Sunteți pe pagina 1din 134

1

Dans le Souffle de Comenius,

Pédagogie et Spiritualité
(ou L’Education du Verseau)

Exergues

Panorthosia, traduction libre de la version anglaise de Dobbie


Panorthosie

... 5. Si nous postulons que nous devons accomplir notre devoir et servir Dieu en coopérant à
sa tâche, et mettre la main au renversement rapide de la Babylone des confusions (afin que
toutes choses puisse redevenir " Sion "), Je propose de suggérer la méthode plausible d'un
processus , dont je traiterai de façon générale dans ce chapitre, et plus détaillée dans les
chapitres suivants.

6. La procédure générale sera expliquée en examinant l'idée d'Exécution, sa définition, son


agent et sa méthode.

7. L'Exécution est la mise en action par certaines personnes d'un mode d'action délibérément
décidé. L'exécution légitime requiert donc une combinaison des éléments suivants : a). Une
décision préliminaire à propos de la tâche à exécuter. Car une action entreprise sans décision
antérieure est sans espoir ; b) des personnes précises responsables de l'action à accomplir ; car
si personne n'est rendu responsable, le résultat est soit une action sans but ou pas d'action du
tout ; c) L'action, l'exécution elle-même, entreprise, continuée, et achevée selon les lois de la
sagesse. Les tâches entreprises, continuées et achevées sans sagesse sont fautives dans leur
exécution.

8. C'est pourquoi l'exécution d'un programme de réformes a aussi trois exigences : elle doit,
en tant qu'entreprise universelle, être accomplie a) Par tous en même temps b) sous tous ses
aspects c) de toutes les façons possibles.
...

Ces quelques mots introductifs tirés du début de la Panorthosia de J.A.Comenius semblent


évidents mais ils décrivent très bien l’idée de processus, aussi bien sur le plan individuel que
collectif, et mettent à néant ceux qui voudraient encore nous faire croire qu’il suffit d’une
orientation vague pour accomplir. Avec une orientation vague, on n’accomplit que des choses
vagues, même si, au début de l’activité pédagothérapeutique, cela est presque inévitable pour
celui qui cherche.

...
P.24 (tiré d’Unum Necessarium, de Comenius)

“...apprendre à maîtriser son petit monde en tant que Dieu en petit, comme le disait un sage :
"Si tu veux être un roi je vais te donner un royaume. Gouverne-toi toi-même". ... , l'homme
2

doit être capable de s'utiliser à bon escient et savoir jouir de lui-même; il ne doit faire
confiance à aucune autre créature comme il se fait confiance lui-même, il ne doit chercher en
aucune autre créature le bonheur, comme il le chercherait en lui-même. "En toi se trouve un
monde, ne le cherche donc pas hors de toi".

J’ aimerais commencer cette exploration de la pédagothérapie biospychospirituelle par


l’avant-propos du livre DEI GLORIA INTACTA, de Mr Jan van Rijckenborgh, que je
reprends entièrement à mon compte:
Attendu que le seul Dieu sage et miséricordieux...
A l’ombre de tes ailes , O Jehovah!
------------
Dans un autre registre, voici quelques paroles de Victor Hugo sur la liberté de l'enseignement,
qu’il faut à mon avis appliquer de nos jours à toutes les formes d’enseignement, publiques,
laïques, ou privées, ou presque, existant actuellement.
Tiré de l'Avenir du dimanche 9 octobre 1904
Extrait :
... La création s'offre à l'étude de l'homme. Le prêtre déteste cette étude et tient la création
pour suspecte. La vérité latente dont le prêtre dispose contredit la vérité patente que l'univers
propose.
De là un conflit entre la foi et la raison.
De là si le clergé est le plus fort, une voie de fait du fanatisme sur l'intelligence.
S'emparer de l'éducation, saisir l'enfant, lui remanier l'esprit, lui repétrir le cerveau, tel est le
procédé ; il est fort redoutable. Toutes les religions ont ce but : prendre de force l'âme
humaine.
C'est à cette tentative de viol que la France est livrée aujourd'hui. Essai de fécondation qui est
une souillure. Faire à la France un faux avenir : quoi de plus terrible ? L'intelligence nationale
en péril ; telle est la situation actuelle.
L'enseignement des mosquées, des synagogues, des presbytères est le même ; il a l'identité de
l'affirmation dans la chimère ; il substitue le dogme, cet empirique, à la conscience, cet
avertisseur. Il verse l'imposture dans la candeur de la jeunesse, et, si on le laisse faire, il en
arrive à ce résultat de créer chez l'enfant une épouvantable bonne foi dans l'erreur. Abrutir est
un art. Les prêtres des divers cultes appellent cet art liberté d'enseignement. Ayant été eux-
mêmes soumis à la mutilation de l'intelligence, ils voudraient pratiquer cette mutilation après
l'avoir subi.
Un castrat faisant l'eunuque : cela s'appelle l'enseignement libre.
Victor Hugo
Nous pouvons maintenant malheureusement étendre ce texte à l’ensemble de l’éducation en
France, une nouvelle religion, celle de la laïcité mal comprise, ayant surgi.
Et nous aimerions aussi citer aussi ce qui pourrait aussi être une approche de la laïcité plus
ouverte.
Introduction aux journées de la spiritualité laïque à Tours, le 5 Avril 2009 :
A bien des signes, on peut percevoir qu’une mutation, l’apparition d’un nouveau paradigme se
prépare. Le mythe du progrès et les promesses de lendemains qui chantent ont fait leur temps.
Certes, en politique comme dans les medias, les idées propagées n’ont guère évolué.
Mais les initiatives privées se multiplient pour redonner leur importance vitale à l’Écologie et
à la Spiritualité.
Les religions ont déçu, au moins dans l’ensemble.
3

Mais la soif d’une autre dimension de l’existence ne cesse de grandir et ceci dans tous les
milieux sociaux et professionnels, y compris ceux qui paraissent les plus inféodés au
matérialisme ou au consumérisme.
Historiquement, la division et les conflits ont discrédité les messages des différentes religions
ou des différents enseignements ésotériques.
C’est pourquoi, toute tentative de rencontres, de compréhension mutuelle et de témoignages
communs est précieuse ; je dirais même « vitalement nécessaire ».
Face à la demande consciente ou latente d’un nouveau sens du sacré, les valeurs essentielles
communes à toutes les sagesses doivent dominer les dissensions et les concurrences indignes.
C’est pourquoi, la vaste ouverture qui préside aux Journées Internationales de la spiritualité
laïque revêt à mes yeux comme à ceux de vous tous, une grandeur et une noblesse
particulières.
Les différences sont une richesse, une occasion de partage, de fraternité, une possibilité de
rendre nos cœurs et nos esprits toujours plus vastes et accueillants.
...Parmi ceux et celles qui vont intervenir au cours de ces journées, beaucoup sont des amis
très chers depuis longtemps et je veux aussi saluer celles et ceux que je n’ai pas la joie de
connaître personnellement.
Que la paix soit dans tous les cœurs.

Arnaud DESJARDINS
(que je ne cautionne absolument pas par cette citation ..., mais son texte me semble convenir
ici ...)
---------------
Comenius d’autre part, précise dans la Via Lucis : “La Révélation sacrée précise, et nous
apprend de plus que le monde n’a pas d’autre sens, d’autre but que de préparer l’homme à
entrer dans l’éternité”
Ce qui n’a rien à voir avec quelque religion existante que ce soit.
Citons aussi Jan Van Rijckenborgh, dans le petit livre issu d’une conférence donnée pour des
jeunes de 15 à 18 ans, Réveil,

IMAGINEZ 1000 jeunes… (Réveil)


IMAGINEZ vous un millier de jeunes qui décident de prendre les nouveaux critères pour les
plus importants de leur vie. ils décident de vivre ces choses et de les soutenir de tout leur
être.En même temps ils accomplissent leur tâche sociale, leur fonction sociale.Ils ont une
profonde pitié pour tous ceux qui ont oublié leur véritable nature et destination, vivent et
agissent en conséquence
Ces jeunes, selon les nouvelles valeurs, s’adonnent avec leur juvénile enthousiasme à leur
tâche magnifique. Ils remplissent nos temples.. Nous vous conseillons cela avant tout chers
amis, d’assister aux services de temples et aux conférences. Soyez présents aux réunions du
parvis!...faites voir et ressentir autour de vous combien nos groupes de jeunes sont actifs,
vivants, rayonnants.…
Ainsi, nos mille jeunes amis attireront l’attention de l’unique et juste manière. non par un
aspect extérieur excesssif, non par un comportement extérieur, , mais vivant selon l’Esprit,
travaillant véritablement à l’accomplissement de l’unique but de la vie de tout homme, et cela
avec vitalité, dynamisme et enthousiasme, jeunesse et dévouement.. Cela attire l’attention!
Ces jeunes n’ont pas besoin de démonstrations extérieures...Ils ont les deux pieds sur terre, et
vont par conséquent, à la rencontre de l’état d’âme vivante....
Lorsque ces jeunes vont mettre à exécution notre proposition aux Pays Bas Bas, en
Allemagne, en France, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Belgique, en Angleterre, et dans
4

tous les autres pays d’Europe, où habitent peut-être bien (maintenant, nda)3000 jeunes de la
Rose-Croix, cela va faire quelque chose dans ce monde!
...Si vous vous orientez et agissez ainsi, tous ceux avec qui vous entrez en contact en
cueilleront les plus beaux fruits.(Réveil. J.V.R. Editions du Septénaire-Tantonville)...

Mais, dira-t-on, ces jeunes passent actuellement une grande partie de leur temps à L'école de
type pédagogique ordinaire.
Comment faire en sorte que ce temps ne soit pas destructeur, qu'au contraire il soit envisagé
comme le travail d'une terre à labourer, bientôt ensemencée. C'est la tout le but de l'Alchimie
de l'Eveil, de la Pédagothérapie biopsychospirituelle et du Manifeste éducatif à la fin de ce
texte, ou que l’on peut consulter sur une autre forme dans le site
www.rosecroix-education.fr
Quel est le contenu de ce Manifeste ? De plus en plus nombreux sont les pédagogues,
les thérapeutes et les Pédagothérapeutes Biopsychospirituels qui réalisent et disent HAUT ET
FORT, et expliquent souvent de façon très claire, croient-ils, que l'Education actuelle rend
parfois malade.
Et il ne suffit pas qu'ils le disent, ils le prouvent par l'exposé de cas précis, soit dans le
contexte pédagogique institutionnel, soit dans le contexte familial, soit dans le contexte
purement thérapeutique. Des praticiens tels que Carl Rogers, Monroe, le Pr Mahé, et bien
d'autres, tout en proposant des remèdes multiples et variés ( renvoyons ici à leurs oeuvres)
plus ou moins bien intégrées à ce jours dans la pratique pédagogique, on constate toujours une
limite, où les problèmes recommencent et parfois s’aggravent.
Plaçons ici une sorte de “plan” qui pourra donner déjà une idée de ce qu’est ce “Manifeste”
(que l’on pourra retrouver en détail en fin d’ouvrage) :
- Ce travail éducatif a une orientation essentiellement libératrice

Il comporte des exigences et correspond à une nécessité au stade actuel de développement du


travail spirituel pour l’ère à venir.
Principes
Orientation et pistes : devenir humain véritable, éveil spirituel et psychique, biosophie, etc...
Champ de construction, cosmos : inclusion dans le champ de force Fraternel des âmes
vivantes, etc ...
Directions et thèmes : parents, famille et atmosphères , le triangle pédagogique, parents ou
aînés, jeunes et moins jeunes, et éducateurs; Importance d’un maximum d’harmonie au sein
des familles, etc...
Méthodes d’éducation à relier au devenir humain
véritable et à la biosophie. Nouvelles bases del’éducation. Formation des maîtres,des parents
et des futurs parents.
Tout en réalisant bien qu’aucune directive ne remplacera
jamais le travail direct sur le terrain. Donc aucune réponse ne peut être donnée, celles-ci
doivent être trouvées en situation sur la base de l’être profond des éducateurs et des principes
fondamentaux ici énoncés.
Principes essentiels
- Confiance,imagination : Le plan de développement sur les plans de l’esprit,de l’âme et du
corps est inscrit en chacun. C’est donc avec grande confiance que l’éducateur éveillé, tenant
compte de ces réalités, accomplira sa tâche. Et il devra faire preuve d’imagination pour faire
face aux difficultés inévitables,de façon à la fois spontanée et en transformant ces
“difficultés” en pierres de construction.
- Raison et maturation : La haute Raison ne sera jamais absente de la pratique éducative,
même si le jeune ne s’en rend pas toujours compte de façon explicite et consciente. Mais
5

celui-ci, comme l’adulte d’ailleurs, passera par des phases de connaissance de soi, du monde
et de la vie, plus ou moins faciles et douloureuses, qui détermineront un état de maturation de
plus en plus conscient sur les plans psychiques et spirituels.
Responsabilité : Le jeune comme le groupe dans lequel il se situe acquerra une structure assez
solide, même si celle-ci devra plus tard être brisée, par la vie spirituelle elle-même (sinon il
s’agit de brisement du “Toi” et non de brisement du Moi). Eduquer et s’éduquer, c’est entre
autres, au départ, chercher son chemin, puis s’approcher d’une connaissance des principes
fonctionnels et fondamentaux de la Nature, et donc du principe de séparation du juste et de
l’injuste, du vrai et du faux, du pur et de l’impur, etc...
Discernement, contrôle, expression et animation : De ce qui précède découle tout
naturellement l’exigence et la pratique du discernement (et non du jugement), face à toute
situation, et donc de son contrôle, dans la mesure où le critère est le suivant. Ceci ou cela
facilite-t-il l’émergence de la libération de l’homme spirituel face à l’homme naturel. Ceci ou
cela apporte-t-il quelque chose à la libération selon l’esprit, l’âme et le corps. Alors cela est
“bon” et acceptable. Dans le cas contraire, cela pourra tout au mieux être considéré comme
une phase, une étape vers Cela. Et quand toutes ces choses seront clarifiées, alors l’expression
et l’animation permettront de les partager, de les dynamiser, pour tous.
Force et pouvoir, conscience et “parole” : le plus grand pouvoir est celui du silence, le vrai
silence, celui qui facilite la compréhension et non celui, contraint, incompris, ressenti comme
un carcan, une contrainte inutile qu’on a envie de faire voler en éclats. Celui qui facilite la
prise de conscience profonde et incite à celle-ci. Dans certains de ses instants-joyaux, il
permet d’entrevoir le saut qualitatif auquel nous sommes tous appelés. Il constitue aussi la
matrice nourricière universelle, manifestée sur tous les plans, toujours à l’arrière-plan du
“bruit”. Et ainsi peut naître la parole en tant que médiation, s’effaçant entre le maître et
l’élève, où le maître est aussi élève et l’élève maître, chacun étant celui qui perçoit, génère, et
mûrit.
Phénomènes et activités
Les causes cachées des phénomènes se trouvent dans le monde de l’âme et de l’esprit. La
vision et la compréhension de la vie devient de plus plus énergétique, vitale, et moins
“matérielle”. On peut de plus en plus vivre et apprendre une connaissance “de l’intérieur”.
Faire un avec le tout n’est pas un but en soi, mais se découvre surle chemin éducatif et auto-
éducatif.
Ainsi l’appréhension et l’être deviennent d’une vibration de plus en plus élevée.
Pouvoir mental, intellect et corps du penser
Il est dit par Comenius que de nombreux parents peuvent être considérés comme les ennemis
de leurs enfants, ceci souvent parce qu’ils considèrent du devoir de l’éducateur de leur bourrer
le crâne, pour avoir une “situation”, c’est à dire développer un intellect à la mémoire pleine et
bien adaptée à la lutte pour la vie, oubliant qu’il n’y a là rien que de très animal. Citons ici le
passage du “Témoignage de la Fraternité” (commentaires de Mr Jan van Rijckenborgh) dont il
est question ici :
De même que la réalité d’Uranus inspire, entre autres, le féminisme, Neptune nous place
devant un autre système d’éducation, devant la manifestation d’une nouvelle école de pensée
qui s’exprime de nos jours dans les écoles de la Rose-Croix. La Nouvelle Ecole conduira les
adolescents suivant les lignes que les anciens frères ont montrées à l’humanité, afin que toutes
les forces supérieures de l’homme puissent se développer et qu’il soit conduit à sa véritable
destinée dans l’ère du Verseau, à savoir, l’unité de l’esprit, de l’âme et du corps.
Nous vivons un temps où le système d’enseignement s’adapte totalement aux exigences de
cette nature. Les garçons et les filles sont dressés à devenir complices de la corruption
instituée. La frénésie desdiplômes est cause d’une immense souffrance pour les jeunes. Les
meilleurs menteurs et les plus habiles mystificateurs vivent bien matériellement en ce monde,
6

et leurs situations sont présentées à la jeunesse comme le but de lavie humaine. Et vous,
parents qui, en raison de votre orgueil et de votre atavisme, envoyez vos enfants dans les
écoles secondaires et les universités, savez-vous bien ce qui les y menace ? Savez-vous
comme ces enseignements sont vides de valeurs d’éternité ? Savez-vous à quel point vous
abandonnez vos enfants au lent et sinistre processus d’empoisonnement ?

Vous le faites parce qu’on exige des diplômes, chiffons sans valeur, comme la pratique l’a
démontré bien des fois, et vous vous abritez derrière votre angoisse. N’est-il pas évident que,
comme l’a écrit un grand pédagogue (Comenius), les parents peuvent être les pires ennemis
de leurs enfants ? Nous le constatons tous suffisamment, mais nous ne pouvons nous en tenir
à cette constatation ... Le nouveau système d’enseignement s’harmonisera à l’unique but de
l’existence et donnera une éducation conforme à la vocation de l’humanité, dépourvue des
mensonges sociaux de notre temps et des influences abrutissantes de la décadence.

(Témoignage de la Fraternité, p.49-50, J.van Rijckenborgh, Editions du Septénaire)


Il est bien évident que cette vision radicale implique de nombreuses conséquences pratiques et
une orientation totalement nouvelle et révolutionnaire. Ainsi le jeune sera petit à petit amené à
passer de l’affirmation naturelle de l’ego, à une conception où l’autre (en lui et hors de lui)
passera toujours avant, où l’idée et la pratique d’une vie dans le sacrifice joyeux deviendra
toute naturelle, et où la découverte des trois aspects cardinaux de la vie spirituelle, sur la base
de l’âme éveillée, connaissance de soi, maîtrise de soi, et victoire sur soi, deviendra l’essentiel
d’une pratique éducative et auto-éducative digne de ce nom.
...

En tout cas mon expérience personnelle et celle de nombreux autres éducateurs permet de
l’affirmer :
- les trois dernières générations d’élèves des école ordinaires démontrent une dégénerescence
telle qu’il serait parfois insultant de les comparer aux animaux ... pour les animaux.

Mr JVR avait déjà, dans le Remède Universel, paru au cours des années 60, prévu et expliqué
cet état de fait :
‘Car il s’agit d’un champ de respiration infernal,dans lequel toutes sortes de forces
provenant de la sphère “réflectrice” se déchaînent...”
Tout ceci cause, dans les jeunes générations,une perturbation psychique très nette et très
dangereuse.... Personne n’évite les dommages psychiques qui touchent surtout les jeunes
générations et les perturberont toujours plus. Finalement paraîtra une génération au
comportement tel que la comparer même aux lémuriens de la protohistoire serait une offense
pour ces derniers.’
Dans de nombreuses banlieues, il est de plus en plus difficile d’obtenir un silence dépassant
deux à cinq minutes (sic).
Les actes de violence verbales et physiques, à connotation sexuelles sinon bestiales, sont très
rapides à se déclencher, la concentration est rare et la dispersion de règle, le respect mutuel
inexistant... et ceci malgré des professeurs d’une qualité et d’une compétence indéniables!
Bien sûr, on observe pas toujours ces attitudes dans les lycées du XVIe arrondissement de
Paris, mais on y arrivera si l’on ne met pas l’éducation sur des rails positifs en vue d’un
devenir humain véritable et non d’une rentabilité stupide.
Voyons plus précisément de quoi il s’agit.

II
7

Introduction

Il existe de nombreux contes et légendes, histoires pour la jeunesse, où figurent manteaux et


vêtements, anciens ou nouveaux, ou armures et montures, en tant que symboles de l’état, ou
même de l’existence, du corps de l’âme. Pensons ici à la toison d’or d’Héraklès, au roi nu de
l’histoire du tailleur merveilleux, à toutes les histoires du roi Arthur et des Chevaliers de la
table ronde, tout ce qui touche à l’amour courtois (né dans les cours d’amour) etc...etc.. Et les
enfants auront très vite fait de comprendre qu’il y a là tout autre chose qu’une histoire pure et
simple. Le manteau de l’âme est une notion du domaine public, mais le public l’ignore!
Tout ce qui précède, dans les histoires abordables à tout âge, comme pour notre vie, revient à
poser la nécessité d’un processus. D’un devenir sans hâte, impatience, précipitation, mais le
plus vite possible. Je, comme vous, comme nous, dois m’inscrire dans le courant de la vie
véritable actuelle. Et non dans une opposition inconsciente et stérile.
La révolution atmosphérique, autrement dit le changement de composition de l’atmosphère,
est maintenant suffisamment avancée pour qu’il puisse être dit : “Possédons nous un corps
âme, ou non? Si oui, tout va bien,même si tout n’est pas gagné d’avance, car les éons ne
lâcheront pas leur proie si facilement. Il faudra, conscient et décidé, poursuivre sans relâche
sur tous les fronts; Non, il s’agit là d’une condition de base indispensable à la vie spirituelle
psychique et corporelle des temps présents. On peut déjà largement en déceler les signes
avant-coureurs, et les conséquences dans la situation mondiale. Si non, si nous voulons
accomplir notre tâche vraiment humaine pour le temps présent, il devient urgent de se “mettre
à tisser”!”
Notre point de départ est double; comment approcher le monde en tant que l’école
d’expérience et en même temps comment l’approcher en tant que “appprendre à le quitter,
maison de transit.”
Le monde est une école et finalement un laboratoire alchimique. Dieu a donné cette possibilité
à l’homme et ses trois livres en sont les livres sacrés, le livre de l’homme et le livre du monde.
Cela pour acquérir la sagesse l’amour et la force de Dieu. Qu’est-ce qu’une école? Elle se
définit comme une communauté d’hommes ou de jeunes qui s’occupent de comprendre et
d’apprendre les choses utiles.
Voici ce qu’en dit Comenius :
Ceci est un extrait de la fin du livre de Comenius : “Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du
Coeur”

... On doit apprendre à connaître Christ seul - La Bible


Tu as observé comme les érudits essayaient de comprendre toutes choses. Que le sommet de
ton étude soit de m'étudier dans mes actes, et d'admirer comme toutes choses sont gouvernées
par moi, et toi aussi tu trouveras là bien plus matière à réflexion que tous ces érudits, et cela
dans un bonheur ineffable. A la place de toutes les bibliothèques, dont la lecture procure un
travail sans fin, de peu de profit, et bien souvent du mal, toujours de la lassitude et de la
perplexité, je te donne ce livre unique dans lequel sont déposés tous les arts libéraux. Là ta
grammaire consistera en une contemplation de mes paroles; ta dialectique sera ta foi en elles;
ta rhétorique, prières et soupirs; tes sciences, l'examen de mes œuvres; ta métaphysique, la
délectation en moi et en les choses éternelles; ta mathématique, le compte, la pesée et la
mesure de mes bénédictions, et d'autre part, de l'ingratitude du monde; ton éthique, mon
amour qui doit être la règle de ton entière conduite envers moi et envers ton prochain. Mais
8

cherche en tous ces arts, non à être vu des hommes, mais à te rapprocher de moi. Car ma
lumière n'illumine que les cœurs humbles.

Christ, le meilleur médecin,


Tu as observé parmi les médecins leur quête de remèdes divers pour la préservation de la
santé et la prolongation de la vie. Mais pourquoi devrais-tu t'inquiéter de la durée de ta vie?
Demeure-t-elle en ton pouvoir? Tu n'es pas entré dans le monde à volonté, et ce n'est pas toi
qui décidera de le quitter, car ma providence détermine ces choses. Assure-toi donc que tu vis
bien, et je m'occuperai de la durée de ta vie. Vis seul et sincèrement selon ma volonté, et je
serai ton médecin, en vérité je serai ta vie et la longueur de tes jours. Car sans moi, la guérison
même est un poison, et quand je le commande, le poison même doit servir de remède. C'est
pourquoi recommande moi ta vie et ta santé et n'y consacre plus aucune pensée.
Voici quelle doivent être tes maximes de loi : n'envie la propriété de quiconque, mais laisse à
chacun la sienne et partage avec ceux qui en ont besoin; satisfais à toutes tes obligations
matérielles , rends service à autrui et considère ce service comme une dette; pour maintenir la
paix abandonne tout, même toi-même; si quelqu'un veut prendre ton manteau, abandonne lui
aussi ta tunique, et s'il veut te frapper sur une joue, tend lui aussi l'autre. Voilà mes textes de
loi. Si tu les observes, tu es certain de préserver la paix.

La religion du Christ
Tu as observé dans le monde comme les hommes s'agrippent à leurs cérémonies religieuses et
se querellent à leur sujet. Que ta religion consiste à me servir paisiblement, libre des
cérémonies, car je ne les exige pas de toi. Quand tu me sers comme je te l'enseigne, en esprit
et en vérité, ne te dispute avec personne à propos de religion, même si on te traite d'hypocrite,
d'hérétique, ou d'autre chose. Attache toi tranquillement à moi et persévère dans mon service.

L'autorité du royaume de Christ


Parmi les dirigeants et administrateurs des sociétés humaines tu as observé comme les
hommes aiment à se pousser en avant aux premières places et à diriger les autres. Mais toi,
mon fils, tant que tu vis, cherche la place la moins élevée et désire obéir , non commander. Il
est plus facile, plus tranquille et plus confortable de rester à la dernière place qu'à la
première . Si tu souhaite diriger et commander, dirige-toi toi-même : A toi je confie ton corps
et ton âme, au lieu d'un royaume. Tu as là autant de sujets qu'il y a de membres du corps et
d'impulsions de l'âme; cherche à les contrôler afin que tout soit bien. Mais si par dessus cela
ma providence se plaît à te confier quelque chose de plus, soit obéissant et fais fidèlement ce
que je te commande, non en vertu de ta propre inclination, mais de mon appel.
Essaie maintenant essaie de prouver ton héroïsme dans ta lutte contre eux : c'est à dire le
démon, le monde, et tes propres désirs charnels. Garde toi contre ceux-ci du mieux que tu le
pourras; écarte les deux premiers et frappe et tue le dernier. Si tu t'acquittes vaillamment de
cette guerre, je te promets en vérité que tu obtiendras une couronne plus glorieuse que le
monde ne peut t'en offrir.

Pourquoi chercherais-tu d'abondantes richesses? Pourquoi les désirerais tu? Les


besoins de la vie sont peu nombreux, et c'est moi qui m'occupe d'y subvenir pour tous ceux
qui me servent. Par conséquent cherche plutôt à rassembler les trésors intérieurs,
l'illumination et la piété, et toutes ces autres choses, je te les donnerai par surcroît. Car les
cieux et la terre seront tiens par droit d'héritage, je te l'assure. Et ces plaisirs ne pourriront pas
et ne t'opprimeront pas, mais te procureront un bonheur ineffable.

L'unité la plus chère


9

En ce monde, les hommes cherchent de la compagnie; mais toi, évite toute agitation, et cultive
la solitude. La compagnie n'est qu'une incitation, soit au péché, ou aux choses superflues, à
l'oisiveté ou au gaspillage d'énergie. Car ne crains point, tu n'es pas seul, même si tu devais
être seul. Car … je suis avec toi, et tu peux communier avec moi et la fraternité. De plus, si à
de certains moments tu désires une compagnie visible, sois sûr que tu t'associes avec gens du
même esprit, afin que votre conversation contribue à votre confirmation mutuelle en Dieu.
Que tes délices s'accomplissent en jeûnant, par la soif et les larmes, si nécessaire, et en
supportant les coups et toute autre affliction, pour moi et avec moi. Mais si je t'accorde un peu
de confort, tu peux te réjouir en lui, non pas pour ce confort lui-même, mais pour moi et en
moi.

Que les hommes disent du bien ou du mal de toi, que cela ne te préoccupe pas, pourvu
que je sois satisfait de toi. Sachant que tu m'es agréable, ne t'occupe pas de plaire aux
hommes. Car leur faveur est changeante, imparfaite et perverse. Ils aiment souvent ce qui est
digne de haine et haïssent ce qui est digne d'amour. Et il n'est pas possible de plaire à tous : en
cherchant à plaire à l'un, tu déplais à d'autres. C'est pourquoi, il serait préférable de les laisser
tous et de t'attacher à moi seul. Si nous demeurons en accord mutuel, les langues des hommes
n'ajouteront ni ne retrancheront rien, ni à toi ni à moi. Ne cherche pas à être connu du grand
nombre, mon fils; que l'humilité soit ta gloire, afin que si possible le monde ne sache rien de
toi. C'est là le chemin le meilleur et le plus tranquille. …

Là sont les choses suprêmes


Et enfin, mon fils, en somme : si tu possèdes la richesse, l'érudition, une belle apparence, du
talent, la faveur des hommes, ou quelque autre chose estimée excellente dans le monde, ne te
pense pas supérieur pour autant; ou si tu n'a rien de tout cela, ne t'en inquiète pas; mais,
laissant toutes ces choses, qu'il s'agisse de toi ou d'autrui, pour ce qu'elle sont, n'ai affaire
qu'avec moi, ici, intérieurement, en toi. Ainsi en te libérant de toutes créatures et en
t'abandonnant et en renonçant même à toi-même, je te le promets, tu me trouveras, et en moi,
tu auras la plénitude de la paix."

Se dédier tout entier à Dieu est le summum des béatitudes


Alors je m'exclamais : "Seigneur mon Dieu, maintenant je comprends que toi seul est tout.
Celui en qui tu vis peut facilement se dispenser du monde. Car en Toi il possède plus qu'il ne
peut demander. Maintenant je comprends que j'étais perdu dans l'illusion quand j'errais dans
le monde, en cherchant la consolation dans les choses créées. Dès aujourd'hui, je ne désire
d'autre consolation que Toi, et je me rends maintenant entièrement à Toi. Fortifie moi, de peur
que je ne retombe loin de Toi dans les choses créées, commettant encore la même folie
insensée dont regorge le monde. Puisse Ta grâce me protéger, car je me confie en elle seule.”

Et voilà ce qui fut et est toujours le summum de tout éveil, de toute pédagothérapie. Et nous
allons, contrairement à beaucoup, partir de “l’HOMME PARFAIT”, pour mieux comprendre
le but ici défini.
Nous voulons ici montrer la réalité de l’homme parfait transfiguriste, même si nous, avorton,
en sommes bien loin! Et quel est donc le sens de la vie? Tous les problèmes ci-dessus évoqués
nous montrent bien l’ignorance quasi totale de ce sens profond. Quand chacun aura fait un pas
vers cette compréhension, il n’y aura plus besoin de prison ni de camp de redressement.
C’est là qu’il est question d’enseignement universel, trésor matériel de tous ceux qui guident
puisqu’ils ont déjà vaincu en la matière. Nous devrons approfondir cette notion
d’enseignement. Car dogma en grec est enseignement, mais nous nous élevons fermement
contre toute toute forme de dogmatisme et de fanatisme. Quel est donc ici le piège. Eh! bien
10

nous connaissons les intellectuels . Ils appréhendent tout ce qu’ils ne vivent pas. Et celui qui
ne vit pas et parle de ce qu’il n’a pas accompli, ou bien est honnête et le dit , utilisant un
champ de force ou la force d’un groupe libéré pour démontrer la valeur d’un enseignement,
ou bien ne peut qu’être désigné comme un menteur dangereux.
Rappelons notre entrée en matière :
Notre point de départ est double; comment approcher le monde en tant que l’école
d’expérience et en même temps comment l’approcher en tant que appprendre à le quitter,
maison de transit.
Le monde est une école et finalement un laboratoire alchimique. Dieu a donné cette possibilité
à l’homme et les trois livres sont les livres sacrés, le livre de l’homme et le livre du monde.
Cela pour acquérir la sagesse l’amour et la force de Dieu. Qu’est-ce qu’une école? Elle se
définit comme une communauté d’hommes ou de jeunes qui s’occupent de comprendre et
d’apprendre les choses utiles.
Comenius, dans sa Pampaedie en particulier, a bien des choses à nous dire à ce sujet.
Si nous partons de l'idée de l'homme parfait divers problèmes vont se poser, et nous devons
tout d'abord aborder certains thèmes.
Le principe de base, qu'il s'agisse de pédagothérapie pure ou du trésor matériel des fraternités
spirituelles, est celui de la découverte. Comenius le formule de la façon suivante : autopsie,
autopraxie, etc.. :

La Pampaedie, ou éducation universelle : en voici un extrait court et qui démontre


parfaitement le caractère révolutionnaire de ce travail, écrit à la suite de son expérience de
Saros-Patak , les trois principes de base de sa didactique. Il faut :
1) Procéder par étapes
2) Tout examiner par soi-même, sans abdication devant quelque autorité que ce soit, et
surtout pas devant l'autorité adulte. (C'est, étymologiquement, l'autopsie)
3) Agir par soi-même (autopraxie). Cela exige, pour tout ce qui sera présenté à
l'intellect, à la mémoire, à la langue, et à la main, que les élèves eux-mêmes le cherchent, le
découvrent, le discutent, le fassent, le répètent, sans se relâcher, par leur effort propre - ne
laissant au pédagogue que le rôle de contrôler si ce qui doit se faire se fait, de la façon
adéquate.
Or qui dit découverte perpétuelle, et ceci est aussi valable pour l’adulte qui ne veut pas voir
mourir son âme, (contrairement à ce que l’on pense couramment, l’âme dans son état actuel
est mortelle) signifie bien entendu chemin de développement, percée, connaissance de,
maîtrise de et victoire sur soi. Beaucoup parlent d’unité à reconquérir. Cela n’est envisageable
que par la connaissance, donc la découverte, de notre mémoire inconsciente, qu’il s’agisse de
celle de cette incarnation ou des autres, à beaucoup plus long terme. C’est ce que
l’enseignement universel appelle l’être aural. Et cette découverte n’est possible que dans un
champ de force , de lumière particulier, domaine que possèdent uniquement les fraternités de
la lumière, en particulier pour notre temps en occident, la Fraternité de la Rose Croix d’Or.
Les évènements de notre vie sont évidemment la première piste nous permettant de plonger
dans l’inconnu.
Et c’est au service de l’Absolu, du Parfait, de l’Eternel et/ou pour parvenir à ce service qu’une
véritable alchimie de l’éveil ou Pédagothérapie spirituelle s’impose. Il est ni plus ni moins
question de préparer le jeune et le moins jeune à concevoir l’idée qu’il pourrait bien être
capable, le moment venu, de construire, de laisser intervenir dans les meilleures conditions
possibles, l’éternité dans le temps.
L’Homme-personnalité actuel, avec sa conscience moi, est donc malgré tout l’instrument de
la reconstruction de l’Homme. Au début, nous n’avons que cela! Et le jeune devra aussi
devenir sensible à la notion de l’importance de son corps et de sa pensée pour conquérir au
11

cours de sa vie la conscience du Microcosme. Le jeune comprend très vite l’importance de


son”véhicule”, et alors il n’est plus question pour lui de malmener celui-ci. Disparaissent alors
tous les problèmes “actuels” de drogue , d’alcoolisme”, de” “violence”, etc...
Le pédagothérapeute est alors confronté à des problèmes tels que : comment faciliter l’accès à
la “conscience de la limite”. L’enfant lui en donne souvent l’occasion. Oui Monsieur c’est
vrai, mais je n’y arrive pas, je suis toujours mauvais, etc... Oui Monsieur, mais comment peut
on être à plusieurs endroits à la fois. Oui Monsieur, mais avec mon corps et ma pensée, je dois
manger boire et dormir, que se passe-t-il quand je dors, je ne contrôle plus rien alors, etc...
L’adolescent pose souvent une multiplicité de questions amenant l’éducateur à guider vers la
compréhension de la conscience de la limite, et ... alors tout commence.
Quand un élève me dit : Oui, c’est vrai, je ramène tout à moi, et pourtant dans l’histoire, j’ai
bien vu que de grands hommes démontraient un sens du sacrifice intense et j’ai même cru
qu’ils étaient autre chose que des hommes. La stupidité de l’esprit de vénération absurde et
destructrice, des idoles (chanteurs ou sportifs), peut se transformer en puissance de vision du
héros, comme chez les Grecs, le “demi-dieu”, comme Héraclès. C’est Alors que le
pédagothérapeute pourra faire appel aux mythes de tous les temps, montrant comment il est
raconté, dans les mythes, légendes, contes et histoires le passage de l’état de conscience-moi à
l’état psychique spirituel au service du Tout, et les prémisses de cet état psycho-spirituel
présentes en chacun de nous. Là il faut encore laisser découvrir l’intérieur de chacun par
l’intérieur.

Les histoires et l’introspection montrereront alors les problèmes afférents à la conscience de la


limite et parfois des moyens de les résoudre, moyens toujours situés dans la sphère de l’âme et
de l’esprit, intervenant jusque dans la matière. Tout cela modifiera considérablement notre
conception de l’Orientation sociale et pédagogique, le travail intérieur primant sur tout, et
toute forme de métier ou d’apprentissage ne pouvant être alors qu’un élément de plus dans
l’apprentissage de l’éternité.
Il deviendra clair alors qu’il n’est plus question de croire, mais de savoir par expérience
vécue. On en arrive à des notions de la possession de laforce de la foi, au même titre que la
force de l’amour : il ne s’agit plus de croire au sens habituel du terme!
Nous avons dit que nous voulions partir de l’homme parfait :
De tout temps, il a existé des hommes qualifiés d’hommes parfaits, d’envoyés, d’hommes-
dieux, ou d’autres noms suivant les époques, les civilisations. Par exemple les parfaits
Cathares ou Moraves, les “Pater”chez les Mithriaques, etc...
Ils nous semblent peu nombreux, mais nous ne connaissons pas tout. Leur caractère principal
est en effet la discrétion. Ils ne se font connaître que lorsque cela est jugé bon, indispensable.
Et cela correspond à un plan universel. Les libérés selon l’âme, cela est certain, ceux qui ont
accompli le processus de la guérison authentique, régénération sur le plan psychospirituel,
utilisent souvent des véhicules dont le plus bas niveau de densité s’apparente à ce que nous
appelons énergie, ou vitalité. A moins qu’il soit, comme nous l’avons vu plus haut, jugé bon,
dans le cadre d’un plan cyclique universel pour la guérison de l’humanitéqu’un ou plusieurs
d’entre eux s’incarnent, adoptent un corps de chair et de sang, ce qui correspond à un
inexprimable rétrécissement de conscience, sacrifice incommensurable au service du tout. Ils
naissent alors d’un homme et d’une femme, et après avoir rapidement effectué une percée de
conscience, enseignent à l’humanité le chemin de la guérison absolue. Bien entendu ils
descendent en “équipe”, des domaines de l’éternité. Dans les domaines de l’espace-temps, ils
peuvent être dispersés ou concentrés. Et ils forment eux-mêmes des “hommes parfaits”. Car la
première étape pour chacun d’entre nous c’est de parvenir à cet état de conscience, afin nous
mêmes de participer au grand plan. Et le jeune comprend cela très vite!
12

Donc l’homme parfait s’organise de façon à être le plus efficace pour collaborer au plan, afin
de toucher le maximum d’individus. Il tente ainsi de créer les meilleures conditions pour une
libération finale de l’humanité entière. L’homme parfait utilisera les moyens mis à sa
disposition dans le temps en question. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les
enfants comprennent ces choses et cherchent, plein d’enthousiasme, comment ils pourraient
aider. Il faudra rapidement leur montrer qu’en plus de tout ce qu’ils peuvent imaginer, le
meilleur moyen est encore pour eux de devenir Parfait!
Cette éducation à la guérison ne date pas d’hier. La maladie originelle de l’humanité
s’apparente à ce que nous appelons l’égoisme, l’égocentrisme. Et encore cet égoisme fut-il
nécessaire pour parvenir à un certain état de développement. Vouloir pour soi, pour sa famille,
pour son peuple, pour l’humanité terrestre, pour notre Univers espace-temps sont, ont toujours
été et seront source de conflits, de misère et de mort.
Précisons que cela n’empêcha pas Comenius d’enseigner à ses élèves toutes les “matières
nécessaires à la vie ordinaire”, et plus encore, mais dans l’esprit de parvenir à une “nouvelle
conscience”. Nous pouvons parfaitement comprendre que l’expérience d’un métier, de
relations familiales et sociales intelligentes, soient formatrices sur leplan psychique autant que
maétériel.
La partie de l’humanité se voyant infectée de cette maladie, appelée la chute, (dont l’état de
santé préliminaire pourrait être nommé amour parfait, don de soi et abnégation totale au tout
universel) posait un grave problème. Et là aussi nous voyons les histoires et légendes venir à
notre secours. Tout nous parle de cette “catastrophe”. Et l’enfant voit très vite en quoi cet
évènement lointain le concerne très personnellement.
Il fallait faire comprendre à l’homme-enfant de ce temps l’erreur commise; un vaste plan de
secours se déclencha, impliquant de nombreuse hiérarchies et vagues de vie. L’involution et
l’évolution furent mises en place. Le chemin pédagothérapeutique fut ouvert pour de plus en
plus d’individus. En fait il fut toujours ouvert à tous mais tous n’en firent pas usage. A
l’époque actuelle l’humanité dans son ensemble a déjà atteint le point le plus bas de
l’involution, de la densification. On ne peut aller plus loin. On voit bien ici l’enfant poser des
limites et dire “pas plus loin ou tu tombes”. Il comprend bien mieux : il voit, il sent
l’importance de l’enjeu!
Ce que nous appelons involution et évolution constitue un aspect de ce plan. Le chemin
pédagothérapeutique fut toujours ouvert et de plus en plus nombreux sont ceux qui le
parcourent Les adolescents comprendront ainsi de mieux en mieux le sens profond de leur vie.
D’ailleurs, Jan Van Rijckenborgh, dans le livre “Les secrets de la Fraternité de la Rose-
Croix”, explique très clairement que les lignes de forces de l’enseignement universel actuel
seront la base de la scolarité des adolescents dans un futur relativement proche.
A l’époque actuelle l’humanité a atteint le point où elle n’a plus qu’une seule issue. Redevenir
l’être âme esprit conscient sur le plan microcosmique. Puis, prouvant ainsi la réalité de
l’apprentissage de la grande leçon, quitter cet ordre de nature, ce monde. Il est clair que cela
doit modifier complètement notre vision de toute forme d’éducation ou de guérison.
L’humanité actuelle possède une individualité marquée et un mental embryonnaire, tous deux
fortement égocentriques. De ce fait il pose déjà de nombreux problèmes à lui-même, à la
terre, et même au système solaire. De nombreuses activités planétaires et interplanétaires
s’expliquent par ce cancer!
Pour l’occidental, il est quasiment impossible d’agir sans avoir intellectuellement “compris”.
L’exercice du mental doit cependant changer radicalement. Il ne doit plus se limiter à la zone
cérébrale, mais englober le corps entier. Pour les chinois, le mot “incnscient” se dit
“intelligence du corps”. Ce qui montre bien qu’une conscience complète englobe tout le
corps. Seul ce nouveau corps, ou corps de l’âme, pourra permettre une conscience psycho-
13

spirituelle. C’est ce “véhicule”, ce “manteau” dont il est question dans les contes et légendes
où il est question de char, de carrosse, de toison, ou de vêtement miraculeux.
Mais la représentation intellectuelle, même parfaite, peut être dangereuse pour la guérison et
pour le monde lui-même. Elle peut même devenir, si l’on n’y prend garde, un obstacle majeur,
au processus pédagothérapeutique. L’intellect est un don divin, mais il faut apprendre à en
faire un usage correct. Voici ce que Comenius en dit dans la “Via Lucis”:
“Nous voulons nous interroger plus précisément sur ce que signifie pour nous “comprendre
toute choses sous tout ses aspects...”
Quand nous disons tout, nous pensons à tout ce que Dieu a déjà enseigné à l’homme dans le
passé et tout ce qu’il lui enseignera encore à l’avenir dans l’école qu’est notre monde terrestre
: Que ce soit au sujet de l’éternité ou du temporel, du spirituel ou du charnel, du céleste ou du
terrestre, du naturel ou de ce qui relève des arts, des choses théologiques ou philosophiques,
du bien ou du mal, du général ou du particulier.
Car les hommes doivent apprendre les choses qui concernent l’éternité. Ils sont destinés à
entrer dans l’éternité et s’ils ne comprennent pas leur but, ils risquent de perdre l’éternité.
Mais il faut aussi leur parler du temporel, car c’est à travers le temporel qu’on peut atteindre
l’éternité.
Les hommes doivent apprendre les choses qui concernent le divin. Puisque le meilleur aspect
d’eux-mêmes est leur aspect divin et il ne faudrait pas qu’ils le méconnaissent car ils sont
d’essence divine. Mais nous habitons un corps et dans ce monde, nous ne pouvons nous
manifester qu’à travers un corps : nous devons aussi connaître les objets qui nous entourent et
que nous utilisons. Sinon nous risquons d’être déçus par quelque chose que nous sommes
obligés d’utiliser et que nous ne connaissons pas. ...
Ils doivent aussi apprendre les choses qui concernent le céleste. Car c’est des cieux que nous
venons et notre Père nous a préparé une place dans ses nombreuses demeures. Nous devons
donc bien connaître toutes ces choses...

III

Directions et lignes de forces

A notre époque, nous pensons que des lignes de forces projetées au XVIIe siècle par des
esprits tels que Valentin Andreae, Tobias Hesse, Christophe Besold et Comenius s'actualisent
à grande vitesse, dans la continuité des Ecoles des mystères Egyptiennes et Grecques, en
particulier dans le domaine éducatif. Il ne se passe pas un jour sans que nous en voyions les
preuves évidentes. Ce ne sont déjà plus des signes avant-coureurs, mais des réalisations
concrètes pénétrant les esprits. Elle opèrent une nette démarcation entre la tromperie et la
vérité, l'esclavage et l'autonomie. Ceux qui y aspirent encore trouvent les chemins de leur être
intérieur. Les autres réclament à cor et à cri ou plus d'esclavage ou le droit d'avoir, eux aussi,
une part de l'exploitation de leurs semblables. Certains encore sont dans un état intermédiaire
qui pourrait faire d'eux des candidats à la libération.
On parle beaucoup d’éducation et d’enseignement de notre temps, alors qu’on fait en vérité
allusion à l’accumulation de connaissances plus ou moins inbtellectuelles et de schémas de
comportement, allant parfois jusqu’à la névrose et à “l’indigestion mentale”.Tout ceci afin
d’occuper une bonne petite place au soleil (mais à quel prix !), de préférence meilleure que le
voisin (esprit de compétition, de lutte pour la vie, de “loi de la jungle” caractéristique de
14

l’animal plus que de l’être humain).Il est évident que ma conception de l’éducation n’a rien à
voir avec ces tendances contorsionistes, bien souvent causes d’intenses souffrances chez les
jeunes, et les moins jeunes. Nous reconnaissons cependant que de nombreux travailleurs au
cours des derniers siècles, avec plus ou moins d’inspiration et de bonheur, ont donné leur vie
pour que cet aspect éducatif retrouve la place d’honneur qui lui est dû, celui de préparer les
individus à l’état d’homme ou de femme digne de ce nom.
Il est dramatique de constater à quel point des jeunes de 16 ans réclament un enseignement
médiocre et demandent quasiment qu'on les emprisonne sous prétexte d'obtenir des examens
sans valeur. Et si vous commencez à entrer dans le compromis à ce sujet, vous êtes fichus car
sur cette pente-là vous devenez à la fois le maître et l'esclave et ne pouvez vous arrêter dans
les concessions. Les jeunes, à moins d'un long travail en profondeur, sont complètement
formatés dès leur plus jeune âge.
Et c'est pour cela que nous allons consacrer une grande part de ce travail à l'explication de
l'œuvre de Comenius, le grand prophète de la spiritualité et de l'éducation du XVIIe siècle,
dont le travail se projette, inachevé pour cause d’immaturité de l’humanité, jusque dans notre
siècle si sombre, après avoir jeté un oeil sur l’éducation en Egypte et en Grèce.
Ce qui a été réveillé ici ne mourra jamais…Voici maintenant un travail qui va sembler un peu
patchwork, mais il ne peut en être autrement. Voici quelques idées qui seront ici abordées,
dans le désordre probablement.
Advienne que pourra.
Notre orientation spirituelle impliquera bien entendu une vision spirituelle (et non religieuse)
del’éducation.

Divers problèmes et visions peuvent se comprendre à différents niveau, selon l’âge, la


maturité et la conscience. Si l’on parle des planètes des mystères et de notre unique
nécessaire, cela pourra sembler rébarbatif. Mais, à notre époque de rayonnements et
d’énergie, les jeunes adolescents comprendront très vite l’utilisation à faire d’une force et les
conséquences de cette utilisation. Ainsi l’explication sur les fonctions positives et négatives
de l’usage fait des rayonnements émis par Uranus, Neptune et PLUTON, en fonction de ce
qui est utile et de ce qui ne l’est pas, du nécessaire et du superflu, du bénéfique et du nocif,
sera non seulement accessible aux adolescents, mais encore aux tout petits, sous forme de
contes ou d’explications imagées et simples.
Et les adultes recevront, selon leur compréhension, le lait ou la nourriture solide;
développeront dans leur vie pratique les Axiomes et les Problèmes en relation avec tout type
de sujet.
Nous allons voir d’ailleurs à quel point l’explication brève de mythes ou de système d’accès
aux mythes peut s’adapter de multiples façons. Voici un passage d’un texte sur la Grèce
“secrète”, autrement dit la Grèce intelligente et utile pour notre propos.

Soyons clairs, quelle que soit la maturité envisagée, il s’agit d’abord d’apprendre à
intelligemment diriger l’âme naturelle.

L’autre face des Charites, c’est Hécate, le monde invisible, et Hermès, vécu comme force et
promptitude dans l’action.
La Beauté absolue est d’abord en germe dans l’invisible grâce à la force-Hécate, soutenant et
participant de l’invisible au mystère des Charites.
L’Initié grec sait que les figure divines vivent en lui, en particulier Hermès (assimilé ici à
Pluton), force promotrice de genèse et de Vie. Pour le Grec, tout est mythe et langage.
Comme le Rose-Croix il sait que le jeu des formes qui se manifestent en lui est un message
15

précieux. S’il en pénètre intuitivement la sagesse et se laisse transformer par la force


spirituelle présente, là, à l’arrière-plan, une nouvelle dimension s’ouvre à lui.
Les Grecs savent aussi cela : dans la nature existent des images épiphaniques guidant et
informant son esprit. S’il cède à cet appel intérieur spirituel, elles le mèneront à la fontaine de
Vie.
(tiré du livre “Une Grèce Secrète”, de ...)
On ne peut être plus clair : le monde peut être vu et considéré, avec tous ses éléments
“naturels”, comme une école d’éternité, un laboratoire alchimique où l’homme se transforme
en Dieu. Cela est encore plus clair dans le mythe de Déméter et de Démophon. Nous le
verrons bien plus loin au cours de ces pages.
Ainsi nous voyons l’histoire se dérouler devant nous d’une manière toute différente de
nos habitudes . De l'Homme à l'Universel, en Egypte et en Grèce, des voies furent pratiquées,
démontrées et vécues par des milliers d’individus. Ils transforment le monde de l’intérieur,
montrent comment on le quitte et comment on y revient pour le quitter à nouveau, quand cela
est jugé nécessaire au grand plan. Comenius et nous avons fait et ferons de même.
L'adieu à la ronde en circuit fermé méne à l'Humain véritable (l'être humain des
indiens). Les mystères grecs le démontrent d’une façon si claire! on se demande pourquoi nos
professeurs ne nous l’ont pas dit, au lieu de nous faire apprendre les dates des batailles, et
comment Darius fut au Granique.
Divers aspects de la réalité vivante vont alors petit à petit se dévoiler à nos yeux ébahis,
comme à ceux de nos condisciples et élèves. Nous comprendrons en particulier que Dualisme
et Unité du tout sont parfaitement complémentaires et absolument pas contradictoires.
En ce sens, comme nous l’avons vu de façon assez claire jusqu’ici et le verrons
encore de nombreuses fois, au cours de ce panorama de l’alchimie pédagothérapeutique
biopsychospirituelle (ouf !... mais les longueurs et les complexités du vocabulaire arrivent à
peine à approcher les choses de l’âme et de l’esprit), nous sommes confrontés à l’ Auto-
libération microcosmique et macrocosmique. Le "problème" du mal devient alors d’une clarté
limpide : s’opposer au plan de sauvetage relève du mal et y participer du Bien! Et cette lutte
sans lutte est partie pour durer très longtemps, à notre échelle, même si, pour l’Universel
Divin, il s’agit d’un clin d’oeil de Brahma.
L'arbre de vie n’est évidemment pas, dans ce contexte, un arbre au bord de quelque rivière ou
dans quelque paradis que ce soit. L’arbre de Vie est le feu cérébro-spinal où le système
sympathique est “réveillé”. L’arbre du bien et du mal reflète le conflit entre le droit et le
gauche manifesté par un chaos dans le feu du serpent. Nous y reviendrons de façon
détaillée.De nombreuses histoires ou légendes prendront ici tout leur sens, à différents
niveaux, pour les jeunes comme pour les moins jeunes.
Quand Comenius parle des querelles qui doivent être chassées de l’église, où toute forme
d’accusation doit cesser, il nous est fort clair que le système nerveux et cérébro-spinal,
perturbé, s’exprime par le chaos. De même les tribunaux et les cours de justice ne doivent pas
tolérer la fraude et la violence. Nous voyons ici les effets émotionnels intérieurs ou chacun se
comporte comme un tribunal pour lui-même et les autres, ou mensonge, donc fraude, et
façade, donc violence règnent en maître.
Si personne ne doit être oisif, cela signifie aussi : 1) la nécessité pour tous, jeunes et vieux
d’agir dans le grand laboratoire alchimique de la nature, et 2) l’exigence intérieure de faire
fonctionner les organes de façon active dans un sens nouveau. Chacun doit en effet “pouvoir
procurer à lui-même et à sa famille de quoi vivre par son travail. Bien des désordres seraient
ainsi évités” Pourquoi vouloir limiter tout cela à des éléments pourtants importants tels que la
nourriture. Il est vrai que Comenius tenait absolument à ce que tout le monde dans la
communauté subvienne à ses besoins, y compris les hommes investis du sacerdoce! Mais il
16

faut aussi voir ici, en plus du fait que le “métier” peut aussi être formateur sur le plan
biopsychospirituel, la nécessité de l’activité positive et intérieure.
La voie de reconstruction amène le jeune et le moins jeune à entrer dans un domaine de vie
nouveau, à construire le champ de vie et la manifestation intégrée et incarnée actuelle. De
façon intégrée, que vivons-nous? Krisnamurti précise que tout professeur devrait être un
“Homme Intégré”. Qu’entend-il par là? Si l’on pousse un peu dans ses retranchements les
textes qu’il nous a laissé, on voit l’exigence : être un homme libre, éveillé! On retrouve là la
“noblesse” du métier d’”enseignant”.
Manéisme et Hermétisme. Supprimer la corruption de la procédure légale, l’abus d’éloquence
montre une conception ou le juste n’a pas besoin de loi, où le monde revu et corrigé est
compris comme facilitant l’accès à la libération, même si la religion de la Pensée n’est encore
accessible qu’à un petit nombre. S’ il faut d’abord supprimer intérieurement tout ce qui
pourrait gêner la paix et la sécurité, condition sine qua non de l’utilisation du monde pour une
reconstruction, si tous se doivent d’accomplir comme en un corps ce qu’ils sont capable de
faire, la question demeure : Le Mal est-il consubstantiel à la manifestation humaine, et
pourquoi?
Ceci devient net dans le schéma où chaque groupe d’homme, comme chez Platon ou les
Hindous, représente une fonction et un état de conscience:
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
----
Nutrition Artisans
Vitalité, Médecins
Intelligence Philosophes et professeurs
Don de Vie
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
--------
Locomotion Commerçants, transporteurs, messagers
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Oratoire Orateurs et Juges
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Protection Magistrats
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------
Régénération Théologiens
On ne voit apparemment pas de lignes hiérarchiques claires dans ce tableau, mais cela devient
plus clair dans le commentaire que Comenius en fait. Tout d’abord remarquons les catégories
traitées dans ce commentaire:
Les philosophes, les docteurs, les hommes de lois, et les théologiens. Nous voyons bien
l’implication : dans le travail de l’Ecole des Mystères, nous prenons surtout en compte quatre
catégories supérieures, le restant de la population représentant, sans jugement de valeur,
l’homme pas encore prêt. Notons la place prédominante des philosophes, comme chez Platon.
L’Appel Réaliste de l’Eternité dans le temps implique un Abandon au présent absolu, et le
respect et la compréhension des lignes de forces pour l'ère nouvelle.
Et en effet, Les Philosophes doivent enseigner à contempler la vérité certaine et non à
disputer, à spéculer.
Les Docteurs doivent enseigner à éviter les excès et à pratiquer un mode de Vie adéquat. Cette
vision peut s’étendre de façon tellement vaste qu’il nous faudra y revenir.
Les Hommes de Loi doivent enseigner à pratiquer une vie juste et en paix et non à débattre
constamment du “tien et du mien”. Dans l’homme individuel, on voit à quel point une
17

harmonie, en fonction du chemin libérateur, est importante. Tête-penser, Coeur-désir et sentir,


bassin-volonté et actes se devront de devenir en harmonie.
Les Théologiens doivent nous apprendre à persévérer constamment par la charité et la foi, et
non à retomber constamment dans la repentance et l’absolution.

Comment comprendre tout cela? Nous pourrions y consacrer un livre, mais il me semble que
le lecteur pourra méditer ces choses avec
fruit !----------------------------------------------------------------------------------------------------------
--------------------------------------------------
Divers axiomes guideront notre travail, il devront nous devenir de plus en plus intégré, jusque
dans notre sang, notre compréhension profonde ; il s’agit de compréhension universelle. Deux
ordres de nature gouvernent notre monde, dans son état actuel, ainsi pourra se résorber le
cancer que constitue notre ordre de nature. Tout est un, vu d'en haut, Dualisme absolu, vu d'en
bas.
La clé de l'univers, pour nous, c'est l'Homme et nous devrons rappeler : Jesu mihi omnia.
Deus ex Homo. C’est par l’endoura, et l’abnégation que l’homme devient dieu, au sens,
comme dans la gnose hermétique égyptienne, où “les hommes sont des dieux terrestres, et les
dieux des hommes immortels”. Le point focal du cœur et de la tête correspond au cœur du
Macrocosme, et donc redresser (le coeur entre autres), c'est Vivre selon le Droit. Tat Vam
Asi, toi aussi tu es cela, tu es le Microcosme et le Macrocosme, la rose du coeur et la
couronne. Pas ceci, pas cela, ce qui signifie que nous ne sommes pas que “ quelques kilos de
chair et de sang”. La simplicité est le secret de l'accomplissement et nous trouvons cela dans
notre vie aussi bien que chez Jacob Boehme, Von Eckharsthausen, Jan Van Rijckenborgh, et
tous les grands en esprit.
Le pardon, c'est par le don. Se donner totalement à la manifestation universelle du salut divin,
oublier tout ce qui n’est pas la participation au plan en soi et en tout, s’oublier même soi-
même, se faire passer en dernier pour “Cela”. La sagesse, c'est l'abandon à la lumière et
l'alchimie spirituelle.
“Se dédier tout entier à Dieu est le summum des béatitudes”
Alors je m'exclamais : "Seigneur mon Dieu, maintenant je comprends que toi seul est tout.
Celui en qui tu vis peut facilement se dispenser du monde. Car en Toi il possède plus qu'il ne
peut demander. Maintenant je comprends que j'étais perdu dans l'illusion quand j'errais dans
le monde, en cherchant la consolation dans les choses créées. Dès aujourd'hui, je ne désire
d'autre consolation que Toi, et je me rends maintenant entièrement à Toi. Fortifie moi, de peur
que je ne retombe loin de Toi dans les choses créées, commettant encore la même folie
insensée dont regorge le monde. Puisse Ta grâce me protéger, car je me confie en elle seule.”
Voilà ce que Comenius écrit à ce sujet, dans la partie “Paradis du Coeur”, du livre “Le
Labyrinthe du Monde et le Paradis du Coeur”.
A nos yeux, se dessine alors une progression infinie de force en force et de
gloire en gloire. Il est vrai qu’ aux yeux de Dieu, existe et existera toujours une parfaite
immuabilité.
Tout cela implique un certain nombre de problèmes auxquels nous allons être confrontés :
Comment l'homme est-il appelé à la Vie ? Et nous comprendrons bien sûr qu’il ne s’agit pas
de cours d’obstétrique!
Qu'est-ce que la vie? Réponse simple des Egyptiens : la faculté de réaction. Réponse
complexe:
- l'unification de l'homme triple, esprit, âme, et corps, son ouverture à
la triple conscience hiérarchisée authentique, et La réalisation dans le présent de l'incarnation
du plan Humain. C’est par la pénétration biopsychospirituelle positive que cela se réalise;
mais en quoi consiste cette pénétration ?
18

- Les Circuits de force à découvrir dans l’Homme, et à mettre au service du plan individuel et
collectif. Alors prend toute sa valeur la notion de tempérance, la sagesse de la modération,
l’alliance de la Sagesse, de l'Amour, et de la Volonté.
- L’Acceptation de soi et des autres constitue, quoiqu’on dise et qu’on
pense, un vrai problème. L’ Intégration au sens gnostique n’a rien à voir avec l’intégration
sociale, même si un “libéré” sera toujours très discret, et, dans la mesure ou cela ne gêne pas
son travail de “diffusion de la Lumière”, bien souvent plus intégré à la société où il vit que
divers autres types de “révolutionnaires” et implique une Non-violence absolue. Dans la
nouvelle sphère de vie, toute imprécision, toute inadéquacité, est immédiatement rectifiée,
selon l'esprit, âme et le corps. D’ou la nécessité de Conscience, garde et veille. Foi,
spontanéité et vigilance.
-----------------------------------

- L'homme nonuple et le chemin : Le trois fois trois homme réalisé est


le but de la vie; Il s’agit de remettre les trois sanctuaires de la tête, du coeur et du bassin, à
leur juste place, dans leur juste ordre(cf. Platon).
- Forces de réalisation, séparation et rassemblement des âmes.
Universalité des forces libératrices et régénératrices de la force créatrice sainte en chacun. Ce
qui implique un redressement du feu du serpent, du Djed, des égyptiens. Dans le corps
humain, la sainte force créatrice s’exprime en particulier par le chakra de la gorge au niveau
du larynx, et le “sacrum”, sanctifiant quasi final, porte de la régénération, lieu où le “dragon”
est vaincu.
- Immuabilité, éternelle stabilité, et mouvement métabolique parfait. Le
secret de toute guérison. L'erreur de la confusion entre la pensée et l'intellect. Sur le plan
éducatif, il sera fondamental de comprendre la différence entre le “bourrage de cerveau” et le
développement psychospirituel de l’être profond, unique but valable de l’éducation,
l’apprentissage socio-professionnel devant être vu comme une partie de ce développement.
- L'activité et la nouvelle volonté. Etude particulière: non pas ma
volonté, mais la tienne, ô seigneur. L’abdication, la reddition de la volonté, et la naissance, sur
la base du nouveau penser et du nouveau sentir, de la nouvelle volonté, grand prêtre en
l’homme. Les planètes des mystères. Chaque “planète des mystères”, c’est à dire Uranus,
Neptune, et Pluton, pour l’instant, car d’autres planètes sont découvertes, est de grande
importance dans le développement de l’humanité, en particulier pour les glandes à sécrétion
internes dans le sanctuaire de la tête. La glande pinéale, la glande pituitaire, ou épiphyse et
l’hypophyse, la glande thyroïde et le thymus, jouent un rôle primordial dans le processus
initiatique. Et ces fragiles organes ne doivent pas être détruits par une éducation bornée.
D’auttrepart, Uranus a une affinité avec le sanctuaire du coeur, Neptune avec le sanctuaire de
la tête, et Pluton avec le sanctaire de la tête et de la vie. Pluton, en particulier est chargé du
renouvellement des facultés créatrices, ou d’un sévère “redressement” de la vie.
Comment le sacrifice de l'Homme Nouveau doit-il être offert ?
- Quelle est l'exigence des temps ? La compréhension, fruit de la raison,
de la foi, et de la joie d'une intense attention authentique, doit tout d’abord être développée. Il
ne s’agit pas uniquement, répétons-le, du mental ordinaire. Le piège de l'angoisse doit être
surmonté. La magie de l'unité du groupe du nouveau Shamballa, constitué de pierres vivantes,
ou en voie précise de guérison est capable de tout surmonter, de tout vaincre, même dans
notre société si complexe et conditionnante, où les valeurs de rentabilité matérialiste règnent
encore. La guérison devient donc là une tâche individuelle et collective.
- Dans le contexte de stabilité et de mouvement qu'impliquent les
puissants influx de l'ère nouvelle, quelle est l'orientation, la réalisation, et quels sont les pièges
à éviter pour tout candidat aux mystères…. ? Ces questions ne sont pas inutiles. Nous
19

essaierons d’aborder, parfois d’effleurer ou d’indiquer ces questions de façon la plus concrète
et la plus précise possible, avec autant de prudence et de dynamisme qu’il nous sera donné de
le faire. Clarté est fruit de patience. Patience est prudence.

