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Recueil Dalloz 1997, Chroniques p. 330

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" ... J'ai écrit des poèmes près d'une anémone sylvie en cueillant les mots qui pendaient aux
branches... " P. SOUPAULT,c , Gallimard, 1984, p. 65.

par Nathalie Mallet-Poujol

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1 - " L'air, le feu, sont des richesses universelles. Il est toute une vaste famille de ces biens, patrimoine commun
du genre humain, et dont la libéralité de la Providence a fait largesse à chacun de ses membres. Dans cette
grande division d'objets appropriables et d'objets inappropriables, à laquelle des deux classes appartiennent les
productions de l'intelligence, les travaux des sciences, de la littérature et des arts ? ". C'est sur cette vibrante
interrogation qu'Augustin-Charles Renouard interpellait le lecteur, en 1838, dans sac 
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 c c 

(1). Le parcours de ces belles feuilles est impressionnant et le propos si moderne... Il constitue
un avertissement, une leçon d'humilité pour qui prétendrait tenir discours novateur sur ces
brisées... Pourtant, cette question qui s'inscrivait au coeur du débat sur la légitimité d'un droit
d'auteur conçu comme une propriété trouve un écho particulier avec l'information, un des
" combustibles " de ces productions de l'intelligence. Dans une société de communication, où
l'information a une valeur marchande, une tentation récurrente d'appropriation, consciente ou
non, est perceptible (2). Elle est ravivée par les nouvelles technologies de numérisation et de
transmission des données, de la génétique à la télédétection, en passant par les création
multimedia, les cours de la bourse (3) ou les services " pull " et " push " d'Internet...
L'exemple édifiant en fut les méandres de la rédaction de la directive concernant la protection
juridique des bases de données (4), avec la " création " d'un droitc c
 d'interdire
l'extraction déloyale de données, dont les successives conceptions ont fait frémir plus d'un
juriste. Si la version définitive s'est révélée plus consensuelle et raisonnable, elle n'en reste pas
moins confuse (5) et contribue à entretenir l'ambiguïté sur la possible appropriation de
l'information (6).

2 - C'est l'information brute, la représentation de faits ou d'idées, l'image, celle qui nourrit les
banques de données, celle que l'on compile, l'information d'actualité comme la donnée " de
base " qui inspire nos propos (7). C'est l'objet de connaissance, renseignement ou événement,
porté par un ou plusieurs mots et générant une industrie de l'information.

La revendication d'appropriation repose tant sur le besoin proclamé de protection de


l'investissement opéré sur l'information que sur celui de libre contrôle de l'usage qui en est
fait, quand il s'agit de données personnelles. Or ces légitimes aspirations reçoivent une
réponse juridique adéquate tandis que l'appropriation de cette ressource informationnelle
heurte tantôt le principe d'égalité, tantôt le principe de dignité.

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3 - L'on peut partager la nostalgie de J. Ellul à l'égard d'une " information ancienne ", visant à
" mettre en mouvement et à ordonner le groupe " dans les sociétés traditionnelles, opposée à
une profusion d'informations, source de désorganisation, de désinformation voire " vecteur
majeur de la contraception " (8) de la société moderne. Reste que la détention de l'information
est un facteur essentiel de pouvoir d'où la nécessité de veiller à une stricte égalité entre les
hommes. C'est pourquoi il n'est pas inutile d'affirmer à nouveau l'inacceptable appropriation
de l'information tout en soulignant la réalité de son indéfectible usage.

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4 - Nombreuses dispositions de droit public affirment le principe de libre circulation de


l'information mais elles n'affectent pas " directement le statut de l'information dans les
rapports de droit privé " (9), de même que le concept de patrimoine commun de l'humanité
n'est opérationnel qu'en droit international (10). Quant aux réflexions de droit pénal, plus que
sur la propriété, elles ont achoppé sur le caractère incorporel de l'information (11), rendant
difficilement réunis les éléments de soustraction, détention et dépossession d'une chose
matérielle, propres aux incriminations de vol (12) ou de recel (13). Concernée au premier
chef, la propriété intellectuelle a, pour sa part, au nom du droit à l'information, insensiblement
assigné à l'information un statut dec
c  , puis plus ostensiblement avec une des
acceptions du concept de domaine public en droit d'auteur.

1. - Droit à l'information et res communis

5 - Les jurisconsultes ont-ils fait " assaut de niaiserie " à propos des choses pouvant ou non
être appropriées, comme s'exclamait, fort marginalement, Proudhon (14), déplorant le silence
du code civil et la trivialité des maximes juridiques ? Assurément, la récusation de la
propriété, maîtrise juridique majeure sur les choses, peut sembler à contre-courant ! La pensée
révolutionnaire, écrit M. -A. Hermitte (15), " entraînait irrésistiblement l'extension de l'idée de
propriété des biens matériels aux biens immatériels... " et a vu éclore la propriété intellectuelle
contre les privilèges des libraires et imprimeurs. Celle-ci n'en reste pas moins un monopole,
régime d'exception, forme de propriété-fonction sociale dont il faut endiguer l'inflation. Un
premier garde-fou a été de limiter la durée de protection dans le temps, puis " il fallut une
longue confrontation avec les faits pour identifier les catégories de biens ou de valeurs qui
résistaient, par nature, à l'appropriation (16). " L'idée de la non-appropriation de l'information
(en dehors, bien sûr, des " niches " offertes par la propriété littéraire et artistique ou
industrielle) est reçue en droit positif (17), principalement au regard de la " cohérence du droit
de la propriété intellectuelle (18) ", fermement défendue par A. Lucas.

6 - Réfractaire à tout monopole, l'exigence d'un accès de tous à l'information en est


assurément l'autre composante. Le lien avec le libre parcours des idées (19), le " fonds
commun d'idées qui appartient de toute éternité à tout le monde (20) ", quasi-" slogan " du
droit d'auteur, est alors inéluctablement opéré même si la notion d'information n'est pas
réductible à celle d'idée. L'information peut être le support d'une idée comme elle peut n'être
qu'une donnée brute à valeur stratégique (donnée météorologique). Pourtant le principe
d'inappropriation a plus d'évidence qu'avec les idées, pour lesquelles le lien ombilical avec
son émetteur explique plus aisément (à défaut de le justifier) un réflexe d'appropriation (21).
Les ressorts en sont toutefois les mêmes et le principe de " libre parcours " est souvent
" réinvesti " et invoqué à propos de l'information (22). L'impératif d'accès à l'information
conjugue une approche que l'on pourrait qualifier d'humaniste (23) (mâtinée de considérations
de politique culturelle et scientifique, droit à la culture, progrès de la science et de la société,
liberté d'expression et de communication) avec une approche libérale (inspirée par les
impératifs de liberté du commerce et de l'industrie (24) et de la concurrence). L'intérêt de la
collectivité impose la non-monopolisation de l'information et l'on se tourne alors vers le
concept dec
c  , pressenti dès le XIXe siècle à propos des idées (25).

