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« Madame de Staël et ses sœurs »

Stéphanie Genand (Université de Rouen)

Synthèse des notes (suite)

Séminaire n°1

Méthodologie du commentaire

Comment problématiser un texte? Et comment n’est pas faire de la paraphrase? Ce que dit le
texte n’apparaît pas dans votre commentaire. Ne jamais répeter ce qui est dit inutilement.

1) de quoi ça parle?

Etape 1 : Qu’est-ce que ça raconte? (ex: une scène de duel; une lettre de manipulation…)
Prenons un exemple fictif : un marquis essaye de déclarer ses sentiments à une duchesse.
1) de quoi ça parle? Une déclaration d’amour

2) Pensez à ce que serait le texte neutre, plat dans la même situation :


Ex : Marquis : Je vous aime.
Duchesse : Ah, moi aussi, je vous aime. Marions-nous.
Ce qui fait un texte littéraire est la rupture avec l’horizon d’attente d’une situation donnée.

Autre ex : Un personnage meurt. Qu’est-ce qu’on attend comme scène-cliché?


=> Confronter le texte donné à l’image neutre, l’attente conventionnelle. Déterminer l’écart.
La problématique va se construire autour de cet écart.
Jamais le texte littéraire ne répond à l’attente.
1) Comment le texte crée un écart. Comment fait-il pour ne pas répondre à ce que l’on attend.

Deux exemples spectaculaires :


En attendant Godot (Beckett). Le spectateur normal se perd d’emblée.
L’analyse de la première scène de cet pièce est un vrai cadeau :
=> Qu’est-ce qu’on attend ? Une scène d’exposition
Problématique Comment Beckett crée une scène d’exposition qui n’en est pas une :

I. Disparition de tous les repères


A) Personnages impossible à identifier (le nom « Estragon » ne donne rien sur le personnage,
il perd le lecteur là où un nom mythologique ou chrétien sera connoté clairement; idem pour
le roman du XVIIIème où un personnage nommé Pauline indique très souvent une héroïne
vouée aux larmes).
B) Lieu et date insaisissables…
II. Un tragique in media res
A)…

2ème exemple : Aurélien, roman de Louis Aragon : première phrase :


« Quand Aurélien vit Bérénice pour la première fois, il la trouva franchement laide »
Texte du premier chapitre => Comment Aragon construit-il une ouverture romanesque ?
L’attente chez le lecteur est plutôt, lors de la description d’une rencontre entre un homme et
une femme, celle du sentiment de la beauté. Bérénice prénom immédiatement évocateur (à
l’opposé d’estragon, dans le précédent exemple)

Une allégorie particulièrement expressive de l’organisation du commentaire est celle de « la


veste de votre sœur »
Vous allez au magasin avec votre sœur qui veut acheter une robe :
Votre sœur est le texte étudié (ou le corpus s’il s’agit d’une dissertation)
Sa veste est la problématique.
Votre sœur vous pose la question suivante : est-ce que cette veste me va bien ?

I) trois arguments pour convaincre que oui


A) La couleur verte lui va naturellement
B) Le prix est intéressant (soldes)

Votre sœur est prête à acheter la veste, mais vous lui dite de marcher un peu, de se retourner,
vous la regarder avec plus de distance et/ou de précision :

II) la veste de plus prêt ne convient pas sur les points suivants
A) Elle est fabriquée au Viêt-Nam
B) C’est du vinyle et non une matière naturelle

III) Votre sœur vous pose alors une question : « Mais alors que serait la veste parfaite?
=> Arguments divers

On comprend avec cet exemple que la troisième partie, quand il y en a une (pas indispensable
dans les commentaires, donc surtout le cas pour les dissertations) donne une nouvelle
impulsion à l’analyse en reformulant le problème en réorientant l’analyse.

Texte n° 1

Religieuse = canular littéraire de Diderot commencé avec le simple but de convaincre un ami
de revenir à Paris. Suzanne, le personnage, écrit une longue lettre à cet « ami ». Narratrice de
16 ans entrée au couvent contre son gré. Texte à la première personne. Moment central où
Suzanne va prononcer ses vœux.

Cérémonie des vœux


1) Qu’est-ce que c’est? De quoi ça parle? Suzanne raconte ses souvenirs de la cérémonie.
2) Qu’est-ce qu’on attend des vœux?
- des détails techniques
- de l’émotion
- des sentiments positifs

Problématique : pour être efficace elle doit être assez courte et assez large pour ne pas
bloquer l’analyse dans une direction trop précise qui empêcherait de développer deux ou trois
parties.

Voici quelques exemples de problématiques choisies par les étudiants :

Par quel moyen Diderot nous montre-t-il l’absurdité de la soumission féminine?


