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québécois
Fondé sur une recherche de plus de vingt-cinq années, son dossier s'avère
un enrichissement du patrimoine culturel québécois.
Vous trouverez ici le texte du livre sans ses annexes. Il aurait été trop
lourd de déposer sur Internet les copies de différents documents d'archives
colligés par l'auteur.
Préface.
Ceux qui liront ce livre conviendront de son authenticité et de son originalité. En effet,
l'auteur fait preuve du souci d'exactitude du généalogiste, du sens de la vérité propre à
l'historien et, par surcroît, du charme naturel de l'anecdotier.
Roland Barrière, beau-frère et ami, m'a associé à cette préoccupation constante depuis
surtout les dix dernières années; il me faisait part de ses découvertes et me confiait ses
difficultés. Je me suis plu à lire ses premiers jets littéraires, à les relire aussi puisque
peu d'écrivains n'ont su mieux que lui appliquer le conseil de Boileau «vingt fois sur le
métier, remettez votre ouvrage... ». Voilà pourquoi, je crois, il me fait l'honneur et le
plaisir de préfacer ce «dossier» de la famille Barrière.
Le mode de vie de l'ancêtre René Barrière et de ses descendants correspond à celui des
Canadiens Français des XVIIIe et XIXe siècles.
Les mariages en secondes noces étaient fréquents à l'époque et la famille comptait
souvent entre 10 et 20 enfants. René, lui, est le père en premières noces de 10 enfants,
et en secondes noces de II enfants. Ils étaient colons ou artisans; René, lui, était
cordonnier. Ses descendants sont pour la plupart devenus cultivateurs dans les régions
de Richelieu, de St-Mathias et de Lacolle. Un bon nombre a préféré l'agitation de «la
grande ville », surtout dans la première moitié du siècle actuel; le père de Roland,
Pierre, fut l'un de ceux-là. Certains ont émigré aux États- Unis dans le but d'y trouver
une meilleure pitance; ils se sont faits « Gates».
Faire revivre et rendre en quelque sorte dynamiques les principaux événements d'un
tel mouvement humain, c'est faire œuvre généalogique.
Inspiré par les œuvres de Benjamin Suite et de Mgr Tanguay, Roland Barrière a scruté
avec conscience les registres et les archives de l'État, en particulier ceux qui sont
colligés dans les bureaux d'enregistrement et les presbytères. C'est là que sont
«enfouis» les faits primordiaux et révélateurs de la vie courante; naissances, mariages
et décès; acquisition, aliénation et disposition des acquets et biens patrimoniaux.
Ce volume qui se veut modeste, mais qui fait preuve d'une sérieuse recherche, s'avère le
reflet de l'attachement de l'auteur pour sa famille et la terre de ses ancêtres. Nul doute
qu'il sera exploité et apprécié par les Barrière d'aujourd'hui et de demain, eux à qui il
est avant tout destiné.
Pince-sans-rire, mon père lui aussi nous parlait des anciens; il aimait se rappeler
«son grand grand-père Dame», le grand-père de sa mère Aurélie. Il affirmait l'avoir
connu. Papa avait une dizaine d'années et le « grand grand-père » disait-il, avait bien
ses 95 ans, né à la fin du XVllle siècle. Un siècle donc les séparait.
Je me rappelle encore les beaux dimanches d'été quand mon père nous amenait ou à
Richelieu ou à St-Mathias, pays de son enfance.
Nous partions l'auto bien remplie, les plus jeunes assis sur de petits bancs ajoutés,
pour être plus confortables. Il nous montrait du doigt les maisons paternelles, celle
de son oncle Michel Dubuc et de son oncle Michel Choquette et, bien sûr, celle de son
grand-père Barrière, au rang de la Savane.
C'est en hommage au souvenir de mes parents que j'ai monté ce dossier sur la
famille. Je ne l'ai point fait en spécialiste de la généalogie, ce que je ne suis pas, mais
j'ai compilé ce dossier avec la mémoire du cœur, celle que mes parents m'ont
transmise. S'ils étaient encore de ce monde, comme ils seraient heureux de
compulser ce que j'ai amassé sur l'ancêtre et ses descendants! Ma recherche est un
commencement; il reste maintenant à chacun de nous de la continuer.
Février 1978
Introduction
1- LA GÉNÉALOGIE
Aujourd'hui, dans le grand public le mot généalogie évoque l'image qu'en donne la
définition du petit Larousse: « Dénombrement des ancêtres de quelqu'un». Plus près de
nous, le mot évoque l'Institut Drouin, entreprise qui se charge moyennant le prix d'établir
pour quelqu'un la lignée de ses ascendants. Le mot rappelle aussi Mgr Cyprien Tanguay et
son fameux dictionnaire qui donne les généalogies de toutes les familles canadiennes
françaises de 1608 à 1760.
Pourtant, la science généalogique est encore à l'état artisanal chez nous, donc peu connue.
Je pense à cette dame qui conservait pieusement le pedigree de son toutou, qui n'était autre
chose que les noms, prénoms et numéro d'immatriculation de ses ascendants. Je pense aussi
à cet éleveur de Holstein, qui montre avec orgueil, à qui veut le voir, son carnet de vacherie
enregistré au « Herd Book » de la race bovine Holstein, où figurent les noms de glorieux
produits, avec leur dates de naissance et les noms de leurs pères. Tel M. Jourdain, ces deux
personnages faisaient de la généalogie sans le savoir.
Au Québec, procéder à des recherches sur une famille est un travail relativement facile, car
notre province est jeune encore. 400 ans, ce n'est pas beaucoup dans l'histoire d'un peuple.
L'Église, qui a présidé à sa formation et son développement, réunit dans ses presbytères
tous les noms des Canadiens-français, baptisés, mariés et inhumés, du début de la colonie à
nos jours. Ainsi, une fois connu l'endroit où le premier arrivé s'est installé, les recherches
deviennent une question de patience tout simplement fort amusante.
Fort amusante parce que les curés et les notaires, les seuls hommes instruits de ce temps-là,
étaient des chroniqueurs à leur façon, parfois même des raconteurs. Les curés et les
notaires étaient tellement près du peuple; ils se croyaient obligés dans leur rédaction,
d'entrer dans les menus détails et d'ajouter des renseignements qui aujourd'hui seraient
inutiles et superflus.
