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Miguel Pinilla

ENSASE S5 - Techniques et Matériaux


Luc Pecquet

Architecture Indigène en Colombie : les Nukak Makú et les hommes Mopli


Campements temporels – Utilisation de la feuille de Platane

La tribu des Nukak Makú est probablement la dernière tribu qui soit entrée en
contact avec la culture colombienne actuelle1, et l’un des derniers groupes nomades
dans le monde. Ils descendent des Makú2, indigènes nomades qui ont voyagé pendant
des siècles dans la partie nord-est du fleuve Amazonas, actuellement une zone partagée
entre le Brésil, la Colombie et le Pérou, et partagent leurs expériences avec d’autres
groupes ainsi qu’avec la nature.

La population actuelle ne dépasse pas les 500 personnes, divisées en groupes de


30 personnes environ, chacun possédant son territoire et son propre leader. Ils rejettent
le sédentarisme pour ainsi connaître avec perfection la forêt où ils sont situés,
(d’ailleurs, ils effectuent en moyenne 180 déplacements par an) et ont développé des
connaissances impressionnantes dans les domaines de la zoologie, la botanique, la
chasse et l’architecture. Leur constante mobilité fait qu’ils n’ont pas de compétences
dans l’agriculture, mais ils ont su compenser ce besoin en recueillant des végétaux
sylvestres, des insectes et du miel. Décimés par la violence, et l’arrivée de la grippe,
maladie qu’ils ne connaissent pas avant leur premier contact avec d’autres personnes,
leur communauté est mise en danger.

Les habitations des Nukak-Makú, les Wapji, sont toujours éphémères, à


proximité des fleuves ou rivières où ils s’emplantent pour quelques jours, de façon
organisée. En créant des chemins ancestraux, indéchiffrables pour un occidental, ils
commencent à s’implanter en spirale, qu’ils établissent de façon méthodique et
répétitive chaque fois qu’ils choisissent un nouvel emplacement. Chacune des familles
est en charge de créer sa propre maison en respectant l’implantation du chef de la tribu,
et l’ensemble du campement est à l’usage de ses habitants, puis abandonné pour que la
forêt « récupère » son espace. Ils s’installent entre un et vingt jours, et au moment de
partir, laissent le campement intact.

Les Wajpi

L’emplacement se fait en fonction du chemin préétabli et par rapport aux


conditions du terrain puisqu’il est important, voir fondamental, d’établir un campement
circulaire. Etant donné que les seuls matériaux sont ceux offerts par la nature, ils ont
inventé des techniques innovatrices pour ériger leurs Wajpi. Les arbres deviennent la
structure des habitations, soit utilisés comme poteaux, soit coupés et mis en place
perpendiculairement. En même temps, un autre est disposé de façon transversale pour

1
Cette communauté a été découverte dans les années 80 dans la région du Guaviare, installée dans la forêt
Amazonienne, au sud-est de la Colombie, et limitrophe avec le nord-ouest brésilien.
2
En français : Personne sans parents au sein de l’ethnie Arawaka qui peut être livrée à l’esclavage ou à la vente.
créer des courbes et assurer une stabilité à l’ensemble de la structure, ainsi qu’un
écoulement de l’eau vers les cotés.

La feuille de Plantain joue un rôle important dans les Wajpi puisqu’elles donnent
un double apport à la communauté Nukak-Makú : les plantains apportent de la
nourriture à leurs habitants, et leurs feuilles leur offrent un abri. Pour eux, ce fruit offert
par la forêt possède une valeur plus que fonctionnelle. Les habitants profitent du
matériau, tout en respectant principalement sa forme, son environnement, son goût, et
l’incorporent à leurs outils. C’est bien pour cela qu’une fois le campement abandonné
les Nukak-Makú laissent les structures intactes, pour que les feuilles soient de nouveau
en harmonie avec leur milieu. Au fil du temps, ces structures s’intègrent rapidement à
l’existant.