7 - Le droit romain connaît avec lesc


c  les choses qui " par leur nature échappent à
toute appropriation individuelle, mais dont l'usage est à tout le monde, comme l'air, l'eau
courante, la mer et ses rivages. (Inst. 2, 1, § 1) (26) ". Pour E. Mackaay l'information
participe, par excellence de ces biens collectifs, caractérisés par la non-rivalité et la non-
exclusivité et qui peuvent, sinon doivent, être inappropriés. La propriété est l'instrument de
" gestion des ressources rares (27) " dont on confie l'usage à une personne ou un groupe de
personnes. Or il est des biens dont " la consommation par un individu ne diminue pas l'utilité
que peuvent en retirer d'autres individus (28) ", ce qui les rend irréductibles à la notion de
propriété. Le motif de leur abondance (29) est ainsi essentiellement évoqué à l'appui de
l'inappropriation desc
c . F. Zenati l'explique " pour des raisons d'utilité évidentes
(30) ", " leur abondance est telle que les personnes ne recherchent pas leur appropriation ".
L'insoumission à la puissance souveraine de l'homme est également un critère évoqué en
doctrine. Pour A. Boistel " l'on doit regarder comme n'étant absolument pas susceptible de
faire l'objet d'un droit, les choses que l'homme ne peut pas se soumettre (31) ". Auxc
c
  des romains (air, eau, mer), il ajoute les idées abstraites qui dominent l'homme " de
toute la hauteur de l'infini qui est en elles " mais aussi les " simples notions de fait ", car les
" faits sont hors de nous aussi et ne dépendent pas de nous ". Enfin, la logique de progrès
individuel est également invoquée. L'homme " absorbant " naturellement l'information dont il
prend connaissance, " vous ne pouvez pas faire que, connaissant, grâce à vous, peut-être, telle
chose pour vraie, telle autre pour fausse, je n'affirme pas dans mes paroles ou dans mes actes
cette vérité ou cette fausseté (32) "...

8 - Selon le même processus d'infléchissement du corporel vers l'incorporel, c'est avec ce


concept, que l'on peut inscrire juridiquement, la non-appropriation de l'information. La
catégorie est accueillante. La reprenant, l'art. 714 c. civ. dispose qu'il " est des choses qui
n'appartiennent à personne et dont l'usage est commun à tous. Des lois de police règlent la
manière d'en jouir (33) ". La doctrine place habituellement ces choses communes au nombre
des choses hors commerce de l'art. 1128 c. civ. en raison de leur inappropriation (34), aux
côtés de celles exclues du négoce par un " interdit " posé par la société (35). Elle utilise sans
difficulté cette qualification pour l'information (36). Le droit d'auteur s'est particulièrement
" approprié " cette catégorie avec la théorie du domaine public faisant, comme le relève F.
Zenati (37), d'un bien une chose commune.

2. - Droit à l'information et domaine public

9 - " Je n'invente pas les mots. Mais j'invente des objets, des êtres, des événements et mes sens
sont capables de les percevoir "..., explique P. Eluard (38). C'est cette forme originale
perceptible aux sens que le droit d'auteur (39) protège : l'information mise en forme de façon
originale et non l'information " brute ".

Le droit d'auteur a été maintes fois sollicité sur la question du statut de l'information à travers
les contentieux portant sur la reprise de certaines données en littérature ou sur les
compilations. Il a toujours réfuté toute possibilité d'appropriation de l'information (40),
forgeant une jurisprudence particulière sur certains aspects du domaine public en droit
d'auteur, à côté des documents officiels (41) ou des oeuvres " datées ". Ainsi, la Cour d'appel
de Paris (42) rappelle qu'il est " normal qu'un ouvrage même de vulgarisation scientifique
utilise des informations qui, une fois divulguées, sont dans le domaine public et qu'il en tire
les mêmes enseignements que l'ouvrage antécédent, sans encourir le reproche de reproduction
systématique en utilisant le langage propre à la matière traitée ". Elle déboute le demandeur,
tant sur le droit d'auteur (en ce qu'il n'y a pas contrefaçon par reprise d'une formulation propre
à l'auteur) que sur la responsabilité civile, ne relevant pas de faute. De même, dans le litige
opposant P. Griolet à J. Vautrin (à propos de la reprise de matériaux linguistiques et culturels
de la langue et la culture cadjines), elle (43) considère qu'il ne " saurait se prévaloir d'un droit
exclusif sur les éléments du domaine public "... et que " quelles que soient les difficultés
rencontrées pour collecter et transcrire fidèlement les " Mots de Louisiane ", il ne peut
prétendre à aucun droit privatif à leur sujet, ni soutenir que la façon de les orthographier...
porterait la marque de sa personnalité (44) ".

10 - Les litiges en contrefaçon ou en concurrence déloyale portant sur des compilations


d'informations donnent parfois aux juges l'occasion de se prononcer sur le sort des
informations stockées. Ils s'accordent à rappeler que le droit d'auteur " ne s'étend pas à des
éléments d'information qui, une fois publiés, échappent à toute appropriation (45) ". C'est une
position constante depuis l'affairec   dans laquelle la Cour d'appel de Paris a énoncé
que " les noms, les adresses et les divers renseignements dont se compose un annuaire tel que
celui de la société Didot-Bottin sont de notoriété courante et appartiennent, comme le dit le
tribunal, au domaine public (46) ". Sont ainsi considérés du domaine public des adresses de
laboratoires (47), l'indication du nombre de population au début du siècle (48), la composition
d'équipes de football (49), des renseignements administratifs (listes d'établissements publics
(50) ou formalités (51)), etc.

11 - De même, l'information d'actualité, en son aspect le plus dépouillé de nouvelle de presse


ne se coulant pas dans une forme originale, ne donne pas prise au droit d'auteur. Cette
situation est traditionnellement justifiée en doctrine par le fait que " l'information en elle-
même ne peut être monopolisée (52) ". Dès 1861, la Cour de cassation énonce que " les
dépêches télégraphiques portant à la connaissance du public des nouvelles politiques,
scientifiques ou littéraires ne peuvent être considérées comme des oeuvres de l'esprit (53) "...
et que " du moment qu'une nouvelle a été publiée par la voie de la presse, chacun a le droit
d'en faire son profit, de la répéter et de la commenter ". Rappelant que les articles de journaux
ou de revues sont appropriables (54), Huard, au début du siècle, fait exception " pour ceux qui
n'ont d'autre objet que de renseigner le public sur les événements du jour et dont la forme est
absolument banale (55) ".

