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Derrière
les écrivains à leur place
il y a bien longtemps, avant que d’être nègre. Culture et numérique d’établir un état des lieux, de valo- sition de la médiathèque de Valence, qui
Il n’écrit pas pour témoigner, ne s’encombre La Région Rhône-Alpes a riser les démarches et expériences, continue de mettre en avant le livre d’ar-
engagé, avec le concours de et de susciter des propositions de
pas de photos souvenirs. Mon nègre ne se tiste sous toutes ses formes. « La création
l’Observatoire des politiques la part des acteurs. Le 14 mars, au
laisse pas piéger par l’évidence du réel, le comme un dialogue », une collaboration
culturelles, une concertation siège du Conseil régional, Jean-Jack
mirage des apparences. Seul lui importe ce fructueuse entre un écrivain et un « met-
régionale à l’attention des Queyranne apportera une conclu-
qui se cache derrière. Derrière les images, acteurs artistiques et culturels sion à cette concertation et présen- teur en scène de mots », qui « explore le
derrière les choses, derrière la peau, derrière du territoire concernés par la tera les orientations de la Région corps des livres ». Du 12 mars au 9 avril
question du numérique. Trois jour- dans ce domaine. En attendant, www.bm-valence.fr
les mots. Il n’est pas doublure pour rien.
nées de conférences et d’ateliers ont vous pouvez apporter vos contri-
Je laisse donc quartier libre à mon Ghost Writer butions sur www.numra.fr. M.-H. B.
eu lieu depuis octobre 2010 afin
pour échapper à la fatalité de l’existence, trans-
gresser mes limites biographiques, me défaire en + + + + + + + + +
de mon enveloppe physique, être une autre. premier plan/p.3 de A à Z/p.6 Dix mots qui relient ! Dans le cadre de
Pour le bonheur de m’étonner moi-même, sans la Semaine de la langue française, du
Une histoire de marchés publics Prix des lycéens. Saison 2
savoir à l’avance ce qui mordra à l’hameçon de 13 au 20 mars, le vocabulaire du lien est
Retour sur la journée de réflexion et Suite du feuilleton Prix littéraire
la pêche nocturne – même de jour, mon à l’honneur : « accueillant, agapes, avec,
d’information autour de l’accès des des lycéens et apprentis
écriture est nocturne, noire, nègre. Truites ou chœur, complice, cordée, fil, harmonieu-
librairies aux marchés d’achats de rhônalpins à la Cité scolaire
sement, main, réseauter ». Rendez-vous
murènes, je n’en sais rien. Il me faut aller jus- livres des bibliothèques organisée par Élie Vignal, à Caluire.
la DRAC Rhône-Alpes et l’ARALD. le 20 mars au Théâtre des Asphodèles
qu’au bout de ma connaissance des choses, mais
(Lyon) pour le temps fort régional, « Les
surtout de mon ignorance. J’écris avec ma part
d’ombre, qu’on l’appelle subconscient, inspira-
images/p.7 dix mots font la fête ! ». Concerts, lectures,
Romans, tendance graphique tournois de slam seront au programme.
tion, instinct. Enfoui au fond de moi, un autre www.dismoidixmots.culture.fr
Gabriel Dumoulin ou le roman
sait ce que je ne sais pas. Voilà pourquoi j’écris. www.semainelf.culture.fr
graphique à tendance auto-
Pour savoir. Carine Fernandez fictionnelle, Eric Drooker ou le
roman graphique sans parole. > www.arald.org
hommage
Jean-Jacques Lerrant est mort à Lyon, à l’âge de 89 ans. Critique d’art et critique de théâtre,
homme de livres et de culture, il incarnait à sa manière chaleureuse la figure de l’honnête homme.
Intelligence, charme, courtoisie, humour, respect, ceux qui l’ont connu n’oublieront ni son sourire
ni sa gourmandise de la vie.
portrait
des comédiens et des écrivains, il était toujours
d’une générosité totale, sachant donner sa chance
Autoportrait
Jean-Jacques Lerrant (1922-2011)
en vieux singe
Il a ses habitudes dans le quartier Saint-Jean.
Le Café de la Ficelle, où il fixe ses rendez-vous. Le
marché du quai Saint-Antoine, où on le croise réguliè-
témoignage
Jean-Jacques Lerrant : le grand frère rement. La buraliste de la place de la Trinité, chez qui
il se rend de son pas mesuré pour acheter son quoti-
dien préféré. Dans ce coin de Lyon, qui ressemble à
René Gachet a rencontré Jean-Jacques poursuite que j’ai souvent vu Jean-Jacques un village, (presque) tout le monde connaît Jean-Jacques
Lerrant en 1981, alors que tous deux affirmer son amour, en faire le fond de sa vie. Lerrant. Cet esthète est également une figure emblé-
étaient nommés inspecteurs généraux matique de la scène culturelle lyonnaise. Tous le
(…) Et le théâtre ? Jean-Jacques en écrit une connaissent et il les connaît tous. Sacré légende vivante
des spectacles. Une relation profes-
de la critique théâtrale, son jugement n’a jamais vrai-
sionnelle rapidement emportée par définition courtoise qui lui permet de disserter
ment failli et son regard est toujours aussi acéré, avec
la chaleur de l’amitié. Extraits d’un texte sans jamais faire de faux-pas. « La vertu une lueur de candeur. Admiré des artistes autant que
que l’ancien directeur régional des affaires moyenne du théâtre, c’est qu’il est réel et oni- des politiques (ce qui est assez rare pour être souli-
culturelles consacre à son ami. rique à la fois… substantiellement. C’est pour gné), ce Monsieur à la plume alerte a vécu toutes les
cela que le théâtre touche si profondément… révolutions théâtrales depuis la Seconde Guerre mon-
diale. Depuis plus de 50 ans, il hante les théâtres et use
C’est l’île enchantée, les gens qui en sortent un
(…) C’est vrai que Jean-Jacques, depuis une ses semelles dans les salles de musées. Avec des yeux
peu égarés… Ils étaient sur un autre territoire. grands ouverts sur l’art contemporain et sur les met-
trentaine d’années, est pour moi un frère et non
Ils ont de la peine à s’accommoder de la réa- teurs en scène d’aujourd’hui. Il n’est pas rare de sur-
un haut fonctionnaire pétrifié dans son rôle prendre sa silhouette familière lors d’une première
lité. Il leur faut un moment pour se remettre ».
