadii. Hieremiae prophetae.
7. Athanasii apostolici. Abba Macarii archimandritae.
8. Abu Joannis reclusi. Lucae Sithiensis {^j,^^ ^J)-
9. Helenae imperatricis. Simeonis ^j^^\ J..
10. Trium puerorum (G) et Theclae.
11. Hilarionis senis.
12. Joannis Chrysostomi. Apparitionis crucis in coelo etSte-
phani ascetae.

(1) Figurent clans l'éthiopion (p. 182).


(2) S. Bennodius, anachorète F.
(3) S. Tliéodore le religieux et cent martyrs en Perse F.

(4) F ajoute le martyre du prêtre Philothéc, tué par les Musulmans en 1383
de notre ère.
(5) Le vingt-neuvième F.

(6) Ananias, Azarias et Misaël F.


LE OALENDIURn I)'AnOUr,-IîARAKAT. 12!)

13. AnbaArseniipraeceptorisfiIiorum imperaioium et Joannis.


11. Pachomii inagni. Epimachi martyris.
15. Judae aposloli. Aba llur Galaliae.
16. Joannis evangelistae et Epiphanii.
17. Stepliani senioris et in alio exemplarl Epiplianii (1).
18. Georgii socii Abraliami. Ignatii (;j-^.-^'--') spiritualis viri
in Sceti.
19. Dioscori et Isidori in Moniet (^.-^0 filiorum Khassib

20. Ammonii anachoretae. Zachaei Antiochiae.


21. Amos i^^y^) et Yusabi i'^^-^y.)-
22. Jacobi sacerdotis ^l-CjUt (2).

23. Sylvani 1;^^-) (3) et matris ejus martyrum Alexandriae.


24. Ingressus Domini in terram ^Egypti. Cucutasi i^j^j^j^)
martyris. Habacuc proplietae.
25. Eleutlierii {Sj^Jh et ^V.-^ et 53 martyrum in Perside.
26. Thomae Apostoli. Zachariaesenis.
(fol. 448'') 27. Obitus Lazari (4). Joannis Nikiusii patr.
Alexandrini.
28. Sancti Aeonis fjji^ martyris.
29. Simeonis magni martyris in Gethsemani (Lj'^o.^=sr^lj) (5).

30. Domni martyris.

MENSIS BAINI QUI ARABIBUS BAONA.

(26 mai au 21 juin).

1. Abu Nefam (.-»^j) in urbe Talia {^^^) quia eo die celebratur


Ecclesiae dedicatio. Lindii (^^.-^-^) martyris (6) tempore Musul-
manorum.
2. Inventio ossium Joannis Baptistae.
3. S. Aba Hour martyris.
4. Bammonis i^jy^.) martyris, Aba Hour, Jerothei {^y^y\>jj)^),
Justi.

(1) Cette phrase est d'Aboulbarakat et montre qu'il n'invente pas son calen-
drier mais le tire d'écrits plus anciens.
(2) Jacques l'oriental (éth., p. 185).

(3) Juliani F.
(4) Évèque de Chypre F.
(5) Mort du saint père Siméon le Syrien, stylite F.
(6) L'éthiopien (p. 186) porte : en ce jour Léonce de Syrie et Bifanion [Pair,
or., I, 532).

ORIEM' CHRÉTIEN. *)
130 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

5. Aba Bage UU) martyris et sociorum ejus martyrum.


6. Barsabae archimandritae, Theodori.
7. Iscliyrionis (^j/rr^*"-') martyris et Ptolemaei ascetae.
8. Bamadae (s-^Uj) et filiorum ejus (1) et Aba Eulogii marty-
rum.
9. Archelai [vel potius Achillae] (^j!) [patr. Alex.] (2). Isaac
ascetae senioi'is.
10. Timothei, filii régis, martyris.
11. Claudii martyris, Cerdonis patr. Alex.
12. Michaelis arcliangeli. Justi patr. Alex.
13= Jacobi, Joannis et... (3) martyrum.
14. Zenonis archimandritae martyris.
15. Dedicatio Ecclesiae sancti Mennae, Bartaia i^^^y] martyris.
16. Abunefer (1) senioris, commemoratio obitus ejus et con-
secrationis ejus ecclesiae.
17. PatrisLethsan i^^^^) (S) martyris. Barnabae apostoli et
Bartholomaei martyris.
18. Dainiani patriarchae Alexandrini qui serpentem occidit.
19. S. Georgii (6).
20. Dormitio Elisaei. Mennae in Moniet Barra {^y. ^r«H)-
21. Uedicatio Ecclesiae B. M. Virginis Athribae. Depositio
ossium sancti Stephani.
22. Isaiae prophetae. Cosmae fratrum ejus et matris eorum
martyrum.
23. ^^>y^} martyris (7). Amos prophetae.
24. Patris nostri Moysis nigri seu Aethiopum martyris.
^^^jji^ martyris.
25. Pétri patriarchae.
26. Consistentia solis erga Josue filium Nun. Commemoratio
Gabrielis in urbe Fium.
27. Lazari pauperis, Ananiae (8) et sociorum ejus sanctorum.

(1) Éth. (p. 187) : mémoire de Temada et do ses enfants.


(i) L'éthiopien (p. 187) porte : Arcliélai'is métropolitain.
(3) Le signe nou reproduit ici peut-être un chiffre copte. L"(Hhiopien (p. 188)
après d'autres noms (Ab Lagé?) ajoute et de deux cents autres ».
: <•

(4) Onuphrius F.

(b) Requies S. Lytsonii presbj-teri F.

(6) S. Georgii Neophyti (sous les califes Mahométans) F.

(7) Requies sancti Abanubii monachi sub Diocletiano imperatore F.

(8) Ananie, évèque de Damas F.


LE CALENDltlEi; D'ABOUI.-IJAfSAKAT. ]'.]{

(fol. 449'') 28. Tlicodori patriarchac Alex. Depositio Nestorii.


29. Aba Ilour et Abscliai et malris eorum martyrum.
30. Nativitas Joannis Baptistac;. Marthac et Mariae.

MKNSIS EPIPIII, ARAOïnUS ABU!.

Çlï'j juin au 21 juillet).

1. Afraniae ('t^j/') virg. etmart. (1). ^1),.>UjÎ martyris.


i^^^-^), eodem die
2. Cyrilli, Kastaini [forte Celesliiii] (2)

commeinoratio Thomae Apostoli.


3. Cyrilli magni patriarchae. Yemini (^:>\!) martyris.

4. Invcntio ossium Abu Kir, sive Cyri, et Joannis.

5. Martyrium Apostoloriim Pétri et Pauli.


6. Bartholomaei Rascliedae (s-^-i.!^).

7. Abu Schenudae, seu Sanutii, archimandritae.


8. Abu Bischoi in Sceti martyris.
9. Simeonis ^j^^^ (3).
10. Dedicatio Ecclesiae Sancti Sergii Misrae.
11. Eliae senioris.
12. Aba Houri [jj^].

13. Abu Basenda, [seu Vincentii] (î^-v-—j) episcopi Copli (4)


(Lis).

14. Macarii magni (fol. 450'") marlyris, Ammonii martyris.


15. Epliraem Syri. Aba Mona (^jy), ep. Sacha (^^'^).
16. Joannis qui evangelium aureum habuit, Palaemonis se-
nioris.
17. Isidori martyris Heliopoli.
18. Euphemiae martyris.
19. Antonii episcopi Alepensis.
20. Theodori magni martyris.
21. Cyrilli et Laetae matris ejus martyrum.
22. Marcelli et Cyriaci martyrum.
23. Schenudae (s^^y^) martyris. Longini qui Dominum in
cruce lancea perfodit.

(1) Phebroniae, monialis in monast. Sanctae Bryenae in urbe Nisibi in Meso-


potamia F. .

(2) Célestin,pape de Rome, (igure dans l'éthiopien (p. 188) au jour suivant.
(3) Simeonis Cleophae V.
(4) Requies patris nostri Bissinthii, episcopi Copton (étli., p. 100 : l'icendi).
132 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

24. Simeonis, patriarchae Alexandrini (1).


25. Mercurii. Assiimptio Henochi. (jly-^î ^^ -V.h^-^ f^ (2)-
ijj^j-^'
26. Josephi fabri et Josephi justi. Ascensio Eliae.
27. Ezechielis prophetae. Dedicalio Ecclesiae Joannis filii

Zebedaei.
28. Mariae Magdalenae. Thomae martyris Alexandrini.
29. Barsanuphii martyris. Thadaei Apostoli.
30. Aba Simon discipuli Pauli. Timotliaei confessoris, patr.
Alex. (3).

MENSIS MESORI.

(25 juillet au 23 août).

I. Aba Pauli in Khandek (J)^-^'^) (4). Dormitio Annae


matris B. Virginis.
(fol. 450'') 2. Daminae martyris (5). Andronici patriarchae
Alexandrini.
3. Simeonis stylitae anachoretae.

4. (^^^.-J^-'' martyris.
5. Anba Davidis ^j,^j^*^^ (6).
6. Disa (^!->) (7) discipuli Schenudae.
7. Timothei, patriarchae Alex.
8. Septem puerorum Antiochiae (8).

9. Anba Abari (9) ex Chetnufa (^jr^-) et translatio


(^J^}]
corporis.
10. (/^J-^^ martyris.
II. Ptolemaei episcopi Menuf.
12. Martyrum Neapolitanorum.
13. Transfiguratio dominica in monte Thabor.

(1) Lo quaranto-deuxième patriarche F.

(2) L'éthiopien place Mercure et Uénocli au jour précédent et porte encore

(p. 101) : mémoire des cent quatre-vingt-dix mille quatre-vingt-quatre martyrs


qui souffrirent avec Ahba Nob.
(3) 22° patr.; figure au 26 dans F.
Martyrium .Justi, sub Diocletiano imperatore
sancti Abali, filii F.
(4)

(5) Requies sanctae Bapsiae menuphensis F.


(6) Eth. (p. 192, au jour précédent) à Sondjar.
:

(7) Lire : Visa.


(8) Les saints Macchabées.
(9) Abba Ari (éth., p. 193).
LE CALENDRIER d'ABOUL-BARAKAT. 133

14. Pi'ocopii martyris.


15 (1) proplietae.
16. Ascensio corporis B. M. Virgiiiis.
17. Jacobi martyris.
18. Andreae martyris.
19. Translatio corporis sancti Macarii ad desertum.
20. Puerorum in spelunca Ephesi.
21. Micheae ^!>*! (2).
22. Dormitio et assumptio corporis B. Virginis eodem die.
23. Martyrum Caesareae.
24. Renovatio (èvy.arna) Ecclcsiae Tlieodori martyris.
25. Andreae et Agalliani ii^y^^) martyrum.
(fol. 451 r) 26. Victoris et sociorum ejus martyrum.
27. Samuelis prophetae.
28. Abraham, Isaac et Jacob.
29. B. Mariae in Cappadocia.
30. (j^<>3Uo! in Scete. Mosis episcopi Pharma.

Sequuntur epagomenae.

(24 août au 28 août).

1. Pacliomii et Serapionis.
2. Titi.

3. Anatolii et uxoris ejus (3).


4. Raphaelis.
5. Hadriani et uxoris ejus et S. Barsumae Syri.
Hue usque ex Abulbircat, sed unico codice, Kalendarium ec-
clesiasticum Coptitarum exscripsimus, qui codex etsi non ubi-
que accurate scriptus sit, melior tamen et integrior Seldenianis
fuit...

(1) La case est eu blauc daus le ms. et ne porte que l'u initiale de nabi
(prophète).
(2) Dans F, au 22 Mort du saint grand prophète Michée, fils de Joël.
:

(3) Martyrium S. Hadriani, et Natoliae ejus conjugis sub Maximino impera-


tore F. Cf. infra 5.
UN EXTRAIT DE LA DIDASCALIE :

LA PRIÈRE DE MANASSÉ
(avec une Édition de la version syriaque).

D'après les Paralipomènes (II, xxxiii, 18-19) « le reste des


paroles de Manassé, sa supplication adressée à son Dieu...
sont écrits dans les discours des rois d'Israël; sa prière aussi
et son accomplissement... sont écrits dans les discours d'Ho-
zaï ». On s'est demandé si la prière de Manassé conservée était
une traduction de cette pièce antique ou si elle n'était qu'un
apocryphe imaginé par un auteur, d'ailleurs ancien, pour com-
bler la lacune de nos Bibles. La seconde hypothèse a prévalu :

la prière de Manassé n'est qu'une composition littéraire du


commencement de notre ère. — On la trouve dans la traduction
syriaque de la Didascalie (ouvrage du iii° siècle; cf. trad. F. Nau,
Paris, 1902, p. 44-45) (1), dans le texte grec des Constitutions
apostoliques (ii, 22; Migne, Patr. gr., l, col. C48-649); dans le

Codex alexandriiius (A) de la Bible, après le psautier parmi les


cantiques (2) (éd. Breitinger, Tiguri Helvet., 1730, t. IV, p. 131.
Ce ms. est du v" siècle,); dans le Psalterium Turicense
(T) (3); dans le psautier éthiopien et dans les traductions éthio-

(1) M. Nestlé a écrit [Eacyd. fiir prot. TlieoL, 3° éd., t. III) et .M. V. Ryssel a
répété (cf. E. Kautzsch, Die Apocryphen und pseudep. des AT., Tubingue, 1900, l)

que la prière de Manassé est le seul morceau de la Bible syriaque qui n'ait pas
été édité. En réalité il l'est, depuis 1831, dans la Dldascalia Aposlolorum de Paul
de Lagarde (page 29-30).
(2) Même dans ce ms. A, la prière de Manassé n'est donc qu'un complément

au psautier. — Elle a passé de la Didascalie dans un Recueil de cantiques et


de là dans les psautiers, puis dans le ms. A.
(3) Le texte grec de la prièi-e de Manassé ne se trouve pas dans la Polyglotte
de Lejay: Robert Etienne l'a impi-imè dans ses bibles latines, éd. 1G40. fol. 159.
UN EXTRAIT DE LA DIDASCALIE. 135

piennes et arabe des Constitutions apostoliques; enfui dans un


psautier copte de la Bibliotiièque nationale de Paris (n° 1,

fol. 181" parmi dans deux manuscrits syria-


les cantiques) et

ques de la Bible, Rome, iiihl. Valic. CataL, II, n" 7 et Paris,


andeu fonds \r 2 (actuellement n" 7). Ce dernier esl donné
comme une copie faite de la main d'Abraham Ecliellensis, il
est donc possible qu'il ait été copié sur le ms. de Rome. La
prière de Manassé figure à la suite des Paralipomènes, sans
titre, après un espace blanc (Paris, n° 7, fol. 182) ; elle est suivie

du desinit des Paralipomènes et du livre d'Esdras. Elle a


figuré aussi à cette même place dans la Vulgate avant que le

concile de Trente n'eût ordonné de la rejeter en appendice.


Nous avons compai-é la prière de Manassé contenue dans la
bible syriaque (Paris, n" 7) à la même prière contenue dans la
Didascalie (ms. 62 de Paris édité par de Lagarde, Leipzig, 1854)
et n'avons trouvé que des différences orthographiques; il est
donc impossible que l'on ait là deux traductions indépendantes
et, comme le traducteur de la Didascalie ne transcrit pas la

Peschito mais traduit directement les textes grecs, nous de-


vons admettre que c'est lui qui a la priorité. La prière de
Manassé qui figure dans un ms. de Rome et un de Paris de la
Bible syriaque n'est donc qu'un extrait de la version syriaque
de la Didascalie.

Nous pouvons aller plus loin et ramener au texte grec perdu


de la Didascalie toutes les versions de la prière de Manassé. Il

n'y a aucune difficulté pour les rédactions contenues dans les


remaniements éthiopiens ou arabes de ou dans le la Didascalie,

texte grec des Constitutions apostoliques qui n'est aussi qu'un


remaniement de la Didascalie. Il nous suffit donc de montrer
que tous les textes grecs de la prière de Manassé et ceux qui —
en découlent comme le copte et le latin proviennent des —
Constitutions apostoliques. En effet 1" les textes grecs conservés
:

(et les versions qui en dérivent) sont inférieurs au texte grec

Wallon a reproduit le texte de Robert Etienne et a ajouté les variantes du ms. A.


SvvetP {The old lesl. in (jreek, Cambridge, t. III, p. 8i.»2-801) l'a imprimé parmi
les cantiques.
136 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

des Constitutions apostoliques, car ils présentent une lacune à


la fin du verset 7 qui n'existe pas dans les Constitutions aposto-
liques (d'accord ici avec la Didascalie); 2" les textes grecs
conservés présentent, au verset 9, la même lacune
que les Cons-
titutions apostoliques, on ne peut donc admettre qu'ils pro-
viennent d'une source différente, car ils n'auraient pas intro-
duit la même omission au même endroit.
La version latine doit cependant être mise à part, car la Didas-
calie a été traduite en latin vers le iv' siècle, l'édition de
M. Hauler contient encore la fin de la prière et les Latins ont
donc pu la connaître par là; cependant elle présente aussi la
seconde lacune (fin du verset 9) et paraît donc plutôt dériver
des Constitutions. D'où le tableau :

Prière de Manassé dans la Didascalie grecque.


-A„
Didascalie syriaque Did. latine
I
Constitutions Apost.
Bible latine (?)

Bible Didascalie
syriaque arabe et Bible Psautier grec,
éthiopienne latine éthiopien (et

copte?)

Il reste à se demander où l'auteur de la Didascalie a trouvé ce


texte; l'a-t-il copié, remanié ou inventé? — Il le donne comme
une citation, car il débute par :

Ecoutez donc à ce sujet, o évêques^ un exemple convenable et utile 11 :

est écrit dans le quatrième livre des Rois et aussi dans le second livre des
Paralipomènes que dans ces jours-là régna Manassé.

Viennent alors IV Rois xxi et II Paralip. xxxiii. La prière


de Manassé se trouve 11 Paralip. xxxiii, au milieu du verset 13;
puis vient encore un paragraphe inspiré par II Paralip. xxxiii, 13
(fin), 15, 16, 20 et on lit enfin ;

(1) Si l'on n'admet pas cette semble du moins que l'auteur n'a pas
idée, il

transcrit mais remanié une car tout le passage est un rema-


lettre antérieure,
niement et de plus nous ne croyons pas que les bibles du ni^ siècle portaient
cette prière dans II Parai, xxxni. De ])lus la lettre remaniée par lui devait être
écrite en grec et non en hébreu, car il utilise seulement le texte grec de la
Bible.
UN EXTRAIT DR LA DIDASCALIR. 137

Vous avez entendu, tils chéris, comment Manassé servit méchamment


et malheureusement les idoles et tua les justes et, quand il se repentit,
Dieu lui pardonna.

L'auteur donne bien tout nous intéresse


le passage qui
pour une citation, mais il combine avec
faut remarquer qu'il

assez de l'antaisie los llois et i(^s Paralipomènes. Voici en eClet


son dernier paragraplie (celui qui suit la prière et que nous
avons dit être inspiré par II Paralip. xxxiii, 13 (fm), 15, 16,
20) :

Et le Seigneur entendit de Manassé, il en eut pitié; une flamme


la voix
de feu tomba sur qui le couvraient furent dissous et brisés
lui, tous les fers

et Dieu délivra Manassé de ses souffrances et le ramena à Jérusalem, à la


tête de son royaume, et Manassé reconnut le Seigneur et dit « 11 est le :

seul Seigneur Dieu », et il servit le Seigneur de tout son cœur, de toute


son âme, tous les jours de sa vie. 11 fut réputé juste et s'endormit avec ses
pères et son fils régna après lui.

Nous ne pouvons admettre qu'au moment de la rédaction de


Manassé ait pu figurer au
la Didascalie (m'' siècle), la prière de
verset 13 du chapitre xxxiii de 11 Parai., car nous ne compren-
drions pas qu'Origène n'ait pas entrer ce chapitre — avec fait

astérisques — dans sa version hexaplaire conservée en syriaque,


ni qu'il ait disparu de cette place dans les manuscrits du iV" au
V' siècle. nous paraît plus probable
11 jusqu'à nouvelle décou- —
verte —
que l'auteur de la Didascalie lui-même, qui remaniait
tout le passage, a composé la prière de Manasé.
Il est certain que le morceau a une tournure hébraïque assez

caractérisée et c'est pour cela que V. Ryssel en particulier l'at-


tribuait à un juif (cf. E. Kautzsch, Die Apocnjphen und pseii-
depigr. des AT., Tubingue, 1900, I, p. 166-167); mais l'auteur

de la Didascalie vivait assez près des judaïsants, sinon des juifs,

et son style est assez nourri et imprégné de l'Écriture pour qu'il


ait pu composer facilement ce pastiche. Nous tenons donc pour
l'instant que la prière de lAlanassé a paru pour la première
fois dans la Didascalie et qu'elle a rayonné de là dans toutes
les littératures.

Paris.

F. Nau.
138 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Version syriaque.

Nous utilisons le ms.


de Paris (P) le manuscrit de la
syr. n° 7 ;

Didascalie n° 62 ou édition de Lagarde (L), l'édition de


(fol. 22')
M. D. Gibson (1) The Didascalia Apostolorum, Londres, 1903,
:

dans Horae Semiticae, t. I, p. 50-51 (G) et les mss. 2023 de


Cambridge (Ci et du musée Borgia (B).

(jL^o^poo (fol. 182 V, a) .)-mOÎ V-*-*^^ )-»V^ ©o» ^W? ^^^

(1) L'édition de M. D. Gibson est basée sur un ms. de Mésopotamie; les


variantes des ms. G et B figurent à la fin, p. 227-228.
(2) P ©m. ce titre. —
(.3) ^ov-aj» p.

{ 1) f^U GL. — (5) G om. NowL — (G) CGL aj. ;a*i»io.


('7)
;^^55«>V
\^--^e^ G. — ^ks^oio ^&.-vi- c.

(8) U70 G. — (9) GL om. ^v


(10) ^, i-vi^V G.
(llj Ui-^» GL.
(12) ^lo h.
(13) ow/ L.
UN EXTRAIT DE LA DIDASCALIE. 139

.•)io ^ »l K.iCLûO )-û^;>^ )ooi Jl .'\.£i:i^)^ )oi^ )-»fio ^'^.-j^aoi

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))L^^x...ûD ^"^^-^.io .)^^CLJi9 ooî ).iooi )>1a«/o »aU*/o «.^«JL*.^

(I) GL om. 7
^'!.

(3) >a)ovf^ L. — vûJcn'-^o (}.

vi^» G.
(4)

(5)
v^-v p. _ (G) G aj. lo^.
(7) P om. loi.

(8) lâ^jCsso p. _ (9) ;*a9o B.


(10) ^i C. — (11) |Lûa*3tbo, C.

(12) uv*>oV LoVs^ ^^» (i.

(13) \LaSu^ P.
(II) G om. \il (15) —G. "^^
(10) s^f^ol CL. —
(17) '^^o CG.
(18) uû,j>Lo c(;l.
(19) la.L, p.

(20) om. P. — (-21) la- »-;-»• L.


140 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

^2)
))L-^a-i» y...l u._^ Kj/ vDVia .J-j/ la.* JJ
^^^
^,
.^>X:a-^ y^*j,^Al (fol. 182 V, b) ^^^
);oC:s^^ioo .^^eu^V;

> » M ^-.L-^ Y-^! ^-^-^ .*^JL^9 )K.^cL* yooC^wIai^o

).-jL-àeuM ).j^.^K.3 ^010)^/9 >.^^^cu*v^9 )v^>7^ ^eLS.jL

TRADUCTION

PRIERE DE MANASSE.

1. Seigneur (7), Dieu de mes pères, Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et

de leur race juste ;


— 2. toi qui as fait le ciel avec tout leur
et la terre
ornement (8) ;
— 3. toi qui as lié la mer et qui Vas constituée par le précepte

de ta parole (9), toi qui as fermé l'abîme et qui l'as scellé de ton nom (10) ter-
rible et glorieux, — 4. toi devant la puissance de qui (11) tout craint et

tremble, — 5. car la majesté de ta gloire ne peut pas être affrontée et


personne ne peut subsister devant ta colère et ta fureur contre les pécheurs.
— 6. Sans limite et sans mesure sont les miséricordes de tes promesses,
— 7. car tu es le Seigneur (12) patient, clément et très miséricordieux, tu

reviens sur les méchancetés des hommes. Toi, Seigneur, dans la bénignité
de ta grâce, tu as promis la rémission à ceux qui se repentent de leurs
péchés et, dans la grandeur de tes miséricordes, tu as placé ta grâce pour
la vie des pécheurs (13). —
8. Toi donc, Seigneur, Dieu des justes, tu n'as

pas placé la pénitence pour les justes, pour Abraham, pour Isaac et pour
Jacob, qui n'ont pas péché contre toi, mais tu as placé la pénitence pour
moi, pécheur, —
9. car mes péchés se sont multipliés plus que le sable de

(I) so p. — (2) om. G. — (3) l»o^^>» P. — (4) ^s G.


(5) P aj. x^-i^o.

(6) Cette finale est propre au ms. P.


(7) Le grec et le latin ajoutent « tout-puissant » ou « (Dieu)
: céleste ».

(8) Sans doute « l'armée des cieux » ou « les étoiles ».


(9) Litt. de sa parole. Cf. Job, xxxvni, 8-11.

(II) Litt. son nom.


(11) Lilt. devant ta puissance.
(12)Le grec (hors les Const. ap.) et le latin ajoutent « très élevé ».

(13) fin de ce verset manque dans les manuscrits grecs A et T


La comme dans
le psautier éthiopien; elle se trouve dans les Const. apost.
UN EXTRAIT DV. LA DIDASrAI,!!:. I ||

la mer (1) et je n'ai pas lo courajio de lever ma tète (2), à cause du nombre
de mes iniquités. Et maintenant, Seigneur, c'est avec justice que je suis
afflifié, et je suis tourmenté comme je le mérite (15). Voilà que je snis pri-

sonnier, —
10 et courbé sous la multitude des chaînes de fer de sorte que
je ne puis plus lever ma tète en haut. Je ne suis d'ailleurs pan digne de
levermes yeux et de regarder et de voir la profondeur du eiel, à cauae
de la grandeur de Viniquilé de mes infidélités; axY y i\\ fait le mal devant
toi, j'ai excité ta colère, j'ai élevé des idoles et j'ai multiplié les im-
piétés. — II. Maintenant je plie les genoux de mon cœur devant toi et

j'implore ta bonté.
12. J'ai péché, Seigneur, j'ai péché, e\ parée que je connais mes péchés,
— 13. je Pardonne-moi, Seigneur (4), et ne me
supplie en ta présence :

fais pas périr avee mes fautes, ne t'irrite pas pour toujours contre moi, ne
laisse pas subsister mes fautes, ne me punis pas et ne me jette pas dans
les profondeurs de la terre; car tu es le Dieu du pénitent; 14. montre- —
moi donc encore, Seigneur, ta grâce, et, bien que je n'en sois pas digne,
sauve-moi selon la multitude de tes miséricordes. 15. Et pour cela je te —
louerai toujours et tous les jours de ma vie. Car toutes les milices célestes
te louent et te chantent à jamais, dans les siècles des siècles.

Fin du livre des Paralipomènes qui a cinq mille six cent trois stiches.

(1) Grec et latin : " j'ai péché au delà du nombre des grains de sable de la mer;
mes péchés se sont multipliés. Seigneur, mes iniquités se sont multipliées ».

(2) Le grec et le latin ajoutent - et de regarder la profondeur du


: ciel ».

(3) Cette phrase manque dans le grec et le latin.


(4) Le grec et le latin répètent « pardonne-moi ». :
ETUDE
SUR LA CONVERSION DE L'ARMÉNIE AU CHRISTIANISME

HOUSIG ET NeRSÈS le RÉORGANISATEUR


DE l'Église arménienne; tentative de schisime par Bab

{Suite) (1)

Ces trois moines menaient de front, avec l'œuvre de leur per-


fection individuelle, le travail de l'apostolat, ce qui devait les
rendre encore plus chers à Nersès. Épiphane, tout en fondant
maints monastères, évangélisa la région du Grand Dzopli. En-
suite, il prêcha dans le pays d'Aghtzniq, y établit des monas-
tères et érigea, en l'honneur des martyrs, une «'glise à Tigra-
nocerte. l'uis, revenu, pour quelque temps, dans le lieu de son
premier séjour, il l'abandonna définitivement, pour se rendre,
avec 500 disciples, au pays des Grecs (Faustus, V, 25-28). Un
trait original, conservé par Faustus, met en relief la manière
dont ce maître formait ses disciples. Ce trait peut paraître d'un
goût douteux et propre à déconcerter nos maîtres de novices;
malgré son tour bizarre, il révèle pourtant un idéal de modestie
assez élevé. Tandis qu'il s'éloignait avec ses disciples, Épi-
phane rencontra une femme; il en était déjà loin, quand il s'é-

cria: « Comme cette femme est belle et magnifique! » L'un de


ses disciples, qui était jeune, reprit : « La femme que vous louez
est borgne . » — « Pourquoi, reprit le saint, as-tu examiné son
visage? N'est-ce pas une preuve que tu nourris de mauvaises
pensées? » et, sur-le-champ, il le congédia. On voit cependant

(1) Voy. 1U08, p. 72.


KTUDK SUR LA f'ONVKHSlON DE i/AUMKNIK. 1 13

que la leçon d'Épiphane ciruinail prise à une réplique et qu'on


aurait pu lui dire : Si votre premier jugement est fondé, c'est
que vous avez vous-même manqué à la modestie. S'il ne Test
pas, en quoi diffère-t-il du mensonge?
Quelles que fussent les lacunes de leur instruction, plu-
sieurs religieux se dévoucrenl néanmoins, non sans succès,
soit à former, soit à convertir dos Arméniens, restés ou rede-
venus idolâtres. Nersès avait bien besoin de l'actif concouis de
ces missionnaires pour n'-aliser son plan de réforme religieuse
et morale. Au début de son pontificat, l'ignorance était extrême.
C'était l'une des principales causes du manque de convictions
religieuses dans la masse du peuple et de l'impie cruauté de
certains Nakharars, tels que le prince de Manadjilir. — Évan-
géliser les adultes était bien ; former les enfants était mieux
encore et d'un résultat plus fécond. Le génie organisateur et
prévoyant de Nersès ne pouvait pas ne pas le comprendre.
Aussi, comme les instructions religieuses se faisaient, d'ordi-
naire, en grec et en syriaque, il fonda dans tous les districts
des écoles oia étaient enseignées ces deux langues, et prépara
ainsi à l'Arménie une génération de clirétiens plus éclairés,
plus fermes, plus convaincus.
Tandis qu'il jetait ainsi dans les jeunes âmes de précieuses
semences dont plusieurs fructifieront un jour, il s'efforçait par
ses prédications et ses exemples, d'arracher les autres personnes
au vice et de leur inculquer les vertus chrétiennes. Il prêchait
avec force contre la fourberie, le mensonge, les faux témoi-
gnages, l'envie, l'avarice, la lâcheté, l'ivrognerie, la gour-
mandise, les mauvais désirs, l'adultère, les péchés contre
nature, la sodomie, l'injustice, la vengeance, la violence, l'ef-

fusion de sang, l'homicide. Aux criminels il annonçait qu'ils


seront torturés par un feu inextinguible. Il visait à éveiller
dans tous les esprits la foi et l'espérance, et, dans tous les
cœurs, la clémence et la charité. Aujourd'hui encore, dans la
plupart des contrées de l'Orient, il existe même chez des
chrétiens un vieil usage, qui donne aux cortèges funéraires
une allure presque païenne. Des parents, des amis, des femmes
surtout, souvent gagées pour cet exercice, sanglotent, se la-
mentent bruyamment autour du cercueil enfermant le défunt,
se frappent le visage, agitent leurs mouchoirs et s'entraînent
144 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

mutuellement en de douloureuses contorsions. Témoin attristé


de ces scènes, oti Ton allait jusqu'à se déchirer le visage,
Nersès ne se contenta pas de les condamner. Il s'appliqua, en
même temps, à détacher ses contemporains des joies grossières,
de tous les plaisirs qui passent, et aies consoler en leur rappe-
lant la résurrection et les récompenses do la vie future. L'abus
survécut au zélé réformateur dans le combat décisif contre
:

Méroujan, Vatché, le lieutenant de Manuel, étant mort écrasé


sous son cheval, il y eut, à ses funérailles, de grandes lamen-

tations. en fut
Il de même aux obsèques de Nersès, raconte
son biographe. Néanmoins, pendant plusieurs années, ces dé-
monstrations perdirent beaucoup de leur bruyant éclat; et
Manuel, sur le point de mourir, interdira qu'on se lamente
sur sa tombe, par respect pour Nersès.
Censeur de tous les vices, réformateur de tous les abus,
Nersès n'en devint pas moins très populaire. Ce qui lui gagna
surtout les cœurs, ce fut sa commisération, à la fois tendre
et efficace, pour tous les malheureux. Aux maîtres, aux Grands,
au roi lui-même, il ne se lassait pas de prêcher la compassion
envers leurs serviteurs et leurs sujets, recommandant aux
uns de ne point imposer de charges ou d'impôts excessifs, et
aux autres, d'obéir avec fidélité, sous l'œil du Maître qui devait
tous les juger. Il délivra plusieurs captifs, tantôt en indemni-
sant leurs maîtres, tantôt en les menaçant des jugements de
Dieu. Par lui plusieurs institutions qui prospéraient à Césarée
furent implantées et fleurirent en Arménie (1). Par ses œuvres
de bienfaisance, il égala ses modèles. Peut-être lesdépassa-t-il.
Avant lui, par crainte de la contagion, on chassait loin des
lieux habités les lépreux ; et ces malheureux périssaient de
misère, ou sous la dent des bêtes fauves. Le catholicos s'éleva
contre cetle conduite barbare. 11 réunit les lépreux dans le

canton des Antzévatzi, près d'une église fondée en l'honneur


delà Mère de Dieu. On vénérait là une image de la Vierge, que
l'on disait apportée par saint Barthélémy, et qui attirait de
nombreux pèlerins. Pour les autres malades pauvres, des
hôpitaux furent construits dans les villes et dans les campa-

(1) Sur les institutions cliaritables établies chez les Grecs, voir les discours
14 et 43 de Grégoire de Nazianze, Mignc, XXXY, 858 ; XXXVl, 494, 577-580 ;n. 63.
Basil., Episl.d4; Migne, XXXII, p. 485.
ÉTUDK SUR LA (JoNVKRSION UK l'aU.MKXIH. I 15

gnes, et placés sous la direction d'un aumônier. Ncrsès pour-


vut à leur entretien par des aumônes, tirées surtout des villages
qui avoisinaient ces hospices. La mendicité vagabonde fut
interdite, et les vrais malheureux, secourus à domicile, cessèrent
d'errer de porte en porte. D'ailleurs, tous les aflligés, infirmes,
indigents, veuves, orphelins, qui n'étaient pas très éloignés de
la demeure du catholicos, savaient à qui recourir : ils trouvaient
toujours son palais ouvert et avaient accès à sa table. « Jamais,
s'écrie Faustus, l'Arménie ne posséda un semblable pasteur ».

Sous plume d'un témoin de la


la charité de Nersès, un tel ju-
gement n'est pas une hyperbole.
Nersès avait réorganisé la chrétienté arménienne catholique
et élargi le cadre trop étroit, où menaçaient de l'enfermer ses deux
prédécesseurs, sous la pression de Diran. Une vie à la fois mieux
réglée et plus intense circulait dans cette partie importante
de l'Église universelle, surtout dans le sacerdoce, son prin-
cipal organe, et s'épanouissait en toute sorte d'œuvres. La foi,

qui n'était plus chez un grand nombre qu'une opinion flottante,


se transformait en conviction. L'éducation, les prédications
des missionnaires la faisaient pénétrer dans les esprits; la
charité du catholicos achevait de l'enraciner dans les cœurs.
De là, le prestige de Nersès aux yeux des nobles et swrtout
aux yeux du peuple prestige si grand, que le roi lui-même eût
;

couru le risque de n'être point obéi de ses sujets en leur com-


mandant de lever la main contre le charitable pontife.
Mais, l'autorité dont il disposait, Nersès entendait la faire
servir à la défense de tous les droits, et particulièrement de la
foi, de de l'innocence et delà morale opprimées. Pour
la justice,
cette tcàche ardue et délicate, Nersès rencontra parmi les prê-
tres séculiers un courageux auxiliaire. Il s'appelait Khat et
était originaire du canton de Garin. Il avait d'abord été chargé
de surveiller l'œuvre de l'assistance des pauvres; ensuite, il

avait été consacré évêque de Pakravant. Quand Nersès fut forcé


par le roi de s'éloigner de son siège, il confia au fidèle Khat
les fonctions de vicaire patriarcal. C'est ainsi qu'autrefois
Grégoire paraît avoir pris Arisdaguès pour auxiliaire, avant
que celui-ci héritât de sa place. D'ordinaire, le vicaire résidait
près du catholicos; il en était de même de l'administrateur du
palais patriarcal, nommé Faustos au temps de Nersès, et du
ORIENT CHRÉTIEN. 10
146 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

camérier, appelé alors Zorth et chargé comme le précédent de


la surveillance des hospices. Ces trois personnages avec six
autres évêques composaient le conseil du catholicos (Faustus,
VI, 5). Le nombre des évêques membres du conseil patriarcal,
au dire de Neumann, s'est maintenu jusqu'au xviii^ siècle, et,
depuis cette époque, n'est plus que de cinq.,
Khat, le vicaire de Nersès, n'avait qu'un pouvoir limité et
devait s'en tenir aux instructions du catholicos. Mais, cette
consigne, il l'observa exactement. Arsace, pour peupler sa
nouvelle ville d'Archagavan, au district de Gokovid dans l'A-
rarad, venait d'appeler, parla voix des crieurs publics, les mal-
faiteui's, les hommes et les femmes qui avaient déserté leur
foyer domestique, ou avaient des comptes à régler avec la
justice; il les mettait à l'abri de tout châtiment. Khat lui
reprocha cette iniquité. Le roi lui offrit de l'or, de l'argent,
plusieurs chevaux de l'écurie royale, avec harnais enrichis d'or
et de soie (Faustus, IV, 12, 13). Mais le vicaire, toujours incor-
ruptible, répondit qu'il ne pouvait qu'exécuter les prescriptions
du catholicos. Il distribua aux pauvres, en présence même du
roi, les présents qu'il venait de recevoir, et persista dans ses
objurgations tant et si bien, qu'Arsace, désespérant d'entraver
son zèle, même par des chaînes d'or, le fit chasser du camp
royal. L'indépendance et le désintéressement de Khat sont
d'autant plus étonnants, que cet évoque était, ou, du moins,
avait été marié que l'évêque Asroug, ayant épousé l'une des
et
deux filles de Khat, devait posséder plus tard son évêché de
Pakravant.
Après avoir défendu les intérêts de son roi à la cour de
l'empereur, probablement de Valens, Nersès crut de son devoir
d'élever la voix contre les empiétements d'Arsace ; il le blâma
d'avoir accordéune complète immunité aux bandits réfugiés
à Archagavan flétrit la connivence du roi dans le meurtre
; il

de Knel; il protesta sans doute contre les déportements du


monarque, qui vécut d'abord, semble-t-il, dans le concubinage
avec Parantzem, et l'épousa officiellement, après qu'elle eut
empoisonné Olympiade. N'osant lutter ouvertement contre un
pontife si universellement vénéré, Arsace avait feint de ne pas
l'entendre, quand, par exemple, Nersès intercédait en faveur
de l'innocent Knel. Indocile à ses réprimandes, le roi voulait
ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE lA\RMÉNIE. 1 17

néanmoins que le patriarche s'interposât entre lui et les mé-


coiitents, dont le nombre
aiigmciitMil dans noblesse, !< clergé l;i.

et le peuple.Mais Nersès ne pouvait empêcher un fort parti de


Nakharars de s'allier avec Sapoi-, d'attaquer Archagavan et de
passer au fil de l'épée ce qui, dans la ville coupable, avait
échappé aux ravages d'une épidémie. On comprend que, las
de protester et de s'interposer inutilement entre les divers par-

tis, il se soit décidé à quitter la cour, alors même qu'il n'en

aurait pas été banni (1). Il alla vivre à Édesse, dit le bio.t^raphe,
probablement ti'ompé par l'analogie du nom de Nersès avec
celui de Barsès, l'évêque de cette ville. Il est cependant pro-
bable que Nersès émigra vers les régions de l'Euphrate; mais
on peut présumer qu'il se retira dans son domaine d'Achdichad,
sans y être inquiété par Arsace.
27. —
Première tentative pour séparer V Église d'Arménie
de V Église universelle; elle échoue; V épi scopat presque tout
entier refuse de prendi^epart au sacre de Tchounag, qu Arsace
a mis à la place de Nersès; raisons de ce refus. Arsace se —
sentit soulagé ou enhardi par l'éloignement de son incorruptible
censeur. mit alors à sa place Tchounag ce prélat timide, sans
Il :

éloquence, regardé comme le serviteur des serviteurs de la


cour, ne pouvait que condescendre à tous les désirs du roi.
Arsace savait bien que Basile le Grand, alors archevêque de
Césarée, ne sanctionnerait pas cette intrusion. Toute interven-
tion, d'ailleurs, d'un pouvoir spirituel placé hors de ses atteintes,
et capable de se prononcer contre lui, devait lui porter om-
brage. En rompant organique qui rattachait l'Église
le lien
arménienne à l'Église universelle, par l'intermédiaire de son
chef, le roi devenait le maître de cette Église, de sa hiérarchie,
et, à certains égards, de ses décrets, de ses anathèmes beau-

coup plus qu'il n'était le maître des Nakharars, de leurs sub-


sides et de leurs soldatsdès lors, le domaine spirituel serait
;

subordonné, inféodé au pouvoir temporel. Voilà ce que devait

(1) Il n'est pas vraisemblable que Nersès ait été banni par Valens. La source
où a puisé Faustus doit avoir confondu Nersès avec Barsès d'Édesse, banni par
Valens en 373 (Theodoret, H. E., IV, 14; Migne, LXXXII, p. 1153). Ce qui semble
vrai, c'est qu'Arsace, irrité de ses reproches, lui interdit de paraître à la cour;
ou, plus probablement encore, Nersès n'attendit pas cet ordre pour n'y plus
mettre les pieds. Selon Moïse de Khorène, Archagavan fut ruinée par les Nakha-
rars, et selon Faustus, par une épidémie.
148 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

répéter à Arsace un parti peu nombreux, mais remuant, plus


favorable aux Perses qu'aux Grecs, et formé de tous ceux qui
soupiraient, soit après les vastes possessions détenues par le
du paganisme, soit après une auto-
clergé, soit après la licence
nomie religieuse absolue. Dupes de leurs propres visées, elles
se coloraient pour leurs yeux prévenus contre les Grecs, de
tous les rellets d'un ardent patriotisme.
Encouragé par ces hommes, de tendances schismatiques,
nous dirions aujourd'hui anticléricales, et partisans de l'ab-
solue suprématie de l'État sur l'Église, Arsace invita seule-
ment les évèques arméniens à venir imposer les mains à
son protégé Tchounag. Mais, seuls, l'évèque de Gortouk et
celui d'Aghtzniq y consentirent. Ils appartenaient l'un et
l'autreau sud-ouest de l'Arménie, où dominaient les Syriens,
qui voyaient avec plus de défiance que les autres, les intimes
rapports des chefs de l'Église arménienne avec les Grecs (1).
Mais, du témoignage de Faustus, il ressort que le groupe
constitué par les partisans du schisme ou de l'Église stricte-
ment nationale, vit se dresser contre lui la presque unanimité
des évoques. Aux yeux de ces derniers, ou Nersès était le ca-
tholicos légitime Tchounag ne pouvait être consacré, ou
et
s'ils admettaient quele siège du catholicos était vacant, leur

refus de consacrer Tchounag signifiait, semble-t-il, qu'ils ré-


servaient ce droit à l'archevêque de Césarée et qu'ils protes-
taient contre les fauteurs de schisme.

(1) Faustus, IV, 15; Vie de S. Nersès, ch. iv, Langlois, I, 33. — Le district de
Gortouk est au nord, celui d'Aghtzniq est au sud de la rivière Bohtan-Sou et de
Seurt, au sud-est du lac de Van. Gelzer a supposé que ces deux districts ayant été
cédés à Sapor II par Jovien en 363, leurs deux évèques titulaires devaient alors
résider à la cour d' Arsace (Voir Faustus, IV, 21 Gelzer, Anfûnge..., p. 155). Cette
;

hypothèse est vraisemblable, non certaine. Minassiantz (p. 17) n'en détruit pour-
tant pas la probabilité en faisant observer que, d'après Faustus, les deux évèques sus-
dits répondirent à l'appel d'Arsace. Le distingué vartabed va un peu trop loin,
en concluant de ce texte, que, pour se rendre à l'appel d'Arsace, les deux évèques
durent s'aclieminer alors seulement de leur district à la cour. — D'après l'auteur
delà Vie de Nei'sès (Langlois, p. 33j, Tchounag fut consacré par l'évèque de Karni,
George, l'évèque d'Aghtzniq, Gadjad, et l'évèque des Antzévatzi, Siméon. — On
ne peut identifier Tchounag avec Isaac l'Arménien, qui, d'après Socrate, a signé
la lettre envoyée à Jovien parle synode d'Antioche (363-364; H. E., 111, 25). Cet
Isaac, comme l'a pensé Gelzer, pourrait bien être le Sahag ou l'Isaac dont Faustus
seul fait mention, et qui serait devenu catholicos après Piiaren. Cette identifi-
cation rendrait plus vraisemblable la consécration de Nersès en 363.
ÉTUDE SUR LA COWEFiSION DE l'ARMÉXIE. HO
L'usage d'aller chercher la consécration ù Césarée avait
donc alors force de loi (1). Plus d'un siècle après, l'auteur de l;i
Vie de Nersès le reconnaîtra expro3Ssément, si naïve que soit
l'explication dont il s'avise « Les Arméniens (les Catholicos)
:

allèrent, dit-il, demander leur consécration à Césarée, parce


que l'apôtre Thaddée, auquel était échue en partage l'évangé-
lisation de l'Arménie, illumina d'abord des rayons de la foi
le roi Abgar et le pays d'Édesse, puis la ville de Césarée, qui

avait toujours été sous la domination des Arméniens (!). Là,


ilordonna évêque l'un de ses disciples, Théophile. Ainsi, le
premier évêque de Césarée, toujours soumise aux Arméniens,
ayant été institué par Thaddée avant son apostolat dans la
Grande-Arménie, il fallait que ses héritiers vinssent deman-
der à l'archevêque de cette ville leur consécration (2). »

28. — Bab reconquiert le trône de son joère Arsace, avec

(1) M. Harnack affirme que Grande-Arménie, politiquement indépendante de


la

Césarée, ne pouvait, dans strict, avoir celle-ci pour métropole religieuse


un sens
[Mission; II, Verbreitung'^, p. 171, note 1). Si le savant historien veut dire qu'une
hiérarchie ecclésiastique en général, celle de l'Arménie en particulier, n'avait
pas de point d'attache ou même n'était retenue par aucun hen, la subordonnant
à certains égards à quelque siège placé au delà des frontières du royaume, qui
enfermait cette hiérarchie, l'observation n'est pas exacte. D'ordinaire une cliré-
tienté nouvelle ressortissait immédiatement au siège qui l'avait évangélisée et
fondée. •Telle était la situation de l'église d'Ethiopie à l'égard du siège d'Alexan-
drie, et celle de la Grande-Arménie k l'égard du siège de Césarée; cf. Gélase de
Cyzique, Hist. du Conc. de Nicée, II, 27 Mansi, II, 929 Migne, P. G. LXXXV, 1310.
; ; ,

(2) Aujourd'hui encore, dans les manuels classiques d'histoire


ecclésiastique ou
de cours de religion, à l'usage des Arméniens non-unis, on suit à la lettre des lé-
gendes aussi naïves, pour ne pas dire puériles. L'impoi-tant est de montrer que
l'autonomie de l'église arménienne remonte jusqu'aux apôtres; et l'on donne bra-
vement le nom des catholicos, qui depuis la prétendue évangélisation de l'Arménie
par cinq apôtres et la prétendue fondation du siège d'Ardaz par Thaddée, se se-
raient succédé sur ce siège jusqu'à Grégoire l'Illuminateur (Voir par_ exemple
l'Histoire de VÉglise, en arménien, par Khatchgants, secrétaire de l'Église ar-
ménienne grégorienne, Constantinople, 1906).
Nous avons déjà montré que plusieurs de ces légendes ne sont souvent que
de l'histoire altérée et travestie. Ainsi, ce Théophile, dont l'auteur de la Vie de
Nersès et, après lui, les auteurs de manuels grégoriens classi(iues font i-emonter

l'ordination à Thaddée, (''voque naturellement l'idée du savant évêque Théophile


d'Antioche et du Théophile évêque de Césarée en Palestine. Mais nous voilà loin
de Césarée de Cappadoce, et dans le second siècle, sous Commode, et avec le se-
cond Théophile, à la fin du second siècle (cf. Eusèbe, H. E., IV, 20, 24; V, 22;
Migne, XX, p. 377, 389, 489). D'ailleurs, comment Thaddée, dont la légende place
le martyre un peu après le milieu du premier siècle, a-t-il pu ordonner, au se-

cond siècle, Théophile comme évêque de Césarée?... Le catalogue^ des catholicos


avant Grégoire mérite la même créance...
150 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

l'appui du duc Térence; d'abord rigoureux à V excès contre les


ennemis de V Église arméno-catholique, il cède bientôt à d'au-
tres passions; causes de conflit : attachement de Nersès à
V Église universelle ; Bab exclu du saint lieu; il empoisonne
Nersès et nomme catholicos Housig; mais Basile de Césarée
frappe celui-ci de suspens; malgré Vappui donné à Bab par
V archevêque de Tyane, Vépiscopat arménien conserve, sem-
ble-t-il, ses anciens rapports avec Césarée, et le roi lui-
même semble avoir été contraint par Basile d'accepter de
nouveau cette subordination.
Le règne d'Arsace avait, à tous égards, bien commencé; à
tout point de vue, aussi, il avait mal fini. Le règne de Bab
devait susciter, puis traliir, les mêmes espérances. Arsace
avait été chargé de ciiaines d'argent par Sapor et relégué
dans le fort d'Agabana ou de l'Oubli. Mais les deux transfuges
Cylax et Artaban, que le roi de Perse avait envoyés contre le
fort d'Artagéras, où étaient renfermés la femme et le fils
d'Arsace, avec ses trésors, avaient passé du côté des assiégés.
Ils avaient ménagé la sortie d'une troupe d'élite; surpris au

milieu de la nuit, les assiégeants avaient été mis en fuite. Bab,


sur les conseils de sa mère, avait quitté la place; et Vaiens
lui avait donné à Néocésarée, dans le- Pont, une retraite et un
traitement dignes de son rang. Peu après, par l'ordre de
l'empereur, duc Térence conduisit le jeune prince de Néocé-
le

sarée en Arménie, sans toutefois lui donner les insignes de


roi, pour ne point violer ouvertement l'humiliant traité imposé

par Sapor à Jovien. Le roi de Perse dévasta de nouveau l'Ar-


ménie. Bab poursuivi se réfugia, avec Artaban et Cylax, dans
les montagnes qui séparent de l'empire le pays de Lazes.

Les Perses, ne pouvant s'emparer de lui, incendièrent les arbres


fruitiers des campagnes arméniennes, et reprirent quelques
châteaux forts. Ils revinrent, après l'hiver, assiéger Artagéras;
la place fut prise, ainsi que la femme et les trésors d'Arsace
(Ammien, XXV, G-7; XXVIII, 12). Mais, grâce au secours d'une
troupe grecque, commandée par Arinthée, Bab resta maître
de son royaume. A peine affermi sur le trône, son premier
soin fut de favoriser le relèvement religieux de l'Arménie,
dont la situation était bien déchue depuis l'éloignement de
Nersès. Il déploya même dans cette tâche une rigueur excès-
ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE l'aRMÉNIE. l.')!

sive. Les mazdéistes perses et les renégats arméniens qui, vers


la fin du règ-ne d'Arsace et surtout pendant sa captivité, s'é-
taient multipliés beaucoup plus encore que les martyrs, furent
fort maltraités par Mouchegh, avec l'approbation du roi. Cà
et là, on brûla, à petit feu, plusieurs sectaires mazdéistes. On

vit des zélateurs arméniens emprunter à leurs voisins orien-


taux une coutume des plus barbares : ils écorchèrent plusieurs
seigneurs perses; ils rembourrèrent leur peau de paille et

l'exposèrent sur les murailles des châteaux forts. Rien, sans


doute, ne justifie ou même n'excuse ces atrocités. Quelques
circonstances, en atténuent l'odieux
pourtant, Sapor les :

avait provoquées en imposant aux Arméniens l'adoration du


soleil, du feu et de l'eau, et en multipliant par sa politique,

tour à tour cruelle et cauteleuse, le nombre des apostats

(Faustus, IV, 50, 55 et seqq.; V, 1). Mouchegh songeait à son


père Vasag, écorehé par l'ordre de Sapor, et dont la peau
avait été bourrée d'herbe. Bab, de son côté, voulait, sans
doute, venger l'humiliante et dure captivité de son père et les

infâmes outrages subis par sa mère.


Bab fit mieux cependant que d'encourager de sanglantes re-

présailles. ne se contentait pas de faire renverser les pyrées.


Il

Il relevait aussi les églises ruinées par les Perses. En même

temps, il appelait Nersès près de lui et paraissait disposé à le


consulter « comme le père et le guide du peuple arménien «.

En maintes occasions, il lui donnait les marques les moins


équivoques de vénération et de confiance. Jadis, pour s'assu-
rer la fidélité d'Arsace, Sapor lui avait fait prêter serment de
vassalité sur les saints Évangiles. Le jeune roi Bab, dont
Faustus exagère peut-être l'extrême défiance à l'égard de son
héros Mouchegh, exigea seulement, pour se réconcilier avec
lui, qu'il prêtât serment de fidélité à son souverain, en prenant

la main de Nersès (Faustus, V, 4).


Mais, entre le pasteur inexorable au vice et le capricieux
jeune roi, J'accord'ne pouvait subsister longtemps. Ce n'était
pas que Bab fût dépourvu de qualités : il ne manquait ni d'in-

telligence ni de courage ; il était même, par moments, ac-


cessibleaux plus généreuses inspirations. Malheureusement,
ces dons heureux n'avaient chez lui aucune base solide. Dé-
pourvu de fermes principes religieux, il se laissait emporter,
152 . REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

avec fougue de son tempérament passionné, à tous les excès


la

de l'orgueil, de la colère et de la volupté. Il n'avait point appris


à combattre ses inclinations vicieuses. Élevé par sa mère
Pharantzem (Parantzem) dans les superstitions païennes, et,
selon Faustus, consacré, dès l'enfance, par son père, aux devs,
que paganisme arménien représentait sous la forme de ser-
le

pents, il s'abandonna ouvertement, devenu adolescent, à l'a-


dultère, et aux pires débauches (1). Il achevait ainsi d'ancrer
dans l'âme de ses sujets la légende née de la crédulité populaire

et du spectacle de ses vices précoces, à. savoir qu'il était possédé


par les devs, se déroulant sur lui, sous forme de serpents blancs.
Ces racontars étaient déjà si répandus dans le public, que
l'écho en parvenait jusque dans l'entourage de l'empereur
Valens (2).
Sans s'arrêter à ces superstitions populaires, Nersès était
attristé et indigné de l'inconduite du roi, et il avait trop la

(1) Faustus, V, 22; IV, 15,41, dans Langlois, p. 2G3, 265.11 faut placer la naissance

de Bab entre l'an 356 et Tan 358. II semble bien qu'Arsace vivait déjà avec Pa-
rantzem avant d'épouser Olympiade (Olonibiata); mais plusieurs indices font
supposer que Parantzem n'était alors qu'une concubine il est à présumer,
:

en effet, que si Parantzem eût été, à cette époque, la femme légitime d'Arsace,
l'empereur Constance ne lui eût point donné pour épouse Olympiade, la fille
de l'ancien préfet du prétoire Ablabius, la fiancée de Constant son frère (Atlianas.,
Ilisl.arian. nd Monachos, n. 69; Migne, P. G., XXV, 770; Ammien, XX, 11). On
pourrait objecter, il est vrai, que Parantzem n'ayant point encore donné le
jour à Bab, et affectant de fuir Arsace, put bien être renvoyée. Nous répon-
drons que le roi, quand il épousa Olympiade, devait avoir congédié provisoire-
ment Parantzem, ou du moins affichait son intention do la congédier. Il ne
s'ensuit pas que cette dernière fût réellement son épouse. Moïse de Khorène
(111, 24) et Samuel d'Ani nous disent qu'Olympiade fut la première épouse d'Ar-

sace. Mais il faut reconnaître que Faustus, pourtant plus en mesure de connaî-
tre la vérité, n'est pas clair sur ce sujet. Marquart s'appuie même sur son
témoignage pour en conclure qu'Arsace épousa Parantzem d'abord, puis
Olympiade, et qu'il fut par conséquent bigame {Philologus, 1896, p. 220).
S. Weber croit, au contraire, que Parantzem ne devint l'épouse d'Arsace qu'a-
près avoir fait empoisonner sa rivale (p. 216 et suiv.). Nous nous rangeons à
ce dernier sentiment; car Parantzem vivait, pour ainsi dire, malgré elle avec
Arsace; jusqu'à l'arrivée d'Olympiade, elle protestait en termes méprisants
qu'elle ne voulait point demeurer avec le roi.

Nous convenons, du reste, qu'Arsace, si cela n'eût tenu qu'à lui, était bien
capable de contracter, le cas échéant, un double mariage civil. Voir dans
Faustus, IV, 20, par quelles intrigues Antov, prince de Siounie, empêche
Arsace, son beau-fils, d'épouser une fille de Sapor, du vivant de Parantzem.
(2) Faustus, IV, 44: voir encore sur Bab, IV, 55; V, 1-3,21-24. Ammien, XXX,
I : XXXI, 1.
ÉTUDE S[ÎR LA CONVERSION DE l'ARMÉNIE. 153

conscience de son rôle de gardien de la morale publique, pour

ne point protester contre les scandales dont il était le témoin.


C'était la principale, mais non la seule cause qui devait
porter à son comble la colère du jeune roi. Entre lui et le ca-
tholicos, les divergences soit au point de vue politique, soit au
point de vue religieux, n'étaient pas moins graves. Nersès
penchait fortement vers les Occidentaux, et préférait la su-
zeraineté de Valens lui-même à celle d'un prince mazdéiste.
Bab, habilement circonvenu par Sapor, se tournait de plus en
plus vers ce redoutable et astucieux voisin. Pour s'assurer sa
protection, il allait jusqu'à faire tomber et lui envoyer la tête

de ses deux principaux ministres, Artaban et Cylax. Encore


plus fréquentes étaient les occasions de heurts dans les questions
religieuses. Tandis que le roi voyait avec défiance les relations
de l'Église arménienne avec les Églises établies au delà de l'Eu-
phrate, Nersès prenait part à leurs synodes et s'associait aux
démarches des évêques grecs catholiques auprès des chef de
la chrétienté occidentale. En 371 ou 372, sans s'inquiéter des
tendances schismatiques de son roi, Nersès approuvait la
lettre synodale adressée au pape Damase et aux évêques occi-
dentaux. Dans cette supplique portée à Rome par le diacre
Sabin, et écrite par Basile, en son nom et au nom de trente et
un autres évêques orientaux, l'illustre docteur décrivait l'état

navrant où étaient tombées la plupart des Églises orientales :

depuis riUyrie jusqu'à la Thébaïde, elles sont, disait-il, rava-


gées par les hérésies nées de l'arianisme, et en proie à une
indiscipline effrénée. Les évêques à genoux poussent un cri
d'appel vers leurs frères d'Occident et vers leur chef, afin
qu'ils se hâtent de les secourir, avant que la foi et les mœurs,
dans les églises qui les entourent, aient fait un complet nau-
frage ; comment venir en aide aux Orientaux? l'Esprit saint,
poursuivait Basile, leur en suggérera les moyens. Queles envoyés
des Églises occidentales aient l'autorité et les autres qualités
nécessaires pour porter remède à l'erreur, pour restaurer la
foi de Nicée, proscrire l'hérésie, établir la concorde parmi les
catholiques. Vers la fin, le grand évêque décrivait en ces termes
le rôle qu'il reconnaissait aux destinataires de sa supplique :

« Elle est réellement très digne de louange, la tâche qui a été


assignée par le Seigneur à votre piété, de séparer ce qui est
154 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

faux et altéré de ce qui est pur et vrai, et d'annoncer sans dissi-


mulation la foi des Pères (1)... »

Nersès, en souscrivant à cette remarquable lettre, avait donné


un éclatant témoignage de sa catholicité. Cette démarche ne
pouvait que lui nuire auprès de Bab. D'ailleurs, le catholicos,
à son retour, s'aperçut avec douleur que le jeune prince s'en-
fonçait de plus en plus dans la voie de désordres et de violences
où il s'était engagé. Tous les moyens que suggérait la sagesse
pour porter remède au mal avaient dû être employés. Et c'é-
tait en vain. Les conseils, les représentations, les réprimandes

et même les pénitences avaient été inefficaces. Bab, en dépit


de ses promesses réitérées, ne s'amendait pas. Nersès lui inter-
dit enfin l'entrée de l'église. Cette prohibition exaspéra le cou-
pable il en conçut un ressentiment implacable et ne songea
;

qu'à se débarrasser de son rigoureux censeur. N'osant toutefois


se défaire publiquement d'un pontife, objet d'un respect et d'un
amour presque universels, il dissimula ses projets de ven-
geance. Il invita le catholicos au château royal de Kakh, en
promettant dé lui donner, cette fois, des gages irrécusables
de repentir. Nous avons raconté ailleurs comment le roi servit
une coupe empoisonnée à celui que, trois ou quatre ans plus tôt,
il appelait son père (372-373). L'empoisonnement de Nersès
par Bab paraît un fait bien authentique. Quant aux circons-
tances de cet empoisonnement, il en est plusieurs de suspectes.
Est-il vraisemblable que Nersès, sachant qu'il vient d'avaler
un poison, ait refusé le contre-poison que des amis lui pré-
sentaient? Ou ce dernier trait est une broderie, tissue, soit
par l'imagination populaire, soit par l'historien; ou, s'il est

(1) « AÔT£ X^'P* '^°''! ^'î '^ôvvxli^zXai... xiô ovTi yàp toû àvwtàToy [jia/apc(7[jioù â^tov to

zfi C)[i£xéça Oeocreêeta yoLçinbey napà toù Kupioy to [aèv x£ê5r)).ov ârco toù oox£[xou xat xa-
Oapoû ôiaxpév£iv, ty)V ôè twv Tiatépwv irîffxtv aveu Tivb; ÙJioatoXïi; XY)pOa(Tctv... » Basil.,

epist. XCII, alias LXIX;Migne, XXXII, p. 477-484. Cette lettre fut écrite en 372,
peu de mois avant mort de Nersès (Narsès). Voir la lettre LXX de Basile
la
écrite l'année précédente au pape Damase, XXXII, 433. Cette lettre s'inspire
de la même sollicitude inquiète pour le sort des Églises orientales et de la
même confiance envers l'évêque de Rome. Dans la suite, Basile se plaindra de
certains procédés hautains de Damase; mais l'aigreur qu'il en ressentira en
voyant mettre de côté ses amis orthodoxes Mélèce et Eusèbe, ne l'empêchera pas
de continuer de s'adresser à Damase, pour procurer la paix religieuse à l'Orient
(lettre CCXXV, année 375, XXXII, p. 789; ép. CCXXXIX, p. 889; ép. CCLXVI,
p. 9f)l).
ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE l'ARMKXHC. 155

exact, il laisse plutôt supposer que le pontife ignorait encore


la cause réelle de son mal. Le biographe ajoute que Nersès
refusa le contre-poison, afin d'être à même « de célébrer le
mystère divin ». Mais cette explication, comme les longs déve-
loppements en forme de prophétie qui l'accompagnent, trahis-
sent nettement leur caractère d'apocryphes.
Délivré de son vertueux mais rigide censeur, Bab fit monter
sur le siège patriarcal l'évêque de Manazguerd, Housig, de la
famille Aghpianos. C'est probablement le personnage dont on
voit le nom, au bas de la lettre adressée par Basile, en 372,
au pape Damase et aux évêques occidentaux. Soit que le roi
redoutât les énergiques remontrances de Basile, archevêque de
Césarée, soit qu'il fût impatient de prévenir désormais toute
vive opposition des catliolicos, en enchaînant leur siège à son
trône, il ne proposa même pas à l'illustre primat de Cappadoce
de consacrer le candidat élu. Sur l'origine de cette rupture
avec Césarée, comme sur la fondation du patriarcat d'Etch-
lîiiadzin, on créera peu à peu une légende, et, dans quelques
siècles, Jean VI catholicos (ch. 9) racontera que, dans un synode
présidé par Nersès, sur l'initiative d'Arsace, fut prise la réso-
lution de donner le titre de patriarche au catholicos et de le
faire consacrer désormais par les évêques arméniens, au lieu
de recourir à l'archevêque de Césarée. Ce qui semble vrai, c'est
que Nersès fut, non l'auteur, mais la victime de cette rupture,
à laquelle avait été également étranger le synode présidé par

lui à Achdichad. Cette scission tentée par Arsace, Bab la renou-


velait, avec plus de chances dé succès, après la mort de Nersès.
Saint Basile, cependant, n'était point homme à laisser usur-
per, sans protestation, ses droits de métropolitain. Il réunit,
écrit Faustus, un synode d'évêques cappadociens, qui censura
Bab d'avoir installé Housig, sans le consentement et l'imposi-
tion des mains du pontife de Césarée. Deux lettres synodales
furent rédigées : l'une, remplie de reproches, était adressée
aux représentants de l'Église arménienne; l'autre était pour le

roi. Da nscelle-ci, l'archevêque déclarait nulle l'ordination du


catholicos, il déniait à celui-ci le pouvoir d'imposer les mains
aux candidats à l'épiscopat et ne lui laissait d'autre prérogative
que de bénir la table du roi, ce qui veut dire, sans doute, de
lui servir d'aumônier (Faustus, V, 29; Epist. Bas., 92; Migne,
156 REVUE DE l'orient CHRÉTIExX.

XXXII, 477). Les réclamations du grand archevêque et ses


censures contre le nouveau titulaire arménien achevèrent,
semble-t-il, de détacher du roi les membres du haut clergé.
11 est très problable, sinon certain, que presque tous les évê-
ques de l'Arménie respectèrent Tordre émané de Césarée. « Dès
lors, au témoignage de Faustus, le patriarche d'Arménie per-
dit le pouvoir d'imposer les mains aux évoques; et ceux-ci, de
toutes les parties de l'Arménie, se rendirent désormais à Césa-
rée, pour y obtenir la dignité épiscopale. » Il ne restait plus
d'autre privilège au titulaire du patriarcat que celui « d'être
considéré comme l'évêque le plus ancien » et « de bénir la table
du roi » (F., V, 29; Langlois, 293-294).
Tout étonnant qu'il paraisse, le récit de Faustus est corro-
boré par l'auteur de V Exposé des choses arméniennes, le
pseudo-catliolicos Isaac. Jean VI catholicos, lui-même, pour-
tant si jaloux de l'indépendance de son siège, convient que
Sahag au temps des catholicos Perkicho et Samuel, of-
seul,
ficiellement reconnus par la Perse, avait reçu l'autorisation
d'ordonner des évêques (ch. ix). Ce qu'il y a d'obscur dans cette
déclaration s'éclaire par un passage de Moïse de Khorène (III, 65).
Cet historien, après avoir raconté que Varam avait nommé
Samuel à la dignité pontificale, en remplacement de Perkicho,
ajoute que ce catholicos était chargé de l'administration des
affaires temporelles, assistance du marzban, répartition des
impôts, etc., tandis que Sahag avait le pouvoir d'enseigner la
religion et d'ordonner les candidats à l'épiscopat, que lui dési-
gnerait Perkicho. Or, la différence entre ces deux titulaires,
c'est que Sahag seul était reconnu des Grecs. Tout porte à
croire que ce droit était octroyé à Isaac le Grand par un plus
haut dignitaire que les simples évêques arméniens. Peut-être
faut-il voir aussi, en ce privilège, la raison pour laquelle Faus-
tus appelle chefs des évêques, et jamais catholicos, Housig,
Zaven, Sahag de Gordjaik Asbouraguès, dont le pontificat
et
remplit l'intervalle de Nersès à Sahag le Grand. Ne serait-ce
pas encore pour ce motif que l'auteur de la Diègèsis dit de ces
pontifes, qu'ils n'avaient du catholicos que le nom et que le
biographe de Nersès les passe sous silence (1)?

Migne, P. G., t.C\XXII,p. 1256; Th. Ardzrouni, éd. Patcanian, 1,


(1) Airiyrjffi;...

11, p. 74; Jean cathol., ^oco cAi. etéd. Emin, p. 34; Faustus, VI, 2-4, 15 etc.. Moïse
ÉTUDK SUR LA CONVEHSlUN DE l'aUMÉNIE. 157

De ces témoignages, est-il téméraire de conclure que les

évêques partisans de Bab — car


dut y en avoir il furent —
peu nombreux? 11 semble que Bab lui-même, se sentant inca-
pable de résister au courant catholique qui entraînait évêques,
prêtres et fidèles vers l'union avec TÉglise universelle, se dé-
cida, peu après l'interdiction portée par saint Basile, à en-
voyer des évêques à Césarée, pour y recevoir l'imposition des
mains. —
Saint Basile mentionne, en effet, dans ses lettnis, un
évêque du nom de Fauste, qui a été envoyé de la Grande-Ar-
ménie à Césarée par Bab, et auquel l'arclievêque de Césarée a
refusé la consécration (1). Cet événement doit être postérieur
à la mort de Nersès et à la rupture avec Césarée; autrement,
l'ordination de cet évêque aurait pu, comme auparavant,
avoir lieu en Arménie.
Quant au refus de saint Basile d'imposer les mains à Fauste,
on peut le déplorer. Mais la responsabilité en retombe beau-
coup moins sur l'archevêque lui-même que sur ses suffra-
gants. Ceux-ci, réunis en synode, avaient opposé à Fauste un
autre évêque nommé Cyrille; et Basile, jugeant qu'il n'avait
aucune grave raison de ne point condescendre à leur avis,
avait conféré l'ordination épiscopale à Cyrille. Rebuté, Fauste
eut recours à Anthimos, siégeant à Tyane et métropolitain de la
deuxième Cappadoce. Cet archevêque s'était soustrait à l'obé-
dience du siège de Césarée et s'était posé en rival de Basile (2).
Bien qu'il fût réconcilié avec lui à cette époque, il saisit avec
empressement la nouvelle occasion qui s'offrait de contrecarrer

de Khorène appelle également Zavèn et Asbouraguès chefs des évêques, ebisgo-


bosabed (III, 40, 41, 49)
(1) Voir de Basile àMélècc d'Antioche; aujourd'hui lettre 120, Migne,
lettre 58
XXXII, à Théodote de Nicopolis, Migne, XXXII, 540;
p. 537; lettre 195, auj. 121,
lettre 313, auj. 122, à Pouimenios de Satala. —
'Apixsvîa désigne manifestement la

Grande-Arménie, par opposition à 'Apfjievîa lAtxpà. Mais il faut reconnaître aussi


que les Grecs et les Romains entendaient sous le nom de Grande-Ai-ménie inté-
rieure la Haute-Arménie ou région de Garin, tandis que les Arméniens enten-
daient sous le nom de Grande-Arménie toute l'Arménie située à l'est de l'Euphrate.
Pour les uns et les autres, la Petite-Arhiénie était à l'ouest de l'Euphrate. Ce
qui est certain, c'est que les envoyés arméniens devaient habiter à l'est de Sa-
tala, car, au retour de Césarée, ils passent par Satala. — Voir encore lettre 187,
auj. 99, àTérence, écrite en 372, Migne, XXXII, 497.
(2) Leltres de Basile, 97, au sénat de Tyane, Migne, XXXII, 493; lettres 120, 121,

122, Migne, XXXII, 537-512.


158 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

son ancien rival : il se hâta d'imposer les mains au plaignant


et de déclarer nulle la consécration de Cyrille.
Peu après ces événements, Basile entreprit une tournée pas-
torale vers les frontières de la Grande- Arménie. Il est à pré-
sumer que, dans le cours de son voyage, il ramena sous son
obédience ses anciens suffragants arméniens, au moins ceux
qui étaient les plus voisins de la Cappadoce, et qui, par suite
des intrigues de Bab et d'Anthimos, avaient pu se détacher du
siège de Césarée (1).
28. —
Portée de l'œuvre destructive accomplie par Bab :
pouvoir spirituel avili et absorbé par le pouvoir civil, fonda-
tions ecclésiastiques et monastères confisqués, vœux suppri-
més; laïcisation de la morale, renouveau du paganisme.
— Rien de nouveau sous le soleil. Bab, devenu suspect aux
Grecs, est attiré à Tarse, d'où il s'échappe; sa fin tragique.
Après sa mort, V Église répare graduellement ses ruines.
En dépit du concours que durent lui prêter les membres
de la famille Aghpianos, les partisans de l'ancien paganisme
et plusieurs Nakharars, professant d'autant plus volontiers
l'absolue suprématie du pouvoir civil sur l'Église, qu'ils espé-
raient s'emparer des biens de celle-ci, Bab ne réussit pas à
consommer le schisme entre l'Église arménienne et l'Église
universelle, représentée par l'un de ses organes, l'Église de
Césarée. Pourtant, s'il échoua, ce fut moins pour avoir voulu
isolerl'Arménie religieuse des autres nations chrétiennes, que
pour avoir entrepris une révolution radicale, nous dirions au-
jourd'hui une laïcisation à outrance, dans l'intérieur même
du royaume, en faisant table rase des anciens privilèges et
des droits acquis des églises et des monastères. Ceux qui, de
bonne foi, s'étaient réjouis d'avoir une hiérarchie ecclésiasti-
que entièrement autonome, purent bientôt s'apercevoir com-
bien leur était nécessaire une institution religieuse, placée
hors des atteintes d'un pouvoir civil capricieux, complètement

(I)LeUres de Basile, 99, à Térence, c. 4, Migne, XXXII, 501 voir encore Migne,
;

XXIX, p. xcix de la Vie de Basile. Faute du concours de Théodote de Nicopolis,


dont le diocèse compte des religieux sachant bien la langue et les usages des
Arméniens, Basile n'a point donné de nouveaux évêquos à l'Arménie mais il a ;

pu apaiser les diiïérends entre des évèques de cette région et su|)primer quel-
ques abus, Lettre 99, à Térence.
ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE l'arMÉNIE. 159

indépendante dans sa sphère, planant au-dessus des pai-tis


politiques, et empruntant sa lorce au fondement visible posé
par le Christ. Comme tous les gouvernements tyranniques et
sectaires, qu'ils s'appellent royauté, aristocratie, démoci'atif;,
Bab voulut d'exigence en exigence, d'empiétement en empié-
tement, anéantir les ordres monastiques et réduire le haut et
le bas clergé séculier à n'être plus, selon une expression de

Faustus, que les serviteurs des serviteurs de sa cour.


En abaissant l'Église arménienne catholique au rang d'É-
glise nationale, il avait espéré tenir le pouvoir spirituel sous
sa main et à sa merci. La plupart des évoques, surtout dans
l'Arménie occidentale, n'obéirent pas à ses ordres schismati-
ques. Il est tout à fait vraisemblable que la masse des clercs,
des religieux et des fidèles imitèrent ou, du moins, soutinrent
de leurs sympathies les évêques. Le gouvernement était seule-
ment appuyé par une partie de la noblesse, comme il ressort
du témoignage d'Ammien, et par cette lie de la population
dont Faustus attribue à l'ignorance du grec et du syriaque
l'attachement aux superstitions païennes et la résistance au
christianisme. Mais, à défautdu nombre, du droit et de l'hu-
manité, Bab avait pour lui la force. Exaspéré par la résistance
qu'il avait rencontrée,il se mit à détruire avec une sorte de

rage toute l'œuvre des réformes, laborieusement édifiée par


si

Nersès, sur le modèle des institutions qui florissaient au delà


de l'Euphrate. Il ne laissa, dans chaque église, qu'un prêtre et
un diacre et chargea les autres clercs d'un emploi au palais.
La plus grande partie des biens ecclésiastiques fut confisquée ;

des sept fermes affectées à chaque église, cinq furent livrées au


fisc; supprimées aussi, les dîmes levées par le clergé. On
ferma les asiles des veuves, des orphelins, les hospices des
pauvres, les hôpitaux construits dans plusieurs cantons. Les
monastères de femmes, comme ceux des hommes, furent ra-
de se marier ou, même, si Ton en
sés, les religieuses forcées
croit Faustus, livrées aux derniers outrages (Faustus, V, 31 ;

Vie de Nersès, n. 14).


Nous ignorons si, comme on l'a vu plus d'une fois dans le
cours des persécutions religieuses, le jeune roi eut la délica-

tesse de prêter ses instincts et ses goûts à ses victimes et de


se vanter, en brisant les portes des couvents, d'abolir des pro-
160 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

messes contre nature et de rendre à ces pauvres reclus des


deux sexes une personnalité illégitimement abdiquée (1).
L'autorité suprême, fondement et clef de voûte de l'Église,
étant rejetée, la pierre du foyer qui s'appuyait sur cette Église
perd sa fixité et devient une épave, jouet des plus folles passions.
Bab déclara que le mariage religieux était sans valeur aux
yeux de l'autorité civile. Tandis que, du temps de Nersès, nul

époux n'abandonnait la femme qui avait porté le voile ou la


couronne du mariage, bénis par le prêtre, le roi autorisa le
mari à renvoyer sa femme; et il y en eut qui changèrent d'é-
pouse jusqu'à dix fois. L'état des mœurs empira presque jus-
qu'au degré où l'avait rencontré saint Grégoire. Les prières et
les pleurs modérés en faveur des défunts firent place aux la-
mentations bruyantes et aux danses inconvenantes. Dans plu-
sieurs provinces refleurit le paganisme, bien des personnes y
relevèrent les idoles et de nouveau s'adonnèrent au culte des
devs. Le brave Mouchegh étant mort, les gens de sa maison
l'exposèrent sur une haute tour, dans l'espoir que les Arelez
lui rendraient la vie (2).
Heureusement, la violente crise religieuse dura peu. Nous
avons dit que Bab s'était détaché peu à peu de l'alliance avec les
Grecs; il avait envoyé à Sapor le tête de Cylax et d'Artaban,
les deux intermédiaires de la ligue gréco-arménienne, et il

(1) Il est aisé de constater dans le cours des divers âges, que la tactique des
gouvernements antireligieux ou même areUgieux ne diffère pas essentiellement,
d'ordinaire, de la tactique de Bab. Seulement, les gouvei*nants modernes s'atta-
quent d'abord, de préférence, aux couvents, comme aux avant-postes de l'Église.
Pour n'en citer qu'un exemple, tiré de l'histoire ecclésiastique au début du
vingtième siècle, les gouvernants français ont inauguré leur campagne contre
l'Église, par la loi dite des associations (1902), en exécution de laquelle quinze
mille quatre cents établissements d'éducation, sans compter beaucoup d'autres
maisons religieuses, ont été fermés et confisqués (Rapport de Maurice Faure
{mï aniidcrical) sur le budget de l'instruction publique, cité dans le journal Tf/-
nivers du 16 janvier 1007). La loi de la séparation de l'Église et de l'État a suivi
la loi contre les associations religieuses et, comme il fallait s'y attendre, on a
dépouillé le clergé séculier après le clergé régulier, et l'on a frappé les divers
membres du corps de l'Église, afin de tuer celui-ci, en le séparant de sa tète,
le Pape.
(2) Faustus, V, 35, 3G. Mouchegh est l'un des héros les plus célébrés par Faustus.
Plusieurs de ses exploits sont des échos des chants populaires, probablement
ajoutés au récit de Faustus. Outre que des additions ont altéré ou travesti cer-
taines parties de son œuvre, cet historien est manifestement pai-tial çà et là pour
la famille des Mamigonian.
ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE l'ARMÉNIK. 101

s'était placé plus ou moins ouvertement sous la suzeraineté


dos Perses. Des princes arméniens et des Grecs, surtout le duc
Térence, ne manquèrent pas de dénoncer à Valens ces actes de
violence et de lui représenter qu'en laissant Bab sur le trùne
d'Arménie, on abandonnait ce pays aux Perses. V;dens lit alors
venir le jeune roi à Tarse, sous prétexte de conférer avec lui
d'affaires urgentes, et il le retint prisonnier. Cependant le captif,

qui ne manquait ni d'audace ni d'intrépidité, réussit à s'enfuir


avec une escorte de 300 cavaliers arméniens; il mit en
fuite une légion envoyée à sa poursuit(;. Plusieurs passèrent
ensuite l'Euphrate à la nage. Quant au roi et à la plupart de
ses principaux cavaliers, qui ne savaient pas suffisamment
nager, ils traversèrent le fleuve sur des lits, sous chacun des-
quels ils avaient assujéti deux outres leurs chevaux, qu'ils
;

tenaient par la bride, les suivirent à la nage. Pendant ce temps,


par l'ordre de Valens, le comte Daniel et Barzimère, tribun
des scutaires, accompagnés de mille archers, couraient derrière
même à le devancer et à occuper les
les fugitifs; ils arrivèrent
deux chemins, entre lesquels il semblait forcé de choisir. Mais
le rusé Arménien trompa ses ennemis par un habile stratagème,

et, tandis que deux cavaliers, prenant les deux routes or-

dinaires, annonçaient la prochaine arrivée de leur maître,


celui-ci s'engageait avec ses compagnons dans un sentier à
peine praticable aux cavaliers et réussissait à rentrer sain et
sauf dans son royaume.
C'est alors que Daniel et Barzimère, pour se disculper, firent
croire au crédule Valens que Bab possédait les secrets magiques
de Circé, qu'il avait hypnotisé ceux qui le poursuivaient et leur
avait échappé en substituant à sa forme humaine celle d'un
vaisseau (vasorum). Bab passait peut-être pour un magicien aux
yeux de Valens. Mais, à coup sûr, celui-ci le regardait comme
un traître. Aussi ordonna-t-ilàTrajan, commandant des troupes
romaines dans le pays, de le faire périr. Le lieutenant de Valens
se gêna d'autant moins à l'égard du jeune roi, que les dé-
bauches, les injustices et les cruautés de ce dernier avaient
éloigné de lui, avec le clergé, la plus grande partie des Nakharars.
Bab fut attiré à un banquet, et, au moment oii il levait son
verre, on l'égorgea sur l'ordre du comte Trajan (371; Faustus,
V, 32; Ammien, XXX, 1).
OPvIENT CHRÉTIEN. 11
162 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Dès le lendemain de la mort de son persécuteur, l'Église


commença de se relever, mais lentement; car, des blessures
qu'elle avait reçues,quelques-unes devaient être longues à se
de Bab, ayant été mis sur le trône
cicatriser. Varaztad, le cousin
par Valens, sur la demande et avec l'appui d'une partie de' la
noblesse arménienne, l'application des mesures décrétées par
Bab fut graduellement suspendue ou, du moins, adoucie. Plu-
sieurs des institutions abolies reparurent, sous la régence de
Manuel Mamigonian(l).

(1) Voici, dans leurs grandes lignes, les événements qui amenèrent Manuel au
pouvoir. Désireux de protéger sa patrie contre les Perses, le sbarabed Mouchegh
avait engagé l'empereur Valens à construire dans chaque province arménienne
une ville, avec deux châteaux forts, jusqu'à la ville de Kantzag, la dernière pos-
session arménienne du côté de la Perse, et d'entretenir dans chacune de ces
places une garnison grecque. Pad ou Sempad Saharouni, qui convoitait la place
du généralissime, mit à profit l'avance faite aux Grecs pour le perdre. Il persuada
facilement au vaillant, mais trop crédule Varaztad, que Mouchegh avait déter-
miné les Grecs à se défaire de Bab et qu'il voulait maintenant leur livrer
l'Arménie ou même usurper le trône. Les Grecs n'étaient plus là pour défendre
leur intrépide ami. Ce devait être le moment où la guerre contre les Goths obli-
geait Valens de i-etirer ses troupes de l'Arménie et d'abandonner Sauromax, roi
d'Ibérie, son protégé (Ammien, XXX, 2, 8). Varaztad ménagea au traître Pad l'occa-
tion d'égorger Mouchegh au milieu d'un festin; puis il éleva le meurtrier au poste
tant convoité (Faustus, V, 35; Vie de Averses, n. 14).

Mais, peu de temps après, Manuel Mamigonian, frère de Mouchegh et fds de


Vasag, d'après le biographe de Nersès, ou fds d'Ardaschïn, selon Faustus, étant
revenu avec son frère Goms, de la Perse, où ils étaient captifs, revendiqua, les
armes à la main, la dignité de sbarabed, comme un titre héréditaire dans sa fa-
mille. Il battit Varaztad dans la plaine de Garin et le chassa devant lui, le frap-
pant du plat de sa lance sur la tête il s'était interdit et avait défendu à ses fils
;

Hemaïag et Ardachès ainsi qu'à ses compagnons de tuer le roi, qui eut la facilité
de se réfugier chez les Grecs (377). Pad, au contraire, fut égorgé avec son fils et
ses principaux complices (F., V, 37).
Manuel gouverna l'Arménie au nom de la veuve de Bab, Zarmantoukhd, et de
ses deux fils Archaget Vagharcliag(Arsace et Valarsace), dont le premier, d'après
Faustus, épousa plus tard une fille du régent. Il est bien probable que Sapor
avait aidé le chef des jMamigonian à renverser Varaztad. Le fait est qu'il bénéficia
de cette révolution politique. Manuel plaça aussitôt l'Arménie sous sa suzeraineté;
le marzban Souren vint en prendre possession à la tête de 1.000 cavaliers (Ammien,
XXX, 2, 7; Faustus, V, 38). La reine Zarmantoukhd reçut de Sapor un diadème
et les deux fils de Bab, des couronnes. Le régent fut comblé de présents. —Deux
ou trois ans plus tard, cependant, l'horizon politique lui parut tout autre et lui
inspira un changement de front. Placé entre deux nouveaux souverains, dont
l'un était Théodose le Grand (379-395) et l'autre le Perse Ardachir (379-384), Ma-
nuel devait incliner de toute son àme vers le premier. Faustus, toujours attentif
à justifier le chef Mamigonian, prétend que Méroujan Ardzrouni fournit à Ma-
nuel un motif de révolte contre Sourèn, en accusant ce dernier de conspirei-
contre la liberté et la vie du régent. Attaqué à l'improviste par l'Arménien, le
ÉTUDE SUR LA CONVERSION DE i/aRMÉiNIE. I G3

Aussi fervent chrétien qu'intrépide guerrier, Manuel, à


l'exemple de Nersès, son modèle, mettait au premier rang des
vertus la miséricorde les pauvres (F., V, M; VI, 5). 11
mvers
lit rouvrir quelques-uns, au moins, des anciens hospices.
L'évêque Fauste reprit ses fonctions de surveillant de ces éta-
blissements. Il devait encore les exercer sous le règne d'Ar-
sace que Manuel avait fait couronner quelque temps avant de
mourir, et sous le règne de Khosroès.
Mais il est difficile de savoir si on vit jamais se rétablir la
subordination du premier dignitaire ecclésiastique arménien à
l'égard du grand archevêque de Césarée, Medzi Arqébisgobosin,
comme l'appelle Moïse de Khorène (III, 39). Depuis la part prise
par Nersès et l'évêque Housig au synode présidé par Basile en
372 (Philologus, LV, 227, an. 1896), on ne voit plus de représen-
tants de la Grande-Arménie groupés, en qualité de suffragants,
autour de l'archevêque de Césarée. Ces dispositions semblent
déjà modifiées sous Helladius, le successeur de Basile (1). Mais

marzban évacua l'Arménie... Ici Faustus ou son falsificateur multiplie au delà


de toute vraisemblance les victoires remportées par Manuel sur les Perses (F., V,
o9-44). Moïse de Kliorène, le panégyriste des Paki-adouni, ne dit rien de Manuel
et fait périr Méroujan au temps de Nersès, dans le combat de Tzirav, au jned
du mont Nebad, et de la main de Sempad Pakradouni (III, 37). Faustus le fait
tomber, près de Pakavan, sous les coups de Papig, chef de Siounie, et, d'après
Moïse, beau-père d'Arsace. Mais il y a cette différence entre Faustus et Moïse :

les récits du premier, quand ils ne dépassent pas les bornes de la vraisemblance,
sont le plus souvent vrais. Le second est plus sujet à caution le lecteur s'en aper-
;

cevra en essayant de contrôler chacun de ses dires par les autres historiens. Par
exemple, en attribuant à Tliéodose la mort de Bab, l'exil de Varaztad, etc.. il
commet un évident anachronisme. Il en est de même des prétendus rapports
d'Arcadius avec Arsace, fils de Bab (III, 41-46).
Moïse, avons-nous dit, passe sous silence Manuel Mamigonian, dont le rôle,
chez Faustus, est si prépondéi'ant. En revanche, Moïse met en relief et grossit
très vraisemblablement les exploits de Sahag Pakradouni. Il raconte que Valar-
sace, frère d'Arsace, a épousé la fille de ce Sahag en cela il est d'accord avec Faus-
;

tus qui donne à Sahag Paki'adouni le simple titre de général. Mais Moïse ajoute
(lu'llamazasp, beau-fils de Sahag le Grand, succède, à la demande du dernier, à
Sahag Pakradouni. Il décerne ainsi à Sahag Pakradouni le titre de généralissime
que Faustus et le biographe de Nersès attribuent à JManuel. Selon le biographe
de Nersès, Hamazasp, qui épousa la fille du catholicos Sahag le Grand, était le
troisième fils de Manuel, dont il obtint la charge de généralissime. Voir Faustus,
V, 44; Vie de Nersès, n. 14, Langlois, p. 14; Moïse, III, 41, "51, dans ce dernier
chapitre. Moïse est à peu près véridique, sauf en ce qui concerne Ardachirll, qu'il
place un peu trop tard, et dont la lettre nous semble supposée.
(1) Voir Liibeck, Reichselnt. u. Kirchl. Hierarch. d. Orient.; Kirch. fj. Siud.,

V, 4, p. 179 et suiv.
164 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

l'indépendance de TÉglise arménienne à l'égard de Césarée se-


rait-elle dès lors établie, on aurait tort d'en conclure qu'elle
avait rompu soit avec Césarée, soit surtout avec les autres
Églises grecques et l'Église occidentale.
Ce qui est vrai, c'est que, sans rompre avec l'Église grecque,
des évêques, Zavèn Aghpianos, fils dePharen, Sahagde
les chefs
Gordjaïq et Asbouraguès Aghpianos, sont portés à s'éloigner
d'elle par leurs origines, leur éducation, leurs goûts, leur mi-
lieu, leur opposition même aux Grégorides. Siégeant dans la par-
tie de l'Arménie soumise à la Perse, ils vivent dans une étroite
dépendance du roi des rois (F., VI, 4). Mais, entre ces froideurs,
ces défiances, et une émancipation totale, il y a une certaine
distance, qui n'est pas encore franchie. L'absence des évêques
au concile de Constantinople, en 381, ne peut être interprétée
comme un signe de désunion car Théodose avait seulement
;

invité à ce concile les évêques de l'Arménie grecque. On a ra-


conté, au siècle suivant, queNersès y avait assisté; mais cette
légende n'aurait point pris naissance, et l'Église arménienne
n'aurait point accepté les décrets des conciles de Constantinople
et d'Éphèse, si, dès la fin du quatrième -siècle, l'union tradi-
tionnelle avec les grandes chrétientés placées au delà de l'Eu-
phrate n'eût plus subsisté. — H y a plus : le témoin qui, pour
cette époque, est le plus digne de foi, relève avec soin les plus
petites innovations introduites dans l'Église par les chefs des
évêques. Il reproche à Zavèn d'avoir porté des vêtements dou-
blés d'hermine et couverts, en guise de pardessus, d'une four-
rure de renard, puis d'avoir imposé aux prêtres les vêtements
courts et brodés, suivant la mode militaire, au lieu de ces lon-
gues robes prescrites par l'Église apostolique (VI, 2) dont l'u-
sage, continué au temps de Nersès, faisait dire au chef des
eunuques, envieux des richesses des prêtres, qu'ils étaient vêtus
comme des femmes (IV, 14). Il censure aussi les mœurs de
Zavèn; et tout en louant beaucoup la vie vertueuse de Sahag
et d' Asbouraguès, il leur reproche de n'avoir rien changé aux
nouvelles coutumes, inaugurées par Zavèn, et d'avoir porté des
vêtements ornés de rubans. Si ces évêques se fussent proclamés
complètement autonomes et eussent imposé les mains à d'au-
tres évêques sans en avoir obtenu le privilège, Faustus n'eût
point manqué de relever ce qui aurait été, à ses yeux, une usur-
KTUDE SUR LA CONVERSION DK i/aRMKXIE. 165

l)a1ioii. N'oublions pas, on effet, que, depuis rintcrdit poi-lé par


.saint Basile, riiistorien regard;iil les chefs des évêqucs armé-
niens comme privés du pouvoir de conférer Tépiscopat, et, au
moment où il achevait son histoire, c'est-à-dire vers l'an 38G-
387, cette défense, s'il faut l'en croire, était encore observée.

F. TOURNEBIZE.
LITTERATURE ÉTHIOPIENNE
PSEUDO-CLÉMENTINE
TEXTE ET TRADUCTION DU MYSTÈRE DU JUGEMENT DES PÉCHEURS

[Suite) (1)

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(1) Voy. 1907.

(2) Texte très obscur : ha?» j CMt = >i/"H«n»,e. = ïio» : H.Ï.»}. : >iî'"j^'V«!: =

«n»Ah » (sic). — (3) Ms. i-'J.v^- î — 4) Ms. ^d.f : — (5) Ms. 'j,m • —
(6) Ms. fl»>,-fl'V ! — (7) Ms. ,e^/hflJH' : — (8) Ms. mfhmfioh -. — (9) Ms.
fi:i'?h. : — (10) Ms. î,cn.> : — (11) Ms. -V^-rije^T : — (12) Ms. :jm,h*<n»- :
LITTÉRATURE HTIIIOPIEWr: l'SKUDO-CLÉMENTINE. 1G7

i/'tfu. : n-fUAf : fl>nrrTii/.'ie •


Hîir.ïif: •
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(2) Oléine T'ilv/i •


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(1) Ms. ïxn» : qui a été supprimé. — (2) Ms. t^ncP = — (3)-Ms.
n+A : —
(4) Ms. ,e«Aîi>ijp (5) Ms. •^+n- ! — = — (6) Ms. +çï, =

(7) Ms. .eH.?"aH (8) Ms. 0^*^ : — =

(9) Ms. hi^-Coo* — (10) Texte très obscur. ! —


(11) Ms. Ixo^ops^
— (12)Ms.hC>.fao-: — (13) Ms. ^>,HTIP: — (14) Ms. n'^^'Ç:— (15) Ms.
«^^Ve — Ms. h î (16) î ?"'\ ! r»<»»* ! — (17) Restitution; ms. >i7'flC s —
(18) Ms. hto-j^^oo- :— (19) Ms. ?.ÈCh^a^ ! — (20) Ms. ;^<^n,h. :

(21) Ms. .ert.-n^jp : — (22) Ms. ^^n-n : — (23) Ms. o-V*» : — (24) Ms.
tfWÔ^Ctfï»' : — (25) Ms. — M
168 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

(F. 153 1 b) AOA '


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(10) HnAO • (11) /*';ïf : flJrt-K «Lî^e = Ai,.e.flJCJ^ • at-di-

A>A ?iA : Kf^ih^ • (1-) Afl^itf»- oiAu-ï-fK- • An.}ia»>-

»in-^ •
[rAm.^ :] Hh-înA • (14) Amfia^ î (15) ?»A : ^h-fl

i: : (16) (F. 153 \« a) (Dh^ '-


^hr^ '
^hi.\h « (17) ©h-}-/-

A •
ATI'»* ! »c : ^Ap- •
yin-h • <w>'îiin « ©aoj-îi'Iî .• '^^
•^K- "J/^Ai = flJ^AP- flJA;^ •
uni- • Ti^* : Ç/**^ .(18)
^AP- ( 19) t^ao- î [A]^hTi s (^0) /i,"hf m. : n-JA^ : (21) λA •

^nA« • +-ç,<"»- •
(\Kyhrc: - ©nKA/h-f^ •
A^.^^ ^ ©Kj^'j^
-f:ii- •"
flïAfl K^'^rh : (22) -ih^iTo^ •
(23)K-.h.^ -•
(24) ai

(1) Ms. -7n ! hAP : <>«>-nh : iD-ftl' s 9"d-4'C<»»' s qui a été supprimé, car
il y a dans le ms. une ditograpliie. — (2) Ms. >iA.Tcn : — (3) Ms.
h.^/*'^ A-Il il »

(4) Ms. î,<n» : K, — (5) Ms. T^r'rtKC •• — (6) Restitution; ms. «h.
h-MÉK î — (7) Ms. AH : — (8) Ms. /hft.S'lftfo. ! — (9) Ms. Y<hT'<^ :

(lO)Ms.h.jB'V.frs: — (11) Ms. riA'V: — (12) Restitutiou ; ms. >ioi»h.oi»^<. -.

(sic). — (13) Solution de continuité dans le ms. — (14) Ms. HTrflA •-



(15) Ms. miin'^ : — (16) Ms. jBH-flt = — (17) Ms. vTn&ih «— (18) Ms.
V.r^ : — (19) Ms. £ilf : — (20) Ms. ^ÏIH : — (21) Ms. — -VftWi :

(22) Ms. h^Kr'-n- : — (23) Ms. -^n^iFao^ .-

(24) Ms. K^V :


LITTÉRATUIIK KTIIIoPIENNK PSKUDO-CLK.MENTINi;. 100

(\h^ -
Uùi\ ' at'M' -'im.h'l' • (3) o*h(\^ - nh«» /hV'J •
H
J&^b-nft •
A^n-ii- aiMtxtn»' : fliA,^,4»/^TÎ" • ('•) n'l»A.A : [ai]
/V,|,«^a,^. : a}h\t : A^U7^A- : lnh'i(\ti -] h'Wi : ^,f ^flA : (5)

^*7/w : 0i^AnA.fi-A • .efl>.e.-4î (^>) flïj?,n^- : 'l[»/'V.;J"/:iJ-

(7) fli^A-flAP : A-nrt : tDM'dh?' (8) 4"-AA" • flJJ?.V*7^-

(9) î\nA" : (10) iDj?.p.flj.i)îP : (11) h^ ^.'ï.e,*^ nhP-


(12) (F. 153 v«b) a)j?,ii.-n}P : A.AP- : (13) aij?.M:A ^/^d.
^ : (14) UOD : /t^j&J^-îiP» : K-flA '
Aj^A^lf^». : (15) fl)A,Ad

A î (16) hA?i ï ù-aïi « fl»An •


J?«^*^- ^h-ilil •'
(17) ^-î<w»

ID^â»K • î\AO ! (18) t^AA- • (19) rhjiai : (D^/^d.^±U'

-i'iw^ : n-îA^ : (20) jz.î»H. •


[A^OA h^-/- 'l'^tf»»- •
'iii'h

(DKffs^'na^' ï (21) flïj&<j,?t^ : (22) î^AO : (23) t^AAoao- : Oï

j&<(.CU- : (24) K^A î î\^ffl. 4'.Ç.oi»- : ^d<w î (25) #w»nAA'> !

(26) flini^r : (27) x-f 4»: ^iA^. : (28) aiÇùxlf-n ••


K^^^^a^ '

h-nù K htioo : ^<{.Cl^ -• htro î A^^'i-nAitf»- •


jK-h-/: •
K*^ h
n^A'h •
(29) Oin-H'}* : }»'>H : ^d.Cirao' : (30) a)y.%C*Pan- :

natiiAx : ;k4»jç-?° • (3i) ch'^a-f-ao- -.


(32) h^w» : hsh-atb •

(33) AAA • (34) n>too- : fli;^AAA • (35) ^^Hfr s


Ah'lïtK'fl

dhC : <D<:AP- î fl»A;h : MM-^ '


Itl^h :: (36) (Dltx9^^'\^V' '.

(1) Ms. -^ftrhifflo- s — (2) Ms. laooK : — (3) Ms. :im,h^ s — (4) Ms.
fi^^vy : — (5) Ms. jBh-nn : — (6) Restitution; texte très obscur :

(DttitAdH.lFaO'il : ^<(.4"f.i ! — (7) Ms. *f^i;^tIfoo• : _ (8) Ms. jB+flÔiP


— (9) Ms. j6>"?«î: : — (10) Ms. enif : — (11) Ms. jfftD'Vf : — (12) Ms.
•flYif : — (13) Ms. rt,rtf î — (14) Ms. ^l-r'Vh- - — (15) Ms. Mft.wa^ '•

— (16) Ms. AôA : — (17) Ms. ^h-flfl : — (18) Ms. »Ah : — (19) Ms.
4".nA- : — (20) Ms. -ynwi :

(21) A partir d'ici les verbes ont été mis à laS'^^per. masc. du plur.
— (22) Ms. ,6Ah : — (23) Ms. KAh —(24) Ms. .e^cï — Ms. môfl» -.
(25) :

— (26) Ms. oDflAft^ «— (27) Ms. — Ms. -yn^ — (29) Ms. m f^r' : (28) » >

— (30) Ms. si^CATa^ : — Ms. h+.çr?" —(31) Ms. — ' (32) fl>Hi,fl^ -

(33) Ms. jBh.-nfr ! — (34) Ms. AôA — Ms. AôA — Ms. •


(35) :
(36) -vft/h -•
170 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

A^*fe* î h^A : ht^ài^iP' ''


(on-i-t- •
hdn : An- • hiit^ •
^,

IIA •
A'Ï\^'A î aJAT*?*} « flï^n •
OA© .•
-IhHH s ^TT • 'ï»!- :

Arlhi&flï'f- î K^î^ î nh^ •


^TT î -ncVî • ti^^ffoH' •••
h'^
ih : -l'^rùù (^) H'p^ T.^ii- « = « flihdn hr^'^iù •

'^Vftrh • fVnao : j?.^A • ^l-n/^ : (3) flJ-fli- : J^^^^ft. : (4)

fljtfo-ftç ••
'iirt •
^,J&*7nh : (5) h*/»-» TxhOB : 'l'q*^^. : A
^^fl7«E : n^l'J'^ •
n-to^of •.: h^wi-H .•
^-nA- = ^M9^ hià - •

<i.mCïhh : Ah-nc : ©Aft-nr/iTh --


(6) AJ^-}-!' : ^,^?i<wiCh :

flUvwrtAh •
h^ : hlM •
0) H^Afl •
AH !••
îift'w» : rt*^i>

h ï .-^Af • flJOAfl>-h •
-^KH-nf • (8) ain?i'}'ïti ho«?:}x
(F. 154r°b)(9) ^^A,h .-
WVJ; : 'Hfl^?t^: :
T^ :: iD/^-nA"
<w><{.^ : M-f- : ©«in?! • fl^A'ï- - <w<J,->h ! -Tin -•
Oti^ •'
'flfr'î

-^m»;- (10) (Dhr^'W. •'


hl^h hàa ^^^HM- (H) n
' •

r-Th •
©nA.XA ï flïîiirj^'ï^: • ^^?' hin.h't\ih,c dïnn* ' • .-

2j3^ : (12) i^^^oDiiM, ! jiijn «] ^1^4» î ©An- •


H^'^ •
h

moiî: : KC'ïfli, ! (15) A^-f- •


KÇ^R * R-Jt^» •
h(\h : (16) ii>-

A't-1^^ : (Dhn^^ '


AM^u^'nrh.c « (Dwi-i- ! ^n. •
^*e^ :

nK^-f- •
^n-l^ : Mr -
nr'^ù • iia'î^î: • (i^) n.e.n. * nh-îi-

m-^rùCi nr»'> » ©A^p-ihA ^ (is) n^* -•


;î.^mfl»3: : (i9) h
j&fl. '
Hh-ii' •
nKSfOiCF' • (20) m-fti- : (F. 154 v« a) rt.^A '

(1) Ms. »/hc s — (2) Ms. ^^«n.flft ; — (3) Ms. ^Tiiy. : — (4) Ms.
.çî^ftft. ! — (5) Ms. fii-nih : — (6) Ms. Afi-fl/h s îr- s

(7) Ms. Tt-vrift : — (8) Ms. ^Î.HTI : f : — (9) Ms. H>,<n.»>. î — (10) Ms.
:sm,h^ « — (11) Ms. fiS!.aoi\i\> : — (12) Ms. — — k (13j Ms. r'r'fi.c —
(14) Ms. ir-iMi ' — (15) Ms. hC^OK -. — (16) Ms. >,nî. = — (17) Ms.
iu>X ! — (18) Ms. tiTii : — (19) Ms. aomohX — (20) Ms. fat-d.R -.
LITTÉRATURE KTIIIOIMENXR PSELDO-CLKMKNTINr':. 171

p- -•
(3) rifij-ft'/- : rdU'iih •
flïh"7.y • 'o :f'hrc • '>)
«in

p • 'r^ifi^'i.- •
Aîi'^ii.Knrh.r: •
aôa (^) K^ir = ArThW-i.- • oï

m-nhA.'!: î îiA'w ï l-nA ^C'B •


AnTiA/'h : C^^) vn?irt/i- • n
Ki-l^ î jr^^-Tf. ï HhAWfitf»- '
h:^\\,h-nduC - \\ao -.
A,•l•'nA(^

(11) îiîr'dô •
©-Th-fiA ï (12) -nîiA.^ :h^ •
K'if^'i' W'i-nA =

/iCB : A-nxA.^- : hïi •


rr- ! (13) n^'oooh'Xi -. (14) ka h

Ireï : KrAh • (16) -iof.a» •.


îhîiHH • (17) MH.K-firh.C « n
\\ao : ;hK^ •
?iA •
MArtfli. î (18) fl>-A1- . (F. 154 v« b) -ji

^ •
^fl'ei/'ff*»- • flï^n-irtf«>-0 s ( '9) ^-hA • fl>-A'h * IVlh ^ [ilrt :]

a'Tf : [fll]A;hf (20) ïDTO-?" (21) : 'hiJ.y ï (D^-^X '.