Les recherches se concentrent généralement dans une même région. Cela se comprend
facilement. Les enfants se mariaient et demeuraient près des parents parce qu'il fallait
s'entraider. Les parents très souvent donnaient une partie de leur terre à leurs enfants,
sinon toute leur terre à l'aîné des fils. On n'a donc qu'à voir les curés des paroisses des
environs, qui habituellement ouvrent les portes de leurs presbytères et laissent fouiller les
registres.
Si, par chance, un seul colon du même nom a émigré au Canada, le travail devient plus facile
encore; car, parfois, il arrive que deux, trois, quatre du même nom et provenant de régions
différentes, sont venus au Canada ; le travail alors se complique.
J'ajouterais enfin que le Québec, pays jeune, est probablement le seul endroit au monde où
un travail de généalogie peut se réaliser. Les vieux pays ont connu des changements de
régime, des révolutions; les registres furent détruits à un certain moment, de sorte qu'un
travail complet devient impossible.
Dans ma jeunesse, j'avais remarqué qu'à Montréal mon nom de famille était fort peu
répandu. Il y avait des noms populaires, comme Lalonde, Giroux, Roy, Tremblay, Simard.
Encore aujourd'hui, on n'a qu'à feuilleter l'annuaire de téléphone ou le bottin « Lovell» de
Montréal pour se rendre compte que la situation n'a guère changé.
A chaque parution du « Lovell », j'avais l'habitude de me hâter de le scruter pour voir la liste
des Barrière. Malheureusement pour moi, je trouvais qu'elle s'allongeait bien lentement
d'année en année. Par exemple, jusqu'à vers 1936, la liste ne comprenait que ma famille,
c'est-à-dire, celle de mon père, quelques cinq ou six cousins germains, tous venus de
Richelieu.
Je me suis bien creusé la tête pour savoir pourquoi il y a si peu de Barrière ! Je crois
connaître maintenant les causes du petit nombre de Barrière au Québec. D'abord, un seul
est venu de France au Canada. Il est bien évident que si plusieurs avaient émigré, comme
c'est le cas de plusieurs autres familles, le nom serait plus répandu, quand on sait l'ampleur
des familles de l'époque.
Deuxièmement, l'ancêtre des Barrière est arrivé tard, soit en 1728, après la période la plus
intense d'émigration qui va de 1660 à 1680.
Troisièmement, dans presque toutes nos familles, j'ai noté une prédominance féminine et
les femmes jusqu'à tout récemment, quand elles se mariaient, perdaient leur identité.
Quatrièmement, plusieurs descendants ont changé leur nom en celui de Langevin.
Finalement, un grand nombre est passé aux États-Unis, où plusieurs ont changé leur nom
pour celui de «Gates», soit Barrière en anglais.
C'est aussi ma mère, Rébecca Brissette, qui a contribué à me donner le goût de la petite
histoire. Montréalaise de naissance, elle savait beaucoup de choses qu'elle aimait raconter.
C'est par elle que j'ai appris l'affaire Guibord, l'histoire de Beaudry le chien, l'apostasie de
l'abbé Chiniquy, et bien d'autres événements.
Son beau-père lui avait confié à la naissance de mon frère, son premier né, baptisé René:
«Tu l'appelles, ma fille, comme le premier Barrière venu au Canada. » C'était en 1909 et mon
grand-père, Théodore Barrière, ne se trompait pas, car son grand-père Louis, était le fils de
René, l'ancêtre de tous les Barrière au Canada.
Mon père, Pierre Barrière, me parlait lui aussi de l'histoire familiale. Il m'avait raconté que
Louis Barrière, son arrière grand-père, s'était marié deux fois, que sa première femme avait,
semble-t-il, donné naissance à six ou sept garçons, et que ceux-ci avaient quitté leur village
natal, lors du deuxième mariage de leur père. Ils avaient disparu, disait-il; et selon mon
père, l'histoire familiale s'arrêtait là.
Tout au long de mes recherches, mes découvertes m'ont rappelé le souvenir des soirées à la
maison, où l'on faisait en conciliabule de la généalogie sans le savoir. À la fin de mon cours à
l'école des Hautes Études Commerciales en 1944, après avoir demandé à l'Institut de
Généalogie Drouin de tracer mon arbre généalogique, j'ai commencé à colliger toutes sortes
de documents pertinents à une étude sur ma famille.
Au cours des dix dernières années surtout, j'ai occupé de nombreuses heures de loisir à
parcourir les presbytères et les bureaux d'enregistrement de la Province, à la recherche de
notes, faits et documents qui font partie de ce dossier .
L'histoire du Canada nous a appris la vie des premiers colons; elle fut à peu près la même
pour tous et chacun. Leur courage est digne de la plus grande admiration.
Nul doute, nos ancêtres étaient braves, tenaces, même «durs à cuire». Traverser l'océan à
cette époque était un véritable défi à la vie, à la mort; c'était une aventure longue,
incertaine, remplie de difficultés de toutes sortes. Une fois débarqués, savaient-ils ce qui les
attendait? Sauf quelques privilégiés, la plupart des premiers colons n'avaient d'autres
occupations que le défrichement, la culture du sol et l'établissement d'une nombreuse
famille.
À cette époque, les hommes ne pouvaient pas rester veufs, ils avaient besoin, en plus d'une
compagne, d'une mère pour leurs enfants.
Ils se mariaient deux et même trois fois et avaient des enfants de chaque « lit », disait-on
dans ce temps-là. La mortalité infantile était très fréquente, l'examen des registres le révèle
rapidement. L'ignorance, l'absence d'hygiène faisaient que toutes les mamans perdaient des
bébés.
Les hommes, pour la plupart, étaient illettrés. Jusqu'au début du XXe siècle, les registres et
les actes mentionnent fréquemment que les maris déclarent ne pouvoir signer leur nom.
Cependant, forts, capables de vaincre l'épreuve et attachés à leur foi, rien ne leur faisait
peur .
De cette race d'intrépides, RENÉ BARRIÈRE, l'ancêtre, vit encore dans le cœur de centaines
de descendants, disséminés à travers le Québec et les États-Unis.