administratif. Et, aujourd’hui, si je revois cette de théâtre. Il faut dire qu’il est « tombé dans la mar-
La courtoisie de cette approche, la volonté de mite des arts quand [il] était petit ». Fils de l’architecte
trentaine d’années, j’ai du mal à percevoir ce
distinguer entrer le réel et l’onirique « substan- du vélodrome du parc de la Tête d’Or, également
qui, malgré nos tempéraments différents, nous
tiellement », permet à Jean-Jacques de garder peintre, dont il a d’ailleurs adopté le pseudonyme et
a liés aussi profondément. Mais revenons à qui signait ses toiles Max Lerrant, celui qui n’était
l’œil vif et alerte afin de ne pas oublier ce
Jean-Jacques Lerrant. En 1994, il disait lui-même encore qu’un enfant puisait à loisir dans la bibliothèque
dialogue qui, pour lui, est fondamental. familiale et fut élevé « dans l’amour des arts ». Dès la
ses difficultés à mettre au clair, je veux dire au
Libération, il entame une carrière de critique d’art au
stylo, ce qui le liait à la galerie le Lutrin : « Trente (…) Ce qu’il aime chez les artistes, ce n’est pas Progrès, alors grand journal indépendant, après un
ans, que dire ? Ça fait du temps ! Je n’aime plus la perfection de l’œuvre qu’ils présentent, c’est job de secrétaire de rédaction à la revue Confluences.
les anniversaires ; ils pèsent si lourd ! Fixer le la candeur de leur approche. Lorsque Jean- Il ne viendra au théâtre qu’un peu plus tard « par la défec-
temps, l’anniversaire, c’est soudain honorer de tion de la dame qui exerçait cette fonction, Suzanne Michet,
Jacques est convaincu qu’il a en face de lui un
qui écrivait diablement bien. Elle a suggéré à Hélène et
petites morts ! » Une fois de plus, Jean-Jacques vrai artiste, c’est-à-dire un homme sincère dans Émile Brémond, les patrons du Progrès de me confier la
se sauve devant les définitions, parce que les son élan, dans sa conception de l’art, il devient chronique. Et je me suis formé en regardant le théâtre
anniversaires, il les craint, il les aime. L’amour, un partenaire, et non plus un juge. Un parte- qui se faisait sous mes yeux. À l’époque, un théâtre plutôt
avoue-t-il, c’est l’essentiel et il a passé une par- académique qui pratiquait quelques audaces mesurées.
naire, c’est ce que l’on appelait autrefois un
C’est dans cette atmosphère qu’est apparu Roger
tie importante de sa vie à repérer des amours, honnête homme. Et c’est cette honnêteté qui Planchon ». Les yeux bleus commencent à pétiller
des amours des choses, des paysages, des gens, fait de lui un bon partenaire, un artiste essen- face aux souvenirs qui reviennent. Sans nostalgie. (…)
des tableaux, des femmes. C’est dans cette tiel à la bonne marche de la culture. René Gachet Gallia Valette-Pilenko (LIvre&Lire, mai 2002)
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premier plan
rence sur leur zone de chalandise. On observe « La loi du 18 juin 2003 relative à la rémunération du prêt en bibliothèque a modifié la loi de 1981 en plafonnant
d’ailleurs, à partir de 2007, « une modification à 9% du prix public le rabais sur les ventes de livres non scolaires aux collectivités. Par ailleurs, il a été décidé
des équilibres entre les différents types de librai- qu’un prélèvement de 6% du prix public des ouvrages vendus aux bibliothèques de prêt accueillant du public serait
affecté à la rémunération des auteurs et des éditeurs pour le prêt de leurs ouvrages en bibliothèque. »
ries : une poussée sensible et continue des très
grandes librairies, une croissance affirmée des librai- DONNÉES EXTRAITES DE L’ÉTUDE Répartition du marché par type Concentration des fournisseurs
ries spécialisées, mais aussi un retrait des petites NATIONALE QUANTITATIVE de fournisseurs • 14% pour le nombre de fournisseurs
• librairies générales : 32% entre 2005 et 2007
librairies-presse et, en 2008, des librairies générales. » Achats de livres des bibliothèques
• très grandes librairies* : 15% • 3 premiers fournisseurs représentent
Cette véritable recomposition du paysage de l’accès • 13% du CA des librairies
• 30% du CA des librairies spécialisées *(CA annuel de + de 12 M€) 27% du marché
aux marchés d’achats de livres des bibliothèques • librairies spécialisées : 13% • 100 premiers fournisseurs : 7%
Répartition du marché par type
s’est donc clairement faite au profit des grands opé- • librairies de chaînes : 7%
de bibliothèques
rateurs nationaux et au détriment des fournisseurs • librairies papeteries presse : 2% Proximité des fournisseurs
• BM : 52% des achats
• 59% du montant des achats des
locaux. Une tendance confirmée par les propos • BU : 21%
• BDP : 15% Distance moyenne d’une bibliothèques s’effectuent à
des libraires et des bibliothécaires rapportés dans bibliothèque à ses fournisseurs l’intérieur du département
• CDI : 5%
les enquêtes qualitatives menées par six régions • autres bibliothèques : 7% • 91 km en 2007 • 76% dans la région
en collaboration avec la FILL.