- La Cuirasse dont parle Paul dans son épitre représente en fait, comme
le bouclier et le casque, des parties anatomiques et spiriturelles précises du corps humain,
offrande, paix, stratégie d'attente et d'offrande. L'expression, le développement des qualités en
tant que vivification des lignes de force du travail spirituel et non en tant qu'exutoire aux
champs de tension.
- Nous partons d'ici, mais, jusqu'à l'extrême limite de nos possibilités
présentes en ce monde, nous servirons la Gnose de tout notre cœur, de toute notre pensée, de
toute notre âme et de tout notre esprit. La pensée abstraite doit prendre forme mais surtout pas
devenir sujet de conflit intérieur ou dans le groupe. Etude scientifique des phénomènes de la
pensée, et définition de l'illusion en tant que pensée en circuit fermé non équilibrée pas le
silence.
- Assimilation et Compréhension, reviennent à service constant et
universel. L'unité du tout doit se manifester en nous par le tranchant du fil de l'épée. La nature
du silence, plein de la vie hors du mélange doit être découverte de l’intérieur. Comment notre
conscience et notre compréhension vécues des lois spirituelles, alliées à un travail intelligent,
libre de tout conflit et de toute violence, peuvent-elles nous extraire de la vie dans le mélange
et faire que chacune de nos respirations contribue, à l'humble mesure de notre conscience
présente, au souffle divin. Nous devrons tenter d’analyser les phénomènes psychospirituels et
démontrer l'unique possibilité, la pratique d'une psychologie où n'existe plus cette fâcheuse
tendance humaine : celle du vouloir accompagné immédiatement du non-vouloir, autrement
dit la dialectique. L'homme véritable ne se pose pas de questions, il agit selon sa conscience.
Corollaire : dans ce sens, agir présuppose réfléchir avant d'agir, selon la soif du cœur
purifié. Agir n'a rien à voir avec quelque impulsion issue de la prison humaine, aussi dorée
soit-elle. L'erreur à ne pas commettre ici consiste à partir des représentations, des reflets de
pensées, que l'on peut reconnaître à leur violence ou à leur tendance à repousser à plus tard.
Subtilité du "processus dans le temps" qui doit être accepté comme facteur de maturation, et
du " dès le début de la quête du chercheur de lumière, le soleil vivant est présent et
l'accompagnera toujours".
- Energie, concentration, organisation, et abandon. Les causes de la lutte
sont toujours à trouver dans le désir horizontal, dans la liaison à ce monde, dans le vouloir des
biens terrestres, de la re-connaissance, et du pouvoir, pièges subtils où l’ego pointe
délicatement son nez. Alors, quand nous voulons et faisons, la sanctification, donc la
coïncidence des temps, espace-temps et énergie, peut s’accomplir. Car en définitive, c’est
nous qui décidons de qui ou de quoi nous nous rendons “esclaves”, comme le dit Paul. Une
Orientation positive, une aspiration conséquente fera que la fameuse endura si mal comprise
ne pourra que s’accomplir dans le bonheur. L’Intuition reprendra sons sens véritable et
l’incarnation en ce monde prendra sa signification pleine et entière. L'homme peut passer
toutes les portes, mais ne doit s'arrêter à aucune. La nouvelle atmosphère est l'unique
possibilité de guérison.
- La perception et la maturation dans le nouveau champ de vie, dans la
nouvelle atmosphère pourtant présente en ce monde, sont comme une transfusion totale de
tous les organes. Paradis du cœur et Gnose Universelle ne sont plus alors de doux rêves. Une
conscience absolument présente, simple, directe d'où tout ce qui n'est pas Dieu est exclu, ou
enveloppé et compris, car ce que l'on appelle Dieu est perfection indicible, omniprésence, et
se développe maintenant. Cela est compassion et douceur, générosité, exigence intelligente et
20

justifiée de victoire. La stratégie mise en place maintenant est unité dans la diversité, et ne
vise à aucune ruse tordue que nous avons pourtant tant expérimentée en ce monde.
Ethnosophie, cosmosophie, et astrosophie.
- Uranus, c’est l'Amour qui ne blesse jamais
- Neptune, c’est le développement de La Sagesse
- Pluton c’est L'acte libérateur, le flambeau de la Paix et de l'offrande
absolue.
- L'exigence astrosophique présente, c’est la réalité des rayonnements actuels avec lesquels il
faut se mettre en harmonie, l’adaptation de la tradition au moment présent.
- Notre Tâche : - Comment vivre en facilitant l'accès de l'incarnation
triple, Esprit, âme, et corps nouveau, pour l'avènement de l'Homme du Verseau.

Voici maintenant une présentation plus visuelle et synthétique de ces problèmes et axiomes,
auxquels devront faire face chacun d’entre nous!

. A) Les planètes des mystères et notre unique nécessaire. B)Axiomes.


C)Problèmes
. De l'Homme à l'Universel. Egypte et Grèce. Comenius et nous. De L'adieu à la ronde
en circuit fermé à l'Humain véritable (l'être humain des indiens). Les mystères grecs.
Divers aspects de la réalité vivante. Dualisme et Unité du tout.
Auto libération microcosmique et macrocosmique ; Le "problème" du mal.
L'arbre de vie
La voie et la manifestation intégrée et incarnée actuelle. Manéisme et
Hermétisme
Appel Réaliste. Eternité dans le temps. Abandon au présent absolu, et lignes de forces pour
l'ère nouvelle.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
--------------------------------------------

I) B) Axiomes :

Deux ordres de nature gouvernent notre monde, dans son état actuel .

Ainsi pourra se résorber le cancer que constitue notre ordre de nature.

Tout est un, vu d'en haut. Dualisme absolu, vu d'en bas

La clé de l'univers, pour nous, c'est l'Homme. Rappel : Jesu mihi omnia. Deus
ex Homo

Le point focal du cœur et de la tête correspond au cœur du Microcosme, et


donc aussi, du Macrocosme.

Redresser, c'est Vivre selon le Droit. Tat Vam Asi. Pas ceci, pas cela.

La simplicité est le secret de l'accomplissement.


21

Le pardon, c'est par le don. La sagesse, c'est l'abandon à la lumière et l'alchimie


spirituelle.

A nos yeux, une progression infinie de force en force et de gloire en gloire, aux
yeux de Dieu, une parfaite immuabilité

B) Problèmes

Comment l'homme est-il appelé à la Vie?


Qu'est-ce que la vie? Réponse simple des Egyptiens : la faculté de
réaction
Réponse complexe :
- l'unification de l'homme triple, esprit, âme, et corps, son ouverture à
la triple conscience hiérarchisée authentique
- La réalisation dans le présent de l'incarnation du plan Humain.
- Pénétration biopsychospirituelle positive.
- Circuits de force, sagesse de la modération, alliance de la Sagesse, de
l'Amour, et de la Volonté
- Acceptation, Intégration, et Non-violence absolue.
- La nouvelle sphère de vie, où toute imprécision, toute inadéquacité,
est immédiatement rectifiée, selon l'esprit, âme et le corps. Conscience, garde et veille. Foi
spontanéité et vigilance.
- L'homme nonuple et le chemin
- Forces de réalisation, séparation et rassemblement des âmes.
Universalité des forces libératrices et régénératrices de la force créatrice sainte en chacun.
- Immuabilité, éternelle stabilité, et mouvement métabolique parfait. Le
secret de toute guérison. L'erreur de la confusion entre la pensée et l'intellect ;
- L'activité et la nouvelle volonté. Etude particulière. Les planètes des
mystères.
Comment le sacrifice de l'homme Nouveau doit-il être offert ?
- Quelle est l'exigence des temps ? La compréhension, fruit de la raison,
de la foi, et de la joie d'une intense attention authentique. Le piège de l'angoisse. La magie de
l'unité du groupe du nouveau Shamballa, constitué de pierres vivantes et guéries, c'est à dire
sanctifiées. La guérison, tâche individuelle et collective.
- Dans le contexte de stabilité et de mouvement qu'impliquent les puissants
influx de l'ère nouvelle, quelle est l'orientation, la réalisation, et quels sont les pièges à éviter
pour tout candidat aux mystère. La grande prudence et le grand dynamisme. Clarté est fruit de
patience. Patience est prudence
- Cuirasse, offrande, paix, stratégie d'attente et d'offrande. L'expression
en tant que vivification des lignes de force du travail spirituel et non en tant qu'exutoire aux
champs de tension.
- Nous partons d'ici, mais, jusqu'à l'extrême limite de nos possibilités
présentes en ce monde, nous servirons la gnose de tout notre cœur, de toute notre pensée, de
toute notre âme et de tout notre esprit. La pensée abstraite doit prendre forme mais surtout pas
devenir sujet de conflit intérieur ou dans le groupe. Etude scientifique des phénomènes de la
pensée, et définition de l'illusion en tant que pensée en circuit fermé que n'équilibre pas le
silence.
- Assimilation - Compréhension, service constant et universel. L'unité
du tout et le fil de l'épée. La nature du silence, plein de la vie hors du mélange. Comment
notre conscience et notre compréhension vécues des lois spirituelles, alliées à un travail
22

intelligent, libre de tout conflit et de toute violence, peuvent-elles nous extraire de la vie dans
le mélange et faire que chacune de nos respirations contribue, à l'humble mesure de notre
conscience présente, au souffle divin. Analyse des phénomènes psychologiques et
démonstration de l'unique possibilité, la pratique d'une psychologie où n'existe plus cette
fâcheuse tendance humaine : celle du vouloir accompagné immédiatement du non-vouloir,
autrement dit la dialectique. L'homme véritable ne se pose pas de questions, il agit selon sa
conscience.
Corollaire : dans ce sens, agir présuppose réfléchir avant d'agir, selon la soif du cœur
purifié. Agir n'a rien à voir avec quelque impulsion issue de la prison humaine, aussi dorée
soit-elle. L'erreur à ne pas commettre ici consiste à partir des représentations, des reflets de
pensées, que l'on peut reconnaître à leur violence ou à leur tendance à repousser à plus tard.
Subtilité du "processus dans le temps" qui doit être accepté comme facteur de maturation, et
du " dès le début de la quête du chercheur de lumière, le soleil vivant est présent et
l'accompagnera toujours".
- Energie, concentration, organisation, et abandon. Les causes de la
lutte, coïncidence des temps, espace-temps et énergie. Orientation positive, aspiration et
endura. Intuition et incarnation. L'homme peut passer toutes les portes, mais ne doit s'arrêter à
aucune
- La nouvelle atmosphère et l'unique guérison.
- La perception et la maturation dans le nouveau champ de vie sont
comme une transfusion totale de tous les organes. Paradis du cœur et Gnose Universelle.
Conscience absolument présente, simple, directe d'où tout ce qui n'est pas Dieu est exclu, car
ce que l'on appelle Dieu est omniprésence. Cela est compassion et douceur, générosité,
exigence de victoire. Stratégie et unité dans la diversité.

Ethnosophie, cosmosophie, et astrosophie.

- Uranus : l'Amour qui ne blesse jamais


- Neptune : La Sagesse
- Pluton : L'acte libérateur, le flambeau de la Paix et de l'offrande
absolue

- l'exigence astrosophique présente, adaptation de la tradition.

Notre Tâche : - Comment vivre en facilitant l'accès de l'incarnation


triple, Esprit, Ame, et Corps Nouveau, pour l'avènement de l'Homme du Verseau.

IV

Préambule
Notre temps est un passage crucial, comme toutes les périodes analogues de fin et de
renouvellement. Un moment ou amour et espoir se manifestent pour tous. Une moisson se
rassemble. Les soubresauts de la bête blessée ne sont que les symptômes d'une guérison
générale de l'humanité, contrainte de réagir positivement ou de disparaître, ou de retourner à
l’état préhistorique, selon l'état de conscience où la trouve la faux qui coupe les gerbes. Nous
avons la responsabilité de garder lucidité, clarté, et paix intérieure authentique dans la
tourmente du cosmos et de la terre. A notre minuscule échelle, ces convulsions nous semblent
23

terribles, mais il ne s'agit que de l'inexorable marche du Logos : il appelle à la résurrection


l'humanité entière et le macrocosme dans son ensemble.
Chacun, à la mesure de sa conscience, porte la responsabilité individuelle de cet
accomplissement, aidé et propulsé qu'il est par les forces gnostiques à l'œuvre.

- Les planètes des mystères et notre unique nécessaire :

Aucune tension, aucun conflit ne peuvent subsister dans l'empire d'Amour. Chaque
participant de cette moisson des temps porte la responsabilité individuelle du travail universel,
à son humble mesure. Comme à chaque intervention libératrice, une partie des hommes
s'enivre dans sa tente, et l'autre, malheureusement la moins grande, se retire dans une solitude
où elle sait qu'elle est une avec le noyau du tout. Confronté à l'exigence absolue d'un travail
impersonnel au service du maître intérieur, chacun est ici docile au non-manifesté. Aucun
égoïsme, aucune ambition personnelle, aucun orgueil, aucune avarice ni amour propre, aucune
colère ni légèreté, aucune gourmandise ni ivrognerie, aucune envie, aucune paresse n'ont de
place chez l'homme qui aspire à répondre de façon parfaitement positive à l'appel du Verseau.
Il est bien évident que tout ceci réprésente un travail sur soi, devant mener à la victoire sur soi
! Personne n’est spontanément parfait ! Il laisse alors mûrir les fruits du travail intérieur.

Au fond, qu'est-ce qu'un conflit. Une explication biologique ne nous serait ici d'aucun
secours, même si elle permet de nous éclairer sur des sensations. Non, nous devons
comprendre ici le phénomène ressenti-mental-imaginaire. Il nous incite à faire valoir notre
représentation de la réalité et non à agir selon ce qui est, au sens le plus absolu du terme.
L'homme, est une structure complexe d'esprit, de psychisme, ou d'âme, et de corps. La qualité
de la nourriture qu'il fournit à ces trois aspects, selon les principes axiomatiques de
l'immunologie biopsychospirituelle, détermine s'il vit dans le monde du conflit ou dans celui
de l'Amour.

Et pourquoi faire tant de bruit ? La parole est si peu utile, ou alors il s'agit de la Parole.
"Si ce que tu vas dire, (ou écrire) est plus beau que le silence, alors parle", dit un proverbe
arabe.

Précisons : Les champs vibratoires, qui vont de l'absolu, de l'éternité, au monde


densifié ou nous vivons, mathématiquement parlant, ne comportent pas de "séparation" entre
eux, dans le sens où l'énergie peut s'exprimer en vibrations par secondes. (Cf. GNOSE
ORIGINELLE EGYPTIENNE (1)). Pour l'efficacité de notre travail, nous avons cependant
adopté le concept fondamental des deux ordres de nature. Et la question est de savoir si nous
avons nos racines dans l'ordre de nature du silence ou dans celui du bruit, du conflit, ce
monde donc, cette prison. Celui ou celle qui comprend la nature de la prison et, comme le
pèlerin dans le paradis du cœur de Comenius, voit à travers sa fenêtre Christ venir à sa
rencontre se rappelle immédiatement toutes les occasions où il a été placé devant la porte et
n'a pas osé entrer. Alors commence en vérité la grande transfusion, transfiguration de l'être
entier par l'élixir de vie. Dans l'abandon total, le pardon (par le don) l'homme, après une
rétrospection de toute son existence, se rend compte qu'il fut le jouet du destin, car il se
nourrissait encore de ce champ "dialectique". Il remplace maintenant dans une incarnation
parfaite tout l'ancien, à condition qu'il sache tirer la leçon du passé. Au moment crucial de la
décision, il décide alors avec fruit de résister coûte que coûte à la tentation d'utiliser l'ancien
mode de vie et d'être. D'un tranchant harmonieux il se détache de la construction qu'il
accomplit. (C’est ce que montre le mini-roman autobiographique donné un peu plus loin).
24

Il se libère alors de tout l'imbroglio karmico-psychique dans lequel il était retenu sans
en avoir toujours bien conscience. Ce qu'Apollonius de Thyane appelle : retourner des
tombeaux.
Il est peut- être intéressant de citer ici les sept exigences pour l'accomplissement de la
voie de lumière posées au chapitre XXI de "la Voie de Lumière" de Comenius.
Tout en insistant très nettement : Comenius n'a jamais eu en vue l'utilisation des idées dont il
n'était que le dépositaire, interprète de la tradition éternelle, pour l'instauration ou la
préservation de quelque forme d'Eldorado, ce dont ses détracteurs l’ont plus ou moins accusé,
et l’accusent encore quand ils ne limitent pas sa philosophie à une partie, la moins
importante,de sa pédagogie! Cf . La “Voie de Lumière”:
“ Nous savons très bien ce qu’il faut attendre du renouveau si ardement désiré; Nous
prendront donc très justement la décision de nous occuper de la réalisation du plan, prêtant
ainsi main-forte à la Bonté divine.
A cet effet nous aurons besoin :
I) D’un coeur rempli d’une très grande confiance
II) de la plus fervente des prières à Dieu
III)Du zèle et des efforts soutenus de nombreux hommes sages
IV) De la faveur des hommes haut placés
V) D’intelligence et d’ordre méticuleux de la part des travailleurs.
VI) D’une utilisation rapide de ce qui aura été élaboré
VII) D’une rapide propagation d’un groupe à l’autre jusqu’à arriver à l’universalité tant
désirée.”

Alors ceci nous devient clair : toute forme de conflit, de dialectique conflictuelle, est un
poison violent. Mais ceci ne signifie absolument pas la passivité et le refus de l’action. Wei-
wu-wei, signifie en chinois, l’agir dans le non-agir. La force du groupe des rachetés de la terre
réside en ce qu'il possède la puissance de l'Amour. Et nous trouvons alors la force de résister à
la tentation qui nous guette à chaque pas. Et notre unique force, force de guérison, de paix, et
de renouvellement, est nettement résumée dans les quelques lignes de Jacob Boehme (De
l'incarnation de Jésus Christ, Chapitre IX 2, 3, 4 : De la virginité de Marie, ce qu'elle fut avant
la bénédiction, et ce qu'elle devint par la bénédiction.) :

" Car toute notre religion consiste en trois points, que nous pratiquons et enseignons ; savoir,
premièrement, de la création ; de quelle essence, substance et qualité l'homme est ; s'il est
éternel ou non, et comment cela se peut ; quelle est proprement l'origine de l'homme, d'où il
est provenu au commencement.

Cela mérite réflexion et attention, non? Alors ceci nous devient clair : toute forme de conflit,
de dialectique conflictuelle, est un poison violent. Mais ceci ne signifie absolument pas la
passivité et le refus de l’action. Wei-wu-wei, signifie en chinois, l’agir dans le non-agir. La
force du groupe des rachetés de la terre réside en ce qu'il possède la puissance de l'Amour. Et
nous trouvons alors la force de résister à la tentation qui nous guette à chaque pas. Et notre
unique force, force de guérison, de paix, et de renouvellement, est nettement résumée dans les
quelques lignes de Jacob Boehme (De l'incarnation de Jésus Christ, Chapitre IX 2, 3, 4 : De la
virginité de Marie, ce qu'elle fut avant la bénédiction, et ce qu'elle devint par la bénédiction.) :

" Car toute notre religion consiste en trois points, que nous pratiquons et enseignons ; savoir,
premièrement, de la création ; de quelle essence, substance et qualité l'homme est ; s'il est
25

éternel ou non, et comment cela se peut ; quelle est proprement l'origine de l'homme, d'où il
est provenu au commencement.

Secondement, puisqu'on parle et enseigne tant de sa chute, que nous sommes mortels
et sous le joug de la méchanceté et de la source furieuse, - ce qu'a donc été sa chute.

Et, en troisième lieu, puisque Dieu veut de nouveau nous recevoir en grâce, à quelle
fin il a donné des limite, pour anéantir le mur qui nous empêche d'entrer dans la patrie
originelle, notre lutte doit posséder les qualités nécessaires, c.a.d. la force de ne pas lutter.
C'est comme si un filet descendait pour saisir les microcosmes mûrs pour cela, des domaines
vibratoires de l'éternité. Cela implique aussi un état de “non-moi”, vécu de façon progressive,
consciente et intelligente.
Csomment réagit l'humanité, en général. De l'incréé, de l'immuable émanent des
rayons de force venant incorporer les soleils latents, les microcosmes humains. Une véritable
transfusion de lumière peut ici avoir lieu, l'intégration au nouveau champ de vie. Pour cela la
reddition endouristique indiquée ci-dessus est fondamentale Mais que se passe-t-il parfois, et
c'est d'ailleurs la cause de bien des maladies contemporaines ? On observe une réaction de
l'ombre face à la lumière, qui se défend pied à pied jusqu'au dernier moment. La phrase
classique de l'évangile de Jean, "La lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont
point reçue" est ici au plus haut point à méditer. Chacun pourra ainsi déterminer à quel stade il
se situe encore dans le phénomène de résistance, où dans celui de l'endura, du processus
transfiguristique. On trouve déjà dans les Psaumes l'avertissement suivant :

Pourquoi tout ce tumulte parmi les nations, ces vaines pensées parmi les peuples ?

Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils ?

Et les princes se liguent-ils avec eux Contre l'Eternel et contre son oint ?

Brisons leurs liens,

Délivrons-nous de leurs chaînes.


Et cela n'est pas sans conséquence. Car toute forme de résistance, consciente ou inconsciente,
aux forces dématérialisatrices positives de Pluton est ou sera balayée comme un fétu de paille.
La responsabilité de chacun est ici claire : ou participer consciemment et avec enthousiasme à
cette auto-révolution et à l'intervention du Verseau, en chemin vers une absolue non-violence,
et un détachement sans faille auquel s'intègre alchimiquement l'être entier ; ou résister et être
balayé. Comme moyen terme, il n'y a que la bonté de l'Amour qui puisse intervenir. Mais
cette bonté, à laquelle recourt celui qui est dans la lumière, implique une réaction positive.
L'amour ne croît pas sur un sol souillé. Il exige, il suscite de celui qui en est l'objet qu'il fasse
tout pour garder la tête et le cœur dans la lumière.
Mais cela ne se développe pas par une volonté de domination ou de puissance, ce n'est
au contraire que par l'effacement, le silence issu du brisement, la disparition intelligente qui
ne cherche pas à obtenir la libération mais s'abandonne sans chercher à saisir, sans vouloir
pour soi, mais vraiment pour tous. Il est ici intéressant de citer les réactions négatives, que
l'on pourra expliquer grâce aux dernières découvertes de la science biologique moderne, telles
qu'elles furent exprimées déjà au XIXe siècle par Karl von Eckhartshausen :

Nuée sur le sanctuaire (Karl von Eckhartshausen) p.126


26

" Le gluten, matière du péché, peut être modifié différemment par des excitations
sensibles ; et d'après l'espèce de modification de cette matière du péché, se distinguent les
mauvaises inclinations au péché.
Dans son plus haut état d'expansion, cette matière opère la présomption, l'orgueil ;
dans son plus haut état de contraction, l'avarice, l'amour-propre, l'égoïsme ;
Dans l'état de répulsion, la rage, la colère ; dans le mouvement circulaire, la légèreté,
l'incontinence ;
Dans son excentricité, la gourmandise, l'ivrognerie ;
Dans sa concentricité, l'envie ;
Dans son essentialité, la paresse. "

Toutes les "déviances" contre lesquelles luttent tant d'humanitaristes bien intentionnés ne
disparaîtront pas par une lutte frontale, mais par un art thérapeutique où toute image
artificielle, toute illusion devra être balayée, si nécessaire dans le cas d'une difficulté
biologique structurelle avec l'aide de produits adéquats mais par la pratique d'un
comportement plein de prévenance, une hygiène véritable du corps, pris dans son sens large ;
les phénomènes neurobiologiques répondent aussi à des influx lumineux.

Citons ici encore un passage du " Dei Gloria Intacta " :


“Et nous voyons aussi que la transfiguration, incorporation dans le champ de vie de la
lumière, comprend la régénération. Mais la régénération n'est pas encore la transfiguration.
Mieux, l'incorporation dans le champ de vie de la lumière nécessite l'abandon total, c’est à
dire de laisser derrière soi, le moment venu, toute forme.”
Problème : Pourquoi, alors que toutes les forces aidantes, démasquantes, et brisantes, sont à
l'œuvre, mettons-nous parfois aussi longtemps à comprendre l'exigence des temps, et surtout
comment se fait-il, qu'au lieu de nous poser tant de questions, nous ne consacrions pas nous-
mêmes tout l'enjeu de notre être à Cela. Pourquoi démontrons-nous tant d'impuissance à
réaliser en nous-mêmes et autour de nous la révélation qui nous est si généreusement
accordée. Comment parer à et prévenir ces difficultés ?

On peut expliquer tout cela, mais à quoi bon ?

Ce qui compte c'est notre unité intérieure et extérieure, et la mise en application de nos
possibilités, malgré les difficultés. Obéir à la loi du cœur, est-ce donc si difficile que cela ?
Oui, si l'on écoute en même temps la voix du mélange ; non, si l'on développe un
discernement suffisant pour démasquer cette voix et lui opposer une fin de non-recevoir
absolue, même progressive. Toute forme d'hésitation à agir alors que l'on a bien écouté et
compris, ne fait qu'augmenter tensions et malaises. Le tranchant de l'épée sépare le juste de
l'injuste, le pur de l'impur, est effilé. Cela n'exclut pas, bien au contraire, la juste réflexion.
Mais une fois la décision prise, l'intuition juste doit être mise en œuvre, sinon c'est tension et
folie. C'est fermer la porte de l'expérience au sens où celle-ci est acte irréfléchi.
En bref, nous pouvons observer que l'unique nécessaire est simple obéissance au plan inscrit
en chacun de ceux qui participent au groupe de la libération, tout en s'assurant à chaque pas de
la bonne coordination de l'ensemble, et en gardant sa propre autonomie en éveil. En effet, ne
perdons pas ceci de vue qu'un jour arrivera ou, le groupe se détachant de ces lieux de mort,
l'enveloppe extérieure se videra de son contenu et chacun sera confronté à son propre
discernement. A ce moment, et même avant, il n'est pas exclu qu'un seul, ou peu, puis sent,
alors qu'ils conservent la liaison intérieure, être repoussés par la majorité du groupe, pourtant
coupée de la source véritable.
27

Voyons maintenant comment était approchée la notion d’éducation en Egypte, comme


nous l’avions prévu, et il deviendra clair que, quel que soit le niveau de connaissances
intellectuelles (et pourtant les Egyptiens en avaient beaucoup), l’essentiel se retrouve de tout
temps.

Pédagogie : Tout vient d’Egypte

Tout d’abord quelques généralités :

La pédagogie

C'est l'"Art d'instruire et d'élever" les enfants. Et surtout de les amener à l’éveil
psychobiospirituel.
C'est un savoir-faire qui sous-entend une méthode pour une acquisition de savoirs, mais
surtout un chemin parcouru à la fois par le guide, l’éducateur, et l’apprenant." Théorie de
l'éducation, normative et critique, d'une part et d'autre part, art et sciences de l'éducation dans
la pratique ". (Lexique des sciences sociales)
C'est un art sur lequel on réfléchit car on doit pouvoir apprécier ses actions, voir ce qu'elles
valent, pour les réajuster. Cela s’appelle en philosophie spirituelle la connaissance de soi, sans
laquelle rien n’est possible. Si cela provoque une démarche scientifique d'observation, la
créativité qui permet d'adapter ses observations à la réalité éducative, relève plus de l'art.
Des questions se posent : comment cela fonctionne? Quel en est le résultat ? Quelles
conditions font varier les résultats? Tout ceci reste au niveau de la spéculation. Dans la réalité
pratique le déroulement risque d'être différent de ce qui a été prévu. Il y a une caractéristique
d'empirisme. Et surtout quel est le but fondamental de la pédagogie? S’agit il d’adapter
l’individu à un existant ou de lui faire concevoir ce monde comme une “maison de transit?”
Les théoriciens ne sont pas forcément les cliniciens et réciproquement. C'est ainsi qu'il y a
deux actions bien différentes:
Celle du pédagogue de laboratoire qui conçoit des méthodes théoriques, isole des
phénomènes, essaie de mettre à jour des lois.
Celle du praticien confronté à des situations singulières et menant une recherche. Par exemple
c'est la différence entre J. J. Rousseau et J. Pestalozzi.Certains, comme Comenius, ont exploré
les deux aspects.
Donc la pédagogie n'est pas seulement la didactique, c'est à dire tout ouvrage dont le but est
d'instruire, mais c'est aussi l'explication méthodique des procédés d'un art, d'une discipline et
l'ensemble des méthodes qui recherchent les conditions optimales d'enseignement. Elle est
surtout le développement de lignes de forces qui accompagneront l’homme tout au long de sa
vie, lui donnant un sens profond.
Ceci sous-entend l'étude et la connaissance d'autres disciplines comme la psychologie, la
sociologie, l'histoire, l'anthropologie, l'économie.
D'après Durkheim: " Il faut savoir mesurer, former l'esprit en même temps. La pédagogie a
surtout une théorie qui se réfère à la pratique et à son observation, c'est pourquoi elle est
toujours remise en cause."
28

Les composantes de la situation éducative.

Elles sont multiples et complexes, imbriquées les unes aux autres. Nous présentons celles qui
nous paraissent essentielles.

- Les personnes:
L'enfant, ou l'éduqué, qui peut-être aussi un adulte et l'éducateur.
Leur passé, leur être profond, psychique, karmique et microcosmique.
Leurs sentiments, La connaissance qu'ils ont d'eux même, de leurs possibilités et de leurs
limites.
Leur connaissance réciproque, la motivation, l'aspiration à participer à l’apprentissage sous
toutes ses formes. La perception qu'ils ont l'un de l'autre. C'est une des composantes de ce que
l'on appelle habituellement la relation pédagogique.

Il y a des contradictions possibles au niveau de :


La méthode, est-elle un appui ou un enfermement ? Une possibilité de création ou ne s'adresse
t-elle qu'aux possibilités d'obéissance, que ce soit pour l'enseigné ou l'enseignant…La
méthode, si méthode il y a, doit toujours être remise en question et fondée sur l’observation et
l’efficacité dans les domaines principaux du devenir humain, donc des progrès en matière de
maturité, de responsabilité, et d’autonomie.
La place de l'attente ou de l'immédiateté, dans l'acquisition : de toutes façons, l’apprenant se
retrouvera toujours placé dans les mêmes situations d’apprentissage tant que son être profond
n’aura pas assimilé la quintessence de l'expérience. Ce qui fait qu’attente ou immédiateté
seront liés aux progrès de compréhension. Les sentiments entre les personnes qui composent
la situation pédagogique dynamisent ou étouffent. Il est bien clair qu’une atmosphère de
coopération,de compréhension mutuelle, et d'enthousiasme sincère devront être à tout prix
instaurés.
Quelle est la place de l'intuition ou de la démarche rationnelle, organisée et méthodique ?
Le savoir est-il pouvoir ou humilité ?
Il faut savoir attendre : faire à la place est une intervention abusive. Le but étant l’autonomie,
l’éducateur placera devant les situations ou les exercices et laissera l’apprenant le plus
possible maître du jeu. Ce qui implique que la pseudo-frustration de l’enseignant devra laisser
la place à une relation intelligente avec le jeune (ou le moins jeune). Il n’y aura ni maître ni
élèves, mais des élèves plus ou moins avancés sur le chemin.
La frustration, quelle est la part entre le"trop ou le trop peu"? L'autorité étouffante ou
l’attitude libertaire ?
Voyons de plus près certaines données qui entrent en jeu au niveau de l'élève

Qui est -il?


C'est un tout, c'est à dire qu'on ne s'adresse pas seulement à son intelligence, mais aussi à son
corps, à son âme, à son microcosme.
De plus, il a une histoire ; c'est à dire qu'il a déjà des connaissances et aussi des intérêts, mais
cette histoire peut-être aussi marquée par des échecs, facteurs d’éveil ou de blocage !
Si c'est un adulte, a-t-il eu des échecs ou aborde-t-il ces apprentissages pour la première fois?
Quelles sont ses capacités?
Son système nerveux fonctionne-t-il bien? Pour un enfant ce peut être une question de
maturation. Pour un adulte ce sont des habitudes mentales, une façon d'écouter, de percevoir
et d'utiliser ses sens. (l'enfant aussi d'ailleurs). Rien qu'un contrôle à ce sujet peut dévoiler des
faiblesses qu’il est nécessaire de connaître. Par exemple, comment gère t-il ses hémisphères
droit et gauche, c'est à dire sa perception globale ou linéaire. Les origines de la dyslexie
29

peuvent être diverses, on parle quelques fois d'atteinte organique des hémisphères, d'autres y
trouvent des origines psychologiques.

----------------
Et voici maintenant la simplicité pédagogique égyptienne :
Qu'y a t il de commun entre un pois chiche et un faucon ? La Mère originelle engendre
les deux et leur donne une similitude d'apparence qui donne la puissance d'évocation de
l'accomplissement du nom " Her Bak ", face de faucon ou pois chiche. On y retrouve aussi
Horus, le fils de la veuve. L'accomplissement du Nom, c'est la manifestation et la réalisation
du nouvel état véhiculaire quadruple, quintuple, puis progressivement septuple du " Fils ".

Car le Nouveau Penser, s'il constitue l'expression du quatrième véhicule encore embryonnaire
enfin réalisé de façon concentrique, se développe en un corps de feu qui donnera naissance au
cinquième véhicule de l'Intelligence, puis deux autres " Corps " perfectionneront et
démontreront la perfection du Fils de l'Homme, de l'Homme Dieu. Car, comme le dit Hermès,
les dieux sont des hommes immortels et les hommes (actuels) des dieux mortels.

Et tout cela commence par des choses très naïves, très simples. Celui qui parle aujourd'hui
d'ouverture du cœur prête plutôt à sourire, et pourtant, c'est par là que tout commence, et cela
le plus tôt possible, dès la prime jeunesse. Et qu'on ne nous rebatte pas encore les oreilles à
nous dire que certains y sont prêts et d'autres non ! Qui décidera de qui est prêt, si ce n'est
justement la voix du cœur ? Tous doivent recevoir les possibilités de tous, et rien ni personne
ne doit être laissé à l'écart. Toute semence porte ou portera son fruit, et celui ou celle qui ne
jette pas la semence dans le sillon alors qu'il peut le faire se charge d'une lourde faute.

Et nous voyons un énorme mastodonte, immonde reptile, machine rouillée lentement


s'effondrer, l'Education Nationale en France, qui continue cependant à perpétrer des meurtres
d'âmes par une " école des egos " qui incite à et entretient l'état de guerre économique,
politique et intellectuel ; ce qui est la meilleure façon d'empêcher la sérénité nécessaire au
passage de l'humanité à une spirale supérieure, même si, au pire, on peut considérer que
même une situation d'humiliation et de tension révoltante possède sa part de dose formatrice.
Oui, mais à quel prix ! ?

Revenons quelques instants à l'Egypte et considérons la façon dont y était conçue l'élévation,
l'éducation (élève, e-ducere). Pour ce faire, jetons un œil dans ce merveilleux petit livre que
tout éducateur devrait lire et relire, Her-Bak Pois Chiche, de Schwaller de Lubicz.

On y voit au début un " petit insolent ", fils de paysan, voué probablement à succéder à son
père à la tête de la ferme, s'y ennuyer ferme. Et si un pédagogue de premier ordre, qui se
trouve en même temps être un sage de son temps ne l'avait pas remarqué à la suite d'une
incartade pendable sa vie aurait été une suite d'humiliations et d'incompréhension, la mort
d'une âme pourtant si sensible. Et ne voit-on pas tous les jours se reproduire ce drame dans
nos écoles et nos cités.(voir Tokyo Sonata, de Kurozawa, où c’est une pédagogue, professeur
de musique, qui sauve l’âme en question contre son père)

Il est vrai que dans l'ancienne Egypte, toute la structure de la société, autour de l'axe du
temple, tendait à vraiment, par l'exercice de la Maat, justice-vérité-amour, à permettre
l'émergence de cette ouverture du cœur et son épanouissement, et donc à donner à tous ce qui
lui permettrait d'exercer au mieux son métier d'homme en chemin vers la manifestation du
Dieu en lui.
30

Ecoutons : " - Est-ce bien le chemin, ô mon âne ? … Tu as perdu ta route ? Moi aussi !Ce
pays est nouveau pour nous deux : autant de sable que de champs !Et ce long mur qui ne veut
pas finir… "

Her-bak, jeune garçon qui vient juste de recevoir son pagne, de nouer sa ceinture, s'est égaré ;
mais n'avons nous pas nous aussi perdu notre route, et ne nous trouvons nous pas dans un
pays nouveau, derrière un long mur … ? Le char ailé du Phèdre de Platon es devenu un âne
ignorant et perdu.

" Ciel Lumineux jusqu'à la blancheur aveuglante ! Sur l'horizon d'Orient, un profil de cimes
arides borne l'étendue désertique. Le sable caillouteux s'approche jusqu'aux bords de la terre
vivante…Deux puissances rivales : un Soleil et un fleuve, dont l'épouse commune espère la
fécondation ou doit subir la consomption, l'une et l'autre sans concession, sans artifice, sans
excuse.

Sans excuse…, Ô Egypte, ô terre des Neter ! "

Ne voyons nous pas ici la rigueur de la responsabilité de l'homme, car celui qui souffre ou qui
fait souffrir, c'est sans excuse que chaque homme éveillé s'en juge le co-responsable. Il y
aurait encore tant à dire sur ces quelques mots d'introduction qu'il est préférable de se taire.

" Sur le bord du chemin qui longe les cultures, une haute muraille arrête la vue, au grand dépit
d'un enfant curieux qui chevauche son âne en poursuivant son rêve.
- C'est une montagne ce mur ! Que peut-il entourer ? (montagne symbole de l'initiation N. D.
A.) Pour être si haut, il doit cacher quelque chose … quelque chose d'immense ! …(en effet)

- Mon père est grand cultivateur …je ne serai pas cultivateur…Arrête toi, fais halte, je veux
savoir ce que cache ce mur. "

Et c'est ainsi que le jeune curieux, sans le savoir, va découvrir l'existence du temple, car son
cœur assoiffé (ab) l'y appelle. Ce jeune étourdi ne sait pas qu'il scellera ici bientôt un destin
d'exception.

A pied d'un sycomore, l'âne, docile, stationne sous la plus basse branche. Alerte comme un
singe, l'enfant s'agrippe ; il parvient peu à peu à se hisser jusqu'au faîte de l'arbre. Mais la
hauteur du mur défie l'œil indiscret. "

Et l'âne n'est pas si docile que cela puisque le voilà qui a filé ! L'enfant cherche l'issue qui
ouvrira la porte… " Soudain, un cri de joie, une porte dans la muraille !… il se hisse sur une
borne, il agrippe ses doigts aux portants…
- Hé, fripouille! Si tu ne descends pas sur tes pieds je te fais redescendre sur la tête…D'où
sors-tu vadrouilleur, n é d'hier ? Sûrement tu es fils de ton âne !
- Je ne suis pas né d'hier, hier j'ai noué ma ceinture ; traite moi comme un homme, je ne suis
plus un moutard ! "

Combien se croient des hommes et ne sont que des moutards, et combien sont prêts à humilier
ces jeunes impatients, alors qu'ils valent bien moins qu'eux !
31

" - La grosse patte noire empoigne la " ceinture nouée d'hier ", le renverse tête en
bas… et d'une magistrale volée, le remets sur ses pieds … le cache-sexe déchiré reste aux
mains du gardien.
- Fils de singe, rends moi mon daïou ! Rends le moi !…
-…
- Alors un grand sanglot secoue le petit homme "

Il ne sait pas encore que son apprentissage commence. Il devra apprendre à reconnaître un
pédagogue chez son pire ennemi, il devra savoir et comprendre, et cela ne viendra pas
forcément sans mal, que tout est source de connaissance pour celui qui deviendra responsable
de tous et d'abord de lui-même. Car l'intégration à la chaîne passe par la victoire sur soi et
l'abandon de toute lutte. Et en effet, le sage n'est pas loin …

" Que t'as fait cet enfant !


Sous le regard hautain, la brute s'affaisse, domptée, et vient lécher les pieds du maître en
tremblant.
- Que t'as fait cet enfant !(…)
- Que ta grandeur l'apprenne : ce pou a voulu forcer cette porte…
-…
- Il m'a volé mon cache-sexe : je ne peux plus retourner chez mon père !
Le Maître, amusé observe en silence ; l'enfant, honteux, renifle et boit ses larmes…
…- Que va dire mon père ? Ce matin je me suis levé comme un homme fier … et voilà : je
suis nu … nu… nu !
- Et avant-hier, tu ne l'étais pas, nu ?
L'enfant, interdit, hésite :
- Je… je ne savais pas !
Un large sourire sur la face grave ; la grande main entraîne la petite main … la petite main…
Quelques pas… et l'enfant, suffoqué, voit s'ouvrir la porte du mystère. "

Et voilà la première leçon de connaissance, ou plutôt d'ignorance que reçoit Her-bak, pois
chiche, face de Faucon d'Horus en devenir. Il découvre l'immensité de son ignorance.
Souvenons-nous du jour ou nous avons nous aussi découvert l'abîme qui nous séparait de la
connaissance, du jour ou nous avons, reconnaissant pourtant, pris conscience de notre triste
état et des immenses possibilités auxquelles nous pouvions cependant, grâce à l'immense
amour des sages, aspirer si nous étions prêt en toute innocence à passer la petite porte.

Et comprenons, après cette magistrale leçon de pédagogie, que malgré tous les gardiens
prétentieux, nous devons veiller en toute circonstance à préserver à tout prix et chez le plus
inattendu de nos frères, le feu latent, oui, même à souffler discrètement dessus, pour qu'il
puisse lui-même, en toute autonomie, en faire un flamboiement intense. Car la patience dont
on a fait preuve envers nous, nous devons maintenant en faire preuve vis a vis de tous. En
chacun gît un " Her-bak ".

Ah, la force, la puissance et l'inéluctabilité du feu !La douceur de la combustion !

Seul un feu pur et équilibré, maîtrisé, a la faculté de se frayer un chemin à travers tous les
obstacles. Face que chaos et à la misère des déchaînements qui s'affrontent, feu d'enfer qui fait
rage, seule une magie du feu libre de pathos peut sauver et préserver, protéger, et faire
vraiment vivre.
32

Nous en trouvons le témoignage dans la Gnose Egyptienne : " Les corps des êtres célestes
gardent l'ordre unique que le Père leur a donné dès l'origine ; et cet ordre est maintenu
indestructible par le retour de chacun d'eux à l'état de perfection "

Ecoutons ici les commentaires de JVR :


" Celui qui apprend à dominer le feu, celui qui ne se donne pas à l'activité explosive, tient en
son pouvoir la force opposée. L'équilibre entre ce qui est centrifuge et ce qui est centripète,
entre chaleur et froid, les forces jumelées de la nature, a pour conséquence l'harmonie
véritable, le métabolisme idéal, la transfiguration. Si vous vivez ainsi, le classique péché de
Lucifer est supprimé. Tel est le secret de la magie gnostique. " (G.O.E. t II p. 266)

Et au fond, tout ce que nous avons pu vivre ou expérimenter d'une façon ou d'une autre ne fut
il pas une préparation au grand œuvre de détachement, une préparation qui comportait déjà
des éléments de cette cessation des désirs dont parlait déjà le Bouddha. Tout homme dont
l'aspiration est authentique est placé devant cet accomplissement, quelle que soit sa place dans
une soi-disant hiérarchie intérieure ou extérieure.

Chaque jour nous confronte à cette exigence, qu'en faisons nous ? Bien sûr, nous trouvons
toujours des moyens de nous arranger avec . Nous savons bien que ce qui nous retient encore
devra se détacher de nous. Chaque jour, chaque heure, est pour nous l'occasion d'aller encore
plus loin dans ce processus radical, sans évolution. C'est l'éveil et la disparition de la
souffrance, ou bien le massacre de Dogville.

La relation avec l'autre, n'importe quel autre, est parfois tellement complexe et
incompréhensible, qu'il est souvent préférable de ne pas trop " chercher à approfondir "
certaines attitudes qui nous échappent. Ce qui compte au fond, n'est-ce pas de rester sans trop
de réaction sur le plan de la personnalité. Et une attitude franchement désagréable d'un " autre
" ne doit surtout pas être encouragée par une demande d'explication qui serait ici
intempestive.

Il est un fait que l'expérience démontre qu'une attitude " désagréable " s'effondre d'elle-même
si on ne la nourrit pas par un questionnement qui ne fait que souligner et renforcer le
sentiment négatif qui est à l'arrière plan de cette attitude.

Imaginez un monde ou jamais au grand jamais


On n'oserait rabaisser , diminuer quiconque.
Imaginez un monde ou la moindre moquerie
Comparaison compétition, serait inimaginable ;
Ou il serait impossible de penser même :
Regarde le voisin prend exemple sur lui.
Imaginez alors plus jamais de rancune
Et d'énergie perdue à esquiver l'ignorant(e)
Encore à ce niveau de relation inhumaine.
Mais ce monde existe, dépend de toi, de moi.
Il attend que nous le fassions naître.
Car il n'existe pas de toi de moi, mais un
Nous plein d'Amour qui veut nous embrasser.
Et au lieu de dire : " qu'est-ce qui ne va pas, quel est ou quels sont les problèmes ", on dirait
alors : " que puis-je, que pouvons nous faire, comment pouvons nous aider, faire avancer la
situation ; oui, là il y a un travail, quelque chose à faire ! "
33

Et ceci est valable sur tous les plans de la matière et de l'esprit.

Une image me revient : une classe où la parole se dilue dans le groupe, une
préparation est en cours, ambiance de salle de rédaction. Je laisse faire. C'est la meilleure
solution pour l'instant. Soudain un élève a une demande particulière, veut que je lui lise et
explique un passage d'Harry Potter, dont nous parlions auparavant. Immédiatement, mon
attention se porte sur lui, et deux ou trois élèves embrayent. Ce qui fut expliqué cette fois là
fut compris et intégré ! Nous devons tout le temps être à l'affût de la meilleure façon d'aider
ceux qui nous sont confiés, en fait par notre simple présence, par notre attention silencieuse et
sans artifice. Cela est infiniment simple, c'est une exigence dont on ne peut se passer ; il est
peut-être superflu de trop en parler…
Et comment agit donc le “Maître” avec Her-Bak :
... - Petit, quel est ce signe?
- C’est un oeil.
- C’est un pied.
- Dis ce que tu comprends.
- L’oeil me regarde, et le pied ...est posé. Oh! Celui là veut marcher.
Quelle simplicité, n’est-ce pas! Nous en sommes presque dérouté, cet enfant ne semble pas
bien malin... Et pourtant, écoutons la suite.
Le prêtre triomphait (Ne sommes nous pas souvent, trop souvent ce prêtre) :
- Ta Grandeur daigne le constater, il ne sait rien
-Et toi, dis lui ce que tu sais.
Dédaigneuses, les lèvres prononcèrent :
- Ce divin caractère, qui est l’image d’un oeil, se lit àr ; c’est un signe horizontal. Cet autre se
lit b ; c’est le signe du pied vertical, relatif quand à sa hauteur, affectant forme de pied
quoique jambe, et supposant la jambe quoique pied. Entre autres acceptions canoniques ...
- Cela suffit pour aujourd’hui : mais si Râ pouvait effacer de mon cycle cinquante de ses
circuits, je sais fort bien lequel des deux savoirs je choisirais.
- Oserai-je espérer l’entendre de ta bouche, O Maître de Sagesse?
- Certes, ce ne serait pas le tien.
...
Et la parole continue dans sa simplicité, cette fois adressée à Her-bak :
- ... un autre maître t’attend pour éveiller ton coeur.
- Où m’attend-il?
- Dans ton jardin, dans ton champ d’orge...
- Je ne l’ai jamais rencontré.
- Tu ne savais pas le chercher. Il aime les questions d’enfant ; demande au grain comment il
s’ouvre, compte les pousses du palmier, apprend l’heure avec les oiseaux ; demande au vent
du Nord d’où vient son souffle vivifiant, au vent du Sud d’où vient son feu.
- Qui répondra?
- Celui dont tu porte le nom.
Quand donc chaque enseignant, devenu un Maître de Sagesse, pourra-t-il répondre avec
autant de simplicité et de pertinence?...
Comment le Sage essaie-t-il de dompter ce qu’il faut bien appeler l’insolence d’Her-Bak (qui
veut dire à la fois pois chiche et faucon, le symbole d’Horus)? Nous le voyons un peu plus
loin quand celui-ci est invité à l’école des scribes, où il commence à se gonfler d’importance!
Et d’abord comment se passe son arrivée à l’école des scribes :
Accablant est le soleil; somnolent est le portier affalé sur le seuil. Une galopade de pieds nus
le réveille en sursaut :
34

- C’est toi, Pois Chiche?


- Moi-même en vérité! Salut portier, fils de portier, qui engendrera des portiers jusque dans
l’éternité!
- Salut voyou, fils de voyou, qui engendrera des voyous aussi mal lavés que leur père.
- Répète ce que tu as dit!
- C’est ton maître qui te le répétera. Va donc le voir dans cette tenue, barbouillé ... Va, cours,
il a déjà demandé ses sandales (NDA : le maître Menkh a choisi Her-Bak comme porteur de
sandales, ce qui constitue pour HB un insigne honneur).
...
-Tu me dois le respect, je viens de l’école
- J’aurais du le deviner à ton insolence.
...
Et ainsi HB va se présenter devant celui qui est chargé de le guider dans son apprentissage,
dans tous les sens du terme. Et comment va-t-il “châtier” HB ?
...
Menkh présente un miroir devant la face tachetée d’HB.
-Admire ton visage, ô Her Bak ! Thot enseignera-t-il son singe maladroit, qui ne sait même
pas maîtriser son calame ?
Devant son image grotesque, la honte de Pois Chiche se change en décision soudaine :
- Ô Menkh, que ta justice châtie ces doigts coupables, mais que ton mépris n’écrase pas ton
serviteur : il n’avait pas compris !
- L’ignorance n’est pas une excuse, Pois Chiche. Si les premières leçons ne m’avaient point
appris l’importance du geste parfait, jamais on ne m’eut introduit dans les secrets des
techniciens dont je suis le chef aujourd’hui. Ces douze mois d’école, que t’ont-ils appris ?
- Je connais les hiéroglyphes et je sais les transposer en cursive.
- Montre moi ton travail.
...
- Le travail vaut les mains de l’ouvrier. Le scribe, ton maître, est-il satisfait de ces chefs
d’oeuvre?
- Sans doute, il ne m’a fait aucun reproche.
- Quelle place te donne-t-il à l’école?
- Dès le premier jour, il me fit asseoir à ses pieds; il ne m’a jamais enlevé cette faveur
-N’as-tu point honte d’usurper la place d’un bon élève... Ton coeur serait-il souillé comme tes
doigts?
Pois Chiche pleure, vaincu...
Menkh déchiffre les tessons apportés par HB.
- Le noble scribe royal, Pois Chiche,...Celui dont on apprécie tout ce qui sort de sa bouche,
Pois Chiche, ... Celui qui connaît tous les secrets du Ciel et la Terre, Pois Chiche, ...
-Qui t’a dicté ces textes admirables
...
Et quelle sera la décision de Menkh ? Eh bien il va confier Pois Chiche à ce que nous
appellerons “l’enseignement professionnel et technique”. Et non pas pour l’humilier en le
renvoyant à des tâches subalternes ! Non ! Pour lui apprendre l’importance du geste et de la
parole justes et réfléchis, pour lui donner quelques notions d’humilité et de courage, en bref
pour le faire “mûrir” au contact des maîtres-artisans, à la parole rare et au compliment
parcimonieux.

En cette période si particulière, où la possibilité est offerte à tout chercheur sérieux de devenir
parfait en tant qu'homme, essayons d'examiner les obstacles à la réalisation de l’ unique
nécessaire. Cela a déjà été fait, par exemple sur les plans sociaux, philosophiques, religieux,
35

mais on se plaçait surtout dans l'optique de l'amélioration de notre monde ou de l'espoir d'une
réalisation dans un au-delà futur.

Or nous aimerions placer ce problème sous l'angle de vision du rétablissement présent, de


l'incarnation de la lumière, autrement dit des forces de rayonnement supérieures présentes au
cœur de chacun, mais enfouies, non encore révélées. Chacun de nous pressent la possibilité
d'une telle réalisation. Et s'il est parfois étreint par le désespoir face à l'état lamentable de
notre planète, et par conséquent face à son propre état, c'est bien parce qu'il ignore le chemin
qui pourrait lui permettre l'accomplissement . On pourrait partir de l'image suivante du
prologue de l'évangile de Jean : "La Lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont
point reçue". Si nous voyons clairement ce qui s'oppose à notre développement en tant
qu'homme parfait, nous pourrons plus facilement nous orienter dans ce monde où les idées
fourmillent, où les luttes et les tensions se multiplient, prenant au piège les meilleures
intentions pour les diriger vers ce monde dévoyé et son continuel tournoiement sans fin.

L'homme qui prend conscience de son emprisonnement aspire déjà à briser les murs de sa
prison.

Au fond cet emprisonnement est une illusion, illusion entretenue par tous ceux qui y ont
intérêt.

Nous aimerions nous attaquer à l'un des obstacles-illusions les plus subtils, après quoi le reste
nous semblera d'autant plus évident. De nombreux être humains le voient d'ailleurs, mais ne
savent pas trop comment s'y attaquer. Cet obstacle touche surtout les pays et les classes de la
population que l'on a coutume de qualifier de "favorisés", puisqu'ils sont plus à même de
subvenir à leurs besoins que les autres. Rien ne dit que cela durera d'ailleurs. Et la conscience
sous-jacente de cette impermanence, la multiplication des maladies dites "de civilisation", et
la révolte que l'intervention vigoureuse de Pluton provoque, nous permettent d'affirmer que le
terrain est prêt pour la compréhension de ces choses et leur acceptation par le plus grand
nombre. Celui qui va vraiment le chemin de la perfection, contribue d'autre part, par sa
respiration même, son existence dynamique quoique discrète, au processus général de
guérison.

VI

Changement de paradigme

De quelle nature est donc cet obstacle. Nous aimerions l'appeler complexification,
multiplication des besoins artificiels, recherche des causes en dehors de soi. Le problème n'est
pas en fait l'ignorance de cet obstacle, (de nombreux chercheurs en sont conscients) mais la
minimisation de l'urgence à l'éliminer. Essayons d'imaginer un homme dont les besoins
seraient réduits au minimum, à un minimum intelligent, un minimum biologique acceptable
par tous. Tout d'abord insistons une fois de plus : l'objectif n'est pas ici de poser les bases d'un
état idéal. Indirectement, la multiplication des individus qui perceront à travers tous les
obstacles mènera indubitablement, à plus ou moins long terme, à cet état idéal. Non, ce qui
nous intéresse ici c'est de mettre en relief de façon claire la folie consistant à explorer le
36

monde qualifié d'objectif, dans l'espoir de trouver un remède à la maladie fondamentale de


l'humanité. Il est aussi important de démontrer l'urgence sans panique à retourner à une
simplicité de bon aloi. La simplicité en question ici n'est pas celle dont tout le monde se
moque, à tort d'ailleurs. Les manipulateurs du sermon sur la montagne ont voulu nous faire
croire que ce type de simplicité d'esprit constituait une des conditions de la béatitude, alors
qu'il s'agit de l'aspiration à l'esprit. C'est l'état d'être de celui ou de celle qui concentre son
énergie sur l'unique nécessaire et la détourne de moins en moins sur le plan horizontal.
On parle beaucoup de morale et d'éthique, mais quel est l'unique critère d'un comportement
juste si ce n'est celui-ci : consacrer toute notre énergie à la réalisation de l'homme parfait,
conscients de nos besoins, mais conscients aussi de l'exagération que nous en avons fait. Une
autre nécessité se fera alors sentir, celle d'une autre nourriture, plus subtile, et donc de la
réduction progressive, propre à chacun, de ces besoins qualifiés un peu trop vite de "naturels".
Nous aimerions ici analyser le processus qui est la cause de cet obstacle. Il s'agit en fait d'un
mécanisme de défense. L'homme moderne est attaqué par une exigence intransigeante, l'appel
impérieux au retour à l'harmonie avec la vibration universelle libératrice. Et une des façons de
se protéger (cf. Démasqué, de Jan van Rijckenborgh, éditions du Septénaire, à Tantonville-
54)) de cette attaque consiste à projeter cette nécessité ultime sur le plan horizontal, et donc à
chercher dans les recoins mal connus de notre prison vibratoire des nourritures qui nous
permettraient de subsister encore un peu des pots de viande d'Egypte, car ces pots de viande
ont aussi des aspects subtils. Cette trahison, qui est psychologiquement tout à fait
compréhensible, doit être démasquée de nos jours comme elle le fut de tout temps. L'appel à
la raison n'est pas celui qui consiste à prolonger un statu quo, d'ailleurs voué à la disparition,
mais celui de l'arrêt conscient du plus grand nombre possible d'hommes, et du retour qu'ils
effectuent sur eux-mêmes, tranchant impitoyablement, sans lutte ni tensions, dans le cancer
que représentent toutes les évocations, les dénaturations, les détournements et les artifices
protecteurs
L'heure n'est plus aux grands discours, aussi enthousiastes soient-ils. Au fond, une grande
partie de notre civilisation est bâtie sur l'animalité. Or il s'agit justement d'en sortir, tout en
reconnaissant l'utilité de notre véhicule actuel pour en tirer le meilleur parti, mais sans s'y
attacher. Ici nous devons être à la fois prudents et nuancés. Se libérer de l'animalité constitue
un processus progressif de maturation qui exige de tenir compte du corps et de" l'état d'être
de départ".
Vouloir, de façon artificielle et contrainte, se libérer de l'animalité ne conduirait qu'à des
excès et à des explosions, donc à des résultats contraires à l'objectif visé. Ce n'est pas en
luttant contre l'animalité qu'on arrive à la vaincre, mais en vivant et en vivifiant d'autres
forces, en déplaçant son orientation vers l'utilisation positive de la nouvelle force créatrice, en
désirant et en mettant en œuvre ce nouvel agir, puis en cessant même de le désirer, suite
logique de son intégration. Ceci constitue tout un programme, très réaliste, qui commence par
une connaissance lucide de son propre état et la mise en œuvre d'une vraie maîtrise. Nous le
répétons, celle-ci n’a n'a rien à voir avec la contrainte.
Notre psychobiologie est pétrie de très anciens réflexes, et, tant que la reproduction de
l'espèce, telle que nous la connaissons, est nécessaire, ils doivent être acceptés. Mais dès que
nous avons décidé de sortir du cadre de la lutte pour la vie, dès que nous avons compris les
exigences de la vie de l'être humain pris dans son sens supérieur, tout change et nous
n'obéissons plus aux même lois. Notre unique nécessaire n'est donc plus constitué par la
perpétuation ou l'amélioration de la race, mais bien plutôt par un réel changement de nature
qui prendra pour support le corps dans son état actuel tout en incarnant progressivement un
véhicule qui n'aura rien à voir ni avec la sphère matérielle de l'existence que nous
connaissons, ni avec sa sphère subtile. Et là se posent de multiples problèmes que chacun
37

devra résoudre pour lui-même, et qui se résument à la question : jusqu'où puis-je me permettre
de participer à cet ordre de nature sans nuire au processus de changement évoqué ?
Cela est très simple. Diminution jusqu'à disparition, en même temps que croissance des
nouveaux véhicules. Un point cependant mérite notre attention. Tant que l'harmonie avec les
nouvelles forces n'est pas réellement installée, nous avons besoin des anciennes forces. Ici
rien ne sert de se suggérer quoi que ce soit. Cette harmonie, quoique possédant divers degrés,
doit être construite non par une quelconque culture, mais parce que cela va de soit, parce que
l'âme y est vraiment prête, en a besoin et non seulement y aspire, mais s'y trouve comme par
une nouvelle naissance, même dans un corps malade.

