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Année 2005/2006
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INTRODUCTION
Dans les élevages, les antibiotiques ont tout d’abord un rôle de médicaments
thérapeutiques mais certains sont également utilisés comme aliments zootechniques.
Dans les années 40-50, l’industrie agro-alimentaire s’est mise à utiliser régulièrement
des antibiotiques dans l’alimentation animale comme facteur de croissance pour
accroître sa productivité.
La réglementation limite déjà le nombre d’antibiotiques utilisables comme
additifs avec une liste positive qui ne présente pas de risques pour l’animal et l’homme
de par leur mode d’action et leur non utilisation en thérapeutique.
Ces antibiotiques utilisés actuellement ne posent aucun problème en terme
toxicologique ou allergique. Le principal problème est celui de leur image à l’heure ou les
maladies nosocomiales se développent liées au développement des résistances aux
antibiotiques.
En effet, même si on admet que ces phénomènes de résistance sont
principalement dus à l’utilisation d’antibiotiques à usage thérapeutiques, le
consommateur, lui, ne fait pas la différence.
Pour remédier à ce problème, la Commission Européenne a décidé d’interdire les
antibiotiques comme facteur de croissance pour le 1er janvier 2006.
Ceci laisse penser que cette interdiction aura des conséquences sur les résultats
économiques pour les éleveurs. C’est pourquoi de nombreux essais sont menés pour
débusquer des produits aux propriétés équivalentes à celles des activateurs de
croissance antibiotiques. Plusieurs molécules potentiellement intéressantes ont été
identifiées mais leurs effets restent néanmoins inférieurs comparés à ceux des
antibiotiques.
Dans une première partie, des généralités ainsi que quelques points de
réglementation seront cités. Ensuite le fonctionnement des antibiotiques sera expliqué
dans une deuxième partie. Puis les conséquences de l’utilisation des antibiotiques sur la
santé animale et humaine seront énoncés et pour terminer des solutions seront trouvés
pour remplacer les antibiotiques en dernière partie.
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I/ Généralités et réglementation
3. Réglementation :
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a) Législation relative aux additifs :
Cette législation est complétée par le règlement (CE) n°1831/ 2003 du parlement
européen et du Conseil du 22 Septembre 2003 relatif aux additifs destinés à
l’alimentation des animaux.
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Commission du 15 l'autorisation provisoire
décembre 1997 depuis le 1er avril 1998
Bacitracine zinc
Phosphate de
Règlement (CE)
tylosine Suspension au 1er juillet
2821/98 du Conseil du Antibiotiques
1999
17 décembre 1998
Spiramycine
Virginiamycine
Règlement (CE) Carbadox
Facteurs de Interdiction au 1er
2788/98 du Conseil du
croissance septembre 1999
22 décembre 1998 Olaquindox
Règlement (CE) Arprinocide Coccidiostatiques Interdiction au 1er
45/1999 de la octobre 1999
Commission du 11 Dinitolmide (DOT)
janvier 1999
Ipronidazole
Règlement du Salomycine Interdiction au 1er
Parlement Européen et sodium janvier 2006
du Conseil
Monensine sodium
Flavophospholipol
Avilamycine
Tableau 1 : Textes officiels et interdictions concernant plusieurs catégories d’additifs en
alimentation animale.
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la législation actuelle devront demander une réévaluation et une nouvelle autorisation au
cours des sept prochaines années. Selon les nouvelles règles, les entreprises devront
prouver l’effet positif de l’additif sur l’animal (efficacité) et l’absence de risque pour la
santé humaine, la santé animale et l’environnement (sécurité). Ces évaluations seront
réalisées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA).
Le règlement ne couvre pas seulement les facteurs de croissance antibiotiques mais tous
les types d’additifs.
Des limites maximales de résidus (LMR) seront fixées pour certains additifs
utilisés dans l’alimentation animale si cela s’avère nécessaire. Un système de surveillance
consécutive à la mise sur le marché ainsi que des tests réguliers sur les denrées
alimentaires, déjà pratiqués couramment, garantiront le respect de ces limites.