Ce travail essaie de retracer tous les descendants de RENÉ BARRIÈRE. Toutefois, je n'ai pas
la prétention d'exposer ici une œuvre de spécialiste. Mon œuvre est celle d'un amateur. Il
m'est cependant permis d'affirmer que ce travail de recherches m'a procuré une grande
satisfaction, avivé par un intérêt toujours croissant.
L'ancêtre René Barrière 1700-1783
René Barrière, l'ancêtre de tous les Barrière du Canada, est le fils de Joseph Barrière,
maître-cordonnier de Longué, village de l'ancienne province française, l'Anjou et de
Catherine Béranger. Il aurait émigré au Canada, vers 1728, à l'âge de 28 ans, laissant ses
parents, ses frères et ses sœurs, Étienne, François, Margate, Catherine, Marie et Anne, se
pliant aux ennuis et aux souffrances de l'océan, pour aller à l'aventure au pays des
«sauvages».
René, comme ceux qui s'embarquaient, savait sans doute qu'il allait «à péril de mort» qui
pouvait survenir sous bien des formes, malheureusement trop réelles: naufrages, noyades,
attaques des pirates, scorbut, typhus, fièvres, etc.
Mes recherches, sur la date et les circonstances de son arrivée, n'ont donné aucun résultat.
Je sais qu'en juin 1723 son nom n'apparaît pas à l'acte d'aveu et dénombrement du fief de
Chambly, espèce de recensement préparé par le vassal, une fois dans sa vie, pour son
Seigneur dominant. Aux archives du Québec, on ne possède rien sur son sujet.
René Barrière «dit Lajoie», surnom dont on n'entendra plus jamais parler par la suite,
prendra plutôt le surnom de Langevin qui lui aurait été attribué sans doute, du nom de sa
province natale, l'Anjou, et que plusieurs descendants ont choisi d'ailleurs, comme nom de
famille.
Plusieurs Gareau ont émigré au Canada. J'en ai compté sept, et provenant de régions
différentes, dont les deux frères Jean et Pierre «dit St-Onge », les fils de Dominique Gareau
et de Marie Pinard -Pinault de Larochelle. Jean, l'ancêtre de Françoise, était son grand-père.
Il avait épousé à Boucherville, le 2 novembre 1670, Anne Tailbot de St-Maclou de Rouen.
Françoise était donc née au Canada.
Du côté maternel de Françoise, Lebeau ou encore Bau, «dit Lalouette», un seul a émigré au
Canada du nom de Jean, fils de Mathieu Bau et de Louise Garotte de St-Jean de Monts,
diocèse de Luçon au Poitou. Il épouse Étiennette Loré, selon son contrat de mariage, devant
le notaire Adhémar daté du 17 juillet 1678, et se trouve être l'arrière grand-père de
Françoise.
René Barrière était-il un soldat à son arrivée? A son premier mariage on vient de le voir, ses
témoins sont des officiers du Fort Chambly. Au baptême de son deuxième fils, Jean-Baptiste,
le parrain sera Jean-Baptiste Courand, soldat.
Non, René Barrière était cordonnier comme son père. A preuve le contrat qui suit, conservé
aux Archives Nationales du Québec, à Montréal, daté du 11 mars 1739, où il reconnaît
devoir au maître tanneur Pierre Robereau, 176 livres, pour achat de cuir de tannerie. Il
aurait pratiqué son métier toute sa vie. Comme tous les habitants du temps, il a bien une
terre à exploiter pour vivre. On verra plus loin la donation de sa terre à son fils Joseph, et
j'en parle dans ce dossier comme de la terre ancestrale.
11 mars 1739 -Obligation par René Barrière dit Langevin à Sieur Pierre Robereau maître
tanneur .
« Par devant les notaires royaux de la juridiction royale de Montréal y résidant soussigné
fut présent René Barrière dit Langevin, cordonnier de son métier demeurant à Chambly,
lequel a reconnu et confessé devoir bien loyalement et justement à Sieur Pierre Robereau,
maître-tanneur pres cette ville à ce présent et acceptant la somme de cent soixante et seize
livres, valeur reçue du dit Sieur en cuir de tannerie assorty pour faire valoir son dit métier
de cordonnier et enfin pour solde de tout compte du passé jusqu'à ce jour cy comme il se
doit. Laquelle dite somme de cent soixante et seize livres le dit débiteur promet et s'oblige
bailler et payer au dit créditeur ou au porteur scavoir quatre vingt huit livres dans tous les
cours du mois de février de l'année prochaine mil sept cent quarante et pareille somme au
même mois de l'année mil sept quarante un en monaye ayant cours lors à peine de tous
dépense, dommages et întérêts sous l'obligation et hipothèques de tous ses biens meubles et
immeubles présents et à venir et pour l'exécution des présentes le dit débiteur a élu son
domicile en cette ville~ la maison de la dame veuve Laroc, seize rue St-Paul auquel lieux
promettant obligeant renonçant. Fait et passé à Montréal l'étude de Lepailleur l'un des dit
notaires soussigné l'an mil sept cent trente neuf le onzième mars, avant midy et ont les dit
tes parties déclaré ne savoir écrire ny signer de ce enquis.
Lecture faite approuvée. »
René se fixe dans la région de Chambly, plus précisément à St-Mathias, où il vivra jusqu'à sa
mort. Habitant donc la Seigneurie de Chambly jusqu'à son décès, il paiera les cens et rentes
au Seigneur de qui il relève.
De son mariage avec Françoise Gareau, il a onze enfants dont deux mourront en bas âge, et
un autre en même temps que sa mère. Reste cinq garçons et cinq filles; en voici la liste:
· René: L'aîné, baptisé René Laurent, le 9 août 1729, un peu moins d'un an après le
mariage de ses parents: son parrain, Jean Gareau, son grand-père et sa marraine
Thérèse Lalouette, sa grand-mère. Il est à l'origine des Barrière de la région de Lacolle.
· Amable: Né le «saise» de juillet 1735. Son parrain, Baptiste Bessette, sa marraine Marie
Anne Gareau. Inhumé le 16 juin 1736.