Pour parvenir à cet état d'être intégralement vécu, un courage à toute épreuve, et une
lucidité sans faille, qui s'accompagnent d'une exploration de la complexité menant à la
simplicité, sont absolument nécessaires.
Les recherches en matière de psychologie cherchent à comprendre le phénomène humain de
façon scientifique. L'homo scientificus a pour caractéristique de tout vouloir saisir avec son
intellect, pensant que les frontières de la connaissance seront repoussées jusqu'à ce que
l'homme puisse appréhender l'univers, en connaître les lois, et pouvoir ainsi déterminer la
conduite de sa vie en conséquence, pour le bien du tout. Ceci est bien entendu le cas le plus
séduisant, le cas le plus courant étant celui d'une humanité cherchant à préserver son territoire,
comme si elle constituait un immense corps devant se défendre contre des ennemis, dont la
nature reste à déterminer(cf. " La planète des singes "). La première hypothèse semble la plus
raisonnable, mais elle possède cependant une faille. Si on peut raisonnablement penser que
l'Homme parviendra un jour à une perception telle qu'il devienne en mesure d'explorer les
confins de l'Univers, par le retour à l'unité, il nous faut ici être d'une précision telle qu'elle ne
laisse aucune place à des conceptions anthropomorphiques, au sens où nous projetterions dans
cet état d'être à réaliser, celui qui est le nôtre actuellement.
A l'heure actuelle, en tout cas dans les pays soi-disant civilisés, le développement intellectuel
est parvenu à un point tel qu'il est possible de déceler les signes avant-coureurs d'une révolte
de la nature. Ce développement provoque des maladies mentales, qui sont en croissance sur
toute la planète. Aller faire une psychothérapie ou être suivi par un psychiatre devient chose
courante et facilement acceptée. Toutes sortes de méthodes de guérison voient le jour. On
pourrait se poser la question : quel est le prix, hors de toute rémunération monnayable, que
doit payer le patient pour sa guérison ? Nous reviendrons sur ce sujet. Il est évident qu'une
maladie déclarée doit être soignée. De même, la tentative de guérir les multiples maux
psychiques qui déferlent sur l'humanité est louable et se doit d'être encouragée.
Mais, si nous voulons cesser de tourner en rond dans le sempiternel circuit de la vie et de la
mort, il nous faut essayer de comprendre la cause de ce déferlement de maladies incurables,
touchant plus particulièrement le système nerveux. Essayons d'aborder le problème de façon
intuitive, axiomatique, par images. Du point de vue des échanges de rayonnement, ce n'est
plus un secret pour la recherche de pointe, que les circuits neuronaux sont potentiellement à
même de capter l'univers entier. Ceci ne possède d'ailleurs qu'un intérêt limité, comme nous le
verrons par la suite. Or la cristallisation, la concentration excessive d'énergie en un point doit
toujours être arrêtée, et cela se produit par tous les champs de tension intérieurs et extérieurs
auxquels nous participons, et dans lesquels nous nous sommes mis nous-mêmes. La
circulation, la fluidité, le métabolisme "sain" exige une inversion totale de la vision générale
actuelle.
De nos jours l'intensification des forces de rayonnement révèle, démasque. Et l'intellectualité
excessive pourrait être comparée à un excès de gourmandise, qu'Hermès, dans le “Corpus
Hermeticum” qualifie de "délices impies". " L'homo scientificus " veut saisir avec son
intellect comparatif, déductif, mesurable. Précisons ici que nous n'attaquons personne, et que,
38

heureusement, la conscience de nombreux scientifiques leur permettra de rejoindre cette


vision qui en appelle tout simplement au bon sens et à la sagesse.
Or l'intellect est localisé dans la tête, et ne comprend que les fonctions binaires ou au mieux
ternaires. Mais qu'est-ce qui exprime la réalité ? L'expérience démontre qu'une thérapie
efficace est celle qui permet un vécu authentique et non abstrait, qui inscrit dans le corps les
"symptômes" et les met en relation avec l'homme dans sa totalité, leur donnant un sens, et
induisant progressivement une liberté conquise sans violence et sans opposition systématique.
Comme il existe différents degrés de taux vibratoires, il existe divers degrés de conscience. La
non-lutte qui accompagne la recherche de la vérité et surtout sa mise en application dans la
vie quotidienne, permet seule de passer d'un champ vibratoire dans un autre.
(CF. ; Gnose Originelle Egyptienne tome I, Chap.XVIII, la réalité de la libération, p.149 à 152
- Ed. Rozekruis Pers, 1978)

Les milieux religieux dissertent souvent sur la maison du Père. Mais ce que serait cette
maison du Père n'est jamais sérieusement examiné, ou alors de façon théologique. Cela est
pire que tout, car le théologien possède rarement l'état de conscience correspndant à son
discours. C'est là la grande trahison classique, qui fait prendre la carte pour le territoire, la
photo pour la réalité, le discours pour le réel. C'est pourquoi tous les discours, toutes les
suppositions ou explorations mentales, reflets d'une réalité non-vécue, sont renvoyés à leurs
auteurs sont formes d'anormalités de toutes sortes ou de pouvoirs tous plus dangereux les uns
que les autres.
Celui ou celle qui développe une recherche ne correspondant pas à son état d'être réel est
poussé à une limite : Soit il abandonne toute prétention à saisir et à accumuler avec son
intellect des réalités ne lui appartenant pas et franchit alors la limite devant laquelle est placée
l'humanité entière, soit il sombre dans la folie, même si celle-ci n'est pas officiellement
reconnue. Tout dictateur porte en lui de cette folie là, ainsi d'ailleurs que tout être humain
cherchant à imposer de force quoi que ce soit.
Ou bien l'homme se situe avant cette limite, vit encore dans le monde du mélange, et cherche
à saisir, à expérimenter, avec les outils qu'il connaît, ou bien il vit et s'intègre progressivement
dans le monde de l'absolu. Il est de plus en plus facile à tout homme de savoir, en ce qui le
concerne, où il en est à ce sujet. Il peut donc en toute conscience prendre la décision de
s'orienter vers le monde de l'absolu. Cela semble un peu schématique, mais un saut qualitatif
doit de nos jours être accompli, et cela non pas en pensée, mais "en esprit et en vérité",
incarné dans un système de véhicules nouveaux prenant pour support l’ancien, limité au
maximum.
Ici un arrêt s'impose, et quelques explications ou rappels. Au cours des siècles de multiples
conceptions du monde se sont affrontées. Elles n'ont pas fait avancer l'homme d'un pas sur le
chemin de la réalisation vraiment Humaine. Aussi semble-t-il vain de rappeler les oppositions
entre monistes et dualistes. Nous tenterons de démontrer que toutes ces oppositions ou
courses folles ne sont que l'exacerbation d'une incompréhension, d'un non-vécu, où
l'explication et le développement intellectuel prend le pas sur la réalité, la logorrhée
dialectique développant la primauté sur la réalisation intérieure authentique.
Et cela n'est pas simple, comme le dit Mme Catharose de Petri dans "La Parole Vivante" :
"Il n'est pas simple pour un homme né de la matière de vivre dans cette vérité universelle
unique, dans cette unique lumière, car dans la nature inférieure ou matérielle, la Vérité Unique
créé une sorte d'ombre. Autrement dit : le raisonnement intellectuel ordinaire de ceux qui
vivent toujours de la matière et en elle est quasiment en opposition constante et presque sans
cesse en conflit avec l'unique vérité de l'âme esprit."
Notre mode de travail : la main qui ne tremble pas, le fil de l'épée, la simplicité et l'évidence,
tests de notre orientation. Qu'est-ce que la psychologie, à l'origine ? Quel est le sens profond
39

de cette science ? A l'origine c'est une science sacrée, la science de l'âme, connue depuis la
nuit des temps. L'homme désorienté essaie, à l'aide de quelques bribes, de garder le cap dans
la tempête qui déferle sur lui. Or la nouvelle psychologie de l'ère du Verseau est non-
dialectique. Elle tranche très nettement dans toute forme d'explication ayant recours à des
causes héréditaires, ancestrales ou karmiques, dont sont friandes les tendances New Age. A
l'heure actuelle, les forces à l'œuvre permettent à celui ou à celle qui est bien déterminé de
surmonter tout ce complexe imbroglio. Il est en effet bien facile de s'y perdre.
Si, dans un premier temps, il peut être intéressant de comprendre ce qui nous a amenés à
notre triste état, il est bien plus important de collaborer, en tant que pur canal de ces forces, à
l'intégration du plus grand nombre possible dans ce nouveau champ de vie (domaine
vibratoire supérieur, échelle de Jacob, nouveau Shamballa) qui aspire à une vitesse de plus en
plus grande tous ceux qui le désirent vraiment. Une connaissance de soi très lucide prenant en
compte toutes les dimensions humaines, esprit, âme et corps, est bien entendu indispensable.
Remises en questions et effondrement de toutes les illusions se multiplient heureusement à
notre époque révolutionnaire.
Cependant la "voie droite" celle qui permettra de franchir la limite à laquelle se heurtent tant
de chercheurs à notre époque, exige le recours à une toute autre problématique. On peut
passer sa vie à expliquer les comportements par des causes biologiques neuronales ou
psychiques, qui interagissent d'ailleurs entre elles, sans faire un pas dans la résolution du
problème fondamental : entrer dans le juste comportement, découvrir la Vie par l'abandon de
soi, maîtriser et contrôler sans contrainte son système entier à partir d'un état de vie issu du
plus profond de l'être. Le centre mathématique, le cœur du rayonnement de l'être humain peut
être mis progressivement en relation avec ces champs de rayonnement directs et non
transformés. Dès lors un processus permet à l'intuition véritable de s'éveiller, et à
l'enseignement universel d'être reçu toujours plus directement. Le comportement juste
consiste alors à suivre cette voix intérieure, et comme le dit l'évangile, à y demeurer fidèle
jusqu'à la révélation d'une vérité plus élevée. Cela ne peut s'accomplir que par un travail
libérateur pour le monde et l'humanité, sachant que ce travail restera vain tant que la
compréhension ne sera pas suffisamment mûre.Alors viendra le moment où la priorité des
priorités sera : la mise en pratique du travail sur soi, avec le moins de mots possible, donc le
comportement pratique et évident que dicte la voix intérieure, avec toute la circonspection et
la prudence que cela implique.

Notre champ de vie actuel, tant microcosmique, cosmique, que macrocosmique, constitue en
lui-même comme un cancer, au vu de la parfaite manifestation originelle. Notre unique
nécessaire, dans ce contexte, vise au rétablissement, à la guérison. Mais qu'est-ce que la
guérison ? Qui dit guérison dit hygiène, en particulier hygiène mentale. Et donc conception
juste de l'objectif poursuivi, autrement dit du but assigné au champ de vie où nous vivons.
Mais qu'est-ce qui "vit" vraiment? En fait, du point de vue purement biologique, dès notre
naissance, nous cheminons déjà vers la mort. Notre corps physique dans son état actuel est
voué à la disparition. Nous pourrions même dire, heureusement qu'il en est ainsi, au vu des
dégâts qu'un tel corps, mal dirigé, occasionne autour de lui. Et qu'est-ce qu'une vie qui est
vouée à la mort ? La Vie, encore latente en nous, est immortelle, éternelle, indestructible. Si
elle se situe dans une dimension très présente, elle est insaisissable par notre compréhension
purement intellectuelle. Comprendre, vivre cette vie représente un changement de nature
radical. Et c'est ce changement de nature qui constitue la guérison. Ce changement de nature
est notre unique nécessaire.

Cette auto-révolution est bien entendu le produit des multiples expériences individuelles et
collectives que les siècles ont accumulées en nous. Mais c'est surtout le résultat de cette
40

fameuse "hygiène", qui envisage l'être dans sa totalité. Et celle-ci n'est pas le résultat de
l'accomplissement d'une loi issue de l'expérience millénaire de l'humanité. Elle ne dépend pas
du temps, mais de la mise en œuvre de l'intuition vraie. L'homme et sa personnalité ont un
rôle à jouer dans ce processus de guérison, un rôle très important, celui de serviteur dans la
maison de son propre petit mopnde, ou microcosme. La personnalité actuelle, encore
incomplète dans la plupart des cas, doit, par le service et le sacrifice, constituer le support
transmutateur d'une autre personnalité, d'un autre corps quadruple, personnalité transfigurée.
C'est cela la guérison.

Cela commence par l'Amour, l'accueil et la vivification intérieure, l'intégration de la force


d'Uranus. C'est vivre le nouvel affect qui ne blesse jamais. La vie véritable passe de façon
inéluctable, non pas par la sentimentalité bourgeoise, mais par la puissante force de la douceur
qui vainc toute force brute. Cette force-là se démontre. Intégrer et actualiser cette force-là
constitue la première exigence pour celui ou celle qui veut devenir vraiment humain. Ce
travail, cette hygiène émotionnelle-là doit se manifester jusque dans les moindres nuances du
comportement, au cours d'un processus sans compromis.
Les tensions constituées par l'incomplétude de l'intégration de cette force, les éventuelles
résistances dues au passé et à l'éducation, devront céder si nous voulons accomplir notre tâche
d'homme. Au fond l'expression "le droit chemin", démontre l'exigence ici posée, exigence où
l'éthique est évidence, et non hypocrisie morale. Tant qu'il restera ne serait-ce qu'une once
d'illusion sur cette force, tant que nous nous accrocherons encore à notre survie ou à notre
auto-conservation, tant que, comme le dit la bible, l'amour ne sera pas parfait en nous, nous
rencontrerons difficultés sur difficultés, et nous baptiserons celles-ci du pompeux nom
d'expériences, sans voir que nous en sommes les uniques responsables.

Nous voyons autour de nous conflits, lutte et guerres se développer au nom de cet amour,
problèmes multiples qui découlent de l'ignorance et non de la méchanceté, ignorance de
l'unique chemin universel qui est de nos jours ouvert à tous et à chacun, dans la mesure où il
se sent prêt à y consacrer sa vie. L'homme qui s'engage sur ce chemin de guérison devra
traverser tout son enfer personnel, démasquer illusions et tentations qui ne le lâcheront en fait
jamais, tant qu'il possédera un pied dans ce monde. Mais il est possible que se développe une
sagesse qui permette de s'élever au-dessus de toute cette folie. Et là intervient la force de
Neptune. Nous n'avons pas besoin de décrire les réactions négatives aux forces de Neptune.
Elles sont le lot quotidien des hôpitaux psychiatriques. La maladie est ici évidente. Le remède
l'est moins. Il implique une orientation révolutionnaire, et découle logiquement de la réaction
positive aux forces d'Uranus.
Qu'est-ce que la sagesse ? C'est avant tout un état d'être vécu, un processus aussi, une
conscience, un courage. Le courage d'agir selon ce que l'Amour nous montre, sans activités
explosives, sans faux-fuyants ni excès, et sans tomber dans le piège classique de la trahison
intellectuelle qui mène à l'établissement de lois, de contraintes. Cela doit naître du respect, de
la compréhension et de la mise en œuvre de cet "unique nécessaire", et non d'une
complexification croissante, cancer destructeur qui a assez duré, né de l'illusion qu'il faut
chercher loin pour comprendre ce qui est en nous.
Comenius disait que l'homme devait mettre en œuvre ces trois facultés "Savoir, Vouloir, et
Pouvoir".
La sagesse doit s'actualiser en "Savoir, Oser, Vouloir, et Agir."
Il ne nous serait pas de grande utilité de disserter sur la sagesse, mais bien plutôt d'y parvenir.
Toute représentation non réalisée constitue le début d'une indigestion mentale. Ce n'est pas ce
qui est mangé qui nourrit, mais ce qui est digéré. Il en est de même pour l'homme dans son
41

ensemble, et en particulier pour la pensée. Le renouvellement, donc la sagesse, passe par la


transmutation en actes justes.
Un des facteurs d'anxiété est l'inertie. La sagesse consiste, une fois l'orientation définie, à
permettre l'assimilation par l'action. Toute hésitation qui n'est pas le résultat des justes
principes "réfléchir avant d'agir" et "tirer la leçon du passé", toute tergiversation, ne fait que
se renforcer elle-même et résulte de la "mauvaise éducation" qui fait de nous des êtres
tiraillés. Nous pouvons observer bien souvent qu'une direction prise évoque bien souvent son
contraire, que nous avons à vaincre cette résistance si nous voulons parvenir à quoi que ce
soit.
Nous avons le pouvoir de neutraliser ces "mouvements d'humeur" et l'expérience nous a
montré qu'une pratique en la matière est nécessaire, car en général l'éducation actuelle n'y fait
pas assez appel. Mais neutraliser signifie réaliser, sans prendre parti. De même que le travail
essentiel de l'enfant est la construction de son être, le travail essentiel de l'homme est la
construction, la réalisation de son être profond, aussi bien sur le plan de la personnalité que
sur le plan de notre “petit monde”, notre microcosme. Et ce travail ne peut se faire qu'en
prenant la plus grande distance possible avec toute forme d'attraction ou de répulsion, nœud
infernal qui empoisonne tout.
Voici ce qu’en dit M. J.V. Rijckenborgh, dans ses commentaires du “Nuctéméron”
d’Apollonius de Thyane.
"Un feu intense brûle dans le champ sidéral de la naissance naturelle. C'est le feu de la
convoitise qui se manifeste sous trois aspects différents : attirant, répulsif, neutre. L'homme
s'accorde à ces trois états : il en vit. Plus l'homme dialectique est individualisé plus le feu
sidéral brûle, jusqu'à devenir un feu d'enfer.
Bien que tous les hommes convoitent, ils ne poursuivent pas tous le même but. Le feu
que l'un attire, qu'il rend donc vivant, l'autre peut le repousser, l'éteindre, ou y rester
indifférent. Ainsi indifférenciés, nous devenons les uns pour les autres un enfer. Nous nous
brûlons mutuellement sans pourtant le désirer. Nous activons ainsi la géhenne commune. Dès
lors l'incessante alternance des oppositions nous devient logique et explicable. Compris selon
la nature, les hommes se repoussent mutuellement dans l'enfer du feu sidéral ou s'y retiennent
prisonniers, la convoitise appelant la discorde."
Et l’apaisement de ce champ sidéral personnel est à la fois le début et la fin de toute éducation
qui va au fond des choses.

Forgeons, sur la base d'une unité intérieure conquise de haute lutte, une cuirasse sur laquelle
vienne se briser toute forme d'attraction et de répulsion par rapport à cette nature, si nous
voulons accomplir quelque progrès essentiel que ce soit”. Belle phrase, bel objectif, mais nous
devons ici veiller à ne pas en rester à des déclarations d'intention. Chaque mouvement émotif
perturbateur peut être l'occasion d'une observation. Bien entendu, pour cela, il faut une sorte d'
" entraînement ", en tout cas de vigilance non forcée. En effet, quand je suis dans le
mouvement infernal décrit plus haut, il m'est difficile de l'arrêter, car ce mouvement se nourrit
de lui-même. Pourtant, je peux intervenir, non en luttant contre, mais en faisant appel à la
force active d'observation-neutralisation, par amour pour le tout, conscient de ma
responsabilité face à ce tout, même si je n'en suis qu'une infime partie. Et à partir du moment
où je vois cette possibilité, j'ai le devoir de la mettre en pratique, non par désir d'amélioration
morale, ou aspiration à un bien relatif, mais spontanément, par compréhension intérieure, et
surtout sans en attendre de résultat. En agissant ainsi, je ne fais rien d'autre que de ne pas
m'opposer à la manifestation du Logos, je n'y puise aucune autosatisfaction, et n'ai d'ailleurs
aucun mérite puisque je ne fais qu'agir selon mon état de conscience. Tout ce que je peux faire
en l'occurrence, c'est de ne pas relâcher mon attention, car l'expérience m'a appris que d'autres
42

situations se présenteront, et que je devrais longtemps faire preuve de persévérance avant que
le grand souffle puisse s'exprimer librement en moi.

Au point où j'en suis de ce travail, je suis d'ailleurs tenté de suivre le raisonnement


suivant : " mieux vaut vivre qu'écrire, j'arrête donc d'écrire ". Et il est vrai que cela fait au
moins deux mois que j'ai arrêté ce travail. Mais qu'est-ce que " vivre " ? Est-ce reprendre la
vie animale ordinaire en attendant que des expériences me ramènent à la souffrance de l'âme ?
Est-ce vivre de cette nouvelle force atmosphérique christique tout en veillant au minimum
biologique ? Et qu'est-ce que le minimum biologique en ce qui me concerne. Il est vrai que je
me sens parfois dans des situations tellement explosives, qui impliquent un comportement
parfois si aberrant, que je me dis : dois-je y céder ? Et puis, je crois nécessaire d’expliquer la
pensée de Comenius, car il ne suffit pas de traduire trois livres de bases (voir Editions
Ebookslib pour “Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Coeur”, et Editions de l’Harmattan
pour “l’Unique Nécessaire” et [je l’espère]“la Voie de Lumière” ) de ce géant de l’esprit, mais
il faut essayer d’en montrer l’aspect actuel et le “dire” en un langage le plus simple possible,
accessible à l’honnête homme d’aujourd’hui.

Ces problèmes ne sont pas anodins, et ils impliquent aussi tout un mode de relations
aux autres et au monde, à remettre en question dans un sens ou dans l'autre. Si l'orientation de
ma vie est en principe d'une clarté limpide, je ne peux faire l'économie de ma " vie ordinaire ",
et de mes caractéristiques particulières, même si chaque occasion est bonne en principe pour
aller contre mes tendances spécifiques. Ma pratique pédagothérapeutique démontre de toutes
façons mon choix. Je peux avoir les meilleures intentions du monde, si ma pratique de vie les
contredit, cela n'a pas de sens. La question devient donc : " jusqu'où accepterai-je de
collaborer à ce monde ? " ou bien dans certains cas : " jusqu'où lâcherai-je la bride à mes
instincts naturels animaux ? ".

Cela est bien difficile à accepter pour le candidat qui cherche la perfection. Cela est
même presque insupportable. Cependant c'est probablement l'unique solution. Nous devons
développer ici un grand discernement de ce qui est de l'âme et de ce qui est de la personnalité.
Ou plus précisément comment permettre à l'âme-esprit de s'exprimer tout en ne contrariant
pas trop la personnalité. Cela semble apparemment simple. Prenons un exemple courant, celui
de la sexualité. En théorie, le candidat désire de tout son être vivre d'une toute autre force
créatrice. Mais la vie le sollicite et de multiples tentations l'assaillent. Le jeu classique de la
séduction se déploie. Le regard, de même que le corps entier, joue ici un grand rôle. Et il faut
bien dire que notre société entière semble tout mettre en jeu pour faire "chuter" le candidat sur
ce chemin. Il est presque impensable d'oser espérer y arriver.
Et pourtant nous ne pouvons nous empêcher d'y croire, d'y accorder foi, sur la base de
l'âme nouvelle en croissance. Car nous savons, nous avons expérimenté une nouvelle force
atmosphérique, la force christique, et nous avons pu nous apercevoir qu'elle est capable
d'accomplir des miracles. Face au jeu de la séduction, nous connaissons la puissance de la
force positive qui englobe les êtres et les situations. Et pourtant ce regard qui se glisse vers
nous et émane pourtant d'une candidate au chemin, comment y résister ? Tout un monde de
désir et de promesses y est inclus.
Mais je ne veux pas y céder ! Tout cela devient fantasme, et je rêve de ce regard ou de
ce corps offert. Comment sortir de là ? Des images envahissent mon esprit. Et pourtant je fais
face. Chaque jour je vois, lors de mes cours, des dizaines de jeunes filles et elles ne voient
rien. Ou peut-être ne sont-elles pas dupes ? Peut-être au fond suis-je comme un livre ouvert
pour tous ceux qui peuvent voir ?
43

Or qu'est ce qui importe ? C'est bien entendu la véritable réalité d'être et sa


transformation positive grâce à l'âme nouvelle. D'un coté cela s'inscrit dans le temps, et donc
dans la progression, ce qui incite à un certain réalisme, d'autre part la force christique
atmosphérique n'a rien a voir avec le temps. Vivre selon les lois de l'esprit implique de vivre
uniquement et exclusivement de la force christique. Or qui de nous en est actuellement
capable ?

Nous devons et pouvons, il est vrai, admettre comme jumeau divin notre être-âme qui,
lui, vit complètement des nourritures de l'âme. Mais nous possédons aussi une personnalité
qui a besoin des nourritures de ce monde, tant que la nouvelle personnalité n'est pas une
réalité vivante et autonome.

Comment adapter notre comportement ? Prenons un autre exemple : la relation simple entre
deux aspirants conscients à l’esprit, deux candidats, et la relation avec un groupe.de ceux-ci Il
est clair que la relation peut être de qualité diverse. On peut toujours croire être dans l'amour
alors qu'on est dans la rivalité et dans la mise en valeur de soi. Je fais face à l'autre comme je
fais face au groupe et je cherche des sympathies, des affinités. Je déclenche automatiquement
ricanements de biais et de connivences, car qui dit sympathie dit antipathie et arrivisme. Je
vais vers l'autre ou vers le groupe plein de bonnes intentions, avec tout l'amour de mon âme,
et immédiatement se dresse l'être aural, et l'homme animal qui lutte et qui cherche le point
faible de l'autre. Prenons le cas de deux femmes : elles vont immédiatement chercher à attirer
le regard des hommes tout en diminuant l'autre, sa sœur en la gnose.Alors qu’un homme va
aller vers, et développer sa mise en valeur, parfois tout en étant silencieux, car il se sait ou se
croit peut-être admiré. Que cela ne nous choque pas, c'est tout à fait humain, et nous n’en
sommes pas exclu à priori ! Mais alors où est l'amour de l'âme ? Qu'est-il devenu ?
En retrait alors qu'il devrait être au premier plan, le jumeau divin se contente de
chuchoter. Comment lui donner la direction du complexe humain? Je crois qu'un des points
essentiels est, quelle que soit l'attitude intérieure que l'on observe en soi ou chez autrui, le
maintien de cet élan qui répand la force d'amour christique, même si d'autre part le
comportement est en dessous de tout. Un jour ou l'autre, et le plus tôt sera le mieux, la force
gnostique, le jumeau divin aura le dessus. Mais nous voulons faciliter les choses, aller le plus
vite possible. Cela ne serait pas un problème, au contraire, si nous mettions l'âme en avant
dans ce désir de " raccourci ". Mais…cela n'est que très rarement le cas. Nous nous
promettons de toujours faire tout ce que nous pouvons pour faciliter l'expression et la
maturation de l'âme ; mais ce faisant nous mettons en avant la personnalité et nous jouons des
coudes. Or ce n'est que l'abattement et le lâcher-prise qui peuvent nous aider. Et cela n'est pas
toujours aussi simple que cela en a l'air. L'objectif est un radical changement de caractère.
Maintenant que nous avons abordé ces problèmes sous un angle concret, nous
aimerions envisager la façon de présenter les planètes des mystères de M. Jan Van
Rijckenborgh. Nous en trouvons de fréquentes mentions, en particulier dans le " Témoignage
de la Fraternité ", dont nous citerons pêle-mêle divers passages, afin d'en faire un tout.
Il y parle des planètes Uranus, Neptune et Pluton, idées sublimes et surtout puissantes lois,
principes primordiaux qui pénètrent le corrompu, le dégénéré et le criminel. Uranus
renouvelle le cœur, Neptune renouvelle la tête, Pluton est celui qui propulse, qui dynamise,
celui qui frappe et qui brise. Et nous sommes en pleine période spécifiquement plutonienne.
Les forces d'Uranus sont appelées à faire du cœur un muscle volontaire,notion difficile
à comprendre et purement ésotérique, ce qui pourra permettre au candidat l'entrée consciente
dans les domaines intérieurs quand cela sera nécessaire. Cela implique que nous parvenions à
dominer consciemment nos sentiments, à les diriger. C'est ce qui s'appelle penser avec le
44

cœur, manier le feu d'amour qui ne créé pas de conflit mais rend tout beau et merveilleux,
sans avoir recours à la notion “tout lemonde il est beau, tout le monde il est gentil”. Ces
formidables forces d'Uranus ne sont pas anodines, elles sont redoutables, car très dynamiques
à notre époque. Elles sont aussi à l'origine de l'intuition, commerce journalier avec Dieu.
Uranus est comme un feu, c'est la force de Christ qui revient vers nous sur les nuées. Et
lorsque la sainte loi d'Uranus s'accomplit en nous, la conséquence inévitable en est un
formidable revirement.
Cette tempête de feu atteint tout d'abord la vague de vie féminine, du fait de la
polarisation positive de son corps vital et négative de son corps physique. Elle peut donc plus
facilement recevoir les vibrations d'Uranus et manifester leur dynamisme en ce monde. Il
s'agit donc de transformer la brutalité de l'homme et sa pseudo-supériorité intellectuelle et de
réprimer la bestialité martienne.
Uranus renouvelle le cœur mais Neptune renouvelle la tête. Le message d'Uranus, c'est
Christ. Pour aller à Neptune, nous devons passer par les portes d'Uranus en écartant les voiles
d'Isis. Dans la prière du soir nous nous relions à Christ et l'hypophyse est portée à une
vibration supérieure. Devenu des aides, nous portons la croix dans la nuit. Et le matin, le divin
Neptune vient à nous et laisse ses traces dans la glande pinéale. Et là, sur le lieu du crâne la
mort sur la croix s'accomplit, et nous nous élevons ressuscités vers le zénith où les forces de
l'Esprit Saint, où Pluton célèbre son triomphe.
Neptune est le rénovateur de la tête, et cela seulement si Uranus a accompli son travail
de la juste manière. Si nous réagissons négativement à Uranus, c'est l'empoisonnement et la
division de Neptune qui nous guette inéluctablement. La splendeur lumineuse de Neptune ne
peut se manifester que par le renouvellement du cœur.

Pluton survient ensuite, l'emprise vigoureuse, le porteur de flambeau jette sa torche


enflammée dans la maison vermoulue et détériorée. Le problème est de savoir comment nous
faisons les choses, comment nous les réalisons, et non comment nous en parlons. Pluton
correspond à la phrase classique : " Ce que vous avez fait pour le moindre de mes frères, c'est
à moi que vous l'avez fait." Pluton exécute, brise, recrée. Pluton régénère le saint pouvoir
créateur de l'homme.
Or ce qui se passe fréquemment, c'est que le candidat aux mystères détourne la force
s'adressant à l'âme ou plus exactement qu'il oublie que la perfection exigée s'adresse à l'âme.
Et il est complètement désorienté, se dit qu'il n'y arrivera jamais, qu'il est indigne, etc. Et il est
vrai que sur le plan de la personnalité dialectique, il est bien à plaindre, débile et impuissant.
Le chaos l'entoure, il a bien du mal a accepter ce qu'il croit une situation impossible.
Par exemple, quelqu'un aura pour tendance la minutie et ne supportera pas de vivre
dans le désordre, surtout lorsque ce désordre ne dépend pas de lui et qu'il n'a aucun pouvoir
sur lui. C'est une propriété typiquement dialectique de son caractère particulier. Cela pourra
même aller jusqu'à des problèmes de digestion, car ce type de situation se révèle parfois très "
difficile à avaler ".Il est bien évident que ce n'est pas en se plaçant sur le plan de cette
personnalité dialectique que l'on pourra trouver une solution à ce problème. L'unique solution
sera de lâcher prise, de laisser l'âme s'exprimer, ce qui aura pour conséquence la " remise des
choses à leur juste place " et par la même occasion une amélioration qui se manifestera jusque
dans les aspects physiques de la personnalité.
Nous sommes donc placés, sur le plan de l'âme, devant le comportement de l'homme
parfait.
I) Axiomes :
Deux ordres de nature gouvernent notre monde, dans son état actuel .
Ainsi pourra se résorber le cancer que constitue notre ordre de nature.
45

Tout est un, vu d'en haut.


.La clé de l'univers, pour nous, c'est l'Homme. Rappel : Jesu mihi omnia. Deus
ex Homo
Le point focal du cœur et de la tête correspond au cœur du Macrocosme.
Redresser, c'est Vivre selon le Droit. Tat Vam Asi. Pas ceci, pas cela.
La simplicité est le secret de l'accomplissement.
Le pardon, c'est par le don. La sagesse, c'est l'abandon à la lumière et l'alchimie
spirituelle.
A nos yeux, une progression infinie de force en force et de gloire en gloire, aux
yeux de Dieu, une parfaite immuabilité.

II)De l'Homme à l'Universel. Comenius et notre tâche actuelle

Une tentative constante au cours de l'histoire tient à la fois de l'encyclopédisme et du spirituel.


Il s'agit de montrer, de la pierre à Dieu, la continuité de la manifestation. Et l'individu, que
devient-il dans tout cela ? Eh ! bien il prend conscience de son insignifiance. Et ceci de plus
en plus nettement dans tous les aspects de sa vie quotidienne. Il s'aperçoit qu'il est
continuellement attaqué dans sa personnalité, éprouvé à chaque " coin de rue ". Il doit faire
face à des injustices, à des décisions absurdes et ineptes, moments où il devra prouver qu'il
laisse la place à l'âme et ne permet pas à l'homme-moi de relever la tête.
Nous avons souvent tendance à vouloir projeter une image de la perfection en dehors
de nous mêmes. Or l'Univers entier est inscrit en nous, avec sa perfection. Il est hors de
question ici de faire preuve de connaissances que nous ne possédons pas. Il y faudrait la vie
de plusieurs scientifiques de haut niveau. Mais la simple appréhension de l'immensité de la
chaîne qui va de l'atome à l'univers, cette immense chaîne elle-même, si merveilleuse que 'elle
paraisse, n'étant que la partie la plus visible d'un septénaire cosmique dont nous pouvons
difficilement nous faire une idée, est déjà en soi d'une très grande utilité afin de consacrer tout
notre être au " chemin des étoiles " dont parlaient et que vivaient les Cathares.
Les plus grandes découvertes scientifiques rejoignent d'ailleurs les premiers éléments
de la science sacrée. De nombreux scientifiques en ont le pressentiment de plus en plus
explicite. Les travaux sur la nature de la lumière en particulier rejoignent les explications de
Jacob Boehme et de Jan Van Rijckenborgh. (voir le travail de Pierre Gohar sur " l'homme de
matière et l'homme de lumière ")
Ce qui différencie le candidat authentique de ce que nous pourrions appeler le
chercheur de vérité " extérieur ", ce n'est pas sa valeur morale ou intellectuelle, ce n'est pas sa
perfection sur le plan de la personnalité, c'est plutôt la conscience de l'exigence de la vie de
l'âme, avec toutes les imperfections de la personnalité sur laquelle il travaille. Et les
problèmes de " lumière " rejoignent ceux d'" éclairage ", et donc de conscience.
46

Il est ici intéressant de citer Jan Amos Comenius, dans sa " Voie de Lumière "
(Chapitre 13 :
" Nous avons progressivement vu le chemin de développement de la lumière. Elle est
allumée, elle brille et elle devient un feu. Lorsque le soleil est occupé à faire briller sa lumière
sur les pays de la terre, il arrive aussi qu'il fasse poindre de pâles lueurs des profondeurs. Puis,
il envoie le premier éclat de l'aube et on voit apparaître son corps resplendissant d'or à
l'horizon et sa luminosité se voit partout. Plus le soleil monte dans le ciel, plus ses rayons
tombent verticalement et dispensent lumière et chaleur. Cependant, il peut arriver qu'il y ait
du brouillard et de la pluie le matin et le soleil doit faire plus d'efforts et réduire sa vitesse
pour briser l'obscurité des nuages. Dans ce cas, ce n'est souvent que le soir qu'il lui est
possible de faire briller ses rayons victorieux et de permettre aux habitants de la terre
d'admirer l'astre solaire. Il en va sensiblement de même avec la lumière raisonnable de l'esprit,
de la sagesse. Pendant toute cette ère (il est vrai que le courant des siècles est, pour l'humanité
vraie, la même chose qu'un seul jour), elle ne put dispenser sa force pour l'illumination des
esprits que parce qu'elle suivit elle aussi un processus par étapes. "

Nous voyons ici, dans cette citation apparemment simple et naïve, une richesse de sens
inouïe, dont nous n'épuiserons pas l'ampleur en quelques jours. Mais nous pouvons d'ores et
déjà souligner l'analogie entre l'époque de Comenius et la nôtre. En effet nous sommes l'objet
de grands bouleversements, plus encore qu’ au XVIIe siècle, pourtant si fécond en
transformations. Le processus par étapes a duré bien longtemps et il durera encore longtemps
sur les plans individuels. La lumière ne se dévoile que très progressivement. Cependant sur un
plan général, nous pouvons dire que la révolution atmosphérique est en plein déroulement et
qu'elle a atteint un point critique où tout est démasqué et où la conscience véritable de chacun
se manifeste au grand jour. Cela est inéluctable, ne serait-ce que dans l'intérêt des personnes
elles-mêmes. Elles ne peuvent plus éviter une réelle connaissance de soi, au moins dans leur
for intérieur. Nous pouvons dire sans hésitation : le temps est venu où ce fameux soleil de
l'esprit et de la sagesse opère un démasqué total. Il n'est que de constater à quel point la
corruption se dévoile au grand jour, de même que toutes les formes de désintérêt de la vie
politique, dont le jeu n'est que trop bien connu.
Il est du plus grand intérêt que chacun se sente directement concerné par ce démasqué,
car l'exigence est maintenant claire : ou bien entrer dans la réalité de la lumière et l'intégrer en
tant qu'âme vivante ou bien être balayé dans la violence des événements de nature plutonienne
en cours. Pluton n'agit en tant que re-créateur que si la maison du microcosme répond à un
minimum d'exigences. Autrement la maison vermoulue s'écroule, pour être reconstruite, dans
cette vie … ou dans une autre.
Or nous avons décidé, en tant que personnalité, de tout mettre en jeu pour que Cela se
passe en cette vie. Et cela est possible, justement du fait de cette révolution, qui doit
maintenant avoir lieu dans notre propre être intérieur. Relisons ici encore un passage de
Comenius, qui s'applique encore plus à notre époque.
" Il semble que l'état actuel du monde tende vers ce but, c'est à dire qu'il se prépare à
une sorte de renaissance. Si Dieu a noyé dans le déluge (ici déluge de feu, d’éthers supérieurs,
dont parle Mirdad, dans le livre de Mikhaïl Naïmy) la méchanceté des hommes, poussée à son
paroxysme, et s'il a répandu sur eux son juste courroux, s'il permet que les hommes se
détruisent entre eux, alors il prépare, avec la déchéance universelle des choses, la
transmutation universelle des choses."
Il est peut-être aussi intéressant d'y adjoindre ces trois paroles :

Le seul temple digne de Dieu, c'est l'intelligence du sage.


(Porphyre - Lettre à Marcella).
47

L'homme est le miroir que Dieu tient devant Lui,


l'organe qui Lui sert à appréhender Son être. (C.G.Jung).
L'univers est une machine à créer de la conscience. (Bergson).

Essayons d'en tirer l'essence. Ce qui peut permettre la transmutation universelle, c'est bien
entendu l'intelligence du sage. Mais qu'est-ce qu'un sage ? Un sage ne répondrait pas à cette
question. Et pour pouvoir y répondre, il faudrait cependant être un sage. Ce que nous pouvons
en tout cas tirer de cela, c'est que la seule chance pour l'humanité, c'est la "multiplication des
sages", multiplication qui est possible puisque la conscience est la mesure de la sagesse et que
"l'univers est une machine à créer de la conscience". Or nous devons ici faire très attention :
de quelle conscience parlons-nous ?
La phrase : Le seul temple de Dieu, c'est l'intelligence du sage, est à rapprocher de la célèbre
phrase de Faustus de Carthage," C'est moi-même, qui, si j'en suis digne, suis le temple de
Dieu" et de la parole de Paul : " Ne savez vous pas que vous êtes le temple de l'esprit, et que
vous ne vous appartenez point à vous mêmes ".
Cela a prêté à de regrettables confusions. La conscience qu'abrite le temple de Dieu, c'est la
conscience de l'âme-esprit, la conscience qui est dès le début perfection et absolu, même si
l'acquisition et la maturation de cette conscience prend du temps et nécessite un processus
s'inscrivant lui aussi dans le temps. Il est difficile par des mots de rendre la différence entre la
conscience de l'âme et la conscience de la personnalité, puisqu'en fait il n'y en a pas, dans la
mesure où la conscience de l'âme-esprit englobe celle de la personnalité .Celle-ci doit
d'ailleurs se mettre à son service dans le grand travail de transmutation. Celui qui possède la
conscience de l'âme comprend celui qui ne la possède pas encore, mais celui qui ne possède
que la conscience de la personnalité se trouve placé devant un mystère indéchiffrable, sans
même s'en apercevoir parfois, quand il est confronté à la conscience de l'âme.
C'est pourquoi il est clair que celui qui parle ne sait pas. Celui qui écrit ces lignes doit avouer
son ignorance, et reconnaître, placé devant le sage, qu'il est totalement perdu ; ainsi seul le
silence peut permettre une petite appréhension de cette nouvelle conscience. Tant qu'il n'y a
pas une réelle stabilité émotionnelle, tant qu'un éclair astral peut encore susciter dans les
relations d'un individu un véritable chaos émotionnel, alors tout ce qu'il pourra dire ou
raconter de la libération ne restera que puanteur aux yeux du sage.
Il suffit parfois de peu de choses, d'une simple sensation d'impuissance ou d'échec, pour
rendre un individu pire qu'un animal, prêt à bondir à la moindre attaque ou prétendue telle. Or
ce n'est pas ainsi que l'on permet l'expression de la vie de l'âme, la croissance et la maturité de
la conscience-âme. L'exigence est donc purification, détachement, silence. Et c'est dans cet
état d'esprit qu'il peut y avoir prise de conscience de l'universel, à partir de la "matière
première", le " Noun " des égyptiens, donc à partir de la lumière même, de l'indifférencié,
présent dans toutes les formes de matière.
Nous avons parlé de "résorber le cancer que constitue notre ordre de nature ". Cela implique
non seulement les aspects soi-disant nocifs ou démoniaques, mais aussi tout le macrocosme
dégénéré. Ceci pourrait paraître un peu trop radical, mais cela correspond pourtant à la
sagesse de tous les temps. Nous avons par exemple la parole de Jacob Boehme qui dit en
substance que Dieu a saisi dans le cœur tout le macrocosme dégénéré de l'atome le plus
infime à la partie de l'Univers la plus éloignée. Précisons que les Galaxies, les zodiaques, les
immensités les plus inconcevables, tant qu'elles sont perceptibles ou concevable par notre
esprit limité, ne font pas partie du macrocosme divin.
Comment donc le plan pour résorber ce macrocosme pourrait-il se dérouler si ce n'est en
effectuant le chemin inverse qui lui a donné naissance ? Or quel fut ce chemin ? Nous
pouvons assez facilement nous en faire une idée approximative en observant notre propre vie.
Nous passons en effet notre temps à basculer d'une passion à un désir terrestre, à attirer ce que
48

nous voulons et à repousser ce que nous refusons. Notre vie consiste à nous créer un petit
monde égoïste et personnel, en perdant de vue le tout et l'intérêt général.
Or l'enseignement universel (cf. “Le Mystère de la vie et de la mort” de Mr Jan Van
Rijckenborgh) nous explique qu'à l'origine, avant la chute, l'homme était une sphère de
conscience positivement gouvernée au service du tout, composée du point de vue nucléaire de
trois noyaux, travaillant de concert à la glorification du tout, tout du moins en apprentissage
pour cela. Les deux noyaux centraux étaient dans un rapport positif-négatif, et le troisième,
neutre constituait le facteur d'apport et d'échange avec le milieu. Et ce n'est qu'en étant au
service du tout en parfaite abnégation que l'homme de l'origine pouvait se manifester en
pleine gloire. Et il faudra bien revenir à cette attitude si nous voulons retourner à l’homme
originel, ce qui commence par l’éducation pédagothérapeutique biopsychospirituelle.
La clé de l'Univers, pour nous, c'est l'homme. Et c'est pourquoi, j'ose à peine le dire, en un
souffle doucement proféré, aujourd'hui j'ai vraiment compris l'exigence, la nécessité de vivre,
par l'expression de la vie de l'âme, la perfection malgré mon insignifiance. Autrement dit de
me détacher vraiment, en actes intérieurs et extérieurs, de tout désir, et de la vie des sens.
Mais comprendre n'est qu'un début. Constamment celui qui a compris l'exigence est assailli,
agressé par de multiples sollicitations spécifiques à sa propre personnalité. Il faut longtemps
d'ailleurs avant d'accepter qu'il ne s'agit là que de l'épreuve qui confirmera la compréhension.
Et les mouches bourdonnent, s'agitent, les collègues papotent de sujets puérils et
superficiels, disent du mal de tout et de tous, et surtout de leurs élèves, démontrant par là leur
propre ignorance des fondements de l’éducation. Il faut se préserver et rester constamment
orienté. Rester positif, construire. Résister à la passion, trouver l'apaisement, n'exclut
d'ailleurs certainement pas la tendresse et la "caresse" de la vie à deux. Ce qui compte, c'est
l'harmonie de la relation.
Et c'est dans la pratique de la vie "ordinaire" que l'on se découvre. Ce que des
instructeurs comme Apollonius de Thyane préconisent, ce n'est ni plus ni moins que
l'entraînement , la pratique de la magie gnostique, magie qu'il dénomme celle des " quatre
lumières ". De quoi s'agit-il ? Les quatre lanternes magiques peuvent être expliquées de la
façon suivante, en fait de deux façons :
- Tout d'abord le carré magique du tapis : l'unité de groupe des candidats à la libération,
l'orientation unique sur le but libérateur, la non-lutte, ou non-violence absolue, et l'harmonie
dans le changement de nos activités. Cela peut sembler dogmatique et artificiel, mais tout
dépend de la façon dont cela est vécu. Il s'agit de polir la personnalité de telle façon, que l'âme
s'exprime et prenne la direction du système .
- Ensuite, il s'agit de pratiquer la magie du jugement autonome, ce qui inclut l'exercice de la
raison pure, de la volonté pure, de la pure émotion, ou du cœur pur, et des pures actions. Là
aussi, nous nous heurterons à des obstacles, mais nous apprendrons ainsi, par l'exercice,
l'approche et la réalisation de l'âme-esprit incarnée dans l'homme.

…Vaincre chaque obstacle, triompher de chaque résistance…


Il s'agit de vivre grâce à la force d'amour à l'œuvre en chacun de nous, lorsque nous avons
décidé d'aller le chemin libérateur. Ainsi sommes-nous confrontés progressivement, chacun à
notre niveau, à la connaissance des rayonnements magnétiques. On pourrait parler de la
perception des atmosphères, ce qui mène au discernement des esprits. Et là se situe l’essence
de la véritable éducation de l’esprit, de l’âme, et du corps.
A ce sujet il est utile d’aborder la notion de silence. Le candidat à la libération doit posséder
une force, celle de l'acte de se taire. Et cela n'est pas si simple ; Au début, il y faut quand
même l'intervention de l'ancienne volonté. Mais bien vite, c'est l'âme, qui, dans ce silence,
prend la parole. Que se passe-t-il alors ? L'homme devient capable de ne plus être victime de
la sphère astrale. Et cela est un pas très important.
49

En fait, nous disons souvent que nous avons été débordé, que nous n'avons pas pu nous
empêcher de faire ceci ou cela, que nous n'avons pas pu faire autrement. C'est alors que nous
avons été victime de la sphère astrale. Et cela ne peut être vaincu que par la force du silence.

Qu'est-ce que cette force du silence ? Elle implique déjà que l'homme en question puisse
passer une grande partie de ses heures de sommeil dans le nouveau champ astral. (voir Gnose
Egyptienne et son appel dans l’éternel présent, ch.XXIII, “ledéveloppement de la conscience
dans le nouveau champ astral”) Il est aussi de la plus haute importance que, suite à ce bain de
lumière nocturne, la vie diurne puisse permettre une constante élévation de la vie de l'âme. On
comprend donc mieux ici l'importance du comportement, sur la base de l'âme en croissance.
Et c’est là que l’on trouve le secret de la liberté, inséparable de l’unité et de l’amour.Avant
d’en arriver là, aura eu lieu la traversée de notre propre enfer.
Qu’est-ce donc que la liberté en matière d'’'éducation :"quand la vérité n'est pas libre, la
liberté n'est pas vraie"J. Prévert
Ce qui va être présenté maintenant ne représente pas toujours mon point de vue, mais le point
de vue “de pointe” de l’éducation actuelle, dans le meilleur des cas : cette présentation-ci
n'aborde pas toutes les dimensions de la liberté, il n'est pas question non plus de nier leurs
contradictions possibles. Que le lecteur ici relativise certaines idées. Ceci d’ailleurs est
indispensable car sans cette démarche, il n'y a pas de liberté.
- Qu’est-ce qui nous intéresse en fait ? Est-ce la liberté dans l'éducation ou l'éducation à la
liberté"?
Il n'y a pas d'éducation sans réflexion philosophique. Pas forcément celle qui fait référence
aux auteurs ou philosophes, mais celle qui remet en cause sa propre démarche et qui est faite
de questionnements. On ne peut avoir l'audace de s'occuper d'éducation sans avoir fait une
tentative d'éclaircissement de certains sujets parce qu'ils représentent ce qu'il y a d'essentiel
dans la vie.
Par rapport à cela, la notion de liberté nous concerne, elle marque nos attitudes, nos choix
pédagogiques, nos tolérances...
Que faisons nous entre nos idées sur le sujet et la réalité à laquelle nous sommes confrontés ?
Cela n’est pas anodin de savoir si notre théorie correspond vraiment à notre pratique!
Comment pouvons nous parler de liberté si nous ne considérons pas nos élèves comme des
êtres humains en devenir, et ceci jusque dans les plus extrêmes conséquences. Ainsi imposer
des règles sans en exposer le bien fondé et être capable soi-même de remise en question,
même pour ces règles si nécessaires, infantilise les jeunes et les pousse à devenir de bons
consommateurs passifs, sans autonomie ni responsabilité.
La liberté est-elle un moyen ou un but à atteindre? Ici nous retrouvons de classiques
préoccupations. La liberté s’accorde-t-elle ou se prend-elle? En tout cas elle fait l’objet d’une
appropriation très personnelle. Les reproches faits par les anarchistes aux communistes étaient
de cet ordre : les seconds affirmaient, il faut d’abord une dictature, pour ensuite, très
progressivement et beaucoup plus tard, parvenir à une sorte d’Eldorado, le communisme. On
a vu le résultat : les camps, le Goulag, la censure, la corruption, etc...Et cela est parfaitement
compréhensible, on ne peut pousser à la liberté en privant de liberté, c’est dès le début qu’il
doit y avoir pratique active de la liberté.
Mais à cela faut-il encore ajouter quelques éléments de compréhension sur le monde, le
cosmos, l’univers, et nous-mêmes. La liberté c’est en quelque sorte la dissolution. On ne peut
être libre en oppressant, en réclamant le pouvoir, en accaparant. Il y a là une contradiction qui
rattrape toujours l’homme égocentrique. Et justement la première étape de l’acquisition de la
liberté, ou plutôt de l’ ”être-libre”, c’est l'anéantissement de l’ego, la mise au service du tout
50

de la psychobiologie avec ses multiples facettes, l’être devenant alors libre au service de
l’universel, et ne pouvant l’être par affirmation de soi.

VII

Liberté

Reposons la question précédente :

Quelle est la place de la liberté dans nos attitudes éducatives? Commençons par des choses
simples : ayons la correction de nous expliquer face aux jeunes quand nous sommes en retard
ou quand nous avons été absents alors que nous exigeons de leur part mots d’absences et
justification des parents.
Par expérience, nous pouvons affirmer : cette fameuse “liberté” est difficile à cerner, un peu
comme la vérité pour laquelle Platon disait que c'était un "vagabondage divin". C'est à dire
quelque chose que l'on n'atteint jamais complètement, en tout cas pas dans notre état d’être
habituel. Le vagabondage divin prend cependant ses racines dans le coeur, dans la petite voix
intérieure que tout le monde peut apprendre à connaître, à écouter, et ce n’est qu’à la mesure
où nous devenons conscients de ce rayonnement lumineux intérieur que nous pouvons aimer
la liberté et la vérité plus que nous même et en trouver la confirmation de première main, en
nous-même.
La liberté existe t-elle en tant que telle? Nous pensons qu’il existe une “Maat”, comme le
disaient les Egyptiens, une balance intérieure qui nous permet de faire des choix en fonction
de la sagesse universelle et donc de connaître, en tous cas de progressivement découvrir une
Liberté qui n’a pas d’ombre, c’est à dire qui ne produit ni conséquences emprisonnantes ni
oppositions. Choisissons nous vraiment, ou somme nous choisis? En tout cas notre attitude
intérieure peut permettre à notre être spirituel intérieur de se manifester, de s’exprimer, de
jouer sa note dans le concert divin. Et rien que cela est déjà énorme. Faire percevoir ces
choses aux jeunes, puis leur faciliter l’accès à la conscience correspondante, constitue un
point fondamental de la pédagothérapie biopsychospirituelle.
Tout s’apprend, donc se décide, il faut vouloir être libre, et pour cela commencer par avoir
conscience de son esclavage.
La liberté n'est pas un objet, elle ne peut être saisie mais uniquement vécue Ce n'est pas un
produit donné qui est là à notre disposition. On n’"a" pas la liberté, elle ne se possède pas, on
"est" libre, ou non, ou en voie de le devenir.
Elle se vit, se construit, se conquiert et se dévoile peu à peu. Impossible de l’isoler de la
structure totale de la personne, intrinsèque, elle n'existe pas abstraitement hors de celui qui se
sent libre ou pas. Partie intégrante de de l'être global, elle se vit, et ne se voit pas. Elle est dans
l'énigme des forces naturelles, réservée à l'initiative irremplaçable de la personne. La personne
se fait libre, choisit de l'être. Ce n'est pas non plus une nécessité absolue ,je peux la refuser.
C'est justement parce que je peux la refuser qu'elle garde sa qualité. Mais refuser le processus
menant à la liberté constitue en quelque sorte un suicide.
Elle transfigure les données, l'homme est libre intérieurement quand il l'a décidé et qu’il
accomplit les exigences afférentes à cet accomplissement. C'est une démarche de l'esprit.
Comme le jeu, qui n'existe que parce qu'on a désiré qu'il soit. D’ailleurs liberté vient du latin,
liber, libertinus, “esclave “affranchi”, ce qui montre bien l’effort et le changement de statut
51

intérieur nécessaire pour parvenir à la liberté. Mais aussi de libet (ad libitum), qui implique les
notions de “il plait” et de volonté.
On en parle beaucoup, decette fameuse liberté, savons nous ce que c'est ? ? ?
Est ce faire tout ce que l'on veut ? “Faire ce que l’on veut”, comme Rabelais le disait : “Fais
ce que vouldras”, s’adresse à des être conscients de leur profonde appartenance et obéissance
à l’universel divin. Dans tout autre cas, il faudra expliquer, faire comprendre, démontrer, aussi
par l’exemple bien entendu, les postulats d’obéissance et de conscience intérieures spontanées
préalable à “faire ce que l’on veut”.
C'est notre grande angoisse, que celle de la perdre! Et celui qui est dans l’angoisse n’est pas
dans la liberté!
D’après le Larousse,
"La liberté est le pouvoir réel qu'a chacun d'accepter ou de refuser les sollicitations du dehors
et aussi celles qui viennent de lui même, donc de répondre de ses actes."
On voit par là que liberté=responsabilité=conscience. La liberté procède donc d’un choix en
harmonie avec l’universel divin.
La liberté se définit aussi par la négative comme l'absence de contraintes et comme l'état de
celui qui fait ce qu'il veut. On pourrait dire en tout cas de l'état de conscience de celui qui est
sans contraintes et qui fait ce qu’il veut
On a envie de dire: mais où est-elle?
Prenons une situation où on a en général l’impression d’être libre (“Homme libre toujours tu
chériras la mer”):Nous nous attarderons à l'évocation de l'image d'une promenade au bord de
la mer, où l'espace donne l'impression d'être illimité, où aucune contrainte ne pèse, avec la
possibilité de faire ce que l'on veut, comme on veut et quand on veut, où l'on est seul, loin de
tous.
Nous en extrairons quatre thèmes qui sont:
-1) La possibilité d'évoquer un ailleurs,
-2) Les limites,
- 3)L'intériorité,
-4) Le choix et l'activité libre,

1)La possibilité d'évoquer un ailleurs !


"Et si..."
On peut extraire un élément essentiel de la liberté, qui est celui de pouvoir évoquer un autre
lieu, un autre temps que celui vécu dans le présent, une sorte de demande d'impossible au-delà
de la réalité à laquelle on est confronté, qui commence par: " et si"... et qui en l'occurrence est
à la base de la création. C'est une des fonctions du jeu d'ailleurs que de proposer des situations
hors de la réalité avec lesquelles on peut jouer sans danger et qui va aider à dominer les
difficultés de la réalité.
En effet la possibilité de pouvoir envisager un "autre part" se réalise dans le jeu grâce au "on
pourrait" phrase magique de l'ouverture vers le "hors ordinaire". Cet espace-temps particulier
qui permet de s'approprier et de dominer des situations vécues par ailleurs. Etre un autre
personnage, découvrir une autre façon d'être sans danger est un acte indispensable, surtout
chez l’enfant, que ce soit par l'intermédiaire du jeu symbolique ou du théâtre ou autre
possibilité de rêverie...
Le sport, dans la mesure où il est gratuit, permet à celui qui le pratique, d'aller au delà de ses
limites, de dépasser ses compétences, et même celles d'une autre équipe, ceci tout en utilisant
une règle. De même pour le créateur qui se sert d'une technique pour agir dans une sphère là
aussi hors de l'ordinaire.
Certains font ces démarches d'eux-mêmes, d'autres ont besoin d'y être introduits.
2)Les limites
52

Mais pour cela il est nécessaire que les notions de limites aient été amorcées. Ce "et si"
évoqué plus haut, ne peut exister qu'à partir d'une situation précise, si cette promenade au
bord de la mer donne une impression de liberté c'est surtout parce qu'il y a en référence une
situation où il y a des obligations.
Il n'y a effectivement pas de liberté sans limites. Elle même a des limites et existe dans ces
limites. La liberté absolue est un mythe et cela est bon car ce mythe ne peut se réaliser que par
un tout autre état d’être. Si elle surgit avec nous ce n'est pas une réinvention de nous mêmes
sans références extérieures. Elle a des racines. Elle est donc liée à une situation concrète et a
besoin d'être reliée à d'autres réalités.
Etre libre c'est accepter une condition pour y prendre appui. Les limites sont une force.
Reconnaître que tout n'est pas possible n'est pas forcément de la soumission, c'est le début de
la liberté. Par ailleurs on ne peut considérer n'importe quelle situation en dehors d'autres
réalités, au contraire, une des démarche de liberté consiste à prendre en considération les
autres données possibles.
La notion de limites sans laquelle on ne peut connaître, grandir, créer apprend à assumer un
élément important par rapport à notre sujet: la réalité.. Liée à une situation concrète, cela sous
entend l'acceptation des conditions qui la composent pour y prendre appui. La"Conscience de
la nécessité" est citée par Marx, précédé par J. J. Rousseau qui en parle dans "l'Emile ou de
l'éducation" où le parfait ne serait plus alors que dans le possible.. "être libre ce n'est pas
désirer plus que ce que je peux obtenir". Ceci ne contredit pas ce dont nous avons parlé plus
haut sur la nécessité d'un "ailleurs possible"qui est indispensable dans toute situation.
Pour en revenir à la confrontation avec la réalité, nous rappellerons ici la loi de la prise de
conscience (voir Claparède) où cette dernière naît lorsque l'adaptation de l'individu ne se fait
pas automatiquement, un effort à ce moment est demandé, surtout une attention, une
mentalisation, qui va permettre le réajustement de l'action et où à ce moment le sujet va
devenir acteur et non l'objet d'une situation qu'il ne domine pas.
Non seulement on ne naît pas dans un monde isolé, où il y a les données du moment, mais
aussi le monde actuel est déjà le fruit de toute une histoire. Connaître cette dernière, s'en
servir pour relativiser le sens des situations est aussi indispensable. Les régimes totalitaires
n'ont-ils pas tendance à supprimer ou modifier l'histoire?
Il s’agit d’aider l'enfant à connaître son histoire et à construire son identité.
Mais il manquerait une dimension essentielle à préservation de la liberté si nous ne parlions
pas des limites intérieures de chacun et qui se construisent à partir du moment où le tout petit
enfant dit "non", terme qu'il est nécessaire de savoir dire de temps en temps de façon
opportune tout au long de la vie:
3)L'intériorité
(voir les ouvrages d'A de La Garanderie où il est question d’évocation et de silence)
Si l'on reprend l'image de la promenade au bord de la mer, loin de tout, cette recherche de
solitude ou d'isolement peut être interprétée comme étant celle de retrouver un espace de
pensée, de retour sur soi, d'intériorité. La demande de se retrouver seul habitée par une
certaine curiosité vis à vis de soi-même est une attitude constructive de ressourcement ou
d'assimilation des connaissances.
Ne pas avoir peur de la solitude, n'est ce pas un signe de liberté? Avoir continuellement
besoin d'être en compagnie peut en l'occurrence peser sur les autres, avec l' incapacité de
s'assumer. Ne pas toujours être dans le faire, savoir s'arrêter, savoir se concentrer, cela
s’apprend !
L'enfant qui s'isole en suçant son pouce après une activité qui lui a demandé beaucoup de
concentration n'a t-il pas une attitude pleine de sagesse? c'est une condition de la liberté
intérieure qui relève de la domination et surtout de l'amour de soi même.
53

Laisser un enfant rêver, traîner, recommencer une activité plusieurs fois, prendre son temps
pour la mener jusqu'au bout, alors que tout le monde a déjà fini, donne l'occasion à l'enfant de
découvrir, habiter, et pourquoi pas aimer ce qu'il va appeler:"moi-même".
"Me reconnaissant toujours pour la cause principale de tous les malheurs qui me sont arrivés,
je me suis vu avec plaisir en état d'être l'écolier de moi-même,” disait un auteur du XVIII°
siècle: G. Casanova.
Le libre choix et l'action libre.
L'expression qui consiste à dire:
"je veux faire ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux, où je veux" peut se définir
comme un désir d'absence de contraintes. Si cette phrase n'est pas vraiment réaliste, celui qui
la dit se berne t-il tant que cela? en règle générale il sait que c'est impossible. Cela peut se
comprendre aussi comme étant un désir de prendre ses décisions par soi même qui peut-être
une demande indirecte d'apprentissage du choix.
Liberté et pouvoir de choix opérant les ressources profondes de la personnalité, ne vont-ils pas
ensemble ? Le langage de l'action libre est liée à" projet"," motif", "décision"," raison d'agir","
responsable".Apprendre à choisir c'est aussi apprendre à faire des projets et prendre une
décision à la suite d'une évaluation. Cela sous entend de savoir analyser une situation, ce qui
oblige à faire certains apprentissages comme de savoir observer, juger, connaître les valeurs
auxquelles on se réfère. On retrouve là l'importance de la connaissance et surtout du
discernement qui est une condition essentielle de la liberté.
Tout s'équilibre: projet et motif, décision et raisonnement pratique.
Dans un discours sur l'action les projets se développent à partir des motifs, les décisions se
prennent sur la base de déductions, de raisonnements. On décide quelque chose "parce que."
Connaître le sens, le pour quoi, la raison, est important. Le principal est la raison et non la
cause, disons plutôt, le sens. Cette signification est susceptible d'être communiquée à autrui,
elle est rattachée à un ordre de choses psychologiques, morales, sociales, culturelles. Ce n'est
pas l'arbitraire qui décide puisque le désir n'est plus une simple impression, il est mis à
distance et peut servir de moteur. Cette démarche permet de se situer au coeur d'un ensemble
où on va être le maître.
Le choix fait, les fins et les moyens susciteront, construiront l'oeuvre libre. Agir est différent
de percevoir, connaître, comprendre, décrire, différent du mouvement observé dans la nature.
Pour ce qui est du choix et de l'activité libre, choisir demande de savoir faire l'inventaire de
ses ressources, de ses différences et de ses particularités. Une sorte d'analyse de ses richesses,
et ensuite on se met en projet. Mais pour cela il faut savoir anticiper à partir de ses
expériences. A partir de cette démarche l'on ose risquer, apprendre à voir, à imaginer le
cheminement, à prévoir.
Si j'invente, quelle est la part de mon passé, de ma culture, que je vais avoir à prendre en
considération?
"Se décider" implique l'agent de l'action : C’est un trait fondamental de l'action humaine. C'est
aussi une condition de la responsabilité, cette liberté de se prendre en charge et de répondre de
soi. "Si cela arrive c'est qu'on l'a voulu".
Il y a différence entre constatation et action. Faire, c'est organiser, être efficace, agir sur
l'extérieur et faire oeuvre de soi même en même temps. Mais pour que cette dernière soit
réellement possible il faut pouvoir intervenir à échelle humaine, ne pas être loin de ce qui
nous touche. (voir la loi de la proximité de J. Pestalozzi)
Actuellement l'action est bien souvent à distance dans le temps et l'espace, ou alors on est
dans l'immédiat , dans le magique. Nous sommes dépassés par nos nouveaux moyens
techniques qui donnent une illusion de pouvoir. L'univers est de nouveau un abîme. Ce n'est
pas comme l'artisan qui fait son oeuvre d'un bout à l'autre et est maître de la succession des
différentes étapes ; là sa responsabilité est directement engagée.
54

Si la liberté est de savoir affronter la réalité, celle-ci doit être constituée de façon à permettre à
l'homme d'être un agent responsable en fonction de ses moyens. Attention à l'obligation de
choisir!!!, on peut être dégoûté de choisir quand on a pas les moyens!.Mais on peut avoir une
illusion de pouvoir et être l'objet de ses pulsions.
A ce sujet il est important d'être à jour sur la signification de: désir, intérêt, motif..."Etre sire
de soi même", est une expression viking. Quand ne sommes nous pas sire de nous même ? :
Quand...nous ne nous sentons pas libres? Si nous ne comprenons pas ce qui se passe et que
nous ne pouvons pas décider ? Si nous ne (pré)voyons pas l'aboutissement de nos actions ?
Obligés de choisir alors qu'on a pas les éléments pour le faire ? Confrontés à des ruptures dans
l'organisation de son temps ? Lorsqu'on doit agir dans l'immédiateté.?
Si on se sent “acculé à...”sans possibilité de repli. Surpris, sans maîtrise sur l’évènement
Quand on ne peut pas se situer dans un ensemble cohérent. Quand nous avons peur, que nous
nous sentons menacés, quand nous n'avons pas confiance, que nous ressentons le pouvoir des
autres, que nous avons à faire à quelqu'un qui fait preuve de superficialité, de rigidité,
d'indifférence. Confrontés à des multiplicités de possibles sans pouvoir choisir.Dans
l’obligation de trop prendre en compte la nécessité ou le rentable, enfermés dans des
obligations qui n'ont pas de sens pour nous.
Il est intéressant de noter que l'on peut regrouper beaucoup d'éléments autour des ruptures
dans notre espace temps, surtout quand elles nous sont imposées ! On est souvent impuissant
face au manque d'information et de sens par rapport à une situation dont on ne connaît ni
l'origine ni l'aboutissement. Il y a aussi le manque de confiance et la pesanteur de
l'environnement.
Donc, comment la réalité pourrait-elle être constituée pour permettre à l'homme et aussi à
l'enfant d'être, ou de devenir libres?
L'espace
Il est important d' avoir des repères dans l'espace et le temps, mais aussi d'avoir un temps et
un espace à gérer. C'est à dire avoir un endroit à soi et des moments à soi ! Apprendre à voir,
à prévoir, à imaginer un cheminement, à saisir des rapports. Avoir des activités qui donnent la
possibilité de découvrir des liens. Etre acteur dans une action globale, diverse, visible, où il y
a des liens. Si l'éducateur donne toujours des conseils, l'enfant essaie de les suivre et ne prend
pas l'habitude d'habiter sa pensée, son intériorité.
La liberté se construit continuellement dans l'espace propre à chacun et avec de multiples
outils. Un des buts de l'éducation est de les faire acquérir. Il parait évident que la première
démarche de l'éducateur est la reconnaissance de la liberté non seulement chez l'autre mais en
soi. En effet il y a des chances pour que l'éducation se fasse en fonction de l'expérience de
l'éducateur par rapport à ce sujet et de ce qu'il en pense. Ce n'est pas simple car s’il parait
évident de dire que l'éducation à la liberté ne peut-être le fruit d'un dressage, d'une
manipulation ou d'un conditionnement, n'arrive t-il pas quelquefois, ou même fréquemment,
que ces différentes attitudes soient employées. Ne font-elles pas partie de certaines démarches
éducatives, au moins comme étape ! Les ruses, les stratégies, que ce soit sous forme de
séduction, d'idées pédagogiques, d'arguments, de références aux principes, de bons droits,
sont -ils toujours en harmonie avec la construction et l'expérience de la liberté?
Il est difficile ! même avec une bonne expérience, de bons principes éducatifs de laisser
l'espace à l'enfant pour qu'il puisse apprendre la liberté et ses exigences!
Une des fonctions de l'éducation serait aussi dans la retenue de ce que l'éducateur doit pouvoir
ne pas dire, ne pas faire, afin de laisser la place à son interlocuteur. Savoir attendre, regarder,
laisser prendre quelques risques, laisser l'autre réaliser à son rythme ce que l'on aurait fait plus
vite, différemment et mieux. Ne pas vouloir combler, ne pas envahir l'autre avec des
émotions, des sensations, alors "qu'on est là pour apprendre, pour montrer, pour faire
faire."Sinon! comment l'éduqué va t-il pouvoir donner son propre sens à un espace qu'il n'a
55

pas construit lui même ? D’ailleurs le pédagogue n’est pas là pour “apprendre” aux élèves,
non, mille fois non ! Il doit progressivement permettre au jeune (ou au moins jeune) de
s’approprier, par lui-même, dans la plus grande autonomie de découverte et de recherche, les
outils permettant un apprentissage signifiant; Pour comprendre l’idée d’apprentissage
signifiant, prenons un exemple simple : le langage, quelqu’il soit. Sa fonction est la
communication et l’expression. Et donc, en dehors de la syntaxe et du vocabulaire, que l’on
peut faire découvrir en pure autonomie, on orientera bien évidemment l’expression vers le
partage des découvertes importantes pour la personne qui s’exprime. Ainsi on évitera les
pénibles et malheureusement classiques : “John fume la pipe dans son fauteuil en lisant son
journal”et “Votre terrain est plus grand que le casque de mon neveu”.