Pour les coccidiostatiques, qui sont des additifs utilisés dans l’alimentation des
volailles pour éviter les coccidioses, pathologies récurrentes dans ces élevages, des
mesures plus sévères seront adoptées s’ils sont d’origine antibiotique. Un nouveau
dossier de réévaluation sera introduit dans un délai de 4 ans et des LMR seront définies
pour éviter tout risque pour la santé humaine ou animale. Comme c’est déjà le cas
actuellement, les additifs utilisés dans l’alimentation animale doivent porter un
étiquetage clair.
Remarque :
Dans certains pays, notamment aux Etats-Unis, le terme additif antibiotique vise
toutes les utilisations par les aliments, que ce soit à titre curatif, préventif, ou facteur
de croissance, et les mêmes dispositions réglementaires encadrent ces différents types
d’utilisations.
4. Consommation d’antibiotiques :
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- de façon largement majoritaire : les poulets de chair (68% pour les poulets
standards)
- de façon significative mais minoritaire : les poules pondeuses (20%), les lapins
(17%), et les bovins à l’engraissement (28%) d’après Bories et Louisot, 1998.
Les animaux produits sous labels ou agriculture biologique, les bovins à l’herbage
et les vaches laitières ne reçoivent pas d’antibiotique en tant qu’additif alimentaire.
Lorsque les animaux naissent, leur flore intestinale se développe. Des micro-
organismes proviennent de la mère et de l’environnement.
Cette flore va se localiser dans les différentes portions du tube digestif en
fonction de l’adéquation entre les besoins des espèces bactériennes et les conditions
locales (par exemple, les conditions d’hygiène ou le stress). Elle comporte à la fois une
flore endogène dominante et sous-dominante fortement impliquée dans les phénomènes
digestifs et une flore d’opportunité composée de bactéries saprophytes pouvant être
pathogènes.
Si cette flore se multiplie exagérément, cela peut provoquer des manifestations
cliniques. Mais à l’inverse, si elles se développent en bas bruit, cela affecte les
performances zootechniques des animaux.
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certaines espèces bactériennes qui se traduit par une modification des conditions de
compétition au sein de ces flores complexes.
Sur le plan qualitatif, aucune étude n'a montré un effet négatif de l'utilisation
des antibiotiques facteurs de croissance sur les caractéristiques nutritionnelles ou
organoleptiques des produits animaux, et dans quelques cas des incidences positives
limitées sur la teneur et la composition des graisses de réserve ont été notées.
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b) Utilisation en tant que coccidistatique
Exemple des volailles : les fientes contenant des oocystes sont rejetées à l'extérieur
sur le sol du poulailler. Les autres volailles peuvent ingérer ces oocystes en picorant sur
le sol du poulailler.
Il peut y avoir, également, transmission par les mouches qui se posent sur les
déjections, puis sur la nourriture.
Les coccidies sont plutôt spécifiques, c'est à dire qu'il n'y a pas de transmission
de coccidies liées à une espèce vers une autre espèce. Par exemple, C'est vrai entre les
coccidies des mammifères par rapport à celles des oiseaux (et vice et versa). Il n’y a
donc pas de transmissions de coccidies animales à l'homme.
Prévention et traitement
Pour ce qui concerne la prévention, il est très difficile d'éliminer les coccidies.
L'eau de Javel et les autres détergents peuvent diminuer son ampleur mais n'en
permettent pas l'instinction totale. Les rayons UVA UVB, le gel affaiblissent les
coccidies mais ne les détruisent pas. Les oocystes ne peuvent être détruits que par la
chaleur ou des complexes de "soude et de potasse", produit très dangereux d'utilisation.
Le moyen le plus approprié pour éliminer ces parasites est de traiter avec des
antibiotiques les sujets contaminés, de les mettre en quarantaine et d'en faire un suivi
très sérieux. Il est préférable de les isoler et de les traiter séparément.