12 - Il est symptomatique qu'au-delà d'une justification propre au droit d'auteur (absence


d'originalité de la forme) la doctrine éprouve le besoin d'énoncer, d'ailleurs comme un
postulat, le principe d'inappropriation de l'information. Elle circonscrit ainsi les deux
acceptions d'un domaine public échappant au droit d'auteur pour n'avoir pas répondu aux
exigences de création originale ou pour des motifs tenant à la circulation de l'information et
au progrès. L'information, qui n'est jamais assimilée à l'idée dans la théorie du droit d'auteur,
connaît alors un traitement comparable. Et l'on retrouve une justification du domaine public
proche de celle des actes officiels, jugements et arrêts qui, " essentiellement destinés au
service du public, entrent dans le domaine de tous dès le moment où ils sont mis au jour, et
qui ne sont pas susceptibles d'être affectés à un privilège exclusif (56) ".

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13 - La non-appropriation de l'information n'est assurément pas un obstacle à son usage. J. -C.


Galloux ( c  ,c 1994,c
 p. 229 ) rappelle très justement combien l'art. 714 c. civ.,
avec ses " lois de police ", le réglemente. Mais il importe aussi de convaincre de l'idée selon
laquelle l'usage commun n'empêche pas la protection du bien informationnel ! En effet,
l'appropriation est surtout revendiquée comme moyen de protection de l'investissement
consenti autour de la collecte, la structuration et le stockage de l'information ; la
" réservation " exclusive du bien, son monopole d'exploitation, garantissant la maîtrisec
c
 de sa circulation et de sa reproduction. Or la non-appropriation ne signifie pas non-
protection (57). Le droit commun permet non seulement les transactions sur l'information
mais aussi la protection de certaines informations " investies ".

1. - Un usage consacré

14 - Les transactions au coeur desquelles se trouve l'information sont assurément possibles


(cession de fichiers, licences de savoir-faire, interrogation d'une base de données, etc.) même
si,c
c   hors commerce, elle n'en n'est pas juridiquement l'objet. L'information ne
sera pas l'objet de la prestation mais son prétexte (58), ce qui garantira la validité des contrats
(59). L'on songe aux nombreux contrats d'entreprise développés autour des prestations de
transport, de distribution ou de diffusion télématique des informations ainsi qu'aux cessions
de droits d'auteur opérées autour de contrats d'accès à certaines bases de données (60).

Par ailleurs, la pratique a largement expérimenté le droit d'usage induit par l'art. 714 c. civ. ! J.
Huet constatait, en 1982, à propos du logiciel, l'importance des conventions " rédigées en
marge du droit de la vente et de la location " et portant " le nom de concession de droit
d'usage ou de licence d'utilisation (61) ", sans transfert de droit privatif. De même, P. Catala
prônait le recours à des " contrats de fourniture ou d'abonnement susceptibles des modalités
les plus souples quant à leur durée et au contenu des prestations échangées (62) ". En présence
de " biens-informations non protégés par une propriété intellectuelle ", il préconisait au
fournisseur de " moduler par contrat les modalités de la communication qu'il consent " en
l'assortissant de " clauses de sauvegarde " telles que des limitations d'usage ou des
interdictions de divulgation à des tiers de l'objet du contrat (63). Activité florissante, la
diffusion d'informations n'a décidément pas été entravée par le statut de cette " chose " (qui
n'est pas toujours un " bien " !), en dépit de qualifications juridiques délicates...

2. - Un usage protégé
15 - Le secret est la première des protections et M. Vivant rappelle combien, avec le statut du
savoir-faire, le droit a su " affermir une réservation factuelle " quand le détenteur a choisi le
secret pour " s'assurer la maîtrise de l'information (64) ". L'investissement consenti autour de
la matière première information sera également protégé par les mécanismes de responsabilité
civile (65), sanctionnant le pillage des données. Dès 1900, le célèbre contentieux de l'agence
Havas (66) installe les fondements de l'action en concurrence déloyale dans le secteur
informationnel, en l'absence de droit d'auteur sur les dépêches. Tout récemment le Tribunal de
grande instance de Paris a considéré que la reprise " des éléments factuels contenus dans les
articles desc " constituait des actes de concurrence parasitaire, posant que " cette
appropriation systématique, persistante et importante outrepasse la liberté de circulation de
l'information et de la constitution d'un fonds documentaire (67) ". En témoigne également le
nombre de contentieux autour des compilations d'informations (68) d'où il ressort que " les
emprunts systématiques aux informations contenues dans la banque de données, ayant permis
à l'utilisateur de faire l'économie des dépenses engagées pour la collecte des informations,
constituent des actes de concurrence déloyale (69) ". Ainsi l'information, même non
appropriée, mais dont la collecte et le traitement ont un coût, ne peut pas être impunément
réexploitée par des tiers non autorisés. Et la protection s'avère, à cet égard, plus efficace que
celle d'un droit d'auteur sur les compilations qui sanctionne la contrefaçon de tout ou partie de
l'ensemble informationnel mais pas la reproduction de données prises isolément (70). Enfin, le
droit pénal (71) offre une palette contrastée d'incriminations (telles que la violation de secrets
ou les atteintes portées à un système de traitement automatisé de données (72)) permettant de
sanctionner la captation irrégulière d'informations.

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16 - L'individu est, par essence, gisement d'informations. Avec la numérisation des données,
l'information sur la personne non seulement fait l'objet d'un traitement massif mais est
devenue partie intégrante d'un marché. Les dangers guettant l'individu ont motivé le vote de la
loi Informatique et libertés, soucieuse de protéger la personne contre la constitution de
fichiers potentiellement " liberticides ". A ce danger s'ajoute, à présent, celui de la
" marchandisation " de l'information personnelle aux fins de marketing (établissements de
profils de consommateurs ou d'assurés, mailings d'adresses...). Cette exploitation commerciale
conduit certains juristes à préconiser " l'appropriation de l'information personnelle ", concept
permettant à tout citoyen d'être " propriétaire des droits d'exploitation commerciale des
renseignements le concernant (73) ". La démarche est légitime en ce qu'elle a pour objectif
d'assurer un droit de contrôle de la diffusion commerciale de ses données. Elle n'en demeure
pas moins excessivement dangereuse sur le plan des principes. Elle instaure une faculté pour
l'homme de " disposer " de l'information le concernant quand seule la " jouissance " de cette
information est véritablement en jeu. Elle hypothèque le principe de dignité de la personne
(74).

d c c   c

17 - Avec le concept de propriété de l'information personnelle, c'est tout le rapport de


l'homme à lui-même qui se détermine dans une terrible équation appropriation-disposition. Si
cette disposition nous semble inconcevable, c'est tant en raison du lien entre l'information
personnelle et la personne humaine qu'en raison du rapport de droit qui en découle.