La liberté peut-elle se copncevoir dans le mensonge ?


La liberté intérieure ne va pas sans vérité. En effet le mensonge et aussi les situations floues,
ce qui est caché, le non-dit, désamorcent la confiance, faussent la connaissance d'une situation
et enlèvent les moyens d'agir librement. Toute situation mensongère est hors liberté.
L’acquisition de l’autonomie constitue un des pivots du “devenir humain” Dans son activité,
apprendre à compter sur soi même, ne sera pas le fruit de l'évitement des difficultés, ni même
de l'échec. L'éducation n'est pas d'éliminer le difficile mais de faire qu'il soit accessible. Il faut
apprendre à l'enfant à travailler, à s'occuper seul. à développer ses potentialités à partir de son
propre intérieur et non d’un a-priori sur le “normal”.
La mémoire a été glorifiée de façon quasi maniaque. L’hyper-développement de celle-ci est à
l’origine de nombreux dérangements mentaux se révélant plus tard. Mais “avec modération”,
elle constitue un autre outil qui donne confiance et permet d'élaborer son propre espace et le
discernement. Elle peut constituer le support de notre monde intérieur. Il est bon d'apprendre à
l'enfant à se souvenir, à faire l'inventaire de ses ressources, de ses différences, à faire l'analyse
de ses propres richesses. A faire un retour sur soi pour donner sens à sa vie. Mais il ne faudra
pas confondre la mémoire avec l’intelligence, et il faudra à tout prix éviter “l’indigestion
mémorielle”, dont sont friands nos Diafoirus de l’apprentissage socio-professionnel.

Pour moi, la notion d’histoire se situe à deux niveaux :


- Mon histoire et celle de ma famille, ce qui m’a constitué,
- Et l’histoire de l’humanité en tant que des êtres ont pu se libérer de ce monde, et dans quelle
situation , l’influence qu’ils ont eu sur le dévfeloppement des civilisations et comment, quel
type de civilisation induite par les “hoomes libres” peut finalement bénéficier à l’humanité
entière.
Cette connaissance va peu à peu prendre place dans le temps, c'est à dire la connaissance de la
propre histoire, de celle de la famille, de son pays mais aussi, la découverte d'autres lieux va
donner la possibilité de prendre du recul, par rapport à sa propre façon de penser, de
relativiser, pour ne pas se mettre au service de quelqu'un ou d'une idéologie aveuglément et là
aussi de savoir prendre ses responsabilités. Il est évident que cette démarche est facilitée par
une confiance entre les interlocuteurs. On doit arriver à penser présent, avec des références du
passé réactualisé.

Le premier degré de la liberté est de pouvoir porter ses désirs au langage. C'est pourquoi les
acquisitions dites scolaires sont des outils indispensables. Mais elles ne sont vraiment utiles
que lorsqu'elles ne servent pas seulement à savoir ce que les autres pensent mais à apprendre à
exprimer ce que l'on pense. Apprendre à exprimer ce que l’on a découvert. Le pédagogue doit
absolument laisser l’enfant aller jusqu'au bout de sa phrase sans l'interrompre!Est-ce si facile
que cela ? Même si c'est simple ! Ecouter, du début à la fin, doit être appris et pratiqué par
tous les membres du champ éducatif !
56

Permettre à l'enfant de développer son imagination et s'exprimer avec des mots précis, c'est lui
donner deux outils indispensables pour acquérir sa liberté. Lui apprendre à dire ce qu'il
ressent et à argumenter, l'aider à repousser ses propres limites, qui pourraient l'enfermer, se
situer par rapport à la projection de l'éducateur, l'aider éventuellement à parler sur sa
souffrance est aussi une possibilité de la gérer. Répondre à ce type de situation par le
développement de la confiance en soi ! Pour cela, tous les moyens de développement des
capacités d’expression, de développement des facultés créatrices, peuvent et doivent être
proposés très tôt : , faire de l'art, du théâtre, de la poésie, de la danse, etc...

Comment se développe la confiance en soi et en ce monde, en tant qu’école de l’humanité?


Cela sous entend dans un premier temps une certaine connaissance de soi, de sa propre valeur
qui ne peut exister que si on a eu l'impression d'être aimé. On est libre par la foi en soi, la
confiance, quand on a quelqu'un à aimer, et que l'on s'en sent responsable. Ceci est lié à
l'amour et à l 'impression d'exister qui commence à se construire avec le regard de la mère
pour son enfant. Elle prendra un autre sens lors des interdictions maternelles et l'ouverture sur
l'ensemble de la famille. (voir la 13ième lettre de Pestalozzi)
Etre attendu, avoir des obligations, se confronter, facilite aussi une “position de confiance” La
connaissance de soi, des autres, de l'environnement se construit dans les limites et grâce à la
confrontation avec elles. Entre le désir de les dépasser et celui de les accepter se situe la
liberté. Quand l’on donne sa confiance, ce doit être avec une juste mesure en fonction des
possibilités de l'enfant. Si l’on analyse les échecs, il faut apprendre à ne pas en faire un
drame ; et que l'enfant ait des activités qui ont un sens, qui servent à quelqu'un, à quelque
chose
Dans ce contexte quel est le rôle de “La loi”?
Si le monde est constitué à l'intérieur de limites, il offre de multiples possibles. Mais ces
derniers doivent faire l'objet d'une certaine protection et organisation et c'est ainsi que la
morale politique entre en jeu dans la sauvegarde de la liberté. Il faut qu'il y ait un minimum de
loi pour qu'il y ait liberté et initiative. De même que l’homme est appelé à passer de la loi de
l’ancien testament à la “loi d’amour”, Le jeune devra (très peu) être soumis à un “cadre
facilitant relatif” avant de s’en libérer. Mais je préfèrerai toujours la vision “anarchiste” à la
vision “communiste” (voir supra)
Une bonne hygiène de vie s’iùmposera ^pour faciliter toute forme d’éducation. Mais
n’oublions jamais que 4/5 de l’humanité n’a pas à manger à sa faim et qure nombre d’entre
eux démontre un “pouvoir” de liberté bien plus avancé que nous.
Est-on libre quand on a pas assez dormi et que la mémoire fait défaut ? Ou que nous n'avons
pas assez ou trop mangé? Que nous avons froid. Enfin un minimum de bonnes conditions
corporelles sont souhaitables, mais un certain détachement aussi, là encore il est nécessaire de
dire non pour faire son espace!

Conclusions...

Suivant les époques, la conception de la liberté varie. L'histoire de la subjectivité est


profondément liée à celle de la liberté. Son surgissement en est un bouleversement. Après
"l’infinitude" apportée par le christianisme, c'est le pouvoir de se détourner de Dieu. "Le
cogito", de Descartes est le pouvoir du oui et du non, c'est la libre pensée au sens littéral du
mot. Tout est dans l'action intentionnelle de la vie quotidienne ainsi qu'une recherche d'une
action sensée au plan éthique et politique. Sur le plan de la société c'est une valeur qui a ses
variables et qui change de lieu politique ou social, tel ou tel a le flambeau de la liberté. Elle se
dévoile peu à peu dans l'homme. Rien ne l'assure, on doit toujours la conquérir.
En bref, aider l'enfant à trouver les chemins de la liberté est essentiel en éducation.
57

VIII

Enrichie de réflexions issues de mon expérience personnelle, Voici la vision de


quelques grands pédagogues,
comme en une transversale brève à grande vitesse, de quelques-uns de ces "pionniers" (liste
non exhaustive bien entendu!)

Ovide Decroly
----------------------------------
- Decroly naît en Belgique, à Renaix en 1871. Son père, d'origine française est un industriel.
Sa mère est musicienne et lui donne une éducation musicale. Il reçoit une éducation teintée de
rousseauisme, près de la nature. Son père lui apprend à travailler de ses mains, mais Decroly
aura du mal à supporter l'éducation autoritaire de son père et l'école. On a ici déjà des
éléments qui le pousseront à chercher “autre chose” au cours de sa vie, et en feront un
chercheur authentique.
Médecin, il se spécialise dans les maladies mentales. Il étudie en Allemagne avec Mendel et
Langerhauss (neurologues) et en France avec Raymond et Geoffroy. Il a de l'intérêt pour les
enfants arriérés, les malades l'intéressent plus que la maladie. Et comme nous sommes tous
plus ou moins malades, de par notre présence même à ce monde, on voit ici tout l’intérêt
d’une recherche axée sur “l’homme malade”, et non sur la maladie, car la liste inépuisable des
maladies encore non répertoriée peut se décliner sans fin et selon tous les noms imaginables.
En 1901 il fonde la " Société pour la protection de l'enfance anormale " et un Institut, avec sa
femme, pour les enfants déficients. C'est l'" Institut pour les enfants irréguliers".
En 1904 il est nommé inspecteur des classes spéciales de la ville de Bruxelles. Il fonde une
société de "Pédotechnie" avec des instituteurs. Il s'intéresse aux travaux d'A. Binet sur les
tests (donc aux débuts de la création de la psychologie). Il a donc la chance d’attaquer la
maladie à sa racine.
En 1907 il fonde l'Hermitage pour enfants normaux, où il élabore sa méthode. Il y observe les
enfants.
Il a beaucoup souffert à l'école, surtout parce qu'on y découpait l'enseignement en différentes
disciplines. Cela n’a malheureusement pas beaucoup changé, et les vagues tentatives de PPCP
ou autres ne sont pas vraiment prises en main de façon sérieuse par les enseignants. De toutes
façons toutes les tentatives intéressantes y sont muselées pour d’illusoires raisons de sécurité.
Il va donc y rechercher un moyen d'enseigner qui sera plus cohérent. Il y échange beaucoup
avec ses collaborateurs, sa femme et ses enfants vont participer à l'élaboration de sa
pédagogie.
1911: Il préside à Bruxelles le premier congrès international de pédologie. En 1920 il est
professeur de psychologie à l'université de Bruxelles et en 1921 est chargé d'une chaire
d'hygiène éducative à la faculté de médecine. Il entretient une consultation pour enfants
anormaux. Il participe à de nombreux congrès internationaux sur l'éducation. En 1922 il est
membre de la "Ligue Internationale pour l'Education Nouvelle". Il va aux Etats Unis où il
rencontre J.Dewey et traduit son livre "Comment nous pensons" en 1935 et va en Colombie
où il travaille avec Niéto Caballero.
En Espagne il est amené a collaborer à "l'enfance délinquante". Il est intéressé par les
réalisations de Cousinet, Freinet...
En 1927 l' "Hermitage" déménage, sous la direction de Mlle Hamaide ; il devient de plus en
plus le rendez-vous de pédagogues.
58

En 1930 Decroly élabore sa méthode qui peut servir jusqu'à l'université.


1932: il meurt à 60 ans.
Il n'aura rien voulu écrire, car pour lui, sa méthode doit bouger, évoluer, il a peur qu'elle soit
prise à la lettre. Il travaille avec de nombreux collaborateurs dont Mlle Hamaide qui elle, va le
publier

Ses idées pédagogiques


Decroly pense que l'enfant a une représentation globale des objets en vue d'un certain usage,
sa définition d'un objet est " ceci c'est pour… ". Donc le processus part de la vision de ce qui
l'environne. Il faut déjà qu'il se distingue d'un ensemble dont il fait partie. Souvent l'enfant
confond l'objet avec son support. Les parties d'un objet sont prises pour le tout. Par la suite il
décompose et reconstruit avec un certain ordre. (C'est à partir de là qu'il a créé la méthode
globale de lecture.) Autrement dit, Decroly découvre intuitivement l’éveil de la conscience
individualisée chez l’enfant, conscience qu’il devra dépasser plus tard s’il veut s’éveiller à la
conscience de l’âme, dont les caractérisitiques sont de dépasser l’espace-temps et l’individu.
Donc on doit aider les enfants à sortir de la confusion et à distinguer les différentes qualités
des objets. On le guide en lui laissant prendre les initiatives. Ceci est d’une infinie
importance. En effet, la conquête de l’environnement exige une libre appréhension de
l’espace-temps. Des influences affectives entrent aussi en jeu. Le fait de donner le mot
correspondant à l’objet ou au phénomène découvert est une étape importante.
Decroly, ainsi que les anciens, égyptiens ou grecs, l’avaient parfaitement compris, pense que
l'enfant revit les différentes périodes de l'histoire de l'humanité, au cours de son
développement par les différentes phases de croissance. La Rose-Croix, comme tout
ésotérisme profond et sérieux, dit qu’il revit aussi les 4 phases de développement de la
création, minérale, végétale, animale, et humaine. Ceci confirme absolument les recherches de
Steiner qui démontre que la période de 1 à 7 ans correspond à une phase à associer au minéral,
la période de 7 à 14 ans au végétal, celle de 14 à 21 ans à l'animal, puis celle de 21 à 28 ans à
un développement spécifiquement humain. On peut aussi associer ces mêmes périodes
successivement au matériel, à l'éthérique ou vital-énergétique, à l'astral, sidéral, émotionnel-
mental, et au mental associé au véritable pouvoir de penser, examiné plus loin. Au cours de
son développement préhistorique et historique, l'homme fut confronté à diverses éducations,
incarnatrices-matérielle (correspondant au centre du bassin), vitale-énergétique, astrale-
émotionnelle (sanctuaire du cœur), et finalement de nos jours, correspondant à une époque de
dématérialisation, une éducation plus orientée vers le mental, plus structurée (sanctuaire de la
tête), d'ailleurs en train de se dépasser elle-même.
- Mais, partir des besoins de l'enfant n'est-ce pas le limiter à ces propres besoins alors qu'il
faut l'en sortir!? La guerre de 1914 va remettre en cause toute la société, et la psychanalyse,
véritable tourmente intellectuelle, influencera la vison de Decroly. Sa perception est
essentiellement contraire à celle de Montessori. Elle isole chaque sens en les stimulant avec
du matériel tout prêt.
Il fait en quelque sorte suite à E. Seguin. Sa démarche éducative se décompose en trois
étapes :
- L'observation
-l 'association
- L'expression.
Il y a donc pour lui trois temps dans le processus d'apprentissage mais son but sert aussi à
"apprendre à apprendre". Et une chose est certaine, celui ou celle qui aura vécu le processus
de liberté guidée préconisé par Decroly, jamais ne criera dans un parc à son chien, “au pied,
assis, debout”, comme je viens de l’entendre à l’instant,car il comprendra avec humilité
l’ensemble de la création.
59

- L'observation:
On met l'enfant en contact avec des matériaux, des objets et des faits. Il est même préférable
qu'il propose lui-même le support de l'observation. On regarde ensemble, on en extrait les
propriétés. Pour cela on organise des excursions, des visites. On fait des croquis, on prend des
notes, des photos. On apprend à regarder. On extrait les mots nouveaux, on précise. A partir
de ces mots nouveaux on approche la lecture et l'écriture ou on perfectionne le français.
On accumule, on fait des collections. On compare et on mesure, on classe, c'est l'approche du
calcul et des mathématiques. On détermine les diverses qualités des objets, on cherche ce qu'il
y a de semblable et de différents dans d'autres objets. On compare les volumes, les formes, les
couleurs, l'odeur, le goût... On classe ces différentes propriétés et c'est l'occasion de faire des
sériations. Tout ceci rentre dans le cadre de la “Biosophie”, sagesse de la Vie, Connaissance
et compréhension de soi, du monde, de la Vie, pilier très important de l’éducation telle que la
conçoivent les Ecoles J.V. Rijckenborgh, en Hollande, à l’heure actuelle.
A partir des sciences d'observation on s'approche peu à peu de la biologie, de la physique et la
chimie. La Biosophie englobe celles-ci, les dépasse et les rend aussi plus simples d’accès.
- L'association:
C'est déjà la mise en rapport avec ce que l'on sait déjà. On confronte les connaissances
acquises avec des données plus abstraites. On tire de ses observations des idées générales, des
concepts, par exemple sur la manière de vivre des hommes. On cherche les cause et les effets,
on voit les différentes appartenances. On va voir ce qui se passe plus loin: c'est la géographie,
et ce qui s'est passé avant: c'est l'histoire. Pour cette dernière pas de nomenclatures d'hommes,
d'événements, de dates. Peu de récits mythiques, de héros, mais des documents réels. On veut
des faits!
L'enfant accumule des documents et en fait la synthèse.
- - L'expression :
C'est la traduction des idées, des sensations, par des textes comme de la poésie, par le langage,
des dessins, des créations artistiques. Le développement des capacités d’expression dépasse
donc largement la simple écriture ou parole.
Toute cette élaboration peut se terminer par un exposé, c'est à dire que tout ce qui a été appris
puisse être représenté, écrit ou on fait du travail manuel, on élabore des dossiers. Ce travail
autour d'un même objet s'appellera : "Le centre d'intérêt". Je dois ici préciser, que même dans
ma façon d’apprendre l’anglais à des jeunes de 15 /16 ans, souvent peu motivé pour cet
apprentissage au départ, la seule et unique bonne façon de les amener à trouver un réel intéret
à leurs progrès linguistiques, c’est ce que j’ai appelé le “written masterpiece”, ou chef
d’oeuvre écrit, où le jeune va développer une recherche sur le thème qui le motive vraiment,
en anglais, et de la façon qu’il juge bonne et à sa portée, avec mon aide bien entendu. Les
progrès réalisés sont alors totalement inattendus et inespérés. On peut commencer cette façon
de faire dès 6/7 ans et dans toutes les “matières”.
Quels objets, quelles idées propose t-on? Decroly et d'autres comme Claparède ont élaboré un
programme basé sur les intérêts de l'enfant qu'ils ont délimité ainsi:
Ce sont les besoins principaux et leur satisfaction. J. J. Rousseau en a déjà parlé, dans "l'Emile
ou de l'éducation". Il s'agit de...se nourrir, c'est à dire l'alimentation, se reproduire, lutter
contre les intempéries, se protéger, se défendre contre ses ennemis, travailler, se reposer, se
récréer, (par exemple quels sont les progrès de l'industrie au cours des âges).
L'étude du milieu humain: sa famille, son école, la société les animaux, les végétaux, la
nature...Le matériel qui nous entoure.
Par rapport aux facultés de compréhension de l'enfant on va de ce qui lui est proche au plus
lointain. Plus l'enfant est petit et plus on part de lui même et de ce qui l'entoure directement.

Sont élaborées plusieurs évolutions.


60

C'est ainsi que l'on va:


- du simple au complexe
- du concret à l'abstrait
- de la réceptivité passive à la spontanéité
- de l'indétermination à la spécialisation
- de la subjectivité à l'objectivité
- du principe de jouissance au principe de réalité
- de l'immédiat à la médiateté
- du présent au futur,
- du proche au lointain
- de l'éparpillement à l'unité.
Cela rappelle les différentes lois de Pestalozzi!
On fait le "cahier de vie", qui est un dossier propre où l'enfant accumule toutes ses
acquisitions, sous formes de fiches, de dessins, cela dépend de son âge.
La classe est un atelier. Les murs appartiennent à l'enfant. On peut déplacer le mobilier, les
tables sont plates pour pouvoir travailler. "Le banc pupitre est bon pour les clercs de notaire".
"La classe est partout, à la cuisine, au jardin, aux champs, à la ferme, à l'atelier, à la carrière,
aux magasins, aux musées, aux expositions..."On voit ici à quel point nos écoles sont encore
rétrogrades, surtout dans le second degré. Essayez donc de rendre aux élèves les murs et
l’espace de la “classe”, donc son mobilier. Essayez de faire comprendre aux directeurs et
même aux collègues, que “l’école est partout, à la cuisine, aux champs, à la ferme, à l’atelier,
etc...”
Donc l'enfant est actif dans sa propre éducation. Il se fait une opinion personnelle. On
retrouve ici les souhaits de J.J. Rousseau et de Jan Amos Comenius Ainsi l'enfant travaille de
façon autonome, mais il est soutenu dans ses projets, il est encouragé. Son sens critique (au
sens positif) s'affirme, son habileté se développe, sa personnalité s'affirme. Ses intérêts
s'étendent avec la compréhension et la connaissance.
Le jeu sert surtout dans les premières années, à asseoir ses connaissances. Plus tard ce sera le
jeu collectif.
L'éducation morale:
L'école est un milieu social, c'est une société en petit. Elle est mixte de 4 à 18 ans.
Les élèves sont amenés à prendre conscience de la valeur de leurs actes, se jugent, se
critiquent, élaborent des règles de vie. Ils ont des responsabilités dans la marche de l'école. Ils
peuvent prendre des initiatives. Il y a des comités d'enfants, les décisions sont votées aux
"états généraux". O quel rêve encore malheureusement, quel retard dans nos écoles, où les
initiatives et les responsabilités confiées aux élèves sont parfaitement illusoires.
Il y a des responsabilités collectives pour le jardin, le matériel, le poulailler! Comme nous
serons heureux quand la cuisine et la confection des plats donc le jardin, seront ouverts aux
jeunes.
Il y a du sport et des jeux. On fait du théâtre et on organise un orchestre. On peut toujours, en
France, en tout cas, constater l’inculture musicale et théâtrale de nottre jeunesse. Et quand
l’un d’entre nous fait entrer le théâtre au Lycée, cette initiative est bien rapidement dénaturée
et on la retire à celui qui l’a eu, de peur qu’un travail libérateur en profondeur soit accompli.
J’ai bel et bien essaayé de faire connaître les oeuvres des enfants. Jusqu’ici, mépris profond
des soi-disants pédagogues. Or, déjà, chez Decroly, l'imprimerie publie les œuvres des
enfants. On y imprime des invitations pour une fête organisée par les enfants... Il y a des
contacts avec les familles. Il est important, et nous devrions en prendre de la graine, que
l'institution et les familles travaillent ensemble. Comment peut-on espérer des contacts
fructueux avec les familles, si, et c’est toujours ou presque le cas, le groupe des éducateurs
n’est pas capable de présenter aux parents, au-delà des programmes si éloignés de la réalité et
61

en retard de 20 ans, une plate-forme d’orientation détaillée du travail pratiqué dans


l’établissement d’enseignement. Pour l’instant et dans la majorité des cas, on constate que la
pratique des “non-relations” entre parents et professeurs consiste en ceci : une fois ou deux
par an, les parents sont invités à venir voir les professeurs (1 par 1, de façon complètement
clientélisée) pour leur demander si leur progéniture travaille bien. En général ceux qui
viennent sont ceux qui n’auraient pas besoin d’être là (dans ce contexte), puisqu’ils ne
rencontrent pas de réelles difficultés. Et quand vous commencez à présenter aux parent des
méthodes un peu “audacieuses”, ceux ci prennent peur et parlent d’examen et de contrôle. En
bref, l’école, et cela devra changer au plus vite, reste pour le parent, et de façon limitative, le
lieu où l’enfant doit apprendre à 1) lire, écrire, et compter, et 2) développer des capacités
purement socio-professionnelles, pratiques, utiles et rentables. Or ceci représente à peine 1/4
du réel travail éducatif, comme toutes les approches ici indiquées, celle de Comenius et celle
de Mr Jan Van Rijckenborgh, et donc la mienne puisque je me réclame de ces deux “grands”,
l’indique depuis la naissance des siècles.
L'école est ouverte. "L'école par la vie, pour la vie" résume l'essentiel de sa méthode. C’est
bien entendu vers cette ouverture que nous tendons, et à cause de cette volonté d’éveil de
l’homme vrai chez le jeune et le moins jeune que nous nous battons.
C. Freinet et d'autres vont s'inspirer de ses idées et de sa méthode.

Voyons maintenant :

John Dewey

---------------------------
Il est né dans le Vermont aux Etats Unis en 1859.
L'œuvre de John Dewey a marqué, pendant la première moitié du XXe siècle, non seulement
la vie scolaire des Etats-Unis, mais aussi la pensée pédagogique de la plupart des pays.
Après avoir exercé les fonctions de professeur de lycée et de professeur d'université, John
Dewey fonde une école laboratoire en 1896 et publie ses premières œuvres importantes : Mon
Credo pédagogique (My Pedagogic Creed , 1897) et L'école et la société (School and Society,
1899). Il enseigne ensuite à l'université Columbia jusqu'à sa retraite (1930). Il approfondit et
précise sa doctrine dans de nouveaux ouvrages, parmi lesquels Comment nous pensons (How
We Think, 1909) et Démocratie et éducation (Democracy and Education. An Introduction to
the Philosophy of Education , 1917). Au cours des années 1950, les conceptions de Dewey
tombent en discrédit. Ses compatriotes lui imputent, entre autres, l'échec de certaines
innovations scolaires et le retard dans la conquête de l'espace, sa conception pédagogique ne
préparant guère les jeunes à la compétition scientifique et technique internationale. On
s'aperçoit ici de la faculté illimitée de ne pas voir plus loin que le bout de son nez d'un grand
nombre d'éducateurs, pour ces fameux prétextes fallacieux de compétition et de scientificité. "
Un peu moins de science, un peu plus d'art ", une devise d'un médecin d'une des œuvres de
Marcel Proust, pourrait ici être utilement méditée. Accentuons ici cette véhémente
protestation! Tout ce qui n’est pas estampillé de la marque de fabrique passe-partout
“scientifique, et rentable” est de nos jours méprisé et regardé de haut, alors que là peut-être se
trouve l’unique chance de salut de notre époque, l’inconnu, l’inconnaissable, et le “gratuit”.
Il se spécialise en philosophie et en pédagogie avec Stanley Hall et B. S. Morris.En 1896, il
fonde la première école expérimentale rattachée à une université. Il est connu et reconnu dans
le monde entier où il fait des conférences d’un retentissement universel.
Il meurt en 1952 à New York.

- Dewey insiste sur l'importance de l'expérience.


62

Mais celle-ci doit avoir deux qualités: Le plaisir immédiat et un aspect ultérieur relatif à son
influence sur l'expérience suivante. L'enfant doit donc apprendre à dégager de l'expérience ce
qu'elle a de positif. Ce qui implique l'importance de faire un plan, un projet, une construction
logique dans la continuité.
Ces opérations permettent au jeune d'apprendre à prévoir les conséquences, à observer pour
prendre les conditions environnantes en considération, à donner une signification à ce que l'on
observe. Le gros problème actuel du sens, la jeunesse refusant tout ce qui ne fait pas sens de
façon irréfutable et profonde, ou refusant tout en bloc, est déjà mis en place et traité à sa juste
valeur. Le sens essentiel des choses peut et doit être appréhendé depuis le plus jeune âge,
grâce aux outils dont dispose le jeune et le “fonds universel” dont dispose l’éducateur.
On cherche les causes, par quoi, pour quoi...on fait une sélection des moyens,( l'analyse) on
les arrange ( la synthèse). Ensuite il faut garder des traces des idées. Dans l'éducation
traditionnelle il y a aussi un cheminement mais il est apporté tout prêt à l'enfant qui n'en fait
pas le tour. Ce n'est pas lui qui le construit.
Il y a 5 étapes dans l'organisation de l'expérience:
1) La reconnaissance d'un problème
2) La définition de ce problème
3) Les solutions possibles
4) Les résultats possibles
5)La mise à l'épreuve.
Ici est mis en relief l'importance de la relation dans la pensée.
"Penser est une démarche intentionnelle pour découvrir les liens spécifiques entre ce que nous
faisons et les conséquences qui en résultent"
L'éducateur peut aussi observer l'enfant pendant l'expérience et mieux le connaître, voir
quelles aptitudes il développe. A la démarche rationnelle ici proposée, il est rajouté cet
indéfini puissant de l’observation de l’inobservable, de la connaissance par l’observation en
présence, où le tout de l’être fluctue de l’un à l’autre ou aux autres. Sa fonction est de préparer
la situation où l'enfant sera acteur:
- la classe,
- son rangement,
- les outils pédagogiques.
Dewey mériterait une étude plus approfondie, mais nous devons ici nous conformer à l’idée
de panorama annoncée.
...Quoi qu'il en soit, l'un des meilleurs commentateurs de la pensée du grand pédagogue, Ou
Zuizhen, considère "qu'en dépit des critiques et des attaques, la pédagogie de Dewey
continuera à dominer la pratique de l'éducation en Amérique, car elle est dans la droite ligne
de l'éducation moderne et correspond à la culture et à la société américaines" (1961).
Puis, quelques mots sur

Célestin Freinet...

Célestin Freinet est né en 1896 dans les Alpes maritimes. Il meurt à Vence en 1966.
Il passe son enfance à la campagne et gardera des traces de cette période : l'importance
accordée à la société traditionnelle et à certaines valeurs transmises. Ce qui expliquera une
pensée très concrète et en même temps en révolte contre toute forme d’absurdité, de manque
de bon sens, etc... et donc logiquement ses démélés avec la hiérachie et les inspecteurs.
On retrouve cet intérêt dans "Les dits de Mathieu" où il fait parler un berger qui partage ses
réflexions...entre la poésie et le bon sens...Paysan, philosophe, poète, Freinet va lutter de
toutes ses forces pour l'éducation.
63

Très éprouvé par la guerre de 1914, il en reviendra blessé. Il est nommé instituteur en 1920 à
Bar-sur-Loup, où des difficultés se font jour du fait de l'atmosphère qui y règne. Mais il est en
recherche par rapport à la pédagogie. Il découvre Ferrer et d'autres pédagogues comme
M.Montessori, O. Decroly, R. Cousinet...
Il visite les écoles anarchistes en Allemagne, mais n'est pas intéressé. En 1923 il va en Suisse
au 2e Congrès de la Ligue Internationale de l'Education Nouvelle, y rencontre Claparède,
Ferrière, Bovet, Coué, mais il est déçu par le fossé entre ce qui s'y dit et les possibilités réelles
d'un instituteur.
Etant instituteur il emmène les enfants dans la campagne faire des observations, organise des
enquêtes, crée une coopérative de vente des produits locaux et s'intéresse à la vie économique
de sa région. Il organise une correspondance avec une autre école, envoie un journal fait avec
son imprimerie, dans sa classe avec les élèves. Il ne va jamais hésiter à introduire la vie, de
même que les nouvelles techniques, à l'école. On retrouve ici les idées de Decroly, de même
que celles de tous les pédagothérapeutes authentiques contemporains.
En 1924 il introduit le cinéma, le travail de groupe, et se sert de l'environnement rural pour
faire faire des observations qui seront le point de départ d'apprentissages. Il édite:
"L'imprimerie à école", "La gerbe", la "Co-revue des enfants", "Les enfantines".
A Tours, Congrès de "L'imprimerie à l'école". Il crée une cinémathèque coopérative.
Il publie des manuels scolaires. En 1929: C'est la création du fichier scolaire, très riche
documentation pour les élèves qui désirent apprendre sur un sujet particulier. Il doit s'affirmer
devant les éditeurs classiques.
Son troisième Congrès est ignoré par l'Education Nationale. En 1930 des centaines de
journaux scolaires circulent. En 1935 il ouvre une école à lui, du fait de ses nombreuses
difficultés avec l'Education Nationale. Il crée une organisation très militante: le "Front de
l'enfance" cherche à rassembler ceux qui, intéressés par l'enfant, sont au delà de la politique
ou de la religion. Mais ce mouvement sera rejeté par tous...
Il écrit des articles dans la revue d'Henri Barbusse: "Clarté". Un ensemble d'instituteurs s'y
intéressent, ainsi que d'autres pays d'Europe. "L'imprimerie à l'école" s'ouvre à d'autres sujets
(comme les soins).
Il créé d'autres outils pédagogiques:
- fiches mathématiques
- Un dictionnaire
- Clarification de l'étude grammaticale
- Séries de notes sur le dessin.
"L'imprimerie à l'école " devient" l'éducateur prolétarien".

En 1933, une cabale est montée contre lui à St Paul, on ne supporte pas ses initiatives
pédagogiques, alors que sa notoriété dépasse les frontières. (Je veux signaler qu’à part la
notoriété, je vis la même expérience de cabbale, d’incompréhension, et de calomnie, ce qui
me rassure en un sens, car tout ce qui s’est toujours fait de libérateur en ce monde rencontre
inévitablement ces écueils).
En 1935 il ouvre sa propre école à Vence. En 1936 il prend part à la constitution du Front de
l'enfance plus ou moins soutenu par le groupe français de L'Education Nouvelle et
démissionne en 1939 de la Fonction Publique.
Cette démission vient après de désastreuses inspections et une incompréhension totale de la
partie réactionnaire et “muselée” de l’éducation nationale. Une fois de plus, tous ceux qui
vivent la recherche libératrice en pédagothérapie retrouvent, en cette période de “tunnel”
oppressant vécu par nombre d’entre nous, les mêmes expériences. Mais il faut savoir qu’après
le tunnel, le soleil luit, et le travailleur de la lumière sait que, dès le début, la victoire lui
64

appartient comme à toute la légion des exécutants créateurs du plan de l’accomplissment de


l’homme et du monde.
Son organisme, la Coopérative de l'Enseignement Laïc : "CEL" subit des variations, a des
problèmes avec les politiques et les syndicats, et est démantelé pendant la guerre de 1939.
Freinet est fait prisonnier, il écrit: "Conseils aux parents", "Essai de psychologie sensible
adapté à l'éducation" "L'école moderne française".
En 1945, il remonte la "CEL" . En 1947, rouvre son école et transforme la CEL en Institut
coopératif de l'Ecole moderne. Il fait faillite et hypothèque sa maison pour la conserver.
De 1945 à 1952 il continue à éditer des brochures d'éducation nouvelle, et des fascicules à la
Bibliothèque de l'école moderne.
-1960 : fait des dossiers pédagogiques
-1965: 20° congrès de l'Ecole Moderne à Brest
Il meurt le 8 Octobre 1966.
Toute sa vie Freinet s'est réellement battu pour sa recherche pédagogique confrontée à un
milieu qui ne le comprenait pas et où il était considéré comme gênant. Par contre il a
rencontré de l'intérêt de la part de nombreux instituteurs. Il se voulait libre et laïque, en un
sens positif, au delà du politique et du religieux, mais respectueux de toutes tendances
libératrices.

Marqué par la philosophie et l'idéologie communiste, contre le capitalisme, il désire préparer


les jeunes travailleurs. Les termes "populaires, travail, prolétaires" font partie de son
vocabulaire habituel. Il est, pour d'autres raisons que M. Montessori, méfiant vis à vis du jeu
et préfère le mot travail, sauf pour les tout petits. Mais il est éducateur avant tout, instituteur
praticien, poète, réaliste. "Nous sommes des pédagogues et non des politiciens".
Il part des motivations profondes de l'enfant, fait une analyse de la façon dont il s'engage dans
un processus d'apprentissage et ensuite crée des situations où chacun retrouvera des
motivations. Pour lui il faut que l'enfant voie l'utilité de travailler.

- Primordialité de la nature et du dynamisme vital que l'on retrouve dans les "Dits de
Matthieu" qui est un recueil d'idées de bon sens s'inspirant de la Tradition et de la façon
d'élever les animaux.
Il n'est pas contre la religion, dans la mesure où elle ne se pratique pas par soumission; "c'est
une vie conforme aux prescriptions des grands sages, sommets splendides de l'humanité". Là
est la marque d’un grand esprit. Même si Freinet ne se relie pars à une forme de pensée
religieuse, il reconnait la valeur des grandes écoles spirituelles,. Nous en donneront
rapidement une rapide vision, laissant le lecteur poursuivre par lui-même ses recherches,
sachant qu’elles possèdent une force pédagogique inouïe. Citons la tradition égyptienne,
grecque, gnostique chrétienne, Manichéenne, bogomile, cathare, Hussite, Morave, Rose-
Croix, etc...Les écrits de Theillard de Chardin l'intéressent. Il est très observateur des enfants
par rapport à leur mode d'acquisition.
Tout compte fait, il est très proche des idées de Decroly qu'il critique, ainsi que Montessori,
et Dewey. Il admire A. Ferrière, Francisco Ferrer, et Pestalozzi mais s'élève contre les
applications rigides et scolastiques, par exemple critique la Russie qui fait pourtant
d'apparentes innovations (à part Makarenko). Il est intéressé par la non directivité de Carl
Rogers.
On retrouve chez lui la personnalité de la plupart des pédagogues : innovateur, futuriste,
personnel. Il est dans son temps et hors de son temps. Son imprimerie est dépassée par
l'informatique en même temps qu'elle lui donne une autre dimension.
Sa pédagogie est basée sur : la créativité, l'esprit d'initiative, la coopération entre enfants...
65

Est-il périmé? Nous croyons en tout cas qu'il a contribué à faire connaître divers aspects très
importants de la " tâche pédagogique ", et que les éléments cités impliquant le réveil de
l’enfant puis de l’homme par rapport à toutes ses qualités corporelles, psychiques et
spirituelles ne seront périmées que lorsque tout être humain aura retrouvé l’entière possession
de ses qualités biopsychospirituelles, et nous en sommes loin, à tel point que ce que je viens
d’écrire représente soit une absurdité à condamner de façon véhémente et violente, soit une
folie douce ou dangereuse, soit quelque chose de totalement abscons et dogmatique, alors que
cette vision exclut absolument toute forme de dogmatisme. Mais nous vivons un temps où le
dogmatisme est devenu celui des soi-disants laïques et pseudo-scientifiques.
Il fait beaucoup de matériel pédagogique: fichiers, imprimerie, films... Ce matériel est bien
entendu transitoire, temporaire, puisqu'il constitue un élément " dégradable " du fait des
progrès de la science et des techniques au service de la pédagogie, ce qui ne retire rien à
l'essentiel de sa " vision " pédagogique. Il met l'accent sur la responsabilité individuelle et
collective, sur la coopération et l'entraide et utilise, comme le faisait déjà Comenius, l'actualité
comme support d'enseignement. Précisons ici l’imprtance de l’utilisation et de la confection
autonome de nombreux matériels “pédagogiques” par les élèves eux-mêmes, ce qui rencontre
bien entendu une opposition furieuse dela part des fabricants de manuels homologués, et donc
des intérêts économique gouvernant notre pauvre éducation nationale. Freinet, par ailleurs,
suscite l'apprentissage de l'utilisation d'outils divers. Voici une journée dans une classe...
La journée commence par un entretien où les enfants apportent quelque chose au groupe ; les
élèves font des récits, posent des questions, apportent des documents, des objets. L'emploi du
temps s'organise, on s'adapte suivant les événements, chacun fait évoluer les activités.
Les matières sont:
le français, les maths, l'éveil scientifique et artistique, les activités physiques, l'histoire et la
géographie. Mais toutes ces matières reprennent un “sens”. Une fois de plus, nous voyons ici
l’amorce de la “Biosophie” développée par J.V. Rijckenborgh dans les années 1950/1960.
Chez Freinet, chacun participe à la définition de ce “sens”, de son “sens”. L’esprit de
recherche et de découverte s’installe et se développe.
Les moyens pédagogiques:
L'imprimerie, Le fichier scolaire coopératif, du cours élémentaire au cours moyen 2, fait par
des instituteurs, le calcul autocorrectif avec les 4 opérations graduées, les expériences à partir
de l'artisanat, la bibliothèques de travail, la bande enseignante. Il y aurait là bien sûr,
beaucoup à dire et à développer; on s’apercoit que, malgré leur différence d’”idéologie”,
Freinet et Comenius sont très proches...
Sur le plan individuel:
Le plan de travail, le projet et sa réalisation appartirennent tout entiers à l’individu. Il
bénéficie bien entendu de l’aide du pédagothérapeute, szuffisamment intelligent pour susciter
des directions tout en respectant la liberté la plus entière du jeune. Les ateliers: maçonnerie,
cuisine, jardinage, lingerie, buanderie, élevage, mécanique représentent des aspects matériels
où le jeune peut tester et rencontrer la réalité avec sa réalité. Les notions d’utilité et d’unique
nécessaire se rencontrent en confrontation avec ces ateliers.
La classe a une organisation coopérative avec des tâches à accomplir; l'évaluation reste
comme toujours et partout un problème tant qu’on n’a pas décidé de tout mettre en oeuvre
pour une réelle autoévaluation intelligente.
Le maître est là, on se réunit le matin, on voit comment aider les plus faibles, on prend des
décisions. On régule la prise de parole. La notion de parole intelligente et vivante prend une
place positive.
Le samedi on prépare la semaine suivante. Il y aurait encore beaucoup à dire, mais il faut ici
renvoyer aux textes
66

Voici ensuite une brève approche de


Frédéric Fröbel
Naît à Thuringe, en Allemagne en 1782. Il perd sa mère très tôt, à quelques mois, il est élevé
par sa belle-mère. Son père, pasteur, aime la nature et initie son fils au jardinage. Mais Fröbel
sera surtout élevé par un oncle, Hoffman, qui saura lui faire confiance, alors que son père était
rigide. Chez lui il va aller à l'école, mais ce sont surtout ses deux frères qui vont s'occuper de
lui.
Il est forestier durant deux ans et apprend la sylviculture, la géométrie et l'arpentage. La
nature aura toujours de l'importance pour lui. Elle lui servira de ressourcement dans les
moments difficiles de sa vie. Il aime les mathématiques, ce que l'on retrouvera plus tard dans
l'organisation de ses jeux.
1799: Il va à l'université d'Iéna pour étudier le droit et la philosophie. Il y sera incarcéré
comme insolvable, retourne chez son père où il écrit beaucoup.
Il étudie la minéralogie, la physique, la chimie, est intéressé par l'architecture et les
philosophes,et découvre J.Pestalozzi grâce au pédagogue Grüner.
En 1805, il devient instituteur, séjourne à Yverdon pendant 15 jours, où il trouve
l'enseignement de Pestalozzi trop morcelé. Il est initié à J .A. Comenius, un des premiers
pédagogues à avoir parlé des petits enfants, grâce au philosophe Kraus.
A Guttingen en 1811, où il apprend le sanscrit, l'hébreu et le grec. Il est intéressé par les
phénomènes astrologiques.
Dans les années 1813 et 1814, il fait la guerre contre Napoléon, et en revient ulcéré. Il
retrouve la paix avec la nature. Il y a rencontré deux de ses futurs collaborateurs. En 1816, il
travaille au musée minéralogique.
Il réfléchit à une pédagogie liée à une philosophie où le matériel que les enfants manipulent a
un sens. Il fait une étude sur les lettres à qui il va donner un sens et une valeur dans leur
prononciation.
Il se marie en 1818,avec une femme divorcée qui a une fille adoptive, et fonde un institut
d'éducation où il réalise les idées de Pestalozzi. Il n'y a que 13 élèves dont ses neveux. Ses
collaborateurs, rencontrés à la guerre, sont Langethal et Middendorf. On y fait beaucoup de
sports, de nombreuses promenades à la campagne, on s'identifie aux chevaliers teutoniques,
l'éducation est libre, on suscite l'activité de l'enfant, plutôt que de tenter de lui faire accumuler
des connaissances. On mène de front l'éducation physique intellectuelle et morale. La vie est
pauvre. Son frère, industriel vend tout et vient s'installer avec lui.Malgré un petit
développement, il a 56 élèves en 1826, on calomnie son école (ce qui attend tout novateur), il
doit la fermer. Il va en Suisse, où, aidé par un ami, il ouvre une école. Mais il est attaqué par
le parti clérical.
En1826, il produit "L'éducation de l'homme", ouvrage à dimension philosophique dans lequel
il présente entre autre, sa théorie du jeu. Il fonde une revue: "Les familles éducatrices". En
1833, il ouvre un institut à Willis où les élèves ont du succès à l'examen. Il donne des cours à
l'école normale. En 1834, on lui confie un orphelinat à Burgdorf en Suisse.
Il s'intéresse surtout aux petits, passe des heures à observer les bébés. Il pense qu'il faut
régénérer l'humanité en commençant par la base. De plus en plus, il accorde de l’importance à
l’observation des enfants, les regarde jouer et conçoit peu à peu sa pédagogie. En 1838, il
fonde le premier " kindergarten " (ou jardin d'enfants) à Blankenburg. Il crée son matériel,
invente des jeux et des chants. En 1840 il donne le nom réel, qui restera, de " Jardin d'enfants
"; il fonde un autre journal "Venez, vivons pour nos enfants".
En 1843, il publie " les chants de la mère", recueil de 7 chansons, emprunte à "celles qui
savent" et complète. Ce sont des jeux, des comptines, des récits, de la gymnastique, des
berceuses que la mère chante aux nouveaux nés. Il y a des chants de gymnastique pour
67

développer le corps de l'enfant, lui donner de bonnes impressions, des chants pour l'ouvrir à
son père et son entourage, d'autres pour l'ouvrir à la nature, aux autres hommes et à Dieu.
Pour lui l'éducation est la science des mères ; Le J. E. n'est pas en concurrence avec la famille
car l'enfant n'y passe que quelques heures. En 1844: Il publie " 100 chansons de la balle". Ce
sont des chants qui accompagne des jeux de balles, pour éveiller l'esprit de l'enfant.
La baronne de Marenholtz qui va le visiter avec le directeur de l'école normale de Berlin, va
divulguer sa méthode en Europe et aux Etats Unis. En1844, il décide de former des jardinières
d'enfants, travaille avec des adjointes qui rendent sa méthode rigide. En 1848, il développe
des cours sur les jardins d'enfants, mais n'a pas de succès auprès des instituteurs.
Dès1850, il crée de nouveaux Jardins d’Enfants à Marienthal où on vient suivre ses leçons.En
l’an 1851: Il se remarie avec une de ses collaboratrices qui va continuer son œuvre après sa
mort.
Il est accusé à tort de faire de l'athéisme et du socialisme car on le confond avec un de ses
neveux qui porte le même nom. Il lui est interdit de continuer son œuvre. On lève cette
interdiction 8 ans après, mais il est déjà mort.
Il meurt en 1852 à Marienthal dans le duché de Saxe, après avoir été applaudi au congrès des
instituteurs allemands.

Johann Heinrich Pestalozzi

(1746-1827)

Pendant des décennies Pestalozzi fut considéré comme le fondateur de la pédagogie et comme
promoteur d'une formation culturelle générale pour l'homme. La commémoration de son
250ième anniversaire en 1996, en même temps que celle des 400 ans de la naissance de
Comenius, a placé le "mythe"de Pestalozzi, ainsi que la réception de celui-ci, au centre d'un
débat scientifique critique. Depuis lors, Pestalozzi, en tant que personnage historique, nous
apparaît plutôt comme un penseur tourné vers le passé. Or l'édition critique complète de ses
oeuvres et de ses correspondances, enfin achevée après 70 ans, nous suggère une nouvelle
approche de la pensée et des idées de l'auteur, afin d'arriver à une distinction entre ce qui est
lié à une époque donnée et ce qui la transcende pour appartenir au monde des principes, et
afin d'attribuer sa juste place à l'apport de Pestalozzi à la génèse et au développement de la
pensée pédagogique.
Voici quelques approches:
- Sur les pas de Pestalozzi
- Qui êtes-vous, Monsieur Pestalozzi ? de J. Cornaz-Besson
- Pestalozzi, de Michel Soëtard
Tout est résumé par la phrase : en pédagogie, ce qui compte c’est l’homme, c’est le seul livre
que j’ai étudié toutes ces années. C’est évidemment la même orientation que Comenius et que
Jan van Rijckenborgh.

Le 12 janvier 1746, il nait à Zurich, puis fait ses études à Zurich : après l’école primaire, le
Collegium Carolinum, puis la théologie, et le droit ; c’est un étudiant agité. Il lit Rousseau, et
a de nombreuses amitiés.
De 1767 à 1768 il effectue un apprentissage agricole chez Tschiffeli à Kirchberg (BE). Puis
en 1769, après des fiançailles mouvementées et une grande correspondance, il se marie avec
Anna Schulthess, jeune femme fort instruite de Zurich.
68

En 1770, c’est la naissance de leur fils unique, Jakob, élevé selon les principes de Rousseau
( Emile ou de l'éducation ). De 1770 à 1773, il pratique des activités agricoles sur son
domaine du Neuhof à Birr. De 1773 à 1780, il créé un institut pour enfants pauvres et
orphelins au Neuhof.
De 1781 à 1798 il entame des activités littéraires, (Léonard et Gertrude, notamment). Il
reçoit en 1792, de l’Assemblée nationale de Paris, le titre de « Citoyen d’honneur de la
République française ».
En 1797, c’est la naissance de Gottlieb Pestalozzi. Il demeurera leur unique petit-fils. En
1798, à la fin décembre, il se rend à Stans pour s’occuper des orphelins de guerre. Il doit
quitter Stans dès juin 1799 et écrit la Lettre de Stans.
De 1799 à 1804, il enseigne à Burgdorf. Il y est le fondateur de l’école populaire, de l’école
des pauvres, l’école des bourgeois; il tient le premier séminaire pédagogique au château de
Burgdorf.
Jakob, son fils, meurt à l’âge de 31 ans. Il avait toujours été maladif.
En 1804, il est invité par la ville d’Yverdon. De 1805-1809 l’Institut au château rencontre un
franc succès, complété par un séminaire pédagogique. En 1806 il créé un Institut pour jeunes
filles, à l’Hôtel de Ville no. 2. La directrice en est Rosette Kasthofer. Mais en 1810, le Père
Girard de Fribourg, à la demande du gouvernement Suisse, se révèle très critique.
En 1813 Il fonde un Institut spécialisé pour enfants sourds-muets, le premier en Suisse, avec
son collaborateur Johann Konrad Naef. Il en est le premier directeur. En 1815, c’est la mort
d’Anna Pestalozzi-Schulthess. Elle sera ensevelie à Yverdon.
En 1818 il fait ouvrir la Maison des pauvres à Clendy, près d’Yverdon. De 1815 à 1823, il
reçoit la visite et le grand intérêt de nombreux Anglais. Mais de 1821-1825 les difficultés
s’amoncellent. Des départ de collaborateurs se multiplient En 1825 Pestalozzi Quitte Yverdon
après 20 ans d'intenses activités et regagne sa maison du Neuhof, auprès de son petit-fils
Gottlieb. Il meurt à Brugg le 17 février 1827 ; il est enseveli à Birr.

Ecrits sur l'expérience du Neuhof. Sous forme de lettres, ces écrits de Pestalozzi s'enracinent
dans une expérience fondatrice menée entre 1774 et 1780 sur son domaine du Neuhof. Il y
accueille des enfants pauvres des campagnes qu'il fait travailler au filage et au tissage du
coton, tandis qu'il assure avec sa femme leur formation humaine. Edité par le Conseil
scientifique du CDRPY, traduit par P.-G. Martin et suivi de quatre études de P.- Ph. Bugnard,
D. Tröhler, M. Soëtard et L. Chalmel. Avant-propos de Ph. Meirieu.- Format 15/21, 160 pp.
Ed. Peter Lang, Berne, 2001.
Lettre de Stans. Sous forme de lettre à son ami Gessner, Pestalozzi résume ici son expérience
capitale faite à Stans en 1798 avec des orphelins de guerre. Nouvelle traduction et
introduction par Michel Soëtard, spécialiste de Pestalozzi en langue française.- Format 12/16,
64 pp. Ed. CDRP, Yverdon,1985.
Fables. Des 240 fables environ, écrites dans les années 1797, en voici un choix intéressant.
Choisies et traduites par Jean Moser, édité en 1946 à Fribourg.- Format 12/16, 136 pp.
Rééditées par le CDRP, Yverdon, 1983.
Mes recherches sur la marche de la nature dans l'évolution du genre humain. Œuvre
philosophique majeure de Pestalozzi qui pose les fondements d'une véritable philosophie de
l'éducation. Traduction, introduction et commentaires de Michel Soëtard.- Format 14/22, 290
pp. Ed. Payot, Lausanne, 1994.
Comment Gertrude instruit ses enfants. Datant de 1801, Pestalozzi a voulu décrire sa
"méthode" sous forme de lettres. Par une nouvelle traduction et une excellente introduction,
Michel Soëtard fait ressortir l'étonnante actualité de la démarche pédagogique de l'auteur.-
Format 16/24, 240 pp. Ed. Castella, Albeuve, 1985.
69

Esquisses de la Révolution. Texte paru dans le Journal du peuple helvétique en 1797 et par
lequel Pestalozzi expose les idées nouvelles en forme de dialogue. Il y souligne l'importance
de la prise de conscience collective pour améliorer le sort du peuple. Traduction et
introduction de Ph. Henry, P. Marc et I. Keller.- Ed. Université, Neuchâtel, 1991. (Dans
"Vous avez dit…pédagogie", cahier no 23).

Léonard et Gertrude. Textes de 1781 à 1783. Roman campagnard populaire, dans lequel
chaque personnage a un rôle précis à jouer pour la reconstruction d'un village idéal où règne
l'esprit démocratique. Œuvre importante où Pestalozzi développe sa vision communautaire et
sociale. Traduction de L. Vassenhove.- Ed.
Il est peut-être aussi intéressant de donner quelques grandes lignes concernant
Rudolf Steiner
Les textes concernant Rudolf Steiner ici présentés ne sont pas de moi, mais ont été pris sur
Internet avec quelques modifications. Ils n’engagent pas l’auteur mais permettent de se faire
une idée assez intéressante des orientations pédagogiques de Steiner et de ses “disciples”
Celui-ci fut en effet, en son temps (début du 20e siècle), un pionnier de l’éducation, et sa
vision préfigure la nôtre, puisqu’il parlait de pédagogie curative, ce que j’appris bien après de
lancer le terme de pédagothérapie psychospirituelle.
Rudolf Steiner développa des méthodes emplyées de nos jours pour les enfants handicapés
Avant de développer plus avant les idées et les réalisations dues à Rudolf Steiner, et même,
disons le “au nom” de Rudolf Steiner, car nous croyons que ses idées de départ n’ont pas pris
le chemin qu’il aurait voulu, et donc, à mon avis, on peut parler de trahison des impulsions de
départ de Rudolf Steiner, notons un peu pêle mêle quelques idées et réactions à la recherche et
à l’actualité d’un groupe de pédagogues connus sur internet comme “Le Café Pédagogique”.
Et nous verrons que même les idées de Steiner, et à fortiori celles de Comenius et de J.V.
Rijckenborgh sont loin d’avoir encore été comprises , encore moins mises en pratique. Nous y
voyons les choses poussées à une telle absurdité pathologique, induisant si elle était mise en
pratique des troublres men,taux et de comportement. Nous savons en effet que l’excès ,
l’indigestion, n’est pas seulement gastrique, mais peut aussi être mentale et entraîner de
graves troubles:

Voici quelques extraits du “Café pédagogique”, ils rapportent de façon assez intéressante à
notre propos :
“Si vous n'avez pas encore pris connaissance du " socle commun " que le ministre de
l'Education nationale veut que tout élève maîtrise en sortant de l'école obligatoire, hâtez-vous.
Le tableau frise le panégyrique de l'homme moderne : maîtrisant évidemment la grammaire,
l'orthographe, la règle de trois, les proportionnalités, les formules de calculs de volumes, les
théorèmes principaux de la géométrie plane, les équations du premier degré, la démonstration,
la structure micro et macro de l'Univers. Il sait s'émouvoir devant la beauté de la Bible ou du
récit de la fondation de Rome, fondements de l'art en Europe, maîtrise l'histoire de l'Europe
dont il parle une langue couramment, loue la culture d'entreprise, sait utiliser l'informatique
pour s'informer avec discernement, sait prendre l'avis des autres avant d'agir en conséquence,
respecte le bien d'autrui et sait que tous sont égaux devant la loi (surtout Guy Drut…). Toutes
ces citations sont évidemment extraites du discours de présentation fait par l'édile (sauf la
dernière). D'ailleurs, l'homme sait qu'il joue sa peau puisqu'il revendique " l'obligation de
résultat " de la nouvelle gestion publique induite par la LOLF : " le ministre de l'Education
nationale en sera directement comptable ! "
Evidemment, l'intention populiste n'échappe à personne. Il s'agit de montrer la volonté de
l'Etat de vaincre les dérives libertaires et soixante-huitardes qui ont "miné" l'école depuis 30
70

ans. Davantage que le projet de décret, c'est le discours d'accompagnement qui donne les clés
de la pensée robienne :
" Il ne saurait être question de sortir du CP sans savoir lire " exhorte Robien. " Je suis si
surprise, dans l'image qu'on donne aujourd'hui publiquement aux parents, selon laquelle cette
lecture courante devait êtreacquise à la fin du cours préparatoire. Mais ce n'est pas possible ! "
oppose Anne-Marie Chartier, une des meilleures connaisseuses de l'histoire de l'Ecole en
France, qui explique au contraire que " notre système a été ces dernières années dans une
augmentation de la productivité à la japonaise, il faut oser le dire... " (1)
Et nous voyons là ce que nous dénoncions plus haut, la mentalité de compétitivité, de lutte
pour gagner, et écraser l’autre, idées économistes en porte à faux appelées à disparaître, et le
plus tôt sera le mieux!
La lecture des instructions officielles de 1923 lui donne pourtant raison : à l'époque, on
souhaite ne pas s'engager dans le choix d'une méthode, mais on précise que " grâce à
l'entraînement intensif auquel ils auront été soumis pendant trois années, nos élèves, dès le
début du cours moyen, posséderont le mécanisme de la lecture. (…) Par suite, on peut exiger
de lui qu'il prouve par sa manière de lire, qu'il comprend ce qu'il lit. (…)
C'est dès le début du cours moyen, à neuf ans, que l'écolier doit lire avec expression. " (2)

Toujours Robien : " Si l'on ne maîtrise pas bien les conjonctions de coordination, si l'on n'en
connaît pas le sens, il y a fort à parier que l'on aura du mal à développer des raisonnements
logiques les plus courants.
(…) Bref, il faut apprendre les règles au cours de leçons, pratiquer des exercices et consacrer
à cela des séquences particulières ", et dans la même veine, " la connaissance parfaite des
quatre opérations et de la règle de trois rend possible la résolution de problèmes et l'exercice
du raisonnement.

Sans revenir ici sur la pauvreté intellectuelle de ce type de raisonnement, citons à nouveau les
instructions de 1923 : " L'enseignement grammatical doit être concret. (…) Il ne s'agit pas de
formuler des définitions abstraites dont une connaissance plus approfondie de la langue ferait
vite apparaître le caractère artificiel. Il s'agit d'amener les enfants, par la pratique du langage
parlé ou écrit, à classer avec une suffisante précision les formes verbales sous les rubriques
que les grammairiens ont imaginées pour mettre un peu d'ordre dans le chaos des réalités
linguistiques. "

En confisquant ainsi le débat sur le socle commun, Robien est très efficace pour renvoyer
chacun à la place qui est la sienne dans le débat public : les syndicats fustigent la " baisse
d'exigence " ( !), les lobbies réactionnaires demandent qu'on aille jusqu'au bout de la purge,
les parents ne comprendront pas que ça ne prenne pas corps dans la réalité…

Et la seule question qui vaille ( comment on fait pour progresser ?) sera renvoyée,
sempiternellement, à la seule responsabilité des acteurs de terrain. Meirieu peut continuer à
réclamer des indicateurs de réussite (mesurer les taux de passage de classe ne dit rien sur ce
que savent les élèves), Thélot verra ses prédictions réalisées : " Le risque le plus grand du
Grand Débat était d'en rester au niveau du Café du Commerce " disait-il il y a deux ans.

Enterrée, la réflexion engagée depuis dix ans pour outiller les enseignants à construire, à partir
du résultat des évaluations CE2-6e, des démarches d'enseignement cherchant à comprendre
les difficultés des élèves à partir de leurs productions. Désormais, l'enseignant subit la
nouvelle injonction du " programme personnalisé ", de la " remédiation " (remédication ?)
71

individuelle quand tous les savoirs disponibles montrent que c'est bien dans le social que
l'élève en difficulté peut inscrire progressivement son rapport au savoir.