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2. Quels antibiotiques pour quel animal ?
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N° ADDITIF ESPÈCE ÂGE TENEUR Divers
(dénomination ANIMALE maximal mg de substance
commerciale) ou catégorie active/kg
d'animaux d'aliment
complet
minmale maximale
E Monensin- Poulets X Administration
757 sodium d'engraissement interdite 3
100 125 jours au moins
avant
l'abattage
Poulettes 16
destinées à la semaines 100 120
ponte.
Dindons. 16 Administration
semaines interdite 3
90 100 jours au moins
avant
l'abattage
E Salinomycine- Poulets X Administration
766 sodium d'engraissement interdite 5
50 70 jours au moins
avant
l'abattage
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1. Risques pour la santé animale; Risques pour la santé humaine :
a) Résidus
Risques/Législation :
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Quant au contrôle des résidus proprement dit, il a pour objectif de déterminer
les niveaux et les types de produits chimiques et de médicaments présents dans les
animaux et les produits de viande.
La surveillance de la présence de résidus d'antibiotiques chez les principales espèces
d'abattage vise à vérifier que les méthodes d'utilisation courantes des antibiotiques ne
laissent pas de résidus dans la viande. On recherche surtout les animaux ayant subi un
traitement thérapeutique dont la période de retrait n'a pas été respectée. Les animaux
qui présentent des marques d'injection ou des conditions chroniques non fébriles (par
exemple, la mammite, l'arthrite, la métrite, etc.) sont considérés comme suspects et
doivent subir des épreuves pour la détection des résidus d'antibiotiques.
b) Bactéries résistantes
Origine de la résistance :
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antibiotique donné. Par exemple grâce à une mutation ponctuelle d'un gène qui bloque la
fabrication d'une protéine sur laquelle l'antibiotique agissait. L'antibiotique ne peut
alors plus se lier à sa cible, et la bactérie résiste au traitement. La présence de
l’antibiotique agit comme un mécanisme de sélection pour éliminer les micro-organismes
sensibles et donc promouvoir la croissance de mutants résistants. Ces mutations
spontanées sont transmises verticalement.
Les résistances peuvent aussi se développer à la suite de transfert de matériel
génétique entre bactéries. Les plasmides, les transposons et les intégrons, qui sont de
courtes séquences d’ADN, peuvent être transmis à la fois verticalement et
horizontalement et peuvent coder pour de multiples résistances.
On estime que la plus grande partie des résistances acquises sont transmises via les
plasmides, mais nous ignorons encore le ou les mécanismes intimes relatifs à certains
flux de gènes.
Remarque : depuis plusieurs décennies, les antibiotiques sont utilisés pour la
protection des cultures (à la place des pesticides chimiques). L'apparition des
résistances chez les bactéries pathogènes pour les plantes a été constatée très tôt.
Comme dans le cas des animaux, ce phénomène comporte des risques pour la santé, liés
au développement de gènes de résistance et leur transfert aux bactéries pathogènes
pour l'homme et les animaux.
D'autre part, depuis quelques années, on voit apparaître sur le marché des
plantes génétiquement modifiées. Nombre de ces plantes comportent, inséré dans leur
génome, un gène de résistance aux antibiotiques (appelé marqueur), qui permet de suivre
le bon déroulement de l'opération de transgénèse. Mais ces gènes peuvent migrer des
plantes aux bactéries du tube digestif des animaux ou des hommes. Même si aujourd'hui
les entreprises de biotechnologie assurent qu'elles n'ont plus recours à ces gènes de
résistance, la moitié des plantes transgéniques cultivées, expérimentées, ou en voie
d'autorisation, en contiennent encore.
Mécanismes résistance :
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Risques de la résistance :
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famille des macrolides-synergistines et la bacitracine, qui avaient également une
utilisation en médecine humaine, ont été interdites d'utilisation à but zootechnique en
1999.