AÏÇ
ft ! flj[A]/*';' flï^n ! I-Olo" • (22) ?»mrtA-> « œha^'i'P
A :
?.*t* : AndA (23) iV'lh : [fl)]<<.VîPfli>- : M'iTo^- : h<wi

^.d'i'n- ' ^i'^ : nJhHHtf»- htm : jR>in<- î n-t « ©/z-nAih

}»r[Ç^ ïfA- ï rVn<- • (24) HCDôK : hnV> : [flï]HnAA


oïipç^ : fnùo^ « flï^n c?»^<p • \\oo s h^^hfh-P ' (25) n
-fc
.-
iDA^m>- : An,y î (26) oi^chp-tf*»- ï xx^^v -
h'in ••
jz-x-t :

(1) Ms. WiA, » — (2) Ms. ,!<. : hr'C.-^t • — (3) Ms. rhAf î — (4) Ms.
>,tfD : —
(5) Ms. ^hr'C, :

(6) Ms. AùA (7) Ms. ! — hr'tïV s — (8) Ms. mtaïi = — (9) Ms. .c^/hf
T : — (10) Ms. Restitution du AhCB — texte altéré : ï,n<n> : ^-fl'^ :

(11) Ms. ^nAO- ! — (12)Ms. ^HA: — (13)Ms. «p^s — (i4)Ms. ^tfoûH* =

— (15) Ms. tfi'ï:?» — Ms. hîTAYi — Ms. ^>,hh — Ms.


s (16) > (17) = (18)

h'^{>i\ah i — (10) Ms. — Ms. A/hP —


athnaffi Ms. TO-o»= (20) : (21) :

— (22) Ms. t'^?ft — : Ms. — Ms.


(23) — Ms. ttùi\ > (24) -^iK. -.
(25)

(26) Ms. rtn.v .-


172 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

«Iftfr • (l) n-i'l- ' ÙO ' iBAu'l-4'^n- -


-MUV • (^) AH-fc . àb '\\

ao : K.^-r?<ll^aO' .
(3) *^'\r r Olhdn •
hmf *tf«»- : (4) fl)e..n

A"o»- : «h* : VMftrt- • îl*^ • (^) Au (F 155 r a) ^^^^M


ao' : ([ODO^Ç :: (6) flihiin s "ilCtn»' ••
flïKmf *<»»• •
flJJ&'flA"

tfo. : h<w» î Au'MAA^ •


flïV>4»^'n<p î -lin,'/ (7) (Dfta : ;^>

/^h- ' ïi^'^inav- • ^n n± : •


Iôù ] Hh-^nA •
hr^ô aa
f : Kli-nyitf»- (8) [A]T^A.»l<n>- • (9) îiA#w î [^K-/: •] *d •
A
flA.jJ : Prhrr : (10) hC/^'^tf»- ' (D'^^^hl •-
hÔ?''i±Y}a^ '

(11) fli'|-*m4»T î (12) hààr^-t '


flJ^rt-nC j 'wia^ap : flJ'lhiS.

A^ : (13) A/^/JÎfltf»- : ihoo^ : fl)A-1lj&Aho«>- : tf^AÇ •• (14)

H^,-Thnt^oyia»- •
(15)?iîP'/^dCi'.(16) ChAïlff»- = îiAh •
X-^h

n,h«n>- (Dïx^r'n UDh'iTC'h • (17) fDhhA?! •


îi^iy : KAh •

îF"'>^[5:.](18)h<w> : ^.''^ï^'>•^A-0 .(1^) AA^Vlrn». .-


(20) î»ft

h • (21) hT-C%\ia^' •• (I' 15 J r° b) flJAA-flrfl'ï' • *?^.Mhao' : ai

[ïhîr- •] n-1r/?»A : (22) -j^'O^Vltf»»- « (23) œih^ A^^ip/^^'P -•


••

(24) (DK.^^or'P • (25) >»ft/wi : J^à ••


^h-n •
n-i-i- : hiid?*
ao- : aï-1i^')tfi>- : J&rt.rt^ (26) flj-A-h r
hAh ! Ç<J. •
Hl^A" :

fl^A'^ : iv^ : fljj&hOH-î : (27) ^fl : CVA* ' HnAd<P ••


AJ&M •

dd •
Y^^ î ni-rt^JP : h*eV •
hr\\\ • (28) '^O^al. î (29) ^
?iHH -•
(30) Kn-lftf»- •
©An •
nAA*P • (31) A.e.?»-t •
bb '
M
n • J^b- ^ïi± î K^'^'^l*^ ' (^2) îtAh • ^^ù ©^nAA : :

(1) Ms. — ^7nfr — : (2) Ms. VftV ! — (3) Ms. ^T'9Ch\ia^ : — (4) Ms.
h/njR*<n.- : — Ms. (5) ïicn» : — (6) Ms. oi»"j^P :: — (7) Ms. Vn.V =

(8) Ms. îiihAYloo- — ! (9) Ms. T^fimo»- : — (10) Ms. ft^^rMaf^V —
(11) Ms. hùfi-itXia^ : — (12) Ms. ^'t-T^'v : — (13) Ms. ->«;n^ :

(14) Ms. /»"rt :

(15) Ms. (16) Ms. ii-hc-P (17) Ms. MK^i


HA^n«lî'^Yi0»- — (18) ! — —
Ms. îPTr^ : —
Ms. 9"c^? mot inconnu. (19) (20) Ms. A*iWa^ s — - —
(21) Ms. (p-hii-n (22) Ms. :i.eA (23) Ms. A î —
—(24) Ms. ^Hi\ùV : — - >

— (25) Ms. ^Thr'V (26) Ms. .eA-Afoo- « (27) Ms. ©.en-V- : — — :



(28) Ms. hîT'Wi (29) Ms. thROh : —
(30) Ms. ^î,nH (31) Ms. = — • —
nA>»'P : — (32) Ms. ,e^h.7ft- :
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMKNTIXi;. 173

hhi\F'0O' 0^«e ^n-irtfo-


(4) ]tiht^ • : ' ( >)
CH^?»'^^-
(6) \\tro s h'^M ^à [nh'W» :] qM}&0' : (Onhtro : HAO-
['h^ H^,J&flt*-/'tf»- Hît-^nA • y.^(\i^i1^ • 7.H.II- : Anrt.A

(7) a)*^'*i^ î (DiP'iV' : (F lo5 v"' a) î»'/"<D«jnfl»- J (Dtïltii

i-lf ••
i'T^àPti^ ! Aîitf»-'Hî ••
ft'fe^' •• (Dho^bytoo- -.
tx9°i^

^ '
H<:Af ••
A"tf»- •
«b/^'li -•
(8) flïÇ^'J :: (DiX^^ao- : (9) -^

'
! (10) ^rh.^ •
V^ïl : AJ^^XhA : \\ao : )2.-l-ïn<. • ([dx^C
fl

(DiW^ • (M)[K/w>:] iiA^'-ftf»- -• (12) a)K?t<w»^ • ha-iro^ : A

in*^, : îr»înt? : Aî\AAu (1^) Hh<w> : i'd.^-f-ao' .. (15) Ar'hfV^n


rlt-flA ••
(16) ^'A'ecr -•
(17) a/^P • hje-A. = (IS) ^ArhArt (19)

ïiHîiu- î (20) (Dat-h-Pi Kn-iftf»- ! ^:t^1^^ • (^i) ka : k^


iif»^ î (22) îihe : jR-W-f-f î (23) AH-IV-^-f ff^ (24) : Ah
tf»»''}* î /h?T^' ï (D-t-fi-i-d. ! (25) /*'Pirffi>- : (D^^TO^' '
A
Ko»--}-!: : /hîÇ'V : ffl*}^ • (26) i-^1-<<. : 'P'^ ' njMfo^ '

\\aD î f(;ntf»>- • /hj&fl)-!' : lUKih ••


AîF-Vi^ : l^ftm.C ' (27)

K^i- •
>/^K ' r? '
ïtKlfo»»- f^ooù • (F 1 ^â v« ^) o^ll-^ •

ooMii- •
nhO' « flihdn • /^> - n,hih • A<w<: ••
at-ti-t --

ftv : (29) H,^ï : n/^v • <wAïi^ î [ai]n<wAii''h : (30) hn-c •

(1) Ms. h-^ftV. ! — (2) Ms. ficn- — (3) Ms. tn«ï:îP : — (4) Ms.
hr''{M ' — (5) Ms. fi^'Z : — (6) Ms. htt'ZVtt^ • — (7) Restitution;
texte très obscur : t^:^^^^h wflïitf» : flAh. • ]i\&n-iiPo'^ • H>iTrfJrt :

jR-n^/h s iH-o- : An A. A ! (sic).

(8) Ms. vr'*h : — (9) Ms. i\R^ao< ! — (10) Ms. î.îr» — (11) Ms. ^ç =

— (12) Ms. fflOAiP ! — (13) Ms. viTH- '— (14) Ms. mk — (15) Ms.
t^f**»»- : — (16) Ms. u-flA ! —
(17) Ms. Yift,C" : — (18) Ms. Ti.ftrt =

(19) Ms. hA-ïfii* : — (20) Ms. -hnxo — (21) Ms. u9T^ s — (22 Ms.
Hh.jP?"'?. ' — (23) Ms. .e^4-P-P ' — (24) Ms. ah î t-J-f-Po'»* - — (25) Ms.
tnt^C ! — (26) INIs. >,.«L : — (27) Ms. aor'ifKC «

(28) Ms. a^r'i — (29) Ms. ir/*"r : — (30) Ms. (iao^vH- -


174 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

'^'/»nA ïu^lftf»- ' Hh^flA •


-Tim.M- = (i) nrlK'fc;^ • (2) ^
ù •
(^) VinW •
(^) (Dtlx^ntm^ ' (5) fll^ïl^wiîr : (6) h<w : ^-fd.

f-f : (7) A0/..*e •


n-fré.M'^ •
A^** î ?»A K'^AV (8) :

*d (^) [nh//» •] '^AflJ^ (10) n/^;» = hje-A. ^ (H) h"7ii-

-f : (12) «DA-nA • ^P'i •-


l-'i^?' (13) hilh : ^dtlù •'
(1^)

Hi-^jR-i^tf»»- AR4î4» ! h<w» ! K^hra •'


[flï]An • +cn •

-10.11- •• «ï"! A" • n4'A'^«w : (15) <nifi<]>/v< = [fli]An 'ïii.jK.'l^

tfi»- : [K'^ATtf»- •
*d •] (16) fliAA.U-A * An ••
'^<<.J&•f : [A]
.^4-^ : K (F 156 r« a) «ny^y : (17) W•A^;^li- • (18) whùC • (O-

M' •
L^if^ î (19) A.AiA • fl>-Ai- ï RV«t ! X-A«»^ • flJ-A-f- •
-Tl

J|j& • (20) (Dàv^^ î (21) Aï^ (Di '}'^^ : ï (22) K^/^'^tf»- ! AA


«fe* : o^AP-tf»- ••
K'^Aïii' ••
h'^l^ -•
(R\ié.t^a^ • nx^ati- ••

n,hO' •'
a)hM'Od.?'0^ : (23) îr»AA.u- * ?iA<w» s iDi;n<n>- ^^P
V : flJ^'r • (24) htn* : (25) jRYhV- : A<-^> ' Î^AA.I> «

{A suivre.)

(1) Ms, :im,hn' : — (2) Ms. n;ï•I:;^ » — (3) Ms. a4 « — (4) Ms. \injç:> =

— (5) Ms. A'^9"> : — (6) Ms. .çïiîT'y : — (7) .e^4.P^ -• — (8) Ms.
h'^ii-h : —
(9) Ms. *'v . — (10) Ms. tft'CC" — (11) Ms. ïi.ert. : — (12)

Ms. t4.f-F — (13) Ms. AÎ,A : TV^f : — (14) Ms. fiiiïïx : — (15) Ms.
+ft;^'^ ! — (16) Texte obscur : i*n s l-4.?-f'a^ •-
^"i ••

(17) Ms. h-m", (18) Ms. WA;Mh (19) Ms. ^,hK


: — (20) Ms. » — ! —
-iim.e. : —
(21) Ms. ri+P (22) Ms. ^-v-^h (23) Ms. hMhd.f-a^ ^ » — s —
— (24) Ms. f.ao< (25) Ms. <DYi«n» i — s
TRADUCTION

(Fol. 152 v° a, suite) Il détourna l'héritage de la souche de Cham qui


ravissait, après qu'il eut décidé (de le faire), et il rendit l'héritage aux
enfants de Sem qui se montrèrent vaillants, après qu'il eut juré (de le

faire). 11 affaiblit et détruisit les géants et les Cananéens. Il choisit Israël.


C'est (d'Israël) (1) qu'il naquit. Quant aux Cananéens, il (les) couvrit
d'opprobre, car ils adorèrent les idoles, les pierres et les arbres. La mai-
son de Jacob, aussi, rendit (aux idoles) les honneurs divins, (2) pendant
qu'elle se complaisait Leur cœur ne devint pas droit
dans les idoles.
devant le Seigneur, leur Dieu, en sorte qu'il les livra dans la main de
leurs ennemis. Ils se lamentèrent. 11 mani^ua (des gens) pour les enterrer
et pour les secourir, en sorte qu'ils se repentirent dès ce jour-là. Lorsque
(le Seigneur) les eut convertis, ils surent que le Seigneur était bon et ils

revinrent sur eux-mêmes, (fol. 152 v° b) afin qu'ils se repentissent de leur


malice et que leurs péchés et leurs crimes d'autrefois, qu'ils avaient faits
par ignorance, leur fussent remis. Quanta moi, je retournai à eux, avec la
clémence et avec la miséricorde (3) dans lesquelles j'ai pitié de mes créa-
tures. Je fais justice aux générations qui m'aiment. Je me venge de ceux
qui les haïssent, jusqu'à la troisième et la quatrième génération. (Je me
venge) de ceux qui me haïssent et n'observent pas mes commandements.
En effet, je suis jaloux. Je me venge de ceux qui (s'éloignent) de moi, (pour)
forniquer (4). Quant à ceu.x qui se montrent constants (envers moi), dans
les embarras et dans les difficultés, moi aussi, je les aime. Je ne m'éloi-
gnerai jamais d'eux. Je ferai (ma) demeure avec eux, afin que, (moi)
Jésus (5), je les avertisse et je me montre moi-même à eux. Mes comman-
dements seront dans leur cœur ainsi que (6) l'Esprit-Saint, car ma
demeure sera dans leur cœur, avec mon Père céleste et l'Esprit-Saint vivi-

(1) m. à m. < d'eux ».

(2) m. à m. « à elles ».

(3) m. à m. « dans ma clémence et dans ma miséricorde


(4) m. à m. « de ceux qui forniquent loin de moi ».
(5) texte obscur.
(6) m. à m. « et ».
176 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ficateur. En effet, (fol. 153 t° a) je suis leur Dieu et leur roi. Je me trou-
verai toujours avec eux. Je mettrai l'héritage des anges sur eux. Je ferai
tomber leurs ennemis devant eux. Je mettrai leurs adversaires dans la
géhenne. Personne donc ne les égarera, car les démons seront sous eux.
La famille des hommes se réjouira de (1) la chute des démons, car ses
ennemis seront vaincus et deviendront comme s'ils n'avaient pas été
créés. Les enfants des hommes recevront (2) leur propre héritage, afin de
glorifier (le Seigneur). En effet, ils se ceindront les reins de justice.
Ils feront briller leurs chaînes avec de l'huile. Ils entreront par la porte
étroite. Ils entreront dans leur lieu de repos, par l'ouverture de la porte,

où il n'y a pas d'entrée pour les voleurs. Ils trouveront l'héritage que (le

Seigneur) avait promis à Adam et à ses enfants. 11 leur a dit : « Vous êtes
des dieux, (fol. 153 r» b) Vous êtes tous les enfants du Très-Haut. » Connais
donc cet exposé, ô Pierre, mon serviteur. Telle est la miséricorde du
Seigneur. Si tu ne m'avais pas poussé à bout, je ne t'aurais pas exposé
(ceci), car cet exposé est un mystère caché. Ne révèle pas (ce mystère)

et ne ne peut pas le porter, car il rendra fou le cœur


(l'jexpose pas à qui
des enfants des hommes
et il mettra la malice dans leur intelligence.
Lorsqu'ils le connaîtront, ils deviendront pécheurs, en disant « (Le :

Seigneur) nous pardonnera. Nous ne retournerons pas au Schéol (3) ».


S'ils savent que la miséricorde du Seigneur viendra sur eux, lors de la

résurrection, ils n'apprécieront pas mes vérités (4) que je t'ai exposées,
afin de ne pas devenir meilleurs. Celui qui aura mangé ma chair et aura
bu mon sang ne descendra pas dans le Schéol. Ceux qui n'auront pas
eu pitié de leur prochain et n'auront pas fait du bien à leur prochain y
descendront. Quant à toi, ne divulgue pas ce (mystère) glorieux, sauf
aux sages qui (le) cacheront (fol. 153 v" a) et qui connaîtront son expli-
cation. Quant à toi, fais de cette exposition un trésor caché. Cet avertisse-
ment-là, prends-(le) et fais-en un bouclier. A la place de la joie mets pour
(les pécheurs) (5) la tristesse, afin que ceux qui ont péché autrefois, (en-
traînés) par l'ignorance, par les séductions de Satan et de ses démons, soient
sauvés par le repentir. Lorsque tu mettras leur repentir à la première place,
par écrit, leur repentir (les) saisira davantage (6). Ils affligeront leur
corps, afin de ne pas retomber (7), à nouveau, dans le péché et le crime.
Tel (8) un enfant qui pèche contre son père et contre sa mère. (Cet enfant-
là), on ne le frappe pas légèrement, (cela), afin de (le) corriger (9) et non

afin de le faire périr, (mais) afin qu'il ne pèche pas à nouveau. Les coups (10)

(1) m. à m. « à cause de >-.

(2) m. à m. « prendront ».
(3) m. à m. « nous n'aurons pas de retour dans le Schéol ».

(4) texte obscur.


(5) m. à m. « pour eux ».

(6) texte très obscur.


(7) m. à m. « revenir ».
(8) m. à m. « comme ».
(9) m. à m. < pour la correction ».

(10) m. à m. « ses coups ».


LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 177

mettent bas et secouent ses habits (1). On le revôt de ses habits, on oint ses
plaies, on secoue sa poussière, on l'adoucit, afin qu'il abandonne ses
pleurs, (fol. 153 v° b) on lui donne de la nourriture. Quant à cette
castigation, elle a pour but (2) que (l'enfant) ne recommence pas à pécher
contre (ses parents) (3) ni contre d'autres personnes.
Lorsqu'il voudra pécher à nouveau, il verra les meurtrissures (4) de ses
plaies guéries (5) ; il se souviendra de ses coups d'autrefois et ne péchera
pas. C'est donc ainsi (qu'il en ira) (6), si (les pécheurs) sont châtiés par le
repentir. Présentement, ils se repentiront (des fautes) d'autrefois (7). Ils
ne recommenceront pas (à pécher). Ils verront les meurtrissures de leurs
plaies et ils craindront de pécher. Ils s'étaient préoccupés autrefois de la
saveur des mets. Ils se repentiront par un jeûne fréquent. C'est pourquoi,
ils ne recommenceront pas à pécher, car ils craindront que l'affliction, inhé-

rente au repentir (8), ne revienne sur eux. Puisque (l'affliction), inhérente


au repentir (9), les effraye et les épouvante, je commencerai par la leur
donner, afin qu'ils ne pèchent pas contre (leur) prochain ni contre les
commandements du Seigneur. Fais du repentir un bouclier.
Après cela, écris cet (fol. 154 r" a) exposé, afin qu'il devienne une espé-
rance pour les enfants des hommes. En outre, comprends ceci, (à savoir)

que le Seigneur n'a pas créé Adam pour la castigation ni pour la corruption,
mais pour la félicité et le plaisir. Lorsqu'il eut transgressé le commande-
ment (du Seigneur), la mort poursuivit la vie d'Adam, comme la lumière
poursuit les ténèbres. C'est ainsi que la récompense (d'Adam) a été détruite
par la mort. En outre, après qu'(Adam) eut fait pénitence, (le Seigneur)
a-t-il dit, à nouveau, qu'il le ferait retourner dans l'anéantissement et la

corruption? Loin de là que (rien) de tel ne revienne, car le châtiment du


premier (homme a eu lieu), parce qu'il avait prévariqué. C'est ainsi que
(le Seigneur) a parlé à Adam : « Quant à moi, je t'ai créé pour l'honneur
etpour la gloire. Mais toi, tu ne l'as pas compris. Tu es devenu semblable
aux bêtes sans intelligence. En effet, tu as entendu ma parole et tu as
transgressé mon commandement. C'est pourquoi, je ferai venir (fol. 153 v° b)
sur toi la condamnation, c'est-à-dire la mort. » Il lui a dit : « Tu es poussière,
retourne dans ta poussière où se trouvent de nombreux péchés. » Après
l'avoir ressuscité, l'anéantira-t-il à nouveau par la mort et par le Schéol"?

Après l'avoir rétribué selon sa faute, le Seigneur (l'anéantira-t-il à nouveau)?


Pénètre et comprends ceci, (à savoir) qu'il ne le fera pas mourir une
seconde fois. Que cet exposé devienne un mystère pour tout homme,

(1) texte très obscur.


(2) m. à m. « c'est afin que ».

(3) m. à m. • contre eux.


(4) m. à m. « la plaie de sa blessure ».

(5) m. h m. « se guérir ».

(6) m. à m. ainsi donc,s'ils sont châtiés ».

(7) m. à m. < maintenant, repentir des fautes anciennes ».

(8) m. à m. « le tourment qui est dans le repentir ».

(9) m. à m. < parce que ce qui est dans le repentir *.


ORIENT CHRÉTIEN. 12
178 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

comme premier exposé. Comme dit David « Le Seigneur m'a rude-


le :

ment mais il ne m'a pas livré à la mort. Ouvrez-moi les portes de


châtié,
la justice. Que j'entre et me prosterne devant le Seigneur. » C'est ce que dit
David au sujet de son père Adam. « (Le Seigneur) m'a rudement châtié, »
dit-il, parce qu'(Adam) a été anéanti par la mort. « Mais il ne m'a pas livré

à la mort, » dit-il, parce qu'il ne le fera pas descendre dans le Schéol, après
la résurrection, (fol. 154 v° a) Ceci donc, sache-(le), comprends-(le), scrute-
(le), médite-(le) en ton cœur. Les chefs (r)exposeront, mais (toi), tu (le)

comprendras, en (le) méditant dans ton lit. Alors tu connaîtras la grandeur


de la miséricorde du Seigneur envers Adam, sa créature. (Tu sauras)
comment (Adam) voulut autrefois se faire Dieu et (comment) il voulut lui-
même devenir Dieu, lorsqu'il fut séduit par le serpent, (lui) et sa femme.
En effet, le serpent dit à la femme « femme, pourquoi le Seigneur
:

vous a-t-il défendu de manger (du fruit) de l'arbre? » La femme lui répon-
dit « C'est afin que nous ne mourions pas. » Le serpent dit à la femme
: :

« Certainement ce n'est pas (afin que) vous ne mouriez pas, mais c'est
afin que vous ne deveniez pas Dieu, qu'il vous a interdit l'arbre. » C'est
dans l'espoir de devenir Dieu qu'(Adam) transgressa le commandement
du Seigneur. Les (premiers) parents étaient comme des enfants qui se pro-
menaient dans (fol. 154 v" b) le jardin. Leur Père avait planté dans le jardin
un bel (et) splendide (arbre). Ses fruits étaient délicieux. Ils étaient bons
pour l'âme et le corps. Si (les premiers parents) avaient été patients, (les
fruits) auraient mûri. Quant à eux, ils étaient les enfants du Maître du

jardin. Leur Père les envoya garder le jardin et leur ordonna de le cultiver.
Ils mangèrent (des fruits) de toute couleur, qui provenaient du jardin.

Leur saveur était celle de la figue et excellente. Lorsqu'ils virent (l'arbre


défendu), afin qu'ils ne se trompassent pas à cause de lui (1), (le Seigneur)
les amena aussitôt et leur fit voir (l'arbre) aux fruits d'une saveur excel-
lente, qu'il avait planté dans le jardin. 11 leur dit « Ne touchez pas à cet
:

arbre. Ne vous approchez pas de cet arbre, afin qu'il ne fasse pas venir
sur vous la mort. »
De nouveau, il les instruisit et leur dit « Prenez garde de n'y pas tou-
:

cher, afin que (fol. 155 r° a) je ne vous frappe pas dans ma colère. » De
nouveau, il leur parla, les instruisit et leur dit de n'y pas toucher et de ne
pas s'en approcher. « Lorsque vous élèverez vos mains sur cet arbre, avant
que moi-même je n'aie donné (de son fruit) à vos dents (2) à manger, vu
que c'est du fruit vert, votre ventre (en) sera torturé et (ce fruit vert) vous
corrompra les yeux, vous brisera les os, vous cassera les membres, fera
de votre corps une cendre et de votre vigueur une corruption, qui vous
nuiront depuis les cheveux de votre tête jusqu'aux ongles de vos pieds.
Jusqu'à ce que (les fruits) se soient développés et aient mûri, moi-même
je viendrai vers vous. Je les cueillerai; je nettoierai (l'arbre); j'écarterai
de lui jusqu'à tout être, afin que votre langue ne devienne pas ulcérée
jusqu'à votre gorge et que ne survienne pas (fol. 155 r° b) le brisement

(1) m. à m. « en lui ».

(2) m. à m. « molaires ».
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 179

de vos dents (I). (Soyez) dans (toute) la force de votre vigilance. Prenez
garde de ne pas convoiter (le fruit défendu) et de ne pas le goûter, car
c'est du fruit vert. » C'est ceci «[u'il leur enseigna. 11 leur permit de se
nourrir des autres fruits qui se trouvaient dans le jardin. Or, il arriva que,
lorsqu'ils eurent faim, ils mangèrent (du fruit) de l'arbre (défendu). Mais
(en réalité, ce fut) dans l'espoir de devenir Dieu qu'ils transgressèrent le
commandement de leur Père. Lorsqu'ils mangèrent du fruit) de l'arbre,
alors que c'était du fruit vert, ils n'avaient pas attendu qu'il se fût déve-
loppé et eût mûri. Le fruit vert (les) corrompit. Les dents des enfants furent
émoussées. Ils firent venir sur eux
châtiment), dans Tespoir de devenir
(le

Dieu. En l'Ennemi les avait rendus fous. Leur Père sut que
effet,

le fruit vert (les) avait corrompus, (selon son explication), et comment

ils avaient mangé (le fruit) nuisible pour eux, avant que ne fût venue

l'époque de la maturité, de la récolte, de la bonté (du fruit, époque où) il


leur (en) eût donné, (fol. 155 v° a) C'est pourquoi, il se fâcha contre ces
enfants et les fit sortir du jardin qu'il avait fait pour eux joie et plaisir. 11
les chassa vers une contrée d'épines et de ronces, afin qu'ils (la) cultivas-
sent dans la chaleur, dans la sueur, (pendant leur; existence. Le Père de
ces enfants sut que l'Ennemi les avait égarés. Lui-même connut la tentation
de l'Adversaire, (et sut) comment il avait ravi les enfants par ruse, en s'étant
caché dans le corps d'un serpent (et) en ayant chuchoté à leurs oreilles.
Lui aussi, le Père des enfants, qui ne connaissaient pas le mal, (agit de
même envers l'Adversaire, car) il ravit celui qui avait ravi les enfants. 11
participa à la chair et au sang de ces enfants. En outre, il participa à leur
propre mort, afin de leur donner sa propre vie. Avec une sagesse mysté-
rieuse (2), leur propre chair qu'il prit, il l'unit (fol. 155 v° b) à sa propre
divinité. En outre, sa propre beauté, il l'unit à notre propre corruption et à
(notre propre) mort. La pesanteur de notre propre corruption fut absorbée
par la beauté de la divinité, par la divinité glorieuse. Notre propre mort
fut absorbée par sa propre vie sublime (3). En effet, il est devenu sembla-
ble (aux hommes), à l'exception seulement (4) du péché. 11 a porté notre
fardeau, nos souffrances et notre faiblesse, afin de ravir l'Ennemi qui
avait ravi les enfants que le fruit vert avait corrompus. De même que
(l'Ennemi) s'était caché dans le corps d'un serpent, de même Notre Sauveur
se cacha dans le corps d'Adam. Ce n'est pas immédiatement qu'il ravit
(l'Ennemi) et qu'il revêtit notre chair, mais c'est après avoir tardé, jus-
qu'à ce que celui qui avait ravi les enfants eût oublié, afin qu'il ne le con-
nût pas. Lorsque (l'Ennemi) eut approché de Lui, (Notre Sauveur) le tua
avec le bâton de sa croix. Lorsque (l'Ennemi) eut ravi (les enfants), le fruit
vert (les corrompit). Lui aussi, (Notre Sauveur), lorsqu'il eut ravi l'Auda-
cieux, (fol. 156 r» a) (le) corrompit tout entier et le lia dans le Schéol

(1) m. à m. « molaires ».

(2) m. à m. « dans la sagessedu mystère ".


(3) autre trad. « .. fut absorbée par sa vie. En effet, le Très-Haut est de-
venu... »

(4) m. à m. « à l'exception du péché seul ».


180 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

effroyable (1), dans les ténèbres extérieures, dans les larmes et les grince-
ments de dents. Étant ressuscité, (Notre Sauveur) a ressuscité ses enfants,
a fait d'eux des dieux comme lui, leur a distribué sa propre vie, les a faits

égaux à lui (2), car il leur a donné sa chair et son sang, afin qu'ils devins-
sent égaux à lui (3).
{A suivre.)
Gournay-en-Bray, le 21 octobre 190".

Sylvain Grébaut.

(1) m. à m. " dans le tremblement du Schéol


(2) m. à m. « avec lui ».

(3) m. à m. • avec lui ».


SAINT EUTHYME LE GRAND
MOINE DE PALESTINE (376-473)

(Suite)

CHAPITRE III

FONDATIONS MONASTIQUES DE SAINT EUTHYME.

La laure de Marda. —
Le monastère d'Aristobulias. —
La laure de saint Eu-
thyme. — Les premiers disciples du saint. —
Description de la laure. Mul- —
tiplication miraculeuse de vivres. —
Fondations monastiques des disciples
d'Euthvme.

A peine Euthyme eut-il fondé son monastère et converti la

tribu sarrasine, « qu'il ressentit le double ennui de n'être plus


seul et de n'être plus ignoré ». Un jour enfin, il prit avec lui
son fidèle ami et compatriote Domitien et, sans avertir personne,
s'enfuit dans de Rouba, près de la mer Morte. De
la solitude
là, Euthyme monta sur une haute montagne, tout à fait isolée,
«

e1 qui s'appelait Marda. Sur cette montagne, il trouva un


puits et d'anciennes constructions tombées en ruines. Il éleva
une église et dans ce temple bâtit un autel, lesquels existent
encore », ajoute Cyrille de Scythopolis.
Lors de la visite de Jean Moschus à cette laure, vers la fin

du VI' siècle, des anachorètes y gardaient toujours le souvenir


d'Euthyme en faisant refleurir ses vertus. Leur jardin se trou-
vait à quelque distance de la laure, sur les rives moins arides
de la mer Morte, au dire du chroniqueur monastique, qui nous
182 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

a laissé ce récit charmant : « Il existe, près de la mer Morte,


une montagne du nom de Marda, qui est très élevée. Sur cette
montagne habitent des anachorètes, qui ont un jardin distant
d'environ six milles, près du rivage de la mer, comme dans
un vallon creux. Et lorsque les anachorètes désirent des lé-
gumes du jardin, ils harnachent 1 ane et lui disent « Va-t'en :

au jardin pour le service et porte-nous des légumes. » Et l'âne


s'en va tout seul trouver le jardinier et, quand il arrive près
de sa porte, il la frappe avec sa tête et, tout aussitôt, le jar-
dinier lui donne une charge de légumes et le repvoie. Et c'est
un de voir ainsi cette bête s'en aller, toute seule, chaque
plaisir
jour, sans vouloir obéir à d'autres qu'aux anachorètes (1). »
Le vœu de stabilité n'entrait pas dans les goûts des moines
palestiniens.Dès qu'Euthyme fut installé à Marda, il lui prit
dans le désert de Ziph pour voir les ca-
fantaisie de se retirer ,

vernes qui avaient servi d'asile à David fuyant devant Saiil.


Autant et peut-être plus que la Grèce, la Palestine regorge de
sites, que la création fit parfois monotones ou insignifiants,
«

mais que les exploits ou les forfaits ont rendus grandioses ».


La curiosité une fois satisfaite, le solitaire se trouva si bien
dans cet endroit qu'il y demeura. Or, le fils d'un habitant
d'Aristobuhas, un bourg avoisinant, était tourmenté par un
malin esprit, que la présence d'Euthyme en cette région gênait
visiblement. La délivrance miraculeuse de ce possédé valut à
notre saint un regain de popularité.
Bientôt le miracle fut connu dans toute la contrée. « Les ha-
bitants accoururent en grand nombre d'Aristobulias et des
localités voisines et lui construisirent un monastère. Beaucoup

(I) Pralum Spirituale, cap. clviii. De grandes discussions se sont engagées

au sujet de l'identification de cette laure, les uns tenant pour le Khirbet-el-


Mird, tout près de Saint-Sabas, les auti-es pour Sebbéh, l'ancienne Massada, au
sud d'Engaddi. Le premier lieu a l'honiophonie pour lui et de belles ruines,
mais il paraît mieux convenir à l'emplacement du monastère de Castellium,
fondé par saint Sabas et qui existait conjointement avec la laure de Marda et
ne peut, par conséquent, se confondre avec elle. Sebbéh, en dehors du voisinage
requis de la mer Morte, répondrait mieux à l'itinéraire que suivait Euthyme et
il présente, de plus, ce fait curieux de posséder une éghse byzantine, dont on
ne sait que dire. Les grottes, situées dans les flancs des rochere, ont été habi-
tées probablement par des solitaires, comme celles de toutes les laures. Voii-
Delau, Monastères palestiniens du cinquième siècle dans le Bulletin de littérature
ecclésiastique de Toulouse, Paris, t. I" (1899), p. 273-281.
SAINT EUTIIVME LE GRAND. 183

d'entre eux, hommes pieux, se décidèrent à y rester, Dieu leur


donnant d'en haut, remarque l'hagiographe, ce qui était né-
cessaire pour sustenter leur corps ». Les erreurs de Manès
s'étaient glissées dans ces parages; Euthyme les en expulsa;
puis, comme le bruit de la gloire troublait à nouveau son hu-
milité, il revint au monastère de saint Théoctiste.
Le monastère d'Aristobulias {l)que venait de fonder saint Eu-
thyme, était situé au sud de Caphar-Baricha, lieu célèbre par
le dialogue d'Abraham et des trois anges, qui cherchèrent en
vain dans Sodome les dix justes réclamés par Dieu. Bien que
l'hagiographe ne le dise pas, il est fort probable que cette
fondation de saint p]uthyme existait déjà avant lui et qu'il ne

fitque la perfectionner. En effet, dès le milieu du iv^ siècle,


sûrement avant 361, le site biblique de Caphar-Baricha avait
séduit plusieurs ermites, qui s'étaient réfugiés à l'abri de ses
ravins. Ils dépendaient d'un certain Pierre, dont l'extérieur
hypocritement vertueux déguisait mal une àme vile et un cœur
corrompu. Saint Épiphane de Salamine le dénonça à l'autorité
ecclésiastique, le poursuivit au delà du Jourdain et n'eut pas
de cesse qu'il ne l'eût fait exclure de l'Église (2). La commu-
nauté de Pierre se sépara alors de lui cependant ses erreurs ;

plus ou moins manichéennes trouvèrent asile chez plusieurs


de ses disciples et chez les habitants des villages voisins, ainsi
que nous l'apprend l'histoire de saint Euthyme.
C'est au retour de cette longue excursion qu'Euthyme et son
fidèle Doinilien s'établirent à trois milles du couvent de Théoc-
tiste, dans la direction de Jérusalem. En quelques mots Cyrille

de Scythopolis nous a laissé une description charmante du lieu


qu'il connaissait bien, pour y avoir vécu plusieurs années de
sa jeunesse « Il est, nous dit-il, une toute petite colline, as-
:

sise entre deux vallées qui vont s'unissant contre le midi, après
avoir quelque temps couru de front, l'une à l'orient, l'autre
à l'occident. Au nord de cette colline s'ouvre une jolie plaine,
d'environ trois stades d'étendue (près de 600 mètres), et que
Ton dirait faite uniquement pour le plaisir et la séduction.

(1) Il est possible que les ruines de ce monastère se retrouvent à Nébj-Youkin.


sanctuaire musulman très vénéré, situé entre Beni-Naïm ou Caphar-Baricha et

Kh.-Istaboul, l'Aristobulias de rhagiographo.


(2) Migne, r\G., t. XLI, col. (377.
184 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Un torrent descend des hauteurs de Touest et la plaine se l'at-

tache, comme l'on fait d'une ceinture... Mais qui pourra décrire
la nature de ce lieu? Et comme il y fait doux, et comme la terre

y est fertile, et comme l'air y est tempéré ! Tout y règne dans


une juste mesure, la chaleur, la froidure et l'humidité. Elle est
plus chaude, notre vallée, que les vallées bien froides, plus
fraîche que les vallées bien chaudes, plus sèche que les vallées
bien humides, plus humide que les vallées bien sèches. Tout
s'y harmonise dans un ordre parfait. »
Pour être flatteuse, la description n'en est pas moins d'une
ressemblance frappante. Rien ne saurait rendre le contraste
que présente cette gracieuse plaine avec la nature étrange du
désert voisin, mamelonné de boursouflures énormes aux dé-
pressions pittoresques. Tout autour, on dirait une mer en furie,
surprise dans sa colère et tout à coup pétrifiée, tant les cimes
blanchâtres des collines ressemblent aux vagues écumeuses,
qui se poursuivent sans cesse et ne s'atteignent jamais. Pour
notre monastère, le désert a perdu la rigueur de son aspect.
Les montagnes éloignent leurs croupes rébarbatives, les ma-
melons adoucissent leurs pentes et souffrent quelque verdure
sur leur crâne pelé; ils encerclefit la campagne d'un horizon

moins sombre, faisant d'elle une coupe suave dans une région
altérée. Que de fois, assis sur une pierre des murs éboulés,
n'avons-nous pas contemplé la beauté de ce spectacle, rêvant
à l'histoire de la laure et sentant peu à peu notre cœur envahi
par cette tristesse qui étreint l'homme à la vue de toutes les

ruines!
dénuement d'Euthyme et de son
Si le site était ravissant, le
ami Le cœur d'Aspebet, le cheikh des Bédouins,
étaient absolus.
fut ému de compassion et, par ses ordres, une citerne profonde
à deux bouches fut aussitôt creusée, pendant que des maçons
construisaient trois cellules, une dépense et un petit oratoire.
Les trois cellules furent bientôt occupées et, dès qu'Euthyme
consentit à recevoir des disciples, leur affluence s'accrut chaque
jour. Parmi eux on distinguait Domitien, son confident intime
et le compagnon de ses courses durant cinquante ans, qui le
suivit sept jours après dans la tombe, laissant une mémoire à
jamais bénie; Cosmas, qui devint ensuite gardien de la vraie
croix, remplaça Olympios sur le siège métropolitain de Scy-
SAINT EUTIIYME LE GRAND. 185

Ihopolis et mourut après trentf aniKM'S d'un fruclueux (-pis-


copat; Chrysippe, son frère et son successeur coname gardien
de la vraie crofx, lequel emporta en mourant la réputation
d'un brillant écrivain ; Gabriel, autre frère de Cosmas, enfant
prédestiné qu'on mil un jour à du monastère et de la tête la

basilique Saint-Étienne construits par l'impératrice Eudocie et

qui devait, lui aussi, être inscrit au catalogue des saints (1).

On y voyait encore Domnos, neveu du patriarche Jean d'An-


tioche et son futur successeur, qui se fit arracher la condam-
nation de saint Flavien au brigandage d'Éphèse et revint, une
fois déposé de sa dignité patriarcale, terminer ses jours auprès
de son maître Euthyme, dans la cellule qu'il n'aurait jamais

dû quitter. Près de lui s'exerçaient Jean, moine de Raïthou


sur le golfe élanitique et troisième évêque de Paremboles;
trois frères, originaires de Mélitène comme le fondateur, à
savoir : Etienne, fait depuis évêque de Jamnia; André, devenu
higoumène du couvent de Bassa, l'amie de. l'impératrice; et

Gaïanos, futur évêque de Madaba dans la province d'Arabie.


Faut-il mentionner encore le prêtre Anatole, et Thalassios et
Cyrion, prêtre à Scythopolis de l'oratoire de saint Basile martyr,
et tant d'autres, qui furent la gloire de la laure ou de l'Église
de Jérusalem, mais dont les noms ne sont inscrits qu'au livre
de vie"?

La bourse d'Aspebet était à la disposition d'Euthyme pour


construire les cellules des religieux, dont le nombre ne dé-
passa jamais cinquante. Un fait postérieur de quelques années,
raconté par l'hagiographe, permet de supposer l'aspect que
présentait déjà la laure. L'impératrice Eudocie, la femme de
Théodose II, avait élevé en Palestine un grand nombre d'édi-
fices pieux, de monastères et d'hospices pour les vieillards
e1 les orphelins. Parmi ces églises, s'en trouvait une dédiée à
l'apôtre saint Pierre, située dans le désert de Juda, en face de la
laure Saint-Euthyme, à vingt stades (3.700 mètres) vers l'ouest.
Près de cette église, Eudocie avait fait creuser une large et
profonde citerne, qui devait sans doute, en cas de sécheresse,
suffire aux besoins du monastère attenant à l'église et peut-être
même aux besoins de la contrée. Or, un jour que l'impératrice

(1) La fête de saint Gabriel se célèbre le 26 janvier.


186 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

était venue visiter sa fondation, elle aperçut de ce lieu qui


dominait la plaine la laure d'Euthyme s'étaler à ses pieds.
Elle ne put contenir son admiration devant la belle ordonnance
qui régnait parmi les cellules des anachorètes et, en voyant
comment les cellules des frères étaient séparées les unes des
autres, elle méditait sur ces paroles de l'Écriture :

Qu'elles sont belles, tes demeures, ô Jacob!


Tes tentes, ô Israël !

Ce simple détail, jeté par mégarde dans un récit, nous mon-


tre que les cellules étaient des constructions dispersées dans
la solitude et probablement autour d'une église
disposées
centrale. L'église n'était que la grotte primitive d'Euthyme,
convenablement ornée par l'évêque de Paremboles et dont Ju-
vénal vint célébrer la dédicace solennelle, au mois de mai 429.
L'évêque de Jérusalem était accompagné pendant cette visite
des deux gloires de son Église le chorévêque Passarion et le
:

prêtre Hésychius (Ij. Celui-ci n'est autre que le célèbre prédi-


cateur et panégyriste, dont les commentaires sur l'Écriture
Sainte, malheureusement inédits pour la plupart, rivalisaient
d'éclat et de profondeur avec ceux de son contemporain, saint
Jérôme. Quant à Passarion, « le grand ami des pauvres et des
étrangers, comme disent les sources monophysites, il avait
bâti hors de la porte orientale de Jérusalem un hospice pour
les pauvres et, à l'intérieur des murs de la sainte Sion, un
grand et beau monastère ». Les dignités étaient venues depuis
l'arracher à sa cellule et le distraire de ses occupations favo-

rites, sans faire taire cœur ses préférences


au fond de son
pour la vie contemplative. Il mourut moins de sept mois après
la visite qu'il fit à la laure d'Euthyme, le 25 novembre, au
dire des monophysites, qui lui ont voué un grand culte en le
regardant comme « le nourrisseur des pauvres et l'éducateur
des orphelins » . Si les hérétiques ont accaparé la mémoire de
cet homme de bien, ce n'est pas à dire qu'il ait jamais trempé
dans leurs erreurs, car saint Euthyme n'aurait point professé
une admiration aussi vive pour une personne dont la foi était
suspecte, fût-elle un vieillard blanchi dans les bonnes œuvres

(1) Saint Hésychius est inscrit dans les livres liturgiques, à la date du 28 mars.
SAINT euthymp: le orand. 187

et auréolé de vertus comme Passarion. Mais le monastère


(le I^issarion était le premier du diocèse de Jérusalem, son
archimandrite avait la juridiction suprême sur tous les moines
des laures et sur les anachorètes et, à ce titre, il y avait profil
pour les revendiquer pour un des leurs. De
monoph3'sites à le

plus, Elpidios, qui remplaça Passarion dans la charge d'archi-


mandrite, se montra assez longtemps hostile à la foi de Chal-
eédoine et, depuis ce moment, son monastère ne jouit pas
d'une très bonne réputation. Tous ces motifs justifient la ré-

serve des catholiques, en même temps qu'ils expliquent les


éloges des monophysites (1).
Peu après la consécration de l'église par .Tuvénal, un jour
que la laure se trouvait dans une pénurie extrême de vivres,
quatre cents Arméniens, qui s'étaient détournés de la route en
descendant à Jéricho, s'en vinrent frapper à la porte hospi-
talière d'Euthyme. Celui-ci pria Domitien de leur servir à
manger; mais le pauvre économe, au lieu d'obéir promptement,
se mit à lui représenter la pauvreté delà maison, l'assurant
qu'il n'y avait même pas assez de pain à donner aux frères ce
jour-là. Euthyme, s'appuyant sur la puissance de celui qui
nourrit miraculeusement la veuve de Sarepta, ordonna alors
à son disciple de se rendre à la dépense « Vous y verrez, :

lui dit-il, ce que sont les pensées des hommes et ce que la

bonté de Dieu peut leur fournir contre toute attente. » Domi-


tien obéit et trouva la dépense si remplie de vivres qu'il n'en
pouvait ouvrir la porte. Il appela d'autres frères et, avec
leur aide, ayant enlevé la porte, il vit une si grande quantité
de pain, de vin et d'huile que, frappé de la grandeur de ce
miracle, il alla aussitôt se jeter aux genoux d'Euthyme et lui
demander pardon. Ce saint le releva avec bonté et lui dit :

« Mon fils, celui qui sème avec abondance moissonnera aussi

avec abondance. Lorsqu'on exerce la charité envers les hôtes,


on recueille sans y penser de grandes provisions et Ton ne

(1) Dans plusieurs livres liturgiques grecs, on trouve un saint Passarion


thaumaturge », qui est fêté le 27 ou le 29 novembre. Comme cette date se rap-
proche beaucoup de celle desmonophysites (25 nov.), on a voulu identifier ce
Passarion avec le nôtre; mais je crois que les menées et les synaxaires grecs
ont confondu Passarion avec Pityroun, moine égyptien, dont le culte est attesté
à ces deux dates.
188 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

donne jamais autant que l'on reçoit. C'est, mes frères, ajouta-
t-il en se tournant vers que
les autres religieux présents, ce

vous devez observer fidèlement, si vous voulez n'être pas in-


grats envers Dieu et obtenir de sa libéralité qu'il vous ac-
corde les choses nécessaires. »

Ce prodige frappa tellement les esprits qu'on le mit au compte


d^iutres saints, mais en le revêtant d'une couleur légendaire
que ne comporte pas le récit de Cyrille de Scythopolis. Je n'en
citerai qu'un exemple, qui a obtenu une fortune considérable
dans la littérature hagiographique. Un jour que saint Théo-
dose le Cénobiarque, ami de saint Sabas, revenait d'un pèleri-
nage à la grotte de Bethléem, il s'arrêta au monastère de l'abbé
Marcien, situé dans les environs. La dépense était vide, la bou-
langerie pareillement, Fabbé n'eut que des lentilles à offrir à
et

son serviteur, sans une miette de pain. Théodose avait prévu


l'indigence de son ami et s'était muni de pain et de quelques
provisions. Tout en prenant son maigre repas, il aperçut dans
la barbe de Marcien un grain de blé, qu'il y avait peut-être jeté
malicieusement. 11 le retira, le présenta à son hôte avec un fin

sourire et ajouta spirituellement : « Pourquoi vous plaindre de


n'avoir pas de blé, alors qu'on' en découvre jusque dans votre
barbe? » Il va sans dire que le grain de blé fut gardé par l'abbé
Marcien et que, rapporté au grenier le jour même, il augmenta
considérablement et remplit si bien la salle qu'on ne pouvait
plus ouvrir la porte (1).
Saint Euthyme a donc fondé quatre monastères, deux à Marda
etau bourg d'Aristobulias, sur lesquels son action paraît avoir
deux autres auxquels son nom est plus
été assez restreinte, et
intimement attaché et qui dépendirent de lui jusqu'à sa mort.
Son influence monastique ne s'arrêta pas là et il contribua, au
moins d'une manière indirecte, à l'étabhssement d'autres mai-
sons religieuses. On se rappelle peut-être que les deux pre-
mières recrues d'Euthyme dans la retraite où s'éleva ensuite

le couvent de saint Théoctiste, furent deux frères anachorètes,


sortis comme lui de la laure de Pharan Marin et Luc. Nous ne :

savons à peu près rien de l'existence de ces deux moines, sauf


qu'ils fondèrent un monastère près du village de Métopa et

(1) Usener, Der heilige Theodosios, Leipzig, p. 73-74.


SAINT RUTIIYME LE GRAND. 189

exercèrent à la vie religieuse le futur père des cénobites, saint


Théodose. En rassemblant 1ns maigres informations que Tlia-
giographe leur a consacrées dans ses biographies de saint Eu-
thyme, de saint Sabas et de saint Théodose, on voit que Marin
et Luc sont deux compagnons inséparables. A Pharan, à Sainl-
Théoctiste, à Métopa nous les retrouvons ensemble, Luc dé-
signé toujours le second et paraissant n'être que le frère cadet.
C'est Marin qui a construit le monastère dit de Photin, hameau
ou propriété située aux environs de Métopa (1), et il a cédé en-
suite la direction du couvent à son frère pour mener la vie
érémitique.
Deux autres disciples de notre saint, Martyrios et Élie, pri-
rent également place parmi les fondateurs de monastères, avant
de s'asseoir l'un et l'autre sur la chaire patriarcale de .Jérusa-
lem. Voici à quelle occasion. Peu d'années après le concile de
Clialcédoine, le patriarche hérétique d'Alexandrie, Timoth^e
Elure, forçait par ses vexations les moines orthodoxes à cher-
cher un asile en pays étranger. C'est ainsi qu'en 457, deux reli-

gieux de Nitrie, Cappadocien Martyrios et Élie l'Arabe, se


le

présentaient à la laurede saint Euthyme. Celui-ci les admit sans


tarder au nombre de ses enfants et leur donna à chacun une
cellule, tout près de la sienne. Bientôt même, ils entrèrent si

avant dans son intimité, qu'ils l'accompagnaient chaque


année avec Gérasime, Domitien, Sabas et d'autres anachorètes
dans sa retraite accoutumée aux déserts de Rouba et de
Cotyla.
Euthyme ne tarda pas à les laisser tous les deux maîtres de
leur destinée; ils profitèrent de cette liberté pour continuer leur
existence pénitente, l'un à Jéricho, l'autre dans une grotte assez
rapprochée de la laure de saint Euthyme. La grotte que Marty-

(1) On place le couvent de Métopa aux misérables grottes d'Ouui-Touba, à


gauche de la route qui va de Jérusalem à Bethléem, dans une vallée profonde,
sous les pentes qui descendent de Sour-Baher. L'homophonie, si précieuse dans
ces questions de topographie, est assez satisfaisante : Oum-Touba et Métopa ne
jurent pas trop de se voir associés. Une autre raison, plausible également, c'est
qu'on voit encore près de là des tronçons de murs aux pierres blanches en bel
appareil et que l'un d'eux porte le nom significatif de Khirbet-Biar-Louka, rui-
nes des puits de Luc. Une grotte présente toutes les apparences d'une chapelle
mortuaire. Cet oratoire, de forme carrée, était soutenu par quatre colonnes,
qui sont en partie brisées et qui ont entraîné la chute des voûtes.
190 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

rios avait choisie pour son nouveau genre de vie, se trouvait à

l'ouest de cette laure, à quinze stades environ (1). Comme les

vocations monastiques affluaient alors en Palestine, le rendez-


vous continuel de nombreux pèlerins, Martyrios se vit rapide-
ment entouré de tout un essaim de disciples; il dut condes-
cendre à leurs vœux peu à peu, dans le voisinage de la
et bâtir
grotte, un célèbre monastère, dont il fut le premier supérieur.

Il ne resta pas longtemps à exercer cette charge, car la mort de

son protecteur, 20 janvier 473, le laissa inconsolable, lui et son


confrère Élie. Le patriarche Anastase leur offrit ses condoléances
par l'intermédiaire du diacre Fidus et les ramena dans son cor-
tège à Jérusalem, après avoir présidé à la translation solennelle
du corps du saint, 7mai 473. Puis, persuadé que rien ne dissipe
la tristesse comme il les ordonna
les consolations spirituelles,
prêtres en les inscrivant parmi les membres de son clergé. A la
Hiort d'Anastase, janvier 478, le clergé et le peuple de Jérusalem
conviaient Martyrios à recueillir sa succession.
Quant à Élie l'Arabe, il se construisit devant la ville de Jé-
richo une petite cellule, qui fut le point de départ de deux mo-
nastères. Les couvents s'établissaient tous à cette époque d'une
manière uniforme. Un ascète éminent en sainteté groupait au-
tour de lui des disciples, qui se procuraient des cellules conti-
guësàla sienne et observaient son genre de vie; insensiblement,
les cellules agrandies et augmentées revêtaient l'aspect d'une
laure ou d'un monastère^ suivant les préférences du fondateur.
On a écrit d'Élie que, sur le trône pontifical, comme dans sa
cellule de reclus ou dans sa prison, il avait toujours observé avec
une rigueur scrupuleuse les règles monastiques. Il ne buvait
jamais de vin et demeurait jusqu'à l'heure de none dans la so-
litude, le silence, le jeûne et la prière. Son patriarcat, qui fut
assez long et assez agité, ne manqua pas d'un certain éclat; il
sut s'opposer à l'immixtion sacrilège de l'empereur Anastase

(1) Les ruines du monastère de Martyrios se voient à El-Mourassas, à deux


heures environ de Jérusalem. On y trouve une belle église à trois nefs, avec ses
trois absides, son atrium et son pavé en mosaïques Près de là, se remarquent
des citernes fort considérables avec un certain nombre de canaux destinés à y
déverser les eaux de pluie. Durant leur courte occupation de la Palestine, les
Croisés utilisèrent les diverses constructions de l'ancien monastère une grosse
;

tour entre autres accuse nettement une origine franque, bien que la plupail des
matériaux soient empruntés.
SAINT EUTHYME LE GRAND. 191

dans le domaine do la foi et, quand l'heure du danger sonna, il

préféra se laisser déposer et bannir plutôt que do romplaire aux


exigences de la cour. De son lointain exil d'Ela, il gouvernait
toujours l'Église de Palestine et mourut dans une forteresse
avec l'auréole du martyre (1).
J'arrête ici cette nomenclature de fondations ou de restaura-
tions de maisons religieuses, qui fatiguerait le lecteur à la lon-
gue, bien que l'activité d'Euthyme ne se soit pas bornée à celles
que ne contribua pas directement à l'é-
je viens de décrire. S'il
rection des églises dont l'impératrice Eudocie couvrit le sol de
la Terre Sainte, s'il était même éloigné de ses conseils au mo-
ment où elle construisit la plupart de ses monastères, du moins
il s'entremit auprès d'elle, lors de son retour à l'Eglise catho-
lique, et c'est à lui qu'elle demanda des religieux pour servir
d'aumôniers à ses couvents ou à ses églises. Tombé de si haut,
l'exemple de l'impératrice ne put trouver que de nombreux
imitateurs.
S. Vailhé.
(A suivre.)

(1) La fête de saint Élie se célèbre le 4 juillet.


LES COUVENTS DES CHRÉTIENS
TRADUCTION DE L'ARABE D'AL-MAKRIZI

{Stdte) (1)

LES monastp:res d adrounka.

La région d'Adrounka (i) forme l'un des districts chrétiens


du Saïd. Ses habitants sont très instruits de leur religion et
très versés dans la connaissance de la langue copte. Us possé-
daient un grand nombre de couvents en dehors de la ville, du
côté du Sud, ainsi que dans la montagne. La plupart ont été
détruits. Il reste encore les suivants :

Le monastère de Saint-Georges —
est une belle et solide cons-
truction. 11 n'y a plus un seul moine. On y célèbre une fête à
une époque déterminée.
Le monastère d'Ard al-Hadjir, appelé aussi monastère de
Michel ou de Qarfouna —
est sous le vocable de la Vierge
Marie. On l'appelait aussi couvent d'Arafouna ou d'Aghrafouna
(ypâsoiv), ce qui veut dire le Scribe, parce que c'est à cet endroit

que se trouvaient autrefois les copistes chrétiens. Il est situé


au sommet de la montagne. Il possède plusieurs grottes, dont
quelques-unes sont assez profondes pour qu'on puisse y mar-
cher pendant deux jours.
Le monastère d'Abou Baghâm —
est situé sur la digue au-
dessous du couvent de Qarfouna. Abou Baghàm était militaire

(1) Voy. 1908, p. 33.


(2) Adrounka ou Doronka est une localité située à quatre kilomètres au sud
de Siout, près du canal de Soliag.
LES COUVKNTS DES CHRÉTIENS. 193

SOUS Dioclétien.Il se fit chrétien. On le tortura pour lui faiie

abandonner sa religion, puis il fut mis à mort le vingt-lmitième


jour de Qanoun al-Awal ou le deuxième jour de Qoiak.
Le monastère de Saint-Sévère —
sur la digue d'Adrounka est
dédié à la Vierge Marie. Sévère fut l'un des moines les plus
remarquables et devint patriarche. Il se produisit un pi-odige
au moment de sa mort Il avait averti ses couipagnons, au
:

cours d'un voyage dans la Haute-Egypte, que la montagne se


fendrait au moment de sa mort, et qu'un gros morceau s'en
détacherait et tomberait sur l'église sans l'endommager. Or un
certain jour, une grande partie de la montagne tomba comme
il Les moines de ce couvent connurent ainsi que
l'avait dit.
Sévère était mort. Ils notèrent ce fait et se rendirent compte
que l'instant où il se produisit coïncidait avec celui de sa mort.
Ilsdonnèrent alors son nom au couvent.
Le monastère de Saint-Théodore —
est situé au-dessous du
couvent de Saint-Sévère. Il y a deux Théodore, qui tous les
deux étaient militaires sous Dioclétien. L'un d'eux est appelé le
tueur du dragon, et l'autre a pour surnom Alasfahlâr. Ils
furent mis à mort comme d'autres martyrs.
Le monastère de Mansi-Ak —
appelé encore de Mansâk ou
de Bain-Sak ou d'Isâk ce qui veut dire Isaac, était sous le

vocable de la Vierge Marihâm, c'est-à-dire de Mar Mariam


(sainte Marie). On lui donna ensuite le nom de Mansàk qui
devint célèbre parmi eux (les chrétiens). Il y a un puits situé
au-dessous de ce couvent, sur la chaussée; il fournit de l'eau
potable aux moines. En temps d'inondation, ils boivent de
l'eau du Nil.
Le monastère des Apôtres —
se trouve au-dessous du cou-
vent de Mansâk. On l'appelle encore le monastère des tamaris.

Il est compris dans le district de Bou-Tig, tandis que celui de

Mansàk est sur le territoire de Kifa (l); ceux de Sévère et de


Qarfouna dépendent de Siout et celui de Saint -Georges dépend
d'Adrounka. Le couvent des tamaris était dans un lieu désert,
quand il se bâtit à côté un petit village appelé Manchat ach-
Cheikh parce qu'il fut fondé par le Cheikh Abou-Bekr ach-

(1) L'édition de Boulalc donne ^^p^, ce qui est évidemment une faute d'im-
pression.
ORIENT CHRÉTIEN. 13
194 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Châdali qui y établit un vaste jardin. Dans ce jardin, il y avait


un grand puits dans lequel on trouva un trésor. Quelqu'un qui
Ta vu, m'a dit qu'il contenait des pièces d'or carrées, qui
avaient une croix sur l'une de leurs faces. Elles pesaient cha-
cune un mithkal et demi.
Les couvents d'Adrounka, énumérés ci-dessus, sont rappro-
chés les uns des autres. Il y a entre eux de nombreuses grottes,
renfermant des tablettes sur lesquelles sont gravées des ins-
criptions en caractères antiques, semblables à celles des anciens
temples. Elles sont ornées de figures coloriées et se rapportent
à diverses sciences. Le couvent des Sept Montagnes, le couvent
d'Al-Moutil et le couvent d'An-Nassâkh, sont situés en dehors
de Siout, au milieu des cimetières. On rapporte qu'il y avait
sur les deux digues trois cent soixante couvents et que ceux
qui allaient d'Al-Bedrachaïn à Asfoun (1) étaient constamment
à l'ombre des jardins. Mais tout cela a été détruit et la popu-
lation a disparu.
Le monastère de Mouchah. —
Mouchah est situé non loin de
Siout, du côté du sud. Ce couvent est dédié à l'apôtre Thomas
l'Indien. Il se trouve au milieu des jardins près de Rifa. Pen-
dant l'inondation, on ne peut y accéder qu'en barque. On y
célèbre plusieurs fêtes. Les chrétiens de ces monastères con-
naissent surtout le copte saïdique, qui est le principal dialecte
copte. Après lui, vient le dialecte baharique. Les femmes et les
enfants des chrétiens de la Haute-Egypte ne parlent guère que
le copte saïdique. Ces chrétiens savent en outre très bien la
langue grecque.
Le monastère d'Abou-Makroufa (Saint-Macrobe). Abou —
Makroufa est le nom de la localité où .se trouve ce monastère.
Il est creusé dans la partie inférieure de la montagne, et il con-

tient plusieurs grottes. Il est dédié à la Vierge Marie. Parmi


les chrétiens de Makroufa, y a beaucoup de pâtres et de ber-
il

gers qui sont pour la plupart des gens grossiers. Il y en a très


peu qui sachent lire et écrire. Le monastère manque d'eau.
Le monastère de Bou-Bagham —
est situé près de Timah.
Les habitants de cette localité sont chrétiens. C'étaient autre-
fois des gens instruits.

(I) Asfoun est situé près crEsneh dans la Ilaute-Égypte, à 688 kilomètres de
Bedracliaïn.
LES COUVENTS DEi^' CHRÉTIENS. lî).")

Le monastère de Bou-Chaiioudah (Chenoudi). — On l'appelle


encore le moniistèrc Blanc. II so trouve à l'ouest du district de
Souliàdj. Il en pierres, mais il a été déliuit et il
était construit
n'en reste plus que l'Eglise. On rapporte que sa superficie était
de quatre feddans (1) trois quarts. Ce qui en reste, n'a plus
qu'un feddan de surface. C'est un monastère très ancien.
Le monastère Rouge, —
appelé encore le couvent d'Abou-
Bichâï, se trouve à trois heures de distance au nord du couvent
Blanc. C'est un
monastère construit en briques rouges.
petit
Abou BicluVi était un moine contemporain àe Clianoudali, qui
était son disciple. Il avait sous sa direction trois mille moines.
Il avait un autre couvent dans le désert de Cliaïhat.

Le monastère d'Abou-Misâs ou d'Abou-Misis, c'est-à-dire


Mousa (Moïse). —
C'est un vaste monastère, situé au-dessous
d'Al-Balianâ. — Cet Abou Misis était un moine originaire d'Al-
Balianà. Il jouit d'une grande réputation dans le pays, les
habitants le regardent comme un saint et racontent à son sujet
beaucoup d'histoires peu sûres.
Après ce monastère, il ne reste plus sur la digue d'Esnà et
de Nakàda, que des couvents peu habités. Il y avait aussi à
Asfoun un vaste couvent. Le pays d'Asfoun était le plus fertile
de l'Egypte et le plus abondant en fruits de toutes sortes, et les
moines de ce couvent étaient habiles et très versés dans les
sciences. Mais cette ville fut détruite en même temps que son
couvent. C'est le plus éloigné des couvents de Saïd. Ils sont
tous délabrés et oubliés, eux qui étaient si populeux et abri-
taient d'innombrables moines, qui avaient de si vastes posses-
sions et recevaient des dons si riches.
La Basse-Egypte comptait aussi un grand nombre de monas-
tères qui ont été détruits. Quelques-uns cependant subsistent.

(1) Le feddan vaut un peu plus de 4.200 mètres carrés. La superficie du cou-
vent était donc de deux hectares. M. Evetts traduit la même phrase de la ma-
nière suivante « It is said to hâve possessed land totheextent of4 3/4 feddans,
:

of which only one feddan is left. » Le texte de l'édition de Boulak porte :

Ce texte ne me semble pas susceptible d'une autre traduction que celle que je
donne. Les mesures qu'il donne sont d'ailleurs inexactes, puisque le couvent
Blanc, très bien conservé, recouvre une superficie de 12.000 mètres carrés, soit
près de trois feddans. C'est peut-être cette inexactitude qui a induit M. Evetts à
donner une autre traduction.
196 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Il y avait au Meks, au nord du Caire, plusieurs églises qui


furent détruites par Al-Hakim bi-Amr-Illah Abou-'Ali-Man-
sour, le dix-neuvième jour de Di-al-Hadja, l'an 399 (1008). Il
déclara propriété commune les objets qui s'y trouvaient, et il

en enleva de très grandes richesses. Il avait déjà ordonné, au


mois de Rabia' al-A^val de la même année, de détruire les
églises de Ràchida à l'est de Masr. Il édifia à leur place la mos-
quée, connue sous le nom de Ràcjiida. L'an 394 (1003), il

détruisit deux églises au même lieu, et il obligea les chrétiens


à porter des vêtements noirs et une ceinture. Il s'empara des
biens des églises et des monastères, et les aflecta au divan
de l'Etat. Il brûla un très grand nombre de croix et interdit
aux chrétiens de décorer ostensiblement les églises à la fête des
Rameaux. Il les opprima durement et en fit flageller un grand
nombre. Il y avait dans l'île de Rôda une église située près du
nilomètre. Elle fut détruite par le sultan Al-Malek as-Saleh
Nedjm ed-Din Ayoub en l'an 638 (1241). Il y avait encore sur le
territoire d'Abou 'n-Noumrous, dans le district de Gizeh, une
église dont la destruction fut suggérée par un homme d'Az-Zià-
liat, parce qu'il avait entendu le son des cloches de cette église,

au moment où l'on annonçait la nuit du vendredi. 11 ne put at-


teindre son but sous le règne d'Al-Achraf Chaabân ben-Hous-
sein, à cause de la grande influence que possédaient les coptes
dans le gouvernement. Mais il s'entendit avec le grand émir
Barkouk, au moment où celui-ci avait l'administration de l'É-
tat, et il obtint la démolition de cette église. Elle fut faite par les
soins du Cadi Djamal ed-Din Mahmoud al-Adjami, vérificateur
des poids et mesures pour la ville du Caire, le dix-huitième
jour de Ramadhan de l'an 780 (1379). Elle fut convertie en mos-
quée.
Le monastère d'Al-Khandak (du Fossé). —
Il est situé près

du Caire du côté du nord. Il a été construit par le caïd Djaouhar


pour remplacer un monastère qu'il avait détruit au Caire. Ce
monastère se trouvait près de la mosquée Al-Akmar, à l'endroit
où il y a maintenant un puits connu sous le nom de puits d'Al-
Azama, et qui s'appelait alors puits d'Al-'Izàm, à cause des
ossements qu'on enleva de ce couvent pour les transporter au
monastère d'Al-Khandak. Le couvent d'AI-Khandak fut détruit
lui-même le quatorzième jour de Chaouâl de l'an 678 (1279)
LES COUVENTS DES CIIRHTIENS. 197

SOUS règne d'Al-Mansour Kalaoun. Il fut ensuite restauré tel


le

maintenant et on y construisit deux églises dont nous


qu'il est
parlons dans le chapitre qui concerne les églises.
Le monastère de Cyriacus (appelé aussi monastère de Saint-
Hor) .
— On y célèbre une fête qui attire beaucoup de monde. Il

s'y produisait autrefois un prodige dont parle Ach-Chabouchti :

Quand quelqu'un avait les écrouelles, le supérieur de ce cou-


vent le prenait avec lui et le faisait coucher sur le côté. Puis il

amenait un porc qui lécliait l'endroit malade et dévorait les

tumeurs, sans toucher aux parties saines. Quand la parlie


malade était nettoyée, le supérieur y répandait de la cendre
d'un porc à qui on avait fait faire la même chose auparavant,
puis il l'oignait avec de l'huile de la lampe de l'église. L'in-
firmité était guérie de cette manière. Ensuite on prenait le porc
qui avait mangé les écrouelles, on le tuait et on le brûlait. Puis
on préparait ses cendres pour le même usage. Ce couvent était
visité par un grand nombre de gens qui venaient chercher la
guérison de cette infirmité, et il était habité par de nombreux
chrétiens.
Le monastère d'Atrib (appelé aussi monastère de Sainte-
Marie). —
Sa fête a lieu le vingt et unième jour de Bounah.
Ach-Chabouchti rapporte que, ce jour-là, une colombe blanche
pénètre dans le sanctuaire sans que l'on sache d'où elle vient,
et on ne la revoit qu'à la fête suivante. Ce monastère est bien
déchu de son ancienne prospérité, et il n'y a plus maintenant
que trois moines qui se réunissent pour sa fête. Il est situé sur
le bord du Nil près de Benha al-Assal.

Le monastère d'Al-Mightas (la Baignoire) est situé près —


des salines qui avoisinent le lac de Bourlos. Les chrétiens y
viennent en pèlerinage de la Haute et de la Basse-Egypte. Cela
équivaut pour eux au pèlerinage à l'Église de la Résurrection.
Ce jour-là, ils célèbrent au mois de Bachans une fête solennelle
appelée fête de l'Apparition. Ils prétendent en effet que la
Vierge Marie leur apparaît en ce jour. Mais c'est une prétention
mensongère et erronée. Il n'y a pas autour de ce couvent
d'autre endroit habité qu'une petite cabane du côté du sud-est.
Près de là se trouve la saline qui fournit le sel de Rosette. Ce
couvent a été détruit, au mois de Ramadhan de l'an 841 (1437),
dans une émeute de fakirs qui s'étaient concertés dans ce but.
198 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Le monastère d'Al-'Askar (des Soldats) —


dans la région des
salines, à une journée de distance du couvent d'Al-Mightas, est
dédié aux Apôtres. Près de là se trouve une saline qui produit
du sel de Rosette. Il n'est plus habité que par un seul moine.
Le monastère de Djamiâna —
est dédié à saint Georges. Il
est à trois heures de distance du couvent d'Al-'Askar. Sa fête
se célèbre immédiatement après celle du couvent d'Al-Mightas.
Il est maintenant inhabité.

Le monastère d'Al-Maïmana —
près du couvent d'Al-'Askar.
Il était autrefois florissant et il n'y avait pas dans la Basse-

Egypte de couvent qui comptât un aussi grand nombre de


moines. Mais il fut abandonné et détruit. Plus tard, les Abys-
sins vinrent s'y établir et le relevèrent. Il n'y a pas dans la
région des salines d'autres couvents que les quatre mentionnés
ici.

Quant au Ouadi Habib ou Ouadi an-Natroun, appelé encore


désert de Chihat ou d'Al-Askit, et Mizàn al-Kouloub, il comptait
autrefois cent monastères. Il n'en reste plus que sept échelonnés
à la lisière du désert qui va de la province d'Al-Bouhaïra au
Fa3'oum. C'est une région de plaines sablonneuses alternant
avec des marais salins, de déserts arides entrecoupés de roches
dangereuses. Des citernes fournissaient l'eau potable et les
chrétiens apportaient des ex-voto et des offrandes. Ils sont
maintenant en ruines ces couvents d'où 70.000 moines, au
rapport des historiens chrétiens, sortirent et vinrent, ayant
tous la crosse à la main, au-devant d"Amrou ibn al- 'As pour
le complimenter. Ils reçurent de lui une lettre qu'ils conservent

jusqu'à présent. Parmi ces couvents, mentionnons :

Le monastère de Saint-Macaire le Grand. —


Ce monastère est
illustre chez les chrétiens. Tout près de là se trouvent les
ruines de plusieurs couvents. C'était autrefois un centre de vie
monastit[ue, et les patriarches n'étaient reconnus que lorsqu'on
les avait intronisés dans ce monastère, après une première
installation dans la chaire d'Alexandrie. On rapporte que
1.500 moines y résidaient. 11 n'est plus hal^ité maintenant que
par un petit nombre. y a trois saints Macaire. Le plus grand
Il

d'entre eux était le supérieur de ce couvent. Il y eut aussi saint


Macaire d'Alexandrie et saint Macaire évoque. Leurs ossements
sont conservés dans trois châsses de bois et les chrétiens vien-
LES COUVENTS DES CHRÉTIENS. 199

nent les visiter dans ce monastère. On y conserve également la

lettre qu"Amrou ilm ei-'As écrivit aux moines de l'Ouadi Habib,


au sujet du tribut imposé aux districts du nord, selon ce que
m'a rapporté un témoin oculaire.
Saint Macaire le Grand, le même que Macarius, reçut la rè-
gle monastique des mains d'Antoine. Il est le premier chrétien
qui revêtit le capuclion et l'askim, c'est-à-dire une ceinture de
cuir sur laquelle est figurée une croix, et que les moines sont
les seuls à porter. Macaire alla trouver Antoine dans les mon-
tagnes orientales, au monastère d'Al-Araba, et il demeura près
de luipendant quelque temps. Ensuite Antoine le revêtit de
l'habit monastique et lui ordonna d'aller se fixer au Ouadi al-
Natroun. Il obéit, et un grand nombre de moines se joignirent
à lui. Il leur donna l'exemple de nombreuses vertus. Ainsi il
restait les quarante jours de carême sans rien manger ni rien
boire tout en veillant pendant la nuit. II préparait des feuilles
de palmier et en faisait sa nourriture. Jamais il ne mangeait
de pain frais, mais il se contentait de biscuits qu'il amollis-
sait dans une infusion de feuilles de palmier. Tel était son
régime et celui des moines de son couvent et ils ne prenaient
rien de plus pendant toute leur vie jusqu'au jour de leur mort.
Saint Macaire d'Alexandrie vint d'Alexandrie trouver Macaire
dont nous venons de parler et se fit moine sous sa direction. Il

y eut ensuite un troisième saint Macaire qui devint évêque.


Le monastère d'Abou-Bakhens al-Kassir (saint Jean le Nain).
On dit qu'il fut construit sous le règne de Constantin fils d'Hé-
lène. SaintJean le Nain possédait d'éminentes vertus et il fut
l'un des moines les plus illustres. Ce couvent était autrefois
prospère et il était la résidence d'une nombreuse communauté.
Il n'y a plus maintenant que trois moines.
Le monastère d'Élie (salut à lui). Ce couvent appartient aux
Abyssins. Il est en ruines comme celui de Saint-Jean, les vers
rongent leurs boiseries, et ils tombent de vétusté. Plus tard
les Abyssins sont venus s'établir
Au monastère de la Vierge de saint Jean le Nain, qui est un
petit monastère près du couvent de Saint-Jean le Nain.
Près de ces couvents se trouve le monastère de saint Anoub
qui est également en ruines. Ce saint Anoub était de Sama-
noud. Il fut mis à mort sous la domination musulmane, et son
200 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

corps est conservé dans une maison particulière à Samanoud.


Le monastère des Arméniens, situé près des couvents ci-des-
sus énumérés, est aussi en ruines. Prés de là se trouve
Le monastère de Saint-Bichaï qui est en grande vénération
chez les chrétiens parce que saint Bichaï était un moine du
même degré que Macaire et Jean le Nain. Ce couvent est très
vaste.
En face du couvent de Saint-Bichaï se trouve un monastère
qui appartenait autrefois aux .Tacobites. y a trois cents ans il
Il

vint en la possession de moines syriens à qui il appartient en-


core. Le lieu où se trouvent ces monastères s'appelle Birkat
al-Adiara (le Lac des Monastères).

Le monastère de la Vierge de Barmous, dédié à la Vierge


Marie, renferme quelques moines. En face se trouve
Le monastère de Mousa (Moïse) appelé aussi Abou-Mousa le
Noir, ou encore Bar-Mous (saint Moïse). Bar-Mous est le nom
du couvent. On raconte à son sujet Thistoire que voici Maxi- :

mus et Donnadius (Domitius) étaient fils de l'empereur romain,


et ils avaient un précepteur nommé Arsenius. Celui-ci quitta
le pays des Romains et vint en Egypte. Il se retira dans le

désert de Chihat, embrassa la vie monastique et habita en ce


lieu jusqu'à sa mort. C'était un homme d'une vertu éminente.
Les deux fils de l'empereur vinrent le trouver pendant qu'il
vivait encore et se firent moines sous sa direction. Après leur
mort, leur père envoya une mission et fit construire en leur
honneur l'église de Bar-Mous. Saint Moïse le Noir fut d'abord
un brigand audacieux et il se rendit coupable du meurtre de
cent personnes. Puis il se convertit à la religion chrétienne et
se fit moine. Il est l'auteur de plusieurs livres. Il était l'un de
ceux qui restaient tout le carême sans manger. Il était de race
berbère.
Le monastère d'Az-Zadjâdj (du Verre) est situé aux portes
d'Alexandrie. On l'appelle encore l'Hâbaton (Enaton?). Il est
dédié à saint Georges Grand. Il était autrefois imposé aux
le

nouveaux patriarches de se rendre d'Al-Moàllaka (à Masr) au


couvent d'Az-Zadjàdj. Mais de nos jours cette coutume a été
abandonnée. Tous ces couvents appartiennent aux Jacobites.
Les femmes ont aussi des couvents qui leur sont réservés
exclusivement. Tels sont ;
LES COUVENTS DES CHRÉTIENS. 201

Le monastère des religieuses dans le quartier de Zaouïla au


Caire. Il est habité par des vierges qui ont embrassé la vie
monastique et par d'autres femmes chrétiennes.
Le monastère d'Al-Banat (des Filles) dans le quartier grec,
au Caire. Il est habité par des femmes vouées à la vie reli-
gieuse.
Le monastère d'Al-Moâllaka dans la ville de Masr. C'est le
plus célèbre des couvents de femmes.
Le monastère de Sainte-Barbe, à Masr, se trouve près de l'é-
glise de Sainte-Barbe et est habité par des vierges vouées à la
vie religieuse. Sainte Barbe vivait du temps de Dioclétien. 11
la fit mettre à pour lui faire abandonner sa religion
la torture

et adorer les idoles. Mais elle demeura ferme dans sa religion


et supporta avec patience des tourments horribles. Elle était
vierge et pas un homme ne l'avait touchée. L'empereur, déses-
pérant de la fléchir, lui fit trancher la tête. Plusieurs autres
femmes furent décapitées en même temps qu'elle.
Les chrétiens Melkites possèdent un ermitage appartenant à
leur patriarche. Il se trouve près de l'église de Saint-Michel,
non du pont d'Al-Afram, en dehors de Masr. Il est habité
loin
par une communauté de moines originaires du pays des Grecs.
Le monastère de Bakhens al-Kassir (saint Jean le Nain). On
l'appelle communément le couvent d'Al-Kussaïr. La vraie pro-
nonciation d'après eux (les Melkites) est Deir al-Kassir, selon
la forme Chahid. Mais on a interverti les voyelles et on pro-
nonce Al-Kussayyer. Les Musulmans l'appellent le couvent
d'Al-Kussaïr (de la Petite Forteresse). A l'origine il s'appelait,
comme je l'ai expliqué Deir el-Kassir (le Couvent du Nain) par
opposition à Taouïl (Grand). On l'appelle aussi le couvent d'Hé-
raclius et le couvent du Mulet. La description en a été donnée
ci-dessus. C'est un des plus grands monastères chrétiens; mais
il n'a plus maintenant qu'un moine pour le garder. Il appar-
tient aux Melkites.
Le monastère d'At-Tour (du Sinaï). Ibn Sidah donne l'expli-
cation suivante At-Tour signifie la mo7itagne et il se dit
:

spécialement du mont Sinaï situé en Syrie. En syriaque il


se dit Toura et l'adjectif correspondant est Touri ou Tououâri
(Tourien). Yakout dit à son tour Il y a sept endroits
: qui
portent le nom de Tour le premier est Tour Zaïta, nom dé-
:
202 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

rivé de zaït (huile) c'est une montagne située près de Râs-'Aïn.


;

Le second, appelé aussi Tour Zaït (le mont des Oliviers), désigne
une montagne situé à Jérusalem, à l'est de Siloé. Le troisième
Tour est une montagne qui domine la ville de Tibériade sur
le Jourdain. Le quatrième Tour est un nom de lieu, commun à

plusieurs localités situées au sud de l'Egypte entre Masr et le mont


Pharân. Le cinquième est Tour Sinâ. Les avis sont partagés
sur sa situation les uns donnent ce nom à une montagne
:

près d'Aïla; les autres à une montagne de Syrie; il y a un


mont Sinâ au Hedjaz et un autre dans la Saliaria. Le sixième
est Tour 'Abdin, situé au pays de Nisibin (Nisibe), au milieu
des montagnes qui dominent cette ville, et qui sont la conti-
nuation des monts de Djouda. Le septième est Tour Hâroun
(la montagne d'Aaron), frère de Moïse (salut à eux). Al-Ouàhidi

rapporte ce qui suit dans son commentaire Al-Qalbi et d'au- :

tres auteurs affirment que la montagne dont parle le Très-Haut


quand il dit « Mais regardez vers la montagne », est une haute
:

cime du pays de Madian appelée Zabir. Al-Qalbi rapporte que


le nom de Tour vient de Yatour fils d'Ismael. As-Saliili dit

qu'on en a retranché le Ya si cette étymologie est vraie. Omar


ibn Chiba dit à son tour Je tiens d'.'Abd el-'Aziz qui lui-même
:

le tenait d'Abou Maa'char, puis de Saïd ibn Abou-Saïd, qui


l'avait appris de son père et celui-ci d'Abou-Harira (que Dieu
lui soit favorable), que, d'après l'envoyé de Dieu (Dieu lui soit

propice et donne le salut),


lui il y avait, dans le Paradis, quatre
neuves, quatre montagnes et quatre batailles. Les quatre
fleuves sont le Fishân, le Djihàn, le Nil et l'Euphrate; les

quatre montagnes sentie Tour, le Liban, l'Ohod et l'Ouarkàn.


Il ne pai'Ie pas des quatre batailles. D'après Ra'ab al-Ahbâr,
les Musulmans ont trois remparts contre les Grecs, leur rem- :

part est Damas; contre ad-Dadjàl, le Jourdain, et contre Gog


et Magog, c'est le Tour. Cha'aba rapporte, d'après Artât ibn-
al-Mandhor, que Dieu le Très-Haut dit à 'Issà, fils de Mariam
(Jésus fils de Marie), salut à lui : « Voici que j'ai suscité des
créatures sur lesquelles aucun autre que moi n'a pouvoir. C'est
pourquoi va avec tes compagnons à la montagne d'At-Tour. »
Et il y alla avec 12.000 disciples. Talk ibn Habib avait entendu
dire à Zra'a « J'eus l'intention d'aller à At-Tour (le Sinaï) et
:

j'allai trouver 'Abd-Allah ibn 'Omar (que Dieu leur soit pro-
LES COUVrjNTS DES CHRÉTIENS. 203

pire) pour lui en fairo part. Il me répondit : Ne fais de pèle-


rinage qu'à trois mosquc'cs : la iiK>squ<''e de l'Envoyé de Dieu,
la mosquée d'Al-Haram mosquée Al-Aksà, mais renonce
et la
au Sinaï et n'y Le Cadi Abou-'Abd-Allah Mohammed
va pas. »

ibn Salàma al-Kadâï s'exprime ainsi dans sa nomenclature des


districts d'Egypte Parmi les districts méridionaux on compte
:

les localités du l.ledjàz ce sont les régions d'at-Tour et de Plià-


;

ran, de Râia et de Kolzoum, Aïlat et ses environs, Madian et


ses environs, Al-'Aouïbid, Al-Hourâ ot la région environnante,
et enfin la contrée de Bedà et de Cha'aïb.
Les savants et les historiens sont tous d'accord pour recon-
naître que c'est sur cette montagne d'At-Tour, ou tout auprès,
que Dieu, le Très-Haut, a parlé à son prophète Moïse (salut à
lui). Elle possède jusqu'à présent un monastère qui est entre les

mains des Melkites. Il est habité et renferme un grand jardin


planté de dattiers et de vignes, ainsi que d'autres arbres frui-
tiers. Ach-Chàbouchti dit que Tour Sinà est la montagne sur

laquelle la lumière s'est manifestée à Moïse ibn 'Amràn (salut


à lui) au bruit du tonnerre. Le monastère se trouve au sommet
de la montagne; il est bâti en pierre noire et l'épaisseur de sa
muraille d'enceinte est de sept coudées. Il a trois portes de
fer et du côté de l'ouest se trouve une petite porte devant la-
quelle il y a une pierre que l'on relève à volonté. Quand un
visiteur approche, on l'abaisse et elle recouvre l'endroit de
sorte qu'on ne reconnaît pas le lieu de la porte. Il y a une
source à l'intérieur du couvent et un autre à l'extérieur. Les
chrétiens prétendent qu'il y a, dans ce monastère, un feu de
même nature que celui qui est à Jérusalem. On y prend du
feu chaque soir. C'est une petite flamme blanche, qui donne
peu de chaleur et ne brûle pas. Elle devient plus forte quand
on y allume une lampe.
Le monastère est habité par des moines et très visité. Il est
de ceux qui ont été le plus souvent décrits. Ibn 'Amir en parle
en ces termes :

« () moine du couvent, d'où vient cet éclat et cette lumière?


— Elle est produite par quelque chose qui se trouve dans ton
monastère d'At-Tour.

Le soleil y est-il descendu abandonnant les signes du Zo-
diaque?
204 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Ou bien la lune est-elle partie, et s'est-elle cachée là? »

Il répondit : « Ce n'est ni le soleil ni la lune qui est des-


cendue.
Mais on y a apporté aujourd'hui des amphores de vin. »
Les historiens chrétiens rapportent que ce monastère fut
édifié par Justinien, empereur grec de Constantinople. Il fit
élever au-dessus une forteresse qui porte, à l'étage supérieur, un
grand nombre de cellules. Il y établit, pour garder les moines,
des Arabes de la tribu des Bani-Sàleh. Ce fut sous le règne de
cet empereur que fut tenu le cinquième des conciles chrétiens.
Entre ce lieu et la ville de Colzoum, il y a deux itinéraires,
l'un par terre et l'autre par mer. Tous les deux conduisent à
Phârân, ville des Amalécites. De là au Sinaï, la distance est de
deux jours. De Masr à Colzoum (Suez) il y a trois jours de
marche. Pour monter au Sinaï, il faut gravir 6.666 degrés. A
mi-hauteur il y a une église dédiée à Élie le prophète. Au
sommet se trouve une autre église sous le vocable de Moïse
(salut à lui) avec des colonnes de marbre et des portes d'airain.
C'est le lieu où Dieu, le Très-Haut, parla à Moïse et c'est de là
que ce dernier prit la pierre des tables de la loi. Il n'y a qu'un
seul moine pour le service de l'église. Ils prétendent que per-
sonne ne peut y passer la nuit, mais il y a au dehors un abri
pour le gardien où il peut passer la nuit. Il ne reste maintenant
plus rien de ces deux églises.
Le couvent des Filles de Kasr ach-Chama'a à Masr. Il est

dédié à saint Georges. Il y avait à cet endroit, avant la conquête


musulmane, un nilomètre dont on voit encore des restes.
Ce sont là tous lesmonastères que possèdent les chrétiens en
Egypte, Jacobites ou Melkites, hommes ou femmes, au Saïd et
dans le Delta. Leur nombre est de quatre-vingt-six. Les Jaco-
bites en ont (I)... et les Melkites...

Angers.
L. Leroy.

(1) Les chiffres ne sont pas indiqués dans l'édition de Boulak et la place qui

leur est destinée est restée en blanc. D'après la traduction Evetts, les Jacobites
en avaient 84 et les Melkites 4. On peut d'ailleurs vérifier ces chiffres d'après
rénumération qui précède.
MÉLANGES

DEUX CATALOGUES DE LA BIBLIOTHEQUE DU HIEROMOINE IGNACE


EN 1516 ET 1522 (notes DU MS. COISLIN 292).

Le ms. Coislin 292, sur papier, du xiv^ siècle, contient une


bonne partie des œuvres de Syméon de Saint-Mamas, le nou-
veau tiiéologien. Il porte en tête deux feuillets de garde en
parchemin (A et B) et quelques pages blanclies sur lesquelles
les divers possesseurs ont inscrit quelques notes. Ces notes
n'ont rien de capital, aussi Montfaucon n'en a pas fait mention
dans son catalogue {Bibl. Coislin., Paris, 1715, p. 410-411).
Nous nous proposons de transcrire ici les plus intéressantes.
Elles sont rédigées dans la langue qu'on appelle souvent grec
vulgaire, c'est-à-dire en un grec qui ne tient aucun compte de
la grammaire ni du dictionnaire par exemple au folio A recto ;

on lit :

Kai lu Xai uîè loXi Osou aiXaf/jffOV \j.ai tov vap-apxoXov la) tou 7:a

v(] xou Tou çuXoQaiou, c'est-à-dire :

Seigneur, Jésus-Christ, fils de Dieu, aie pitié de moi, le pécheur Jean


... qui aime Dieu.

Cette même formule a été transcrite plus correctement au


fol. A verso :

x,£ 'lu yz uîè Tou 0£ou toIj Çôvtoç èXsYjaôv [j.£ TGV àjxapToXbv 5ià xf^q
0ecu. 'A[j/(^v.

Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu vivant, aie pitié de moi, pécheur,


par (l'intercession de) la mère de Dieu. Amen.

Au fol. 1 recto, on trouve le commencement d'un récit, dans


206 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

lequel le scribe n'a pas écrit en général les premières lettres


des phrases et des noms propres. Il se proposait sans doute
de les écrire à l'encre rouge comme cela a lieu dans le manus-
crit.Les noms des sept sages sont ainsi réduits chacun à
quelques lettres et ne pourraient être identifiés si on ne les
connaissait pas par ailleurs. Il ne s'agit pas cependant des apo-
plithegmes des sept sages contenus dans tant de manuscrits :

(A)irjY*r]ffii; ^io'-(é'^o'jq cpiAoa'i(pou tiv6ç. (Hjspi twv èTîxà sAX'/jvojv twv


©lAccûcpwv oià rr/V à'vo) Tupâvoiav.

Récit d'un certain piiilosophe (nommé) Diogène au sujet des sept phiio-
sopiies grecs sur la providence d'en liaut.
Dans les jours de Diogène le philosophe, à Athènes, les sept sages vin-
rent le visiter. Ils le trouvèrent assis sur une terrasse, le saluèrent et s'as-

sirent également. Voici leurs noms : Plutarque (Xoty -/.oç)... le .Trismégiste,

Cléomède Ils conversèrent longuement avec lui de la géométrie et de


l'astronomie et aussi des talismans et de la pliysique, et d'autres sujets
très variés. Alors Diogène, se levant, dit : hommes admirables et philo-
sophes, (vous) les premiers et les docteurs des Grecs, je (veux) vous inter-
roger : Dans les derniers temps, que fera la Providence d'en haut envers
la race des hommes? Car
que les enfants des Grecs sont devenus
je sais
insensés ils vivent indignement dans toutes les impuretés je vous de-
:
;

mande donc un signe, à vous qui êtes de grands a.stronomes et (d'illustres)


docteurs. —
Et Plutarque, ouvrant aussitôt la bouche, dit.

Le scribe ne nous transcrit pas ce qu'a dit


s'arrête là et
Plutarque. Au verso de ce feuillet, une note en grec barbare
nous apprend encore que le manuscrit a appartenu au monas-
tère du Météore —
« de saint Météore », écrit le scribe :

TU) rrapwv [5i6A'^(ov. (ju[j,£(ov 6 VcO)ç bso'hô'^cq. ù-jrap/ei x-qq '^y.aCkiy.o-à.-

T^^q [J.ov^ç loXi à\'ic\j [J-STîtopou. y.xl o'i.'t-/;ç tw àzs^îVoWr^ èz. x'Jjv p"^6'(^!7'/;v

[xovJjv £(7-0) à90)p-/][/,£voç, Y.a\ à(7UYya)p£TWç. xat [).exc(. ôâvaxcu a'JA'/jTwç.

7,01.1 vct'éyTi y.at i-qc, «pw (1) twv Tpiaxoaiwv xal osy.awxirw ôswçwpwv /.ai

àGavaaiou xoà 'Iwàtjaç %<xl TU[j,7:avoi iwç [j.£V£Ta), ce qu'OD peut tra-
duire par :

Le présent Syméon le nouveau théologien, appartient au très


livre :

royal monastère du saint Météore. Quiconque l'emportera du monastère


susdit sera excommunié, sans rémission, et ne pourra être pardonné (à'Xu-
Toç) après la mort qu'il porte aussi la malédiction des trois cent dix-huit
;

Ces derniers mots semblent incompréhensibles, mais du moins ils ne le


(1)
sont pas pour nous seuls, car apw ne figurait pas dans le texte et a déjà été

ajouté comme explication au-dessus de la ligne. Nous lisons êx"0 xaxâpav.


MÉLANGES. 207

(pères du concile de Nicée) inspirés par Dieu (Beo'f^pwv) et (celle) d'Alha-


nasc et de Joasapli et qu'il gonfle jusqu'à ce qu'il meure (?).

Le couvent appelé proprement le Météore ou le couvent « du


large rocher », o -XoL-ùq AC0o;, situé en Thessalie, était le prin-
cipal des couvents « des Météores », xx MsT£o)pa, o-. Mz-iMpc:
AiOoi, suspendus sur des roches inaccessibles formant par leur
et
réunion ce qu'on appelait alors la Scété (la Thébaïde) de Stagi,
•/) Léon rieuzey, dans Revue arc/iéologii/ue,
^7.r,-iq StaYwv. Cf.

IX (18G1), p. 153; Annuaire de l'ass. pour Venc. des Éludes


grecques, t. L\ (1875), p. 232.
Le ms. Coislin 237 provient aussi xoj Msiscopcj.
Athanase est le fondateur du couvent du .Météore sur le
large rocher. Il venait de l'Athos. Joasaph Paléologue fut l'un
de ses disciples, venu lui aussi de l'Athos. Cf. Heuzey, An-
nuaire..., loc. cit., p. 240-242.
Une punition analogue
à celle qui termine le texte précé-
dent (excommunication perpétuelle et gonflement du coupable)
fut portée contre un certain Galacta:'on qui avait usurpé l'hé-
gouménat et ruiné le couvent des Météores : xaTsXtTrov «ùtov Izl
GcXùxiù ôc<:fopic\>M, ojiTTîep vuv opxxai TUfji.'Tiaviaîoç, cppiXTOv Ma\).ix, iv xolq

TûTToiç TYjç "A.p-r,ç, elç xb Kopa/,ovr;c7i'v, « ils lui infligèrent l'excom-


munication indissoluble, par l'effet de laquelle on peut le voir
encore à Korakonési, dans le pays d'Arta, avec la peau tendue
comme celle d'un tambour, spectacle horrible ». L. Heuzey,
Annuaire, loc. cit., p. 240.
Viennent ensuite, fol. B recto et fol. 2 recto, les deux catalo-
gues qui forment le principal objet de cet article. Leur empla-
cement seul au recto des feuillets B
2 montre qu'ils sont
et
antérieurs à la note (fol. 1 verso) qui attribue ce manuscrit
au Météore.
(fol. B r°) "Exouç 'Cv.o' Iv p/r^v^ 4ou(v(w), elq xcùç ta, 'éypocàoc y.à^(M

'h(Vtxxioq i£pc[;,5va70ç xà (Stô/aa [j.cu oXa. èv xy) j3t6Xa) xaû(xY;).

àpy^Y) xtTpix6(x-{-(e.ko^ — xaïç 0£xax£ac7ap(aç) è-t(7x6A(aç) xoj [j.£Y(âXou)


nauX(ou) (SiêXiov £;uYV]p.£(vûv) — -i^aXxrjptv \j.ezô( e.<j2xlq — cpoXsyiov
— Kapax,XY]xabv — V5jji.i[j.(a) (3 [)AY.po^ /.aî [^iva — 0-/;y.apàc(£ç) 3 H^^~

xpo-j 7.cà [>A-(7. — KX-(^,aa/.(oç) [StSXicv — giêXiov xou |3apXaà[j. — |3^6Xbv


xou Su[j.é((i)voç)- Tou veou ôsoXoyou — piêXoiccuXov xcy àyicu Eùç/patfji.

— 3i6X(cv TxaxEpty.bv. — |3i6Xiov xou aYtou vUjy.çpou — |3i6Xiov 6aXxY^pt

è^-r]Y"Ot^£vov — TuTCiy.bv — [3i6Xo7:6Xov x^ç «71*? \).oipi{(xç) ^{o\> xal


208 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

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Xo,aapTupoç xavTeX£'(^[j.ovoç. sypadia Ta ^iSXt'a [/.ou oXXa.
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— ^iSXiov TOU TcXouo-iaStvou 3 — [2i6Xi'ov èirta-ToXatç tou [j.£YàXou TaûXcu
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— 6£0T0xap(iv) a — (3i6X(ov tou àyîou vqj.cpou a — d^aXT'i^-

piov £^-/]Y'/][X£V(o [j,£pr/.tù a — pi6Xtov Tîatôpixbv [j-£Tà Taîç £':riaToXaïç a


[j.ixp5v — xaT£pr/,cv (S' '^oXt àyiou v{Xou tou çiXoffôçou. — piSXtov £T£pov

li.£Tà xat -TiX-f^cTOUç Xiyouç — ^i8X6xouX(ov) y \}.itC,<x— (3i6Xiov tou


àa-wT(ou) — |3i8Xiov tou v£ou 0£oXiyou, IdTi tout(o) — (âi6Xiov tou £9pÉ[x

— jSiSXt'ov Tpiaoïxcv àvOoXoy. — àxoXouOia tou [X£yâXou àvTwvi'ou.

mi éTépatç âxoXou6(atç ly — ^i^'Xt'ov [xixpbv T£Tpa6àyy£Xov a — xat


v6[j.t[;.(a) [JAxpà — çiXâ3. '^ — (ii6X(ov [j.ixpà jj^eyocX. X^ — çpiXââ. [jm-

xpaTç [j-eyaX. ijâ



Aô^a 6£a) Tw èv TptâSi tw Sôvti àp^Y] xat téXoç.
ptSXiov TOU àyiou ù-^oçiou tou aaXou.

(fol. B r°). L'an 7024 (7024 5508 —


1516 de J.-C), au mois de juin, le =
onze (de ce mois), j'ai écrit, moi aussi, Ignace le hiéromoine, tous- mes
livres dans ce volume :

1 . Un Évangéliaire. —
Les quatorze épîtres du grand (saint) Paul, exem-
2.
plaire commenté. — Un
psautier (1) avec les prières.
3. 4. Un Horolo- —
gion. —
5. Un paracléticon. (2) 6 et 7. Deux volumes de canons, un —
petit et un grand. —
8 et 9. Deux livres de prières, un petit et un grand (3).
— 10. Le livre de l'échelle (saint Jean Climaque). 11. Le livre de Bar- —
laam (et Josaphat). —
12. Le livre de Syméon le nouveau théologien. —
13. Un recueil de saint Ephrem. —
14, Le livre Patéricon (Jean Moscus ou

(1) Contenant les heures diurnes. Ducange, Glossarium, col. 1794.


(2) Contenant ce qu'on doit réciter chaque jour à la messe, aux vêpres ou à
Matines. Ibid., col. 1108.

(3) On
dans S. P. Lambros, Catalogue of the greek manuscripts of Mount
lit

Athos, Cambridge, 1895, I, p. 123 (cod. 1351) PiêXiov xaXoûiAsvov }^.ijaç, 0r,xapài;, èv:

w 7tepi£)(ovTat où jxôvov oi TtpoypaçévTs; xat TUKtoôévxeç ïijxvot tfjç Cwapxtxïjç xpiàSo? itapà

Toù ÈV (i,axap;(f t^ XiiÇet... 'AyaTTiou (/.ova^où toù KpriTÔ;, àXXà TtXeïcTat te xal àXXai eOxat.
MÉLANGES. 209

apophthegmes des Pères). — 15. Le livre (les traités) de saint Nyjjhon.


— 16. Un psautier commenté. — 17. Un Typicon (indication des règles
des offices, — ordo?).—
Un recueil sur sainte Marie (la sainte Vierge),
18.

vie et années. — 19 et
Deux ouvrages sur la médecine.
'20. 21. Un Eu- —
chologe. —
22. Un petit recueil sur les douze montagnes (?) et
d'autres choses diverses. —
23. L'office du grand (saint) Antoine, avec sa
vie. —24. Un autre Patéricon Philad. (1) (apophthegmes). 25. Le livre —
de Grégoire le potier (2) écrit de la main de (Jean) Plousiadinos (3). — 20.
Un petit livre de demandes et réponses. 27. Un livre de Théotokies (4).—
— 28 à 34. Six volumes d'autres offices (de saints) et un autre psautier avec
les prières.
Gloire à Dieu qui donne le commencement et la fin.

(fol. 2 ro) L'an 7030 (7030 — 5508 = 1522), au mois de juillet, le 27 (de
ce mois), (le jour de la fête) du saint illustre martyr Pantéléémon, j'ai
écrit (la liste de) tous mes livres.
1. Un Paracléticon. — 2-4. Trois psautiers. — 5. Un horologion. — 6.

Un typicon (5). —
Le livre du Plousiadinos, quatre fois (6).
7. 11-15. Le —
livre des épîtres du grand (saint) Paul, cinq fois. — 16-21. Le livre de
Jean, celui de l'échelle (Jean Climaque), six fois. — 22-23. Deux eucho-
loges. — 24. Le livre de Barlaam. — 25-26. Deux livres de médecine. —
27-28. Deux livres de lois. — 29-30. Deux livres de prières, un petit et un
grand. — 31. Un livre de Tliéotokies. — 32. Un psautier avec explication-
— 33. Un Patéricon avec les épltres, petit. — 33. Un second Patéricon, de
saint Nil le philosophe. — 34. Un recueil de mélanges, trois — 35. fois.

Le livre du prodigue — 36. Le livre du Nouveau Théologien qui est


{'!).

celui-ci. — 37. Le livre d'Ephrem. — 38. Le livre triple anthologie (?) (7).
— 39. Office du grand Antoine et treize autres
(saint) — 40. Un offices.

petit évangéliaire. — 41. De petits livres de — 42. Philad. deux. lois. (?),

— 43. Un livre de petites et de grandes trente-deux. — 44. (feuilles?),


Philad. (?)'petites et grandes, douze.

(1) Le Philad., sans doute ipuW.dStov, brochure, reviendra deux fois dans le
catalogue suivant.
(2) Cf. Catalogue Lambros, I, p. 65 (cod. 741) : Toù... TpriYopîoy àpxiciïtffxdTtou
Taupo(i.£vîo-j Tïjî SixeXîai; toù KepajjLÉwç.

(3) Deux manuscrits de Paris du xv" siècle (n"" 828 et 1732) sont de la maiu de
Jean Plousiadinos. Cf. Omont, Invenlaire sommaire des ms. grecs de la bibl.
nationale, Paris, 1898.
(4) Ou tropaire (odes) eu l'honneur de la sainte Vierge. Du Cange, Glossarium
7nediae et infimae graecilalis, Lyon, 1688, col. 491-492.
(5) Nommé
chez les latins Ordo divini officii recitandi.
:

Le nombre quatre n'est pas déterminé par le texte. Nous supposons qu'il
(6)
désigne quatre exemplaires, car si l'ouvrage était en quatre volumes ou quatre
parties, ce nombre aurait déjà dû figurer dans le catalogue précédent. Nous
supposons donc que, de 1516 à 1522, Ignace a fait trois copies du livre de Gré-
goire le potier et en a ainsi quatre exemplaires en 1522.
(7) Anthologie en trois parties (?).

ORIENT CHRÉTIEN. 14
210 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Gloire à Dieu, dans la Trinité, qui donné le commencement et la fin.


Le livre de saint André Salos (1).

Cette bibliothèque comprenait donc surtout des livres d'of-


fice et de prière, avec quelques ouvrages ascétiques et des his-
toires monastiques. Hors saint Jean Climaque, on n'y trouve
pas d'auteur célèbre, l'Ancien Testament n'y est pas représenté,
lesouvrages de médecine et de lois forment la partie pratique.
Presque tous les ouvrages du premier catalogue se trouvent
dans le second. On ne trouve cependant pas, dans le second
catalogue, mention explicite du recueil sur les douze monta-
gnes. Les nouveaux numéros nous semblent être des copies
des anciens.
Nous ne savons à quelle époque placer « le pécheur Jean »,
mais puisqu'il figure en tête, fol. A, il y a au moins un préjugé
pour le placer avant Ignace et nous sommes conduits à l'his-
toire du ms. 292 suivante :

Écrit au xiv' siècle sur papier et d'ailleurs incomplet, il ar-


riva en la possession du moine Jean (fol. A) ; Ignace, hiéro-
moine et collectionneur de manuscrits, l'acquit immédiatement
ou médiatement de Jean et le porta sur ses deux catalogues de
manuscrits de 1516 et 1522. Après sa mort, le volume arriva
au monastère du Météore et —
en dépit de la malédiction portée
contre celui qui le vendrait — il prit le chemin de la biblio-
thèque du chancelier Séguier, ainsi que le ms. Coislin 237 qui
provient lui aussi du Météore.
F. Nau.
Paris.

II

RÉCENTS PROGRÈS DE LA PATROLOGIE ORIENTALE.

Nous n'annonçons pas en général à la bibliographie les


ouvrages récemment parus dans la Patrologie, parce que nos
lecteurs en trouvent le titre sur la couverture, mais nous avons

(1) Cette dernière ligne désigne sans doute une acquisition récente.
MKLANGPIS. 211

à cœur d'annoncer dès aujourd'hui que Son Altesse Royale


Maxim ilien, prince do Saxe, professeur à l'Université catiiolique
de Fribourg, a bien voulu s'associer à l'œuvre entreprise par
M^' Graffin, dont il a reconnu la haute utilité et la grandeur.
Grâce à son concours, nous pourrons éditer les textes armé-
niens et même géorgiens qu'il nous paraîtra ui-gent de faire
connaître aux savants occidentaux. Nous commencerons par le
Synaxaire arménien.
Nous avons annonce brièvement ci-dessus (p. 110) les Prae-
du prince Maximilien. Cet
lectiones de liturgiis orientallbus
ouvrage d'ensemble sur les liturgies orientales, qui a nécessité
la lecture de tant de documents édités et inédits, nous était un
sûr garant que S. A. R. apprécierait à leur valeur ces recueils
de documents que sont la Revue de VOrient chrétien et la
Patrologie. Son nom figure désormais dans le comité directeur
de la Revue et, à partir du tome cinquième, il figurera en tête
de tous de
les fascicules Patrologie orientale.
la
Nous restons d'ailleurs fidèles au plan formé par Graffin W
dès 1897 (voir Patr. or., t. I, p. v, 219, 523, etc.), et dont
aucune contrefaçon et aucune menace de plagiat ne l'ont fait
dévier, qui est de publier les principaux ouvrages — de préfé-
rence les ouvrages inédits — des diverses littératures orien-
tales, dans le format de Migne, avec la traduction sur la même
page que le texte. Parmi le millier d'ouvrages orientaux qui
attendent un éditeur, M. Graffin projeta de publier tout d'abord
les Synaxaires (cf. Patr. or., loc.cit.) ei.V Histoire des patriar-
ches coptes d'Alexandrie (M. Crum annonçait l'édition Evetts
dans les Proceedings of the Society of Biblical Archaeology
du 12 février 1902, t. XXIV, p. 73, 1. 11), nous continuons ces
éditions en dépit d'une tentative de dépossession le fascicule 2
:

du Synaxaire arabe jacobite paraît, le mois de Hamlé du Sy-


naxaire éthiopien est à l'impression, le fascicule 3 de l'Histoire
des patriarches coptes est en placards, le Synaxaire arménien
est en préparation; on lira d'ailleurs sur la couverture les
éditions des autres textes arabes, éthiopiens, grecs et

syriaques.
F. Nau.
212 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

m
NOTE SUR LES ANIMAUX DE SAINT MENAS.