Politiquement incorrect ? Pourtant, Robien aurait pu relire les instructions de 1882 :" La seule
méthode qui convienne à l'enseignement primaire est celle qui fait intervenir tour à tour le
maître et les élèves, qui entretient pour ainsi dire entre eux et lui un continuel échange d'idées
sous des formes variées, souples et ingénieusement graduées (…): il forme le jugement en
amenant l'enfant à juger, l'esprit d'observation en faisant beaucoup observer, le raisonnement
en aidant l'enfant à raisonner de lui-même et sans règles de logique".

Dans son apologie de l'apprentissage des conjonctions de coordination comme préalable au


développement de la pensée, Robien a dû faire un glissement sémantique. La locution renvoie
en effet à l'idée de deux groupes distincts, d'égale valeur, réunis pour concourir à un but, à un
effet précis. Copulative (qui unit) ou adversative (qui oppose), la conjonction de coordination
impliquerait qu'une fois le but commun établi (la réussite de tous), la Nation mette au travail
les différents groupes qui la composent pour définir comment chacun peut concourir au
progrès.
Et comme dirait C. Lelièvre, les profs doivent aussi parfois être amenés à reconnaître que
leurs intérêts personnels ne coïncident pas exactement avec ceux des élèves. Un véritable
débat devrait permettre d'en convenir, qui réinterroge l'articulation entre le primaire et le
secondaire, et tout ce qu'il y aurait à gagner à tisser une culture commune entre les différents
niveaux des ordres d'enseignement, chacun étant en mesure d'enrichir l'autre de ses savoirs.

C'est bien au contraire à une relation de subordination que nous renvoie le texte du ministre :
subordonner l'action à l'injonction, la pensée à l'ordre établi, le sens à la règle, le collectif à la
hiérarchie, la savoir à la raideur formelle des grammaires.

Si les mots ont un sens, Robien n'en a pas.

Patrick Picard

Croissance économique et éducation


Une main d'œuvre plus éduquée est plus mobile et plus adaptable, elle peut apprendre de
nouvelles tâches plus facilement… Elle est plus autonome… Tout ceci permet à une
entreprise qui emploi une main d'œuvre plus instruite de s'organiser différemment, d'être
dirigée différemment, d'avoir des équipements différents". Alors que le scepticisme sur la
rentabilité de l'effort éducatif se fait jour, trois économistes de The Brookings
Institution, un institut de recherche indépendant situé à Washington, montrent l'intérêt
économique de cet investissement pour l'éducation de base. Pour eux, il contribue pour 13 à
30% à la croissance de la productivité durant ces 40 dernières années.
http://www.brookings.edu/views/papers/200604dickenssawhill.htm

Absentéisme et sens de l'Ecole


"La question de l'absentéisme en général, est de plus en plus prégnante dans le système
éducatif actuel, un réflexe de banalisation accompagne trop souvent nos comportements : "de
toute façon c'est une tendance générale, on n'y peut rien… ". De temps à autre on décide de se
saisir vigoureusement et, croit-on, définitivement, de la question, alors un radicalisme se met
en place souvent encouragé par la "réaction" des enseignants devant l'inadmissible. On se met
alors à exclure à tout va. Le mal disparaît-il ?
72

Si un certain nombre d'absents par laxisme modifie son comportement le noyau dur subsiste
car les raisons de l'absentéisme sont liées à la capacité du système à intégrer des jeunes que
leurs conditions de vie sur le plan économique ou (et) familial rend réfractaires aux apports de
l'école. Un travail d'approche individualisé, de " mise en liens " doit être mis en œuvre." Yves
Rollin, secrétaire national d'Education et Devenir analyse les motifs de l'absentéisme lourd
propose des réponses : relation de confiance avec un adulte, climat d'établissement, suivi
individuel, etc.
Pour Y. Rollin, "le traitement de l'absentéisme lourd permet non seulement de remettre en
route un certain nombre d'élèves, Il impose au système scolaire de s'interroger sur son sens et
donc sa légitimité".
Tribune
http://education.devenir.free.fr/Tribune.htm
Quittons le “Café Pédagogique” et
Revenons à la

pédagogie curative
(Nous voyons ici que sans que nojus le sachions, notre terme de pédagothérapie n’était pas si
nouveau) de Rudolf Steiner. Nous laisserons à la réflexion de chacun les conclusions à tirer
des pages précédentes et suivantes aussi d’ailleurs. Précisons que j’ai largement abrégé !...
Enfants
Que l'on visite un centre de pédagogie curative (école, institut) en Irlande, en Suède, en Italie
ou dans tout autre pays, on est toujours frappé par le fait que le cadre est déterminé par des
matériaux, des couleurs et des formes à caractère naturel. Dans certains instituts, éducateurs et
enfants habitent ensemble comme dans une famille élargie. Chaque jour a son rythme propre.
Pour les enfants, les enseignements scolaires et les différentes thérapies jalonnent le
déroulement de la journée. Le but est de stimuler le développement des enfants. La vie
culturelle occupe une place primordiale dans le quotidien. Les activités musicales, les pièces
de théâtre, la cé1ébration des fêtes en commun tout au long de l’année créent un
environnement stimulant, structurant, favorisant l’inscription dans le temps. Jusque là je serais
assez partant pour ce type d’approche, à part le fait, et il est d’importance, que nous avons là
affaire à des soins de l’âme et absolument pas à une école de l’esprit...

L'école Steiner-Waldorf prétend prendre la suite de la réflexion de Steiner. Or je n’en suis


pas si sûr...
Elle en est à l’étape de réflexion suivante, entre autres :
La transmission des savoirs ne suffit pas. La crise de l'école montre partout la limite des
systèmes d'enseignement qui visent exclusivement l'entraînement de l'intellect et la
transmission des savoirs abstraits. L'absence d'un pluralisme pédagogique véritable prive
notre pays des expériences et de l'émulation qui pourraient le conduire à considérer des voies
de changement insuffisamment explorées jusque-là. L'école Steiner-Waldorf, depuis 75 ans,
est fondée sur l'idée de la liberté de l'homme, convaincue que l'amour, la confiance et
l'enthousiasme, aux lieu et place de l'ambition, la crainte et la compétition, dotent les enfants
de la sérénité et des forces qui leur seront indispensables pour avancer dans un monde
incertain, y réaliser leur projet d'existence, en contribuant au progrès de l'homme. Rien que
ces approches sont déjà très intéressantes,même si, à mon avis, elles sont notoirement
parcellaires et insuffisantes.
Il est nécessaire de croire en chaque enfant, au lieu de le considérer comme bien souvent
moins que rien.
Accueillir l'enfant à l'école, cela signifie le reconnaître dans sa personne individuelle, établir
avec lui une relation de confiance et de responsabilité dans la continuité. Lorsque ces bases
73

sont posées, l'école peut alors répondre aux besoins fondamentaux de l'être humain en
développement qui lui est confié. La tâche de l'enseignant devient alors de favoriser
l'épanouissement de chaque enfant dont il a la charge, de l'accompagner vers la découverte de
sa voie originale. Voilà de bien intéressantes choses, mais où est ce qui permet à l’enfant de
différencier l’horizontal du vertical, le spirituel du psychique et du matériel. Cela est possible
et nécessaire, même un enfant de 6 ans peut le comprendre, mais il faut l’orienter vers “cela”.

L'école Steiner-Waldorf s’adresse donc à tous âges, de la maternelle au Lycée, mais dans un
esprit radicalement différent des systèmes d’enseignement actuels.
Une école complète, pratiquant la pédagogie Steiner-Waldorf est un établissement intégré :
maternelle, primaire et secondaire, accueillant des élèves du jardin d'enfants (trois ans
environ) aux classes de lycée. Elle reste à taille humaine : 400 à 450 élèves, 25 à 30 élèves par
classe.

Les classes primaires


Les apprentissages proprement scolaires commencent à l'âge de sept ans environ. Un même
professeur principal, assisté de professeurs spécialisés (langues, art, activités manuelles,
sport), prend en charge une classe d'âge pendant toute la durée du cycle primaire.
L'enseignement procède par images vivantes. L'enfant fait d'abord les choses avant de les
aborder par l'abstraction.

Le secondaire
Disposant d'une meilleure maîtrise du principe de causalité, l'adolescent peut progresser
maintenant vers l'abstraction et développer un jugement réellement autonome. Toutes les
matières sont enseignées dans l'optique d'un éveil aux problèmes du monde actuel et à la
responsabilité de l'homme en tant qu'acteur dans le monde. L'enseignement est confié à une
équipe de professeurs spécialistes de leur discipline qui interviennent dans les différentes
classes du collège et du lycée pour garantir la cohérence de l'accompagnement des élèves et
de leur progression.

Des méthodes originales


L'intégration sociale
L'un des objectifs de l'école est de former de futurs citoyens qui trouveront leur place dans la
société et de les préparer à enrichir la vie sociale de leurs potentialités et aspirations
individuelles. Le respect de chaque enfant doit permettre aux moins doués intellectuellement
d'accéder à un niveau de culture générale satisfaisant, cependant que les moins manuels
trouvent une stimulation dans l'exercice des activités pratiques et artistiques. Les stages en
troisième dans le monde agricole, en seconde et en première dans le monde industriel et
social, ancrent leurs connaissances théoriques dans la réalité. Le fait que ces enfants
grandissent ensemble pendant plusieurs années permet d'insister sur l'attention aux autres et
offre l'avantage de les sensibiliser aux règles qui régissent la vie en société.

L'ouverture sur le monde


Notre société est ouverte sur le monde. Dans la pédagogie Steiner-Waldorf, l'apprentissage de
deux langues vivantes commence dès le cours préparatoire. De nombreux échanges avec
d'autres écoles Steiner-Waldorf à l'étranger (Allemagne, Angleterre, Canada, États-Unis, etc.)
favorisent la consolidation des acquis. Mais la compréhension d'autres cultures commence par
l'apprentissage de la nôtre. L'éducation civique et l'histoire de notre civilisation ou celle des
religions sont des bases indispensables à l'ouverture d'esprit.
74

Travail de fin d'étude ("chef-d'œuvre")


Pendant la durée de sa douzième classe (1re des lycées), chaque élève est invité à produire un
travail individuel sur un sujet original de son choix : réalisation manuelle ou artistique,
littéraire, scientifique, technique ou sociale. Ce chef-d'œuvre comporte une partie pratique,
une étude théorique et une présentation orale devant l'ensemble de l'école : invités,
professeurs, parents et camarades. Là encore l'élève est amené à montrer les degrés de
maîtrise et d'autonomie qu'il a atteints et à témoigner de ses aptitudes et résultats.

Citons ici, à ce propos, un passage intéressant :


Les mutations que connaît notre société sont telles que le 21ème siècle sera nécessairement
différent du précédent. C'est la définition même de l'être humain qui est en cause.
Il nous faut comprendre que l'essentiel de notre patrimoine n'est pas dans ce que la nature
nous apporte mais dans ce que nous nous apportons les uns aux autres.
L'urgence est donc de passer d'une culture de compétition à une culture d'émulation.Cela
suppose une véritable révolution. Nous irons ici plus loin que cette péremptoire affirmation :
toute forme de “lutte pour la vie”ravalant l’homme au niveau de l’animal devra disparaître, et
c’est la “non-lutte dans l’action” qui devra devenir la règle. Ceci implique évidemment et de
façon radicale une absolue révolution intérieure et extérieure.
Elle ne pourra être pacifique que si elle est provoquée par l'Ecole.
Albert JACQUARD
message adressé à l'école anthroposophiquede Lyon, à l'occasion de son 21ème anniversaire

Voici une position intéressante sur Rudolf Steiner:

RUDOLPH STEINER
(1861-1925)

Le programme politique de « liberté de la vie spirituelle » et « d’économie associative » défini


par Steiner a échoué ; ses écoles en revanche ont été une réussite, dans une certaine mesure.
Mais nous voulons ici préciser que la volonté de Steiner était de créer une véritable “Ecole
spirituelle intérieure”. Il ne put le faire, et ses écoles s’en ressentirent évidemment. Lorsqu’il
meurt à Dornach, le 30 mars 1925, en laissant inachevée la rédaction de son autobiographie,
la première promotion d’élèves de l’École Waldorf prépare le baccalauréat.
Le « Goethéanisme »
La perception intérieure du monde spirituel et la spiritualisation de tous les domaines de la vie
constituent le thème central de l’œuvre de Steiner. A dix-neuf ans déjà, Steiner souffre de la
démythification du monde due à l’économie, la technique, les sciences naturelles et la
philosophie critique. Au plus profond de son être persiste au contraire la certitude, courante en
d’autre temps, de l’existence d’un univers spirituel. Au début de ses études, censément en
sciences naturelles, il écrit à un ami :
« L’année dernière je me suis efforcé de comprendre si Schelling a raison de dire qu’il existe
en chacun d’entre nous ‘une merveilleuse faculté cachée, au-delà de l’instabilité du moment,
de se retirer au plus profond de soi-même pour y observer ce qu’il y a d’éternel en nous dans
sa forme immuable’. Je pensais et pense encore avoir indubitablement découvert en moi cette
faculté intérieure. Il y a d’ailleurs longtemps déjà que je l’avais pressentie ».
Dans ses œuvres préthéosophiques Steiner, réfutant délibérément le criticisme de Kant, qui
limite l’expérience objective, s’efforce de justifier par la théorie de la connaissance cette
expérience mystique solitaire. Il part au contraire du principe que par-delà les limites de la
connaissance définies par Kant, tout ce qui est nécessaire à « l’explication du monde » est
accessible à la pensée humaine, car il est convaincu que la pensée est, sous la forme des idées,
75

l’essence du monde. La connaissance de soi permet de « pénétrer progressivement les


fondements de l’univers ». Le spirituel s’incarne dans l’ « organisme universel » ; sa
manifestation la plus haute et la plus achevée est la pensée humaine car l’homme exprime le
contenu de la pensée, c’est-à-dire les idées éternelles. La « perception intellectuelle » permet à
l’homme de faire l’expérience directe des idées et de fusionner ainsi (à nouveau) de manière
altruiste avec les fondements de l’univers. La théorie de la connaissance du jeune Steiner est
donc à la fois une ontologie et une cosmogonie - un retour à la doctrine prémoderne, à la fois
naïve et réaliste, du réalisme des Universaux : elle a pour but de montrer à l’homme sa
mission et sa place dans le monde par le biais de la réflexion sur soi et doit lui permettre de «
conquérir par le travail de la pensée ce que l’on obtenait naguère par la foi en la révélation : la
satisfaction de l’esprit ».
Le désir de réhabiliter une vision du monde objective et idéaliste explique aussi l’intérêt de
Steiner pour les recherches de Goethe sur la nature : contrairement aux sciences naturelles
expérimentales, basées sur l’analyse de causalité, Goethe était, dans sa morphologie idéaliste,
à la recherche de l’unité universelle de la nature ; il découvrit dans ses phénomènes primitifs
ou dans les archétypes du règne végétal et animal, les manifestations graduelles du spirituel
qui est susceptible de s’exprimer consciemment dans le microcosme que constitue l’homme.
Ce « goethéanisme » métaphysique, avec son anthropomorphisme implicite, est la première
réponse de Steiner à la question romantique fondamentale qu’il se posait : comment est-il
possible de transcender intellectuellement l’intellect afin d’exprimer l’invisible dimension
spirituelle ? Comme les premiers romantiques, Steiner cherche dans sa critique de la
modernité, à réconcilier la science, la religion et l’art, c’est-à-dire à remythifier la culture en
faisant accéder la pensée à l’expérience intuitive du « savoir originel ». Sa deuxième réponse,
qui est moins philosophique et systématique que théosophique et ésotérique est « la science
spirituelle anthroposophique » sur laquelle repose aussi pour l’essentiel son anthropologie
pédagogique.
Il existe en chaque homme un noyau spirituel qui descend des mondes spirituels avant la
naissance pour s’unir à son « enveloppe » physique et psychique ; il s’en sépare à nouveau au
moment de la mort pour se réincarner dans une autre vie terrestre. Lors de sa réincarnation
suivante, et du fait de son karma, c’est-à-dire l’enchaînement des vies successives, âme fait
l’expérience de la récompense ou de la punition pour les pensées et les actes de la vie
antérieure, tout comme dans la doctrine boudhiste de la sagesse.
Dans l’anthroposophie de Steiner, la loi de la réincarnation entraîne une compréhension
radicalement différente de la mort et de la naissance et de l’expérience historique et sociale.
Chez le nouveau-né, nous rencontrons, en tant que parents un être primitif et unique doté de
dispositions innées encore inconnues, qu’il n’est pas encore capable de manifester sous sa
nouvelle forme physique. L’éducation devient un moyen d’aider à l’incarnation, de soutenir et
d’harmoniser la croissance de l’être spirituel pour qu’il prenne sa forme physique qui est
génétiquement et s irituellement déterminée et qui porte dès avant la naissance l’empreinte du
karma. Là où l’on parlait jusqu’alors de « hasard » pour expliquer les événements de la vie,
existe en réalité un réseaude « dettes » non acquittées et de relations remontant à des
existences antérieures.
La deuxième loi du monde spirituel est l’analogie microcosmique : l’homme est le monde à
échelle réduite, un microcosme, et le monde est l’homme à grande échelle, le «
macroanthrope ». La hiérarchie des divisions de la nature - règne minéral, règne végétal,
règne animal et espèce humaine – représente un ordre ascendant vers la spiritualité ; l’être
humain, qui est le couronnement de la création, réunit en soi les quatre formes d’existence ou
« forces cosmiques actives ». De la doctrine de l’être découle également une doctrine de
l’évolution (ou plus exactement de l’émanation) : animaux, plantes, minéraux se sont
progressivement séparés de l’être humain avec lequel ils ne faisaient qu’un ; ils lui demeurent
76

cependant étroitement apparentés. Le monde minéral est pour ainsi dire la partie solide de
l’homme qui est restée au stade saturnien de développement de la terre ; les plantes
proviennent de la partie végétative éthérique de l’homme, qui est restée au stadesolaire, et les
animaux enfin du corps humain du stade lunaire, déjà doté d’une âme animale, mais qui n’est
pas parvenu à aller plus loin dans le processus d’incarnation de l’esprit .
Ces différents règnes de la nature qui ont été éliminés du processus d’évolution de l’homme
se retrouvent aujourd’hui face à lui - non pas comme des éléments étrangers, mais comme des
êtres étroitement apparentés. La médecine homéopathique et la thérapeutique naturelle de
Steiner, ainsi que l’enseignement scientifique et écologique des écoles Steiner, se fondent sur
cette doctrine primitive, prémoderne, de l’unité du Cosmos. Dans l’optique anthroposophique,
la nature de l’homme est présentée comme la combinaison génétique de quatre sortes de
forces ou éléments cosmiques : le « corps physique », seul visible, soumis aux lois
mécaniques du règne minéral ; deuxièmement, le corps « surnaturel » ou corps de vie, caché,
dans lequel opèrent les forces de la croissance et de la reproduction, comme dans le règne
végétal ; troisièmement, le corps « astral » occulte, ou corps sensible, qui recèle les forces
animales que sont les pulsions, les désirs, et les passions, et quatrièmement, le corps humain
individuel qui se réincarne, et qui ennoblit et purifie les trois autres éléments.
Revenons un instant en arrière : la pensée romantique de Steiner qui a commencé, en tant que
théorie de la connaissance faisant référence à Fichte et Schelling, par une auto-intuition
intellectuelle de la pensée, a abouti à une conception anthroposophique occulte du monde
assorti d’une nouvelle mythologie. De la réflexion sur la pensée, on passe à l’hétéronomie
d’une unité magico-mythique du monde dans laquelle le corps humain devient un élément du
processus de salut.
Les fondements anthropologiques de l’éducation
Steiner définit les grands principes de sa théorie de l’éducation entre 1906 et 1909 sur un
mode qui semble de prime abord naturaliste : « C’est de la nature de l’être humain en devenir
que se dégageront comme d’eux-mêmes les points de vue à partir desquels on peut éduquer ».
Cependant, au lieu de fonder, comme Dewey et Montessori par exemple, sa nouvelle
pédagogie sur la psychologie empirique de l’enfant, qui venait tout juste de voir le jour,
Steiner la bâtit entièrement sur son anthropologie spiritualiste cosmique : « Pour connaître la
nature de l’homme en devenir, il faut avant tout se fonder sur l’observation de la nature
cachée de l’être humain ». Pour Steiner le « goethéaniste », l’homme est un microcosme au
sein duquel opèrent toutes les forces ou idées qui déterminent les degrés ascendants de la
nature. Il considère le développement de l’enfant et de l’adolescent comme un processus de
croissance et de métamorphose au cours duquel se développent progressivement et
successivement les forces cosmiques végétatives d’abord, puis les forces animales et enfin les
forces intellectuelles. Selon Steiner, le drame de la crise, de la métamorphose et de la
renaissance se reflète dans la transformation physique de l’enfant qui obéit au rythme
cosmique de sept ans. Précisons clairement que ce rythme est théorique, et qu’à l’heure
actuelle les périodes ont tendances à se raccourcir dangereusement!
A la fin de la première période de sept ans, les forces « surnaturelles » de croissance ont
achevé de construire l’organisme de l’enfant, depuis la pointe des pieds jusqu’à la nouvelle
dentition ; ces forces physiques sont désormais « nées », c’est-à-dire qu’elles se
métamorphosent en forces d’apprentissage, et l’enfant développe ses sens intérieurs - il est
prêt à aller à l’école. Au cours des sept années suivantes, les forces « astrales » encore cachées
de l’âme modèlent le monde des pulsions, des passions et des sentiments. Celles-ci se libèrent
au moment de la puberté et se métamorphosent en capacité de pensée abstraite et de jugement.
Elles aident les forces cachées du moi à atteindre la maturité intellectuelle et sociale qui
intervient à la fin de la troisième période de sept ans, au moment de la naissance du moi.
77

C’est donc dans cette perspective que Steiner conçoit l’évolution au sens platonicien de
processus d’ascension rigoureusement continu : les sens extérieurs se forment en premier
grâce aux activités d’imitation, puis les sens intérieurs grâce à l’imagination créatrice et les
différentes catégories du jugement grâce à la pensée propre, enfin une vision du monde grâce
à la réflexion sur soi-même. Pour Steiner le théosophe, la formation de l’élève est en même
temps un processus de réincarnation. Un « moi » spirituel éternel descend prendre possession
de son nouveau corps et le modèle, également selon un rythme de sept ans, depuis la tête
jusqu’aux mains en passant par le cœur. Au début de la troisième période du cycle de sept ans,
le « moi » spirituel a ainsi pris possession du tout corps entier, jusqu’aux extrémités. La
spiritualisation de l’âme et du monde conceptuel peut alors commencer.
Les concepts d’évolution et de personnalité sont les deux piliers de l’anthropologie
pédagogique de Steiner. Sa conception de la personnalité est, elle aussi, en opposition avec la
recherche en psychologie de l’époque qui suivait une voie empirique : il renouvelle, sur fond
de spiritualisme, la vieille doctrine européenne des quatre tempéraments. Selon lui, on doit
pouvoir classer le caractère particulier de chaque être dans l’un des types de tempérament
définis dans l’Antiquité par Galien : mélancolique, flegmatique, sanguin et colérique. Chacun
de ces quatre tempéraments représente un type psychophysique complet que l’on reconnaît
psychologiquement par le type de stimuli auquel chaque individu est le plus réceptif, et
physiquement par la forme ducorps.
Pour Steiner, un tempérament donné tient à la prépondérance de l’une des quatre forces
cosmiques (physique, surnaturel, astrale ou spirituelle) au cours de la réincarnation 16. L’une
des tâches essentielles de l’éducation consiste donc à équilibrer harmonieusement les
tendances du tempérament en évitant que l’une d’elles ne prédomine.
L’architecture des écoles Rudolf Steiner qui évite l’angle droit, crée un monde en miniature
dont l’organisation reflète la structure cosmique de l’univers. Les élèves et les enseignants
pénètrent dans l’école, comme dans un lieu de culte, par un hall grandiose ; là ils se réunissent
sous un même toit pour former une congrégation qui se rassemble dans la salle de cérémonie
pour les fêtes selon le rythme cyclique des quatre saisons. Comme une cathédrale du Moyen-
Âge, le bâtiment scolaire doit, par son plan, ses proportions, son acoustique, ses coloris, ses
motifs picturaux, l’incidence de la lumière et son orientation par rapport aux points cardinaux,
s’efforcer de favoriser l’élévation de l’âme. Dans les salles de classe, par exemple, la couleur
murs se « développe » de la première à la huitième année de scolarité en suivant les couleurs
du spectre, passant ainsi du rouge au jaune, puis au vert, au bleu et au violet ; de même, les
éléments qui décorent les classes suivent, eux aussi, l’évolution du matériel de lecture utilisé
dans les programmes scolaires des écoles Waldorf, depuis les contes de fées jusqu’à la
littérature moderne.
(Contrairement à son modèle Comenius, Steiner subdivise en outre chaque période de sept ans
en trois périodes de deux années et un tiers chacune). Pendant l’année, le début des quatre
saisons est souligné par des fêtes particulières concordant avec les grands moments de l’année
religieuse(chrétienne), auxquelles on se prépare en classe en étudiant les légendes
correspondantes. Le rythme mensuel est créé par le découpage des matières principales en
période de quatre semaines et par des fêtes ou cérémonies au cours desquelles les élèves
présentent à toute l’école rassemblée les résultats de leur apprentissage. Le rythme de la
semaine est ponctué par le retour de la récitation du verset que le maître rédige à l’intention de
chaque élève des petites classes (de la première à la huitième année) et inscrit dans son «
témoignage » (bulletin) et que chacun d’entre eux doit réciter le matin au début des cours, le
jour de la semaine où il est né ; en outre, les cours de dessin et de peinture ont toujours lieu le
samedi et les réunions pédagogiques le jeudi après-midi et soir. Nous voyons ici la tendance
encore très “naturelle”de l’enseignement Steiner, n’ayant pas été pousé jusqu’à ses buts
ultimes.
78

L’enseignement des sciences naturelles dans les écoles Rudolf Steiner est donc en même
temps une éducation environnementale « globale » Il constitue une tentative pour préserver
aussi longtemps que possible chez l’élève le sentiment du lien entre l’homme et la nature ou,
de le restaurer par un savoir acquis lorsqu’il parvient aux stades ultérieurs de la réflexion.
Compte tenu de ces objectifs, il a indubitablement des points communs systématiques avec les
actuelles contributions de la philosophie de la nature au problème de l’éducation
environnementale.
Contrairement à ce qui se passe dans le monde largement démythifié et pluraliste de l’école
publique, l’éducation et l’enseignement y retrouvent une dimension culturelle, c’est-à-dire à la
fois esthétique, morale et enfin religieuse. Cette orientation métaphysique de la pédagogie
steinérienne découle directement de la vision antimoderniste du monde qui caractérise
l’anthroposophie.

Ce panorama de Steiner et de sa conception de l’éducation, glané sur Internet,nous montre en


tout cas une chose : Rudolf Steiner a été absolument trahi par le mouvement
anthroposophique, de même qu’à une plus grande échelle, Jésus a été complètement trahi par
toutes les églises. Rudolf Steiner n’a jamais oublié l’esprit, alors que l’anthroposophie et sa
fameuse eurythmie se placent au niveau d’une “école de l’âme ayant oublié l’esprit”.

Pistes de recherches
et
Ecole Spirituelle Moderne

Il m’a paru important de faire figurer pour le lecteur sérieusement intéressé par ces problèmes,
des pistes de recherches intéressantes, établies par des chercheurs dont l’objectivité peut
difficilement être mise en doute
La conclusion me semble intéressante, car je la reprend entièrement à mon compte, dans le
sens suivant : tous les aspects psychospirituels doivent être remis à l’honneur, tels qu’ils
l’étaient d’ailleurs par Steiner lui-même, et effectivement imprégner le domaine des arts, des
travaux manuels et de jardinage, des tâches communautaires, et de nombreuses autres
activités développant et privilégiant l’aspect humain sous ses trois aspects : Esprit, Ame et
Corps.
Des circonstances particulières peuvent favoriser l'expression de ce qui " travaille notre
intérieur " et empêche parfois notre épanouissement spirituel. Par exemple l'expression
théâtrale ou toute forme d'expression artistique, à condition qu'elle ne demeure pas une fin en
soi, mais se fasse l'interprète de la flamme de l'âme. Que signifie cela? Malheureusement on
observe de nos jours un malaise dans l’art dramatique. Il n’a plus rien de “pédagogique”, ou
pédagothérapeutique. Or c’est la fonction première du théâtre que de “guérir”. Précisons que
le théâtre était utilisé par les médecins initiés à Epidaure. Pergame fonctionnait de la même
façon. En fait les grecs alliaient théâtre et pédagothérapie biopsychospirituelle. A Delphes
jouxtaient le temple, le stade et le théâtre.
Voici maintenant, car, malgré certaines incompréhensions à propos de Rudolf Steiner, il est
important de le comprendre pour mieux comprendre le concept de pédagothérapie, une
biograpbie sommaire de ce grand penseur et pédagogue:
En 1861, le 2 Février, il naît à Donji Kraljevec , dans la region de Medjimurje , en Croatie,
entre la Hongrie et la Slovénie, fils d’un employé des chemins de fer. Ses parents venaient
d’Autriche. Il passa son enfance et sa jeunesse entre diverses régions de ce pays. De1872 à
1879 il suit une scolarité régulière à Wiener-Neustadt (près de Vienne).
79

De 1875à 1889 Il travaille comme professeur, donnant des leçons particulières, souvent à des
camarades de classe plus particulièrement en Math et sciences. Entre 1879 et 1883 Il achève
ses études de second cycle à l’ Institut Technique supérieur de Vienne (Wiener Technische
Hoschschule). Il étudie aussi Goethe de façon approfondie; De1882 à 1897 Il publie les
ouvrages scientifiques de Goethe pour la "Deutsche National Literatur" edition de
J.Kürschner's.
1884-1890 Il devient tuteur de 4 enfants d’une famille Viennoise. L’un d’eux était
hydrocéphale , soi-disant incapable d’apprendre. Il arrive cependant à lui faire terminer ses
études primaires, et secondaires, puis entrer à la Faculté de médecine. Cet élève mourut
pendant la 1e guerre mondiale. Il mène à bien en 1886 l’édition complète de la "Duchesse
Sophie" des écrits de Goethe. En 1888 , il fait paraître le Deutsche Wochenschrift, magazine
hebdomadaire.
Il travaille à Weimar, de 1890 à 1897 aux Archives Schiller-Goethe, pour l’Edition des
oeuvres scientifiques de Goethe. En 1891 il passe son Doctorat de Philosophie à l’Université
de Rostock, en Allemagne. Publication of the dissertation . En 1894 il rencontre Haeckel et
commence une correspondance avec lui. En 1897 il déménage à Berlin. Il y édite le
“Magazin für Literatur” , où il prend ouvertement position contre l’antisémitisme, et le
“Dramaturgische Blätter” avec O.E.Hartleben. Il participe aux activités de la société d’art
dramatique “Freien dramatischen Gesellschaft”, à la Ligue Giordano Bruno, et d’autres
encore.
De 1899 à 1904 il enseigne à l’école d’éducation “Arbeiter-Bildungsschule”. Il commence en
1900 ses activités de conférencier sur divers thèmes anthroposophiques à l’invitation de la
société théosophique de Berlin. Il y présente le résultat de ses recherches personnelleds en
ésotérisme. En 1902 il est nommé Secrétaire Général de la Société Théosophique e, il
développe une activité intense de conférencier en Allemagne et dans toute l’Europe. Marie
von Sievers devient sa fidèle collaboratrice. En 1903 il fonde le “Luzifer journal”, plus tard
“Luzifer-Gnosis”.
En 1905 Il écrit ses premiers textes sur la triple organisation sociale. Il rencontre Edouard
Schuré en 1906 ; Marie von Sievers a déjà traduit certaines de ses oeuvres. Il organise la
conférence mondiale de la Société Théosophique en 1907 , à Munich, où, pour la première
fois, il introduit les activités artistiques.
De 1910 à 1913 il écrit et dirige la représentation de ses 4 drames des mystères, un par an, à
Munich. En 1912, il introduit l’art de l’ Eurythmie et la Formation du langage.
Il se sépare de la Société Théosophique en 1913 et fonde la Société Anthroposophique. De
1913 à 1923 il construit le premier Goetheanum à Dornach, en Suisse, véritable chef
d’oeuvre en bois. Il se marrie en 1914 avec Marie von Sievers (devenue ainsi Marie Steiner).
Dans des conférences à Dornach, Berlin, and bien d’autres villes en Europe, de 1914 à 1924 il
trace des voies pour le renouvellement de nombreux secteurs d’activités. Ainsi l’ art,
l’education, les sciences, la vie sociale, la médecine, la pharmacologie, la thérapie,
l’agriculture, l’architecture et la théologie.
En 1919 Rudolf Steiner multiplie et intensifie ses activités d’écrivain et de conférencier, à
propos de ses idées sur le renouvellement social , le triple Commonwealth, principalement en
allemagne du sud. En 1920 c’est le premier cours pour médecins , amorce de l’ application de
ce qui devint la médecine anthroposophique. En 1921, fondation de l’hebdomadaire "Das
Goetheanum" , auquel il contribue régulièrement; ce journal continue à être édité. Création de
la première clinique Anthroposophique , à Arlesheim, près de Dornach, par Ita Wegman; cette
clinique continue à opérer : la “ Ita Wegman Klinik”.
1922 Le mouvement de renouvellement religieux "La Communauté Chrétienne ", est mis en
place par des ecclésiastiques d’après son orientation . A la veille du nouvel an, le Goetheanum
80

est victime d’un incendie criminel. Le jour suivant, Rudolf Steiner continue son cycle de
conférences ...
En 1923 est mis à l’étude le plan du deuxième Goetheanum, en gypse , réalisé entre 1925 et
1928 après sa mort. Il est maintenant en béton renforcé). Pendant la conférence de Noël fut
créée la nouvelle Société Anthroposophique.
Entre1923 et 1925 il publie chaque semaine son autobiographie dans le “Das Goetheanum” .
Elle demeurera inachevée. En cooperation avec Dr. Ita Wegman, il écrit le livre de Médecine
Anthroposophique.
1924 C’est le cours d’agriculture à Koberwitz , d’où est issue la culture bio-dynamique . Puis
un cours sur la pédagogie curative, base de ce champ d’application de l’ Anthroposophie.
Après une intense activité de conférences et de cours dans les derniers mois, sa dernière
conférence le 9 Septembre devant les membres de la Societé, c’est le début de la maladie qui
allait le terrasser.
1925 Il meurt à Dornach le 30 Mars . Son oeuvre comprend plus de 350 titres.

--------------------------------------------------------------------------------
Il est intéressant de remarquer la séparation d’avec la théosophie, à l’instar de Krisnamurti,
qui dut de plus dissoudre l’ordre de l’étoile pour commencer son oeuvre spirituelle.
--------------------------------------------------------------------------------
Il y a des instants, dans l’histoire du monde, où les temps sont mûrs et où il est possible
d’oeuvrer avec fruit et de tendre une main secourable à une multitude de gens. A certains
tournants, le long des siècles, des possibilités sont mises en œuvre pour que l’homme réponde
à l’appel qui lui vient de l’Absolu et suive sa véritable vocation. Ainsi l’Ecole Spirituelle
Gnostique de la Rose-Croix d’Or commença son travail dans les domaines du temps le 24
Août 1924, au cours d’une première sobre et modeste réunion.
Les deux frères, Jan Leene et Z.W. Leene, acceptèrent de s’atteler à la tâche. Ainsi, parmi la
multitude des systèmes occultes et mystiques, une orientation indéfectible sur le but unique
leur fut nécessaire pour marcher dans la seule bonne direction, devant un groupe d’élèves
restreint mais sans cesse croissant, en s’attachant aux possibilités présentes en l’homme.
Il parut alors inévitable que l’Ecole Spirituelle passe par une phase occulte. Dans un don total
d’eux-mêmes et guidés par l’amour du prochain, ils étudièrent les lois cachées de la vie.
Beaucoup, en particulier ceux quivenaient de divers milieux religieux, durent établir en eux
des bases de réflexion plus vastes. D’autres, venant de milieux occultes, durent associer leurs
possibilités à une vision de la vie centrée sur le Christ.
“Au cours de sa grande marche évolutive, l’humanité a toujours été accompagnée, stimulée et
aidée, afin de s’épanouir en harmonie avec le but, (extraits de “La Rose-Croix Vivante” 24
Août 1989, Rozekruis Pers - Haarlem - Pays Bas) raison fondamentale de son existence. Une
chaîne de Fraternités a toujours assisté l’homme à n’importe quelle phase de sa manifestation
et quelle que soit l’époque où il vivait, croissait et développait sa conscience.
Le Lectorium Rosicrucianum ou Ecole Internationale de la Rose-Croix d’Or, débuta à
Haarlem, aux Pays-Bas, où setrouve actuellement son quartier général. Ses origines remontent
bien à l’année 1924, quand les frères Leene (Z.W. Leene 1892 - 1938) et Jan Leene (1896 -
1968) adhérèrent à la section hollandaise de la “Rosicrucian Fellowship” de Max Heindel (lui-
même élève de Rudolf Steiner), fondée en 1909 à Oceanside en Californie, et déjà en son
déclin.. Les deux frères devinrent rapidement des figures de premier plan et en 1929
dirigeaient la section hollandaise. Ils forment un groupe indépendant : La Société
Rosicrucienne. Dès 1930 Catharose de Petri -1902/1990-(Mme Stok-Huyser) se joindra à ce
travail purement spirituel.
J. van Rijckenborgh et Catharose de Petri, dès 1935, fondèrent un mouvement Rosicrucien
indépendant.
81

Z W Leene mourut en 1938, mais J Leene and H. Stok-Huizer continuèrent le travail spirituel
entrepris
Pendant la deuxième guerre mondiale, les activités de l’école spirituelle furent interdites mais
ne s’arrétèrent jamais, quoique sous une autre forme. Après la guerre, le travail devint
purement “gnostique”, et prit donc un chemin spirituellement beaucoup plus radical.
C’est au cours de cette période d’après guerre que les écoles J.V.R. (1960 à peu près) se
développèrent aux Pays-Bas
Une abondante littérature vit le jour dès 1946 à commencer par les textes de “la pierre
angulaire”, cad Dei Gloria Intacta, Philosophie élémentaire de la Rose-Croix, La Gnose
Universelle, Un Homme Nouveau Vient ...
L’Ecole spirituelle Gnostique, dès 1945, émerge donc de l’après-guerre grandie et purifiée.
Les activités de l’école se répandent rapidement dans lemonde entier, bien audelà dela
frontière hollandaise. A l’heure actuelle, on trouve des centres de l’école aussi bien en
Afrique (Cameroun surtout), qu’en Amérique du Nord etdu Sud (surtout), en presque tous les
pays Européens, en Russie, en Australie, et en Nouvelle Zélande. Depuis la mort des
envoyés,le Lectorium Rosicrucianum est dirigé par une Direction Spirituelle Internationale de
douze membres.
Dès le début des Ecoles J.V.R., ses fondateurs suggérerent bien peu de choses dans le
domaine éducatif. Quelques allusions à la pédagogie parsèment leurs oeuvres. Si l’on veut des
détails plus précis concernant le développement de l’Ecole Internationale de la Rose-Croix
d’Or et donc de la vie des envoyés, je renvoierai par contre au livre “Le triomphe de la
Gnose”, paru aux éditions du Pélican.
Ceux qu’ils avaient choisi pour mener à bien cette tâche étaient à la hauteur de la réaisation à
accomplir. Ils développèrent une réflexion sur la base des “Quatre piliers de l’éducation”,
dénommés brièvement, développement des capacités d’expression, biosophie, devenir humain
véritable, et développement des capacités (lire écrire, compter, etc...). Ces aspects sont
développés, puisque je les ai pratiqués et adaptés à desclasses plus âgées que celles pour
lesquelles elles étaient prévues, à divers endroits de ce livre. On peut aussi relire avec fruit
quelques articles de la revue éditée avant le “Pentagramme”, autrement dit “La pierre du
sommet” consacrés à ces écoles J.V.R. Tout ceci touche aux problèmes de l'éducation dans
leur ensemble.
Revenons à Comenius
Nous avons déjà fait quelques citations. Nous aimerions approfondir un peu et développer
les conceptions et la vie de ce grand philosophe , pédagogue et spirituel. Plaçons tout de suite
notre travail sur le haut plan spirituel où voulait se situer l’auteur lui-même. Dans le livre " Le
Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur ", il met l'accent sur la nécessité et la douceur de
l'ouverture du cœur, et touche à la fois à la vie intérieure et extérieure vu “vrai chrétien”, et
donc indirectement à l’éducation en tant que chemin vers l’état d’être décrit (à propos de la loi
intérieure des chrétiens ; chap.44 Le Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur) :

" Tout est lumineux et facile pour ceux dont le cœur est ouvert à Dieu

Ils ne trouvent pas qu'il soit difficile de se conformer à une telle règle; au contraire c'est pour
eux un plaisir et une joie, alors que dans le monde, les hommes ne s'y conforment qu'à contre
cœur puisqu'ils y sont contraints. Car en ses serviteurs Dieu a changé leur cœur de pierre en
cœur de chair, docile et parfaitement soumis à sa volonté. Tous les obstacles que le diable a
mis sur leur chemin avec ses suggestions rusées, avec le monde et ses exemples de corruption,
avec la chair et sa propension naturelle à se détourner du bien, ils ne s'en occupent pas; et ils
éloignent le malin par leurs prières continues, ils se protègent du monde avec le bouclier de
82

leur ferme détermination, et ils imposent à leur corps obéissance avec le fouet de la discipline.
Et c'est avec joie qu'ils continuent d'accomplir leurs devoirs.
L'Esprit du Christ qui habite en eux renouvelle leurs forces afin que la bonne volonté ne leur
fasse pas défaut et qu'ils ne manquent pas à l'accomplissement de leurs tâches (dans les
limites de leurs possibilités). J'ai vu qu'en réalité servir Dieu de tout son cœur n'était pas une
corvée mais une joie; et j'ai compris que ceux qui trop souvent invoquaient l'excuse de la
faiblesse humaine, n'appréciaient pas la puissance et la force que donne la nouvelle naissance,
et sans doute n'en avaient-ils jamais fait l'expérience; mais c'est leur affaire.
Parmi les Chrétiens, je n'en ai trouvé aucun qui défende ses péchés en alléguant la faiblesse de
la chair, ou qui excuse une action vile en invoquant la bassesse de sa nature humaine. Mais là
j'ai observé que quiconque avait totalement réduit son cœur à celui qui l'a créé, racheté, et
sanctifié pour son Temple, retrouvait peu à peu la liberté de tous ses membres pour suivre et
aller dans la direction indiquée par Dieu. Ô, Chrétiens, qui que vous soyez, libérez-vous des
entraves de la chair; découvrez, expérimentez, et apprenez que les obstacles nés de votre
imagination ne peuvent s'opposer à votre volonté, pour peu que vous soyez sincères."

Comment concilier les exigences de l'éducation avec une telle vision de la vie ?

Comenius est né au sein de la communauté des Frères Moraves, à la fin du XVIe siècle, dans
un monde où, comme de nos jours, de plus en plus de protestations s'élevaient contre la
corruption. L'Ordre de L'Unité, autre nom de cette communauté, avait atteint un niveau
culturel inégalé pour l'époque. Chaque paroisse possédait une école, et les imprimeries y
étaient plus nombreuses que partout ailleurs en Europe. En témoigne une des premières bibles
en langue vernaculaire, la Bible de Kralicka.

Approche de Comenius:
Dans la plus pure tradition classique, Comenius est né en 1592, à Uhersky-brod,
d'autres disent à Niwnice, au sein de la communauté des Frères Moraves, ou Frères de
L'Unité. Depuis le 13é siècle un courant spirituel authentique était à l'œuvre en nos contrées.
Après une "courte période d'obscurcissement", (Rudolf Steiner y fait allusion dans son
allocution du 27/9/1911) , une loge spirituelle s'était constituée au cœur de l'Europe. Ce
Cercle rassemblait la synthèse des sagesses Atlantéennes et post-Atlantéennes, et la sagesse
plus spécifiquement "scientifique"(appelée à l'époque philosophie ou connaissance naturelle).
Alors eut lieu un événement qui ne pouvait avoir lieu qu'une fois dans l'histoire : le treizième,
une individualité (précise Steiner), qui avait été en incarnation au temps du Mystère du
Golgotha, reçut la somme de toute cette connaissance et la redistribua à tous les autres sous la
forme d'un "christianisme vécu". Son corps s'amplifia en transparence et disparut au yeux des
hommes.
Simultanément et progressivement, souvent attaquée, resurgissant chaque fois avec plus
d'intensité, cette nouvelle force commença à se dévoiler à l'Europe (prudemment, vu le danger
de l'inquisition qui planait toujours).
Elle se déploie aujourd'hui au grand jour...
La Rose-Croix, déjà active du temps des Cathares, bien que de façon très discrète, commença
à se manifester dans des groupes tels que les Vaudois, les Patarins, et les Fidèles d'Amour. En
Allemagne, en Suisse, en Lorraine, et en Franche-Comté, c'étaient les Vaudois qui tenaient le
flambeau de la spiritualité renaissante. Les Frères du Libre Esprit, comme tous ces pionniers,
étaient justifiés par une haute moralité et des exigences sur eux-mêmes qui primaient toutes
les apparences. Maître Eckhart nous a laissé de très beaux textes, en particulier sur le
détachement, qui s'adressent à ceux qui désirent sincèrement retrouver l'état d'homme
vrai :"Deus ex Homo".
83

La Bohême était, au XIV-XVe siècle, imprégnée de cette auto-révolte, de cette recherche de


la liberté spirituelle en dehors de l'orthodoxie romaine, en quête de la vérité d'un état d'être
vécu, absolu.
Charles IV, dès son avènement en tant que roi des Romains, renforça ce pays jaloux de son
autonomie. La pensée put commencer à s'y exprimer dans des conditions meilleures que dans
bien des endroits d'Europe. Bientôt le nominalisme parisien y subissait les attaques du
réalisme de Wycliff. Ce fut la crise du grand schisme. Scandalisé par les contradictions entre
les discours et les comportements des prêtres, Jean Hus osa exprimer la voix d'un
christianisme véritablement évangélique, de façon très discrète et prudente. Il prit le parti des
pauvres, prônant le retour aux purs principes évangéliques et de comportement du début du
christianisme. C'est de la branche pacifiste des disciples de Jean Hus que naquit la
communauté des Frères Moraves, sous l'inspiration de Chelcicky, lui même Vaudois. Ce fut
bientôt L'Unité des Frères, qui fit sentir son influence sur toute la Bohême-Moravie.
Vers la fin du XVe siècle, L'Unité comptait près de quatre cent communautés et plus de cent
mille fidèles. Ce sont eux qui composèrent la "Bible de Kralice", en tchèque, en 1582 , une
des premièrs bibles officiellement traduite du latin, dont on retrouva un exemplaire au XXe
siècle, sous les décombres d'une église.
Comenius vécut une enfance heureuse et paisible. La répression qui accompagna la
"recatholicisation", dans cette région, dangereux bastion de liberté pour l'autorité romaine,
obligea la communauté à émigrer en Pologne. Jan Amos fut rapidement remarqué par les
Frères et Sœurs (Parfaits) de la Fraternité et reconnu, bien après ses études (et sa rencontre
avec un évêque Vaudois qui scella sa mission universelle), vers 1630, comme l'envoyé qui
devait prendre la suite de la "première vague" de la Rose-Croix.
Sa vie fut d'abord, jusqu'en 1628-29, recherche et approfondissement, de même qu'expérience
et apprentissage. Au cours de ses études, il rencontra les œuvres de Jean Valentin Andreae. Il
eut connaissance de l'existence de la Fraternité de la Rose-Croix dès 1613-1614, à Marbourg
ou à Heidelberg. Il a dans ses écrits rendu hommage à des "frères en esprit", tels que
Théodore Zwinger, Francis Bacon, Alsted, Johannes Arndt, Campanella, ou Wolfgang
Ratichius. Mais Comenius désigna Andreae comme première source inspiratrice de ses
"Considérations sur la Pansophie". Citons ici quelques passages de l'avertissement aux
lecteurs de "La Grande Didactique" (2) , et du "De l'utilité de l'art d'enseigner" de J.V.
Andreae, qui se trouve placé immédiatement après :
" … 9) Mais dans ce siècle naissant, Dieu a envoyé récemment la promesse d'une aurore qui a
poussé en Allemagne quelques hommes de bien, dégoûtés par les méthodes utilisées dans les
écoles, à rechercher une voie plus rapide et plus aisée pour enseigner les langues et les arts.
D'autres ont suivi, à leur tour suivis par d'autres qui ont obtenu de bons résultats …
10) J'entends ceux de Ratke (Ratichius), Lubin, Helwig, Ritter, Bodin, Glaum, Vogel,
Wolfstirn, Mais surtout de Jean Valentin d'Andréa qu'il aurait fallu citer en premier, lui qui
perçut aussi bien les maux de l'Eglise et de l'état que ceux des écoles et qui, çà et là, proposa
des remèdes. …
13) Aussi, désireux de me renseigner plus complètement et plus précisément, j'écrivis à un,
puis deux, puis tous les auteurs précités. Ce fut en vain.…
14) Seul l'éminent Jean Valentin d'Andréa me répondit. Il me donnait quelques
éclaircissements et il m'encourageait même dans la hardiesse de mon entreprise. Ainsi
stimulé, … un ardent désir du progrès de tous me contraignit à tenter l'aventure…
et
" … Le fait qu'une didactique soit correctement établie importe :
1) Aux parents qui jusqu'à présent ne savaient pas ce qu'ils devraient espérer de leurs enfants.
Ils les guidaient, les fléchissaient par des prières, les charmaient par des cadeaux, les
transformaient même totalement, le plus souvent sans fruit. …
84

2) Aux maîtres dont la plupart n'ont pas eu une claire connaissance de l'art d'enseigner et, pour
cette raison, malgré leur bonne volonté, se minaient et épuisaient leurs forces dans un zèle
laborieux pendant que d'autres changeaient de méthode au hasard des résultats non sans perte
fastidieuse de temps et d'efforts.
3) Aux élèves, pour qu'il puissent atteindre le sommet des sciences sans difficultés, ennuis,
cris et coups, mais comme par jeu et plaisanterie.
4) Aux Ecoles qui, une fois leur méthode réformée, pourront non seulement se maintenir
vigoureuses mais s'accroître à l'infini. Car ce seront véritablement des écoles, demeure
remplies d'attrait. Et lorsque (parce que la méthode est infaillible), on fera de n'importe quel
élève qui le veut un docteur … les directeurs compétents ne pourront faire défauts, …
5) A la République, suivant le témoignage de Cicéron …et de Diogène le Pythagoricien :
"Quel est le fondement de toute République? L'éducation des jeunes gens, car jamais n'ont
produit de fruits utiles les vignes qui n'ont pas été cultivées avec soin".
(…) On retrouve ici à peu près le schéma de la "Consultation Universelle…" dont nous
parlerons plus loin, puisqu'il continue en parlant de la réforme de l'Eglise en tant qu'Ecclesia
Universelle.
En 1629, à la suite d'un échange épistolaire où Andreae se montre peu désireux de retourner
"dans l'arène du combat", celui-ci propose de lui transmettre le flambeau de l'ordre tout entier
(3). Il l'accepte. Parallèlement à ses activités d'enseignement au service de la Communauté
des Frères Moraves, prélude à sa conception universelle d'une éducation libératrice, il peut
approfondir les idées de la Fraternité. En 1633, l'enseignement de l'Ame du Monde et des trois
composantes de l'homme (corps, âme, esprit) est utilisé dans son "Synopsis d'une physique
réformée à la lumière divine", comme Paracelse l'avait fait auparavant. On retrouve là les
idées de Robert Fludd (la lumière comme troisième principe cosmique à côté de la matière et
de l'esprit). Il fut toute sa vie en butte aux critiques et persécutions, et préféra ne pas se poser
ouvertement comme le chef de l'ordre, après l'échec de la tentative Londonienne.
La souffrance de l'homme-microcosme ne provient pas de la personnalité dans son état
actuel. Notre souffrance, quand elle n'est pas la douleur animale, est la perception, consciente
ou inconsciente de cette souffrance microcosmique qui dure depuis si longtemps. A quoi est
dû cet état de fait. Eh! bien, on peut facilement retrouver cette réalité dans tout l'enseignement
universel, en particulier chez Comenius, parce que, dans un lointain passé, l'homme
microcosme, l'homme véritable d'antan qui nous appelle à la reconstruction de l'homme
originel, a mésusé de sa liberté, par un comportement égocentrique. Il a ainsi provoqué une
catastrophe aux multiples conséquences. En particulier, pour sa propre protection et celle du
tout, ce fut la privation des véhicules qui lui permettaient d'évoluer dans les domaines
cosmiques supérieurs. Précisons ici que ce que l'on appelle couramment conscience cosmique
n'est que la conscience se rapportant au mieux aux domaines supérieurs limites du septième
domaine cosmique. Cette catastrophe est décrite en termes modernes dans "Le Mystère de la
Vie et de la Mort", par Jan Van Rijckenborgh, héritier de cette tradition gnostique, dont voici
le résumé d'un extrait :
"… La structure du microcosme est semblable à celle d'un atome (…) dans son centre, deux
noyaux (ou âmes) tournaient l'un autour de l'autre à grande vitesse, le troisième tournait en
décrivant un large cercle autour des deux autres. (…)Les deux noyaux centraux sont dans un
rapport positif-négatif, masculin-féminin. Le troisième est neutre, c'est le facteur de liaison et
d'apport dans le microcosme. Sur cette trame se forme un système, un petit cosmos. Celui-ci
pouvait vivre et se manifester en harmonie avec le tout grâce à son orientation en tri-unité,
centrifuge et non pas centripète. C'est grâce au non-être, grâce à un service impersonnel, à un
oubli de soi dans la manifestation que toutes limitations étaient transcendées.
Mais un certain nombre de ces hommes-microcosmes tournèrent leur regard vers l'intérieur.
Les rapports magnétiques furent déséquilibrés. Une explosion cosmique s'ensuivit, qui fit que
85

l'un des deux noyaux fut expulsé et périt dans l'espace. Ce fut la séparation des sexes. Les
conséquences de cette catastrophe furent tragiques. A force de vouloir réaliser notre propre
royaume, nous sommes ainsi tombés dans l'espace-temps, et ce que nous voulions tant
conserver pour nous, par cela même nous fut retiré."
Et nous nous retrouvons, à cette aube du XXIe siècle, à un "moment" bien particulier de la
chute dans l'espace-temps, chute qui pourrait se transformer en remontée pour ceux et celles
qui le désirent vraiment. Cette " partie " du plan doit nous aider à opérer la reconstitution de
ce microcosme vidé. En effet, après avoir travaillé pendant des million d'années directement à
la constitution d'un univers et de personnalités qui pourraient collaborer à ce travail, les forces
universelles à l'arrière-plan de notre monde vont , et cela est déjà un fait depuis le début du
XXe siècle, commencer à se retirer et laisser l'humanité à elle-même, quelles que soient les
souffrances que cela pourra impliquer. En effet, on apprend seulement par le développement
progressif de l'autonomie, et nous possédons, comme le disaient déjà les grands en esprit au
XVIIe siècle, s'adressant à un public choisi, tous les éléments en nous-mêmes, bien qu'ils
soient plus ou moins latents. Ils ne pourront se manifester de façon positive que par la
pratique.
Un des aspects de la tâche de l'humanité actuelle est donc de parvenir (et un nombre non
négligeable d'entre nous en sont déjà là) à cet état d'être limite (en liaison directe avec
l'humanité-âme du sixième domaine cosmique, et non avec les sphères limites supérieures du
septième, extrêmement piégeantes), où nous pouvons comprendre ces choses :
1) Je suis incomplet, inachevé, inaccompli par rapport à l'état d'être humain véritable.
2) Avec les organes dont je dispose dans leur état actuel de développement, il m'est
impossible de passer "de l'autre côté de la frontière"
3) Seule une révolution intérieure et extérieure me permettra d'accomplir la "réformation",
puis la "transformation" de mon être entier, comme le formulaient les Cathares.
La question lancinante qui nous reste est donc : "Comment réaliser ces choses?" Et c'est à
cette question que Comenius et ses amis tentent et tenteront de répondre jusqu' à ce fameux
règne des mille ans, double métaphore indiquant soit une civilisation gnostique, soit l'état de
l'humanité au moment où tous et toutes auront compris et réaliseront concrètement ce travail
universel. Et pour préparer l’homme à ce travail à la fois très simple et titanesque,une
éducation appropriée est nécessaire.
On retrouve, dans les grandes lignes de force de son travail, projetées pour l'humanité
présente et à venir, tous ces aspects. Dans l'introduction à son œuvre capitale, la "Consultation
Universelle pour l'Amendement des choses Humaines" (toutes les citations formulées dans ce
travail sont provisoires, notre équipe de traduction étant loin d'avoir achevé son travail, et
seule "La grande didactique " et Le Labyrinthe...” étant disponibles en librairie ), qui constitue
une "adresse aux Lumières de l'Europe, hommes savants, pieux, éminents" , nous pouvons lire
:
"…demeurent les confusions liées à la vie du monde, comme toujours…
4 - Qu'est-ce qui nous empêche donc de tenter de savoir si vraiment des énormités aussi
diverses, aussi absurdes, aussi funestes, peuvent en général être corrigées par quelque moyen
et enfin, à la fin des fins, enlevées un jour ou l'autre du genre humain, de façon universelle et
définitive…
6 - …ce qui vient à la compréhension … et du désir que nous avons de cet amendement.
Le problème est de parvenir soi-même à l'accomplissement de cette tâche et de guider en
même temps autrui, en toute discrétion, sans se sous-estimer ni se surestimer. En effet, quand
un être humain est parvenu à se rapprocher du but ici entrevu, il s'intègre logiquement à une
chaîne de la libération, où chacun est non seulement tenu, mais ne peut faire autrement que
d'apporter sa contribution au "grand œuvre alchimique". Ainsi ce n'est que si nous nous
élevons au-dessus de ce monde, en ne lui appartenant plus, que son ordre originel pourra être
86

rétabli, puisque l'ordre espace-temps ne fut créé que pour remédier à la situation engendrée
par la catastrophe évoquée dans les principaux mythes fondateurs de l’humanité.
Il s'agit donc de modifier notre attitude face à ce monde, de nous en détacher, de le vaincre, de
la façon la plus radicale qui soit, en ne le désirant plus, en plaçant notre aspiration dans la
réalisation de cet état d'être qui nous permettra de quitter ces ternes champs de la mort et de
réintégrer les domaines de l'humanité véritable. Il n'est donc pas question de lutter contre ce
monde, ni de prendre parti pour tel ou tel système d'organisation de celui-ci, non, comme
disent les soufis "il est temps de quitter ce monde", ou dans la Bible : "levez-vous, partons
d'ici".
Et nous devons ici être très vigilants, faire très attention à ne pas demeurer dans la théorie et le
dogmatisme, si séduisants qu'ils soient. La maîtrise de soi et la victoire sur soi ne pourront
être atteints qu'en commençant par une lucide et positive connaissance de soi. Il s'agit de
laisser surgir une nouvelle volonté, un nouveau désir, une nouvelle pensée orientés
exclusivement sur le but libérateur. Pour l'ancienne conscience, cela se traduira par un non-
désir, un non-vouloir, et une non-pensée. Nous deviendrons progressivement neutre par
rapport à ce monde, repoussant naturellement et sans forcer tout ce qui pourrait entraver le
processus libérateur, et attirant les nourritures adaptées à la croissance psychique et spirituelle
qui permettra le changement de nature envisagé par Comenius et ses amis.
Cela a l'air très simple, en effet. Mais notre sang, notre être tout entier, du plus dense au plus
subtil, comme notre champ de vie actuel, est tellement imprégné de l'esprit de la lutte pour la
vie et de l'auto-conservation qu'il va falloir procéder de façon très radicale quoique prudente,
à commencer par nous même, pour ne pas tomber dans l'imitation et dans l'artifice. Il est vrai
que cela est probablement inévitable quand le changement de notre nature n'est pas encore
suffisamment avancé, mais nous devrons développer le discernement nécessaire et le
dynamisme qui nous permettrons de surmonter les obstacles. Nous possédons, il est vrai, cette
petite voix, ce libre-arbitre dont nous avons fait un usage si funeste, mais il s'agit de
développer la capacité d'écoute, de conscience et de responsabilité, suivant le principe qui
reviendra encore à plusieurs reprises "Savoir, Oser, Vouloir, Agir."
Nous voyons que nous nous trouvons placés devant une tâche ardue. Comment faire donc,
quel combat mener, sans lutte ni héroïsme déplacé ? Comment la foi suffisante, nos
possibilités latentes, non encore manifestées et la maturité d'âme capable de déceler, de
discerner en nous-mêmes et autour de nous pourront-elles se développer. Il va bien falloir
apprendre, non seulement à écouter la petite voix intérieure, mais aussi à lui être fidèle, car si
nous lui obéissons, elle nous servira de compas infaillible.

Contexte historique et lignée spirituelle

Précisons tout d'abord que nous sommes au commencement de notre travail. Nous n'avons pu
prendre connaissance de l'œuvre de Comenius que de façon très parcellaire, puisque seule "La
Grande Didactique" est disponible en librairie. Nous avons achevé la traduction de "Le
Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur" . Actuellement, nous avons esquissé la
traduction de "l'Ecole de l'Enfance". "Via Lucis" et "Unum Necessarium" sont traduits. En ce
qui concerne la "Consultation Universelle pour l'Amélioration des Choses Humaines", on
attend de courageuses bonnes volontés.Ceci dit tous ceux qui perçoivent la voix intérieure et
décident de faire de la petite étincelle qui gît au cœur de tout être humain une flamme, sont
appelés à reprendre le flambeau du chemin qui mène à l'état humain divin. Ainsi ils sont
appelés à comprendre de l'intérieur le projet révolutionnaire de tout travailleur spirituel
authentique, par delà les siècles, donc en particulier celui de Comenius et de ses amis.
87

Essayons tout d'abord de mettre en relief le courant de pensée et de vie dans lequel s'inscrit
notre héros. Nous pourrons réaliser par la même occasion à quel point la philosophie,
(théophilosophie, biosophie) ou pansophie, selon l'expression même de Comenius, sont et
resteront encore longtemps d'une brûlante actualité. Ce travail, au fond n'a pas eu de
commencement, et n'aura donc pas de fin. Il se situe à la fois dans l'espace-temps et hors de
l'espace-temps.
Il s'agit bien d'une révolution intemporelle, d'ordre purement spirituel. C'est pourquoi elle
comporte tant d'aspects concrets et la réalisation logique, par voie de conséquence indirecte,
d'une société radicalement autre que celle dans laquelle nous vivons. Car c'est là un des
critères secondaires de ce type de travail : à partir du moment où un nombre relativement
restreint d'individus décident de mener à bien cette révolution, manifestée tout d'abord de
l'intérieur et ensuite dans l'entourage proche, une réaction en chaîne scientifiquement
explicable se déclenche et donne naissance aux plus belles civilisations de l'histoire.
En ce sens l'avenir est entre nos mains, et les lignes de force, qui préexistent et furent
actualisées pour notre ère et la suivante, restent à accomplir par tous ceux qui le veulent
vraiment. Chaque homme ou femme de notre siècle est appelé, par son nom, à l'approche du
chemin d'auto-réalisation de l'homme véritable, dans le vocabulaire de Comenius "à l'image
de Dieu". Il pourra ensuite, s'il le désire, et après un certain temps de préparation, se mettre au
service du monde et de l'humanité, dans le sens où cette auto-réalisation, cette autolibération,
que l'on appelle dans la tradition chrétienne la résurrection, le mettra en état de répandre
intelligemment les valeurs et les forces du nouveau champ de vie dont il deviendra ainsi un
citoyen.