1. - Information et personne humaine

18 - Rapportée au partage de l'univers juridique entre choses et personnes, la qualification de


l'information personnelle laisse, plus d'un instant, hésitant. La question a été renouvelée avec
le statut de l'information génétique. L. Cadiet s'en est fort justement fait l'écho, relevant qu'au
regard d'une conception française dominante, les parties du corps humain, participant de la
personne (75), " jouissent de la protection que le droit attache à la personne humaine ". Il en
conclut que " l'information génétique de l'individu, en tant qu'elle est un élément du corps
humain, relèverait donc de la catégorie des personnes (76) ", pour rejeter toutefois l'intérêt de
cette tentative de qualification quand " la simple considération de sa consubstantialité au
corps humain suffit... à donner à l'information génétique un statut cohérent au regard de la
classification des droits (77) ". Il est vrai que le statut du corps humain et surtout de ses
éléments n'a pas fini de susciter la controverse en dépit même de la loi de 1994 (78), car le
législateur ne s'est pas prononcé sur cette classification, affirmant seulement le principe de
non-patrimonialité (79) du corps et de ses éléments (art. 16-1 c. civ.).

19 - Certes, le degré d'assimilation de l'information à la personne, en tant qu'entité corporelle,


est variable selon les données concernées. Avec l'information génétique, la frontière avec la
personne est impalpable... Ce lien n'est pas toujours aussi " essentiel ", il peut être plus
intellectuel et concerne toutes les informations relevant de l'état civil (80) et de la vie privée
ou publique, professionnelle ou ludique des personnes physiques. Toutefois, le détour par
cette qualification est primordial en ce qu'il délimite l'enjeu du débat. Il cristallise les
interrogations les plus pointues sur l'objet du contrat en droit civil et notamment sur le
concept de choses hors commerce, visées à l'art. 1128 c. civ. Or, ces informations
personnelles ne sont pas, selon nous, des choses " dans le commerce " et, ce, en raison d'un
" interdit prononcé par la société " qui les a " retirées du domaine des opérations entre
personnes privées (81) ". Cet interdit provient, pour reprendre l'analyse de J. Carbonnier, du
fait que cette chose a " un caractère sacré et comme religieux ", comme le corps humain (82),
" ou même, par extension ", qu'elle est " intimement liée à la personne ".

20 - L'extra-commercialité interdit de faire de ces informations personnelles l'objet des


conventions, parmi lesquelles les conventions emportant disposition à titre gratuit ou onéreux
(83). Elles sont inaliénables car cela supposerait un rapport de sujet-propriétaire à objet de
propriété que nous récusons. Imaginer des prérogatives de propriétaires sur ses propres
informations est, du point de vue éthique, inconcevable dans la mesure où l'individu ne
dispose pas de lui-même, pas plus qu'il ne vend ses informations. Sa dignité est en cause.
C'est, au demeurant, impossible pour certaines informations relevant de sa propre liberté
individuelle (84) (telles que les opinions philosophiques ou religieuses, les origines raciales
ou les appartenances syndicales) qui lui sont consubstantielles et dont il ne peut se " défaire ".
Ce lien, ce prolongement corporel ou intellectuel de la personne par l'information la
concernant nourrit, en effet, un rapport de droit bien particulier.

2. - Information et droit de la personnalité


21 - Cette interrogation sur la qualification est significative. Loin du droit subjectif de la
personne sur une chose (droit réel) ou à l'égard d'une autre personne (droit personnel) l'on est,
avec l'information personnelle, dans un rapport à sa propre personne, même si le concept de
chose peut être retenu pour nombre de données. Le droit de l'individu sur les informations le
concernant est un droit de la personnalité, c'est-à-dire une prérogative de la personne, droit de
l'homme " dans le plan du droit privé (85) ". L. Cadiet rappelle que " les droits de la
personnalité sont nés de l'impossibilité d'analyser les rapports de la personne avec les attributs
qui lui sont propres en termes de propriété (86) ". Parmi ces attributs de la personne physique,
J. Carbonnier distingue les droits de la personnalité qu'il définit comme des " prérogatives
suffisamment précises dans leur objet pour pouvoir être constituées en droits subjectifs (87) "
telles que le droit à la vie et à l'intégrité physique, le droit au nom, le droit à la propre image et
le droit à l'honneur, par opposition aux libertés individuelles (88), à l'objet moins précis,
" virtualité de droit " selon Josserand. Pour A. Bénabent, " parler de propriété de l'information
traduit surtout le souci d'organiser un régime de protection qui en laisse la maîtrise au sujet
concerné... c'est en réalité l'idée des droits de la personnalité qui assure le régime de
protection des individus (89) "... Droits généraux et absolus, ils sont surtout extrapatrimoniaux
en ce qu'ils " n'ont point en eux-mêmes de valeur pécuniaire ", sont incessibles, insaisissables
et insusceptibles de renonciation.

22 - Le droit de la personne sur ses informations nous semble à élaborer, ou plutôt à


consolider, dans le même esprit que le droit à l'image (forme particulière d'information sur la
personne), construction prétorienne autour du principe selon lequel " toute personne a sur son
image et sur l'utilisation qui en est faite un droit exclusif et peut s'opposer à sa diffusion
(90) ". Ce droit lui permet de s'opposer à la publication de son image par des tiers non
autorisés (91), mais il souffre des tempéraments liés aux activités publiques des personnes et
justifiés en doctrine par la " présomption d'autorisation de reproduire l'image que l'on déduit
du comportement de la personne photographiée (92) " ou par la " satisfaction d'un besoin
légitime du public à être informé par l'image (93) ". Il est un droit-péage, autonome en ce qu'il
n'est point besoin de prouver une faute pour en sanctionner la violation, mais équilibré au
regard du droit à l'information. Il doit rester raisonné et protégé des dérives marchandes.