· Marie: Née le II avril 1737. Son parrain Jean Baptiste Fore, sa marraine Marie-Anne
Gareau. Épouse en 1761, Nicolas Mathieu.
· Sa marraine Louise Barré. Épouse en 1757 Pierre Guigue dit Jolibois, qui venait de
France.
· Marie-Anne: Née le jour de Pâques, le 14 avril 1743. Son parrain Joseph Gareau, sa
marraine Marie Renaudet. Épouse Joseph Bessette.
Après 17 ans de vie conjugale, René devient veuf à l'âge de 45 ans. Françoise Gareau meurt
en couches à l'âge de 32 ans. « Son enfant ayant été ondoyé, elle a reçu le sacrement
d'Extrême-Onction, ayant perdu la parole dans son grand mal. Son corps et son enfant ont
été inhumés dans le cimetière de la paroisse de l'Immaculée de la Sainte-Vierge à la Pointe
Olivier le 29 may 1745 ». C'est le premier nom de la paroisse de St-Mathias.
René, comme tous les gens de l'époque, ne demeurera pas veuf longtemps. Il reste avec huit
enfants, trois garçons et cinq filles, l'aîné n'a pas encore ses seize ans. Il lui faut une
compagne et une mère pour ses enfants. Quinze mois après la mort de Françoise Gareau, il
épouse Agathe Laporte, âgée de 20 ans, dans la même paroisse, fille de Paul Laporte et de
Catherine Savarie, .le 13 août 1746. René a 46 ans.
Paul Laporte lui, apparaît à l'acte d'aveu et dénombrement du fief de Chambly de juin 1723.
Les Laporte sont arrivés beaucoup plus tôt. L'ancêtre, Jacques Laporte vient de Nocé, près
de Belesme, au Perche et a épousé à Montréal, le 3 septembre 1657, Nicole Duchesne, soit
soixante et onze ans avant le premier mariage de René. Il était le «grand-père du père»
d'Agathe.
À l'instar des Gareau, plusieurs Laporte ont émigré au Canada. J'en ai découvert neuf et
provenant de régions différentes. Du côté des Savarie, seulement deux ont émigré au
Canada et les deux sont de régions différentes. La mère d'Agathe venait de Limousin, de
Cognac le froid, diocèse de Limoges.
Trois jours après la cérémonie religieuse de leur mariage, soit le 16 août 1746, devant le
notaire Hodiesne, notaire Royal, en la Seigneurie de Chambly, René et Agathe passent un
contrat de mariage, sous le régime de la communauté «en tous biens, meubles et conquêts
immeubles suivant et au désire de la coutume de Paris suivie et régie en ce pays», et «les
enfants du dit futur époux et de la dite défunte, sa première femme, seront élevés, nourris et
entretenus et instruits en la religion catholique apostolique romaine par les soins de la
future épouse au dépens de la dite communauté jusqu'à la majorité». Le contrat est passé au
presbytère en présence du révérend père Levasseur et les «futurs époux» ont déclaré ne
savoir écrire, ni signer.
René aura avec Agathe Laporte dix enfants, trois garçons et sept filles. Deux garçons
survivront: Joseph et Louis.
· Joseph: Né en 1751.
René vieillit et son pays d'adoption est passé aux mains des Anglais. Il a amassé un peu de
biens, il est rendu à 83 ans. Huit mois avant sa mort, soit le 6 février 1783, René et Agathe,
sa femme, réunissent leurs enfants majeurs, qui sont encore auprès d'eux, en présence du
notaire Grisé, en leur maison, sise en la paroisse de St-Olivier: Antoine, Charlotte, Josephte,
Marie-Anne et Joseph.
« Ils leur auraient représenté que leur grand âge et leur infirmité les mettaient hors d'état
de faire valoir leur bien et leur auraient proposé de leur abandonner tous leurs biens
meubles et immeubles en faveur de Joseph, leur fils. Les immeubles consistent en une terre
de 3 arpents moins 3 perches, treize pieds 6 pouces de front sur 30 arpents de profondeur
avec tous les bâtiments: les meubles dont les animaux et outils d'agriculture; les parents se
Joseph aura des obligations. « Il devra payer les cens et rentes au Seigneur. En outre, il devra
payer à l'acquit de ses pères et mères à différentes personnes jusqu'à la somme de quatre cens
scheling de vingt, il devra payer également une pension viagère tous les ans leur vie durant,
savoir 24 minots de farine, rendu dans leur grenier, trois cens livres de lards, une livre de
poivre, un minot de sel, huit pots de rum. Il devra les entretenir comme il convient de hardes et
chaussures, leur fournira du tabac à fumer et en poudre, les logera et les chaussera, en cas de
maladie, il aura un soin tout particulier d'eux et après leurs décès, il les fera enterrer à ses
frais. »
« Il leur fournira tous les printemps, jusqu'au décès du dernier, une vache vêlée pour en avoir le
lait à leur profit et la reprendra l'automne pour l’«I'hiverner». «Arrivant le décès de l'un, la
rente diminuera de moitié excepté la vache. La pension sera payée tous les trois mois et par
quartier dont le premier quartier «échera» et sera payé au premier du mois de mai prochain
pour portion de temps et continuera de quartier en quartier. En outre, il devra leur fournir
tous les ans deux minots de pois pour la soupe. »
Puis, c'est la fin de l' Ancêtre. René meurt le 4 octobre 1783 et le curé précise: «après avoir
reçu les secours de l'Église». Il est inhumé le jour suivant dans le cimetière paroissial de St-
Olivier, le cimetière actuel de St-Mathias. Charles Dejadon, Antoine Artois et André Besset
sont présents à l'inhumation. René a 83 ans et sa veuve 58 ans.
Le curé de St-Mathias, qui m'aidait dans mes recherches et à qui je montrais l'acte de
sépulture de mon ancêtre, s'est rappelé qu'une dame Dejadon de Détroit, États-Unis, à la
recherche de ses ancêtres Dejadon, était déjà venue lui rendre visite. Ce nom est aujourd'hui
disparu; il n'y a aucune inscription de ce nom à Montréal.
