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Cette bataille qui a marqué son époque est l’acte fondateur de l’Angleterre. La mort
d’Edouard le Confesseur le 5 janvier 1066 déclenche la crise. En effet, celui-ci a désigné son
cousin Guillaume, duc de Normandie comme son successeur. Pourtant le Saxon Harold
Godwinson, le beau-frère d’Edouard dont les frères Edwin et Morcar sont ducs en
Angleterre s’empare de la couronne le jour même des funérailles. Guillaume rassemble un
corps expéditionnaire pour traverser la Manche et cherche à affronter son rival dans une
bataille décisive. Cette journée est bien connue dans les détails grâce à la tapisserie de
Bayeux qui, sur 70 m, raconte cette épopée et grâce aux chroniqueurs de l’époque,
Guillaume de Jumièges (1070-71), Guillaume de Poitier (1073-74) et plus tard Wace, qui
décrivirent les faits.
Le 14 octobre 1066 au petit matin le ménestrel Taillefer parade. Guillaume le Conquérant lui
a accordé l’honneur de porter seul le premier coup de la bataille qui va avoir lieu entre les
Saxons d’Harold et la troupe de Normands, Bretons et Flamands du duc de Normandie :
Le caractère chevaleresque2 et suicidaire de cette action d’éclat sera longtemps chanté dans
les chansons de geste mais paraît bien vain et anachronique comparé aux modes d’action
actuels qui privilégient souvent la furtivité, la feinte, la surprise.
Pourtant la bataille de Hastings peut faire l’objet d’une lecture moderne riche
d’enseignements toujours valables à propos de l’engagement des armées. L’exemple de la
campagne menée par Guillaume, qui l’a conduit à la victoire, reste pertinent aujourd’hui et
reste tout particulièrement susceptible de servir de référence et d’illustration dans la
préparation des batailles modernes.
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Wace, roman de rou, vers 8030, 8032, 8036 à 8040. Ecrit près d’un siècle après les faits (entre 1150 et 1175),
l’importance relative des événements relatés est sans doute parfois enjolivée mais garde une précision et une
cohérence qui en fait une source précieuse d’informations.
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Ceci bien avant l’apparition de la chevalerie, préfigurée par la cavalerie normande
-1-
successivement d’abord de la volonté à préparer et à s’engager dans la bataille, puis de la
conduite de la bataille. Enfin l’accent sera mis sur les qualités humaines mises en avant lors
de la bataille de Hastings.
* *
La bataille est un acte volontaire qui s’inscrit dans un ensemble plus global.
Acquérir la légitimité
Le duc de Normandie est certain de son bon droit. Edouard le Confesseur, sans enfant, l’a
désigné comme son successeur dans le cadre d’une politique d’alliances complexes. Sa
parole a été transmise par une personnalité : l’archevêque de Canterbury en personne.
D’ailleurs Harold lui-même, au cours d’un rocambolesque périple en Normandie en 1064 (ou
1065),3 a juré fidélité au duc sur de saintes reliques, devenant ainsi son vassal. Ce serment,
rapidement renié sous prétexte de contrainte, n’est pas anodin. Il procure à Guillaume le
soutien de l’Eglise et en particulier celui du pape Alexandre II.
• La légitimité de l’action à entreprendre est primordiale pour rassembler les forces
morales nécessaires à la bataille.
3
Echoué sur la côte Normande et fait prisonnier par Guy de Ponthieu, un seigneur local dans l’espoir d’une
rançon, il est libéré grâce à l’intervention de Guillaume, qui saisit toutes les occasions de conforter sa position.
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envahisseurs au repos à Stamford Bridge. Après une lutte acharnée et au prix de lourdes
pertes, il triomphe le 25 septembre 1066. Haraldra et Totsig sont tués et les survivants
repartent vers la Norvège ; 24 navires leur suffisent ! Ces événements en apparence
défavorables à Guillaume sont cruciaux pour la victoire finale : Harold a perdu beaucoup
d’hommes et en particulier ses archers très vulnérables aux haches norvégiennes. De plus,
ses hommes sont épuisés par leurs marches forcées. Par conséquent, Guillaume peut
débarquer le 29 septembre près du village de Hastings, au sud de Londres sans craindre une
contre-attaque immédiate.