Les deux chameaux traditionnels qui accompagnent iiabituel-


lement la représentation de saint Menas ont été pend ant longtemps
et sont encore un sujet d'hésitation, sinon de discussion (I).
L'identification des deux animaux est cependant aujourd'hui
chose réglée malgré les tâtonnements des premiers archéolo-
:

gues (2), à l'heure actuelle, tous sans exception admettent,


semble-t-il, qu'ils représentent bien des chameaux (3). Toutefois
leproblème de leur origine ne semble pas définitivement résolu,
du moins d'une manière absolument certaine. Bien qu'il existe
une opinion commune sur ce point, tous y adhèrent en avouant
néanmoins son caractère conjectural. L'explication suivie est
celle donnée pour la première fois par Le Blant (4) à qui elle
avait été suggérée par un passage de Tillemont (5) et dont il
retrouva la source manuscrite dans le fonds latin de la Biblio-
thèque nationale de Paris. Avant d'être décapité, rapporte
«

Tillemont, ordonna que quand il serait mort on mît son


le saint

corps sur un chameau qu'on laisserait aller où il voudrait et


qu'on enterrât son corps où le chameau s'arrêterait »
Deux autres incidents de la vie de saint Menas pourraient égale-
ment expliquer la présence des chameaux auprès de son image.
9n les lit dans le récit abrégé de son martyre que contiennent
les synaxaires des églises d'Egypte et d'Ethiopie (6), lesquels ne

(1) Cf. Dict. d'arch. chrét., t. I, col. 1725.

(2) Cf. Bévue arch., 1844, t. I, p. 405; Bircli, Arch. Zeitung, 1852, p. 223; De
Rossi, Bull, di arch.crist., 1869, p. 32 et p. 46; Wiedemann, Sixième congrès des
Dès 1811 cependant, Quatremère avait signalé, d'après un
Orient.., 1883, p. 162.
manuscrit arabe, une représentation de saint Blénas avec les chameaux. Mémoi-
res géographiques et historiques sur l'Egypte, Paris, 1811, t. 1, p. 488.
(3) Gayet dans VArt copte n'y voit que des dragons ou des serpents; il est vrai
qu'il attribue les monuments qu'il étudie à saint Georges, bien qu'ils portent
le nom de Menas, et qu'il en fait des antiquités coptes bien que la langue des

inscriptions soit grecque.


(4) Bévue archéologique, 1878, t. XXXV, p. 304.
(5) Mémoires pour servira l'histoire ecclésiastique, Paris, 1702, t. V, p. 758.

(6) Cf. René Basset, Le synaxaire arabe jacobite, dans Patrologie orientale,
MÉLANGES, 213

disent pas un mot de la légende citée par Tillemont. Lors d'un


transfert par mer des restes de saint M(''nas, des monstres ma-
rins a tête de chameaux api)arurent aux bateliers pour les d*}-
vorer, et ceux-ci ne durent leur salut qu'à la protection du saint
qui lança contre ces monstres des traits de feu et les mit en
fuite. Pendant ce même voyage, lorsque ceux qui avaient em-
porté les restes de saint Menas voulurent les ramener au lieu de
leur première sépulture, ils les placèrent sur un chameau pour
lesy faire transporter. Mais il arriva que ce chameau demeura
immobile, de sorte qu'on ne put pas le faire lever, et il en fut de
même pour plusieurs autres sur lesquels on déposa ce fardeau.
La volonté d'en haut fut reconnue par tous et on ensevelit le
corps du saint au lieu même où se passa le fait. Un des docu-
ments qui nous rapportent ces détails a été publié depuis long-
temps (1) mais, soit par raison de tradition ou pour tout autre
;

motif, personne n'a cru bon de les invoquer et on s'en est tenu
au récit de Tillemont confirmé par Le Blant. Cet incident du
reste rapporté par l'auteur des Mémoires explique suffisam-
ment la représentation des animaux. Il est vrai, comme plu-
sieurs l'ont fait remarquer (2), ce récit ne parle que d'un cha-
meau, tandis que les images en ont toujours deux, mais la raison
de symétrie peut l'expliquer, les exemples de faits analogues ne
sont pas rares dans l'iconographie des premiers siècles.
Tous ceux qui se sont occupés des représentations de saint
Menas, ai-je dit, n'ont pas laissé d'avouer que leur interpréta-
tion demeurait au fond conjecturale. Dans une étude récente,
Miss M. A. Murray, réduite à accepter cette même conjecture,
puisque nous ne possédons pas de documents écrits reconnus
authentiques nous donnant les motifs d'une pareille représenta-
tion, se refuse à admettre toute explication et se contente d'en-
registrer le fait (3). D'après elle, les récits de Tillemont et de

t. III,p. 293-298; Zotenberg, Catalogue des manuscrits éthiopiens de la Bibl. Nat.,


Manuscrit 126, fol. 75 r°-76 r°.
(1) Wustenfeld, Synaxarium das ist HeiUgen-Kalender der CoptischenChristen,
Gotha, 1879, p. 117-119.
Amélineau, Les actes des martyrs de l'Église copte, Paris, 1890, p. 89.
(2) Diction, d'arch. chrét., t. 1, col. 1725; Arvanitakis, Bulletin de l'Institut Égyp-
tien, lY" série, n" 5, p. 165.
(3) Cf. Proceedings of the Society of Biblical Archeology, vol. XXIX, pp. 25-30,
51-60, 112-122.
214 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Le Blant aussi bien que les deux incidents rapportés par le


synaxaire, qu'elle seule cite pour la première fois, sont des re-
lations faites après coup. « Tliese legénds, dit-elle, appear to
me to be a later invention evolved when the real meaning
of the animais was lost, for when \\e turn to historical sources
or examine the legends critically, we fmd that the camels are
not accounted for (1). » Cette conclusion de la savante égypto-
logue pourra surprendre quelques-uns, elle ne saurait être pour-
tant taxée d'inexactitude, si l'on accepte les documents tels

qu'elle les choisit et les apprécie et si l'on tient aussi la position


qu'elle prend en face de la question présente. Miss M. A. Mur-
ray traite en effet la représentation des chameaux auprès de
saint Menas comme étant nécessairement la signification d'un
fait historique réel de la vie de saint Menas. Elle cherche, en

conséquence, la preuve de ce fait comme le doit un historien ri-


goureux et, après examen des différents documents, ne se trou-
vant pas satisfaite, elle déclare le problème insoluble, en atten-
dant de meilleures preuves. Miss M. A. Murray ne nous donne
pas les raisons de son refus des documents ici en cause; elle ne
nous donne que son appréciation et il semble bien ressortir de
ses dires que les actes de saint Menas donnés parSurius (2) sont
seuls accceptés par elle comme dignes de foi. Là, de fait, les
chameaux ne sont pas indiqués, seuls les synaxaires et les ma-
nuscrits de Tillemont et de Le Blant nous les ont signalés jusqu'à
maintenant.
Je n'entreprendrai certes pas ici de défendre ou d'attaquer
ces vues, cette discussion relève des hagiographes. Je noterai
seulement que la qualification de documents faits après coup,
pour expliquer une représentation dont la signification a été
perdue, donnée aux récits de Tillemont et du synaxaire, reste
une assertion gratuite dans la forme où elle est présentée.
Néanmoins, comme je l'ai déjà dit, en conservant les docu-
ments que retient le rédacteur des Proceedings et en tenant
la position prise par lui, la conclusion doit être la sienne, la
présence des chameaux reste inexpliquée.
Mais cette position prise par Miss M. A. Murray ne s'impose

(1) Proceedings, loc. cil., p. '28.

(2) Cf. Analecta BoUandiana, t. III, p. 258-270.


MÉLANGES. 215

pas nécessairement, comme on pourrait, le conclure d'après son


étude (1). Il n'est certainement pas indispensable de s'assurer
si la représentation des deux chameaux est basée sur un fait

historique réel appartenant à la vie du saint. Les archéologues,


sans rien préjuger de cette réalité, ne s'en sont pas inquiétés,
ils ont simplement cherché dans le peuple auteur de ces re-
présentations le sens et l'origine qu'il leur donnait. La vérité
historique d'un fait n'est pas, en effet, requise pour justifier
la représentation de ce fait. Les images authentiques faites

d'après des légendes purement imaginaires ne sont pas chose


inconnue en hagiographie et ailleurs, et nous pourrions, à la
rigueur, nous trouver ici en face d'un exemple de ce genre (2).
Cette hypothèse écartée systématiquement parMiss M. A. Murray
reste possible. Quel est le récit qui a donné lieu à cette repré-
sentation, voilà toutd'abord,cesemble, ce qu'ilfaut sedemander.
Interpréter l'intention de l'artiste, c'est là seulement ce qu'il
importe. Quant à la vérité historique de ce récit, à la confor-
mité de cette intention avec un fait qui s'est réellement passé,
il relève d'un autre domaine.

Les sculpteurs ou les dessinateurs d'images de saints n'ont


pas dû être nécessairement des historiens, pas plus que le

peuple qui en usait. Pour ce qui est de saint Menas, nous


possédons des récits qui peuvent expliquer le type de ses repré-
sentations. Ils ont pour auteurs ceux-là mêmes qui ont fait ces
représentations. Ces récits, par ailleurs, ne sont pas évidem-
ment faits après coup, rien ne
le prouve; jusqu'à production

de cette preuve, ne nous est donc pas interdit de conclure


il

à un lien qui unit les uns aux autres. L'examen du problème


reste par conséquent libre. La recherche du fait vrai histori-
quement qui a donné lieu à la réprésentation des chameaux
ne s'impose pas. Ce peut être un fait réel aussi bien qu'un
récit imaginaire. Miss M. A. Murray l'a estimé un fait réel et
a traité la question au point de vue historique, sa position est
soutenable. Les autres archéologues n'ont pas abordé ce côté
de la question et ont étudié le problème sans s'occuper de ce

point, ils le pouvaient aussi légitimement. On ne saurait donc

(1) Cf. Delohayo, Les légendes haf/iofj/raphiqxes, Paris, 1905, p.24~'.

(2) Cf. Delehaye, toc. cit., p. 52.


216 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

voir entre Tappréciation de Miss M. A. Murray et celle de Le


Blant une contradiction, il y a seulement divergence de posi-
tion en face du problème.
Pour ma part, sans attenter à l'opinion communément reçue,
ni sans vouloir établir que la représentation des chameaux
de saint Menas a un fondement historique réel, j'apporterai
seulement un nouveau document concernant la vie de ce Saint,
dans lequel se trouve rapportée l'origine même de cette repré-
sentation. Peut-être ce document, sera rejeté par l'histoire et
classé parmi les récits de légendes. Mais, alors, même en ce
cas, il n'en pourra pas moins constituer pour nous, à la con-
dition qu'il n'ait pas été fait après coup, cela s'entend, la
source d'une explication des chameaux de saint Menas, peut-
être eux aussi légendaires. Il nous donnera la pensée qu'avaient
certains Orientaux de cette représentation, la signification qu'ils
y voyaient.
Ce document nous est fourni par le fonds éthiopien de la
Bibliothèque Nationale, collection d'Abbadie, manuscrit 92, du
folio 123 verso a au 130 recto 6(1). Il est intitulé « Mar-
folio

tyre de saint Menas, ascète et martyr de Notre-Seigneur Jésus-


Christ ». Ces actes ne sont pas la traduction des actes grecs,
tels donnés dans Surius et les Analecta Bollan-
qu'ils sont
diana, mais proviennent d'un texte analogue plus étendu,
ils

s'ils ne sont pas une simple amplification de ces derniers (2).

Leur origine est certainement égyptienne. La marche du procès


est celle-là même que contiennent les actes grecs. Nombre de
réponses du martyr et en particulier plusieurs textes de l'Écri-
ture cités par saint Menas, sont les mêmes dans les deux rédac-
tions. A partir
du folio 128 recto h, le texte éthiopien fait l'his-
toire des restes du martyr, et c'est dans cette partie que nous
relevons le passage relatant l'origine de la représentation des
chameaux. Comme dans le synaxaire, le corps est emmené sur
mer. C'est un préfet des troupes nommé Atnasis, qui l'em-
porte comme une sauvegarde dans une expédition militaire
(128 r° h), et c'est dans le trajet entre la province d'Afrique et

(1) Cf. Catalogue raisonné des manuscrits éthiopiens appartenant à Antoine


d'Abbadie, Paris, 1869, p. 102.
(2) Des fragments d'une version copte existent aussi à
la Bibliothèque Natio-

nale; ils se rapprochent de notre version éthiopienne.


MÉLANGES. 217

d'Alexandrie qu'apparaissent par deux fois « des animaux hor-


ribles, ^^rands, à long cou », avec une tête pareille à celle des
chameaux. Des traits de feu qui s'échappent du corps du saint
les mettent en fuite. Après avoir atteint Alexandrie au cinquième
jour de son voyage, Atnasis gagne Mariout par lo lac, puis pousse
par voie de terre jusqu'à Mesten situé non loin. L'expédition
terminée, Atnasis songe au retour et veut rapporter avec lui
les restes du saint protecteur, il doit y renoncer à cause du refus
des chameaux; la scène se passe comme dans le synaxaire.
« Alors, poursuit notre texte, le préfet Atnasis attristé
reconnut que cela venait de Dieu et il laissa là le corps. Mais
il fit faire sur bois l'image de saint Menas martyr sous les appa-
rences qu'on lui connaissait comme soldat, avec l'image des bètes
qui ressemblaient aux chameaux, placées à ses pieds et l'ado-
rant. » Il déposa cette image sur le corps de saint Menas pour
obtenir son intercession, puis l'emporta avec lui pour qu'elle lui
fût un salut et un refuge sur mer et dans la guerre. On fit pour
le corps du saint une châsse en bois de Sag (1) qui ne pourrit
pas et que les vers ne rongent point et Atnasis « l'ensevelit en
ce lieu, après quoi il retourna dans son pays avec ses troupes »

(fol. 128 v° 6-129 r° a).

Cette composition, du moins dans sa rédaction totale, est


postérieure à la conquête arabe. Dans les deux derniers folios,
on y trouve, en résumé, l'historique du culte du saint jusqu'à
Héraclius. Suivant le texte éthiopien, le premier monument qui
fut élevé sur les restes du martyr, fut une construction en forme
de tente (2), dans laquelle on suspendit une lampe. Sous le pa-
triarche saint Athanase et le roi Constantin, une première
du saint et ce même patriarche
église fut bâtie sous le vocable
la consacra. La première ne suffisant pas pour le grand con-
cours des pèlerins, une seconde église dédiée à la Sainte Merge
fut bâtie sous le patriarche Théophile durant le règne de Théo-

(1) Ce bois est sans doute le L^ qui est un bois incorruptible et que Kir-
cher identifie avec le mimosa nilolica. Cf. Lingua aegyptiaca restituta, p. 379.
Voir aussi Traité des simples, par Ibn el-Beïthar, t. Il, p. 233, dans \otices et
:

Extraits, t. XXV. Silvestre de Sacy, Chrestomathie arabe, t. III, p. 473.


('2)
-^fiao^ iU^ haimat, c'est la hutte en limon des fellahs des bords du
Nil.
218 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

dose (1). Enfin l'empereur Zenon donna ordre d'y bâtir une
ville (2) qui fut achevée sous le patriarche Timothée et tout

demeura temps d'Héraclius. Ces


ainsi, dit le texte, jusqu'au
indications de monuments viennent pour
d'être corroborées,
la plupart, par les magnifiques travaux de Cari Maria Kauf-
mann à Mariout (3). On ne saurait pourtant inférer de cette
exactitude la vérité historique de notre récit, pas plus qu'on
n'en saurait fixer l'origine à l'époque de la dernière rédaction
de notre document; ces deux questions restent à résoudre. En
attendant, il nous est légitime de le traiter tout au moins
comme le récit de Tillemont et de Le Blant. Ces deux légendes
ne se détruisent pas en effet nécessairement; aucune d'elles ne
porte une preuve manifeste d'antériorité ou de plus grande
vraisemblance. Elles peuvent nous fournir toutes deux le sens
donné aux chameaux par deux époques ou deux régions diffé-
rentes, aussi bien que relater le fait de deux explications exis-
tant parallèlement.

Beyrout, novembre 1907.

M. Chaîne.

(1) Arcadius et Honorius, dit le synaxaire éthiopien, loc. cit., p. 75-76.


(2) Amélineau, Géographie, de V Egypte, p. 243, n. 3.
(3) Cf. Die Aiisgrabung der Menashciiiglumer in der Mareolisiviiste, Caire,
1006; Ziveiler Bcrichl uber die Ausgrabung der McnasheiiiglUmer in der Mareo-
tiswiisle, Caire, 1907.
BIBLIOGRAPHIE

Chanoine E. Pannier, Doyen de la P'aculté de Théologie de Lille. Les


Psaumes d'après l'hébreu, en double traduction avec indications métri-
ques et strophiques et la Vulgate latine en regard. In-S", xxviii-422
pages. Lille, 1908, R. Giard. — 12 francs.

Une nouvelle traduction des psaumes ne peut laisser indifférent ni le


professeur d'exégèse, ni l'historien qui recherche les documents de la
piété juive, ni en général tous les prêtres qui en font un si large usage
dans la liturgie et ont tout intérêt à les bien comprendre.
A cet égard le livre de M. le chanoine Pannier marque un effort très sé-
rieux pour rendre dans toute sa saveur l'original sémitique, si éloigné
parfois de notre génie latin. Et il permet surtout
comparaisons les plus
les
fructueuses avec la traduction latine de la Vulgate ou plus exactement
avec la seconde retouche de saint Jérôme ou Psalterium gallicanum. Une
lecture attentive montrera vite combien plus précis et clair se trouve enfin
le sens des vieux psaumes dans certains passages difficiles, grâce à la nou-
velle traduction.
Commentse présente le texte? Trois colonnes sur une page double. Sur
lapremière à gauche en caractères plus petits, le texte de saint Jérôme au ;

milieu la nouvelle traduction latine, à droite la traduction française. Les


strophes sont bien séparées, différents caractères marquent les morceaux
disparates.
Faut-il signaler encore la préface
où l'auteur fait siennes les fortes pa-
roles de saint Jérôme quien appelle aux hébraïsants pour juger des choses
hébraïques. C'est un vœu très respectable et que les lecteurs de la Revue
seront les premiers à apprécier.

L. Legrain.
220 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

M«"" Addaï Scher. Kitâb Al-Alfàth al-fârisia al-mouarabà taalif as-Saïïd


(Livre des mots persans passés dans la langue arabe). Imprimerie ca-
tholique des HR. PP. Jésuites, Beyrouth, 1908. 1 vol. in-8, 194 pages.

M^"" Scher se propose de rechercher la part de l'élément perse dans la

langue arabe.
De tous les peuples voisins, c'est aux Persans que les Arabes ont em-
prunté le plus de mots. Quelquefois ils ont pris le mot tel quel, mais, le
plus souvent, ils en ont dénaturé l'orthographe et la prononciation, ce qui
rend difficile, dans bien des cas, la recherche de l'étymologie.
M''' Scher indique les principales modifications que les Arabes font subir

aux mots perses en les introduisant dans leur langue :

Ils retranchent ou ajoutent des lettres soit au commencement, soit dans

le corps du mot, soit à la fin.

Ils font éprouver de fréquents changements aux consonnes. Ainsi le

Noun et le Rà donnent ordinairement Lâm, le Kâf est changé en Djim, le


Khà en Hâ, le Bâ en Fâ, etc.
Ils ajoutent fréquemment un Djim ou un Qâf à la fin des mots.

Parfois le même mot persan donne naissance à plusieurs mots arabes.


M-'' Scher donne ensuite de plus de 1.500 mots arabes d'origine
la liste
persane. 11 indique le mot perse
transformations qu'il a subies, et
et les
donne en outre les mots de même racine dans les langues suivantes :

turc, kurde, syriaque, hébreu, grec, latin, sanscrit, abyssin, allemand,


anglais, français, italien, russe et arménien.
Cet ouvrage est de la plus haute importance pour la philologie et inté-
resse tout particulièrement les arabisants. Ilsuppose chez son auteur une
somme de travail considérable, et une connaissance approfondie des lan-
gues arabe et perse.

L. Leroy.

H. Pognon, consul général de France. Inscriptions sémitiques de la Syrie,


de la Mésopotamie et de la région de Mossoul, seconde partie, gr. 4'',

pp. 101-228, XLU planches. Paris, Lecoiîre, 1908. (Prix de souscription


aux deux parties 80 francs.)
:

Nous avions à peine annoncé la première partie {ROC, 1908, p. IlO-lIl)


que la seconde a paru. Elle renferme soixante-quatre inscriptions (55 à
118).
Les premières inscriptions (55-56) fixent l'emplacement et la date de
fondation (748) du monastère de Maqim, à trois^ heures de marche au nord-
ouest d'Édesse. Le fondateur était originaire de l'Adiabène et du couvent
de Saint-Silas. A l'occasion des suivantes (57-58), antérieures à notre ère,
l'auteur nous fait connaître l'emplacement des couvents de Saint-Jacques
des tombeaux et de la Mère de Dieu, dans la montagne d'Édesse.
BIBLIOGRAPHIE. 221

11 en même dans tout le fascicule l'auteur, qui a l'avantage d'avoir


est de ;

vu lui-même toutes les inscriptions, leur ajoute de nombreuses


et copié
notes topographiques que l'on ne pourrait attendre d'un savant travail-
lant sur un estampage. Comme nous ne pouvons tout citer, mentionnons
seulement la perle la plus précieuse du recueil l'inscription araméenne :

du vin^ siècle avant notre ère. Voici une partie de la traduction de la


moitié de la stèle déjà retrouvée (1).

Stèle que Zakir, roi de Hamat et de Laaclie, a consacrée à Alour. — Mol


Zakir, roi de Haniat et de Laache, j'adresse [aujourd'hui] à tout le monde la

proclamation suivante Baal-Chamaïn m'a... et s'est tenu avec moi, Baal-Cha-


:

maïn m'a fait roi... Bar Hadad, fils de Ilazaël, roi d'Aram, i-asscmbla et unit
contre moi... rois, Bar-IIadad et son armée, Bar-Gaclie et son année, [le roi de]
Kaweh et son armée, le roi d'Amq et son armée, le roi de Gourgoum et son
armée, le roi de Chamal [et son armée], le roi de Malaz [et son armée]
[Ils étaient] sept [rois] avec leurs armées, et tous ces rois établirent des retran-

chements contre [Hazrak]. Ils élevèrent un mur plus haut que le mur de Hazrak
et creusèrent un fossé plus profond que [son fossé]. J'élevai mes mains vers
Baal-Chamaïn, et Baal-Chamaïn m'exauça. Baal-Chamaïn [me secourut] par le
moyen des prophètes et par le moj-en des... Baal-Chamaïn [me dit] N'aie pas :

peur, car moi [je t'ai fait régner, moi je me


avec toi, et moi je te déli-
tiens]
vrerai de tous tcos rois qui] ont élevé des retranchements contre toi
[Lorsque j'eus défait tous] ces ennemis de tous les côtés, je construisis les tem-
ples des dieux dans tous mes...., je plaçai devant [Alour] cette stèle et [j'écri-
vis sur elle] mes hauts faits. Quiconque ôtera [l'inscription] de Zakir, roi de Ha-
mat et de Laache, de dessus cette stèle, et quiconque ôtera cette stèle de [de-
vant] Alour

Zakir fut donc le contemporain de Bar-Hadad, roi de Damas (cf. II Rois,


XIII, 24), par suite de Joas, roi d'Israël, et de Joas et d'Amasias, rois de
et
Juda. Cette inscription est donc du commencement du viii** siècle avant
notre ère, elle a été gravée moins de cent ans après l'inscription de
IMésa, roi de IVIoab, et elle est la plus ancienne de toutes les inscriptions
araméennes actuellement connues.
IM. Pognon ne doute pas qu'en faisant quelques fouilles, on trouverait

le reste de la stèle. Pour faire ces fouilles, il faut un firman, qu'un simple

particulier a peine à obtenir. Le gouvernement français ne laissera sans


doute pas à un autre l'honneur d'aider IVJ. Pognon et de le mettre à même
de compléter sa découverte, d'autant que la stèle de Zakir, si on la
retrouve entière, aura par là même plus d'importance que la stèle de
IVIésa (2).

F. Nau.

(1) M. Noeldeke a commenté un bon nombre des passages suivants dans Zeitschrift

fur Assyriologie, t. XXI (1908), p. 375-384.


(2) On sait qu'il ne reste également que des fragments de la stèle de Mésa et que la

stèle entière n'a été reconstituée que d'après une copie faite, a-t-on dit, par un Arabe,
avant que la stèle n'eût été brisée or un article paru dans la ZDMG, t. XLI (190"), p. 921-
;
222 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Franz Cumont. Recherches sur le manichéisme. I. La cosmologie mani-


chéenne d'après Théodore bar Khôni. 8°, 80 pages. Bruxelles, Lamer-
tin, 1908.

M. F. C. explique et commente unThéodore publié jadis par


texte de
M. Pognon, cf. ROC, t. V ne nous reste aucun ouvrage
(1900), p. 329-330. 11

manichéen, mais cette hérésie a occupé une telle place en Orient et en


Occident, qu'on en trouve un bon nombre de réfutations. M. F. C. utilise
les réfutations de saint Epiphane, de saint Augustin, des Acta Archelaï,
avec les formules grecques d'abjuration et quelques textes orientaux, et
peut montrer ainsi que le texte de Théodore bar Khôni, pour étrange
qu'il nous paraisse, n'en reproduit pas moins, plus fidèlement que tout
autre, les idées attribuées à Manès deux royaumes opposés
: au haut, :

cekii de la Lumière où règne le Père de la grandeur dans cinq demeures


lumineuses; au bas, le roi des ténèbres et ses cinq mondes pernicieux.
Ces derniers vont combattre la lumière, et le Père crée la mère de vie et
l'homme primitif pour leur résister. L'homme primitif est vaincu, mais le
Père — on le devine —
n'éprouve aucune peine à créer de nouveaux
éons qui ont raison des ennemis du bien et forment le monde avec leurs
corps, etc., etc.
Les rapprochements de textes que fait M. F. C. sont fort intéressants,
mais les généralisations et les recherches de filiation nous laissent scep-
tiques. Nous instruisons
le procès des Manichéens à l'aide de quelques
citations faitespar leurs adversaires. 11 est possible que les Manichéens
n'aient jamais reconnu ces absurdités qu'on leur imputait pour les pour-
fendre plus facilement. S'il était prouvé par hasard qu'un ouvrage d'un
auteur manichéen était rempli des absurdités conservées jusqu'ici, nous
pourrions en conclure, croyons-nous, que cet ouvrage n'a dû avoir aucune
influence, car il révolte également les esprits simples et les hommes in-
telligents. Des de ce genre éclosent encore tous les jours, citons par
livres
exemple Kardec, mais leur influence est nulle,
les fantaisies d'Allan
même lorsqu'ils se recommandent —
comme la « Chute d'un ange » —
du charme de la poésie et du nom de Lamartine (I).
M. Kugener a collationné un manuscrit syriaque de Théodore bar
Khôni conservé à Berlin un bon nombre de notes pour fixer le
et a ajouté

925, semble démontrer —


si nous le comprenons bien —
que ceUe prétendue copie a été
faite par un savant européen, et semble donc insinuer qu'on n'a jamais vu la stèle en-
tière, qu'on n'en a trouvé que des fragments et qu'au lieu de nous livrer ces fragments
tels quels, comme le tait M. Pognon, un savant a reconstruit la stèle. La ZDMGpublie
cet article parce que les intéressés vivent encore et peuvent donc le réfuter s'il y a lieu.
(1) Quelques esprits moroses avaient pris au sérieux ce poème de « la Chute d'un ange »
si apparenté aux fantaisies gnostiques : ils en concluaient que l'auleur était panthéiste,
athée, matérialiste. Lamartine par bonheur vivait encore; il eut donc soin d'imprimer en
tête des éditions suivantes une profession de foi • en un Dieu possédant la su])rème indi-
vidualité », et de nous avertir en somme qu'il s'était borné à aligner des vers et que ce
serait aller contre sa pensée que de les rattacher au panthéisme, au gnoslicisme, au ma-
nichéisme, au mazdéisme ou de chercher des équivalents sémitiques ou iraniens aux
démons et aux héros dont sa fantaisie a peuplé tout l'ouvrage.
BIIÎLIOflRAPIIIE. 223

sens de divers mots ou passages. Ce fascicule est donc un commentaire


excellent du texte édité par M. Pognon et une intéressante étude sur le
manichéisme dans la tradition chrétienne.
4
F. Nau.

MiciiEi.ANOELO GuiDi. Uu liios di Conslanli7îo. 8', 06 pages, Rome, 1908


(Extrait du compte rendu de la fleale Acadcmia dei Lincci, t. XVI,
fasc. 6, 9, 10).

M. M. Guidi, fils de M. Ignazio Guidi, Vient de publier, d'après de nom-


breux manuscrits grecs, la Vie de Constantin et de sainte Hélène dont
nous avons résumé une petite partie, ROC, t. X (1905), p. 102-168.
Sainte Hélène, fille d'un hôtelier de Drépanon, est connue par Constant,
alors tribun, lors d'une mission en Perse. Celui-ci, devenu empereur,
adopte Constantin, fils d'Hélène, mais pour calmer la jalousie de Théo-
dora, sa femme, il finit par le faire élever à Nicomédie de Bithynie, à la
cour de Dioclétien; plus tard, prës de mourir, il le fait venir en Bretagne
et le prend pour héritier. Constantin va ensuite combattre les Perses, il est
fait prisonnier, ses troupes le délivrent et tous retournent en Bretagne.

Viennent ensuite les luttes contre Maxence et Maximien, les apparitions


de saint Pierre, de saint Paul et de la sainte Croix, la fondation de By-
zance et le récit des constructions palestiniennes dues à sainte Hélène.
Cette Vie est d'ailleurs très touffue et doit être lue en entier.
M. M. Guidi signale les passages d'Eusèbe, Socrate, Sozomène et Théo-
doret qui sont parallèles au texte édité par lui. Quant aux passages pa-
rallèles de Gélase de Cyzique et de Nicéphore Calliste, ils sont si nom-
breux qu'ils demanderaient un travail spécial. H semble que Nicéphore
n'emprunte pas à la présente Vie, mais que tous deux proviennent d'une
source commune. Cette source serait d'ailleurs antérieure au x^ siècle,
car M. M. Guidi a eu le mérite de montrer qu'il existe deux rédactions
différentes de cette Vie contenues déjà toutes deux dans des manuscrits
du xi*^ siècle. Ces deux rédactions ont donc toute chance d'avoir déjà été
constituées au siècle précédent et leur source commune serait anté-
rieure; l'auteur semble avoir vécu à Constantinople (p. 38, I. 13) un cer-
tain temps après Héraclius (p. 54, 1. 8-10; p. 56, 1. 17), encore pouvait-il
utiliser des documents antérieurs (1).

(1) Rappelons que G. Le Hardy (Nazareth, p. 22 et 120) accusait Nicéphore Calliste d'avoir

inventé au xiv" siècle les textes relatifs aux constructions palestiniennes de sainte Hélène.
Il utilisait l'argument suivant, si cher aux historiens des dogmes et aux soi-disant critiques

de la Bible « Les historiens grecs ne marchandaient certes pas la gloire à Constantin ni


:

à sa mère et s'ils ne se sont pas extasiés sur la fondation d'autres églises en Palestine,
c'estque sainte Hélène n'en a pas fondé d'autres. —
Un millier d'années plu.s tard, uu
autre historien grec (Nicéphore Calliste au xiv" siècle), écrivant lui aussi pour la gloire
des empereurs à la cour desquels il vivait, n'énumère pas moins le vingt-quatre sanc-
tuaires, édifiés par l'impératrice du iv* siècle. C'était au temps des Paléologues et déjà
depuis longtemps, les Grecs s'efforçaient de faire valoir leurs droits sur la Terre Sainte... •
L'auteur semble supposer que les historiens ont tout connu, qu'ils ont écrit tout ce qu'ils
224 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

L'heureux choix de ce travail, aussi important pour l'histoire générale


que pour l'histoire des sanctuaires palestiniens, et le soin avec lequel
cette édition a été faite, font bien augurer de la carrière scientifique de
M. M. Guidi. 11 a d'ailleurs près de lui le meilleur modèle et le meilleur
guide que savant puisse jamais souhaiter et fera sans doute tous ses
efforts pour s'en rendre digne.
F. Nau.

connaissaient et que tous ces ouvrages ont été conservés et lui ont passé sous les yeux.
Dans le cas présent il ignorait la Vie de Constantin, et cette Vie prouve que la construc-
tion des vingt-quati-e sanctuaires n'a pas été imaginée au xiv« siècle, mais était consignée

par écrit du VII'' au ix' siècle. Nous avons proposé de nommer cette manière déraisonner
« une preuve d'ignorance », car elle est toujours basée sur l'ignorance de son auteur.

Le Directeur-Gérant
F. Charmetant.

Typographie Firmin-Didot et C». — Paris.


SAINT EUTHYME LE GRAND
MOINE DE PALESTINE (376-473)

{Suite)

CHAPITRE IV

VIE RELIGIEUSE DE SAINT EUTHYME.

Règlement monastique des laures en Palestine. — Mortifications de saint Eu-


thyme. — Sa vie quotidienne, ses méditations et ses lectures. — Retraites
quadragésimales dans le désert. — Miracles qu'il y accomplit. — Dons sur-
naturels du saint. — Les prophéties. — Prescriptions religieuses imposées à
ses laurites. — Silence et recueillement du saint. — Sa direction spirituelle.
— Principaux traits de son caractère. — Action sociale de sa laure.

Il ne suffisait pas à Euthyme d'avoir provoqué une germi-


nation merveilleuse de colonies monastiques, il lui fallait aussi
soutenir et encourager les âmes qu'avaient fatiguées la vie au
milieu du monde et ses soucis multiples. Pour cela, ses préceptes
et ses exemples s'offraient à elles. Certes! l'existence dans une
laure présentait bien des difficultés et des inconvénients, et l'on
conçoit que, malgré le vif attrait qu'elle avait inspiré à l'âge d'or
du monachisme, elle soit ensuite tombée progressivement dans
l'oubli; mais, au siècle d'Euthyme, elle avait encore les sym-
pathies du plus grand nombre et toutes les faveurs des âmes
avancées dans les voies de Dieu. Aussi convient-il d'en indiquer
les lignes principales, afin que le lecteur soit à même d'appré-
cier ensuite la perfection de notre saint. J'en emprunte la des-
OIUEKT CHRÉTIEN 15
226 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

criptioii à Cyrille de Scythopolis, qui n'avait pas connu la laure


primitive de saint Euthyme mais qui, ayant sous les yeux les
laurites de Saint-Gérasime et d'ailleurs, nous a retracé briève-
ment le genre de vie qu'ils observaient.
Il y a deux formes bien distinctes de la vie religieuse : la vie
érémitique et la vie cénobitique. Chacune d'elles présente des
inconvénients et des avantages, et les maîtres de la vie spiri-

tuelle n'ont pas encore réussi à se mettre d'accord pour déter-


miner laquelle des deux doit mériter les préférences. Si la pre-
mière a, en soi, une grande supériorité sur la seconde, elle

exige par ailleurs de ceux qui veulent la pratiquer plus de vertu


et plus d'expérience. On peut ajouter aussi qu'elle requiert plus
d'instruction et que le tort impardonnable des ascètes orientaux,
en général, fut de vouloir astreindre à une vie presque angé-
lique des hommes grossiers, sans culture et sans formation in-
tellectuelle, qui n'étaient aucunement préparés à la supporter.
Pour un Paul Simple ignorant, capable d'atteindre sous la di-
le

rection de saint Antoine les plus sublimes hauteurs de la con-


templation, des milliers d'autres, engagés dans la même voie
etabandonnés à leurs seules ressources, végétaient misérable-
ment sans produire aucun fruit spirituel. Ainsi que le disait
avec beaucoup de sagesse un moine fort expérimenté « Qui :

veut habiter le désert sans avoir à en pâtir, doit être déjà un


docteur et ne plus avoir besoin de maître. »

pour remédier aux dangers de la solitude et de l'isole-


C'est
ment qu'on avait engagé les ermites à séjourner dans le voisi-
nage des monastères et à ne pas habiter des cellules trop éloi-
gnées les unes des autres. C'est encore dans le même but qu'on
avait imaginé la création des laures. La laure participe à la fois
de la vie commune et de l'érémitisme. Elle se compose d'un
nombre plus ou moins considérable de grottes ou de cellules,
occupées par un ou plusieurs religieux, qui, tout en étant placés
sous l'obédience d'un seul, conservent pourtant leur autonomie
propre. Cette existence mêlée adoucit les rigueurs de l'isole-
ment, sans assujettir au règlement précis et minutieux des mo-
nastères; elle tempère ce que peut avoir de défectueux la vie
solitaire, où l'homme ne dépendant que de soi incline volon-
tiers vers l'égoïsme, à moins qu'il ne soit un prodige de vertu
et de contemplation.
SAINT KUTIIYMP; LE GRAND. 227

La vie des laures, inaugurée pour la première fois en Egypte,


jouit en Palestine d'une faveur singulière etelh; reçoit, à partir
du V® siècle, une réi^lenientation très (létaillè(ï qu'il nous faut
maintenant faire connaître. Pendant cinq jours complets de la
semaine, du lundi ;iu vendredi, le religieux laurite reste maître
de sa destinée et de son temps qu'il dispose selon son bon plai-
sir; il vaque dans sa cellule ou dans sa grotte à la prière et au

travail des mains, comme bon lui semble. Le samedi, dans l'a-
près-midi, il sort de son refuge et s'achemine, avec ses compa-
gnons, vers l'église pour assistera l'office et à la messe; après
quoi, il passe la journée du dimanche avec ses confrères, mange
au réfectoire et dort dans une salle commune. 11 rend compte en
même temps au supérieur et à l'économe de l'emploi de son
temps, renouvelle ses provisions de bouche, sa portion d'eau,
de branches de palmier et de joncs qui lui serviront à tresser
des nattes et des corbeilles, puis il regag-ne sa cellule le di-
manche soir.
11 est interdit aux laurites. du moins à ceux qui dépendaient
de saint Gérasime, d'allumer du feu ou de travailler à la clarté
de lampe dans leurs cellules, sous peine de redevenir simples
la

cénobites. De même, on ne les autorise que le samedi et le di-


manche, lorsqu'ils sont réunis en communauté, à manger des
aliments cuits et à goûter un peu de vin; ce qui n'est jamais
permis dans les cellules. Les autres jours de la semaine, ils
doivent se contenter de pain, d'eau et de dattes. Sur ce point la
règle est formelle et ne souffre aucune exception. Quelques
moines ayant demandé à saint Gérasime la permission de faire
chauffer leur eau, de manger des légumes cuits et de lire le soir
après le coucher du soleil, il le leur interdit formellement en
disant « Si vous voulez vivre de la sorte, vous n'avez qu'à vous
:

retirer dans un monastère, car je ne le souffrirai jamais de la


part d'anachorètes . »

Pour tout ameublement, la cellule d'un laurite comprend


une natte qui lui sert de lit, un traversin en paille ou en joncs,
une couverture pour se couvrir la nuit et une cruche d'eau pour
boire et attendrir les palmes ou les tiges de joncs. Pas un d'en-
tre eux ne possède d'habit de rechange et le vêtement qui revient
à chacun est des plus pauvres et des plus modestes. De plus, il
est enjoint à tous de laisser toujours la porte de la cellule ou-
228 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

verte, aumoment de leur sortie, afin que les étrangers puissent


s'édifier au spectacle de leur pauvreté et leurs confrères em-
porter l'eau ou les palmes qui leur seraient nécessaires.
Telle est, en quelques mots, l'existence ordinaire d'un lau-
rite, celle que mena saint Euthyme pendant soixante-huit ans

et qu'il imposa à tous ses religieux, si l'on excepte pourtant la


défense de ou d'écrire en cellule à la lumière de la lampe,
lire

défense qui ne paraît pas avoir été en vigueur dans sa laure.


On comprend que de pareils ascètes aient considéré la vie com-
mune dans un monastère comme une simple concession, faite
à la médiocrité des jeunes gens et des personnes faibles. On
comprend également que saint Sabas ait dit un jour à son ami,
saint Théodose Cénobiarque « Père abbé, vous êtes higou-
le :

mène des enfants; pour moi, je suis higoumène des higoumènes,


car chacun de ceux qui me sont soumis, étant maître de sa
personne, de sa propre cellule est le supérieur. »
Si les simples religieux se courbaient sous un joug aussi
pénible, on juge de la ferveur qui était manifestée par ceux qui
leur commandaient. Au témoignage de saint Cyriaque qui l'avait
particulièrement connu, jamais Euthyme ne goûta à quoi que
ce fût, hormis le samedi et le dimanche, où il consentait à
interrompre son jeune. Cette frugalité proverbiale se retrouve
au même degré chez plusieurs ascètes d'Egypte ou de Pales-
tine et, si étonnante qu'elle nous paraisse, elle est absolument
garantie.
Nous avons une lettre de saint Barsanuphe, un émule d'Eu-
thyme au vf siècle, qui ne permet pas le moindre doute à ce
sujet. « Je sais un homme, écrit cet anachorète, que le Seigneur
connaît et qui observe la règle suivante : Un jour ou deux par
semaine, et même davantage, il se contente de nourriture spiri-
tuelle, et la douceur de celle-ci lui fait oublier la nourriture
corporelle. est clair que saint Barsanuphe parle de lui-même
» Il

dans ce passage, en dépit de cette vigoureuse protestation :

« Pardonne-moi, mon frère, de ce que ne trouvant pas à me


glorifier de ce qui est à moi, je me glorifie des travaux des
autres, et cela pour ma propre condamnation. » La sévérité de
ce régime n'allait pas, du reste, sans de sérieux renoncements
et, là encore, l'exemple de Barsanuphe atteste ce que de pareilles

privations durent coûter à saint Euthyme « Lorsque cet homme :


SAINT EUTIIYME LE GRAND. 229

que le Seiii'neur connaît, continue Barsanuphe, se présenta pour


manger, comme un liomme qui est, déjà rassasié et saturé, il
ne veut d'abord rien prendre. Pendant qu'il mange, il se con-
damne lui-même en disant « Pourquoi ne suis-je pas mainte-
:

« nant comme lorsque je ne veux pas manger? » et, ce nonobs-

tant, il désire manger encore (1). » Telle est bien, en effet, la


faiblesse de la nature humaine, que les saints déploraient mais
qu'ils étaient aussi dans l'obligation de respecter, à moins
d'attenter directement à leur vie.
Le silence et le recueillement d'Euthyme allaient de pair avec
sa sobriété. A moins d'une nécessité absolue, qui naissait par-
fois de sa charge elle-même, il ne voyait personne du lundi au

vendredi. Il aurait voulu se priver complètement de sommeil,

mais ne put, malgré tous ses efforts, renoncer à ce besoin


il

inné de la nature; du moins, il fit de cette condescendance


presque un autre supplice. Dès que l'excès de la fatigue le con-
traignait au repos, il s'asseyait un moment en fermant les yeux,
ou bien il s'appuyait des deux mains à une corde suspendue au
plafond dans un coin de sa cellule. A peine avait-il clos ses
paupières, qu'il se réveillait en répétant le mot de saint Arsène :

« Viens ici, mauvais serviteur. » Jamais personne ne le vit


couché afin de se reposer.
Du reste, en tout et partout, Euthyme était préoccupé d'imiter
les actions de saint Arsène, f 11.5. Tant que ce grand solitaire
vécut, il interrogeait les moines qui l'avaient connu en Egypte,
se faisait raconter les particularités de sa vie, qu'il écoutait avec
une attention extrême dans le dessein de les reproduire. Il
imprimait dans son cœur, nous dit l'hagiographe, ce qu'il
apprenait de ses vertus, sa tranquillité, son humilité, ses absti-
nences, ses veilles, sa vigilance et sa sobriété; il se répétait à
lui-même, comme plus tard saint Bernard, le mot qu'Arsène redi-
sait sans cesse : « Euthyme, pourquoi as-tu quitté le monde? »

Tout ce qui avait distingué l'ancien précepteur des fils de Théo-


dose se retrouvait en lui avec le même éclat sa componction, :

ses larmes, son amour de la solitude, son éloignement des con-


versations, sa charité, sa discrétion, sa ferveur et son application
à la prière, enfin cette grandeur d'âme qui se manifestait dans

(1) Échos d'Orienl, t. VIII (]905j, p. 18.


230 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

toute sa conduite. Volontiers il eût répondu, avec Arsène, à


ceux demandaient pourquoi il fuyait leur société « Dieu
cjui lui :

sait bien que je vous aime, mais il m'est impossible de vivre en


même temps avec le Seigneur et avec les hommes. »
On peut donc redire d'Euthyme ce que l'on a dit de si nom-
breux anachorètes son corps était sur la terre, mais son esprit
:

vivait dans les cieux. En dehors du travail manuel et de l'orai-


son mentale, sa journée était entrecoupée par des lectures
pieuses, par la récitation ou le chant des hymnes et des psau-
mes. Ici, force nous est bien de suppléer au silence de l'hagio-
graphe par ce qui se pratiquait généralement dans les autres
maisons religieuses, car, bien qu'un champ très vaste fût laissé
dans les laures à l'initiative personnelle, la vie monastique se
répétait à peu près partout et l'existence d'Euthyme devait, sur
bien des points, ressembler à celle des autres anachorètes. S'il

priait durant son travail, s'il veillait même presque toute la


nuit afin de prier davantage, il retenait sur sa journée quelques
heures qui étaient plus spécialement consacrées à la méditation
et à la lecture. Son âme cherchait surtout son aliment dans les
saintes Écritures et, parmi les ouvrages de l'Esprit Saint, les
évangiles, les psaumes, les livres parénétiques devaient avoir
toutes ses préférences.
Nul n'était tenu alors à la récitation quotidienne de l'office,

qu'il fût moine ou prêtre séculier, engagé dans les ordres ou


frère laïque, et cela dans l'Église d'Occident aussi bien que
dans les Églises orientales. L'office liturgique précédait, accom-
pagnait et suivait la messe et, pour lui comme pour la messe,
l'église était son domaine propre. Dans les laures palestiniennes,
où la messe ne se célébrait que les dimanches et les jours de
fête, il en était de même de l'office liturgique. Nous savons
qu'Euthyme n'y manqua jamais et que, même dans le désert,
pendant sa retraite quadragésimale, ses compagnons se réunis-
saient auprès de lui pour recevoir, une fois la semaine, le pain
des forts de ses propres mains.
Mais si aucune règle ecclésiastique ne faisait de l'office une
obligation personnelle, la tradition immémoriale des ascètes
assignait certaines heures du jour et de la nuit à la récitation
ou au chant de tels psaumes, de tels répons et de telles anti-

phones. La liberté individuelle était grande, il est vrai, en


SAINT EUTIIYME LK GRAND. 231

pareille matière, bien qu'il existât certaines coutumes et pra-


tiques dont aucun religieux n'aurait osé s'affranchir. Il n'y a
pas de raison de supposer que saint Euthymo se soit soustrait à
cette loi orale, que l'on retrouve aux origines de toutes les ins-
titutions et qui est parfois appliquée aussi scrupuleusement que
les lois écrites. Bien plus, toute la tradition byzantine, suivant
en cela son biographe, Cyrille de Scythopolis, lui attribue la
première codification des lois monastiques, concernant l'exis-
tence des moines et les détails du service divin. Ces règles,
une par écrit, furent transmises au plus illustre dis-
fois fixées
ciple de saint Euthyme, à saint Sabas, qui les modifia à son
tour. Depuis, les retouches qu'elles ont suivies ont été si nom-
breuses et si profondes qu'elles en ont peut-être changé com-
plètement le contenu et que, en l'absence d'une bonne édition
critique, il est impossible d'attribuer à chacun la part qui lui
revient. Mais la part d'Euthyme est considérable et c'est à lui
qu'est dû l'honneur d'avoir, le premier, rédigé ce fameux Typi-
con de Jérusalem ou de Saint-Sabas, qui, encore de nos jours,
fixe ce qui concerne le service divin de toute l'année dans les
Églises orientales de rite byzantin.
La méditation des livres saints, le chant des psaumes et l'o-
raison mentale ne pouvaient remplir la journée fort longue d'un
anachorète. Comme ces divers exercices s'alliaient fort bien
avec le travail des mains,
il restait encore au propriétaire d'une

cellule plusieursheures libres à son entière disposition. Com-


ment les employait Euthyme? Son biographe, qui suivait à peu
près le même règlement que lui et qui écrivait pour ses dis-
ciples, a jugé inutile de nous transmettre l'emploi détaillé de
son temps, mais nous croyons que la lecture constituait la

partie essentielle de son ordre du jour. 11 n'y a^ait peut-être


pas encore, du vivant d'Euthyme, de bibliothèque commune
que pussent consulter tous les laurites, mais chacun d'eux, et
lui très certainement, possédait dans sa cellule des ouvrages

patristiques, des Vies de saints, surtout des recueils monasti-


ques de la Thébaïde. Ces derniers écrits obtinrent de tout temps
les même dont ils étaient
faveurs des moines, par la manière
composés. Mélange curieux de prescriptions ascétiques, de
proverbes empruntés au bon sens populaire, de faits avérés et
de contes fantastiques, ils devaient par leur bigarrure plaire à
232 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

rimaginatioii ardente de ces hommes, pour qui le surnaturel


n'allait pas sans merveilleux et sans prodiges éclatants.
Que Tesprit d'Euthyme se soit nourri de ces lectures pieuses,
c'est à quoi ses fonctions de supérieur et de directeur de con-
science l'obligeaient particulièrement et ce que manifestent les
réponses ou les discours mis dans sa bouche par l'hagiographe.
Mais sa qualité d'Arménien, la robustesse de son bon sens qu'il
tenait de la classe moyenne le mettaient en garde contre les exa-
gérations; elles lui interdisaient de lâcher la proie pour l'ombre,
de préférer les rêves aux réalités et de marcher sur les nuages.
C'est encore cette modération, qu'il apportait en tout et qu'il
recommandait à tous, qui l'empêcha de verser dans les morti-
fications extérieures. Il se proposait de mortifier son corps, non
de le réduire à merci; de l'assujettir, non de l'exténuer. Aussi,
dans sa longue carrière monastique, n'est-il jamais parlé de
discipline, de haire, de bracelet, de ceinture de fer, bref d'aucun
de ces instruments de torture que mirent à la mode les péni-

tents et les religieux du moyen âge. Tous ces supplices corpo-


rels lui étaient absolument inconnus et il n'est même pas vrai-
semblable qu'il ait jamais porté un cilice. Il s'en tenait aux
mortifications que lui avait léguées la tradition de l'Egypte, aux
jeûnes prolongés, aux veilles incessantes, aux stations conti-
nuelles. Sa forte constitution l'autorisait, du reste, à en user
sans crainte. S'il parvint à se passer a peu près de sommeil, à
rester en temps ordinaire cinq jours de la semaine sans prendre
aucune nourriture et à se tenir presque toujours debout, sa
santé n'en ressentit pas la moindre atteinte, et nous le verrons

mourir al'âge de quatre-vingt-dix-sept ans, presque sans mala-


die et sans avoir subi le cortège de misères qui s'impose habi-
tuellement à la vieillesse.

La principale austérité de cette existence consistait dans sa


monotonie; elle sévit dans le sanctuaire et le cloître autant
sinon plus qu'en tout autre lieu et, promptement
si elle n'est

combattue, elle finit par engendrer le dégoût ou la i-outine. De

ces deux alternatives également funestes, Euthyme savait se


prémunir et, à l'exemple des travailleurs consciencieux qui
oublient un labeur en en commençant un autre, lui trouvait ses
délassements à redoubler de mortifications. Ce zèle dévorant le
saisissait surtout aux approches du carême. Du 14 janvier au
SAINT RUTIIYMR LE GRAND. 233

climanclie des Rameaux, il se retirait chafjuo année dans le

désert de Juda; il
y priait et y vivait, Dieu sait comme. A cotte
rude pratique importée d'Arménie il resta toujours fidèle.
Depuis son arrivée en Palestine, vers 405, jusqu'à l'année 473,
date de sa mort, il n'y manqua qu'une seule fois, l'année même
de sa mort, et il n'avait plus que six jours à vivre. D'abord suivi
de Tiiéoctiste et de Domitien, il admit plus tard à partagei'ses pé-
nitences ses disciples ou ses imitateurs les plus austères, comme
Gérasime, Martyrios, Élie, Longin et même le jeune Sabas.
Si le nombre de ceux qui accompagnaient Euthyme dans le

désert était fort réduit, les autres religieux de la laure n'en


restaient pas pour cela pendant le carême confinés dans leurs
cellules. Ils s'enfonçaient aussi dans la solitude, mais moins
profondément qu'Euthyme, ayant soin de se tenir à portée d'un
monastère ou d'une laure pour y passer la journée du dimanche
ou s'y réfugier dans un danger pressant. Le départ général,
fixé au 1 1 janvier du vivant d'Euthyme, avait quelque chose de
grave et d'impressionnant; la scène des adieux présentait, dans
sa simplicité même, un caractère affectueux et dramatique, que
l'on retrouve de nos jours au séminaire des missions étrangères,
lors du départ des missionnaires.
Dès que le jour du départ était venu, tous les religieux se
réunissaient à l'église; le supérieur célébrait une messe solen-
nelle et chacun, à son tour, s'approchait de l'autel pour parti-
ciper aux divins mystères. On se rendait ensuite au réfectoire
prendre une légère collation et de là, une seconde fois, à l'église.
Après de longues oraisons suivies de prostrations nombreuses,
tous les moines se donnaient l'accolade fraternelle et ceux qui
devaient prendre part à la retraite quadragésimale se jetaient
aux genoux de l'higoumène pour lui demander pardon de leurs
errements passés et implorer humblement sa bénédiction. La
porte du monastère était alors grande ouverte et chacun s'en
allait lentement, modeste, les yeux baissés, tandis que les voix

graves des anachorètes égrenaient les versets du Psaume xxvi,


sublime de confiance en Dieu :

Le Seigneur est ma lumière et mon salut :

Qui craindrais-je?
Le Seigneur est le rempart de ma vie :

Devant qui tremblerais-je?


234 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

A mesure que premières strophes du psaume se dérou-


les
laient dans les airs en lentes mélopées, les ascètes se char-
geaient des provisions de bouche qu'ils avaient déjà choisies.
Les uns ne prenaient que du pain, d'autres des figues ou des
dattes; les plus tièdes y ajoutaient des légumes cuits à l'eau ;

les plus fervents auraient cru douter de la Providence en em-


portant la moindre nourriture : ils comptaient sur les herbes
et les racines qui poussent même au désert. Et tandis que cha-
cun franchissait la clôture du monastère, les yeux fixés devant
soi, sans regarder la direction que prenaient ses compa-
gnons (1), le chœur achevait l'appel à Dieu d'une voix vibrante :

Seigneur, enseigne-moi ta voie;

Dirige-moi dans un sentier uni, à cause de ceux qui m'épient.


Ne me livre pas à la fureur de mes adversaires^,
Car contre moi s'élèvent des témoins de mensonges.
Et des gens qui ne respirent que violence.

Ali ! si ne croyais pas voir la bonté du Seigneur


je
Dans la terre des vivants...
Espère dans le Seigneur !

Aie courage, que ton cœur soit ferme.


Espère dans le Seigneur!

11 arrivait parfois que saint Euthyme trouvait le désert qui


lui servait ordinairement de refuge trop fréquenté encore pour
son cœur insatiable d'isolement et qu'il se retirait plus au sud,
dans la région inexplorée de la mer Morte. Au milieu des dunes
verdàtres ou des collines arides, la chaleur est intense et la ré-
verbération du soleil intolérable. Pas un souffle d'air ne pénètre
dans ces gorges, pas un arbre n'offre d'ombre protectrice. Les
parois blanchâtres, le sable, les pierres, les misérables touffes
d'herbe, tout prend la couleur du feu. L'imagination surchauffée
est en proie à toutes les séductions du mirage; elle illusionne
les yeux, qui découvrent des lions mollement étendus, des mai-
sons de campagne, des palais, des forteresses imprenables, tout

(1) Le cérémonial do cette scène grandiose nous a été conservé par saint So-
phronedansla Vie de sainte Marie l'Égyptienne, Migne, P. G., t. LXXXVII, pars
tertia, col. 3701 seq. La traduction de ce psaume est empruntée à la Bible de
Crampon.
SAINT KUTIIYME LE fiRAND. 235

ce qu'un esprit malade peut rêver; elle pare ces lieux qui sont
la désolation même des teintes les plus vives et les plus cha-
toyantes; elle crée surtout de beaux lacs, pareils à d'immenses
nappes de métal en fusion dont on approche, confiant, pour
étancher une soif de fiévreux. Et la belle nappe (fcau se dé-
robe aux poursuites, elle recule indéfiniment, toujours aussi
limpide, pendant que le soleil darde sur les têtes ses rayons de
plus en plus brûlants. Ah! comme devant cette ironie de la
nature, on est tenté, à l'exemple d'Agar, de se coucher au pied
d'une roche et d'attendre, dans la paix et le silence, la mort qui
ne tarderait pas à venir.
C'est ce que fit un jour saint Sabas, pendant le carême de 4(59,
alors que saint Euthyme touchait à la fm de sa carrière et que
lui-même atteignait sa trentième aimée. Le jeune homme af-
frontait pour la première fois les fatigues d'une pareille entre-
que Dieu voulût manifester
prise et, soit faiblesse naturelle, soit
le crédit de son serviteur, il était tombé de défaillance, à demi

mort de soif. On devine l'émotion d'Euthyme, lorsqu'il vit son


cher disciple réduit à toute extrémité. Il se retira un peu à
l'écart et supplia Dieu, à genoux, d'assister son enfant dans une
nécessité si pressante; puis, sa prière finie, il prit le hoyauqui
leur servait à arracher les herbes de leurs repas, en donna
quelques coups à terre et fit jaillir une source, qui apaisa la
soif de saint Sabas.
La foule, qui connaissait la vertu de saint Euthyme, savait
à l'occasion utiliser sa grande influence auprès de Dieu; elle
accourait de préférence en ces circonstances solennelles, sûre
d'obtenir de lui l'objet de ses prières. Ainsi, une année que sé-
vissaitune redoutable sécheresse, lorsque « la terre était de
pour employer un mot de l'Écriture cité
fer et le ciel d'airain »,
par l'hagiographe, les habitants des bourgs et des villages en-
vironnants se précipitèrent vers la laure avec des croix à la
main et en lançant, de cœur encore plus que de bouche, cette
supplication touchante : « Seigneur, ayez pitié de nous!
» Eu-

thyme, touché de compassion à vue de cette multitude, leur


la
dit « Mes chers enfants, je ne suis qu'un misérable pécheur,
:

qui a besoin plus qu'aucun autre de la miséricorde de Dieu.


Dans un temps où il fait éclater sa colère, je ne suis pas assez
présomptueux pour m'adresser seul à lui mais parce qu'il est ;
236 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

infiniment bon, prosternons-nous devant sa face et il nous


exaucera. Après avoir donné l'ordre au peuple de prier, il
»

entra lui-même avec ses religieux dan« l'église de la laure et,


tandis que les supplications s'échappaient de ses lèvres, la
pluie tombait en abondance sur la terre altérée.
Au dire de l'hagiographe, des grâces extraordinaires récom-
pensaient la fidélité mise par le solitaire au service de Dieu. Un
jour qu'Euthyme offrait le saint sacrifice, Domitien l'assistait à
l'autel en qualité de diacre, tenant l'éventail sacré à la main,
lorsqu'on les vit soudain environnés tous deux d'une flamme
céleste qui nimbait leurs fronts et les auréolait de gloire depuis
le commencement de l'oblation jusqu'à la fin de la messe. Des

assistants laïques se tenaient alors tout près d'Euthyme; ils


furent si frappés du prodige qu'ils n'osèrent plus de leur vie
approcher du sanctuaire pendant la célébration de la sainte li-
turgie. Eutliyme aurait même une fois raconté à plusieurs de
ses religieux qu'il voyait souvent les chœurs des anges assister
au sacrifice de la messe ou le célébrer avec lui. Il aurait encore
avoué qu'en distribuant la sainte eucharistie, Dieu lui montrait
à nu la conscience des communiants, dont les uns recevaient
la vie, tandis que les autres trouvaient la mort dans cette nour-
riture céleste.
Ne soyons pas surpris de ces confidences, qui ne sont pas
nécessairement une invention du biographe ou de ses infor-
mateurs, non plus qu'une atteinte à l'humilité requise des servi-
teurs de Dieu. L'ascète dont nous avons déjà parlé, saint Bar-
nuphe, ne disait-il pas un jour à un de ses correspondants :

« Tout ce que je t'ai écrit par la main de notre cher enfant,

qui nous aime de toute son âme, tout cela je te l'ai écrit, non
pas de ma propre volonté, mais sur l'ordre de l'Esprit-Saint (1). »
Et, un autre jour, le même saint ne faisait-il pas à son secré-
taire cet aveu significatif « Quand bien même je te dicterais
:

à la suite mille mots à écrire, l'Esprit de Dieu ne permettra pas


que tu en écrives un de plus ou un de moins, même malgré
toi, mais il guidera ta main pour que tu les écrives tous à Ja

suite et dans l'ordre où je les aurai dits (2). » Le bon saint Bar-

Ci) Échos d'Orient, t. VIII (1905), p. 17.


(2) Échos d'Orient, lac. cit.
SAINT EUTIIVMP: le riFLWD. 237

nuphe s'illusionnait sans doute. Toutes les lettres do direction


que dictaient ses lèvres et qui passaient par la plume de son
secrétaire n'étaient pas favorisées d'une assistance divine spé-
ciale, qui aurait laissé derrière elle la révélation des prophètes
et l'inspiration biblique des auteurs sacrés.
J'arrive nux pruphéties, aux prévisions de l'avenir, aux prédic-
tions qui sont nombreuses dans la Vie de notre saint. Ainsi Eu-
thyine aurait annoncé longtemps à l'avance que le chorévèque
Anastase deviendrait patriarche de Jérusalem, et l'on devine
la scène piquante dont fut témoin à cette occasion toute la

laure, Euthyme, entourant déjà le chorévèque des


lorsque
égards qui sont dus au premier pasteur du diocèse, ses reli-
gieux l'avertirent en vain de sa singulière méprise. Il prédit
également la défection de l'impératrice Eudocie, sa conversion
future et sa prochaine mort. Il recourut inutilement à la menace
d'une chute scandaleuse pour arrêter le moine Domnos qui
voulait rejoindre son oncle, le patriarche d'Antioche, et le dis-
ciple rebelle ne revint à résipiscence que lorsque, dépossédé du
patriarcat, se rappela la prédiction du saint. Il aurait en-
il

core mis un terme à la stérilité de la femme du cheikh Té-


rébon en lui annonçant la naissance de trois enfants. Enfin, il
fit part à tous ses religieux de sa mort et de celle de Domitien

en des termes qui ne laissaient aucune prise à la moindre hési-


tation.
Ces exemples, dont il serait aisé d'allonger encore la liste,
ne sont pas particuliers à saint Euthyme; on en lit d'analogues
dans d'autres Vies de saints. Il y a lieu toutefois de les sou-
mettre à une critique sévère, pour que le lecteur n'accorde
sa confiance qu'à bon escient. Tout d'abord, les faits qui vien-
nent d'être signalés ont été consignés par l'hagiographe plus
de quatre-vingts ans après la mort du saint, alors qu'il n'exis-
tait plus qu'une seule personne, saint Cyriaque, qui eût connu
personnellement Euthyme. Encore convient-il de noter que
saint Cyriaque n'avait pas été témoin oculaire de ces prophé-
ties, qui étaient toutes antérieures à son séjour en Palestine,

quelques-unes même antérieures à sa naissance. Et se serait-il


lionne comme tel que son témoignage n'en serait pas moins
suspect, car saint Cyriaque, qui avait près de cent huit ans au
moment où il faisait ces révélations, semble avoir dépassé à
238 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

cet âge toutes les bornes de la crédulité. Ne racontait-il pas


un jour à Cyrille de Scytliopolis, de l'air le plus naturel du
monde, qu'un lion s'était constitué gardien de son potager et
protégeait ses salades contre les attaques des animaux mal-
faisants?
Ces réserves au sujet des prophéties d'Euthyme ne sauraient
en rien affaiblir sa sainteté ni son influence, car l'une et l'autre
paraissent avoir été considérables; elles étaient toutefois bonnes
comme ceux des grands hom-
à faire, les disciples des saints,
mes, étant tous plus ou moins enclins aux pieuses exagé-
rations.
La création d'une laure et la sanctification personnelle,
poursuivie en dépit de tous les obstacles, voilà tout autant
d'œuvres considérables qui peuvent attirer sur une âme les
bénédictions du ciel. Euthyme y employa toutes ses énergies
et nous avons vu de quels dons surnaturels Dieu semble l'avoir
favorisé. Mais la tâche d'un supérieur serait par trop incom-
plète, lui-même resterait trop au-dessous de son devoir, s'il se
désintéressait de sa maison et du progrès spirituel de ses reli-
gieux. Devant Dieu il aura à répondre de leurs âmes comme
de la sienne propre; d'où résulte pour lui l'obligation pressante
de veiller à l'observance de la règle, et du corps de la règle
aussi bien que de son esprit. Cette responsabilité qui lui in-
combe embrasse la marche générale de la communauté, non
moins que les détails de la vie journalière de chacun de ses
membres et, sans revêtir les dehors d'une inspection tracas-
sière, sa clairvoyance doit, comme l'œil de la Providence, s'é-

tendre à tous et ne gêner personne en rien. Pour un supérieur


de laure, comme l'était saint Euthyme, la charge se trouvait
rendue d'autant plus facile que chaque religieux devait avoir
atteint un éminent degré de perfection; néanmoins, il fallait
obvier à des lacunes, soit dans l'organisation d'ensemble de la
communauté, soit dans la distribution des offices monastiques
et la direction particulière de chaque religieux; il fallait sur-
tout parer aux mille imprévus que présente le gouvernement
de toute société.
La règle monastique que saint Euthyme avait imposée à sa
laure comprenait, en dehors des prescriptions générales que
nous avons déjà fait connaître, certaines mesures qui s'intro-
SAINT RUTIIYMR LE ORAND. 239

duisirent ensuite dans les autres monastères et qu'il importe de


signaler. Les femmes étaient exclues de la laure, comme les

eunuques et les imberbes. Pas d'exception à cette loi draco-


nienne, même en faveur des têtes couronnées. Lorsque l'impé-
ratrice Eudocie rechercha la société du solitaire pour abjurer
ses erreurs monopliysites, l'accès de la laure lui demeura in-
terdit; ce qui la contraignit à construire une tour à quelque
distance de là pour y jouir des entretiens de notre saint. De
même, une femme démoniaque ne put approcher du tombeau
d'Euthyme et elle dut prier et jeûner hors de la clôture jusqu'à
sa complète guérison. Réciproquement, tout religieux de la laure
qui entrait dans un monastère de femmes ou entretenait avec
des personnes du sexe des relations orales ou écrites, sans l'au-
torisation préalable du supérieur, était banni pour toujours de
la communauté.
La permission de s'absenter le samedi n'était accordée à per-
sonne, hormis le cas d une nécessité urgente, la vigile et le

chant des offices liturgiques réclamant, ce jour-là, la présence


de tous les moines. Euthyme était également très sévère, et à

bon droit, sur les sorties dans le désert,temps du ca-


à part le
rême. Ceux qui s'en allaient ainsi sans l'agrément du supérieur
ne devaient recevoir aucune nourriture au retour, comme ils
n'avaient emporté aucune provision à leur départ. Cette con-
damnation absolue de l'idiorythmie est remarquable, car en
laissant au moine la liberté de se gouverner à sa guise, on au-
rait sapé par la base toute vie religieuse. L'exemple des monas-
tères idiorythmes du mont Athos est, du reste, là aujourd'hui
pour nous montrer ce qu'il advient des traditions monasti-
ques avec un pareil régime. Euthyme régla de même la succes-
sion des moines qui étaient rappelés à Dieu ou promus à des di-
gnités ecclésiastiques; à aucun prix, leurs cellules ne pouvaient
être distraites de la laure, cédées ou vendues soit à de simples
particuliers, soit à des religieux d'autres couvents.
Bien que la règle des laures ne comportât peut-être pas une
telle prohibition, Euthyme s'était fait une loi absolue de n'ac-
cepter aucune visite tumultueuse. C'est ainsi que, malgré les
liens de la plus sincère affection qui l'attachaient au patriarche
Anastase, il ne voulut jamais consentii; à le recevoir dans sa
laure, et, pour mettre un terme à ses vives instances, sans ce-
240 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

pendant blesser une personne envers laquelle il n'avait que des


obligations, il sut tempérer son refus par une charmante ré-
ponse, telle qu'il n'en sort que de la bouche ou de la plume
des saints « Quant à l'entrevue que vous sollicitez, lui disait-il
:

en substance dans une lettre, ne me tourmentez plus à ce sujet;


je ne fais d'exception pour personne. Si je vous reçois, il faudra
que j'en reçoive d'autres, et si je ne vous reçois pas, il est bien
évident que je ne recevrai personne. » Et comme le patriarche
ne se rendait pas et qu'Euthyme se refusait à accorder le moin-
dre fléchissement de la règle en faveur de la première autorité
spirituelle du diocèse, on arrêta d'un commun accord comme
lieu de rendez-vous un terrain neutre, le monastère de saint
Théoctiste qui dépendait également de notre saint.
On comprend d'autant mieux le mérite qu'il y avait pour Eu-
thyme à afficher un tel amour de l'indépendance, qu'il courait
le risque de s'exposer à de sérieux mécomptes. Sa laure n'était

pas, en effet, comme les maisons religieuses d'un grand nom-


bre d'Instituts occidentaux, soustraite à la juridiction de l'or-
dinaire. Le patriarche de Jérusalem était le supérieur ecclésias-
tique naturel d'Euthyme; de lui il tenait tous ses pouvoirs et, à
la mort de saint Théoctiste, son intervention lui fut nécessaire
pour être confirmé dans la charge de supérieur des deux monas-
tères. Lesévêques de Jérusalem entendaient, du reste, conserver
leurs droits et les exercer au moment voulu et nous savons que
Juvénal (1) avait l'habitude de visiter, pendant le carême, tous
les couvents situés aux alentours de la Ville Sainte. Pour que
saint Euthyme seul ait osé se refuser ainsi à tout contrôle, il

fallaitque son pouvoir sur ses religieux comme auprès des au-
torités ecclésiastiques demeurât incontesté et que son crédit,
consolidé par sa vertu, balançât celui des évèques du diocèse.
La liberté de la solitude que saint Euthyme maintenait in-
tacte vis-à-vis des grands, il savait la protéger aussi contre les
indiscrétions possibles de ses religieux. Nulle visite et aucune
réception, tel est le programme qu'il s'imposa et qu'il suivit
méticuleusement du lundi au samedi pendant les cinquante ou
soixante années que dura sa vie monastique dans la laure. Au

(1) F. Nau. Les plérophories de Jean, évêqiie de Maïuuma, Paris. 1899, in-8°,

p. 17.
SAINT EUTIIVMR I,E fiRAXH. 2-11

monastère do Saint-Tliéocliste, il se montrait plus accessible et


recevait chaque jour les religieux (|ui voulaient s'adresser à lui;
mais son séjour dans ce couvent lut de courte durée et ne se
rapporte qu'aux premiers temps de sa vie solitaire. A la laure,
son biographe ne signale que trois ou quatre infractions à la
dure réclusion qu'il s'était prescrite, et elles furent toutes provo-
quées par des motifs de charité. Seul de tous les jours de la se-
maine, le dimanche était consacré auxoffices liturgiques, à des
conférences spirituelles; c'était aussi le jour où les moines
pouvaient tour à tour s'entretenir libremenl avec leur supérieur
des affaires de leur conscience.
Il n'est pas facile de déterminer aujourd'hui le genre de direc-
tion qu'adopta saint Euthyme. Aucun monument littéraire venu
de sa main ne nous a été conservé. A part certaines lettres qu'il
adressa aux patriarches de Jérusalem et les règles monastiques

que Cyrille de Scythopolis lui fait remettre à saint Sabas, il n'est


môme pas sûr qu'il ait jamais rien écrit. Toutefois, à présent
ciue nous possédons (1) les lettres de direction 840 environ — —
de deux moines palestiniens du vi' siècle, saint Barsanuphe et
saint Jean le Prophète, les rapports particuliers d'un supérieur
de couvent avec ses religieux nous sont parfaitement connus.
Le rendement de compte, un des moyens les plus puissants de
sanctification dans la vie religieuse, y tenait lieu de tout et
remplaçait à peu près tous les autres exercices. Parfois, il con-
sistait en une ouverture de conscience, que nous appellerions
confession, bien que cette pratique ne fût ni très fréquente ni
très complète dans les monastères de jadis; parfois il se bornait
à solliciter des conseils sur la fuite de tel péché ou l'acquisition
de telle vertu. La plupart du temps, dans ce colloque familier
avec son supérieur, le moine lui dévoilait les obstacles qu'il
rencontrait dans l'exécution des ordres donnés; il lui soumettait
des cas de conscience qui le concernaient ou que lui avaient posés
ses confrères; il lui demandait des éclaircissements sur un pas-
sage de la Bible, sur une pratique de la liturgie, ou sur une ob-
servance monastique.
Dur envers lui-même, Euthyme fut toujours d'une indulgence

(1) Voir les articles dos Échus d'Orlenl, t. VII (I9Û4), p. 268-270 et t. VIII (1905).
p. 14-25).
ORIENT CHRÉTIEN. 16
242 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

extrême à la faiblesse d'autrui. De bonne heure, la discipline

avait amorti en lui les passions et. comme les vieillards, il pra-
tiquait largement la condescendance. Ses conseils d'une urba-
nité exquise montrent bien que nous sommes en présence d'un
vrai saint, modéré par tempérament et connaissant son monde,
bien qu'il se fût retranché depuis de longues années du nombre
des vivants. Sa douceur et sa bonté étaient telles qu'il gagnait
par cette voie les esprits les plus farouches; sa chasteté, sem-
blable à celle des anges, lui faisait découvrir les pensées les
plus secrètes. Il délivra ainsi un de ses religieux de l'esprit de
fornication, qui l'avait saisi pour avoir succombé à une mau-
vaise sollicitation.
Dans les courtes exhortations qu'il adressait aux moines cha-
que dimanche, il leur recommandait surtout l'humilité, le dé-
pouillement de sa propre volonté, le travail des mains et la
mortification, vertus dont il donnait constamment l'exemple. Il

veillait à ce que le silence fût observé dans les cellules et ne


permit jamais que la moindre parole fût prononcée à l'église ou
au réfectoire, deux lieux réguliers par excellence. Enfin, il
les
ne pouvait souffrir que des jeunes religieux affectassent de jeû-
ner plus austèrement que les anciens, parce qu'il désirait, se-
lon le précepte de l'évangile, que l'on cachât du mieux possible
le bien que l'on faisait. Si quelqu'un avait été tenté parfois de

trouver ses avis spirituels un peu trop relâchés, en invoquant


l'exemple des vieux moines de la Thébaïde, il leur aurait cer-
tainement, comme Barsanuphe, répondu avec autant de grâce
que de bonhomie « Les pères du désert menaient un régime
:

plus austère, parce qu'ils trouvaient leurs corps beaucoup plus


obéissants que les nôtres... Si nous tenons le juste milieu, nous
arriverons progressivement au mieux. Il ne faut pas, lorsqu'on
pose le pied sur le premier degré de l'échelle, vouloir en même
temps se trouver au sommet. » On ne saurait mieux dire, sur-
tout lorsque chacun des jours de sa propre existence est écrit
en lettres de souffrance et de mortification, comme l'étaient
ceux de saint Euthyme.
Ce qui paraît avoir surtout dominé en saint Euthyme dans ses
relations avec ses religieux, c'est sa bonté et sa douceur. Son
expérience de la vie l'avait convaincu qu'il ne faut pas être ex-
trême dans ses affections. De même, elle lui rappelait sans cesse
SAINT RUTIIYME LK fiRAND. 243

qu'on habite le domaine des généreuses abstractions en s'ima-


ginant que Tliabit et les pratiques religieuses transforment su-
bitement les natures. Aussi, grâce à sa délicatesse, à son cœur
d'or tendu sur une main large ouverte, ne rencontre- t-on, chez
les moines de sa laurc, luiUe trace, je ne dirai pas de révolte ou
de mutinerie, mais de paroles amères ou de récriminations con-
tre leur supérieur. Le fait est d'autant plus digne d'attention
qu'il se faisait fort rare, du moins en Palestine. C'est ainsi que
le long supériorat de saint Sabas fut occupé en grande partie par

des démêlés avec ses religieux, qui l'expulsèrent et qu'il expulsa


à son tour. Il est vrai que saint Sabas était Cappadocien et que,
d'après un proverbe populaire du temps « le Cappadocien
:

est mauvais de nature ».


Le biographe de saint Euthyme ne signale que deux actes
répréliensibles chez ses religieux, alors qu'il dirigeait la laure.
L'un d'entre eux ne voulut pas se charger d'un travail manuel,
absorban t et trop vulgaire pour un contem plati f;
qu'il trouvait trop
deux autres, pris de dégoût et rongés par l'ennui, tentèrent de
s'évader de leurs cellules pendant la nuit. A l'un comme aux
autres Euthyme sut adresser des paroles touchantes, capables
d'ébranler des cœurs de pierre, et, comme elles étaient sans
effet sur leur obstination, il recourut, cette fois, à des mesures
énergiques, qui eurent raison de leur entêtement. Ces deux
exemples nous prouvent que, chez lui, la vigueur s'alliait par-
fois à la bonté et que son indulgence ne dégénérait jamais en
faiblesse.
La que saint Euthyme, à rencontre de saint Sabas,
facilité

éprouva toujours dans le gouvernement de sa laure, tient sur-

tout au mode de recrutement employé. N'ayant sous son obé-


dience qu'un nombre assez restreint de religieux cinquante —
aux plus beaux jours de la laure —
il veillait à n'admettre que

des sujets de choix. Presque tous étaient prêtres ou destinés à


le devenir et, du vivant même du fondateur, un bon nombre

parvinrent au faîte des dignités ecclésiastiques. On compta un


patriarche d'Antioche, cinq évoques de diverses villes de Pales-
tine, plusieurs supérieurs de monastères ou d'églises, sans
parler de deux religieux qui devinrent patriarches de Jérusa-
lem après mort d'Euthyme, mais après avoir vécu une quin-
la
zaine d'années en sa compagnie. N'oublions pas de mentionner
244 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

aussi les moines qui se firent un nom dans la littérature byzan-


tine ou dont le souvenir impérissable est inscrit au catalogue
des saints. Dans ces conditions, avec le prestige de la science
ou de la sainteté, quoi d'étonnant à ce que la paix ait fleuri dans
la laure, alors qu'elle avait déjà pris possession des esprits et
des cœurs !

Que dire à présent de l'action sociale exercée par saint Eu-


thyme au moyen de sa laure,? Elle ne fut certainement pas aussi
grande qu'on serait porté à se le représenter. Pour qu'elle fût
efficace et surtout durable, il aurait fallu rencontrer chez les
supérieurs des autres laures même sévérité dans l'accepta-
la

tion des novices et la même


douceur dans le maniement des
âmes; sinon, même en les supposant tous très instruits et fort
vertueux, les cinquante moines d'Euthyme, en présence des
milliers de leurs confrères, ressemblaient à une fraîche oasis
perdue dans le désert. Or, sur ces deux points en particulier,
nous devons bien reconnaître qu'il y eut de fâcheuses négli-
gences et que, du recrutement de leurs religieux comme de leur
formation intellectuelle et morale, les supérieurs eurent trop
peu de souci. On acceptait n'importe qui et on le laissait se con-
duire n'importe comme; à peu d'exceptions près, telle paraît
être la règle Palestine, comme en Egypte et^en
générale en
Syrie. Qui ne voit immédiatement à quels abus aboutissait en
fin de compte un tel latitudinarisme? La longanimité des supé-
rieurs amenait à la vie religieuse des vocations tièdes, inutiles,
souvent dangereuses, qui n'embrassaient cet état de renonce-
ment qu'en vertu des privilèges qu'ils espéraient y rencontrer.
En effet, les moines jouissaient alors de telles exemp-
clercs et les
tions civiles que beaucoup d'hommes fuyaient la société pour
déserter leurs devoirs de famille et qu'ils cherchaient dans le
cloître un lieu de retraite et de repos plutôt qu'un asile de
prière et de travail.
A ces natures grossières le frein moral des laures ne conve-
nait aucunement; il était trop lâche pour les dompter, pour les

réveiller de leur apathie ou pour les arracher à leurs instincts


bas et vulgaires. Le travail continu, la prière incessante, la
surveillance et surtout l'austère discipline de la vie commune
étaient les seuls moyens de sanctification qui eussent pu les
transformer ; et de ces moyens la majorité des muines ne voulait
SAINT EUTHYME LE GRAND. 245

à aucun prix. Tandis qu'il y avait affluence dans les laures, les
couvents au début «Haieut rar(!S et généralement déserts; s'ils se
peuplèrent très rapidement ensuite, c est parce que la vie des
laures s'était déjcà introduite parmi eux. Or, la plupart des
laures palestiniennes n'évoquent pas, comme celle de saint
Euthyme, l'idéal d'une chartreuse, dans laquelle la vie contem-
plative rivalisait avec le travail des mains et surtout avec le
labeur intellectuel. S'il y a dans les laures quelques consciences
droites, des moines instruits, développant leurs connaissances
par l'étude des saintes Écritures et des Pères de l'Église et
composant des traités ascétiques, quand leur imagination ne
rêve pas de quelque hérésie; la plupart, paresseux et igno-
rants, s'ennuient de la longueur de la journée, dorment à leur
aise, suivent la première pensée qui traverse leur cerveau et,

bien abrités dans leurs cellules, les pieds au soleil, les mains
pliant machinalement des palmes ou pendant avec noncha-
lance, ils laissent tout doucement couler le temps. Le prix de
la vie est une énigme qu'ils ne s'efforcent pas d'éclaircir. Ils sont
convaincus depuis longtemps que la suprême béatitude consiste
dans le repos, et que la moindre fatigue du corps ou de l'esprit
tend à la diminuer. Pourvu que le pain arrive aux heures régle-
mentaires, il leur importe assez peu qu'il soit noir ou blanc. Ne
vaut-il pas celui qu'ils mangeaient dans leurs cabanes de fellah?
Les directeurs des moines de Palestine auraient dû prévoir
ces inconvénients, étudier les caractères de leurs subordonnés
et se rendre compte que, pour être près du sanctuaire, tous
n'étaient pas, suivant un proverbe populaire, de la farine à faire
des hosties. Ils auraient alors promulgué une règle accessible aux
aspirations du plus grand nombre et qui aurait favorisé le recru-
tement sur place. Faute d'avoir compris le sens pratique de la
vie religieuse et pour avoir visé trop haut, ils manquèrent le
but. Généreuse illusion, après tout, qui supposait dans autrui la
perfection surhumaine qui les animait eux-mêmes!
Rendons pourtant cette justice à saint Euthyme, qu'il revint,
sur le tard de sa vie, de ses illusions et qu'il ordonna, avant de

mourir, de transformer salaure en monastère. S'il avait procédé


lui-même à ce changemeni, peut-être son autorité aurait-elle
entraîné l'assentiment du plus grand nombre. Connu seulement
après sa mort, son ordre n'était qu'une indication muette; elle
246 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ne fut ni comprise ni imitée. La règle monastique resta fixée


sur des cimes resplendissantes mais peu accessibles, et la
majorité des religieux, découragée par une ascension aussi péni-
ble, s'arrêta au pied de la montagne et tâtonna dans les brouil-
lards. Depuis lors, elle n'en a guère bougé.

Siméon Vailhé
des Augustins de l'Assomption.

[A suivre.)
UNE VERSION ARABE
D'UNE HOMÉLIE INÉDITE SUR LA PÉNITENCE

ATTRIBUÉE A S. JEAN CHRYSOSTOME.

(Fin) (1).

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(1) V. /ÎOC, 1908, p. 24. La seconde partie est éditée et traduite d'après le ms.
carchouni de Paris, syr. 239; cf. supra, p. 32, note 1.
248 REVUE DE l'orient CHRÉTIE-N.

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UNE VERSION ARABE d'uNE HOMÉLIE SUR LA PÉNITENCE. 249

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250 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

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(1) L'aleph final de \ y\ est vraisemblablement la première lettre de l'article


UNE VERSION ARABE n'UNE HOMÉLIE SUR LA PÉNITENCE. 251

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d'un complément de y\ oublié par le copiste. Il faudrait lire, sans doute, .^^

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(1) Ms. ).-/ >^ ^io = !j^! J^ ^.


252 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

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UNE VERSION" ARABE d'UN'E HOMÉLIE Sri{ LA l'ÉNITENCE. 253

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(1) Une note du manuscrit donne la variante .L,,^!^ (le chemin) du ciel.

(2)Le sens demande ici ^'; l'omission de cette particule est sans doute une
faute de copiste.
254 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

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jjjjî c, .; y!> Jais-' .,' yj.;xU His-^?. y ^iXJi_3 ii*:» w^ .,L«j^' ÏJ:

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(1) Le Ms. porte un renvoi à ce mot; mais la note est effacée et illisible.

(2) Une note du Ms. porte à cet endroit ^vxs^ oi^/ =— v alsr') iJ.^', Ce se-
rait —*3i-^
*> I la fausse promesse, au lieu de ^^ —^^^ ) le serment.
UNE VERSION ARABE d'uNE HOMÉLIE SUR LA PÉNITENCE. 255

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256 REVUE DE l'orient CHRp]TIEN.

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UNE VERSION ARABE d'L'NE HOMÉLIE SUR LA PENITENCE. 27)1

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TRADUCTION

Sache qu'il te faudra comparaître (f. 185, a) devant le juge qui sonde le
cœur et les reins; c'est pourquoi résiste avec constance au péché de
parole. Sois persévérant et perspicace afin de n'être point condamné à ce
grand jugement. C'est inévitable : si tu ne rentres pas en toi-même ici, tu
te lamenteras là-bas comme le riche, et tu t'entendras dire comme lui :

« 11 y a entre nous et vous un abîme immense (1) » et tu ne pourras pas ;

le franchir. Demande à Dieu qu'il te sauve des peines de ce lieu et qu'il


te fasse parvenir avec ceux qui ont part à la béatitude là-haut, qui solit
glorifiés etcomblés des biens qui ne passent point. Éveille-toi de la langueur
dans laquelle tu te trouves. Tu dois être ardent comme le feu; prends garde
d'être plus froid que la cendre et plus mort que les morts. Renonce à toutes
choses, donne-toi à Dieu, et persévère nuit et jour dans la prière. Si tu
agis ainsi, il bannira de ton cœur tout désir mondain et te fera parvenir à
l'amour céleste. La pensée de ce jour te fera accomplir tout cela sans peine ;

tu perdras toute ta nonchalance et ton âme deviendra plus légère que la


plume. Tu parviendras ainsi à la possession des biens que tu espères, après
avoir rejeté les faveurs et la gloire de ce monde. Renonce à toutes les
choses visibles, humilie-toi sans cesse et verse des torrents de larmes. Rien
n'est plus profitable, et il n'y a rien qui nous unisse autant à Dieu comme
les larmes qui proviennent de l'humilité. Si tu habites les villes, tu seras
comme si tu vivais au désert.

Le Seigneur accorde également la béatitude à ceux qui gémissent. Que


si Ton objecte cette parole de Paul « Réjouissez-vous toujours dans le Sei-
:

gneur, » que l'on sache bien qu'il s'agit seulement du plaisir et de la joie

(1) Luc, XVI, 26.


ORIENT CHRÉTIEN. 17
2ÔH HEVUK UE l'orient CHRÉTIEN.

qui sont le fruit de ces gémissements. Il dit en effet que la tristesse est

inhérente aux joies du monde et que de même les pleurs qui sont versés
à cause de Dieu, assurent une joie constante et inaltérable. Ainsi la femme
adultère pleura dans la douleur de son coeur, et elle devint plus illustre
que les vierges de même en effet qu'une pluie abondante est suivie d'un
;

temps serein et clair, les pleurs que l'on verse dans la crainte et la fer-
veur dissipent les ténèbres du péché, et de même aussi que nous avons
été purifiés une première fois par l'Esprit et l'eau, nous sommes purifiés
de nouveau par les pleurs et la confession des péchés, surtout quand nous
ne laissons pas voir nos larmes et que nous ne ressemblons pas à ceux qui
composent leurs visages pour produire bon effet aux yeux des hommes.
Pour ma part, je désire ces larmes que l'on verse dans l'humilité et non
pour être vu; celles que l'on répand en secret, (f. 185, b) à l'intérieur de
son appartement là où personne ne les voit. Telles étaient les larmes
d'Anne sa langue ne remuait pas, mais ses larmes avaient une voix puis-
:

sante. Le Seigneur te demande encore de pleurer comme il pleura lui-


même quand il se troubla au sujet-de Jérusalem. Qu'il ait pleuré, nous en
trouvons l'attestation en plus d'un endroit : c'est ainsi qu'il pleura sur
Lazare. Nous ne trouvons au contraire pas une seule attestation qu'il ait
ri ou simplement souri. 11 en est ainsi de Paul nous lisons qu'il pleura
:

en nombre de circonstances, mais nous ne trouvons pas qu'il ait ri, pas
plus que quelque autre des saints. Aucun d'entre eux ne rapporte une
chose semblable ni de lui-même ni d'un autre. Nous trouvons par contre
que le fils de Noé fut surpris à rire et il devint esclave, de libre qu'il était.
Je ne dis pas que tu ne dois jamais rire, mais qu'il ne faut pas rire comme
ceux qui n'ont pas d'éducation. D'ailleurs tu ne dois jamais rire si tu con-
sidères que tu dois comparaître au jugement terrible et rendre compte de
toutes tes actions, de celles que tu connais et de celles que tu ne connais
pas. Quand même tu n'aurais conscience d'aucune faute, tu ne serais pas
justifié pour cela. Gémis sans cesse et prends garde que le démon ne te

nuise. Tu diras peut-être « Quand je pleurerai, à quoi cela servirait-il? »


:

Mais à la fin du monde, quand la sentence sera rendue contre toi, tu


obtiendras à ton heure miséricorde et pardon, si tu as gémi et si tu t'es
affligé auparavant. C'est pour cette raison que le Christ Notre-Seigneur
déclare bienheureux ceux qui gémissent et malheureux ceux qui rient ;

car c'est par les gémissements et les pleurs que nous aurons part à l'héri-
tage de son royaume. Sache que tu es appelé à une vie céleste. Ne prends
donc pas plaisir à dire des paroles inutiles, des plaisanteries, ou autres
légèretés qui provoquent le rire; mais que ton cœur soit toujours humble.
Aspire de toute la force de tes désirs à être couronné et sache que tu
as à lutter contre bien des tempêtes et des épreuves. Établis ton âme
sur un fondement solide et ferme, car ce n'est pas par une seule épreuve,
ni deux ni trois qua tu seras assailli, mais c'est par de nombreuses afflic-
tions que tu entreras dans le royaume. Nos efforts ne doivent pas ressem-
bler à ceux des gens du monde qui essaient deux ou trois fois et qui se
reposent ensuite, mais il faut que nous fassions chaque jour des efforts
sans nombre, et ce n'est pas seulement pendant la journée, mais aussi
UNE VERSION ARABE l)'u.\K HOMELIE SUR LA PÉNITENCE. 2r>0

pendant la nuit ([uo notre vigilance doit être en éveil. Beaucoup triomphent
pendant la nuit comme pendant le jour, et surmontent des épreuves de
toutes sortes. Ou nous serons vainqueurs, ou nous succomberons. Consi-
dérons ceux qui succombent celui qui injurie le prochain et lui fait du
:

tort donner réparation, celui-là est vaincu. Nous voyons, dans les
sans lui

luttes mondaines, un grand nombre de personnes (fol. 186, a) recevoir des


coups et des blessures et obtenir, par leur persévérance, la couronne du
vainqueur. De même celui qui travaille pour Dieu et qui persévère au mi-
lieu de toutes les épreuves qui lui sont envoyées, obtient la couronne et,
comme le dit Notre-Seigneur au sujet des pauvres « Tout ce que vous :

aurez fait à l'un de ces méprisés, c'est à moi que vous l'aurez fait (1) ».
Prends garde de n être pas ingrat envers Celui qui t'a comblé de bien-
faits. t'appelle à toute heure. Il a bien voulu être crucifié
Aime-le, car il

pour te que tu méritais, c'est lui qui l'a supporté pour toi. Tu
sauver et ce
dois dire comme dans l'Écriture « Que rendrai-je au Seigneur, pour tout
:

ce qu'il a fait pour moi (2)? » Veille, malheureux, à ne pas tomber entre
les mains du Seigneur. Tout ce qu'il ordonne est profit, tandis que celui'

qui lui désobéit est perdu, car toutes nos affaires sont comme la rosée : tu
la cherches en vain aujourd'hui à l'endroit en est de même
oii tu étais hier. 11

du jour où tu dépenses pour ton ventre, partageant ainsi les préoccupa-


tions de ce monde, qui ne sont pourtant qu'une vaine apparence sans réa-
lité. Recherche la réalité et tu ne pécheras pas, malheureux! L'Écriture

dit en effet « Toutes les choses de' ce monde passeront, mais le péché te
:

précédera là-bas. » Tremble devant le grincement des dents, et préserve-toi


de ce feu qui consume. Si au contraire tu te rappelles à chaque instant que
le Seigneur est proche, tu ne pécheras point, car le péché ne provient que

du manque de connaissance de Dieu le Très-Haut et celui qui se souvient


qu'il est vu de Dieu (louange à Lui !) ne pèche jamais. Sache qu'il te regarde
et qu'à chaque instant il examine tes actions, écarte le péché, car ton

esprit ne peut pas être à la fois en haut et en bas. S'il est dans la vérité,
tu sauras que Dieu te regarde et tu n'approcheras pas de l'arbre (3). Dieu
(louange à Lui!) sera devant tes yeux et tu marcheras sans peine dans la
voie droite, car là où se trouve la crainte de Dieu, le péché ne peut en
approcher. Sois convaincu qu'il est présent à chaque instant, qu'il scrute
tes actions et que rien n'est caché à ses yeux. Choisis la crainte grande et
noble, car toutes les choses du monde sont vaines tandis que la crainte
est le grand et magnifique trésor qui plaît à Dieu; prends pour ta part un
cœur pur pour que tu mérites de voir Dieu, parce que quiconque n'a pas
un cœur pur et saint ne verra pas le visage de Dieu le Très-Haut, selon
ce qui est écrit, il faut que tu sois de sel pour que ton âme soit salée et
que tes bonnes qualités demeurent, pour que ton intelligence et ta parole
soient justes et que tu conserves tes bonnes actions, pour que tu fasses dis
paraître les pensées perverses et que tu te purifies de l'odeur infecte du
péché. Quand (fol. 186, b) tu as purifié ton cœur de la corruption; il appar-

(1) Math., XXV, 40. —


(2) Ps. t xv, U.
(3) L'arbre du fruit défendu.
260 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

tient à Dieu qui seul est grand et puissant, et si tu ne retombes pas dans
la négligence et le péché, Dieu se donne à toi. Il ne te demande pas seule-
ment que tu te donnes à lui, mais il veut que ton influence soit bienfai-
sante pour ceux qui t'entourent. Sois convaincu de l'utilité de la parole

qui passe; fuis le péché qui perd et calomnie qui n'a que de funestes
la

conséquences et aucun avantage, car Dieu seul connaît celui qui est bon
et celui qui est mauvais, et pénètre les secrets de nos cœurs, et en jugeant
ton frère, tu ne fais que te juger toi-même. Considère la femme adultère,
comment elle juge les autres en présence du Seigneur Jésus-Christ par :

ses larmes elle plut au Seigneur, et le céleste médecin, écoutant la voix


de ses pleurs, lui accorda le salut. Imite-la, non dans ses passions, mais
dans sa pénitence et ses larmes. Prends le parti de t'assurer, par tes larmes,
la bienveillance du juge; éteins dès ici-bas le feu de l'enfer. 11 t'a donné
des commandements qui ne sont pas pénibles pour que tu t'affranchisses
par eux des œuvres mauvaises. Tu n'as besoin que du labeur des larmes
et de la prière, du renoncement à la colère, à l'envie et à la médisance.
Quelle monnaie te faut-il pour t'assurer l'accomplissement de ces comman-
dements? Tu n'as besoin que de l'humilité et tout ira bien pour toi. Je vais
t'indiquer une médisance qui a son utilité médis de toi-même, et fais
:

connaître tes péchés pour que tu deviennes juste; car cette médisance est
méritoire et salutaire. Ne scrute pas les affaires des autres, mais recon-
nais tes propres défauts. Si tu sais quelle est la médisance méritoire, tu
diras constamment du mal de toi-même. Oublie la médisance contre les
autres et reconnais combien les avantages du silence sont grands et com-
bien la parole est nuisible. De cette façon, malheureux, tu éviteras toute
chute, et tu mériteras d'être transfiguré et de briller comme le soleil. Évite
de dire du mal des autres en présence du juge, car* si tu te préserves des
mille sortes de médisances, tu ne pourras pas cacher ton éclat et tu obtien-
dras une récompense de la part des autres tu ne sauveras pas seulement
:

ton âme, mais Dieu (magnifié soit son nom!) sera glorifié à cause de toi.
Si au contraire tu n'agis pas ainsi, tu perdras ton âme et Dieu sera blas-
phémé à cause de toi. Sois désireux de faire briller tes œuvres, non en en
faisant étalage devant les hommes, mais en ne fournissant aucun motif à
personne de dire du mal de toi. Lorsque, malgré ton application aux bonnes
œuvres, tout le monde dit du mal de toi, aie soin de répondre à chacun
par des bénédictions et ne t'afflige pas des calomnies dirigées contre toi.
Elles te vaudront (fol. 187, a) une belle récompense, surtout si elles sont
dénuées de fondement. Mais si le mal qu'on dit de toi est vrai, malheur à
toi. N'aime pas seulement les bons, mais aime tous tes frères, car si tu

aimes tes frères, tu éloignes de toi la haine, et si tu aimes le bien tu


chasses de ton cœur la haine et les traits de la calomnie. Sois miséricor-
dieux, car cette vertu est magnifiquement récompensée et fait qu'on res-
semble à Celui qui disait « Je pleurais sur tous et je gémissais quand je
:

voyais quelqu'un dans l'adversité. » Et si celui qui pleure est digne de ré-
compense, celui qui désire secourir et fortifier le faible en mérite une
plus grande. Rejette loin de toi la marque fétide de la médisance, car il

est possible qu'un homme mauvais aujourd'hui, soit bon demain. Ne t'a-
UNE VERSION ARABE D'uNE HOMÉLIE SUR LA PÉNITENCE. 261

buse pas veux aller au ciel, renonce aux choses de la terre, c'est-à-dire
: tu
aux humaines, et abandonne-toi sans cesse aux pleurs pour que
affaires
tes pleurs soient une semence. Tu n'as pas besoin de travail pour récolter
le fruit de la pénitence, parce que, quand il le veut, le Seigneur n"a pas

besoin de temps en un clin d'œil il changea l'eau en vin et dans une


:

seule heure il multiplia le pain pour une foule innombrable. De même


la femme adultère se repentit et fut sauvée en un moment au moment :

où elle gémit, et en un instant elle exhala la bonne odeur de la pénitence.


Le Seigneur ne lui dit pas en effet « Je te pardonnerai tes péchés >, :

mais « Aie confiance, ma fille, tes péchés te sont remis (1) ». Tu as entendu
:

dans cet exemple ce qui compense la calomnie et la médisance ex- :

cite donc en toi l'humilité qui est le principe de tous biens et qui obtient
des couronnes nombreuses à celui qui s'y applique selon la parole du
Seigneur. « Heureux les humbles d'esprit (2) ». C'est un sacrifice qu'on
lui offre l'humilité, car le cœur contrit est une victime offerte à Dieu

qui est glorieux et puissant, et « il ne rebute pas le cœur contrit et humi-


lié (I) ».

Voilà la vertu qui est le principe des bonnes œuvres. Comme les bonnes
œuvres sont elles-mêmes le principe de la sagesse, et que l'orgueil est le
principe du péché, l'humilité est de même le principe des bonnes œuvres
et du bien. Nous en avons la constatation par le pharisien et le publicain :

l'un par son orgueil perdit tous les biens qu'il avait, et l'autre par son
humilité recueillit des fruits qui n'étaient pas à lui. Puisque tu sais que
l'orgueil est la racine et la source de tous les maux, applique-lui le remède
qui lui convient, c'est-à-dire l'humilité. Car si tu établis l'humilité comme
fondement de ton édifice, tu pourras édifier sur elle le bien que tu vou-
dras, (fol. tu n'as pas cette
187, b) Mais si base, aucune de tes bonnes
œuvres ne sera ne subsistera, car le jeûne, la pureté, la miséri-
solide et
corde et autres bonnes œuvres ne reçoivent leur achèvement que de l'hu-
milité. Fuis l'orgueil, car c'est un vice pernicieux crains Dieu à qui appar- ;

tient la grandeur, qui est glorieux et puissant, et sois humble d'une humi-
lité véritable. Que ta mise soit modeste, ton teint pâle et ton àme humiliée,
car de même que la force du vin est brisée par l'eau, ainsi l'orgueil est
brisé et l'àme acquiert de la valeur par l'humilité. Humilie-toi pour que
tu sois élevé. L'orgueil est la source de tous les maux et l'humilité est le
principe de tout bien. L'humilité est tellement sublime que le Seigneur
s'esthumilié afin de nous former selon sa ressemblance. C'est ainsi qu'il
dit « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur (2) ». Il a
:

placé devant toi plusieurs chemins pour arriver au salut, afin que le che-
min du ciel fût plus facile pour toi. S'il n'avait mis à ta disposition qu'un
seul chemin, tu dirais peut-être : Je ne puis pas le suivre. C'est pour cette
raison qu'il a établi des voies diverses d'après les différentes sortes de
bonnes œuvres, afin que le chemin du salut soit facile pour toi. Si tu as la
conscience chargée de nombreux péchés, dis seulement : t J'ai péché ».

(1) Jean., VIII, 11. -^ (2) Math., v, 3.


(3) Ps. L, 19.
262 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

et ils seront remis. C'est là lepremier moyen d'obtenir le pardon du


péché, je veux dire l'humilité. Le second moyen est de gémir sur ses
péchés. Tu n'as pas besoin de paroles, ni de fatigues, ni de faire un long
chemin. Nous en avons un exemple dans le roi Achab son visage devint
:

triste, il gémit et il obtint ainsi que Dieu revînt sur le châtiment qu'il lui

préparait à cause de son péché. Ceux qui se lamentent sur les morts ne se
laissent accabler par aucune douleur ni aucun désir pendant le temps du
deuil, car leur esprit est ab.sorbé dans les gémissements; de même, si tu
pleures véritablement ton péché, tu ne seras vaincu par aucune affection
mondaine. Si tu veux être consolé, lamente-toi, car c'est Dieu qui est le
Consolateur. Quand même les douleurs pleuvraient sur toi de tous côtés,
elles n'auront pas de pouvoir sur toi parce que les consolations de Dieu
sont plus grandes que les souffrances. Le troisième moyen est de maîtri-
ser la colère et de pratiquer la douceur afin d'obtenir la bénédiction et la
couronne accordées à ceux qui sont doux. Garde-toi de perdre la patience,
le support d'autrui et la douceur surtout pour une cause futile. Si par
exemple tu t'emportes lorsque ton serviteur perd quelque chose, renverse
de l'huile ou casse un objet, tu perds ta bénédiction et ta récompense. Si
l'on t'excite à la colère, songe à Dieu (fol. 188, a) le Très-Haut, brise l'ar-
deur de ton courroux et sois patient tu obtiendras ainsi la couronne du
:

martyre et tu seras comme un martyr en présence des hommes, confes-


sant Celui qui a ordonné d'être patient et doux. Considère comment le
bienheureux Pierre voulut connaître quelles sont les limites de la patience ;

il demanda au Seigneur : « Si mon frère pèche contre moi, combien de

fois lui pardonnerai-je? » Il crut parler d'un acte de haute vertu et du de-
gré suprême auquel on puisse atteindre en disant « Lui pardonnerai-je
:

sept fois? » Mais le Sauveur miséricordieux voulut lui faire comprendre


la différence qu'il y a entre la miséricorde des hommes et celle de Dieu

Béni et Très-Haut et il lui répondit « Pas sept fois, mais soixante-dix fois
:

sept fois (1) ». Songe à la miséricorde ineffable de Dieu, garde les comman-
dements et reçois les conseils du Seigneur qui a dit t Ne t'élève pas toi-
:

même de peur que tu ne tombes », et marche dans la voie de la douceur,


rejette loin de toi les ardeurs de la colère et les traits de l'envie, car l'envie
est la racine du péché, un mal qui cause un grand trouble, et un clou
aigu enfoncé dans le cœur. La douleur du clou n'atteint pas le cœur au-
tant que le mal de l'envie lorsqu'il s'y implante, et il n'y a pas de mala-
die qui altère le visage comme l'envie altère la beauté de l'âme. C'est
pourquoi fuis l'envie et offre au Seigneur un sacrifice pur; sois son temple
en le priant non avec des paroles trompeuses mais avec amour et prends
garde au péché même lorsque tu prêtes un serment véritable, parce que
l'homme tombe promptement lorsque son cœur ne veille pas. Applique-
toi à te préserver de la semence de l'ennemi. 11 cherche à perdre l'âme

malheureuse par tous les moyens, mais surtout par la langue et la bouche,
parce qu'il n'y a rien qui contribue à nous perdre et à nous faire tomber

1) Jlatli.. wiii.
UNE VERSION ARABE d'UNE HOMÉLIE SUR UA PÉNITENCE. 263

dans l'impirté commelangue bavarde et la bouehe ouverte. C'est d'elles


la

que viennent grande partie de nos chutes. C'est pourquoi il est


la plus

dit 1 II vaut mieux trébucher sur la terre que de trébucher par la lan-
:

gue », car celui qui fait un faux pas sur le sol ne blesse que son corps,
mais celui qui trébuclu; par la langue perd à la fois son corps et son âme.
Celui qui prie et gémit ne demande qu'une chose C'est d'être préservé
:

de sa langue. Si donc c'est de ta langue que viennent la vie et la mort,


applique -toi à la diriger; évite le serment et toute parole mauvaise;
marche constamment dans la voiie du salut (fol. 188, b) et évite l'orgueil,
car le revers de l'orgueil est plein d'am(>rtume. Ce vice est le premier qui
soit venu de Satan et c'est par lui qu'il a fait tomber Adam. Tout mal
vient à proprement parler de l'orgueil. L'homme de bien est ouvert et ne
songe point à mal, tandis que l'orgueilleux est perfide et artificieux et il
cherche à perdre son prochain sans qu'il s'y attende. Mais si sa malice est
cachée aux yeux des hommes, elle ne l'est pas aux yeux de Dieu. Prends
garde de blâmer dans les autres des défauts que tu as toi-même. Quand
l'homme vertueux voit un autre trébucher et tomber, il s'abstient de le
juger. Prends garde de ne pas tomber et rejette le mensonge; qu'il n'y
ait pas place en toi pour l'orgueil. Car le mensonge est l'œuvre de Satan.