23 - Le précédent en est la loi du 6 janv. 1978. Si cette loi a toujours été analysée sous l'angle
du droit public (94), elle instaure un rapport de droit privé tout à fait nouveau de l'homme sur
les informations le concernant, énonçant un certain nombre de prérogatives de l'individu à
l'égard du traitement automatisé de ses données (ou parfois des fichiers non automatisés). Le
rappel, à l'article premier de la loi, de la nécessité que l'informatique ne porte atteinte ni à
l'identité humaine, ni aux droits de l'homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou
publiques, participe de cette exaltation des droits de la personnalité. Le lien entre la personne
et ses données nominatives est forgé autour de sa dignité et induit des prérogatives
spécifiques, qui encadrent l'activité informatique sans toutefois l'entraver. Ce chantier ouvert
par l'informatique invite à réfléchir le rapport de droit de l'individu sur son information,
qu'elle qu'en soit l'utilisation et sans empêcher la jouissance commune ou individuelle de cette
information.

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La non-appropriation de l'information personnelle n'exclut pas la possibilité, pour son


détenteur, d'en exploiter et contrôler l'usage par le biais de conventions licites.
1. - L'exploitation de l'usage

24 - Il paraîtrait insolite de nier la possibilité pour l'individu d'exploiter l'usage des


informations le concernant quand on constate l'importance de la pratique contractuelle et
l'empirisme dans la construction d'un tel droit. Cela ne saurait cependant réduire à néant le
droit de la personnalité. Ce débat est vif pour le droit à l'image. Il s'est cristallisé sur sa nature
(95), patrimoniale ou extra-patrimoniale. Pour notre part, accepter une possible exploitation
de l'image ne signifie pas abandonner la théorie personnaliste. L'individu dispose, sur son
image, de certaines prérogatives patrimoniales mais qui ne sauraient remettre en cause la
qualification de droit de la personnalité. Nous souscrivons ainsi à une théorie que l'on pourrait
qualifier de " dualiste-personnaliste ", pour transposer l'analyse de J. Carbonnier (96), à
propos du droit d'auteur ! C'est également le sentiment de F. Rigaux pour qui tous les droits
ont une double composante, économique ou patrimoniale et morale ; la division entre droit
patrimonial et extra-patrimonial indiquant " la note dominante d'un ensemble dualiste (97) ",
et les biens de la personnalité étant " nés sous le signe de leur origine extra-patrimoniale pour
accéder progressivement au marché d'échange généralisé qui caractérise les sociétés
marchandes ".

25 - Le rapport de droit de l'individu sur son image et son information reste un droit de la
personnalité, en dépit même de l'existence d'attributs pécuniaires car ils sont accessoires et ne
reposent pas sur la propriété. L'individu ne dispose pas de son image ou de son information
mais en exploite l'usage par le biais d'autorisations expresses. Il n'y a ni dépossession, ni
disposition. Le droit en jeu est un droit personnel ou droit de créance, rapport de personne à
personne, droit d'exiger de quelqu'un des prestations (98) particulières autour de l'image
(photographie, publication) ou de l'information (99) (collecte de données, analyse, synthèse,
diffusion, etc.) assorties d'ailleurs le plus souvent de restrictions et de conditions d'ordre
" moral " quant à l'utilisation de certaines données. L'objet en est donc certain et légitimé par
la maîtrise de l'information par son détenteur. La cause sera licite si elle n'est pas contraire
aux bonnes moeurs ou à l'ordre public.

26 - Ainsi, la rémunération de l'usage d'une information, la cession de droits sur la divulgation


de souvenirs ou d'événements personnels, peuvent s'effectuer par le biais de conventions
licites quand l'information n'est pas l'objet du contrat mais le prétexte de la prestation. Mais
certaines conventions ne sont pas possibles dès lors que l'on ne peut pas aliéner ce qui relève
de sa personnalité. L'autorisation est limitée à son objet précis (100). Elle ne saurait valoir
renonciation à consentir à d'autres divulgations. A propos du droit à l'image, J. Ravanas
souligne qu'une " telle renonciation serait contraire à l'ordre public ; elle aboutirait à une
aliénation du droit de la personne sur son image, c'est-à-dire à une appropriation, au profit du
bénéficiaire de la publication, d'un droit qui est par essence et qui reste indisponible (101) ".

27 - Par ailleurs, ce droit d'exploitation n'est pas discrétionnaire et peut céder le pas devant
certains impératifs. F. Rigaux le mesurait quand, récusant la qualification de droit subjectif, il
objectait que " la maîtrise du sujet sur les biens de la personnalité a pour mesure l'ampleur de
l'intérêt d'autrui ou les nécessités de l'intérêt général (102) ". C'est ainsi que le droit pour
l'individu de négocier l'exploitation de son image à des fins commerciales, dans une
perspective professionnelle (103), cède le pas devant les nécessités de l'information. De même
que la faculté d'opposition de la personne physique à la collecte et au traitement de données
nominatives n'est possible que pour les traitements du secteur privé et nécessite des raisons
légitimes (104).

28 - Enfin, le caractère marchand du droit ne saurait prospérer quand la destination des


données n'est pas commerciale ou répond à un besoin d'intérêt public (information d'actualité
ou collecte de données par une administration). Il faut consentir à des zones de " gratuité ".
C'est sans nul doute la gageure essentielle pour la pérennité et la crédibilité de ce droit. Cela
oblige, comme le relève Y. Poullet, à " définir de façon évolutive l'équilibre des intérêts en
conflit (105) ". La polémique actuelle sur l'achat de droits audiovisuels sur des biographies de
criminels témoigne des limites des attributs patrimoniaux de tels droits, même si, en l'espèce,
n'est sollicitée ni la nullité des cessions, ni leur gratuité mais l'affectation des recettes aux
victimes... Au demeurant, ce butoir à la liberté de la personne a pour nécessaire corollaire un
droit de contrôler l'usage des données.

2. - Le contrôle de l'usage

29 - La grande caractéristique des conventions d'exploitation d'informations personnelles est


la mention de restrictions dans l'usage des données. Ces clauses protègent la personne contre
les contractants ou contre elle-même et participent de l'approche personnaliste du droit. Au-
delà de ces montages contractuels, divers textes mettent en place des mécanismes de contrôlec
c

de l'usage des informations personnelles et la thèse du droit de la personnalité est
confortée par leur analyse. En effet, ils ne sont pas justifiés par un rapport de propriété qui
entraverait toute utilisation de données personnelles par des tiers, mais prennent en compte les
droits de l'individu sur ses données tout en recherchant l'équilibre entre intérêts et libertés en
présence, au regard notamment du caractère privé ou sensible des informations en cause.