De tout temps et provenant d'un "immémorial" difficile à saisir, toujours d'actualité, une
vague de fond tente de déferler sur l'humanité, balayant tous ses petits conditionnements
mesquins. C'est comme un rayon de soleil qui vient éclairer tout ce qui grouille au fond du
puits. L'homme est alors appelé à quitter cette maison de servitude, c'est à dire à s'élever au-
dessus de l'espace-temps. Encore prisonnier de sa conscience-moi, il commence à voir les
obstacles qui s'interposent entre lui et cet autre état d'être qu'il pressent. La conscience-âme
est encore latente, a fortiori la conscience psychospirituelle au service de l'absolu, du parfait,
de l'universel multiple. Pourquoi universel multiple? Selon les taux vibratoires avec lesquels
nous sommes en relation, on peut distinguer dans le macrocosme sept domaines cosmiques.
Nous vivons actuellement dans une toute petite partie du septième domaine cosmique,
domaine que Jacob Boehme appelle 'l'univers de la mort. Notre tâche première, dans l'état
actuel des choses, est d'apprendre à connaître et à forer le passage qui nous permettra de
réintégrer le sixième domaine cosmique, ce qui implique une libération de l'espace-temps..
Nous avons du mal à nous représenter ce que signifie la libération de l'espace-temps. Pourtant,
on peut en donner une explication simple: "Tout l'univers astral, si nous l'explorions tout
entier, s'inscrit dans une gamme de vibrations comprise entre environ 450 et 700 quintillions
de vibrations par secondes, donc des longueurs d'ondes de 6,5 à 4,5 cm environ. Dès que nous
dépassons ces limites vers le haut, au-dessus de 800q. par secondes, et de plus en plus, à un
moment donné, le facteur espace-temps cesse de nous affecter. Un nouvel état se développe,
que l'on peut approcher par la notion d'éternité". (1) -cf. J.V.Rijckenborgh. Gnose Originelle
Egyptienne T.1.

Tout vient d'Egypte pour nous, issus de la civilisation Européenne ou occidentale,.( Une
bonne partie de la civilisation africaine, en particulier le peuple Peul, y trouve aussi certaines
racines et influences).Et ce n'est pas un hasard si les gnostiques, véritables chrétiens, vivaient
en Egypte ou à proximité, au début de l'ère des Poissons. Par la rupture avec la source, avec
le pneuma ou souffle spirituel, un de ces groupes se coupa, se détacha du tronc-mère. Pour ce
88

groupe, la seule solution devint alors la recherche de pouvoir pour asseoir une autorité
extérieure. Et les persécutions commencèrent. "Par amour", on pourchassa, détruisit, en
utilisant les techniques raffinées et barbares de l'inquisition.

Mais les Marcionites, les Sethiens, les Valentiniens et tous leurs frères, dont on commence à
connaître la vie et la doctrine grâce aux textes découverts à Nag Hammadi (cf. Wautier),
réussirent à maintenir la tradition révolutionnaire suffisamment longtemps pour qu'apparaisse
Mani, le" sceau des prophètes". Il réussit, après maintes pérégrinations, à instaurer une unité
de recherche, d'orientation, et d’éveil absolu très structurée, qui se répandit de l'Afrique à la
Chine, touchant plus d'un million d'individus, sur une durée de presque 1000 ans. Là aussi,
l'occultisme d'état des mages persans fut fatal. Celui que les orientaux appelaient le Bouddha
de Lumière fut tué dans des circonstances atroces. Il est à noter que quelques textes qui nous
restent ont été traduits en Français (surtout les Psaumes et les Kephalaia), sous la direction de
Mr François Favre, et ont paru, avec des commentaires, aux éditions du Septénaire, sous le
titre : " Mani, Bouddha d'Occident ou Christ d'Orient ? ".

Les manichéens, tels Faustus de Milève, continuèrent encore le Saint Travail, et furent
également combattus par l'église qui usurpa le nom de "catholique" (universel). L'intégriste
Augustin créa le concept de guerre sainte, commettant la même erreur que les intégristes
musulmans contemporains avec le concept de "Djihad". Tous ceux qui cherchent vraiment ont
bien entendu compris l'erreur : "Celui qui se vainc lui-même est plus fort que celui qui prend
une ville". Cet adage ne peut pas être plus clair. La guerre sainte est évidemment l'auto-
révolution qui nous permet de nous vaincre nous-mêmes et non pas un type de folie
convertisseuse violente et ne reculant malheureusement devant aucun "sacrifice" (2) - cf.
Saint Augustin et le manichéisme, au vu des gnostiques des temps présents. Patrick Texier.
Cercle Ernest Renan et Cahier d'études Cathares.
Puis, le manichéisme s'éteignit (selon les notions espace-temps) et s'éleva dans l'absolu,
quittant ce monde, qu'il avait tant contribué à réveiller par son énergique cosmologie. Les
manichéens étaient extérieurement dualistes. Mais à l'intérieur, dans le groupe des "élus", on
savait que dualisme et monisme ne sont pas contradictoires. De la même façon la gnose
hermétique est extérieurement moniste, mais elle comporte des éléments parfaitement
dualistes.
Les bogomiles purent ensuite établir une liaison directe avec ce domaine de l'absolu. Ils
organisèrent une vie communautaire en Bulgarie, puis émigrèrent vers l'Est. Ils avaient un
mode de vie parfaitement autonome. Ceci, une fois encore, les obligea eux aussi à fuir les
persécutions. On a retrouvé la trace de certains d'entre eux en Alaska.
Mais, vers les années 1100 le patriarche Nicétas avait pu transmettre le sceau de cette
tradition spirituelle révolutionnaire aux chefs de l'église Cathare, dont la doctrine différait
grandement de celle des manichéens. Tout le monde connaît l'épopée cathare, mais il sera
peut-être bon d'en avoir une vision plus intérieure en lisant les ouvrages d' Antonin Gadal, en
particulier "De l'héritage des Cathares" ouvrage historique, philosophique, et spirituel, et "Sur
le chemin du Saint Graal" qui relate l'aventure d'un jeune homme qui suit ce chemin jusqu'à
"Bethléhem". Ces deux ouvrages, réunis, sont disponibles aux éditions du Septénaire.
Montségur, et le cortège de persécutions, apparemment inévitable, vu l'état de conscience
général de l'humanité, de l'intervention de l'Esprit parmi les hommes qui ne veulent pas lâcher
leur motte de pain et leur croûte de terre, s'ensuivit alors, mais …et ici nous nous excusons de
quelques redites, mais nous allons devoir développer certains éléments déjà présentés
Au 13e siècle , un collège de sages, une loge spirituelle se réunissait en Europe (5) -
Allocution "du Professeur Rudolf Steiner, le 27 Septembre 1911. "Ils étaient douze. Sept
étaient les dépositaires des restes de la sagesse Atlantéennes. Les cinq autres possédaient la
89

ressouvenance des diverses sagesses de notre période, la sagesse hindoue, la sagesse


Zoroastrienne-persane, la sagesse chaldéo-égyptienne, et la sagesse gréco-latine. Le dernier
représentait l'aspect "scientifique" naissant. Un treizième se joint à eux, qui reçut toute cette
sagesse et la transmuta : Un événement particulier eut lieu, qui ne pouvait s'accomplir qu'une
fois dans l'histoire. C'était un de ces événements qui peuvent s'accomplir lorsque des forces
macrocosmiques se mettent à œuvrer ensemble par amour pour les fruits qu'un tel événement
fait mûrir". Une toute nouvelle naissance des douze sagesses se fit jour, fut recréé sous une
forme entièrement autre. Ce qui fut manifesté "les Douze l'appelèrent le Vrai Christianisme, la
synthèse de toute religion. Et ils firent une distinction entre le christianisme de leur temps et
ce véritable Christianisme Vécu". Cette loge donna d'abord naissance ésotériquement au
courant de la Rose-Croix, ce qui se manifesta extérieurement au 14e siècle, puisqu'on peut lire
dans la Fama Fraternitatis (1614):
"Cela vaudrait la peine d'examiner la période qui s'est écoulée de l'année 1378, année de
naissance de notre Père Christian Rose-Croix, à maintenant, et de considérer les changements
de la voûte céleste qu'il a vus lui-même, durant les cent six ans de sa vie, ainsi que les sujets
d'expérience qu'il nous a laissés ainsi qu'à nos prédécesseurs, après sa mort bienheureuse.
Mais la concision à laquelle nous sommes astreints, nous oblige à différer cela.
Il suffira à ceux qui ne méprisent pas nos exhortations, que nous ayons effleuré ces choses. Ils
pourront ainsi se préparer à établir une liaison plus étroite avec nous. Celui à qui il a été donné
de contempler les grands caractères que Dieu a inscrit dans la dispensation du monde et qu'il
répète à travers les changements de période de manifestation, de comprendre leur relation et
ainsi de s'élever, est déjà l'un des nôtres, même s'il n'en est pas encore conscient."(6) -
"Témoignage de la Fraternité", J.V. Rijckenborgh, Editions du Septénaire, Tantonville.
Et que s'est-il donc passé entre le 14e siècle et l'apparition de Johan Amos Comenius, qui
vécut de l'année 1592 à l'année1670. Nous n'allons pas ici entrer dans des détails historiques
trop poussés, là n'est pas notre objectif.
Ce que nous pouvons dire, est que la Réforme apparut progressivement. En 1369, Jean Hus
naquit en Bohême, à Husinec. Très vite doyen de la faculté de théologie, puis recteur de
l'Université de Prague, il osa s'opposer à l'autorité du pape, sur le problème des indulgences,
de la corruption et bien d'autres sujets liés au manque d'unité entre la vie et les paroles de ceux
qui avaient perdu depuis longtemps tout lien avec l'Esprit. A propos de la question de
l'immortalité de l'âme, l'existence de l'Esprit fut même niée au cours du concile de
Constantinople. Johan Amos Comenius, de même que Jean Hus, étaient des élèves de l'Eglise
de l'Esprit.
A ce sujet, il est bon de rappeler ici une des origines de nombreuses dictatures :
"Si l'église des éons ("naturelle") révélait et acceptait l'unique Vérité qui est à la base de son
existence, elle aurait à reconnaître l'existence au-dessus d'elle de l'Esprit et de l'Homme-
Esprit. Il lui faudrait alors tout simplement subordonner son enseignement à l'Enseignement
de l'Esprit, ce qui signifierait son déclin, sa mort et sa désagrégation. De part son essence
même elle ne peut accepter la mort spontanée d'Abel, c'est à dire une mort provoquée par la
création de nouvelles conditions atmosphériques vivifiées par l'Eglise de l'Esprit.
C'est par cette volonté d'exister que l'Esprit est trahi et l'Eglise de l'Esprit détruite partout où
elle apparaît; que l'Homme-Esprit de l'origine est persécuté et assassiné sur toute la terre.
Comment trahit-on l'Esprit? En mutilant, par exemple, l'Enseignement de l'Esprit par
l'intermédiaire des vassaux de la théologie; en présentant L'Ordre de Dieu comme ayant un
but et une nécessité purement naturels. Bref en poursuivant des desseins purement terrestres
sous couvert d'un enseignement spirituel volé et mutilé. Car, une fois l'Esprit trahi et
caricaturé, il devient facile de passer à la persécution de l'Eglise de l'Esprit et de l'Homme-
Esprit. Songez à la grande trahison à l'égard de l'Eglise des Cathares, ainsi qu'à la persécution
90

des Rose-Croix à travers les siècles, sous prétexte d'une intervention en vue de protéger
l'Esprit et la gloire de Dieu.
Si les forces dictatoriales, (N.D.A. : trouvant un terrain nourricier dans toutes les recherches
de pouvoir), de droite ou de gauche reprenaient les choses en main en Europe occidentale,
immédiatement l'Eglise de la Gnose, l'Eglise de l'Esprit serait encore une fois persécutée.
C'est à cette lumière qu'il faut considérer le trop célèbre Concile de Constantinople. Lors de
cette assemblée, l'église rejeta officiellement l'Esprit sous prétexte d'être déjà en possession de
l'Esprit. Ce Concile eut lieu en l'an 381. Si vous voulez l'étudier, vous trouverez la
documentation nécessaire dans les bibliothèques."
On y procéda donc à la "réglementation de l'Esprit Saint"! "Il faut ajouter que l'Eglise
orthodoxe ne l'a jamais reconnu". Toute la responsabilité incombe ici à l'Eglise Romaine. Ceci
n'a apparemment pas été suffisant "puisque, soixante-dix ans plus tard, en 451, cette église
réunit de nouveau un concile connu sous le nom de Concile de Chalcédoine. C'est là que fut
décidée officiellement l'unité de la nature divine et de la nature humaine".(7) Gnose Originelle
Egyptienne t.III, p.242-243 , Jan Van Rijckenborgh, Editions du Septénaire-Tantonville)

Approfondissons maintenant un peu la relation entre la période de Comenius et la nôtre...


Comenius est né dans une atmosphère pure et paisible, celle d'une communauté dont les
membres vivaient selon des principes très élevés, et qui faisaient vraiment ce qu'ils disaient.
Mais des ombres menaçantes s'accumulèrent bien vite. Les bruits de guerre, en partie
économique, en partie de "recatholicisation" se firent entendre dès sa jeunesse. La Bohême
était bien le cœur, le bastion, de la réforme. Les armées de la coalition ne s'y trompèrent pas,
et ce n'est pas un hasard si la bataille qui mit fin aux rêves de bien des frères de L'Unité eut
lieu à La Montagne Blanche, non loin de Prague. Prague et la Bohême étaient un foyer, un
carrefour de la recherche spirituelle, alchimique et culturelle. Non loin du monde musulman,
au carrefour de l'Orient et de l'Occident, ce lieu privilégié reçut au cours de l'histoire des
influences venues du Nord, de l'Egypte, par la Grèce, et de l'Orient, musulman ou Persan-
Indien.
La nature humaine démasquée réagit souvent de façon très dangereuse, comme une bête
blessée, comme les insectes pris de panique au fond d'un puits quand le couvercle en est
soulevé et que la lumière en touche le fond.
Dans le même chaos de relations humaines, à l'image de l'état d'être intérieur de bien de nos
contemporains, qui ne savent plus à quel saint se vouer, chacun est de nouveau confronté aux
résultats de son comportement, aux conséquences de ses actes. Il ne se passe pas un jour sans
que pédagogues, philosophes, ou chercheurs spirituels soient confrontés à des façons de vivre
et d'agir relevant plutôt du grand singe ou de l'homme des cavernes que d'un être, d'un
individu dont les aspects supérieurs sont en voie de développement. Tout le problème de
l'approche de la prise de conscience est ici posé. Nous espérons que tous les hommes de
bonne volonté se consacreront à trouver, après en avoir eux-mêmes vu la nécessité, les
moyens de faciliter la démarche de chacun, afin de prendre librement, la décision d'entrer
dans l'auto-révolution libératrice.
Tout est en train de s'effriter, de s'effondrer. Nous entrons dans une nouvelle période de
l'humanité que l'on appelle astrosophiquement l'ère du Verseau. Tout apparaît au grand jour.
Les scandales succèdent aux scandales. Toutes les tentatives horizontales qui ont pour but
d'endormir la conscience de l'humanité en lui faisant miroiter une prison dorée, qu'elles soient
d'ordre politique, social, économique ou religieux, sont progressivement démasquées et
chacun est renvoyé à lui-même, à l'unique nécessaire. Les désillusions succèdent aux
souffrances, mais la révolution du Verseau est en marche, et rien ne l'arrêtera.
91

Personne ne croît plus aux dogmes vides d'esprit. Tout le monde, d'une façon ou d'une autre
cherche une réalisation concrète de son être profond. A l'appui de cette affirmation, nous
aimerions ici citer un passage du livre " Le Nouveau Signe " de Jan Van Rijckenborgh (p. 39,
ed.1965): " …A travers les voiles que nous avons nous-mêmes tissés, trois rayons se fraient
un chemin dans le cœur de notre système ; trois influences fortement magnétiques nous
approchent, venant du sanctuaire caché. Elles nous éveillent à la connaissance de Dieu, à la
connaissance de nous-mêmes et à la transfiguration future. Et cette triple activité de la Gnose
touche tout enfant des hommes, de même que la lumière solaire influence tout être vivant….
Toute religiosité naturelle, toute forme d'humanitarisme, tout effort humain dialectique, du
plus grossier au plus raffiné, est une réponse aux : " D'où viens-je ? ", que suis-je ? ", " où
vais-je ? "…Et l'homme moderne, qui amasse argent et richesse à ne savoir qu'en faire, agit
ainsi par suite de la même poussée… L'instinct de possession et ses conséquences, comme
l'instinct de liberté répondent aux notions relatives à notre origine, à notre nature et à notre
destination. "
De bizarres chemins sont explorés, mais ce qui compte c'est l'intensité et la plus grande liberté
possible de la recherche. Bien sûr l'état doit accomplir son travail régulateur, et il ne le fera
que mieux si ses serviteurs sont conscients de la signification profonde des temps à venir et se
mettent eux-mêmes au service de cette grande révolution universelle, n'écoutant que leur voix
intérieure et délaissant les multiples tentations qui accompagnent le pouvoir. Toute l'éducation
devra être retournée dans le même sens.

Nous sommes entrés dans une ère nouvelle et devrons reconsidérer toutes nos valeurs. De
nombreux hommes et femmes sont conscients des changements en cours et s'efforcent de se
préparer au grandiose travail auquel nous sommes tous appelés. L'accomplissement du plan
de manifestation pour le monde et l'humanité se fera, avec nous ou sans nous, mais de toute
façon pour nous.
Mais le grand problème se situe entre le plan, ses exécutants, et tous ceux qui, pour une raison
ou pour une autre ne sont pas encore conscients de la noblesse de l'homme, et s'opposent par
ignorance. Notre société démontre chaque jour sa corruption, tout développement supérieur
semble impossible dans le cadre actuel. Bien peu voient et reconnaissent la véracité des faits,
et sont prêts à en tirer les conséquences. Que va-t-il donc se passer?

Il est inéluctable que de grands bouleversements aient lieu. C'est le chemin le plus court, et
bien que ceux qui travaillent d'arrache-pied au renouvellement intérieur et extérieur de
l'humanité ne le souhaitent évidemment pas, l'état de conscience actuel de l'humanité
l'obligera probablement à passer par les douleurs de l'enfantement pour accoucher du nouvel
état d'être latent en chacun de nous. Mai plus nombreux seront ces pionniers, moins dures
seront les souffrances de l'humanité pour "passer le cap". Il est donc du devoir de tous les
individus conscients de consacrer leur vie à ce travail. Car tout est là, il faut seulement le
mettre en œuvre.
Quelquefois certains élèves ou pédagogues, dans le cadre scolaire, posent la question : "Que
faire pour vivre heureux ensemble dans ce monde de violence?" On en arrive alors à des
réponses, à des réflexions d'élèves même telle que : "il faut respecter ce qui, en chacun, est
vrai, juste, et bon, et le reste, il faut l'englober, et viser à l'élévation du niveau de conscience
général et particulier, pour l'autre en priorité.
Il faut distinguer l'amour ordinaire de l'Amour force et racine de l'Univers qui n'exclut rien ni
personne, rétablir l'équilibre hiérarchique entre tête, cœur et bassin, pensée-esprit, émotion-
âme et acte réalisateur.
92

Accepter l'autre dans sa différence car c'est aussi un aspect qui nous concerne, même si cela
est parfois trop bien caché, accepter l'état d'être de l'autre tout en vivant, conséquent avec ce
que nous avons pu découvrir sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure."
Quand on observe ces choses, on est rempli de joie et on se dit que "les moyens de guérison
sont là". Cette joie, Comenius l'a certainement éprouvé, car celui-ci a posé, en opposition
avec les principes généralement admis de son temps, que l'enfant avait en lui les germes d'un
développement harmonieux dont il fallait permettre l'épanouissement, et non pas un démon
qu'il fallait extirper par la discipline et les verges.

On doit tenter de présenter dans les écoles d'aujourd'hui comme dans celles dirigées au XVIIe
siècle par notre "homme-universel Bohémien", les réponses, corroborées par la science la plus
avancée, aux questions, ou en tout cas le développement d'un questionnement sur : qu'est-ce
que le monde, qu'est-ce que l'homme? Eh! bien, la science, excellent art d'analyse, découvre,
dans la Fama Fraternitatis comme de nos jours, que l'homme est un Microcosme. Et comme
pourraient le dire tous les pionniers de la science et de l'Esprit :
"Si les plus modestes parmi les savants veulent accepter notre invitation, ils trouveront chez
nous des choses tout autres et plus étonnantes encore que celles qu'ils ont jusqu'à maintenant
crues et à propos desquelles ils se sont étonnés ou entretenus"
Et on pourrait aussi se demander à quoi correspond cette tendance contemporaine du rejet de
toute forme d'autorité, de la déliquescence de la famille et de l'inexistence parentale. Il est un
fait que si, en une centaine d'années, l'humanité semble avoir plus "progressé" qu'au cours des
mille années passées, le tableau général, l'état des lieux n'est pas très brillant. Deux guerres,
dont une fut capable (la première !) de tuer plus de 200 000 individus en moins d'une semaine
(Craonne), et l'autre d'exterminer par millions des individus dont le seul tort était d'être soi-
disant "différents". Une capacité à détruire la planète et la vie sur celle-ci que l'on n'avait pas
vu depuis longtemps, tous les totalitarismes, la pensée unique déferlante, tout cela ne semble
pas être très réjouissant.
Si l'on réfléchit un peu, cependant, il n'y a rien là que de très logique, ou du moins de
compréhensible. On peut accepter l'idée que l'humanité doit "grandir", donc devenir
individuellement autonome et responsable, aussi bien sur les plans de la pensée, des émotions,
que sur le plan matériel. Tout se passe comme si l'homme avait reçu, au cours des siècles, la
totalité de ce qui lui serait nécessaire dans l'avenir, grâce à des êtres plus accomplis que
d'autres, plus " avancés ", comme il y en eut de tout temps. Ceux-ci apportèrent les éléments
permettant de développer, cette fois par auto-réalisation, en parfaite liberté, ce qui pourrait
maintenant faire de lui un individu conscient, responsable, et vraiment libre, en tant que
connaissant les lois biologiques et pansophiques pour s'inscrire dans un plan de
développement général de notre planète.
Le niveau moyen de conscience pourrait de nos jours s'élever à une allure vertigineuse, si
chacun de ceux qui, parmi nous, réalise ces choses, agissait vraiment en fonction de ses
découvertes personnelles intérieures. Et là, aucun totalitarisme, aucun gouvernement ne
pourrait s'opposer à un tel renouvellement. En ce sens, mais tout reste à faire, notre temps est
une période formidable. Le gouvernement est toujours, même si cela semble dur à entendre, le
reflet de l'état d'être moyen du peuple, chaque peuple a le gouvernement qu'il mérite. En fait,
mais cela représente déjà un travail colossal, il suffirait que 2% de la population agisse en
accord avec son être essentiel le plus intérieur, pour qu'en moins de dix ans, la face du monde
soit changée.
Ce travail avait déjà été prévu par le cercle de Tübingen et J.A. Comenius. Celui-ci, en
particulier dans la "Consultation Universelle sur l'Amendement des Choses Humaines", posa
les grandes lignes de forces de ce développement qui pourrait de nos jours se réaliser, et qui
se trouve entre nos mains.
93

Tous les hommes qui se sont inspirés, consciemment ou non, d'un Enseignement Universel, se
sont confrontés, soit ouvertement dans leurs paroles ou écrits, soit à titre de prise de
conscience personnelle, au problème des deux intelligences, qui renvoient chacun à deux
ordres de réalité, que l'on retrouve en tout être humain, même s'il ne le sait pas. Ainsi la
puissance de la parole au service d'une vie universelle, d'une biosophie universelle, n'est pas
tant liée au choix des mots et à l'harmonie poétique des phrases, mais à la force, au type
d'intelligence, à la qualité vibratoire qui n'est pas articulée dans le langage, mais est pourtant
plus présente que celui-ci. Tout le monde sait que le mot est réducteur.
Ainsi les Egyptiens, prévoyant le moment où se réveillerait l'essentiel en nous, introduisirent
en Grèce par Pythagore et Platon, les germes de cette aspiration à l'absolu non-verbal (monde
des idées au-delà de la voûte céleste, de Platon). Les groupes gnostiques (cf. librairie de Nag
Hammadi) furent les dépositaires de cette sagesse immémoriale.
Il est d'usage, quand on ne vit pas l'expérience intérieure d'un chercheur spirituel, d'accoler
l'épithète d'Utopiste, parfois avec les meilleures intentions du monde, à des philosophes
révolutionnaires qui présentent un puissant panorama du travail à accomplir par l'homme
véritable, ". En ce sens, il faut bien comprendre que ces précurseurs, comme Comenius, ou de
nos jours Jan Van Rijckenborgh, tracent tout simplement les lignes de forces pour leur époque
et les temps à venir. Ils ancrent dans la matière, par leur propre travail, leurs propres
réalisations, les prémisses de ces lignes de forces, puis ils s'effacent, afin que les réalisations
amorcées soient prises en charge par ceux qui comprennent et qui réalisent.
Et c'est pour cela qu'il est bon que toute autorité abusive soit actuellement rejetée, afin que
chacun puisse découvrir, même si cela ne se fait pas sans douleur, la véritable "soi-autorité"
qui lui permettra de devenir un être autonome.
Au début du XVIIe siècle se constitua le Cercle de Tübingen, dont les chercheurs connaissent
surtout Jean Valentin Andreae, auteur des trois textes fondamentaux de la Rose Croix
classique, alors que les deux autres fondateurs de ce Cercle en furent en vérité les instigateurs
et les inspirateurs véritables. Il s'agit bien entendu de Tobias Hesse et de Christophe Besold.
Comme à toute autre période de l'histoire, il fut là aussi, comme de nos jours d'ailleurs,
possible de se relier par l'abnégation et la disparition du moi, à ce qui est véritablement
l'essence de l'homme et à la fois le transcende. Ces textes bouleversèrent le monde européen
de l'époque (on dénombre plus de trois cents livres écrits en réponse à ces manifestes, ce qui
est proprement inimaginable pour un temps où l'imprimerie ne connaissait pas le
développement actuel. Même aujourd'hui, ce serait déjà le symptôme d'un franc succès de
librairie). La puissante force spirituelle qui prit forme à ce moment avait été depuis
longtemps préparée, s'inscrivant dans la lignée du Gnosticisme, du Manichéisme et du
Catharisme.
Le Manichéisme toucha des millions de gens, de l'Afrique à la Chine, civilisa des tribus quasi
barbares (peuple Ouïgour) en moins de 80 ans, le Catharisme permit à une civilisation
fantastique, où la place de la femme était l'égale de celle de l'homme (et cela est bien souvent
le critère de l'évolution d'une société), de se développer au sud de la France. Il essaima dans
l'Europe entière. Les Templiers, de leur côté, tentèrent d'opérer la synthèse de l'Orient et de
l'Occident.
Comenius eut très tôt connaissance des manifestes publiés entre 1614 et 1616, probablement à
Heidelberg ou à Herborn, au cours de ses études en Allemagne. Connu surtout comme
pédagogue, il était de la même trempe que ces instructeurs spirituels. Il reçut de la plume
même de Jean Valentin Andreae le flambeau qui faisait de lui le continuateur de la Fraternité
de la Rose Croix pour cette époque. Et les projets de la Fama Fraternitatis, l'Appel de la
Fraternité, faillirent d'ailleurs se réaliser sous la forme d'un Collège d'hommes illuminés.
Comenius, par le biais de la Royal Society, rêvait d'en faire le point de départ d'une véritable
révolution non-violente à l'échelle Mondiale. Mais il savait que la réalisation de cet éveil
94

généralisé attendrait encore longtemps avant de s’ancrer dans tous les aspects de ce monde
Nous allons essayer, au cours de ce travail, de montrer les aspects spirituels et les péripéties
qui menèrent à l'accomplissement d'un grand nombre d'individus de cette époque. Car nous
savons que de nos jours nous sommes tous appelés à collaborer à la mise en place d'une
véritable éducation de l'être Humain, dans un absolu renversement des valeurs, parce que c'est
là le sens de la vraie évolution / révolution humaine.
En effet, au 16e-17e siècle, la tâche particulière du Cercle de Tübingen, et donc aussi de
Comenius, était, en opérant une refonte universelle de la Connaissance aussi bien analytique
que synthétique, de tracer les grandes lignes de forces, de revivifier cet "essentiel" en
montrant comment chacun, par une pensée autonome, serait appelé à comprendre et à réaliser
l'état de conscience de l'être vrai, en particulier à notre époque.
C'est pourquoi le travail fondamental de notre ami Bohémien fut-il pédagogique, dans le sens
où l'éducation se doit de permettre l'auto-formation, l'auto-réalisation de l'être vrai. Il fut aussi
biosophique et pansophique, théophilosophique et métaphilosophique, dans la mesure où la
découverte du monde, de la Vie et de ses lois implique une prise de conscience et une
réalisation de l'absolu en soi, une compréhension de l'Homme en tant que Microcosme, petit
monde résumé de l'Univers. Il manifesta aussi un aspect purement spirituel, puisque, comme
il l'écrivit lui-même dans "Via Lucis", cette éducation n'a de sens, au fond, que pour nous
faire parvenir à "l'Académie Céleste".

Qu'est-ce, en fait, que l'autonomie? Nous aurons bien du mal à répondre à cette question si
nous n’avons pas une connaissance de l’homme nettement plus complète que celle
communément admise. Ce qui crée l’autonomie c’est la pensée, et donc le corps du penser
autonome. Pour faire bref disons que l’homme actuel possède parfois une autonomie
émotionnelle, mais pas mentale. Et il s’agit là de tout autre chose que des circonvolutions
cérébrales. Nous connaissons le corps physique, le corps énergétique, et le corps astral ou
émotionnel. Mais il existe un quatrième corps, le corps mental ou corps du penser. Celui-ci est
encore embryonnaire chez l’écrasante majorité de nos congénères, un léger halo autour de la
tête. Or il est appelé à entourer les 3 autres corps; là seulement on pourra parler d’autonomie...
Au fond, on pourrait poser la question : puisque Komensky prône une orientation surtout
intérieure et n'attribue pas à l'éducation une valeur exclusivement horizontale et terrestre, mais
qu'il propose au travail éducatif comme à la société toute entière de consacrer tous leurs
efforts à la re-formation d'un être vrai, humain-divin, n'est-il pas lui aussi un de ces doux
rêveurs mystiques, millénariste par surcroît, par dessus le marché utopiste.
Eh! Bien, Non, mille fois non! Il suffit de se pencher un peu sur la Pampaedie, (troisième livre
de l'œuvre majeure de Comenius, " La Consultation Universelle pour l'amélioration des
choses humaines ") pour découvrir qu'il allie une conception absolument réaliste et pratique
de l'autonomie, avec une orientation purement spirituelle.
Comenius désire que soit enseignée dans les écoles, non seulement l'autonomie de la pensée,
mais celle des émotions et de la réalisation, des actes. Chacun, comme c'était d'ailleurs le cas
dans la communauté de L'Unité des Frères de Bohême-Moravie, devra avoir un métier, afin
de subvenir à ses propres besoins. Il faut ici souligner que, dans L'Unité, aucun pasteur n'était
nourri par la communauté et il devait donc participer à la vie socioprofessionnelle du groupe,
ce qui était très nouveau pour l'époque. Il est intéressant de dégager ici les douze points que
l'on retrouve dans la Pampaedie :
1) Les traits qui caractérisent l'essence humaine décrivent les rapports que l'homme
entretient avec son milieu. L'homme vit dans et doit s'adapter à une "réalité". Il interagit avec
toute la Nature, dont l'homme et les quatre règnes font partie, ainsi que l'absolu, le parfait, le
dieu qui est aussi en lui. Toute créature humaine pense désire, veut, et cherche à savoir.
95

2) L'être vrai, l'humain en chemin, cherche à vivre pleinement, en bonne santé, et à


représenter quelque chose.
3) Il veut et cherche à être informé de tout ce qui existe dans le monde, car les
richesses du monde, si elles sont utilisées intelligemment, c’est à dire sans chercher le profit
égoïste, mais l'épanouissement du tout, sont destinées à notre apprentissage de l'abnégation et
de la relation à partir de l'autre en nous.
4) Il lui faut comprendre toutes choses, leurs mécanismes, leur fonctionnement, et
surtout la relation de tout avec tout. En comprenant de toutes petites choses, par le biais des
correspondances, il peut arriver à comprendre le tout.
5) Vivre librement, c.à.d. vouloir et choisir les choses que l’on a trouvé bonnes, par
son propre discernement aiguisé par l’éducation nouvelle, ne pas vouloir et refuser les choses
mauvaises, et disposer de tout, autant que possible, selon sa propre volonté (Pampaedia,
III,11).
6) Non seulement l'Homme devra apprendre à penser et à sentir juste. Puisqu'il aura
développé un discernement lui permettant de savoir ce qui va dans le sens du plan de
développement pour le Monde et ce qui le contrecarre, il devra être mis en mesure de traduire
en actes ce qu'il a conçu, et produire des biens et des services. Ceci uniquement dans la
mesure où il n'exploitera pas ses frères pour un profit excessif. Chacun pourra donc s'inscrire
dans ce plan de développement, sans chercher à tirer son épingle du jeu, mais en cherchant
vraiment l'intérêt commun. Comme le dit Jan Van Rijckenborgh dans le Mystère de la Vie et
de la Mort, " Le Royaume intérieur ne peut se manifester que si l'Homme-dieu sait, et agit en
conséquence, que son être Microcosmique appartient à un tout plus grand, à la manière dont
un cosmos n'existe pas par lui seul, mais appartient à un macrocosme, à un rassemblement de
cosmos. Son orientation doit donc être de nature centrifuge et non plus centripète, s'élevant à
la manifestation Universelle, se vouant en parfaite abnégation, et, grâce à cette façon de servir
impersonnelle, se manifestant lui aussi". (Jan Van Rijckenborgh, le Mystère de la Vie et de la
Mort, Editions du Septénaire, Tantonville)
7) Il peut alors désirer posséder l'aisance matérielle, à condition de satisfaire au
prérequis précédent.
8) Il est pour lui parfaitement souhaitable et légitime de désirer vivre en paix et dans la
sécurité, ce qui ne manquera absolument pas de se produire, si l'éducation préconisée par
notre héros se répand, grâce à la paix civile et sociale. Il peut espérer que ses biens ne seront
ni convoités ni volés. Cela sera aussi une conséquence logique du nouvel état de vie qui se
démontrera alors. (N'oublions pas que ceux que visent ici Comenius, ce sont les soldats et les
seigneurs qui dépouillaient les paysans de leurs maigres ressources).
9) De là ne peut découler qu'une vie honnête et donc une bonne réputation.
10) Puisque l'Ecole formera tous, pauvres comme riches, hommes comme femmes,
sans aucune distinction, quelle qu'elle soit, à la lecture, à l'écriture et l'éloquence, c'est à dire à
l'art de prendre la parole de façon efficace, tous pourront communiquer de façon valable avec
tous en maîtrisant le langage.
11) Et tous voudront ainsi et pourront entretenir des relations humaines dignes de ce
nom, pacifiques et bienveillantes, chacun se soutenant en vue du but commun.
12) Donc l'aspiration la plus élevée, le "but suprême", ira de soit et tout sera orienté
dans ce sens.
Nous voyons ici un retournement complet envisageable aussi bien sur le plan individuel que
sur le plan social !
Cette acquisition de l'autonomie doit être totale et s'incarner dans la matière, sinon elle n'a pas
de sens; que la dépendance soit psychique, émotionnelle, ou matérielle, elle n'en reste pas
moins emprisonnement et esclavage. Pour Comenius, le Monde entier est un Labyrinthe, un
asile de fous, une prison plus ou moins subtile.Permettons nous ici d'enfoncer le clou : par
96

notre propre expérience (Comenius ne faisant ici que confirmer ce que nous pouvons
facilement découvrir par nous-mêmes), nous reconnaissons qu'une éducation philosophique et
spirituelle digne de ce nom doit permettre d'acquérir l'autonomie de la pensée. Ceci est loin
d'être évident, en notre siècle où des instituts de conditionnement président à la publicité et à
la TV. Cela doit se traduire par ou être le résultat d'un équilibre émotionnel lui-même libre de
tout conditionnement et se manifester par des actes conscients et libres, dans un sens très
particulier. Pour Komensky, la liberté revient à la connaissance des lois du monde et de
l'Univers, lois supérieures de développement pour l'humanité et à l'obéissance librement
consentie à ces lois. Et ceci n’a rien à voir avec les lois de nos sociétés actuelles, basées sur la
lutte pour la vie.
Le projet spirituel autant que pédagogique, l'indispensable aspect d'éveil à la vie véritable, ou
éveil de la conscience supérieure latente en tout être humain, doit faire partie de toute
éducation digne de ce nom. A l'époque de Comenius, ceci était si révolutionnaire que ces
idées furent à la fois sournoisement copiées et dénigrées par les Jésuites, que les grands
ministres de l'Europe entière, de Richelieu à Oxenstiern en Suède s'arrachèrent ses services
pour réformer le système éducatif de leur pays respectif, de même qu'il fut constamment
persécuté et dénigré par les "Desmarets". Les contemporains qui ne comprirent pas la portée
de ce travail portent, Samuel Desmarets en particulier, l'écrasante responsabilité d'avoir
orienté l'opinion de Bayle dans une direction complètement fausse, ce qui fit que, lisant son
dictionnaire, les philosophes du XVIIIe siècle passeront à côté d'un bond philosophique,
pédagogique et spirituel notable. Et pourtant, si ce projet était révolutionnaire, au moins
autant que ceux des Ferrer, des Fresnay et des La Garanderie, il se situait dans la grande
tradition hermétique, berceau de la civilisation Européenne
Nous avons déjà commencé à voir plus haut que les points clés, qui n'ont pas encore trouvé
leur accomplissement dans l'éducation Européenne contemporaine, loin de là, sont :
- l'acquisition de la véritable autonomie et en particulier de l'autonomie de la pensée
renouvelée, car, Platon l'avait déjà parfaitement expliqué en long et en large, en particulier
dans" la République " : un homme véritable possède un penser spirituel commandant à ses
émotions et à ses instincts. Donc les actes(épithumia)et les mouvements du cœur, (thumos)
doivent être au service du Noûs (penser spirituel). Or, au départ, l'homme "ordinaire",
"marche sur la tête ", c'est à dire que ses pensées et ses émotions sont au service de ses
instincts et de "son animal".
- La nécessité de développer, par des moyens agréables et positifs, le goût de la recherche et
de l'effort par l'exploration du champ de vie humain et la compréhension des lois harmoniques
à l'arrière plan de notre "Univers de secours", donc la propension au travail sur soi et à la
connaissance de soi, car l'homme est un microcosme, un résumé de l'Univers. Ici aussi
Comenius n'a rien inventé et le fronton de Delphes, dit-on, stipulait clairement la même
chose, en tout cas cette sentence a profondément imprégné le monde grec : " Connais-toi toi-
même et tu connaîtras la Nature et les Dieux", c'est à dire les forces à l'arrière plan de
l'Univers. Car les grecs, de même que les égyptiens, au niveau du temple intérieur, n'ont
jamais été polythéistes : par une pensée synthétique et imagée, ils amenaient progressivement
tous ceux qui étaient mûrs pour cela à la compréhension des principes spirituels et
métaphysiques. S'ensuivait la conception solaire donc christique qu'ils préparaient
consciemment, puisqu'ils savaient qu'elle suivrait.
- Puis, entre autres points dont la nécessité se fait encore grandement sentir, tous les
aspects de la maturité psychique, spirituelle et matérielle, constituaient pour Comenius des
fondements indispensables à une société qui voudrait dépasser le stade de la horde animale, ce
qu'elle n'a pas encore fait, hors les cas d'un nombre proportionnellement très restreint de nos
congénères.
97

La vision universelle de notre infatigable héros, sa préoccupation plus que démocratique, dans
le sens noble du terme se révèle à l'évidence dans la "Consultation Universelle sur
l'Amendement des Choses Humaines"; à notre sens son œuvre capitale. Les sept éléments ou
parties de cette somme portent le préfixe grec pan, ce qui implique une idée d'universalité;
Panégersie, Pampaedie, Pansophie, etc. … Mais nous y reviendrons en détail dans la dernière
partie de notre étude.
Deux objectifs sont évidents et fondent la recherche pansophique : la maîtrise de soi et la
victoire sur soi, chapitres "incontournables" pour employer la langue de bois audiovisuelle, de
toute pédagogie libératrice, aussi bien pour l'aspirant que pour l'instructeur.
Nous aimerions ici commenter quelque peu la " Prière au Père des Lumières " . Nous
pourrons y observer les implications inimaginables d'une véritable Haute Raison par laquelle
ce lutteur, héros de l'expérience intérieure et extérieure vécue jusque dans ses plus extrêmes
conséquences, put en quelques dizaines d'années, abattre pour longtemps des pans entiers
d'une poussiéreuse mentalité scolastique qui se perpétuait encore de façon virulente.
L'orientation de Comenius est bien entendu purement spirituelle, et non religieuse ou
mystique. Il s'agit d'emblée du problème de l'illumination des hommes. Tout homme doit
devenir éclairé, ce qui comporte le développement d'une haute raison par l'instauration
"d'écoles chez tous les peuples, des maisons d'enseignement pour tous", ce qui pour l'époque
était plus que nouveau, l'enseignement restant l'apanage d'un petit nombre de privilégiés.
Pourquoi parlons nous d'une "haute raison"? Eh bien tout simplement parce qu'il s'agit de faire
en sorte que l'homme comprenne progressivement tous les aspects de la réalité et donc de la
raison, c’est à dire d’une raison immanente et transcendante,d’une raison qui ne se limite pas
à des petits numéros où on voudrait faire entrer l’univers entier. Ainsi seulement une véritable
autonomie, sur les plans spirituel, psychique ou matériel, basée sur la conscience de la raison
pure et une pensée vraiment libre, pourrait se développer, ce qui n'est le cas pratiquement
pour personne à l'heure actuelle. Nous posons ici comme principe de base que ces aspects, le
spirituel, le psychique, et le matériel, dont l'humanité ordinaire n'a exploré, compris et vécu,
qu'une toute petite partie, peuvent tous être expérimentés, et qu’ils le sont ou le seront.
Personne ne niera ici que l'état général du monde, à part quelques progrès "scientifiques", qui
n'en sont pas vraiment pour nous, puisqu'ils correspondent à une vue parcellaire de la raison et
de la connaissance, est, en un certain sens, encore bien pire que celui qui existait du temps de
Comenius. Ces "progrès " ne sont d'ailleurs jamais des éléments "de première main ". C'est
pourquoi l'introduction de cette "Prière au Père des Lumières" ne surprendra personne :
"Voici, les ténèbres recouvrent la terre et l'obscurité les peuples."
Ici nous voulons placer un point de vue que nous avons déjà esquissé en ce qui concerne
l'aspect éducatif, très spécifique chez Jan Amos.
L'erreur, d'après l'étude que nous avons pu faire, aussi bien sur le terrain, de nos jours, que
dans les livres de notre héros, se situe sur le plan pédagogique fondamental. Si l'on se reporte
à notre époque, on voit que le moment n'est pas loin, si ce n'est déjà fait, où on fixera des
objectifs socio-économiques, moraux et culturels mondiaux, sans changer de fond en comble
la nature humaine. Et l'on parlera de " paix et d'harmonie " ! Déjà des hommes de bonne
volonté pourtant, comme Mr Artus Bertrand, font allusion, au cours d’émissions
radiophoniques, à la nécessité d’un “gouvernement mondial”, d’ou sortira, à notre avis, le plus
grand piège,le plus subtil, celui d’une fausse paix, où l’homme ne fonctionneraque sur le
mode de l’obligation et de lapeur. Or toute "autolibération", qui implique une "auto-
révolution", nécessite un travail éducatif en profondeur qui balaye, à plus ou moins brève
échéance, sans violence, les racines du mal que sont l'égoïsme, la lutte pour la vie, et autres
fléaux qui relèvent plus de l'animal que de l'homme mais, malheureusement, sont encore
implicitement les piliers de notre société.
98

Or, on veut créer une unité artificielle extérieure, sans s'attaquer vraiment à la racine du
problème, racine qui ne peut être arrachée que par l'individu lui-même. C'est la difficulté à
laquelle furent confrontés tous ceux qui voulaient enseigner quelque chose d'essentiel depuis
l'Egypte et même bien avant. L'Egypte avait résolu le problème grâce à son système éducatif
relié au temple et qui constituait la base de la société. L'organisation du temple et de l'accès à
"la sagesse" permettait à l'individu qui en montrait les aptitudes d'être plus ou moins attiré,
guidé vers le temple, grâce à la triple configuration suivante : A partir de la vie "ordinaire",
ceux qui étaient " ouverts de cœur " pouvaient déceler l'âme d'exception qui ensuite était
guidée vers le péristyle, puis vers le temple intérieur, lui-même comprenant plusieurs aspects.
A notre époque, de même qu'à celle de Comenius quoique à un moindre degré, l'homme a en
principe tous les éléments qui lui permettraient de prendre son destin en main. C'est pourquoi
les anciennes méthodes ne peuvent plus fonctionner.
L'objectif de Comenius, comme celui de tout éducateur contemporain, se doit d'être universel.
L'illumination, telle que la présente Comenius dans sa prière au Père des Lumières, peut très
bien s'expliquer raisonnablement. Mais ceci à condition d'accepter que notre connaissance de
l'homme est encore parcellaire, et qu'il existe donc une raison qui englobe la raison
"ordinaire", raison hélas bien souvent orientée souvent sur des principes qui commencent
heureusement à s'effondrer, les principes de rentabilité et d'exploitation entre autres. Non
seulement exploitation les uns des autres, mais encore et surtout, et cela est une conséquence
logique de l'inconscience et de la courte vue puérile de nos pseudo scientifiques, économistes,
religieux et autres hommes de pouvoir, exploitation destructrice de notre planète. Il est
évident qu'il ne s'agit pas de retourner à l'âge des cavernes. Comme le dit notre héros, en
particulier dans la Pampaedie, il est urgent de faire en sorte que tous aient les moyens d'agir,
de penser et de réaliser dans le sens d'une véritable révolution intérieure, d'un absolu
retournement des valeurs où presque tout sera utilisé, mais avec un maximum d'intelligence et
de prévoyance. A l'exclusion toutefois de l'énergie atomique, même utilisée pacifiquement et
sans accident, déséquilibrant déjà à elle seule, de façon très subtile, l'équilibre de notre
planète.(ce que certains auteurs de science fiction, souvent eux-mêmes de formation
scientifique très pointue, ont très bien vu : dans un univers bien plus “occupé” de vie
humaine que le nôtre, une seule énergie serait interdite, l’énergie nucléaire)
Comme l'a très bien vu Olivier Cauly, la recherche de Comenius en matière de "science" se
place sur le terrain d'un vivant universel, d'une échelle de la vie qui va de la pierre aux anges
et au-delà, en passant par l'homme. C'est pour cela qu'il ne pouvait accepter les conceptions
purement mathématiques de Descartes ou de Copernic. Pour lui, le sens des êtres et des
choses prime. La méthode qu'il introduit pour "rassembler la vérité partout dispersée" révèle
une unité universelle qui se manifeste grâce à trois principes fondamentaux (la lumière,
l'esprit et la matière) et par sept degrés (ou espèces) de substances. On retrouve ces aspects
dans l'enseignement universel.
Il s'agit bien là d'une conception dynamique, vivante et en devenir, qui s'apparente à la
philosophie spirituelle de la nature que l'on peut retrouver chez Paracelse. Cela vit, est,
progresse, se manifeste et vise à l'accomplissement et au perfectionnement harmonieux du
tout. Ainsi tout ne s'explique pas par les oppositions, tout ne se réduit pas à un éternel
recommencement, l'univers a un sens. Tous les êtres sont des combinaisons des trois principes
dans les quatre éléments, et "le monde est une pure harmonie" où, du plus inerte à Dieu, il y a
possibilité de l'éveil de la conscience et de sa manifestation au service du tout.
Dans ce contexte, l'éducation est un des piliers fondamentaux du travail de notre héros, mais
cette éducation, nous l'avons vu, englobe plus largement encore ce que nous avons l'habitude
d'entendre par-là. Par son objectif universel, elle retrouve le sens premier de la philosophie,
quête de la sagesse, et la transcende même par ses aspects métaphysiques.
99

Cette façon de vivre et d'éduquer aussi bien la jeunesse que l'âge adulte, comme Jan Amos
l'avait très bien compris, ne manquera pas de manifester ses résultats, de façon universelle, car
elle induira une vraie compréhension du monde et de la vie. Et c'est là un des points originaux
et remarquables de l'activité spirituelle, éducative et politico-philosophique en ce XVIIe siècle
si perturbé, où les armées catholiques soutenues par le pape dévastèrent toute l'Europe
Centrale pour des raisons au fond assez évidentes, mais qui se réduisent toutes à une volonté
de pouvoir, temporel ou pseudo-spirituel.
Cette universalité démontrée par Comenius, le fut aussi par de nombreux autres travailleurs
spirituels que nous évoquerons ici. Nous nous apercevrons par exemple que Comenius fut non
seulement un grand pédagogue, comme tous les chercheurs avertis dans le domaine de
l'éducation se plaisent à le reconnaître aujourd'hui, mais aussi et surtout un immense
philosophe et un puissant spirituel du XVIIe siècle.
Dans la prière au Père des Lumières, les points sur lesquels il insiste, par images et
métaphores, sont les suivants : 1. il s'agit d'illuminer, cad d'ouvrir les yeux et les oreilles de
tout le genre humain, 2. de faire en sorte que le goût et l'aspiration à la recherche de l'essentiel
se généralise de façon universelle, 3. de développer la compréhension du monde et de la vie et
de ce qui se situe à l'arrière plan des choses.
Il faut que la multiplication d'écoles permette d'effacer l'erreur et le tâtonnement et de
favoriser l'arrivée à une réelle maturité, à une réelle autonomie de tous et de toutes :
"Ô Dieu, emplis la terre de ta connaissance, comme la mer est recouverte d'eau ; Fais se lever
des hommes qui écrivent ta volonté dans des livres que tu puisses cependant imprimer toi-
même dans le cœur des hommes. Veille à ce que des écoles s'ouvrent chez tous les peuples,
des maisons d'enseignement pour tes enfants !"
Il s'agit donc de favoriser l'éclosion de ceux qui guideront les autres, mais aussi de susciter
l'autonomie de la compréhension et de la pensée. Nous insistons car c'est là un point capital
sur lequel nous reviendrons
"Edifie toi-même ta propre école dans le cœur des hommes ! Inspire les esprits des sages dans
le monde entier", ce qui signifie une fois de plus la conjonction de l'autonomie de l'individu et
de la formation de sages et de guides.
Son projet éducatif, qu'il essaya à plusieurs reprises de concrétiser, en particulier à
"Saros Patak", en Hongrie, faisait partie d'un projet beaucoup plus vaste de "réforme générale
des affaires humaines", dont des bribes ont d'ailleurs été récupérées, quoique très mal
comprises, dans des institutions telles que l'O.N.U. et l'U.N.E.S.C.O. L'objectif de Comenius
est et demeure universel : il s'agit du "rétablissement de tout ce qui concerne l'homme, pour
tous et partout". En ce sens il devance largement les idées sociales les plus hardies de notre
temps, mais là n'est pas le plus important.
Pour lui l'éducation se doit d'être permanente et doit nous permettre de retrouver à plus
ou moins long terme l'état d'homme vrai, à l'image du créateur. Par ailleurs, il montre bien
qu'elle n'est plus qu'un pieux rêve idéal. (Cf. Le Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur)
Et c'est pour lui une chose essentielle, incontournable, que de viser à un rétablissement
qui soit réellement universel :
"Si nous n'y arrivons pas, nos efforts individuels resteront vains"
Par-là même nous comprenons immédiatement que Comenius a une vision à long
terme du plan qu'il propose. Il est avant tout réaliste et n'a rien, contrairement à ce que
certains chercheurs ont l'air de croire, d'un doux illuminé utopiste, Il est donc parfaitement
conscient que cette "illumination du genre humain" prendra du temps. Combien, il l'ignore :
Mais tout ce qu'il sait c'est que ce travail doit, par delà les siècles, être entrepris et mené à
bien. C'est pourquoi il le commence et accomplit ce qu'il est en mesure d'accomplir.
Trois principes de base, que nous trouvons énoncés, en particulier dans le "Via Lucis",
gisent latents, quoique bien souvent très mal employés, à l'intérieur de chaque homme :
100

Savoir, Vouloir et Pouvoir.


Ces trois facultés sont présentes en chacun, plus ou moins actives, conscientes ou
efficaces. On peut les voir aussi comme les normes générales sur lesquelles le savoir peut
s'articuler, l'aspiration à la réalisation intérieure et extérieure, et les capacités générales qui
permettront cette réalisation.
Pour Johan Amos, il est question de ramener à la source ces canaux élémentaires de la
sagesse et de leur donner l'unique orientation positive nécessaire, que chacun de nous pressent
intérieurement. Il est impossible, selon lui, qu'il n'y ait rien dans les hommes qui corresponde
à ces racines de la sagesse universelle humaine.
Nos tentatives d'interdisciplinarité paraissent ici bien pâles, au regard du projet
universel pansophique. La pansophie est en effet un système de sagesse universelle humaine.
Car grâce à la compréhension universelle induite par l'exercice bien orienté de ces trois
facultés de base, on peut rectifier tout ce qui dévie du plan universel de manifestation. On
retrouve là cette idée qu'appréhendent de nos jours les scientifiques de pointe (Ex :
Dambricourt Malassay) : le hasard n'a aucun rôle à jouer dans la manifestation du monde,
mais un plan gît à l'arrière plan de tous les phénomènes manifestés.
Cette fameuse pansophie, est en fait tout ce qu'il est donné à l'homme de savoir, de vouloir et
de pouvoir. Nous voyons déjà que le projet encyclopédique du siècle appelé celui des
lumières est bien petit, comparé au grand projet de "réforme universelle pansophique".
Voltaire, Diderot et Rousseau, ont d'ailleurs largement été inspirés, quoique indirectement,
par Bacon et Comenius, et il est regrettable que Bayle ait malencontreusement et un peu trop
vite repris à son compte, sans les examiner de très près, les attaques calomnieuses et furieuses
de Desmarets contre Comenius, ce qui détermina une attitude négative vis à vis de ce dernier,
et pour longtemps. Et ceci quoique, nous le répétons, beaucoup de grands esprits aient été
influencés par ses idées, le plus souvent à leur corps défendant. Comenius a d'ailleurs écrit la
première encyclopédie tchèque, mais il n'a pas eu le temps de s'y consacrer comme il l'aurait
voulu. Ce projet encyclopédiste existait donc bien avant les célèbres "Encyclopédistes", et
l'englobait d'ailleurs largement, puisque, pour Comenius, il s'agissait d'un travail qui avait un
"sens", qui répondait à la nécessaire compréhension du plan pour le monde. Nous sommes
donc obligés de dire que, pour nous, malgré l'immense valeur que nous reconnaissons à ces
grands esprits du XVIIIe siècle, leur travail fut limité et parcellaire, constituant presque une
trahison des avancées philosophiques, spirituelles et intellectuelles du XVIIe, ce qui ne fut pas
sans conséquences sur l'histoire des idées de l'Occident européen.
Ce projet pansophique consistait entre autres en la description, "comme en une chaîne
ininterrompue et dans un ordre inattaquable, de toutes choses visibles et cachées aussi bien de
cette période que de la période suivante, selon une seule méthode”. Ainsi, personne, étudiant
et observant avec attention, ne pourrait éviter de comprendre et donc de réaliser avec
enthousiasme ce qui convient à tout homme digne de ce nom."
Pour ce grand pédagogue, philosophe et spirituel, il était important de rechercher des
voies et des moyens par lesquels offrir, sans aucune contrainte, si ce n'est celle de l'attrait que
l'on peut donner à l'enseignement, en parfaite liberté donc, cette sagesse universelle à tout être
humain, "de sorte qu'aucun être, d'une intelligence même moyenne, ne demeurât sans culture
ou fut en désaccord avec l'harmonie commune, non par contrainte, mais par une sagesse
retrouvée, harmonie supérieure de la lumière pansophique. Que si un désaccord se
manifestait, dû à un manque de compréhension, il fut corrigé avec patience, et non réprimé."
Nous insistons ici : contrairement à l'accent porté par beaucoup de chercheurs, bien
intentionnés par ailleurs, ce projet éducatif n'est pas uniquement axé sur une formation du
citoyen ou de l'individu, en tant que membre d'une société à laquelle il doit s'intégrer, (société
le plus souvent orientée sur le profit, et tout ce qui tourne autour de l'aspect matériel
élémentaire). Pour Comenius, l'enseignement, l'éducation est une partie d'un plus vaste projet
101

qui vise à faire de l'homme un "homme-dieu", autrement dit qu'il soit mis en mesure de
devenir réellement humain, c'est-à-dire autonome en ce qui concerne la pensée, les émotions
et la manifestation concrète des choses. Toute l'organisation de la société doit concourir à cet
objectif essentiel, s'incliner devant lui.
Ce vaste projet a été mis en forme et développé en détail dans la "Consultation
Universelle sur l'amendement des choses humaines", qui comporte sept parties :
- La Panegersie : qui se propose de traiter de ce qui existe, de ce qui advient, de ce que
sont les choses humaines, de la corruption générale de l'état du monde, de la nécessité de
rechercher partout et par tous les moyens une solution à cet état de choses, sans avoir de cesse
ni de repos. Que tout ceci doit se faire de manière universelle, et amener à l'établissement de
règles et de lois qui nous permettront de réaliser le but de la vie humaine-divine. Cette partie
se termine par une invitation à tous à se joindre à cette nécessaire recherche. Notons que nous
trouvons ici ni plus ni moins que le programme de la Fama Fraternitatis et du Confessio
Fraternitatis, ce qui confirme, si cela était encore nécessaire, la continuité entre le Cercle de
Tübingen et Comenius. Mais nous reviendrons sur ce point.
- La deuxième partie porte sur la "Panaugia". Elle concerne la nécessité d'éclairer
l'humanité grâce à la Lumière Universelle, par les moyens dont dispose cette humanité et en
les développant, en l'espèce : les sens, première approche d'un réel bien plus vaste que ce qui
peut être appréhendé par eux, mais voie qui permet parfois aussi un contrôle plus ou moins
efficace et évite nombre d'illusions de type mystique ou occulte. La Raison, à laquelle
Comenius met évidemment un R majuscule, ce qui montre bien qu'il s'agit de la haute raison
basée sur une pensée dépassant de loin la pensée discursive et "rationaliste" au sens limité,
que nous connaissons tous. La foi est aussi pour notre héros un outil de connaissance
intérieure parfois plus efficace que les cinq sens, même si le garde fou de la raison et de
l'expérience, intérieure comme extérieure, peut et doit souvent intervenir. Il s'agit en fin de
compte de parvenir à une réelle "Panharmonie". Là tout homme peut contempler, vivre, et
expérimenter par lui-même la vérité absolue de façon autonome, vérité sur laquelle il sera
possible de se mettre vraiment d'accord, grâce au développement dont nous verrons que la
Pansophie et la Pampaedie nous donnent les clés.
- Dans la troisième partie, il est question de la Pansophie, ou sagesse universelle, sur
laquelle nous aurons l'occasion de revenir. Comenius part de la nature humaine elle-même. Or
nous remarquerons qu'il y a déjà là un postulat. Celui-ci, qui semblait évident pour l'époque
de Jan Amos, ne l'est plus tellement pour nous. Il s'agit tout simplement de l'implicite
suivant : il existe une nature humaine. Or depuis le siècle dernier, cela est bien souvent remis
en question. Examinons les divers points de vue. Certains posent l'idée suivante : il y a peut-
être une nature humaine, mais celle-ci n'a rien d'absolu ni de définitif, elle est sujette aux
influences du milieu, elle s'adapte aux "circonstances" et se modifie avec le temps (air connu).
En particulier beaucoup maintiennent que, si l'on change l'environnement de l'homme, la
"nature", si l'homme lui-même intervient en ce sens, il opère en même temps un changement
de sa propre nature. L'environnement, malgré les derniers développements de la science
moderne, est pour beaucoup le principe de toute explication de la nature humaine. Ce qui
implique, en ce qui concerne l'éducation, que l'éducateur ne se base pas sur une nature en
développement, mais est un véritable créateur, fabricant d'individus suivant un objectif donné.
On voit tout de suite les dangers d'une telle conception. Dans cette optique, c'est
l'environnement, social ou autre, qui détermine l'homme et sa nature, donc c'est le
changement de société qui détermine le changement de l'homme (l'histoire ne dit pas par qui
et en fonction de quels critères la société est modifiée). C’est le germe de tous les
totalitarismes. On a aussi fréquemment rencontré, surtout depuis l'après-guerre l'idée que c'est
l'homme lui-même qui se construit, par sa pensée et ses actes, et détermine sa propre nature.
Notons ici que sa pensée, ses émotions, ses actes, son fonctionnement d'homme constituent
102

peut-être en fait déjà un élément de la nature humaine. Dire que l'homme se constitue, s'auto-
réalise, n'est en fait absolument pas contradictoire avec l'idée d'une nature humaine. En effet,
il lui faut pour cela des matériaux de base. On ne crée pas à partir de rien. Et c'est justement
grâce au bon fonctionnement de tous les éléments de la nature humaine que peut se réaliser
l'homme vrai. Ce bon fonctionnement est un des objets essentiels de l'éducation coménienne.
Une autre tendance, en mettant en relief les multiples aspects des diverses cultures et sociétés,
a cru par-là montrer l'inexistence de la nature humaine. Mais la recherche ethnologique
moderne montre clairement, en particulier l'étude des mythes dans des cultures n'ayant pas
communiqué entre elles, que de nombreux invariants et de multiples constantes, même s'ils
prennent des colorations spécifiques, révèlent une nature humaine fondamentale.
Or s’il est exact que l'embryon n'est pas l'homme adulte, il en possède cependant déjà toutes
les potentialités. De même l'homme des cavernes n'a apparemment rien à voir avec l'homme
actuel, qui se vante tant de son intellect, si destructeur, car il l'utilise à tort et à travers. Eh !
Bien la transformation qui a amené l'homme actuel, la réalisation par lui-même de son
autonomie relative, toutes ces modifications sont bien entendu, et cela est une évidence pour
tout le monde, accomplies par lui-même face à la nature. L'homme est en constant
développement et doit réaliser son être essentiel. Cela a pour point de départ une structure
générale, des tendances, par exemple à la liberté et à la raison, entre autres, et cela, et bien
d'autres choses, constitue sa nature d'être véritablement humain. L'homme n'est pas un simple
animal ou alors ce n'est plus un homme. Pour Comenius, il existe donc bien une nature
humaine spécifique. Mais cela ne justifie absolument pas pour lui toutes les dérives de cette
idée. Ainsi, pour lui, il n'existe absolument pas d'individus dont c'est la "nature" de diriger ou
d'obéir. Notre héros a trop connu la folie humaine pour ne pas avoir compris qu'il est hors de
question de justifier par quelque prédisposition une tendance naturelle prolongeant un statu
quo social ou des différences de statut pouvant permettre d'affirmer une supériorité
"naturelle". Non, pour lui non plus "nous ne sommes pas programmés". Pour notre pédagogue
philosophe et spirituel, non seulement il existe de façon innée et générale, certaines
dispositions, tels le désir inné du Bien, la Volonté encore à naître et les moyens qui doivent
être développés d'y atteindre en parfaite liberté et autonomie, non seulement le discernement
latent en chacun peut et doit être aiguisé, mais ces éléments sont indispensables et afférents à
la nature humaine véritable. Là est le sens ou un des sens fondamentaux de toute sagesse.
Notons ici qu'il est question du Bien, c'est à dire du bien absolu. Nous aurons l'occasion d'y
revenir.
Suivent - la Panglottia, description d’une méthode pour devenir polyglotte et d’une langue
universelle nouvelle, qui ne soit pas le latin (ni pour nous aujourd’hui l’anglais). Pour lui, il y
avait donc une priorité, qui consistait en la création d'une langue universelle, qui ne soit pas le
latin. Malgré la tentative de l'espéranto, nous pouvons remarquer que la langue de
communication est plutôt l'anglais actuellement, et donc qu'une véritable langue universelle
n'existe encore pas.