L'épée ne fait pas tant de mal que la langue, car l'épée ne tue que le
corps, tandis que la langue tue à la fois l'âme et le corps. Rejette loin de
toi l'orgueil et choisis la simplicité, la bonté et la continence. Occupe ton
intelligence ; mais ne fais rien de ce qui excite la colère de Dieu. Ne t'en-
orgueillis point lorsque tu auras fait quelque bonne action, car c'est là
un des dangers contre lesquels nous avons à lutter. Prends gar Je, malheu-
reux, de ne pas mépriser Dieu par tes désobéissances. L'homme bon loue
et glorifie Dieu, et de même le pécheur le méprise. Éloigne-toi du mal et
assure-toi une récompense céleste. Mets ta confiance en Dieu et espère
les biens durables qui ne passeront point. Tu dois fixer ton regard sur
cette gloire éternelle et fuir la gloire du monde qui perd l'homme. Que
les louanges des hommes ne t'élèvent pas et que leurs reproches ne t'ef-
fraient pas. Eloigne-toi du tumulte et des affaires du monde et imite la
conduite de ceux que jeune a exténués. Ressemble-leur, car ce sont
le

des colonnes divines. Par leur abstinence dans le manger et le boire et


par leurs travaux, ils ont attiré en eux la grâce de Dieu (louange à Lui !)
et ils sont devenus citoyens de la cité céleste. Marche assidûment dans
cette voie et éloigne-toi du fléau de l'orgueil. Sois humble, non en paroles
mais en effet. Sache que Dieu (qu'il soit exalté et béni!) résiste aux su-
perbes et accorde ses faveurs aux humbles. C'est une belle chose qu'un
homme fasse le bien sans s'enorgueillir. Que ta bonne action ne te soit
pas imputée comme péché et que ta journée ne passe pas sans utilité.
Veille sans t'ennuyer, car Dieu aime la veille joyeuse. Tout bien accompli
avec joie produit du fruit tandis que ce qui est fait avec répugnance
(fol. 189, a) n'obtient pas de récompense et est condamnable au jugement.

Maintenant que tu connais ce qui est préjudiciable à ton âme, tu dois


éviter toutes les pensées mauvaises et rejeter les choses du monde et les
I)laisirs des hommes. Évite l'amour des richesses et ne recherche qu'une
264 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

fortune modique; c'est là ce qu'il y a de mieux. Si tu veux f enrichir, fais


en sorte que ce soit par les bonnes œuvres, car les richesses de ce monde
ne font que passer, tandis que les richesses spirituelles sauvent l'âme de
la mort. Si tu sais ce qu'est l'amour des richesses, si tu es persuadé que
les trésors ne sont d'aucune utilité pour les pécheurs, tandis que les justes
sont sauvés de la mort^ si donc tu sais ce qu'est l'amour des biens de la
terre, évite-le, et si tu possèdes des richesses, fais-toi des amis avec l'ar-
gent d'iniquité. Ce ne sera pas sans profit, car Dieu a dit « Soyez misé-
:

ricordieux pour que vous obteniez miséricorde (1) ». Prodigue l'or comme
l'ont prodigué les mages qui l'ont offert en présent, tandis que toi tu ne
donnes même pas un morceau de pain. Ils firent un long voyage et toi tu
ne traverses même pas la rue pour monter chez le Christ malade. Que
dis-je, tu n'as pas à changer de lieu, tu le vois tous les jours à la porte de
l'église; il t'implore et te dit « Aie pitié de moi », et toi tu ne le regardes
:

même pas, mais tu détournes de lui ton visage comme on se détourne


d'une idole de pierre. Puis quand tu es entré, tu te mets à le prier et tu
dis :« Aie pitié de moi », et pourtant tu sais bien que ce que l'on fait aux

pauvres, c'est au Christ qu'on le fait. Aie soin d'exercer la miséricorde


envers les pauvres, si tu veux servir Dieu et non l'argent. 11 ne demande
de toi que la pureté d'intention et non la grandeur ou la modicité de l'of-
frande. L'amour de l'argent et toutes les œuvres de péché sont viles.
Hais ce qui est vil si tu veux aimer Dieu selon ce que dit l'Ecriture :

« Ceux qui aiment le Seigneur haïssent le mal ». Puis donc que tu sais

que l'aumône est la première des bonnes œuvres, celle qui ouvre aux
hommes les portesdu ciel, choisis-toi un intercesseur, et quand même tu
aurais de nombreux péchés, ne crains pas il n'est pas un habitant des
;

cieux qui te dû à
fera opposition, mais tu monteras recevoir ce qui est
ta charité et le messager céleste aura à la main l'engagement écrit par
le Seigneur lui-même c'est cette parole qu'il a prononcée
: « Tout ce
:

que vous avez fait à l'un de ces malheureux, c'est à moi-même que vous
l'avez fait (2) ». Sache que le Seigneur demande à chacun des œuvres
conformes à la foi, et une foi conforme aux œuvres, (fol. 189, b) Veille sur
toi pour que l'ennemi ne trouve point en toi de point vulnérable. Prie
Dieu qu'il te donne son secours et qu'il te fasse connaître comment tu dois
éviter les pensées mauvaises. Tu as entendu cette parole du Seigneur
Christ « Que celui qui veut être mon disciple se renonce à soi-même (3) »
:

Et comment l'homme se renonce-t-il à lui-même, sinon en disant adieu à


ce qui était en lui, en se vouant à l'amour de Dieu et en rejetant les pen-
sées mauvaises et les désirs coupables. Nous t'avons expliqué quelle est la
voie du salut et quelle est la voie des œuvres mauvaises. Prends-y bien
garde; scrute ton cœur et guéris ton âme comme le médecin qui re-
tranche la chair corrompue pour soigner et guérir le reste. De cette façon
tu assureras à ton âme et à ton corps une santé parfaite et tu parviendras

(1) Luc, VI, 36.

(2) Math., XXV, 40.


(3) Math., XVI, 24; Luc, ix, 23.
UNE VERSIOX ARABE d'UNE HOMÉLIE SUR LA PÉNITENCE. 265

à la gloire et au repos qui ne finiront point. C'est là la doctrine céleste


qui conduit au paradis et grâce à laquelle l'homme ne sera point privé de
la louange et de la gloire avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant, dans
tous les temps et dans les siècles des siècles. Amen.
L. Leruv.
HISTOIRES DES SOLITAIRES EGYPTIENS
[Suite (1); ms. Coisliii 126, fol. 108 sqq.l

175. — 'Ava^copTiTTiÇ ri; yiv èv opei xaOr'p.svoç /.cà zukocSdx. izpo-

XOTTTOJV £V TOÎÇ uIoSGlV AvTlVo'oU, /.al TCo'X'Xol TCO AOyW «ÙtoG (I)(pe'Xrj'JVTO

xxl T'^ -pa^s'.. TotouTCd ^s ovTt x'jtC), ècpGovYioev, (î)ç (f" i98 r") -/m

xacri TOlç èvapéxoiç, ô iyji^o^, xal 'j770ba>.X£'. Tvoyiap.ôv toioutov toç

eùXo.é'gia; aCiTor ôti où/t oç£i"X£iç So'AsuEGÔai vi ^iay.ov£ï(T6ai û<p' érépou,

oûCky. y.cà ^.iXkuv srépo'.ç ocpsiXwv ^'.a/.ov-oTai où Staxovsîç, àlT^zye, xàv

(jsauTw rîoulsuGov. Totyapoijv a77£A0c, TCc6X'/i(7dv (jou rà CTVupiota x,al

àyôpaiTov ao'j Taç j(_p£taç, y.a.l àvzGTpecps aù6iç stttI T'/jv àvay^côp-ziGiv

(jOu, -/.y.l [/.'/iSevl Pxpoç èxiTiôe'.. Touto '^è (juvsêoûXsufjsv ô ào).ioç, cpOovoiv

aÙToO Tr,q 'ho\)jj,aç vcxl ttïç ckouG'/i; G'/o'krii; -pôç xôv ôsov, -/.al rviç tcov

xoXXùv clxpeXsiaç' iravro-j^dOev yàp ô £5(_Ôpoç èTTVOuSa^e Ovipsuetv dùrav.

O (^è w; Ètt' àyaOû XoyiG'xû xeiaOsl;, xaTsêv) £/. toO [y.ova.aTVîptoi»

a'jToO 6 7C0T£ Oau{xa(^d[j.£voç, axEipoç cov t^ç tcoUtiÇ xavoupyiaç (f" 198
v'') Toû £V£fîp£'j(JVTOç, 6 yvcopi^-oç /.al TC£pt'|/-/i[AOç uTCÔ Tciv ôpwvTwv àva-
-/(op-/iTyi'ç. Aià TCoD^ou Se ypdvou cuvTuyojv yi)var/.l, /.al £^ àirporiEÇiaç

ay.e'kic^klç , dT^Owv £iç k'oviaov totcov à/.o>.oi»6ouvTOç aùroi toO ÈyOpoO,

£77£'7£V Xapà 7V0Ta[7-dv. 'EvOupL7lO£l; ^2 Ô'^'- ° £/0pOÇ £Xt TV] 7VT(')-


^X'^?'^

c>£i aÙTO'j, viOÉV/ifffiv ÉauTÔv à7r£l'77tCTai , 0TnT£p [xaliTTa tô ToCi 6£0Û

7vv£'j[j,a £>.uTC-/i'7£, /.al TO'jç àyyfiXouç xal Toù; àyiou; Trarépaç, tôv xoX'Xoi.

/.al £V -îroXECt Tov iyOpov v£vi/.*/i/.a'7iv. Rai 0'jS£vI to'jtiov o^oio)Hûç,

iï-D-KiiTO TCpd^px, /.al [7//1 [jt,V7icr6£l; Ôti 6 6£oç j(_topv]y£'i' ô'jvajxtv toT^ ix'

aÙTÔv yv/icrtcoç élurCouTiv. llwpcoOElç èiçl tyï toO T:XT|ixp-£'X7)yaT0ç 6£pa-

7:£ix, 7i6£'X7i'7£v Éa'jTOV £1? To pcQij.a (f° 198 V^) TO'j TTOTajxoû pi^l^ai £1;

(1) Voy. li)07, p. 1:5, 171. :m; r.xtS. p. 47.


HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉfiYPTIKNS. 207

Tviv; 4"-*/'^'^ aÙToG to C(Ï)[/,oc -/i^rO^v/iGev, se [A"/i îi'JTcpov 6 è).c-/)[A6)v Oeô;

èêoviOyicTEV aùxô) (xt) àTvoOavsrv, eiç Tsls-'av yapàv tou èyOpoO. "KrjyaTOv
5s £Îç ÉauTOv èlOwv, eXoytTaTo Tr'Xei'ova /.ottov èv x.aK,07ua.O£ia èvoci^a-

c>Oai. IlaXiv o'jv àvey(6pyir7ev i-l xô iV^iov [j.rjvy.r7Tr[pi,ov, x.7,1 t7-(V Oupy.v

àvacppaEaç, wç cisî x,);aiet,v stcI vsjcpro, oûxwç sV,Xa.i£v i/.sxe'jojv xov Oîôv.

Nïirrxeucov (^è y-al àypKTTvdiv p^exà àOuyiai;, s'Xe-xuvOvi xo Twp-y. aùxoG,

TT^vyipo^poptav j7.£xavoia.ç ouirco rrjwv. T(ov rîè à^e'Xoàiv Tira.paÇaX'XôvTtov

TTpoç otùxov 7i;o'X'X3c/«'.i; Trpo; o)(|)£>.£iav dauxiov, /.al "/.pouovxoiv xriv 0'jp7.v,

aOxoç D^eyEV (f'' 199 r"*) [xyi Suva^Oai àvotyEtv, (^£(^or/.x yj'-p ^'l'J^ Xôyov,
£vx £vi(Xi)Xov yvy)C7uoç [;-£xavo7ÎGxt, xott i'T^eysv* £{)C,a'70£ uTrÈp £[j.O'j, "/i-

n:op£i yàp xo x-' àTvoloy/frraa^ai Six xô jv//) G/',xvSa'X'.<70-?ivai xoùç x/.O'jov-

XX-;, oxt -Àiv TTxp' aùxoTç xtaioc ucpoSpx xal [JÂyxç [7-ovayog. Kxl ÏTZoir,-

(7£V Ô"XoV xov IviaUXOV, £)CX£Vâ); [J!,£XXVOCOV , Xcpl à^£ x-Àiv r/[7.£pxv TOG

Vly.Gjcc, X7]v vu/,xa x'^; âr^iy.q xvacrxxG£co; , T^xêwv >.'Jyvov y.atvôv y.xl

TJtsuzTa;, £67r/.£v £v xaiVYi 5(_'JTpz, -/.al Trco[xaca<; aùxyiv xcp' £(7-ô'pa; £15

sùvviv àv£Gxr, lÉyiov

'O oï-/.xip[X(ov xal £l£-/i'j;,(ov Gaô;, ô xal xo'j; [3apêapoi»; OsXwv gwO'^-
vai xal £Ïç ÈTviyvwrrtv xV/iO£txç ÈXOstv, Tcpo? gÏ xxx£'pi»yov xov Gojxio'pa

xôJv ^l^uywv. 'EIetitov {AS, xov TZoXky. (7£ TcapaTuixpxvavxa (f" 199 r")

£Îç X,apàv xoO ÈyÔpoî? xal t§où v£xpo:; £Î(j.t. uTvaxouGaç xto syGpw. Su,

0£«7TC0xa, xal xoùç ccGeSeiq xal xoù; àvs'Xsrijy-ova; iXzeïq xal xo'jç xV/intov

£'X££Î'v ouyaGXSti;' oixxsipov [xou xviv xaTTcivioTiv, Tuapx Gol yàp àbûva-

xov O'j^àv, oxi Trapà xov ASviv ^isGxopiciTO'/i -ô ^uyr, [/.ou- 7roiri<70v sIeoç

oxt ypviGxo; £1 £tcI xo ïâiov x'XxTjAa, ô [/.ÉlVov xal xà oùx ovxa (7W{/,axa

£v TV) -riijA^x TTiÇ àva(jTacr£(i)ç £y£ip£t,v. EîTaxourrov [7-ou, X'JpiE, oxi £(;s-

>;i-£v x6 7^v£G[/,a [^ou xal -/î xaXaiTTwpoç (/.ou 4"^5(_"l'. 'EçExàxyi ^à xal xô
gCoi^jA [/.O'j OTTÊp IpLiava, xal oOxs'xi Inyûoi ^-^v xÇ> gw «poêw cuveiVriix-

j7.£voç' àvO' cov x£Oippr,xa (7uyx£ycopr,(jOai xô 7rVri[X[ji'X-/i[7-a xyî [A£xavo''a

SiirV/iv £)^(ov x-/)v àv£l7rt<7xiav (f° 199 v") i^cooxotvi'jôv |7,£ GuvxpiêÉvxa
xxl xÇ) Gw TCupl TCpo'Txa^ov xov )^uy_vov xouxov àvaçpGvivai, o'ttwç laêcov

xxyw OapGOç ÈXeouç ex xwv x*^ç Tuy^^œp-ziGEO); oixxt.p[/.63V, xôv èttCXoi-ov

ov av {/.ot yapiGT) x-?i; [3u6g£('j(; [xou ypo'vov xàç Ivxo'Xàç gou x'opwo, xal
xou GoO çpôêou [xv] àiroGxw, àXXà yv/iatcoç oouXeugo) goi xal t^Xeiov /)

Trpo'xépov.

Kal xaùxa stxcov èv x?i vuxxl xyjç àvaGxr.Gsco; 7,cxà oxxi-j^ov ttoX-
268 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Icov, àvc'jTTi t^siv tl vitpGvi X'jyvoç, K.al àvax,a>^'j<]^aç /.où iotov ôti

où>t àvv]<pOvi, Tva'Xiv xeawv stïI 7:poGû)7rov xov /jjptov Tcapsxà'Xsi T^eycuv
Oiôa, y.upi£, ôti àycov yeyove toù cTe<pavo)'OTvai p.£, x,al où TrpofTsVyov

TOÎÇ TTOTiV |a,OU, iVJ[X£VOÇ [/.àXVjV TYj T*^; (7apX,0Ç -^^OVY] (f" 199 V'') TWV
àceêûv T-?i' xo)^5C(J£i ÙTzay^iri^oii. (ftlaoLi oùv, jcûpie, t^où yàp ttzXiv

£CO(^.0>.OyO'J[XXt T'^ CT'^ JÇ^pYlCTOTTiTl T'/jV £[XV)V à(7)(_Yl(/.OCUV71V , £VCÔirt,OV

TTxvTOJV T(i)v ocôv àyy£Xcov y.al oixaiwv, "/.al eî p^ ort (7x.zv^a>.ov r,v,

xal Totç àvOpwTTOiç àv £^o[;.o'Xoyy]'7a[/,v)v, ÔOev oïx,T£ipdv [/,£, iva /.ai cTk-

7.0IJÇ 7rXl^£'J(7a). Nal, 5CUpt£, ^(00TC01-/1C0V [7.£. Kal OUTWÇ Èrl Tp£rç £Ù^9C-

[X£voç £t(7y))C,oû(797] , xal àvaciTàç, £0p£ tov >.uyvov 7^a.[/7rpâ<; x.ai.d[/.£vov.

Rai àyal>.ta(7a{;.£voç t^ £>.7t:t5i, ïtjyfyGe tyi t^ç xap^t'aç yoL^^, /.al i'j^aipev

vîOEojç 6au[y,:c^wv tviv j(_apt,v, ôti auTÔv £7ïA7ipd<pop"/i<7£ xai Iv toutw 6

Geoç* xal £>.£y£v ôti àvà^iov o'vTa |X£ x,ai T*flç too x.ogjj.ou ^w^ç, viXÉvi^jaç

tÇ) [jt£y7A(f) TO'JTW /cxl •/.aivoT£'p(o afi^-tidi. O'jTwç (f" 200 r*) ^£ SlX-

{;-£tvavTOç aÙToO tt £^o[xo)^oy/i(7ei Si£(pai»rr£v vî 'h\J'i^^f v-y^^ "Àv EÙcppat-

vdfxevoç £V /cupio), (7(o{/.aTi/-^ç Tpospviç £';ri>.a9d[7-£voç. ToO oà Xùyvou to


TC'jp ôXaç Tz; vî;7-£paç xÙto-j fît£(p»J>.a^£V, â'Xaiov i-KiyJo)^ -/.ai '7-/-eux^(ov

aÙTO avo>9£V ôttwç |xyi cêscOri ; )tal outco; Tvâ'Xiv to Q£!.ov tcve'jjxx £V(ox.-/i-

(7£V £V X'JTW, -/.ai £y£V£TO TiràctV ÈTVlCrrjiXOÇ, TX7i:£lV0(ppOVtOV, Xxl TY] £(;q-

[jt.oXoyyi<7£i x,ai t-^' £Ùyxpic»Tta Tûpôç KÛpiov £Ù(ppavTix.6ç" "Ot£ o£ ziJ.tXks.

y.xl TTiV i];uy/jv Tiapx^i^ovai, EîSe 7:po 7Î[A£ptov à7roy.x'Xu<|/t.v.

176. — r£p(jt)V Ttç £-/,x9yiT0 £iç [xax.pàv £pvip-ov, £iy£ <^£ (juyy£vi/.-/)v,

•/.al ^ix TvoXXùv £Tà)v £7r£6ufr/icr£v aÙTOv i^£tv, xal xepi£pyacap-£VY)


TTOÛ xaôr/Tat, yMax'/] /al viIÔev £iç tviv oSov tt,? (f" 200 r") £pyi'(7.ou, /al

£i>poii(ya çuvo^ixv /airAwv £tc"^XG£v £t(; tviv £pr;p.ov (7.£t' aÙTtov. 'Hv ^£
£>;/o[X£vr, ÛTTÔ ToO ^laêùXo'j. Rai ÈiÔo'jTa £tç t'Àv Oupav toO yÉpovTOç

-/ip^aTO à^ô Gyi[X£{tov <7'jvt(7Tav£t.v ÉauTViv, lÉyouira* oti (juyy£vi/yi' tou

£1|JlI, /xl £JX£'.V£ TTpO; ailTOV. no>,£[X7l6£lç Si Ô y£pWV £7r£(7£V £t(; aÙTVl'v.

^Hv ^£ Ti; «Xko^ ocvxybi^-fi'vhç /x07f|7.£voç sic Ta /xTw [X£pr,, y.al èy£-

[Xi^£ TO pau/aXiov ui^xtoç, /al £i; tviv oipav toO çay£Î'v £<yTp£^^£To /al,

/xt' otx.ovo[J!.iav 6c0'j, £tn:£V £v éauTÛ* E{(T£pj(_o[;.ai £Ï(; tyiv Ipyifxov /al
àvayy£>.w tû y£povTt. Rai àvacTaç, £7:op£û9ïi. '04'''aç oè y£V0{A£V7iç,

£/oipi.r[6Yi et; Upov ^aifAo'vojv /axa tviv ôi^o'v. Rxi vi/ou(7£v sv t^ vu/tI

TÛV (f" 200 V*) (^aifJLOVWV 7;£yoWoV OTI T-^ VU/tI TXUT'/], £ppî<|/a[J!,cV

TÔv àva)ç_wpYiTviv £lç 7ropv£lxv. Rai à/oucaç è'Xuu"/) Ôti , /al é'XOwv iyyuç

ToO yÉppvToç eOp£v a'jTov CTuyvôv, x.ai l£'y£i aÙTtV Tl tvoivÎcw, àêba.
HISTOIRES DES SOLITAIRES IXiVPTIEXS. 200

oTt ysai^oj [/.ou tù pau/.z'Xiov uôaTOç /.xl £'-; t-/iv (opav to'j «pay^tv Cirps-

©sxai; Rai "kéyii aÙTÔ 6 ys'pwv Su -/ilOsç eptor^cat [/.£ on tô ^au-

)'.z;>>iôv [J.01» cxpÉcpSTai, èyto f^è xi xoi-zicft), oxi T'/iv vux.ra rauT/iV tté-

TîTwxa sîç TTOûveiav. 'O ^£ etiTEV Kàyw £(/.aOov. Rat Ae'ysi aÙTcu' 7:0»;

ol^aq; Rai etTrev aÙTor Roi{/.(è[X£vo; Yj[;//iv £v toj Upôi, /.al rysiurnx twv
^ati/.ovwv >vaXoûvTiov ivepl coG. Rai ei^ev ô yspcov 'Iboù /.àyw iz^i^yr^-

[7,ai £tç Tov xocp-ov. 'O §£ xapsKrAei aÙTOv 7>£'ya>v' Mr, (i'° 200 v''j

7raT£o, àVAa Trapâjj-Eivov £v tw totcw co'j, ttjv Se yuvaîxa à7:o<7T£i>.ov

svOev tooto yàp çi)vàvTVi|/.à ècxt too ij^^où. 'O oà à/.ou(7aç a'jTou

ÛTTTÉaSlVSV £7riT£lVtOV TT,"»' TCrAlTEiav auTOU [ASTa Oa'/.pUOJV, É'wÇ Ci'J TiXOev

£tç T-flv àp5(_aiav aùroo Ta^iv.


177. — 'Af^£7;(poç '/ip(6T'/i'7£ ylpovTa lÉycov 'Eàv cujj.é-lo Tivà £?;

TCeipa<7{Jt,ôv £[XTC£(j£Îv xaTx T'.va £V£py£'.av, xt yîv£xai àiz xoù; c/.av^a-

licGÉvxaç; Rai ^f/iy/f^axo T^sycov Aia/.ovo; xiç r,v 6vop.a<ïxôç £v /coi-

voêuo xriç Atyuxxou' §iw/.d|7,£voç §£ xtç 7ro"XiT£uo[X£voç iy. xoo apy^ovxoç,

7l);6£ [JLExà xavxoç ToO oi/tou aùxo'j SIC xo xotvoêtov, xal £^ £V£p-

y£iaç xoO xovvipo'j, é'^ecs [/.exà yuvaix,oç 6 ^ixx,ovoi;, y.al yéyove irccGtv

(f° 201 r'') aicy^uvTî. 'AirviXOsv Se irpoç xiva àyaxvixov aùxoD yÉpovxa

xal àv^'yy£i'X£v aùxû xô 7rpay[/.a. Eljrs oà 6 yspcov xpuTTX'/ipiav £G(6x£pov

x?iç )t.iXkriÇ aùxoO, xal 7Vap£x,à'X£(7£v aùxôv ô S'.ay.ovo; "kéyiov ©a'iov

ULE (or^s (côvxa x.al j/,vi àvayy£i"X"/i; xtvi. Rai £t(7£lOcov £Ïi: x*ov Gxoxiav
£X£tV/",v [7-£X£vo-/ic»£V £^ àV/iO£ia;. Rocl [X£xà /_povov xivà, où/, àvsêrj xo

{i^wp xoo xoxapt-o'j. Rai xxvxcov Xixav£i>dvxa>v, àTrsxaXûcpOyi évl xwv


àyîojv, ôx'. eàv [xvi £"X6'/i 6 Ssiva ô otavtovoç, 6 /.£/.pu[j.a£Voç Tvapà xû
Seiv. xÇ) jAOvayoJ, où/. àv£py£xai xo ù(^wp. Rai à/.où(7avx£(; IOaijp.a(jav,

>c,al èXôovxeç £ç/iv£yx.av aùxôv i-^c xoù xottou où -^v, xal •/lù'çaxo xal âveêvi

xo ùStop, xal 01 (jXav^aXtdôîvxEç (t" 201 r'') Tuoxà ttoT^Xoj [/.alXov wos-
}^-/îô"^<îav £7il x-^ [;.£xavoia aùxoO, xal Èôd^acav xov Ôeov.

178. Ei';T£V y£pWV 6x1 TCoXWt TC£ipa(o'p.£VOI, £X GCOp.aXlXÙV 'fl^OVWV,

[;//) x'XyiGiacavxfiç Gc6y-aGt, xaxà oiàvoiav £Ç£TCo'pv£UGav, xal xwv aïo-

u-àxtov xapOÉvtov (pu'Xaxxof/.lvtov, xaxà 'i^^'/^h^ éxTîopvsuouGiv. RaX-ôv oùv,

àyauYixol, TCoi£t'v xo y£ypa[x[ji.£Vov , xal -jvaG'/i (pu>.axYi i'xaGXov xyîp£rv

xr.v éauxoù xap^tav.

179. — 'A^£>.^ol ^ùo àiTTi'XOov £iç XT/V àyopàv 770)VîiGai xà GXSÙVI

aùxcov. Rai (î)ç àiT'fl'Xôsv ô £iç àiro xoo évôç, £îr£G£v elç TTopvetav. 'EXOcov

^£ Ô à^s'Xcpoç aùxoÙ siTVEV aùxco"


270 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

"Ayœ[/.£V 5Ïç t6 x-sHiov -/jy-cov, àl^e'Xcpe. O Se â7C£)cp{()'/i aùxw T^éytov

Où/C sp^O[/ai. Rai TrapsJcaXsi aÙTOv Xéycov (f" 201 V*) Aiaxi, aSe^cpé

{7,ou; 'O ^£ eÎTUcV "Oxi àxsT^OovTo; <70u à-rt' £[jt.ou, s'TTsaa eiç Tcopveiav.

Rai Qé^wv /.spo TiGa,!. aùxôv 6 àSeT^cpôç aÙTOu, '/ip^aTO léyeiv aùrÇ)*
Ràyù) ô)ç aTCYiXBov àxo aoo, o'jtwç (aoi yéyovsv, àAX' aytojAsv [j.£Tavovi'-

cco[j!,£V ÈfXTrdvwç, xai 6 Osoç cuy^fop£i 'ô^iv. Rai l'XOdvTeç àvvi'yy£t.'Xav

Torç yépouci, To <7U[;.êàv aùroK, y.al £^wx.av aÙTOiç ÈvroT^àç toi) [/.Exa-

voTJGat, -/.al 6 eL;; uTCÈp tou aXT^ou [v-etevosi wç xal aùxôç àjxapTvîcaç.
'lowv 6q ô Gso; tùv xotcov ttiÇ OLyxiz'riç olxjzou, dço) okiyoiv vîf;-£pàjv

icpavÉpoxjEV £vl TÙJv yEpovTwv oTi Sià TTiV TzoWry àyaTïviv toO |j.yi à[/.ap-

Tvi'aavTo; (xoeT^çou, Guvfiywpvica tw àjjiapTrlcavTi.' 'I<^où toutô egti to


TtOÉvat T71V (f" 201 v'') 4"^5(_viv aÙToij uTTÈp ToG à^ET^cpoO aÙToG.

180. — 'HaÔs tcot£ à(^£lçoç irpdç Tiva yÉpovxa, y.al eItvev aùxû-

ÔTi à^filçoç [j-ou xapa'XoEt [X£ à7t£pj(^6[;.£VOÇ wi^e xà-zCEi, xal 9>.{€o[j.a'..

Rai 7rap£/.à);£i aùrov 6 yepwv 'XÉywv BxcTa^ov tôv â^ET^cpdv gou, xal

d OeÔç p>.£7rojv TO Ipyov T-fiç i>iïo^.ovrjq coo, cpÉpEt aÙTOV, où yàp p!.£Tà

CX,X'/]pdT'/lTO? EÙ^EpÈç (|)£pEt.V TtVZ, OlI^E ^at[xwv ^a([j-ova £/.êa>.X£'., à'X'Xà

p.à);Xov T'^ ypTTTTOTViTt îpspEiç aÙTov, xal yàp 6 ÔeÔç T/V-wv, tyi xapa-
xV/fcei çs'pE'. Toùç àvôpwTCOuç. Rai ^iviyvfcraTO lÉywv* "Oti T|(7av £v 0vi-

êaioi Suo ào£'X<pol, xal ô eIç 7ro'X£[j(,yiO£l; Etç xopvEiav, £X£yE tû àUor
Tirayto £tç tov xd<7[j.ov. 'O ^£ à).'Xoç Ê'x'XatE "kéyiùV Oùx àcpài <7£,

a^E^ipÉ ij.oi», à-TET^GEiv, xal aTToXÉcrai. (f' 202 r") tov xottov cou xal t'/iv

TcapÔEviav (70'j. 'O ^è oùx etvsiGeto XÉywv' Où xx9vi[Jt.at £t [A'/i ccTCÉ'XOoi,

71 £)^6£ [/.et' £tJ,0'J, xal -Kxku UTtOGTpÉcpO) JJ,£Tà COU, Y) àTTOXlICOV [X£ Xal

jj.EVW £Îç TOV xdcr{/,ov. 'Atte'XÔwv ^£ ô à^£l(po; àv/fyy£i'X£ y£povTi j7,£ya>.w

TaOxa. Rai eIttev aÙTôî 6 yÉpoiV "Y7ray£ [/.et' aÙToiï xal 6 Ôeoç, ôià

TOV XOTCOV (jou, oùx à^tsi aÙTov 7U£<T£tv. Rai àvacTotVTSÇ vjlOov Etç T-^v

oIxoujjle'vviv, xal wç fçpôaaav ttiv xio|j//iv, tSwv ô Geo; tov xottov aÙTOu,
'ÀpE TÔV 7vo'X£[/,ov £x ToD à^£)^(^oi} aÙTOu. Rai T^syEi aÙTw* "Ay (oy.Ev
Tcaliv Etç T-flv epYijj.ov, a(^£Acp£, ii^où vd[7,i(70v ÔTt •/ifAapTViiîa, ti Ixsp^Tica

£X TOUTOU. Rai ÛTCCTpE^'av àS'koi^jiic, sic rb xe'XXiov aÙToiv,


181. — 'A^EXcpôç ÙTTo ^ai{j,ovoç 7ro>.£|7//i6Elç aTT-fllGE (f° 202 f'')

TCpd; Ttva yEpovTa 'XÉywv "Oti oî ^ùo oc^eT^ooI exeTvo!, jj.et' aAX'flXwv

£ta'!v. "E[/.aO£ oà 6 ys'pwv OTt ùtto ^at[/.6v(ov '/^"XEua'CETai, xal 7T£[7.t|^ai;

£(ptov7ic£v aÙToù»;. Rai ote 'o'^ï sylvs-o eO'/ixe i|;iaOtov toTç oùo à.oi'k-

«poî'ç, xal £(jx£7iac£v aÙTOÙ; tiç sv <7Tpw[7,a TvEyiov 'Oti Ta TEXva toù
HISTOIIIES DKS SOLITAIRES ÉGYPTIENS. 271

6eou àvia eÎGtv. EÏTcev Sk tw [^aO/iT-^ aÙToO" Tov ààe/.cpov toùtov

àiToyAsKTOv etç to xeT^Xiov Trapapipoç, aÙTOç yàp ro TCy.60; e/si £v éauTw.

I8î2. — 'A^sXcpoç elirev yépovTr ït TOiri'ra); oti àTCo/.TSivei [xe ô

puTrapoç >.oytc[xdç. Aéysi, aù-w 6 ylpwv "Oti o); ÛeAei -/i p.r,T-op y-iro-

ya,>.ax,Ti<jat tÔ ^xt^tov éocurviç ay,iXka.v ^xklii sic tov [ma^h^ aÙT^ç -/.al

£p)(_£Tai To (f 202 v") Tuai^iov Tô sOei Orilacai y.7.1 àirô t/i; TCixpia;

aÙTOÛ (peuyei, [!laX"X£ x.al cù (jXiVAav. Alyei axjXM h cf.^t\m<;' Ti £c;tiv

•fl (SV.iXka., 71V coçeT^^^ov [îaTvXeiv. Rai elTcev ô yépwV TtiV pv)[;.r,v toO O'/va-

TOU Xal Tùiv /.oloCTTripUOV TO'J [xs'Wjvtoç aïojvoç.

183. — 'O aÙToç YipwTViGÊV al'Xov ys'povTa TC£pl toO aÙTOu >.oyi'7-

fAO'j. Roù Xs'yEt. aÙTw 6 yÉpwv 'Eyw oÙ(^£-ot£ é7ro'X£p.-/ÎÔ-/iv eïç Trpàyp.a

TotouTov. Rai scxavf^aXiGÔTi 6 à^E^cpo;' y.al à7i:'^X0£ tcoô; àXlov yspovra

lÉycoV 'Ir^où TO'JTO [Aoi £iTC£v Ô (^£Îva 6 ye'pcov, /.al £'j-/,avôaAtcO'/iv on


U7VÈ0 Ty)v cp'jGiv £ÀàXr,(7£V. A£y£i aÙTOj ô yÉpwv où-/_ àxlw; £i-£v coi

TOUTO 6 àvSpWTCOÇ TOG G£00, 'XoiTTOV £y£tpO'J JJ,£Tavd*/lC70V aÙToi, l'va EITC-/1

(701 T71V (^uvajy.iv toO 'Xdyou. (f. 202 v'') 'Av£CT-/i oOv ô ài^eXçô; /.al

7)X6£ Tcpcx; TOV ylpovTa /.al â'êaXsv aÙTw [ASTCcvotav lÉytoV Suyj^^wovicov

[j,ot, àêêa, ÔTi à©po'voj; siuoivicra, aTiiVTazTwç içe'XOwv, y.ai Trapa/.a'Xto

G£, £p[J//l'v£U(jdv p,0l TCÙiç oùS£'KOT£ £XO"X£p//]'0-/lÇ £^ 7ïOpV£taV. A£y£I. auTÔ)

6 y£'po>v 'A(p' ou yiyova pva/o^, où-/C È/^opTaG^viv aprou, o'jts ûoaTo;,

uTCVou, /.al TouTiov oj\oua6i [Aoi Tcavu, où/. a<p-/;/.£ ;x£


0'jT£ 7] fAÉpipLva

aiGGavG-^vai toG tto^s^aou ou EÏpyixaç. Rai £^-?ia6£v (bçeXviOEl; ààîk-

(pd;.

184. — 'A^£>^(p6; vipu)TyjG£ Tiva tûv -jraTeptov Asytov' Tî Trof/icrco oti

7rzvT0T£ loytGfAo'; (jlou £iç T7;V '7i:opv£iav IctIv, x.at où/. acpÎEt [i£ ava-

Tua-^vai [xiav wpav, xal 6l(ê£Taî [aou -/] "l^u^vî. 'O oe eîttev aÙTÛ'

"ÛTav 01 Sixi^.o^iq aizd^oiGi Toù; loyi(î[J.oùç (f. 203 r^) [X'h GuXkcd'fiariÇ,

aÙTOîç. AÙTÔiv yâp ècTi to ÛTToêàX'XEiv iràvTOTS xal oùic àfXE'Xouciv ,


ou

[xsvTot ^là^ovTai. 'Ev col §£ £CTtv Ss^acôai Yi [Xyi ^É^acÔai.. Oiba; tî

£77oî-/icav ol Ma^iavtTai ; 'E>ca"X>.{67C'.(7av Ta; GuyaTspa; aÙTwv /.al scTr,-

cav, Tivà ^£ aÙTÔiv où>c ié'ixcavTO, oCkV ol OeXovTfiç stuecov (X£t' aÙTôiv,

aAVji ^£ àyava/.T-/î(7avT£ç, prà àTC£il7iç «po'vw È^pvîcavTO- Outcû; £cti

/.al èm Twv Xoyic(;.ôv. ATioxpiOslç ^à 6 àS£'Xcpoç £Itc£V tw yspovTi* Tt

ouv xoiYicTd) ÔTi à(70£V/iç £Î[J.t, /.al TO TvâGoç vi/tà [xe; 'O oà £ir£v auTw'

RaTavoricov aÙToù;, /.at oxav àp"/yiv (^zltoct AaT^stv, [xvi àxo/.pior.;

aÙTOLç, àVA' àvàcTa £u^ai, /.al [izl£ p.£Tavoiav 'XÉywv 'Xil toù Oeou
272 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

sXs'/icrôv u.e. EIttev oùv aùrS) 6 à^eT^cpoç* (f. 203 r'') 'l^cj [^.sT^jtôj,

àêêâ, /.al où/, ïari p-oi /.aTzvuçtç èv tyî /.apSia [/.ou, oti oùx, ot^a t-^v

8ùva.jj.iv Too 7.oyou. 'O oè sittev aÙTÛ" Su {/.o'vov [/.e};ST'/icov . "H/ouaa


yàp oTi £Î77£V 6 OLbbaç HoipÀ.v /.al xo7;7>,oi. twv Traxapcov tov aoyov
TOUTOV OTI z-KXOiooq OU/. oto£v Tojv pvi[/.aTOiv cov Asyst T7)V ouvau-tv,

à>.)ià To ÔTiptov à/-oÛ£i, /.at oIô£V /.al ÙTCoTàcGETai zal TaX£ivo'jTat.

OuTioç /.al •^[Jt.£Î(;, /.àv où/. oioa[;.£V tùjv p-/i[j.àTwv tviv ^'Jvaj;.tv, wv Aa-
Tvoo'jLSV, àlV oî ^ai[/.ov£ç àxouovT£ç cpôé^fp àvayojpoOcriv.

'185. — "EX£Yov oî y£'povTe(; Ôti ô "Xoywp.o; Tr,ç '7ropv£taç ptêXtov

£gtIv, làv oùv GTZCf.p'fi zlç '^jv.âç, /.aï, y:}] TTEiOopievot aùxâ à7Voppt(|/w[/,£v

aÙTÔ àcp' •/îjj.ôiv, [/.exà àvairaÙGSojç /.o'TVTSTai, làv ^è Trapo'vxo; aùrou

(f. 203 v") £yyAu/.avO(0[;.£V aÙTÛ wç 7r£i6dy.£VOt, àvTicTpacpelç yiv£-

Tai ciiî'/ipoç /.al ^uG/.olw; x677T£Tai. Xpeia oùv stti oiaxpiTStoç £v tw


Xoyi(7[J'.to TOÙTw, tbç TOiç [Jt,£v 7:£iOo[X£Voiç aîiTw, oùx I'gtiv è)v7ïlç CWTr,-

oiaç, Toîç ^£ (///i 7V£i()o[/.£VOi; aÙTw, b (7T£(pavoç à7r6/.£iTai.

186. — 'A^£};<pol f^ùo 7i:o7v£{x-inG£VT£(; ÙTCo Tviç uopvEiocv; â7ur,X6ov xal

k'T^aêov yuvai/.aç, uGXEpov 8l eiTCOv 7rpo<; àXkr'kouç' Ti £/.£pôvi(7a[j(.£V Ôti

àii/'/i/.a[j.£v T*/iv àyy£'Xiy."/iv xa^iv, /.al •/iX6o[/,£v sic ttiv y.y.ix^x^Giy.v TaÙT7,v,

/.al [7.£Tà xaùxa £iç "Op /.al si; -/Jj\c/.<j\.-^ ^iVko^.îv Ù7ray£'.v ; £^£lOo)[7.£v

TtdcT^iv £Îç T71V £p7i[J!.ov xoù [J-£TavoYicr(i)|x£v. Rai è^£>.6dvT£; uapeytàT^Ecrav

Toùç TiaTÉpaç Couvai aùxotç [j.îtxvoixv, £^op.o"Xoy7icà[X£VOt (f° 203 v'')

aT7£p é'ma^av. Kal à'7r£/.7^£i'7av aùxoùç oî y£povx£ç stcI Iviauxov, xal

xotç Sùo eTTic'/iç £^î(^oxo apxoç xal uotop, r,i7av oè /.al tvi £Ï^£a ô{/,0'.0!,.

Kal ox£ èTrV/ipcoÔïi o xaipo,; t-^ç ;j.£xavoiaç, È^'^XOov, /.al sî^ov oî tc«x£-

OEÇ xôv £va vT^copov /.al cxuyvov xzvu, xov ^à à>v>,ov £Ù6aAr, /.al çpai^pôv,

xal ÈOaùw-acav, ô'xi xal xpo^'/jv imariq ilâp-êavov: Kal -opcoxviGav xov

Gxoyvôv 7.£yovx£;' Ti rj^o'keGyzq [j,£xà xùv 7^oyi(7[/.ûv £tç xo xelT^iov

Gou •
'O ^£ £<p"/i* Ta xaxà à Ituoitigo,, xxl t"/iv xoXaGiv eÎç viv £[;.£Xlov

à7î£"XG£Îv £>.oyi.*C6[j.riV, xal àxô xoù «pdêou, £Xo7.>.'40-/i xo ogtoîjv {xou xyî

Gaoxî ij.ou. 'HpcoxTjGav ^è xal xov «Xkow Kal au xi èloyi(^o'j Iv t'ô xap-

Siy. GOU £Îç xô xelXlov gou; 'O cU £<p'/)' Tû Oew £Ù^api'Gxouv oxi £^£''-

};£Xo' [XE à-rro x-^ç (P 204 r'') àxaOapGtaç xoù xog^lou xal x9,ç xoT^xgecoç,

xal -riyo-yé u.z eîç xviv àyy£7^txyiv xaùxTiv xoltxeiav xal u.vn[7.ov£Ùcov xoO

Geou £Ù<ppaiv6[Xïiv. Kal £i7;ov oî y£povx£;* "Oxi ima-oç 'h [xsxavo'.a xtôv

â'ÙO £Gxl TCpOÇ xôv Gsôv.

187. — réptov xi; T,v £V Sx'flXEi, xal £[/,7r£Gcov £tç aGÔévEiav [Ji.£-
IIISTOIRKS DKS SOLITAIRES KfiVI'TIKXS. 273

civ, ï\zyiv' 'YTcayco stç Al'yuTVTOv, ïvx [x"/i TrapaX'jo) Toùç àosAi/oo;.

Rai XÉysi aÙTo> ô àé'é'àç Mto^jcrviç* M'/) à-ê'lOr,ç, èirel elq 7wOpV£iy.v

£^£iç TZ-sTSiv, 'O f^è luTC-ziOslç è'isysv 'AxéGave to 'JoJp-a jaou /.al TaCiTîc

|7.oi "kévHçl AtttîIOs O'jv etç AtyuTïTOV, x.al ocx.ouTavTs; oî àvOpwTuoi TuoXXà

xpoaé'pspov aÙTO), y,al TrapOsveuoufra p-ia ^axà -tvigtiv -/iXOev û-YjpeTsTv

Toi yspovTu (f° ^04 r'') Msxà §è ypovov [xi/.pôv 'jytzvaç, stcsgs [xet'

aijTYiç 5cal £V yaGTpi ï\y.^v). Ol f^à avOpioTCOi sIttov aùrvi* IloOev toOto;
'H ^è £i7tev 'Atïo to'j yÉpovTOç. Rocl où/, £TCt'7':£U'jav aÙTvi. 'O r^à

yspcov ïlfiysv 'Eyw ÈTuoivicra, àHà (po'Xaça,T£ to xoci^iov tô y£VVCL)y,£-

vov. Rai oTe àTr£yala/.TÎc6-/i, -/îy-épaç éopTvîç ysvoy.év/iç sv Sx.rjT£[, xar-


ri'X6£V 6 ylpwv Pac)Tà(^a)v to Trai^iov sirl to'j w[7-0'j aùroO, xal eic^V
6£V sîç TVjV T/CJcV/ictav k'pLTcpocôsv Tou laoS. Ol ^£ l^o'vTEÇ aÙTOV, £x,Xau(7av,

xal sIttev toïç à^E'X'poî'ç" BXsTïETe to xaioiov toOto; uloç t'oç Tuapa/.o'^ç

scTiv, àG<paXi^£crO£ oùv éauToùç, âS£7.cpol, ô'ti tic, to y/ipaç [;,oi» touto
£TC0r/i(7a, àXlà £'j^a(jO£ ûxàp è'j.oCî. Rai à7r£'X0cbv stç to X£>>>.iov aÙToO
(f° 204 V**) ïScckf^ ^^yji^ '^'^1? Tcpa)T-/iç aÙTou Èpyadîaç.
188. — 'ASe'Xcpoç Tiç £ir£tpa.G67i ûtco toO ^a,i[xovoç T'^ç T^opvsiaç

oeivwç. T£(7(7ap£(; yàp ^at[j(.ov£ç èv £iO£i yuva.f/cùv £0[xop<poTaTcov |7,£Ta-

Gyvi[7.aTi.c6£VT£ç, £ul TSCTcapz/.ovTot. '//[/.épaç £[JL£t,vav 7ua'XaiovT£; xpoç


aÙTov, £(p£}./,u(7a(j6at £Ïç aî^ypàv {/.i^iv. 'E/.£LVotj ^£ àvopeiwç àycoviaa-

[7.£vou xal [/,?) -/iTTViOevTOÇ, ô Oeo; [^XaTïtov aÙToo tov /.aXôv àywva, èya-
pi^aTO aÙTw fy.7ix.STt TCUpo>(7iv £j(^£tv Gapy.tK,viv.

189. — 'Ava^wp'/ir/i'; Ttç y;v £v to^ç jtaTW [Aspeci Tviç Aiy^xTOu,


y.al Tjv dvojxacTOç oti £cç [j!,ovo/.£X'Xiov £/.xOyiTO Iv T?i ÈpYjiJLW. Rai tScj

/.aT' £V£py£iav tou SaTavà, yuv/i àrrsp.vo? à/.o'u(ja<7a vrspl aÙTOo, £>.£y£

T^iXç, v£coTepoiç" (f** 204 v^'). T'' G£>>£T£ |xoi SoOvai, xal x.aTaêaX'Xto tÔv

àvaj(^copviTriV ij[7.(ov. Oi ^à g'jv£0£vto ^oOvai ti cpavspov. Rai £^£l6oij'7a

écTTÉpaç, r,lB£v £-1 t-/iv y.iXk'x» aÙToG wç Ttlavcop-Év/], /.al /.pouaàcrrjÇ aù-
Tviç £^-^)^.9£v. Rai îàwv aÙTTiv iTOL^ôiybri 7^£ywv Ilôiç w^£ TrapayÉyovaç;
H Ss çpYict ySkixiouay.' Tïkcc^oi^A^'fi rilBov (5<îe. Rai cr7:)^aYyvic6£lç,

îl(7-/îv£y/.£v aÙT'/jv £i; TÔ OLuki^ io\ , /.al £ta£>.Ôcbv eï; t'/jv /.eXXav aÙToG
£/,l£t,(7£V. Rai ii^où VI àO>.ia £/.pa^£ Ifi'youca* 'Aêêx, Ta Ovipta i7,î xaTa-
TpcôyoKGtv. O §£ Traliv TapayGslç, /.al to /.ptfjia to'j 6£0u <poê7]0£l;,

sXfiysv no'Ô£V Ti'XOs [7.01 •/!


ôpy/i auT'/i, jcal àvol^aç Tr,v Oùpav, £ÎGyiv£yx,îv

7.'j~ry ÏGio. Hp^aro ^ï o r^ia^oXo; y.aTaTO^£J£iv (f'^ 205 r") aÙTOv se;

OKIEiNT CHRÉTIEN. 18
274 REVUE DE L'ORlENt CHRÉTIEN.

aùxrlv. O Se vo-rirraç tov tto^^sjxov toD è^6pou IXsysv Ai [jt.e6o^5tai toO


£j(_6pou <jy.oToç eïclv, ô ^è uïoç tou Geou çco; sgtiv. 'AvacTa; oOv,
àv7n|;£ TOV "kûyyov. 'Ey./cai6[7.£voi; ^è T'ip ImGutxia, l'T^eyev ôxi ol Ta
TOiauTa TupaccovTS!; , etç xdXaciv ÛT^ayouctv, ào/.i^xcov oùv svTsQôev,
eî ouvaGai ûxsvey/.sïv to xup t6 aiioviov. Rai pa'Xcov tov ^àxTuT^ov aù-
ToO £7Ù TOV 'kujyo'^ £'/4a'j<7£v aÙTov, xal otj)c -/iGOâvfiTo /.aio[X£voç i^ià tt/V

Û7r£pêo>/lv T-^ç xupwcewç T'^ç crap/.o'ç. Rai oûtioç tuoiûv â'coç Tupwl,

£X,aucr£v ÔXouç Toùç- àa/.TÙXouç aÙToC. 'Ey.EÎvvi ^à r, àOXia, ôptuca à Itvoiyi-

G£V, (XT^O TOU ^o'êoD à7t£>;tOco671.

'EX6ovT£Ç o£ tÔ TCptoi 01 vswTspot xoôç TOV àva^top7]Tviv, D^syov


'HX6£v (S^£ yuvÀ (f. 205 r^) ô^é; 'O Sï £Î7r£V Nai, tSoù ïaoi, xoi-
jjt.aTat. Rai £tCT£>,66vT£ç , eôpov aÙT-/iv vsxpzv. Rat X£youc7tv aiiTÛ"

'Aoba, TÉÔvvixsv. Tù'te àvax.aXôtj;aç Tàç j(£Î'paç aÙTOo, £^£i^£v aÙTOiç

}*.£yO)V* 'lôOO Tt £7U0tr,G£ p,0l 7) GuyaTVlp TOÛ Siaêo''XoU, àTC(0>v£(7£ [XOU

Toùç oa/4Tu>.0U(;. Rai ^i'/iyr,(7a{X£Voç aÙToiç to y£yovoç, £"X£y£V Ffi'ypa-

xTai' Mvj àxoot6(77]ç x,ax,ùv àvTl /,a/.oS. Rai xoi'/{aaç sùyvjv •/îy£tpev

aÙT'/îv, xal àx£'X6ouca ècojcppo'vvicre toO' Xoixou.


190. — 'A§£);<poç £xo)^£[A/îÔ7i ûxô TOO ^atfAovo; Tvî; xopveiaç.

Suvéé^Ti oà aÙTOV oiaêvivat £tç /.cojxviv Tivà t'^^ AîyuxTOu, xal i^wv
ÔuyaTspa UpÉwç tûv 'EX>.vivwv, 7)yàxvi(j£v aÙT-^v x.al £lx£v tÇ> xaTpl

atJT'^;* Adç [xot aÙTr;V elq yuvaïj^a. 'O r^è àxo/.piOfilç (f. 205 v") eIxev

aÙToJ* Où Sijva{/.ai Soûvai cot aÙT'/)v, Èàv [/.v; p.y.Gw xapà toG 6eoO

(JLOu. Rai xopEuOelç xpoç tov ^aijj.ova, £lx£v aÙToj" 'iSoù ti; [xovaj^oç

7)XGe 6£>.(ov T'Àiv BuyaTÉpa [j.ou, fîcoGto aùxviv aÙTw ; Rai àxoz-piÔelç 6

^at|xcov £ÎX£V 'Eàv àpvE^Tai tov ôsôv aÙTOÛ, xal to [jaxTt(7[/,a, zal
TO kTzxyytk^x tou [jLOvaj^ou, èptoTTiGOV aÙTo'v. Rai ÈXGwv ô Up£Ùç eIxev

Tw [j-ova^oi* "Apvvicai tov Geo'v aou, xal to [3axTi(7[ji,a, xal tô ixay-


y£'X[/.a Toû aovaj(_0'j. 'O ^è (7uV£G£to, xal eùÔew; £';(^£v cocteI x£pi.<7T£pàv

£^£XGoOcrav àxo tou arô^j^xTOc, aÙTOù xal àvaxT7.c»av £Îç tov oùpavo'v.

Rai xop£uG£lç 6 l£p£Ùç xpôç TOV ^aiaova, £ixev aÙTco- 'looù 'Juv£G£to

Ta Tpia TauTa. To'ts àxoxpiGElç ô ^làé'oXog elxEv aÙToi* Mri (^wç

(f. 205 v^) aÙToJ T'/iv GuyaTfipa cou £i<; yuvaî'xa, ô yàp Htoç aÙTOu

oùx àx£(JTVi àx' aÙTOu, àXX' £Tt [iioYiGfiî' aÙTÛ. Rai llGcov 6 t£p£Ù<;

£îx£V aÙTÛ* Où ^uvay.at, ^oùvat goi aÙTviv, o yàp GeÔç cou PotjGeI coi,

xal oùx àx£CT'/i àxû cou. TaÙTa ^£ àxoùcaç 6 à.où.ooç £ix£v £v éauTÛ*

El T0caÙTV]v àyaGoTViTa èv£§£t^aTO ô Geoç £1; £[;.£, eyô» os ô TaT^aixw-


HISTOIRES DKS SOLITAIRES KdYl'TlKNS. 275

'O f^s àyixÔôç ("ôv exi -/.al vGv [io-ziOeî [aoi.

K.a.1 sïç éauTÔv èlOcov, ^i£V7i<]/ev, '/.où s^'flMisv sic t'/iv £pY,[7.ov —po;
[j,£yav YspovTa, /.al 5iyiyr,<7XTO aÙTw to Tkpâyjxa. Kal y—ox-pi^isl? ô

yspwv sIttev aùxo)" KàOicov [aet' è|/.oO sîç to CTTïiT^aiov, y.al v^o'axe'JTOv

Tpeiç éê^o(/,àSa<; (e'jyàpioc, y.àyoj 7rapay.aXw tov 6eov ÛTuèp co-j. Ry.l

6t:6v'/i<7£V ô yepcov (f. 206 r*) Tuepl toO à^£7^(poo, -/.at Trape/.àXsGe tôv

Osôv "kéycaV Aéopt-at x'jpis, yxpiGOii (jloi tyiv <|'i»^"/iv xaur/iv, /.al oÉ^at

aÙTYÎç Tviv [j-erâvoiocv . Kal 6Îc>wjug6v aÙTOu ô ôeo;, xoà TrVr/pcoôeicY,;

TYiç éê^0[7.a^0i;, -/ilOev ô yepiov xpô; tov à^eXcpôv, y.al STrYiptoTriTsv

a'jTov Xs'ywv 'Ecopa/^a; tittots; Kal àxoxpiOêlç 6 àS£>.cpèç eiicsv Nal,


âwpaxa t'/jv uepicTspàv avw sic to u<]^qç, toO oùpavoîi y.oLThy.^x: Tviç

xe(Ç»a}^'^(; jy-ou. Kal aTCOxpiGelç ô yepœv sItcsv aÙTto* Ilpocs/e çeauTÇ)

/.al xapaxic'Xecov tov Osov £x.t£vcj;. Kal t^ ^euTépa ië^6^.o(.6i, IIOÔjv

ô yÉpcov Trpoç TOV à^Elcpov, £Tîyip(0T-/](7£v aÙTÔv "XsywV 'Ewpaxa; tixotî ;

'O Ss àxO'/tpiOfilç £l7V£V Ei^OV T-/1V '7r£ptCT£pàv (f. 206 r^) £yyÙ? TTjÇ

y.£(pa'X'^i; [/.ou. Kal xap'/iyy£tX£v aÙTw 6 yepojv NYi(p£ y.al euyou.

*HX6£ ^è Tvàliv 6 y£pwv TrXvipwÔsicvi; t'^ç Tp;T7i<; èêoofAa^oç, y.al £7rri-

pc6T*/icr£v aÙTov lÉycuV Mri ti tcT^Éov awpay.aç; 'O ^è £l7r£v 'Ecopajca

TYiv TuepiTTEpàv oTi ti^Ge /tal ïax'f] £7riv(j> ttiç y.EcpaV^i; |xou, y.al £^£-

T£iva T'/iv )(_£îpa [/.ou xaTacr^£lv aÙT-/iv, tq ^è oL-icnzxxGx, £tG'^l6£v etç to


<7TO[7.a [/.ou. Kal eùjjy.^i(JT/](ji 6 yÉpcov to) 0£Û y.al £i-K£v tw ûi8i'X<fto'

'looù £0£^aTO ô 6£àç T'OV [/.£TaVOiaV GOU, TO XOITCÔV TTpOTfiyfi G£aUTÔJ.

Kal à7ïoy.pi6£l(; 6 àoeXf^Qq £l77£v' 'I^où âxo tou vOv £(70[/,at [/.£Tà coO,

àêêà, £o)ç où àxoOàvw.

191. — "lE.'kzjé xiç, Tiov 07]êa{a)v ygpovTcov oTt iyco y,|j.*/iv T£y,vov

Upéwç Tùiv 'EXXvi'vwv. Miy.poç oùv uTCapywv (f. 206 v*) £îcaÔYi'[/,7iv y.al

£io0V TOV TraTSpa [/.ou -KoT^laKlÇ £ÎG£py0[/.£V0V GuGt'aV £7ûlT£'X£Gat TU)

£i^(6X(o. -Axa^ o£ £V xpufpvi £i5£>>Ôwv Ôtïîgoj aÙTO'j, £l5ov TOV SxTavàv


y.al TTÔCGav t'/iv GTpaTiàv aÙTOu irapgGTàiGav aÙTw, xal î^où tiq apycuv

aÙToû £>.Ocov 7rpoG£)CUV£t aÙToJ. 'AxocpiOfilç ^£ ô ^laêo^oç £Itc£v aÙTW"


n60£v gÙ £p)(_"/l ; o Se £l7ï£V Etç vo'v^s T-/)V )(_wpav r,[/-7iv, xal £i^-^y£ipa

77oX£[/,ou(; , y.y.\ tzqXKti'j £y.^uGtv alp-.àTcov î7rotï)Ga xal r,'XOov tou àvxy-
y£Î"Xai GOi. Kal el^ev aÙToJ' Oo'gw vpovco toùto £7roi*/iGa^ ; 'O ^è £l7:£v

'Ev Tpiot/.ovTa vî[/.epat;. 'O Se '/.iXedaixq [/.aGTt^i^Gvivai aÙTOV, si-ttev

ToGouTtp XP^^^ TOUTO [/.ovov £7irot-/iGaç.


276 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Kai î^où oiXkQç 7irûO(>s/.uv£t aÙTw, y.cd T^sysi aÙTÛ* Kal où (f. 206 V**)
TrdOsv spx'^j 'AiroxpiÔstç Sa ô Sat[Atov £l::£v 'Ev tt^ 6aAàccr, YjJxyiv,

TTOuç à7C£>CT£tva, xal TjXOov ToO àvccvyiTkixi goi. O r^à s-Trev aÙTto'

Ilocco )ç_û6vco TOOTO èiroi'/^Gaç j O oè ôaijxcov siTvev* 'Ev •/îf/.spaiç el'y.Offt.

'ExÉXsuas Ss TouTOv ^.ccfjTiybriVixi "kéyiù^' AtOTt Toaaoxaiç vii7-£paiç

TO'JTO [/.ovov siTotvicaç.

Rai, tSoù 6 TpÎTOç è'XOwv TTpo(7ex,ùvei aoxÇ). Eittev oè x,al toûto)* Kal
(jÙ TTo'ôev sp'/^v) ;
Rai à^oxpiOelç 6 oaip.wv et^sv Etç ttIvôs t7)V -/.(ôfAviv

yàuLoi syevovTO, x.al s^'/iyeipa xo'Xsf^.ov xxl tcoT^'Xtjv k'xyuGiv aîjxxTtov

eTTOivica, àiToy.Tetvaç tov vujxcpiov /.al t'/jv v'j[/<py!V, x.al -/"/"XOov too àvay-

ystXai (f. 207 r") croi. 'O ^è slxsv IloGatç -/ip-spaiç touto £7vOi-/T7aç;

xal £i77£V Asxa. 'EîtrAeucrsv ^è xal toQtov wç y^poviGavra (7-aGTiyct)-

6-^vai.

IIpo; TouTOtç TiXOsv /.al STepoç Tcpocy.uv^cai aùrû. Eîttev Ss' Iloôsv

xal cù £p5(^'/i; 'O ^£ £i7r£V 'Ev xr, èprip-to r,[j.viv i^où T£<7«7apaxovTa £Trj,

77ol£[7-cov TTpôç £va ^.ovctyrov, xal TVjv vùxTa TauTViv xaTÉé'a'Xov aùrov

eiç 7ropv£iav. ToOto àxooGa;, àvacTà;, xaT£cpi>/iG£v aùrov, xai àpaç

ov £(pop£i cTÉcpavov, è7r£0v]X£ T'7j x£<paXY| aùxo'j, xal à/.àOiTSV aÙTOv èv

ToJ Opovw aÙToO XÉytov OTt to [Jt.£ya toûto 7rpày[;.a -^^uv/i'O'^ç TroiTjCrai.

Elu£v ^e ô yepcov ToOto Êyoj towv, ïltyov "Ovxtoç [ji,£yà Ègti tô

Tayp-a twv [xovayôiv. Rai, too 6£0'j £Ù^oxy)c>avTd(; ;j-ou (f. 207 r'') tviv

GWTTipLav, Iv^aGov xal yéyova {/.ovaj^dç.

Ai7iyvî[^-!XTa xpô; OtcojxovtiV xal xaprepiav •rijJ^S.q à'X£t(povTa.

192. — EÎTTEV yÉptoV 'Eàv é'XG'/) àvGpwnrto 7î:£ipaGp!.oç, Travraj^^dGev

7ûXY)6uvovTat aÙTcp al 6)^t(Let;, ïva ôXiy(«)p-/i(77i xal yoyytidV), xal ^ Yiy/f-

Garo 6 yÉpcov oûtwç* 'A^E'Xipdi; tiç 7)v £iç tÀc RfAXla, xal '/i^Gev Itt'

aÙTÛ 77£ipaff[/.6ç. Rai £t k'éXETTsv xiç aÙTOv, ouT£ àoTuaGacÔat aùxôv

•ÎiGeT^ev, 0'jx£ £:ç X£"X1îov eïcayay£tv, xal £c ï^pYi^sv apxov, où^£l; aùxû
extypa, xal à-o xoO G£ptGjjt.oo £p^6[/,£Vov, oùofilç £Îç x'ôv èxxV/jGiav

TrooexpÉTTEXO St' àyàiv/iv wç egxiv IGoç. 'H'XGe ^è [Aiav àîro xoG Glpouç,

xal où^è apxouç £ly£v £lç xo xeHiov aùxou xal gÙv xouxotç (f. 207 v'')

TTûCGiv £ÙyapiGX£i xw Gew. 'I^cov oà ô Geoç T7)V ùxopLOvriv aùxo'j, Yips

xov 7ûd'X£[/.ov xo'j 7i£tpaG[;.0'j àx' aùxoO, xal Idoù xtç yiXO£ x'/)v Gupav
HISTOIRE DES SOLITAIRFCS ÉfiYPTIKNS. 277

•/.po'jcov, x«[;//i"Xov sycov xx' AtyoTCTOi» (;.6GTrjV apxojv. Kai r.p^aTO ô

à^sX^oç /.lauiv xal llysiv Rupis, oùx yi[xriv a^io; OA'.^yr,vai [7,',/.pov

(^là TÔ ovo[/.a (jou; x,al wç TrapyilÔev ô 7:£ipa(7[j.ôç, £)ipaTouv aÙTOv oî

àSeT^cpoi xai àveivauov eîç rà /.eXlia aùxtov xai etç r/iv èxxV/rrîav.

193. — riapéêalov Tiveç àr^slcpol Iv t*^ £p"fl'(X(-) [/.syâlw yspovT'.,

y.oà elTuov ocÙToi" OtTiç KapTepsTç wSs, àêêà, ÛTToy.évojv tôv -/.ôttov toCItov;

Rai elTTSv ô ys'ptoV "OXoç 6 ypovoç tov) /.éirou [xo'j oO ttoiw ojoe o'jttw

194. — EItïsv yepwv ôti oî àpyaToi oO (f. 207 V*^) Ta/ewç [aste-

êatVOV SX, TO'J TOTVOU aÙTWV, SX.TOÇ TCÔV TpiCOV TrpOCyiJ-aXOiV TOUTWV
'Eav Tiç £up£6-ln eycov Tivà 'Xu7rou;x£vov x.ax' aÙToO, xal xavxa Tcoioiv tx
TTpoç GfipaxEÎav aÙToO [;//i ^uvocTai aÙTOV p.Exa^a'XEÎ'v, v) TCzXtv, £zv

GU[J,ê-^ à-TCO TZoXkiùV ^oEà^£<î9at,, Vl TTSipaCjXtp UOpV£iaç TCEplTTETclV.

195. — 'Af^£l(p6ç "/ipcoT-ziGe yÉpovra T^Éywv* Ti xoirlcco ; oxt oî Xoytcfxol

6>.iêouci [i,£ >^£yovT£Ç' Où Sûvocacai vv]'jT£U£iv oùSî âpya'CeaGai, x.a.v

èTCiotfiTTTOu Toùç àcOcVOÛVTaç x,a.l toOto àyôf.'K-fi iariv. As'yEi, aùrô 6

yÉpcoV ''Yiraye, (pays, uie, xoi{/.àJ* {xovov toO y.£X>.tou crou [ati axoTTïii;,

£Î^WÇ OTt V) ÛTCOaOV/l TO'J y.îXkirj\j cpÉpst tÔv [XOVayOV £IÇ TTIV TZÇ,IV aÙTOO.

Kal wç ÈTTor/iTE rpsïç "ôjxÉpaç (f. 208 r*) yi-/.7i^iaG£V, xal £Ùpwv [Jî.i/.px

Ga'X>.ia, ïayim'J aOrà, y,ai xx'Xtv t'^ sqtîç rip<;xTO Tr>.£/.£i.v yJjToi' y.oà

TTEWicGaç, £i7r£V 'I^où xXky. \JAX^x (joXkicc dal, r:oir,G(à ySjzx y.x\ ÈdO-'w.

Rai (î)ç £xoiyi'7£ Ta ÔxXlia, eIttôv 7i:z*X'.V 'Avayivw(7/.to y.ixpov, /.al

O'jTCo? IcrGco). Rai w; àvÉyvw "kéyzi' IIoiô [/.ou xoùç [/.ix.poùç t|^aX[/.oùç,

•/,al [X£Tà à[Jt.£pt[7,vîa; £G6t(o. Rai outo); xaTa [/A/.pov 7rpo£/.07UT£v, toO

Ofou (jUV£pyo'jvTo; aÙTw, £w^ O'j '/iXOev de, t'/jv Tàc;iv xOtoO. Rai Ozp<7oc

\y.^lù^ y.aTa tùv };oyi(7jzwv èvîxx aÙToùç.

19G. — 'HptoTYi'O-/) y£0(ov AiaTt à)4"/iot.ài /.aT£(^o[X£voç £V T(o •/.s'XT^uo

[/-ou; Rai àTC£/.pi6vi* ôti où/ £t6pa/.xç àxp!.-/iv oute ttîv s>.tci(^o[jl£v/iv

àvxTrauaiv, oute ttiv £cro[/.£V/iv (f. 208 r*') Y.6\yav^. Ei yàp txutx
àxpi^àiç Éwpa/.XÇ, £t TX.wT^VlVaoV £y£[A£V TO XSXT^IOV TOU, C0(7T£ £(o; Tpa-

'/''/]k(yj £V xÙtoîç ^£^ux.£vat. ûtcsjxe'.vxç àv [///i ày.7i^twv.

197. — Tivà TÛv y£povT{ov TuapE/CxT.Ecav ol àr^filipol Traucjxcôai Toiv

[XEyxXcov xo'vcov. 'O ^è X7r£/-pi67i xùtoiç' AÉyw ûij.ïv, TÉy.va, oti

'Aé'paàf/. s'y cl (X£Txvo-^aai opwv txç owpfiàç tou Ôeou Taç u.£yx"Xx(;, àtoTi

{/.•À Tu'XÉov T/ywvtcaTO.


198. — 'A^Elcpo; -/ipc-jTviGc yc'povTa >.£ycoV Oi loyi-iaoi [/.ou psa^ov-
'i/S REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

Tat y.al 9Xiêo7,ai. Alye-. auTÔÎ ô yeptov Su x.aGou £tç to zsT^Xiov tou,

y.xi aÙTol Tzxkiv é'ovovTai. "HTTrep yàp v) ovo; sàv •/) o£^£[;.£Vïi xocl ô

TZGi'koi; a'jTïiç (7y.ipTa w^£ y.xy.zX y.xi ôttou 5' av zTCspy/iTai Trpoç ttiV

(/.viTÉpoc (f. 208 v") aÙTOU à'py£Tai, outwç y.al oî loyi'raol tou ^là tov

Ocov Èyy.apTspouVTOç £v tw 'Az\7Âi<) aùroo, £Î xal Trpo; pay.pôv p£[i.êovT7.i,

àlTvà 7rx).iv 7rpè<; aùrov àvacTpécpO'jcriv.


199. — répwv Tiç £y.aOv)TO Iv ty) £pr,[j(o â'yov to ^iz<jTy)[xa à-TTO

Tou u^cuTOç ^uXia ^(o^£y,a, y-al à77£pyd[7-£voç xaOaTva^ y£[xic»ai, oliyojpviGe

y.al elTC£V Tt'ç


XP^''""
'^^'^ y.OTïou toutou, spyoaai y-ocl [;.£vo) ttT^ïitiov

Tou û^aToç. Rai touto eîttwv IcTpaçyi, y.al ()£wp£Î tivk àxolouôouvTa

y.al àpi9y.ouvTa Ta Pvfp,aTa aÙToO, '/ipojTViGE oï aÙTOv Su t;ç £i; o àk

eIttev "Ayy£Xoç y.upiou zI[jX, y.al à'nr£CTaXviv [jL£Tp7i(7ai Ta ^•^[i.oiTx (jou,

y.al Couvai goi tov [xicOo'v. Rai touto ày-oucaç 6 yiptov, £u(];uy^oç

èy£V£To y.al 7rpoOu[;.wT£poç, (P 208 v") y.al TrpoGÉÔviy-Ev £(jwT£pco y.îXia

TOVTe.
200. — "EXsyov ol TraT£p£ç* 'Eàv (7up!,ê-^ «rot 7r£ipa(7[/.o; £V tÇ)

TOTTcp 07U0U oiy-eTç, [/.vi y-aTaT^iTr'/iç tov tottov iv tw y.aipw tou uEipaT-

y.oû, £t èè [;//), ottou èàv à7r£"X6ri(; £'jp''(7x,£iç £[7.TCpo(jO£v cou 6 cpê'jy£t;,

àl*X' uTTo'aEivov ïoK ou TrapÉ'Xôvj ô 77£i.paGf/6ç, iva àcr/<.avoaXi<7Toç y£v/i-

Tat ri àvaywpïic'ç o'ou y.al £v y.aipû sîprivvi;, ôtcoji; [v.vios toi'ç xaTOi-

"ytouGi TOV To'irov 67i.''i|^iv Tivà Tzov/iaii 6 y^copic^aoç cou.

201. — 'A^eT^cpoç TiçTjV £v jcoivoêio) •/ÎGuyacrT-/iç, y.al auvEywç £y,iv£lTO

eiç opy/iv. A£y£i oùv £v éauTor 'A7r£pyo[/.ai. y.aTa[7,o'vaç àvaywpcov y.al

£v TCO [j.r, £y£iv [/.£ Ti 7roT£ [j.£Ta Tivo?, 7raÛ£TaL àir' £[i.ou TO 7ira6oç.

'E^eXOwv ouv, <oy.-/icr£V £v (f° 209 r*) CTZ'rfkoLUù |xo'voç. 'Ev {Xià ^£ TÔiv

•^j7,£pcov, ye^jl^y.; to pauy.z},iov ûSaTOç ïbri'At y^ajxal y.al £^a{(pvyiç écTpzcpvi.

Aaêtov ^£ £y£(7.i'î£v aÙTÔ, y.al TràXiv écTpacp-/]. EîTa TptTov yzjj.iaxç

£Ô-fly.£, x.al xzliv scTpacp-n. Rai Ou[7.coO£l;, £f^pâ^aTO aÙTOU y,al ïySkanev

aÙTo. Eî^ éauTÔv r^È iXôwv, £yvw oti ÈVEivatyOïi utco tou àatp.ovoç,

y.al £i7rev* 'Ii^où xaTajAovaç àv£y(ôp-/i'7a, xal r/TT7i'G-/iv, à7r£pyo[xat oùv

eiç TO y.otvoêiov. rTavTayou yàp, àywvoç Xpe'.a î'-^'-l ÛTroiJ-ov^; y,al t'^ç

TOU 6£ou poTiBsia;. Rai àvacTaç u7k£GTp£<];£V zlq tov totcov aÙTOU.

202. — 'A^£7^''jpoç r,pwT7iG£ ylpovTa T^Éyiov Tt Trotyicrw, 7raT£p, oti

où^àv £py3c(^o{Jt.ai [^.ovayou, àXk' £v àjJL£'X£ia sip.l ÈcOitov, (f" 209 r'')

xal TTLVwv y.al y.oi[X(o[X£voç, xal Iv aiT/poTç Vjytcy.oîç xal £v Tapa^in

TToXlri £Î[j.l, [y.£T£pyo|j.£voç à-TTo ê'pyou Eiç l'pyov y.al àîuo >.oyt'7{7.wv £iç
IIISTOinKS DKS SoLITAIflMS lÔdYI'TlKNS, 270

TioyirriAOÛ;. EItvsv ^è ô ylpwv Su xzOod si!; to k£à).(ov tou, x,al o

(^uvxGat. TTOiviTov £X.tÔç Tapay^i;. ©e'Xoj yzp to [y.ixpôv o cù xoicï'ç âcTi,

ôiç 6x1 v^^jOLq 'AvT(6vtoç £TCoi£i Tz [/.eyocXa sîç xo opoç, /.-xl TCiçxôOfo

ôxi xaôïijy.EVOç £V xo) x.£7^>.''o) otà xo ovo[/.a, xo'j Oso"!» xal x-/ipwv xv/
iocuxoS cuvtiSviGiv, eûpi'jx.*/) x,ai aùxoç £Î(; xov xoxov xoO à^^a 'Avxcoviou.
20lî. — 'HptoxviOv) y£ptov TTÛç r5^£i TTCOu^aTov àosT^çpôv p//] nK%vBy.\i-

ijG'^vai sàv ï^Y) xivàç àv(XX.y.(/,iTxovxa^ âv xw xocr[j!,cp; K.ai eiTrev r>|)f.rAî!.

(jX.otiteî'v xoÙç xuvaç, xoùç Onpsuovxaç (f. 209 v") xoùç T^aywo'j;, y.aOz-

7?£p £tç £Ç aùxwv £ojpaK,W(; xov Tiayo^ôv £Tt:ifUco/.£i £toç oj (pOàrjYj ij/r,

ÈtxTiro^tcrÔelç, o'. §£ XoittoI ôpcoGi |/,dvov xov "/.uva xov e7n,otwx,ovxa, x.y.l

£(o; [Ji.£v Ttvoç TÙv ocùxù xp£^oi)(7iv, u(7X£pov o£ )ca,xavovi''7avx£; ixvy.y,y.jj.-

TCXoucriv £t(; xa oxito), pt-ovoç oe £X£ivoç o ecopaxw; £xioico/,£i £co; O'j

cpOacT'/i [y.Yi è{/.xoot(70£l; ev xw g/>o-(o xoO à^po'iJ-ou ûtto xôW àva)ca|;.^j/xv-

xcov, [;//ix£ xwv xp-/i(/,vôv xal ùXwv xa- /.Évxpwv cppovxîi^cov. Oûxw; x.al

ô XÔV ^fiTTTo'xTîV XpiCXQV STTl'CviXCOV, X(0 CXaUpoJ à^lx);£t7VX0J^; 7:pO«7£J(_OJV ,

Tczvxa ÛTTEpê^aivec xà cuvxvxcovxa (Txav^aXa, à'toç où (pôzTYj xov cxaupoi-

G£vxa.

204. — Eî7r£vy£pwvo!)(>x£pS£v§povxap7vo(popYi<7ai,à^uva.xov (f. 180 v")

cruveycoç [/,£xaçux£ud[J!.£vov, ouxcoi; où^è [7-ovajfo; [/,£xoc6îtivcov £>c xo'-o'j

£t<; xoTCOv àpexTiv £7;tx£'X£'7xi Suvaxai.

205. 'A^£7^<p6ç ÔjfAOU[X£VOÇ ÙTTO XoyiGp.ôJV W(7X£ £Ç£7^0£ÎV £/. xf,;

[7-ov'^ç, àv/fyyei'Xe xw àé'êà. 'O oè 'X£y£i TCpoç aùxo'v "T7ray£, xaOo'j

£tç xô xe'X'Xiov gou, xoci TTapzTj^OD £V£)(_upov xw X£r/£t xviç y.£)^Xvi<; xo


(7co[xa, x.al (X'/i È^sXGriÇ £X6Î6£v, aip£ç xoi Xoyw[X(o T^oyicocGOa'. o Po'jX£-

xat, pjvov [xri £/têr.V/iç ix, xr^g /.ÉXV/iç xô Giotj.oc.

206. — El-£V yÉpcov 'H xsX'Xa xoO f^.ova^oo è'cxiv vî y.z[/,'.voç Baê'j-

"Xtovoç, OTCou ot xp£Îç Tuau^Eç XÔV uîov xo'j Oeo'j £Ûpov, /.ocl ô crxij'Xoi; xt;;

V£ip£V/lÇ, Ô'y£V ô OeOÇ XW McOtJTfj £>.aV/l(7£V.

207. — 'AfΣX(p0Ç £p!,£tV£V £VV£a (f. 210 F*) £XV1 7v0l£JJ!.0U[J!.£V0ç £Ç£X-
0£tv ccttÔ /.oivoê^io'j /C7.1 xaG' -/ipLEpy.v 7)xoi[j.a(^£ xo [y/ziltoxapiov aùxoO
ïvx £^£X9vi, xxl wç £y£V£XO 6<]^£, £X£y£V £v éauxw' A'jpiov àvaytopco £•/,

xwv (i)ô£. Kal TTpwtaç £'X£y£ xco XoyiGjj.û' Bia(7oi»7.£0x éauxoùç x.apxcpr,-
rjai, /.al x-/iv c»r)[7.£pov r^ià xov xûpiov. Rxi w; £7uX-/)'pw(7£v £VV£x £xy)

ouxto; tcoiûjv, £x.o'J(pt(7£v 6 Osoç 7ÛXVXX -£lpx(7[J^ôv xTc' a'jxo'j xal xv£7rxy;.

208. — 'Ao£>.(pd; xtç Ijjlttegwv sîç TCeipaGaôv xtuô x-^ç OXîiJ^ewç

àTï(6>,£'7£ xôv [;,ovx/!.x.àv /.avdva, /.al Oc'lcov px'Xcî'v àp"/;/lv, «^là xrv
280 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

0)^iUiv hmzooiCzro T^eycov iv iauTor rioTc evco c'jpsfv èaocuTov wfjXEp

r,|7.V;V TCOT£. Kal oliywpojv, où/. ïaj^Jiv àp^ac6ai (f. 210 r") too [aovo,-

yuo'j spyoi). 'EX6wv ôè Tïpo^ Tiva yé^ovzcc ^VfiynnccTO aÙTÛ Ta y.a.9'

ÉaiJTo'v. Kai. 6 yspfov à/coufraç Ta ttiç OliJ/jcoç aÙToO 7irpoariV£yx,£v aÙTw


{»7cdo£ty[;-a toioOtov, "kéyoiV "AvGptoTïoç Ttç elys j^wpiov, x.al è^ à[y.e-

Isiaç aÙTOÙj èj^^sp^wG-/) , /,al £7rV/)pw67i ôpuwv xal [â)iav6wv. "E^o^é ^è


aÙTco uGTEpov ^l'XoxaVrjGai aÙTO, xal Isysi tw uïÇ) aÙTOû* "YTrays*

•/.y.6api(70v tÔ ^(^wptov. Kal ilMiV ô uio; aÙTOo /.aGapiVa'. aÙTo, Ôewpr;-


caç tÔ Trlviâoç twv àxavOcov, wXiywpvi^s Isycov èv éauTor Hots £)(^a)

ô>.a TauTa àvacirâirai y.al x.xOapt'ja.i Ta w^£. Rat àva— ecwv -/Ip^aTO

/.o(.[;.à<70ai £7ut TvoUàç •iîp.î'paç. M£Tà ^è (f. 210 V^) TauTa, spysTai

TraTVip auTOO '.oEiv ti £iTor/i'7£v, x,ai £'jp£v auTOV p//ià£v £pya'7a[/,£vov

x.al eIttsv aÙTw* Ti OTt sto; toO vuv oùSèv EipyzTco; Kal £ix£v ô v£o'ÎT£poç

tÇ) TraTpl aÙTOÛ" Môvov wç -/ipyoïi/riV èpyzaacOat, xaTEp, pisTïtov tô


tt'XvjOoç tûv 6putov /.al tûv àxavÔùv, (>uv£iyd[j!,rjV, /.al àiîo Tvii; 8);t(|^£wç,

ÈTiOouv £[xauTOv xal £/.oi[/.o)[/.r(V. Asy£i aÙTÛ 6 — aTvip aÙToO* Ts/.vov,

Itov tou t:\xxo\ji; to'j (TTpcop-aToç cou xoiei /.aO' r;[j-£pav, xy.l outco

7rpo/.6xT£i TO é'pyov cou xal où/. ôXtyupEÎç. 'O r^è à/.oùcaç Èttoîticïv

ouTcoç, /.al £v oXîytp )(_pdvw £/.a9apic6'/i to ywpîov. Oùtwç oùv /.al cù,

ao£'Xcp£, xy.T^ ôXtyov spyâi^ou xai où/. o'Xtywpsî'ç /.al 6 0£Ôç tti yapiTi
aÙTOû (f. 210 v'') T^aXiv aTroxaQtcTY; c£ £lç t'/iv àpyaiav cou Ta^iv.
'O §£ à^£>.(po<; à/.oucaç, /.al /.aOicaç [;-£B' ÙTrofv.ov^ç Ètûqisi wç i^iSxyH-fi

ùttÔ toù yspovToç, /.al sûpsv àvaxauciv ^âpiTi XpicToO.

209. — FÉpcov Tiç viv /.al cuveyoi; £/.axoijTO /.al v^cOsvst. SuvÉêvi

f^s aÙTOv £va èviauTov pn /.a/.wôfivai, xal £ouc(pdp£t ostvtoç /.al £/-lai£,

};£ycoV 'Ey/.aTsXtTO [as 6 Oeoç xal où/, £7r£c/.£^J^aT6 [i.z.

210. — EtTCsv yÉpwV OTi à^slcpôç Ttç £7r£tpa(^£T0 /xTïô )^oytc;xou

ÈTul eTïi £vv£a, wcT£ aÙTÔv à77oX£y£c6at r/iv cwT-/iptav aÙTOu, y.al àrd
£ÙXaé'£taç )caT£/iptv£v éxuTov )>,£ywv 'Ajuco'XEca [j.ou t-/iv (j^uy/iv, Ù7ra-yto

£iç Tov /.o'cfAov Trap' w à7îa)Xo'p,yiv. 'A7r£pyop',£'vou (f. 211 r**) 8l aÙTOu,

•/i}.0£ cptovvi aÙToJ /.aTa t-/iv ô^6v 'kéyou'jci.' TauTa Ta Èvvsa styi a
STCEipàcÔviÇ, CTECpaVOt COU "/ICaV, £7:tCTp£<|/0V £IÇ tÔv Tù'tcOV cou, /.al X.OU-

Cpi'Ca) C£ aTTO TÔiV };OytC[JLOÎV. B)i7ï£tÇ OTt où/. £CTl Xa'XoV, à'7r£XTVt^£[V

Ttvà éauTOu otà toùç loyicpt-oùç, [xàXlov oà oÛTOi CTsçàvou; Tâji-iv

TTpo^Evoùctv, làv aÙTOÙç xa);toç Ot£^£pyW[/.£67..

211. — Espcov Ttc TiV £v 07]êatf^. /.a6r)[X£voç £v cTrviXaîco, /.al £ly£


HlSTOirîKS [)R>i SOLITAIRES KflVPTIENS. 281

[/.aOriT-/iv (Vj>i'.[j.ov, "YJioç, hk ry jcaO' ZG-Ki^dV tov yéoo'^xoL Trap-y.ivîiv

à7V6);U£V aÙTÔV y,0l[7//lf>^V7.t. SuVs'^Vl ^k TTOTS /.O^iXt/.O'j; Tivaç 5'V/.7.Ç£ÎÇ,

ei^îoTaç t'Àv -KoXkriv (f. 211 r') aTX./rnv toO yô'povxo;, Tco.pa^^xXîî'v

xal Tuoivifja; aÙToTi; 7ra,p5C/.>.vi(7iv. Kal (/.erà, tô iy.~ûJ)z'y aÔTOù;, I/.zOitc

7Vx)>.lV Ô yspcoV T"^ ÉGTCepCit /.QCTX TO ê'OoÇ, VOUOSTOJV tÔv ZfîcA'pOV /.al

ôpiiXûv aÙTco, /.aTVivî'yGvi etç utûvov. 'O ôe à^e'Xoôç Trapejy.cVcV â'wç oô

6 yspcov è^uTTViirô-^ xal Troiricri aÙTw Tviv £ijj(^7]'v. 'Etcitïoa'j oùv /.aOe^o-

[Asvoç, fj//i è^uTCVi'Coyivou toD yspovToç, wj^^X-ziOvi ûtto tcov Aoyt'7[/.wv

àus'XOeî'v y.a,l /.Oî.jj.yiOrivai £/,t6ç àTCoXiJ'7£(oç. Rai [iixcra[X£Voç éaurôv,

àvT£(7T"/] T(o >.oyi(7[y.w, )ca.l £[J,£iv£v, TCa"Xiv ^è wyXriO'O xal oùy. àTCf,XO£V,

(ôcauTw; ^£ £(0^ £7vTa/,i; o^XyiOeIç àvrear/i tw >.oyic[jt,(T). (f. 211 v*)

Metx i^è TaÛToc, T'/iç vuxTÔ;; 7rpoy,o<]/a(77i; SiuTCVt'jO-/i ô y£pcov, y.al eupev

aùrôv 7Tapaxa6£(^d[/.£vov xal ^.Éysi aùxco* où/. àv£y(opïi'7aç à'oj^ ''^'p'^'j O


o£ eîirev 'O'j^r où yàp 7.T:é'kuGdiq (/.e, àêêà. 'O ^à y£p(i)v £l~£V Kxl
oioLii oùy. È^UTTVicàç [7-£; 'O ^é c^-riaw Oùy, eTo^jAriTà et vù^ai, l'vx y//)'

•re TuapxXùatù. 'AvaTTàvTSç Sa £êaXov xà ôpOp'.và, y.xl [/.exx xr,v (tuvx^iv,

xTC£lu(7£V ô yéptov xôv à^£>.(pàv x.xl £3txOviTO y.xO' éauTov. Tivexat oùv

£V i'/.nxy.azi, xxl îoou xti; ^edcvocov xùxoi xoVov ivSo^ov y.al Gpôvov

£v éauxôj xal ÈTuavco xoo Opovou éTvxà (7X£(pavou?. 'llpwxvicg hl xôv


o£iy,vuovxa aùxw 'Xeycov* Tivoç xaOxo,; 'O f^è £l7U£v aùxo)' Toû (f.

211 v*') [xaO'/ixo'j cou; x,al xov piv xottov y.al xov Ôpovov iyjxpiny.ro

aùxw Oso; f^tà x-/iv uTvaxoviv xùxo'j- xoùç (^è sttxx txsiçzvouç £v xy;

vuy.xl xauxY) £>>aêev. ToOxo oà àx,oocrxç 6 yipwv £0aijp-a'7£v, y,xl yevo-

[Xcvoç â'fj-çoêoç, y.aX£i xôv à^ôlçov xal l£y£i aùxô* EïTïé [xoi xi k-Koi-n-

axç X-/1V vuxxa xauxviv. 'O 6ï elizi' S'jyywp-/i(7o'v [7-ot â^^x, Ôxi où^èv
ÈT^oiViTa. 'O Se y£p(ov vo'xicraç 6'xi xaTTcivocppovwv oO^ ô[/.o'Xoy£t', sIttsv

aùxw" Où xapaj^wpw aoi il ii//\ eitctiç [/,oi xi Èirof/iGaç, in xt £veGu[/,/iO-/i;

xv)v v'Jxxa xxuxïiv. 'O ^ï àrΣ>>cpôç, [XYi^èv âauxôî «ruvei^wç 7V£7rpay£vxi,

•/17i:6p£i EÎTTEÎv. A£y£t rîà xw TCXxpt* 'Aêêcc, où^èv è7C0ÎVl<ja il Ij/fi [^.OVOV

(f. 212 r*) xo'jTO" "Oxi 0)(_Xyi8elç 'J'^^o xwv >oyi<7[y.(ï)V iTwxàxi;, xvx-
^ojp-ricat
X^^?'^''
'^'^*' ^''^ xvx)^ûc£oj;, oùy. âiv^'XOov. 'AxcuTaç àè xoOxo
6 ysptuv, £vo7)C£v ôxi oGxxtç àvx£[JLaj(^Yi'jaTO Toi 'XoytTiy-oJ , STXEçavcoOvi

ijttô xoij B£oO, xal xw [J'.èv àS£Xcpiï) où^èv xo'jxwv é'XzXyitjîv, ô)(p£'X£ixi;

'1) Al. Tw Y^f'0'''C', '/oyOcTEïv avTÔv xà upo; ctoTVipiav xai.


282 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Se ^(àpiv 5iYiyfl'(jaT0 aùxà TTaTpz(7i rveuixaTixoTç, i'va [j.5cO(0|y,£v oti


[/.ixpoJv £vôu[/.ri'7£(ov crxecpxvou; •/îtxî'v 6 ôsoç yapij^sxai. RaXôv oûv tÔ

pix'CsGÔat éauTCiv ^tz tov Oôov. Bia^TT) yzp sttiv tî [3a<n}^£i« twv oùpa-

212. — 'HtOcV/igs Ti; yspcov ttots eiç xà )t£);Xi(X, /cade'Coji-evoç /.aTa-

[y.ovaç xal [xv) eywv tov u— vipsTOuvTa (f. 212 r*") aùrto. Rxl àviarx-

[jLEVoç, £Ï Tt. £up'.'7y.êv £v Toi y.ûCkUù [X£T£>.!3C[/.6a.vev (1). M£ivavroç oùv


aÙToij èxl TCoXlàç r,[i.£pa^, oùoel^ -/îpyeTO sic £7r{(7/.£tpiv aÙTou. IIXvioo)-

6£i'7wv ^£ -fli^^epcov Tpixy.ovra, -/.xl [x-/io£voç iXOovro; xpôç aùxov, àr»é-

CT£t.7;£v ô Ocoç aYy£lov ÛTTripeTSiv aOrw. Rat, coç £[7-£iv£v 7;[/,£paç £77Tà,

s|7,vri(76yi(jav oi Traxspeç Tou yspovToç -/.al eï-ov Mwa); àTjéOavEV 6 ^eîva

6 ycpojv; 'Oç oùv -/ilOov -/.al ey.pou(7av uTTs^wpvifrev 6 dcyys'Xo;. O i^e

yépwv sxpaEev ëtwOev T'n:zy£T£ IvTsOOev à^eXcpoi. RarocêaXovreç ^è

TYiv Ô'jpocv, eic7i>.0ov xai vipwTwv aÙTOv oiaTi sV.pa^ev. 'O ^k £Itt£v

aÙToîç" "Oxi Tpiajcovxa vî^jispa; £l"/_ov -/.otïiwv, -/.où oùSsiç iT:ia'A.é<\i(x.r6

|j.£, y.at, îooù éTvrà vîfxspai eiciv èE oO scTveaTei'Xev ô Osoç ayys'Xov ûuvipe-

xeî'v [xot, xal â)<; ri>.9£Te, xizéaxTt àir' èjj-où. Rai Tauxa si-wv, èx.oip/^'Orj.

Ot ^£ àoelçpol Gau[/.à(javx£ç, ï^o^xgciv xov Osôv, Ôxi oOx. £yy.axa).U7.-

T^avîi. y.upt,oç xoùç eXT^ii^ovxa; stï' aùxov.

213. — EItcêv yepojv' ''Eàv (p9a.(7Vi àppwcxîa cwjxaxo;, [7-vi oXiywpet,,

si yàp Gelsi es 6 ^£'7T:oxr,ç crou x,axoî>(j6ai xoi Twp.axi (lù xîç £i 6

ouGy^£paivwv oùx, aùxoç 'jo'j (ppovxi'^^ei èv 7ra<7tv; [/.r/ rape^ a'JxoO (^-Àç;

àve^ixa'xst oùv, xal xxpax,aX£i aùxôv irapaT^rsiv goi xà cojxipépovxa.


TouTO £<7Ti. xo 6£Vn[JL« aùxo'j' /<.3(9ou [j.£xà [xaJtpoOufxiaç, ©aye àya^Tiv.
I 214. — AiviyviGaxo xiç (f. 212 v'') xwv Traxepwv oxi ovxoç [xou

£v 'O^upùyyw, -/iT^Ôov £)t£Î' ttxco^oI £v (jaêêicxœ cnj^è , tva Xz^waiv


àyaTr'/)v. Rai xot,(/.w{/.évti)V vi[/,àiv, -/iv iy.zi xi^ sytov (];txOiv [/.ovov, xô

7i[/,wu Û770X.3CXW x,al XO vi'a'.a'j êirxvw aùxou. 'Hv èè ^î>'/^^cc TzoXk-i]. Ry.î

È^elOtov £1; ù^wp 'ny.o'jGix aùxoù o^uvwy.svou âiTO xoO — oXXou ^j^'jjç^ouç,

y.al 'nrap£/.îcX£i éa'jxov Isycov 'Euj(_apn7Xco toi, -/.ùpis, tto'coi etdv apx'

£V x-iiq cpulaxTi luT^oùcriO'. Gi'i^vipa ipopoovxsi;, aX"Xo[ Se xoùç tto^x; '/içrcpa-

XiTaevoi £iç ^ùXov, [/.'/i^è xo {i<^top éa-jxwv ^uva[X£vot, Trof^aai. 'Eyô)

0£ ôiç ^7.aù.t\tç s.i[jX £5CX£ivol)v xoÙ; Tzôày.ç. Rai xaDxa ày.0'j(7aç or/iyv)-

(7a[j//]v xoîç (xo£>.^oî<; -/.al (IxpeV^Bïifjav.

(1) Al. viiÔie [aet' eùXaésiaç-


HISTOIRES DF'IS SOLITAIRES ÉGYPTIENS. 283

215. — 'Aft£>9Ô; (f. 184 r") vipojTr.ce ^'^w^oi As'yojv* 'Eàv


D^Gv) (/.oi Olti];t(;, -/.al [j//i £)(_to eiç Tiva xXnpofpoptav tou xvayyti\a.ij ti

Tuoi'fl'fjw; Aeyet, ô yépwv' FLgtsuoj t(o Osoi oti ttej^.tvsi t'/iv "/,'y-piv a'jToû

'/.al po-ziGel (701, sàv èv à'Xr/Jstz SsyiOtiç. "Hx-ouGa yàp oti yeyovev èv

S/t7iT£i Tupylyij-a toioutov 'Tïv xiç àywvt(7Tvi;' xal (xri k'^o^v -rr/ipo-

(popiav TTpdç TLva,, •ÔToijxot.'jS To [7//i'X(oTxpiov aÙTOii àvay(opv;c»ac, -/.xi

î^où £^3cv/i aÙTO) vî jfàptç TOU ôeo'j wç TrapOsvoç, xal 7i:xp£xx7.£(7£v xÙTOv

"kéyouaa.' Mvii^ap-oO àirÉXOviç àAXà x,àOou cor^e [7.£t' £[/oO, oùoev yàp

îtax,ov yEyovev wv rr/.ou(7a.ç. nEKTÔeiç Se S/CocÔlgev, -/.al £ÙO£coç sÔspa-

reeûôvi aÙTOu *<i -/.apoia.

TRADUCTION

175. — Un (1) demeurait sur la montagne dans les parages


anachorète
d'Antinoè; de grands progrés dans la piété et beaucoup pro-
il faisait
fitaient de sa parole et de sa conduite. L'Ennemi en devint jaloux comme
de tous les vertueux et il lui suggéra les pensées suivantes sous couleur
de piété Il ne te convient pas d'être servi ou aidé par un autre, lors-
:

qu'il te vaudrait mieux servir les autres; tu ne les sers pas, du moins
sers-toi toi-même. Va donc vendre tes corbeilles, achète ce dont tu as
besoin et reviens aussitôt à ta vie solitaire ainsi tu n'incommoderas per- ;

sonne. Le rusé lui suggéra cela parce qu'il était jaloux de sa solitude,
du repos qu'il prenait près de Dieu, et du profit qui en résultait pour
beaucoup car l'Ennemi cherchait de toute manière à le captiver. Plein de
;

confiance comme en une bonne parole, l'anachorète illustre et renommé


descendit de son monastère, lui qui avait été un objet d'admiration il —
n'avait pas encore, expérimenté la grande scélératesse de celui qui tend
des embûches. —
Au bout d'un long temps il rencontra une femme;
affaibli par la négligence, il alla dans un lieu désert en compagnie de
l'Ennemi et pécha près du Nil. En songeant que l'Ennemi s'était réjoui de
sa chute il se prenait à désespérer, surtout d'avoir contristé l'Esprit de
Dieu et les anges et les saints Pères dont beaucoup ont vaincu l'Ennemi,
même dans les villes. Comme il ne ressemblait à aucun de ceux-là, il
s'affligeait beaucoup et ne se rappelait pas que Dieu donne la force à
ceux qui espèrent fermement en lui. Aveuglé sur la guérison de sa faute,
il voulait chercher la mort dans le cours du fleuve et rendre ainsi com-

(I) M (Migne, Pair, lat., t. LXXIII), col. 886, n» 41; Ms. Coislin 1-27; fol. 89'.
B (Bedjan, Paradisus Patrum, Paris, 1897^, page 2?6. — Ce chapitre se trouve
en S3'riaquo parmi les œuvres de Pallade. Lp scribe dit l'avoir trouvé après
.lean do Lycopolis.
284 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

du démon. La grande douleur de son âme rendit son corps


plète la joie
malade pour la plus grande joie de TEnnemi, si Dieu n'était venu enfin
à son secours pour l'empêcher de mourir.. Rentré enfin en lui-même, il
se proposa de s'appliquer davantage à la souffrance. Il retourna donc à
son monastère (à sa cellule), en ferma la porte et pleura en suppliant
Dieu comme il faut pleurer sur un mort. Tandis qu'il jeûnait et veillait
avec découragement, son corps s'amaigrissait et il n'avait pas encore
l'assurance d'une pénitence (suffisante). Comme les frères venaient sou-
vent près de lui pour s'édifier et frappaient à sa porte, il leur disait ne
pouvoir ouvrir; « j'ai promis, disait-il, de faire pénitence constamment

durant une année » il ajoutait « Priez pour moi ». Il ne savait que ré-
; :

pondre pour ne pas scandaliser les auditeurs, car ils le tenaient pour
(un homme) vénérable et un moine illustre. Il passa toute Tannée en
continuelle pénitence et, au moment de Pâque, durant la nuit de la
sainte résurrection, il prit une lumière nouvelle, la garnit, la mit dans
un pot nouveau, la recouvrit et se tint en prière dès le soir, disant :

Dieu compatissant et miséricordieux, désireux que les barbares eux-


mêmes soient sauvés et arrivent à la connaissance de la vérité, c'est à
toi, sauveur des âmes, que j'ai eu recours. Aie pitié de moi qui t'ai beau-

coup affligé, à la grande joie de l'Ennemi voilà que je suis mort pour
;

avoir écouté l'Ennemi. Toi, Seigneur, qui as pitié des impies et des
cruels et qui enseignes à prendre le prochain en pitié, aie pitié de mon
humilité, car rien ne t'est impossible, voilà que mon âme a été emportée
vers l'enfer. Aie pitié, parce que tu es bienveillant envers ta créature,
toiqui dois éveiller, pour le jour du jugement, même les corps qui ne
sont pas. Exauce-moi, Seigneur, car mon esprit a défailli aussi bien que
mon âme malheureuse. Mon corps, que j'ai souillé, s'est liquéfié, et je

ne puis plus vivre depuis que j'ai abandonné ta crainte. Parce que j'ai cru
fermement que la faute était effacée par la pénitence — moi qui ai dé-
sespéré comme seconde faute — vivifie-moi dans mon affection et ordonne
à cette lampe de s'allumer de ton feu, afin que, fortifié par ta miséricorde
et ton pardon, je garde tes commandements durant tout le temps que tu
me laisseras encore vivre, ne m'écarte plus de ta crainte, mais
que je
que je te serve sans trêve, mieux que par le passé.
Après ces paroles et de nombreuses larmes, durant la nuit de la ré-
surrection, il alla voir si la lampe était allumée, la découvrit et, voyant
qu'elle n'était pas allumée, se prosterna de nouveau à terre et pria le
Seigneur en disant Je sais. : Seigneur, qu'il a été question de me cou-
ronner et je ne me suis pas approché, car pensé que la punition
j'ai

(qui attend) les pécheurs me convenait plus que les plaisirs charnels.
Épargne-moi donc, Seigneur, je confesse de nouveau ma honte devant
ta bonté en présence de tous tes anges et des justes; si ce n'était de
crainte du scandale, je la confesserais aussi devant les hommes; aie donc
pitié de moi, afin que j'instruise aussi les autres. Oui, Seigneur, vivifie-
moi.
Lorsqu'il eut ainsi prié par trois fois, il fut exaucé et, lorsqu'il se leva,

il trouva que la lampe était allumée. Réjoui par l'espérance, il fut fortifié
HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉGYI'TIENS. 283

par la joio de son cœur grâce puisque Dieu lui rendait


et il admira la

ainsi témoignage. Et même de la vie de ce monde,


il dit : J'étais indigne
et tu as eu pitié de moi (comme l'indique) ce prodige grand et nouveau.
Pendant qu'il continuait ainsi sa confession, le jour' parut et il se réjouis-
sait Seigneur sans penser à prendre la nourriture corporelle. 11
dans le

entretint le feu de cettelampe durant toute sa vie en y versant de l'huile


et la tenant allumée au-dessus pour qu'elle ne s'éteignît pas. Ainsi l'Esprit-
Saint habita de nouveau en lui et il devint illustre au milieu des autres,
plein d'humilité et d'allégresse dans sa confession et son action de grâce
au Seigneur. Lorsqu'il fut sur le point de mourir, il en eut la révélation

quelques jours avant.