30 - Le principe de finalité, clef de voûte de la loi Informatique et libertés, de même que le


droit d'accès et de rectification ou encore l'exigence d'un consentement exprès au traitement
de données sensibles sont exemplaires de cette mutation. Dans ses avis, la CNIL module ses
exigences au regard des intérêts en jeu et de la vulnérabilité du système d'information. Ainsi à
propos de la diffusion,c  Internet, d'annuaires de chercheurs, elle a notamment demandé que
soit mentionnée à l'écran " l'interdiction de la capture pure et simple des informations
nominatives pour enrichir des bases de données, par exemple à des fins commerciales ou
publicitaires (106) ". La mise en place, par voie réglementaire, des listes orange, rouge ou
safran des annuaires et services de télécommunications participe de ce même souci de
protéger l'individu contre l'utilisation non souhaitée de ses données. Ces évolutions
correspondent aux besoins de garanties supplémentaires générées par les nouvelles formes de
circulation de l'information et dont, souligne Y. Poullet (107), la théorie du droit de propriété
ne saurait rendre compte. Conclusion

31 - Une information non appropriable parce que " collective " a été proposée aux côtés d'une
information non appropriable parce qu'" individuelle ".

Des lois de police réglant la manière de jouir des informations, choses communes, ont été
suggérées parallèlement à une " police " d'un droit de la personnalité reconnu à l'homme sur
ses informations personnelles.
Cette récusation de tout droit de propriété sur l'information invite à revivifier le concept
d'usage d'une chose hors commerce parce que non appropriable ou indisponible.

La réglementation de l'usage de l'information est un chantier majeur des sociétés


contemporaines. Les avancées législatives et jurisprudentielles des vingt dernières années sont
très encourageantes. Penser cet usage en termes de droit à l'information et de droit de la
personnalité contribuerait à renforcer un " certain humanisme juridique (108) ".

(1) 
  c c
 c  
c cc 

cc ccc 
, t. 1, chez J.
Renouard et Cie, Libraires, 1838, p. 447.

(2) J. -P. Chamoux,c



 c c 
 , ouvrage collectif, Librairies techniques,
1986.

(3) T. com. Compiègne, 2 juin 1989,c! c c


c
" c#c$ c
 c% 1989-
4, p. 60, note N. Poujol.

(4) Directive 96-9-CE du 11 mars 1996,c&$ L 77-20, 27 mars 1996.

(5) V. F. Pollaud-Dulian, Brèves remarques sur la directive concernant la protection juridique


des bases de données,c'cd
 1996, p. 539 ; N. Mallet-Poujol, La gageure de la
protection privative,c% 1996/1, p. 6 ; M. Vivant, An 2000 : L'information appropriée ?,c
( c& c& c
, Litec, 1997, p. 651.

(6) V. P. Quéau, " Au nom de la propriété intellectuelle, Menaces sur Internet, Offensive
insidieuse contre le droit du public à l'information,cc( c  ) , févr. 1997, p. 27.

(7) Sur la définition de l'information, V. notamment, P. Catala, Ebauche d'une théorie


juridique de l'information,c 1984,c
 p. 97 ; J. -C. Galloux, Ebauche d'une définition
juridique de l'information,c 1994,c
 p. 229 .

(8) J. Ellul,cc c ) , Hachette, 1990, p. 388, 389 et 392.

(9) P. Gaudrat,cc
 c c  c c   , Rapport CEE DG XII, 1993, p. 49.

(10) V. A. -C. Kiss, La notion de patrimoine commun de l'humanité,cd% 1982.II.175 ; V.


Projet de déclaration sur la protection du génome humain, UNESCO, CIB, 1995 ; J. -C.
Galloux, Les enjeux d'une déclaration universelle sur la protection du génome humain,c
1996,c
 p. 141 .

(11) V. M. -P. Lucas de Leyssac, Une information seule est-elle susceptible de vol ou d'une
autre atteinte juridique aux biens ?,c 1985,c
 p. 43 ; J. Deveze, note sous Cass. crim.,
12 janv. 1989,c% 1989/3, p. 34.

(12) V. Cass. crim., 19 janv. 1994,c


c  1994,c 109, retenant le vol par
photocopies, c'est-à-dire avec un support matériel.

(13) V. Cass. crim., 3 avr. 1995,c 1995,c! p. 320, obs. J. Pradel ;c&* 1995, II, n°
22429, note E. Derieux, retenant la prévention de recel de photocopies mais rejetant le recel
d'informations.
(14) P. -J. Proudhon,c+ c) cc

 ?, Garnier Frères, Libraires, 1849, p. 76.

(15) Les concepts mous de la propriété industrielle : passage du modèle de la propriété


foncière au modèle du marché,c ccc
ccc
 , C. Bourgois éditeur, 1988, p.
89.

(16) M. -A. Hermitte,c c  , p. 91.

(17) V. Catala,c c  ,c 1984,c


 p. 97, n° 13 et 14 ; C. Le Stanc, Les droits sur
l'information : les droits du créateur,c c, c
, n° 12, CNRS, 1988 ; M. Vivant, A
propos des " biens informationnels ",c&* 1984, I, n° 3132.

(18) A. Lucas,c
 c c 
 ) , Thémis, PUF, 1987, p. 355. V.cc

 M.
Buydens,cc
 c cc)  
 , Larcier, Bruxelles, 1993, p. 756, suggérant une
protection spécifique de la quasi-création pour éviter une " dilatation " du droit de la
concurrence déloyale !

(19) Desbois,cc
 c  
cc-
, Dalloz, 1978, p. 22 ; V. également Renouard,
1838,c c  , p. 448 (" Comment douter que par son essence la pensée n'échappe à toute
appropriation exclusive ? ") ; G. Huard,c
  c cc

 c  , Marchal et
Billard, 1903, t. 1, p. 69 ; ce principe est bien reçu par les juges, V. CA Versailles, 24 nov.
1994,c 1995,c! p. 262, obs. Serra .

(20) E. Pouillet,c
  c 
) cc
 ) c cc

 c 

cc
  ) cc c
 c
c

 , Marchal et Billard, 1908, p. 36.

(21) V. le débat sur la propriété scientifique.

(22) V. M. Vivant et C. Le Stanc,c.c


 c c 
 ) , 1997, n° 2535.

(23) V. Cherpillod,cc c
 c  
, Cedidac, 1985, n° 145 s.