Et la Pampaedia, à laquelle nous avons déjà fait allusion, méthode “imparable” et


détaillée d’éducation renouvelant tout le système de vie et d’orientation de la société, par le
changement intrinsèque des hommes des familles, etc...

La Panorthosia confirme cette révolution spirituelle par une oraganisation de la famille, de la


cité, des pays et du monde sur la base de la naissance et de la maturité de l’homme vrai,
nouvel et éternel projet de l’humanité.Un point important, travail de pionnier reconnu, fut
celui de la connaissance mutuelle internationale des divers peuples et nations, au moins au
niveau Européen (mais des allusions fréquentes montrent que Comenius, même s'il était trop
tôt à son époque pour que cela connaisse un début de réalisation, concevait cette nécessité
103

comme mondiale et universelle). Ces ouvertures dans la pensée ont fait que, sans que
quiconque connaisse vraiment la pensée de J.A. Comenius, on parle en éducation de "Projet
Comenius", au niveau européen, pour désigner des projets d'échanges culturels et
linguistiques regroupant des établissements d'enseignement de 3 ou 4 pays. Il est d'ailleurs
intéressant et pour le moins révélateur de la "pensée unique de notre temps" que, 4 siècles
après la naissance de notre héros, il soit toujours très difficile de faire admettre, accepter, et
mettre en œuvre de tels projets. En effet tout ce qui dévie d'une "norme" imposée par la
pensée dominante de l'Education Nationale est plus ou moins étouffé et ses promoteurs
neutralisés par mille moyens qui relèvent parfois des pratiques de l'antique inquisition.
Ce chercheur infatigable a d'ailleurs lui-même écrit des méthodes d'enseignement des langues
vivantes pour les écoles qu'il dirigea. Notons qu'existe encore en Pologne un établissement par
lui fondé, à Leszno, dont il fut responsable quelque temps.
"Tout doit commencer par apparaître avec l'expérience personnelle" car "la
connaissance de deuxième main n'est pas la connaissance mais seulement une croyance, et en
ce sens beaucoup sont croyants qui se disent raisonnables, rationnels et scientifiques" (Via
Lucis); et dans le "Confessio Fraternitatis", la vérité de l'expérience authentique est opposée à
"la renommée des philosophes" de sorte que "notre siècle peut être qualifié d'heureux."
(Après ces citations quelque peu difficiles à entendre pour nos oreilles
contemporaines, nous sommes cependant mieux à même de comprendre tel qu'il doit l'être le
projet coménien.)
Il existe, en notre époque de redécouverte du XVIIe siècle, où il est de plus en plus difficile
d'imposer à l'homme qui cherche vraiment des conceptions qu'il n'a pas librement compris,
quelques spécialistes de Comenius. Le problème est que, malgré la valeur de leurs travaux, ils
n'accordent pas assez d'attention à l'essentiel, c'est à dire l'éveil de l'homme véritable, éveil
aux conséquences incalculables.
M. Denis, dans ses remarquables travaux de recherche sur Comenius, aidée de
Patocka, escamote malheureusement une grande partie de son travail spirituel et n'en extrait
que l'aspect purement pédagogique, ou même politique, situant les conceptions libératrices de
celui-ci dans le contexte historique du XVIIe siècle et les limitant à un simple arrière plan de
réforme religieuse .
Olivier Cauly, lui, reconnaît que le travail spirituel, dans la pensée de Comenius, est
inséparable de toute l'aventure pédagogique et politico-religieuse de notre héros. Mais il ne
comprend pas, d'après nous, la portée radicale et applicable à notre époque de ce travail, et le
conçoit plutôt comme une utopie dynamisante.
Il est donc nécessaire que le plus grand nombre posible de nos contemporains comprennent ce
message dans son essence et se mettent courageusement à l’oeuvre pour le réaliser en eux-
mêmes et autour d’eux, provoquant ainsi par là même un profond revirement de l’humanité
entière.
---------
Si nous étudions un peu "Via Lucis" et la "Consultation universelle" nous nous
apercevrons bien vite que le projet coménien rejoignait de très près celui du Cercle de
Tübingen. Cela est très naturel puisqu'il ressort clairement de la correspondance entre J.V.
Andreae et Comenius que celui-ci devait reprendre le flambeau que J.V.A., fatigué et usé par
l'âge et les persécutions, acceptait de lui transmettre. J. Amos entendit parler de la Fama
Fraternitatis certainement avant sa parution. Il date lui-même la parution de celle-ci de 1612.
Il connut donc certainement son existence au cours de son séjour à Marbourg ou à Heidelberg
(1613-1614). De toute façon, il y avait déjà suffisamment de force dans les écrits de jeunesse
de J.V.Andreae pour stimuler la réforme pansophique de notre héros. Celui-ci a d'ailleurs
rendu hommage à son prédécesseur, le désignant comme l'inspirateur de ses "Considérations
Pansophiques".
104

Dans une lettre personnelle datant de 1629, Andréa est touché par le zèle de son jeune
admirateur et lui fait parvenir son "Imago Societatis Christianae" et les "Leges", qui y sont
inclu(s)es. Au cours d'un premier échange épistolaire en 1628, Comenius lui demandait quels
étaient ses projets, et se pésentait à lui comme disciple et élève. Mais dans sa réponse,
Andréa se révèle fatigué, découragé, et argue de son âge (42 ans,c’était beaucoup pour
l’époque) pour ne pas personnellement reprendre la combat. Il accepte l'amitié de J.A. et le
soumet à une sorte de "test" en lui demandant s'il est bien vrai "qu'il se tient loin de toute
partialité et de tout fanatisme, qu'il ne croit qu'à la vérité, qu'il ne reculera que devant celle-ci
et qu'il embrassera la liberté chrétienne sous la bannière de l'amour".
Dans une deuxième lettre, écrite au nom de quelques amis, Comenius rappelle, de
même que cela est écrit dans la "Fama" qu'il "appartient à la nature d'un guerrier courageux de
ne quitter l'arène qu'au moment où son remplacement est assuré en la personne de lutteurs
plus jeunes profitant de l'expérience du vétéran pour éviter les erreurs du débutant". C'est
alors que, se rendant à ces arguments, J.V. Andreae fait parvenir son "Imago Societatis
Christianae" et les "Leges", lui confirmant l'existence et l'activité de cette société. Précisons
que le “Leges” constituent l’héritage” del’ordre, et confèrent à son possesseur ladirection de
celui-ci. Et il précise : "Libre à Comenius et à ses amis de lire et de corriger si nécessaire les
tables de ce naufrage. Rien que de savoir que le navire n'avait pas sombré corps et biens lui
procurerait la joie du marin qui, malgré toutes ses errances, avait ouvert la voie vers de
nouveaux rivages pour ses heureux successeurs, car le but avait été de faire tomber les idoles
de leur piédestal, aussi bien celles de la religion que celles de la science, et de rendre sa place
au Christ"
Ce qui ressort clairement de tous ces échanges épistolaires, c'est que Comenius fut
chargé de reprendre le flambeau de l'ordre entier, recevant la liberté d'établir de nouvelles lois,
dans le combat le plus radical qui soit, proposant à l'homme, non pas de lutter pour ou contre
telle ou telle idéologie, religion, politique ou système, qu'il soit scientifique ou non. Ce
combat se situe pleinement dans le monde, au service de la libération du monde et de
l'humanité, sans toutefois, pourrait-on dire, en faire réellement partie. Il s'agit de ce monde de
corruption, de rentabilité pourrie, d'égoïsme animal fondamental et de lutte pour la vie,
autrement dit de ce que la "Fama" appelle "Aristote, le Pape, Galien, Mahomet, et la même
ritournelle". Précisons que Mahomet, de même que le Pape désigne ici tous les intégrismes et
tous les dogmatismes irréfléchis, malsains, hypocrites et exploiteurs. La nécessité de
reprendre ce travail sur des bases nouvelles provenait entre autres du fait que la publication
prématurée des trois manifestes de la Rose-Croix, si elle avait eu pour résultat ce "franc
succès de librairie" dont nous avons parlé plus haut, avait provoqué oppositions et
persécutions. Notons d'ailleurs que ce n'est pas J.V.A. qui choisit d'agir si tôt, et que celui-ci a
toujours dénoncé les excès juvéniles de certains de ses admirateurs.
Comenius va donc constituer une Fraternité de combattants qui ne luttent pas au sens habituel
du terme. Ce mode de travail universel, que nous pourrions nommer non-lutte dans l'action, se
retrouve dans toutes les entreprises de diffusion de "l'enseignement universel". Nous pensons
ici en particulier au "wei-wu-wei" chinois. Nous comprendrons facilement que tout individu
ou groupe qui cherche à diffuser la sagesse n'entreprendra aucune lutte contre qui que ce soit,
même si sa vie entière est un combat de chaque seconde, ce combat, djihad au sens originel du
terme, étant dirigé contre lui-même.
Cette Fraternité existait. J.Amos le savait, qui, citant "Christianopolis" dans "Le
Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur", précise : "Pourquoi attendre plus longtemps une
telle Fraternité ? Entreprenons plutôt une tentative de mettre en pratique la Fama".
De même J.V. Andreae, dans son écrit à la mémoire de Wense, en 1642, affirme en
résumant le but du travail en question :"En tant qu'adepte d'un Christianisme non seulement
confessé par la bouche mais d'une piété effective comme celle de Joseph Arndt (soit dit en
105

passant, un des précurseurs du travail philosophico-pédagogique de Comenius), Wense essaya


de rassembler un certain nombre d'hommes qui avaient le désir, la capacité et la volonté de se
consacrer à l'amélioration de leur temps, en formant entre eux comme une alliance. Dispersés
aux quatre coins de l'Allemagne, ils devaient établir une sorte d'échange de pensées et, comme
de fidèles amis, délibérer de la science qui se trouvait dans un si triste état, et en particulier de
la vie chrétienne, et chercher la manière dont ils pourraient changer la situation".
Comment ne pas reconnaître là, une fois de plus, le plan des collèges illuminés,
proposition que l'on retrouve dans la "Via Lucis" et de cette fameuse "Réflexion sur
l'amendement des choses humaines", par un groupe d'hommes appelés à cela et formés en
conséquence, que ne cessa de prôner, de défendre et de pratiquer notre héros. Sans
nommément désigner, à cette époque (1622), la Rose-Croix, il utilisait, citait et se basait sur
les idées reconnues officiellement comme caractéristiques de l'hermétisme rosicrucien
(L'Anima Mundi, la triple composition de l'homme, corps, âme, esprit, etc …).
En 1639, il reprit même textuellement dans "Pansophiae Prodromus et Dilucidatio",
des passages de la Fama Fraternitatis, ou s'y référa, y glissant une importante petite phrase
tirée du Confessio Fraternitatis R.C. : "Notre science consiste dans les capacités spirituelles de
l'homme et dans une sagesse supérieure certaine. Elle comporte beaucoup de théologie, de
médecine, mais peu de jurisprudence".
On dit d'ailleurs de la "Via Lucis" que ce fut en fait la "Fama" de Comenius. Cela
serait d'ailleurs logique puisque la rédaction de ce texte en 1641-1642, avait été précédée de
vingt années à peu près lui permettant d'édifier et de constituer le travail qui lui avait été
confié au cours des échanges épistolaires avec J.V. Andreae en 1620.
"Via Lucis" fut d'ailleurs, à la mode developpée du temps, traduit en néerlandais de la
façon suivante : "La voie vers la lumière, explorée et encore à explorer, ou la recherche sensée
de la manière dont la Lumière intellectuelle de l'esprit, la sagesse, peut être répandue
favorablement, au crépuscule qui commence maintenant à tomber sur le monde, et cela d'une
manière compréhensible pour l'intelligence de tous les hommes et de tous les peuples. "
Il s'agit donc bien ici, entre autres, et d'une façon bien spécifique, d'éducation. Le
premier titre en était d'ailleurs : "Didactica Magna oder Via Lucis". Il faut dire que l'éducation
avait aussi été une importante préoccupation, non seulement de Wolfgang Ratichius, mais
aussi de J.V. Andreae. A deux reprises, celui-ci avait abordé le thème du "Collegium
Fraternitatis" ou "Demeure Sancti Spiritus", ainsi que du "Collegium Christianum" d'où la
Lumière (Crucis Lucisque verbum, la parole de la Croix et de la Lumière) devait émaner,
provoquant une "réforme générale du divin et de l'humain". Joseph Arndt connaissait et
admirait Comenius et Andreae, considérait aussi l'éducation comme un point fondamental et
générateur. Comenius lui a d'ailleurs emprunté de larges fragments, en particulier des extraits
du "Viertes Buch van wahren Christentum". Le problème étant ici aussi : "Quelle est la voie
où séjourne la lumière et par quelle voie la lumière se divise-t-elle", c'est-à-dire comment
celle-ci pourrait-elle éclairer jusqu'au tréfonds de notre monde de folie.
Les livres principaux de cette école que constitue le monde entier, école préparatoire ,
école de la sagesse divine, qui doit amener l'être humain à "l'académie céleste", sont au
nombre de trois :
- Le livre du monde visible
- Le livre de l'homme crée à l'image de Dieu ou le livre de la conscience
- L'écriture sainte, qui permet de déchiffrer le livre de la conscience et de commenter celui de
l'Homme, écrit "ésotérique" qui fait comprendre, comme un véritable manuel d'initiation, le
chemin que doit parcourir l'homme pour redevenir "à l'image de Dieu", ou "homme
véritable".
Examinons d'un tout petit peu plus près ce que propose cette "Voie de la Lumière":
106

"Le problème de cette école qu'est le monde c'est qu'il s'y est introduit une grave
confusion, un triste spectacle. Le meilleur service qui pourrait donc être rendu à l'humanité
serait donc, par l'éducation à la lumière de tout le genre humain, de trouver un moyen efficace
pour chasser l'obscurité née de l'ignorance, pour répandre la lumière de la sagesse sur le
monde entier."
On trouve d'ailleurs dans le "Véritable Christianisme" de Joseph Arndt des titres de
“livres" (au sens où l’on parle du “livrede la vie”, par exemple), analogues à ceux proposés
par Comenius : "Liber scripturae, liber conscientiae, liber naturae" ; Dès 1612, Arndt est
régulièrement cité par Andreae. Besold, en la même année, rassemble l'essentiel de ces
citations : "Le monde entier est un magisterium (livre d'enseignement) où se reflète la sagesse
du créateur". La Bible est d'ailleurs, en tant que livre d'initiation intérieure, décrit ainsi
(Confessio Fraternitatis R.C.) : " Ceux qui s'en tenaient fermement à considérer la Bible
comme le fil conducteur de leur vie, le but et le sens de toute étude, le manuel d'instruction et
la conception centrale du monde entier, étaient par là-même très proches et très semblables
aux Frères de la Rose-Croix". De même : "Béni soit celui qui la possède, plus encore
celui qui la lit, et bien plus celui qui l'étudie, mais celui qui la comprend est le plus près de
Dieu et celui qui lui obéit est le plus semblable à Dieu".
Le Labyrinthe du Monde décrit en détail la folie des hommes, le droit injuste, la
médecine meurtrière, la vie familiale inepte, l'exploitation éhontée du travail, la religion
corrompue et licencieuse, quand elle n'est pas meurtrière, la science ignorante et la vanité du
monde.
Sans faire ici une étude approfondie de cet ouvrage, puisqu'il est paru aux éditions
Ebookslib et est donc maintenant disponible en Français, rappelons qu'il fut écrit pendant la
période de persécutions que vécut J.A. Comenius au début de sa vie. Il comporte deux parties.
Au cours de la première, le pélerin cherche son chemin dans le monde, symbolisé par une
ville apparemment très bien organisée en classes et dirigée par la Reine Sagesse, que certains
appellent Vanité. Deux guides se présentent à lui, "Passe-Partout", que l'on pourrait aussi
traduire par "Qui-sait-tout et voit tout", représentant à peine voilé de l'inquisition, et
"Illusion". Ceux-ci, voyant qu'il est un peu récalcitrant, lui mettent des lunettes spéciales qui
font voir le faux vrai et le vrai faux, etc.. et lui font visiter, tout en les lui vantant, toutes les
couches de la société. Heureusement les lunettes ne sont pas très bien ajustées et notre pélerin
peut quand même voir la réalité telle qu'elle est. A chaque étape du voyage, il démasque la
folie du monde pour finalement en arriver à la deuxième étape de son voyage : "Le Paradis du
cœur", au cours duquel il répond à l'appel le plus intérieur de son être.
De la même façon, J.V. Andreae décrivait aussi le mal qu'il faut attaquer, dans "Menippus
Mythologia Christiana", et au commencement de la "Fama Fraternitatis" : "Le monde
inconsidéré sera toutefois peu servi par cela et c'est pourquoi la médisance et la raillerie iront
toujours en augmentant. Chez les savants aussi la fierté et l'orgueil sont si grands qu'ils ne
peuvent s'assembler pour, à partir de tout ce que Dieu a si abondamment répandu en notre
siècle, compiler et produire de concert un Librum Naturae ou règle de tous les arts; mais
chaque parti s'oppose tant à l'autre et se tient en telle aversion que l'on en reste toujours à la
même ritournelle : le Pape, Aristote, Galien, oui, tout ce qui ressemble à un codex doit être
pris pour la claire lumière manifestée, alors qu'ils auraient sans doute, s'ils vivaient encore,
grande joie à se réorienter. Mais on est encore ici trop faible pour un si grand travail. Et bien
qu'en Théologie, Physique et Mathématiques, la vérité lui soit opposée, l'adversaire classique
démontre toujours amplement sa malice et sa fureur, freinant par des belliqueux et des
vagabonds une si belle évolution et la rendant détestable. C'est dans une telle intention de
réforme générale que feu notre bien-aimé Père spirituel très illuminé Frère Christian Rose-
Croix, chef et fondateur de notre fraternité, a consacré pendant longtemps beaucoup de peines
et d'efforts".
107

Ce qui n'empêche pas l'espoir d'une réforme générale et la ferme conviction que partagent
Comenius et l'auteur des Manifestes des Rose-Croix que "le conseil divin envisage toujours
un remède universel". De même, " il n'y a pas de doute que la Lumière universelle rayonnera
avant la fin du monde" (Via Lucis), ce qui répond au "Confessio Fraternitatis", "Savez-vous,
mortels, que Dieu a décidé de rendre au monde prêt à périr la Vérité, la Lumière et la Dignité
qu'Adam a perdues dans le Jardin d'Eden, ce qui a fait naître la détresse des hommes ?"
Cette foi inébranlable dans le progrès, en tant que passage de spirale de conscience en spirale
de conscience, échelle "signifiante" de la conscience de l'homme fonde tout le travail de "Via
Lucis". D'ailleurs, aussi bien " Via Lucis " que la " Fama " mettent la science expérimentale et
la pratique personnelle au-dessus des autorités scientifiques.

XI

Vie et Oeuvre de Comenius


Education et auto-Révolution
Actualité (à suivre)

La vie de Comenius est tellement liée à son œuvre que les deux s'entremêlent. La
rigueur de ses conceptions morales et de sa pratique de vie absolument irréprochable, doit tout
à son éducation, dans le milieu de l'Union des Frères Moraves. Cette communauté, née à la
suite de la révolte hussite en Europe centrale, avait pour règle de vie une pureté de mœurs et
une aspiration à la perfection qui ne pouvaient qu'entrer en conflit avec le catholicisme
corrompu, inquiet de cet exemple. Dans cette communauté, il était important que tous sachent
lire et s'instruisent mutuellement, car l'esprit d'entraide y régnait. Les contemporains, même
ceux qui ne partageaient pas leur recherche, ou même qui y étaient opposés, ont volontiers
reconnu la réalité de la pratique fraternelle vécue par les membres de L'Unité.
La société des frères était divisée en trois classes : - 1) les débutants (ou pénitents) - 2)
les avancés - 3) les parfaits .(On retrouve cette division tripartite dans toutes les fraternités
spirituelles, en particulier dans celle des Cathares, chez qui, après une préparation, un travail
de réformation, appelé aussi endura, était mené à bien dans une "école intérieure", puis
l'accomplissement, la transformation, métamorphose de la chrysalide en papillon, faisait du
candidat un "parfait". Dans cette communauté des frères moraves, comme dans toute
communauté dont le but est l'éveil de la conscience supérieure de ses membres, ceux qui sont
plus avancés ont le devoir d'instruire les autres. Tous étaient éduqués par tous.
Ainsi, vers 1550, on comptait déjà au moins une vingtaine d'écoles de la communauté.
Il n'est un secret pour personne que Comenius fut un éternel exilé. Cependant, il est
remarquable que des catholiques comme Richelieu aient pu faire appel à lui. Il s'en est
d'ailleurs fallu de peu que Comenius accepte de venir en France pour réformer le système
éducatif, disons tout simplement pour le créer, ce qui aurait complètement changé la face de
notre pays, vu les conceptions révolutionnaires de notre héros. Nous ne verrions pas un
système éducatif orienté sur une société en décomposition s'écrouler lamentablement, puisque
toute la réflexion pédagogique du professeur de Saros-Patak vise à une libération de l'homme
vrai, et que la conséquence de cette formation aurait d'emblée pour conséquence une société
elle aussi orientée sur ce même but. En effet qu'est-ce que l'éducation, si ce n'est l'éveil de la
conscience dans le monde, qui permet de se libérer de celui-ci.
Quand on parle d'orientation de nos jours, on pense quasi exclusivement à l'orientation
professionnelle. Or on voit ici que la véritable orientation a un tout autre sens. Cette
108

orientation fut, comme nous l'avons déjà dit, longuement développée et explicitée dans son
œuvre maîtresse : "Consultation Universelle pour l'Amendement des choses humaines". Ce
travail, et nous insistons sur ce point, exige tout de nous, à partir du moment où nous avons
décidé de ne plus être hypocrite, c’est à dire d'agir en fonction de ce que nous avons découvert
être juste, vrai et bon. De même, toute l'œuvre et toute la vie de Comenius pose les bases
concrètes, à long terme, sans aucune visée idéaliste, utopiste, ou imaginaire, mais avec une
logique intuitive implacable, d'une société où tout serait orienté sur la formation et la maturité
d'un "Homo Pansophicus" dont un des prototypes pourrait bien être Al Hallaj, quand il disait,
"Je suis la Vérité (que ses détracteurs ont transformé en “je suis Dieu").
On trouve d'ailleurs à la fin de la "Consultation...", dans le 7e livre intitulé "Panorthosia",
l'esquisse détaillée d'organismes mondiaux de gouvernement, qui s'apparentent (bien qu'il y
ait encore beaucoup à faire pour que la nature de ces organismes répondent réellement aux
objectifs premiers posés dans la "Panorthosie") à l'U.N.E.S.C.O. et à L'O.N.U.(Il devient de
plus en plus clair que des organismes comme l'O.N.U. ne pèsent pas lourd devant le pouvoir
de certains pays qui s'arrogent le rôle de gendarmes du monde).
Ainsi est-il proposé, à la fin de cette somme universelle de la connaissance et de la
remédiation, pour consolider tout ce qui a été esquissé en matière d'éducation et de réformes
diverses, de créer un "Conseil de la Lumière" (chargé de rassembler, de surveiller et
d'organiser tout ce qui touche à l'éducation, à la culture et à la science), véritable Collège
international de sages, qui devront tout d'abord être eux-mêmes impeccables, contrôler le
"Conseil de la Paix", et le "Consistoire Mondial", de même qu’ils seront contrôlés par eux, et
veiller à la bonne marche des affaires humaines dans le monde. Toute une structure régionale,
nationale, et internationale, partant de la base et révocable à tout instant, comme l'aurait
proposé et mis à exécution un Makhno ou un Kropotkine, s'ils avaient été plus loin dans leur
recherche, est développée dans cette Panorthosia. Tout ceci pourrait d’ailleurs nous faire
comprendre pourquoi, à la fin de sa vie, dans l’Unique Nécessaire, Comenius s’excuse de
s’être immiscé dans les affaires du monde.
Il faut bien comprendre que le monde conçu comme une école pansophique, vu l'approche
systématique de notre héros, et sa rigueur intellectuelle, nécessitait une étude approfondie,
basée sur son expérience pédagogique personnelle. Johan Amos travaillait, écrivait, parlait
comme les sages de tous les temps, comme s'il allait mourir demain. Il construisait pour
l'éternité, abolissant par là-même pour lui et ceux qui le comprennent l'espace-temps, réalisant
l'éveil de la conscience et guidant par une éducation appropriée, du moins à plus ou moins
brève échéance, l'élève, à la maturité de la conscience, la maturité de l'Esprit.
Adaptation à notre temps:
"Le temps presse : en effet, nous arrivons à un tournant de l'humanité, qui peut se révéler être
une " fin des siècles " pour ceux qui se détacheront de l'espace-temps. Cela n'ira pas sans mal,
car le résultat de tout le développement accompli par chacun se révélera, et cela ne sera pas
toujours agréable à voir. Il faut sauver ce qui peut encore être sauvé, à ce changement d'ère, si
nous voulons que le plus grand nombre d'hommes et de femmes puissent passer à une spirale
supérieure. "
Et voici “le discours de Comenius”, quelques commentaires de " l'Ecole Pansophique "
"Le Christ a enseigné la loi d'Amour et les études pansophiques se proposent donc le bien de
l'humanité "
Il faut à notre avis comprendre que la prise de conscience est urgente, qu'il est impératif de
réaliser la nécessité de l'accomplissement d'une force intérieure, racine de l'Univers, d'un état
d'être complet qui ne blesse jamais, ce qui bien sûr hâtera la manifestation consciente de l'être
vrai.
Nous possédons toutes les capacités, plus ou moins latentes en nous, pour savoir, vouloir et
pouvoir au sens profond du terme, c'est à dire s'approcher du non-savoir, du non-vouloir et du
109

non-pouvoir. Nous manifesteront ces capacités au mieux en créant des écoles en langue
nationale (rappelons ici qu'à l'époque presque toutes les écoles sauf rares exceptions, en
particulier en Bohême-Moravie, prodiguaient leur enseignement en latin) ; transformant
l'école en laboratoire de connaissance mais aussi en jeu, palais, communauté et paradis, c'est à
dire lieu harmonieux ou le développement se fera, non sous la contrainte, mais avec plaisir et
enthousiasme. Et cela pour procurer aux enfants une méthode qui rende agréable
l'enseignement, des maîtres avancés sur le chemin de la sagesse, capables de guider sur le
chemin de la sagesse et de la réalisation à l'aide de beaux petits livres, résumés de l'œuvre
universelle et conçus en harmonie avec cette sagesse et ce plan universel(et non en fonction
de critères de rentabilité, comme c’est actuellement le cas). Il est question d'organiser
sérieusement et intelligemment tous ces domaines : la formation des maîtres et leur emploi du
temps ainsi que tout ce qui peut, à eux aussi rendre l'exécution de leur tâche plus facile, les
rois et les princes, exercer la médecine, ou d'autres métiers utiles à l'humanité, remplir la
fonction de prophète et surveiller les personnes qui guident vers la libération, et leurs chefs.
Pourquoi voudrions-nous n'enseigner aux femmes que l'abc pour les éloigner ensuite des
livres". etc…
Nous allons maintenant passer en revue les principes énoncés dans la Pampaedie, et quelques
aspects supplémentaires, avant de voir la structure générale de l'œuvre majeure de Johan
Amos, pour parvenir, comme lui, à une "Admonestation" aux hommes et aux femmes de
bonne volonté de notre temps.”
Reprenons brièvement la composition de la "Consultation…", œuvre majeure de Comenius,
tout en rappelant que l'aspect familial est plutôt développé dans "l'Ecole de l'enfance", au
début destiné aux mères, mais qui explique très clairement les grandes lignes directrices de la
pédagogie spirituelle de Comenius. Nous y reviendrons éventuellement. Etant donné que nous
ne sommes pas en possession de la totalité de cet ouvrage, rappelons que nous travaillons ici
de seconde main, et excusons-nous par avance: nous ne ferons pas que le compte rendu du
travail de Comenius, mais nous avancerons aussi une réflexion personnelle sur les thèmes
développés.
Comenius, comme nous l'avons effleuré plus haut, développe ici les lignes de forces
universelles pour le monde et l'humanité, sous tous les aspects. Comme de nos jours, nous
pouvons le faire entre nous, il incite à un accomplissement possible, et remet entre nos mains
le flambeau de cette réalisation. Par-delà les siècles, nous sommes placés devant de
nécessaires étapes de formation individuelle et collective.
Johan Amos a pourtant, nous l'avons vu, tenté au maximum de mener à bien
l'accomplissement du plan dont il est un des exécutants. Cette révolution intemporelle
s'articule de la manière décrite ci-après :
Tout d'abord, un "état des lieux", lucide et objectif. Nous aussi nous pourrions partir du
constat suivant, car malgré de nombreuses différences, de nombreux points communs
rapprochent le XVIIe et le XXe siècle : "Tout va de travers. L'état général des affaires de
l'humanité, sous quelque latitude qu'elle vive, sous toutes ses formes socio-économiques, est
corrompu. Il est urgent de réfléchir objectivement à la situation pour y remédier, mais sur des
bases absolument nouvelles et révolutionnaires. Quand un mur n'est pas d'équerre, il faut
l'abattre, sinon la construction de tout l'ensemble peut en souffrir. Là on invite tous les
hommes à rassembler leurs esprits, leurs facultés, tout ce dont ils sont capables pour s'attaquer
aux problèmes qui les concerne tous. C'est la "Panegersia".
Il s'agit maintenant d'éclairer l'humanité de la Lumière universelle (Panaugeia : Lumière
Universelle), par les moyens naturels à notre disposition, d'apporter un nouvel éclairage, grâce
aux facultés de savoir, oser, vouloir, agir, ou, dans le vocabulaire du XVIIe, savoir vouloir et
pouvoir, et adhérer d'enthousiasme à cette entreprise de libération. Ainsi, une Panharmonie
110

pourra progressivement s'établir, dans la contemplation et la mise en pratique d'une seule et


même vérité, en parfaite liberté. C'est la Panaugia.
Nous avons déjà abordé la "Pansophie". C'est la sagesse universelle, encyclopédique et qui
englobe tout, même ce que nous ne comprenons pas encore avec nos sens limités. Elle est
justifiée par la nature humaine elle-même. Puisque de façon quasi innée, sont inscrits dans
l'homme des idées innées, c'est à dire des germes de développement selon le même plan, il est
clair que l'aspiration à la bonté, la vérité et la justice doit être suscitée et encouragée. De
même la volonté présente de réaliser ce plan et les moyens de les atteindre en parfaite
connaissance directe, si possible, jusque dans la poursuite des moindres détails, permettent à
tous les hommes d'aiguiser suffisamment leur discernement pour tenir le gouvernail de leur
vie.
La Pampaedie, ou éducation universelle : voici un extrait court et qui démontre parfaitement
le caractère révolutionnaire de ce travail, écrit à la suite de son expérience de Saros-Patak , les
trois principes de base de sa didactique. Il faut :
1) Procéder par étapes
2) Tout examiner par soi-même, sans abdication devant quelque autorité que ce soit, et surtout
pas devant l'autorité adulte. (C'est, étymologiquement, l'autopsie)
3) Agir par soi-même (autopraxie). Cela exige, pour tout ce qui sera présenté à l'intellect, à la
mémoire, à la langue, et à la main, que les élèves eux-mêmes le cherchent, le découvrent, le
discutent, le fassent, le répètent, sans se relâcher, par leur effort propre - ne laissant au
pédagogue que le rôle de contrôler si ce qui doit se faire se fait, de la façon adéquate.
Ce n'est donc rien d'autre que l'exposé d'un système éducatif mondial, et universel, la
définition et la proposition de nouveaux types d'écoles, de livres et de pédagogues. Et là aussi
nous reconnaissons l'attitude et le discours humaniste, dans le sens où l'éducation permanente
est prônée de sorte de préparer à l'académie céleste. C'est là pour Jan Amos tout le sens de la
vie de l'homme.
Puis c'est la Panglottie, tentative et proposition précise et développée d'une langue universelle
qui ne soit pas le Latin, qui pourrait permettre une meilleure compréhension et un déblocage
des relations entre les hommes.
Toutes les lignes de forces qui furent projetées par J.A. Comenius, responsable de la grande
impulsion révolutionnaire qui lui fut transmise par le Cercle de Tübingen, ont marqué aussi
notre siècle, mais n'ont pas encore été menées positivement à accomplissement : L'ONU,
caricature du "Conseil de la Paix" préconisé dans la Panorthosie, aurait besoin d'hommes et de
femmes formés selon les principes authentiques de la Pampaedie, et devrait être un véritable
organe de contrôle des gouvernements au lieu d'être contrôlé par eux. Mais où trouver ces
sages? L'Unesco ne peut accomplir valablement sa tâche dans son état actuel, est pourtant
formé d'hommes et de femmes de bonnes volonté. Eux aussi soumis au contrôle des états, au
lieu d'avoir entière liberté d'exercer une veille perpétuelle sur l'état de l'éducation, de la
culture et des sciences, Ne parlons pas du "Consistoire Mondial", qui dans l'état actuel des
divisions dans la recherche spirituelle, n'est qu'un pieux rêve. Et pourtant, ne nous fions pas
aux apparences, une sorte de rassemblement des groupes et diverses églises se prépare.
Malheureusement nous aurons probablement à passer par une tentative de fascisme
théocratique mondial avant que ne se réalise le plan pour l'ère nouvelle dont parle Comenius.
Pour se donner une idée du travail qui reste à accomplir, parcourons rapidement le synopsis
de la Panorthosie, ou traité du bon ordre universel, avant dernier chapitre de la Consultation
Universelle.
Le plan prévoit une réforme, au moyen des outils pansophiques et éducatifs, de l'état public de
la Culture, de la Religion, et des Gouvernements. Mais dans quelle orientation, dans quel but,
et pour réaliser quoi? Puisque l'état des choses est déplorable, il est nécessaire de démolir de
fond en comble "la Babylone de nos errements", c'est à dire toutes les conceptions tournée
111

vers l'ego, vers l'auto-conservation de la conscience-moi, et tous les aspects publics qui en
résultent. Ce n'est qu'en passant par ce préalable que l'apparition d'un éclairage accordé à la
manifestation d'hommes et de femmes capables de porter l'absolu et de le manifester
harmonieusement sera possible, et qu'ils pourront le présenter à toutes les nations, dans la
"sublime clarté de la divine Sion".
Nous avons d'abord le développement de la théorie : - en quoi consiste la réforme universelle,
qui sera de toutes façons exécutée et menée à bien pour l'accomplissement de tous. C'est cela
qui est appelé dans la tradition "la fin du monde", c’est à dire la fin d'un monde dont la tâche
était le rétablissement de l'Homme Parfait, et le retour au monde où l'homme Microcosme
participe en perfection au devenir de la manifestation Universelle.
Cette œuvre requiert bien entendu la collaboration de tous, même si de nombreux pionniers
aideront toujours l'humanité à la réaliser, et si toutes les forces libératrices de l'univers y
participent. Cette conception de la Réforme Universelle doit être sondée et approfondie, et sa
source se trouve dans la synthèse à laquelle il a été fait allusion dans ce travail.
Puis la mise en pratique est décrite dans ses grandes lignes : Tout d'abord il faut éliminer les
facteurs de corruption, que Comenius réunit sous trois rubriques :
- l'opposition au plan de développement inscrit au cœur de l'homme lui-même, il le nomme
"l'impiété, ou les actions téméraires envers Dieu". Car au cœur de l'homme est le germe de
l'absolu, la semence d'éternité, la graine de la Rose qui, colorée du sang de l'abnégation et du
Service, pourra prendre les teintes d'or violet de l'accomplissement.
- L'inhumanité, et tous les comportement d'auto-conservation animaux de lutte pour la vie, qui
provoquent méfiance, haine, et agressions mutuelles.
- Et l'incertitude dans l'exécution de tous les actes de la vie privée et sociale, due à l'ignorance,
donc à une formation déficiente .Rappelons que les trois facultés naturelles que l'homme est
appelé à utiliser pour son accomplissement dans le système pansophique sont : SAVOIR,
VOULOIR, POUVOIR. Nous pouvons moderniser cette triade de la façon suivante :
SAVOIR, OSER, VOULOIR, AGIR. Comenius présente cette incertitude comme ce qu'il
appelle la philosophie païenne, mais il faut bien comprendre qu'à cette époque tout ce qui était
douteux et incertain était qualifié de païen.
La réforme de cette corruption ne peut, bien entendu s'accomplir que par l'application d'une
philosophie universelle ou pansophie, une religion universelle, au sens authentiquement
spirituel du terme, cad se relier à l'absolu, une politique universelle, où tout sera orienté sur la
manifestation et l'harmonie d'hommes en chemin vers cette auto-réalisation, où des instances
de contrôle veilleront à l'exécution de ce programme, et une langue universelle, un
"espéranto" vraiment devenu langue de communication internationale dans tous les domaines.
Cette réforme sera rendue définitive par la mise en place d'un Collège de Lumière, qui veillera
à tout ce qui concerne la Science, l'éducation et la Culture, un consistoire de Sainteté, dont la
tâche sera de veiller au bon déroulement de l'instruction libératrice. Et un Tribunal de Paix qui
veillera à l'harmonie et à la paix entre tous.
Ainsi, dans l'incendie et la folie de la période de mutation où nous nous trouvons, il est de
toute première urgence qu'une réflexion sérieuse soit effectuée sur ces choses et qu'un nombre
croissant d'hommes et de femmes décidés prennent en main leur destin et le destin du monde,
dans le sens et en suivant les lignes de force tracées par tous les interprètes du plan de
développement universel. Tous et toutes sont appelés à réaliser ces choses, le plus vite
possible.
Il est maintenant nécessaire de nous attacher à des aspects plus pratiques et contemporains.
Ainsi pourrons nous toucher à des points plus spécifiquement pédagogiques.
Histoire et civilisation : pistes concrètes
Dans ce contexte, jetons ici pêle-mêle quelques pistes de recherche pour un enseignement
orienté de façon libératrice. L'étude de l'histoire devra être complètement revue. Elle devra
112

avoir pour axe principal, toujours présent à l'arrière plan de tout fait signifiant, l'étude de
l'orientation des sociétés en fonction des "groupes de pionniers", qui sont toujours le
fondement plus ou moins évident des civilisations avancées. Citons rapidement l'Egypte, avec
sa société bâtie autour du temple et des mystères des temples intérieurs, civilisation qui
remonte en fait à plus de 10 000 ans, et qui, grâce à la direction d'un noyau de sages qui ne se
démentit presque jamais jusqu'au début de l'ère chrétienne, est l'exemple type de ce que peut
réaliser un système éducatif adapté à son époque (rappelons qu'à cette période de l'histoire, vu
le degré d'autonomie moyen de l'humanité et l'impossibilité d'une éducation pour tous, tout
individu réellement mûr pour cela pouvait en fait avoir accès à l'enseignement du temple) et
un groupe constant de pionniers qui inspire et dirige un groupe humain. De même, la Grèce et
les Mystères, les Cathares et les Bogomiles au moyen âge, les Manichéens qui civilisèrent un
peuple de barbares en 80 ans (région Ouïgour), etc...Cette connaissance intérieure dont le
reflet peut se déchiffrer dans le grand livre de la nature, et qui peut facilement affleurer dans
des matières telles que l'histoire et la géographie, la biologie et l'astronomie, l'expression
française et l'étude des langues vivantes, les mathématiques ou toutes autres formes de science
soit disant "dure ou molle" en fait toutes les matières à partir du moment où on les envisage
selon le point de vue du devenir humain, de la recherche et de la découverte du véritable sens
de la vie, cette vision pénétrante a de tout temps été enseignée.
Il sera aussi certainement très intéressant de s'appesantir sur la vision de l'éducation de Platon-
Socrate telle qu'elle émane des mystères grecs, mystères que l'on retrouve de nos jours de
façon parfaitement actualisée à notre temps dans la Rose-Croix d'Or, en particulier dans la
progression hiérarchique qui va du parvis du temple à l’intérieur des grades intérieurs.
Reportons nous à un texte du 17e siècle significatif et hautement actuel :"Lorsqu'il arriva là-
bas, il n'avait que seize ans mais possédait déjà une forte constitution allemande (il s'agit bien
entendu d'une image pour indiquer qu'il s'agit là d'un occidental arrivé à une certaine
plénitude). Ainsi qu'il en témoigna lui-même, les sages le reçurent non pas en tant qu'étranger,
mais comme celui qu'ils avaient depuis longtemps attendu (...) Il y appris à mieux connaître la
langue arabe, au point de traduire en bon latin, dans l'année suivante (ici aussi ces langues ont
une sens symbolique) déjà, le Librum M. et de l'emporter avec lui. C'est de ce lieu qu'il a tiré
sa métaphysique et sa mathématique, ce dont le monde aurait pu justement se réjouir s'il avait
eu plus d'amour et moins d'envie."
Etudions quelques commentaires de cette Fama, par Jan Van Rijckenborgh, qui fut à
l'origine des écoles JVR, malheureusement encore limitées au niveau primaire, aux Pays-Bas.
(Nous reviendrons sur les détails et plans de cette école-phare, reconnue et encouragée par
l'état hollandais ).
Il faut bien comprendre ici que le livre M ne pourra jamais se trouver dans aucune
bibliothèque. "Damcar est l'esprit dans lequel celui qui cherche, le pédagogue ou l'élève,
embrasse le monde en une profonde et intense aspiration, afin d'ériger les murs d'une nouvelle
citadelle de la vérité". Et il s'agit bien de cela, en nos temps troublés. Faire en sorte qu'un
groupe suffisamment important de pédagogues avec leurs élèves constituent une telle citadelle
autour de la forteresse de l'initiation, phare qui pourra accueillir et montrer à tous ceux qui
sont l’objet de l’attaque des courants négatifs dont nostre époque est prolifique, un chemin de
régénération et une orientation de vie positive et dynamique, par l'obéissance aux lignes de
forces libératrices de notre temps. "Damcar, c'est le droit absolu, sublime, qui lance son appel
et supplie afin d'être entendu." Le droit, c'est à dire la compréhension de la vocation humaine
dans ce monde, dans cet ordre de nature, maison de transit et école préparatoire pour un autre
ordre de nature, dont le germe est déjà présent en nous. Faire en sorte que tous ceux qui lui
sont confiés comprennent ce qui doit être découvert et accompli, et suivant quelles
orientations, suivant quel processus déjà inscrit dans le corps, donc "naturel", n'est-ce pas le
rêve de tout éducateur sérieux; et nous retrouverons plus loin tout cela chez Comenius, qui fut
113

le continuateur du Cercle de Tübingen. "Damcar - c'est le cœur de la force planétaire, le


fondement de la genèse du monde." Il est un fait certain, nous connaissons très mal les
couches intérieures de notre globe terrestre, et ne réalisons même pas que nos archétypes,
donc une vie d'un très haut niveau, sous la direction de la force planétaire, peuplent une
certaine couche de notre globe. Nous ne réalisons pas que le cœur de la Terre, comme notre
cœur, est le lieu central, noyau atomique où des échanges de rayonnement très complexes et
d'une très haute vibration constituent le fondement de toute vie sur notre planète. Et ces
choses doivent de nouveau être apprises et comprises par notre humanité si celle-ci veut être
mise à même de collaborer au formidable tournant auquel nous prenons de toute façon part,
pour une élévation positive à l'état humain véritable, ou pour un retour à l'état pré-humain.
Nous en voyons déjà les signes avant-coureurs chez bon nombre d'individus, jeunes ou vieux.
La géologie doit être étudiée sous cet aspect d'utilité publique pour un rétablissement de ce
qui PEUT ENCORE ÊTRE RÉTABLI! Car il est possible de beaucoup adoucir cette époque
de troubles et de bouleversements, beaucoup de jeunes en particulier sont encore en mesure de
comprendre et de vivre ces choses.
" Le mot "Arabie" doit être ici compris comme la demeure dsu Lion.
Damcar, l'idée de la libération, doit provenir de la demeure du Lion, du Lion de Juda,
le grand réalisateur universel, l'éducateur par excellence : le Lion - Léo - le signe de libération
du Verseau.
Là, auprès de la source des mystères, il resta trois ans, et il traduisit le livre M."
Revenons aux commentaires de Mr Jan Van Rijckenborgh, qui éclaireront l'exigence
qui devrait être posée en objectif à réaliser le plus vite possible à tout pédagogue digne de ce
nom, et constituer l'orientation de toute éducation, à plus ou moins long terme : "Lorsque ce
héros légendaire a célébré l'accomplissement du réalisme universel, et qu'en abnégation il s'est
donné entièrement, autrement dit qu'il a intégré dans sa vie l'enseignement de bonté (cœur),
vérité (tête) et justice (bassin, acte), et qu'il s'est levé comme une flamboyante lumière
universelle dans les ténèbres de notre époque, il s'approche de l'essence des choses, bien qu'il
soit épuisé, ne prêtant aucune attention à la haine, à l'opposition et aux persécutions."
Il est un fait que tout éducateur sérieux arrivé à ce point de son développement verra tout le
vermoulu, tout le corrompu à la lumière de l'essence des choses, et qu'il agira concrètement
pour redresser, relever et faire comprendre. Ce faisant, il est manifeste qu'il se fera beaucoup
d'ennemis, mais, persévérant, il visera à l'élévation de conscience de ses ennemis mêmes, il
respectera ce qui est respectable, et le reste, il l'englobera de la nouvelle force qu'il a acquise,
afin d'élever et de sauver .
"Il arrive à Damas, le parvis de Damcar, d'où il veut continuer son voyage jusqu'à
Jérusalem. Là, à Damcar, il démontre sa grande capacité en physique et en sciences naturelles,
cad que les voiles qui cachent l'essence des choses commencent à tomber" (Il faut préciser ici
que, si ce langage est symbolique, il est possible et même nécessaire d'enseigner la physique
et les sciences naturelles de façon qu'elles révèlent plus ou moins l'essence des choses, ou en
tout cas qu'elles orientent dans cette direction. La science biosophique répondra à cette
attente. Pour Comenius, il avait trouvé un autre concept qui recouvrait toute la connaissance :
la Pansophie)... Le grec et le latin des mystères, tout d'abord compris partiellement, sont
maintenant complètement maîtrisés, grâce à l'acte.
... A Damcar, l'instructeur, le pédagogue, l'éducateur arrivé à cette si
importante étape de sa formation, "est reçu comme quelqu'un de connu; là est célébrée la fête
de la communauté de vie,..., l'homme supérieur est né, remonté du nadir, grâce à l'acte." Il est
bien évident que si l'éducateur veut être à même de guider le jeune vers cette humanité
véritable, il doit pour le moins être parvenu à cet état d'être, ou en tout cas être plus ou moins
avancé sur ce chemin de connaissance et de maîtrise de soi, qui mène à l'acte libérateur et en
est le résultat.
114

...Admis à la fête de la communauté de vie avec la force universelle, vous apprenez la


langue arabe mieux que jamais auparavant. La physique est devenue néant auprès de la gloire
débordante du livre M. La langue vivante vous entoure de ses merveilleux caractères;...
Le livre M est le livre de l'humanité, la cosmologie intégrale de la mémoire de la
nature (...) c'est la synthèse de toute sagesse depuis la création du monde jusqu'à nos jours. Le
livre M est la connaissance abstraite de tout ce qui fut qui est et qui sera, connaissance qui ne
peut être interceptée par aucun homme de ce monde et que rien ne peut corrompre... Le livre
M est une force colossale, supérieure à tout..."
Il est intéressant de constater ce qui va se passer quand notre héros arrive en "Espagne"(sens
évidemment symbolique), porte de l'Europe, au retour de son voyage:
"Quand une harmonieuse préparation a fait que pour l'individu comme pour l'humanité de son
temps, les temps sont mûrs, l'esprit véritablement humain, et sa force brisante et régénératrice,
symbolisé par l'Espagne, commence son travail.
A l'adresse de tous les érudits et de tous les chefs d'états d'Europe en particulier, cet esprit, qui
peut émaner de n'importe lequel d'entre nous, à condition qu'il exécute le travail sur lui-même
et au service de tous, selon les lignes de force directrices pour le temps présent, s'adresse en
ces termes :
" ...espérant voir, puisqu'il avait tiré pour lui-même tant de profit de son voyage, les savants
d'Europe se réjouir grandement avec lui ...il s'entretint avec les savants d'Espagne, quant à ce
qui manquait à nos arts, quant à la façon de les aider ; d'où l'on pouvait tirer des indices
certains sur les siècles suivants et en quoi ils devaient concorder avec les siècles passés ;
comment réformer les défauts ... (de la science) et de toute la philosophie morale. Il leur
montra de nouvelles plantes, de nouveaux fruits et animaux qui ne suivaient pas les lois de
l'ancienne philosophie et il leur communiqua de nouveaux axiomes qui pouvaient tout
résoudre parfaitement. ( tout ceci a bien entendu un sens symbolique, même si à cette époque
cela pouvait être pris à la lettre).
Mais tout cela leur parut risible et, comme c'était encore nouveau, ils craignaient que leur
grand nom en souffre, puisqu'ils devraient d'abord se remettre à l'étude et confesser leur
égarement datant de nombreuses années. Ils y étaient du reste fort bien accoutumés et en
avaient tiré assez de profit. Un autre, auquel l'inquiétude est agréable, pourra bien tenter une
réforme! Cette ritournelle lui fut aussi chantée par d'autres nations.Il y aurait beaucoup de
choses à dire sur ces quelques lignes. Tout d'abord que la vraie connaissance, bien qu'il soit
indispensable d'utiliser des livres pour s'en approcher, ne se trouve pas et ne se trouvera
jamais dans des livres.
Cela montre peut-être aussi que ce travail est une sorte de coup de dés à risque calculé, qui
sait très bien qu'il fournit peut-être à ceux qui le lisent ou le liront un bâton pour qu'on lui tape
dessus, même et surtout aux pseudo-spirituels. Mais peut-être est-ce le moment...
Il faut préciser que ce 17e siècle si fécond et si méconnu offre des clés qui peuvent et doivent
être réalisées de nos jours, alors qu'en leur temps elles étaient encore prématurées.

Synthèse :

Du Paradis du Cœur à la Voie de Lumière


Réflexions sur l'Utopie

La Jeunesse de Comenius
Parcours intérieur (Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur)
115

Quand un chercheur passe par l'épreuve de la désillusion et en sort victorieux, il se "retourne"


vers le paradis de son cœur. Ce fut le cas de Comenius au XVIIe siècle, comme cela peut être
le cas de chacun d'entre nous.
Il dut affronter la tempête des événements qui amenèrent l'Europe à la catastrophe de la
défaite de la "Montagne blanche". Il naquit en 1596 à Niwnice, ( certains disent Uhersky-
Brod, mais cela n’a pas grande importance) en Bohème, carrefour de la pensée spirituelle
révolutionnaire de l'époque. Le berceau de son enfance, qui détermina sa vie entière, fut la
communauté des frères Moraves, issue elle-même de la branche pacifiste, quoique non
"aristocratique" des hussites, premiers Européens à mettre en cause ouvertement la corruption
du catholicisme, ouvrant ainsi la porte à ce que Valentin Andréa appellera plus tard "une
véritable réforme du genre humain".

S'il faut absolument parler d'utopie à propos de Comenius, nous préférerions parler d'utopie
réaliste. Comenius lui même utilise les termes de réforme, de redressement, d'amélioration.
Mais, nous distinguerons ici deux types d'utopie, tout en constatant que les autorités actuelles
tendent malheureusement à se diriger, par ignorance, vers le premier type.
Tout d'abord l'Utopie en tant que maîtrise factice, illusoire, et vouée à l'échec de la vie et de la
mort. J'appellerai cela l'utopie-piège : c'est en fait une illusion, un faux bonheur de surface.
L'organisation sociale y joue un grand rôle, dans le but d'une prolongation artificielle de la vie
dans des conditions pseudo-idéales. Et l'on constate déjà en de nombreux pays, dont les Etats-
Unis, la volonté d'ignorer la mort, de faire comme si elle n'existait pas, de la camoufler ou de
l'embellir. Dans ce type d'utopie, on assiste à une régulation quasi-scientifique de tous les
rapports humains. On confond bonheur et plaisir. On se libère de façon apparente de tous les
anciens tabous (ce qui n'est pas en soi une mauvaise chose), qui se trouvent remplacés par une
obéissance absolue (nouveau dogmatisme très étouffant puisque contre-nature) à quelques
règles relevant du consensus quasi-implicite tournant autour du point fondamental :
"Le but de la vie humaine véritable se trouve de toute façon en ce monde, qu'il s'agisse de sa
partie visible ou invisible."
Il est peut-être nécessaire de donner ici quelques explications. Nous n'avons rien contre un
ordre du monde où règne la paix, au contraire, mais il faut éviter toute équivoque en ce qui
concerne notre vision du monde en tant qu'ordre de secours". L'éducation, la science, la
culture, la vie sociale, la politique et la religion, tant qu'elles s'orientent, consciemment ou
inconsciemment vers une telle tentative exclusivement terrestre (qu'il s'agisse de la partie
visible ou invisible de notre monde), auront toujours un parfum d'imitation, de caricature.
Elles pourraient pourtant jouer un rôle important dans les processus d'approche du véritable
travail intérieur. Elles pourraient être l'occasion de manifester, de rayonner, sans faire quoi
que ce soit pour, spontanément, de façon impersonnelle, comme une enclave en ce monde, les
forces lumières dont vivent ceux et celles qui accomplissent ce travail. Mais, par elles-mêmes,
ces champs de recherche et d'activités ne possèdent aucune valeur libératrice pratique.
L'objectif de notre présence en ce monde ne peut d'ailleurs pas être de créer un monde
dialectique parfait. Il ne s'agit pas de rester dans la caverne, même si les ombres portées sont
très belles. Il ne s'agit pas même, en dernier recours, de contempler les reflets de la lumière
dans un lac ou même dans les corps célestes. Non, le problème est : comment sortir de tout ce
jeu d'illusions et de mensonge et se libérer des chaînes de l'espace et du temps?
D'ailleurs tous les textes sacrés le précisent bien, et en particulier, celui que notre culture
occidentale connaît le mieux : "Mon Royaume n'est pas de ce monde" et "Laissez les morts
enterrer les morts".
Notre monde et les forces visibles et invisibles qui sont à l'arrière-plan et gouvernent notre
ordre de nature, présidant à son fonctionnement ont en effet pour "tâche" une sorte d'auto-
116

entretien, d'auto-conservation, afin que toutes les entités qui peuvent être prises en compte
pour se libérer de l'espace et du temps puissent s'épanouir dans un champ de développement.
Mais, en retour chaque entité qui, ce faisant , quitte ou menace de quitter ce champ de vie
affaiblit ces forces, en un certain sens les attaque, et à long terme menace de les anéantir. Car
ces forces font partie de l'espace et du temps; et devront, à très long terme, elles aussi, subir
la transmutation qui les fera s'échapper de ce domaine de vie. Mais cela pas avant que leur
tâche ne soit accomplie, pas avant que la dernière entité n'aie quitté cet ordre de secours pour
réintégrer la véritable évolution originelle.
Donc ces forces feront tout pour nous retenir, en vain puisque le taux vibratoire auquel nous
nous intégrerons alors est largement supérieur au leur. Et donc toutes les tentatives explicites
ou implicites de créer une sorte de "Paradis sur terre", chose impossible et qui restera toujours
du domaine du rêve malsain, font partie de cette "grande tentation".
En ce sens toute forme d'Utopie qui n'a pas pour base l'inéluctable libération de ce champ de
vie, qui n'est pas la conséquence de la percée de conscience d'une proportion significative de
la population, ne peut être qu'une trahison, une contrefaçon, et s'oppose aux lois supérieures
naturelles du développement humain. +C'est en particulier le problème de l'interprétation
d'œuvres telles que celle de Bacon, Comenius, Campanella, ou d'autres travailleurs spirituels
comme J.V. Andreae, Ch. Besold, ou Tobias Hesse. La tendance à ramener et à utiliser leur
travail visionnaire et/ou symbolique est malheureusement une des armes de l'auto-
conservation du monde.
Après le voyage de Christian Rose-Croix autour de la Méditerranée, il proposa une nouvelle
vision révolutionnaire du monde aux savants en Espagne; elle était cependant si radicale
qu'elle ne put, dans un premier temps, qu'être purement et simplement rejetée dans les termes
suivants :
"(citation de la Fama)"
“Deux ans plus tard, frère RC quitta Fez pour l’Espagne, porteur de nombreux et précieux
éléments, espérant voir, puisqu’il avait tiré pour lui-même” tant de profit de son voyage, les
savants d’Europe se réjouir grandement avec lui et régler désormais toutes leurs études sur
des fondements aussi assurés. C’est pourquoi il s’entretint avec les savants d’Espagne, quant à
ce qui manquait de nos arts et quant à la façon de les aider ; d’où l’on pouvait tirer des indices
certains sur les siècles suivants et en quoi ils devaient concorder avec les siècles passés ;
comment réformer les défauts de l’Eglise et de toute la philosophie morale. Il leur montra de
nouvelles plantes, de nouveaux fruits et animaux qui ne suivaient pas les lois de l’ancienne
philosophie et il leur communiqua de nouveaux axiomes qui pouvaient résoudre tout
parfaitement.
Mais tout cela leur parut risible et, comme c’était encore nouveau, ils craignirent que leur
grand nom en souffre, puisqu’ils devraient d’abord se remettre à l’étude et confesser leur
égarement datant de nombreuses années. Ils y étaient d’ailleurs fort bien accoutumés et en
avaient tirés assez de profit. Un autre, auquel l’inquiétude est agréable, pourra bien faire une
réforme !
Cette ritournelle lui fut aussi chantée par d’autres nations. Cela l’affecta d’autant plus qu’il ne
s’y était nullement préparé et qu’il était donc disposé à communiquer charitablement aux
savants tous ses arts, s’ils voulaient bien se donner la peine d’oser puiser à certains Axiomes
infaillibles, en dehors de toutes les facultés, sciences, arts et de la nature entière. Car il était
persuadé que ces Axiomes s’orienteraient comme dans une sphère vers le centre unique, et,
comme cela se passait chez les Arabes, ne devaient servir de ligne directrice qu’aux sages ;
afin qu’alors on ait aussi en Europe une société qui possédat assez d’or et de pierres
précieuses et qui le fasse savoir aux rois en leur suggérant respectueusement de faire instruire
les souverains par cette société, de façons qu’ils sachent tout ce que Dieu permet aux hommes
de savoir et qu’en cas de besoin des directives puissent leur être demandées ...”
117

Mais la "Demeure Sancti Spiritus", champ de travail de tous les Rose-Croix du XVIIe siècle
en Europe, orientés précisément sur le travail libérateur pour le monde et l'humanité auquel
nous avons jusqu'ici fait allusion, se développa dans le secret; Avec l'initiative de Comenius et
de ses amis, furent précisées les conséquences à long terme du travail spirituel authentique.
Et il était inévitable que s'insinuent dès lors, malgré une réelle bonne volonté du monde, les
germes de la trahison décrite.
Nous préférerons donc l'utopie réaliste, comme celle de Comenius (et d'autres), qui se
présente de la façon suivante : l'humanité est appelée à l'autoréalisation de son être essentiel,
qui n'appartient pas à notre ordre de nature. Et nous espérons que ces visions, que ces lignes
de forces proposées pour un développement de l'humanité dont l'orientation, la trame est
purement spirituelle, ne seront pas à nouveau utilisées à des fins autoconservatrices.
Ce monde a bien un but, un sens, et il est très important de bien le comprendre. C'est l'école
de la vraie vie qui nous permettra, si nous acceptons de soumettre toute notre vie à ce but,
d'accéder à ce que Comenius appelle l'Académie de l'Ame, porte d'entrée du véritable
domaine de vie de l'homme-microcosme, qui n'a alors plus rien à voir avec l'espace-temps. Si
cette façon de voir implique à long terme des modifications de la structure sociale, ce sera la
conséquence d'un travail sur soi du plus grand nombre possible d'individus semblablement
orientés dans ce sens. L'organisation sociale, telle que la propose par exemple un Comenius,
considérée encore de nos jours comme "utopique", non réalisée, découle donc purement et
simplement d'une nouvelle éducation qui vise à la réalisation universelle de ce but de vie.
C'est cette autorévolution, la plus radicale qui soit, qui pourrait déterminer l'élaboration d'une
société libératrice, gnostique, orientée exclusivement sur la formation d'hommes et de
femmes dignes de ce nom, sur les plans spirituel, psychique et matériel. L'homme actuel a en
effet reçu au cours des siècles tous les éléments qui lui permettent ce pas en avant, malgré les
résistances auto-conservatrices des groupes de pouvoir.
Pourquoi ces résistances? Tout simplement parce que l'inversion des valeurs qu'implique une
telle orientation signifierait à plus ou moins brève échéance leur disparition ou en tout cas au
moins une transformation radicale de leurs objectifs, et non un renforcement de leurs
prérogatives destructrices. Par exemple, aucune violence ne pourra plus être faite à la Nature,
et rien ne pourra plus se faire sans que l'on tienne réellement compte de l'intérêt de tous, en
toutes circonstances.
La nouvelle société gnostique naîtra dès qu'un nombre suffisamment important d'hommes et
de femmes auront compris ce sens général des choses. L'éducation est donc chez Comenius
un élément essentiel de sa réforme, qui découle à la fois de sa pratique personnelle en la
matière et du respect des lignes de forces universelles qu'il a su interpréter.
Dans la fin de la Panorthosie, où Comenius révèle ce que l'on pourrait appeler son "plan pour
une civilisation gnostique", on décèle de nombreux emprunts à More, Campanella, Patrizi et
Doni. Mais ce qui fait la spécificité de Comenius, c'est qu'il cherche à réformer la société de
façon universelle. Il faut ici préciser que ce plan n'a de sens que s'il découle du véritable être
intérieur d'un nombre suffisant d'individus, créant ainsi une orientation générale authentique
et concrète sur des valeurs essentielles.
C'est de la prise de conscience de l'illusion et de la vanité du monde (qu'il a bien connus et qui
se manifeste encore de nos jours sous bien des aspects), en tant qu'expression de la volonté de
pouvoir et manifestation de l'égocentricité animale, sous toutes leurs formes, que naquirent
toutes les tentatives de réforme, toutes les utopies, toutes les recherches plus ou moins
efficaces pour retrouver une harmonie de l'homme et de la société avec l'Universel.
Nous retrouvons le cheminement de Comenius dans l'adresse au lecteur du "Labyrinthe …",
une des œuvres les plus connues de Comenius
"…dans l'ensemble, toutes les pensées des hommes se sont orientées vers la découverte de la
perfection et du chemin qui y mène. On découvre par là que pratiquement tous les hommes se
118

fuient, comme si de cette façon ils pouvaient calmer et apaiser le désir de leur cœur.
Inlassablement ils cherchent la perfection dans le monde : l'un dans les possessions, l'autre
dans les satisfactions et les voluptés, le troisième dans les honneurs et la renommée, le
quatrième dans l'art et la science, un autre dans une compagnie agréable, etc... Bref, tous
dirigent leurs regards sur de vaines choses et cherchent leur salut en dehors d'eux-mêmes .
Ils ne le trouvent pas, comme en témoigne Salomon, le plus sage des hommes, qui chercha
également la paix de son âme. Après maints voyages et recherches dans le monde entier, il dut
pour finir reconnaître: "C'est pourquoi je détestai cette vie; car tout ce qui se fait sous le soleil
m'a déplu, tout est vanité et poursuite du vent.(Ecclésiaste 2:17). La véritable paix de l'âme,
explique-t-il - après l'avoir trouvée lui-même - tient en ce que l'homme abandonne le monde
et se confie à Dieu seul, l'adore et suive ses commandements. "Car, continue-t-il, tout se
résume à cela". Parallèlement, David concluait que l'homme le plus heureux est celui dont la
vision et l'esprit abandonnent le monde, qui ouvre la porte de son cœur à Dieu seul et se relie
à lui pour l'éternité, l'adore et suit ses commandements.
Louée soit la miséricorde divine d'avoir aussi ouvert mes yeux. Ainsi je peux percevoir les
multiples vanités de ce monde prétentieux, comme l'erreur partout cachée sous le masque de
l'éclat visible. Grâce à cela, j'ai appris à rechercher ailleurs la paix et la sécurité d'esprit .
(…) Mes guides, qui sont les guides de tout homme qui cherche à faire son chemin en ce
monde sont en vérité les suivants : l'avidité d'esprit, qui met son nez partout, et la force de
l'habitude, qui prête un ton de vérité à toutes les erreurs du monde. Néanmoins, si tu te sers de
ta raison, tu verras, comme je l'ai fait, la misérable confusion de notre espèce. Si cela ne
t'apparaissait pas, tu peux être sûr que ce sont les lunettes de la tromperie qui en sont la cause,
en te faisant tout voir à l'envers.
En ce qui concerne la description du bonheur des cœurs voués à Dieu, je confesse qu'il s'agit
plutôt d'une esquisse de leur état idéal, plus qu'une description du véritable état d'être des élus.
Mais le Seigneur ne manque pas de tels esprits parfaits et toute personne vraiment pieuse qui
lit ce livre a le devoir d'aspirer à un tel état de perfection. Porte toi bien , cher ami Chrétien, et
que le guide de la Lumière, le Saint Esprit, te révèle, mieux que je ne suis capable de le faire,
la vanité du monde, de même que la vraie gloire, la consolation, et la joie des élus et des
cœurs unis à Dieu. Amen. "

A près la presque éradication violente des groupes spirituels et gnostiques, dont le


manichéisme,( qui toucha l'humanité à une échelle mondiale, de l'Afrique à la Chine en
passant par l'Europe), dont est issu tout le christianisme, l'oppression romaine se faisait sentir
depuis à peu près mille ans, Dès le 11e/12e siècle, les Cathares, les Templiers, les Vaudois et
bien d'autres, firent renaître de façon déjà perceptible au quatorzième siècle, malgré le
génocide des Cathares, de tout autres modes de vie et de pensée. Tout en mettant la réalisation
spirituelle au premier plan, ils impliquaient tout naturellement aussi bien une haute éthique et
de sévères règles de vie, (en tout cas pour ceux qui décidaient effectivement de poser le pied
sur le chemin libérateur) qu'une liberté de vie et de conscience en relation avec la recherche
intérieure.
Comenius naquit dans une telle communauté, issue elle-même de la branche pacifiste des
groupes hussites. Ces hommes ne renièrent jamais devant les pires ruses ou tortures de
l'inquisition. A l'instar de leur prédécesseur Jean Husinec, ils furent persécutés parce qu'ils
avaient compris et voulaient accomplir le sens de la vie humaine en notre monde. Ils
attaquèrent de la sorte l'ordre dialectique et ses tendances auto-conservatrices. Ils furent les
premiers, depuis les gnostiques, les cathares et les manichéens à remettre officiellement en
cause le dogme vide d'esprit, jusqu'à faire trembler les racines du pouvoir Romain. Et ceci à
tel point qu'il fallut près de 200 ans pour apparemment, permettre un triomphe temporaire et
extérieur du catholicisme en Europe. La Réforme de Luther, Zwingli et Calvin ne fit d'ailleurs
119

que prendre la suite de cette révolution spirituelle intemporelle, en la trahissant d'ailleurs


quelque peu.
Les Frères Moraves vivaient en communauté de biens. Ils cantonnèrent tout d'abord leurs
activités, comme l'avaient fait auparavant les Bogomiles pour les mêmes raisons, à
l'agriculture et au culte. Puis ils diversifièrent très progressivement leurs travaux. Petit à petit
l'éducation prit une place prépondérante, car ils en avaient bien compris le sens : permettre à
tous l'accès à une maturité de conscience suffisante pour prendre en main l'auto-révolution de
l'âme au service de l'Esprit. Au début confinée à des conseils de comportement aux jeunes,
aux parents et à la communauté, et au minimum nécessaire pour accomplir la vie matérielle,
psychique et spirituelle et la mener à une bonne fin. Tous ces aspects furent reconnus
importants, mais, comme dans l'ordre platonicien dans l'ordre hiérarchique inverse. Plusieurs
membres de la communauté suivirent des études supérieures et une "éducation de tous par
tous" se développa. La Bohême Moravie devint le pays où, à l'époque, en Europe, le nombre
d'écoles était le plus important et où tout ce que l'on pouvait connaître était traité.
Revenons un peu sur la vie de Jan Amos Comenius
La première partie de sa vie fut toute entière consacrée à sa communauté. Lui-même
reçut tout d'abord son éducation scolaire dans les écoles de l'Unité. C'est à Prerov, à l'Ecole
latine, qu'il eut le bonheur d'être remarqué par un directeur, lui-même membre respecté de la
fraternité. Celui-ci fut assez perspicace pour remarquer ses talents et l'encouragea à
poursuivre ses études.
Jan Amos se souviendra plus tard de la piètre qualité des méthodes scolaires de cet
établissement, mais il fut bon élève et fit des progrès fulgurants . Il fut ainsi remarqué par
Lasicki, un des membres les plus importants, évêque de L'Unité. Il fut donc envoyé en
Allemagne, à Herborn, Université Calviniste, et à Heidelberg, pour y poursuivre ses études.
Là il rencontra Arndt, Alsted et Ratichius. Il y prit connaissance de l'œuvre de Bacon, qui le
familiarisa avec l'approche scientifique des problèmes humains, et de la "Fama Fraternitatis
Rosae Crucis", de Jean Valentin Andreae.
Il y apprit à considérer l'univers comme son livre d'apprentissage. Il cherchait déjà à
comprendre l'unité de toutes choses. Ainsi son deuxième livre était le livre de l'homme ou
livre de la conscience, et son troisième, comme commentaire du premier et mode d'emploi du
deuxième, les livres sacrés, pour lui, occidental européen du XVIIe siècle, la Bible
De retour en Bohême, il enseigna dans l'école où il avait été élève. Il fut ordonné
prêtre à l'âge de vingt-quatre ans. Deux ans plus tard, on le retrouve à Fulnek, où il exerce son
ministère, combinant l'activité sacerdotale avec celle de pédagogue, ce qui pour lui constituait
un tout. Il prit très au sérieux ses responsabilités envers la population. Son enseignement ne se
limitait pas à des aspects théoriques puisque, par exemple, il apprenait aux jeunes à percer les
secrets de la nature par le biais, par exemple de l'apiculture pratique.