Comment cette cérémonie nous est présentée comme un événement négatif?
Comment l’entourage de Suzanne reflète-t-il son intériorité? (trop restreint)
Dans quel état se trouve Suzanne en rentrant au couvent? (trop descriptif)
Que reste-t-il de sacré dans cette cérémonie pour Diderot? (intéressant mais risque d’être trop
idéologique)

Proposition de S. Genand : « Comment cette entrée en religion est dénoncée comme une
aliénation? »
=> Ne pas être trop près, ni trop loin du texte. Une bonne problématique est un bon zoom
(Problématique intermédiaire, lorsque vous n’avez pas encore une formulation personnelle :
En quoi le texte décrit-il une cérémonie paradoxale? (trop général mais fonctionne toujours)

I) Récit d’une expérience incompréhensible par le personnage


A) La passivité
B) La négation du sujet (absence du je,…)

II) Plongée dans un univers inhumain


A) Le monde hostile des couvents
B) La solitude du personnage (Seul face à une assemblée non définie, des « on… »
C) Le salut du destinataire (forme litt. De la lettre, interpellations du destinataires)

Etude des quatre premières phrases


Bcp de négations => Pourquoi? Parce qu’elle ne veut pas être religieuse (traduction
stylistique de son refus)
l. 2 => voie passive (je fus prêchée). On attendrait la voix active (On m’a prêché)
Tournure passive relativement rare dans l’usage et presque incorrecte ici. Evoque la passivité
du personnage, sa soumission.

Déni, refoulement (psychanalyse) = > disjoncteur du cerveau devant ce qui est perçu comme
atroce.

Unité impersonnelle : « l’assemblée » > pas de connotation religieuse (à l’opposé de la


paroisse, les fidèles), terme soit politique soit neutre dans son usage général.
Quel mot aurait été positif? La communauté
« On » => pronom indéfini très négatif => ne désigne personne dans le meilleur des cas, des
ennemis, avec une notion de complot dans le pire.

« Je demandai s’il était bien vrai… » => pas de destinataire.


Cela renforce le « on ». Comme si Suzanne n’avait pas d’interlocuteur.

Supérieure > Premier personnage à qui Suzanne s’adresse nommément Mais pas de réponse
(réponse fantasmée : « Non, mon enfant… »)

« Pas même un visage » dont elle se souvienne.


Le changement de l’habit du monde en habit religieux est le seul souvenir concret
« Physiquement aliéné » lat. alienus, « étranger »
=> aliéné = fou, personne qui devient un étranger pour elle-même
L’adverbe physiquement est très fort dans ce contexte. Son corps ne lui appartient plus.

Texte 2

La clos, texte très célèbre de la lettre 81


Contenu du texte : éducation
1) Elle raconte comment elle s’est instruite, éduquée
2) Qu’est-ce qu’on attendrait? Des tuteurs. Du cœur, des sentiments, des larmes de la vertu,
de la soumission
3) Qu’est-ce qu’on a? Une femme cérébrale, manipulatrice, omniprésence du moi…

=> En quoi l’éducation de la narratrice est-elle paradoxale?

**************

Séminaire n°2

Dix années d’exil retrace toutes les persécutions dont elle a été victime.
Publié en 1817 (après sa mort)

Immense détour par la Russie, la Finlande et la Scandinavie pour atteindre l’Angleterre. C’est
la première fois qu’une femme française va seule en Russie. Tradition culturel du voyage en
Russie au XVIIIème siècle, mais limité à Saint Petersbourg. Fascination réciproque entre la
Russie de Catherine II et les philosophes (Catherine II grande lectrice de Montesquieu, mais
elle coupe des passages).
Diderot ne voit rien de l Russie, Voltaire guère plus.
Pas de curiosité réelle, mais surtout une recherche d’un miroir du rayonnement de la France.
C’est seulement après la Révolution que les écrivains vont réellement voyager. Renversement
complet du regard sur l’étranger : Mme de Staël arrive en Russie non seulement soucieuse de
la culture de l’autre, (apprentissage des langues du pays où elle va : Allemagne, Angleterre -
en Russie le séjour sera trop court pour l’apprentissage du russe) mais aussi dans une
situation particulière - toute l’Europe est occupée par Napoléon.

« L’Europe-France », expression de dix années d’exil, monstruosité pour Staël. Pour elle,
Russie = ultime bastion de la liberté et de la résistance culturelle.

Elle trouve en Russie un pays vraiment autre qu’elle cherchait. Critique cependant la pratique
du servage.

1812 : elle voit la ville de Moscou trois semaines avant l’incendie fait par les Russes pour
lutter contre Bonaparte.