Où sont les enfants de René au moment de son décès? Joseph, qui a reçu la terre, est marié
et vit auprès de sa mère mais ne vivra pas longtemps. Il mourra de « mort subite» à l'âge de
32 ans, au début de mai l'année suivante.
Du premier lit, René Laurent, l'aîné, est déjà disparu, il est décédé à l'âge de 39 ans en 1768
et ses deux fils ont quitté St-Olivier; ils sont installés à St-Jean François Régis, aujourd'hui
St-Philippe de Laprairie.
De Jean-Baptiste, on n'a aucune trace. Françoise est décédée, non mariée, en 1757 à l'âge de
23 ans. Marie a épousé Nicolas Mathieu en 1761 et Thérèse a épousé Pierre Guigue dit
Jolibois, soldat de Drouin en 1757.
C'est tout ce que l'on sait à leur sujet. Marie-Anne a épousé Joseph Bessette et habite dans la
paroisse de même qu'Antoine qui a épousé Louise Neveu.
Du deuxième lit, Charlotte a épousé Joseph Larocque en 1766 et vit à St-Olivier. Josephte a
épousé François Southière en 1779 et meurt à 30 ans en 1787. Elle a vécu à St-Olivier.
Marie-Anne est décédée à l'âge de 24 ans en 1783, un mois avant son père. Geneviève, 30
ans, Thérèse 21 ans et Catherine célibataires de même que Louis, le plus jeune, demeurent
avec leur mère. Thérèse épousera plus tard Louis Chauvin et Catherine, Pierre Benoît, lui
ayant donné un enfant avant le mariage.
Agathe meurt vingt ans après son mari, à l'âge de 78 ans, «sans avoir reçu les derniers
sacrements» et est inhumée à St-Olivier, le 19 avril 1803. Agathe, à l'instar de son mari,
donnera ses biens à son fils Louis, avec qui elle demeure.
Il y a donc deux grandes souches du côté féminin: celle de Françoise Gareau et celle d'
Agathe Laporte. J'appartiens à celle d'Agathe Laporte.
Voyage à Longué
PAYS D'ORIGINE DE L'ANCÊTRE
Depuis bien longtemps, je caressais le projet d'aller en France, à Longué, au pays d'origine
de René Barrière. Je voulais refaire à l'inverse le voyage de l'ancêtre, mais dans des
conditions tellement différentes: à peine six heures d'avion.
C'était le 21 janvier 1964. Les registres paroissiaux ne remontent qu'à 1815, les précédents
me dit-il, sont peut-être en mairie, à moins qu'ils n'aient été détruits lors de la Révolution en
1789. Heureusement, un de ses paroissiens, M. Giraud, chercheur longuéen, c'est ainsi qu'il
se décrit lui-même, poursuivra des recherches pour moi.
On m'apprend qu'il n'existe qu'une seule famille Barrière à Longué qui n'est pas originaire
de l' Anjou mais du Limousin. Il existe d'autres familles Barrière à Saumur et à Angers. Il
relève également des Béranger à Angers, le nom de famille de la mère de René.
Malgré tous ses efforts, M. Giraud ne retrouve pas l'acte de naissance de René, mais il
retrouve ceux de ses frères et sœurs. René vient donc effectivement de Longué.
Jacques Saillot, autre chercheur, mais cette fois d'Angers, consent à effectuer des recherches
aux archives nationales. Le 17 octobre 1964, il m'écrit. « Le résultat de mes recherches, dit-il,
ont été prolongées du fait de l'absence presque totale de renseignements concernant l'ancêtre
René Barrière. En effet, les registres de Longué présentent une importante lacune couvrant les
années 1692 à 1737, et malheureusement la collection départementale est la seule subsistance
pour cette période; ceux qui devraient être déposés à la Mairie de Longué ont été détruits
pendant les guerres de Vendée, en 1793. »
Il déclare, comme Monsieur Giraud, que l'ancêtre est bien de la région, car une soeur de
René, Marie, voit le jour à Longué le 11 mai 1690 et comme lui, elle est la fille de Joseph
Barrière et de Catherine Béranger.
J'ai lu et relu avec intérêt une brochure dont on m'a fait- cadeau à Longué et intitulée «
Notre-Dame-de-la-Légion-d'Honneur», éditée à l’occasion du centenaire de l’église actuelle
de Longué qui rappelle, selon la préface, les graves événements qui ont présidé à sa
fondation, le dévouement héroïque de son premier curé et la généreuse solidarité des
membres de l’ordre dont elle porte le nom. Le premier chapitre porte sur l’origine de la
paroisse de Longué et j'en extrais ce qui suit: «Longué est un vieux pays. Au milieu de la vallée
angevine, entre le commencement des vallonnements et des forêts du Baugeois et la rive droite
de la Loire, qu'accompagne, le long des prés, la petite rivière de l' Authion, c'est un antique lieu
de passage à travers les eaux; c'est le long gué que dit son nom. Pays d'eaux, pays de terres
fertiles apportées par les eaux, Longué ne pouvait manquer d'attirer et de retenir l'homme. Il a
été habité depuis les temps les plus anciens. Son premier nom, celtique, de Thenais n'en est-il
pas une preuve? Au XIe siècle, Longué avait déjà son église. C'est un Comte d'Anjou qui la
fonda; il en fit don aux moines bénédictins de Cunault, qui établirent à Longué un prieuré
dédié, comme l'église elle-même, à Notre-Dame.»
« La paroisse de Longué ne tarda pas à faire bonne figure dans le diocèse d'Angers,
Dans un vieux Noël d'Urbain Renard qui se chantait jusqu'à la fin du XVIIe siècle et qui
se trouve dans la grande Bible des Noëls angevins, Longué est rune des vingt villes
seules citées après Angers et les Ponts-de-Cé et avant les Manceaux, les Poitevins et les
Bretons: Saumur, Doué, Bourgueil, Saint-Florent, Ingrande, Candé, Châteaugontier,
Craon, La Flèche marchande, Durtal, Segré, Morannes, Baugé, LONGUÉ, Beau- fort,
Brissac, Denée, Chalonnes, Saint-Georges et Rochefort».
Aujourd'hui, Longué fait partie du département de Maine-et-Loire et est situé à une courte
distance de Saumur, soit à une dizaine de milles de l’autre côté de la Loire, à 22 milles
d'Angers, une des grandes villes de France et à 180 milles de Paris. Longué comptait en
1964, 4,500 habitants.