I7G. — Un vieillard demeurait dans le grand désert (i), or il avait une
parente et, après beaucoup d'années, elle voulut le revoir. Elle chercha
où il habitait et se mit en route pour ce désert, elle trouva une caravane
de chameaux et entra dans le désert avec eux. Or elle était poussée par
le diable. Quand elle arriva à la porte du vieillard, elle se fit reconnaître
et lui dit : demeura près de lui. Le vieillard,
Je suis ta parente; et elle
tenté, pécha avec elle. Or il y avait un autre anachorète qui demeurait
à la partie inférieure du désert il remplit un vase d'eau et, à l'heure de ;

manger, (cette eau) se répandit. Par un effet de la providence, il se dit :

J'irai au désert raconter cela au vieillard. Il se leva et partit. Le soir

venu, il dormit dans un temple de démons le long de la route. Durant la


nuit il entendit les démons dire Nous avons fait tomber l'anachorète :

dans l'impureté. Ces paroles l'attristèrent; il alla près du vieillard, le


trouva chagrin et lui dit Que ferai-je, abbé, parce que je remplis un
:

vase d'eau et au moment de manger elle se répand? Le vieillard ré- —


pondit Tu viens me dire Que ferai-je parce que mon vase se vide? mais
: :

que ferai-je moi-même qui suis tombé cette nuit dans l'impureté! L'autre
dit : Je le savais. Et (le vieillard) lui dit : Comment le sais-tu? Il répondit :

J'étais couché dans le démons qui parlaient de


temple et j'entendais les
toi. Le vieillard dit Je vais m'en aller aussi dans le monde. Mais l'autre
:

le suppliait et disait Non, père, mais demeure à ta place et renvoie la


:

femme d'ici, car c'est là une embûche de l'ennemi. Il l'écouta, et con-


tinua son genre de vie en versant des larmes jusqu'à ce qu'il fût revenu
à son rang premier.
177. — Un frère demanda à un vieillard : Si quelqu'un tombe en ten-
tation relativement à quelque vertu, qu'arrive-t-il au sujet de ceux qui
sont scandalisés (2)? —
lui dit Il y avait un diacre célèbre
Et le vieillard :

dans un couvent d'Egypte. Un magistrat (3) poursuivi par le gouverneur


vint avec toute sa maison dans le monastère. Par l'action du malin, le
diacre pécha avec la femme et tous furent dans la honte. Le diacre alla
près d'un vieillard qu'il aimait et lui raconta la chose. Or le vieillard

(1]. M, 74G, n" 14 et 879, n" 24: Coisliu 1-27. fol. 91; B, p. 743, n" 119.
(2). M, 880; Paul, 15; CoisUn 127, fol. 91. Cf. ROC, 1906, p. 198-199; B. p. 300.
(3) Le syriaque a transcrit le mot grec et un scribe a ajouté eu marge < Vi-
zir ».
286 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

avait une cachette à l'intérieur de sa cellule et le diacre le pria et lui


dit Enterre-moi ici vivant et ne le dis à personne. Il entra dans cette
:

obscurité et fit pénitence en vérité. Au bout d'un certain temps, l'eau


du fleuve ne vint pas (le Nil ne déborda ~pas). Pendant que tous faisaient
des prières, un saint eut une révélation Si un tel diacre qui est caché :

chez tel moine ne vient pas, l'eau ne montera pas. Ceux qui l'apprirent
furent dans l'étonnement; ils allèrent le chercher où il était; il pria et
l'eau monta, et ceux qui avaient jadis été scandalisés furent d'autant plus
édifiés par sa pénitence et ils louèrent Dieu.
178. —
Un vieillard dit (1) Beaucoup sont tentés par les plaisirs char-
:

nels bien qu'ils n'approchent pas des corps (bien qu'ils ne pèchent pas
;

corporellement), ils commettent l'impureté par l'esprit et, tout en gardant


leurs corps vierges, ils pèchent par l'âme. Il est donc beau, mes (frères)
chéris de faire ce qui est écrit et de garder chacun son cœur avec
, ,

grand soin.
179. — Deux frères allèrent au marché (2), pour vendre leurs mar-
chandises. L'un d'eux, lorsqu'il eut quitté l'autre, tomba dans l'impureté.
Son frère revenant lui dit : Allons à notre cellule, frère. Il répondit : Je
n'y vais pas. L'autre le priait et disait : Pourquoi, mon frère? — Il ré-
pondit : Parce que, au moment où tu m'as quitté, je suis tombé dans
l'impureté. Son frère voulant gagner son âme, se mit à lui dire :A moi
aussi, lorsque je t'ai eu quitté, il m'en est arrivé autant, mais allons, faire

pénitence avec soin et Dieu nous pardonnera. Ils allèrent raconter aux
vieillards ce qui leur était arrivé et ceux-ci leurimposèrent un règlement
pour faire pénitence. Cependant l'un d'eux faisait pénitence pour l'autre,
comme s'il avait péché lui-même, et Dieu, voyant la fatigue que (lui at-
tirait) sa charité, révéla à un vieillard, au bout de quelques jours, qu'il

pardonnait au pécheur à cause de la grande charité du frère qui n'avait


pas péché. Voilà ce qu'on appelle donner sa vie pour son frère.
180. —
Un frère vint un jour près d'un vieillard et lui dit (3) Mon :

frère m'énerve en allant ici et là et j'en suis affligé. Le vieillard l'encou-


rageait en disant Supporte ton frère et Dieu, voyant la peine (que tu
:

prends) par ta patience, le ramènera, car il n"est pas facile de ramener


quelqu'un par la dureté et un démon ne chasse pas un démon; tu le
ramèneras plutôt par la douceur, car c'est par persuasion que Dieu ra-
mène les hommes. Et il lui raconta (l'histoire suivante) :

Dans y avait deux frères; l'un d'eux, tenté par l'impureté,


la Thébaïde, il

dit à l'autre Je vais dans le monde. L'autre pleura et dit Je ne te laisse


: :

pas partir, mon frère, et perdre (le fruit de) tes travaux (antérieurs) et
ta virginité. —
Il ne l'écouta pas et répondit Je ne reste pas et je m'en, :

vais. Viens avec moi et je reviendrai avec toi, ou bien laisse-moi et je


resterai dans le monde. Le frère alla raconter cela à un illustre vieillard

ïl) M, 874, li" 2; attribué à Jérôme de Pétra.


(2) M, 744, n° 12 et 880, n° 24; Coislin 127, fol. 91- Paul, 369; B, 589, 110 389
L, fol. 3\
(3) M, 880, 11° 28; Coislin 127, fol. 92; Paul, 309.
HISTOIRES DES SOLITAIIIES ÉOVI'TIEXS. 287

et celui-ci lui dit Accompagne-le, et Dieu, à cause de la peine que tu


:

prendras, ne pas tomber.


le laissera —
Ils partirent pour les lieux habités

et, lorsqu'ils arrivèrent i)rès d'un village, Dieu, voyant la peine qu'il pre-

nait, enleva la tentation de son frère. Celui-ci dit Retournons au désert, :

frère, car, supposons que j'aie pécbé, à quoi cela me servirait-il? Et ils
retournèrent sains et saufs à leur cellule.
181. —
Un frère, tenté par le démon, alla trouver un vieillard et lui
dit (I) Ces deux frères sont ensemble (et font le mal). Le vieillard com-
:

prit que le démon le tentait et il appela les deux frères. Lorsque le soir
fut venu, il leur déroula une natte et les couvrit d'une môme couverture
en disant Les enfants de Dieu sont saints. Et il dit à son disciple En-
: :

ferme ce frère dans une cellule à part, car c'est lui qui est tenté.
182. —
Un frère dit à un vieillard (2) Que ferai-je? car les pensées :

honteuses me tuent. —
Le vieillard lui dit Lorsque la mère veut sevrer :

son enfant, elle frotte ses seins avec une plante amêre et lorsque l'enfant
vient téter selon son habitude, il s'écarte à cause de l'amertume. Mets
donc toi aussi une plante amère. Le frère lui dit Quelle est cette plante :

amère qu'il me faut prendre? Et le vieillard répondit C'est le souvenir :

de la mort et des châtiments du monde à venir.


183. — Le même interrogea un autre vieillard sur le même sujet (3).
Et le vieillard lui dit : Je n'ai jamais de tentation semblable. — Le frère
fut scandalisé; il alla trouver un autre Voilà ce que
vieillard et lui dit :

m'a dit un tel vieillard et j'ai été scandalisé parce que cela surpasse la
nature. L'autre lui dit :Ce n'est pas sans motif que l'homme de Dieu t'a
dit cela. Va donc lui demander pardon pour qu'il te découvre le sens
de sa parole. Le frère se leva donc, alla près du vieillard et lui fit re-
pentance en disant Pardonne-moi, père, j'ai agi sottement en te quittant
:

avec mauvaise disposition; je te prie de m'expliquer pourquoi tu n'as


pas été tourmenté par l'impureté. Le vieillard lui dit Depuis que je suis :

moine, je ne me suis rassasié ni de pain, ni d'eau, ni de sommeil, et la


souiïrance (provenant) de ces privations n'a jamais cessé de me tour-
menter et ne m'a pas laissé sentir les tentations dont tu parles. Et —
le frère partit édifié.
184. — Un frère demanda à l'un des pères (4) : Que ferai-je? Ma pensée
est toujours pour l'impureté, elle ne me laisse pas reposer une heure
et mon âme est affligée. — 11 lui dit : Lorsque les démons sèment ces
pensées, ne parle pas avec eux, car c'est leur rôle de semer partout, et
ils n'y manquent pas, mais ils ne peuvent s'imposer. 11 ne dépend que
de toi d'accepter ou de ne pas accepter. Tu sais ce qu'ont fait les Ma-
dianites (5) ? Ils ont orné leurs filles et les ont mises (sur le chemin des

(1) M, 881, n° 29; Coisliii 127, fol. 92.


(2) M, 881, n" 30; Coislin 127, fol. 92; Paul, 210; L, fol. 178.
(3) M, 88, n° 31 ; Coislin 127, fol. 92"; Paul, 210.
(4) M, 882, n» 32; Coislin 127, fol. 92"; B, 058, n" 566; L, fol. 87^.
(5) Le ms. 126 porte EiSs; -ci ènoir\Ga.v ol MaStrjvatoi.
: Ici, comme en bien d'au-
tres endroits, nous suivons l'orthographe du uis. 127.
288 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Israélites), mais ils n'ont contraint personne, ceux qui l'ont voulu ont
seuls péché avec elles; les autres furent irrités et, après les menaces,

en vinrent au meurtre (1). Voilà comme il faut agir avec les pensées.
Le frère répondit au vieillard Que ferai-je donc? car je suis faible et les
:

passions me dominent. Il lui dit —


Observe-les et lorsqu'elles com- :

mencent à parler, ne leur réponds pas, mais lève-toi et prie; agenouille-


toi et dis Fils de Dieu, aie pitié de moi. Le frère lui dit donc
: Je médite :

bien, père, mais je n'ai pas de componction dans mon cœur, car je ne
saisis pas la force de la parole. — Il lui dit : Médite toujours^ car j'ai

appris que beaucoup de pères ont dit que le charmeur ne


Poemen et

saisit pas la force des paroles qu'il prononce, mais l'animal l'entend, com-

prend, se soumet et s'humilie. II en est de même de nous bien que :

nous ne sentions pas la force des paroles, les démons qui les entendent
s'éloignent avec crainte.
185. — Les Les pensées impures sont (comme)
vieillards disaient (2) :

un livre : S'il vient semer chez nous, mais que nous le rejetions loin sans
l'écouter, il se désagrège au bout de peu de temps (3). Mais si nous pre-
nons plaisir à sa présence (à le lire) comme si nous l'approuvions, il
deviendra bientôt comme du fer (dans notre esprit) et en sera difficile-
ment extirpé. Pour ces pensées il faut donc faire la distinction (suivante) :

Ceux qui leur cèdent n'ont pas d'espoir de salut, mais la couronne (de
victoire) attend ceux qui leur résistent.
18G. —
Deux frères combattus par l'impureté allèrent prendre des
femmes (4), enfin ils se dirent Qu'avons-nous gagné à quitter la cohorte
:

angélique et à venir dans cette ignominie, pour tomber plus tard dans
le feu et dans la punition? Retournons au désert et faisons pénitence. Ils
allèrent demander aux pères de leur imposer une pénitence et confes-
sèrent ce qu'ils avaient fait. Les vieillards les enfermèrent pour une
année et leur donnèrent à chacun même mesure de pain et d'eau. Ils
avaient à peu près le même extérieur. Lorsque leur temps de pénitence
fut terminé, ils sortirent, et les pères virent que l'un était pâle et morne
tandis que l'autre était prospère et joyeux ils furent dans l'étonnement ;

puisque leur nourriture avait été la même. Ils interrogèrent le morne et


lui dirent Comment t'entretenais-tu avec tes pensées dans ta cellule? Il
:

répondit Je pensais aux faute.'; que j'ai commises et à la punition que


:

j'ai encourue, ma chair à mes os.


et la crainte collait Ils demandèrent —
à l'autre que pensais-tu en ton cœur dans ta cellule ? Il leur dit
: Et toi, :

Je remerciais Dieu qui m'a arraché à l'impureté du monde et à la puni-


tion et qui m'a conduit dans cet état angélique; j'étais plein de joie en
songeant à Dieu. —
Et les vieillards dirent La pénitence de chacun :

d'eux est égale devant Dieu.

(1)Nombres, xxv.
(2)M, 882, n" 33; Coislin 127, fol. 93.
(3) Il s'agit du papyrus, comme le porto explicitement le latin, et non du
parchemin.
(4) M, 882, n- 34; Coislin 127, fol. 93; Paul, 18; B, p. (;?0, n° 591; mss. grecs
919, fol. 155, et 159G, loi. 327; L, fol. 18.
IIISTOIUES DES SOLITAIRES KdYI'TIEXS. 28Î)

187. — Un vieillard de Scété était tombé dans une .grande maladie et


les frères le servaient (1). Il vit (qu'ils se fatiguaient et il dit : Je vais en
Egypte, pour ne pas énerver les frères. L abbé Moïse lui dit ; N'y va pas,
car tu tomberais dans l'impureté. 11 fut affligé et dit : Voilà que mon
corps est mort et tu me dis cela! — donc en lù/yjHr
11 alla et les hommes
(des environs) l'apprenant, lui apjjortaient beaucoup de dons et une femme,
restée vierge par esprit de foi, vint même servir le vieillard. Au bout de
peu de temps, se trouvant guéri, il pécha avec elle et elle conçut. Les
hommes lui dirent : D'où vient cela? Elle répondit : Du vieillard. Ils ne
la crurent pas, mais le vieillard dit : C'est moi ([ui l'ai fait, mais gardez-
(moi) l'enfant (jui est né. Lorsqu'il fut sevré, un jour qu'il y avait fête à
Scété, le vieillard entra dans, l'assemblée devant tout le peuple avec cet
enfant sur l'épaule. Ceux qui le virent se mirent à pleurer et il dit aux
frères : Voyez- vous cet enfant? C'est le fils de la désobéissance. Fortifiez-
vous donc, frères, en voyant que j'ai fait cela (même) dans ma vieillesse
et priez pour moi. —
Retourné à sa cellule, il reprit son ancienne con-
duite.
188. —
Un frère fut violemment tenté par le démon de l'hnpureté (2).
Quatre démons métamorphosés en femmes très belles demeurèrent près
de lui durant (juarante jours pour l'amener à un acte honteux. Il résista
courageusement sans céder et Dieu, voyant son beau combat, lui accorda
de ne plus avoir aucune tentation charnelle.
189. — Dans les régions inférieures de VE'/ijpte (3) il y avait un ana-
chorète qui était très célèbre parce qu'il demeurait seul dans une cellule
au désert. Voilà que, par l'opération de Satan, une femme sans pudeur,
ayant entendu parler de lui, dit aux jeunes gens Que voulez-vous me :

donner et je ferai tomber votre anachorète? Ils lui promirent une bril-
lante récompense. Elle partit le soir, vint à sa cellule comme si elle était
égarée, elle frappa et il sortit. Lorsqu'il la vit, il fut troublé et dit : Com-
ment es-tu venue en pleurant C'est parce que je suis
ici? Elle répondit :

perdue que me
de compassion, il la fit entrer dans la cour (4),
voici. Plein
et entra (lui-même) dans sa cellule dont il ferma la porte. La malheu-

reuse se mit à crier et à dire Père, les animaux sauvages me man-:

geront. Il fut encore ému et craignant le jugement de Dieu — il dit — :

D'où me vient cette colère (cette dureté)? puis il ouvrit la porte et la fit
entrer. Or le démon commença
à le tenter au sujet de cette femme, mais
lui , compte du combat que lui livrait l'ennemi, dit
se rendant Les :

sentiers de l'Ennemi sont (dans) les ténèbres, tandis que le Fils de Dieu
est lumière. Il se leva donc et alluma la lampe. Comme le désir le brû-
lait, il dit Ceux qui font cela vont aux tourments; essaie donc ici si tu
:

peux supporter le feu éternel. Il mit son doigt sur la lampe et le brûla,
et il ne sentit pas qu'il brûlait à cause de la passion excessive ([ui brûlait

(1) M, 883, n"35; Coislia lil , loi. U:J'; H. p. :jif5: uis. UlU. loi. 155: L. fol.
80».

(2) M, 883. no M; Coislin 127, foi; 93-; Paul, 211.


(3) M,883, n" 37; Coislin 1-27, fol. 94; Paul, 226; L, fol. S5v.

(4) aùVjûpiov C 126: aùXcSpuov C 127.


ORIENT CHRÉTIEN. 19
290 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

sa chair. Il continua ainsi jusqu'au matin et brilla tous ses doigts. Mais

lamalheureuse, voyant ce qu'il avait fait, fut pétrifiée.


Au matin, les jeunes gens, venant près de l'anachorète, lui dirent :

Une femme n'est-elle pas venue hier soir? Il répondit Oui, elle est :

couchée là dedans. Ils entrèrent et la trouvèrent morte et ils lui dirent :

Père, elle est morte. Alors, découvrant ses mains, il les leur montra et
dit Voilà ce que m'a fait cette fille du diable, elle m'a fait perdre les
:

doigts. Il leur raconta ce qui était arrivé et il dit : II est écrit : Tu ne


rendras pas le mal pour le mal. Il pria et la ressuscita; elle partit et
eut bonne conduite désormais.
190. — Un frère fut tourmenté par le démon de l'impureté (1). Il lui
arriva de traverser un village d'Egypte ; il vit la fille d'un prêtre païen,
l'aima et dit à son père Donne-la-moi pour femme. Il répondit Je ne
: :

puis pas te la donner sans consulter mon dieu. Il alla près du démon
et lui dit Voilà qu'un moine est venu et veut ma fille, la lui donnerai-je?
:

Le démon répondit Demande-lui s'il renonce à son Dieu, au baptême


:

et à la profession monacale. Le prêtre vint dire au moine Renonces-tu :

à ton Dieu, au baptême et à la profession monacale? 11 le promit et aus-


sitôt il vit comme une colombe qui sortait de sa bouche et s'envolait au

ciel. Le prêtre alla près du démon et lui dit Voilà qu'il m'a promis :

ces trois choses. Et le diable lui répondit Ne lui donne pas ta fille pour :

femme, car son Dieu ne l'a pas quitté mais le protège encore. Et le
prêtre vint lui dire Je ne puis pas te la donner, car ton Dieu te protège?
:

et ne t'a pas quitté. A ces paroles le frère se dit en lui-même Lorsque :

Dieu m'a montré tant de bonté, moi, misérable, je l'ai renié ainsi que
le baptême et la profession monacale, et lui, (le Dieu) bon, me protège

encore maintenant!
Rentré en lui-même, il sut se contenir et alla au désert près d'un grand
vieillard auquel il raconta toute la chose. Le vieillard lui répondit Reste :

avec moi dans cette caverne et jeûne trois semaines de suite; je prierai
Dieu pour toi. Le vieillard prit de la peine au sujet de ce frère et supplia
Dieu, disant Je t'en prie. Seigneur, donne-moi cette âme et accepte
:

sa pénitence. Dieu l'exauça à la fin de la semaine, le vieillard vint près


du frère et lui- demanda N'as-tu rien vu? Le frère lui répondit Si, j'ai
: :

vu la colombe en haut dans la profondeur du ciel, au-dessus de ma


tête. Et le vieillard lui dit Fais attention à toi et prie Dieu constam-
:

ment. La seconde semaine, le vieillard vint près du frère et lui de-


manda N'as-tu rien vu? Il répondit J'ai vu la colombe près de ma
: :

tête. Et le vieillard lui ordonna d'être sobre et de prier. Le vieillard vint

encore à la fin de la troisième semaine et lui demanda N'as-tu rien vu :

de plus? Il répondit J'ai vu la colombe venir et s'arrêter au-dessus de


:

ma tète; j'ai étendu la main pour la saisir, mais elle, s'envolant, est entrée
dans ma bouche. Et le vieillard rendit grâces à Dieu, et il dit au frère :

Voilà que Dieu a agréé ta pénitence; à l'avenir prends garde à toi. Le

'1) M, ?81, 11" îiS; Coish'n 1;.'7, fol. Oh; Paul, 15; B, p. 30:^; ins. UIO, ibl. 150;
fol. IGLi,
HISTOIRES DKS SOLITAIRES ÉflVI'TIENS. 291

frère lui ré])ondit : Dès muinleiiant J(!


reste avec toi, père, jusrju'à ma
mort.
191. — L'un des vieillards Tlu'lxiins racontait (1) : J'étais fils d'ini
prêtre païen. Lorsque j'étais jeune, je voyais souvent mon père qui venait
sacrifier à l'idole. Un jour que
en cachette derrière lui, je vis j'entrai
Satan et toute son armée autour de
et voilà que l'un de ses cliels lui,

vint l'adorer. Le diable lui dit D'où viens-tu? Il répondit J'étais dans : :

tel pays, j'ai excité des guerres, j'ai fait verser beaucoup de sang et je

suis venu pour te l'annoncer. 11 lui dit En combien de temps as-tu — :

fait cela? — Il répondit : En trente jours. — Et il le fit clu'itier et dit : En


tant de jours, tu n'as pu faire que cela!
Ln autre vint l'adorer et il lui dit D'où viens-tu, toi aussi? — Le :

démon lui répondit J'étais dans la mer, j'ai suscité les vents, j'ai sub-
:

mergé des navires, j'ai fait périr beaucoup d'hommes et je suis venu
te l'annoncer. Il lui dit —En combien de temps as-tu fait cela? : —
Le démon répondit En vingt jours. Et il ordonna de le flageller et
: —
il dit : Pourquoi, en tant de jours, n'as-tu fait que cela?
Le troisième s'approchant l'adora, et il lui dit aussi : D'où viens-tu ? Le
démon lui répondit Dans telle ville : il y avait des noces, j'y ai excité une
guerre et j'ai fait répandre beaucoup de sang, j'ai tué l'époux et l'épouse
et je suis venu te l'annoncer. — Il lui demanda : En combien de jours
as-tu fait cela? — Il répondit : En dix jours. Et il ordonna de le flageller
aussi, parce qu'il avait mis trop de temps.
Après ceux-là, un autre vint l'adorer. Il lui dit D'où viens-tu, toi :

aussi? —
Il répondit Voilà quarante ans que je suis dans le désert à lutter
:

contre un moine; cette nuit-ci je l'ai fait tomber dans l'impureté. A ces
paroles, (Satan) l'embrassa et, enlevant la couronne qu'il portait, il la lui
plaça sur la tête et il le fit asseoir sur son trône et il dit C'est parce que :

tu as pu accomplir cette grande action.


Et le vieillard ajouta Lorsque je vis cela, je (me) dis : L'état monacal :

e.st donc vraiment grand! Et Dieu voulant mon salut —


je partis et je —
devins moine.

RÉCITS POUR NOUS EXCITER A LA PATIENCE ET A LA FERMETÉ.

192. — Un vieillard dit (2) : Quand un liomme est éprouvé, les afflic-
tions lui viennent de partout pour l'impatienter et le faire murmurer.
Et il racontait :

y avait un frère aux Cellules et il fut éprouvé lorsque quelqu'un le


Il :

rencontrait, il ne voulait ni le saluer ni le faire entrer dans sa cellule;


lorsqu'il avait besoin de pain, personne ne lui en prêtait; lorsqu'il revenait
de la moisson, personne ne l'engageait par charité à se reposer dans
l'église comme c'est la coutume. Il revint un jour de la moisson et ne
trouva même pas de pain dans sa cellule; malgré tout cela, il rendait

(1) M, 885, u" 39; Coislin 127, foi. 95; Paul, 99; B, G88, n° OJt.
(i) M, 897, II" '22; B, 811, n"295; Coislin 127, loi. 124>.
292 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

grâces à Dieu. Le Seigneur, voyant sa patience, mit tin à son épreuve :

un homme vint frapper à sa porte avec un chameau chargé de pain qu'il


apportait d'Egypte. Le frère commença à^ pleurer et à dire : Seigneur,
n'étais-je pas digne d'être un peu tourmenté pour ton nom? Lorsque —
l'épreuve fut passée, les frères vinrent le chercher pour le faire reposer
dans leurs cellules et dans l'église.
193. —
Des frères vinrent au désert près d'un grand vieillard et lui
dirent (1) : Comment peux-tu demeurer
ici, père, et y supporter de telles

fatigues? — Le Tout le temps que j'ai passé ici à tra-


vieillard répondit :

vailler ne fait même pas un jour de la punition (éternelle).


194. —
Un vieillard dit (2) Les anciens ne se hâtaient pas de quitter
:

leur place, si ce n'est pour l'une de ces trois causes si l'un se trouvait :

avoir quelqu^un mal disposé a son égard et qu'il ne pût, malgré ses
efforts, le changer; ou encore s'il arrivait d'être loué par beaucoup;
ou enfin de tomber dans l'impureté.
195. —
Un frère demanda à un vieillard (3) Que ferai-je? Mes pensées :

me troublent en me disant Tu ne peux ni jeûner ni travailler, du moins


:

va visiter les malades, c'est là une œuvre de charité. Le vieillard lui dit :

Va. mange, bois, dors, seulement ne quitte pas ta cellule, sachant que le
support de la cellule conserve le moine dans son état. Lorsqu'il eut —
passé trois jours il s'ennuya et, trouvant de petits rejetons de palmier,
il les fendit, puis, le jour suivant, il les tressa. Après avoir travaillé,
il dit Voilà encore d'autres petits rejetons, je les prépare encore, puis je
:

mangerai. Il les prépara, puis il dit Je vais lire un peu, ensuite je man- :

gerai. Après avoir lu il dit Je récite mes petits psaumes, ensuite je


:

mangerai sans aucune inquiétude. Ainsi il progressa petit à petit avec


l'aide de Dieu jusqu'au moment où il entra dans son ordre. En prenant
confiance contre ses pensées, il les vainquit.
196. — On demanda à un vieillard (4) : Pourquoi suis-je découragé
lorsque je suis assis dans ma cellule? — Il répondit : Parce que tu n'as
pas vu l'instant favorable, ni le repos en lequel nous espérons (5), ni la
punition future. Car si tu avais bien vu tout cela, si ta cellule avait four-
millé de vers, au point d'y avoir été plongé jusqu'au cou, tu ne te serais
plus découragé.
197. —
Les frères demandaient à un vieillard de cesser ses grands
travaux Il leur répondit
(6). Je vous le dis, enfants, Abraham a lieu de
:

se repentir, en voyant les grands dons de Dieu, de ce qu'il n'a pas lutté
davantage.
198. — Un frère dit à un vieillard (7) : Mes pensées vagabondent et

M,
(1) n"25;!»00, Coisliu 127, fol. ]25«.
M, 900, ir 2(); B, 762, n» 104; Coislin 127, fol. 125.
(i)

(3) lAI, 900, 11" 27, appelle ce vieillard Arsène; Coislin 127, fol. 125.

(4) M, 900, n" 28; B, <S15, n° 300; Coislin 127, fol. 125.
(5) Le latin porte adhuc non vidisti speratani resurrectionem. Le syriaque
:

porte • parce que tu n'as jtas songé au repos auquel aboutissent ceux qui tra-
:

vaillent ".

(6) M, 900, n» 29; Coislin 127. fol. 125.


(7) Coislin 127, fol. 125-: M, 900, n° 30; cf. B, 459, n° 38,
HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉGYPTIENS. 293

j'en suis afnip;6. — Le vieillard lui dit : Reste dans ta cellule et elles (te;
reviendront. Si un âne est attaclié et ([uo son petit ])uisse courir çà et là,
si loin qu'il aille, il revient toujours près de sa mère; il en est de môme
des pensées de celui qui reste pour Dieu dans sa cellule, elles peuvent
vagabonder un peu, mais elles reviendront près de lui.
199. — Un vieillai'd demeurait dans le désert à douze milles de l'eau (1;.
Un jour qu'il allait puiser, il se fatigua et il dit : Pourquoi me donner tant
de peine? Je aller demeurer près de l'eau. En disant cela, il se re-
v;iis

tourna et quelqu'un qui l'accompagnait et qui comptait ses pas.


il vit
Il lui dit Qui es-tu?
: L'autre répondit —
Je suis un ange du Seigneur :

et j'ai été envoyé pour compter tes pas et te donner la récompense. Le


vieillard, à ces paroles, fut réconforté et encouragé et il alla demeurer
encore cinq milles plus loin.
200. — (2) S'il t'arrive une tentation dans l'endroit
Les pères dirent :

où tu habites, n'abandonne pas cet endroit au moment de la tentation,


sinon partout où tu iras, tu trouveras devant toi ce que tu fuis. Prends
patience jusqu'à ce ([ue la tentation soit passée afin que ton départ se

fasse sans esclandre au moment où tout est tranquille et qu'il ne cause


aucune affliction à ceux qui habitent cet endroit.
20L —
Un frère était moine dans un couvent (3) et souvent il se met-
tait en colère. Il se dit Je vais me retirer à l'écart et, n'ayant plus de
:

rapports avec qui que ce soit, cette passion me quittera. Il partit donc
et demeura seul dans une caverne. Un jour, ayant rempli sa cruche d'eau,
il la posa à terre et aussitôt elle se renversa. Il la remplit et elle se
renversa encore. Il la remplit une troisième fois et elle se renversa de
même. Saisi de colère, il l'empoigna et la brisa. Rentré en lui-même,
il reconnut qu'il avait été trompé par le démon, et il dit Voilà que j'ai :

voulu vivre à l'écart et j'ai péché; je retourne donc au monastère, car


on a besoin partout de force, de patience et du secours de Dieu. II se
leva donc et retourna à sa (première) place.
202. — Un frère dit à un vieillard (4) : Que ferai-je, père? car je ne fais
rien de monacal; je mange, je bois et je dors avec insouciance, j'ai de
mauvaises pensées et beaucoup de trouble d'esprit. Je vais de travail en
travail et de pensées en pensées. Le vieillard lui dit Demeure dans ta :

cellule et fais ce que tu peux sans te troubler. Le peu que tu fais main-
tenant me semble égal aux grandes choses que le père Antoine faisait sur
la montagne; j'espère qu'en demeurant dans ta cellule pour le nom de
Dieu et en recherchant la connais.sance de Dieu, tu te trouveras toi aussi
à la place du père Antoine.
203. — On demanda à un vieillard (5) ; Comment un frère zélé peut-il
ne pas être scandalisé s'il en voit qui retournent dans le monde? Il répon-

(1) Coislin 1-27, fol. 125^; M, '.WlO. n" :il ; B. p. .Ml, ii" l'.tN: I,. fol. S!). Le sy-
riaque porte : " dix milles ».

(2) Coislin W, fol. M, 901, n" 3-2.


1-25";

(3) Coislin 1-27. fol. M, 901, n" 33.


Vlb' ;

(1) Coislin 127, fol. 126; M, 901, n" 34.

(5) Coislin 127, foL 1-26; M, 901. n" :^5.


294 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN."

dit : Il faut regarder les chiens qui poursuivent les lièvres et comment
un chien ayant vu un lièvre le poursuit jusqu'à ce qu'il l'atteigne sans se
laisser arrêter; les autres se bornent à regarder le chien qui chasse ou
bien courent un peu avec lui mais changent bientôt d'avis et retournent;
lui seul, qui a trouvé le lièvre, le poursuit jusqu'à ce qu'il l'atteigne sans
se laisser détourner de son but par les chiens qui s'arrêtent et sans se
préoccuper des précipices, des broussailles et des épines. De même celui
qui recherche (notre) maître, le Christ, et qui regarde constamment sa
croix, franchit tous les scandales qui surviennent jusqu'à ce qu'il arrive
au crucifié.
204. — Un vieillard dit (1) : De même qu'un arbre ne peut pas porter
de fruits s'il est fréquemment transplanté, ainsi le moine qui erre de
place en place ne peut arriver à la vertu.
205. — Un frère tourmenté par ses pensées au point de quitter le mo-
nastère, le raconta au père (2). Celui-ci lui dit : Va demeurer dans ta
cellule, donne ton corps en gage au mur de ta cellule et n'en sors pas ;

laisse ton imagination imaginer ce qu'elle voudra, seulement ne retire pas


ton corps de la cellule.
206. — Un vieillard dit (3) : La cellule du moine est la fournaise de
Babylone où les trois enfants ont trouvé le fils de Dieu; c'est la colonne
de nuées, d'où Dieu a parlé à Moïse.
207. —
Durant neuf ans un frère fut tenté de quitter le monastère (4).
Chaque jour il préparait son habit pour partir et, lorsque le soir venait,
il se disait Je partirai d'ici demain. Le lendemain il disait
: Obligeons- :

nous à rester encore aujourd'hui pour le Seigneur. Quand il eut fait cela
durant neuf ans. Dieu lui enleva toute tentation et il fut tranquille.
208. — Un frère tomba dans la tentation et, de chagrin, il abandonna
la règle monacale (5). Quand il voulut recommencer, son chagrin l'en
empêchait toujours et if se disait : Comment pourrai.s-je jamais redevenir
ce que j'étais! Il perdait courage et ne pouvait pas recommencer le tra-
vail monacal. 11 alla trouver un vieillard et lui raconta ce qui lui arrivait.
Le vieillard, informé de son chagrin, lui proposa l'exemple suivant Un- :

homme avait un champ, il le négligea et il devint inculte, rempli de


joncs et d'épines. songea enfin à le cultiver et il dit à son fils Va net
Il :

toyer le fils alla pour le nettoyer mais, lorsqu'il vit le grand


champ. Son
nombre des épines, il perdit courage et se dit Comment pourrais-je :

arracher tout cela et nettoyer tout cela! Et il se coucha et se reposa


durant plusieurs jours. Après cela, son père vint voir son travail il le ;

trouva à rien faire et lui dit Pourquoi n'as-tu pas travaillé jusqu'au-
:

jourd'hui? Le jeune homme répondit à son père Dès que je suis venu
:

pour travailler, père, et que j'ai vu le grand nombre des roseaux et des

(1) Coislin 127, fol. 126; M, 902, n" 36.


(2) Coislin 127, loi. 126; xM, 902, n" 37;
(3) Coislin 127, fol. 126; JI, 902, n" 38.
(4) Coislin 127, fol. 126v; M, 902, n° 39.
(5) Coislin 127, fol. 126'; M, 902, n» 40; B, p. 672, \r 593: ms. 1596, p. 33
L, fol. 38\
HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉdM-TIENS. 205

épines, j'ai été tourmenté et, à cause de cette affliction, je me suis assis
et j'ai dormi. Son père lui dit chaque jour seule-
: Enfant, si tu avais l'ait

ment la grandeur de ton manteau, ton ouvrage aurait avancé et tu n'au-


rais pas perdu courage. — Il le fit et, en peu de temps, tout le champ
était nettoyé. —
Il en est de même pour toi, frère travaille peu à peu, ;

tu ne perdras pas courage et Dieu, par sa grâce, te ramènera à ton


ancien rang. —
Le frère se mit à faire patiemment ce que le vieillard lui
avait dit et, par la grâce du Christ, il trouva la tranquillité.
200. —
Il y avait un vieillard (1) qui était d'ordinaire malade et infirme.

Il lui arriva certaine année de ne pas être malade, il en fut très affligé et

il disait en pleurant Dieu m'a abandonné et ne m'a plus visité.


:

210. —
Un vieillard dit (2) Certain frère fut tenté par ses pensées
:

durant neuf ans, au point de désespérer de son salut. Dans sa timidité,


il se condamnait lui-même et disait J'ai perdu mon âme, je vais dans
:

le monde qui m'a perdu. Comme il s'en allait, une voix lui vint durant
la route qui lui dit Les neuf années durant lesquelles tu as été tourmenté
:

étaient tes couronnes, retourne à ta place et je te délivrerai de tes pen-


sées. —
On voit qu'il n'est pas beau pour ({uel([u'un de désespérer à
cause de ses pensées, car elles nous apportent plutôt des couronnes pourvu
que nous les supportions bien.
211. — Un vieillard qui demeurait dans une caverne de la Thébaïde
avait un disciple éprouvé (3). Le vieillard avait coutume de lui donner
chaque soir de bons conseils, puis de faire la prière et de l'envoyer cou
cher. Un jour, de pieux séculiers qui connaissaient le grand ascétisme
du vieillard, vinrent le voir et il leur adressa des paroles d'édification.
Après leur départ, le vieillard s'assit encore le soir selon sa coutume
pour exhorter le frère et, pendant qu'il parlait, il s'endormit. Le frère
attendit que le vieillard s'éveillât et lui fit la prière. Quand il eut attendu
longtemps et que le vieillard ne s'éveillait pas, ses pensées le tourmen-
tèrent pour qu'il s'en allât et se couchât sans y être envoyé, 11 résista
à ces pensées et demeura; tenté de nouveau, il ne s'en alla pas; jusqu'à
sept fois il résista à ses pensées. Après cela, la nuit touchant à sa fin, le
vieillard se réveilla, le vit assis près de lui et lui dit Tu ne t'es pas :

éloigné jusqu'à maintenant? Il répondit Non, car tu ne m'as pas donné :

congé, père. Le vieillard dit Pourquoi ne m'as-tu pas éveillé? Il répon-


:

dit Je n'ai pas osé féveiller, de crainte, de te fatiguer. Ils se levèrent,


:

récitèrent les laudes et, après l'office, le vieillard renvoya le frère et se


coucha de son côté; il tomba en extase et voilà que quelqu'un lui mon-
trait un endroit glorieux où était un trône et sept couronnes sur le trône_
11 demanda à son guide Pour qui est cela? L'autre répondit C'est pour
: :

ton disciple Dieu lui a donné cette place et ce trône à cause de son obéis-
;

sance; quant aux sept couronnes, il les a gagnées cette nuit. Le vieillard,
à ces paroles, fut saisi d'étonnement et de crainte; il appela le frère et lui

(1) Coisliu 127, fol. 127;M, 903. n" II.


(2) Coisliii 127, fol. 127; M, 903, ir 12.
(3 Coisliu 127, fol. 127; M, 903, nM3.
296 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

dit Raconte-moi ce que tu as fait durant cette nuit. L'autre répondit


: :

Pardonne-moi, père, mais je n'ai rien fait. Le vieillard, croyant qu'il ne


voulait pas le raconter par humilité, lui dit Je ne te tiens'pas quitte si tu :

ne me dis pas ce que tu as fait ou ce que tù as pensé durant cette nuit.


Le frère, n'ayant pas conscience d'avoir fait quelque chose, était embar-
rassé pour répondre. Il dit (enfin) au père : Abba, je n'ai fait ([ue ceci :

Tourmenté par sept fois par mes pensées pour partir sans que tu m'aies
renvoyé, je ne suis pas parti. —
Le vieillard comprit alors qu'il avait été
couronné par Dieu chaque fois qu'il avait résisté à ses pensées. Il n'en
dit rien au frère, mais, pour les édifier, il le raconta aux pères spirituels
afin de nous apprendre que, pour de petites pensées. Dieu nous délivre
des couronnes. Il est donc beau de se contraindre pour (l'amour de) Dieu.
Car le roya^ime du ciel souffre violence et les violents le ravissent (1).
212. — Un vieillard tomba malade aux Cellules (2); il vivait à l'écart et
n'avait personne pour le servir. Il se leva et mangea ce qu'il trouva dans
sa cellule, II resta ainsi plusieurs jours sans que personne vînt le voir. Au
bout de trente jours, comme personne ne venait près de lui, Dieu envoya

un ange pour le servir. Sept jours après, les pères se souvinrent du vieil-
lard et dirent : Un tel vieillard ne serait-il pas mort? Lorsqu'ils vinrent et
fi-appèrent, l'ange s'éloigna. Le vieillard cria du dedans Partez, frères. Ils
;

poussèrent la porte, entrèrent et lui demandèrent pourquoi il criait cela.


Il leur ditJ'ai été malade durant trente jours sans que personne vînt me
:

voir, voilà seulement sept jours que Dieu a envoyé un ange pour me
servir et, lorsque vous avez frappé, il m'a quitté. Après avoir dit cela il
mourut, çt les frères, pleins d'admiration, louèrent Dieu de ce que le
Seigneur n'abandonne pas ceux qui espèrent en Lui.
213. —
Un vieillard dit (3) S'il te survient une maladie corporelle,
:

ne t'impatiente pas, car si le maître veut affliger ton corps, pourquoi t'im-
l)atienterais-tu? Ne s'occupe-t il pas de toi en tout? Peux-tu vivre sans Lui?
Sois donc patient et prie-Le de te donner ce qui te convient. Voici sa
volonté : Demeure avec patience et mange l'agape.
214. — Un père racontait (4)
Lorsque j'étais à Oxyrynque (5), des :

jiauvres y vinrent, le soir du samedi, pour recevoir l'agape. Comme nous


étions couchés, il y en avait un qui n'avait qu'une natte, la moitié sous
lui et l'autre moitié dessus. Or il faisait très froid. En sortant pour une
nécessité, je l'entendis qui souffrait du grand froid et qui s'exhortait en
disant Je te rends grâces, Seigneur! Combien de riches sont main-
:

tenant en prison chargés de fer, d'autres ont les pieds entravés dans des
bois et ne peuvent même pas rejeter leur eau; tandis que moi j'étends mes
pieds comme un roi. Quand j'eus entendu ces paroles, je les racontai aux
frères et ils en furent édifiés.

il) Matth., XI, Vl.


{i) Coislin 1-27, loi. \iV ; M, HOl, n^ 41.
CJ) Coislin 127. fol. 128; M, 904, n- 45.
(1) Coislin 127, fol. 128; M, 904, n" 46; B, 811. n" 298.
(5) Le syria(^ue a transcrit ?£vo5ox£;w lorsque j'étais : « dans une hôtellerie »

au lieu de 'O^upûyxw.
HISTOIRES DES SOLITAIRES ÉOYPTIEXS. 297

215. —
Un frère demanda à un vieillard (1) S'il m'arrive une ;iffliction
:

et que je n'aie pas la consolation de (pouvoir) la raconter à (juel<(u'un,


que ferai-je? Le vieillard dit J'ai confiance que Dieu t'enverra sa grâce et
:

te secourra si tu le pries en vérité. Car j'ai entendu qu'il est arrivé à Scétd

une histoire de ce genre Un liomme souffrait et, n'ayant personne pour


:

le consoler, il prépara son habit pour s'en aller. Alors la grâce divine lui

apparut sous la forme d'une vierge qui l'encouragea et lui dit Ne t'en :

va pas, mais reste ici avec moi, car aucun mal imaginé par toi n'est ar-
rivé. 11 lui obéit et resta, et son cœur fut guéri dés ce moment.

^^ ^^^^'•
(.1 suivre.)

(1) Coislin 1-27, fol. 1-J8; M, 'JUû, u" 11; L, loi. 177.
HISTOIRE DE LA CONVERSION DES JUIFS
HABITANT LA VILLE DE TOMEI, EN EGYPTE

D'APRÈS D'ANCIENS MANUSCRITS ARABES

La Patrologie orientale va publier prochainement, par les


soins de M. S. Grébaut, une apologie du christianisme, en lan-
gue éthiopienne, que fait un Juif, nommé Jacob, nouvellement
converti, et dans de singulières circonstances, à la religion de
Jésus-Christ. C'est pour rechercher quelque forme arabe de cet
écrit que j'ai feuilleté les différentes controverses judéo-chré-
tiennes manuscrites.
Nous ne connaissons pas, en arabe, l'histoire de ce Jacob,
mais une certaine littérature nous a été conservée, dans cette
langue, sur ce sujet des polémiques entre Juifs et chrétiens et ;

il y aurait un chapitre nouveau à ajouter à la Polemische


litteratur de Steinschneider. Cette addition ne contribuerait pas
à donner à ce répertoire un accès plus facile, mais elle le ren-
drait tout à fait complet, c'est-à-dire parfait, pour certains.
Il ne fallait pas s'attendre à trouver le fond de ces contro-

verses très différent d'un ouvrage à l'autre. En effet, il n'y a


pas deux manières, pour un chrétien, de combattre un Juif sur
sa religion : quand il aura donné l'interprétation des prophé-
concernent Jésus-Christ, relevé les indices, dans l'An-
ties qui

cien Testament, du dogme de la Trinité, il aura fourni son


principal effort de controversiste. Il pourra encore montrer que
la loide Moïse devait s'abolir, et qu'il fallait que le précepte
ancien tombât devant le précepte de grâce et encore ici, il :

pourra s'appuyer sur les témoignages de la Bible.


L'ancêtre de tous ces ouvrages est l'évangile de saint Mat-
niSTOIRR DE LA CONVERSION DES JUIFS. 200

thieu : il nous indique à chaque endroit la prophétie qui s'y


est accomplie; et par le soin qu'il apporte à ces confrontations,
il décèle son souci apologétique. Le gi-and dialogue de saint
•luslin contre le juif Tryphon nous offre le type de ces écrits. Il

n'en est point le modèle, car je veux croire que la plupart de


ces récits sont sans doute réels, et que leur n'-alité historique
en a, de l'un à l'autre, modifié la forme. Leur intérêt ne réside

guère que dans l'ordre où nous sont présentés les arguments


connus, et qui peut être plus ou moins gradué et méthodique.
La Bibliothèque Nationale de Paris conserve sept manus-
crits arabes renfermant des controverses judéo-chrétiennes, les
n"' 171, 205, 211, 215, 4881. Notons seulement ici
172, 173,
que 214 en contient deux, dont l'une se retrouve au 205, et que
173 et 174 contiennent un même ouvrage, ainsi que d'autre
part 215 et 4881.
Ce dénombrement n'est pas pour fatiguer le lecteur, mais
pour éviter, à la réimpression des catalogues, de faire pour les
mêmes textes des notices qui ne se ressemblent pas.
Plusieurs de ces morceaux n'ont pas un vif intérêt. Pour-
tant une sérieuse discussion, bien que fort courte, est celle
que nous donne, sous forme d'opuscule adressé au juif Bichr
ibn Fenhas ibn Choeib, surnommé Al-Hàsib, le comptable, le
docteur .Jacobite 'Isa ibn Zor'a, l'an 387 de l'Hégire (007 de J.-

C). Elle débute, dans le n° 173, par une suscription musul-


mane ^^jU^t ^J! (^.^yS (^j^^
: \^- ^^ docteur,
iJ^'^J^'
'^^''

considérant que la vision nette du devoir fait d'une œuvre


surérogatoire une œuvre d'obligation,'^ et que le devoir ne se
borne pas aux préceptes de la loi écrite, entreprend l'œuvre
qu'il a à cœur, de la conversion des Juifs ; il divise son travail
en quatre chapitres : 1. Que la loi de Moïse est abolie, qu'elle
n'oblige plus dans toutes ses prescriptions ; 2. Que le Messie
annoncé est venu, et y a de cela 998 années solaires 3. De
il ;

la Trinité et de l'Unité de Dieu; 4. De l'Incarnation. A la fm se


trouvent annexées les objections des Juifs contre le Jugement
dernier, et les preuves de l'immortalité de la doctrine de Jésus-
Christ, qui ne sera jamais ni abolie, ni remplacée, et, à ce
propos, une réfutation du Mahométisme, contre Aboul-Qàsem
Abd Allah ibn Mohammed al-Balkhi, auteur d'un pamphlet
contre le christianisme intitulé xJ^rSl Jjuf, c'est-à-dire les
300 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

prémisses des arguments {\). Le tout forme un ensemble un


peu disparate et s'étend sur 21 feuillets dans le n" 173.
Mais il est temps de parler d'une controverse d'un plus grand
intérêt. C'est une véritable conférence contradictoire qui aurait
été donnée vers 622 de -J.-C, devant témoins; elle est encadrée
d'une bonne mise en scène; elle se termine par la conversion de
toute la population juive de Tomei, une bourgade de la
basse Egypte (2).
Des trois mss. qui nous la transmettent, deux, à la Biblio-
thèque Nationale, sont assez défectueux. Le 205, peu ancien
(xiv'' siècle), est toutefois plus correct dans le détail que le 21 1,

du xvi'^ siècle, lequel n'est qu'une copie inintelligente d'un


ancêtre du premier, malgré sa belle calligraphie et sa division
en rubriques. Ces deux mss. ne se sont pas connus, pour plu-
sieurs raisons, dont la principale est que le plus moderne pré-
sente un passage qui a été, par distraction du copiste, sauté
dans le plus ancien. La bibliothèque de l'Université d'Upsal
renferme une autre copie, beaucoup plus ancienne, datée de
1040, que je n'ai pas vue; les deux copies de Paris nous suffi-
ront à suivre l'histoire en son entier; 214 nous guidera, parce
que le récit y est complet, et 2(»5 nous en éclaircira tous les
points obscurs.
Voici donc un bref aperçu, en forme d'analyse, du récit qui
nous est rapporté, et qui s'étend, dans le 214, sur 46 feuillets.

Lorsque Vespasien détruisit Jérusalem, il bannit en Egypte


un grand nombre de familles juives, qui expièrent ainsi le
crime que leurs pères avaient commis en crucifiant .lésus-
Christ. Or, beaucoup d'entre elles s'établirent à Tomei, qui est
au nombre des villes que les Israélites bâtirent au temps de
leur captivité sous les Pharaons (3). Cette ville était ainsi peu-

(1) Cet auteur est nommé, avec son ouvrage, par Uadji Khalfa; v. Fliigel,
t. I, p. 491.

(2) Prononçons, suivant Yaqoùt, Tomei. Village près de llauf. non loin de
Bilbeïs.

(3) L'Exode (i, 11) no donne pas ce nom parmi les villes consti'uites par les

Hébreux, mais seulement Pitom et Ramsès.


IIISTOIHl'; I)K !,A CONVKIiSlON DRS JUIFS. 301

plée surtout de Juifs et, à cette cj^oque, ils s'y trouvaient beau-
coup plus nombr(!Ux que l(^s clinHiens. C'était en Tan 347 des
Martyrs, sous le règne de Juslinien, empereur de Constanti-
nople, auquel succéda Léonce, le dernier prince byzantin qui
gouverna TÉgypte et la Syrie (\). Non loin de la ville, siège de
révèque de Tomei et Achmoun, ('tait situé, dans le diocèse de
Taràbia, un monastère placé sous le vocable de Saint-Antoine,
dans les montagnes de Qolzoum, et le culte que les moines y
rendaient au Seigneur ressemblait à l'adoration des anges.
Deux moines, pourvoyeurs de la communauté, étaient chargés
d'aller à Tomei chercher les subsistances. L'un s'appelait Sati-
rikos (2), et l'autre André.
Un jour, ils tombèrent sur une grande assemblée de Juifs
fêtant la solennité des Tabernacles. Et l'un des deux dit à son
compagnon Crois-tu que Dieu ait pour agréable le culte de ce
:

peuple'? Et ils marchaient dans la ville, tout absorbés dans cette


pensée, quand ils se trouvèrent devant un Juif lévite qui leur
était connu, l'homme le plus considéré de la ville, nommé Am-
ran, assis sur le seuil de sa boutique, et entouré d'un cercle de
Juifs; il tenait à la main un livre dans lequel il lisait. Les moi-
nes s'arrêtèrent pour faire, comme d'habitude, leurs achats;
mais Amran leur dit : Aujourd'hui aucun de nous ne vend ni

n'achète; vous reviendrez demain.


Mais moines répliquèrent Nous voulons connaître ce que
les :

contient ce livre que tu lis, pour savoir si le culte que vous

rendez en ce jour au Seigneur trouve grâce devant lui.


— Eh! dit le Juif, pourquoi Dieu le repousserait-ir? Ce livre,
c'est la Loi, c'est la parole révélée par Dieu lui-même à Moïse,
et que nous avons toujours observée jusqu'aujourd'hui. Et c'est
par Moïse que nous avons appris à l'adorer; aussi pourquoi
n'agréerait-il pas un culte qu'il nous a donné lui-même? Et, si
vous voulez, apprenez que le passage que je lisais, c'est celui-

(1) L'auteur a voulu établir un synchronisme, et n'a pas réussi. En effet, l'é-
vénement s'est passé avant 62-2, comme on verra, date de la mort du patriarche
d'Alexandrie Andronikos (v. Evetts, Hislory of the Palriarchs. p. 487. dans Pa-

Or, en faisant partir, suivant l'usage, l'ère des Martyrs de l'avènement


Irol. Or.).

de Dioclétien, la date de l'auteur serait 031 de .J.-C, date qui ne concorde pas
non plus d'ailleurs que 62~', avec le règne des princes cités.

(2) Peut-être Sotérikos.


302 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ci : Dieu dit : Faisons V homme à notre image et ressem-


blance.
— Tu donné cette loi pour
dis bien, c'est Dieu qui vous a
qu'elle vous serve de religion; mais vous lisez, et vous ne
comprenez pas ce que vous lisez vous apprenez, et vous n'ob- ;

servez pas ce que vous apprenez.


—Quel est donc, dit Amran, le verset sacré que tu nous as
vus jamais renier ou contredire?
—C'est, par exemple, la parole de Dieu que tu lisais à l'ins-
tant Faisons l'homme. Vous l'apprenez, et vous ne voulez
:

pas la comprendre.
Amran allait répondre, mais Satirikos l'interrompit 11 ne :

faut pas que tu sois seul à parler contre nous deux, car les
tiens pourraient dire Vous deux, vous n'entendez que l'argu-
:

ment d'un seul, et vous êtes deux à attaquer.


— Qu'importe, dit le Juif, je vous défie, vous, avec tous les
frères de votre couvent, et l'évêque votre chef, de nous tenir
tête avec les armes de nos livres sacrés.
— Et si, par les arguments tirés de vos nous te ré-
livres,

duisons au silence, tu abjureras ta loi devant tous ceux do ta


race, et tu te feras chrétien?
— Point, dit Amran, mais établissons des témoins. Si tu me
confonds par la lettre de notre livre, je deviens chrétien, avec
toute cette ville; mais si je te l)ats, c'est toi qui te fais juif, et
tous les moines de ton monastère.
Et, sur l'heure, ils choisirent leurs témoins. Alors le Juif de-
manda qu'on lui dît une parole des livres saints sur laquelle

on pût l'attaquer, en ajoutant qu'il y répondrait. Mais Satiri-


kos lui posa cette question : Que penses-tu du Verbe éternel de
Dieu , créateur de toutes choses avec le Père, et qui s'appelle
Jésus-Christ?
— Je ne sais pas quel est ce Verbe de Dieu dont tu fais une
personne; je sais seulement que Dieu est unique, créateur sans
Verbe pour l'aider, et sans prendre conseil de quiconque.

Pourtant, dit le moine, ne lisais-tu pas à l'instant que
Dieu a dit Créons l'homme? Si Dieu dit Créons, c'est assu-
:

rément qu'il prend conseil de son Verbe. Ne va pas dire qu'il


prend conseil des Anges; l'Écriture, dans ce cas, l'aurait fait sa-
voir; puis, les anges n'étaient pas dignes de tant do gloin',
IIISTUIRE DK LA CONVERSION DES JUIFS. 303

étant créés; car David dit : // a créé les Anges esprits el ser-
viteurs de feu brûlant (1),

Le Juif demando quel verset de la Bible autorise à penser


que, dans cette circonstance, le Créateur s'est entendu avec son
Verbe; le moine alors lui répond :

—Vous autres, vous lisez, et vous reniez ce que vous lisez.


N'as-tu pas entendu David Cest la parole de Dieu et sa jus-
:

tice qui ont créé les cieux; et encore : Tu as créé toute chose
avec Justice (2)?
Mais Amraïf demande où Ton voit que le Verbe et la Justice

de Dieu, c'est Jésus-Christ. Alors Satirikos lui explique toutes


les prophéties relatives au Verbe divin; l'annonce de Jérémie :

En ce temps-là, f enverrai vers eux mon Verbe, et je pla-


cerai ma
dans leurs cœurs (3);
loi la prophétie d'Isaïe — :

Ma loi viendra dans Sion et le Verbe du Seigneur dans ,

Jérusalem, et il régnera sur un grand nombre de peuples (4).


Sur les instances de son adversaire, qui commence à se laisser
gagner, Satirikos accumule les témoignages, et juge le moment

opportun pour lui dire :

— Quelqu'un de que le Verbe de Dieu est


ta race a affirmé
Jésus-Christ convertis-toi à son témoignage. C'est Jean
: Au :

commencement était le Verbe\.. et le Verbe s'est fait chair (5).


Mais Amran s'étonne que le Père, étant incréé et non en-
gendré, puisse engendrer (6). Satirikos lui présente la géné-
ration du Fils par le Père comme l'émission de la ^oix par
l'homme.
La foi chrétienne fait du chemin dans l'àme de Amran; il
adhère à l'existence du Verbe Messie, et demande à présent
qu'on lui prouve son humanité, et sa naissance de la Vierge
Marie. L'apologiste, ici, n'a pas de peine à lui fournir tous les
témoignages des prophètes annonçant la venue et la vie ter-
restre du Sauveur; et le Juif, déjà conquis, ne fait plus que de

(1) C'est ainsi que la Bible arabe, à laquelle se fie l'auteur, traduit Ps. civ, 4.

(2) Ps. Lxxxi.x, 13 sqq.


(3) Jér., XXXI, 33.
(4) Is., Il, 3.

(o) Jean, i.

(U) Toute la réponse a été omise dans le 205; le récit reprend à la réponse de
la question suivante. La suite des idées est, de ce fait, fort compromise dans ce
ms.
304 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN,

pieuses objections : il s'étonne que les hommes aient pu sup-


porter l'éclat de sa gloire, quand Moïse tomba la face contre
terre, pour n'avoir qu'entrevu la maj^esté divine, et que Marie
ait pu porter dans son sein la divinité, qui est un feu brûlant.
Le moine, lui ayant apporté des raisons fort convenables, entre
autres que le Buisson de Moïse, symbole de la Vierge, brûlait
sans se consumer, s'applique à présent à lui démontrer que les
prophètes ont annoncé l'adoration des Mages. Isaïe n'a-t-il pas
dit : Avant que Mon père, on portera
l'enfant sache crier :

devant lui les richesses de Damas


de Samarie (1)? Et le et
Psalmiste Les rois de Tharsis et des îles lui apporteroid des
:

présents; et, plus loin // viendra, et on lui donnera de Vor


:

de C Arabie, et on fera des vœux pour lui chaque jour (2).


Le Juif prétend que David n'a eu en vue que Salomon, et
c'est son fils qu'il célèbre; mais le moine lui montre que le
contexte est bien la glorification de Dieu. Puis il raconte l'ar-

rivée des Mages à Jérusalem, et la prophétie de Michée : Et


toi, Bethléhem, et l'entrevue avec Hérode, et l'adoration des
Mages, et la fuite en Egypte.
Mais en Egypte heurte les idées juives de Amran sur
la fuite

la divinité Le potier, dit-il, a-t-il à craindre l'argile, et le


:

maître a-t-il peur de l'esclave? '


Non pas, dit le moine, mais l'Egypte n'avait jamais eu
de prophètes; elle était le peuple le plus éloigné de la connais-
sance du vrai Dieu, et le Sauveur l'a visitée pour la sanctifier
et la convertir. Dieu Sabaoth, dit Isaïe, descendit en la terre
d^ Egypte sur un nuage léger, et ce nuage, c'est Marie toute
pure, et les idoles devant sa face se dissiperont (3). Et plus
loin En ce jour-là, Jéhovah aura un autel au milieu de la
:

teri^e d'Égijjyte (4). En effet, l'Egypte adore Dieu à présent, et


elle mérite cette parole : Bénie soit V Egypte, tmni peuple (5).
En entendant toutes ces preuves, Amran était fort troublé.
Ce sont là, dit-il, des choses admirables; pourtant, notre livre
n'appelle pas le Verbe fils de Dieu ; fais-moi savoir comment

(1) Is., VIII, 4.

(2) Ps. LXXII, II.


(3) Is., XIX, 1.

(4) Ib., 19.

(5) Ib., 25.


iiis!T(in!i': Di", \,\ coNVKrîsiox dks .iciks. 305

vous justifiez ce nom qu'on lui donne, pour que, moi nussi, je
puisse être chrétien,comme loi. »
Le moine commence alors par établir que le Verbe est éter-
nel. En effet, comme créateur, a prononcé ce mot Croissez il :

et multipliez, qui est un commandement dont l'effet ne doit


pas cesser; et il n'appartient qu'à Dieu éternel de faire des
commandements perpétuels. Puis il récite tout le début de l'é-

vangile de saint .Tean, où l'histoire du Verbe, fils de Dieu, se


trouve résumée; puis, du baptême de Jésus, et de sa
le récit

Transfiguration, où apparaît le témoigna.ue même du Père :

Celui-ci est moi) Fils bien-aimé. Comment le juif peut-il re-


fuser d'adhérer à la Transfiguration, puisque Jésus a pris soin
de s'adjoindre, comme témoins irrévocables, les deux représen-
tants de l'ancienne loi, Moïse et Elie"? Enfin Satirikos, qui sait
bien comment se manient les âmes, dit à Amran, qu'il voit tout
ébranlé :

« Il me reste à te donner le témoignage qui est dans la loi,

mais je crains que tu ne commettes le péché de nier ce qui est


l'évidence.
— Comment, s'écria Amran, pourrai preuve
s-je nier la tirée
de l'Écriture, en face des témoins placés devant moi?
— Écoute alors ce verset du Psalmiste : Dieu dit : Tu es
mon fils, et aujoui'd'hui je Vai engendré (1). Et pour bien
appuyer la vérité de cette parole, David ajoute Demande, et je :

te donnerai les nations pour héritage, et pour domaine les

extrémités de la terre (2). Or, tout cela s'est accompli Quelle :

terre, en ce siècle, ne croit pas à Notre-Seigneur? Son nom est


honoré dans tout l'empire de Constantinople, dans l'Iraq, dans
tout rOrient, dans les Iles et en Espagne (3). Et puis, quand
nous lisons le Christ est Eils de Dieu, nous ne voyons dans
:

cette expression qu'une sorte de figure. Dieu emploie le langage


des hommes les trois anges envoyés vers Abraham savaient
:

parfaitement toutes choses, mais, s'exprimant comme des

1) Ps. Il, 7.

(2) Ib., 8.

(3)^^^-^J^'j j'Aj^]'. Les lies, c'est peut-être Alger. A ce moment, l'Afrique


du Nord était sous la domination byzantine, et la religion chrétienne y avait été
importée par les conqui'rants Vandales,
ORIENT CHKÉTIEN. 20
306 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

liommes, ils demandent, comme s'ils l'ignoi-alent : OU est

Sara (1)? De même, en tout, Dieu se sert d'expressions hu-


maines. »

Amran s'étonne encore que Jésus-Christ se soit fait baptiser;


mais on lui réplique que le Maître a voulu se donner en exem-
ple, et nous ressembler en tout, sauf par le péché. Et Satirikos
lui fait un tableau de la vie de Jésus; sa prédication, ses mi-

racles, sa passion et sa mort. Et quand il a terminé, et qu'il a


contre Amran montré que la divinité n'a pas répugné à la mort
dans les tourments et l'opprobre, il cite à son adversaire les
prophéties qui visent les Juifs; il lui parle du jugement dernier,
et l'engage à se convertir.
Amran, en vrai docteur, ne se laisse pas gagner par la seule

éloquence, et il oppose encore de nouvelles difficultés. Cette Ibis,

il lui faut des preuves de la Trinité, et Satirikos lui expose les

passages de l'Ancien Testament où apparaît la trace de la Tri-


nité, et il lui illustre le mystère par des comparaisons. Le
soleil, ses rayons lumineux, et sa chaleur, ne font qu'un soleil :

ainsi Dieu, l'éternel soleil; un arbre dont le tronc se divise en


trois ne forme qu'un seul arbre: ainsi Dieu, l'arbre de vie. Alors
Amran s'écria :

« Je dis devant tous que je le crois fermement : il n'y a


pas de religion, en dehors de la religion des chrétiens, qui soit
agréée de Dieu. Nous et nos pères, nous avions un sceau sur
le cœur et un bandeau sur les yeux nous ne comprenions :

point, et nous étions aveuglés. » — Puis, s'adressant au moine :

« Je te demande, ô Père, que tu me pardonnes ma folie, et je

veux que tu me baptises, moi et toute ma tribu, pour que nos


péchés nous soient remis. »
Le moine alors l'invita à l'accompagner chez l'Évêque, et
Amran, s'adressant à la foule, cria « Que ceux qui veulent de-:

venir chrétiens me suivent chez l'Évêque, et si l'un. de vous


refuse, son péché demeurera contre lui. »

Et à l'instant, tous s'écrièrent, du plus grand au plus petit,


qu'ils voulaient se convertir. Et vingt-deux liommes, des prin-
cipaux de la ville, se levèrent, et suivirent Amran et les moines
au couvent. Ils apprirent aux frères leur histoire, et leur in-

(1) Gen., -wiii, 9.


IIISTolUK l)K LA (•(I.WKIISKIX hllS .11 IKS. '.)()!

tention d'aller trouver révoque pour ôtre baptisés. Les frères


lendemain les viiigl -(Jeux
se rt'jouirent et glorifirrent Dieu, et le
Juifs, et Amran montures et allèrent
à leur tète, sellèrent leurs

en compagnie des moines à la ville de Tarâbia, oii se ti-ouvait


l'èvêque deTomei, et demandèrent à saluer Anba Yasib, èvêquc
de Tomei et Achmoun. Ils le trouvèrent dans r(''i;lise catholi-
que, qui est à l'orient de la ville, où un peuple nombreux cé-
lébrait le second jour de la fête de la Croix, car ('(Hait le 18 du
mois de Tout.
Satirikos et André s'avancèrent vers l'évèquc, et après l'avoir
salué, lui apprirent l'histoire des Juifs; il en fut très jijyeux
et ordonna de faire descendre les convertis dans sa maison jus-
qu'à la fin des cérémonies de la Croix, en attendant de les exa-

miner et de les baptiser. Les moines restèrent auprès de l'èvê-


que pour entendre la messe et recevoir la communion. Ils étaient
onze; et en prêtant l'oreille aux paroles de la liturgie, ils furent
dans l'admiration de voir qu'elles s'accordaient avec les évé-
nements dont ils s'entrenaient depuis deux jours. Et ils se di-
saient entre eux « Cette aventiu'e est de celles qui plaisent à
:

Dieu : écoutons les paroles du livre qu'on lit, on dirait que


Dieu veut faire allusion à ce qui est arrivé. » En effet, au mo-

ment de l'Épître, ils entendirent le lecteur qui disait : Il est une


sagesse nous prèclions, sagesse qui n'est pas relie de ce
t/ue

siècle... Nul des princes de


ce siècle ne l'a connue, car s'ils
ravaient connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de
gloire (1). Et dans les épîtres catholiques, il^; entendirent i'n :

temps était oii vous n'étiez pas le peuple de Dieu, et vous êtes
devenus le peuple de Dieu; vous n étiez pas dignes d'obtenir
miséricorde, et vous voilà qui avez obtenu miséricorde (2).
Et dans les Actes des ApcHres Paul leur dit : Avez-vous reçu :

le Saint-Esprit:^ Ils répondirent : Nous ne connaissons pas

le Saint-Esprit. Alors Paul les baptisa, et leur imposa les

mains, et le Saint-Esprit vint sur eux (3). Et dans l'Évan-


gile Qui ne porte pas sa croix, et me suit, n'est pas digne de
:

moi (4).

(1) 1 Cor., II. G, y.

(i) I Pet.. II, 10.

(3) Act., .\ix, 2.

(4) Matlli., .\, 38.


308 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

En entendant ces passages, les moines étaient dans l'émer-


veillement, et ils glorifiaient Dieu; et, quand la messe fut dite,

l'Évêque emmena les moines cliez lui, et rompit le pain avec


eux. Ils lui répétèrent la controverse qu'ils avaient soutenue
contre Ainran, et FÉvêque fut dans l'admiration. Il demanda
qu'on apportât des feuilles blanches et de l'encre, et qu'on
écrivît toute la discussion, depuis son premier mot jusqu'au
dernier. Puis donna l'ordre de faire manger
il les Juifs et de
les lui amener le lendemain matin.
Le lendemain, le P. Évêque était à l'église, et toute la po-

pulation y était rassemblée, avec les moines, le caïd de la ville


et les principaux personnages, pour fêter le troisième jour de
la Croix. Les .Tuifs, Amran en tète, furent amenés dans l'église.
L'Évêque leur dit de s'asseoir, et, s'adressant à Amran, lui
souhaita la bienvenue. Puis il lui demanda qui avait vaincu
son adversaire, du moine ou de lui. Amran dit que la victoire

était restée au moine.


« Veux-tu, dit l'Évêque, que je lise devant ce peuple la re-
lation de votre controverse?
— Je le veux, répondit Amran, pour fortifier mon esprit. » Et
le P. Évêque lut la discussion en son entier; et le caïd et tout
le peuple, en l'entendant, manifestaient par des cris en glori-
fiant Dieu leur admiration; et tous, émerveillés de l'intelligence
de Satirikos, s'avançaient vers pour lui qu'il les bénît.

Pardonnez-moi, s'écria le moine, en


<c les bénissant, mes pa-
roles n'étaient pas pour la vainc gloire de la science, mais pour
la conversion de ce peuple et le salut de ces âmes. »

A ce moment, les Juifs s'écrièrent qu'on leur donnât le bap-


tême. Mais Anba Yasib leur dit : « J'appréhende de vous bap-
tiser,de peur que de retour dans vos demeures, vous ne ren-
contriez la contradiction auprès de vos enfants et de vos femmes,
et que le baptême que vous aurez reçu ne soit chez vous une
cause de division et un objet de scandale. Aussi, retournez

à vos logis, et faites part de ceci à vos frères : Qui veut être
chrétien, qu'il se purifie et qu'il purifie sa maison, et jeûne sept
jours du matin au soir, et au huitième, je le recevrai avec le

caïd et les notables, je le baptiserai, et je lui donnerai la com-


munion. »

Les Juifs s'en allèrent avec joie e.xcepté Amran, qui demeura
IIISTOIRI-: DF': LA CONVI'MISION DKS JUIFS. 309

auprès de Satirikos pour se fortifier dans la foi, et il exposa à


l'Evêquo ses dei'iiièi'es difficultés.

Amraii ne s'explique pas que l'homme soit fait à l'image et


à la ressemblance de Dieu; et l'Évoque répond en énumérant
soixante-douze attributs humains qu'il reiruuvr en Dieu, en
s'appuyant sur tous les passages de la liible où l'on dit ({uc Dieu
voit, entend, sent, parle, se tait, rit, pleure, étend la main, con-
naît, feint d'ignorer, etc. (1). Et l'Évêque finit par tranquilliser
pleinement l'ancien docteur lévite.

(,>uand arriva le 25'' jour de Tout, l'évêque Anba Yasib, le

caïd et beaucoup de prêtres se rendirent au couvent de Saint-


Antoine; moines sortirent en procession à la rencontre
et les

de l'Évêque, avec les croix et les encensoirs. L'Évêque demanda


des nouvelles des nouveaux convertis. Les moines lui assurèrent
qu'ils avaient accompli tout ce qu'il leur avait prescrit, et qu'ils
avaient jeûné avec leurs femmes, leurs enfants, leurs parents
et leurs serviteurs pendant Anba Yasib en fut
sept jours.
rempli de joie, et demanda qu'on montrât un édifice oii il
lui

baptiserait tout ce monde. Les moines lui firent voir alors la


salle destinée à leur immersion rituelle qu'ils pratiquaient
le 11 de Tôbi. C'était une construction en pierres, blanchie à la

chaux; l'Évêque fut très satisfait, et ordonna qu'on remplit


d'eau la piscine.
Quand tous les préparatifs furent terminés, et c'était le •27 de
Tout, ilordonna à Amran le lé^^te d'aller à Tomei chercher les
Juifs, et de proclamer dans la ville : <,)ui veut être chrétien,
qu'il aille vers notre Père l'Évêque; et qui n'ira pas, son péché
demeurera contre lui.

Amran obéit; et aussitôt que les Juifs l'entendirent, ils se


hâtèrent à l'envi vers le monastère, du plus grand au plus
petit. Quant à Amran, il prit sa femme, ses enfants, avec les
serviteurs, les esclaves et les servantes de sa maison, au
nombre de quarante-six personnes, et parut au milieu du peuple,
se dirigeant vers le couvenl de Saint- Antoine de Qolzoum.
L'Évêque, en voyant la foule des Juifs réunie dans la grande

(l)Ce naïf travail ne mérite pas d'être rapporté. C'est en eJTetiin hors-d'œuvi-e
considérable, qui vient ici s'intercaler de forée, en forme de dissertation en

soixante-douze petits chapitres. Sou intérêt })our la controverse est des plus
médiocres.
310 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

salle du baptême, fut au comble de la joie. Il se mit à leur

prêcher d'après les Écritures, et, à la fin du sermon, il bénit


Teau suivant les rites du baptême. -

Au moment où l'Évêque versait les saintes huiles sur le

Jourdain dont la piscine est le symbole, au moment où il

dessinait sur l'eau, en la touchant de ses doigts, le signe de


la Croix, on vit un très grand miracle. Sur les murs de l'édi-
fice était peinte la figure de Jean-Baptiste baptisant Notre-Sei-
gneur. Et chacun put voir à ce moment Jean-Baptiste remuant
la main pour faire de ses doigts, sur l'eau, le signe de la croix.
Alors le peuple, transporté, cria d'une seule voix : « Gloire au
Père, Dieu d'Israël, au Fils, et à l'Esprit-Saint, dans tous les
siècles des siècles, amen ! »

En vérité, en ce jour éclata la force et la vérité de la religion


du Christ. L'évêque dit ensuite aux hommes de commencer à
descendre dans le Jourdain, et de s'y plonger trois fois au nom
du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; et aux femmes et —
aux enfants de descendre à leur suite.
Et Amran le lévite fut appelé le nouveau Paul (1). L'Évêque
célébra la messe et fit communier la foule au corps e1 au sang
de Jésus-Christ. Ainsi se termina le baptême des Juifs de la
ville de Tomei, au nombre de 375 personnes. Et il y eut dans
la ville de grandes réjouissances en leur honneur; les nouveaux

clirétiens demandèrent à rEvê(iue et à ceux qui l'avaient


accompagné de faire avec eux leur entrée dans la ville; et
l'Evèque le leur accorda, et demeura sept jours parmi eux; et
il célél»rait la messe, et donnait aux chrétiens la communion
de sa main.
Anba Yasib apprit à connaître Paul le lévite, et, le voyant
homme de foi et d'expérience, il l'établit prêtre. Puis l'Évêque
et le caïd, et tous ceux qui les accompagnaient, s'en retournè-
rent en louant la Providence de Dieu.
Quelque temps après arriva au P. Évêque une lettre d'Alexan-
drie l'invitant à se rendre en mêm? temps que la foule des
Evêques aux funérailles du P. Patriarche Anba Andronikos (-2),

(I) Cf. ms. arabe, Paris 172. In Juif, Aboui-Ala, surnomn é l'Orfèvre, écrit ses
difficultés sur le christianisme au docteur Mostafa Aboul-Fakhr, converti comme
autrefois Saul, qui fut appelé Paul. Paul était le patron des convertis.
('i) Gl(J-b-2"2, d'après Eveils, op. cit.
HISTOIRE DR LA CONVERSION DKS JUIFS. 311

et à participer à l'clcction de son success(^ur. Anba Vasib prit


avec lui l'écrit de In controverse, emmena Paul le lévite, et se
rendit à, Alexandrie; et par la v<»lonté du Seigneur, ils firent
asseoir le P. Anba Beniamin (i)sur le siège patriarcal. Et il

y eut dans toutes les églises de i^randes réjouissances en son


honneur.
Alors, en présence de la foule des Évèques et de notre Père
Beniamin, Anba Yasib sortit l'écrit de la controverse et le lut
(levant tous. Puis il leur montra le nouveau Paul, en leur
disant: « C'est celui-ci qui est l'adversaire du moine Satirikos,
c'est le grand docteur lévite qui s'est fait baptiser, lui et tous
les Juifs (le Tomei, au nomijre de 37.j. »

<juand le' P. et connut le


Patriarche entendit tout cela,
miracle qui du baptême, il fut confondu d'admi-
s'était vu lors
ration; et chacun glorifia Dieu, en admirant la science du
moine, et celle du Juif son adversaire. Et on lit le compte des
témoignages de l'Écriture que Satirikos avaitinvoqués au cours
(le sa discussion, et on trouva que leur nombre s'élevait à iSU.

Alors le P. Beniamin prit la parole :

« En vérité je vous le dis, () Pères purs. Dieu, voyant cette

foule de Juifs dans cette ville, se dressant en tout temps contre


l'Église, nous a suscité cette controverse, pour l'imposer aux
infidèles et aux hérétiques, et pour la proposer aussi aux
Chrétiens peu instruits de leur religion, pour qu'elle les dirige
dans le droit chemin de la vérité. Aussi, ô mes amis, je veux
que cet écrit soit lu dans toute église trois fois l'an :

« Le 2' jour de la fête de la Croix, le 18 de Tout, jour de la


discussion;
(' Le 2" jour de la fête de Noël, car elle démontre la nais-
sance de Jésus de Marie toute pure ;

« Le 2" jour de la fête de Pâques, car elle démontre et éclaire


la résurrection de Jésus-Christ. »

Lorsque les Évèques eurent entendu ces paroles du Pa-


triarche, ils en eurent une grande joie, et chacun d'eux prit
une copie de la controverse, et s'en retourna à sa ville épis-
copale.
Plusieurs années après, Anba Yasib mourut. A sa place fut élu

(1) G-22-6C.1, d'après Evestts.


312 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN,

Mouna, qui mourut après 1 an et G mois; et après lui, on élut


un autre Père, qui siégea 3 ans. Alors le Patriarche, le P. Ben-
iarain, se souvint de Paul le Lévite^ et le manda auprès de
lui. Il le nomma évèque; et il fut un pasteur vertueux, et capable,
par sa science, de préserver son troupeau des attaques des
Juifs.
En ces jours, les Musulmans descendirent dans la terre
d'Egypte (1); et Paul eut à retenir dans la religion de Jésus-
Christ et à fortifier dans lafoi un grand nombre de gens. Puis
ilmourut après une belle vieillesse; et le Maître le reçut, et il
entra dans son royaume éternel, par la grâce de Dieu, qui fait
miséricorde, et de Jésus- Christ, qui a tant aimé les hommes,
et qui nous ressuscitera, noire Sauveur.

Telle est l'histoire de la conversiondes Juifs de Tomei. Le


récit porte degrandes marques d'authenticité c'est l'appareil :

historique dont il s'entoure, et, dans le plan de la discussion,


une certaine irrégularité, un cabotage, qui est peut-être la
trace qu'y a imprimée la réalité. Il porte aussi quelques carac-
tères de la fiction, par bien des détails, délails de roman,
comme celui de l'établissement des témoins, celui de l'accord
mystérieux de la liturgie et de l'événement, et celui du miracle,
qui paraît être bien un miracle d'imagination.
D'autre part, il ne faut pas infirmer le récit par le fait

qu'on y trouve quelques mots qui effleurent l'anachronisme,


comme le mot caïd, et la mention de l'Andalousie, à l'époque
de l'Hégire, c'est-à-dire à un moment où un chrétien d'Egypte
devait avoir une bien vague idée de ces choses, ou même
nulle idée. En effet, cette histoire est écrite en arabe, c'est-à-
dire après la conquête mulsumane, longtemps après l'événe-
ment, à une époque où l'institution des caïds fonctionnait, et
où l'Andalousie commençait à devenir célèbre. En somme,
voici à quoi il est permis d'incliner des moines du couvent
:

de Saint- Antoine ont réellement converti un influent Israélite,


et sa conversion a amené celle d'un grand nombre de ses core-

(1) C'est la première conquête des Arabes, sous le calife Omar.


HISTOIRE DE LA. CONVERSION DES JUIFS. 61.»

ligionnaires, dans la ville de Tomei ; moines auraient mis par


ces
écrit, en copte ou en grec, le plus méthodiquement possible,
les principaux points de la controverse qui aurait ;imené la

conversion. Plusieurs copies s'en trouvaient en Egypte ; un


homme intelligent, après le commencement du viii" siècle, a
eu connaissancede cet écrit, et il a composé, en arabe, cetouvrage,
pour placer dans son cadre, et situer dans riiistoire, à l'aide
de traditions, cette discussion trop théorique; en même
temps, comme il était aussi un bon théologien, et un homme
avisé, il aura profité de l'occasion pour faire passer un petit
écrit de lui, sur les attributs humains qui se retiouv(^nt en Dieu,
en 72 chapitres, dont il était, en tant qu'auteur, fort satisfait,

et il l'a logé dans le de cette sorte nous tien-


cours du récit :

drions la relation de ce curieux événement et cette relation a ;

paru bien instructive et intéressante, puisqu'il en existe encore


trois copies, d'âges djien différents, et une analyse que voilà-

Paris.

Robert Griveau,
archiviste paléograplie.
LITTERATURE ETHIOPIENNE
PSEUDO-CLÉMENTINE
TEXTE ET TRADUCTION DU .MYSTÈRE DU JUGEMENT DES PÉCHEURS.

{Fin) (1).

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hA-flrlih • (14) Hh^flA : ÔCO^' î

(1) Yoy. li)07 et 1908. — (2) Ms. fi-vi: s — (3) Ms. niiw-iP —
(4) Ms. v\'^^^.H^y\ : — (5) Ms. hMU.m . — (O) Ms. :i,eAP : — (7) Ms.
thV-lW : — (8) Ms. Ihf^fV :

(9) Ms. hù^r*^? : — (10) Ms. .ejici = — (Uj Ms. A.h.ïiVP : — (12)
Ms. hMoiX I

(13) Ms. >.«-y"Mi « — (14) Ms. >,rt.11/hï) • — (15) Ms. »co^ • — (16)

Ms. ixé.ii'h :
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSErDO-CLÉMENTINE. 315

^. •
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(1) Ms. ftiti^w : — (2) Ms. :i,GAïi ! — (3) Ms. ^liA^^ïi :

(4) Ms. €n..ç-:ii-tY) : — (5) Ms. .Vru.R* : — (6) Ms. h.,e>j>n>. • — (7) Ms.
.RflÔA :

8) Ms. h»y° ; — (9) Ms. «n»»hïi. : — (101 Ms. ?"/"m.r. = — 11 ^Is.

A/hr«> ! — (12) Ms. M^-Pi. : — (13) Ms. ^ni,e* — : (14) Ms. ihr'l.X •

il5) Ms. h»'Vfn s

(IG) Ms. hoH.^'hi (17j Ms. thîTC


: — (18) Ms. hM:{\",X (19) ! — • —
Ms. AaD-/^T ! — (20) Ms. l'hr'C (21) Ms. AA,9 - (22) Ms. — :

llôAt : — (23i Ms. fln-cti (24 Ms. 9"^-yri : —


(2,j Ms. Vm.e* '. — ••
316 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

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Atwniu-V :— (9)Ms. ",V,çii ! — (10) Ms. •Va.'^V : — (11) Ms. -V->hyi> :

(12) Ms. nu9T-V (13j Ms. : — •/A-nr'hn = — (14) Ms. >,Ai»° : — il5) Di-
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— (19) Ms. -ïç^t » — (20) Ms. v.d,o ! — (21) Ms. M^r.e: —


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l'^'Am./. : (18) hïlV-'l- • flJV?/*'-!- : h'W» : ^{}-[\^(lo^ : V7/*''>

nKO'l- • (19) AhUV'l- : aih<m-^-I:A • \\o« '


,?M'tiCS' • 1^0) A"

(I) Ms. •rr'tn.f^ : — [2] M s. >»<n»+îfA ! — (3) Ms. h'^A.«> : — 4 M s.


T'r'itui. — (5) Ms. 9"r'fn,c. : — (6) Ms. ni\r'"i -• — (7) Ms. v^dy.c. :

;S) Ms. i\.e:'j,à — (9) Ms. nv.n : — 10) Ms. r'h'^ir^ »

(II) Il y a dans le ms. une ligne illisible, les caractères de la page


d'en face ayant décalqué sur ceux de cette ligne. — (12 Ms. — «^.e.Tr :

(13) Ms. TxXùV '• — (14) Ms. i\9""i • — (15) Ms. afin — (16 Ms.hfi^t -. :

— (17) Ms. -ri-vtfi : — il8i Ms. r'rnx^c. • — (IQ) Ms. — -(lô'Vt : (20)

Ms. sMT'c.V. :
318 REVUE DE r, ORIENT CHRETIEN.

V^t- : Ail/^'V ?iA<w» : «»fAft ! 9"Am.C ï Û) (D-îi'l.- • OOfis.

(1) INIs. 'i-r'-î-> ' — (2) Ms. ô-v>.> = — 3) Ms. h'rK-f '• — (A) Ms. «»v«.rt5r

— (5) Ms. fiôA : — (0) Ms. rije-^vt : — (7) Ms. r^nuc. -.

TRADUCTION

(P'ol. 156 T° a, suite) Ceci donc, comprends-(le) et sache-(le). De même

que, dans l'espoir de devenir Dieu, (les premiers parents) ont erré, de
même ils ont atteint leur désir de devenir Dieu, par la participation à la
chair et au sang (de notre Sauveur'. Je me souviens, ô Seigneur, de ta mi-
séricorde. Réveille en moi la parole de tes commandements, afin que je
te glorifie, dans la mesure de ma force, tandis que je suis en vie. Mon àme

te rendra grâces. Mon intelligence te bénira. Mes os crieront (fol. 15G r'^ b)
vers toi dans le tombeau, car (c'est) toi (qui) es mon aide, (c'est) toi encore
(qui) m'as fait sortir du sein (de la terre), (c'est) toi aussi (qui) me feras
retourner dans la terre, et ic'est) toi (qui) me feras sortip du sein de la

terre. Mon àme sera dans ta main et tu recommenceras à me façonner,


toi-même, m'as créé. Enseigne-moi les paroles dans lesquelles je
(qui)
(doive) te glorifier.Ouvre-moi les oreilles, afin (jue je t'écoute. Ne m'en-
lève pas au milieu de mes années, afin que je te glorifie sans discontinua-
tion. Mais, jusquïi ce que j'aie vieilli et blanchi, ne m'abandonne pas,

(ô) mon Dieu, et (même) jus(|u"à ce que j'aie raconté pour les générations

futures ta justice, ta force, ta puissance (1), ce que tu as fait pour les an-
ciennes générations. Ton œuvre est grande. Ta gloire est extrêmement
merveilleuse. (Personne) ne la connaît. Ton intelligence est très profonde.
11 n'est pas possible de raconter ta grandeur.
Quant à David, lorsqu'il eut connu le chemin de ton salut, il a dit : (fol.

156 V" a) « Ton œuvre est merveilleuse; mon âme la connaît à fond.
: » Il

(1) M. à m. « ton bras ».


IJTTKI! ATI I;K KTII Inl'l KNNK I'SKUIm »-('!, KM KNTl NK. ."Il 9

a dit encore :«('(• en secret ne t'est pas caché ». Ceci, Djivid


(|U<' J'ai l'ait

l"a dit, sous lede son père. Adam, en pleurant, en implorant


couvert 2)
miséricorde, en demandant, en sui)i)liant. « Kst-ce que moi-même, o Sei-
gneur, j'ai été créé sans que tu m'aies créé, est-ce (|uc moi-même je me
suis créé, est-ce que moi-même j'ai fait ces os dans le ventre de ma mère,
est-ce que moi-même je suis venu dans le monde sans que tu m'aies fait
sortir (du sein de la terre)? Est-ce que toi-môme, ô Seigneur, tu ne m'as
pas fait mystérieusement (3), façonné de ta propre main, créé à ton image
et façonné d'une façon merveilleuse? Quant à mon ;une, elle connait cela,

à fond. Toi-même, ô Seigneur, tu m'as connu, avant de me créer. Quant à


maintenant, ô Seigneur, ne me néglige pas, car mes ennemis me feront
tomber. Toi-même, tu connais ma faiblesse. Ne m'oublie pas, (pour m'aban-
donner) à la corruption. (Fol. 156 v" b) Toi-même, tu connais le moment
où je m'assieds, le moment où je me lève (4) et toutes les pensées de mon
cœur. Ta propre richesse me convient, car je suis ta boue. Ta propre clé-
mence me convient, car je suis ta poussière. Ta propre vie me convient,
car je suis ton limon. Ton œuvre est merveilleuse. Mon âme la connait à
fond. (Elle sait) que
ne m'as pas fait en vain, ni pour la corruption,
tu
(mais) pour la vie et pour le salut. En effet, je me souviens de toutes tes
miséricordes, jusqu'à la première et jusqu'à la dernière. En effet, tu m'as
fait justice et tu m'as vengé de l'Audacieux, qui m'a trompé et m'a fait des-

cendre dans sa propre mort, par la malice de son œuvre, alors que moi-
même, étant un enfant, je faisais l'œuvre d'un enfant. Si, d'autre part, toi-
même, tu m'amènes à la vieillesse et tu m'instruis, je saurai et je croirai que
(le Seigneur) aura pitié de moi, sera clément envers moi, (fol. 157 r" aj
ne jettera pas ma vie dans le limon et (dans; la poussière, mais ressusci-
tera le pauvre de la terre et élèvera le misérable du limon. En effet, Lui-
même sonde mon cœur mes
que tu m'as créé en vain?
et reins. Est-ce,
Est-ce que ce n'est pas à cause de nous que tu es descendu (sur la terre) ?
Alors que tu étais glorieux, tu fes humilié. Alors que tu étais riche, tu
fes appauvri. Alors que tu étais porté sur les chars des Chérubins, tu as
été porté sur le petit d'un âne. Alors que tu étais célébré par les Séraphins,
tuas été loué par des enfants. Jusqu'à jamais les anges diront « Hosanna, :

dans les lieux élevés, au Fils de David! » « Hosanna dans les lieux élevés »
veut dire joie.
En effet, ses feuilles (4) sont brillantes. Elles ressemblent à la prière au-
rifère. Quant à ses fruits, ce sont la justice. (Chaque fruit; rapporte des
graines par milliers. (Fol. 157 r° h) Il a pitié des créatures. 11 devient
opprobre. 11 a la foi. 11 produit des épines et pique par elles ceux qui preii
nent ses fruits. Il prend la rosée du ciel par (son) tronc et monter
(la) fait

sur (son) sommet. En outre, ses fruits ont de la saveur (2). Leur saveur et

(1) M. à lu. " pai' la parole ».


(i) M. à m. .. dans le mystère ».

(3) M. à m. " tu cognovisti SL'.ssiouem laoam et resurrectionem laeam ». Ps.


cxxvni 2.
(4) Coini)araisoii du Christ à un arbre.
(5) M. à ni. « il a de la saveur dans ses fruits ».
320 REVUE DE l/ORIENT CHRÉTIEN.

leur odeur sont analogues à celles du miel. C'est pourquoi, les anges di-

ront : « Joie, dans les lieux élevés, au Roi, au Fils de David ».

Quant à Abraham, notre père, il vit, le premier, le mystère du P'ils,


comme il revenait du massacre des rois d'Amalec. Lorsqu'il eut prié, il
lui fut révélé, après (sa prière), le mystère caché de la Pàque, qui devait
être accompli (par lui), alors que lui-même était le père des Lévites (et)
le père des prêtres, puisque (ceux-ci) sont sortis de ses reins. Ce n'est pas

par Abraham seulement que fut accompli ce mystère, afin qu'il le bénit,
mais par les messagers (qu'il députa) à Melchisédec, afin qu'au nom de
deux, de (fol. 157 v» a) trois (même) puisque l'Esprit-Saint s'appelle —
trois —
ils achevassent l'œuvre du mystère, qui sera accompli à la fin (des

temps). En effet, tous les deux sont prophètes et tous les deux sont prêtres.
Le premier prêtre, est celui qui n'est pas de la famille d'Abraham. Le der-
nier prêtre est celui qui est formé des reins d'Ahraham, c'est-à-dire le
Lévite, le Père des Lévites, le Prêtre trin pour toujours, l'Esprit et le
\'erbe du Seigneur, qui est venu dans le monde, le Prince des prêtres,
(l'être qui) s'est donné lui-même à cause de nous et a pu guérir nos souf-

frances, (l'être qui) par son propre sang a racheté le monde et nous a con-
duits dans la vie, où il n'y a pas de maladie, (ni) de souffrance, (dans) le
paradis du bonlieur et de la joie (1)

ce que l'œil n"a pas vu, (ce que; Toreille n"a pas entendu, ce qu'il a pré-
paré pour ceux qui laiment. Quant à Abraham, il a donné
(fol. 157 v" h)

ladime à Melchisédec, prêtre pour toujours. En effet, quant à ce mystère


des prêtres et des rois, il a pour but que les rois donnent des offrandes
aux prêtres et que ceux-ci. à leur toiir, demandent pardon pour les rois au
Prince des prêtres véritable, notre foi, (à) Jésus, notre grâce, notre espé-
rance, notre ornement, notre richesse, notre foi, notre force, notre fonde-
ment, notre colonne, notre arrière et notre devant. Les rois et les souve-
rains, par les aumônes, les prêtres pauvres, par les demandes, ont pour but
de s'associer à la foi. De même que Melchisédec, prêtre pour toujours, a
béni Abraham, de même les prêtres bénissent les rois. En effet, Melchi-
sédec, Abraham, le Christ, (successeur) de Melchisédec, c'est là le troisième
mystère (2).

Le Ilavro, 18 .luin l'.»08.

Sylvain Gréb.vut.

(1) Dans
le ms. il y a une ligne illisilile.

(2) M. C. Bozold, après avoir lu le Mystère du jiujemcnt des pécheurs, nous a


fait les deux remarques suivante.s, dont nous le remercions :

1 ) ROC, VM\1, p. 203. Au lieu de >,fiaD yOCA- "«"lAt ^^'i'V h lire >,f|0D
s : s

POC^ •«"'AÔA'I' ! 4*<S-'i'V ! ''"' {l'Espril-Saiiil) reposera sur les sainls. Cf. Dill-
mann, Chresl. selh., —
p. 48, 1. 24 .... j
^^y
attt\hW^- • MA.tt.Vao'
:
fOCV- î -.

2«) ROC, 1908, p-. 384. «rofi-l; : oC = = (J-yfftYipiov (?)


MÉLANGES

TRADUCTION

DE LA CHRONIQUE SYRIAQUE ANONYME, éditée par

Sa Béatitude M^-^ RAHMANI


Patriarche des Syriens catholiques

{Suite) (1)

... lui succéda et régna durant trois ans. Darius le Mède régna
Baltasar
après durant un an. Tous les autres chroniqueurs disent que Darius
lui

régna durant onze ans.


Jèchonias épousa Galouth, tille d'Eliacim, et il engendra Solathiel à Ba-
bylone. Salathiel épousa Itbath, fille de Helqana, et il engendra Zorobabel.
Zorobabel épousa Melcath. fille d'Esdras le scribe, et il n'en eut pas d'en-
fant à Babylone.
A cette époque qui est la trentième année de la captivité des .luifs.

Cyrus, premier roi des Perses, régna durant trente ans. Il marclia contre
Babylone, la prit, tua Darius,
le roi Mède, s'empara de tout l'Orient et

demeura Cyrus régna à Babylone au temps de Zorobabel il


à Babylone. ;

prit pour femme Mexchihath^ sœur de Zorobabel, il la fit régner selon la cou-
tume des Perses et il l'aima comme lui-même. Meschihath pria Cyrus son
mari de renvoyer chez eux les fils d'Israël et Cyrus dit à Zorobabel Prends :

tous tes compatriotes, monte à Jérusalem, bâtis la ville de tes pères et règne
sur elle. Zorobabel emmena les Israélites de Babylone, ils étaient au
nombre de cinquante mille, et il monta à Jérusalem.
De David jusqu'à la captivité de Babylone, il y eut cinq cent cinquante
ans. Parce que Cyrus renvoya les fils d'Israël, selon la prophétie qui le
concernait, Dieu dit par son prophète : Tai pris par la main Cyrus mon

(1) Voy. 1907, p. 428; 1908, p. 90.


ORIENT CHRÉTIEN. 21
322 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

serviteur (1), car la race de David fut renouvelée dans la sienne par le
moyefi de Meschihatli Tlsraélite, sœur de Zorobabel^ et il fut appelé l'oint
(Mescliiho) du Seigneur. Les Israélites quittèrent Babylone la seconde année
de Cyrus et Zorobabel était leur chef, Bar Josédeq le grand prêtre l'apprit,
ils bâtirent Jérusalem et jetèrent les fondements du temple.
A époque propliétisaient à Jérusalem Habactic, Aggée, Zacharie
cette
et Malachie; après eux
il n'y eut plus jamais de prophète chez les Juifs. Le

prophète Malachie avait une belle conduite dès sa jeunesse, tout le peuple
l'honorait comme un saint e.t on le nomma Malachie (l'ange) à cause de sa
conduite. Pour tout ce qu'il disait, un ange apparaissait le jour même et
répétait ses paroles comme il les avait dites ; il mourut jeune.
A cette époque Théognis était célèbre et peu après vivait
le poète
Pylhagore le philosophe. La soixantième année de la captivité, la reine
Mâgeslâ tua à la guerre Cyrus roi de Perse, et son fils Cambyse régna après
lui durant huit ans. La soixante-cinquième année de la captivité, le roi

Cambyse s'empara de l'Egypte et l'empire égyptien fut détruit. La soixante-


huitième année de mourut le roi Cambyse et un autre Darius
la captivité

régna durant trente-six ans. En sa deuxième année se terminèrent [p. 51]


les soixante-dix ans de captivité. Le prophète Zacharie en témoigne lors-
qu'il dit Seigneur (tonl-)puissant, jusqu'à quand seras-lu sans 'pi lié pour
:

Jérusalem? Car voilà soixante-dix ans que tu es irrité contre nous (2).
Le temple fut terminé en quarante-six ans et, après sa reconstruction,
les prêtres recherchèrent les Livres (saints). Esdras le scribe descendit
dans cette citerne (où Simon les avait cachés, supra, p. 98) et trouva l'en-
censoir plein de feu, et la fumée sortait de la citerne ; mais les livres avaient

péri à cause de l'humidité du


Esdras prit Tehcensoir avec de la pous-
lieu.

sière des livres, sortit de la citerne et mit par trois fois de cette poussière
dans sa bouche. Aussitôt Dieu fit reposer sur lui l'esprit de prophétie, il
renouvela tous les livres des prophètes et de l'Ancien (Testament), et Jésus
bar Josédeq, le grand prêtre, qui était monté avec eux de Babylone, les
reçut. Et le prophète Zacharie dit au (grand) prêtre Jésus Ceux-là sont :

deux fils d'abondance —


Jésus, fils de Josédeq le prêtre, et Zorobabel le
chef —
qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre (3). Le prêtre
Jésus mourut et Simon son fils fut grand prêtre après lui.
A cette époque étaient célèbres Pentàgnôs et Solon, philosophes frères.
Xerxès, fils de Darius, régna durant vingt ans. La troisième année de son
règne finit le cinquième millénaire. A
époque étaient célèbres Diô-
cette
gôrôs le philosophe et Socrate. A la même
le temple fut époque, lorsque
teriiiiné, au bout de quarante-six ans, comme il est écrit dans le saint
évangile, les Israélites firent une Pàque au Seigneur.
Comme il est écrit dans le livre du pacte du Seigneur avec Moïse son
serviteur, les fils d'Israël ont fêté trois Pâques durant tout leur temps la :

première lorsqu'ils montèrent d'Egypte à l'époque du prophète Mo'ise: la

(1) Isaïe, .\l'v, 1.

(2) Zach., I, 12.

(3j Zacharie, iv, 14.


MKLAN'iKS. '.iSA

seconde durant les jours de Josiax, roi juste; et enfin cette troisième lors-
qu'ils montèrent de BahyloiK; avec Zovobnbcl pour chef et Jésus pour
(grand) prêtre; puis la Pâquc huir fut enlevée pour toujours et ils ne la
firent plus. A partir de cette époque, les généalogies ont disparu de chez
les écrivains hébreux et grecs et ils n'ont pu montrer d'où les patriarches
avaient pris leurs fenunes. Saint l'Jphrcin montra clairement (1) que Zoro-
babel engendra Ahiud de Malcdlk^ fille d'Esdras le scribe, lorsque les
Israélites montèrent de Babylone.
Artaxerxès Longue-Main régna dui'ant quarante-sept ans. Alors ElùUib,
fils de Joachim, était prêtre cà Jérusalem. Après lui (vint) Jôiada.

A cette époque était célèbre le médecin Ilippocrale. La trente-deuxième


année d'Artaxerxès, Jérusalem fut terminée. Après Joiada', Je<m, son fils,
fut grand prêtre. Alors Abiôd i)rit pour femme Zakilh, fille de Jésus, fils
de Josédeq, et il engendra Eliacim.
Jusqu'ici nous avons puisé dans les livres des saints prophètes, désor-
mais [p. 52] nous puiserons dans les livres des Macchabt-es qui ont écrit
riiistoiro jusqu'au temps des Romains. Un autre Arki.xcrxès régna durant

quarante ans. A cette époque eut lieu l'histoire à'Esiher, de Mardochée et


d'Aman. Cette Esther rendit service aux Juifs et les sauva de la perfidie
d'Aman. Aman demanda à Artaxerxès de faire mettre les Juifs à mort.
Esther jeûna durant trois jours et trois nuits, elle implora Dieu et les Juifs
furent sauvés.
A cette époque, prit pour femme Halfalh, fille de Hatsôr, et il
Eliacim
engendra Zôdoq. A époque on trouva chez les Grecs l'usage des
cette
24 lettres, jusque-là 19 seulement étaient en usage. 11 y eut alors un trem-
blement de terre violent. Platon le philosophe était célèbre et Artaxerxès
Ochos (régna) durant vingt-sept ans. A cette époque Aristote, âgé de
onze ans. écoutait (les leçons de) Platon. La cinquième année de cet Ar-
taxerxès, Philippe, père d'Alexandre le Grand, régna sur la Macédoine du-
rant dix-sept ans. La huitième année du règne. de Philippe naquit Alexan-
dre alors mourut Platon le philosophe et Alexandre le Grand fut instruit
;

par le philosophe Aristote.


A époque /«rfrfô.s était grand prêtre à Jérusalem et Andrômacôa était
cette
prêtre. Alors Zôdoq prit pour femme (Johelath, fille de Ounlb, et il engen-
dra Akin. Darius, fils d'Arsam, régna durant six ans. La première année
de Darius, Alexandre le Grand régna sur la Macédoine. A cette époque,
Akhi prit pour femme Hasnôth, fille de Thôl, et engendra Eiizid. Alexandre,
fils de Philippe, roi grec, régna durant douze ans et sept mois il régna ;

sur toute la terre et ravagea beaucoup de pays. Il prit aussi les Juifs, ils le
reçurent, il monta à Jérusalem et fit des sacrifices à Dieu. Il honora
Andrômacôs, prêtre des Juifs.
La sixième année de son règne, il combattit contre Darius roi de Perse,
il le vainquit et le tua. Alors finit le royaume des Perses et des Babylo-
niens qui avait duré deux cent trente ans. La septième année de son règne,

(1) 11 s'agit sans doute encore de la Caverne des Tréso)s qui est souvent attri-
buée à S. Ephrem. Cet ouvrage a fourni toutes les généalogies.
324 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ilbâtit Alexandrie la grande à laquelle il donna son nom. Il vécut trente-


deux ans et mourut à Babylone, empoisonné par l'un de ses grands.
Le reste de ses exploits, les pays qu'il subjugua et les peuples nombreux
dans le livre consacré à son histoire.
qu'il vit, tout cela est écrit
Depuis Adam jusqu'à Alexandre il y a 5170 ans d'après les chroniqueurs
et 3500 d'après les Hébreux (1).
[P. 53] A. cette époque, le philosophe .4 ^-îs/ofe réunit toutes les branches
dispersées de la science et en fit un grand ensemble bourré d'érudition et
de vigoureuses doctrines pour séparer ainsi la vérité de l'erreur sans avoir ;

lu le livre de logique qu'il fit, on ne peut pas saisir la science des livres,
l'intelligence des doctrines, ni la force qui est dans les saints Livres sur
lesquels repose l'espérance des chrétiens, à moins qu'il ne s'agisse d'un
homme auquel aurait été donnée, à cause de l'excellence de sa conduite, la
grâce du Saint-Esprit qui connaît tout.
Alors était célèbre le prêtre Simon, filsd'Onias; Eliud éTpaiisa. Sabas tin,
fille de Hesôl, et enfanta Elèazar. Séleucus Nicator, l'un des quatre servi-

teurs d'Alexandre le Grand, régna en Syrie après la mort d'Alexandre, il


bâtit de nombreuses villes et, avant tout, il bâtit Edesse en Syrie.

De la construction d'Édesse.

Edesse durant les désastres des Israélites, à la montée et à la descente


des Perses, fut sujette à de nombreux désastres et ravages ;
elle fut détruite
et renversée, ses habitants périrent, elle resta déserte pendant longtemps,
— nous ne pouvons dire au juste combien de temps, — elle fut inhabitée
jusqu'à l'époque de ce Séleucus, roi sage, l'un des quatre capitaines d'A-
lexandre, celui qui régna après lui. Il passa par cette ville, la vit et elle

lui plut beaucoup, il rassembla de nombreux ouvriers et tout ce qu'il faut


pour construire une ville et nourrir ses liabitants. 11 commença à construire
un mur solide et très élevé, d'une belle construction avec des tours hautes
et admirables, l'une du côté oriental au-dessus de la sortie des eaux qui
sortent de la ville, et aussi avec la terre des fondations de place en place.
Ce mur, bâti par Séleucus, fut détruit et rasé, comme nous le raconterons
plus tard en son temps avec l'aide de Dieu qui (nous) fortifie. Il construisit

aussi dans la ville,pour le roi, des puits et un palais remarquable et quatre


citadelles aux quatre angles de la ville. Il fit encore un palais remarquable
sur la fontaine qui est au nord de la ville au pied de la montagne en des-
sous du cliâteau élevé où il bâtit un temple remarquable et un autel
[p. 54] aux dieux selon leur loi il fit encore entrer les eaux dans la ville
;

par le côté du nord; il les fit venir de loin par des fossés profonds creusés
sous la terre, avec grand travail; il les distribua, à l'aide d'aqueducs et de
canaux, par toute la ville, dans les maisons des chefs, dans les temples

(1) Une note marginale perle : Ici commence le comput des années grecques,
c'est-à-dire d'Alexandre le Macédonien; 11 y en a qui le font commencer quatre

ans plus tard.


MÉLANGES. 325

et sur les places de la ville. II fit à l'intérieur des remparts, de grandes


places publiques et dos portiques, belles constructions avec de /rrandes
pierres, ainsi que tout ce qu'il faut dans une vilkî telle que celle-là. En
dehors de la ville il fit d'autres conduites d'eau et des aqueducs, il planta
des jardins et des vergers, avec de nombreuses espèces de vignes et des
conduites (d'eau), il dirigea le cours des fleuves vers la plaine pour ar-
roser et faire croître les fruits. Il s'occupa aussi de toutle pays jusfiu'au

fleuve Euphrate de tout côté et jusqu'à la grande montagne d'Asômà à


Test, il y établit des villages, des camps (castra), des bourgs et des
champs cultivés (iypoç) innombrables,
il les enrichit de conduites d'eau,
de cours d'eau vive et de tout ce qu'il faut pour la vie des habitants. —
C'est ainsi que fut accomplie la construction de cette ville royale et
elle reçut un nouveau nom du roi Séleucus : le nom d'Édesse, qui était le

nom de sa fille aînée Adâsà, à laquelle il donna cette ville en dot.