Texte 1 (sur Moscou)

Le texte => Description : décrire une ville suppose un certain nombre d’éléments attendus =>
un plan de la ville, des impressions personnelles, l’utilisation de l’imparfait, plutôt sens action
(suspension du récit). Sens de la vue le plus sollicité. Mise en scène du regard - dispositif
visuel quel qu’il soit.

« Les couples dorées annoncent de loin Moscou »


Il faut les montrer, valeur grammaticale particulière : on suppose que le lecteur connait - à la
fois valeur définie et pseudo-déictique.

« Plutôt une province qu’une ville »


=> Quelle technique optique en l’absence de panorama, essentiel dans la conception classique
de la description d’une ville?
Repérer les occurrences du verbes voir et de ses synonymes (indispensable dans l’étude d’un
texte descriptif)

Signe caractéristique de la ville pour Staël : tout est au pluriel.


Tentative de se rassurer
Puis émiettement des certitudes, dissolution du regard dans la différence, la diversité :
« quelqu’un disait… » => tentative de réappropriation

[Dans le texte 2 qu’on verra ensuite, là aussi la description oscille entre perte de repères et
(illusion de) reprise de contrôle (avec des phrases qui analysent a posteriori)]

Passage du monologue au dialogue ‘Avez-vous vu… »


« Voulez-vous, me disait-on… » => parole d’un marchand indéfini

« La ville chinoise » => femme occidentale un peu perturbée…


« diversité », « mœurs », « nations » => terme d’analyse qui rassurent après les réalités
étrangers (ville chinoise, cachemire, tartares…)
=> Synthèse Europe/Asie

Qu’est-ce qui lui plait dans ces grands seigneurs russes?


> Liberté, générosité, pas d’hypocrisie (« ils ne cherchent point les places… ») à l’opposé des
notables français qui courtisent le pouvoir.
Nouveau domaine de questions et d’inquiétude sur le plan de la religion. Beaucoup plus
d’églises qu’en France. Comparaison avec Rome => Même diversité de paysage, même
densité d’église, même diversité religieuse et architecturale.

Comparaison du début et de la fin du texte => des « coupoles dorées » à la « Rome asiatique »
=> entre les deux : réflexion, analyse, voyage. De la connaissance livresque, théorique de la
ville à une identification de la complexité de la ville. Dénomination. Qui chasse la peur du
déracinement.

Méthodologie.
1) Qu’est-ce qu’on attend ? De l’imparfait, une expression de la présence du narrateur/témoin
dans le texte
2) Ici : présent, pas de mise en scène de Germaine (elle réapparaît dans la conclusion)

Comment interpréter l’absence de la narratrice?


Ici, Mme de Staël ne se met pas en scène (ce qui est rare dans ses textes). La nouveauté de
Moscou est si forte qu’elle efface la narratrice (soit par modestie, soit par contrainte).

Problématique : En quoi cette description est-elle paradoxale? (pb générale 1ère étape)

=> Essayer d’en formuler une plus spécifique :

Propositions des étudiants :

- Comment l’Asie et l’Europe se rencontre-t-elle dans la description?


- Comment Mme de Staël propose-t-elle une image mystérieuse de Moscou?
- Qu’est-ce que Moscou pour Mme de Staël?
- Comment la description staëlienne oscille entre le connu et l’inconnu?
- Pourquoi Moscou est-elle vue comme la « Rome Asiatique »?

Proposition de Stéphanie Genand :


- Comment la confrontation avec une ville inconnue déjoue-t-elle (compromet-elle) la
description?

Texte 2 (sur Saint Petersbourg)


Admiration devant la performance architecturale et morale (l’ardeur des Russes)
Description dont la fonction est de rassurer en organisant l’espace => narratrice moins
perdue

Descr. en contraste : à l’opposé du caractère « horrible » de la campagne, surgissement


comme enchanté de Saint Petersbourg. Zoom sur les bords de la Neva, réflexion. « Je »
présent, énonciation maîtrisée. Le réel ne la bouscule pas autant que dans la rencontre avec
Moscou.
Cependant, émergence de l’idée d’une ville contre-nature (cf. plans de Pierre le Grand) au
contraire de Moscou.
« Fragiles fondements » => les marais montrent la précarité du rêve. Elle sent la réversibilité
de la ville : spectacle irréel, fantasmatique, spectral

Grand moment de désorientation pour elle : rien ni ppersonne n’est vieux à Saint
Petersbourg. Tout le monde peut rêcer à un renouveau. Staël se rêve femme jeune (elle a
quarante ans à l’époque). La blancheur de la ville fait repartir à zéro.
« Des quais de granits de trente verstes de long » (sur la Neva) => Staël devient un peu russe,
visible dans les choix de son vocabulaire.

Elle va jusqu’au bout de la dépossession d’elle-même et s’imagine une renaissance. Non plus
une disparition du sujet (comme c’est le cas à Moscou), mais une renaissance.

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