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actualités / édition
Paris 2011 : un salon qui gris, 24 maisons d’édition se partage-
ront une surface collective de 255 m².
n’a pas froid aux yeux Parmi eux, on compte des habitués,
mais pas seulement : À plus d’un titre,
Éditions À rebours, Éditions Alzieu,
Finalement, pas de déménagement Éditions Stéphane Bachès, Balivernes
pour le Salon du livre qui aura encore Éditions, Éditions des Cahiers intem-
lieu cette année Porte de Versailles, pestifs, Cent Pages, Champ Vallon,
à Paris, du 18 au 21 mars. Toutefois, Créaphis, Critères éditions, Delatour
© Brigitte Chartreux / Arald
rendez-vous
invités originaires du Danemark, de professionnels pourront profiter de URDLA et Voix d’encre. Que du polar !
Suède, de Norvège, d’Islande, illustrant nombreuses tables rondes autour de Le Salon du livre 2011 sera également
Ce n’était peut-être pas l’année
toutes les sensibilités littéraires. questions d’actualité, notamment l’occasion pour la Région Rhône- pour nous faire le coup du som-
L’objectif est aussi de faire revenir celle, centrale, du numérique. Alpes de remettre à René Belletto le brero, mais malgré les difficultés
les visiteurs vers les stands en allé- Malgré des tensions budgétaires, le troisième prix Rhône-Alpes de l’adap- diplomatiques entre les autorités
geant le programme des anima- stand de la Région Rhône-Alpes n’a tation cinématographique pour françaises et mexicaines, Quais
du polar a maintenu la tendance
tions proposées par le salon pour pas perdu un éditeur ni un mètre Le Revenant, paru chez P.O.L. Un évé- Mexique de sa nouvelle édition, qui se
favoriser les propositions des édi- carré. Les économies seront faites nement qui se tiendra vendredi 18 tient à Lyon du 25 au 27 mars. Ainsi, parmi
teurs.On se souvient que, l’année au niveau de l’aménagement du février à 20h. Créé avec l’appui de la soixantaine d’auteurs invités – dont
quelques pointures internationales
dernière, la journée professionnelle stand. Toutefois, chaque éditeur Rhône-Alpes Cinéma, ce prix a pour
comme David Peace, John Harvey, R.J.
avait été supprimée ; en 2011, le continuera de bénéficier d’un espace objectif de faciliter les échanges Ellory –, plusieurs écrivains mexicains
Salon du livre revient sur ce choix dédié et un lieu central accueillera entre le monde de l’écrit et le 7e art. devraient séjourner entre Rhône et
et réserve la matinée du lundi 21 aux rencontres, débats professionnels et Marie-Hélène Boulanger Saône : Guillermo Arriaga, Sergio Gonzalez
Rodriguez, Francisco Haghenbeck, Elmer
acteurs de la chaîne du livre. Outre signatures. Sur un stand en rouge et www.salondulivreparis.com
Mendoza, Martin Solares. C’est l’une des
forces de ce festival, qui s’est peu à peu
imposé comme un rendez-vous majeur
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actualités / manifestations
Lyon : un printemps pour les poètes
pourquoi le paysage, pourquoi la l’éventail déployé des éléments : « Enfin, encore où elle va : c’est elle qui
poésie, pourquoi ce binôme qui ô bonheur, ô raison, dit-il dans Une Saison conduit la quête, et qui la suit fait
aujourd’hui va tellement de soi qu’il en enfer, j’écartais du ciel l’azur qui est abandon de tout désir qui lui soit
ne semble pas faire problème et du noir, et je vécus, étincelle d’or de la étranger ». Rendez-vous pour la
qu’effectivement il n’en fait pas ? C’est, lumière nature ». Mais Rimbaud le voyant, remise du prix afin d’entendre
me semble-t-il, qu’à mesure que l’homme qui sait voir aussi le monde autour de d’autres extraits de son dernier
a pris historiquement conscience qu’il lui et qui d’une manière ininterrompue ouvrage lus par Yannick Laurent,
n’était pas le centre et la raison d’être de l’interprète selon la fantaisie explosive
le 11 mars à la Bibliothèque de la
© Jean-Claude Gisbert
l’univers, ce qui fut longtemps sa posi- de son imagination, a, derrière lui une
Part-Dieu, à 18h30. Julie Banos
tion théologique, son environnement, longue lignée de “voyants”. J’appelle
cette puissante nature partout présente voyant quiconque voit double : ce qu’il
Printemps des poètes
et active autour de lui, l’a envahi, a a sous les yeux et ce que son âme voit, du 7 au 16 mars
investi sa conscience. Un jour viendra cette âme qui est peut-être une efflores- Espace Pandora
où Rimbaud, dont toute l’œuvre et notamment cence de l’inconscient, lui-même structuré selon les 7, place de la Paix
69200 Vénissieux
Les Illuminations est tissée de paysages, d’ailleurs plus rouages les plus secrets de la nature et ses lois, lois qui
Tél. 04 72 50 14 78
infinis que finis, mélangeant imagination et réalité sont en état de porosité avec les milliers de présences www.espacepandora.org
(et quelquefois c’est l’imaginaire qui fonde miracu- du monde et leurs jeux multipliés. (…) » www.printempsdespoetes.com
leusement le paysage réel comme déjà dans “Le Bateau
ivre”), un jour viendra, dis-je, où le très jeune poète Salah Stétié, Pour l’œil qui devient visage ou paysage
donnera en quelques mots l’équation de cet amalgame (Paul Éluard)
entre l’âme et le monde, entre la vie de la personne et Texte inédit écrit pour l’édition 2011 du Printemps des poètes.