On l'a déjà vu, la Seigneurie de Chambly remonte au 29 octobre 1672, par acte de
concession de l'intendant Jean- Talon. Au recensement de 1723, René n'apparaît pas sur la
liste des concessionnaires. C'est en 1728 qu'on le rencontre pour la première fois, à son
premier mariage avec Françoise Gareau.
René Barrière se fixa dans la vallée du Richelieu, à St-Mathias, berceau de la famille Barrière
au Québec, qui en est demeurée le centre et le foyer principal jusque vers 1930.
À l'époque, la paroisse fixe les limites des villages. L'érection canonique de Chambly en
paroisse date du 20 septembre 1721, en vertu d'un décret de Mgr de St-Vallier, évêque de
Québec, sept ans avant le premier mariage de René Barrière.
La chapelle du Fort Chambly servit de première église paroissiale, sous le vocable de St-
Louis, et ce n'est qu'en 1739 que ce vocable fut changé pour celui de St-Joseph. Une chapelle
de bois existait en face du Fort, en dehors des murs. Cette construction avait probablement
été érigée à cause de l'exiguïté de la chapelle située à l'intérieur du Fort et devait servir
d'église paroissiale.
C'est en 1739, que J.-P. Renaudet et sa femme Madeleine Ménard donnèrent à la fabrique un
terrain. C'est celui où est bâtie l'église actuelle, St-Joseph. En 1757, l'église étant devenue
trop petite, on en construisit une nouvelle à l'endroit précis où est situé le temple actuel.
Cette église fut incendiée le 9 juin 1806 et on termina sa recontruction en 1810, 70 ans plus
tard, soit en 1880; cette église étant incendiée à son tour, on en construisit une nouvelle sur
les ruines de l'ancienne et elle fut ouverte au culte le 20 novembre 1881. C'est l'église
actuelle.
Primitivement, St-Mathias contenait trois lieues de front sur une profondeur d'une lieue
environ avec trois concessions: la rive droite du Richelieu; une lieue et demie de la partie
inférieure de la petite rivière des Hurons; et deux lieues de longueur sur le Cordon et la
Savane ainsi que le petit rang Saint-Simon. Elle fut la paroisse-mère de Richelieu, St- Hilaire
et Marieville.
Les premiers colons vinrent s'y établir vers 1700. Parmi ceux dont nous connaissons les
noms, mentionnons: Les Stebenne, Jean Mailhot et Jean Massé, en 1707; Jean Besset en
1708; Ange Cusson et Pierre Pépin dit Laforce en 1710; Jean Lefort, en 1711; Louis Trouillet
dit Lajeunesse en 1712; Adrien Legrain dit Lavallée, Philippe Poirier et Jean Vigeant, en
1713; Françoise Bellet en 1716; François Davignon dit Beauregard en 1719; André
Gauthier, Saint Germain en 1720; Jean Barré en 1722; Joseph Claveau en 1723; Michel
Lague en 1724 et René Barrière en 1728.
La paroisse-mère de St-Mathias fut donc St-Joseph de Chambly. C'est là que, avant 1777,
année où la paroisse eut ses registres, il faut aller chercher les extraits de baptêmes,
mariages et sépultures~ Les premiers missionnaires de St-Mathias furent les Pères
Récollets suivants: Michel Levasseur, de 1739 à 1746; Claude Charpentier, de 1746 à 1763;
et Félix de Berry, de 1763 à 1769; puis M. L'Abbé Médard Pétrimoulx, de 1769 à 1777.
Léon Trépanier écrit au sujet des troubles de 1837-1838 «que Saint- Mathias de Rouville a
été, dès le début du soulèvement, dans la zone d'opérations militaires, mais qu'il échappa aux
grandes épreuves de cette période agitée. » « Saint-Mathias ne connut pas les sanglantes
échauffourées de Saint-Charles, Saint-Denis, Saint-Benoît et Saint-Eustache, théâtres de
destructions de vies et de propriétés. » «Aucun citoyen de la Pointe-Olivier, nom que portait ce
village, ne figure parmi les douze exécutés à la prison de Montréal de 1838, non plus que parmi
les 58 déportés en Australie ou ceux déportés aux Bermudes. » « Les quelques paroissiens de St-
Mathias, appréhendés au cours de l'insurrection, durent passer par quelques procédures
judiciaires, mais ils échappèrent assez facilement à la sévérité des tribunaux. »
On lira dans l'acte de donation de 1783 de René à son fils Joseph, la description suivante de
sa terre: « Une terre de trois arpents moins trois perches treize pieds, six pouces de front sur
trente arpents dè profondeur. » La terre concédée était sûrement plus grande à l'origine parce
que le 12 novembre 1781, devant le notaire Grisé, René vend à son gendre, François Southière
«dit la Giroflé» le mari de sa fille Josephte «la juste moitié du terrain qu'il a et possède dans la
Pointe de Chemise, sis en la Seigneurie de Chambly au sud de la rivière Richelieu, tenant le dit
terrain à celui de Jolibois». S'agit-il ici, du mari de son autre fille Thérèse? C'est très possible.
Cette transaction s'est faite «au prix de quarante-hui schelins, ancien cours de cette province».
Joseph est décédé peu de temps après avoir reçu ce qui restait de la terre de son père.
Joseph n'a laissé que deux filles. Agathe, la deuxième femme de René, ayant survécu à son
mari, sa bru, l'épouse de Joseph, lui a remis une partie de la terre. On découvre ceci à l'acte
de donation du 9 juillet 1795 où Agathe, à son tour, se donne à son fils Louis: « une terre
concession d'un arpent et neuf perches de front sur trente arpents de profondeur, sise en la
Seigneurie de Chambly sur une part afférente à M. de Rouville, escuier, tenant par devant à la
rivière Richelieu et en profondeur aux héritiers Joseph Barrière. Appartenant la dite terre, à la
dite donatrice par droit de communauté et par remise d'une part fait par la veuve Joseph
Barrière, sa bru».