Séleucus bâtit encore Antioche, Laodicée, Alep qu'il nomma


Bérée, Séleucie,Apamée etQennesrin. Le grand prêtre Éléazar
épousa Zahitli, fille de Tliélal.i et engendra i¥<:/iA«/2. Partage de
l'empire après la mort de Séleucus. [P. 55] Sous Antiochus, on
commença à frapper des monnaies d'or et des dinars. Antiochus
bâtit des ponts remarquables, l'un sur le fleuve Saugaz, un
autre sur le fleuve Sébâstî au pays de Samosate, lorsqu'il allait
vénérer le haut lieu qui est sur la montagne au-dessus de

Gaivacathi, près du célèbre monastère de Mar Bartsauma,


comme en témoignent jusqu'aujourd'hui les inscriptions qui
sont sur les grandes tables de pierre et sur les colonnes dressées
au-dessus des ponts. Judas Macchabée. La trente-cinquième an-
née de Séleucus, Éléazar, frère de Simon, fut grand prêtre
parce que son Honias était encore enfant (1). Traduction
fils

des Septante. [P. 56] Rome fut fondée au temps d'Achaz. Éten-
due de son empire. Histoire de Romulus et Rémus. [P. 57]
Description de la ville de Rome à rapprocher de Land, Anecdota
Syriaca, III, p. 323; I. Guidi, Bolletino délia Commissione
Archeolggica di Roma, IV (1881); A. Scher, Histoire Nesto-
rienne, Patrol. or., IV, 281. |P. 58] Merveilles du monde. Du
nom de Syrie (2) c'est un nom générique on appelle propre-
: :

(1) On lit Pli « A cette époque vivait Jésus, nornmé Asirà (Sirach). La
marge :

mère de qui fut (nommé) Bar-Asirà, (Hait stérile ot n'avait pas d'enfants
.Jésus,
...elle pria Diou de lui flonnor un fds...
(2) Ce chapitre e.st tiré do Penys rlo Tollmnliré ot a été transcrit aussi par Michel
lo Syrien, III, 76.
326 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ment Syriens ceux qui habitent à Touest de l'Euphrate, depuis


lemont Ammius au nord d'Antioche jusqu'à la Palestine. Ce
nom vient d'un homme nommé Sôros, frère de Qilikos, [p. 59]
qui s'empara de ce pays et lui donna son nom au temps où les
Israélites habitaient Métaphoriquement on appelle
l'Egypte.
Syriens tous ceux qui parlent araméen à l'est et à l'ouest de
l'Euphrate, depuis la mer jusqu'à la Perse. La racine et le fon-
dement de langue syrienne est Édesse. [F. 60] La nais-
la

sance de Notre-Seigneur eut lieu l'an 309 des Grecs, la quarante


et unième année d'Auguste César qui est la trente-troisième
année d'Hérode. Accomplissement de la prophétie de Daniel.
Depuis Adam jusqu'à la naissance du Messie, il y a 5500 ans et
depuis la captivité de Babylone et le retour des Israélites en
Judée jusqu'à la naissance du Sauveur il y a .550 ans.

Jacques épousa Hadibalh, fille d'Eléazar, et engendra


/osf^^/t. Joachim,

frère de Jacques, épousa Anne, de Fa(jôd,.et, soixante ans plus tard,


fille

engendra Marie, de laquelle naquit le Messie. Comme Joseph était, selon


la chair, fils de l'oncle de Marie, elle lui fut donnée par la prescience di-
vine, [p. 61] qui savait qu'elle serait persécutée par les Juifs, afin qu'il la
gardât. Deux ans avant la naissance du Messie, une étoile apparut aux
Mages en Orient, elle surpassait toutes les étoiles en clarté et une jeune
fille se trouvait au milieu portant un enfant dans son sein.

Les Mages arrivèrent à Bethléem huit jours après hi naissance


du Messie; à quarante jours on le présenta au temple; il fut
reçu par Siméon, âgé alors de cinq cents ans. [P. 62| Fuite en
Egypte. Naissance de Jean-Baptiate. Zacharie est tué dans le

temple. Hérode régna trente et un ans. II emprisonner de


fit

nombreux Juifs et ordonna de les mettre à mort pour ses funé-


railles. Retour d'Egypte. [P. 63] Vie publique de Notre-Sei-
gneur.

A cette s'éteignit la race des rois d'I']desse qui descendaient de


époque
Séleucus fondateur d'Édesse après Nemrod, comme nous l'Jlvons écrit
le

plus haut. Il ne se trouva aucun homme de race grecque pour prendre le


pouvoir. Or, le peuple Arménien qui s'était établit à Edesse et y était de-
venu puissant, s'était attaché à l'empire grec; on établit donc pour roi un
'homme de la race des Arméniens, nommé Abgar; lui et ses fils gouver-
nèrent Édesse et la Mésopotamie durant 380 ans, et beaucoup d'entre eux
se nommèrent Abgar comme leur premier roi.

Un roi de Perse et de Médie, nommé Alliourin, bâtit Alhoiir


MÉLANGES. 327

(Mossoul), en face des ruines de Ninive, et attaque constamment


l'empire iVAbfjar har Manoit, surnommé le N<»ir, à cause de
la noirceur de son teint. [P. 64| Celui-ci recourt à Notre-
Seigneur, l'an 342 (31), contre son ennemi et aussi pour être
guéri de r('léphantiiisis. Hanania accompagne les envoyés et
prend le portrait du Sauveur. Résumé de la lettre d'Abgar,

[p.65] réponse du Sauveur. Auretoui-, les messagers s'arrêtent


kMaboiig, où le portrait du Sauveur se décalque sur les briques
Maboug et y opèreni des
qui l'enserraient. Ces briques restent à
prodiges jusqu'à l'arrivée de l'apôtre P/iUipiw, qui les place
dans une église bâtie par lui. Abgar fut béni par le saint por-
trait et sa maladie soulagée jusqu'à l'arrivée de ïâ^ùiro A ddaï
qui le guérit complètement.

[P. 66] Du (jrand temjdp qui est appelv {temple) (V Abgar (]).

Il y avait à Édesse un teuiple païen bâti avec magnificence dès le


temps du grand roi Séleucus, au-dessus de la fontaine des eaux du côté
occidental de la richement orné, qui avait à l'intérieur de grandes
ville,

colonnes de marbre. On
l'ouvrit du côté de l'orient, on y bâtit un chœur
dans lequel on fixa une table des mystères, l'apôtre Addaï célébra sur cet
autel et le roi ainsi que toute la ville prirent part (au saint sacrifice) et
on appelait (cette église) le temple de Notre-Sauveur. Avec Addaï, l'un —
des soixante-dix (disciples), se trouvait toujours Aggée, fabricant de vête-
ments de soie, d'Edesse même. C'était un disciple d'Addaï et il le suivait
toujours; (Addaï) l'envoya en Orient et dans la Perse inférieure, il alla
catéchiser l'Arménie et toutes ces régions.

Du Cd.md el du remparl qui furent construits à Edesse.

Tandis que l'apôtre Addaï était à Édesse, le fleuve qui traversait la


ville était constamment plein, il entrait par le côté ouest de la ville et
détruisait beaucoup de maisons ainsi que toutes les constructions qui
étaient sur le cours des eaux, parce que le canal et le dégagement qui
avaient été construits longtemps auparavant par Séleucus et Nemrod, en
pierres avec de grands et .spacieux portiques, deux constructions et trois
conduites d'eau par où le fleuve s'écoulait sans dommage, s'étaient, à la
longue, remplis de sable, de boue et de détritus. L'apôtre s'en préoccupa
et, par les soins du roi Abgar, on construisit un grand rempart de grandes

(1) M. Pognon identifie iVniplaot'iiicnt ilc co Xou[\)\c. Ci. Inscripliom sémitiques,


Paris, 1908, p. 206-207.
328 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

pierres en tête du fleuve qui est en dehors du mur occidental de la ville


et qu'on appelle le fleuve de Stadion (et on fit des canaux longs et larges
en grandes pierres réunies par de la chaux et du mortier que l'on pro-
longea sous terre pour conduire l'eau de la ville dans le canal qui con-
tourne la ville en dehors du mur sur tout le côté nord), ainsi depuis cette
époque la ville fut sauvée contre toute inondation violente jusqu'au jour
où le rempart se démolit et la terre s'éleva dès lors les eaux passèrent
;

de temps en temps par-dessus ce rempart.

[P. 67] La passion du Sauveur eut lieu l'an 33, l'an 34 1 des
Grecs selon le comput des chroniqueurs et 340 selon Andro-
nicus. Pilaie fit connaître à Tibère l'enseignement des chré-
tiens et Tibère ordonna de les rechercher et de les poursuivre,
Pilate n'exécuta pas cet édit et fut envoyé en exil; après
diverses épreuves, [p. 68] comme l'écrit Philon le philosophe,

il se tua. Pierre alla à Rome et y fut évêque durant vingt ans.


Pays où vont les divers apôtres. Judas le traître vécut qua-
rante jours jusqu'à l'ascension du Messie; quand il se pendit,
la corde cassa, il tomba à
ne mourut pas; il tomba dans
terre et
une grave maladie inflammatoire durant de longs jours, après
quoi il tomba du lit sur lequel il était, se brisa par le milieu
et toutes ses entrailles sortirent. [P. 69] Premiers patriarches;
Pierre et Paul furent mis à mort à Rome parce qu'ils avaient
baptisé un fds de César. Guerre des Juifs, d'après Josèphe. On
trouve mentionnés de nombreux dénombrements qui auraient
été faits à Rome : sous Auguste, cinquante myriades d'hommes;
à la mort d'Auguste, cent myriades; sous Domitien, cent cin-
quante myriades; sous Antonin, deux cents myriades; sous
Commode, deux cent cinquante myriades; sous l'autre Antonin,
trois cents myriades; sous Maximin, trois cent cinquante
myriades; les chiffres croissent donc très régulièrement.

[P. "
75] Depuis l'incarnation de Notre-Sauveur jusqu'à Constantin
l'ancien, nous écrivons ensemble les histoires ecclésiastique et profane.
A partir de Constantin nous écrirons l'histoire profane à part, et l'histoire
ecclésiastique à part dans un second volume.
Si tu veux connaître quelque
fait de cherche plus loin dans le second volume,
l'histoire ecclésiastique,
(clierche) les histoires de tous les rois dans ce premier volume où nous
nous préparons à mettre chacun avec son nom et son époque avec l'aide
du Seigneur qui fortifie.

{A suivre.) F. Nau.
CHRONIQUE

LE XV« CONGRÈS INTERNATIONAL DES ORIENTALISTES

(COPENILVGUE, 14-20 AOUT 1908)

Sur cin(i à six cents adhérents, quatre cent ving-huit se sont trouvés à
Copenhague et ont donné, par leur affluence, grande animation aux
séances et aux réunions. Tous les gouvernements, jusqu'à l'Inde et au
Japon, s'étaient fait représenter. Parmi les Français, M. René Basset, direc-
recteur du précédent congrès, était venu remettre ses pouvoirs à son .suc-
cesseur, M. Thomsen; M. Emile Guimet, non content d'avoir déjà donné à
la France un musée dû à sa seule initiative, développait encore le projet
d'un nouveau musée d'Égyptologie enfin M. Clément Huart, M. Moïse
;

Schwab, M. Paul Boyer n'ont pas, eux non plus, craint de faire le long
voyage mais combien de délégués sont restés chez eux! Pour moi, chargé
;

de représenter seulement l'Institut catholique de Paris et la Patrologie


orientale éditée chez M. Firmin-Didot, je représentais, en fait, tout le
clergé de France, car j'ai vu des prêtres catholiques Alsaciens, Autri-
chiens, Bavarois, Espagnols, Hollandais, Syriens, mais Français, aucun.

Le vendredi 14 août au matin. Son Altesse Royale le prince Christian de

Danemark par un petit discours français plein de dé-


a ouvert le congrès
licatesse et d'affabilité après les discours du président et des délégués des
;

gouvernements, nous avons offert au congrès, au nom de M^^'"" Graffin, les


premiers volumes de la Patrologie orientale et nous avons annoncé que
nous tiendrons des spécimens à la disposition des congressistes.
Le vendredi soir, nous avons exposé à la section Grèce-Orient, qui venait
de nous nommer secrétaire, les résultats d'un travail sur diverses homé-
lies pseudépigraphiques. Nous résumerons ce travail dans un prochain
numéro de la Revue. Nous avons ensuite mis en relief les ouvrages grecs
ou traductions d'ouvrages grecs parus ou à paraître dans les Patrologies
Orientale et Syriaque, et la Section, consultée par M. le Président, nous a
chargé d'adresser à M-'' Graffin un télégramme do félicitations et de re-
merciements pour ses utiles publications.
330 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Le samedi 15 août, M. Faiilhaber (Strasbourg) a énuméré les principales


sources d'erreurs dans les références des chaînes manuscrites grecques.
En sus des fautes communes à tous les manuscrits mauvaises lectures et :

inattention, a signalé des références de notes, des chiffres ou des ini-


il

tiales qui sont devenus des noms propres, tandis que d'autres noms propres
écrits en abrégé étaient interprétés et intervertis de diverses manières.
MM. Krumbacher et Heiberg ont ajouté des exemples analogues, surtoutde
cliiffres considérés comme initiales de noms propres et devenus noms
propres.
M. Mark (Limbourg) a montré que l'écriture des anciens manuscints
arméniens trahissait une influence grecque et non syriaque, par exemple :

réglage du papier, calibre des lettres, initiales en marge, abréviations des


noms divins, etc. 11 a présenté quelques spécimens de manuscrits.
M. Carolidis (Athènes), en rapprochant quelques traditions turques des
données des liistoriens byzantins, a montré qu'il existait déjà une mosquée
à Constantinople du vm^ au i.x" siècle.
Le lundi 17 août, M. Lambros (Athènes) a énuméré, décrit et analysé
cinq documents, originaux découverts par lui de la correspondance des
papes Innocent et Alexandre VI avec le prince Djim et le sultan Bajazet.
Nous avons lu ensuite un travail de M. Khakhanof (Moscou) sur les deux
éditions de l'évangéliaire géorgien qui sont actuellement en cours à
Saint-Pétersbourg et à Moscou.
L'édition de Moscou doit reproduire le texte de Palestine qui est le plus
ancien. Jusqu'au x'^ siècle en effet, c'étaient les couvents géorgiens de
Palestine qui traduisaient les livres saints et rédigeaient les livres d'office
d'après les usages de l'Église de Jérusalem. Cette rédaction, qui ne pro-
vient pas de l'arménien, mais peut-être du syriaque plutôt que du grec, est
conservée en particulier dans un manuscrit (Ourbnissi) daté de l'an 6110
de la création, c'est-;i-(Ure, d'après la chronologie géorgienne, de l'an 506
de notre ère. 11 existe d'autres manuscrits plus récents.
L'édition de Saint-Pétersbourg doit reproduire le groupe de l'Athos qui
comprend deux anciens manuscrits (Athos et Djrouthi), de 913 et 936, tra-
duits vraisemblablement sur le grec, et deux re vision s faites sur d'autres
manuscrits grecs, par S. Ephimi (f 1028) et S. (ieorges Mthazmindelli
(t 1066). Cette dernière revision a supplanté

ou peu s'en faut la précé- —
dente. L'édition de Saint-Pétersbourg doit donc reproduire les deux anciens
manuscrits et donner aux variantes les leçons propres aux deux revisions.
— M. Khakhanof a d'ailleurs signalé un manuscrit provenant deSvaneti,
qu'il appelle évaagéliaire d'Adichi et qui diffère de tous les précédents. Il

serait de l'an 897.


Le mardi 18 août, M. Lambros fait connaître quelques documents sur les
juifs de la Grèce au moyen âge. M. Moïse Schwab présente à ce sujet quel-
ques observations.
M. Von Karabacek (Vienne) lit un travail sur les œuvres des artistes ita-
liens à la cour des sultans de Constantinople. Il énumère les artistes et
les œuvres conservées il présente de nombreuses photographies.
;

M. Cumont (Bruxelles) expose la transmission des textes astrologiques


CHRONIQUE. 331

des Chaldéens aux Epryptiens fii'- siècle avant Jésus-Christ) et à l'Occident:


il un dncuineut attribué à Tenkros
étudie ensuite siècle avant notre (i""''

ère). Ce texte grec met certains pays sous l'influence de chaque si,irnc3 du
zodiaque; l'étude de ces noms propres conduit M. Cumont à placer la ré-
daction de ce document, au x*" siècle avant notre ère, à Fèpoque Perse, et
à conclure que les astrologues égyptiens du siècle arant Jésus-Clirist
ii''

ont de documents grecs plus anciens MM. Jastrow, Zimmern,


disposé ;

Lehmann-Haupt, Hoffmann ont présenté quelques observations.


iM. Carolidis (Athènes) a fait connaître les écrivains byzantins qui ont
puisé à des sources arabes et tout spécialement Agathias. 11 a fait constater
que les noms et les termes officiels perses sont rendus plus exactement
par Agathias que par les historiens arabes et persans des temps islami-
ques. L'étude des noms propres et de leurs diverses formes lui a permis
de montrer que des historiens byzantins ont puisé directement à des
sources arabes.
la bonne grâce qu'il montre dans tous
M. Krumbacher, avec l'aisance et
les congrès, où porte-drapeau des études grecques et byzantines,
il est le
a ensuite clos nos travaux et donné lecture du télégramme de M^-'"' Graf-
fin remerciant le congrès de ses félicitations.
La section Grèce-Orient, un peu à dans certains congrès d'orien-
l'étroit

talistes, a d'ailleurs été cette fois très suivie; la feuille de présence a


porté jusqu'à cinquante-quatre noms, en attendant qu'au prochain congrès
à Athènes, dans trois ans, elle se taille une plus large place encore.

Le mercredi 11» août, nous avons lu à la section sémitique une courte


note sur « les loups arabes ». Dans la littérature syriaque, ces loups ont
fort mauvaise renommée Macédonius l'hérétique est appelé « un serpent
:

rebelle, un loup arabe » (Patr. or.. Il, 232); d'après Michel le Syrien
(texte, p. 490) certains moines « s'élancèrent comme des loups arabes, avec
des injures et des coups de pierre » enfin Bar Hahlul, dans son diction- ;

naire (éd. Rubens Duval, Paris, 1890, II, 525, ou Payne Smith, Thésaurus
syriacus, Oxford, 1874. I, 801), n'a trouvé, de cette locution, que l'explica-
tion suivante : « Loup arabe, iwQwXiowwë par Grégoire le Théologien; c'est-
à-dire que les loups arabes sont plus redoutables que les autres loups; c'est-
à-dire qu'ils sont de la couleur de la terre et restent ainsi cachés jusqu'à
l'arrivéedu troupeau, alors ils s'élancent subitement sur lui ».
Cependant, d'après les explorateurs, le loup arabe est rare, plutôt
timide, moins incommode que le chacal, et on a grand'peine à s'en procu-
rer quelques spécimens pour les jardins zoologiques. Pour expliquer les
textes syriaques, il n'est pas nécessaire de supposer que le loup arabe ait
jadis été redoutable et redouté, il suffitde remarquer que Bar Bahlul ren-
voie à Grégoire le Théologien et que le texte de la Patrologie orientale
n'est qu'une traduction d'un texte grec. Nous sommes donc ramenés à la
littérature grecque, où nous constatons que les Septante ont traduit par
« loups arabes ['Arab) » les textes de Sophonie ui, 3 et Habacuc i, 8, qui
doivent être traduits par « loups du soir {'Erèb) » comme l'ont fait la
Vulgate et la Peschito. Ce sont les loups du soir qui sont redoutables
332 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

parce que l'ombre leur donne courage et la faim les fait alors sortir des
repaires oùils se sont cachés durant le jour. C'est ce que Virgile écrivait

déjà :

Inde lupi ceu


Raptores, atra in nebula, quos improba ventris
Exiegit cœcos rabies... Enéide, U, 355.

Le même mot, ou peu s'en faut, a causé ailleurs aux Septante une faute
encore plus forte. Au lieu de traduire Jér. v, 6, comme la Peschito « Les :

loups du soir {'arahôth, soirs ou solitudes) les pilleront », ils ont traduit
« loup jusqu'aux maisons {'ad bôlh) les a détruits ».
le

Nous avons conclu que si Bar Bahlul pouvait donner une nouvelle édi-
tion de son dictionnaire, il écrirait simplement « Loup arabe, mentionné
par Grégoire le Théologien, c'est-à-dire louf du soir t'Arab pour 'Eréb) ».

Nous ne pouvons rendre compte des nombreux travaux des autres sections,
d'autant qu'une grève des typographes a rendu impossible même la publi-

cation de courtes analyses. Signalons seulement à la section musulmane


le travail de M. Asin y Palacios ^Madrid) consacré à l'unique manuscrit du
seul ouvrage d'Ibn Toumlous d'Alcira qui ait été conservé. C'est uh traité
de logique écrit en arabe près de Valence au xW siècle. L'auteur est dis-
ciple d'Averroès, pas son maître une seule fois, de crainte
mais ne cite
d'être, lui aussi, taxé d'incrédulité. Il se réclame par contre d'Al-Gazzali
qui était considéré comme orthodoxe. En somme il semble, par endroits,
se moquer des orthodoxes, en ayant soin d'ailleurs de cacher ses ironies
sous le voile d'un profond respect. La partie la plus importante de l'ou-
vrage est la préface, qui fait l'histoire des études de la logique en Espagne
depuis l'arrivée des musulmans jusqu'à l'époque de l'auteur.

La section II (Inde-Iran), où les Français (hors M. Finot) « brillaient par


leur absence », avait attiré de nombreux congressistes Allemands, An-
glais, Danois, Hollandais (MM. Speyer), Italiens, Suisses. M^^^Rhys Davidsy
rivalisait avec son mari et lisait une note sur « la place du Bouddhisme
dans l'histoire de la philosophie ». Cette section, si bien représentée, vou-
lait nous mener, dans trois ans, à Calcutta, mais la longueur du voyage a

effrayé, à bon droit, les autres congressistes.

Le point de vue matériel n'a pas été négligé non plus réceptions et :

visitesde musées, promenade au bord de la mer où le comité a offert un


déjeuner, dîner d'adieu, ont occupé tout le temps laissé libre par les
séances. Signalons l'heureuse idée de donner la gratuité des tramways et
omnibus à tous les congressistes; grâce à cela on n'avait pas à expliquer
CHRONIQUE., 333

au conducteur, en langue franco-danoise ou plutôt nègre, l'oudroit où l'on

voulait aller.
En somme, bonne tenue du congrès fait grand honneur au président,
la

M. Thomsen, aux princes de la famille royale qui ont bien voulu y parti-
et
ciper. Son Altesse Royale le prince Valdemar, époux de la princesse Marie
de France, assistait à la séance d'ouverture il connaît l'Orient, nous a dit
;

M. le Président, mieux que i)ien des membres du congrès; nous avons


donc cru, comme orientaliste et surtout comme Français, devoir porter notre
carte à son château de Bernstorff. Le secrétaire général, M. Sarauw, se pen-
chait, avec une inlassable bienveillance, pour entendre, en toutes langues,
des requêtes et des réclamations. 11 était d'ailleurs brillamment secondé
par M. Bratli, qui unit à la connaissance des langues usuelles à Copenha-
gue, celle, plus rare, de l'espagnol joint au français. M. Œstrup, chargé de
loger les congressistes, s'acquittait, avec un entrain tout militaire, de cet
office de maréchal de camp. M. Lange faisait, avec la plus grande bienveil-
lance, les honneurs de Bibliothèque Royale. J'ai été particulièrement
la

honoré d'être présenté par le llév. Kissmeyer, au vénérable évèque de


Seeland, M?'' Skat Rœrdam, qui doit être, ou peu s'en faut, le doyen des
syriacisants, car il y a bien longtemps (1859) qu'il publiait la version hexa-
plaire du Livre des Juges. Encore au moment du départ, MM. Besthorn et

Heiberg m'apprenaient qu'ils avaient édité quelques ouvrages de littérature


scientifique arabe, et je saluais chez eux mes sympathiques prédécesseurs
et maîtres dans l'étude des sciences en Orient. En somme, c'est avec une

véritable conviction que nous nous donnions rendez-vous dans trois ans —
siDieu nous prête vie —
à Athènes, oîi nous retrouverons, comme orga-
nisateurs du XVl'^ congrès, MM. Carolidis et Lambros.

Berlin, -2t août i;i08.

F. Nau.
BIBLIOGRAPHIE

Banasêr, Revue philologique et historique, paraissant tous les trois mois.


Prix de Fabonnement : 15 fr. par an. Impr. chez le directeur du journal :

9, rue Gazan, Paris.

De prime abord, c'était une idée audacieuse que de vouloir fonder à Paris
une revue de philologie et d'arcliéologie arméniennes, rédigée en armé-
nien. Les difficultés de tout ordre ne manquaient certes pas, et il semblait
bien qu'une telle publication fût condamnée à disparaître bientôt. 11 n'en a
rien été au bout de près de dix ans le Banasêr « Philologue » est encore
:

là, plein de vitalité, pour attester le zèle scientifique de son fondateur,


M. K. J. Basmadjian, qui a su venir à bout de tous les obstacles.
Fondé le l*"" janvier 1899, le Banasêr eut, dès la première heure, des
collaborateurs éminents : MM. Meillet, Gauthiot, l'abbé Ermoni, et notre
regretté maître, Auguste Carrière. Les PP. Baronian, Dadian, Nedjckiantz,
Babguèpe, Korioun, le D"" Daghavarian, Mr. Conybeare, Mgr Miskgian,
le professeur Patrubany, Néandre de Byzance, MM. Macler, Adjarian, Ana-

nikian, Chalationtz, Hohanessian.


Nombreux et intéressants, les articles du Banasêr sont, en outre, ex-
trêmement variés. M. Basmadjian y a publié le catalogue des manuscrits
arméniens de notre Bibliothè([ue nationale, et ses connaissances assyriolo-
giques lui ont permis d'éclaircir certains points de l'histoire ancienne de
l'Arménie, les campagnes de Darius dans cette contrée, par exemple, et
d'étudier, dans les inscriptions cunéiformes, les plus anciens monuments
de la philologie arménienne. Il y a, de plus, abordé des questions d'art et
d'archéologie, celle des ruines d'Ani, entre autres, publié des textes inédits
et donné d'importants mémoires sur l'ancienne législation arménienne.
Los ({uestions historiques et religieuses tiennent une large place dans le

Banasêr; elles sont trop nombreuses pour que nous puissions les énu-
mérer. Mentionnons une longue étude de M. Adjarian sur Fauste de
Byzance, une bibliographie des impressions arméniennes, due à un évêque
qui a voulu garder l'anonyme, le catalogue, dressé par le P. Koriona, des
manuscrits arméniens de la bibliothèque de l'église des Saints-Archanges
de Constantinople, des études de Mr, Conybeare sur les ordinations dans
l'église arménienne, etc.
La philologie est également bien représentée. De 1899 à 1901, M. Millet a
traité dans le Banasêr, avec la compétence que tous lui reconnaissent, un
certain nombre de questions relatives à la langue arménienne; en 1902,11
BIBLIOGRAPHIE. iiliô

y exposait un nouveau système do transcription de l'arménien, à propos


d'un dictionnaire que préparait M. Ijasiu.idjiau. Itappelous, avec les articles
de celui-ci, les études de MM. (iauthiot et Patrubany, et de Mgr Miskgian.
En 1902, M. Hohanessian a consacré un long mémoire à la littérature
arménienne du .\i.\^' siècle.
Si sommaire ({ue soit notre aperçu des dix années du Jiajidsêr, il jjer-

mettra cependant de se faire une idée de ce (ju'est cette excellente revue,


l'une des meilleures publications d'orientalisme (pie nous connaissions, qui
a rendu et promet de rendre encore d'éminents services aux études armé-
niennes.
Lucien Bouvat.

R. P. Bedjan, HomilUœ seleclac M(i,r. Jacobi Saruyensis, tome IV, Paris,


1908, 1 vol. in-8^ .\iv-916 pages.

Les trente-neuf homélies de ce recueil qui paraissent toutes (liors une


pour la première fois, sont empruntées à des manuscrits de Mossoul, d'Ox-
ford, de Paris, de Rome, mais surtout de Londres. Elles ont pour sujet le :

Déluge; Abraham; Salomon; Elie (quatre homélies); Elisée (six homélies);


Jonas; Daniel et Nabuchodonosor (deux homélies); le char d'Ezéchiel; la
tentation de N.-S.; le grain de sénevé; divers miracles de N.-S. (légion de
démons, piscine probatique, figuier); la parabole de la vigne; les scruta-
teurs; les évêques; les solitaires (deux liomélies); les grâces et le bon
usage du repos (huit homélies).
Cette édition (comme les volumes précédents) est faite avec le plus
grand luxe encadrement rouge, titres, finales, notes et table en rougê.
:

Le R. P. Bedjan a édité ces homélies métriques en passant à la ligne


après chaque vers et, dans sa courte introduction, il a mis en relief l'im-
portance de l'ouvrage et prémuni le lecteur contre quelques passages
qui pourraient prêter à interprétation hétérodoxe. Afin de donner une pe-
tite idée du genre mimrû (homélie métrique) où Jacques de Saroug, après

S. Ephrem, "est passé maître, voici le commencement de la première ho-


mélie aiir les solitaires. Nous choisissons ce sujet pour que l'on puisse
rapprocher ce genre du texte grec publié plus haut :

Par son enseignement Dieu conduit, éclaire les créatures,


'

Pour que le monde voie la route de vie et y marche.


Sa parole est une lampe puissante pom' tous les êtres raisonnables.
Elle répand une lumière éclatante sur leurs sentiers.
C'est la voie (de) la lumière et (de) la vie pour celui qui y marciie,
Et celui qui en sort tombera dans l'erreur.
En Notre-Seigneur marche celui qui veut voir son Père,
Il s'avance en lui jusqu'à ce qu'il se repose sur son Fils.

C'est la porte par laquelle on arrive à la Majesté (divine).


D'elle sortent des trésors pour enrichir tout le monde.
C'est la richesse qui n'est pas montée sur roues pour s'enfuir
Mais qui se tient comme une colonne et qui /3st inébranlable.
336 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

C'est le grand trésor en dehors duquel il n'y a que pauvreté,


Faible et indigent est tout homme qui ne s'est pas enrichi en lui.
L'oi' est fardeau, liens et entraves pour celui qui le possède,
C'est une rude corde et elle mène à (la mort par) suffocation

L'auteur continue ainsi durant cinquante-quatre pages de vingt et un


vers chacune. On constate que cet ouvrage prête peu aux renvois et aux
citations : nous avons tous les jours occasion de renvoyer aux sept vo-
si

lumes des Acta martyrum et sanctorum par lesquels le R. P. Bedjan a


commencé sa belle collection, nous n'aurons jamais l'occasion, croyons-
nous, dans notre édition des histoires des solitaires égyptiens, de renvoyer
à une ligne des cinquante-quatre pages que Jacques de Saroug a consa-
crées aux solitaires.
F. Nau.

F. Macler, Catalogue des manuscrits arméniens et géorgiens (de la Biblio-


thèque nationale), 8°, xxx-204 pages, cinq planches, Paris, Leroux, 1908.

Ce catalogue de 323 mss. arméniens et 26 mss. géorgiens fera connaître


à tous les orientalistes les manuscrits réunis à grands fraisa Paris, surtout
dans la première partie du xviii^ siècle.

Dans son introduction, M. Macler, professeur à l'école des langues orien-


tales, esquisse l'histoire de la formation du fonds arménien six mss. ac- :

quis pour la bibliothèque de Louis XIV, deux pour Colbert, cent vingt ac-
quis de 1728 à 1730 par l'abbé François Sevin etc. Le corps de l'ouvrage
renferme la description et le contenu de chacun des manuscrits Ancien et :

Nouveau Testament 1-29: commentaires d'auteurs arméniens sur divers


livres de la Bible 30-43; livres liturgiques (bréviaires, rituels, hymnes;
missels, lectionnaires, prières) 44-108; homélies (en majeure partie de
pères grecs) 109-129; mélanges théologiques relatifs pour la plupart aux
croyances et à l'histoire de l'église arménienne 130-168; canons de
l'église arménienne 171-177; martyrologe 178; ménologes 180-183, 187,
189-190; histoire et mélanges historiques 179, 184-186, 191-239; philoso-
phie (traductions de Porphyre et d'Aristote, commentaires arméniens) 240.
242; médecine, alchimie, comput, astrologie, grammaires, dictionnaires
et mélanges.
M. Macler a ajouté une table de concordance des anciens numéros avec
les numéros actuels, une table alphabétique et cinq planchés spécimens
des diverses écritures arméniennes (i-iv) et géorgienne (v).

Cet ouvrage est donc indispensable aux arménisants qui ne pouvaient


venir consulter à Paris les catalogues manuscrits, et tous seront reconnais-
sants à M. Macler de la peine qu'il a prise pour condenser tant de précieux
renseignements sous un si petit volume.
F. Nau.

Le Directeur-Gérant :

F. Charmetant.

Typographie Firmin-Didot et C. — Paris.


VIE DE BAUSOMA LE SYRIEN

La Vie de Barsoma le Syrien, que nous éditons et tradui-

sons ici, fait partie du ms. 31 de Paris (fonds d'Abbadie).


Ce ms. est ainsi décrit par M. d'Abbadie :

1. Histoire de Saint Antoine. IG feuillets.


2. Sur la prière de Langinos. 1 feuillet.
3. Vie du Docteur Père Barsoma. 9 feuillets, etc. (1).

Barsoma est l'arcliimandrite syrien monophysite, né près de


Samosate, l'ascète rigide, l'adversaire acharné du Nestoria-
nisme, le soutien de Dioscore, patriarche d'Alexandrie. Il

joua un rôle considérable au Brigandage d'Ep/ièse (449), par-


ticipa, par ses violences, au meurtre de Flavien, évêque de
ConstanUnople, fut chassé du concile de Chalcédoine (451)
et mourut excommunié le P"" février 458 (2).
La langue du ms. est tout à fait classique. Aussi, nous édi-
tons le texte tel qu'il est dans le ms., en respectant l'ortho-

graphe manière d'écrire les formes nominales et verbales.


et la

A peine nous est-il arrivé de faire çà et là quelques légères


corrections. Ces corrections, très rares et toutes de minime
importance, ont uniquement à des fautes évidentes de
trait

copiste; nous donnons alors en note la leçon du manuscrit.

(1) Catalogue raisonné des vumuscrils éthiopiens appartenant à Antoine d'Ab-


badie, Paris, 1859, p. 37-40.
(2) Voir, pour plus de détails, l'article de M. Nau snv Ba7^sumas (Barso^na) dans
le Dict. de Théol. catli. Vacant-Mangenot, col. 434-435.

ORIENT CIIRÉTUÎN. 22
338 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

TEXTE

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340 REVUE- DE l'orient CHRÉTIEN.

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342 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

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TRADUCTION

(Fol. Nous écrivons le combat de notre saint Père Docteur


18 r° c)
A/)ba Syrien, du couvent de Basmcml. Que sa prière, sa béné-
Barsoma le

diction, la force du secours de son Dieu gardent le serviteur du Seigneur,


l'homme du Christ, pour les siècles des siècles. Amen.
mes chers (frères), Satan, certes, l'ennemi de la justice, ne désarma
pas; il ne laissa pas ce (saint). En
il existait, dans la ville d'AntioHie,
effet, .

des hommes, qui aux chrétiens et étaient des adver-


faisaient la guerre
saires de la foi droite. II se trouva un (certain) individu parmi eux; Satan
passa dans son coeur, l'écarta de la justice, se glissa dans son esprit et
mit dans son cœur la tentation. Tandis que lui-même pensait à des ordres
(à donner), voici que des hommes, ennemis de la foi, arrivèrent. Il leur
conseilla de lutter contre le saint Docteur Ba)-soina. Il devint lui-même
impie; il en vint, (en s'opposant) aux décrets (royaux), à lutter contre le

roi; il se prépara un diadème et des habits royaux; son âme s'enorgueillit


de cela. Satan machina (si bien) son œuvre, que (cet homme) siégea sur
le trône d'Antioche.
MK Ï)K 15ARS0MA. '.>
I.'}

L'un des jours de cette époque-là, il convoqua l'assemblée l-'ol. 18 v» a)


des adversaires ; il alla à cheval, aiin de revcmir (plus vite). Tandis que
lui-même allait lutter contre le ,saint Docteur Bamoma, il se trouva avec
beaucoup de créatures, (faisant partie) des ennemis (du saint). Le saint
Docteur Barsoma se tourna, pour voir ceux qui se trouvaient là, les gens
qui s'étaient réunis vers lui, les auxiliaires (qui étaient) avec lui. On
lapida saint Barsoiua; une pierre
aux yeux. Lorsque (son)
l'atteignit
disciple vit cela, il pleura et se mit à embrasser le saint et à le baiser.
Aussitôt le saint dit « Lapidez-moi, ô (mes) ennemis. » Le disciple lui
:

dit « : mon maître, pourquoi fais-tu cette demande? Pour nous, nous te
disons de demander au Seigneur d'anéantir, à cette heure même, les
impies. » (Le saint) dit qu'il convenait que (sa lapidation) eût lieu. « Sache,
I» mon fils, (ajouta-t-il), que mon cœur souffrira. Car je vois des
rois, des tils de rois, tombés sur mon escabeau, afin de le baiser; je
vois des grands, des souverains, des juges et toutes sortes de créatures
m'honorer. Moi, certes, je préfère l'abjection, afin que le Seigneur
ait pitié de moi et me secoure. En effet, tout ce que j'ai fait moi-même

avec les hommes, c'est afin qu'il résulte pour moi (un état, éloigné)
de la gloire et de l'honneur. Mes os tremblent devant la louange de ce
monde. (Fol. 18 v" b) Ma demande a pour objet la pénitence finale. C'est
cette (pénitence) qui subsistera. J"ai vu les prophètes chassés et rejetés;
mais moi, l'on m'exaltera et l'on m'honorera. Les apôtres aussi, on les
lapida; mais moi, pas. Les martyrs ont été tués; mais moi, l'on me por-
tera sur les têtes. Les fidèles ont été enchaînés mais moi, l'on m"honorera. ;

Notre Dieu aussi a été mis sur le bois de la croix par les Juifs rejetés,
et on s'est moqué de lui. Mais moi, pécheur et être faible, on m'honorera,
on me louera et on me célébrera.
« Notre-Seigneur et Notre Sauveur .Jésus-Christ, c'est la règle que le
serviteur soit comme son seigneur et le disciple comme son maître. Si je
suis devenu moi-même le serviteur véritable du Christ, je deviendrai donc,
moi aussi, comme il a été lui-même. Que dirai-je demain, lorsque je me
tiendrai devant le trône du Seigneur? Lui-même me dira Qu'as-tu fait?:

Tu as rendu considérable ton ministère; tu t'es prosterné devant moi.


Gela te convenait. Tu m'as de mon côté, j'ai
obéi. Cela te convenait. Moi,
fait beaucoup de devant toi et t'obéir, bien que cela ne
rois se prosterner
leur convînt pas. Si (cela) a eu lieu, (c'est parce que) tu m'as glorifié. Il te
convenait de me glorifier. Moi, de mon côté, j'ai fait aussi des souverains
et des grands te glorifier à cause de mon nom, (Fol. 18 v» c) et en échange
de ton amour envers moi. Ton (amour) était dirigé vers (moi). Moi, de
mon côté, j'ai fait tout le monde t'aimer plus que cela ne te convenait. En
échange de ce que tu as laissé tes parents, m'as recherché et m'as suivi,
moi, de mon côté, j'ai fait les riches et les pauvres te livrer leurs maisons.
En échange de ce que tu m'as obéi et que ton (obéissance) a été dirigée
vers (moi), moi, de mon côté, j'ai fait les serviteurs et les êtres libres, obéis-
sants à toi.

« Cependant je crains moi-même, à cause de ce qui est écrit dans TÉvan-


gile. Alors le Jour où Von dira Seigneur, ô Seigneur, ouvre, ear nous-
:
344 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

mêmes, nous avons fait en ton propre nom de nombreux prodiges; en ton
propre nom nous avons guéri de nombreux malades et souffrants, il répon-
dra et leur dira : Pour moi, je ne vous connais pas. (Je crains) non seu-
lement à cause d'autres (passages de l'EvaVigile), mais aussi à cause de
cette parole de l'Evangile saint Malheur à vous, ô scribes, puissants
:

hypocrites, qui filtrez le moucheron et dévorez le chameau. De plus, il leur


dira Malheur à vous, ô scribes, puissants hypocrites, qui, par votre
:

dehors, apparaissez aux hommes comme des lumières, mais, par votre de-
dans, êtes des loups, des êtres ravisseurs et remplis de ruse. Pour iwus.
vous ressemblez à des sépulcres plâtrés, mais dans Fintérieur desquels il y
a (Fol. 19 r» a) des cadavres. En outre, il dira : Malheur A vous, ô scribes
et pharisiens hypocrites, qui mangez les maisons des veuves et des orphe-
lins, sous le prétexte de prolonger votre prière. Cest pourquoi, vous trou-
verez toutes sortes de supplices. »

Après l'achèvement de ce discours, cet homme tomha de dessus son


cheval et mourut d'une mort affreuse. Satan et son armée qui lui ohéis-
sait furent vaincus. Ensuite {Barsoma) dit (à ses moines) « Mes enfants, :

je veux que vous deveniez justes par votre parole et forts par votre foi. »
Ayant entendu ses paroles, ils versèrent des larmes amères. 11 leur dit :

« Pour moi, je veux retourner vers le roi de Perse, (au pays des gens) qui

adorent le feu, à l'instigation des magiciens et des païens, et aussi d'au-


tres (éléments), à l'instigation de toutes sortes d'hommes. (Telle) était la
pensée du saint Docteur Barsoma. Si elle était telle, c'était afin qu'il ren-
contrât un homme d'entre les étrangers qui le tuât, pour qu'il achevât
sa tâche et reçût la couronne de la part de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Lorsque cet homme fut mort, les gens s'apaisèrent. (Barsoma) alla à la
capitale de la Perse, comme il y avait songé. 11 alla à la ville des magi-
ciens et des païens. 11 prêcha la foi et personne d'entre (les gens de la
ville) n'éleva la main sur lui. Personne n'osa (Fol. 19 r» b) ouvrir les

yeux devant sa face. Lorsqu'il arriva à la terre de l'Orient, de nombreux


ennemis s'étaient réunis auprès du roi Théodose, en lui disant qn'Abba
Barsoma avait peu de pudeur et était un menteur. « Tu t'es fié (à lui),
(ajouta quelqu'un), pour ton royaume et pour tous les trônes de Rome. 11
est changé, depuis que je l'ai vu jadis. Voici il a agrandi ses biens (et ses)
:

trésors. Il mange de la viande, boit du vin, dort sur un lit moelleux, est
vêtu d'habits précieux, se rase les cheveux. Lui, de son côté, apparaît
devant toi, sous l'aspect d'un pauvre. Voici il est arrivé, pour prendre
:

(ton) royaume. Lui-même profère d'autres paroles que tes paroles et


(prêche) une autre foi que ta foi. »
Lorsque le roi eut lu la lettre qu'on lui avait écrite, il éprouva un grand
étonnement. Il sut que ce qu'on avait fait provenait des gens de Satan. Il
fit mander le saint par terre et le fit arriver, afin qu'il vît ce qu'on avait

écrit à son sujet. Lorsque le saint arriva, en ayant la ressemblance de


quelqu'un qui voyage, le roi sut (la vérité), glorifia le Seigneur et le re-
mercia. Il éprouva une grande joie de l'arrivée (de Barsoma). Il le baisa,
se réjouit de s'être rencontré avec lui, mit sa main sur (Fol. 19 r° c) les
cheveux du saint, le toucha et cria, parce que le Seigneur avait con-
VIK DE HARSOMA. 345

fondu lesgens qui avaient menti et étaient dépravés continuellement.


Le ayant produit la lettre, la mit entre les mains du saint. L'ayant
roi,

lue, (le saint) glorifia le Seigneur et le remercia. Alors, le roi Theodosc


écrivit do nombreuses lettres. Il les envoya dans tous les pays, en confir-
mant la foi droite, de sorte que les jours mauvais furent changés. La paix
eut lieu à l'époque de la paix, la calamité à l'époque de la calamité. Toutes
choses eurent lieu et furent accomplies à leur temps. (Tout eut lieu^
comme c'était réglé : le jour et la nuit, l'été et l'hiver. 11 y eut ensuite des
temps fixés de joie et de bonheur et des jours (heureux). Le séjour (sur
terre), la vie et la mort furent longs. Ce fut dans les jours où Théodore écri-
vit (ces) lettres qu'arriva sa mort. Sa mort eut lieu dans des jours heureux.
L'Écriture dit Bienheureux est l' homme par la main duquel survient le
:

bien. Malheur à V homme par les mains duquel vient répreuve. Les temps
de Théodose furent des temps de bien, d'amour, de grâce et de salut. Ils
furent comme les temps d'Aujest/d, roi de (F'o]. 19 v° a) Juda.
Le zèle du Seigneur est plus grand que (celui de) tous les fils de l'homme.
C'est pourquoi le Seigneur a dit au sujet de {Théodose) En effet, tu :

as accompli toute ma volonté. Cela fa été compté devant moi. Moi, Dieu, je
t'ai aim,é comme David, ton père. Je n'ai pas éloigné de toi tes ennemis,
mais je les ai tués. Le châtiment qui est venu sur les enfants d'Israël vien-
dra aussi sur eux. Mais Je te ferai mourir et Je te ferai passer vers tes
pères, dans la paix, afin que tu ne voies pas le châtiment qui viendra
sur les enfants d'Israël. Telle fut la mort de Théodose, en des temps de
bien et de paix, dans tous les peuples et les églises.

Sylvain Grébaut.
{A suivre.

Bézancourt, par Gournay-en-Bray, 20 octobre 1908.


NOTES DE GÉOGRAPHIE

ET D'HISTOIRE D'EXTRÊME-ORIENT
Par E. Blochet.

ALBRACCA

Le Boïardo, dans VOrlando innauiorato et l'Arioste, dans


YOrlando furioso, donnent à la capitale d'Angelica, la souve-
raine du royaume de Cathay, la Chine des empereurs Kin, le
^^ des historiens musulmans, le nom d'Albracca. Ce fut près
de cette ville que le roi des Arabes, Sacripante, livra, pour
sauver la reine de Cathay, un terrible combat à Agricane :

Son dunque, disse il Saracino, sono


Dunqiie in si poco credito con vui?
Che mi stimiate inutile, e non biiono
Da potervi difender da costui?
Le battaglie d'Albracca già vi sono
Di mente uscite? E la nette ch'io fui,

Per la salute vostra, solo e nudo


Contra Agricane, e tutto il campo, scudo ? {Orl. fur. , chant I, 74. )

L'identification de cette ville d'Albracca n'est point chose


aisée, car les deux poètes n'avaient sur la géographie et sur
l'histoire des pays d'Orient que des notions très vagues;
l'Arioste juxtapose dans le même roman Agricane, le prince
seldjoukide jl^ ^j^ (1), le roi de Séricane de la dynastie de
Thsin, Shi Hoang-ti, qu'il appelle Nabateï, évidemment du nom
de la nation araméenne des Nabatéens, le frère d'Angelica,

(1) Revue de l'Orient Chrétien, année 1899 le Songe du viel pèlerin de P]iilii)pe
:

de Mézières, page 607 le nom de Jageras, que je n'ai pu identifier dans cet article,
;

est celui de la tribu mongole des Ikiras ^y^]/:^.' de Rashid ed-Din.


NOTES I)K GKOliRAPIIIi;. 317

l'Argaïl, qui porte le nom du duché écossais d'Argyll, le duc


anglais Astolfo, qui est le ml lombard Ataoulf, et bien d'au-
tres personnages, tels que Marphisa, la reine de Perse, qui
porte le nom du roi dos Perses Mapa^ic, cité par Eschyle dans
un vers que la critique allemande regarde, on se demande
pourquoi, comme interp(»lé (1), sans s'inquiéter des impossibi-
lités qu'il accumule à plaisir.

Il est évident qu'Albracca n'a rien à voir avec le village d'Al-


brac, aujourd'hui Aubrac, dans le diocèse de Rodez (Aveyron),
où un vicomte de Flandre, Allard, fonda en 1120 un ordre
hospitalier qui dura jusqu'au wn*^ siècle; les poètes épiques
italiens, malgré leurs fantaisies, n'auraient pas eu l'extrava-
gance de faire d'un bourg du Rouergue la capitale des Altan-
Khaghans, les ^^ qui furent détnmés par les Mongols, et
Albracca est vraisemblablement la ville d'Almaligh, l'une des
plus riches cités de l'oulous de Tchagliataï, que les historiens
musulmans écrivent i^JUl et (J:.-5U!, et dont le nom est transcrit
l)ar les Chinois sous la forme I^pf jj M H A-lé-ma-li {Vuan-shi,
chap. 63, page 31); le nom de cette ville, que les Persans ont
confondue avec une localité qui en était très voisine, Ili-baligh
^}[i Ji, ïjjj; ^IJ /\ en chinois (ibicL), la « ville du
_g, I-la-ba-li

tleuve Ili », arménien


est transcrit en dans le voyage du prince
Haïtlioum {Journal Asiatique, 1868, pages 467-8) sous la forme
Alvaligh Il.if"«-u/^^/«, ce qui indique une prononciation Albaligh,
car, si le b peut se changer en v, m
n'admet pas cette transmu-
tation, tandis qu'il s'échange constamment avec h dans la
transcription des mots turk-orientaux et mongols; c'est ainsi
que le nom d'un des meilleurs généraux de Tchinkkiz-Khan,
nommé par Rashid ed-Din, •i-:^ Tchébé, se trouve dans le Dji-
Iian-kousliaï d'Ala ed-Din Ata Mélik el-Djouveïni sous la forme
^, Yémé, avec, en plus, l'alternance également constante y
= dj =tcJi. Albaligh =
Almaligh, prononcé Albalak, avec
la même altération de / en a qu'on trouve dans Ili, transcrit
par les Chinois ^
^ij I-la et par Rashid -^V.-* Hila, et dont on

trouvera d'autres exemples curieux dans le cours de cet article,


est très voisin du nom d'Albrac que le Boïardo a italianisé
en Albracca, car la transcription de / par r n'est pas une dif-

(1) Perses, 778, avec la variante Mâ^si;.


348 REVUE DE l'orient ciirétiex.

ficulté; ce qui pourrait foire douter de Texactitude de cette iden-


qu'on ne voit pas dans quel récit de voyage en
tification, c'est
Asie centrale le Boïardo est allé le chercher; cependant il est
certain que le Boïardo avait une connaissance assez étendue,
quoique imprécise, de l'Asie centrale mongole et turque, car
il cite, dans VOrlanclo innamorato, les noms des Kéraït, des

Kara-Khitai, des Konghourat, des Mongols, des Mongols


Niroun, des Ikiras, des Kourlas, des Nogaïs, du Kiptchak,
de la ville de Kara-kouroum, le tout dans de très bonnes trans-
criptions (1). Jean de Plan Carpin cite bien une ville de Lemfinc
avec les variantes Lemfiut, Lemfiuc, mais il me paraît très
douteux qu'il faille corriger en Lemlinc pour [Ajlemlinc, ce qui
serait une détestable transcription d'Almaligh (2). Bien qu'il
en parle d'une façon incidente, il est certain qu'elle se trouvait
dans le pays de Tchaghataï « In reversione in terram Biser-
:

minorum, in civitate Lemfinc, inveniinus Ugneum, qui de


mandate uxoris Jeroslai et Bâti, ibat ad praedictum Jeros-
laum ». Peut-être, mais ce n'est là qu'une pure hypothèse, Lem-
linc, pour [Ajlemlinc, représente-t-il la forme slavisée en ink du
nom Jean de Plan Carpin ne connaissait ces noms
d'Almaligh ;

que par l'intermédiaire de son interprète, le polonais Benoît,


comme on le voit par la forme qu'il donne au nom des Mu-
sulmans, Bisermins qui est le russe BycypMant, et l'on sait
comment les Russes ont transcrit les noms turks et mongols
des localités sibériennes Tobolsk pour Tobol, Yakoutsk pour
:

Yakout, Irkoutsk pour Irkout, Akmolinsk, qui est une Ak-ba-


ligh, une « ville blanche », dont le nom est devenu Akmali
par la chute du k etle changement de b en m. En tout cas, il

semble bien que ce n'est pas dans le texte de Jean de Plan


Carpin, ou dans ceux qui en sont dérivés, que le Boïardo a pris
le prototype d'Albracca.
Marco Polo parle dans le récit de son voyage d'une ville
qu'il nomme Acbalec Manzi et Acmalec Manzi, avec les variantes
Achalet, Ativalet, Arcamalec; Pauthier Fa identifiée avec une
M
Ê â" Ps-koung-tching, la « ville du prince blanc », mais
(1) Revue de pages 606 et 607.
l'Orient Chrétien, 1809,

(2) Une localité nommée Lemphi dans l'O. do la pro\ince de Pitchan,


se trouve
mais il est bien douteux que ce soit à elle que .Jean de Plan Carpin fait allusion,
p. 771.
NOTES DK GÉOGIîAI'inr;. 349

on attendrait plutôt, à la Chine, Ak-téguin ^jXj ^jî ou Ak-toro

3jy O'' car le mot nvilik ô-CU « roi » n'était guère employé
que chez les Turks musulmans du Tchaghataï et encore assez
peu à l'époque mongole, à laquelle on se servait plutôt de ^^r-V»
de j^y ou de ^l'i:^. Cette Acbalec semble plutôt rtre une
Ak-baligh j^L dont le nom traduit la forme mongole Tcha-
^J\
ghan balghasoun.
Il ne serait pas impossible que ce nom d'Acbalec soit le pro-
totype de l'AH^raccadu Boïardo et de l'Arioste; les littérateurs
qui placent le récit de leurs fictions en Orient, déforment quel-
quefois les noms d'une façon amusante; c'est ainsi que les
journalistes ont inventé la dynastie turque des Abdul, aujour-
d'hui régnante sur les bords de la mer Egée, et qu'on a vu
figurer dans une nouvelle publiée, y a quelque dix ans, dans
il

un grand quotidien, un certain Eddin Pacha dont M. Renan


eût certainement écrit qu'il portait « un nom théophore apo-
cope ».

LE PAYS DE TIIARSE.

« En roiaume de Tarse, dit le moine Haïthoum (1), si ha III

provinces, et les seignors de celés provinces se font apeler rois,


et ont une letre (2) et un lengage par eaus (3), et celés gens
sont apelez lougour (4)... Cestuy roiaume de Tharse devers
Orient marche au roiaume de Cathay, devers Occident au
roiaume de Turquestan, devers Septentrion marche au désert,
devers Midi marche à une riche province qui est appellée Sim

(1) Éd. de l'Académie des Inscriptions, page 1-22.

(2) Le caractère ouïghour qui a été copié sur le nestorien que les prêtres
dit
syriens avaient transporté en Asie Centrale; les Ouïghours avaient une littéra-
ture alors que les Mongols étaient complètement illettrés; l'auteur du Djihan-
koushaï nous apprend que Tchinkkiz fit prendre l'écriture ouïghoure pour écrire
le mongol et, en somme, l'alphabet mongol est le même que l'alphabet des Ouï-

ghours avec l'addition de quelques signes qui servent à exprimer des articu-
lations que l'ouïghour ne marquait pas d'une façon spéciale l'alphabet des
;

Jlandchous est l'alphabet mongol augmenté de signes diacritiques qui expriment


des nuances vocaliques que l'écriture mongole n'indique pas; les lamas ont
tiré de l'alphabet mongol un système graphique qui leur sert à transcrire le
sanskrit et qu'onnomme le mongol galik.
La langue des inscriptions turques de l'Orkhon, traduites par
(3) Radloflf et
Thomsen, et qui se rapproche d'une façon étrange de l'osmanli.
(4) En ouïghour, Ouïghour, transcrit dans Rashid \j*^.^' et i^. •
350 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

qui est entre le roiaume de Cathay et le roiaume d'Inde e en


celé terre se trouvent les fins diamans... » Jean de Plan Car-
pin (1) cite ce pays de Tliarse, en le distinguant des Huyur (=
Ouïghour) et des Sari-liuiur (= Sarigh Ouïghour, les « Ouï-
ghours jaunes »), comme un de ceux qui furent conquis par les
Mongols « ... Brutacbi qui sunt judaei, Mordui, Turci, Ghnzari,
:

Samogedi, Perses, Tarci (avec les variantes Tarti Tarci, =


Tati =
Ta(r)ci, Thaos Thars, Thrac =
Tharc), India minor =
sive Ethiopia ».

Le nom de ce pays se trouve dans le Yuan-shi, chap. 4,


page 3, sous la forme ^ 5J( J^, Tié-lié-sou et dans le Yuan-
shao-mi-shi sous celle de iji^-
5â 3Ë Tliié-eul-sou, soit dans
la prononciation chinoise du xiii" siècle, Tersou et môme Dersou.
Ce fut dans le pays du Grand Dersou J^^ ^^^i ?^, Yé-kho Tié-
lié-sou, en mongol yékê dersou, que, d'après le Yuan-sln, se
tint, à la fin de 1257, le kouriltaï au cours duquel le khaghan

Monkké résolut d'attaquer l'empire des Soung et de terminer


la conquête de la Chine. Rashid ed-Din nous apprend que cette
assemblée se tint dans une localité que les manuscrits nomment
jj^ (Jij>"^,_?-3 ou ,j^^^ ij'^^^\^'^ dans un pays qui se trouve au
centre de la Moniiolie ^jl,^\ ,luJ^^ .s^î^. 1>L= if et dont le nom
n'est point sûr. Le nom du Dersou se trouve dans l'histoire de
Rashid ed-Din dans deux passages différents où il est ques-
tion de l'armée du Dersou, c'est-à-dire de Mongolie, qu'en
l'année 1275, l'empereur Khoubilaï envoya sous le commande-
ment de son fils, le prince impérial Nomokhan, contre Khaidou.
Il se trouve sous les formes _?-•,' ou --,'-, cette dernière écrite

fautivement j-'j! :
^^^, ^^j^ S^ L'
\ ,.y^ri'> ^-..-r'^^
-^'^^

:>jj ^^[^j3 ^jjU ^[^ J{^\j^J:. CU;.^^ j:> (2), et b J->jL..

:>jj sj-»î ^ ]:> jSiùJ [} .UyJ (3). L'étymologie de ce nom de


Dersou est obscure, néanmoins il faut peut-être le rappro-
cher du mongol lers, qui a été emprunté par le turk orien-
tal sous la forme (^y et qui désigne un pays habité par des

(1) Page'TOi».
(•2) Man. supp. persan ~*0'.), folio -Jr.!-.

(3) IbicL, folio 229\


NOTES DE flEOGRAPIIIE. .>.>]

barbares. Le dictionnaire qui termine rédition modernisée du


Viuni-s/n restitu*' ce nom, d'après la transcrii)tion rel'aitc

d'une façon tout artilicielle à l'époque de Kliien-loung, f^; Q'fy |^


Té-lué-sou, sous la l'orme mantchoue Térésou dans laquelle il voit
une plante précieuse 3{ ^
(1), et il confond le p;iys de ce nom

avec celui de Talas ff t'J >S u^'^^'' dont il sera question plus
loin. Le même ouvrage (2) restitue le nom de .^^ pJ 3^ ^^ ?^o

dans l'édition modernisée, #;^fÉn|f^, soit Yéké Dersou,


en Yéké Térésou, sans chercher à l'identifier. Vassaf, dans
son histoire des Mongols, donne au nom que Rashid (''critj^j^
la forme ijj-^jt^ et il interprète d'une façon tout à fait arbi-
traire fjj-y?.^ j^'^ par « armée nombreuse » :
'->
V/ (^
J_L>' ,.> Caj>\ ^ ,\ ,LS' b ,LvmJ -lxj ., c^^O -^5w3 (3) et C^-'J j,!^

JJiJJ:.' ^jr^ j^ ^-'-•^ yj^ji^^ j\iJ (4).


,j.îsr'~' ïî. is2>U ^^ j!

On voit par la comparaison des textes de Rasliid et du


Yuan-shi que le pays du Grand Dersou est la Mongolie dont la
capitale était Kara-kouroum dans laquelle furent conservés,
et
jusqu'à la fin de la dynastie des Yuan, les quatre grands
ourdous de Tchinkkiz Khan, les :^ )pl PS ^C #5^ *-^"i^t parle
le Yuan-shi. Cette justement
contrée, comme le dit très
Haïthoum, avait été autrefois le royaume des Turks Ouïghours;
dans sa notice sur la tribu des Ouïgliours, Rasliid ed-Din dit
en effet que dans le pays qu'ils habitaient jadis, il y avait deux
chaînes de montagnes fort élevées, l'une nommée Boukratou
Bouzlouk et l'autre, AshghounloukTengrim les monts de Kara- ;

kouroum deux cliaînes et on appelle la capi-


se trouvent entre ces
tale qu'Ougédeï Kaan a bâtie du nom de cette dernière chaîne :

jjLsjj „C >lj c^^' ^—-^^f ^^rl^ ^i' j-^ y^'^sy-l^^ '-^.X? )-'

C'est ce que nous apprennent également les historiens du

(1) Chap. 5, page 6.

(2) Chap. 4, page 13.

(3) Mail. supp. persan IGll, fol. 57


(4) Ihid., fol. 58".

(5) Éd. Bérézine, page IGO.


352 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Céleste Empire et on lit dans le Thoung-kian-kang-mou (1)


que deuxième mois de la seconde année Touang-phingde Li-
le

Tsoung des Soung (1235), les Mongols firent revêtir d'une en-
ceinte fortifiée leur ville de Kara-kouroum (Ho-lin) fn 7|i :
^
1^ [Ê] ff '^ Wl « Ho-lin, primitivement, à l'époque
t.l Jl {JIP pT
des Thang, était l'ancienne capitale du Houeï-hou Phi-khia
Ho-han », c'est-à-dire du Bilghé-Khaghan, du sage Khaghan,
dont on a retrouvé les inscriptions en caractères runiques sur les
bords de rOrkhon. Alaed-Din Ata Mélik el-Djouveïnidit, dansle
DJihan-koushaï (2), qu'Ougédeï fit l;)àtir sa capitale d'Ourdou-
baligh, ou Kara-kouroum, sur les ruines de l'ancienne cité de
Boughou Khan, ^'^jrï^f, souverain des Ouïghours, dont il ne
restait plus à son époque qu'un mur d'enceinte érasé et qu'on
nommait Maou-baligh ^Ub jjU, soit en mongol Maghou-baligh,
la « mauvaise ville » (3).
C'est donc à tort que personne qui a annoté les deux
la
textes, français et latin, de la Fleur des Histoires d'Orient, a
écrit (4) que le royaume de Tharse est la contrée de Teras ou
Talas, au Nord de la province de Ferghana, à l'Est de la Trans-
oxiane, et qu'il est le pays auquel Marco Polo donne, dans le

récit de son voyage, le nom


de Chigin Talas. Cette annotation
repose sur une triple confusion 1° Celle de j^j^ (5) Taraz, ou :

Tiraz suivant Abou Saïd, la ville moderne de Tourkestan ^J^^y^

(1) Sou-pian, chap. 20, pages 15 ot 16.

(2) Folios 13' et b4\

(3) ^ (jy_^l) iiU ùjj


^yi) ^J ji
J^^j^'.j
^^-' ^j^r- ^p
jjjt.drrr' ^JIj ,.U s^\. cUw! aJIj .^S .,' Jo folio IS^'; et

^..e. ^U^ ç^^


jÀlb ^y ^^ ^j^ c^î^^ c^^^_.^ iJlj j^^! ^,'

y\) Pages 122, 262 et Index, page 994.


(5) Yakout, Modjem, t. III, page 524.
NOTES DE GÉOGRAPHIE. 353

dans le Syr-Daria (au N.-O. de Tashkent et au S.-E. de Pe-


rovsk) avec la ville de Talas, que Kashid ed-Din écrit ^_^-j,
f\,u,iiuu voyage du roi Ilaïthoum par Guini-
Talas, dans le

gos (1), et à laquelle les Chinois donnent le nom de i^ .j± S/j


Tha-la-seu (2), que la géographie des empereurs Mandchous
place dans la province dTli, à l'Est de cette ville, et le Khiny-
ting-Si-yu, avec la transcription (j-»"^^'» entre Yingghar jî^^-».
et Oulam-Mounar,
J^y ç^^^\ ,% l^jj 7|c 7[c ^i^ ^, dans le Thian-
shan-pé-lou, sans en déterminer la situation géographique d'une
façon plus précise. Cette ville se trouve certainement sur le

cours du fleuve Talas-ghol, le i^ ^^ -/pf


du Taï-Tlising-iji-
thoung-tchi probablement sur ses ruines que s'élève
(3), et c'est
la ville russe d'AuIié-ata; par la route, Tourkestan et Aulié-ata
sont distantes de près de 350 kilomètres. 2" la confusion de
Taraz =
Tourkestan avec le pays qui avait pour capitale
Kara-kouroum à 35 degrés plus dans l'Est. 3'* La confusion de
Taraz avec le pays de Chingin-Talas dont parle Marco Polo.
Il serait d'ailleurs injuste d'en faire lui crime inexpiable à

Ch. Schefer, car on a vu plus haut que les académiciens chi-


nois qui, sur l'ordre de Khien-loung, ont rédigé le Diction-
naire du Yuan-shi, ont confondu le Dersou avec Talas, et
l'auteur de la continuation de la Djami et-têvarikh (4) confond
continuellement jlj-^ Taraz et ^^^^ Talas, ce qui a induit en
erreur Quatremère et après lui Ch. Schefer. Rashid ed-Din lui-
même, qui a commis si peu d'erreurs dans la Djami et-té-
varikh, a été assez mal inspiré, au commencement de l'histoire
des Turks, pour mettre Talas ^^J' non loin de l'emplacement
de Kara-kouroum, commettant en somme, à peu de chose
près, la même hérésie que Schefer (5).

(1) Journal Asiatique, 1868, pages 467-8.


('2) Taï-Thsing-yi-thoung-tchi, chap. 115, page 5 ; Khin-ting-Si-yu-thoung-iven-
tchi, chap. page 38.
1,

(3) Chap. 415, page 11.


RIan. supp. persan 209, l'olio 481''
(4) cette incroyable confusion a été com-
;

mise par bien d'autres auteurs, par Bâber, l'auteur de YAkbar-namc/i, Tauteur
du Heft-iklim et même, ce qui est incompréhensible, par Vassaf, qui forme
un complexe de Taraz ;!iJs, Yenghi, Kentchek et Tchakal, Notices et Extraits,
2iô, note, quand on sait qu'il s'agit certainement, comme on le verra plus loin,
du complexe Talas, Yenghi, Kentchek, Tchakal.
(5) Le campement d'été d'AbouItcha Khan, dit Rashid, était dans l'Ortagh et le
ORIENT CHRÉTIEN. 23
354 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Si l'on en croyait Pauthier, le pays cle Chingin Talas de Marco


Polo serait la contrée de ^ ® J§ $lj (1) Saï-yin Tlia-la dont
parle le K/iin-titig-Si-yu-thoimg-wen-tcIn{2) et qui dépend d'Ou-
roumtchi, l'ancienne ville de Besh-Baligh. Cette identification est
impossible pour plusieurs raisons ; tout d'abord, Saï-yin tha-la
n'est que la transcription chinoise du nom de ce pays qui, en
mongol, en mandchou, en tibétain, en djounghare et en arabe
]jb
^j^^ est écrit Saïn-tara; or il est certain, absolument cer-
tain, que jamais Marco Polo n'aurait transcrit Sain par Cingin
= Tchinguin et tara par talas.
Dans le récit de son voyage, Marco Polo, venant du Turkes-
tan chinois, arrive à la ville de « Lop... qui est à l'entrée du
grandisme désert, si que les cheminans se reposent en ceste
cité pour entrer ou désert... et là où il est mains larges, si
met on à passer un moys (3)... or vous laisserons de ce désert
et vous conterons des provinces que l'on treuve à l'issue de ce
grand désert de Lop (1)... quand on a chevauchié trente
journées en ce désert que je vous ai dit, si treuve l'en une
cité qui est nommée Saciou (= Shatchiou, en chinois ;^ ji] Sha-

tchéou) qui est au grand Kaan. La province s'appelle Tan-

Kartagh, qui sont des montagnes grandes et élevées; il }• a dans ces environs une
villenommée Anbaïdj son campement d'hiver était dans ces mêmes parages,
;

dans une localité appelée Yoursough et Ghaghian et Karkoroum que l'on pro-
nonce aussi Kara-Kouroum la ville de Talas et celle de Ghari-Saïram se
;

trouvent également dans ce voisinage Gliari-Saïram est une très grande ville et
;

fort ancienne. vj:,.w! -Ub^ *^Jic ^lj»a>' i^ i^^3 L^' )3^ )' 3^ c3"^"^'^

^_J y^^ JJJ^S j._J


pj^^\y^^ 0.--1
f^/-? J - > C)^'J-^- j' (^ ^
^_j3 Cï-(-^ 2.i'.^3l s^_^i^^ ^\j,îj.i ^ k--^
^^T^ ^_^) J .,) ,>>
\Sy^ J
0--^~>l x^''-.. Bérézine, Inlroduclion, page 14; un peu plus loin, Rashid ed-Din
Oughouz s'empara de tout le pays de
dit qu'après s'être insurgé contre son père,
Talas et Saïram jusqu'à Boukhara page 20). 11 est insensé de voir un auteur
{Ibid.,

sérieux confondre Talas, Saïram et Karakourouin, on commettant une erreur


aussi énorme que celle qui consisterait à mettre Jlarseille, Lj^on et Dunkerque
dans le même département.
(1) Pauthier écrit M-- m
(2) Chap. 1, page 9.
(3) Ed. Pauthier, page 149.

(4) Page 151


NOTES DE GÉOGRAPHIE. 355

gut (1)... » Une fois arrive à Sha-tchéou, Marco Polo prend


cette ville comme origine de la description ^"éographique des
contrées du Si-yu oriental : «... Vous conterons d'une autre cité
qui est vers maistre (Nord-Ouest) jouste le chief à cel dé-
sert (2)... Camul que les Chinois nomment R^ ^^ Ha-
(la ville

mi, transcription de forme ouïghoure Kliamil) est une pro-


la

vince qui jadis fu royaumes... Or vous laisserons do Camul,


et vous conterons des autres provinces qui sont entre trémon-
taine et maistre (entre le Nord et le Nord-Ouest), et est au
grant Kaan, qui a nom Chingin-talas. Chingin-talas est une
province qui est encore ou chief du désert entre maistre et
trémontaine. Elle est grant seize journées et est au grand
Kaan (3)... Quand l'en se part de ceste province que je vous ai
dit, si chevauche l'en entre grec et levant (Nord-Est et Est) dix
journées, et en trestoute ceste voie n'a nulle habitation, se pou
non (4)... et au chief de ces dix journées si treuve l'en une
autre province qui est Sucturen laquelle a citez et chasteaux
assez et la maistre cité a nom (5) Siccuï = (Sic-tchéou,
soit '^ j'\] Sok-tchéou)... La grant province général, où ces
trois provinces (Sha-tchéou, Chingin-talas et Suctur) sont est
Tanqut (6). »
L'identification précise de ce pays de Cingin-talas (= Tchin-
guin-talas) est tout ce qu'il y a de plus difficile. Philologique-
ment, Cingin-talas ne peut être la Saïn-tara des environs d'Ou-
roumtchi, et cela est également impossible au point de vue
géographique. Marco Polo dit qu'il faut, en partant de cette
province, dix journées de marche en se dirigeant dans l'E.-
N.-E. (greco-levante) pour arriver à celle dont la capitale est
Sok-tchéou, or Sok-tchéou est dans leS.-O. et non dans l'E.-N.-E.
d'Ouroumtchi et la distance entre Sok-tchéou et Ouroumtchi
est bien grande pour que les frontières de leurs provinces ne
soient séparées que par dix jours de désert. Si Kliamil est
bien dans le N.-O. de Sha-tchéou « jouste le chief à cel désert »,

(1) Page 152.

(2) Page 1.56.

(3) Page 159.

(4) Page 162.

(5) Page 164.

(6) Page 165.


356 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

la province qui est au N.-N.-O. de Sha-tchéou (entre trémon-


taine et maistre) et « qui est encore ou cliief du désert » doit
avoir sa capitale à la hauteur de Khamil sur la route de Kha-
mil à Tourlan, très probablement, à Lodoung, Kosh, Tes, Pi-
tchan g| g
ou Lemtchin, et elle est certainement différente de
Tourfan qui mongole la ville de Kara-Kho-
était à l'époque

tcho. On sait par la grande géographie des empereurs


mandchous (1) qu'à l'époque mongole, la province de Pitchan
portait le nom de pays de Louktchak, que les Chinois ont tran-
scrit '^ ;^ Lou-khe-tchha-khe, ce qui n'a rien à voir avec
#;^
le Cingin-talas de Marco Polo. Dans ces conditions, en admet-
tant que la province de Suctur, dont Sok-tchéou est la capi-
tale, commence à la limite actuelle du Kan-sou et du Sha-mo,
très au N.-O. de An-si-tchéou, les deux provinces de Pitchan
et de Suctur n'étaient en effet séparées que par environ dix
journées de chemin à travers l'extrémité orientale du Sha-mo
qui s'étend entre Asortou, Khoung, Lemfi et la route d'An-si-
tchéou au Lob-Nor, mais la route qui conduit de Pitchan à
Sok-tchéou, loin d'être orientée dans l'E.-N.-E., porte, dans une
direction presque rectangulaire, au S.-O.
en faut très vraisemblablement conclure qu'en dictant, ou
Il

en rédigeant, ce passage de son livre, Marco Polo a commis


une confusion assez explicable quand l'on pense qu'il ne parle
que par ouï-dire de la province de Cingin-talas et qu'il ne
l'avait pas visitée.
Aucune des explications qu'on a données de ce nom n'est
satisfaisante et il pour toutes sortes de raisons, la
n'est pas,
transcription du nom du lac de Tchi-kin à 260 li de Sou-
tchéou comme l'a prétendu Palladius (2), car il faudrait ad-
mettre que ce lac était nommé Tchikin-talaï par les Mongols et
que les copistes de Marco Polo ont transformé Tchikin-talaï en
Cingin-talas, or on ne saurait tout expliquer par des déforma-
tions paléographiques, et jamais les Mongols n'ont nommé
dalaï a la mer » un petit lac qu'ils appellent couramment nor
et koul, au point qu'ils désignent sous le nom de Keuké-Nor
« le lac vert » l'immense nappe d'eau que les Chinois nom-

ment la « mer verte » ^


%. D'ailleurs, Marco Polo donne aux
(1) Taï-Thsiny-yi-lhoung-tchi, chap. 417, page 1.

(2) Yule, Marco Polo, 2'= édit., I, page 214.


NOTES DE GÉoriRAPnn;. 357

provinces dont il parle le nom de leurs capitales ot il est assez


peu probable qu'il eût désigné un pays aussi étendu que celui
de Cingin-talas par le nom d'un petit lac qui n'est du reste
pas assez éloigné de Sok-tchéou pour satisfaire aux conditions
géographiques qu'il énonce.
Je crois, mais sans en pouvoir fournir de preuves, que l'il-
lustre vénitien a considérablement reporté vers l'Est une pro-
vince de Cingin-talas qui n'appartenait pas au grand Kaan,
mais à l'oulous de Tchaghataï, et que l'empereur de Daïdou au-
rait volontiersannexée à son empire s'il l'avait pu. Cingin est
la transcription mongole régulière de Yenglii, avec l'adjonction
d'un n paragogique, comme dans Peïn (1) qui est la ville de
Paï^dans gouvernement de Saïram, dans Khasliin, nom
le

d'unfdsd'Ougédeï, qui est la transcription du chinois /pf "jg Kha-

shi, ancien nom du Tangghout, dans Shirin, transcription du


prakrit siri, sanskrit ^ sri, dans Makhabalin
^J^^, nom
d'un fds de Témour Oltchaïtou Khaghan et transcription du
sanskrit Mahâbalï îTfT^^(2), et la transformation de y initial en
tch comme dans le nom de la ville chinoise de f^ >}\] Yang-tchéou
qui est dans Rashid jas-C^ Tching-tchéou (3).
Les villes de Yenghi et de Talas formaient dans la géographie
du pays de Tchaghataï un complexe Yanghi-Talas qui est sou-
vent cité par les géographes musulmans et dont Quatremère (4)
a donné plusieurs exemples. L'auteur du Mésalik el-absar (5),
décrivant la route qui menait de Perse par Samarkand aux villes

du Céleste Empire, dit :


^j;t jj^r^ (6) S^_ J,'
^jsj.^^ ^=
- * > f^-^

J»CJj ô^^ .^y^ Orr^^'j ioj..-» jS ,.^ .,J,* ïx!.\ ^ (7) -^^J

(1) Pautliier, Marco Polo, page 145; Marco Polo a certainement entendu pro-
noncer Peïn et ce n'est pas lui qui a ajouté un n à ce mot.
Le thème de ce nom sanskrit est mahâbalin, mais le nom est mahâbalï.
(li)

(3) Avec l'alternance bizarre de a-e = i dont on trouvera des exemples fréquents

dans le cours de ces notes; cette ville paraît dans le texte de l'historien persan
à la page rV[ (cf. note page rVT, et appendice à la page PVh de l'édition qui
s'imprime à l'heure présente chez Brill, à Leyde.
(4) Notices et Extraits, tome XIII, page ^^o; dans un passage de la vie de Té-
mour Keurguen par Ibn Arabshah, il est parlé de /r'-*-' cr^.i au delà du fleuve
de Khodjend, à environ 15 jours de Samarkand.
(5) Man. arabe 2325, folio 45 verso. (tj) m. — J^j. — (7) m. Xj.
358. REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

(2) (i3lj qiC'J ^i-^îj (1) isL i'Aa.|^Jli ^..^tsr:^ *wl [^L^ L^^t_3

Sjj^Xj] (1) ^STjlj, ijjJ.^


^^ (4) ^^bîij- ^^^t (3) ^^%^ ^^^'^'j

(6) (5) j^> !/ Jl ^U! ^^j C... ^3^^s jJU! J!

cr^j
U ^,^*^î li=^! ^^-^ ^(3! (8) ^=sr-^
J! (7) ^^^^ y, ^^
(9) .U^! Jî j3b ^,U ^y, ^i L> ^,j.>j\ jJb ^U Jî (8)
^^

^.j. ^,jxfj! (10) L^!


J-i « De Samarkand a Yenghi, il y a

20 jours ; Yenghi compose de 4 villes qui sont séparées cha-


se
cune les unes des autres par un seul farsakh chacune de ces ;

cités a un nom qui lui est propre; la première a nom Yenghi,


la seconde Yenghi -baligh, une autre Kantchek, une autre
Talas. De cette Yenghi à Almaligh [il y a 20 jours, d'Almaligh
à Kara Khotcho... (11), de Kara Khotcho à Kam-tchéou -y*
;Jj'l,

qui est la première des villes de la Chine, 40 jours, de Kam-


tchéou à Khan-baligh 40 jours; ensuite, de Khan-baligh à
el-Khinsaï King-ssé) (12), il y a deux routes, une roule
(;;^ liU

par terre une route par mer et, que l'on prenne l'une ou l'au-
et
tre de ces deux routes, il y a de Khan-baligh à el-Khinsaï
40 jours de distance ».
L'existence du complexe Yenghi-Talas est suffisamment prou-
vée par ce passage du Mésalik el-absar ainsi que par celui de
la vie de Témour par Ibn Arabshah dans lequel ce virulent
historien parle du pays de Yenghi-Talas ^^'^jj, et son nom
correspond d'une façon si parfaite à celui de Cingin-talas du

(1) m. Iaj. — (ij m. a)lj c-^o-


— (3) m. ^îXs:'-', la vocalisation est don-

née d'après une forme citée dans la chronique de Vassaf. — (4) m. .blj- — (5) m.

Wl^a^t^. —
(6) Il y a [certainement ici une lacune que Quatremère n'a pas vue

quand il a traduit ce passage du Mésalik [Notices, tome XIII, page 224), ce


qui y a introduit une confusion inextricable. (7) Le man. omet
^^ —
i^^\ji. — (8) m.jsr-^^. — (9) m. lù^\.
(10) m. L^^t.
Cil) 11 faut vraisemblablement restituer : 20 jours.
(12) King-ssé, en chinois, signifie » la capitale >•; c'est pour cela que l'autour du
Mésalik, sachant que ces deux mots forment un nom commun, et non un nom

propre, a construit leur transcription avec l'article arabe.


NOTES DE (iÉOOHAIMIIE. 359

récit du voyage de Marco Polo paraît bien difficile de


qu'il me
les séparer. Si cette opinion est Juste, en faudra conclure que il

le voyageur vénitien, en déplaçant de près d'un mois et demi de


chemin dans l'Est la province de Yenghi-Talas et en appliquant
son nom à la province de Pitchim, a été trompé par cette ville
fantôme et mystérieuse, aujourd'hui perdue dans les steppes
de l'Asie Centrale, qui a égaré tous ceux qui se sont occupés
d'elle et probablement aussi l'auteur de cotte note.
Le nom du pays de Tharse n'a rien de commun avec celui de
Sarze qui, dans l'Arioste, désigne le royaume de Rodomonte, le
Mars africain que, dans d'autres passages, il nomme plus sim-
plement le roi d'Alger. Sarze =
Sardzé est la transcription du
nom arabe d' Alger ^j^-! Djézaïr avec le zézaiement de dj trans-
crit dz métathèse de la syllabe portant Vr, phénomène
et la
très fréquent, comme le montrent suffisamment le latin forma
en face du grec iJ-cp^-ii, l'arabe Jo..^ qui est le latin gradus com-
plètement retourné, l'arabe ^y^ bourgha/i « cuir de Russie »,
pour ^j^. boidghari (1).

Jf ^ FO-LIX =: 'Po);ro.

Fo-lin ^% ^ désigne d'une façon certaine, sans que l'éty-

mologie en ait donnée d'une façon irréfutable, l'empire


été
romain (2). La prononciation annamite de ces deux caractères

(1) Dozy, SuppL, I, page 73.

(i) Fo-lin j% ^À parait pour la première fois dans le Souï-shou (581-617) et est

écrit 3^ dans le Ta-Thang-hsi-yu-tchi terminé en 646 (Hirtli, China,


'1^ Fo-lin
page 17). C'était auparavant le pays de Ta-Thsin; d'après Edkins [A plea foi-
Roma and Byzanlium), le nom de Ta-Thsin fut changé en Fo-lin vers 607, d'après
des recherches faites par Pheï-kiu :jsc *M> qui obtint des informations sur les
contrées de l'Ouest par les provinces turkes. On verra bientôt l'importance de-

cette assertion. Le royaume de Fo-lin, dit le TcInu-Thang-><hou (618-lt06), aussi


nommé Ta-Thsin, est situé devant la mer occidentale; au S.-E., il est frontière de

'a Perse -.m MU-^ J^ ^^ 'E MZ± 1^ ^^ 'êL^ ^


(Hirth, pages 51 et 104); le même ouvrage dit que quand les Ta-shi. les Arabes.

eurent conquis ces contrées, ils envo3-èrent leur généralissime J^ ?^ Blouo-eï


pour assiéger la capitale du pays (Ilirth, page 55). Moaviya, lils d'Abou-Sofian,
fut en effet nommé gouverneur de Syrie en 641; le Hsin-Thang-shoxt (milieu
du XI" siècle) dit que Fo-lin, l'ancien Ta-Thsin, est distant de 40.000 li de la ca-
pitale du Céleste Empire, et situé à l'Ouest de Tchan, dont la prononciation

ancienne, d'api-ès Ilirth, est Shem ou Shim -iMêifiPH^MiÈ^W


360 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

est fet-lem qui est très voisine d'une prononciation fàt-làm, le


caractère ^^ se lisant pul en coréen, avec Talternance cl-t l =
qui se trouve dans le grec oav.pji^.a et le^atin lacruma. La pronon-
ciation ancienne de ^^
paraissant être bid-lam, M. Hirth,
dans son excellent livre, China and the Roman Orient, a rap-
proché cette transcription du nom de Bethléhem Thébreu ,

Dnb-nu Beth-léhem, ou du mot sémitique patrik, patrak qui


désigne le Patriarche des Chrétiens, le syriaque j^v^v^ts, l'arabe

^^l et v^J}jjJ=j, emprunté au grec '::a-piapy;^ç(l). Il serait bien

étonnant de voir l'empire romain désigné sous le nom de pays


de Bethléhem, car cet humble village de Palestine, où le Verbe
s'est incarné par hasard, ne joue dans l'histoire du monde chré-
tien qu'un rôle tout à fait effacé qui n'a rien de comparable à
celui de Jérusalem, la ville sainte des Hébreux et des Arabes, qui
était encore pour Dante le centre de l'Univers, et il serait tout
aussi insolite de trouver l'empire romain désigné sous le nom
de royaume du Patriarche. Personne', même à la Chine, n'a ja-
mais songé à appeler la France le royaume de Lourdes ou la
terre du Primat, et d'ailleurs des raisons phonétiques s'opposent
à ces explications de M. Hirth; il y a dans léJiem une très forte

(Hirth, pages 56 et 106); ^Bf Sheni est alors la transcription du nom Slia'ni

jli,, jU, Slia'am, ou vulgairement Xl Sliam ; d'après Yakoutfjl/ocOew, tome III,

page 240), le pays nommé Sham s'étend de l'Euphrate ;t ei-Arish, aux frontières

de l'Egypte, et des deux célèbres montagnes de Tayyi ^-î», les seuls endroits

où l'on parle aujourd'hui l'arabe pur, à la Méditerranée j»^' j^ , avec, comme


villes principales, Manbidj, Haleb, Hamah, lloms, Damas, Jérusalem, el-Maarra, et
dans le Sàliel, dans l'ancienne Phénicie, Antioche, Tarabolos, Akka, Sour et As-
calon. Par Sham ;ô", il faut comprendre ici la Syrie de l'intérieur, la Syrie de
Damas, que les géographes arabes (Yakout, ibicL, page 587) "nomment ^^"^"^

juIJ) Dimeshk esh-Sha'm et que les historiens appellent simplement /»^) esh-

Sha'ra, qu'il faut se garder de traduire par Syrie: les historiens musulmans
comptent dans cette Syrie de l'intérieur, par opposition au Sâhel, les villes fron-

tières \j^\ et l'Avasim ^^j*j], de sorte que l'histoire des Thang, si l'on s'en

du
tient à la lettre texte, entend par Fo-lin = Ta-Thsin la côte phénicienne à
l'Ouest de Damas.
(1) On pourrait aussi penser k patrik, du grec TraTpîy.io;, en arabe i^^j^.i ^'^

syriaque |ji-.v41».
NOTKS DE GKOGKAPIIIE. .'}01

aspiration, car ce moi sonne beaucoup plus lélcliem que l/'hein,

ce dont les Chinois auraient certainement tenu compte (l;ins leur


transcription s'ils avaient recueilli ce mot de la bouche d'un
Syrien; il suffit d'avoir entendu un Arabe prononcer le mot ^
qui est le même que nnS pour être édifié une fois pour toutes à
ce sujet; or les Chinois rendent toujours les articulations -, ~
et n, ^ par les caractères de la classe ^ , de sorte que anS
eût certainement été transcrit lë-Jié-ma; c'est ainsi que l'arabe

j^v^! est transcrit dans le Yuan-slii ^^% A-ho-ma. Il ne


faudrait pas alléguer contre cet argument les transcriptions chi-

noises des noms mongols dans un kh ou un gh éty-


lesquelles
mologiques semblent avoir été omis, comme dans £. da-ba ^
qui transcrit une forme mongole dabakhan; en réalité, les Chi-
nois n'ont pas transcrit une articulation qu'ils n'ont pas enten-
due parce qu'au xiii" siècle le mot dabakhan se prononçait
déjà daban, l'origine du turk tépé ou, tout au plus, dabaan,
tandis qu'à l'époque où les Chinois ont transcrit le nom de l'em-

pire romain sous la forme |^ 3hk, nnS-nia s'articulait très nette-


ment Beth-lékhem, comme il se prononcerait encore aujourd'hui
sur le terroir syrien. 9^ Icim ne peut pas davantage transcrire
rik ou rak de pairik, que les Chinois auraient certainement
rendu par ^, )/;, ^
Hk, |^, |i lak ou par quelque chose d'ap-
prochant. De plus la transcription bu pour"*''i de Bet-lékhem
serait loin d'être satisfaisante.
Cela posé, il se peut que les deux caractères qui se lisent
aujourd'hui Fo-lin représentent tout simplement la transcrip-
tion du nom de Rome, entendu par les Chinois, non de la
bouche d'un Latin, mais bien d'un Grec ou d'un Perse, d'un
Oriental en tout cas, qui ne prononçait pas Roma comme l'arabe

p^ Roum{\), mais bien Hroma, comme le montrent la forme


(1) Toutefois, clans son Modjem el-boiddan (tome I, page 401), Vakoiit nous

a conservé une forme ^ A Ourim « avec un dhamma, puis un soukuv.n, et un

kesra sous le ra », qui est le nom


de quatre villages qui d(''pendent d'Alep et
dans laquelle il semble bien nom de 'Pwjxï;. Ce qui est certain, c'est
qu'il y ait le
que la première syllabe ou- n'est point primitive et que Yakout en avait con-
science; Abou Ali el-Fasavi disait, en effet, que, dans ce nom, le hamza. c'est-à-
dire la voyelle ou, n'est pas étymologique et qu'il a été ajouté pour lui donner
362 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

grecque 'Pwir/] (1), la forme x"'ni-inj< Ahroumiyya avec un


élif prosthétique qui se lit dans une inscription nabatéenne du

f siècle (2), le pehlvi Hrum, l'arménien t^'^nif Hrom (3) et

le syriaque P'ooo,; Rhoma (4).

Quelle qu'en ait été la prononciation exacte aux époques


anciennes, il est certain que dans ]% 1^, le caractère |â^ qui se
prononce aujourd'hui lin, représente la syllabe roum, car un
caractère identique;^ /m (5) transcrit, dans fu ^ Ho-lin, le nom
apocope de (Kara)-Kouroum, la capitale des Mongols, qui se
trouve dans Rashid ed-Din sous la forme pj^ ^f dont la der-
nière syllabe pj est identique au nom arabe pj de la ville de
Rome. C'est là un point qui ne fait aucun doute et, dans ces
conditions, il est bien difficile de ne pas admettre que |^ ^^
représente une altération orientale du nom de la ville éter-
nelle. ancienne du caractère f^, aujour-
La prononciation très

d'hui fo, était certainement but, puisqu'il transcrit le mot


prakrit but, dérivé du sanskrit Bouddha, et qui se trouve en

une forme arabe; ces localités se nommaient la grande Oiirim, la petite


Ourim, l'Ourim du noyer, l'Ourim des Barmékides. L'Ourim du noyer était
pleine de merveilles et de souvenirs ciirétiens il s'y trouvait un édifice qui:

anciennement avait été un temple et où l'on voyail la nuit briller un feu écla-
tant; si l'on s'approchait, la flamme s'évanouissait et l'on ne discernait plus rien.
Un habitant d'AIep raconta à Yakout que, sur cet édifice, il y avait trois tables
de pierre ])ortant des inscriptions écrites avec un caractère ancien dans lequel
il faut probablement reconnaître de l'aramécn; d'après cet individu, l'inscription

qui se trouvait au Sud était ainsi rédigée « Dieu est unique! Cet édifice fut
:

terminé en l'année 328 à partir de la naissance du Messie. •


(1) Il semble que le p initial du grec emportait toujours
l'aspiration initiale
qui est marquée par l'esprit rude p; en somme, le grec traitait tous les mots qui
commencent par un p comme s'ils avaient commencé anciennement par le
digamma ou une sifflante, tel priyvu[jLi en face de frango; il n'y a pas à douter
que le grec prononçait 'Pwfxvi, Hromè, car, sans cela, les dialectes asiatiques
qui ont emprunté au grec le nom de la ville éternelle n'auraient pas écrit
Hrom, mais Rom.
(2) Cette forme m'a été indiquée par 51. Clcrinont-Cîanneau.
(o)En arménien, fnnnJ'p Horomkli ou ^n^nJ'p Hromkh désigne spécialement
les Grecs, înnJwjLnfio Uromaietsikh, les Romains et les peuples d'Europe
(Hist.Arm.,page7, note2);la forteresse de ,.« J! iods estenarménien f,LnJ^/iu
Hromgla (ibid., page 154).

(4) Forme citée par Payne Smith à côté de la forme courante l.ioo> Roma, page
G80.

*^) '\Mf ^ étaient des homophones et avaient anciennement la même pro-


nonciation lôm.
NOTES DE OÉOGIIAIMIIE. :{6:{

pehlvi sous la forme bût (1) qui a donné naissance au persan


moderne ^JUj but. C'est là un fait indul»itable, jnais ce qui l'est

également, c'est que ce caractère, qui est aujourd'hui /'o, se pro-


nonçait fêt ou fat à l'époque à laquelle il a été emprunté par
l'annamite, ce qui établit d'une façon certaine l'existence d'une
prononciation unit ou wet, intermédiaire forcé et obligatoirr-
entre la forme en 6, bout, et les formes avec /', car b ne peut virer
directement à /".

En somme, les Célestes entendirent prononcer le nom de


Rome, non H-rum, avec un h nettement distinct de Vr comme
l'écrivent le pehlvi Hnirn et l'arménien ^««'/' Hrom, mais bien
R"um avec un r aspiré, comme l'écrivent le grec 'Pwtj.-/; et la forme
araméenne u-ooo,; Rhoma qui est citée par Payne Smitli; or
. toutes les aspirées, ou plutôt les spirantes, ont une tendance
marquée à aboutir à un phonème qui, pour une oreille étrangère,
sonne à peu près comme un /' ; c'est ainsi qu'un français entend
l'anglais Atlienœum comme un complexe très voisin de Afi-

nium, que l'arabe 'Ç^ kahva a été rendu en français par


« café », avec l'alternance hv ^= f, que le participe persan -v^^^-v
soukhta est prononcé softa par les Turcs et que dans leur langue
^ycr- djéhoud se prononce tchoufout. Il est très vraisemblable
que les Célestes ont entendu Rhum = '?(.)[;.*/) prononcé à peu
près comme frum qu'ils ne pouvaient transcrire qu'en faisant
une syllabe de l'/'initial et une seconde syllabe du reste du mot,
de même qu'ils ont transcrit le nom des Francs, par l'intermé-
diaire du persan sJ^^y F rang, sous forme f^
la |[5 Fo-leang, dans
laquelle le son initial /", certain dans [rang, est rendu par %
homophone de ^% qui prouve bien que dans ^% ^i^ Fo-lin
fo, ce
le caractère |^ fo transcrit un f initial et que Fo-lin est bien

pour f-ldin =H-rum. D'ailleurs, on sait comment l'aspirée h


et la sifflante f s'échangent, quand on passe d'un dialecte à un
autre, dans la prononciation d'un même caractère :
^ ho, avec
les prononciations dialectales loo, en japonais wa et en
hwo, est
annamite A y(2; ^ houo, dans les dialectes /b, est en annamite /R'a,
% khouan, dans les dialectes fun, fon, est en annamite k/iivan.
Il est probable qu'au commencement du vu" siècle, le caractère

(1) La longue du pehlvi bùl n'est qu'orthograpiiique ot ne correspond pas à


un allongement réel.
'

364 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

f^, anciennement but, aujourd'hui fo, se lisait, soit ivot, soit fot,
avec une tendance à perdre sa dentale finale; d'ailleurs, il

arrive que les Chinois introduisent 'dans la transcription des


noms propres étrangers des lettres paragogiques, comme dans
Pan-lé-ko qui transcrit Balkh ; les Annamites qui ont entendu
le nom du prince mongol Toghon, « le chaudron », certaine-

ment prononcé Toghon, l'ont transcrit Toat-hoan ( 1 ) avec l'intro-


duction inexplicable d'une dentale, ce qui expliquerait wot-lâm,
fot-lâm pour fo-lâm. Ce qui prouve d'ailleurs, mieux que
toutes les raisons phonétiques qui viennent d'être invoquées,
que le nom de Fo-lin ^^ If^ du Souï-shou est bien une trans-
cription du nom
de Rome par l'intermédiaire du grec, c'est
que les Chinois ont transcrit par les mêmes caractères le nom
de l'empire des grands Seldjoukidesqui comprenait alors l'Asie
Mineure, le pays de Roum, le pj>\ Jibîj des historiens arabes, et
le nom de la capitale des états pontificaux qui est indubitable-
ment Roma. Dans son livre sur les rapports de l'empire chinois
avec Fo-lin, M. Hirth ne s'est pas aperçu, ce qu'il serait fort
injuste de lui reprocher, que les Célestes ont confondu sous ce
nom de Fo-lin, suivant l'âge des livres historiques dans lesquels
on le trouve, trois pays différents : la Syrie, l'empire Seldjoukide
et les états du Pape.
L'histoire des Soung (960-1279) raconte (2) qu'en la 4'an-
née Yuan-feng (1081), le roi de Fo-lin, ?^ :^ Bj: #M # Miéh-
li-i-ling-kaï-sa, envoya à la Chine un ambassadeur nommé

i<i^ M^ '^ M
â: f Ni-ssou-tou-ling-sou-meng-phan. Hirth n'a
il

pas reconnu la forme qui se cache sous la décevante transcription


Miéh-li-i-ling-kaï-sa. ^
a, dans certains dialectes, la pronon-

ciation lung, et ^ se prononce en coréen ryong. Je crois que le

transcripteurchinois a entendu nommer ce prince J/e'/zAi/iCa^sm'-?'-


Rouin, « le roi. César (du pays) de Roum », en persan^r^ ^:Xl-^

/*jj, ce qui est un titre seldjoukide, les sultans osmanlis, suc-

cesseurs politiques des Seldjoukides, étant nommés Kaïsar-i-


Roum dans la poésie persane. Il s'est fait ce raisonnement

(1) Ad. Fillastre, Ibn-Batoulah, dans la Revue Indo-Chinoise, 15 février 1908


page 168.
(21 Hirth, pages 62-108.
NOTES DE (lÉOdUAl'llIE. 305

inconscient : Kaïsar est un titre : si je voulais dire Kaïsar de


Thsin, je dirais Tlisin Kaïsar, mais comme les Persans ren-
versent l'ordre logique, ils diraient; Kaïsar Thsin : ce qui suit
Kaïsar, iroum, est donc un nom de pays. Il eût fallu lui expli-
quer l'origine pronominale de Vizafct, -i-, qui répond assez au
^ du chinois, et que primitivement Kaïsar était un cas direct
et Roum un cas indirect. En résumé, je crois que I-lûng-
Kaï-sa = Kaïsar-i-Roum, le chinois n'ayant pas la syllabe
Roum rendue par un phonème qui s'en rapprochait.
et l'ayant
Ce roi de Fo-lin n'est donc pas un souverain de Syrie, mais
bien le sultan seldjoukide (de Perse et) du pays de Roum,

Mélik-Shah, le ^^3! :>% ^_,..=X^ des chroniqueurs arabes.

« Ming-shi (1368-1643) (1), est le même pays


Fo-lin, dit le
qui fut nommé
Ta-Thsin sous les Han les premiers rapports ;

qu'il eut avec la Chine furent sous le règne de Houan-ti (147-


168). Sous les Tsin et les Weï, il fut également nommé Ta-
Thsin; à l'époque des Thang, il fut nommé Fo-lin; à la lin de
la dynastie des Yuan, un homme originaire de ce pays, Nié-
kou-loun fs "é' f]^, vint en ambassade ». Hirth, après Bretschnei-
der (2), a identifié ce personnage Nié-kou-loun avec Nicolas
de Rentra que le pape Jean XXII envoya à Khan-baligh pour y
succéder à Jean de Monte-Corvino dans la dignité archiépisco-
pale. Cette identification est très vraisemblable, et ici il est
certain que le nom de Fo-lin recouvre le nom de Rome ou
plutôt sa transcription en langue mongole.
Cette forme est connue par un passage de Jean de Plan
Carpin qui cite la « terram soldani Urum » et par un pas-
sage du Yuan-shi, dans lequel il est parlé du pays de |^ %
Ou-lin, soit avec l'équivalence = ||: roum, de Ouroum; on lit

dans cet ouvrage (3) :


B ^ ît TC # îî^ :^ PS ^ IW >if> T^H
il 1^ ^ W
fe^ ^- « L'année ki-weï (= 1259), on mit en dé-
route l'armée mobile (par opposition à l'armée qui défendait
les forts) de Ou-lin, soit 4 (corps de) 10.000 (hommes). A-pi-

(1) Hirth, page 64.


("2) Ibid., page 65.
(3)Chapitre 149, page 15, dans la biographie d'un général mongol qui accom-
pagna Iloulagou dans sa campagne contre les pays occidentaux.
366 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ting (1) Suan-than (= j^^) fut grandement effrayé et vint


faire sa soumission; on se rendit maître de 120 forteresses.
Vers le Sud-Ouest, on marcha vers Khi-li-wan (= Kirwan =
Kirban = Kirman = j^r^)- Hou-tou-ma-ting Suan-tlian (=
Kotb ad-Din Sultan jU=l- ^.^5 v-^) (2) vint faire sa soumis-
sion et les pays de TOccident furent pacifiés ».
C'est de même que les Mongols ont transformé en Oroman,
que Rashid ed-Din a transcrit ^^j3^^ le nom du grand prince
Roman de Riazan qui défendit Colomna confie l'invasion jaune.
La forme Ouroum est évidemment apparentée à celle de Hrum,
R"um, empruntée par les Chinois à des populations qui avaient
aspiré l'r initial du mot Roma, et elle indique dans le mongol la
même impossibilité à prononcer un r initial qui se trouvait dans
le grec; la langue mongole ne peut, en effet, tolérer un mot qui

commence par un /-; elle est obligée, pour le prononcer, de lui


préfixer une voyelle épentliétique, la même que celle de la se-
conde syllabe, qui sert de support au reste du mot; c'est ainsi
que le sanskrit ratna est devenu en mongol a-ratna que l'on
trouve dans l'onomastique des Yuan sous la forme psj ;^lj j^ ^
A-la-thé-na; que le tibétain rin-tchen, traduction du sanskrit
ratna, a été transcrit en mongol i-rintchen, ^ji^^y;} en persan,

>](1; >^ ^ I-lin-tclienn en chinois ; que Roum p^ comme on


, vient
de le voir, est devenu en mongol ou-roum, forme prouvée par le

latin Urum (= Ouroum) et le chinois % ^ ou-Iâm.


{A suivre.)

(1) Il s'agit très probablement ici du sultan Izz ad-Din Kaï-Kaous II, quoique
Lane, Mohammedan Dynasties, page 155, indique 1257 comme date de sa mort ;

|Jnî >^ "J'


A-pi-ting doit être une faute graphique pour |W ^ 'J'
A-sou-ting,

forme à laquelle on comparera la transcription "AÇa-rtv qui se lit dans une ins-
cription seldjoukide de Sinope.
(2) D'après Lanc, Mohammedan Dynasties, page 179, ce prince serait mort
on 1257.
HISTOIRE D'HAIKAR LE SAGE
d'après les manuscrits arabes 3637 et 3G3G de paris

INTRODUCTION

La version arabe de l'histoire d'Haïkar est fort connue.


Sa traduction française figure dans plusieurs éditions des
Mille et une nuits, par exemple dans l'édition Chavis et Cazotte

{Cabinet des fées), t. XXXIX, Genève et Paris, 1788, p. 266-


361 dans l'édition Caussin de Perceval, Paris, 1806, t. VIII,
;

p. 167-221 (traduction du manuscrit 3637 de Paris; cette tra-


duction a été réimprimée dans l'édition Pourrat, Paris, 1842^
t. IV, p. 61); dans l'édition Gauthier, Paris, 1822, t. VII,
p. 313 (traduction faite par Agoub, d'après deux manuscrits
J.

non identifiés. Cette traduction a paru à part sous le titre « Le


sage Heykar », Paris, 1824, et dans les Mélanges de littérature
orientale et française, Paris, 1835).
Le texte arabe a été publié par Salhani, Contes Arabes,
Beyrout, 1890 et par Madame Agnès Smith Lewis avec traduc-
tion anglaise dans The story of Ahikar, Londres et Cam-
bridge, 1898.
Pendant longtemps on n'a vu dans ce récit qu'un simple
conte, jusqu'au moment où la découverte de la version syriaque
a montré que le nom du héros n'était pas Haïkar mais Ahikar
(Achicar)
On
a alors reconnu, dans le héros du conte, le cousin de To-
bie mentionné en plusieurs endroits du texte grec du livre de
Tobie (i, 21; ii, 10; xi, 17-18; xiv, 10) et le sage mentionné par
Strabon (XVI, ii, 39) d'après Poseidonios (if siècle avant notre
ère). On a reconnu aussi, dans l'histoire d' Ahikar, le livre de
maximes traduit et introduit en Grèce par Démocrite comme
368 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

en témoigne Clément d'Alexandrie (Migne, P. G., VIII, col.

772).
Les anachronismes et les invraisemblances dont le conte est
émaillé impressionnaient fort défavorablement les critiques qui
plaçaient sa composition du \f siècle avant notre ère au ir^ siè-

cle après notre ère, mais problème vient d'être transformé


le

par la découverte de papyrus d'Aliikar qui remontent au v^ siè-


cle avant notre ère.
Ces papyrus, conservés à Berlin, sont ainsi décrits par
M. Nau, dans Va Revue du clergé français du P' novembre
1908, p. 306-307 (I).
i< Au retour du Congrès des orientalistes de Copenhague
nous avons pu nouveau
voir ces papyrus exposés à Berlin, au
Musée, sous les numéros 63 et 64 (2). Ce sont des fragments
d'un rouleau littéraire, de 32 à 33 centimètres de haut; l'écri-
ture, presque identique à celle de la requête des prêtres juifs
est perpendiculaire aux fibres.
« Le numéro 63 contient les restes de trois colonnes que

nous numéroterons 1, 2, 3, de droite à gauche; la colonne


1 compte 17 lignes, et les colonnes 2 et 3 en comptent quinze.

Ces deux dernières colonnes se suivent sans interruption.


« Le numéro 64 contient les restes d'une colonne de quinze

lignes. Il a été reconstitué à l'aide de vingt-cinq morceaux.


« Il reste donc quatre colonnes de quinze (ou dix-sept) lignes
plus ou moins mutilées; d'ailleurs chaque ligne peut compter
de cinquante-cinq à cinquante-huit lettres (on le voit sur la
colonne 2). Ces papyrus renferment donc un peu moins du

sixième de la version syriaque. On nous a demandé de ne pas


en prendre une copie destinée à l'impression, nous pouvons
dire du moins que le numéro 63 se rapporte à l'histoire d'Ahi-
kar sous Sennachérib et Sarchédom et raconte en particulier sa
condamnation à mort.
« Le numéro 64 contient des sentences et des allégories (ou

(1) Ce numéro de la revue annonce l'apparition prochaine à la librairie Le-

touzej' de •< Histoire et sagesse d'Aliikar l'Assyrien, traduction des versions


syriaque (manuscrits de Berlin, Cambridge et Londres), avec les principales dif-

férences des versions arabes, néo-syriaque, grecque arménienne, slave et rou-


maine avec une étude sur l'auteur et l'ouvrage, par F. Nau, environ 3^'0 pages.
Prix 5 francs. »

(2) Il y a aussi quelques lettres privées non encore éditées.


iirsToiRr: n'iiAïKAri. 309

fables d'animaux), par exemple « j'ai Icv*; du sable et j'ai


:

porté du sel et cela ne m'a pas été plus lourd que... » la pan- ;

thère, la chèvre, la gazelle, les brebis y sont tour à tour


mises en scène. »
Ces papyrus proviennent d'p]léphantine, au sud de l'Egypte,
aussi M. Nau peut conclure que si la légende d'Ahikar avait
déjà pénétré, au v° siècle avant notre ère, jusqu'au sud de
l'Egypte nous pouvons facilement croire que son Imloire re-
monte bien au vu" siècle avant notre ère, c'est-à-dire à l'époque
de Sennachérib, de Sarhédom et de Tobie.
Il faut bien remarquer que la légende a pénétré l'histoire et
que celle-ci ne peut être rendue responsable des fîiutes intro-
duites par l'autre. D'ailleurs les versions diffèrent beaucoup les
unes des autres, par exemple tous les textes édités font de Sen-
nachérib le fils de Sarhédom, ce qui est un anachronisme, mais
M. Nau nous a signalé deux manuscrits syriaques (l'un des
deux appartient à M^' Graffm, l'autre est conservé à Berlin) qui
sont conformes à l'ordre chronologique.
Il s'ensuit que les défauts du conte ne doivent pas nous cho-

quer, car ils n'existaient pas dans l'écrit primitif.