Deuxièmes 5 000 enfants nés en Savoie en 2010, a su rappeler avec force que
l’opération peut toucher un nombre les bébés ont eux aussi
Premières pages non négligeable de familles, dont besoin de visions d’artistes
Menée conjointement par le beaucoup fort éloignées du livre. Elle et de textes sensibles. Que
ministère de la Culture et la Caisse le peut à condition de croiser sur ces premières pages soient
nationale des allocations familiales, le terrain une culture de la proxi- donc suivies de milliers
l’opération Premières pages vit sa mité et du partenariat entre les d’autres. D. M.
deuxième édition. La Savoie fait par- mondes du social et de la culture.
tie des départements « pilotes » d’un C’est tout le bien qu’on souhaite * Des villes comme Grenoble et des
départements comme le Val-de-Marne et
dispositif qui n’est d’ailleurs pas aux futurs heureux lecteurs qui le Puy-de-Dôme ont depuis des années choisi
pionnier en la matière*. Mais pour- recevront donc bientôt le bel album d’offrir un livre de qualité aux nouveaux-nés.
quoi bouder son plaisir, et ne pas Mercredi, signé par Anne Bertier, et ** Mené sur le plan opérationnel
par la CAF de la Savoie, le
entonner en chœur l’éloge du bébé- publié par les éditions MeMo. Leur Conseil général de la Savoie
lecteur ? C’est bien de cela qu’il fut responsable, Christine Morault, et la Mutualité sociale agricole
question, le 17 février dernier, lors aux côtés d’une Marie Manuélian Alpes du Nord, le dispositif était
présenté par Noëlle Drognat-Landré
d’une journée de sensibilisation toujours généreusement engagée (DRAC), Pierre Vanstyvendael (CAF)
organisée par Savoie Biblio**. Avec dans la lecture des tout-petits, et Philippe Veyrinas (CG 73).
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de A à Z / prix des lycéens
Deuxième épisode : un auteur de bande dessinée Sans en avoir l’air, on entre dans le vif du sujet, sujets politiques et sociaux, le sens de ses voyages
à la Cité scolaire Élie Vignal ou dans un sujet beaucoup plus vif. Du métier (Joshua commente brillamment un planisphère
d’écrivain au travail d’illustrateur, on passe au « Le Roy », qui permet de visualiser les pérégri-
6
images
Un premier récit dessiné signé Gabriel Dumoulin
d’eux-mêmes. Du jogging sur les
Ses amis, ses amours, quais de Saône aux balades domi-
nicales à la campagne, en passant
ses emmerdes par les apéros entre amis et la vie
de couple, Gabriel Dumoulin aus-
Avec Mon meilleur ami, Gabriel choisit de composer sa culte le quotidien et les interro-
Dumoulin donne un premier bande dessinée en noir gations d’une génération dont la
livre aux frontières de la bande et blanc, et d’enchaîner précarité est autant sociale et pro-
dessinée et du roman graphique les planches de deux fessionnelle que sentimentale.
sur les désordres amoureux de cases avec une régula- Très proche des techniques ciné-
quelques trentenaires – dont rité de métronome. matographiques de la Nouvelle
lui-même – en plein chaos émo- Une économie de Vague – face caméra ou caméra
tionnel. Décalé et attachant. moyens qui donne à sa sur l’épaule –, ce récit dessiné
chronique une forte nous touche par sa sincérité et
Depuis quelques années, le roman charge émotionnelle, et son acuité à disséquer les fêlures
pendantes, l’album se présente Réalisme, par le rendu impression- nie désenchantée du regard porté
sous une forme particulièrement nant des lieux et des corps, mais sur le monde par ces personnages
simple puisque l’auteur dessinateur aussi par l’ancrage très actuel en quête de l’âme sœur – et
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livres & lectures / jeunesse
Un roman sur le rêve de l’ailleurs
signé Fred Paronuzzi
On s’y croirait, dans ce camion,
où les passeurs prennent moins
Je l’aime,
De l’autre soin des hommes que des
bidons d’essence. Dans ce cam-
pement de misère au port de
tu l’aimes,
côté Tanger. Grâce à une architecture
romanesque élaborée, l’auteur
il l’aime
Un cargo pour Berlin, dernier savoyard, qui a reçu pour ce livre Valentine aime secrètement Théo. Elle
roman de Fred Paronuzzi, raconte une bourse d’écriture de la remarque à l’école ce garçon aux
les peurs de l’émigration clandes- Région et de la DRAC Rhône- « yeux verts avec du gris dedans et des
tine, les rêves des uns et la réa- Alpes, décrit avec réalisme un paillettes dorées ». Léa, son amie, lui
© Éditions Thierry Magnier
lité des autres. Des deux côtés melting-pot où la dureté et confie qu’elle aime aussi, mais qui ?
de la Méditerranée. l’amour coexistent. L’humour et Avec des phrases courtes, Catherine
la poésie. Il y a ceux qui sont Sanejouand, qui enseigne dans l’Ain,
On les entrevoit aux infos. Anonymes. revenus, expulsés. Ceux qui ne sait rendre les obsessions et le charme
Ils risquent la mort pour traverser sont pas revenus. du premier amour. « Est-ce qu’il
clandestinement la Méditerranée et de voyage, Tariq, né dans une famille Et puis, en dévoilant le secret de Nour, m’aime ? », se demande Valentine qui
rejoindre l’Europe, ce qu’ils appellent nombreuse où « il ne mangeait pas le roman d’actualité se fait universel. croit repérer les mêmes symptômes
« brûler », un mot qui témoigne de à sa faim », émigre pour des raisons Il nous parle, à nous, qui sommes du chez Théo et ose espérer. Léa se dit
leur détermination. Dans son dernier économiques. Ils ont en com- bon côté. En creux, il aimée en retour, peut-être Valentine
roman, Un cargo pour Berlin, Fred mun de n’avoir pas eu de nous dit notre bonheur. l’est-elle aussi ?