Le 14 mai 1845, Louis agit de la même façon que son père et sa mère. Il donne tout à son fils
du deuxième lit, Moïse, suivant acte de donation, passé chez le notaire Bertrand; neuf
grandes pages, format légal, écrites à la main où tout est décrit dans les menus détails.
Louis possède alors trois terres, dont une « située en la Seigneurie de Chambly de la
contenance de 18 perches de front sur trente arpents de profondeur, tenant par devant au
rapide de Chambly, par derrière au chemin du Cordon pour l'avoir eue par donation
d'Agathe Laporte, sa mère».
Plus tard, le 24 juin 1861, Moïse vend à John Montgomery, meunier de St-Mathias, «un lot de
terre en la dite paroisse seigneuriale de Chambly et faisant partie d'une terre lui
appartenant, tenant par devant au rapide de Chambly pour ravoir eue de donation de Louis
Barrière, son père, par acte devant Me P. Bertrand en date du 14 mai 1845».
Il s'en suit donc, que la terre de René Barrière ne se situe pas au Rang de la Savane à
Richelieu comme certains petits-fils de Moïse le croient, mais bien dans les limites actuelles
de St-Mathias, entre le Richelieu, aux Rapides, le Cordon et les Hurons à ce qu'on appelle
encore aujourd'hui la Pointe de chemise.
Quand à Moïse, il a épousé Céleste Loiselle, une jeune fille à l’aise à en juger par son
testament où elle lègue la terre de la Savane, son or , argent, cédules et obligations à ses
enfants et l’usufruit à son mari. On sait que la terre en question, Moïse se l’étant fait céder
par ses enfants, d'après l’acte de cession passé devant le notaire Bombardier, pour la vendre
le même jour à son fils Félix, au prix de $8000.
Les premières générations
Note sur le tableau
Le tableau qui suit donne les grandes lignes des différentes souches qui font l'objet
de mon travail proprement dit. Je suis allé, dans le cas de certaines familles, un peu
plus loin que d'autres, non par caprice mais plutôt dans le but de fournir aux
chercheurs comme moi, l'occasion de compléter leur lignée respective.
Je me suis rendu compte, la matière étant tellement vaste, qu'un travail comme celui
que j'ai entrepris, ne se finit jamais. J'ai trouvé, depuis que j'ai décidé de mettre un
terme à mon dossier, beaucoup d'autres renseignements très pertinents et que les
lecteurs auraient appréciés. Il faut donc y consacrer du temps et bien souvent c'est
au hasard d'une recherche qu'une véritable trouvaille se produit, contre- disant
parfois ce gui a été dit déjà.
Il est certain aussi, que dans certaines familles, il y a des personnages qui auraient
avantage à être connus.
Les vieux documents parfois sont difficiles à lire, et encore faut-il les découvrir.
Certains registres sont mieux tenus, d'autres ont connu l'usure plus rapidement. Et
que dire des erreurs! J'en ai constaté, au cours de mes recherches.
J'ai la conviction que beaucoup des nôtres sont passés aux États- Unis. À chacun de
mes voyages, là-bas, d'autres noms viennent s'ajouter à mon répertoire.
C'est à lui que revient l'honneur d'être le premier enfant Barrière né au Canada et
c'est l'ancêtre des Barrière de Lacolle et des environs. On ne possède pas,
malheureusement, beaucoup de renseignements sur lui.
René, fils de René, meurt jeune, à l'âge de 39 ans et est inhumé à Chambly, le Il juillet
1768.
Il a eu deux fils: René, né en 1755 et Deny, né en 1764. Louise Laporte, son épouse,
ne restera pas veuve longtemps puisque deux mois après la mort de son mari, soit le
26 septembre 1768, elle épouse un veuf du nom de Pierre Quintin-Dubois à
Chambly, veuf de Charlotte Rouillé.
Fils de René et Louise Laporte, il se marie une première fois à l'âge de 19 ans avec
Josephte Monet. fille de feu François Monet et de défunte Élizabeth Dumontet, à St-
Jean-François-Régis, le 14 février 1774.
Son beau-père Pierre Dubois, son oncle Jean-Baptiste Laporte et sa tante Jeanne
Bessette raccompagnent chez le notaire, comme c'est la coutume.
Cinq ans plus tard, devenu veuf sans enfant, il épouse le 25 octobre 1779, Geneviève
Giroux âgée de 20 ans, fille de feu Jean-Baptiste Giroux et de Geneviève Dupuy, dans
la même paroisse. René a 25 ans.
Le 23 octobre 1779, encore chez le même notaire, il fait rédiger son contrat de
mariage en présence de sa mère et du Sieur Pinsonneaux, lui servant de père, de
Michel Giroux et Joseph Courville, ses amis.
René aura, avec Geneviève Giroux, un fils Deny, (quatrième génération) baptisé le Il
mars 1785, né la nuit précédente et quatre filles dont les noms suivent, baptisées à
St-Jean-François-Régis: Julienne, mariée à Antoine Champagne; Louise, mariée à
Abraham Baudé, Josephte, mariée à Étienne Ménard et Marguerite, mariée à Alexis
Ménard. Deny, son seul fils, vivra jusqu'à l'âge de 92 ans.
Devenu veuf une deuxième fois, René épouse à l'âge de 55 ans, Marie Josephte
Vivier, veuve de Pierre Laporte, dans la même paroisse, le 24 septembre 1810.
Le 22 mai 1811, chez le notaire Edme Henry, René petit fils de l'ancêtre, âgé de 56
ans, fait rédiger son testament et déclare ne savoir signer son nom.
René est dit agriculteur de la paroisse de St-Philippe et donne tous ses biens à son «
unique support et soutien, son fils Deny Barrière « dit Langevin» «à charge
néanmoins de payer à chacune de ses soeurs la somme de cinq chelins».
Le 2 juillet 1804, Deny, son seul fils âgé de 19 ans et issu du mariage avec sa
deuxième femme, épouse Amable Bourdon et en deuxième noces le 16 novembre
1812, Marie Geneviève Monet. Il sera inhumé à St-Bernard-de-Lacolle, le 5 avril
1877.
De sa deuxième femme, Deny aura trois garçons qui vivront à St- Bernard-de-Lacolle
et qui sont la cinquième génération.