Cette façon de construire n’a pas souffert des grands changements3, si nous
prenons en compte le contact avec les « blancs ». De même, Il est important de
remarquer que ces œuvres vont au delà de la forme ou de la fonction, car pour la tribu,
le fait d’établir des espaces habitables au milieu de la forêt humide, tropicale, interprète
leur relation étroite avec l’environnement naturel et culturel.

Leur condition nomade leur a permis de trouver des stratégies pour s’adapter au
milieu, et de profiter au maximum des feuilles de plantain. Cette feuille est utilisée pour
effectuer plusieurs éléments qui ne sont pas transmis mais appris de façon autodidacte
par les nouvelles générations. De ce fait, les enfants développent rapidement une
sensibilité pour l’architecture en imitant leurs parents. Ils essayent de construire à coté
des abris leurs propres refuges.

Ce matériau possède une huile naturelle qui empêche l’eau de le pénétrer, et


permet au soleil de pénétrer à l’intérieur des Wajpi. En hiver4, plusieurs couches sont
mises sur la structure faite pour chaque famille, tandis qu’en été, quelques feuilles sont
disposées de manière à créer une toiture symbolique. Les feuilles qui ne sont pas
utilisées sont déchirées pour créer soit des cordes pour assembler les structures dans les
futurs campements, soit des hamacs qui seront transportés à chaque déplacement, soit
des sacs qui les aideront à porter des aliments ou des éléments de chasse. L’utilisation
du matériau est poussé jusqu’à ses limites, et le mot « gaspillage » ne fait pas partie de
leur vocabulaire.

Pendant que les Nukak-Makú habitent dans un campement, ils se concentrent


tous dans l’espace central de chaque Wajpi où un feu les attend pour passer la nuit, pour
pouvoir continuer leurs taches et pour les isoler des moustiques.

Le plus intéressant chez les Nukak-Makú est de voir la manière dont ils
réussissent à gérer et renouveler les ressources de la nature, de façon très cyclique, fait
démontré par la forme du toit. En fait, sa structure courbe permet de créer une zone
sèche à l’intérieur ainsi que des lignes d’écoulement d’eau à l’extérieur, où les Nukak-
Makú jettent leurs noyaux et ordures. Une fois qu’ils partent, des potagers vont se créer
naturellement, et par conséquent ils rendent à la forêt une partie de sa nappe végétale.
Ce geste sera également un témoin de leur passage, étant donné que leur philosophie ne

3
Le seul changement connu à l’époque est l’utilisation de machettes offertes par les chercheurs ou les agriculteurs
qu’ils croisent.
4
Nous pouvons le définir plutôt comme saison de pluie
conçoit pas la réutilisation des campements délaissés. Ces nouveaux potagers ont aussi
des valeurs symboliques pour eux parce qu’ils représentent d’une part leur offrande à la
nature, et d’autre part le lieu où vont enterrer les morts.

En conclusion, l’architecture des Nukak-Makú et principalement l’usage de la


feuille de plantain font partie de leur culture, et l’usage de la feuille change en fonction
de la saison, mais aussi en fonction des conditions culturelles et sociales de leur culture,
encore inconnue pour nous. Ils conçoivent le monde d’une façon tranquille et pacifique,
en remerciant la nature pour ses cadeaux, et en profitant de ses fruits. Cette feuille
représente la vie et la mort, parce qu’elle leur permet de vivre en leur offrant des
plantains et l’eau nécessaire pour faire pousser ses ordures, elle leur offre aussi un abri
où habiter, et elle devient au final le lieu de leurs cimetières. Leur sérénité et puissance
d’esprit peuvent nous impressionner, comme d’autres communautés l’ont déjà fait à
l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique, énoncées dans la lettre qu’il a envoyé aux
rois de l’Espagne en 1493 : «Ils sont si nobles et si généreux, et ils vous invitent à
partager leurs activités avec tant d’amour, qu’on dirait qu’ils vous offrent leur cœur ».

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