(24) V. la justification capitaliste du principe de libre circulation de l'information proposée par


E. Mackaay, Les biens informationnels,c c$

c
) cc

c ) c 
c
!! 12, Editions du CNRS, 1986, p. 145.

(25) V. A. Boistel,c
c c  c c
 , A. Fontemoing Editeur, Paris, 1899, p. 157,
ajoutant, auxc
c  classiques, les idées.

(26) P. Rambaud,c
 c, , Librairie Marescq, 1893, p. 306 ; en ce sens, Capitant,c
%
  c/c  c c
 , 3e éd., 1902, p. 227.

(27) E. Mackaay,c c  p. 137.

(28) E. Mackaay,c c  , p. 143.

(29) 
, Proudhon,c c  , p. 75, qui identifie les choses communes par leur caractère
" indispensable " et non " inépuisable ".

(30) F. Zenati,cc , PUF, coll. Droit fondamental, 1988, n° 12.


(31) A. Boistel,c c  , p. 157.

(32) A. Boistel,c c  , p. 252 et 253.

(33) V. M. Rèmond-Gouilloud, Ressources naturelles et choses sans maître,c 1985,c



p. 27.

(34) V. Malaurie et Aynès,cc  , Cujas, 1990, n° 489 ; I. Moine,ccc


c

, t. 271, LGDJ, 1996, p. 352, pour qui " les informations d'ordre général sont des
choses communes hors commerce, si elles ne représentent pas quelque chose d'original ou si
leur connaissance est nécessaire à la vie culturelle de chacun ".

(35) %
, n° 19.

(36) En ce sens, P. Catala,c c  ,c 1984,c


 p. 97, n° 14 ; J. -C. Galloux,c c  ,c
1994,c
 p. 229, n° 29 ; N. Mallet-Poujol,cc
   c c) c c  ,
CNRS Editions, 1993, n° 338.

(37) c ,c c  , n° 19.

(38) 
c/c
, 1939.

(39) V. également le droit des marques, Cass. com., 7 déc. 1993,c&*c c 1994,c* n°
279, " L'appropriation d'un terme usuel et banal est susceptible de priver la généralité des
entreprises du libre usage d'un mot pouvant leur être utile pour la diffusion de leurs produits ".

(40) Pour A. et H. -J. Lucas (


  c cc

 c 

cc
  ) , Litec, 1994, n° 26),
on ne saurait " pallier l'absence de droit d'auteur par la reconnaissance d'un droit de propriété
portant directement sur l'information ".

(41) Dont " l'intérêt national s'oppose à ce que ces actes soient objet de propriété ", G. Huard,
1903, t. 1,c c  , p. 72.

(42) CA Paris, 4e ch., 14 févr. 1990,c 



c#c* 
c,%d juill. 1990, p. 357 ;c 1990,c
%, p. 72 .

(43) CA Paris, 1re ch., 14 janv. 1992,c0


c#c1 
c,%d, avr. 1992, p. 198.

(44) V. également CA Paris, 23 mai 1991,c,%d janv. 1992, p. 313, pour des " expressions du
langage parlé ordinaire, dépourvues de toute originalité et appartenant au domaine public ".

(45) TGI Grenoble, 9 mai 1984,c 1985,c%, p. 309, obs. Colombet.

(46) CA Paris, 18 déc. 1924,c 1925,c&


p. 30.

(47) CA Paris, 4e ch., 6 oct. 1995,cc-


c 
c#c!
c2333c,%d, avr. 1996, p.
308.

(48) CA Paris, 4e ch., 14 oct. 1993,c

cc4 c#c!dc c c,%d avr.


1994, p. 241.
(49) CA Versailles, 31 mars 1981, citéc c 1983,c%, p. 89, obs. Colombet.

(50) CA Paris, 6 mai 1987,c 1988,c! p. 202, obs. Colombet.

(51) CA Paris, 13 sept. 1995,c,%d, avr. 1996, p. 287.

(52) A. et H. -J. Lucas,c c  , n° 105.

(53) Cass. req., 8 août 1861,c5c#c0   c* 1862, 1,c&


p. 136.

(54) V. en ce sens, la suppression par la commission de la justice de l'amendement prévoyant


la libre diffusion par la presse des articles d'actualité si la reproduction n'en était pas
expressément réservée et qui aurait placé les articles dans le domaine public après la première
publication, Doc., Ass. nat., 16 févr. 1956, p. 345.

(55) Huard, t. 1, Paris, 1903,c c  , p. 62.

(56) Renouard,c c  , t. 2, p. 132, V. la délectable diatribe contre le décret du 6 juill. 1810


rétablissant un privilège d'antériorité des publications officielles " point dans des intentions de
monopole " mais " dans une pensée de censure "...

(57) V. " De la propriété comme modèle " (J. M. Mousseron, J. Raynard et T. Revet,c c
( c
, 1993), comme illustration de la possible protection par des mécanismes
distincts de la propriété ?

(58) V. N. Mallet-Poujol,c c  , n° 334 s.

(59) Sous réserve du respect des règles du droit de la concurrence.

(60) V. N. Mallet-Poujol,c c  , n° 384 s.

(61) J. Huet, La modification du droit sous l'influence de l'informatique,c&*c c% 1982, II,
13871, n° 17, etc&* 1983, I, n° 3095.

(62) Catala,c c  , n° 23.

(63) P. Catala, La " propriété " de l'information,c( c* c,. , 1985, n° 29.

(64) M. Vivant, Propriété intellectuelle et information,c cd0d,c


c!
 181,
OTAN, 1991, n° 2.1.

(65) V. P. Véron, La protection de l'information par le droit de la concurrence déloyale et


parasitaire,c  L'entreprise, l'information et le droit,c c
c
1988, n° 1, p. 16.

(66) Cass. req., 23 mai 1900,c5c#cd .c* 1902, 1,c&


p. 405.

(67) TGI Paris, 14 sept. 1994,c,%d, juill. 1995, p. 353.

(68) N. Mallet-Poujol, Marché de l'information : le droit d'auteur injustement tourmenté,c


,%d, avr. 1996, p. 111 s.
(69) T. com. Paris, 23 oct. 1995,c  
, mars 1997, I.

(70) Sauf pour ces dernières, à être, par leur formulation, protégées par le droit d'auteur.

(71) V. M. Massé, La protection des informations de l'entreprise par le droit pénal,c 


L'entreprise, l'information et le droit,c c
c
1988, n° 1, p. 11.

(72) V. art. 323 et s. c. pén.

