BIZZ DOSSIER FORMATIONS

LES ATOUTS DES DIPLÔMES COMPLÉMENTAIRES EN ENTREPRISE

Rentables, les MBA et

Les MBA et les
doctorats requièrent un
investissement
personnel – et financier –
importants. Mais ces
diplômes peuvent
constituer une réelle
valeur ajoutée sur le
marché de l’emploi, à
condition de valoriser
efficacement les
compétences acquises.
LARA VAN DIEVOET

«
C
e n’est pas parce qu’on
a écrit une thèse qu’on
a un emploi assuré.
Mais, une fois qu’ils
sont conscients de leurs
compétences, les docteurs ont de
grandes possibilités de carrière», avance
Laurence Theunis, qui accompagne les
doctorants et tente de faciliter l’après-
thèse dans le cadre de l’ASBL Focus
Research. L’objectif d’un doctorat est
de former à la recherche académique.
Mais cette formation permet également
de développer des compétences utiles
en entreprise, insiste-t-elle: «Les doc-
teurs développent des capacités d’ana-
lyse, de résolution de problèmes et des
aptitudes en communication orale et
écrite. Et ils sont formés à travailler en
équipe, souvent dans un environnement
interdisciplinaire et international. La
seule chose qu’on puisse leur repro-
cher, c’est un manque de connaissance
de la culture d’entreprise. Mais la
grande majorité des docteurs s’y adapte
très rapidement: ils aiment relever des
défis.»
Quand aux titulaires de MBA, une
approche théorique et pratique du
monde des affaires leur permet de déve-
lopper des outils directement applica-
bles en entreprise. Katrien Bollen,
consultante pour McKinsey en Asie du
sud-est, insiste sur les bénéfices de son
MBA, réalisé à l’Insead à Singapour :
«J’ai une vue plus large des probléma-
tiques organisationnelles. Durant mon
MBA, j’ai vraiment pu faire le tour de
tous les domaines des affaires. Je suis
donc plus à même de répondre aux
questions des clients, quel que soit le
secteur. Et si je n’ai pas la réponse, je
peux faire appel au réseau constitué
pendant mon MBA.»
Des profils appréciés
Les entreprises qui peuvent mettre à
profit ce type de compétences appré-
cient donc généralement les MBA et les
doctorats. «C’est clairement une valeur
ajoutée pour l’entreprise», estime Fré-
déric Pierre, responsable du recrute-

74 28 AVRIL 2011 | WWW.TRENDS.BE

les doctorats?
Ces diplômes mènent souvent à des
fonctions et un salaire supérieur, au même
titre qu’une expérience significative

publiques, les associations ou la consul- rière, mais également à sa rémunéra-

tance », précise Laurence Theunis.
Quant aux MBA, «ils sont très recher-
chés dans les cabinets de conseil et les
banques d’investissement », observe
Grégory Centner, partner de l’agence
de recrutement Xpertize.
Capitaliser sur ses
compétences
Le temps et, parfois, l’argent inves-
tis dans ces formations suscitent
souvent des attentes. «L’objectif est de
donner un coup d’accélérateur à sa car-
tion», pointe Gregory Centner. Et ces
diplômes mènent souvent à des fonc-
tions et un salaire supérieur, au même
titre qu’une expérience significative.
Selon le magazine Références, l’aug-
mentation se situerait même entre 65%
et 78% pour les titulaires de MBA. Mais
posséder un MBA ou un doctorat est
rarement décisif lors des recrutements.
Dans les entretiens finaux de sélection,
de nombreux employeurs disent privi-
légier les compétences et la personna-
lité des candidats. z ≤

Les salaires moyens de 20 MBA américains et européens

Ecole Pays Salaire Classement FT
pondéré (US$)

Stanford University GSB U.S.A. 183 260 4

University of Pennsylvania: Wharton U.S.A. 171 551 1
Harvard Business School U.S.A. 170 238 3
GET

MIT Sloan School of Management U.S.A. 158 387 9

IE Business School Espagne 149 584 8
Insead France / Singapour 147 883 4
ment pour Euroclear. C’est également Yale School of Management U.S.A. 146 959 15
l’avis de Fanny Talldeman, DRH de IMD Suisse 145 846 14
Smals, un des principaux employeurs London Business School Royaume-Uni 145 776 1
belges dans le domaine des TIC: «Nous University of California at Berkeley: Haas U.S.A. 144 790 25
Cornell University: Johnson U.S.A. 140 273 30
engageons de nombreux docteurs dans New York University: Stern U.S.A. 138 865 15
nos cellules de recherche. Ce sont des University of Cambridge: Judge Royaume-Uni 137 199 26
collaborateurs studieux mais innovants, University of Oxford: Saïd Royaume-Uni 132 905 27
qui ne sont pas effrayés par ce qu’ils ne Iese Business School Espagne 131 890 9
connaissent pas », constate-t-elle. La Esade Business School Espagne 125 346 21
HEC Paris France 122 828 18
plupart des entreprises qui possèdent Manchester Business School Royaume-Uni 116 100 29
un département de recherche & déve- SDA Bocconi Italie 110 186 28
loppement engagent d’ailleurs des Vlerick Leuven Gent Management School* Belgique 105 484 55
docteurs. « Mais il y a également des
débouchés en sciences humaines, Source : Financial Times global MBA ranking 2011 (ex aequo possibles)
notamment dans les administrations *Le seul MBA belge à faire partie du top 100 du « Financial Times »
de la recherche, les hautes fonctions