Paronuzzi raconte l’histoire de deux chance. Une vieille carte pos- Et il nous dit que nous Cela n’a l’air de rien, mais il en faut de
Algériens à peine adolescents, déjà tale de la tour de télévision de sommes concernés. l’audace pour mettre en scène un trio
prêts à affronter humiliations et crasse Berlin est le « fil invisible reliant Myriam Gallot amoureux pour enfants. On ne sait pas
dans l’espoir d’une vie décente. le rêveur au rêve ». Ils aimeraient Fred Paronuzzi dans quelle classe sont les person-
Nour a subi la condition féminine en prendre un cargo pour Berlin, Un cargo pour Berlin nages. Ce mini-roman est resserré sur
pays musulman, où un strict et et tant pis si à Berlin il n’y a pas > à partir de 12 ans l’essentiel : l’amour. Comme dans une
Éditions Thierry Magnier
absurde code de l’honneur a brisé ses la mer, si leur rêve est marqué 112 p., 8 € mini-tragédie, l’histoire respecte les
ambitions scolaires. Son compagnon du sceau de l’impossible. ISBN 978-2-84420-885-9 unités d’action et de lieu, et elle est
cruelle comme les sentiments.
Sous son apparente simplicité, ce petit
Légendes de poche livre ne prend pas les enfants pour
des niais. L’amour emporte, l’amour
Des petits recueils de contes qui se glissent au fond d’un interroge, l’amour écorche. L’amour
© Edouard Ourliac, Flavia Sorrentino / Éditions du Lampion
sac pour raconter une histoire. Des illustrations originales est sans âge. Les blessures aussi. M. G.
pour chaque volume. Des personnages singuliers… La série
« Loupiote » est une belle idée des Éditions du Lampion. Catherine
Sanejouand
Un peu,
Dans les deux tomes des aventures cauchemars et de beaucoup,
du Prince Coqueluche, difficile de transformations. passionnément…
> à partir de 6 ans
s’ennuyer. Construite comme un Élodie Ef parvient
conte oriental, l’histoire imaginée à créer un univers
par Édouard Ourdillac est pleine de fantastique et très
rebondissements, de jeux de mots personnel en renou-
et de palais en pain d’épice. Les illus- velant un genre ancien. Collages, Édouard Ourliac, Flavia Sorrentino, Éditions Thierry Magnier
Le Prince Coqueluche, collection « petite poche »
trations de Flavia Sorrentino nous dessins et photographies parsèment
Tomes 1 et 2, 96 p., 9,90 € 48 p., 5 € - ISBN 978-2-84420-886-6
plongent joyeusement dans le ses illustrations poétiques.
« fortuné royaume de Frangipane ». Les recueils courts de cette série
parutions
Même bonheur pour Luce de Lune « Loupiote » ont été imaginés pour Lettres à Cécile (Oskar Éditions), c’est doit illustrer à travers un exemple person-
qui décrit les péripéties d’une mar- la deuxième année d’existence des un roman épistolaire signé Roseline nel la morale de la fable du lion et du rat
Bertin, où il est question d’amour fra- de La Fontaine : « On a souvent besoin d’un
chande de souliers confrontée aux Éditions du Lampion. Spécialisée
ternel et de maladie, d’amour tout court plus petit que soi ». D’une petite histoire
plus loufoques des clients. Va-t-elle dans les contes, légendes et fables et de guérison. À douze ans, Paul aime aussi… Nettement plus sombre, le roman
réussir à fabriquer des chaussures illustrées, cette maison propose, Cécile, sa sœur, partie dans une grande témoignage de Catherine Leblanc, Ce crime
en peau de lune ? Que va devenir dans cette même série, des titres ville pour ses études, d’un amour débor- (Balivernes Éditions), autour de la desti-
dant. Tout au long de ses missives, il lui née tragique d’un jeune garçon, Jonas, tué
la femme géante transformée en pour adultes. Qui a dit que l’ima- confie tout : les petits événements de la vie, dans une altercation avec un garçon de sa
lacet ? Les personnages des Trois ginaire, l’insolite et le merveilleux les joies, ses sentiments, et surtout la peur classe. Des années plus tard, chaque élève
Sorcières et des poussières sont, étaient réservés aux enfants ? J. B. de voir sa sœur rechuter, elle qui, atteint qui figure sur la photo de classe répond aux
quant à eux, plus inquiétants. Dans d’une grave maladie, a déjà connu l’hôpi- questions d’une journaliste qui veut savoir
www.editions-lampion.fr
tal et la souffrance. La solidarité du frère ce qu’il reste du drame. Chacun témoigne,
cette fable sombre inspirée de la Claire Chollet, Marylin Rich, Luce de Lune, ira loin. Dans Plus petit que soi (Rageot), contribuant ainsi à dresser le portrait du
littérature médiévale, un texte en 80 p., 9,90 € ; Élodie Ef, Trois sorcières petit roman illustré de Roseline Bertin, Tom jeune disparu. L. B.
vers nous conte des histoires de et des poussières, 9,90€ ;
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livres & lectures / nouvelles
La nuit fraternelle
De livre en livre, Hubert Mingarelli creuse un sillon entêté,
© Patrick Imbert
la même écriture au microscope croise peu de femmes
embarque les personnages dans dans ces pages tenaillées Hubert Mingarelli
La Lettre de Buenos Aires
ces histoires simplement humaines par la guerre, l’exil, les ports Buchet-Chastel
que l’auteur revendique comme où l’on n’accoste pas. Dans 184 p., 15 € des conditions de travail « dans un
seul terrain d’aventure. Un homme « Pas d’homme pas d’ours », ISBN 978-2-283-02486-7 monde excentré du secteur IV » ou sur
monte sur le toit de sa maison et le narrateur revient d’une une planète Terre finissante, avec ces
aperçoit deux fugitifs marchant sur excursion vers une cabane hanté consortiums qui, toujours, seront là
la lande, en direction de la mer. Un par la vision d’une femme très L’homme sera pour brader les vies humaines ?