L'Utopie réaliste Coménienne embrasse tous les aspects de la Vie. Science, éducation, culture,
vie sociale, religion et politique. Il s'agit de joindre tous les hommes dans un effort général
pour élever le niveau de conscience de tous, jusqu'à la libération de ce monde, que Comenius
assimile à l'entrée dans l'académie de l'âme, si possible au cours de cette vie même. Grâce à
une vision universelle des choses et à partir de la sagesse divine chacun devra s'appliquer à
vivre et à être de cette sagesse et à l'accomplir dans sa vie. Cette réalisation, c'est une
évidence, prendra du temps, et Comenius, à plusieurs reprises, indique que l'état de l'humanité
idéal qu'il propose correspond à un accomplissement qui approche de la "fin des temps", où
l'humanité aura déjà compris bien des choses. En même temps, les éléments qu'il propose, et
rappelons que nous sommes au XVIIe siècle, sont fait pour hâter cette fin des temps, où
l'homme sera de nouveau" à l'image de Dieu", nous dirions de nos jours, où l'humanité
véritable se manifestera.
120

La situation politique en ce début du XVIIe siècle était encore indécise. Les princes
protestants préparaient un jeu d'alliances qui leur permettrait de nourrir l'espoir de
contrebalancer la réaction romaine. Des courants culturels et spirituels incarnant la liberté
sillonnaient déjà l'Europe. John Dee était venu d'Angleterre en Bohême, foyer de la
communauté Morave - Giordano Bruno perçait l'infini des Mondes - Copernic et Kepler
avaient démystifié l'Univers. Francis Bacon opérait une synthèse de la connaissance et Robert
Fludd tentait de faire de même.
C'est dans ce contexte que, comme nous l'avons vu, Comenius vécut deux événements qui
influencèrent profondément le cours de sa vie. Au cours de ses études, soit à Marbourg, soit à
Heidelberg (1613-1614), il apprit l'existence de la Rose-Croix et eut en tout cas certainement
connaissance de la Fama Fraternitatis avant sa parution.
Puis, quelques années plus tard, il vécut de façon intense les persécutions dirigées contre
l'Unité des Frères, et finalement, la défaite de la Montagne blanche, fin de l'aventure
Bohémienne de la reine Elisabeth et du roi Frédéric. Nous sommes en 1620. Pour sa
communauté, c'est l'exil en Pologne, à Leszno.
C'est aussi l'époque où il reçoit réellement sa mission, qui consistera à incarner et à manifester
autant que possible les grandes lignes de force du développement de l'humanité pour les
siècles à venir. Visionnaire donc, il tracera toute sa vie les plans d'une organisation universelle
du monde qui devra permettre l'avènement progressif d'une humanité digne de ce nom. Ce
qu'il exprime dans le langage de son époque par l'expression : une humanité à l'image de
Dieu, de l'homme-dieu. Pour ce faire, le levier principal lui semble être l'éducation, non pas
en tant que recherche de "pouvoir" extérieur, mais en tant que moyen d'accès, à long terme, à
une participation effective et consciente à la manifestation universelle.
Au cours de son exil au château des Zerotin, protecteurs de l'Unité, et en pleine époque de
persécutions, Comenius écrit "le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur" .

La première partie, le Labyrinthe, est consacrée à une exploration systématique du monde


dans toute sa vanité et sa folie, son illusion et son grand piège de kermesse grouillante. Le
Labyrinthe est en fait symbolisé par une ville où toutes les activités humaines, tous les états
ou situations où un homme prisonnier de ce monde se retrouve sont représentés. Le héros est
incité à visiter, et même à participer à ce monde par ses deux guides, dont nous avons déjà fait
mention, de façon plus ou moins honnête : ces pseudo-mentors, Passe-partout et Illusion,
aimeraient bien récupérer cet homme qui se révèle bien vite être un outsider, un trouble-fête,
pour leur "supérieur hiérarchique", la "Reine du Monde", appelée aussi "Vanité".
Tout le monde y porte un masque en société, qu'il retire dès qu'il se retrouve seul, dans une
gymnastique acrobatique que met à jour le narrateur :

"Je les examinais donc de plus près, et j'observais, en premier lieu, que tous ceux qui
grouillaient dans la foule portaient un masque sur leur visage, mais quand ils se retrouvaient
seuls ou avec leurs pairs, le retiraient, l'ajustant sur leur visage dès qu'ils rejoignaient la foule.
Je me renseignai sur la signification de cette procédure. Mon guide répondit:
"C'est, mon fils, de la prudence humaine, de ne pas paraître à tous tel que l'on est réellement.
Seul, on n'a pas besoin de se contraindre, mais parmi les gens il est de notre intérêt de faire
bonne figure et de donner une apparence convenable à ses affaires."
(…)
"…Je regardai à nouveau autour de moi et remarquai que beaucoup étaient très habiles à se
servir de leur masque, les escamotant rapidement et les remettant, de sorte qu'en un instant ils
pouvaient prendre l'aspect qui leur convenait. Alors je commençai à comprendre la marche du
monde."
121

Sous leur masque, les hommes se révèlent en fait être des animaux, ce qui montre bien que,
comme nous l'avons vu, les hommes usurpent ce noble nom tant qu'ils ne sont pas libérés de
leur dépendance du monde.

"…En regardant attentivement, je découvris qu'ils étaient tous défigurés de diverses façons,
non seulement dans leurs traits, mais aussi dans leur corps. La plupart étaient boutonneux,
croûteux ou lépreux. En outre, ils avaient soit des lèvres de cochon, soit des dents de chien,
soit une queue de renard, soit des cornes de bœuf, soit des oreilles d'âne, soit des yeux de
basilic, soit des pattes de loup. J'en observai de plus avec un cou de paon fièrement dressé,
d'autres avec une crête de vanneau dressée, d'autres avec des sabots de cheval, et ainsi de
suite. Le plus grand nombre ressemblait à des singes. Horrifié, je m'exclamai:
"Mais je vois des monstres ici!"

La confusion des langues y est à son comble, et personne n'écoute l'autre, ni ne cherche à le
comprendre :

"…De la même façon, j'observai et entendis que la plupart d'entre eux se parlaient dans des
langues différentes. Ce qui fait qu'ils ne se comprenaient pas les uns les autres, et donc, soit ils
ne se répondaient pas, soit ils donnaient une réponse complètement inadéquate. En certains
endroits, ils faisaient foule, tous parlant en même temps et chacun pour soi, personne ne
faisant attention aux autres, malgré leurs efforts pour capter l'écoute en tirant les autres vers
eux. Mais ils n'y arrivaient pas, ce qui le plus souvent dégénérait en luttes et bagarres. "

Or nous vivons la même chose tous les jours. Et pour éviter cela, un travail structurel doit
commencer très tôt.
Si le travail d'ouverture du cœur et de liaison avec l'absolu n'a pas été fait dans les premières
années, que ce soit dans le contexte familial ou scolaire, (mais alors il faudrait tout démolir et
tout reconstruire sur des bases nouvelles), les miasmes du passé égocentrique seront déjà
transmis dans la cellule familiale, avant même la scolarisation, par les parents, avec les
meilleures intentions et la meilleure volonté du monde! Nous comprenons pourquoi
Comenius pouvait à juste titre dire que les parents peuvent être les pires ennemis de leurs
enfants. Et nous réalisons aussi maintenant de façon plus claire :

1) La cause profonde du monde de violence dans lequel baigne une grande partie des jeunes
d'aujourd'hui, même si beaucoup "jouent" ce rôle qui n'est pas vraiment le leur.

2) A quel point une éducation des parents et des futurs parents est primordiale, et ce sur des
bases absolument inverses du peu qui se fait à ce sujet.

3) A quel point il est absurde, délirant et incroyable de proposer, ce qui est actuellement fait
par de soi-disant autorités en la matière, des insanités tendant à transférer les responsabilités
parentales aux éducateurs. On voit, sans être grand prophète, la dérive totalitaire se profiler à
l'horizon.

Mais nous devons nous attarder ici sur les phénomènes de croissance et sur l'évolution du
système des glandes à sécrétion interne du jeune, en liaison avec le système nerveux, entre 4
et 11 ans. Nous allons voir le rôle prépondérant des ces deux transformateurs de force, non
seulement sur la croissance physique, mais aussi sur une éventuelle et future possibilité de
croissance psychospirituelle. L'éveil de conscience se traduit en effet par un changement
structurel qui modifie ou utilise en tout cas le système nerveux et les glandes à sécrétion
122

interne. Voici les propositions de Comenius : "(Amener à l'instruction universelle) dans toutes
les choses, cad dans tout ce qui peut rendre l'homme sage et heureux. … Mais encore? Ce
sont les quatre choses que le sage Salomon recommande, en citant quatre petits animaux, les
plus sages :
- Préoccupation des choses futures, qu'il loue chez les fourmis.
- Sagesse dans les choses présentes, qu'il fait remarquer chez les gerboises.
- Penchant à la concorde sans contrainte, qu'il vante chez les sauterelles.
- Nécessité de l'harmonie, de la régularité et de la méthode, dans nos actions même
indifférentes, comme on les trouve dans le travail de l'araignée.
De ces quatre petites propositions, si elles sont approfondies jusque dans les moindres détails,
on peut déduire une atmosphère favorable à l'ouverture de la conscience et à son élévation. Si
l'orientation générale du système nerveux et des glandes à sécrétions internes ne répond pas à
des critères élevés, il sera impossible de réaliser, face aux sollicitations de toutes sortes
auxquelles sont soumis les jeunes enfants, un état de conscience, un état de vie qui pourra
servir de base à une future maturité psychospirituelle. On s'en convaincra facilement quand on
examinera les pathologies du système nerveux et des glandes à sécrétions internes, par
exemple la maniaco-dépressivité. Ce cas particulier, très fréquent chez des hommes par
ailleurs d'une grande intelligence et créativité, inclut des problèmes ou les deux systèmes sont
impliqués, et montre jusqu'où l'excès irraisonné peut mener. Il serait d'ailleurs intéressant de
faire une étude du système nerveux en relation avec le système des glandes à sécrétion
interne, dans le cadre de l'éducation des mentalités et du comportement. Eduquer, qu'est-ce à
dire? Ne nous retrouvons nous pas souvent en position d'invoquer l'alibi pédagogique pour
justifier nos exigences, pas toujours libres de motivations et d'intérêts conservateurs ? Le
concept de "pédagothérapie"me semble digne d'être remis à l'honneur. En effet, il n'est pas
nouveau, car toute éducation qui cherche à aller un peu en profondeur se heurte à un moment
ou à un autre à tous nos conditionnements, à tous ces schémas contraignants qui imprègnent
l'atmosphère psychique de nos contrées. Et là intervient la nécessité d'un "auto-déblayage
guidé", sur la base d'une conscience menant à des actes libres d'une volonté conservatrice. Ce
travail laboure l'être entier, car nos conditionnements ont laissé des traces jusque dans notre
corps, et en particulier dans le système nerveux et le système des glandes à sécrétion interne.
On recherchera donc comment le processus pédagothérapeutique facilite une véritable
renaissance psychospirituelle, ou renaissance de l'âme.

La guérison dans le corps et le processus de renaissance de l'âme.

Le trigono igneo, appelé ainsi de par la position respective de trois glandes à sécrétion
interne dans le sanctuaire de la tête, supporte le feu de la nouvelle conscience et contribue à
sa régulation et à sa circulation dans le corps ; Il s'agit de la thyroïde, de l'épiphyse, et de
l'hypophyse. Nous retrouvons ici le triangle du penser, du désir et de la volonté. L'épiphyse a
plutôt une affinité avec le penser, la thyroïde avec la volonté, et l'hypophyse avec le désir.
Mais cela est beaucoup plus complexe en fait. L'équilibre et la bonne coordination de ces trois
aspects, unis dans l'orientation spirituelle de service, sont aussi favorables à la santé physique
et psychique qu'au bon déroulement du processus de renaissance de l'âme. Cette orientation
doit bien entendu occuper une place importante dans tous les processus éducatifs, elle doit
même imprégner toute l'éducation du jeune, et du moins jeune.
L'acceptation et la mise en œuvre consciente des phénomènes corporels dans un sens
libérateur, en liaison avec la répercussion des fonctions biologiques sur le comportement
occupera une grande place dans la conception psychospirituelle de l'éducation, le
comportement influant sur les modifications du métabolisme et le métabolisme dépendant
lui-même du renouvelllement de la conscience. Une nouvelle forme de pensée, du désir, et de
123

la volonté, orientée vers l'éveil et la maturité de conscience ne pourra mener qu'à des actes et
un métabolisme nouveau.
Le phénomène de guérison qu'implique une telle forme d'éducation passe bien entendu par la
trilogie : comprendre, intégrer, transmuter. Comprendre soi-même et le monde qui nous
entoure afin de mieux collaborer à la reconstitution du microcosme, intégrer les forces
libératrices à l'œuvre en nous et autour de nous, et en permettre la transmutation jusque dans
le corps, voilà ce à quoi le jeune doit être mis en mesure d'aspirer.
La conscience de tous, maîtres et élèves s'oriente alors vers le vrai sens de la vie. La
connaissance de soi, qui doit absolument être remise en valeur, de sorte que les jeunes, aussi
conditionnés que leurs parents, ne puissent plus avoir de réactions de peur phobique quand il
s'agit de "psychologie", de "philosophie", ou de ce que l'on nomme tel et qui n'est en fait que
la découverte des divers aspects corporels, vitaux, émotionnels, mentaux, dans leur
interdépendance. Le jeune, comme celui qui aspire à une réelle éducation permanente de la
conscience, pourra ainsi acquérir un discernement de l'âme et du cœur. C'est alors qu'une
éthique libre de toute règle et loi extérieure, une éthique gnostique, pourra de nouveau voir le
jour .
Les chakras modifieront leur sens de rotation en relation avec le système nerveux et
les glandes endocrines. Même si le jeune n'a pas encore la possibilité de réaliser cette
mutation, il est possible de lui faciliter l'accès à ce travail alchimique, quand le moment sera
venu.
Le premier rayon de la lumière prânique originelle, si tout le travail préparatoire
d'ouverture du cœur et de préparation des glandes à sécrétion interne aura pu être effectué
dans les années de pré-puberté, va pouvoir faciliter le réfléchissement du premier rayon par le
plexus sacré. C'est pourquoi, la vibration rénovatrice-explosive, tempête vibratoire, tension du
système nerveux ne pourra être supportée que si le jeune a pu préserver ses capacités de
maîtrise et de sérénité, qui ne peuvent se manifester que si l'éducation a pu entretenir un
comportement où prédominent le don et le service en oubli de soi. (Gnose Originelle J V
Rijckenborgh)
Pour avancer sur le chemin de la guérison biopsychospirituelle, un pouvoir de discernement
va devoir être développé, qui va permettre l'isolation des plexus de la gorge des points de vue
spirituel, moral et biologique. Pourquoi cette isolation? Tout simplement parce que le monde
dans son état actuel comporte justement tant de miasmes perceptibles par les plexus de la
gorge. Comment ce discernement, qui donnera progressivement lieu à détachement et liberté à
la mesure de l'assimilation dans le corps tout entier des nouvelles forces supérieures, pourra-t-
il naître en nous? Nous devrons éviter toute lutte, tout refus systématique de ce qui cherche à
pénétrer dans notre sphère, car si c'est le cas, c'est qu'il y a quelque peu affinité entre nous et
cet "invité", que nous jugeons parfois indésirable. C'est en acceptant ce qui viens à nous, en
l'observant de la façon la plus objective possible, en faisant appel à notre pouvoir de
neutralité, que nous pourrons nous en libérer. Nous possédons tous trois pouvoir dans notre
cours de vie : celui d'attirer, de repousser, mais aussi de rester neutre. Le problème est que
notre éducation nous apprend à développer les deux premiers, mais pas le troisième. En
conséquence nous l'ignorons, et nous débattons dans mille liens que nous tissons nous-mêmes,
plus ou moins consciemment. Une éducation libératrice remettra évidemment à l'honneur
cette troisième faculté. Notre système nerveux en ressentira les bienfaits, et donc notre être
tout entier.
Il est ainsi clair qu'il existe une relation entre les systèmes de plexus, nœuds du système
nerveux, et les glandes à sécrétion interne au cours de toutes les étapes du phénomène de
transmutation alchimique qui accompagne inéluctablement l'éveil et la maturation de
conscience psychospirituelle.
124

Chaque rayon modifiera ensuite les circuits de plexus et les chakras concernés,
effectuant un travail au cours d'une septuple ronde, utilisant le circuit du sympathique avant
que puisse avoir lieu "le grand ébranlement" du système nerveux central, du "feu du serpent"
ou moelle épinière, ce qui pourra provoquer "la véritable adéquacité".
Dans le processus d'éveil et de maturité psychospirituelle, le Cortex, et le Néo-Cortex
en particulier, l'intelligence émotionnelle jouant ici le rôle d'intermédiaire, se retrouvent en
position de transformateurs, de capteurs et de traducteurs, des impulsions spirituelles d'une
vibration bien plus élevée que celles que la science actuelle officielle connaît.

Qu'est-ce que la conscience? On peut distinguer divers types de conscience,


conscience du moi, de l'âme, ou de l'âme-esprit, biologique, psychique (au sens supérieur), ou
spirituelle. Elle s'entremêlent au cours du processus pédagothérapeutique. Là est le problème,
celui qui aspire à la liberté cherchant justement à sortir du mélange, du monde de la dualité où
nous nous trouvons. Voici la vision d'un scientifique contemporain, qui ne manque pas
d'intérêt :
"Les difficultés du problème des rapports de la conscience et du cerveau sont celles
des rapports de la matière et de l'esprit. Elles sont insurmontables dès que l'on confond
conscience, cerveau, et spiritualité. L'être conscient possède une multiplicité de structures et
une organisation dynamique (...) Le cerveau n'est ni un objet, ni une machine. Il est lui-même
animé par la finalité de l'être qu'il contrôle. La conscience, en tant que structure hiérarchisée
de l'être conscient est aussi une réflexion réciproque du supérieur sur l'inférieur."
" Pour H. Jackson, le modèle du système nerveux était constitué par une série verticale
de centres superposés, dont chacun contrôlerait les centres inférieurs (cf. cercles de plexus
nerveux Gn. Un. p. 135, 136, Ces sept groupes de sept plexus...directement la base sanguine.)
(A relier aux trois aspects de la conscience p. 115->...par exemple ceux des pieds et des
mains)... Jackson en est arrivé à considérer les centres du lobe pré-frontal comme les "highest
levels" de l'activité nerveuse( car ils se trouvent en fin, à l'extrémité supérieure de l'axe
cérébro-spinal). Ces centres étaient pour lui "for the mind", et ces "highest cerebral centers"
n'avaient pourtant rien de spirituel, ne constituaient pas l'esprit, ni la conscience d'ailleurs, qui
n'est pas, pour lui, une fonction du cerveau. Pourtant l'activité corticale et néo-corticale du
cerveau est considérée comme l'activité supérieure du cerveau."
"Les activités de la conscience passent bien par les structures cérébrales, et en
particulier par l'écorce cérébrale, car l'organisation du cerveau culmine dans les "centre
d'indétermination", ou " de complexification maximale". Là se développent les mouvements
facultatifs ou créateurs de la pensée. C'est, dans le néo-cortex, l'immense réseau neuronal, le
"magic loom" des milliards de connexions synaptiques. L'écorce cérébrale fonctionne
quasiment comme une machine électronique hyper-perfectionnée où circule l'information et
où s'élabore la résolution des problèmes.
"Mais ce "highest level" de la pensée n'est pas la structure fondamentale de la
conscience. Car les mouvements de la pensée réflexive sont facultatifs, ils n'ajoutent aux
structures de l'être conscient qu'une différenciation qui ne requiert le réseau neuronal cortical
que comme l'instrument de sa virtuosité, et l'organisation du conscient est axée par la
motivation et enracinée dans la sphère de l'instinct. Le fonctionnement logico-mathématique
du cerveau télencéphalique dépend de la constitution du champ de la personne mais ne les
commande pas. Le cortex n'est donc pas le centre de la conscience, mais en est plutôt
l'instrument."(...)
Les premiers vertébrés marins dépendaient surtout de leur sens olfactif. Or les nerfs olfactifs,
première paire de nerfs crâniens, vont directement des narines au télencencéphale, lequel, en
se différenciant,(paleocortex), permet une analyse plus précise et complexe des signaux. Au
fur et à mesure que l'on monte dans l'échelle phylogénétique, de plus en plus de signaux extra-
125

olfactifs arrivent au niveau du télencéphale. Chez les mammifères se différencie un nouveau


cortex, le néo-cortex, entièrement indépendant de toute influence olfactive. Une fissure
rhinale sépare le cortex primitif ou rhinencéphale du néo-cortex. Chez l'Homme et les
primates, le néo-cortex s'est accru à tel point qu'il refoule et cache la plus grande partie du
paleocortex rhinencéphalique.
La plus grande des commissures du télencéphale (chez l'homme) est le corps calleux, reliant
en général des points analogues du néo-cortex de l'hémisphère gauche et de l'hémisphère
droit.(...)
Nous pourrions simplifier tout ceci en insistant sur ce passage : "le cortex n'est pas le centre
de la conscience, mais en est plutôt l'instrument". Ce qui nous rend bien plus palpable, si nous
voulons mettre l'accent, dans une vraie éducation de l'Homme, sur l'éveil, puis la maturation
de la conscience psychospirituelle, l'importance de ne pas mettre au premier plan les fonctions
de la mémoire et toutes celles généreusement attribuées à l'intellect "pur", que l'on retrouve
dans le cortex et le néocortex. Les Egyptiens allaient plus loin dans leur symbolique puisqu'ils
représentaient l'homme originel de façon cachée et symbolique, (dans le temple de Louxor, le
saint des saints représente la tête, sans y faire figurer la partie supérieure du cerveau.
Le système nerveux dans son ensemble joue bien entendu un rôle primordial et devra être
préservé par tous les moyens à la disposition de l'éducateur, comme nous le disions plus haut
Le système nerveux principal est composé de la moelle épinière, des nerfs rachidiens,
et des douze paires de nerfs crâniens. D'autre part plusieurs groupes de plexus sont situés à
plusieurs endroits importants :
Le plexus pharyngien, le plexus pulmonaire, le plexus cardiaque, le plexus de
l'abdomen, le plexus solaire et le plexus sacré. Ces "nœuds de force" jouent un rôle capital,
aussi bien dans les processus naturels que dans le processus de libération gnostique.
Tous ces aspects concernent l'activité consciente.
Le grand sympathique est composé d'une succession de ganglions nerveux. Dans le
processus d’éveil, Par résonance vibratoire, la nouvelle vibration qui a pris possession du 4e
chandelier ( 4e cavité cérébrale) se propage à travers le bulbe rachidien jusqu'au sympathique.
Il constitue à lui seul un "second feu du serpent", qui n'est pas sous l'emprise de la conscience.
Ceci permet à la force gnostique, dans un premier temps, d'employer ce canal afin d'investir le
système en entourant la moelle épinière. Quand le circuit du sympathique aura été consolidé,
il isolera progressivement l'ancien feu du serpent, jusqu'à ce que celui-ci soit finalement
conquis par la nouvelle force.
Le système nerveux est le réseau de communication du corps. Les nerfs parcourent le
corps, transportant par la moelle épinière entre autres des messages du cerveau, lui même
intermédiaire des forces éthériques et astrales, et centre de contrôle du corps.

Inversement, le cerveau reçoit les informations de l'extérieur grâce aux nerfs. Il sélectionne
les informations et décide de la réaction du corps, et donc aussi de l'âme naturelle, celle ci
constituant un tout entre les différents systèmes, et aussi les corps subtils. Quand l'âme est
renée, tout le système est court-circuité, et en tout cas au service de l'esprit, et alors c'est le
nouveau penser qui dirige le système, et fait exécuter l'idée microcosmique, monadique, au
service du tout divin.
Les informations circulent en tout cas par les fibres nerveuses sous formes de signaux
électriques, et l'homme, plongé dans un nouveau complexe ou champ électromagnétique,
peut, par induction, modifier complètement son être. Les informations sont captées par les
organes des sept sens , la peau, la langue, le nez, les yeux et les oreilles, ²et l'hypophyse et
l'épiphyse, les deux sens supérieurs qui se développent au cours du processus de renaissance
de l'âme.
126

L'encéphale est composé de trois parties, le cervelet, le cerveau, et le bulbe rachidien. Le


bulbe rachidien contrôle les actions involontaires comme les battements du cœur et la
respiration. Le cervelet coordonne les mouvements des muscles, muscles très nombreux et qui
contrôlent bien plus que les activités purement motrices du corps. Le système nerveux envoie
des messages à une vitesse de 300 km/h, dans certains cas d'urgence (Notons ici que le
thymus est beaucoup plus rapide, puisqu'il est conscient, "en temps réel", cad à peu près à la
vitesse de la lumière, de tout ce qui entre ou sort dans la sphère électromagnétique de
l'homme).
Le cerveau est la plus grande partie de l'encéphale et est divisé en deux moitiés, les
hémisphères. La couche extérieure du cerveau comporte des zones spéciales qui reçoivent des
messages concernant les cinq sens. D'autres zones contrôlent le mouvement, certains
phénomènes qualifiés d'intelligence (mémoire, etc... ou nœuds et relais synaptiques -> cf. néo-
cortex), et divers aspects que l'on appelle "personnalité" (les deux derniers aspects localisés
surtout dans le lobe frontal -> 6e chakra, hypophyse)
Les douze paires de nerfs crâniens dirigent tous les aspects de la personnalité, et il va nous
falloir apprendre à décrypter l'usage que l'âme fera de ce système, à travers les utilisations
classiques ci-dessous indiquées:
- 1) Le nerf olfactif est un faisceau de l'encéphale, pas un nerf au sens strict. Il transmet les
informations de l'épithélium olfactif.
- 2) Le nerf optique transmet de même les influx des récepteurs de l'œil.
- 3) Le nerf moteur oculaire commun innerve les muscles qui bougent le globe oculaire, et
qui élèvent la paupière supérieure, ceux qui contractent la pupille et modifient la forme du
cristallin pour la vision rapprochée et la vision éloignée. Il transmet l'information des
récepteurs dans les muscles oculaires.
- 4) Le nerf pathétique :il innerve les muscles squelettiques qui bougent le globe oculaire vers
le bas et latéralement et transmet l'information provenant des propriocepteurs musculaires.
- 5) Le nerf trijumeau contrôle les muscles masticateurs. il transmet l'information provenant
des récepteurs de la peau et des muscles faciaux, du nez et de la bouche, de même que des
alvéoles dentaires.
- 6) Le nerf oculomoteur externe contrôle les muscles qui bougent le globe oculaire
latéralement, et transmet l'information provenant des propriocepteurs musculaires.
- 7) Le nerf facial contrôle les muscles responsables de l'expression faciale et de la déglutition
ainsi que des glandes nasales, palatines et lacrymales et salivaires. Il transmet l'information
des papilles gustatives de la partie antérieure de la langue.
- 8) Le nerf auditif : Transmet l'information. des récepteurs de l'oreille.
- 9) Le nerf glosso-pharyngien contrôle les muscles de la déglutition et des glandes salivaires
parotides et transmet les informations des papilles gustatives de la partie postérieure de la
langue et des récepteurs cutanés du tube auditif.
- 10) Le nerf vague (pneumogastrique) contrôle les muscles du pharynx et du larynx et les
muscles lisses, de même que les glandes du thorax et de l'abdomen. Il transmet les
informations des récepteurs du thorax et de l'abdomen.
- 11) Le nerf spinal contrôle les muscles du cou.
- 12) Le nerf grand hypoglosse fait de même pour les muscles de la langue.
Les relations thalamo-corticales permettent, grâce à des contrôles cortico-thalamiques, par des
interneurones aux messages sensoriels qui parviennent au cortex primaire, d'arriver par des
fibres aux régions corticales des aires visuelles, auditives et somesthésiques.
Par résonance, les vibrations gnostiques investissent ainsi les cavités cérébrales, puis le
système nerveux sympathique.
Le système endocrinien se compose de toutes les glandes à sécrétion interne. Les hormones
sont les messagers chimiques véhiculés par le sang. Le rôle de l'épiphyse est assez mal connu.
127

On peut cependant être sûr que les égyptiens et les grecs connaissaient déjà cette glande, vu la
représentation imagée qu'ils en ont fait (la pomme de pin étant bien la forme de la glande
qu'on appelle aussi "pinéale), et qui correspond en tout point à la réalité. Ce que l'on peut
observer cependant est qu'elle joue un rôle important dans le processus de renaissance de
l'âme.
La glande pinéale est souvent représentée comme la torche, le flambeau de l'illumination. Et,
en fait de nombreux scientifiques lui attribuent empiriquement la faculté de percevoir de
multiples forces de rayonnement. Pour la science sacrée hindoue, elle correspond au 7e
chakra, le chakra couronne, qui inverse son sens de rotation en dernier, au moment où les
forces spirituelles investissent tout le système cérébro-spinal. C'est la porte d'entrée du prâna
originel, qui permet de transformer complètement jusqu'au plexus sacré, selon le processus
que nous allons essayer d'évoquer ici :
Ce processus commence tout d'abord dans le cœur. Puis, après une période d'accoutumance et
d'inversion des polarités, le prâna originel investit la tête, puis tous les aspects de l'âme.Le
fluide astral entre dans le système par le pouvoir magnétique de notre cerveau et remplit de
son feu les sept cavités cérébrales, le septuple chandelier. C'est le noyau de la conscience, et
les quatre autres fluides s'expliquent par lui. Il vitalise les douze paires de nerfs crâniens.
Le fluide nerveux est transmis par les douze paires de nerfs crâniens : ce sont douze pouvoirs,
douze propriétés, nommés les douze disciples, les douze aeons de l'homme. Ils font vivre
l'homme organiquement. Dès que ces douze se rendent au processus, passage que l'épopée
biblique appelle le choix des douze disciples, le sort de l'ancienne nature est fixé, et la
régénération de la nature entière commence.
Le feu du serpent, dans le canal intérieur de la colonne vertébrale, est le troisième fluide de
l'âme. Il relie le septuple chandelier de la tête au plexus sacré, situé à la base de la colonne
vertébrale. Chandelier de la tête et plexus sacré constituent les deux pôles magnétiques de
notre personnalité; le plexus sacré remplit la même fonction que le pôle sud de notre planète.
Dans le feu du serpent - axe de notre personnalité - s'expriment à la fois le feu astral direct,
actuel, et toutes les impulsions karmiques magnétiques du microcosme. Le feu du serpent est
un mélange du passé et du présent. Cette essence est également communiquée au système par
les nerfs de la moelle épinière, afin qu'il se comporte en accord avec le tout
électromagnétique. Quand, dans ce que les soufis appellent "le grand ébranlement", cette
partie centrale et vitale du système est investie par la force prânique, l'homme est changé à un
point tel que, à l'instar des disciples à la Pentecôte, leurs proches ne les reconnaissent plus.
Le Cerveau s'est développé, historiquement, au fur et à mesure que le système génital prenait
moins d'importance.
Et le système du feu du serpent est le "Djed", le pilier central des égyptiens sur lequel tout
s'articule. Il est entouré d'un système de ganglions sympathiques, qui n'est pas sous le contrôle
de la volonté-moi, et est donc utilisé au départ du processus de renaissance de l'âme.
Quasiment tous les nerfs en sont issus, si ce n'est les nerfs crâniens. C'est donc de là que sont
retransmis tous les ordres conscients (moelle épinière) ou inconscients (système sympathique
et parasympathique) provenant du cerveau qui lui-même est un instrument de la conscience et
devrait être le relais de l'âme.
Les nerfs commandent tous les organes, de façon automatique ou consciente.
Le fluide hormonal, quatrième fluide de l'âme, provient des glandes à sécrétion interne. Nous
pouvons considérer ces glandes comme les transformateurs du fluide électromagnétique,
chargées chacune d'un feu magnétique, et d'une tâche déterminée. Elles produisent chacune
une hormone différente qui est transmise au cinquième fluide de l'âme, le sang.
Dans le sang parle, travaille, et témoigne l'être entier. L'âme, dans sa totalité, se révèle par le
sang. Tel sang, tel homme. L'état du sang est déterminé par l'état de conscience, et, par le
sang, l'état de conscience détermine l'état de la vie.
128

Si nous voulons libérer l'âme, nous devons posséder une certitude du sang, car c'est grâce à lui
que s'extériorise la totalité de l'âme quintuple(feu-du-serpent, fluide astral de la conscience,
système nerveux, système hormonal, et sang sont les véhicules de l’âme devant être
totalement retournés, renouvelés). Et ce processus commence dans le cœur, influençant
progressivement tous les aspects de l'âme.
Le sanctuaire du cœur, (de même que le sanctuaire de la tête) a sept cavités, sept chambres.
Le sanctuaire du cœur a quatre cavités inférieures, et trois principes supérieurs. Les quatre
cavités inférieures forment le carré de construction. Si tout va bien, trois flammes, trois
flambeaux éthériques dirigent et activent les processus inférieurs qui doivent se dérouler au
cours du processus de renaissance
Le processus de renaissance de l'âme est en fait le même que celui de la fonte de la coupe du
Graal, qui se retrouve logiquement dans le corps humain. Anatomiquement, la coupe du Graal
peut être indiquée par ces trois circuits de plexus : celui du larynx, celui ces poumons, et celui
du cœur. La partie supérieure de la coupe sacrée correspond au système du larynx; la tige du
calice, (la trachée artère), est dressée dans les poumons et le pied de la coupe de cristal est
dans l'orifice cardiaque.(Gnose Universelle JV Rijckenborgh - Editions du Septénaire,
Tantonville, 54)
Le premier acte libérateur ferme l'élève aux influences de la nature dialectique, dans la
mesure où il s'agit des effets de la lumière, du son, et de l'atmosphère. Ce premier acte ramène
ces influences à un minimum biologique. Nous vivons, nous avons déjà pu nous en
apercevoir, au milieu de tout un système d'influences qui, de par leur nature même, cherchent
à nous maintenir dans un état de dépendance. Il faut donc tout d'abord nous en détacher
quelque peu.
Trois actes libérateurs nouveaux vont suivre : celui qui aspire à la libération devra commencer
à réagir aux forces éthériques du Royaume immuable, aux trois Saintes Nourritures qui,
semblables à trois cordes, descendent pour l'aider à sortir du puits de la mort. Il doit ensuite
rendre le sanctuaire de son cœur apte à la conservation de ces forces. C'est ainsi que, par
l'utilisation des possibilités présentes, le Graal s'élabore. (Gnose Originelle JVR)
Nous avons déjà vu, mais nous allons le voir de façon encore plus nette que tout
l'instrumentarium corporel, et en particulier le système nerveux et hormonal, aura donc du
être non seulement préparé, mais qu'il sera de la plus haute importance de ne pas
l'endommager dans les années de croissance, entre 4 et 11 ans.
Lorsque l'homme en chemin devient accessible aux éthers nouveaux, ceux-ci lui parviennent à
travers l'ethmoïde. Par le premier acte libérateur, l'ethmoïde a reçu cette aptitude et il a plus
ou moins été fermé en même temps aux influences des forces dialectiques.
Il existe donc bien une étroite relation analysable entre le système nerveux et le système
endocrinien, qui joue un rôle important dans le processus de renaissance de l'âme
La nouvelle respiration magnétique s’instaure par l'os ethmoïde, en relation avec le
nez et les 2 chakras supérieurs, correspondant à l'épiphyse et à l'hypophyse. On retrouve bien
dans la structure du squelette les huit os du crâne: frontal - deux pariétaux - occipital - deux
temporaux, le sphénoïde et l'ethmoïde -
Les cellules ethmoïdiennes permettent le passage de l'air vers l'hypophyse immédiatement
derrière l'os ethmoïde, "encastrée" par le sphénoïde.
Le nerf olfactif passe d'ailleurs à travers l'ethmoïde.
Le système génital est bien entendu étroitement relié avec le système endocrinien.
Ex. de relation entre le système nerveux et le système endocrinien :

- La libération d'adrénaline et de noradrénaline par la médullo-surrénale est


déclenchée, au moyen d'une impulsion purement nerveuse, par les centres hypothalamiques
du système nerveux autonome, le ganglion cœliaque servant de relais nerveux.. Une fois
129

libérées dans le sang, ces deux hormones agissent, et les modifications qui en découlent ont
une action en retour sur les centres hypothalamiques. Elles diminuent la stimulation que ceux-
ci exerçaient sur la médullo-surrénale.
Action exercée par les hormones sur le système nerveux : les hormones thyroïdiennes
jouent un grand rôle dans le développement dans le développement du cerveau. Par la post-
hypophyse et la médullo-surrénale il y a émanation d'ébauches nerveuses embryonnaires. Le
système nerveux central dépend de l'antéhypophyse et des glandes qui sont sous sa
dépendance. La région ventrale du diencéphale est l'hypothalamus par lequel passent les
régulations des sécrétions de l'hypophyse, et par l'intermédiaire de celle-ci, des sécrétions de
la thyroïde, des surrénales et des glandes génitales.

Chaque plexus nerveux, et en particulier le plexus sacré, est relié à l'activité des
chakras, et du grand sympathique.
Le phénomène du langage gravite autour du plexus pharyngien, où se trouve le larynx,
situé à la partie supérieure de la trachée artère. C'est une formation cartilagineuse sur laquelle
sont tendues les cordes vocales. Au moyen d'un flot d'air, chassé vers le haut, par le
rétrécissement de la cavité thoracique, les cordes vocales se mettent à vibrer. Le son est
nuancé par les organes de la voix, la cavité buccale, le nez, la langue et les joues.
Dans le cas où il s'agit d'un larynx où circulent de nouvelles forces prâniques, les
éthers nouveaux passent le long de la trachée artère, remplissant toutes les cavités
pulmonaires, atteignent ainsi l'orifice cardiaque, et après avoir accompli leur travail, ils
retournent en partie à l'extérieur par le mouvement de l'expiration. Par l'inspiration, le lobe
gauche de la thyroïde reçoit l'influence; par l'expiration, le lobe droit est influencé et c'est
ainsi que les contours, les lignes de force de la coupe du Graal sont gravées dans le sanctuaire
du cœur.
Le burinage de cette structure, la préparation organique par les nouveaux éthers est
désignée par Paul comme la circoncision du cœur
Ce travail préparatoire anatomique se réalise au moyen de l'éther chimique nouveau,
de l'éther vital nouveau, et de l'éther lumière nouveau. L'éther chimique a produit la forme de
la coupe du Graal, il a coulé le vase. L'éther vital nouveau a rendu la coupe apte à recevoir le
pain de Vie et le nouvel éther-lumière l'a préparée à recueillir le vin de l'Esprit.
L'éther chimique se manifeste surtout au moyen du larynx, l'éther vital par celui des
poumons et l'éther lumière par celui de l'orifice cardiaque. A la question "êtes-vous prêts?", la
lumière et la force du nouveau Royaume montent (diaphragme) du cœur et des chambres des
poumons vers le haut de la cavité thoracique. Et là où la cavité thoracique se rétrécit et se
ferme par le larynx, il se forme un son nouveau.
Le "sang du crucifié”, la kundalini, doit descendre du sanctuaire de la tête jusqu'au
plexus sacré, et remonter ensuite vers le haut. C'est ainsi qu'une goutte après l'autre tombe
dans le Graal. Celui-ci doit être correctement taillé dans le sanctuaire du cœur.
Il s'agit d'employer de nouveau le larynx et le pouvoir auditif dans un sens
véritablement créateur. Chaque être humain est, au sens naturel, bisexué : par le larynx en tant
qu'organe créateur positif, et par le pouvoir sensoriel en tant qu'organe créateur récepteur,
négatif. Nous sommes ainsi bisexués.
Mais, quand nous vivons la renaissance de l'âme, nous n'avons plus besoin de la
procréation naturelle. Car nous acquerrons le pouvoir de procréation supérieur, par une parole
et une écoute sanctifiés. Nous n'abusons alors plus de la fonction créatrice supérieure du
larynx et de l'ouïe.
Nous avons déjà fait allusion aux plexus nerveux, et nous en profitons pour faire
remarquer que le si minutieux système ici décrit ne pourra jamais jouer son rôle s'il est déjà
surmené et presque annihilé chez le jeune enfant, comme c'est souvent le cas de nos jours.
130

Un réseau extrêmement fin de filets nerveux se ramifie dans tout le corps. Les plexus
sont des enchevêtrements de filets nerveux formant des sortes de nœuds ou ganglions. Ce sont
des centres de transformation de la force nerveuse. Le fluide nerveux peut être considéré
comme le fluide de la conscience. Le fluide de la conscience influence la sécrétion interne
qui, à son tour influence la base du sang. Si la conscience change, le sang s'y conforme. C'est
donc au départ par le fluide nerveux que le changement de vie peut s'opérer.
Le Grand œuvre doit commencer par la conscience. Il est donc primordial de libérer
notre système nerveux grâce à l'attouchement de la nouvelle force, qui ne pourra intervenir
que si le système y est préparé.
Le serpent de feu représente le noyau du système nerveux et la base de ce feu se trouve
dans le plexus sacré. Quand cette base est ouverte, la lumière libératrice peut rayonner sur tout
le système. La tête du serpent s'ouvre au feu nouveau. Ce feu se précipite vers le bas et,
réfléchi par le plexus sacré, le nouveau fluide d'or se répand dans tout le système nerveux,
influençant l'un après l'autre tous les circuits des plexus.
Les douze paire de nerfs crâniens , qui dirigent le système corporel entier, sont donnés à la
Gnose.
Le circuit des plexus de l'estomac permet à l'élève de conduire tous les nouveaux
éléments nutritifs des nourritures saintes et du feu de la conscience dans la circulation
sanguine. Par la nouvelle activité de ce circuit de plexus, par sa collaboration avec les reins et
son influence sur eux, les déchets et les forces de cristallisation, qui dans l'homme dialectique
ordinaire, entrent dans la voie sanguine et sont responsable de la formation du fameux gluten,
sont séparés du sang et éliminés.
Quand le circuit des plexus de l'estomac fonctionne correctement, l'énergie vitale peut
en même temps être répartie et utilisée efficacement. Un épuisement et une consommation
excessive d'énergie peuvent alors être prévenus.
Les deux reins se trouvent à gauche et à droite de la colonne vertébrale du feu-du-
serpent, au niveau si important qui se situe entre la première et troisième vertèbre lombaire.
Chaque rein est coiffé d'une petite masse aplatie connue sous le nom de capsule surrénale. Ces
organes à sécrétion interne émettent une hormone qui nous approvisionne en énergie. Si tout
le système formé par l'estomac, les reins, les capsules surrénales d'une part, et le
transformateur de force nerveuse qui lui correspond, d'autre part, n'est pas construit
correctement, tout contact avec la force extra-naturelle aura pour conséquence un acte faux, et
le gluten s'accroîtra dans le sang. (...) Mais, si tout va bien, le fluide de conscience, la
sécrétion interne, et le sang sont conduits à un équilibre parfait. (...) Et l'on assiste aussi à un
changement de direction de la force créatrice.
Voici donc une représentation schématique du processus de la Sainte-Cène:

1°) L'immunisation contre les forces dialectiques réduites à un minimum biologique,


le franchissement du seuil.
2°) La fonte de la coupe du Graal à l'aide des éthers nouveaux.
3°) Le changement structurel du sang, la réalisation de l'équilibre de l'énergie et
l'assurance de l'élimination des déchets dialectiques du sang.
4°) Le changement de direction de la force créatrice, de telle sorte que l'élève obtienne
le contrôle de toutes les formes de cette force.

Ceindre ses reins de la vérité équivaut à une possession intérieure du sang.


Il s'agit en fait du système foie-rate (+pancréas-reins), dont le centre est dans le plexus solaire.
Ce système est la centrale par excellence (à part la moelle des os) de la production du sang et
du contrôle du sang et se trouve à la hauteur des reins. Par conséquent, se ceindre, dans ce
sens, signifie se baser sur une certitude intérieure du sang. Tout part du sang et est contrôlé
131

par lui. Quand on s'est ceint d'une certitude déterminée du sang, que le système foie-rate en
est chargé, que le sang est, dans le foie, continuellement rafraîchi par cette même certitude,
cet état influence les activités de l'individu.
Il existe aussi une claire relation entre le sang et les pensées . Relation cerveau
(pensée) sang, car les nouvelles pensées orientées sur la libération se produisent à la suite de
la sécrétion de la nouvelle hormone du thymus dans le sang. Celle-ci survient suite à l'appel
magnétique du sternum. Le sang, par la petite circulation (carotide), irrigue diverses parties
latentes du cerveau (hypophyse, épiphyse), et de nouvelles pensées surgissent et deviennent
actives.

En résumé les glandes à sécrétion interne permettent le bon fonctionnement du corps, et aussi
les transformations dues au processus de renaissance de l'âme. Elles envoient des messagers
chimiques, des hormones, dans le sang, sous l'influence de, et en interaction avec, le système
nerveux, astral, et éthérique. L'hypophyse contrôle entre autres la proportion d'eau du corps et
influence la croissance. La glande thyroïde contrôle entre autres l'énergie (donc affinité avec
l'éthérique), alors que les glandes surrénales jouent, entre autres un rôle important dans le
stress. Le thymus, surtout actif avant la puberté, participe à l'installation des phénomènes
immunitaires et de croissance. Il joue les mêmes rôles, mais à un niveau supérieur, au cours
du processus de renaissance de l'âme.( sécrétion de la thymuline dans le sang, nouvellement
polarisée. Quand elle se dirige vers la tête par la circulation céphalique, elle permet toute une
modification du sanctuaire de la tête.; naissance de la foi dans le sang, participation à la
croissance et au développement des fonctions de l'âme nouvelle; "immunisation contre la
dialectique"). Les ovaires féminins et les testicules masculins fabriquent des hormones qui
provoquent les changements sexuels du corps.( A un moment avancé du processus, elles
participent certainement indirectement à l'inversion de la force créatrice).

D'après Platon et aussi d'après l'enseignement universel, l'œil, miroir de l'âme,


ne fait pas que capter, mais il émet aussi de la lumière, de la force, il est en relation avec le
"filet aural".

COEUR ET APPAREIL CIRCULATOIRE

L'irrigation artérielle cérébrale est assurée pour 90 p. 100 par le système carotidien. Le
débit sanguin cérébral représente normalement 15 p. 100 du débit cardiaque.
Juste au dessus du cœur se trouve un os fortement magnétique, le sternum. (cf. Act
process.)
Le cœur pompe le sang dans les poumons. Cœur et poumons, tout proches, sont
intimement liés et respiration et sang font l'homme. L'homme est ce qu'il respire et cela se
manifeste dans l'état de son sang. Cela est valable aussi bien sur le plan matériel que subtil et
spirituel car nous ne respirons pas que de l'air. Plongés dans un champ magnétique différent
nous nous transformerons donc si nous pouvons supporter le taux vibratoire de ce champ.
Le sang "livre" l'oxygène dans tout le corps et y récupère certains déchets. Chargé des
déchets qui proviennent des cellules, il circule dans les veines caves, puis arrive dans le côté
droit du cœur. Ensuite les artères pulmonaires le propulsent aux poumons où il se charge
d'oxygène en expulsant du gaz carbonique. Les veines pulmonaires l'amènent au côté gauche
du cœur. Celui-ci envoie le sang riche en oxygène dans l'aorte, puis dans le corps entier.
Le sang transporte de nombreux éléments très important pour le processus d’éveil, en
particulier les hormones.

LE SYSTeME RESPIRATOIRE
132

Il est composé de : l'épiglotte, l'os hyoïde, le larynx, le cartilage thyroïdien, la trachée,


les bronches, et les poumons.(cf. Graal et sept actes libérateurs, Gnose Universelle p.167,
etc...)
En étroite liaison avec le système circulatoire du sang, les poumons fournissent le
corps en oxygène, ainsi qu'en d'autres gaz (azote, carbone en très faible quantité, et
hydrogène, de même que quelques gaz "rares"), auxquels il est fait allusion dans "l'Alchimie
divine et nous", chapitre de "l'Homme Nouveau Vient"(écrit par Jan van Rijckenborgh -
Editions du Septénaire).
Sans oxygène, la plupart des cellules du corps ne survivraient que quelques minutes,
car il faut transformer la nourriture en énergie, gaz carbonique et eau. On voit ici la relation,
éthers -> matière -> éthers)
L'air est aspiré par le nez et la bouche,(de préférence par le nez, pour des raisons
"antiseptiques" et aussi parce qu'il existe une communication entre le cerveau et le nez, ce qui
permet une "aération " du cerveau et donc un meilleur fonctionnement de celui-ci) puis
voyage dans un long tube, la trachée. Celle-ci se divise en deux bronches, qui mènent chacune
à un poumon; L'air passe dans ceux-ci , et donc dans une série de tuyaux de plus en plus
petits, avant d'arriver dans de minuscules alvéoles. Chaque alvéole est entourée de petits
vaisseaux sanguins. L'oxygène y pénètre par capillarité, par les parois des alvéoles. Les
globules rouges le transportent dans tout le corps.
Le diaphragme joue un grand rôle dans le processus respiratoire pulmonaire. Lors de
l'inspiration, le diaphragme se contracte, descend, et l'air pénètre dans les poumons. Lors de
l'expiration, c'est le contraire qui se produit.
Il existe un autre aspect de la respiration, très important pour le processus gnostique : -
Quand nous respirons par le nez, nous respirons aussi du prâna, des éthers, des forces
magnétiques. Celles-ci suivent le chemin constitué par le petit os ethmoïde et pénètrent
jusqu'aux cavités cérébrales et en particulier stimulent l'hypophyse. Cette respiration
magnétique touchera ensuite par phénomène de répercussion ondulatoire, le canal de
l'épendyme et tout le système nerveux automatique, puis plus tard tout l'axe cérébro-spinal.

DIAPHRAGME

Cette voûte fibro-musculaire insérée sur le bas du thorax s'élève dans la cage
thoracique, et est composée de deux coupoles, séparées par un centre tendineux. Elles
s'élèvent à l'expiration, s'abaissent à l'inspiration.
Le sommet de la coupole droite se trouve au niveau du 4e espace intercostal droit, le
sommet de la coupole gauche près de la 5e côte gauche. Le sommet tendineux est à la base de
l’appendice xiphoïde.
Le diaphragme est dirigé vers l'abdomen. Il se moule sur le foie à droite, sur la rate et
l'estomac à gauche. Il est innervé par le nerf phrénique droit et gauche.
Le diaphragme “s’attache” en divers points : vertébrales, costales, sternales. Insertions
vertébrales: piliers, lames fibreuses solides -> 2de vertèbre lombaire. Sous leur
entrecroisement (12e vert. dors.):aorte et canal thoracique.(10e: œsophage)
Fibres du diaphragme. -> cavité thoracique, et -> centre tendineux : lame fibreuse,
trois folioles, perforée par la veine cave inférieure.

FOIE-RATE-PANCRÉAS

Le rôle du pancréas. C'est une glande "endocrine-exocrine", sur le plan glucidique.


133

Elle assure l'équilibre insuline - glucagon, par la somatostatine, sécrétée par


l'hypophyse. (Elle est donc responsable en partie de l'équilibre énergétique, (et est donc
certainement un intermédiaire privilégié de l'équilibre éthérique)).
Elle interagit aussi avec le foie,(vésicule biliaire) (avec lequel elle concourt à épurer le
sang).
Les sucs pancréatiques participent aussi à la digestion, après l'estomac (neutralisation
de l'acidité gastrique).

La rate soulage le foie. Elle permet une meilleure élimination des déchets globulaires.
Elle concourt à une meilleure régénération des globules blancs(rôle immunitaire). Donc, ce
que le cerveau ne supporte pas est pris en charge par le foie, et ce que le foie ne supporte pas
est pris en charge par la rate. (mental - astral - éthérique).

Le foie a plusieurs actions. Il était considéré comme un reflet de l'état d'être de


l'homme. Il est la porte des nourritures subtiles, éthériques et astrales. Il purifie le sang et la
lymphe. Il joue un rôle important dans la régulation de la glycémie (donc rôle énergétique-
éthérique). Il peut arrêter les glucides circulant (glycogéno-formation), restituer des glucides
(glycogénolyse), et fabriquer des glucides par interconversion (néoglucogénèse). Platon
indique que le foie “ramasse” tout ce que le cerveau ne peut “dissoudre”.

Les reins filtrent le sang (renvoient au sang les éléments épurés). Par l'action combinée
du foie et des reins, l'organisme se débarrasse de ce qui lui est "étranger". Ils procèdent à
l'extraction de l'urée et à son élimination par les urètres.
Les glandes surrénales jouent un rôle extrêmement important, en relation avec
l'hypophyse. Elles sont en principe le garant d'un certain équilibre.
Les corticosurrénales participent, par les glucocorticoïdes, à l'équilibre glycémique et
à la production hépatique du glucose. L'aldostérone influe sur le rythme cardiaque. (l'équilibre
sodium-potassium). L'androgène est en relation avec le système sexuel (système pileux).
Les médullo-surrénales ont une action sanguine (adrénaline). Elles sont quasiment
l'équivalent d'un ganglion du sympathique. Elles sont en relation avec les émotions.(sang,
cœur). Vasoconstriction -> répartition du sang.

L'ESTOMAC ET LE SYSTeME DIGESTIF

Le système digestif décompose la nourriture dont le corps a besoin pour fonctionner.


Alchimiquement, le système de l'âme humaine utilise les éthers et les fluides astraux, dont la
nourriture est le support, pour permettre la vie. L'âme renée dans le microcosme divin utilise
la nouvelle personnalité pour une alchimie toute autre, et qui transmute directement la materia
magica universelle pour, à divers degrés de transformation et selon un plan parfaitement
coordonné, collaborer à la manifestation universelle.

La nourriture matérielle doit être transformée pour être absorbée dans le sang et
emmenée vers les cellules du corps. De même, la rate, le foie et le pancréas, ainsi que le
cerveau, collaborent avec l'estomac à une nourriture subtile, éthérique, astrale et spirituelle de
l'être-âme embryonnaire. Le système digestif est en fait un long tube musculeux qui va de la
bouche à l'anus. le circuit est en gros le suivant : bouche, œsophage, estomac, intestin grêle. A
la sortie de l'estomac des sucs sont reçus, issus du pancréas et de la vésicule biliaire, qui
134

s'ajoutent aux sucs gastriques pour collaborer à la digestion. Là les substances utiles sont
emportées dans le sang et emmenées au foie où une partie est stockée. Le reste continue dans
le gros intestin où l'eau passe dans le sang. Ce qui n'a pas été digéré, ce qui ne peut s'adapter à
ce corps, est ensuite expulsé. Et c'est ainsi que ce qui ne correspond pas à l'état intérieur
véritable de l'homme est par ailleurs aussi repoussé du système par le foie et les reins.

LES REINS ET LES CAPSULES SURRÉNALES


(MEDULLO- ET CORTICO-)

Le corps produit des déchets d'ordre éthériques et astraux. Ils peuvent aussi bien être
des déchets classiques que la vibration gnostique elle-même si le système ne l’accepte pas. On
distingue donc trois sortes de déchets (solides, liquides et gazeux).

L'urée, qui s'accumule dans le foie, est nocive et le corps doit s'en débarrasser. Le sang
transporte l'urée du foie aux reins. Les reins filtrent l'eau et l'urée du sang et les rejettent sous
forme d'urine, par les uretères.
Les “déchets” d’ordre supérieurs, cad ce que le corps au sens large ne peut assimiler, sont
éliminés par les reins, par le même chemin.

LE SYSTeME GENITAL
(MASCULIN ET FÉMININ)

Directement relié au plexus sacré, lié à la survie et à la reproduction de l'espèce, de


même qu'aux stades les plus avancés du processus, il est aussi relié au noeud, au noyau du
système corporel transfiguristique.
L’hormone androgène provient des surrénales
Voici le système de commande de la production d'hormones sexuelles:
Testostérone (masculin) et œstrogène (féminin).(fem. aussi testostérone en faible
quantité):
Le juste dosage de ces hormones concourt à un comportement "normal" ou
"anormal".
Le système génital correspond dans la partie supérieure avec le cerveau, ce qui
explique que l'intellect se développe au détriment d'une activité excessive du système génital.
Le rôle spécifique de l'homme et de la femme se manifeste dans tout le corps et les
corps subtils, mais les phénomènes hormonaux en sont le juste reflet.
Base et racine du sanctuaire du bassin, c'est lui qui est "attaqué en dernier "par le
fluide gnostique.
Nous voyons, dans cette étude sommaire, l'importance des glandes à sécrétion interne et du
système nerveux, (ainsi que de tous le corps d'ailleurs) pour les processus pédagothérapiques
biopsychospirituels.

Il est donc de nos jours nécessaire d'opérer en soi-même, et donc en chacun (chez le
jeune en ce qui nous concerne ici), de faciliter l'opération de cette fameuse "percée de
conscience", si nécessaire si nous voulons permettre l'accès du jeune à un stade vraiment
humain. Ce n'est qu'ainsi, par une auto-révolution intérieure prise en main par chacun, que la
face du monde pourra être éventuellement changée.

(a suivre)

S-ar putea să vă placă și