Il ne reste donc dans la législation européenne que quatre molécules qui peuvent être
utilisées comme additifs zootechniques, et dont deux ont une activité antibiotique, les
deux autres sont des anticoccidiens. Leur mode d’action (ionophores) ne permet pas la
mise en place de résistance.
Autre sujet grave pour les experts, l’apparition de salmonelle sous des formes
antibiorésistantes chez des animaux d’élevage d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord,
et qui peut entraîner des diarrhées, des septicémies (présence de germe dans le sang)
et des décès. De la même manière, les infections à Enteroccoci (bactérie très répandue
dans le tube digestif de l’homme et des animaux, et qui peut parfois être responsable
d’infections sévères) posent des problèmes de traitement graves, en particulier chez les
patients immunodéprimés.
Limites :
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programmes de surveillance et d'identification des mécanismes de résistance présents
ou émergents.
Plusieurs réseaux existent également en milieu hospitalier et en médecine de
ville. Une structure nationale l'ONERBA (Observatoire National de l'Epidémiologie de la
Résistance Bactérienne aux Antibiotiques), qui fédère l'ensemble de ces réseaux, a été
mise en place en décembre 1996. L'Inra et l'Afssa sont représentés dans son conseil
scientifique.
L’objectif principal de l’analyse de risques appliquée à l’antibiorésistance de
bactéries d’origine animale est de fournir aux Pays Membres une méthode transparente,
objective et défendable pour évaluer et gérer les risques sanitaires que constitue pour
l’homme et les animaux le développement de résistances secondaires à l’utilisation des
antibiotiques chez les animaux
Il existe également des réseaux de surveillance et de prévention des infections
nosocomiales, à l'échelle nationale (Comité technique national sur les infections
nosocomiales -CTN), régionale et inter-régionale (centres inter-régionaux de
coordination situés à Paris, Rennes, Bordeaux, Lyon et Strasbourg -C.CLIN) et locale
(Comités de Lutte contre les Infections Nosocomiales -CLIN- dans les hôpitaux publics
et privés).
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vétérinaires et à diverses organisations professionnelles, ainsi qu'à l'industrie et au
milieu universitaire". Parmi ces "principes mondiaux pour la limitation de la résistance
aux antimicrobiens résultant de l'utilisation de ces produits chez les animaux
d'élevage", les principales recommandations sont :
• prescriptions obligatoires pour tous les antimicrobiens utilisées dans le
traitement des maladies des animaux d'élevage,
• arrêt ou élimination rapide de l'emploi des antimicrobiens comme facteurs de
croissance s'ils sont utilisés également en médecine humaine, en l'absence
d'évaluation de leur innocuité pour la santé publique,
• création de systèmes nationaux de suivi de l'utilisation des antimicrobiens chez
les animaux d'élevage,
• évaluation de l'innocuité des antimicrobiens avant la mise sur le marché, eu égard
à une éventuelle résistance vis-à-vis des antimicrobiens à usage humain,
• suivi des résistances pour identifier de nouveaux problèmes de santé et prendre
au plus vite des mesures correctives pour protéger la santé humaine,
• conseils à l'intention des vétérinaires afin de réduire l'utilisation abusive et
erronée des antimicrobiens chez les animaux d'élevage.
L’usage prudent des antibiotiques fait partie intégrante des Bonnes Pratiques
Vétérinaires, il faut choisir le bon antibiotique d’après :
• Un diagnostic précis
L’utilisation des antibiotiques doit faire suite à un examen clinique des animaux par le
praticien prescripteur et lorsque celui-ci juge qu’un traitement antibiotique aura un
effet bénéfique.
Lorsqu’il n’est pas possible de procéder à un examen clinique direct, le diagnostic doit se
baser sur l’expérience acquise, la connaissance du statut épidémiologique de l’élevage et
sur des tests de sensibilité effectués régulièrement.