garçon et son frère aîné se lancent belle, se nouant les cheveux dans Avec Di Rollo, la mort révèle/accouche
dans leur première excursion sur un geste indicible. Dans l’ultime un loup pour de vérités bonnes à dire. Sur l’exploi-
la rivière. Dans le chaos et la souf-
france de la retraite, un soldat
nouvelle, une femme dépose un
mouchoir blanc sur le visage de
l’homme tation de l’homme par l’homme. Sur
les victimes qui se font bourreaux à
épuisé s’approche d’un abri de tôle celui qui vient de mourir. Elle s’as- Avec Thierry Di Rollo et sa science- leur heure, quand elles ne se trans-
où luit un feu de fortune. Un marin sied à côté du jeune garçon qui a fiction plus noire que noire, les len- forment pas en loups-garous à la veille
se retire dans la forêt plusieurs assisté à la brève agonie, et ce récit demains ne s’apprêtent pas à chan- de se faire lyncher. Sur les cadavres
semaines durant, survivant à ses tragique se clôt sur leurs deux sil- ter. Et ce n’est pas son dernier recueil « ressuscités » qui sont la proie de
souvenirs et à sa peur des ours. houettes unies par un « sentiment de nouvelles, titré Crépuscules, qui jeunes chasseurs avant de rejoindre
Comme souvent, les identités, les mystérieux et illisible ». C’est donc risque d’arranger les choses… leurs rangs au terme de cycles dignes
contextes, les pays, tout le circons- en deçà d’un halo hors d’atteinte, Sur le fond, Di Rollo n’invente rien. des meilleurs contes macabres.
tanciel est plongé sous la ligne de au cœur des ellipses narratives et Dans la forme, il ne recule devant À signaler que le prochain roman
flottaison du récit. C’est la surface de l’universelle solitude que se aucune audace. Il brosse toute une de Di Rollo sortira… à la Série Noire,
qui compte, les mouvements du déploient ces histoires d’hommes. galaxie de personnages composée de fort logiquement.
cœur, les instants où la haine Des histoires ténues où l’humain mineurs de la planète Loren III, de Frédérick Houdaer
flambe ou bascule dans l’amour, ne tient qu’à un souffle ou une convoyeurs de vase aux fins d’extrac- Thierry Di Rollo
où l’irruption d’un fermier tranche parole, à un geste qui tombe juste. tion de poudre jaune, d’amoureux Crépuscule
la nuit fraternelle, c’est le poids Où l’écriture tient, elle, à une grâce crucifiés, de prostituées en danger… Actu SF, collection
« Les trois souhaits »
métallique du passé faisant tanguer invisible et éblouissante. Danielle Ce lumpenprolétariat de l’avenir 114 p., 8 €
la beauté des choses. Maurel n’a guère d’avenir, justement. Quid ISBN 978 2 917689 25 7
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sur place
Un avant-goût de Rousseau 2012
passées par Rousseau dans la région.
rendez-vous
cette forme d’être sans forme, qui de Rousseau au présent. Discours sur l’inégalité. Sur le blog Rousseau 2012…
rend le sujet Rousseau aussi désirable Saisir Rousseau l’insai- Retrouvez plus d’informations sur les projets en
qu’inattrapable. L’errance passera donc Saisir Rousseau l’insaisissable… sissable, voilà donc cours dans le cadre du Tricentenaire, mais aussi
si l’on peut dire par Annecy et son le projet de tous et des contributions originales, une galerie d’images…
L’exposition programmée à la Bibliothèque munici-
École d’Arts avec une exposition sur Stop. On n’erre plus. Les presses uni- peut-être résumé le
pale de Lyon en avril-juillet 2012, « Jean-Jacques
le sentiment du paysage et les soli- versitaires s’y collent aussi. On annonce programme de l’am- Rousseau entre Rhône et Alpes », dont le commis-
tudes qui vont avec. Et repassera par- la réédition du Journal du séjour à bitieuse exposition sariat a été confié à Michaël O’Dea, professeur émérite
tout où ça lui plaira, puisqu’on pro- Grenoble de Rousseau par Gaspard «Jean-Jacques Rousseau à l’Université Lyon 2, se fixe le double objectif de pré-
senter les années passées par Rousseau dans l’actuelle
jette aussi un parcours Rousseau Bovier (PUG). On nous allèche avec la entre Rhône et Alpes » région Rhône-Alpes et de proposer une réflexion sur le
qui empruntera routes et sentiers en traduction de Rousseau. A very short (Bibliothèque muni- sens de ce parcours unique. Découvrez également l’his-
Rhône-Alpes et au-delà, et se retrou- introduction de Robert Lucien Wokler, cipale de Lyon, avril- toire d’une édition clandestine du Contrat social
vera sur une carte dûment signalé. mais aussi la réédition du bel essai de juillet 2012), couplée publiée à lyon en 1762 ; « Rousseau et la musique », à
travers un colloque de l’Œil (Observatoire de l’Écriture,
Errances au pluriel donc, comme la Goldschmidt, Rousseau ou l’esprit de avec une exposition de l’Interprétation littéraire et de la lecture, à Chambéry) ;
moitié du titre du livre de Lionel solitude (c’est dit : les PUL ne rateront virtuelle sur le portail ou encore « Jean-Jacques Rousseau par Michel Raskine »…
Bourg, fruit d’une résidence itiné- pas le train Rousseau). Lectura.fr. Où l’on www.arald.org/rousseau
rante réalisée avec le concours de la Ou alors on erre plus. On peut réfléchira aux années
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livres & lectures / essais
Michel Cornaton : Un livre-charge contre l’auteur en Algérie jusqu’à son accession au Collège de France
des Héritiers et brosse un portrait pas très reluisant de celui qu’il
considère comme un « intellectuel investi d’une
Ni (Bour)dieu mission d’évangéliste républicain ».