• La combinaison des approches directes et indirectes démultiplie l’efficacité des
troupes amies
• L’approche indirecte doit toujours être développée, planifiée et mise en œuvre.
Lui-même rouage du système féodal en vigueur en France, Guillaume compte sur les liens de
vassalité pour constituer son armée. Ces vassaux de tous rangs mais de bonne naissance
composent l’essentiel de sa cavalerie. Les plus pauvres, sans chevaux4, forment l’infanterie.
Par ailleurs ses récents succès en Bretagne confèrent au duc un certain prestige militaire,
rendant l’aventure attractive pour de nombreux soldats occasionnels qui escomptent des
terres, des honneurs et des richesses (le dépouillage des morts est très lucratif pour les
vainqueurs). Enfin Guillaume paie largement des mercenaires, principalement des lanciers,
archers et arbalétriers qui complètent son dispositif. Au total ce sont 7500 combattants qui
se rassemblent dans cette expédition, soit environ 2000 cavaliers, 4000 fantassins et 1500
archers et arbalétriers. Cela ne va pas sans mal et il faut au duc faire preuve de beaucoup de
persuasion5 pour imposer ce service outre-Manche et la diversité des origines (le duc a sous
ses ordres des Normands, des Bretons, des Français, des Picards, des Flamands ainsi que des
aventuriers venant de toute l’Europe) ne fait qu’ajouter à la complexité du commandement
de la flotte qui quitte le continent depuis le port de Saint-Valéry.
• La gestion d’une coalition n’est pas une problématique nouvelle
• Une coalition d’opportunité a la capacité d’emporter un succès décisif, y compris face
à un adversaire homogène et de force équivalente.
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Chaque cavalier possède une ou plusieurs montures de remplacement et doit également fournir les palefreniers
et le fourrage nécessaire à leur entretien.
5
Le passage de la comète de Halley la semaine du 24 avril 1066 et représentée sur la tapisserie de Bayeux a pu
jouer un rôle en tant que signe favorable pour persuader des chances de succès de l’expédition.
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bretons viennent avec leurs propres navires. Il faut acheter ou louer tous les esquifs
disponibles, qu’ils soient de pêche ou de commerce pour parvenir à rassembler 6966
bateaux. L’hétérogénéité cause l’anxiété : les mieux gréés (dont le Mora, navire amiral)
distancent les plus lents et doivent jeter l’ancre pour débarquer groupés. D’autres équipages
se perdent, s’échouent isolés au hasard du rivage, se font massacrer par les habitants vite
rassemblés.
• Une masse critique de vecteurs de projection est nécessaire pour permettre le succès
• Les moyens de circonstance sont utilisables, mais l’hétérogénéité complexifie
l’opération
Se renseigner
A aucun moment le contact n’est rompu entre les deux parties. Les ambassades se
succèdent pour trouver une issue favorable en incitant l’autre à plier à moindre coût. Un
moine envoyé par Harold se présente au camp normand et lui dit en substance que : « Le roi
Harold fait dire au duc qu’il se rappelle fort bien que le roi Edouard avait d’abord fait de lui
l’héritier du royaume d’Angleterre. Le roi Harold admet qu’il s’est rendu en Normandie pour
confirmer cette succession, mais il se trouve que le roi Edouard a changé ses dispositions
testamentaires sur son lit de mort. Le roi Harold demande à Guillaume de retourner en sa
terre de Normandie avec ses soldats ; sinon, il devait revenir sur ses accords passés.»7
Guillaume réplique en envoyant un autre moine, Huon Margot, porter sa réponse. Il défend
sa position et propose à Harold de régler cette affaire en justice selon les lois anglaises, c'est-
à-dire en champ clos. « Le duc, insiste Huon Margot, ne veut pas l’anéantissement des deux
armées. Il veut un combat singulier»8. Harold refuse. Jusque dans les dernières minutes,
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« Sept cent moins quatre » selon Wace
7
HASTING 1066, cavalerie normande et infanterie saxonne , Thierry Leprévost et Georges Bernag, BAYEUX
2001, p.17
8
Ibidem, p.18
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alors que les deux armées se font face, Guillaume fait une ultime tentative de conciliation en
proposant un partage de l’Angleterre. Le représentant du Saxon refuse encore. Tout a été
fait pour éviter de verser le sang.