WWW.TRENDS.BE | 28 AVRIL 2011 75

 BIZZ DOSSIER FORMATIONS
≤ Marc Niederkorn, directeur associé senior chez McKinsey,
titulaire d’un MBA de la Stanford Graduate School of
Business
«Le MBA traduit une volonté
de sortir du lot»
es doctorats et les MBA demeurent des formations très
«
L importantes pour McKinsey: c’est la garantie de trouver
des têtes bien faites. Après trois ans, nous proposons
d’ailleurs à nos jeunes employés de compléter leur formation
par un MBA, que nous soutenons financièrement. Plus d’un tiers
de nos employés en sont titulaires et
environ 20% ont obtenu un doctorat. Ces
formations mènent au niveau d’associate,
qui correspond à un niveau salarial plus
élevé, au même titre qu’une expérience
significative. Dans nos recrutements, nous
recherchons une certaine rigueur intel-
lectuelle, mais aussi une capacité de
créativité, d’innovation, de leadership, etc.
PG
Le diplôme constitue un indicateur de ces
qualités parmi d’autres: nous passons dix heures en moyenne
à cerner la personnalité des candidats lors des entretiens
d’embauche. Ce qu’on recherche chez les docteurs, c’est moins
la spécialité dans laquelle ils ont travaillé que la capacité de
raisonner de façon indépendante et rigoureuse, d’argumenter,
d’aller au fond des choses... J’ai notamment recruté une docteur
en théologie. Quand au diplôme de MBA, il envoie un message
important aux employeurs: la volonté de réussir, d’aller vite et
loin, d’investir dans sa formation, bref, de sortir du lot.»
Eric Monami, docteur en sciences de gestion (ULB), conseiller
politique en mobilité et transport pour la vice-présidente du
parlement européen Isabelle Durant (Ecolo)
«Les employeurs belges estiment que les
docteurs coupent les cheveux en quatre»
epuis mon doctorat à l’ULB sur la libéralisation des
« chemins de fer en Europe, j’ai toujours, au niveau pro-
D fessionnel, oscillé entre secteurs privé et public. Je
pense que mon doctorat n’était pas indispensable pour occuper
ces fonctions, et je n’ai pas l’impression que les employeurs
belges valorisent ce type de formations.
C’est parfois même le contraire : ils
estiment que les docteurs ont tendance à
couper les cheveux en quatre. Par contre,
j’ai énormément appris de cette
expérience, qui est l’un de mes atouts.
C’est une excellente formation, qui m’a
beaucoup apporté en termes de rigueur,
de raisonnement, de compréhension des
PG
phénomènes économiques, de recherche
de solutions innovantes, de capacité à
exposer les choses, etc., même si je dois admettre que ce mode
de pensée me pousse parfois à aller un peu trop dans le détail.»
76 28 AVRIL 2011 | WWW.TRENDS.BE
Nathalie Mazy, «business unit manager» à l’agence de
recrutement Mercuri Urval
«Le MBA et le doctorat sont
rarement des critères de sélection»
a volonté d’apprendre, de découvrir, d’élargir le spectre
« de ses connaissances constitue un moteur important
L au niveau professionnel. Un manager qui prolonge une
expérience professionnelle par un MBA est donc susceptible
d’intéresser les employeurs. C’est également le cas du docteur,
mais avec un bémol: nous sommes confrontés aux a priori de
certains clients, qui considèrent que
quelqu’un issu du monde académique
n’a pas passé suffisamment de temps
en entreprise. Nous insistons alors
sur l’expérience du docteur en gestion
de projet, qui peut souvent être
comparée à une expérience profes-
sionnelle.
Certains de nos clients font toutefois
du doctorat un critère de recherche.
Quand on travaille pour des
entreprises très spécialisées, ce titre
est même parfois un critère de
PG
sélection. D’autres entreprises
insistent sur l’importance du MBA, lorsqu’elles recherchent un
haut potentiel, qui devra évoluer rapidement, par exemple. Mais
il faut distinguer la phase de recrutement de la phase de sélection:
ce type de diplômes est rarement un facteur décisif et incon-
tournable.»
4 conseils aux doctorants
Jonas Campion, docteur en histoire et chargé de mission
PRO-DOC pour l’ASBL Focus Research:
1. Durant votre doctorat, accumulez les expériences. Il
est important de s’impliquer dans l’institution universi-
taire, de multiplier les rencontres, les projets... Grâce à
ces expériences diverses, vous pourrez acquérir des
compétences qui parleront aux employeurs.
2. Réfléchissez le plus tôt possible à l’après-thèse.
L’objectif est d’être réaliste et d’avoir plusieurs cartes
en main au moment crucial.
3. Lors du recrutement, parlez de votre thèse avec
enthousiasme et citez des exemples. Vous avez
développé toute une série de compétences intéres-
santes. Pour convaincre, il faut pouvoir les présenter de
manière concrète.
4. Lorsque vous négociez votre salaire, considérez les
années de doctorat comme une expérience profession-
nelle utile.
Bertrand Bodson, titulaire d’un MBA de Harvard, «senior
vice-président global digital marketing» chez EMI Music
«Un ancien collègue d’Harvard a investi
2 millions dans mon entreprise»
n 2001, après trois ans de consultance, j’ai décidé de
« suivre un MBA à Harvard. J’en rêvais depuis longtemps
E et l’expérience a répondu très largement à mes attentes.
C’est un bon complément à un parcours européen. L’étude de
550 case studies en deux ans m’a permis de tester mon intuition
et de développer mon jugement de manière systématique, au
contact d’étudiants aux parcours et
cultures très différents. Le réseau que
l’on construit à Harvard est un
formidable atout: j’en ai réalisé la valeur
au moment où j’ai créé mon entreprise,
Bragster, en 2006. J’ai directement
contacté mes anciens ‘collègues’
d’Harvard. L’un d’entre eux a investi 2
millions de dollars dans le projet, ce qui
m’a véritablement permis de démarrer.
Depuis, Bragster a été racheté par le
PG
Frédéric Ooms, docteur en chimie et titulaire d’un MBA de la
Solvay Brussels School, «senior patent and licensing
manager» à la Sopartec
«La thèse et le MBA constituent
des années difficiles»
n charge du département de chimie d’Euroscreen,
«
E j’avais envie de quitter le secteur trop cloisonné des
sciences. J’ai donc entamé un MBA pour ajouter une
corde à mon arc et changer d’horizon. En cours de formation,
j’ai postulé à la Sopartec, le bureau de transfert de technologie
de l’UCL, où j’ai été engagé. Je voulais absolument garder une
dimension technologique, mais en y ajoutant l’aspect business.
Mon job combine ces deux dimensions: j’aide les chercheurs
à sortir leurs découvertes de l’université, en proposant ces
innovations à des entreprises ou en créant des spin-offs. Dans
ce cadre, les compétences en
management et en finance
acquises au cours de mon MBA
sont précieuses.
Comme je changeais de secteur,
le MBA ne m’a pas permis de