Les antibiotiques ne devraient être utilisés qu’après confirmation ou lors de forte
suspicion de la présence d’un agent infectieux sensible à l’antibiotique.
Il peut être judicieux de réaliser un antibiogramme (technique de laboratoire visant à
tester la sensibilité d'une souche bactérienne vis à vis d'un ou plusieurs antibiotiques
supposés ou connus). Le principe consiste à placer la culture de bactéries en présence du
ou des antibiotiques et à observer les conséquences sur le développement et la survie de
celle-ci.
• Connaissance des spécialités autorisées par espèce et par indication
Aucun médicament ne peut être mis sur le marché, si sa qualité, sa sécurité et son
efficacité n’ont pas été démontrées.
• Spectre d’activité approprié
Le choix d’un antibiotique devrait prendre en compte la sensibilité démontrée ou
attendue du germe pathogène, tout en visant une activité minimale sur les autres micro-
organismes.
Le risque de voir émerger une population de micro-organismes résistants, tant au niveau
d’un animal pris isolément que de la population entière et le risque de voir cette
résistance transférée à d’autres populations microbiennes doit être prise en compte.
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• Schéma posologique
L’administration de doses sub-thérapeutiques peuvent conduire à un manque d’efficacité
et, dans certains cas, peut accroître le risque de résistance.
L’agent antimicrobien retenu doit donc être administré dans le respect du schéma
posologique et de la voie d’administration recommandés.
• Durée de traitement
En règle générale, la durée du traitement est celle indiquée par l’étiquetage. Une durée
de traitement trop courte risque de favoriser une recrudescence de la maladie, mais
également de sélectionner des germes peu sensibles.
Par ailleurs, l’administration d’antibiotiques doit être arrêtée dès l’instant où les
défenses de l’animal lui permettent de faire face à l’infection par lui-même.
Les torts imputés aux additifs sont donc en réalité le résultat de mécanismes complexes
et d’un problème beaucoup plus profond…
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Il s’agit de développer, à partir des plantes, des stimulateurs de croissance aussi
efficaces que les antibiotiques utilisés jusqu’ici en alimentation animale et qui, en même
temps, soient plus tolérables par l’homme et inoffensives pour l’environnement.
Enfin, les huiles essentielles et les extraits de plantes possèdent un pouvoir
antimicrobien tout en activant l’appétit et les sécrétions digestives.
Des herbes aromatiques et médicinales classiques, telles que thym, sauge ou
origan, ont déjà démontré leur efficacité en médecine animale mais les fabricants de
ces produits gardent le silence sur les espèces sélectionnées. La demande ne se limite
pas à trouver des solutions pour les bovins, elle concerne aussi les stimulateurs de
performances en production porcine, en élevage de poules pondeuses et de poulets, en
pisciculture.
2. Les argiles
L’intérêt des argiles comme agent technologique est lié à leurs propriétés
physiques lesquelles permettraient également une action favorable sur le tractus
digestif. Les argiles renforcent l’efficacité alimentaire et l’hygiène digestive. Mais les
industriels ne voient pas en elles une réelle alternative aux additifs antibiotiques en
raison de leur aptitude, démontrée depuis longtemps, à accroître la qualité sanitaire et
organoleptique des aliments pour animaux. Un effet positif, rarement significatif, des
argiles est obtenu dans 10 comparaisons sur 20 et se traduit par une amélioration du
GMQ de 3% en moyenne alors que l’IC est détérioré de 0,3% (Eric Royer, Claudie
Gourmelen, Yannick Rugraff ; 2001).
3. Les oligo-éléments
Deux oligo-éléments, le cuivre et le zinc, ont des effets reconnus sur les
performances de croissance des animaux. Des résultats de l’étude de l’Institut
Technique du Porc (ITP) montre que 23 cas sur 26 où il y avait une supplémentation en
sulfate de cuivre de 90 à 250 mg/kg se sont avérés positifs et la plupart sont
statistiquement significatifs. En moyenne, le GMQ est amélioré de 12,3 % et l’IC de
4,8%.