• La bataille a eu lieu. Mais l’affrontement est l’aboutissement d’un choix sans cesse
répété. Le dialogue permanent avec l’adversaire peut permettre d’éviter l’effusion de
sang.
• L’ennemi est contesté, non diabolisé. La simple contestation permet de garder ouvert
l’éventail des options possibles.
« L’empreinte » de l’armée de Guillaume n’est pas nulle. Il faut bien sûr nourrir les 7500
hommes mais aussi disposer de projectiles (flèches, carreaux d’arbalète, javelots) en nombre
suffisant, d’ateliers de réparation des armes, de chevaux de rechange… La force se
rassemble dès l’été, progressivement, à Dives où Guillaume a fait monter un camp.
Entretenir tant d’hommes et de chevaux requiert une organisation sans faille afin de retenir
9
Wace, roman de rou, vers 6617 et 6631 à 6634
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les troupes dans l’optique de l’expédition. Harold, lui, ne réussit pas à maintenir son armée
mobilisée et, bien que conscient de la menace, en renvoie une grande partie le 8 septembre
faute de provisions. Il remobilisera à l’annonce du premier débarquement : trop tard. Par la
suite, en terre anglaise, le duc enverra ses cavaliers fourrager, mais d’abord pour montrer
aux habitants que les Normands sont maîtres chez eux et surtout pour faire venir Harold
précipitamment, avant qu’il n’ait comblé les pertes de la bataille de Stamford Bridge.
Guillaume a toujours veillé à établir des filières de ravitaillement pérenne. Ainsi :
• Etre en mesure de durer, même sans combats, est une victoire en soi.
• La logistique est une préoccupation permanente
La bataille s’engage. Face aux 7500 hommes de Guillaume se dresse, sur un léger
monticule10, un nombre sensiblement équivalent de Saxons.
La tactique d’Harold est simple : tenir bon et briser les assauts des Normands. Ses troupes
sont monolithiques et combattent à pied : les cavaliers ne se servent de leurs montures que
pour se déplacer et les chevaux sont gardés à l’arrière. Le roi dispose :
• d’une garde d’élite, les housecarles11, d’origine danoise, armés de la grande hache.
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Il s’agit de la colline de Senlac (ou Santlach), haute de quelques mètres de hauteur, dont seul un côté ouvert est
accessible aux normands.
11
Ou Huscarls
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• Des thegns, nobles de diverse importance.
• Du fyrd, qui est en réalité une milice de paysans, parfois uniquement armée de
bâtons au bout desquels est fixé un silex. Les anglais n’ont que très peu d’archers12 à
Hastings.
Guillaume, quant à lui, compte sur les armes de jet pour amoindrir la solidité du « mur »
saxon, puis monter à l’assaut avec l’infanterie. La cavalerie, qui à cause du terrain ne dispose
pas d’un espace de manœuvre suffisant, doit essentiellement exploiter après que la
résistance ait été ébranlée. Le plan comprend donc l’action successive dans le temps des
différentes composantes : les armes de jet d’abord, l’infanterie ensuite puis enfin la
cavalerie. Pourtant, au cours de la première phase de la bataille, l’efficacité des archers est
réduite. En effet les Saxons se protègent aisément des volées en levant simultanément leurs
boucliers. Constatant cela, Guillaume fait retirer les archers, à cours de munitions et fait
donner l’infanterie. Le choc est rude. C’est un échec.
• Le combat « par armes successives » ne donne pas de résultats : à forces égales, un
mode d’action simple rend prévisibles les effets et facile la parade.
• Si la mission doit être simple pour le combattant, le chef doit penser la complexité en
élaborant son mode d’action.
12
Un seul archer saxon est représenté sur la tapisserie de Bayeux.