La version arabe est une adaptation de la version syriaque,
qui a introduit le style narratif au lieu du discours direct avec
quelques additions et beaucoup de suppressions.
Nous éditons le manuscrit de Paris n" 3G37 dont nous repro-
duisons la pagination. Il est désigné par la lettre (A). Nous
ajoutons les variantes du manuscrit de Paris n° 3656 (B) et
de l'édition de Madame Smitli Lewis (G).

TRADUCTION

(p. 140). Au nom du Dieu clément, miséricordieux, vivant, éternel, sans


fin, à qui nous recourons!
Nous commençons par la grâce du Dieu Très-Haut, par sa faveur excel-
lente et sous sa direction, à écrire rhistoirc d'Haïkar, le sage, le pliilo-
sophe, vizir du roi Sennachérib, et de Nadan son neveu.
I. — On
rapporte qu'il y avait, au temps de Sennachérib, roi d'Assur et
de Ninive, un homme sage nommé llaïkar. Il était vizir du roi Sen-
nachérib et son secrétaire. C'était un homme opulent qui possédait de
grandes richesses. Il était sagace, sage, philosophe, plein de science, de
prudence et d'habileté. Il avait épousé soixante femmes pour chacune des-
quelles il avait construit un palais, et cependant il n'avait pas d'enfant qu'il
OllIENT CHRÉTIEN. 2i
370 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

pût élever; cela l'affligeait beaucoup et un certain jour il rassembla les


astrologues, les devins et les sorciers. Il leur fit part de sa situation et se
plaignit de sa stérilité. Ils lui répondirent (p. 141) « Va, offre des sacri- :^

fices aux dieux, et invoque-les, peut-être t'accorderont-ils un enfant. » Il

fit ce qu'ils lui recommandaient et il offrit des sacrifices aux idoles, eut
recours à elles, s'humilia devant elles dans la prière et les invocations.
Mais elles ne lui répondirent pas une seule parole et il sortit plein de tris-

tesse et de chagrin. 11 s'en alla fort peiné et revint au service du Dieu


Très-Haut. Il crut en lui, eut recours à lui dans le regret de son cœur et
l'invoqua ainsi à haute voix « Dieu du ciel et de la terre, Créateur de tout
:

l'univers, je te demande de m'accorder un fils pour qu'il soit ma consola-


tion, qu'il m'assiste au moment de la mort, qu'il soit mon héritier, qu'il
me ferme les yeux et m'ensevelisse. » Une voix lui parvint alors et lui dit :

« Puisque tu t'es confié en premier lieu aux idoles faites de mains


d'homme, et que tu leur as offert des sacrifices, tu n'auras pas d'enfants,
ni fils, ni fille. Cependant va, prends le fils de ta sœur, Nadan, adopte-le
pour ton enfant, enseigne-lui ta science, ta culture et ta sagesse c'est lui ;

qui sera ton héritier après ta mort. »

II. — Il prit donc Nadan, son neveu, qui était un enfant à la mamelle, et
il le confia à huit nourrices qui devaient l'allaiter et l'élever. Elles lu
donnèrent la nourriture la plus exquise, et l'éducation (p. 142) la plus
soignée; elles le vêtirent de soie, de pourpre et de cramoisi; il avait pour
sièges des tapis de soie. En avançant en âge, il grandit comme le cèdre
élevé; son oncle lui enseigna la politesse, l'écriture, la lecture, la philo-
sophie et toutes les sciences. Un jour le roi Sennachérib ayant regardé
Haïkar, vit qu'il était devenu un vieillard avancé en âge, et il lui dit « :

mon compagnon exce'llent, honoré, sagace, habile, sage, mon secré-


taire et mon vizir, mon confident et le gouverneur de mon empire, voici
que tu as que tu es avancé en âge, l'heure de ta mort et de ton
vieilli et

décès est proche, indique-moi celui qui doit te succéder dans mon service. »

Haïkar lui répondit « Seigneur Roi, que votre tête vive éternellement!
:

Voici Nadan, le fils de ma sœur, que j'ai adopté je l'ai élevé et je lui ai en- ;

seigné ma sagesse et ma science. » Le roi lui dit « Fais-le venir en ma ;

présence pour que je le voie, et si je le trouve capable, je l'établirai à ta


place. Quant à toi, suis ton chemin, va te reposer et accorde la tranquil-
lité à ta vieillesse; passe le reste de tes jours honoré et respecté. »

Haïkar alla donc et introduisit le fils de sa sœur, Nadan, en présence


(p. 143) du roi. Celui-ci le reçut avec faveur et fut saisi d'admiration et de
joie en le voyant. Puis il dit à Haïkar « C'est là ton fils, ô Haïkar, je prie
:

Dieu de le conserver; de même que tu m'as servi et que tu as servi mon


père Sarhâdoum avant moi, puisse ton fils me servir de la même manière,
accomplir ce qui m'est avantageux, pourvoir à mes besoins, et exécuter
mes travaux pour que je le comble d'honneurs et de puissance à cause de
ta sagesse. » Haïkar se prosterna devant le roi et lui dit « Que ta tête, sire, :

vive éternellement! Je te prie de lui accorder ta bienveillance, parce qu'il


est mon fils, et d'être indulgent pour ses défauts, afin qu'il te serve comme
il convient. » Le roi lui jura alors de lui donner le premier rang parmi
HISTOIRE n'HAIKAR. 371

ses familiers et la plus ^^raudc puissance à sa cour. Il s'engagea à le com-

bler d'honneurs (^t de (ligait(''s. IFaïkar lui baisa les mains et lui exprima
ses vœux et ses lioninuiges. Ensuite il prit avec lui Nadaii le fils de sa

sœur, le dans un lieu retiré, et se mit à l'instruire le jour et la


Ht asseoir
nuit, au point de le rassasier de sagesse et de science plus que de pain et
d'eau. Voici quel était l'enseignement qu'il lui donnait.
111. —
« 1. Mon fils, quand tu entends une jjarole, fais-la mourir dans ton

cœur, et ne la découvre à personne de peur qu'elle ne devienne un char-


bon qui brûle ta langue, que tu n'établisses la douleur dans ton corps et
que ton vêtement ne soit la nudité et que tu ne sois confondu (p. 144) de-
vant Dieu et devant les hommes.
2. Mon fils, quand tu apprends une nouvelle, ne la divulgue pas et si

tu vois quelque chose, ne le ra])porte pas.


.3. Mon fils, fais en sorte que ta parole soit facile pour l'auditeur et ne
te liàte pas de répondre.
4. Mon fils, ne désire pas la beauté visible, parce qu'elle passe et cesse,

tandis que la bonne renommée demeure éternellement.


5. Mon fils, ne te laisse pas tromper par la femme aux discours insensés,

de peur que tu ne meures de la mort la plus honteuse, que tu ne sois em-


barrassé dans les filets et pris au piège.
6. Mon fils, ne désire pas la femme revêtue d'habits multicolores et écla-

tants, mais dont l'esprit est lourd et stupide. Garde-toi bien de lui céder
en quoi que ce soit qui t'appartienne, ou de lui remettre ce que tu as dans
la main, car le péché serait ton vêtement et Dieu serait irrité contre toi.
7. Mon fils, ne sois pas comme l'amandier qui se couvre de feuilles

avant tous les arbres et qui est le dernier à donner des fruits, mais sois
comme le mûrier qui donne des fruits avant tous les arbres et qui est le
dernier à se couvrir de feuilles.
8. Mon fils, incline-toi en bas et modère ta voix; sois poli et marche

dans la voie du bien ne sois pas stupide et n'élève pas la voix quand tu
;

ris ou tu parles, car si c'était par la hauteur de la voix qu'on élevait des
maisons, l'âne en bâtirait plusieurs chaque jour.
9. Mon fils, il vaut mieux transporter des pierres (p. 145) avec un homme

sage que boire du vin avec un homme stupide.


10. Mon fils, répands ton vin sur le tombeau des hommes de bien plutôt

que de le boire avec des hommes stupides et imprudents.


11. Mon fils, attache-toi à des hommes sages et craignant Dieu, et sois

comme eux, et ne fréquente pas l'impie de peur que tu ne deviennes


comme lui et que tu n'apprennes ses voies.
12. Mon fils, si tu possèdes un ami ou un compagnon, éprouve-le

d'abord, et fréquente-le ensuite. Ne le loue pas sans l'avoir éprouvé, et ne


découvre pas ta parole à l'homme qui n'est pas sage.
13. Mon fils, tant que tu as une chaussure au pied, marche grâce à elle
au milieu des épines. Prépare la voie à tes enfants et à tes petits-enfants ;

dirige ta barque avant que la mer soit en furie et gonfle ses vagues, de
peur que tu ne sombres sans pouvoir te sauver.
14. Mon fils^ si le riche vient à manger un serpent, les hommes lattri-
372 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

hueront à sa sagesse, mais si c'est un homme pauvre, ils diront que c'est
la faim qui l'y pousse.
15. Mon fils, contente-toi de ce que tu possèdes, et ne désire pas le hien
de ton prochain.
16. Mon fils, évite le voisinage de l'insensé et ne mange pas de pain avec
lui. Ne te réjouis pas des malheurs de ton voisin et si ton ennemi t'a fait
du tort, réponds-lui par des hienfaits.
17. Mon fils, si un homme ne. craint pas (1) Dieu, crains-le (p. 146)
et honore-le.
18. Mon fils, l'insensé heurte l'ohstacle et tomhe, tandis que le sage, s'il

vient â heurter l'obstacle, n'est pas ébranlé et ne tombe pas et s'il vient à
tomber, il se relève promptement; s'il tombe malade, son esprit trouve
la guérison, tandis que l'homme insensé et stupide n'a point de remède
pour sa maladie.
19. Mon fils, si un inférieur te salue, rends-lui la salutation en restant
debout, et s'il n'est pas reconnaissant pour toi, son maître le sera à sa
place.
20. Mon fils, n'épargne pas les coups à ton fils, car les coups donnés à
l'enfant sont comme l'engrais pour le jardin, comme le lien qui attache
l'ouverture de la bourse, comme les entraves des animaux et comme la

serrure de la porte.
21. Mon fils, écarte ton fils du mal et fais son éducation avant qu'il gran-
disse et se révolte contre toi, car il serait ta honte au milieu de tes com-
pagnons, et courberait ton front dans les rues et les assemblées publiques,
et tu serais couvert de confusion par ses actions détestables.
22. Mon fils, ne laisse échapper a,ucune parole de ta bouche sans prendre
conseil de ton cœur, et ne reste pas au milieu des gens querelleurs, parce
que la parole mauvaise engendre la querelle, la querelle engendre la
guerre et la guerre engendre la bataille, et tu serais obligé de servir de
témoin; mais fuis de là et cherche la paix.
23. Mon fils, ne résiste pas à celui qui est plus fort que toi, mais acquiers
la longanimité, la patience et la bonne volonté, (p. 147) car il n'y a rien
de meilleur.
24. Mon fils, ne te réjouis pas de la mort de ton ennemi parce que dans
peu de temps tu seras son voisin. Quant à celui qui te méprise et te hait,
honore-le et sois le premier à le saluer.
25. Mon fils, quand l'eau s'arrêtera dans le canal, quand les oiseaux
s'envoleront jusqu'au ciel, quand les noirs corbeaux deviendront blancs et
que l'amertume deviendra douce comme le miel, l'insensé et le stupide
deviendront intelligents et sages.
26. Mon fils, si tu veux devenir sage, préserve ta langue du mensonge,
ta main du vol et tes yeux des regards mauvais; à cette condition, tu
mériteras le nom de sage.
27. Mon permets au sage de te frapper de son bâton,
fils, et ne permets
pas à l'insensé de t'oindre de suaves parfums.

(1) Le texte C n'a pas la négation, ce qui est plus logique.


IIISTdlRK iniAlKAli. 373

28. Mon fils, sois humble dans ta jeunesse et tu seras honoré dans ta
vieillesse.
29, Mon fils, ne résiste pas à l'homme qui possède l'autorité, ni au fleuve
qui déborde, et ne cherche pas à conclure de mariage, car s'il est heureux
on ne t'en félicitera pas, et s'il est malheureux on t'accablera d'injures et

de malédictions.
30 Mon fils, fréquente celui dont la main est rassasiée et pleine et ne
va pas avec celui dont la main e.st resserrée et affamée.
31. Mon fils, il y a quatre choses contraires à la puissance du royaume et
de l'armée : la dureté du vizir, (p. 148) la mauvaise administration, la
perversité des desseins, et l'injustice envers les sujets, et quatre choses
qui ne sont pas cachées : l'homme intelligent, l'homme stupide, le riche,

et le pauvre. »

IV. — Quand Ha'ikar eut fini d'exposer ces conseils et ces paraboles à
Nadan, le fils de sa sœur, il pensa qu'il garderait toutts ses recomman-
dations et ne savait pas que son intention était de faire juste le contraire.
il

Ensuite Haïkar resta assis dans sa maison et remit à Nadan tous ses
biens les esclaves et les servantes, les chevaux et le bétail et toutes les
:

autres choses qu'il possédait. Nadan eut en son pouvoir le commandement


et la défense et il eut ses entrées chez le roi comme son oncle Haïkar et
même davantage. Quant à Haïkar, il restait chez lui et se reposait, et il
n'allait plus chez le roi que de temps en temps pour le saluer, puis il
rentrait dans sa maison. Nadan, voyant qu'il avait en main l'autorité, se
moqua de son oncle Haïkar et le méprisa. Il commença à lui faire des
reproches quand il le rencontrait, disant qu'il était devenu vieux, qu'il
radotait et qu'il n'avait plus aucune idée. Puis il se mit à frapper les
serviteurs et les servantes, vendit les chevaux et les chameaux et com-
mença à dissiper la fortune de son oncle, Ha'ikar, voyant (p. 149) qu'il
n'avait aucun sentiment d'humanité pour ses esclaves et les gens de sa
maison, le chassa de chez lui et fit avertir le roi qu'il dissipait ses biens et
sa fortune. Le roi fit venir Nadan et lui dit « Tant qu'Ha'ïkar vivra, :

personne n'aura aucun pouvoir sur sa mai.son et sur ses biens. » Et Nadan
dut retirer sa main de dessus Haïkar et de ce qu'il possédait. 11 n'alla
même plus chez lui et cessa de le saluer.
V. —
Haïkar se repentit alors de la peine qu'il s'était donnée pour Nadan
et en conçut un grand chagrin. Or Nadan avait un frère plus jeune que

lui nommé Banoudan (I). Haïkar le prit chez lui à la place de Nadan,
l'éleva, le combla d'honneurs, lui remit tout ce qu'il possédait et lui confia

l'administration de sa maison et de ses affaires. Nadan voyant ce qui se


passait devint envieux et jaloux et commença à se plaindre à tous ceux
qui lui en parlaient. proférait des propos outrageants pour son oncle
Il :

« Mon m'a chassé de chez lui, et a préféré mon frère à


oncle, disait-il,
moi, mais, si Dieu, le Très Haut, m'en donne le pouvoir, je le ferai tomber
dans une épreuve mortelle. » Et il ne cessait de réfléchir au piège qu'il
tendrait à son oncle Haïkar. Longtemps après, Nadan écrivit un jour,

(1) Banouzardan d'après B et C.


374 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

(p. 150) pour Akliis Ibna-Chah Hakim roi de Perse, une lettre dans laquelle
il lui disait : « Salut parfait, vie et honneur de la part de Sennachérib,
roi d'Assyrie et de Ninive, et de son vizir et^ secrétaire Haïkar. Paix entre
toi et moi, roi magnifique. Au moment où ce papier te parviendra, lève-
toi et viens promptement à la plaine de Nisrin en Assur et Ninive, pour
que je te livre le royaume sans guerre et sans combat. » Il écrivit encore
une autre lettre au nom d'Haïkar à Pharaon, roi d'Egypte « Paix entre :

toi et moi, grand roi. Quand cette lettre te parviendra, lève-toi, et viens

en Assur et Ninive, dans la plaine de Nisrin, pour que je te livre le royaume


sans guerre ni combat. » L'écriture de Nadan ressemblait à celle de son
oncle Haïkar. 11 cacheta les deux lettres et les scella du sceau de son
'

oncle Haïkar; puis il les jeta dans le palais du roi.


VI. —
Il alla ensuite écrire une lettre pour Haïkar, au nom du roi. H

lui disait : « Salut parfait à mon vizir, mon secrétaire et mon confident
Haïkar. A où cette lettre te parviendra, rassemble toutes les
l'instant
troupes que tu as sous la main. (p. 151) Qu'elles soient parfaitement
habillées et équipées, et conduis-les jeudi dans la plaine de Nisrin, et au
moment où tu me verras venir vers toi, mets l'armée eh mouvement
contre moi, si j'étais l'ennemi et comme si elle me combattait. J'ai
comme
cliez moienvoyés de Pharaon roi d'Egypte quand ils verront la force
les :

de notre armée, ils seront frappés de crainte, car ils sont nos ennemis et
ils nous haïssent. » Ensuite il scella la lettre et l'envoya à Haïkar par l'un

des serviteurs du roi. Puis il prit la lettre qu'il avait écrite auparavant, la
remit au roi, lui en fit la lecture et lui en montra le sceau. En entendant
lecontenu de cette lettre, grandement étonné. 11 s'irrita, entra
le roi fut

dans une violente colère « Qu'ai-jc donc fait à Haïkar pour


et s'écria :

qu'il ait écrit cette lettre à mes ennemis? ("est la récompense des bienfaits
dont je l'ai comblé. »

VIII. — Nadan lui dit alors : « Ne t'inquiète pas, ô roi, ne t'afflige pas
et ne t'irrite pas; mais allons à la plaine de Nisrin et voyons si cette affaire
est vraie ou non. » Quand/le jeudi fut arrivé, Nadan se leva, prit avec lui
le roi, les ministres et les troupes et les conduisit dans la plaine de Nisrin.
Quand ils furent arrivés, le roi aperçut Haïkar avec l'armée rangée en
bataille. Quand Haïkar (p. il ordonna aux troupes
152) vit le roi s'avancer,
de prendre le branle-bas de combat, de s'escrimer et de manœuvrer
comme pour combattre le roi, selon ce qui était écrit dans la lettre. Il ne
savait pas quel abîme Nadan avait creusé devant lui. Le roi voyant ce que
faisait Haïkar, fut troublé et interdit. 11 fut rempli de stupéfaction et
s'emporta violemment. Nadan lui dit « Tu vois. Sire, ce qu'a fait ce
:

malheureux. Mais ne t'irrite pas et ne te tourmente pas. Retourne en ton


palais et je te livrerai Haïkar garrotté et chargé de chaînes, et je repous-
serai loin de toi ton ennemi sans aucune peine. » Le roi retourna chez lui

tout stupéfait de ce qu'avait fait Haïkar.


IX. —
Quant à Nadan, il alla trouver Haïkar et lui dit « Le roi est en- :

chanté et te remercie d'avoir exécuté son ordre. Il m'envoie vers toi pour
te recommander de congédier les troupes et de venir à lui lié et garrotté
pour que les envoyés de Pharaon en soient témoins, car le roi est redouté au-
HISTOIRE d'iiaikai;. 'Mo

près d'eux et de leur roi. » Ilaïkar y consentit et Nadan lui lia les mains et
lui entrava les pieds, puis il le conduisit au roi. Or le (p. irj3) roi venait de
prendre connaissance de l'autre lettre. Quand Haïkar entra chez le roi, il
se prosterna devant lui la face contre terre. Le roi lui dit » Haïkar, mon :

secrétaire, mon ministre, mon confident et le fi;ouverneur de mon empire,


dis-moi quel mal je t'ai fait pour ([ue tu m'en récompenses par cette tra-
hison? Ensuite il lui montra les lettres scellées de son sceau et de son
i>

écriture. Quand Haïkar vit cela, ses membres tremblèrent, sa langue fut
paralysée à l'instant et il ne put proférer un mot malgré toute sa sagesse
et sa science, mais il baissa les yeux vers la terre et garda le silence.
Voyant cela, le roi donna l'ordre de mettre à mort Haïkar et do lui tran-
cher la tête aux portes de la ville. Nadan s'écria alors « Ilaïkar au visage ;

noir, à quoi t'ont servi ta ruse et ta trahison après avoir agi ainsi envers
le roi? »

Le bourreau s'appelait Abou-Samik et c'était un homme pauvre. Le roi


lui ordonna de décapiter Haïkar à la porte de sa demeure et de transporter
sa tête à cent coudées de son corps. Haïkar se jeta alors aux pieds du roi
et lui dit « Que mon Seigneur le Roi vive à jamais! Si tu (p. 154) veux
:

me mettre à mort selon ton bon plaisir, bien que j'aie conscience de n'être
pas coupable et que Dieu demande compte au méchant de sa malice, je
prie mon Seigneur le Roi, dans sa bonté, de permettre au bourreau de
donner mon corps à mes serviteurs pour qu'ils l'ensevelissent et que ton
serviteur soit ta rançon. » Le roi permit donc au bourreau d'en faire ce qu'il
voudrait.
X. —
Les serviteurs du roi et le bourreau s'emparèrent alors d'Haïkar
et l'amenèrent tout nu pour le mettre à mort. Haïkar, ne doutant plus
qu'on allait l'exécuter, envoya dire à sa femme, qui s'appelait Chafah-
tini (Ij : « Viens à ma amène avec toi mille filles vierges,
rencontre et
et revets-les d'habits de soie pour qu'elles pleurent sur moi
de pourpre et
avant ma mort. Sers un repas au bourreau et à ses aides et prépare-leur
du vin en abondance, pour qu'ils puissent boire. »
XL —
La femme d'Haïkar fit ce que lui ordonnait son mari. Elle était
elle-même instruite, intelligente, perspicace, pleine de culture et de
science.
Quand les soldats et le bourreau avec ses aides furent arrivés, ils trou-
vèrent la table servie avec du vin et des mets exquis. Ils se mirent à
manger et à boire jusqu'à ce qu'ils (p. 155) fussent rassasiés et ivres.
XII. — bourreau à part et lui dit « Abou-Samik,
Haïkar prit alors le :

quand le roi Sarhâdoum, père du


roi Sennachérib, voulut te mettre à mort,
je t'ai enlevé et je t'ai caché dans un lieu connu de moi seul, jusqu'à ce
qu'il t'ait réclamé. Chaque jour je m'efforçais de le calmer, jusqu'à ce qu'il
te redemanda. Et quand je te présentai à lui, il fut heureux de te revoir.
Souviens-toi maintenant du bien que je t'ai fait. Je sais en effet que le roi
me regrettera et entrera dans une grande colère pour avoir ordonné ma
mort, car je n'ai pas commis de faute. Et si à ce moment tu me présentes

(1) Chah fana cVapvès B.


376 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

à tu obtiendras une grande situation. Saclie que c'est Nadan, le fils de


lui,

ma sœur, qui m'a trahi et qui est l'auteur de cette action abominable.
Mais le roi regrettera de m'avoir fait mettre à mort. Sache que j'ai, der-
rière ma maison, un souterrain qui n'est connu de personne. Cache-moi
là et fais-le savoir à mon épouse Achfahtini. J'ai en prison un esclave qui
mérite la mort. Fais-le de mes habits, et ordonne à tes
sortir, revêts-le

aides, quand ils Ils ne sauront pas qui ils


seront ivres, de le mettre à mort.
exécuteront. Ordonne-leur de porter sa tête à cent coudées de son corps
et donne son cadavre à mes serviteurs pour (p. 150) qu'ils l'ensevelissent

et tu gagneras ainsi un trésor dont je te serai redevable » !

Le bourreau fit ce que lui recommandait Haïkar, puis il se rendit auprès


du roi avec ses aides et ils crièrent : « Que le chef du roi vive à jamais. »

TEXTE

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(1) !^^r3 i-;^! jwj! ^l-'j j v^OJl ^j^o,U:^^jj ,^l^vwU.M *.-C^t

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J^."'^ ^\ y^ J{^^
(11) i^y^ (10) L0_3 J j^ J ^ (9) ^jj:y^

(13) \js-^\^ ^r:?h^^3


c^r'^^'-'^' ^^=^ ^$1 ^'-^ ^ J^ ^^^J (^2)
^J.>

(1) Le texte C débute ainsi : ^_,o.L^-^ sjX.lj! ^M J, \ji\^ ^.


— (2)BetC .yU^^j!.-(3)C S=^y -(4) C -
... JU J. (5) ^^
manque en C. — (6) G 1^31 ^>. — (7) B l;^. — C j^i. —
(8) (9) C
Ij-s. — (10) B A. — (11) C Ai^j. — (12) C p^ ^'^ — ij'j. (13) C
iiiSTOiRFî d'maikar. 377

^o! (2)- J^:! J (p. lAi) Ulii i^,^ ^Ij ^U Kj^!_^ *^) (i) K^j^

X^\K) ï__^-=sr:^ J^ UwOlj iLlLJu (4) *^Jl ^-j-^j *^ ^'jcUvÎj. j'j.^bD

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(8) *ii! b JU
^,sij>j (11) j.jjj jv j'-^i^j ^. (10) !}*ji -ioi. Î-Oj (0) ^c^^j'

(13) ^Jà^ ^.j|/3! *^3 w-jij iojsT--^^! }j^^\ Ji N!^! wJ^j!

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issL^ (17) »-<i>v^ rr:*-^ j'^J ^"^^ c*-' iJ^''"'


'^^' ^Oi Jjjià O^'»

>._^JJ! Ji 'iîu ^y. f ^y.y^.3 ^j*-^y~ (^8) ^*-^j^ ''-**^ LjUj ^^•'l

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ijL'=>-j^b ^•^^' (^^) *j-r-^'j ^^^ (P- 142) i^/Mj

j .^! Jjo» ^3j ^''; ^i<>'j ^ Ui (20)^.^:^'! ^îUyi -li i>^J^

^_j ^1*3! ^,Nçs.j ïi^-UJlj (22) .lyiJlj Lli^lj ^,^^1 (21) i.Jjè JUJ!

(1) C i.-Sjji-^y\^ JU ^ ^5^'j. — (2) C ^^^!. — (3) B w^!j


*Y^\ C ^U;uv!j. —
*^f (4) *^J! est omis dans C. — (5) B ^J >;>-

j*j est omis dans C. — (6) ^*^ omis dans C. — (7) B -bU. —
(8) C J^j% ^ILJ\ (jJU^ JU3' iiJ! U — (9) B ^^; C ^5^'.
— (10) B et C ^yàl — (11) ^y. est omis dans C. — (12) C sbl

— (13) C sJ:X-33 J-9^"^. — (14) C <,jjy^ jj^'i les mots suivants


C-jUj "^j ^j.j ^!j manquent en C. — (15) «s est omis dans C. —
(16) C ^y J^s ^^Gjj. — (17) B et c ^^y,: B U^L^. — (18) C
.^__j\x.<£y LjUj. — (19) C V?. f^'' ïj^CJL au lieu de^. ^s-''
t'*r-'b-

— (20) B kjij^^- — (21) B JU. — (22) C Xôl.


378 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

(3) ^ÏJ Si (2) 2!/ jl%^ J! ^.IJ! ^^^L^-^ >lj^! (1) j^xi

j3^J\ {5)js>[J\ .jS:j] (4) S.^\ ^^a.1^! l^^j jJ J'ii ^S' -^

(10) ..iX'Uj^ '^^^ (9) ^_2/_2 ^*J1 J, c--xLj v^_^-/ -'-^ ^-^

^_5J.^ L) jU'^ i.3 Jlij ^_tC\xJ j^^J-d..


^ (12) ph ij^ J (li) ^}ji3

^:^X^] Ji ^^:d.! ^j^! .!>lj (13) \hjs, ^Si\ ^\ ^J\j ju.^^^ ^.ij!

ij.^ss>.\ (15) J Jlaà (14) l^J5 ^;i.x^_^ ^x^C AxUcj '^jj '-^--^j ^^

, ^iisl O-o!^ sJX>:ç^£ (17) i-^ilà liij^ "i^'-^r^s •j'^ ^p^' (16) -W ^ASa

y^J'ybS' Jo . (î-JtJj (18) s.^Axd^^^^sr*" .^j^-^^Jj


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^-^:i2<sJ v^A-U*.w

(20) J^3 .,L^lj à^i-i ^\ ys^\^ \:l^ ^^ J:^^ 'L..^ (19) i^l^-Ç

v»t03 JJL£ i^ ^j3^ (22) ^,^^^^'1 ÏjU à^[s iJjU (21) ^-Ut (p. 143)

U5^ (23) <xks^. iJiî


^ ^^iil .liLa. Ij v^Lio! !jj» .[l^^ ^1J\ JU

ïlcL i^S\ Jo^ (24) JIjLLu -a>.]_^j ,srU2/s i;'"^.^ J-*J-s:?.

l^j _5
^jJ^ iJ>! (26) A.;L ^^jJ^^j (25) J^ij .' v^iJ^- Jj ,! Jj'ilî

(1) C ^.'^l j^*J_


J^ Ui. — (2) Ms. A iWf. — (3) B Idrrr^ ^U Ji
!j-^r. — (4) ^'^\ manque en C. — (5) C /^^'- — (6) C ,*^^- —
(7) C ^y.->^3. — (8) c Ji U. — (9) C ÎÀ> ^-» ^Jj'% ^f ^3
JIJ!. _ (10) B ^kL — (11) B et c Jii. — (12) B j/>.. —
(13) C .1 js>. — (14) l^ n'existe pas en B et en C.— (15) C J JUs

j\jLp. b ^XUL — (16) C ijki'^. — (17) C i^.ià. — (18) C n'a pas ces
deux mots. — (19) B i^^cj; C ^^.y^^^ ^^^-)^- — (20) B ^^ ^)l.
— (21) B i^*f iJ' -^XUI J^j i*.i.^lj ^_,-^"^'^ i-' ^-3 ^^ --F^j;
c jL$'"^!j yJlj J ^c^ j J.3 -'-3^-**'^. — (22) v_^.sr*^! ïo li ne se trouve
pas en C. — (23) B ^tS3. — (24) C ^^3. — (25) B J.k. —
(26) C ^J^ J^^ J^.
HISTOIRE d'iiaikar. 379

wUxi (4) io U5' xjX--^^. ^'^ (3) iJ'liaii (2) J~^ (1) ^y

^1 .l^lj j^! j J U:> ^ <u,^M J^ii (6j .Uj! j (5) i^l^ J^ J 5^-'^

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(15) ^jj^î ^r-^ ^^' "^


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j^^y

fl) Ces deux mots ne sont pas en C. — (2) B .^r''-^--


— (3 B slkU.

— (4) C ii. — (5) B ^i; C U/(. — {&] C ^U^^. — (7) C icU. — (8) C
.l^j^L — (9) B >ixJî ^y.'. — (10) j"^ n'existe pas en C. — (11) B

Jj ^j>ij ^1^, ^1^ ^.')^ ,^^\. — (12) B et C ^ÇJ5-. — (13) B


53-^'^. — (14) B cUJJ. — (15) B ^\jJ\ ^^y^\. — (16) BjJ^\;

C *A.^.!. — (17) C ^Uaj- ^.;:^. — (18) B .,Ui^(. — (19) B l^.i^- —


(20) ^JX,^'. — (21) C ^. — (22) C ^JJ'. — (23) C wC'^,.
380 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

^^.
jr ^U^'! ^'^ ^:^ ^ J^'i^ O^.^^ ^r^ ^'^ j"^ (2) C^Xj
^..dwt ^Cs. Jo».. s^ (p. 145) s.Ur^l Jij _;j l> (3) ïj.;^^ Ij,^ -Lo

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O'Oi JjiJj (6) <5J^ I0.L; j! liùjwo C-^,-^1 bl -^J b iijjjs

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"^_j .^J^ (15) ^tCÎ. (14) ^t^Cûib JJ b i^s*.


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'^a V^à^ i-X^ J5'b' "^., ,
a,>Cs.^' , ^Is--* ^ ,'i b ^.L.^V^' ^•^ -^ >
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c^o! ÀJ.>bi ,^_s_53Jx siX-Jt L,! !^! j v^^O!»^ >.oW ^ -^r^

(p. 146) a;^' sJU3! (18) ^U 6^1 ^b^ (17)


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J^_^ ^ b (16) jL^^b
(19) >ïib "^j
f-jy^. ^^ y^ Jr3 (<f^^^3 xHJ ^h J*'^' ^. ^. ^^j^^j)

(1) C Jr:-:-'.
— (2) CU^Kjj manque en C. — (3) C continue :

^ .'jdJ! o^-^-w!
J{ U (j^*^- jj'-^i3! c^j"^ 2sj->j^ 2jiù (^("^j-^j

-
JU^! LU cu^'. - (4) C ^U. - (5) C ^^C. - (6) B ^3.
(7) B iJ —
^1 ; C ii^b^. (8) B^^.^'; C J-v^'. — (9) C ^Ck^ >b U
U^. — (10) B ^CJ. — (11) B ^CJ ; c ^C.j. — (12) C
J^.^ J^3 ;

C^^! J\ J^Jo ^,! J_i. _ (13) C U^.. - (14) B ^1; C ^1.


— (15) B ^Obs^; C ^<^jj J. — (16) C ^L^b. - (17) C n'a

pas la négation^. — (18) B ^Sàr^; C ^U.b — (19) ^% n'existe

pas en G.
HISTOIRE d'iiaikar. o81

«jU vj!^jij j.,ljix^! c-C^ J-s! î^:x. o-CLïx^t !J)I ^ 1} lj,3 ijljJ ^mJ

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^^WÎ J L^ Jji- J (3) ^^-^^i J-)j J^ wOjJ! (2) ^,j^ ^,'i

(7) -xj Ij Xo^! JUcI J, (0)


^,U;j-^ JiU^^îj -> ,1^-iJ! -à ^-1,
(8) .^-^ks-^Ist^! y^3 ^y.'S ^j -^CU ,_jUj' ^x^ oXs9 ^' i,>KJl - j-^ ^

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^_3 I'y.s^l .j^53' (10) 1
3^-^M i,>K]! ^* ."^

-j^l ^t^O ^JLxî! Jj O-O ^y!(12) JjliL» paj-^ ^Aj l)(ll) ^.^'
J^sl ^ ^J ^^ i^^Ul (p. 147) lyàj\j JUo.^îj (12) iL^iJî

v^ij Xo! .^û .,1 -^ Y. ('-^'v ''v^ li'r^'j i-'yi\


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'-^V:^ ^"-^ w^^ -Uc (17) =j**..M j.l2;„M ^^ -^C-UCj

(1) B ja^. — (2) C hj^. — (3) B ^,1^11. — (4) Jx'j. — (5) C


, ^UJ!. — (6) C O^l ^j^iUxjj. — (7) A partir de cet endroit, le texte

C contient une longue tirade d'exhortations qui manque dans les

Mss. A et B. Puis il coïncide de nouveau avec eux. — (8) B


^.^^.^l^t. — (9) B C j^\. —
et (10) C ™.!. — (11) B et C ^^
^yt js>. — (12) B et C Jj^ii3l. — (13) Un passage de C manque
encore ici. — (14) B ô^yix^! ^,/>j; C ^jX^ !jJ^ ,^j. — (15) C ^
xUJI. — (IG) C U<s^'' . Ll^:^^li. — (17) B ^.v".
382 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Si.^]yJ> ^ Jb Ij (1) >^_^i5


,.f>^^. J-*^?"^' v.t'^-^J ^J SUSXJ (T^^^

(5) 13!
J^ (4) ^l^j J U^- % ^Obj J ^^U (3) % 6:;J^,^ (2) J

y^^ j_C*^ "^3 «.iX-U l^ vJU^ ^ (7) Ï«J,' -^ ^ liU^ ï^;^^^

^î (ïxj !
j) Ls^J! JJsj LJ! o-^_3 (8) H-^-J! _^j (p. 148) y!.\y>^

(9) 5l^_3! t> s^hn^ ki^ Ji ijî JL) ^ Jb ij:rki ^j| .,blj Jî Jl^'^!

.x;lo ^^ .liLow ^j^^ '--* -^'J^


_3
oXJ^ (10) ^J.^^^ aj>>L5 Jj ^j ij' is Uj

,^Oi^^_^ ^\y^\ j J^! j (11) .î^!_3 w\^!_3 JU J^' ^l^b J..WJ

v,^XJmJ| w^-^
(»-^-^J ^-V i3 S'^ J v-'^' -ÛJj (12) -^_ Li Ji^MSÇ». ^

,^ciiôJ_ ^l^ u j{l^) -<r:!y^**^ ^'^ ^ i^:^ c;^ j y^^j i~-^ (13) ''''^ J^'

(15) à:u> Jl «.2>.v>, JLo ^.^a^O 5..* i'j-' X -3 ^1 .^CU! X'^ J!

^liL.=s. JU ^J (18) Jj^ îJ^^ ^3 (17) ^ÏJ (16) y^! ^,î jblj Je Uii

(1) C .-^\ ^^^.. — (2) C i^lj ,


^M J. — (3) B^^l 5^ki- ^^

^Jl ^^ ^:y]\
J^ J^^-^j^ ^.^ J^ jîj J^. - (5) B
— ,!. (6) C contient encore ici un passage omis en A et en B.
— (7) B L^! Lo,î; C ï^Ccj ^XU l^ ^^r^,^."^ ï*^j^ — (8) C
jM:M. — (9) C ïx.;,>^ L)Upi ïlî. — (10) c J w^jC-'L ^tXJi ^>::j.£

i^l_3 i^ouJ!. — (11) c ^jL^îj. — (12) c ^.CU. — (13) ^JJiJj

Jldw Jji» >_::XU! J.^ manque en C. — (14) C ^j^\ -^^j ... ^!

manque en B. — (15) B J^ ^^*j o^P' lY


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J^ <^ )'^=^ 5^j
i^j ^1 :>^j -^^CU! Js; i^x^j J! manque en B. — (16) C y"^!
^^^Jtj. — (17) B J-^^ ô3. — (18) B JyJ ^ïx^!; C ^U..^ JW J>î.
HISTOIRE d'iiaikar. 383

JÙ j^^ M^ (3) Jj^:>J}


j-^^i^ ^ jjJÎ i>>»-V. (2) '-^-^J
"S^^ CI.) l'à^ _;

(4) l'jr^i j J-vot;) .^


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j,lij Uli iJLi. i^oJ U JS j ^^_j,y^^ JU^sr'lj Jr^^ /*rH^

v,.l^_j ijy^ y" S^yh i^j SwV-^s -le 'isJit, àJ 1^ .5I (p. 149) M^:^

.\\:>[i ^^CUt (6) Uji à3:.^ 5U;JL= ^J^_ JUs (5) io! iJ w^<J! k^Î
^l _3
i^u) JU (8j !j.=^) iiL^_ î^ (7) 5^^^ ,1%»- j*b U J JU ^

j (10) -i^s^^o^ ^^ 1^^ Xs^f!- (9) ^o ^î-ib -Vj C^sij' U sL;JL» -L

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384 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

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ORIENT CHRÉTIEN. 25
386 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

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HISTOIRE d'iiaikaii. 387

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388 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

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(^ suivre.)
SAINT EUTHYME LE CxRAND
MOINE DE PALESTINE (376-473)

{Suite)

CHAPITRE V
LES LUTTES DOCTRINALES.

Luttes de saint Euthyme contre diverses hérésies. — Origénisme et nestoria-


nisme. — Concile d'Épiièse, 431, et prétentions
de Juvénal. —
Brigandage d'E-
phèse, 449, et réserve de saint Euthyme vis-à-vis des hétérodoxes. —
Concile
de Chalcédoine, 451. —Influence d'Euthyme et de l'impératrice Eudocie. —
Euthyme défend les décisions du concile et résiste seul au patriarche intrus.
Théodose. — Luttes sanglantes entre le parti des moines et celui des évoques.
— Euthyme ramène plusieurs supérieurs de monastères, convertit l'impéra-
trice et décide le triomphe de la vraie foi dansle patriarcat de .hh'usalem.

Lorsque notre saint s'établit en Palestine, le gouvernement


ferme de Théodose I" et le second concile œcuménique
avaient porté à Tarianisme un coup mortel, mais il restait
encore des partisans de cette hérésie, surtout parmi les moi-
nes et les clercs, et nous savons, par son biographe, qu'Eu-
thyme en ramena un certain nombre dans le sein de l'Église.
Il ramena Manès et de Sabellius, vieilles
aussi des disciples de
hérésies très souvent condamnées, jamais détruites et dont la
survivance tenait quelque chose du prodige.
Plus encore que toutes les erreurs qui viennent d'être signa-
lées, celles d'un génie aventureux, Origène, avaient trouvé
en Palestine un terrain favorable à leur développement. Au
moment où Euthyme constituait sa laure, le silence se faisait
à peine sur les discussions mémorables que les écrits du
grand Alexandrin avaient suscitées. La mort de Rufin et de
saint Jérôme, de saint Épiphane et de Jean de Jérusalem, de
Théophile et de saint Jean Chrysostome, la disparition de
tous ces grands lutteurs, qui avaient combattu contre l'ori-
génisme ou en sa faveur, laissaient malgré tout un lumineux
sillon dans lequel d'autres esprits s'engageaient après eux
390 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Euthyme refusa d'admettre dans sa laure quelques moines


origénistes, qui vivaient aux alentours de Césarée. Nous ne
sommes pas autrement fixés sur cet apostolat, car l'hagio-
graphe ne semble pas avoir disposé de plus amples renseigne-
ments.
La condamnation de Nestorius au concile d'Éphèse, 431, ne
souleva aucune protestation en Palestine. Juvénal, dont les
idées ambitieuses commençaient à percer, trouva que les fa-
veurs, à lui accordées, valaient bien l'anathème lancé contre
un confrère malheureux ; il embrassa donc la doctrine de saint
Cyrille et l'autorité de son nom entraîna le vote de tous les
évêques palestiniens. Les moines, fort chatouilleux sur les pri-
vilèges de la mère de Dieu que Nestorius s'efforçait de réduire,
n'avaient aucune arrière-pensée en cette querelle; ils suivi-
rent donc sans hésitation leurs pères dans la foi. C'est à peine
si, l'histoire du monachisme de Palestine, il est
dans toute
fait allusion,une ou deux fois, à des religieux nestoriens!
Quant à Euthyme, on sait avec quelle netteté il se prononça
pour le concile d'Éphèse, auquel ses amis ou ses disciples,
Pierre de Paremboles et Fidus de Joppé, avaient pris une assez
grande part.
Si le concile d'Éphèse n'eut pas de suites funestes au point
de vue doctrinal, il vit se poser avec plus d'acuité une ques-

tion qui longtemps l'Église orientale et à la-


agitait depuis
quelle il importait de donner dans un sens ou dans un autre
une prompte solution. Il s'agit du patriarcat de Jérusalem.
Euthyme ne fut pas mêlé directement à cette controverse, et
pourtant lui, dont l'humilité provoquait toutes les admirations,
ne s'opposa pas à l'agrandissement du pouvoir de son évêque,
et ses disciples, plus que lui encore, ne reculèrent devant
aucune démarche pour assurer la réussite de ce projet.
Pour bien comprendre les débats qui vont suivre, il faut
savoir que, durant les trois premiers siècles, jusqu'au concile
de Nicée, en 325, Jérusalem n'était qu'un simple évêché sou-
mis à la métropole de Césarée, qui elle-même relevait d'An-
tioche. Cette sujétion d'un siège apostolique, d'une Église,
qu'on avait qualifiée autrefois de « mère de toutes les Églises »,

a de quoi nous surprendre; elle s'explique toutefois. Depuis que


les Romains avaient occupé la Palestine, Césarée était la vraie
SAINT EUTIIYME LE (IKAND. 301

capitale administrative de la province, et l'Église, pour la dé-


limitation de ses diocèses, n'avait pas coutume généralement
de s'écarter des circonscriptions territoriales de l'empire.
Ajoutez à cela que Jérusalem, une fois détruite et mise à ras
de sol par Titus, puis rebâtie par Adrien sous le nom d'Aelia
Capitolina, n'évoqua plus pour les chrétiens l'image de la ville
sainte, mais qu'elle resta le domaine sacré de Jupiter, le refuge
des païens qui se pressaient dans ses murs. Aussi quand, après
l'expulsion définitive de tous les Juifs, l'évêque Marc condui-
sit sur les ruines encore fumantes du mont Sion sa commu-
nauté de chrétiens convertis du paganisme, la nouvelle ville

avait rompu avec son passé et l'évêque n'était plus que le titu-

laire d'un siège sans prestige, comme on en comptait beau-


coup dans le pays. Néanmoins les souvenirs du Christ mou-
rant et de la primitive Église étaient trop chers au cœur des
fidèles, la chaire de saint Jacques trop en vénération, pour
que l'évêque d'Aelia ne sortît pas rapidement de cette position
inférieure. Dès le if siècle, son titre de siège apostolique avait
valu à Jérusalem le premier pas après le métropolitain de Cé-
sarée et, depuis lors, la question ne fit aucun progrès jusqu'au
concile de Nicée.
Les Pères de ce concile tinrent à remercier publiquement
saint Macaire de Jérusalem du zèle qu'il avait déployé contre
les Ariens et, comme des difficultés existaient sans doute
entre lui et le métropolitain, à préciser la nature de leurs rap-
ports mutuels. De par le VIP canon de Nicée, Jérusalem ob-
tint des privilèges purement honorifiques, « sans préjudice de
la dignité qui revenait à la métropole » de Césarée, c'est-à-
direune place d'honneur dans les conciles généraux et le se-
cond rang dans les synodes de sa province.
A partir de ce jour, les empiétements de Jérusalem sur les
droits de Césarée deviennent si fréquents qu'il est impossible
de les énumérer tous. Les grandes luttes de saint Cyrille contre
Acace avaient pour mobile le désir d'obtenir le premier rang
autant que des motifs de pure orthodoxie. C'est l'historien So-
zomène qui l'a noté depuis longtemps avec une fine pointe d'i-
ronie, en disant que les accusations réciproques de ces deux
évêques n'étaient que des prétextes masquant le véritable but
à atteindre la primauté dans la province.
:
392 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Le successeur de saint Cyrille, Jean, sans avoir hérité de ses


visées ambitieuses, essaya cependant de secouer le joug de
Césarée en prenant pour arbitre de sa querelle avec saint Jé-
rôme le patriarche d'Alexandrie, Théophile. On sait comment
le solitaire de Bethléem se plaignit très haut et réclama les
droits sacrifiés de Césarée : « Quel droit a l'évêque d'Alexandrie
sur Jérusalem? s'écriait-il avec humeur, La métropole de la
Palestine c'est Césarée, et celle de tout l'Orient c'est Antioche.
Voilà ce qu'ont réglé les canons de Nicée, dont on fait tant de
bruit... » Puis, s'adressant à l'évêque Jean, il l'apostrophait
ainsi : « Je sais pourquoi vous refusez de prendre Césarée ou An-
tioche pour arbitre, c'est pour éviter de rendre à votre métro-
politain leshonneurs qui lui sont dus ». Saint Jérôme exagère
ici, comme il le fait de temps à autre. Il savait fort bien que

Théophile partageait alors les sentiments de Jean sur les écrits


d'Origène et que l'évêque de Jérusalem, en déférant la cause
à son tribunal, escomptait un jugement favorable; mais il
feint de l'ignorer et se place au seul point de vue canonique,
terrain qui pour lui était inexpugnable.
Praïle, dont la douceur de caractère répondait au nom,
n'entreprit rien de contraire à la juridiction de Césarée. Le
dernier assaut fut livré par son successeur, Juvénal, assaut ter-
rible qui tlura plus de vingt ans et fut couronné d'un plein
succès. La première usurpation fut la nomination de Pierre
Aspebet, le converti de saintEuthyme, à l'évêché de Parem-
boles, vers l'an 425. Comme nomades était situé
cet évêché de
sur le territoire de Jérusalem et que Pierre n'était en somme
que le coadjuteur de Juvénal pour les Arabes catholiques, il

n'est pas certain que celui-ci fût tenu en droit de consulter le


métropolitain de Césarée pour le dédoublement de son diocèse.

Mais Juvénal devait s'en référer à Césarée pour la consécration


de l'élu, privilège réservé exclusivement à la métropole. Il n'en
fit ordonna peu
rien cette fois et nous savons, de plus, qu'il
après Etienne, autre disciple de saint Euthyme, évêque de Jam-
nia près de Joppé, une ville qui n'était pas comprise dans son
diocèse.
Au concile œcuménique d'Éphèse, en 431, Juvénal crut voir
enfin le couronnement de ses efforts. Il se présenta à la tête
de nombreux évoques, qui soutenaient ses prétentions et lui
SAINT EUTIIVMR LE GRAND. 303

faisaient une escorte d'honneur, toujours prêts à proclamer


la légitimité de ses actes. Par dépit plus que par mauvaise
foi, le patriarche d'Antioche, arrivé en retard, tint avec ses
suffragants une sorte de conciliabule, qui comptait annihiler
l'action du vrai concile, présidé par Cyrille d'Alexandrie.
L'évêque de Jérusalem soutenait le parti de l'orthodoxie et
occupait le ne craignit pas de réclamer, dès le
second rang. Il

début, que le patriarche d'Antioche prêtât obéissance au trône


apostolique de Jérusalem, car l'ordre et la tradition des Apôtres
confiaient à ce dernier la mission de régler et déjuger le siège
d'Antioche. On se demande, en vérité, comment Juvénal osait
avancer de pareilles prétentions et sur quels faits anciens il
les appuyait. Les actes du concile n'en parlent pas, mais la
correspondance du pape saint Léon avec Maxime, patriarche
d'Antioche, dévoile la mauvaise foi de Juvénal. A l'aide de
fausses pièces, pcr commcntitia scripta, l'évêque de Jérusalem'
tâcha de gagner saint Cyrille et de se faire donner la supré-
matie religieuse sur les trois provinces de Palestine, sur la
seconde Phénicie et sur l'Arabie, ainsi que le titre de patriarche.
Juvénal n'avait donc pas hésité à commettre un faux pour
satisfaire son ambition, mais la vigilance de saint Cyrille ne
lui permit point de voir aboutir ses projets. On songea même,

un instant, à le séparer de la communion catholique le prési- ;

dent du concile s'y refusa finalement en alléguant le malheur


des temps et la crainte de grossir le nombre des hérétiques.
En effet, l'évêque de Jérusalem était décidé à tout pour con-
quérir ce titre de patriarche qui l'éblouissait, et son cortège
d'évêques l'aurait appuyé dans toutes ses réclamations. En
conséquence, saint Cyrille recula devant une mesure aussi grave
et ses confrères partagèrent ses vues.
Le refus du concile ne découragea pas la persévérance de
Juvénal. Il tint sa réponse pour non avenue et se mit, une fois
de retour, à consacrer les évêques et à gérer les affaires des trois
provinces palestiniennes, comme s'il était déjà patriarche.
La Palestine ne lui suffit même pas, et nous avons encore la
requête de plusieurs évêques de l'Arabie et de la Phénicie
à l'empereur Théodose II, se plaignant d'avoir été ordonnés
par Juvénal au mépris des saints canons et des droits d'An-
tioche. Ces faits étaient antérieurs au concile d'Éphèse de 431,
394 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

mais les intéressés n'en avaient rien dit, afin de ne pas entra-
ver, déclarent-ils, par des questions personnelles le bien géné-
ral de l'Église.
Ce que les orthodoxes avaient refusé à Juvénal, il le de-
manda aux brigandage d'Éphèse en 449 devait
hérétiques ; le

admirablement servir ses intérêts. Par calcul, il se jeta dans


le parti de Dioscore, contribua par sa présence et son consen-
tement au meurtre de saint Flavien de Constantinople
tacite
et réussit, à force d'intrigues et d'habiletés, à faire signer par
les évoques fidèles le blanc-seing qui absolvait Eutychès. « Pour
prix de son concours, Juvénal obtint, en faveur de ses préten-
tions, plusieurs rescrits impériaux qui le reconnaissaient pour
métropolitain des trois Palestines, et il siégea même dans le
concile au-dessus du patriarche d'Antioche », Domnos, son
ancien clerc à la laure de saint Euthyme, avant Flavien de
Constantinople et d'autres prélats qui auraient pu lui disputer
la préséance. Un des évêques qui l'accompagnaient, Alype de
Bacatha, déclara Eutychès absous « suivant le décret de Juvénal,
notre saint archevêque ».

La défection de Juvénal et de ses collègues au brigandage


d'Éphèse eut un grand retentissement en Palestine, où la majo-

rité des clercs et monophysisme.


des moines penchait vers le

Euthyme savait bien de quel côté se trouvait la vérité, mais


que pouvait-il seul contre les évêques et les moines réunis? il
aurait prêché dans le désert. Il se contenta donc, tout en res-
tant lui-même attaché à l'orthodoxie, de patienter et de re-
prendre l'évêque bédouin Auxolaos, son voisin de Paremboles,
s'en remettant pour le reste à la divine Providence, qui ne
manquerait pas, un jour ou l'autre, de faire triompher la bonne
cause. Au fond, c'était l'unique parti à prendre.
Deux ans après, au concile de Chalcédoine, les rôles étaient
intervertis. La cour impériale favorisait l'orthodoxie; Juvénal
et Dioscore, appelés à la barre du concile, avaient à se disculper
de leurs violences et de leurs erreurs, lors du brigandage
d'Éphèse. Dioscore, le brutal, persévéra dans sa conduite, fit

l'apologie de ses actes et se vit déposer. L'habile Juvénal, lui,


sans implorer son pardon ni reconnaître aucunement ses torts,
obtint un complet acquittement, siégea au concile parmi les

présidents et lui demanda de ratifier la décision antérieure


SAIXT EUTIIYME hK firiAND. '.,.).)

de Théodose II. Pressé d'en finir avec ces débats interminables


et craignant de tout perdre s'il résistait à cetinti-igant, Maxime
d'Antioche entra alors en pourparlers avec lui. D'un commun
accord, les deux prélats rédigèrent une note, disant que « après
de longues contestations, Maxime s'était entendu avec Juvénnl,
pour que le siège de saint Pierre à Antioclie gardât les deux
Phénicies et l'Arabie et pour que le siège de Jérusalem eût les
trois Palestines sous sa dépendance. On demandait au synode
de ratifier par écrit ce traitéJuvénal accepta la reconnais-
».

sance authentique du concile pour les trois provinces de Pa-


lestine et tous les évoques, à commencer par les légats du
pape, ratifièrent cette décision.
« une seconde
L'histoire de la Palestine entre alors dans
période, où les évoques qui ont joué le premier rôle, se reti-

rent au second plan pour céder le pas aux abbés des grands
monastères. Ce sont eux désormais qui, du fond de leurs re-
traites,entourés de leurs moines, vont lutter contre les empe-
reurs, partisans tyranniques de toutes les hérésies, soutenir
les évêques et défendre les intérêts politiques et religieux de
la Palestine.
« Le plus célèbre de ces abbés était Euthyme; il était

comme le père et l'oracle de tous les moines, et sa renommée,


qui faisait rillustration de la Palestine, laissait complètement
dans l'ombre l'abbé Elpidios, supérieur du monastère Saint-
Passarion à Jérusalem et choisi par Juvénal pour maintenir la

paix et l'orthodoxie parmi la foule souvent indisciplinée des


religieux. Un seul nom balançait l'influence et la renommée
d'Euthyme, Eudocie qui, retirée depuis
celui de l'impératrice
quelques années à Jérusalem, y régnait en quelque sorte par
ses immenses richesses, ses bienfaits et les larges aumônes
qu'elle ne cessait de répandre parmi le peuple et les religieux.
Elle avait élevé à Jérusalem des églises, des monastères, des
hôpitaux, bâti pour les évêques de Jérusalem, près de la ba-
silique du Saint-Sépulcre, un superbe palais, construit dans
le désert des laures et des couvents elle venait de rebâtir les
;

vieux remparts de Jérusalem, ruinés depuis plus d'un siècle,


et prétendait trouver dans les prophéties juives l'annonce de
cette restauration.Malheureusement, Eudocie était profondé-
ment attachée au parti de Dioscore et d'Eutychès; le souvenir
306 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

toujours amer de sa lutte avec Pulchérie et saint Flavien con-


tinuait à en faire la protectrice de Dioscore, qu'elle avait sou-
tenu contre eux au temps de sa faveur. Aussi, lorsqu'elle apprit
la condamnation de son protégé à Chalcédoine et la part qu'y
avait prise l'évêque de Jérusalem, sa colère fut profonde et elle
jura de punir Juvénal.
« Cette lui fut apportée par un moine, nommé
nouvelle
Théodose, dont clameurs et les cabales avaient un instant
les
troublé le concile. Chassé autrefois de son monastère par l'é-
vêque du diocèse, cet homme allait de ville en ville, dévoré
d'ambition et cherchant, par ses intrigues opiniâtres, à se
créer un parti dans l'Église.
« A peine avait-on prononcé à Chalcédoine la condamnation
de Dioscore et le réiablissement de Juvénal, qu'il accourut en
Palestine, avec quelques moines de cette province, et annonça
partout que le concile venait de trahir la foi, d'adopter l'hérésie
de Nestorius, et obligeait à croire qu'il y a deux Christ, deux
fils de Dieu. Il se hâta de gagner la faveur d'Eudocie en
accusant Pulchérie de partager et même d'inspirer les erreurs
du concile; il que Juvénal, pour obtenir sa grâce,
insista sur ce
avait signé l'un des premiers la condamnation de Dioscore, et
Eudocie, irritée contre Juvénal et charmée de prouver à Pul-
chérie qu'elle n'avait pas encore perdu toute influence, résolut .

de faire Théodose évéque de Jérusalem.


« Elle entraîne dans son parti tout le peuple de la ville
qu'elle nourrissait de ses aumônes, les moines et solitaires qui
la vénéraient et croyaient, en se déclarant pour elle, suivre la

cause de l'orthodoxie; elle soudoie des partisans, lève des


troupes, arme les moines et met une garde sur les remparts
de Jérusalem. Par ses soins, Géronce, abbé des couvents de
Sainte-Mélanie la Jeune, Pierre, abbé d'un monastère près de
Jéricho, le célèbre saint Gérasime et surtout l'archimandrite
Elpidios, établi supérieur de tous les moines, se déclarent
pour Théodose. Mais Euthyme, à qui les évêques de Parem-
boles et de Jamnia s'étaient hâtés d'apporter les premiers actes
du que ses décrets étaient orthodoxes et en prit
concile, décida
la défense. Son autorité mit en échec l'influence d'Eudocie et

retint un instant les moines puis les largesses de l'impéra-


;

trice, les mensonges de Théodose et les faux actes du concile


SAINT EUTIIYMK LE GRAND. 397

qu'il répandait, séduisirent la foule et, dès lors, les moines,


se séparant des évêques, firent un schisme qui dura vingt
ans (1). »

Peu de temps après, Juvénal arrive à Césarée, fier d'avoir

élevé Jérusalem à une aussi haute juridiction religieuse, mais


les moines, qui n'ont pas comme lui un patriarcat en perspec-
tive pour désavouer aujourd'hui ce qu'ils ont confessé la veille,
accourent à sa rencontre et le somment de tenir ses engage-
ments. L'entrevue a lieu hors de la ville, près de l'église des
Saints Apôtres. L'évêque refuse d'obéir à ces injonctions et,
raconte un historien monophysite : « quand
moines le les
voient inébranlable et plein de confiance dans un empereur
mortel auquel il cherche à plaire plutôt qu'à Dieu, tous le mau-
dissent en face et retournent à Jérusalem, Là, se rassemblent
tous les saints moines et les séculiers de toutes les villes, et
les évêques orthodoxes qui sont restés chez eux sans aller au
concile ils commencent alors, dans un anathème écrit, par
;

déposer et rejeter le misérable Juvénal, puis, d'un consente-


ment unanime (2), ils nomment un évoque zélé et saint,
rempli de toutes les perfections apostoliques, je veux dire le

bienheureux Théodose. Celui-ci succède à Jacques le Mineur,


le frère du Seigneur, et il est établi chef, guide et pasteur dans

la Ville Sainte, afin de consacrer des évêques pour toutes les


villes. Le peuple accourt avec grand zèle, se rassemble et
s'approche de lui, car il plaisait à tout le monde et était orné
d'une foi orthodoxe et d'œuvres irréprochables (3) ».
Alors l'émeute se répand dans la ville entière, ouvre les
prisons et massacre les partisans de Juvénal. Pour assurer son
élection, Théodose veut faire assassiner le légitime pasteur,
mais on le cherche vainement, il s'était évadé avec Domnos

(1) A. Couret, La Palestine sous les empereurs grecs, Grenoble, 1869, in-8°,

p. 117-122.
(2)Nous savons par d'autres sources monophysites qu'une autre illustration
du Romain, archimandrite d'un monastère près de Thécoa qui comptait
parti,
plus de six cents moines, fut également proposé comme candidat à l'évèché de
Jérusalem.
(3) Les Plérophories de Jean, évèque de Maïouma (récits anecdotiques relatifs
au traduites du syriaque par M. l'abbé Nau, Paris, 1899, in-8, p. 32.
v° siècle),
Voir aussi p. 12 et 59, et Alirens et Krueger, Die sujenannte Kirchengeschichte
des Zacharias Rhelor, Leipzig, 1899, p. 10-17.
398 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

d'Antioche et tous deux s'étaient réfugiés auprès de saint Eu-


thyme. Théodose, profitant de l'absence des évêques, qui n'é-
taient pas encore tous revenus du concile, met partout sur
leurs sièges ses plus chauds partisans. Quelques villes, séduites
par son zèle menteur, lui demandent elles-mêmes des évêques,
entre autres Maïouma de Gaza, à laquelle il envoie le saint du
parti monophysite, Pierre l'Ibérien, membre de la famille
royale de Géorgie.
« Cependant Euthyme organisait la résistance, affirmait
l'orthodoxie du concile, dénonçait hautement Théodose comme
un usurpateur et un meurtrier, et se livrait à une propagande
que son grand nom rendait féconde. Théodose s'émut il voulut ;

voir ce moine qui osait seul lui résister et manda Euthyme à


Jérusalem. Euthyme ne vint
pas. Alors Théodose envoya
l'archimandrite Elpidios et l'abbé GéroncedeSainte-Mélanie lui
demander de fixer le théâtre d'une conférence. « Dieu me garde,
se contenta de répondre Euthyme, de me rencontrer jamais
avec cet homme dans l'hérésie et le sang des prêtres égor-
gés. » Enfin, lassé des intrigues et des messages continuels de
Théodose, craignant même, à ce qu'il semble, que celui- ci ne
se vantât de l'avoir rallié à sa cause, Euthyme voulut rompre
d'une manière éclatante avec les hérétiques. Il assembla ses
religieux, leur fit jurer de ne jamais se réunir à Théodose et
se retira au fond des solitudes de Rouba, près de la mer Morte
et des ruines de Goinorrhe. Le bruit de cette retraite se répandit
dans tout le désert, les solitaires et les abbés accoururent pour
consulter Euthyme; ils Mais son plus
revenaient convertis.
beau triomphe fut d'arracher à Théodose le plus illustre de

ses partisans, saint Gérasime et ses soixante-dix religieux qui


passèrent tous du côté des orthodoxes.
« A la résistance commençait. Un jour,
Jérusalem même,
dans du
la basilique Saint-Sépulcre, le diacre Athanase (1)

monte en chaire et prononce, aux acclamations des catholi-


ques, une philippique violente contre Théodose. « Cesse tes
assassinats, ô Théodose, lui cria le diacre, cesse de jeter comme
un brigand le troupeau des fidèles hors de la bergerie, con-
nais enfin l'amour que nous portons à notre pasteur légitime;

(I) La fête de ce martyr se célèbre le 5 juillet.


SAINT RUTIIVME LE GRAND. 399

habitués à sa voix, nous ne suivrons jamais celle de l'étran-


ger. » Théodose, au comble de l;i fureur, le fait arracher par
ses satellites, massacrer à la porte de l'église et son cadavre,
traîné hideusement par toute la ville, doit servir d'exemple aux
catholiques.
« Cet exemple est inutile. Quelques jours après, le métropo-
litain de- Scythopolis (1) s'élève en pleine église contre l'usurpa-
teur; il est entraîné hors de la ville et massacré avec plu-
sieurs de ses prêtres. L'abbé Gélase (2), mandé à Jérusalem
et conduit au milieu de la basilique, reçoit l'ordre d'anathéma-
tiserpubliquement Juvénal; l'intrépide religieux déclare qu'il
ne connaît point d'autre évèque de Jérusalem que Juvénal. On
l'emmène, on lui dresse un bûcher, mais le peuple se soulève
et le délivre. Alors les bandes de Théodose et d'Eudocie se
répandent dans toute la ville, poursuivent les orthodoxes, pil-
lent et incendient leurs maisons, font signer à chacun la dé-
position de Juvénal, et de grandes dames, assiégées dans leurs
demeures, sont contraintes, l'épée sur la poitrine, de donner
leur signature. Les moines en armes attaquent partout les
défenseurs du concile, remplissent les villes de troubles et de
séditions ; les Samaritains se révoltent, se jettent sur les deux
partis, dévastent les églises et les monastères, allument des
incendies, et la Palestine désolée semble en proie à une inva-
sion de barbares.
Le gouverneur de la province, que retenait une guerre
«

contre les Sarrasins, apprend enfin ces excès; il accourt avec


son armée, mais Eudocie lui fait fermer les portes. Le gouver-
neur n'ose donner l'assaut; on lui fait jurer de soutenir le parti
de Théodose et il n'entre dans la ville qu'en allié.
« Enfin Juvénal, qui avait gagné Constantinople avertit ,

l'empereur des troubles de la Palestine. Marcien, ne pouvant


croire à l'importance de la révolte, envoie au gouverneur quel-
ques troupes insuffisantes à rétablir l'ordre. Les moines, irrités

(1) Cet évoque, du nom de Sévérien, est fêté le 21 février dans les divers
martyrologes.
(2) Gélase, supérieur d'un monastère situé à Emmaus-Nicopolis, s'est créé
une place à part dans la littérature monastique. On lui attribue, entre autres
miracles, la résurrection d'un enfant qu'un de ses religieux avait tué par inad-
vertance, Apojihlhegmala Patrum <\àXis les Ecclesix grxcx monumenta de Cote-
lier, t. I", p. 410 seq.
400 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

de cette intervention, adressent à Pulchérie une requête inso-


lente, où ils se plaignent des soldats, rejettent les désordres sur
les Samaritains, les étrangers et les- habitants de Jérusalem,
refusent d'accepter le concile et semblent l'accuser elle-même
d'hérésie. Marcienet Pulchérie, complètement instruits par les
rapports du gouverneur répondent aux
et des magistrats,
moines deux longues lettres de reproches et de menaces, où
cependant ils promettent, sur les instances de Juvénal, une
grâce entière en échange d'une soumission immédiate. Cette
amnistie enlève à Théodose la plus grande partie du peuple,
mais les moines Eudocie les retenait par son
lui restent fidèles :

inflexible et hautaine résistance. Les lettres de sa fille Eudoxie,


de son gendre Valentinien 111, de son frère Valère, d'Olybrius,
plus tard empereur d'Occident, les exhortations du pape saint
Léon, les efforts de la célèbre Bassa, fondatrice et supérieure
de plusieurs couvents à Jérusalem, demeuraient inutiles; Eu-
docie ne cédait pas (1). »

Alors l'empereur Marcien, effrayé des meurtres et des assas-


sinats qui ensanglantaient le sol et les églises de la Terre Sainte,
envoya le patriarche, le comte Dorothée et une armée puissante
pour arrêter Théodose, les évêques et les principaux moines
monophysites, rétablir Juvénal sur son siège et ramener l'or-
dre dans une région troublée depuis trop longtemps. Pierre
l'Ibérien seul, en raison de son origine royale, avait obtenu
grâce et pouvait rester dans son couvent de Maiouma sans être
inquiété. A l'approche
de Dorothée et de ses troupes, les moines
rebelles se portèrent à Naplouse, qu'habitaient surtout les Sa-
maritains. Là, que se passa-t-il? Les moines refusèrent-ils sim-
plement d'accéder aux injonctions impériales et de reconnaître
la foi de Chalcédoine? Tous les écrivains monophysites le ré-

pètent à l'envi, vantant le courage de ces hommes simples,


dont la foi et la pureté des mœurs constituaient les seules ar-
mes. 11 est probable, toutefois, qu'en ce moment, comme dans
une foule de circonstances analogues, les moines firent usage
des épées, des poignards et des bâtons dont ils avaient l'habi-
tude de se munir, et que les soldats romains, exaspérés par cette
résistance inattendue, se portèrent sur eux aux dernières vio-

(1) A. Couret, La Palestine sous les empereurs grecs, p. 123-li8.


SAINT KUTIIVMK LK dllAND. 101

lences. Sur ce point-là, d'ailleurs, tout le monde est d'accord.


Un grand nombre de moines furent massMcrcs, leurs chefs faits
prisonniers ou mis en fuite, Juvcnal réintronisé au Saint-Sé-
pulcre et l'ordre momentan(''ment rétabli.
Un des coryphées du parti monophysite, rarchimandrite
Romain, fort compromis dans toutes ces émeutes, fut exilé pai-
l'empereur en Syrie, dans la ville d"Antiuche, où il resta cinq
ans, soutenant ses fidèles de ses discours et de son exemple.
Quant à l'usurpateur Tliéodose, les soldats avaient l'ordre de le

saisir et de l'amener vivant à Marcien, mais Théodose s'enfuit


chez du Sinaï, puis sous des déguisements divers,
les solitaires
en Syrie, où il reconnu et livré à ses ennemis. Les
fut enfin
catholiques l'enfermèrent dans une chambre, remplie de chaux
vive, où il ne tarda pas à succomber, vénéré comme un martyr
par ses partisans. Sa tyrannie sacrilège avait duré environ
vingt mois.
« Juvénal revint donc à Jérusalem où il fut reçu avec joie et,

pour terminer le schisme, assembla en qualité de patriarche


un concile de ses suffragants. Tous les évoques de Palestine qui
avaient assisté au concile de Chalcédoine se réunirent, adres-
sèrent une lettre synodique aux moines et aux abbés et décidè-
rent l'expulsion des évèques établis par Théodose.
« Sauf Euthyme, revenu dans sa laure, Gélase de Nicopolis,

Théoctiste, Gérasime et quelques abbés, les moines, même à


Jérusalem, ne reconnaissaient point Juvénal, et les représailles

que voulurent exercer quelques partisans de l'évêque les affer-


mirent encore dans le schisme. Eudocie les soutenait de tout son
pouvoir; mais, trois ans après, son âme intraitable fléchit. Elle
apprit coup sur coup le meurtre de son gendre Valentinien III,
le mariage de sa veuve avec le meurtrier, l'invasion des Van-

dales appelés par elle, le sac de Rome, la captivité d'Eudoxie


et de ses deux filles emmenées parmi le butin, jusqu'en Afrique,
où le lils de Genséric épousa Tune d'elles (1). »
Brisée par les désastres de l'empire et les hontes de sa fa-

mille, l'infortunée princesse entendit la voix de la grâce et cessa


de protéger les eutychiens de son nom, de son influence et de
son crédit. Elle envoya le choré\êque "Anastase consulter saint

(1) A. Couret, op. ril., p. 1-28.

ORIENT CHHÉTIEN. 26
402 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Syméon Stylite et la réponse du fameux thaumaturge est une


nouvelle excuse pour l'impératrice : « Sachez, lui fit-il ré-

pondre, que le démon, voyant la richesse de vos vertus, a de-


mandé à vous cribler comme le froment et, par le moyen de ce
pestiféré Théodose, il a grandement corrompu votre âme. Mais
ayez confiance, votre foi n'a pas défailli. Or, je m'étonne
qu'ayant si près de vous la source, vous envoyiez si loin cher-
cher de l'eau. Vous avez à vos côtés Euthyme le théophore; en
suivant ses conseils, vous arriverez au salut. »

En dépit de sa justesse, cet avis n'était pas d'une exécution


aisée , car le célèbre anachorète s'était interdit l'accès des
grandes une défense expresse prohibait
villes et, d'autre part,
aux femmes l'entrée de sa laure. De plus, les luttes monophy-
sites le contraignaient assez souvent à se réfugier dans le désert
de Rouba. En bonne fille d'Eve, Eudocie tourna la difficulté.
Pour jouir des entretiens du solitaire, elle fit construire une
tour à la cime d'un promontoire superbe qui dominait toute la
contrée. La distance de la laure n'était que de trente stades,
presque six kilomètres (1). Ces marques non équivoques d'un
sincère retour, non moins que les prières d'Anastase et de saint
Théoctiste, touchèrent le cœur d'Euthyme, qui se rendit au lieu
du colloque et réconcilia l'impératrice déchue avec l'Église ca-
tholique.
« Eudocie ramena avec elle une foule de moines, et surtout
l'archimandrite Elpidios (de Saint-Passarion), qui jusqu'alors
avait refusé de reconnaître Juvénal. Mais cette conversion fit écla-
ter une scission dans son couvent et quelques moines, entraî-
nant avec eux plusieurs de leurs confrères, s'en allèrent fonder
des couvents près de Bethléem ou dans le désert d'Éleuthéropolis.
« Comme expiation de sa trop longue erreur, Eudocie fit

élever, à quelque distance de Jérusalem, au lieu où saint


Etienne subit le martyre, une superbe basilique, plus vaste (!) et
plus riche encore que l'église du Saint-Sépulcre. Elle retournait
souvent consulter Euthyme dans sa tour des montagnes (2). »

(1)Sur l'emplacement de cette tour, un disciple de saint Sabas, Jean dit le


un monastère, d'où sortit un saint, Abraham, évêque
Scholarios, bâtit plus tard
de Cralia en Paphlagonie, dont la Vie par Cyrille de Scythopolis a été récem-
ment éditée.

(2) A. Couret, op. cit., p. 130.


SAINT EUTHYME LE GRAND. Wô
Or, dit l'hagiographo (1), riinpératrice avait déclic à Ficire,
prince des apôtres, une ôglise située en face de la laure d'Eii-
thyme. Étant venue la voir, elle aperçut cette laure et les cel-

lules des frères, séparées les unes des autres, et méditant sur
ce qui est écrit :

Qu'elles sont belles, les demeures de Jacob,


Tes tentes, ù Israël!

elle se vivement émue et envoya Gabriel, demandant


sentit
qu'il lui fût permis de s'approcher et de profiter des paroles et
des leçons d'Euthyme. En même temps, elle songeait à assigner
des revenus à la laure pour assurer l'existence des frères. Mais
le solitaire lui dit tout d'abord « La mort est aux portes, ma
:

fille, pourquoi s'occuper de tant de choses'/ Ne


et se troubler
songez plus qu'à sortir de cette vie. Ne pensez pas à nous don-
ner de l'argent et des secours, mais souvenez-vous de nous
devant notre commun maître; voilà ce que nous vous deman-
dons. »

Elle l'écoutait, partagée entre l'admiration et la tristesse,


étonnée qu'il eût d'avance connaissance de son dessein, peinée
qu'il lui refusât de l'accomplir. Puis, elle rentra dans la cité
sainte, fit venir l'évêque Anastase et, après lui avoir exposé ce
qu'elle tenait d'Euthyme, elle réalisa d'une autre manière ce
qu'elle s'était proposé. Tout d'abord, le 15 juin, elle fit la dédi-
cace du temple d'Élienne, premier piartyr du Christ, qui n'était
pas encore achevé. Elle lui attribua un revenu considérable et
en confia le soin à Gabriel. Elle ne négligea pas les autres églises
qu'elle avait bâties, prenant soin de les visiter, d'en faire la
dédicace et de leur donner des revenus suffisants. Quatre mois
après la dédicace de Saint-Étienne, elle-même quitta cette vie
pour s'en aller vers le Seigneur.
Le calme était donc rétabli dans l'église de Jérusalem et il

ne fut plus désormais troublé jusqu'à la mort de saint Eu-


thyme, 473. Cette sérénité succédant aux violences d'une pa-
reille tempête n'est pas uniquement le fait de notre saint et de
ses bons offices, elle provient aussi des hommes que l'on voyait
alors à la tête de l'empire. En effet, de 450 à 474, l'empire by-
zantin fut dirigé par Marcien et Léon P', deux soldats qui

(1) Cyrille de Scytliopoiis dans sa [ie de saint Euthyme.


404 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

avaient Tâme catholique, le sens très net de leur responsabilité


et la main assez ferme pour imposer leur vouloir aux moines
récalcitrants. L'opposition le savait et elle resta dans l'ombre.
Mais ce n'était là qu'une trêve, imposée par les circonstances
politiques; on le vit bien, à l'avènement de Zenon et surtout à

celui d'AnasIase.
donc injuste d'attribuer uniquement à saint Euthyme
S'il est

le triomphe de la cause catholique, ainsi que le font plus ou

moins ses panég'yristes, on s'exposerait, par contre, aux mêmes


critiques en déniant tout mérite à son intervention. Après la
définition de Chalcédoine, notre solitaire et les deux monas-
tères qui dépendaient de lui furent, il est vrai, les seuls à se

prononcer nettement pour la légitimité du concile et pour l'é-

vêque Juvénal, et cette décision dut paraître bien indifférente


aux yeux des milliers de moines qui luttaient dans l'autre
camp. En réalité, l'opposition silencieuse d'Euthyme était ap-
pelée à provoquer une réaction profonde, à modifier l'opinion,
à transformer en croyance universelle ce qui n'était jusque-là
en Palestine que le symbole d'une infime minorité.
Tout d'abord, saint Gérasime, l'org-anisateur de la vie des
laures, le seul dont la sainteté pût balancer celle de notre soli-
taire, se déclara pour lui en rejetant la communion de Théo-
dose; il en fut de même d'autres anachorètes fameux, comme
Pierre le Gyrnite, qui dirigeait une laure sur les bords du Jour-
dain, Marc, loulon, Sylvain, etc. Ces conquêtes morales, en
doublant le nombre des partisans des deux natures, décuplaient
pour ainsi dire le crédit de notre saint. Lorsque, par ses soins,
Eudocie rentra dans le giron de l'Église, ce fut une explosion de
joie dans les laures et les monastères, libres enfin de manifester
leurs sentiments et de se déclarer orthodoxes, sans courir le
risque d'être privés de ce pain que leur distribuait si libérale-
ment l'impératrice. Du fait de cette abjuration, la balance de la
fortune penchait manifestement du côté des catholiques et le

retour d'EIpidios, ramené lui aussi par les prières et les con-
férences d'Euthyme, mettait le sceau à cette victoire, en déta-
chant des monophysites le supérieur de tous les religieux du
diocèse de Jérusalem.
Tant de résultats acquis en si peu d'années ne manquent pas
d'être appréciables. Et ne faut-il tenir aucun compte de l'action
SAINT KLTIIVIMK I.K fil'.AM). /105

plus l;i teille, mais réollc cependant, qu'Eutliyme cxerç;! dans


la, suite par rintcrmédiniro do ses disciples? Si Marin et Luc,
Martyrios, l^^lie et Sahas londèrent, à eux seuls, quinze monas-
tères attachés à la fui de Chalcédoine, si la Nouvelle-Laurc fut

maintenue dans lorthodoxie par saint Cyriaque, si Tliéodose le


Cénobiarque resta fidèle aux enseignements de l'Eglise, tous,
sans exception, en sont redevables à saint Euthyme. Dise.iples
directs de notre saint ou instruits pai- ses disciples, ils ne s<iiit
que la continuation de son apostolat, le prolongement de son
œuvre apologétique. Sans lui, tout le patriarcat de Jérusalem
fût tombé aux mains des hérétiques, et si les armes des empe-
reurs étaient parvenues, en Palestine comme en Egypte, à ré-
tablir par la violence l'ordre avec l'orthodoxie, là, comme en
Egypte, leur projet d'unir les cœurs et de fusionner les esprits
aurait couru au-devant d'un échec certain. Dès que la main im-
périale eût cessé d'imposer le credo à suivre, les I)Ouclies au-
raient criéanathème au concile de Chalcédoine. L'attitude calme
mais énergique d'Euthyme entraîna plus d'adhésions sincères
au dogme des deux natures que les édits des empereurs et les
violences de leurs soldats. Tant il est vrai que la patience et la
sainteté sont les seules armes qui conviennent dans les combats
de la foi.

A la mort d'Euthyme, r(''tat d'esprit dans les monastères était


transformé. Si l'on comptait encore çà et là des moines mono-
physites, s'il y avait même des couvants entièrement dévoués à
l'hérésie, leur action était nulle sur les déterminations du plus
grand nombre. Jamais le monophysisme ne réussit à s'implanter
sur le sol de la Palestine, sauf sur le territoire de Gaza, et lorsque
les empereurs s'avisèrent d'en faire une loi de l'empire, lorsque
la volonté des patriarches ou des évoques commença n fléchir,

on vit Sabas et Théodose, à la tète de près de dix mille moines,


marcher sur Jérusalem au secours de la foi menacée et faire
vénérer les quatre premiers conciles comme les quatre évan-
giles. En ce jour mémorable, qui préserva le patriarcat pales-
tinien du fléau de l'hérésie, Sabas et Théodose se montrèrent
ce qu'ils étaient, de vrais disciples d'Euthyme.

[A suivre.) SiméoiN Vailhé,


des Augustins de l'Assomption.
NOTES
SUR DIVERSES HOMÉLIES PSEUDÉPIGRAPHIQUES, SUR LES OEUVRES
ATTRIBUÉES A EUSÈBE d'ALEXANDRIE ET SUR UN NOUVEAU MA-
NUSCRIT DE LA CHAINE coutra severiciiios (1).

I. Sur trois homélies pseudépigi'aphiques. —


II. Sur un remaniement d'une

homélie attribuée à saint Athanase —


III. Classification de ces textes.
:

IV. Macaire d'Aîe.xandrie n'a pas posé de question à Eusèbe d'Alexandrie. —
V. Édition du texte d'Eusèbe d'Alexandrie cité par Nicon. VI. Édition des —
premières lignes des homélies attribuées à saint Jean Chrj-sostome et au pape
Eusèbe. —
VII. Édition de l'homélie attribuée au bienheureux Léonce. —
VIII. Édition des fragments syriaques d'Eusèbe d'Éraèse. IX. Analyse du —
manuscrit des œuvres d'Eusèbe d'Alexandrie Paris, suppl. grec 407.
:

X. Hypothèse sur l'origine et l'ordre des écrits attribués à Eusèbe d'Alexan-
drie. —
XI. Le manuscrit grec de Paris n" 1144 {conlra Severianos).

I. — Trois homélies grecques qui sont données comme dif-


férentes dans les catalogues de Paris se ramènent, en somme,
à celle d'Eusèbe d'Alexandrie De die dominica imprimée dans
Migne, Pair, gr., t. LXXXVI, col. 413-421. Incipit: Mstcx vr^v àr.b-
Xuaiv T^ç È7.7.A-^7''aç... Des. y.'A i:w ht ajTî) àvac-âvri, oi^av àva-£[x-

'ji(ji)[j,£V, œ'jv tw TraTpi, etc


manuscrit 769, fol. 180, Leontii homUia in sanc-
Ce sont 1°

tam dominicam, H. Omont, Diventaire sommaire des mss.


grecs de la Bibl. Nat., Paris, 1886, p. 135 ; hicipit : Ms-à ty]v

à7ï6Xuaiv Tr^ç àyiaç xupiax'^ç Des. v.<x\ b iCkz-jaioz toj ttévtqtoç, su


tÇ) Gc(o TCpSTrei tiij-"J;, etc.

Dans la table alphabétique, H. Omont, ioc. cit., p. 121, cette

homélie est attribuée à Léonce, évêque de Néapolis, en Chypre,


mais le manuscrit porte seulement «du bienlieureux Léonce ». :

Nous avons déjà écrit (2) que les feuillets 169 à 192 du manus-

(1) Ces notes ont été communiquées le 14 août 1908 au congrès des orientalistes
'

réuni à Copenhague.
(2) Cf. La légende des saints évéques Héraclide, Mnason et Rhodon, ou l'apos-
tolicité de l'église de Chypre, dans Revue de l'Orient Chrétien, t. XII (1907), p. 125.
HOMÉLIES PSEUDÉPIGRAPHIQUES. 407

crit 769 appartiennent en réalité au manuscrit 079. L'homélie


de Léonce appartient donc au manuscrit 979, du xiii" siècle,
qui provient de Tîle de Chypre.
2° manuscrit 929, page 532, S. Joannis Clirysostomi homi-
lia de S. Dominica H. Omont, hw. sommaire, p. 178 (à la
,

table alphabétique, H. Omont, p. 100, cette liomélie est donnée


comme in novam Dominicam, en réalité elle est seule de son
genre); Incipif : ITpcasXOtov nç àv/]p £'jAa6-riç tÔ) ï-iav.hr.o) a'j-oj...

Des. xar. Ce manuscrit


eùspavOwixsv iv aj-Y) o-i aù-o) -Kpir.v. oi;a, etC.
du xv" siècle, impeiHH et inelegantis scriptoris (1), nous a
conservé quelques pièces qui ne se trouvent pas ailleurs,
comme l'apocalypse d'Esdras et l'homélie attribuée à saint
Athanase -zpia ttstsî {àr.aixzi) b Osiç (2).
:

3° manuscrit 947, fol. 107^, Eusebii papae sermo de sacra

dominica, H. Omont, Inventaire sommaire,^. 181. Le manus-


crit porte même : « Eusèbe, pape de Rome »; Incipit : 'Ev
Yj[X£pa xupiax^ç, xa9£Î^O[;.évou toj Ejasêiou, zâ-x 'Pco[j//;ç... Des.
xal £Ù9pav9w[;.£v èv aùiY), xw âè 0£à) -^[awv o'o^ol, etc. Ce manuscrit,
copié en 1.574, provient de File de Chypre, car il porte en
tête : Vanslebius émit Nicosiae pro bibl. régis Chr., 1671,
M. Jiinio (3).
IL L'homélie de Léonce et celle de saint Athanase -zpix

L'homélie « du bienheureux Léonce » mérite une mention


particulière, car si sa première partie se ramène à l'homélie
De die Dominica d'Eusèbe d'Alexandrie, sa seconde partie est
parallèle à l'homélie zpix xTzai-v. b 6£;; éditée à la suite des œu-
vres de saint Athanase d'après l'unique manuscrit 929, bien
qu'on s'accorde à reconnaitre qu'elle n'est pas de ce docteur.
Nous donnons donc ici l'analyse de l'homélie de Léonce avec
renvois aux paragraphes (I à XIV) que nous emploierons dans
son édition.

(1) Sic Montl'aucon,dans Migno, Patr. gr., t. XXVIII, col. II08.


(2) Nous l'avons décrit dans Revue de l'Orient Chrélien, t. XII (1907), p. 226-
228, où nous avons édité Une didascalie de Notre-Seigneur Jésus-Christ (ou
: :

Constitutions des saints Apôtres) d'après ce manuscrit.


(3) Notons que la pagination du manuscrit passe de 166 à 172 sans lacune. Les

pages 167 à 171 ont été portées (à leur place) enti'e 290 et 291. D'ailleurs les feuil-
lets 283 à la (in, appartiennent à un autre manuscrit (synaxairc ou menée)..
408 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN'.

Le roi Alexandre demande à l 'évoque Eusèbe pourquoi on ne doit pas


travailler le dimanche dimanche que Notre-Seigneur a donné,
(I). C'est le
son corps son sang aux apôtres et leur a dit de faire la même chose
et

en souvenir de lui. D'ailleurs le dimanche marque le commencement de


lA Création, de la résurrection et de la semaine. On travaille durant six
jours et, le dimanche, on
doit se purifier de ses péchés (11). Manière
d'observer le dimanche Se lever matin, ne pas plaider, ne pas dire de
:

paroles inutiles ni de médisances, ne pas se fâcher. Dieu a donné six jours


pour travailler, il faut lui réserver le septième (III). Ne pas quitter l'é-

glise avant la fin de l'office comme Judas est sorti avant la fin de la Cène.
11 faut écouter les saintes Ecriture et les graver dans son cœur (IV). Ne
rien faire en cachette à l'église. Ne te lie avec personne; si tu es pur,
communie; si tu es brouillé avec quelqu'un, va te réconcilier (V). Si tu as
eu rapport avec une femme la nuit précédente, ne communie pas. Chacun
doit s'efforcer de communier (VI). Les autres jours on ne voit personne
(dans les rues), le dimanche tous s'amusent. Quand on appelle à l'église,
tous y vont lentement; quand on entend la cithare, tous courent (VII).
Comparaison de ce qu'on trouve à l'église et dans les fêtes. La danse d'Hé-
rodiade a causé la mort de Jean-Baptiste (VIII). Dieu demande à tout
chrétien la foi, la vérité et l;i pureté, xpi'a àTiat-Eî" ô Geôç (IX). Diverses pu-
nitions des pécheurs (X). Jeûner le mercredi et le vendredi (XI). Le matin
faire le signe de croix, aller à l'église, ne pas jurer (XII). Ne te fâche pas,
fuis la coquetterie, souffre en ce monde et Dieu te récompensera (XIII).
On vit quatre-vingts ans, on n'atteint pas cent cinquante ans et après
qu'arrivc-t-ilV Heureux les riches qui ont fait l'aumône. Dieu aurait pu
donner de l'or à tous, il ne l'a pas fait pour que les riches et les pauvres
concourent au salut les uns des autres (XIV).

Les paragraphes I à VIII correspondent à l'homélie d'Eusèbe


(l'Alexandrie et IX à XIV à celle de saint Athanase.
Cette dernière homélie {-pix àTrai-si) pose encore un petit pro-
blème bibliographique. .Alontfaucon, qui l'éditait d'après le
seul manuscrit 929 de Paris, ajoutait qu'elle se trouvait in A?i-
g/icano quoclam codice^ Migne, Pal)-, (jr., t. XXVIII, col.
1108 et Fabricius, FUbl. graeca, éd. Harles, VIII, 205, en in-
diquait deux manuscrits In. cod. Bodiei. 117 et cod. Gale,
:

nr. 5!>i!j [cal. codd. Angl.) inscribilur homilia de sainte.


On lit en elTet dans les Calalogi libroriim mss. Angliae et
Ilibci-niae, Oxford, 1697, p. 19, sous le manuscrit du xv' siècle,
Barocc. 1 17 :

Menae niartyrium, fol. 2C'9. Athanasii. arcliiepiscopi Alexandria?, sernio de


sainte, fol. 237 [sic] Tpîa ànaiTsto âî6:. Timotliei ;ircliiep. Alex, narratio mira-
culorum S. Menae, fol. 234 (.s/c). S. Ephraemi sermo de resurrectione,
fol. 238.
IIOMKt.lKS PSEUDP:iMriRAPHIQUES. i09

Mais, dans le tlcrnier catalogue clos nianuscrits grecs de la


Bodléleiinc (conlocit II. 0. Coxe, Oxlord, 1853), page 2r)l, il n'est,

plus fait mention de cette pièce dans l'analyse du Barocc. 147 (1).

Il semble donc qu'elle n'en a jamais l'ait partie.


Quant au cod. Gale n" 5019 signalé aussi par Fabricius et que
nous retrouvons à Cambridge sous le n° 1397 (2), ce manus-
crit est donné comme une transcription de quelques manuscrits
Barocc. d'Oxlord. Il reste donc à chercher d'où provient cette
pièce, puisqu'elle ne peut plus provenir du Barocc. 1 17.
111. Classh'icatiox de ces textes. Nous avons à classer —
les textes parallèles d'Eusèbe d'Alexandrie, de Léonce (1'" par-

tie), de saint Jean Chrysostome et d'FAisèbe, pape de Rome

Notre homélie, dans toutes les rédactions, suppose qu'un


certain Alexandre demande à l'évêque Eusèbe de lui exposer
pourquoi on ne doit pas travailler le dimanche. Saint Jean
Chrysostome seul supprime les noms propres, mais deux pas-
sages de notre humelie cités dans les Sacra paral/ela de saint
Jean Daniascène sont attribués à Eusèbe. L'attribution à Eusèbe
est donc certaine.
De plus, les pièces didactiques dans lesquelles Eusèbe ins-
truit Alexandre forment certainement la partie la plus authen-
tique des œuvres que l'on est convenu d'attribuer à Eusèbe
d'Alexandrie Le texte de cet auteur est d'ailleurs mal établi,
(3).

car ilbeaucoup des citations consignées dans les Sacra


diffère
parallela du viii" siècle et peut-être du vii% cf. Migne, Pair,
gr., t. LXXXVl, col. 287, 1. 17-20. 11 diffère aussi du texte uti-
lisé par Niconau xi" siècle.
Nous placerons donc en premier lieu les textes d'Eusèbe uti-
lisés par l'auteur des Sacra parallela au viir" ou au vu'' siècle.

De là proviennent, par interpolation, l'homélie d'Eusèbe d'A-


lexandrie imprimée dans Migne 1) et celle qui est attribuée à
(

(1) On lit seulement : Menae uiartyrium. fol. 2-29; Ejusdeni martyrium auctoro
Tiniotheo, fol. i'M; Saint Epliraemi sernio de resurrectionc, fol. "238.

(2) Trinity collège Librai-y, Catalogue ofthe western mss., t. III, p. -112.
(3) Sur les vingt-deux pièces éditées sous ce nom par .Migne (après Mai., Pair,
rjr., t. les numéros I, II, IV, VI, VII, VIII, X, XVI, XXII. portent expli-
LXXXVl,
citement Alexandre demanda à l'évêque Eusèbe, ou :k l'illustre Eusèbe. III et
: " ••

V sont cités comme les précédents sous le nom d'Eusèbe par .Jean Damascène et
IX n'est qu'une suite de VIII. Ces pièces proviennent sans conteste d'un même
auteur qu'on est convenu d'appeler Eusèbe d'Alexandrie.
(1) Mai signale l'homélie d'Eusèbe d'Alexandrie sur le dimanclie dans le ma-
410 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

saint Jean Chrysostome. Les homélies, attribuées à Eusèbe pape


de Rome et au bienheureux Léonce, peuvent provenir, par abré-
viations et suppressions, de l'homélie d'Eusèbe d'Alexandrie.
Nous sommes donc ramenés à une source unique, à Eusèbe
d'Alexandrie. Mais qui est cet Eusèbe .^

IV. Macaire d'Alexandrie n'a pas questionné Eusèbe


d'Alexandrie.
On lit partout (Fabricius, Mai, Migne) qu'Eusèbe est con-
temporain de Macaire, car (1) In ascetico ad/iuc inedito :

opère apud Montf., Bibl. Coislin. p. ili, necnon apud Lam-


bec, loc. cit., et in cod. Vaf. ejusdem operis, memorantur Ma-
carii quaestiones ad magnum Eusehium Alexandriae [nempe
episcopum) Ce synchronisme est basé sur une faute de
(2).
scribe. Nous avons parcouru ce manuscrit de Nicon (Coislin 37)
et avons trouvé, en effet, au fol. 1 19 à la fin discours 31 èx xàç :

àXe^avBpstaç (3).
Mais le texte qui suit —
nous allons d'ailleurs l'éditer est —
un du discours VI d'Eusèbe d'Alexandrie (Migne, Patr.
extrait
gi\, t. LXXXVI, col. 349) où on lit « le bienheureux Alexan- :

dre, entendant ces paroles, s'avança près du grand Eusèbe et


l'interrogea ». 11 faut donc remplacer tod [xay.aptou àXe^avâpeiaç
« questions de Macaire d'Alexandrie » par -ou [xaxapiou 'AXs^av-

opou « questions du bienheureux Alexandre». D'ailleurs le ma-


nuscrit grec 880, fol. 162 et le manuscrit Coislin 297, tous deux
de Nicon, portent bien devant le même texte èy. twv £p(i)T-<^a£o)v

Tou [J,axapio!j 'AX^^âvâpou (880) OU ipiùrqueiq 'AXeçâvcpcj (C. 297).


Nous avons même vérifié que la traduction arabe de Nicon porte :

« Des questions d'Alexandre le bienheureux, l'Alexandrin, à


Eusèbe l'Alexandrin (4) ».
nuscrit syriaque 368 du Vatican du vni* siècle; cf. Migne, Pair, gr., t. LXXXVI,
coL 293, XIX (mais le catalogue attribue cette homélie à Alexandre, évoque
d'Alexandrie). Elle .se trouve dans le manuscrit grec quart. 46 de Berlin qui
provient du monastère de Saint-Georges près de Trapezonte (Trébizonde), fol.

78-81 : Toij [ixxaptou Eyceôsiou /ôyoç Tcspt t^; àyia; xupiaxïjç, y;toi t?;; àyla- toO ypiaToO
Y)(iwv àvaCTxâffswç. Meta tyjv à;TâXucriv trjî èv.v.lt]'yl<x(i èv 'ri[iéç>'x f^ç âyia; xuptaxô;, xa6£-
ÇopLÈvou Tou (jLaxapîou EiazSiiov èîTiaxôitou, TipoaeXôwv ô 'A).é^avôpo; Xe'ysi aÙTw...

(1) Mai, reproduit par Migne, P. G., t. LXXXVI, col. 289.

(2) Mai ajoute, ibid Certe Macarii iEgyptii non levé est testimonium.
: « »

(3) Une main postérieure a barré Spetaç et a écrit au-dessus ôpou.

(4) ^Lw^J-C^! ^jA^_^ ^iî wVA.C^! ^iljjia)! J)L^ ^y,'. Ma-


HOMÉLIES PSEUDÉPIGRAPHKiUES. Ml
V. Édition du texte d'Eusèbe gîté par Nk:o\.
L'édition de ce court texte tr;mchera la question do « Macaire

d'Alexandrie » substitue'' par le scribe au « bienheureux Alexan-


dre » ; montrera combien le texte utilisé par Nicon
de plus elle

au XI*" du texte édité par Mai fpuis Migno)


siècle diffère encore
d'après un manuscrit que Mai reporte au xiii^ (Ij. D'ailleurs
il est certain que Nicon transcrit fidèlement son texte, et ne le

modifie pas, car dix chapitres plus loin (fin du chap. xli) il le
cite à nouveau et cette seconde citation est presque identique à la

première, ce qui n'arriverait pas s'il remaniait le texte qu'il a


sous les yeux. Par exemple, le traducteur arabe qui traduit
deux fois, de manière indépendante, le même texh^ (manuscrit
182, fol. 340^ et 466''), le traduit de deux façons différentes et
les mots diffèrent très souvent.
Nous utilisons les deux citations du manuscrit Coislin 37,
P fol. 149, fin du discours 31, que nous désignons par A; 2° fol.
212, fin du discours 41, que nous désignons par D. Nous don-
nons aussi les variantes de deux autres manuscrits de Nicon,
grec 879, fol. 364^' que nous désignons par B, et enfin grec 880,
fol. 162, que nous désignons par C.

'Ex. Tcov spcoT'/iTStov TO'j [xax.apiou 'AXe^àvr^pou xpoç tov {/.eyo-V

Eùcéêiov (2).
'Ev jjAo. TCOV 7i[7.epcov, avOptoTToç -viç, £v Toj xoTXjAO) TTapaTupOeî;

àivsGavev. Kal oî [jiv £>.£yov ort, /.axà xà spya aùxoO àTCÉXaêsv, erspot
o£ ôjt 6 6av3tTOÇ aÙToG xap'^v. ITpocrE'XOojv ^è o [/.a/czp'.oç 'AXé^avàpoç

Tupôç tôv ^jAyyy EÙGÉêiov (3) -/^pcov/ice rcepi to'jto'j (4). Ra.î. ^£^£1 d

nuscrit arabe de Paris, n» 182, fol. 340'''. Cette version aral)e, à son tour, a été
traduite en éthiopien. Cf. Zotenberg, catal. des manuscrits éth. de Paris.
(1) Voir le di.scours VI, Migne, Patr. gr., t. LXXXVI, col. 349.

(2) Sic C. — BD n'ont pas de titre. —


Voir plus haut le titre dans la version
arabe et celui de la citation A (Coislin 37, fol. 149j. —
Le manuscrit Coislin 297,
fol. 10' (fin du chap. xli), porte Iy. -càz içwzriatiz 'AXs^cxvSpoy Tipô; tov \>.éya.v EO. 'A).£-
:

HavSpEt'aç. La variété des titres montre qu'ils sont dus en partie aux scribes, mais

ce dernier manuscrit est du xn« siècle (sic Omont; Montfaucon le plaçait au


xi^) et nous montre qu'au moins dès cette époque, l'interlocuteur d'Alexandre
était censé être d'Alexandrie. —
Il en est de même des citations faites par les

Sacra parallela. Elles portenten général « d'Eusèbe » si l'on trouve en plus ;

" d'Alexandrie » cette mention peut ne remonter qu'au scribe et non à l'au-
teur.
(3) Tw |jley(x).w Eùaeêîw I»,

(4) ToÛtwv 1>.


412 REVUE DE l'oRIE.NT CHRÉTIEN.

[LÉyxç' oùbi'.ç a'jTutv eùpev xry àV/j'Oîiav, ïy.v yzp y.aTz tx soya y.ÙToO (1)

à77£>.a[/,êotV£ TIÇ, où-/. XV £ÏV) X.Oijjy/jç. 'A_)^X' i^làêoTtOÇ (2) où/. ÏGTt /.ap-

àtoyvwGTïiç àTvT^à 7vapa/.po7.T-/i'ç, /.apSioyvwcTTTiç ^è p.o'vo; ô Oeoç saxiv.

riapx^cpoaTai to^'vuv tov Ozvxtov toO ivf}pw-ou ô SiaêoXo;, /.al outojç


eiTfipé'pet TX TTxp' xÙtoO, tva Tf; TuxyiSi STT'.yox'p"/; (3) ô OxvaTOÇ" ô'xav
yxp trV/i TÔv OxvxTOv ToD àvQpwTTOu, Tuxpo^'jvsi sïts slç [J.y.yrt'^ iXOeîv
£iTe eiç aXko tî oïov (4) ^-/froTS {;.i.x.pov vj y.a'yx, £!^T£ wç x-o xxppvjc'lxç

TCxliv oîaG^r/TUOToOv xpy^eTXi (5), /.xi xtto [^.r/.pou px-^rrp.xTo; £ÙGij; 6

XvOpWUO; T£>v£UTZ, £/. TOUTO'J V) £y,£lVOU, £IT£ TCXAlV 7TpOTp£V£l xÙtOV


TrepxGxi £i; -OTxp'v £Ït£ de, r,ij.époiv ysiyiptov ovtx (6) £^£"XO£Îv, £1't£ de,

ol'ov O-lÎTZOXt 7r£ipx<7[7.ôv, £7rippt'^{^Xl XÙTOV (7) Trxpà TX ^£0V, Î,'VX /.xOcOÇ

£Ï7ro[7-£v (8) £Triypx<pYi T'/i Trayi^i o Oxvxto;' ïvx ^è (xaO"/iç oti oùtco;

STTl, [i7^£7r£ 7UWÇ Tivàç TÔiv XvOp(0-(OV àvV)X£WÇ Tivà; T'JTÎTOU'jt.V , cô;

/.al aÙTÔj TÛ OxvxTo) 7rpoc£yyrCovTxç (9), /.al Ç'/pe'îi /.ataTÉfxvcoT!. (10)


/.xl où T£X£UTàJr;i, p-i/.pôv ^£ Ttç 7i:oT£ (11) TÙij/ar, Y, l-'Oou pol-/iv y.i/.pxv

Trpôi; XÙTOV pi(|/a; v) /.côgcov (12) r%'jq, £'jO'j; tÇ) 6avaT(p 7Tap£7i:£[x^|/£v.

EÎtI 0£ tx TOiaOTa OÙto>Ç" £XV Ti; £CÇ 01X,0V ICTIV (13), /-xl ^£t|7.£P(.0;

/.aTa"Xxêy) (14) copx xal Iv aÙTr, tyj (fol. 149 b) ôSpx è^sO.Ô'/i /.xi ccttô

Tou yei^M^oç •/] tou xspo^, àxoGavr, £v ty, ô^w, TVxpxêou'Xi/.?) Oxvxtw
TE^gUTa ô TOIO'JTOÇ, ÈXV ^£ £V £'j(^£tX (15) È^ÉT^Ô-/) /.al TTapX T'/jV ôrîôv

•/tîvbuvo; oOxc-/i, /.al p,-/) â'yœv to'ttov toC Six'TcoO-^va'. /.iv^uveÙc/; ,


'^-^P"
TUpi/.W OaVXTW TeXE'JTX g TOWUTOÇ. IlxXlV £av TIÇ (16j XTûeT^Oï) £ÎÇ

7roTa(/,ôv, y.al toutov £Ûpy)'G£i (17) (ipuyjj.oùç ïyovTX OxvaTV)Oopoi»ç /.xi

[A71 oiaTTEpoJVTa Tivà £7:' xÙt(o (18), xÙTÔ; ^è ojç yEvvxîo; /.xl ^uvaTOç,
OéT^wv o£Ï^ai iTo'pov, Et-JEAGy! /.al xroTCviy/] év toîç ur^am, xapa€oi»li/Cà>

OxVXTtO T£X£l)Tà 6 TOtOUTOÇ, IxV ^è l'^Yj TOV TTOTXp-ôv £Ù[J!.Xpw; l'yOVTtt,


/.al £T£pouç £ix7upoa8£v aÙToCi 7:op£'jofj-£vou;, aÙTOç r)è £l'7£}.6à)V y.al

£IT£ ô SxTXVX^ TOV TTO^X X'JTOU Cr/.XTr, (19), sI'tS CcKhOiÇ 7ÏCÔÇ 7w£'7"/l /.xl

àTUOTCvîyr, (20) Èv toî'ç u^xtiv, [xxpTupwcw Ôxvxtw TîXfiuTz d toioOtoç,

oùtco (21) vovi'(7£'.ç (22) y.al £tç ttxv Trpayfj.x toio'jtov.

(1) Oui. D. — (2) x6(7[j.oc. 6 ûtàê. yàp D. — (3) -jtto ... B. — (-1) èXÔsIv r) àXXooiov D.
— (5) TiappYidîa; Ttvô; apj(£Tai D. — ((3) om. D. — (7) sayiôv D. — C : 7ioTa(j.ôv. ?]

èv xaipw }(£t[Aepiw è^sXôeïv, /] èntppt'j/ai éayxàv nva 7i£tpa(7|x6v.


tlç — (8) Etuafiev AB.
— (9)
— C. (10)
YYÎî;""'

vouffi CD. (11) — —
xotr^ov C. C om. iroTe.
(13) èv (12) — —
oîxw wv C. (M) —
XâêEi A, —
Xâêoi C. —
(15) eOôîqc CD. —
(10) C add. ô. Cf. Sa- —
cra parallela, P. G., t. XCVI, col. 69. Nous citons ce texte ci-dessous pour qu'on
puisse le comparer. (17) sOpeï D. — (18) èit avtàv D. —
(19) «rxiaEt A, (TXEXîaet —
C. — (20) niai •A%\ àTvoTîv-ÔYei A. — f21) outw; CD. — (22) om. C.
IIOMKLIES PSEUDKPIORAPIIIQIJES. 11?.