Avec une supplémentation en oxyde de zinc de l’aliment post-sevrage allant de
2000 à 3000 mg/kg, les résultats sont améliorés dans 11 cas sur 13. En moyenne,
l’amélioration est de 9,3 % pour la vitesse de croissance et de 2,6 % pour l’IC (Eric
Royer, Claudie Gourmelen, Yannick Rugraff ; 2001).
Cependant, une utilisation du zinc à de telles doses est actuellement interdite en
Europe, notamment à cause de problèmes environnementaux que cela poserait.
Quant au cuivre, le risque d’une accumulation future de cet élément dans les sols
à la suite d’épandages répétés de lisiers qui en contiendraient des teneurs élevées
20
conduit les autorités de l’Union européenne à examiner actuellement une diminution de la
teneur maximale autorisée.
4. Les enzymes
5. L’exclusion compétitive
6. Les prébiotiques
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favorable à la multiplication intestinale de Bifidobacterium et de lactobacilles, d’où
découle un effet probiotique avec limitation de la flore pathogène et production d’acides
gras volatiles.
D'une manière générale, les acides organiques sont de plus en plus considérés
comme des produits de substitution aux facteurs de croissance dans le sens où eux aussi
sont capables d'inhiber une partie de flore intestinale et de préférence la flore
pathogène.
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premier effet tampon du notamment aux protéines et les produits de leur dégradation
(peptides et acides aminés libres). Reste donc disponible au niveau iléal, l'anion de
l'acide (le corps de l'acide proprement dit) qui va exercer selon sa nature, son pouvoir
inhibiteur sur les bactéries pathogènes jusqu'à ce qu'il soit totalement absorbé, soit par
la muqueuse intestinale, soit par les bactéries dans lesquelles il pénètre.
En définitive, moins un acide organique est absorbable par la muqueuse intestinale, plus
il sera disponible pour inhiber ou tuer les bactéries pathogènes et inversement.
PIT et KIRCHGESSEN (1989) ont montré que le mode d'action bactéricide des
acides organiques n'est pas seulement du à un abaissement du pH mais aussi et surtout
par un effet direct de l'anion acide.
Les acides organiques contrairement aux acides inorganiques (ou acides minéraux)
peuvent traverser la paroi cellulaire de la bactérie et plus spécialement les acides gras à
chaîne courte. A l'intérieur de la bactérie ou le pH est neutre l'acide se dissocie en
libérant H + et l'anion RCOO. Pour survivre, la bactérie doit expulser une très grande
dépense d'énergie qui peut aller jusqu'à la mort de la bactérie.
L'anion acide a par ailleurs un effet inhibiteur sur la synthèse de l'ADN et donc
de la réplication qui précède la multiplication bactérienne.
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l'aliment. Les matières premières riches en calcium, (notamment carbonate de calcium,
produits laitiers ...) ont un pouvoir tampon élevé, mais sont pourtant indispensables aux
jeunes porcelets. La formulation d'un bon aliment porcelet nécessite donc de concilier
les besoins nutritionnels et la maîtrise de ce pouvoir tampon.
b) Digestibilité de la ration
Au delà des effets déjà évoqués précédemment, on peut espérer des conditions
plus favorables à la digestibilité des protéines, à l'assimilation de certains oligo-
éléments et à la production d'enzymes pancréatiques. Une amélioration des
performances (GMQ + 7%, Conversion alimentaire - 8 %, Perte - 1.2 %) est d'ailleurs
fréquemment observée, que ce soit en élevage commercial ou en station (Ces chiffres
sont le résultat d'essais faits en élevage commercial et station, avec un lot témoin ayant
reçu des antibiotiques comme facteurs de croissance et un lot essai ayant reçu un
aliment blanc et un mélange d'acides organiques dans l'eau de boisson).
c) Appétence
De façon générale, l’acidification d’un aliment le rend plus appétant. Cet effet est
surtout visible pour le porcelet en croissance, mais aussi chez la truie en lactation.