L’affrontement tourne parfois au meurtre symbolique,
rendez-vous
à Bourdieu ? En gros et pour simplifier à
outrance, d’avoir écrit le contraire de ce qu’il
Cornaton, qui oppose à la « sociologie de
combat » de Bourdieu l’idée d’une « socio-
Week-end
a fait – ou l’inverse. D’où le sous-titre en logie partagée ». Une autre idée, et morale, poétique
forme de schize : une vie dédoublée. Puisant de l’intellectuel. R-Y. R.
Imaginée et éditée en Ardèche,
principalement dans l’Esquisse pour une Michel Cornaton
la revue Faire Part offre, dans
auto-analyse qu’il appelle son « journal Pierre Bourdieu, Une vie dédoublée
un numéro annuel, un bel écrin
L’Harmattan
posthume », Cornaton démonte la « pensée 154 p., 15 € à la poésie contemporaine. Pour
en actes » du sociologue, depuis son séjour ISBN 978-2-296-13234-4 fêter son dernier numéro consacré à
Jean-Marie Gleize, un week-end de
rencontres-lectures-colloque est orga-
nisé à Privas.
École : les succès de la crise
Loin d’être une histoire univoque, ce livre dresse un « La poésie n’est pas une solution ».
LA FAUTE À ROUSSEAU
Vivre dans la rue exposition à la Galerie du Théâtre ras-
semblera jusqu’au 9 avril les travaux
des artistes plasticiens qui ont illustré
Jadis vagabonds, naguère mendiants, aujourd’hui sans ce numéro de la revue Faire Part. J. B.
Les Objets d’une vie
collectif domicile fixe : ce ne sont pas les appellations qui man-
Le numéro 56 de la revue quent pour qualifier ceux qui vivent dans la rue et qui Autour de Jean-Marie Gleize
de l’Association pour Exposition du 16 mars au 9 avril 2011
tentent tant bien que mal de survivre à la misère quoti- Galerie du Théâtre, Privas
l’autobiographie et le
patrimoine autobiographique
dienne, son lot d’épreuves et de souffrances. Rencontres - Lectures les 18 et 19 mars
Pascale Pichon, sociologue et maître de conférences à Tél. 06 86 41 97 77
consacre son dossier
aux « Objets d’une vie ». l’université Jean Monnet de Saint-Étienne, a tenté de www.revue-faire-part.fr
Les auteurs nous parlent comprendre la vie des SDF, les a suivis depuis l’entrée dans
de leurs objets… objets
singuliers ou pluriels, objets
la « carrière de survie » jusqu’aux
Pascale Pichon
de mémoire, objets mis en possibilités d’en sortir. Il s’agit là Vivre dans la rue.
scène qui peuplent nos vies. d’une véritable enquête de terrain Sociologie des sans
9€ qui nous donne accès aux codes domicile fixe
ISSN 1168-4704 Publications de l’Université
de sociabilités des SDF à travers de Saint-Étienne
une galerie de portraits singuliers- 228 p., 16 €
humains. Une réflexion engagée. Cet ISBN 978-2-86272-562-8
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portrait
Vivre pour écrire la fulgurance propre à la nouvelle, à laquelle Sylvie
Massicotte est tant attachée. Il est vrai que, à quelques
femme n’est pas d’un naturel sou-
mis mais lorsqu’un de ses professeurs
Sylvie Massicotte est à Lyon pour trois mois. Arrivée miles de chez elle, la tradition des short stories reste lui dit que « pour écrire, il faut avoir
à la mi-janvier dans le cadre de la résidence croi- déterminante. Partir de là, On ne regarde pas les gens vécu », elle obéit, décide de « vivre ».
sée Rhône-Alpes / Québec, organisée par l’ARALD comme ça, Le Cri des coquillages…, ses recueils sont Cela donne trois ans de voyage un
et l’UNEQ avec le soutien de la Région Rhône-Alpes tous parus aux Éditions de L’instant même. On y peu partout dans le monde entre
et du Conseil des arts et des lettres du Québec, retrouve la subtilité de l’écrivain, son amour de la len- 1983 et 1986. À son retour, elle s’ins-
cet auteur de nouvelles, de romans pour la jeunesse teur, mais aussi sa passion pour l’écriture. Des poèmes ? talle à Montréal où elle fait une
et de textes de chansons se ressource entre Rhône « Je place la poésie trop haut pour en faire… », répond maîtrise en « création littéraire ».
et Saône. Rencontre. Sylvie Massicotte. Un nouveau principe de précaution Son premier recueil de nouvelles,
(littéraire) qui mériterait d’être institué. L’Œil de verre, paraît au Québec en
Sylvie Massicotte est complètement écrivain. Pourtant, 1993. Sylvie Massicotte a un peu
elle cultive une certaine idée du partage. Sylvie L’atelier d’écriture, une seconde nature… plus de trente ans.