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2.3 Le retour d’expérience
Transformer les faiblesses en forces : la débâcle des Bretons ouvre la porte à une solution
Emportés par leur élan à la poursuite des Bretons, les Saxons ont eux même rompu la
cohérence de leur mur de boucliers. La cavalerie les surprend isolés et en massacre un bon
nombre. En quelques minutes, les Saxons qui croyaient la victoire assurée se retrouvent
bousculés. Les Bretons rebroussent chemin et se joignent à la tuerie, achevant les blessés.
Ce premier assaut est très meurtrier pour les deux parties. Les deux armées se retirent
chacune sur sa position initiale. Une pause est nécessaire à Harold comme à Guillaume pour
reformer les rangs. Guillaume sait qu’il doit pourtant faire l’effort ce jour là car l’armée
d’Harold, en cours de mobilisation, ne cesse de se renforcer.
La bataille reprend vers 14h. Guillaume et son état-major ont tiré les enseignements de la
matinée. Sur l’aile droite, les Français attaquent, puis simulent une retraite désordonnée.
Comme précédemment, les Saxons les poursuivent et se font faucher par la cavalerie. Cette
manœuvre est encore répétée, toujours avec succès. Croyant à chaque fois la victoire à
portée de main, les Saxons se font décimer lors de ces trois sorties catastrophiques.
• Le temps de la réflexion, pris au cours de la bataille, est bénéfique.
• L’analyse de l’action en cours permet de déceler les faiblesses de l’adversaire. Ce
processus portera d’autant plus de fruits qu’il sera plus rapide que celui de l’ennemi.
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3. La guerre et les hommes : l’importance des qualités humaines
Harold lui-même est blessé. Il a reçu une flèche dans l’œil, qu’il a difficilement retiré.
Guillaume veut en finir. Il lance une vingtaine de cavaliers parmi les plus motivés à l’assaut
de la garde personnelle d’Harold. Quatre d’entre eux parviennent jusqu’au Saxon : Hughes
de Montfort, Eustache de Boulogne, Hugues de Ponthieu et Gauthier Giffard le jeune
atteignent le roi et le transpercent de part en part. Il est environ 16h. Harold mort, la bataille
est virtuellement gagnée. Ce raid, sur la base du courage de quelques individus a été lancé
pour accélérer l’issue de la bataille.
• Le courage individuel est décisif dans la rapidité d’obtention de la victoire. Il se
traduit par une prise de risque consciente et acceptée.
• Ce courage n’est cependant pleinement efficient que s’il est encadré et qu’il s’inscrit
dans une vision globale.
• Il est donc du ressort du chef d’employer à bon escient le courage de ses hommes.
La cohésion des troupes de métier disciplinées constitue l’atout principal des armées
Du côté normand, les cavaliers sont répartis en conrois. Il s’agit d’unités bien définies,
commandée par des chefs identifiés. Outre le fait que le cœur de la cavalerie normande
existe depuis des années, le séjour au camp de Dives-sur-Mer a donné le temps de travailler
les déplacements, les changements de posture, la charge. La cohésion acquise permet, tout
au long de la journée, de renouveler les assauts et de maintenir la pression sur l’armée
d’Harold malgré les pertes et la fatigue accumulée. Du côté saxon, les housecarles sont
l’armature du « mur ». Ces danois armés de haches sont des professionnels. Ils résistent et
ne s’enfuient pas même à la mort de leur chef. Malgré leurs énormes pertes, ils combattent
encore, jusqu’à la fin. Ces soldats sont la cause principale de la durée inhabituelle pour
l’époque de la bataille de Hasting.
• La cohésion est un facteur fondamental d’efficacité et de puissance.
• Elle s’obtient avec du temps, sur la base de l’expérience commune.
Guillaume, fils illégitime, est âgé de 7 ans environ lorsque son père Robert le Magnifique
meurt, en 1035. Echappant de justesse à plusieurs attentats, il sait depuis longtemps que sa
survie, puis la réussite de ses projets passent par une gestion délicate de ses vassaux. Il a
ainsi forgé son commandement au cours des années, renforçant peu à peu son emprise sur
ses vassaux. Il sait l’importance de la préparation mentale et marque les esprits en
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transformant un présage funeste en outil de motivation. Ainsi lors du débarquement en
terre anglaise, Wace nous raconte un incident :
Le duc descendit le premier.