Nous ajoutons la lin de ce même texte d'après Tédition Migne


des Sacra paraUcla (P. G., XCVI, col. 69) pour montrer ce
qu'il est devenu de Jean Damascène (vir'-viii" siècle à Nicon
(xi® siècle) :

'Eav Tiç ccTZE/Miy, (iouXsTxi TTspàcrai. roTajxôv, /.al ôpa a'jTÔv

7:y.(p"Xa'(oVTa ^H. y.a/>,à"(ovTaj, /.al /.aTacrupdaevov ^pobspw;, -/.al [xr,à£vo;

ctXlou £7i:iy(_eipoOvTOç ^isaOeiv ^'.' aÙTOu, TCxpaêou>.£U(7riTai os /.al elcéXHr,,

OeXwv £7Vi^£i^a(j07.t éauTÔv (o; yevvy.t'ov x.al (5uvaTÔv, xal 7.izoHy:vn £v

tÇ) Ti:oTat7.à), jXExà xàiv Tvo-paêouXwv xpivExai yi ^^u/v) aÙTOu, £7ï£io'/i

pT^ETTcov TÔv ÔavaTov aÙTO'j, xapvîx.o'jGS tvîç TpaipriÇ 'X£yoo'771ç- M'/i

(iià"(ou poOv Korocjjjjxi . 'Eàv Se ir^/^i ^ov Troxap-ov vîaujr^wç péovxa -/.ai

y//] à'Kfii'Xoijvxa [ipuyjxoù; Oavaxvicpdpo'jç, yAAa ivpx'jv -/.ai £u[;.ap-^, x-al

TToHoùç ^ispyojjivouç, y.yj. ilnCkHri xoO §t£7;0£Tv ^'.' aùxoù, /.al Èira-

yayo aùxco ô Saxavaç /.u[Aa /.axà cjuy/wpTicriv O£oij, -/î /.al xôv Tûdoa

a-jxo'j c/.acr-/i, /.al irs^tov sv xto ur^axt aùxcO àTToOav/i, [xapxupi/.o; auxoD
ô O/.vaxoç AoyicO'/iGExai.

Les Sacra paraUela et le nis. d'Eusèbe d'-AIexandrie édité


par Mai et Migne procèdent du même texte grec, car ils em-
ploient en somme les mêmes mots grecs; mais les .S'acîY^ pa-
raUela en ajoutent trente-trois qui ne sont pas dans Migne,
tandis qu'ils n'en omettent que cinq. Le texte cité par Nicon au
contraire rend les mêmes idées par des mots presque toujours
différents des mots de l'édition Migne et constitue une rédac-
tion nouvelle.
VL Édition de l'homélie attribuée a saint Jean Chrysos-
TOME (1).
Nous désignons, parla lettre A, le ms. de Paris n° 929; parla

lettre B, le ms. 947; par S,les.S'(2cmpara/^É'/^(Migne, Patr.gr.,


t. XCV-XCVI); par M, l'édition Mai (ou Migne) du sermon d'Eu-

sèbe d'Alexandrie sur le Dimanche {Pair, gr., t. LXXXVI, col.

413-121).
Le ms. 929 est mauvais, comme on l'a déjà dit; on y trouve
toutes les fautes possibles d'itacisme et d'accentuation :

(1) Nous avons préparé l'édition de toute riioméiie, avec les variantes de toute
l'homélie attribuée au pape Eusèbé, mais nous n'en publions ici que le com-
mencement pour ne pas trop charger la Revue.
414 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ei[).oi (pour el {j/q) ; y.ùpi^ (pOUr x-^pu^) ; TaXsTîops (pOUr TaAaizo)p£) ;

Ojpaiç (pour 6-^ps;); i^i'kzi (pour o^siXsi); û'kXwTcpa (pOUr {j<]>-qXQ-

-spa); a'JT-^ç (pour aùtoïç) ; TCiQa-rjî; (pOur Tisiaetç) ; àzupavxouç (pour


à-epavTOu;) ;
ùr^OG-ipiatiq (pOUr àizoai: ip-qariq) ;
àva7i;â6£a6at(pour àva-
Tra'JsaOat); 751:1 (pour r^TCi) ; r.phq ï-i'(iç (pour xpocsTaY'^ç), CtC.

En général, nous avons corrigé ces fautes dans le texte sans


en avertir; dans les variantes au contraire, nous avons con-
servé les fautes du in s. B sans les corriger.

'IwàvVOl» àp/l£~t(7/.dTC0l» RtOVGT(XVTl.VOU7rd7;£OJÇ TOU XpU(70(7Tdy.Ol(

loyoç irepl Tïiç àyiac, R'jpta/.fjç (1).

I. OpoceXôcôv Ttç àvr,p eùlo-êvi; TÔi sTït'S/.dTTcp y.ÙToO TrapsxaXet

aÙTOv "Xévojv [j-STa t'/iv à^oO^ufriv tvi'ç àyia; /.upiou sx./.'XriCia; èv '/][7.£pa

•/.upiax-^ç' A£0[;.at gou, ^sGTïOTa, tivo; £v£x.£v r,[jÂv (xvxyx-aTov Ègtlv .tÔ

(pulaTTStv Tviv àytav xuptax.-/iv x.al [xy] £py7.(^£G6at (2), ttoiov Xî'pooç

Ij^wp.sv [^//i (p. 533) £pya^o'{j!.£Voi.

'O ^è [/-axaptoç èTuiGJtOTTOç TÎp^aro Xfiys'.v aÙToj* "Ax,ouc»ov, rax.vov,

xotl èpôi cot TCspl ijcivTwv Tùjv ytvoa£vojv £v T(i iyia X'jpta/.Y| jcav t£

àyaôwv /,à'v t£ TCOvvipwv,

To cp'AxTTCiv "^[;.aç t'/iv àyiav x'jpta/,r|V x,a.i fj//i èpyaî^SGÔoci toOto


£GTtv (3)' ot£ irapx^tSou ô 'IviGoût; toïç |7,a.0'/iTat'; aÙTOo t6 [j-uctt^-

piov (4), laêtov tôv apTov eù'Xdy/iGev, x,al x-Xàca.; £(^(j)/.ev aÙTOÎ<;

XÉywV (5)' ToGtO (/.ou SGTIV TO GÔjy.X TÔ UTUSp Ù[7.Cl)V X,}ao[J!,£VOV £1^ açp£-

aiv à|j.apTiwv, 6[/.otwç ^£ -/.xl xo TroTvjptov y.epxaoiq (6), £l7ir£v* ToSto'

[J.OU £GTiv t6 ai[/.a to ùrsp xo'X'Xûv (7) £xyuvo'[/,£vov £Îç acpSGiv à[/.ap-

TltJV, TO'JTO TTOIeTtE £tÇ T'/jV Sp'/ZlV àvajy-VVlGlV. 'AvàfJLVrjGtÇ OÙV TOU

x.upiou (8) £gÙv Y] •/^[xspa. TotauT*/] (9), àtô x.al (10) /jjpta-/.7i r/Ayiôy).

ripO yàp (il) TO'J ^£G7:OTtX00 TTxOoUÇ, OÙ/C £X£'y£T0 X.Upi7."/.-/) àX>.à TTpCOT'/l

7][J!,£pa* £v aÙT'^ yàp tviv cn.pyri'^ T'^ç x.0G[/.OTCOtia.; ô /.upioç Tîfxwv '/ip^aTo,

(1) Toù èv àyîoi; TtaTpô; yi|j.wv Eùffeêt'ou TtâTra 'Pw(AOtç" ^ôyo); Tisp/; Triç àytaç xtptàxrjç B.

(2) 'Ev rifJiépa xupiaxTJ:;, xa6EÇw[X£vov) toù Eùffsêiou ndcTta 'PwfjLYiç" Trpô iXÔwv àvrip ovô-
(j,aTi 'AXéSavopo;, xal Xéyv) aijT({)' As'ofAÉ aou xûpte STt^nsxoTrs, tîvo; evexev yi[XÏv çyXâiTTQv
trlv rj|X£pav T-îjç xtptaxrjç B.

(3) 'O 3è [JLay.7.pio; Eùcé-Jio; vîp^aTO XsyviV "Axou, téxvov, Tiept tï]? àyta; v:i]^ia.v.f,z, to
[jLri èpyà^EffOat aùiviv toùtÔ èctiv tô etiov B.

(4) Tôv Tuuov B. — (5) B add. Icnêzxz, çàyETE. — (6) xuvwffaç A.


(7) TÔ Tioxifipiov EÙX&yiorE XEpâo-aç, eûcoxev XÉywV tcîste è? aÙTÔv TtàvTEç* toûtô âaiiv tb
aI[Jià [xou TO T^jç xaivïjç SiaÔT^xyi;, tô ÙTràp rj(Awv xal ttoXXwv B.
(8) A om. TOÙ xvpîou. — (9) auxri rifjilpa ÈaTÎv B. — (10) 6ià toùto B. — (II) om. A.
HOMÉLIES PSEUDÉPIGRAPHIQUES. 415

xal £V aùr?i t?) -/ij^epa (i) t'/jv àpj(_-/iv (p. 534) t-^oç âvaTTy.'jeojç iSo)-

ûïlCaTO TOÎÇ 7rà<71.V ('2). 'lî,V TaUT'/l TY) 71(/.£pa T'/IV TÛV OstOjV [7.'j'7Tr,ûtOjV

T^siToupyixv £x,£"X£uciOyip!,£v livtTfileiv (3). 'Ap/yÀ O'J^ TTxcrriç àyaOojG-JvY,;

Y£YOV£V 7] vîij-lpa auTV) (4)" àpyj/i >'.tic£(o; /,0(7[/.ou (5), àp/__-/) é^ôoy.y.^o;,

drilol (6) TYiv àp)(_-/)V (7).

VII. Édition de l'homélie attribuée au bienheureux Léu.nce.


Celle-ci n'a pas l'importance de la précédente pour la critique

du texte d'Eusèbe d'Alexandrie, puisqu'elle n'en renferme


qu'une partie assez librement remaniée, mais elle a l'avantage
de renfermer à la fin un texte parallèle à l'homélie -piy. àr.y.i-zX
attribuée à saint Atlianase et publiée d'après un seul manuscrit.
De plus, elle peut être l'œuvre d'un certain Léonce de Chypre,
qui a peu de chance d'être l'évêque de Néapolis connu par ail-
leurs. Ce Léonce aurait soudé ensemble deux homélies anté-
rieures pour en faire une nouvelle procédé encore en usage —
— et mériterait peut-êtrede figurer dans une note de littéra-
ture grecque. Nous avons analysé plus haut cette homélie (su-
pra II) et nous l'éditons ici en y corrigeant seulement quelques
fautes d'itacisme du ms. 769.

Aoyoç Too piax-apiou AeovTcou TVEpl ty]'; àyiccç y.u^'.y.Kyiç, (£''AoyriGOV

(^£(77COTa) .

L M£Tà Tviv à.Tzohjaa t'Àç àytaç xupiay.rl.;, TrpoxaÔtcavTOç to'j

u,a)ta.ptou Eùc£ê''oi», ivooGÛSoiv AXÉ^xv^poç ô fia<7i.>>£Ùç, "kéyzi aÙTw*

A£0[;.ai <70u, àyocxviTs tou G£0o ^ùcé^eie, §'.à Tt cpulaTxoj^y.EV Tr,v r,[/,£pav

T-^ç àyiaç y.'jpiajc-^v;, /.al où/. £pya^t6[/.£0a aÙTviv cô; £pya^o|j.£Oa tx;
î^ 7l[X£pa^;

II. 'O ^£ p-axapioç Eùcfiêioç >.£y£c aÙTco* "Axougov, T£/tvov AXe-

(1) A oni. £v aÙT^ -{àç -z^y àp-/. t. y.Off...

(2) :^(jitv êôwpiQuaro B.


(3) B om. Tîv TayTij)... — (4) f] aÛTvi Yj[Aépa B. — (5) B add. Èffiîv.

(6) StXrjA. —
aÛTY) Tptàôoç àyaOr) -fijjLeiviei B.

(7) En quatorze endroits le présent texte se trouve d'accord plus bas avec
les 5'acra parallela contre l'édition Migne d'Eusèbe d'Alexandrie. Il pourra donc
être utilisé si l'on réédite à nouveau cette homélie.
416 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

qxvops, xai epco coi 77£pi xavroiv tcov yivof^-svwv t'/;v aytav -/jjpiaxviv

âyaOy.' 'Ev (fol. 178^') xauTYi t'^ vîjj.épa toÎç éauTou [j.aOr,Tarç Kupioç
iTvaps^wxsv tÔ (JLucTVi'ptov, x,al >.aêwv tov àpTOV sù'XoyviCcV, '/.où xXdccaç
f^£iîco54ev Tof? éauTOu [AaOyiTafç -/toù aTTOCToXotç, siTCwV AaêsTe, cpàyers,

TOUTO ettIv to cwy.a piou, ô{/.oiW(; /.al to 7:oT'/ipt,ov cuv/.spacaç sùXo-

yviaev >cal el— sv FIiSTe £>; aùroo ttzvtsç x.al xoisïts (1) sïç t-/]v £[7//iv

àvajxvTiciv (2). 'Avz[AV'/;aiç yy.p £gti.v toG /.uptou vÎ[jlcov 'Ivico-j XpiCToO
xai Tôiv àyîcov aÙToO [xucrTvipicov, /.al oiz toùto oùx, Ipya'CopLeOa t'/iv

'/ip.£pav T-^'ç (xyiaç xupia/.-ôç' àp/vi yàp àyaÔcocuv/jç yeyovev -^ 7;[/,£pa

TauTVi* àpj(^-/i xTÎcswç xo(7[xou, àpy-/] àvacTxcrewi;, àp^-/i £^f^O[;-x'^o;.

Tp£^ àp)(_àç àyaBàç sysi 'ô vî(A£pa Tvi? àyiaç X'jpiax,-^ç, 7.7). Tpiz^oç
àvay.vriC/,£i 7i[/,£)v, 7tpo<j/.uv£Tv Tp'.àoa t'/jv ôy.oouciov xai Geottitoc.

"E^ vip'.spxç £yr£i vî £êr^o[/,aç' zxç £^ '/({/.£paç vîfxîv ô G£Ô^ sïç TO £pya-

CecOat, TYiv o£ /.upiaxTiV ï^coxev vîy.îv 6 Oeoç et; £'JJ(^'/;v x.al àvaxauGiv y.al

);uaiv TwZVTWv x.ay.oJv, Tva -/Îto'. zay.pTiaç à(/.apTi'G(d[J!,£v, £v zr^ 'r\[J.ioa

T'flç àyia; x.i»pia)t7iç y.xOapiGO(oij.£v aTTÔ tïiç à[;.apT''aç.

ITI. 'Epyfoij,£V/i^ yàp TTiÇ àyixç /.'jpiay.viç, opGptcov, 7:apz;f/,£ivov

£coç àv xV/ipcoO*o ô op6po«;, Etrà TrX'/ipcoOsvTo; toG opôpou, p//] xpo^Ey-


yicTiç £V r^i,>iacTyip{w, lo'yov àpyov (Col. 179') jj'-r, eiuoiç, >ta.l (p/i)

[j(.oXovri^ TYiv 'i'u^'/i'v (jO'j, /.al toÙ; ày.ouovra; p'XaTTTrjÇ, /.al [/,-/) /.axa-

>.a>/]C7iç xaTz Tivoç, /.al [i-Yj ôpyicG'/iç /.aTa [xupo'j t] /.axa jy.eyâ'Xou.

Oi (IttI) r/î /.ax.''y. [jivoixriv /.al où/. £/,aTViXlay/i<7av £iç xop aaêscTOV
à7r£A£'j(70VTai. "E^6i/.£v vîp'.ïv ô G£oç £^ '/îfxÉpaç Eiç TO £pyy.'C£(70a'., l'va

£V aÙTaiç 7:coX£t'v, àyopa'(£tVj /.al cjVEuçppatvecGa'. [J.£Tà T'?iç yuvai/.oç

cou T7ÎÇ £/. V£0T7îTdç COU. Xâp'.Cai /.ai CÙ Toi Gew cou [7,{aV TÎy-SpaV TTpÔç

ctoTYipiav TYîç ^l^uyvi'ç COU, 'XÉyw ov) tvjv àyîav x,upiax.vi'v.

IV. Kal [7//] £^£aG'/iç SX TTiç £y.x7;-/icta; cou Èàv [7//1 aTTo^^uciç ysvYiTar

(/.vflcGviTi yàp TO'j upo^oTOu 'loû^a, xal [;./) £^£'aG-/iç, sxe-'vou yàp r,

àpYYi TT,; à'7rcù'X£iaç £y£V£TO TO'J \j:}\ TCapa[j.£'rvai \j.ix'y. TTxvTtov, .\aowv

yàp TOV apxov 'lou^aç £v tw cT6(/.aTi aÙTOu £Ç-^>>G£V é'^w, jtal

svo'oeucev ô SaTavàç, xal £C770uoac£v tic, T'/iv Tvpo^ociav tou SwTr]poç.

'Eàv oùv xoo T'^ç à7VO>.ûc£coç Tviç àytaç £y.y.V/ict'a; I^IT^Gy,; xapsKTa;

à.^a.yy.-nç ^
[/,£Tà 'loûf^av â^^oyicG'/i;. Kal pA£7r£, à^£X<p£ (3)" [;-•/) ài'

(1) nUxE. JIs.


(i>) Cf. I Cor., XI, 21; Luc, xxii, 20.
(3) pUîtsTE, à2e),yol Ms.
HOMÉLIES l'SRUDÉI'IGRAPHIQUES. 117

6>,iY-/iv wpav, [j.iXk'/iç xT^'jliarj.i t-/iv t|;u-/_-^'v '70u, /.al -/iojV'!w; x-oXa^^c-

cfjai, où |Jt,àyaipa, où /.(v^uvoç, oùoà STspov /.oXaçTripiov ècTiv, to

5oxoûvTa '/î.azç Ê/- tti? âyLaç sxx.V/iTiaç, 7.X7.à cvh^i oùv {y.sTx «po^o'j,

xotl à/tpoaaai, (loi. 181'') aïicsp T^s'youtiv ot îepeiç /.al oî Aeoîxa', sx,

Twv Oeitov Ypacpcov, /.al yi^y.'ly^i y-ùxà £tç tt, [ia6-/i tt); xap^iia;; -jOU,

ïva Trapalaêviç aùxà stç vouOeTViTiv xou Osou (Tou,

V. Kal pi.-/) x"XaTCYi(; ivots £v rfi £-/C-/,l-/i<7Îa xal TuvÇeu^viç [/.stoc T'.va,

sxel [/.tcBov oÙK â'ysiç, â^Aa cx'/iOi oùv pLsrà ço'êou, xal l'ôs tov osTro-

Triv XptGTOv ^ia(xeXi'Coasvov, >tal [;//) ^i7.tpoù;7,£vov, xal [X£Ta^iSo[;.£vov

£tç cwTTipiotv xavTwv, "/.al £'! [xsv £/£iç -/.aOapov to


àYT^^'-*'^
'^'^'''
4"^//''

cou, TUOOasXOs XOcl X.OIVWVVITOV, £1 0£ X,al XaTXVOcl '/SjJlGlJ/jÇ GO'J, ÔT'.

£y£i; Jta/.La,v p.£Tz tivoç, zcpeç xà ^(ipa sv Tr.


â.Y'<?
Tpa7:£*('/;, x.al

aTT£>.6e /.al ^laXl^Y'^Oi roi àc^slcpoi cou, xal tots arpa'cpou /.al x.oi-

V(6VY1<70V

VI. Eï §£ TCzXiv xaTavo£Î'; on rjuvtyîvou p.£Tà yjvy.txoç x'?) vu/,xl

£)i£ivvi, {///] 7cpoc£7;6'/i^ xoO tA£xaXaê£Ïv. Kaipoç ya.^ £cxtv xo TCavxox£.


'0 ykQ ÈgÔiwv /.al xivtov xo Gd^cx. /.al xô ai[/,a xou xupiou, y.^iu.y.

aùxw £(j6Σt, xal izivsi. "AvGptoTïOç c)è Xpicxiavùç p.iviov àx.oivc6v/ixoç

yci>pl<; (xvikyy.'nq TrapEcuvEêVnO'/i xoiç x-x'/ivetiv xoîç àvo'/ixoiç x,al copioicoOr,

aùxotç. To xùxo )cal -/i


X^?'^ à[7,apxîaç /.al c(o[Aaxiy.-^i; àaÔEvsiaç
Y'^'^'^I

iàv ^toptcv) aùxYiv £/. xviç ày^aç £/./.A-/i(7i'aç ywplç àvay/.-/)?, /.aXov £lvai
aùx'))v £L où/- £y£vvv)9-/i, oùal de /.al xû cruvo'vxi (/.sx' aùx'ôç, '/i'youv

(fol. 182') xou avSpo; aùxvïç.

V^ll. "ATr£lO£ £v xklri 'fi[J.ioy. y.y.[ où/. £Ùp7]G£i; xivà £v x-/i [jAcrr,,

y.xl xTzû^^s £v /i(/.£pz /.up!.a/.Yiç y.al £Ùp"/i(7£^ ol ji.£v /.lOapfi^ovxaç aT-Aou;

opj^oup'.évou;, aXkou^ Tralaiovxaç, aX'Xour /.H— xovxaç, xVaouç ^i/.a^^o-

[xÉvouç, a);>>ouc cùpovxaç àDr/^louç, à'X'Xouç i^sOùovxaç, aXXouç ^iav£Ùov-


xaç £7ïl xo /.a/.ov. Kal oùal aùxoT; ovxujç, /.al xiç xo'Xjj'.a Xiyvy xà
àyaÔà x'^ç àyiaç /.upta/.ri^, oùal xû /.XsTrx-/], oùal xco xdpvcp, oùal xw
/.axa>.a'Xoùvxi £v x-^ 'ojJ'.apa xtiÇ â-Y^oc; /.upt,a/.yiç. KaXai eiç xr.v s/./.lvi-

<7''av /.vfpu^, 7;£Yw ^"/l xo ^ùXov, /.al xavx£ç ô/.voui7tv. véro'^î^ ©tovv,

xiôàpaç, /.al 7ravx£ç wç àico 7rx£pÙYwv (pOxvou'jt.v.

VIII. ''A>cou£, àvOpcoTCS, XI Ofiwpoùcrtv ol £p^o'[A£vot sic xr,v £y./.}.y]-

ciav, xov Ô£(77ïoxyjv Xpicxov xsXadouvra, xoù oî.tuogxô'Xou naù>.ou xr.v

xaAyjv ^iSac/.a'Xiav (1), xà; xwv xavxcuv /.ap^i'aç ô(/.i>,0'jvxa, [âoa

(l) Sic Migne. Cette meutioii de la didascalie de Paul (lecture d'une épitre?)
ORIENT CHRÉTIEN. 27
418 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

à/.y.TaTcauiTT<oç t6 'AUvilouia toc Xspooélj;,, xà Sspacplp!,, Ta a(7[;.aTa

Tcov àc[;.àTCov, tyiv Tvapaivsciv twv ôctwTdcTcov STriocduoiv T£ xai

xpeffêuTÉpcov, ôla atcovia, oXa, xveu[j(.aTt)cà x.ai w<p£li[;.a. 'O spj^ojjLSvoç

sic TV)v sxxXvictav TaÛTa ôecopsî", xal 6 epj^^dp'-evoi; sv Ôsarpoi;, Gswpsî'

ô>.a ^taêû'Xr/v^c" 6e(op£î yàp tov Y£>.oiac[;-àv, Ta; Tpayco^taç, tôv X'.Ôa-

piapLOV, Toùç y^opoùç, tk Tu[X77ava, Tàç oîvoxoctaç, Ta; yacrTptjxapyiaç,


(fol. 182^) sy-eîva. yàp tou Siaêolou sîclv Ta i;ejy6:G^.c/.TCC xal tcov

èOvûv TraLyvta' yuvvi yàp 6pyi(7[Ji£v/i oùoèv ttoisî aXko d ^.'h aÙTOTCpoat-

psTwç 8aiy.oviZ,eTy.if op^tGajj.Evvi yàp 'Hpooiàç, tyiv xecpa^^viv 'IwavvoO'

ToG [iauTiGToO àx£Tep!,sv. 'Q. TTOVTipôv op^i(j[/,a yuvaix.àç, û xovyipov

ToXpLvjfxa yuvai/,o;, w Tûovrpà yuvvi ôirou àv£Î7.£v tov toiootov avcipa.

Rai P>.£7i:6, avGptoTCE, oti ô SecicoTviç •Â(J'.(ï)V XpiGTOç xal ^iXavÔpwxo;


xal £);£7;W,tt)V, TCÛç £[Ji.a(7TiyajGYi '/.al cî)ç à[;,apTtav oùx Ixoiviaev, oùoà

EupÉôv] à^uta £v aÙTÛ, cb Se, av6pojTC£, wv àp-apTiat; ^£oou>.(o[;!.£V£,

où Pa(jTà(^£iç TOV TC^Tictov cou.

IX. Tpia (1) yàp aTaiTH o Ôsôç xapà T^avTOç XpiaTiavou- xtCTTiv

ôpOviv, à^vTÎGsiav à-TTÔ yT^wccvi; xal àyvsi'av (2) â-Tiro toO GwpiaTOç. Kal

Ta a>.);a b^.oioiç cpu'XaTTe, TvpÛTOv [^iv p//) 'kcck'/ia'/]^, àcXk ote àîtoucTi;

Ttvôç xaTa'Xa'XoovToç, (puy£ àvay^côpyjcov ïva [avj xal cù Ôjaoioç yevyiç

TOU xaTa'Xa'XoOvTOç, y.al àT:£X6r,ç sic xdlactv aùoviov, tlç (^pày.ovTaç

Tcupivouç TptoyovTaç T'Àv y'Xôccav.

X. EItcsv yào 6 0eo; ^là tou xpocp-^'Tou oti tûv ^lavEudvTwv oi

ôcpGa>.(/,ol, xj-KQ àvEAr/ipidvwv àyysT^oiV (3) È^opuGcovTat,. T6t£ oî yfilàJv-

T£ç 7r'.x.p£)(; /."Xaucouciv, tote oî cp);uapoùvTeç sT^eeivà <7T£va^ouciv, «^v-aTa-

Scxa(^d(/,£voi> de, tov Tîùpivov TroTap.ov, elç tov ouvôv "AotiV, eîç tôv

cx(6lYi3ca TOV àxoi[A7iTov, ilc, TOV TTf/.pôv /.AauG[j,6v, sic TOV ppuyjxov

(fol. ISS"") t£)V Ô^o'vtwv.

XI. T£Tpà^'/)v xai Tvapacr/.fiUYiv v^ctsus, tccc, 8ï aXkccc, 'iîfxépaç l^ou-

ciav ïjzKj >'-àv Gs'lviç wicteue, xàv GsV/iç f^/À


^v^'ctteue^ (4). "Oc7r£p

£TC0tv)cev G£Oi; tov avGpwxov )caTà ©ucriv to àva7ûV££iv, outcoç sttoiticev

àp{/,d^£iv xai Tzç yuvaîxa; tva TvàvTOTS vyiCT£utoci.

manque dans les Sacra parallela et dans l'iiomélie attribuée à saint Jean
Chiysostome.
{l) Ici commence l'emprunt à l'homélie attribuée à saint Athanase.
(2) â^voiav j\Is.

(3) àv£)v£iî[xwv àvSpwv Ms.


(4) xàv Wktiç VTQffTeuae, xàv (i-vi 6éXei{ Ms.
HOMÉLIES PSEUDKl'IGRAI'IIIQUES. 119

XII. 'AviTTaj^eVOU (70U XO TUpOn TÔV TUTCOV TOCi XHJ.iou C/TauGCi'j TToCst

£1? TCZVTX Ta 1x0.7) TO'J. Kal — ept~7.Ta)V xal y,oi[/.(o|7.cvoç /.al ravTOTî
Àsye- K'jpis 'Irjcrou \picT£ [io-/iOriaov -/)jaiv. 'Ec7C£p7.ç /cal xpoK eî; t-^v

sxx'X'/iciocv àTCspyou, x.al s^oaoÀoyo'j Tto Oîoi Taç âv.'/pTiaç cou àcrrsp

£T:pa;a;, /.xl [j>.£TC£, avÔpfcj-nre, [j/ri opic/i; [7//]'t£ £v tw oùpavoi (r/;Tc

£v Tvi YTi, (j
yàp oiipavoç Opo'voç toO ^£'77;oto'j icrlv, 'h àï yv) 'j-o-nif^'/yf

Ttôv uof^ôiv aÙTOo, à>.)^à iàv pix GOi yév/iTat Trapà tivo; to'j ofAocai,

ECTTS aÙTco* 'A"X7i9£iav liydi y.yj. où ^|/eùf^op-ai. 'M-izk àv^pwv /.al yuvai-

XIII. Kal [iXÉTTS, avOpoj7û£, [;/}) ô^uv6r,ç, oti 6 ^taêoloç STrtçe'pc'.

TYiv ô^u^oXiav, (.'va ô^uvGviç, xxl àxo>.£<îyiç t-/iv (j;uy/i'v gou, t-/iv os

TôpauTTixa 6 Otôç oiooiV/, iva Six .tyiç Trpa''jT"/iTOç xal t-^ç £>.£•/; (/.oguvviç

cwO'?);. Rai [^A£77£, avOpco-£, tov •A.cûCkoi'Kia^ôv tcov -.jj-aTuov |;//i àya-
TiT.G'fiç, [J.'fi8e T'/iv ^"KccyMoLV xoG"^ç, àX).à p-âT^Xov TaTjfiivz cpopEi xal

£ÙT£V^ oià TOV Osov, l'va £X,£Î6£V ivoùcri G£ Ôeoç •/i[;.wv gtoXtiv ^ô^viç,

£V^u[7-a à(pOapGiaç, (fol. 183") cT£<pavov xà}Aouç, <^i,â^yi[7-a (3a(Ji-

)^£iaç, i'va tot£ è'y/i vi (j^uy^V) cou TrappTiGiav 77poç tov Osov "XÉyotjca* K'jpi£

£v ToJ /.oajjco toutw ToJ p.aTaicp T^oXkà. ù(7T£p"/iÔriV i,'va tviv (3aori}^£iav

(jOu àTrolaûto (1) o£CTC0Ta, "/.al tot£ £p£Î o OcGtto'tviç •/;[j,cov XpiGTOç
«pi'XzvGptoTCOi; xal £l£Y][j,(ov" ou aÈv oXtya s^toTCt'aGaç, TcpcoTa •/ÎTOtjxaGX

GOl £yw, à7>Xà S^OpO £!!g£'XO£ tlç TÔv VU[JL(pâ)Va TYiÇ So^V]^ f/,0'J, /.al â-TTO-

T^auGov X 6(p9al»j,ô; où/, £l(^£v, /.al oùç oùx y,/.oi)G£V, /.al ItÙ ;tap(^''av

àvOptoxou où/. àvÉêri OGa '/iToi^aaGa TOïi; otyxTrtoGiv t6 ovoaa y.ou.

XIV. 'Ev 6ySovf/.ovTa yàp èV/i Tïlyipo'jTai ô y^oovo^ toO àvOowTTO'j,


£Î /.al TpUÇW[/.£V Xal 7î7i.0UTC0pt.£V -7T£VT71/,OVTX It"/] /.al £/.aTàv /.al ji.£Tà

TaijTa TL 7rpd/.£'.Tat; Ma/.apioi ol gttouox^ovtsç £77iTuy£Î'v ty;ç âT£}.£'j-

TTiTO'j PaGO;£Îaç, Max.xpioç 6 avOpwTroç £)t£ïvo; 6 Six toO ihiou ttIoutou

luxpoGTiTai T'/iv éauTO'j ^uyviv £/. TV]''; /.oXy.GîWç, luTpoOxai yàp tov
av^pa 6 l'^to; jzkoùzoç, xal uzliv Mx/.àpioç 6 guviojv £7îI tûtco^ov /.al

TOVYiTa, £v 'ÂiAspa Tïovvipa p'jGviTai aÙTCiv ô Kupwç. Dotav 7Îp.£pav -rovyi-

pàv >.£y£i ô xpocp'/iTViç;. ÈoiyiyEiTO [A£v (2) vîjji.t'v -iVEpl Tr^v vîaÉpav ttîç

/.p''G£Oi)ç, tI yàp j^£ip6T£pov /.o^aG£w; ; ovTtoç oùSav. Ti yàp à^uvaT£!

(1) Montfaucon a
édité àTto/àgw y.al àKoXaOaw. C'est deux fois le même mot,
:

car ms. 929, d'après lequel Blontfaucon a donné son édition, porte souvent
le

P pour u, par suite àTtoXâêw àuoXauw. =


(2) Prima manu alSiriyYlcw (sec. m. èSi
:
) yap Ms. —
420 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

tÇ) Bew oaêpouç ypuTO'j xaTsvey/.sTv £7vl Tr,v y^v ïva xîcvtê; tv'Xoutov

â'ycop.ev; xapà tw Oeô iràvra cWarx stGi. (fol. 184'') "Iva 6 -rreV/iç

acpeciç t£)v àu-aoTiùv toO 7r'Xou(7''ou yéTnicui, y,cd à Tvlooctoç toG x£v/i-

To;, Ôxi Tw Osû TTOSTrei Tt[j.vi '/.(x). àoço. £Îç Toùç aïoivaç tùv atcovoiv.

Migne a déjà édité en triple recension quelques homélies d'Eu-


sèbe d'Alexandrie et d'Eusèbe d'Émèse, Pair, gr., t. LXXXVI,
col. 384, s'.ç TOV cià6oXcv y.al s'iv; tov «oyjv ; COl. 509, 7:epl ty;ç Tuapouai'aç

'Iwavvo'j elç ao-qv] la présente publication montre qu'il aurait pu


en faire autant pour l'homélie sur le Dimanche en ajoutant,
comme ediiio altéra et editio tertia, les textes attribués à saint
Jean Chrysostome. et à Léonce (1). Enfin, nous avons apporté notre
contribution à une synthèse des textes ecclésiastiques homé- :

lies, canons, didascalie de J.-C. ou Constitutions des Apôtres,

lettres de J.-C. ou tombées du ciel, qui ont concouru avec les


textes civils lois de Constance, de Théodose, de Constantin,
:

de Valentinien, de Léon, pour imposer le repos dominical et la


cessation, en ce jour-là, des actions en justice comme de tout
spectacle profane (2).
VIII. Édition desfragments syriaques d'Eusèbe d'Émèse.
Tous nos textes nous ont ramené à Eusèbe, dit d'Alexandrie,
comme à la source première. On ne sait au juste ni où, ni quand
il vivait. On a proposé ou combattu son identification avec
Eusèbe d'Émèse qui vécut à Alexandrie et fut même nommé
évêque de cette ville, dignité qu'il n'accepta pas d'ailleurs, d'où
on le transféra à Émèse. Nous avons cherché mais sans suc- —
cès —
à trancher cette questien. Nous voulons du moins faire
connaître les documents nouveaux non encore versés au dé- —
bat — dont nous avons disposé.

(1) Cf. Revue de l'Ofient Chrélien, 1907, Une Didascalie..., p. 245-249.

(2) Les des empereurs se trouvent dans le Corpits juris civilis, cod. 111,
lois

tit. XII, de feriis, par exemple Constantin (en 321) omnes judices, urbanaeque :

plèbes, et cunctarum artium officia venerabili die solis quiescant. L'enipereur


Léon l" surtout, en 460, est complètement d'accord avec nos liomélies pour
prescrire le repos et défendre les actions en justice ou les spectacles : iJies

('estasmajestati altissimae dedicatos nullis volumus voluplalibus occupari, nec


ullis rxactionum vexationibus profanât^... praeconis horrida vox silescal, respi-
rent a controversiis liligantes... Transactiones loquantur... Nihil eodem die sibi
vindicet scena thealralis, aut circense cerlamen... Ces lois sont traduites en grec
dans le livre Vil BotatXixwv.
FRAGMENTS d'eUSÈBE d'ÉMÈSE. 421

Plîiloxène de Maboug, mort vers 523, a ajouté, la fin do


;i,

l'un de SCS traites sur rinnirnation, un recueil de tcinoi,L;-nages


qui renfi^rme vingt-huit cdurtes (Stations d'Eusèbe d'Enièse.
Ce traité, déjà signalé par Assémani (1), n'est pas encore édité;
il est contenu en particulier dans un nis. de Londres, add.
12161, écrit à Édessc au vi" siècle. Nous avons donc toute
chance de trouver là sans altération des textes authentiques de
cet auteur. — Enfin
un ms. de Londres, add. 11665, renferme
un fragment d'Eusèbe d'Émèse « sur le jeûne ». M. E. W. Brooks
a bien voulu nous transcrire ce dernier texte.
Nous n'avons trouvé aucun de ces textes syriaques d'Eusèbe
d'Émèse dans les œuvres grecques éditées sous le nom d'Eusèbe
d'Alexandrie, ni même dans les vingt fragments cités sous le
nom d'Eusèbe dans les Sacra parallela. Nous n'avons donc
aucune raison d'identifier les deux Eusèbe. Nous ne concluons
pas cependant qu'ils sont différents, car Eusèbe d'Émèse, d'a-
près saint Jérôme, innumerabiles confecU libres, et nous con-
cluons seulement que les fragments syriaques appartiennent à
des ouvrages qui ne sont pas conservés en grec.
11 est intéressant de remarquer que les fragments choisis
par le raonophysite Philoxène ont une tournure doctrinale dia-
métralement opposée à celle des deux fragments cités par Théo-
doret, l'ami de Nestorius. Pour Philoxène, Eusèbe d'Émèse rap-
proche les deux natures, divine et humaine, au point de n'en
faire qu'une (2); pour Théodoret, Eusèbe d'Émèse les sépare et
les oppose au point d'en faire deux personnes. Cette facilité avec
laquelle les adversaires pouvaient se servir d'Eusèbe d'Émèse
— personnage d'ailleurs de second ordre, et discuté aussi pour
ses opinions astronomiques — est peut-être cause de la dispa-
rition de ses ouvrages. Aucune faction n'a eu intérêt à les con-
server et à les exploiter.

(1) Bibl. or., II, 28.

(2) Formée de deux sans nu4angc ai confusion, disent les Jacobites.


422 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

A. Fragments conservés par Philoxène (ms. du Brit. Mus.,


add. 12164).

Uv^ou. >rrid «,noao|»

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"^^iAJlJ JJ .JLl/ po*/ V^D JJ/ .)of!^ )l/; o6| QJLiO .o^; 7
FRAGMENTS d'eUSÈBE d'ÉMÈSE. 423

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424 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

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FRAGMENTS u'p:usî:nE d'émèsi:. 425

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• V-io)! V-Sl-û JJ/ .o,ot )o».2S5«.9 ^a_^io )l'poil t-^^o .jLiu'^

)J ^2l«o;j( jl qlI^j >i.9 JJ/ .s2u«Djj/ |._jL_aL-^/ o,oi JoCSi». y/j

.|Ljl.J'^ ^-^/ '^.^.DOI JU-^ .Ot..flÛ.J )V^9 loOl {...CSw^JioO

Joi^ y^^l 00( ^3 OOt jJ^J^JM ^,^1.^/0


426 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

D'Eusèhe cVÈmèse, du discours sur la foi.


1. —Lorsque j'ai regardé, j'ai vu une vision nouvelle Dieu sur la :

terre dans (un) corps. Ne nous privons pas de la paix de Dieu, qui est
venu près de nous comme nous.
2. Du même. — Dieu est venu, et il a apporté aux hommes ce qu'aucun
homme ne pouvait produire.
3. Du même. — Moi, certes, je proclame bienheureux ce sein qui a été
jugé digne de recevoir Dieu.

Du même, du discours sur les nouveaux changements.


4.Qui est venu près de nous? Un serviteur? — Non, mais son maître. —
Ce n'était pas un homme, mais Dieu. Ce n'était pas celui qui a été élevé
chez Pharaon, mais celui qui était près de Dieu et qui était avec son père.
Quelle est cette nouveauté? Sinon que Dieu Emmanuel est avec nous.

5. Du même. — Ce qui est nouveau, c'est que Dieu a été vu sur la terre.
Le soleil n'a pas l'éclat de ce prodige, car le soleil (brille) d'habitude,
tandis que Dieu (est) sur la terre nouvellement.

6. Du même. — Dieu est venu près de nous ;


que l'incrédule observe les
événements et se rende compte où sont les dieux (païens) — ce vrai (Dieu)
les a vaincus — et où sont les temples — celui qui est descendu du ciel
les a détruits.

7. Du même. —
Quel est celui qui est venu? Dieu. Mais tu diras — —
peut-être Nous n'entendons pas cela de Dieu, mais (d'un) homme.
:

Veillons à ce que ses serviteurs ne se relâchent pas quiconque appellera ;

Jésus un homme, nous serons jugés, moi et lui.

8. Du même. — G la nouvelle venue de Dieu près des hommes! la

chose nouvelle, qu'un vivant a été vu dans le schéol.

Du même, du discours qu'il prononça à. Deyroul.


9. — Dieuest descendu du ciel pour ramener les hommes à le con-
naître, pour ne plus adorer les créatures.

10. Du même. —
Puisque le verbe s'était égaré, il convenait que le
Verbe vînt ramener. Un homme ne pouvait le faire, parce qu'ils étaient
le

tous dans l'erreur. Puisque l'homme ne pouvait sortir de cet égarement, il


fallait donc que Dieu vint ramener les égarés à sa connaissance. Il con-

venait que Celui qui n'avait pas été créé descendit chez les créatures.

11. Du même. — Dieu, dans sa miséricorde, devint homme. Celui qui


FRAGMENTS d'eUSÈBE d'ÉMÈSE. 427

l'oublie en sera puni. Je n'ai pas la force de crier, comme il le faudrait,

que le riche s'est appauvri pour enrichir les pauvres. Il est Dieu de Dieu
et tous les Michée dit Dieu vient du midi (1),
prophètes en témoi<i,ncnt : :

et Isaïe dit Son nom ckI Dicn fort (2), et David dit Le Scifjnfur a dit à,
: :

mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite (3), et un autre prophète a proclamé


sa divinité.

Dn nn'mc. — Sa bonté n'a pu le faire descendre de force du ciel, il


12.

est donc descendu par sa volonté, et il a été enfanté d'une vierge par sa
grâce. Ce n'est pas parce qu'elle était vierge qu'elle a enfanté Dieu, mais
parce que Dieu, maître de la vierge, a accomjjli, dans sa miséricordieuse
providence, tout ce qui était écrit.

lïEusè/je d'Emèse, du discours sur tes nouveaux changetnents.


13. — Cette conduite est admirable, or, personne ne s'étonnerait s'il n'y
avait là qu'un homme; où donc est la cause d'admiration, si ce n'est dans
ce qu'on avu nouvellement et que tous ne croient pas : que Dieu est
devenu homme.

14. Du même. — Au lieu de Dieu, c'est notre verbe qui s'est fait homme
pour toi. Ne rougissons pas de sa petitesse et ne renions pas sa passion.

15. Du même. — Ce Seigneur donc, lorsqu'il a voulu — dans sa miséri-


corde envers les hommes — demeurer avec ses serviteurs, a été appelé :

« Notre Dieu avec nous i> afin que, nous aussi, nous nous unissions à lui.

16. Du même. — Ne te scandalisepas lorsque tu entends dire que Dieu


était homme. Car c'est pour que ce riche s'est appauvri, afin que tu ne
toi

demeures pas dans ta pauvreté. Considère donc les prodiges qu'il a opérés
dans le corps, ils t'apprendront qu'il est Dieu.

17. D'Eusèbe d'Emêse. —


La Vierge nouvellement enfanta et Dieu nou-
vellement apparut dans un corps. Le chef des saints (Gabriel) annonça à
la Vierge « Celui qui nous est caché vient près de toi
: celui que nous ;

adorons en haut demeure en toi. »

18. Du même. —
Plût à Dieu que le Juif eût su que c'était Dieu qui était

parmi eux, qui était né d'une vierge.

19. —
D'Eusèbe d'Émèse.
Pour l'homme le vivant est mort.

20. Du même. — Mais tu diras peut-être que Dieu a été crucifié. Tu —


as mieux parlé que moi. Si tu ajoutes que par la croix il a vaincu et que
par la souffrance il l'a emporté, tu auras dit le terme de sa puissance.

(1) Habac, ni, 3.

(2) Is., IX, 5.

(.3) Ps. cix, 1.


428 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

01. Du même. — Pensons à deux clioses : qui était-il? et qu*a-t-il souf-

fert? — Le juge a été jugé; le vivant a été livré à la mort, celui qui nour-
rit l'univers a eu faim, et la source a eu soif, celui qui était couvert de
gloire s'est trouvé avili, le roi a comparu devant le gouverneur et Dieu a
été condamné par les hommes.

22. Du mcme. — Dieu est mort pour nous, et nous, nous ne mourons
pas pour nous-mêmes.

23. Du mem.e, de lu hénédirliou donl il hénil le jirupir. — Ils se levèrent


et louèrent le Vivant qui mourut pour leur propre mort, pour les ramener
de la mort à la demeure de vie.

Du même, du discours sur la divinité du fils.

24. — Jésus, au commencement, existait avant le temps des mondes et


avant la constitution des créatures, de sorte que toutes les choses qui doi-
vent ensuite s'accomplir dans leurs effets témoignent de sa prévoyance et

de sa divinité.

25. Du même. — Etienne a témoigné, devant toute la foule des Juifs, que
Celui qu'ils avaient crucifié était Dieu.

26. Du même. —
Considère et vois si ces choses proviennent d'un homme.
Si tu veux ne rien omettre, ces choses t'obligeront à confesser que Celui
qui a été crucifié est Dieu.

27. Du même. — Ce n'était pas un homme comme le peignent les Juifs

et les païens aux dépens de leur vie; mais il est apparu comme un homme,
et il a fait des prodiges parce qu'il était Dieu. Mais tu diras peut-être : S'il

est Dieu, comment a-t-il été crucifié? Sache que s'il n'avait pas été cru-
cifié, il n'aurait pas été évident qu'il avait pris un corps; il souffrit donc
comme homme et le même ressuscita les morts en tant que Dieu.

28.D'Eusèbe d'Émêse.
Dieu fut crucifié, ô hommes, je n'ai pas la force de le crier autant qu'il
le faudrait.

B. Fragment sur
jeûne (ms. du Brit. Mus., acld. 14665).
le

D'après le catalogue, ce fragment irait du fol. 16' au fol. 18. En


réalité, d'après la copie que M. E. W. Brooks nous a adressée,

le fragment s'airèle au bas du fol. IQ\ 11 doit ensuite manquer


quelques pages dans le manuscrit et la suite appartient à une

homélie métrique sur le démon et la fm du monde.

(sic) j
o^ fs ff\ .o>| wrr> . -sme^^es | <»r> r> nr>
>Ot^ v£Oa^.aflOo/»
KRA'iMENTS D'F.I'f^KnE d'ÉMKSE. 429

.)-ja-^ oft i\ ^^/ JJ; :)joi jJ 1.^ I n »\ mo )Lia> m i\ |t<\t

:jLjL.âLjL^ jia-fiDJL:^) y^l J-JL^^-cû .. ) ..^fJl»)..2o .^oo(

ji.-3)L-^9 jl»SL.JL^ ).ja.JLfiûJ W.OI .. ..oC^ ^'^K.bN^o s^o(cLJS.2^o

^^o(o :|.^KjL^fO

D'Eusèbe évèque (1) d'Emése. Sur le jeune.


[Tandis que] l'esprit se complaît surtout dans le jeune et iTabstinence)

de vin, nous est ordonné de prier pour ne pas entrer en tentation ^2);
il

c'est en notre pouvoir si nous prions avec foi. L'homme qui s'attache aux
voluptés s'offre de lui-même k la tentation malgré son jeûne, et c'est en
vain qu'il dit dans sa prière ne nous laisse pas succomber à la lenlation (3).
:

Car toutes les tentations redoutables arrivent par l'entremise de la volupté,


c'est par son moyen que Satan enchaîne l'âme comme par un lien et attire
ses serviteurs. [On tombe d'abord] dans les tentations mauvaises du man-
ij,er et du boire, puis...

IX. Analyse du manuscrit d'Eusèbe d'Alexandrie, Paris,


suppl. grec 407.
De nombreux manuscrits renferment quelques homélies
crEusèbe, mais un seul, semble-t-il, renferme toute la collection
(avec une lacune) et la Vie de cet auteur. Ce manuscrit de
Crypta Ferrata, utilisé par Turrianus, a été édité pour la pre-
mière fois par Mai. L'éditeur a modifié Tordre des homélies; on
lit, par exemple : Sermonum tituli, ad paulo commodiorem
ordinem i^evocati, Migne, Patr. yr., LXXXVI, col. 291. Les fo-
liosdu manuscrit, lorsqu'ils sont donnés, nous permettent de
nous faire une idée des interversions à la colonne 297 on trouve :

cité le folio 344 et plus loin, à la colonne 305, le folio 343 plus ;

loin encore, colonne 332, on trouve cité le fol. 346 du manuscrit ;

(1) Lo syriaque réprto : " et Eusèbe évèque ».

(•>) Cr. Malth., x.wi, 11.

(3) Matth., VI, 13.


430 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

à la colonne 364, le folio 245 (?) et à la colonne 365, le folio 329.


Or, nous avons à Paris une copie de Sirmond qui semble pres-
que identique à ce manuscrit (1) unique de Crypta Ferrata
(maintenant au Vatican). Il nous semble donc intéressant de
donner l'ordre et les particularités de cette copie de Sirmond
(suppl. grec 407).
1" fol. 176. Eùasoiou iTziaY-b-KOU 'AAeçavopeta;; r.Bpl v/)c7T£iaç.

Uocpayzvo\iévr,q etc. Migne, Pat7\ gr., LXXXVI, col. 313-324. Le


mot 'AiJ.r^v manque à la fin.
2° fol. ISO"". TOJ ocj-ou Tispi àyi.T.r,q. Mix -wv -/nj.spoJv etc. Mignc,
col. 324-327.
3° fol. 182. kb'{oq TOu àyiou Ejo-soicu elq t-J^v Xpicrroj -^é^^TCiGiv.

napaY£vo[;,£V(^ç xrjç TOU XpiaTOu ^swi^asojç. Miglie, Col. 365-372.


4" fol. 185. TOU aùxoj "spl xo^j ^o(.--î^[xx-oq. 'K-Ktio-q '/Os.;, etC
Migne, col. 372-380.
5° fol. 188'^. xo!j aliXcX) AÔycç elq Tr,v èvavôpd'i'^ir^atv tiO /.upiou, xaî
Tivojv svcxsv ivavGpw-'i^asojç (sic). Tcu y.axEAOsTv etc. Migne, Col.

328-332.
Dans le manuscrit, la fin du fol. 190'' et le folio 191 sont en
blanc; on trouve ensuite le titre suivant, dont les quatre pre-
miers mots sont écrits en capitales :

6° fol. 192. "kô^foq Toîi àyiou zlxjtSiou 7:tp\ oxi uù ziq b lpyb\).t')oq r{

STspov TCpocooxwixsv. 'Ettsio-}; ar^yxxtlq (sic) 7:ap' I[j.oO 'kb^o'i etC.

Migne, col. 380-384.


7° fol. 194. ToD aÙTOu Tïspt TYjç xapouauç 'Itoâvvcu s'.;; -bv ao-/)v y.al

c'.ç TGV èyvovTwv (sic). 'Avay^-ativ èffxtv r.yCkvt Gr,[j.spcv etc. Signalé
par Migne, col. 384, et édité plus loin, comme editio altéra,
col. 509-526.
8° fol. 197. TOU «ùtou et; T-r,v îîpcoojiav toîj 'loùca. Asupo AofTîov

u'.£ [jLou etc. Signalé par Migne, col. 384, et édité plus loin,
comme editio altéra, col. 525-536.
9" fol. 199. TOU aÙTOu elq tov oia6oXov y.cà slq tov gcoyjv. 'A/.o'jaav;

SiaêcXoç TOU xupi'ou sItîÔvto.;" •TispiXu'âoç Io-tiv etc. Migne, Col. 384-
406.
dans Migne, mais les pre-
C'est la première rédaction éditée
mières lignes manquent. Ces lignes ont cependant leur impor-

(I) Les interversions, marque caractéristique du ms. de Mai', semblent les

mêmes dans le ms. de Paris. Voir quelques différences sous 9°, 10°, 16°, 18°.
SUR EUSÈBK d'aLEXANDRIE. 431

tance, car elles rattachent ce discours au précédent : « Il est


juste, nos amis, que nous revenions au discours d'hier et que
nous voyions ce que le diable et l'enfer ont persuadé aux Jiufs
contre le Seigneur. » 11 s'ensuit que dans le nis. suppl. grec
407, le présent discours n'est pas rattaché au précédent; d'ail-
leurs on peut voir même dans Migne, col. 530, que l'editio al-
téra (celle de noti"e manuscrit) ne rattache pas le précédent
discours à celui-ci; la note de Migne, col. 535 ex fme Imjus t

orationis et initio sequentis constat duas hos homitias, nempe


de Proditione Judae et de Diabolo et Orco emyidein sibi vin-
dicare auctorem vel etiam iinam ac eamdem efficere liomi-
liam, manque donc de point d'appui.
10° fol. 203. xoO àyiou £Ù(T£6(ou dq -ib TCaOoç tou y.upiou yai G-WTVjpoç

i?j[ji.a)v, ûxt èv f[
'riii.épo: k^zèXrfi-q o 'Aooc\). toU TrapaoEfaou, sv xoiaÙTY;

sîa^Xôev ô Xy](7Ty;ç sîç tov Tiapaostacv. — Incipit : tyjç yOà; br^ZGyéijediq


(j*/îlJ.£pov ^oùXo\J.(x.t. zb xp^oç TCA"/îpwaai, àyaTûv^Tol, /.ai 'Ç'Qzm izoq r^vr/.aJTa

TGV £acppaYiaa[;.£v... La ûïi du précédent discours et le commence-


ment de celui-ci se rattachent l'un à l'autre. Ce discours De
passione Doînini ma.nque da.n& le ms. qu'a utilisé Mai. Il note,
en effet, Migne, col. 293, xx Titulus hic legitur in codice :

olim Cryptae Ferrataenunc Vat., sed sermo abest. Cf. Migne,


col. 405, note 1 et 421, xvii. 11 est publié parmi les œuvres de
S.Jean Chrysostome, P«^r. gr., t. LXll, col. 721. Notre ma-
nuscrit 407 le contient tout entier.
11° fol. 206^^. TCO ajTOÛ elç TY)v àvaaxaaiv xou xupiou. — 'AvÉa-rr;

TYj TpiVf] '/jijiipa... Mentionné par Migne, col. 421, sous le n° xvnr,

et publié Patr. gr., t. LXl,. col. 733, parmi les œuvres de S. Jean
Chrysostome.
12° fol. 208^. Tou aÙTOu elq rrjv àvàX'/jdnv -oîj xuptou (1). — 'E::ct-

âï) X<^plTl TOU XUptCU •/JIJ.WV TOV Xo^OV TGV TUSpî TOU TïaôOUi; TOU 7.Up''0U

STCOrfjO-ijJ.EÔa y.aTa tov y.aipbv Mentionné


t^ç ^loùc-qq •}]\)Apaq, ôfj.oi'wç...

par Migne, col. 421, sous le n° xix, et publié Pati\ g)'., t. LXIV,
col. 45, parmi les œuvres de S. Jean Chrysostome.
13° fol. 21P. XÔYOç zlq ty;v csuTcpav T.apouGiocv. M£::« ty;v ^va- —
Xy](J;iv tou xuptou elq toÙç oùpavoùç xai twv [xscÔ'^tcov àTSVtÇôvTwv £'.ç tov

oùpavov... Mentionné par Migne, col. 424, sous le n" xx, et publié

(1)Sans doute l'homélie du ms. arménien 110, du xn' siècle, loi. 433-435 :

> Homélie d'Eusèbe d'Alexandrie sur l'Ascension ».


432 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Pair, gr., t. LXI, col. 775, parmi les œuvres de S. Jean Chry-
sostome.
14" fol. 214^. -î:j ajTiJ -îpl TÎov à7:c9v/;j*/.;vt(.)v s'.ç txç za^i'caç. —
Mt5 -wv •rjjj.cpwv etc. Migne, col. 349-353.
15° fol. 216^'. -.zXi xj-.CJ \zyzz il: ty;v y.jpiy.v.r^v. — M?Tà -rY;v xr.ô-

AU7tv -:•?;; ây.y.X-^s^a; etc. Migne, col. 113-421. Il y a ici de nom-


breuses variantes, car Migne ne reproduit pas manuscrit de le

Crypta Ferrata, mais une ancienne édition faite sur d'autres


manuscrits.
16° TOJ ajToO oirt'rr,Giç stî z.'.arfkHv/ t:ç ty;v âyioc'f -iX'.v. — Asjpc

•r,[j.zpMV -oj 6av:zT:u ajTCJ r.pzv^i'iMj'/^iv Tr;v (opav, 7.5:: zp^y.aXs^ây.svcç


Tbv 'AAÉ;3cvop:v /.s'yei aj-w etc C'est donc la fm de la prétendue
biographie d'Eusèbe qui nous est donnée ici sous forme de dis-
cours. La fin de la biographie précède le commencement et il en
était de même dans le ms. de Mai, car la fin (Migne, col. 305)
était au folio 343, et le commencement (Migne, col. 297) était
au folio 3 14. Nous trouvons ici dans notre manuscrit le texte de

Migne, col. 305 à 309. Avant zl-zi z\ \'z-[z\, Sirmond (fol. 221')
a mis un trait horizontal sur toute la page (1).
17'' fol. 222". Après la fin de la biographie -h-,zz ;jv àvr,-- :-.

'/J/.'^tzv-tz (sic) TY] ^iz'kLù Ta'jTT, oz\y.:!'x-t Tbv r.x-ipx -/.y), -z'i 'j'.bv -at-I iz

«Ytov 7:vcij[J.a z\q -zb: auovaç twv ai(i')Vojv. 'Ay/i^v (Migne, COl. 309), on
trouve aussitôt : z[j.0J.7. t-jizziz'j è-uy.i-ou àAsHavsps^aç. — Féycvsv
y.rqp -i: Twv EJîEoiov wv ïvvwjj.îv ~\r,Gizv àXsçavspE^aç -f,: [j.s'^^x'/.zr.z-

Aswç etc. C'est le commencement de la prétendue biographie


d'Eusèbe qui se trouve dans Migne, col. 297-301.
18" fol. 225. Ai^cç ::£p'. -f,: ï-'.T/.z-f,: toj [xay.apîcu zjizziz'j y.a:

-foç ïzéz-pz'lz Tbv AXÉçavspiv. — [j.ay.âpi;c Ejas6icç Cî^â[j,£v:r ty;v

yâptv etc. Migne, col. 301-305. Ce discours se termine par -i^ àvi-
r.TJzi:; les deux lignes qui suivent dans Migne ïHz-j: à 'A-r/jv ne
se trouvent pas dans notre manuscrit, mais on trouve aussi-
tôt :

19" fol. 226''. TCJ ajTiJ Ttep' vî:;j,£Viaç y.aî jaSoâTwv v.xl zzpl -z'j \J.r,

'fjAaTTîiv oiù'/xç zp'fûiyf. — Ma twv r;;j.spcov etc. Migne, COl. 353-


357.
Sirmond n'a pas continué à transcrire et se borne, au fol. 228,

(l) Au lieu de Moaoêiov, on trouve ici la variante Mo aoûVov.


SUR RUSKBK d'ALRXAXDRIK. 4o'.\

à donner le titre et Tincipit de trois autres discours. Nous trans-


crivons telle quelle cette fin :

20-22. ToD aj-oj Trpb;; îj'/apiaiîîv tw Oew tov «ppojT'rj'JvTa y.x'; îî;

TGV 'I(o6.

'/pôvou 'TîoXXou StsXOûVTo; £T:a'J0-aTO ô àXi^x'/opzq.

Tou auTOl; Tïspt tou ïy^ovcoq y^ipv/ [j.s-aoojvai -(f !'•''! -'/^''"^ -'•^f'- "îp-

TtpsaôuTÉpwv.
ô (yiXâv6pw::cç (70)T-r;p -rii^wv o'./.Ts(po)v to '(ivoq v^j-wv.

Mta Twv -/jij.spojv [J-rr,[J.T, àyûov STrsTSAst-co Iv t-^ -kÔasi.

Ces trois discours se trouvent dans Migiie, col. 332-311, col.

341-349, col. 357-365.


X. — Nous terminerons par une remarque sur cette collection.
Elle n'est pas primitive, vu l'interversion dans la soi-disant Vie
d'Eusèbe. La phrase « tels sont les discours du bienheureux
Eusèbe, tels ses mérites et ses combats » ne se trouve plus à la
fin des discours à Alexandre; elle précède même le récit des
premières années de l'épiscopat d'Eusèbe. Puisque cette col-
et
lection provient à coup sûr d'un remaniement dans l'ordre des
discours, il est probable que le texte lui-même a aussi été re-
manié. De plus, les instructions d'Eusèbe à Alexandre ne sont
pas des homélies ni des discours proprement dits, par exemple :

sur le jeûne (Migne, col. 313) « A l'approche de la sainte :

quarantaine des jeûnes, Alexandre, s'avançant, dit au bienheu-


reux évêque Eusèbe Je t'en prie, vénéré Père, dis-moi com-
:

ment on doit jeûner durant ces jours des jeûnes et comment,


après cette époque, on doit jeûner encore le mercredi et le ven-
dredi? Alors le saint commença à dire... » Plus loin on trouve
(Migne, col. 332) « Un long temps se passa, sans qu'Alexandre
:

trouvât occasion d'interroger. Un jour, sortant de Téglise, il vit,

dans une cabane, un homme couché sur un lit; il alla le voir et


demanda aux assistants Depuis combien de temps est-il ma-
:

lade? Ils lui répondirent Trois ans et six mois, et il s'éloigna


:

en gémissant sur lui. Allant près du bienheureux évèque


Eusèbe, il lui dit... » Ces prétendues homélies ne sont donc que
la suite de la narration de Jean le notaire, Alexandre est d'ail-
leurs déjà converti puisqu'il « sort de l'église ».

Il semble donc qu'après la rédaction des Didascalies et des


Constitutions apostoliques et avant les luttes christologiques, un
ORIENT cnnÉTiEN. 28
434 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

auteur, qui se donne le nom de Jean le notaire, a voulu compo-


ser lui aussi une didascalie qu'il n'a pas mise sous le nom d'un
apôtre, mais d'un héros imaginaire auquel il a donné le nom,
célèbre alors, d'Eusèbe.
Il a commencé par présenter son héros, en faire un ascète, le
mettre en rapport avec saint Cyrille et en faire un évêque d'A-
lexandrie. Il a ensuite introduit Alexandre et a supposé sa con-
version (première partie de la biographie). Sous prétexte d'ins-
truire Alexandre, il était facile dès lors d'imaginer une didascalie
comprenant les discours I, II, IV, VI, VII, VIII, X, XVI, XXII
qui sont tous adressés à Alexandre, peut-être aussi III, V, IX,
XI. Après quoi, Jean le notaire raconte la mort d'Eusèbe et
l'intronisation d'Alexandre (fin de la biographie, Migne, col.
305) : « Il me reste, mes frères, à vous raconter sa mort. Sept
jours avant sa mort, il en connut l'heure; il appela Alexandre et
lui dit... » enfin il signe son œuvre : « Tels sont les discours du
bienheureux Eusèbe, tels ses mérites et ses combats. Il dit tout

cela en réponse aux interrogations d'Alexandre. Ce qu'il a dit à


l'église, nous l'avons déjà écrit en un livre. Son ouvrage sur la
discipline monastique est à part (1)... »

Cet écrit fut utilisé par l'auteur des Sacra parallela. Plus
tard, un autre auteur intervertit, remania et introduisit d'au-
tres discours qui, cette fois, portaient de manière authentique
le nom d'Eusèbe. C'est cette dernière collection qui est conser-
vée dans ms. édité par Mai et dans celui qu'a transcrit Sir-
le

mond. donc inutile de chercher où et quand a vécu Eu-


Il est
sèbe d'Alexandrie. La didascalie d'Eusèbe, rédigée par Jean
le nolaire, comme toutes les didascalies et les Constitutions
des apôtres, est un ouvrage pseudépigraphique.
XI. Un nouveau ms. de la chaîne contra Severianos.
Les principaux passages de cette chaîne ont été édités par
(1) Un ouvrage, d'origine syriaque, conservé sous le titre de « livre des de-
grés », est attribué « au moine Eusèbe ». Son édition commencée depuis
est
longtemps dans la Patrologie syriaque de M^'" Graffin. C'est un ouvrage très
ancien (iv° siècle?) formé de trente discours 1° : sur la distinction des comman-
dements; —
2° sur ceux qui cherchent la sainteté; 3° sur la dévotion corpo- —
relle et spirituelle, —
29. Sur la macération de la chair. 30. Sur les comman- —
dements de la foi et de la charité que doivent suivre les solitaires. Si Jean le —
notaire a cet ouvrage et cet auteur en vue, il aurait chance d'être lui-même sy-
rien et on lui pardonnerait plus facilement d'avoir si mal connu l'histoire de
l'église d'Alexandrie,
SUR KUSKBî-: d'af^exandrip:. -IS.j

Maï, ScripL ml. nova co//., VII, I, l-V.i, d'après deux mss. du
Vatican (1). M. Kruinbaclier, Bi/z. LitL, 209, 290, iiieiitiorine

encore locod. Mise. IS l d'Oxford et rappelle que Labbe a utilisé


à Paris un manuscrit de cet ouva-age qui appartenait au col-
lège de Clennont. Ce ms. est encore cité (chap. et 30) dans la
préface à saint Jean Daniascène, Mignc, Pair, gr., 91, col. 207,
280, 307, 3()8. D'après M. Schcrmann, le ms. de Clermont se-
rait le cod. mise. 181 d'Oxford Cependant nous
(xiii^ siècle) (2).

avons encore à Paris un manuscrit de cette chaîne dogmatique.


11 n'est pas mentionné par M. Scliermann et nous croyons utile

de le faire connaître avant que M. F. Diekamp n'ait édité cet


ouvrage (cf. Bfjz. Zciischr., 1905, p. 320).
C'est le ms. grec 1111 de Paris ainsi décrit au catalogue :

Coiiectanea ex seriptoribus eeclesiasticis, cap. III-XXXV,


initio et fine mutila, XV siècle, Papier. 227 fol. {Colbert4-656)
Petit. En 35 et 30 sont conservés en entier
réalité, les chapitres
et le chapitre 37 commence au fol. 225''. Le 'C, qui est assez
mal fait, ressemble à s et a donc fait lire 35 au lieu de 37. L'en-
cre a souvent rongé le papier, le ms. est couvert de nom-
breuses taches. Les citations des chapitres 9 et 30, Migne, col.
207, 280 et 308, se retrouvent fol. 24 et 221. Le ms. n'a pas de
marque d'origine en deliors de Colbert 4050 et Regius 2903
(55); s'il provient de Clermont, il aurait donc appartenu à la
première collection de Clermont achetée par de Thou puis par
Colbert; par contre ms. du collège de Clermont doit être
si le

identifié avec celui d'Oxford,comme l'écrit M. Schermann, le


nôtre aurait quelque chance d'en être une copie.

F. Nau.

(1) 1102 du xv« siècle et 2200 du ix^ siècle.

(2) Cf. Die Geschichte lier dogmaLischcn FlorUeglen vom ]'-VIlI lahrh. dans
Texle uml Unlers., t. XXVUl.'
MÉLANGES

TRADUCTION

DE LA CHRONIQUE SYRIAQUE ANONYME, éditée pah

Sa Béatitude M^'' RAHMANI


Patriarche des Syriens catholiques

{Suite) (1)

[P.76] Règne de Constantin l'ancien (Constance Ciilore) et


de Constmitin. [P. 78] Constantin trouve que Rome est trop

éloignée du centre de son empire, il va d'abord à Nicomédie,


[p. 79] il établit enfin son séjour à Bijzance. Voici ce qu'on
raconte de la première construction de cette ville (2) :

Au temps où beaucoup de rois se partageaient l'empire romain, oîi il y


avait un roi pour l'Italie, un autre pour la Macédoine, un autre pour la
Thrace, etc., le roi Byzos possédait l'Asie et la Thrace et cherchait un
endroit favorable pour y construire sa capitale. Il choisit un architecte
habile et l'envoya chercher un endroit qui répondît à son dessein. L'ar-
chitecte, après avoir reçu cet ordre, parcourut beaucoup de pays et, cer-
tain jour, fatigué et découragé, il se laissa tomber à terre pour se reposer.
Il prit la règle, le cordeau et l'équerre qu'il avait avec lui, il les enroula

dans une couverture rouge, les plaça près de lui et s'endormit. Un aigle
affamé, qui volait en l'air et cherchait de la nourriture, vit cette couver-
ture rouge et crut que c'était de la chair; [p. 80] il descendit pour
l'enlever et, par la force de son élan, ses serres s'engagèrent dans la cou-
verture et dans le cordeau. L'homme s'éveilla au bruit des ailes de l'aigle
et se dressa plein de frayeur; l'aigle lui-même, effrayé par l'homme,

(1)Voy. 1907, 429; 1908, 90, 3-21.


Michel le Syrien, t. II, fasc. 3, p. 48G. Notre auteur et Michel transcri-
(2) Cf.
Yont une mcme source qui est sans doute l'histoire de Denys de Tellmahré.
MKLANGES, 137

emporta couverture avec ce qui s'y trouvait et s'éleva en l'air, mais,


la

à cause du poids, il ne put aller loin; après avoir volé un peu, il


descendit en certain endroit, délivra ses pattes de cette couverture, la
laissa et s'en alla. L'homme voyant l'endroit où l'aigle se posait, alla cher-
cher sa couverture et ce qu'elh; contenait. Tout on y allant, il examina ce
lieu et trouva qu'il convenait très bien à l'habitation des hommes et
répondait au désir du veux dire par l'espace (|ui s'y trouvait et par
roi, je
ses fortifications naturelles, car il était entouré de trois côtés par la mer
et il abondait en sources d'eau douce et agréable. Il alla donc trouver
le roi et lui raconta ce qui venait d'arriver. Celui-ci, plein d'admiration,
comprit que ce prodige venait de Dieu; il alla voir l'endroit et y fit bâtir
une ville longue de dix milles et large d'une mer à Tautre. Tandis qu'ils la
construisaient, le roi Dyzos mourut avant la fin; Antios, son frère, lui
succéda, la termina et l'orna; aussi, du nom des deux, elle fut appelée
Byzanlia.

De la construction et de l' accroissemenl {de Byzance) au temps de Constantin.

Lorsque l'empire romain fut unifié et que Constantin en fut le chef,


Byzance lui agréa plus que toutes les autres villes de son empire. Il
ordonna de l'agrandir de deux autres milles au couchant, de sorte qu'elle
eut douze milles (de long). Il la bâtit et l'orna de toute manière. Cette
ville est bâtie sur sept montagnes; entre deux montagnes il fit un port
pour navires et y construisit deux fortes tours entre lesquelles on
les
tendait une solide chaîne de fer qui empêchait les navires de sortir du
port sans la permission du gouverneur de la ville et les navires ennemis
d'y entrer. La mer entoure (la ville) de trois côtés; du côté de l'ouest
c'est la terre ferme, un grand mur y fut construit à ime certaine distance
d'une mer à l'autre et il est appelé Maqrontinos, c'est-à-dire « le long

mur » (maqronteichos). Entre ce mur et la ville est comprise une grande


plaine.La largeur de la mer dans la ville du côté du levant et
(incluse)
du nord est de quatre milles profondeur est insondable. Quand la
et sa
ville fut achevée, [p. 81] il y amena beaucoup d'hommes et la fit l'égale
de la grande Rome il l'appela Conslantinople., c'est-à-dire « ville de
;

Constantin d. II porta une loi pour l'appeler seconde Rome.


Il bâtit encore une ville grande et illustre au nom de sa mère et il la

nomma Hèlénopolis, car à ce moment elle aussi porta la couronne et


battit monnaie. 11 bâtit encore, dans la ville (de Byzance), de belles églises,
l'une l'église à.'Ariânâ (1) et l'autre au nom des apôtres. On éleva aussi
dans la ville des colonnes et des talismans nombreux dont un grand
nombre subsiste jusqu'aujourd'hui.
Au temps de ce roi, bien des choses furent régularisées dans l'Eglise :

c'était l'habitude des Chrétiens, depuis le temps des apôtres jusqu'alors,


de ne se faire baptiser qu'à trente ans, et de ne fêter la Pàque, la Nativité

(1) Irène, Socrale, Uiî<l., I, 46.


438 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

et l'Hosanna (les Rameaux?) qu'une fois tous les trente ans; de com-

mencer jeune des quarante jours à partir du baptême et, lorsqu'il se


le

terminait, d'offrir le (saint) sacrifice sans (jour de) fête; ils comptaient la
Pàque pour la faire avec les Juifs, et ils fêtaient la résurrection le jour où
elle tombait, soit un dimanche, soit dans la semaine.

82] Conversion de Tlnde intérieure (Socrate, I, 19);


[P.

[p. 83] conversion des Ibères (Socrate, I, -20); [p. 84] mœurs
des habitants de Balbek (Socrate, I, 18). Sainte Hélène dé-
couvre le bois de la vraie croix (1) (Socrate, I, 17). [P. 86J Ma-
ladie de l'empereur et testament qu'il fit (Socrate, I, 39).

[P. 87J Des enfants de l'empereur, de son baptême et de sa mort.


Destruction de la ville de Nicomédie.

... A cette époque, il y eut un grand tremblement de terre, la ville de .Vj-

comédie fut alors ravagée et entièrement détruite. Mar Ephrem, le docteur,


qui demeurait alors à Nisibe près du bienheureux Jacques, évêque de
cette ville, et qui accompagna son maître au concile de Nicée, composa
beaucoup d'iiymnes sur Nicomédie. A l'âge de soixante-cinq ans l'empe-
reur tomba malade, la maladie s'aggrava il fut baptisé à Nicodémie et il;

prit ses trois fils pour héritiers... il avait régné trente et un ans et huit

mois... Sapor assiégea Nisibe en vain et ravagea toute la Mésopotamie


l'an 649 des Grecs (338).

[P.88] Résumé du règne des fils de Constantin et de Julien.


P. 90] Lettre de Julien à saint Basile et réponse de celui-
ci; cf. Palrol. grecque, t. XXXII, col. 311-348.
[P. 92-95] L'auteur déclare qu'il a seulement résumé l'his-

toire de Julien et qu'il va revenir sur ce sujet d'après le

chapitre r'' du Après ce chapitre i" qu'il tra-


livre III de Socrate.
duit, il passe au chapitre xxi, ajoute que Julien permit le pil-
lage à ses soldats, mais que l'un de ses généraux nommé
Jovien sauva les églises et les temples ainsi que la ville
d'Édesse. Ce rôle de Jovien est développé dans le roman sy-
riaque édité par M. Hoffmann {Juiianos der Abtruennige
Leyde, 1880). L'auteur termine par :

[P. 96] On ne sut pas qui avait frappé Julien. Certains dirent qu'il le

(1) On lit en marge La croix fut trouvée la 19'^ année du régne de Constan-
: ..

tin, 295 ans après l'Ascension de Notre-Seigneur (en l'année 636 des Grecs, ou
325).
MÉLANGES. 439

fut par les l'erses qui ctai(Mit venus près des Romains et étaient avec eux,
d'autres dirent que l'un des Romains qui étaient avec lui le fmppa et c'est
ce qui l'ut répété le plus, mais on ne connut pas la vérité de l'affaire.
C'est ainsi ([u'il mourut et son corps fut emporté et cntern' à Tarse de
Cilicie (I).

Règne de Jovien.

Après la mort de Julien, Jovien, général de son armée, fut proclamé


empereur. Par son habileté et sa sagesse il apaisa les Perses et emmena
les troupes romaines hors de la Perse; il donna Nisibe aux Perses pour
avoir la paix durant un temps fixé. Quand il voulut révéler qu'il était chré-
tien, il refusa l'empire en disant Je ne puis gouverner un peuple païen,
:

puisque je suis chrétien, et tous s'écrièrent ensemble Quiconque n'ad- :

hère pas au christianisme mourra. Ainsi il régna, le christianisme se ré-


pandit de nouveau et le paganisme disparut. Il régna durant une année
et, sans arriver à la ville impériale, il mourut en route.

Règne de Valentinien, de ses frères cl de son fils.

Lorsque Jovien mourut à Nicée de Bilhynie, les Romains proclamèrent


[p. 97] empereur Valentinien, issu de Phénicie, de la ville de Qibâlôn,
homme courageux, parce que Jovien n'avait pas d'enfants. Depuis que
Constantin avait transporté le siège de l'empire dans la ville nouvelle
qu'il avait bâtie, c'est-à-dire à Byzance, tous les empereurs qui régnèrent
depuis lors dans la ville impériale, s'ils n'avaient pas un frère ou un
proche, s'associaient qui ils voulaient et l'un régnait à Rome, sur les Es-
pagneset tout l'Occident, tandis que l'autre, de Constantinople, gouvernait
l'Orient, comme nous le raconterons avec l'aide de Dieu qui (nous) for-'
tifie. Valentinien s'associa donc son frère Valens qui avait été baptisé par

les ariens, par l'évèque Eudoxc, et qui infligea beaucoup de maux aux
orthodoxes nous avons raconté ce qui le concerne dans le livre des his-
;

toires ecclésiastiques (second volume de cette histoire). Il nomma Auguste


César son fils Gratien et envoya son frère Valens en Orient.
Ce Valentinien avait deux femmes (Socr., IV, 31), l'une nommée Sàvé-
rianà (Sévéra), mère de Gratien, et l'autre Justine, mère de Valentinien.
Aussi il fit une loi qui permettait à (tout) chrétien d'avoir deux femmes.
Plus tard, à l'âge de 84 ans (Socr., 54), il alla combattre les Sarmates, et
comme, dans cette guerre, il s'inquiéta et s'angoissa, ses nerfs se contrac-
tèrent et ses veines s'ouvrirent, il perdit beaucoup de sang et mourut

après avoir régné ans (Socr., 13). A sa mort, son fils Gratien n'était pas
11

là et son frère Valens demeurait à Antioche ; les troupes proclamèrent


donc empereur son jeune fils Valentinien, âgé de quatre ans, parce que
sa mère Justine était présente.

1. Cf. Socrate, III, -26.


440 REVUE DE l'orient CÏIRÉTIEN.

On avait prédit à Valens qu'un liomme dont le nom commençait par


thêta régnerait (Socr., IV, 19) aussi il mort beaucoup
avait fait mettre à
d'hommes dont le nom commençait par th.- Ce Valens, bien que chrétien,
fit endurer aux chrétiens beaucoup plus de maux que ne l'avait fait Julien

le païen, par des persécutions, des meurtres et des confiscations, lorsqu'ils


ne partageaient pas l'hérésie arienne. Enfin il alla combattre les barbares
et leur livra bataille; il fut vaincu, dans une ferme.
s'enfuit et entra
Comme les barbares le poursuivaient et entouraient la ferme, il entra
dans un tas de paille et se cacha dans la paille. Les barbares ne le trou-
vant pas mirent le feu à toute la ferme, il mourut dans la fumée et eut
une mauvaise fin, tandis que Gratien combattait contre les Goths. Valens
mourut après quatorze ans (de règne).
Gratien régna donc sur tout l'empire avec son frère d'une autre mère,
Valentinien le jeune. Après la mort de Valens, [p. 98] Gratien s'associa
Thcodose, Ibère d'Espagne, et lorsque Gratien eut été tué dans un complot,
régnèrent seulement Valentinien le jeune et Théodose l'Ibère.

A cette époque, ily eut un tremblement de terre à Alexandrie ; la mer


fut agitée et les navires passant par-dessus le mur allèrent tomber dans
les maisons de la ville; la mer abandonna aussi sa place habituelle et se
relira, les navires restèrent échoués. Le peuple alla piller les richesses
des navires, mais la mer revint et les engloutit. Les matelots des navires
échoués se réjouirent lorsque la mer revint.

Règne de Théodose en 689 (378). L'auteur ne rapporte que


la révolte d'Eugène et d'Arbogast (Socr., V, 25) et la réforme
des deux abus qui s'étaient introduits à Rome (Socr., V, 18).
99] Théodose vécut 60 ans, en régna 16 et laissa l'em-
[P.
pire à ses fils ArcacUus et Honorius. Vertus de ce dernier
(Socr., VII, 22). [P. 100] Destruction du temple de Jupiter à
Apamée du temps de l'évéque Marcellus, comme dans Théo-
doret, Hist., V, 21.

Mort de l'empereur Arcadius.

L'empereur Arcadius était entré dans le temple d.'Acace pour y prier,


et une grande multitude s'était réunie pour voir l'empereur. Lorsqu'il
fut sorti ainsi que le peuple, le temple tomba soudain et l'on vit ce pro-
dige par la prière de l'empereur. Arcadius mourut à l'âge de 31 ans après
avoir régné durant 13 ans. 11 laissa son jeune fils Théodose âgé de 8 ans,
petit et incapable de gouverner, tandis qu'Honorius était à Rome. Aussi
l'empereur fit un testament, le remit à Maroutha, évêque de Maiferqàt,
et l'envoya près dCIsderjerd, roi des Perses, pour qu'il fût tuteur (curator)
de son fils Théodose. Arrivé en Perse, Maroutlia y opéra beaucoup de
prodiges et y instruisit beaucoup de gens. Le roi l'aima beaucoup et il
chassa un démon de sa fille. Lorsque le roi Isdegerd eut reçu le testa-
MKL.ANfIRS. 44 \

meut, envoya à Théodoso un pédagogue nommé Atticus et des ser-


il

viteurs avec lui il écrivit encore aux


; Romains une lettre dans laquelle
il disait Arcadius autocrator est mort et m'a chargé de régler ses aflaires.
:

Si donc vous causez du tort à son fils Thdodoftf, qui est élevé près de son
oncle IlonoriuA, p. [102] ou à sa sœur Pulchérie, sachez que je vous ferai
la guerre sans trêve. Ainsi les Romains jouirent d'une paix profonde et le
christianisme progressa chez les Perses, grâce à Maroutha, évèque de
Malferqât.

Légation de Maroutha chez les Perses, comme Socratr; VII, 8.


[P. 103] Embûches tendues par les juifs aux chrétiens dans
la ville d'Alexandrie au temps de Cyrille, comme Socrate, VII,
13. [P.104J Révolte des moines à Alexandrie, comme Socrate,
VII, 14. [P. 105J Mort d'Honorius. Jean est vaincu et tué par
Ardabour, Valentinien (III) est nommé César. Sous Théodose
le jeune, Cyrus renouvela le mur de Rome, les sept enfants

d'Éphèse ressuscitèrent, S. Barsumas vint à la ville impériale,


le concile des deux cents évoques (Éphèse) fut réuni contre
Nestorius. Abhal rassembla toutes les soi-disant reliques que
l'on vénérait et leur fit subir l'épreuve du feu. Celles qui
n'étaient pas authentiques furent brûlées; l'empereur fit élever
un grand temple pour recevoir les autres, Abhaï fut attaché
à ce temple et, après la mort de l'empereur, il se rendit sur le
haut cours de l'Euphrate, au pays de Samosate (I).

[P. 106] Des temples, des églises et des monastères qui furent cons-
truits à Édesse.
... On le temple illustre de Thomas l'apôtre du côté ouest-
bâtit d'abord
sud de la ville. On
y plara le saint corps de Thomas l'apôtre, à ren-
trée du portique nord de l'église, à l'ouest du portique. On bâtit un —
grand temple aux douze saints apôtres du côté oriental de la ville il n'y ;

en a pas au monde qui soit aussi beau ni avec d'aussi belles divisions. On
bâtit aussi un temple remarquable sous le nom du saint martyr Se)'gis à
la porte orientale de la ville, sur le modèle de celui des apôtres. Ces deux

temples furent construits par Ibas, évèque d'Édesse, celui qui tomba dans
l'hérésie de Nestorius, c'est-à-dire des deux natures. Tannée 746 (43j de J.-
C), au temps de l'évéque Ibas qui succéda à Rabboula (2). On bâtit aussi —
le temple illustre et remarquable de Mar Jean-Baptiste du côté occi-

dental de la ville il avait de superbes colonnes de marbre rouge il fut


; ;

(1) La Vie d'Abhaï a été éditée par le R. P. Bedjan, Acla martyrum et sanc-
torum, t. Le présent incident y figure, p. 507-601.
VI, Paris, 1896.
(2) Phrase embarrassée et sans doute ine.xacto. Ibas succéda à Rabboula pré-
cisément l'an 435.
442 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

bâti par Nouna, évêque d'Édesse. —


En 722 (411 de J.-C), un temple fut
bâti à Mar Etienne, au milieu de la ville, par Rabboulas, évèque avant Ibas ;

c'était auparavant la synagogue des Juifs. —


On bâtit aussi un temple à
Mar Sergis, du côté oriental de la ville, un peu au sud du temple des apô-
tres, sur le modèle du grand temple de Thomas. — On bâtit aussi deux
temples à l'illustre Mar Théodore, l'un dans la forteresse supérieure de la
ville, l'autre au dehors, dans la montagne, du côté de l'occident sur le

chemin de Saroug. —
Un temple illustre fut encore bâti à Remath-Douqé
(la hauteur des veilleurs) sous le nom des saints martyrs et on y ajouta
un monastère pour les moines. —
On bâtit encore un autre temple à ces
saints martyrs Gouria, Schamona et Habib sur la porte au nord de la
ville. —
[P. 107] On bâtit encore un temple à l'illustre Mar Cyriaqae, au

nord-est (1) de celui des Confesseurs. —


On bâtit encore un temple à xMar
Jacques dans le village voisin d'Édesse, nommé Karmousch, sous le nom
de Mar Jacques qui fut martyr au temps de Julien. On bâtit aussi des
temples remarquables aux saints Cosme et Damien, l'un à Mar Cosme du
côté sud au dehors, dans la plaine, et on y mit son corps, l'autre à Mar Da-
mien en haut sur le sommet de la colline qui est près de la ville et on y
plaça son corps. On bâtit encore sur la montagne même des monastères
illustres et des couvents nombreux, parmi lesquels le monastère de la
Mère de Dieu, le monastère des Orientaux au pied de la montagne, deux
monastères à sainte Barbe et le monastère de Qoubé, au pied de la mon-
tagne, au sud du temple de Mar Cosme, le monastère de Mar /eau le Théo-
logien sur le sommet de la colline au bout de la montagne et le monas- ;

tère d'ÈÇéopa, c'est-à-dire le monastère du haut de la montagne et du supé-


rieur, parce que è^éôpa (est) pour les supérieurs. Un temple «remarquable
fut bâti à Mar Jacques de Nafschotô (des tombeaux?) à l'intérieur, entre
les montagnes (2), à l'endroit où était bâti un grand autel des pa'iens qui

subsiste jusqu'aujourd'hui dans le monastère même. (On bâtit) un temple


à la Mère de Dieu dans la montagne, au sud du monastère de Mar Jacques.
En 624 (313 de J.-C), du temps de Constantin, l'évêque Qôrà (Cânà?) jeta
les fondements de la grande Église, l'évêque Schabrouth (Sa'ad?) la ter-
mina, et l'évêque Aitallaha qui était au concile des 318 (de Nicée) la con-
sacra.

Sur Aîgôsôfià (3).

Parlons encore du temple grand et illustre qui fut bâti dans la ville.
L'évêque Aitallaha, qui était évêque d'Édesse au temps du victorieux

(1) Litt. : <• à l'Est et Nord ».


(2) A une heure et demie de marche de la ville, au sud. Cf. Pognon, Inscrip-
tions sémitiques..., p. 103.
(3)peut se demander si l'auteur ne transporte pas à Édesse l'église « Sainte-
On
Sophie de Gonstanlinople, cf. Evagrius, IV, 35, car jusqu'ici nous ne connais-
»

sons pas d'égUse de ce nom à Édesse.


MKLAXGES. 143

Constantin, ot qni fut l'un dos 1518 {(Wèques de' Nicée), commença a lo
construir(î. Personne ne peut raconter (dignement) ses splendeurs et ses
remarquables constructions, il faisait l'admiration des visiteurs, il était
recouvert en dedans d'or, de cristal et de marbre blanc; beaucoup de rois
contribuèrent à sa construction. On bâtit encore au milieu de la ville une
paire d'églises remarquables, l'une sous le vocable de la Croix, puis, lors:
qu'on apporta à Édesse le chef vénéré du martyr Mar T/irodore et qu'on
l'eut placé dans ce temple, il fut appelé du nom du martyr jusqu'aujour-
d'hui; l'autre temple en face de celui-ci au sud (fut placé) sous le vocable
de la Mère de Dieu. Un autre temple fut bâti sous le vocable de la Mère
de Dieu (1) au nord du temple de Mar Etienne. Un autre temple fut bâti
dans l'angle de la ville sous le vocable de l'illustre martyr Mar Georges,
ainsi que [p. 208] beaucoup de temples et de monastères qui furent bâtis
au dedans et au dehors et dont les noms ne sont pas connus. Un autre
temple fut bâti du côté sud de la ville sous le vocable de l'ange Michel.
Sur le nombre de ceux qui furent baptisés dans le monastère d'IÇé^oa,
nous avons trouvé écrit dans les livres que douze mille maçons qui tail-
laient les pierres de la montagne pour (sa) construction furent baptisés en
un jour, la fête de la Nativité, dans le monastère qui était sur la montagne
d'Édesse. A cette époque il y avait neuf mille moines dans la montagne.

Mort de Théodose. En 763 (452) règne Marcien; il épouse


« la moniale Pulehérie, sœur de Théodose, elle quitte l'habit et

devient sa femme ». Diosœre condamne Eutychès; il est con-


damné lui-même à Chalcédoine.
Léon l'ancien choisit Zenon pour général; il règne dix-huitans.
[P. IIOJ L'auteur résume « le règne de Léon comme l'a écrit
Jean d'Asie ». Règne de Zenon. Révolte de Basilisque et des Sa-
maritains. [P. 111] Règne d'Anastase. Péroz, rui des Perses,
est tué par les Huns. Qavad lui succéda. Siège et prise d'Amid
d'après le pseudo-Zacharie. Land, Anecdota s>jriaca,\U, 204-
209. Le résumé que fait notre auteur est indépendant du résumé
fait par Michel le 113] Construction de Dara;
Syrien. [P.
révolte des Arméniens; destruction de Nicopolis, mort d'Anas-
tase.
(^l suivre.)
F. Nau.

(1) Cf. Michel le Syrien, II, 3, p. 476.


BIBLIOGRAPHIE

Université Saint-Joseph, Beyrout. — Mélanges, de la Faculté orientale,


t. III, fasc. I, 1008, 4^ 480 pages.

Ce volume, comme les précédents, est formé de sujets très variés :

1° Kitâb an-Na'am, texte lexicographique arabe, édité et annoté par le


P. M. Bouyges. Ce traité occupe les pages 328-408 d'un manuscrit de Damas
de 440 pages intitulé Kitâb al-Garàtim; son intérêt provient surtout de ce
qu'il reproduit le texte du Mousan, écrit par Abou 'Oubayd, vers la fin du
second siècle de l'hégire, pour expliquer les mots étranges rencontrés dans
les ouvrages profanes. Le Mousan fut étudié par cœur, copié, altéré par
les lexicographes et le Kitâb an-Na'am peut servir à rétablir son texte. —
2° Etudes sur le régime du calife Omaigade Mo'âwia I*"" (3'= série la :

jeunesse du calife Yazid l'^H, par le P. H. Lammens. Nous ne savons


pas si les Arabes des premiers siècles de l'hégire ont jamais distingué l'his-
toire de la poésie du moins c'est la plupart du temps chez des poètes que
;

le R. P. Lammens va glaner les traits originaux et intéressants qu'il con-

signe dans ses études d'histoire. Nous trouvons ici des monographies sur
la tribu de Kalb au vu*" siècle, l'enfance, l'éducation, la jeunesse, le pèle-

rinage à la Mecque et les campagnes de Yazid, fils de Mo'àwiah. A noter


que saint Jean Damascène semble avoir été le commensal de Yazid et ne
s'être fait moine que sur le tard (p. 260). L'érudition du P. Lammens qui
s'étend aux manuscrits aussi bien qu'aux éditions lui permet de renou-
veler, du moins d'éclairer, bien des points obscurs du \"' siècle de l'hégire.
— 3'^ gouverneur de Phénicie, par le P. L. Jalabert. Son nom
Eliiis Statutus,
se trouve sur deux bornes destinées à limiter des propriétés. Son titre
n'est pas certain, mais le P. Jalabert croit probable qu'il a été gouverneur
de Phénicie vers 293 à 305. —
4^ Notes de lexicographie hébraïque, par le
P. Paul Jonon. L'auteur explique un certain nombre de mots et de passages
de l'Ancien Testament. En dernier lieu (p. 336), il propose de traduire
I Rois, xvni, 21, par « jusqu'à quand boiterez-vous à deux béquilles » au
:

lieu de « jusqu'à côtés », ou « sur vos deux


quand boiterez-vous des deux
jarrets ». — 5" Kehrverspsalmen,
von Hermann Wiesmann (psaumes 105-
107, 80, 42-43, 99). — 0° Ausfliige
in der Arabia Petraea, von D"- B. Moritz.
L'auteur, à l'occasion d'une excursion de vacances faite à l'aide du chemin
de fer Damas-la Mecque, nous communique ses remarques sur Ma 'an,
Pétra, Greje, Qasr 'amra. De nombreuses photographies et reproductions
BIBLIOGRAPHIE. 445

d'inscriptions complètent sa description. — 7" Inacriptions d'Asie Mineure


(Pont, Cappadoce, Ciiicie), par le P. G. de Jerphanion et le P. Jalabcrt.
Recueil de soixante-treize inscriptions, grecques et latines, surtout d'ins-
criptions funéraires, inédites.
F. Nau.

XPVCOCTOIMKA. Sludi e ricerche intorno a S. Giovanni Crisoslomo, pub-


blicati a cura del Comitato per il XV'= Centenario délia sua morte, Rome,
librairie Pustet, 1908, fasc. I, 8", 242 pages.

L'ouvrage comprendra trois fascicules dont le prix de .souscrij)tion, qui

est de 8 marks, sera porté à 10 marks après l'apparition. Le jjremier fas-


cicule, seul paru jusqu'ici, comprend :

1. La figura morale di S. Giov. Cris., par Prof. Nicola Turchi, p. 1.



2. Aulorship of the Dialogus De Vita Chrysostomi, par Rigbt Hev. Dom E.

C. Butler. Abbot of Downside, p. 35. — 3. S. Giov. Cris., anello provi-


denziale Ira Costanlinopoli e Borna, par P. Ambr. Amelli, Priore di Monte-
cassino, p. 47. — vita sociale, par Prof. Sabatini,
4. 5. Giov. Cris, e la

p. 61. — 5. Dcr Chrysostomus und Lihanios, par Dr. Ant.


heilige Joli.
Naegele, p. 81. —
6. S. Giov. Cris, nella letteralura armena, par Giov.-

AucHER, Mekitarista, p. 143. —


7. 5. Jean Chrys. dam la liuèratnre arabe,

par P. CoNST. Bâcha. B. S., p. 173. — 8. 5. Giov. Cris, nella letteralura


russa, par P. Aur. Palmieri, 0. S. A., p. 189. — 9. 5. Jean Chrys. dans la
littérature géorgienne, par P. Michel Tamarati, p. 213. 10. Chryso- —
stomus-Fragmente zum Bûche Job und in der Briefsammlung des heil.
Nilus, par Prof. Seb. HAmACHER, an der Universitât Salzburg, p. -'17. —
11. Der ursprûngliche Umfang des Kommenlars des heil Joli. Chrys. zu
den Psalmen, par P. Chrvs. Baur, 0. S. B., p. 235.

Dom Butler compare cà l'histoire sur la vie de


lausiaque le dialogue
saint Jean Chrysostome il relève des locutions communes, des fautes com-
;

munes dans deux citations de l'Écriture, des mentions communes de divers


personnages. Il en conclut que les deux ouvrages peuvent être d'un même
auteur bien que plusieurs critiques aient été d'un avis contraire.
Les Pères Aucher, Bâcha, Palmieri et Tamarati énumèrent les œuvres
de saint Jean Chrysostome conservées et souvent éditées dans diverses litté-
ratures. Le même travail pourrait être fait pour toutes les langues, car
l'admiration des linguistes a encombré toutes les littératures des œuvres
de cet infatigable orateur. M. l'abbé Leroy nous a édité et traduit un dis-
cours arabe jusqu'alors inédit. Nous ne savons pas si beaucoup de lecteurs
ont eu la curiosité de le lire, mais nous croyons prudent de ne pas leur
présenter beaucoup d'œuvres, même inédites, de cet auteur. On l'admire
beaucoup plus qu'on ne le lit. Nous avons à Paris le commentaire sur l'é-
pître aux Ephésiens, dans un manuscrit syriaque de l'an 015 provenant du
célèbre monastère de la Mère de Dieu, à Scété, mais, en dépit de la valeur
du manuscrit, l'édition de cette traduction ne tentera de longtemps aucun
éditeur, sûr qu'il serait de ne pas trouver vingt lecteurs. La littérature
446 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

éthiopienne renferme aussi un bon nombre de traductions d'œuvres de


saint Jean Chrysostome, sans doute d'après Tarabe.
M. Haidacher qui une spécialité de l'étude des homélies du
s'est fait

saint docteur, a réuni un nombre de notes intéressantes et d'iden-


certain
tifications nouvelles (1). Les fragments In beatum Job (Migne, P. G., LXIV,
505-656) sont déjà tirés d'autres écrits de saint Jean Chrysostome et n'au-
raient donc pas eu besoin d'être édités à nouveau. M. Haidacher indique
leur place et signale un bon nombre de textes de saint Jean Chrysostome
dans les lettres de saint Nil (Migne, P. G., t. LXXIX).
Enfin, d'après M. Baur, saint Jean Chrysostome n'a pas commenté tous
les Psaumes et il est probable que nous possédons tout ce qu'il a écrit sur
ce sujet.
F. Nau.

I. Ephraem II Rahmani, patriarche des Syriens catholiques, Hypomnemata


Domini noslri seii Acta Pitati^ antiqua versio syiiaca, in-4°, iv + 38
+ 24 pages; Harrassowitz, Leipzig, 1908 (Studia syriaca, fasc. 2).

Me'' RahmanL publie cette édition d'après deux manuscrits syriaques,


copiés sur un même exemplaire, qui renferment aussi les lettres de Pilate
à Hérode et deHérode à Pilate, déjà éditées par Wright d'après un manus-
crit de Les Acta Pilati ont toute chance^ vu leur importance,
l'an 587.
d'avoir été traduits avant ces deux lettres. La version syriaque nous re-
présente donc un texte grec au moins du sixième siècle et très vraisem-
blablement antérieur. Ce texte grec était de la famille de la recension A,
éditée par Tischendorf, mais beaucoup plus concis. L'auteur de la recen-
sion A semble s'être proposé de mettre davantage en relief la méchanceté
des Juifs et de disculper Pilate (p. 7-8); les textes parallèles aux Évangiles
ne se retrouvent pas textuellement la plupart du temps dans nos textes ou
versions. II est d'ailleurs vraisemblable que l'auteur de cette narration ou
de ce discours sur la Passion, devait en user assez librement à l'égard des
évangiles canoniques il serait donc très hasardé de vouloir reconstituer
;

l'évangéliaire dont il se servait (2).


M*^' Rahmani ajoute, d'après ses manuscrits, les lettres de Pilate à Hérode

et de Hérode à Pilate mentionnées plus haut, ainsi que de courtes lettres


de Théodore à Pilate, de Longin à César Auguste et d'Ursinius :

Pilate écrit à Hérode qu'après la résurrection, sa femme Procla et ensuite


lui-même avec elle ont été voir le Christ en Galilée et l'ont adoré.
Hérode à son tour raconte à Pilate que la glace s'est ouverte sous les

(1) M. Haidaclier est mort durant ces vacances. L'article dont nous rendons compte est
donc l'une de ses dernières productions.
(2) En particulier il combine volontiers ensemble les récits des évangélistes; lorsqu'on

trouve ailleurs un court fragment présentant une combinaison analogue, il ne faut donc
pas en conclure, dit iVU" Halimani, que l'on possède un texte antérieur aux Évangiles, car
on peut n'avoir qu'un fragment d'Acta Pilati ou même d'un apocryphe de moindre valeur
encore.
niBLIOORAPIIIE. 4il

pieds de sa tille Hérodiado et l'a dans plusieurs


décapitée, (je fait fi^'^urn

rédactions de la Vie de saint Jf;an-l5a])tiste, Or ic ni ah;, t. IV, fasc. r>,


cf. J'atrol.

p. 523-524. —
Lysani.'is, iils d'Hérode, est à l'agonie et llérode lui-même

est hydropique. L'auteur de cette lettre a confondu Hérodc, fils d'Antipater,


avec Hérode, frère de Philippe (p. 30, 37).
Théodore écrit à Pilate demandaient à bon droit de cru-
: « Si les Juifs

cifier Jésus, pourquoi permis et si ce n'était pas à bon


ne l'as-tu pas ;

droit, pourquoi l'as-tu laissé faire? » Pilate répond « A cause de ses pro :

diges, je ne voulais pas le crucifier, mais parce qu'il se disait roi je l'ai
crucifié. » Voici ce qui concerne Longin: « Longin, dans la section III de
son ouvrage sur les guerres des Romains et sur la victoire qu'ils ont rem-
portée sur Antioche de Syrie, écrivit à César Auguste Les Perses sont :

venus de l'Orient et ont été en Judée pour offrir de l'encens à un enfant


né dans ce pays. Qui est-il et de qui est-il fils, nous ne le savons pas. C'est
à toi à t'en informer. » Auguste répond « Hérode, qui est gouverneur en :

ce pays, nous écrira et nous informera à ce sujet, à savoir à qui on a en :

voyé des présents et dans quel but. »


Enfin Ursinius dit dans le traité V « Nous avons été saisis de trouble :

et de crainte à l'arrivée de l'éclipsé et du tremblement de terre, et lorsque


nous avons appris les horribles calamités survenues dans les villes des
Juifs. Aujourd'hui nous apprenons par la lettre de Pilate à Tibère César
que tout cela est arrivé à la mort de cet homme que les Juifs ont crucifié.
— César, à cette nouvelle, déposa Pilate parce qu'il avait obéi aux Juifs;
il menaça aussi ceux qui avaient crucifié Notre-Seigneur. » Ces dernières

lettres sont citées aussi par Michel le Syrien (1). Le texte grec des deux
premières a été édité par M. R. James, d'après le n° 929 de Paris où elles
figurent aussi à la fin des Acta Pilali. Cf. M. R. James, Apocrypha Anec-
dota, II, Cambridge, 1897 (Texts and studies, V), p. \liv-l et 66-75,

F. Nau.

E. Nestlé, Septuagintastudien, III, IV, V, in 4*^, 36, 24, 24 pages (Additions


au programme du séminaire de Maulbronn, n°^ 618, 668, 733), Stuttgart,
1899, 1903, 1907.

Ces études sont consacrées à la prière de Manassé et au livre de Tobie


(III) à la prière de Manassé, au livre de Tobie, au livre de Baruch, à la
;

lettre de Jérémie, au second livre des Macchabées (IV); et à la critique de

(1) Les compositeurs de M»'" Rahmani ont fait de grands progrés. Mentionnons deux
fautes causées par le caractère employé qui prête à confusion entre le yod et le noun.
p. 5, dern. ligne, ^..>i.v>.ov:>o pour ^jl^uj^ouo et p. 8, ligne 8, u<iia^( pour pa:»a,^/.
Les ribouis et les points en interligne font aussi mauvais effet; page 5, L (i-7, on peut lire

peut-être )jji;a3, );jj,^ équivalent à pio-^ )-^jl,^ • lionimes prudents ou illustres ». Les
fautes de composition sont beaucoup plus nombreuses dans le latin. — M. Paul Maas a
signalé [Byzanl. Zeitschrifl, 1908, p. ffii) qu'un bon nombre d'hymnes De viryinitale
avaient été éditées par M-' Laniy (t. IV), mais l'édiliou deMi-' Kalimani {Supra. 1907, p. tOS)
est plus correcte et plus complète.
448 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

la grande édition des Septante qui paraît maintenant à Cambridge (V).

Nous les mentionnons surtout pour signaler aux futurs éditeurs d'apocry-
phes la belle étude de M. Nestlé sur la prière de Manassé (énumération
des éditions et des manuscrits; remarques sur l'établissement du texte, sa
provenance et son histoire). On y trouve (111, 15) que la version syriaque
a été éditée par Paul de Lagarde avec la Didascalie, (111, 18) que tous les
manuscrits grecs dérivent des Constitutions apostoliques et de la Didasca-
lie. Les précédentes éditions et traductions sont donc fautives puisqu'elles

n'ont pas pris la Didascalie pour base (III, 17).

Nous sommes heureux d'avoir été devancé par M. Nestlé, car cela nous
permet de mettre notre précédente étude sous son patronage et d'espérer
que désormais la prière de Manassé sera regardée, non plus comme un
apocryphe de l'Ancien Testament, mais comme une prière d'origine
chrétienne (1).
F. Nau.

H. Denzinger, Enchiridion symbolorum defmitionum et declaralionum de


rébus fidei et morum, editiodécima, emendata et aucta, quam paravit
Clemens Bannwart, S. J., in-8'^ x\viii-628 pages; Herder, Fribourg-en-
Brisgau, 1908. Broché, 5 M. ; relié, G M.

Cet ouvrage a toujours eu pour but de fournir au tliéologien les docu-


ments principaux pour exposer, prouver et défendre la doctrine catholique :

symboles, professions de foi, décisions des pontifes romains ou des con-


grégations romaines et canons des conciles. La présente édition apporte
encore de nombreuses améliorations aux précédentes. On trouve (p. 532-
580) les principales décisions portées sous le Pontificat si court mais déjà
si fécond de Pie X : sur le caractère historique de la Sainte Ecriture;
mosaïque du Pentateuque, le mariage et les erreurs moder-
l'authenticité
Les matières sont disposées par ordre chronologique, mais un index
nistes.
systématique [p. 581-612] et un index alphabétique des noms et des choses
(p. 613-G2G) permettent de trouver facilement les décisions sur un sujet
quelconque. Les canons des conciles grecs sont donnés dans le texte ori-
ginal avec une traduction latine.
F. Nau.

(1) C'est daiLs le manuscrit grec de Paris, n° 510, fol. 435 v°, que le roi Manassé est
représenté » in tauro a^neo », comme l'écrivait Cotelier (Migne, P. G., I, C49, note 33); voir
H. Omont, Fac-siméle des miniatures des plus anciens manuscrits grecs..., Paris, '190'2,
jilanclieLVII. M. Bordier écrit à tort que Manassé est en prière < devant » un taureau
(Description des peintures..., Paris, 1883, p. 86); car il est bel et bien « dedans » (jusqu'au
milieu du corps), comme l'a dit Cotelier. L'auteur de la peinture infligeait à Manassé le
supplice de l'Iialaris.

Le Directeur-Gérant :

F. Charmetant.

Typographie Firmin-Didot et C". — Paris.


4180 TÇ. 6B5j
4-20-00 321 80 XL I
FOR USE IN LIBRARY ONLY.
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