(73) L. Hunter et J. Rule,c1


c c
 c c

 c c
 c
,
communication au Congrès de l'Association Canadienne Française pour l'avancement de la
science, Montréal, mai 1994.

(74) V. V. Saint-James, Réflexions sur la dignité de l'être humain en tant que concept
juridique du droit français,c 1997,c
 p. 61 .

(75) V. C. Labrusse-Riou, L'enjeu des qualifications : la survie juridique de la personne,c



 , 13 - 1991, p. 19 ;c
 : J. -P. Baud,c
c cc c c6c 
c

) c c
, Des Travaux/Seuil, 1993, p. 226 ; B. Lemmenicier,c
 , 13 - 1991, p.
116, qui plaide l'appropriation du corps humain.

(76) L. Cadiet, La notion d'information génétique en droit français,c cc   ) c  c
c 
 c/c 
  , Ed. Thémis/Litec diffusion, 1992, p. 52.

(77) L. Cadiet,c c  , p. 57.

(78) Loi n° 94-653 du 29 juill. 1994 relative au respect du corps humain,c&$ 30 juill., p.
11056 ; chron. C. Byk,c&* 1994, I, n° 3788.

(79) La loi de 1994 n'a pas consacré l'indisponibilité du corps mais a seulement interdit la
disponibilité à titre onéreux (art. 16-5 c. civ.). V. à ce propos C. Labrusse ( c* 
 1991,
p. 99) pour qui il est faux de confondre gratuité et moralité... V. également M. -T. Meulders-
Klein pour qui " la dignité humaine s'identifie désormais avec la liberté de disposer de soi-
même, fût-ce au risque de s'aliéner ou de se nuire, à condition, dernier rempart, que ce ne soit
pas dans un but lucratif et que le consentement soit libre et éclairé " (cc   ) c c c

 , LGDJ, 1994, p. 77).

(80) Pour Capitant, " le nom, l'idée, l'invention ne sont pas des choses susceptibles d'un droit
de propriété, pas plus que la personne elle-même dont elles ne sont que l'émanation ",c c
%
  c/c  c c
 , 3e éd., Paris, 1902, p. 97.

(81) J. Carbonnier,cc  , Thémis, PUF, 1994, n° 55.

(82) A noter l'utilisation ambiguë du terme " chose " pour qualifier le corps, mais par
référence,cc

, au concept de " choses qui sont dans le commerce " de l'art. 1128 c.
civ.

(83) 
, J. -C. Honlet qui voit, dans le principe de non-patrimonialité du corps humain, la
réduction de " la notion de chose hors commerce à la chose ne pouvant faire l'objet d'un droit
patrimonial " ( cc
 c  c
cc  , LGDJ, 1996, p. 270).
(84) En ce sens, Y. Poullet, Le fondement du droit à la protection des données nominatives :
propriétés ou libertés,c c4 c cc

 , Ed. Thémis/Litec diffusion,
1991, p. 175, récusant l'idée selon laquelle la loi Informatique et libertés accréditerait la thèse
de la propriété des données nominatives.

(85) J. Carbonnier,c
 c  , 1.cc
, PUF, 1996, n° 82, p. 133.

(86) Cadiet,c c  , p. 60.

(87) Carbonnier,c c  , n° 82, p. 134.

(88) V. également le concept de liberté individuelle proposé par L. Cadiet pour qualifier le
droit sur l'information génétique et V. Y. Poullet, évoquant les libertés inaliénables de la
personnalité pour qualifier le droit à la protection des données nominatives.

(89) A. Bénabent, Rapport français,c cc  c.c c



  , Travaux
Association H. Capitant, Economica, 1988, p. 101.

(90) Cass. 2e civ., 7 juill. 1971,c  c  II, n° 248 ; V. Dumas,cc


 c c 
 ,
PUF, 1981, p. 580.

(91) V. récemment, CA Versailles, 30 juin 1994,c 1995,c&


p. 645, note J. Ravanas ; CA
Paris, 19 sept. 1995,c 1995,c%, p. 238 .

(92) Sur la manifestation de volonté d'échapper à la curiosité de la presse, V. Cass. 1re civ., 8
juill. 1981, aff.c
,c 1982,c&
p. 65, note R. Lindon.

(93) Dumas,c c  , p. 577 ; J. Ravanas, ouvrage préc., n° 379, p. 430.

(94) V. J. Frayssinet,c%
 ) c  
cc 
 , Litec, 1992 ; H. Maisl, La maîtrise
d'une interdépendance (commentaire de la loi du 6 janvier 1978),c&* 1978, I, n° 2891.

(95) V. D. Bécourt,cc
 c cc
c
cc , LGDJ, 1969 ; B. Edelman,
Esquisse d'une théorie du sujet : l'homme et son image,c 1970,c
 p. 119 ; J. Ravanas,c
c
 c c
c
cc
  ccc   c c
c , LGDJ,
1978 ; E. Gaillard, La double nature du droit à l'image,c 1984,c
 p. 161 ; D.
Acquarone, L'ambiguïté du droit à l'image,c 1985,c
 p. 129 ; P ; Kayser,cc
 c
cc c
 , PU Aix-en- Provence, 1990, n° 95 ; P. -A. Molinari, Les images floues du
droit à l'image,c c4 c cc

 , préc., 1991, p. 11.

(96) Carbonnier,cc c c  , p. 422.

(97) F. Rigaux, La liberté de la vie privée,c,%c 1991, p. 563.

(98) V. le parallèle avec les cessions de clientèle, Cass. 1re civ., 7 juin 1995,c 1995,c&
p.
560, note Beignier .

(99) 
, Catala,c c  ,c 1984,c
 p. 97, n° 27, évoquant un droit de propriété sur
les données nominatives.
(100) CA Paris, 11 mai 1994,c 1995,c&
p. 185, note J. Ravanas .

(101) J. Ravanas, ouvrage préc., p. 307, n° 288.

(102) F. Rigaux,c c  ,c,%c 1991, p. 560.

(103) V. CA Paris, 14 juin 1983,c 1984,c&


p. 75, note Lindon ; 3 avr. 1987,c 1988,c
! p. 390, obs. E. Wagner.

(104) Art. 26 de la loi du 6 janv. 1978.

(105) Poullet,c c  , p. 189.

(106) Délibérations n° 95-131 et 95-132 du 7 nov. 1995,c% 1996-2, p. 65, note A. Mole.

(107) $ c  , p. 185.

(108) D. Tallon,c,  c  c', v°c


 c cc
  , n° 1.

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