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Emmanuel Barot, Révolution dans l’Université – Quelques leçons théoriques et lignes

tactiques tirées de l’échec du printemps 2009,


Editions La ville brûle, 2010, 175 p., 13 €

On a pris l’habitude, ces derniers temps, de saluer le retour de Marx. Il est moins courant de se
féliciter du retour du marxisme. Certes, le terme est d’usage délicat : si l’on entend par là un
certain type d’analyse critique portant sur un moment concret (ici le mouvement universitaire du
printemps 2009), le livre d’E. Barot y appartient de plein droit. Mais si l’on y ajoute la prise de
position assumée et militante de l’auteur, la nature d’intervention résolue de ce livre dans une
actualité, c’est alors avec le marxisme politique que renoue ce travail original et courageux. A la
filiation avec le Marx du 18 Brumaire et du Capital, s’ajoute le recours à Sartre, Marcuse et
Althusser.
L’originalité de l’ouvrage tient à son plan autant qu’à son ton. Son plan d’abord, encadré par
des textes précisant le positionnement de l’auteur, informant sur sa participation aux luttes du
Mirail à Toulouse, l’une des universités françaises les plus mobilisées. Entre ces pôles, la réforme
du supérieur est analysée dans sa logique d’ensemble comme « incorporation autoritaire de la
science au capital » (p. 21) que le mouvement de 2009 échouera à contester. Aucune leçon donnée
du dehors ici : l’historique de la lutte et le rappel de son échec total révèlent les contradictions à
l’œuvre jusqu’au cœur même de ses acteurs. Analyse de classe s’il en est, rénovant même la
catégorie délaissée de petite-bourgeoisie, le travail d’E. Barot s’efforce de suivre les détours
multiples de la prise de conscience autant que ceux de la naïveté, de la dénégation voire de la
« mauvaise foi ».
Quant au ton, c’est un compliment de dire qu’il en agacera plus d’un, tant il rompt avec un
œcuménisme de bon aloi sur le terrain du savoir et de sa transmission. Ainsi, au seul motif de
« Sauver l’Université », furent invoqués l’« autonomie » des universités et le « désintéressement »
de la recherche, supposés antérieurement acquis et dornénavant menacés. Mais, de fait, ces mêmes
thèmes furent utilisés autant par les opposants à la réforme que par ses défenseurs : E. Barot les
analyse comme « puissants médiateurs de l’idéologie dominante » (p. 122), facteurs parmi
d’autres d’inconséquence politique.
Ce sont donc les raisons profondes de cette longue lutte et de son échec cinglant, car non fatal,
qu’analyse E. Barot, pointant les contradictions peu visibles mais puissamment agissantes, qui
placèrent et placent encore ses acteurs –individus, catégories et organisations-, au centre de
l’actualité politique et sociale. En un mot, ce livre incisif et rigoureux, loin de donner dans la
déploration rétrospective d’un échec annoncé, invite à la réflexion stratégique et prospective la
plus ambitieuse, en ces temps de crise généralisée.

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