24
Acidification en élevage : aspects pratiques
8. Les probiotiques
Si les probiotiques sont bien placés pour prendre la relève des additifs
antibiotiques, c’est parce que ces préparations microbiennes vivantes ont à la fois des
aptitudes nutritionnelles et antimicrobiennes intéressantes, démontrées en conditions
d’élevage : inhibition de la reproduction des germes pathogènes dans l’appareil digestif,
stimulation des défenses immunitaires et de la sécrétion d’enzymes antimicrobiennes,
régulation de la flore endogène.
Chez les porcs : Ainsi, suite à l’apport de Bacillus clausii à des porcelets, des chercheurs
ont constaté une chute de la concentration intestinale en coliformes (germes
pathogènes) et une augmentation de celle en immunoglobulines (molécules activatrices du
système immunitaire).
Des essais ont prouvé que la levure Saccharomyces cerevisiae sélectionne la flore
cellulolytique, ce qui favorise l’assimilation des fibres alimentaires. Les truies ont
meilleur appétit. Leur production laitière s’accroît et, par conséquent, les poids des
porcelets à la naissance et au sevrage sont plus élevés.
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D’une façon générale, en matière de productivité, les probiotiques améliorent le
GMQ et l’indice de consommation, homogénéisent les lots de porcelets, limitent les
diarrhées et l’amaigrissement des truies après la mise bas, atténuent les diarrhées en
post-sevrage et la mortalité en engraissement. Il est à noter que de nombreuses
bactéries produisent des bactériocines, substances antibiotiques leur conférant un
avantage compétitif vis-à-vis de la flore intestinale complexe. L'efficacité des
probiotiques doit être examinée au cas par cas selon le micro-organisme et l'animal
hôte.
En aquaculture :
Pour éviter les problèmes de résistance liés aux antibiotiques, il faudrait des
traitements réellement adaptés à chaque espèce. Il existe de grandes différences
physiologiques entre les poissons plats, comme les turbots par exemple, et les
salmonidés. Mais comme il n'y a pas d'étude pour chaque poisson, on utilise le schéma
posologique des espèces pour lesquelles on a réalisé des travaux. En attendant une
connaissance parfaite de chaque poisson, des traitements préventifs comme les vaccins,
immunostimulants et les probiotiques, pourraient contribuer à diminuer l'utilisation des
antibiotiques en pisciculture.
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plus souvent composés de polysaccharides. Ils activent le système immunitaire des
poissons : les cellules comme les macrophages sont recrutées et phagocytent les
pathogènes. Mais là encore, les démonstrations expérimentales ne concordent pas.
La vaccination est elle en cour d'une querelle d'école. Certains prétendent que
l'élaboration d'un vaccin est problématique car la reconnaissance des réponses
immunitaires spécifiques et non spécifiques est difficile à mettre en évidence chez les
poissons. Conséquences : il y a sur le marché de " vrais " vaccins, comme ceux contre la
Yersiniose et la Vibriose, et d'autres dont l'efficacité reste à prouver. D'autres, comme
Michel Dorson, directeur de l'unité piscicole expérimentale de INRA de Jouy-en-Josas,
sont convaincus du contraire. " Les Japonais et les Américains ont les premiers
développé des vaccins pour les poissons. On peut constater que ces derniers marchent
bien. La limite est de pouvoir pratiquer une vaccination de masse pas trop coûteuse. " En
effet, cette vaccination est plus efficace par injection que par voie orale. Ce qui pose
chez les poissons des problèmes de rentabilité. Pour certains pays ont contourné cet
obstacle. Les Norvégiens ont lancé un vaste programme de vaccination et inventer la
machine à vacciner. Les poissons passent sur des tapis roulant et reçoivent une injection
de façon automatisée. . Résultat : les pisciculteurs norvégiens ont diminué leur
consommation d'antibiotiques (www.journalisme-scientifique.com - crédits - contact).
