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Asmaa Menouni
Ilham Aberchane
Introduction :
L’infraction représente une notion essentielle du droit pénal lequel se caractérise
principalement par la détermination des peines et des modalités de la répression. Or
afin d’incriminer et de réprimer il faut que soient réunies, au préalable, trois éléments
qui sont constitutifs de l’infraction : l’élément légal qui exige l’existence d’un texte
d’interdiction en vigueur, l’élément matériel qui n’est autre que l’extériorisation de
l’infraction par des actes ou des comportements prohibés, et enfin l’élément moral,
également appelé élément psychologique ou intellectuel. Ce dernier sur lequel va
porter notre étude n’est pas seulement le plus abstrait, mais il est, sur le plan
historique, le plus récent, le dernier à s’imposer d’une manière définitive. Ainsi en
France La mention de la nécessité de l’intention comme élément constitutif du crime
et du délit n’existait pas dans le code pénal de 1810 tel qu’il avait été réformé sous
l’empire de Napoléon. Dans le même sens le Conseil constitutionnel de ce pays, tout
en accordant une valeur constitutionnelle à cet élément, a cru nécessaire dans une
décision de 1999, de mettre l’accent sur son existence pour que le crime et le délit
soient constitués. Au Maroc le code pénal abonde dans le même sens lorsqu’il
affirme dans son article 133 que c’est l’élément intentionnel qui rend punissable les
crimes et les délits et que ces derniers sont exceptionnellement punissables
lorsqu’ils sont commis par imprudence. Ainsi l’élément moral de l’infraction bénéficie
à l’heure actuelle d’une reconnaissance universelle, ce qui n’est pas sans démontrer
l’intérêt de son étude, d’autant plus qu’il se trouve au carrefour de notions juridiques
importantes telles que celle de culpabilité de responsabilité pénale et d’ordre public
et qu’il est dans la doctrine et devant les juridictions l’objet de débats et souvent sujet
à la libre appréciation du juge. Son analyse ne manque donc pas de difficultés et
pour bien la cerner, il y’a manifestement nécessité d’adopter une optique
suffisamment large qui prend en considération le droit comparé, celui du Maroc qu’on
tentera de confronter avec la législation et la pratique françaises. En Outre pour
compléter notre approche, on se propose d’asseoir l’étude de l’élément moral sur ce
qui fonde celui-ci et le détermine sur le plan juridique, à savoir la faute qu’elle soit ou
non intentionnelle.
I – La faute intentionnelle.
a) Le débat doctrinal
1 - La doctrine classique
Dans le dol général, Le terme de général est essentiel et significatif. Etant une
construction abstraite, ce dol général comporte en fait une double généralité, la
première est relative à l’agent de l’infraction, la deuxième à la victime.
forme de l’homme en général, de l’homme abstrait qui, en tant que tel, est
doué de raison et donc en mesure de connaitre la loi, et lorsqu’il l’enfreint,
il le fait en connaissance de cause. De telle sorte qu’en définitive les
contours de la faute intentionnelle sont limités. Ils supposent en la
personne de l’agent la connaissance du droit, la conscience de son propre
comportement et la volonté d’enfreindre la prohibition légale telle qu’elle
est déterminée par la loi.
Ce point de vue, qui est exprimé par la majorité des pénalistes présente le
mérite d’assurer au mieux l’ordre social. Mais parce qu’il est abstrait et ne fait pas
suffisamment de place à l’homme concret, celui de tous les jours, il a été discuté par
ceux qui privilégient la notion de mobile.
La réalité des positions du droit marocain peut être étudiée de deux points de
vue, celui des textes et celui de la jurisprudence.
B) La problématique de la répression
La faute intentionnelle, on l’a vu, est objet de débat ; les points de vue
divergent quant à sa définition et à son contenu. Cette situation est lourde de
conséquences au niveau de son interprétation et de sa répression par le juge. Afin
de rendre compte de cette problématique, il convient tout d’abord d’identifier le
domaine de la faute intentionnelle avant d’analyser les difficultés de la mise en
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œuvre de sa répression
A quel domaine, la faute intentionnelle une fois établie, renvoie t’elle ? A celui
du crime, du délit ou de la simple contravention ? A ce propos il convient tracer une
ligne de démarcation entre les conceptions et méthodes du droit civil et celles du
droit pénal. Alors que le droit civil n’accorde qu’une importance limitée à la distinction
qui oppose les délits et quasi-délits, le droit pénal qui met en oeuvre la notion
d’intention pour mesurer la dangerosité de l’agent, met au contraire l’accent sur
cette distinction qui devient essentielle pour la qualification des l’infraction. Cette
approche particulière explique l’existence tant au niveau des textes que du travail du
juge, d’une pluralité de solutions que le juge allie à une volonté de justesse et de
rigueur dans la répression.
Ainsi selon les termes de l’article 133 du code pénal « les crimes et les délits
sont punissables lorsqu’ils ont été commis intentionnellement ». Le code pénal
marocain fait de l’intention la condition indispensable des infractions susceptibles de
revêtir une qualification criminelle. Ainsi l’exigence d’une faute intentionnelle en
matière criminelle constitue un principe absolu qui ne souffre en conséquence
aucune exception. En revanche, l’exigence d’une faute intentionnelle en matière
correctionnelle ne constitue qu’un principe relatif : dés lors que le texte
d’incrimination l’énonce, une simple faute d’imprudence peut suffire à la constitution
du délit. Enfin, l’exigence d’une faute intentionnelle en matière contraventionnelle
constitue l’exception nécessairement fondée sur un texte et cela dans la mesure où
l’élément moral d’une infraction contraventionnelle consiste en principe en une faute
matérielle.
b) la faute matérielle :
C’est la faute dont le domaine de prédilection est la contravention. Son
analyse nous conduit à formuler deux hypothèses concernant la présence ou non de
l’élément moral :
Première hypothèse : cette catégorie de faute suppose
l’inobservation du règlement, sans pour autant s’intéresser à
l’existence ou non d’une intention. A partir de là une partie de la
doctrine ainsi que la jurisprudence admettent que la loi a élaboré
une catégorie d’infractions où l’élément moral n’existe pas, dans la
mesure où la commission du délit repose uniquement sur un
comportement concret, sans qu’il y ait une attitude psychologique
préalable.
En matière de faute d’imprudence, ce lien n’est pas toujours clair, ce qui pose
des difficultés d’appréciation au niveau du juge.
Par la suite, on a admis la possibilité d’une action devant les juridictions civiles
indépendamment de l’existence ou non de la faute d’imprudence pénale, ce qui a
facilité l’indemnisation et assuré la liberté d’appréciation du juge.
Conclusion.