Guinness World Records et j’ai rejoint faire un bond salarial significa-

EMI Music, où je dirige le marketing numérique au niveau tif. Mais ce n’était pas le but.
mondial. Selon moi, l’espoir d’un salaire
On me demande souvent si un MBA est un investissement plus important n’est pas un
utile. Pour moi, la réponse est absolument positive. Deux années élément suffisant pour entre-
extraordinaires, ça n’a pas de prix. Le MBA n’est indispensa- PG prendre une thèse ou un MBA:
ble pour aucune fonction, mais c’est une expérience fantastique ce sont des années difficiles,
en termes de développement personnel et de réseau. Même durant lesquelles il est essentiel d’avoir le soutien de ses proches
au niveau belge, puisque de nombreuses entreprises organisent car la charge de travail est très importante. Et puis, ce serait
des événements réunissant les Belges qui étudient ou ont étudié passer à côté de l’essentiel. Le MBA, c’est avant tout l’occasion
aux USA. Et cela m’a aussi permis de rencontrer mon épouse, de travailler avec des gens d’horizons très différents et de faire
qui faisait un MBA à Chicago en même temps que moi.» de belles rencontres.»

Les principaux MBA belges

La Vlerick Management School propose à la fois un MBA
d’un an à temps plein à Gand et un executive MBA à temps
partiel, à Leuven ou à Gand.
Prix : 28.500 euros (temps plein) ou 29.500 euros
(executive)
www.vlerick.com
Le MBA de la Louvain School of Management, à Louvain-La-
Neuve, se donne deux vendredis et deux samedis par mois
durant 18 mois. Trois voyages d’études d’une semaine chacun
sont prévus au programme.
Prix : 19.500 euros
www.louvainmba.com

Le programme du MBA de la Solvay Brussels School peut
être suivi en un ou deux ans, à Bruxelles. Le programme d’un
an comprend des cours de jour et est incompatible avec une
activité professionnelle à temps plein.
Prix : 25.000 euros
www.solvay.edu/mba
L’école de management de l’Université d’Anvers a mis sur
pied un programme en deux ans. Les cours ont lieu en
journée, le jeudi et/ou le vendredi et le samedi. Deux
séminaires en résidence sont prévus.
Prix : 23.500 euros
www.antwerpmanagementschool.be

WWW.TRENDS.BE | 28 AVRIL 2011 77