Massicotte n’a pas peur du paradoxe. « Il y a une péda- Depuis lors, l’écriture continue à tra-
gogue en moi », avoue-t-elle d’emblée. Mais sentant Sylvie Massicotte aime Hugo Claus, Flannery O’Connor, cer en elle sa voie. « Lentement »,
que l’empathie et la découverte de l’écriture à travers Louise Dupré, fait l’éloge de l’inconfort en littérature, précise-t-elle. Pour vivre, elle enseigne
les autres risquaient d’encombrer une voie littéraire et professe le refus de l’ennui dans la vie. « J’ai tou- le français aux immigrants pendant
choisie très jeune, l’écrivain s’est tenue à distance de jours eu peur de m’ennuyer, dit-elle, et c’est pour ça plusieurs années, puis finit par conci-
l’enseignement, sans pour autant renoncer aux ate- que j’ai une vie extrêmement variée. » Son envie de diver- lier la création littéraire et son goût
liers d’écriture et à l’accompagnement de manuscrits, sité et de chemins de traverse est née très tôt. Originaire des autres. Quinze ans d’ateliers
autant d’activités dont elle a fait son métier, à Montréal, de Richmond, une petite ville d’Estrie, elle grandit en d’écriture : « Être en contact avec la
où elle vit aujourd’hui. Enfin presque. Sa maison, au compagnie d’une amie imaginaire, raconte et écrit déjà découverte de l’écriture, retourner à
milieu de la forêt, se situe des histoires, se lance dans la corres- la source avec des gens qui décou-
à quarante-cinq minutes pondance avec une jeune Française vrent cette aventure, c’est énergisant.
de la ville. Une région de de son âge qu’elle finira par rencon- Les ateliers, pour moi, sont comme
calme et de pommes, trer des années plus tard, et par retrou- une seconde nature… ». La première
toute proche de la fron- ver à Lyon, il n’y a pas si longtemps. reste les nouvelles, le roman qu’elle
tière américaine. C’est là Sylvie Massicotte aime ces signes du prépare, les textes de chansons
que Sylvie Massicotte s’est destin, ces liens qui s’allongent qu’elle aime capturer ici ou là sur
installée, à l’abri. C’est là comme des phrases et qui résistent ses chemins. Et si elle est à Lyon
qu’elle écrit. Des nou- au temps. Un peu comme l’écriture. pour marquer une pause et se
velles surtout. Son champ À seize ans, la jeune fille annonce à nourrir, c’est aussi, plus tard, pour
de bataille littéraire pré- ses parents qu’elle voudrait prendre nourrir les autres. Laurent Bonzon
féré : « Je suis une com- une année sabbatique pour écrire. Ça
battante de la nouvelle », leur fait drôle mais ça se fait. Elle est Samedi 19 mars à 10h, Sylvie Massicotte
est l’invitée du Cercle des lecteurs des
explique l’auteur, vive, caissière dans une station-service et bibliothèques municipales du 1er et
enjouée, enthousiaste. écrit ses premiers textes de fiction. du 4e arrondissements de Lyon
Cinq recueils sont sortis Jusqu’à ce que l’un de ses contes pour (7, rue Saint-Polycarpe, Lyon 1er arr.).
jusque-là. « C’est un genre enfants soit monté dans un théâtre Lundi 21 mars, dans le cadre des Journées
qui se prête à ce que j’ai de Montréal, les parents sont tout à de la francophonie, l’écrivain sera à Berlin,
à l’invitation conjointe de l’Institut français
envie de raconter. Je fait sceptiques. Un peu moins par la
© Véro Boncompagni
brouille jamais. Il énumère juste ce On aurait pu dire les choses plus Directeur de la publication : Livre & Lire / Arald
Le 16 février, Philippe Berthier qu’il faut, des noms de femmes, rapidement, au galop. Il vit avec. Il
Geneviève Dalbin 25, rue Chazière - 69004 Lyon
tél. 04 78 39 58 87
Rédacteur en chef :
était de passage à la Bibliothèque quelques dates et lieux : Milan pour écrit sur. Il aime. C’est Philippe Laurent Bonzon
fax 04 78 39 57 46
mél. livreetlire@arald.org
municipale de Lyon, dans le cadre toujours et Paris pour l’amour, ce Berthier en subtil passeur de Assistante de rédaction : www.arald.org
Julie Banos Siège social / Arald
du cycle « Écrivains de toujours », qui revient au même. Il se permet Stendhal, un soir de février et de 1, rue Jean-Jaurès - 74000 Annecy
Ont participé à ce numéro : tél. 04 50 51 64 63 - fax 04 50 51 82 05
pour une conférence sur Stendhal. un retour en arrière et deux détours bonheur partagé à la Bibliothèque Marie-Hélène Boulanger,
Conception : Perluette
Claude Burgelin, Carine
par les à-côtés, mais jamais ne se municipale de Lyon. To the happy Fernandez, René Gachet,
Impression : Imprimerie
Ferréol (Imprim'Vert).
Il arrive avec un petit papier gros perd. Il conte la vie d’un écrivain few. Et plus, si affinités… R.-Y. R. Myriam Gallot, Frédérick
Houdaer, Danielle Maurel,
Livre & Lire est imprimé
sur papier 100% recyclé
comme un timbre poste qu’il sort comme on doit raconter l’œuvre Yann Nicol, Roger-Yves Roche.
avec des encres végétales
Remerciement à Françoise Monnet
naturellement de sa poche, peut- (Philippe Berthier vient de publier son
d’un homme. C’est la même veine, (Le Progrès) pour la photographie
de Jean-Jacques Lerrant.
ISSN 1626-1331
neuvième livre sur Stendhal : Stendhal, vivre,
être un des quinze testaments de le même sang. Couleur merveille. écrire, aimer, Éditions de Fallois)
l’auteur de la Chartreuse, allez Et c’est vraiment merveille que de
savoir ! Il parle à voix intelligible, voir un homme maître à ce point
pose d’emblée son exposé, entre de son sujet, son auteur, sa passion. nous écrire > > > > > >
livreetlire@arald.org
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