Source :http://ja.web-agri.fr/moteur/585/36.asp
*Le prix des probiotiques reste élevé car leur incorporation à l’aliment nécessite des
technologies coûteuses (micro encapsulation ou aspersion). Leur introduction lors de la
granulation des aliments est en effet impossible puisqu’ils sont sensibles aux températures et
aux pressions pratiquées.
Les effets d’un retrait généralisé des AFC (Antibiotique facteur de Croissance)
du marché sont connus grâce à l’expérience suédoise, mais aussi grâce au retrait mis en
place récemment par la filière danoise.
En Suède, où l’interdiction a pris effet en 1986, les études n’indiquent pas de
baisse des performances de reproduction et d’engraissement après le retrait des AFC
(même si en réalité il lui a fallu 10 ans avant de retrouver son niveau de productivité). En
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post-sevrage, selon les résultats techniques moyens de 220 élevages, l’âge à 25 kg se
serait accru de 5 à 6 jours et le taux de pertes, de 1 à 2 % au cours de la période 1986-
1987 par rapport à 1985.
Cependant, on y a aussi constaté un doublement du nombre d’animaux atteints de
diarrhées et du nombre de traitements vétérinaires, et une progression de l’usage
thérapeutique (à raison de 160 mg/kg) d’olaquindox, d’où des tonnages utilisés en 1986-
1987 finalement identiques à ceux de 1985, malgré la suppression de l’usage comme
additifs!
L’adoption au Danemark des aliments sans facteurs de croissance en
engraissement s’est faite volontairement à partir de 1998, et ce, sans difficultés pour
65 % des troupeaux. Selon un chercheur danois, la période suivant le retrait des AFC se
caractérise par un changement de flore intestinale et par un plus grand nombre de cas
de diarrhées. Mais au bout d’un mois, la flore est stabilisée et les problèmes diminuent.
Cependant, 10 % des élevages auraient rencontré des problèmes durables et importants,
nécessitant des efforts particuliers afin de limiter les pertes financières entraînées
par des performances dégradées et, en bout de ligne, une mortalité plus grande.
Les statistiques de performances des troupeaux danois montrent que la vitesse
de croissance a continué de progresser en 1998 et 1999, alors que l’IC s’était dégradé
en 1998, avant de retrouver en 1999 son niveau de 1997. Le taux de pertes en
engraissement atteignait 3,58 % en 1999 contre 3,24 % en 1997.
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CONCLUSION
Les antibiotiques sont des substances depuis longtemps utilisées à des fins
thérapeutiques ou comme facteur de croissance dans les élevages. Leur utilisation
nécessite une étude rigoureuse de la toxicité ainsi qu’une homologation et un suivit par
de nombreux organismes de contrôle et de surveillance (comme l’ONERBA ou la CIIAA).
En effet, l’utilisation des antibiotiques pour augmenter les performances zootechniques
_ils permettent entre autre d’améliorer l’indice de consommation et la vitesse de
croissance de l’animal_ représente une menace potentielle pour le consommateur. Les
principaux risques encourus sont une accumulation de résidus toxiques et allergènes
dans la viande et l’apparition de souches de micro-organismes pathogènes résistants
aux antibiotiques. A termes les antibiotiques seront donc remplacés par des produits
alternatifs comme les plantes arômatiques et odorantes, l’argile, des enzymes, des
probiotiques… Ces substances, combinées entre elles, remplaceront les antibiotiques
sans engendrer de nouvelles menaces. Toutefois, l’exemple de certains pays européens
comme le Danemark et la Suède nous montre que le choix d’une viande plus saine n’est
pas anodins puisque ces pays n’ont toujours pas retrouvé leur productuvité plus de dix
ans après la suppression des antibiotiques.
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BIBLIOGRAPHIE :
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