Droit sur ses paumes il est tombé
Sur le champ surgissent des cris
Qui disent tous : « signe maudit ! »
Très haut le duc s’adresse à eux :
« Seigneurs ! Par la puissance de Dieu !
La terre, je l’ai des mains saisie,
C’est preuve que le Ciel l’a bénie ;
Elle est à nous, tant qu’il y en a ;
Je verrai qui la méritera. »
Guillaume ne reste pas en arrière. Sa haute stature et sa force physique sont des atouts qu’il
sait utiliser. La tapisserie de Bayeux montre qu’il quitte la colline d’où il pouvait embrasser
l’ensemble de la bataille et se lance lui-même dans la charge destinée à sauver les Bretons.
Par trois fois son cheval est tué sous lui. Alors qu’il se relève encore une fois, le bruit court
que le duc est mort ! Un vent de panique souffle sur les Normands. Guillaume désarçonne
un fuyard, enfourche sa monture et, debout sur ses étriers, relève son casque pour se faire
connaître. Eustache de Boulogne, un de ses lieutenants, s’empare de la grande bannière et
le désigne à tous. La situation est sauvée de justesse.
• La potentielle perte du chef désorganise mais surtout démoralise. Pourtant
l’engagement du chef au contact fortifie les cœurs et donne l’allant nécessaire à la
victoire : par imitation, la troupe s’approprie une partie des qualités du chef.
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Il faut mentionner l’incident du « malfosse » : des cavaliers normands, à la poursuite de fuyards tombent dans
un sombre fossé et les poursuivants se font massacrer par les poursuivis.
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Il fait ainsi massacrer le village d’Old Romney coupable du meurtre de l’équipage de deux de ses navires
égarés et échoués au hasard.
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subordonnés incendient des maisons, il indemnise les habitants, sauf lorsque cela fait partie
d’un plan déterminé.15
• L’enjeu pour Guillaume n’est pas le prestige militaire mais l’Angleterre. Cet enjeu
englobe d’abord le ralliement des nobles mais aussi celui de l’ensemble de la
population.
• La bonne conduite des troupes occupantes est une des conditions nécessaires pour
conforter un changement de pouvoir.
Pourtant Guillaume fait rechercher le corps d’Harold et le fait inhumer, sous un cairn, en un
lieu tenu secret, malgré la proposition de la mère du Saxon, d’échanger la dépouille contre
son poids en or. Le but est d’éviter la transformation du roi déchu en martyr. L’étape
suivante est le couronnement de Guillaume en l’abbaye de Westminster le jour de Noël
1066. Il pacifie d’autant plus facilement le reste de l’Angleterre que beaucoup de nobles
saxons sont morts à Hastings. Respectant la promesse faite aux équipages, il donne à ses
lieutenants des terres et des titres. Ces derniers s’investissent durablement dans leurs
nouveaux domaines, construisant châteaux et abbayes.
• Les implications à court comme à long terme de la bataille doivent être analysées et
les déductions ainsi obtenues servir de base aux actions.
• La bataille n’est pas une fin en soi, elle ouvre vers un projet réfléchi et complet dont
la dimension politique est primordiale.
* *
La prise du pouvoir par un étranger, qui plus est ne parlant pas la même langue, sans
pratique des coutumes du pays ne va pas sans remous : plusieurs années seront nécessaires
pour asseoir les bases d’un pays qui n’a ensuite plus connu d’envahisseurs. Le vrai rival n’est
pas interne mais externe : en accédant au trône d’Angleterre, Guillaume le Conquérant
devient un vassal trop puissant du roi de France. Ce sont là les germes du long conflit qui
opposera l’Angleterre et la France.
15
Guillaume fait incendier les faubourgs de Londres afin d’obtenir plus facilement la reddition de la ville.
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Bibliographie :
• Hastings 1066, the fall of Saxon England ; Christopher GRAVETT; editions Osprey
publishing 2000
• Weapons and tactics, Hastings to Berlin ; Jac WELLER; editions Nicholas Vane 1966
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