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La tribu des Nukak Makú est probablement la dernière tribu qui soit entrée en
contact avec la culture colombienne actuelle1, et l’un des derniers groupes nomades
dans le monde. Ils descendent des Makú2, indigènes nomades qui ont voyagé pendant
des siècles dans la partie nord-est du fleuve Amazonas, actuellement une zone partagée
entre le Brésil, la Colombie et le Pérou, et partagent leurs expériences avec d’autres
groupes ainsi qu’avec la nature.
Les Wajpi
1
Cette communauté a été découverte dans les années 80 dans la région du Guaviare, installée dans la forêt
Amazonienne, au sud-est de la Colombie, et limitrophe avec le nord-ouest brésilien.
2
En français : Personne sans parents au sein de l’ethnie Arawaka qui peut être livrée à l’esclavage ou à la vente.
créer des courbes et assurer une stabilité à l’ensemble de la structure, ainsi qu’un
écoulement de l’eau vers les cotés.
La feuille de Plantain joue un rôle important dans les Wajpi puisqu’elles donnent
un double apport à la communauté Nukak-Makú : les plantains apportent de la
nourriture à leurs habitants, et leurs feuilles leur offrent un abri. Pour eux, ce fruit offert
par la forêt possède une valeur plus que fonctionnelle. Les habitants profitent du
matériau, tout en respectant principalement sa forme, son environnement, son goût, et
l’incorporent à leurs outils. C’est bien pour cela qu’une fois le campement abandonné
les Nukak-Makú laissent les structures intactes, pour que les feuilles soient de nouveau
en harmonie avec leur milieu. Au fil du temps, ces structures s’intègrent rapidement à
l’existant.
Cette façon de construire n’a pas souffert des grands changements3, si nous
prenons en compte le contact avec les « blancs ». De même, Il est important de
remarquer que ces œuvres vont au delà de la forme ou de la fonction, car pour la tribu,
le fait d’établir des espaces habitables au milieu de la forêt humide, tropicale, interprète
leur relation étroite avec l’environnement naturel et culturel.
Leur condition nomade leur a permis de trouver des stratégies pour s’adapter au
milieu, et de profiter au maximum des feuilles de plantain. Cette feuille est utilisée pour
effectuer plusieurs éléments qui ne sont pas transmis mais appris de façon autodidacte
par les nouvelles générations. De ce fait, les enfants développent rapidement une
sensibilité pour l’architecture en imitant leurs parents. Ils essayent de construire à coté
des abris leurs propres refuges.
Le plus intéressant chez les Nukak-Makú est de voir la manière dont ils
réussissent à gérer et renouveler les ressources de la nature, de façon très cyclique, fait
démontré par la forme du toit. En fait, sa structure courbe permet de créer une zone
sèche à l’intérieur ainsi que des lignes d’écoulement d’eau à l’extérieur, où les Nukak-
Makú jettent leurs noyaux et ordures. Une fois qu’ils partent, des potagers vont se créer
naturellement, et par conséquent ils rendent à la forêt une partie de sa nappe végétale.
Ce geste sera également un témoin de leur passage, étant donné que leur philosophie ne
3
Le seul changement connu à l’époque est l’utilisation de machettes offertes par les chercheurs ou les agriculteurs
qu’ils croisent.
4
Nous pouvons le définir plutôt comme saison de pluie
conçoit pas la réutilisation des campements délaissés. Ces nouveaux potagers ont aussi
des valeurs symboliques pour eux parce qu’ils représentent d’une part leur offrande à la
nature, et d’autre part le lieu où vont enterrer les morts.