Je ne sais rien d'eux à part leur naissance sauf qu'à la fin de mes recherches, j'ai
découvert au répertoire des mariages de l'année 1816, de l'Église Notre Dame de
Montréal, le mariage de Charles Langevin, sellier, fils majeur de Denis Langevin et de
défunte Marie Anne Cardinal de Lacadie avec Marguerite Dancan, fille majeure de
William Dancan, soldat, et de défunte Betset Wailt. Je crois qu'il s'agit ici de Charles.
Charles était donc rendu à Montréal car il est déclaré comme étant de la paroisse
Notre Dame.
Charles était un enfant au décès de sa mère; son père se remarie en 1798, fort
probablement peu de temps après le décès. Cette deuxième épouse ne vivra pas
longtemps, Deny se mariant en troisième noces en 1808. Charles a alors 17 ans, il a
dû prendre le chemin de la ville et c'est ainsi qu'on le retrouve à Montréal en 1816.
Il est à remarquer que Lacadie est une paroisse voisine de St-Jean-François-Régis; il
ne faut .donc pas se surprendre de l'endroit.
Onze ans plus tard, le 5 février 1798, âgé de 34 ans, devenu veuf, Deny épouse en
deuxième noces Angélique Giroux. la soeur de sa belle-soeur, avec qui il n'a pas
d'enfant. Sont dits présents au registre des mariages, Pierre Quintin son beau-père,
René Barrière son frère aîné.
Enfin, le 29 août 1808, en troisième noces, Deny épouse Catherine Fontaine qui lui
donnera un fils -Médard, sur lequel je n'ai pu rien apprendre.
DEUXIÈME GÉNÉRATION
ANTOINE, fils, premier lit
1738-
Autre fils de René et Françoise Gareau, Antoine serait né en 1738, selon le contrat
d'apprentissage, passé en 1750, où il est dit avoir douze ans environ. Je n'ai d'autre
précision sur sa naissance et son baptême. Il est apprenti tonnelier chez Jean-
Baptiste Prévost à Montréal jusqu'en 1758. Il se marie avec Louise Neveu, fille de
Louis Neveu et Marie-Anne Bourdet. Le mariage a lieu à Chambly, le 22 janvier
1770.
Comme son père, Antoine cultive la terre; c'est obligatoire. Il vit à St-Olivier, comté
de Bedford, aujourd'hui St-Mathias, comté de Rou- ville et je note que six enfants
sont nés de son mariage avec Louise Neveu: trois filles, trois garçons, tous baptisés
et mariés à St-Mathias, à l'exception de Jean-Baptiste qui se marie à Marieville.
· Marguerite, épouse Pierre Lambert à l'âge de 17 ans, le 12 août 1799. [Un fils
Michel Lambert, a épousé Euphrosine Guilbert, à St-Athanase, le 21/11/1836. ]
· Anne, épouse Benjamin Archambault le 5 mai 1800. [Une fille Marie Archambault
épouse Louis Robert, à St-Athanase, I.e 12/11/1833.]
Le 20 juillet 1793, en l'étude du notaire J.B. Grisé, Antoine donne à son fils Antoine
une terre. Voyons plutôt ce que dit l'acte de donation : Antoine Barrière dit Langevin,
habitant, demeurant en la paroisse St-Olivier, comté de Bedford, cède maintenant et à
toujours à son fils Antoine Barrière, fils demeurant aussi au même lieu, une terre et
concession de trois arpents de front sur 27 arpents de profondeur sise en la Seigneurie
de Chambly du côté est de la Rivière Richelieu sans bâtiment.
TROISIÈME GÉNÉRATION .
ANTOINE, petit-fils, premier lit
1771-1844
Baptisé à St-Olivier, fils d'Antoine et Louise Neveu, Antoine épouse dans la même
paroisse, le 18 juin 1798, Victoire Vigeant, fille majeure de feu Laurent Vigeant et de
Marie-Anne Boileau, en présence de son frère Jacques. Quatre jours auparavant, soit
le 14 juin avant- midi, il fait rédiger son contrat de mariage par les notaires
Mondelet et le Guay, résidents «sur la rivière Richelieu dit te de Chambly».
Antoine quittera St-Olivier pour aller vivre à St-Athanase d'Iberville, où deux de ses
fils se marieront. François, baptisé le 8 janvier 1801, épouse à St-Athanase le 8
janvier 1837, Céleste Giroux. Il décède en 1849 à St-Athanase. Henry, baptisé le 18
juillet 1804, épouse à St- Athanase le 28 octobre 1839, Rosalie Storan et en
deuxième noces Rose Surprenant, «dit Vilaine». Le troisième, Augustin demeurera
céliba- taire. J'ai lu son acte d'inhumation daté du 5 mars 1870 à St-Athanase où on
le déclare «mendiant» de son vivant.
Baptisé à St-Olivier, le 3 mai 1780, Jacques est fils d'Antoine et Louise Neveu. Son
parrain, Jacques Robert et sa marraine, Marie Lebeau. A l'âge de 22 ans, il épouse
dans la même paroisse, le 30 août 1802, Catherine Lambert âgée de 18 ans environ,
en présence de ses deux frères, Antoine et Jean-Baptiste et de Jean-Marie Gaudin et
Benjamin Archambault, ses beau-frères. Il devient veuf peu de temps après et il
épouse en deuxième noces, dans la même paroisse, le 25 novembre 1805, Marie-
Anne Régnier «dit Briand».
De sa première femme, Jacques n'a pas eu d'enfant mais avec la seconde, j'ai noté
deux fils, Étienne né en 1809 et Jean-Baptiste né en 1811 et trois filles: Césarie,
mariée à Moïse Messier, Josette, mariée à Jérémie Bessette et Marie, mariée à
Godfroy Lareau; toutes trois mariées à St-Mathias, c'est-à-dire St-Olivier.
Ses deux fils (quatrième génération) épousent les deux soeurs: Étienne, Clotilde
Thuot en 1829 et Jean-Baptiste, Osite Thuot en 1835.
Jacques ira finir ses jours à St-Grégoire où il sera inhumé le 15 novembre 1871. Il est
à l'origine des Barrière de St-Grégoire et de St- Jean d'Iberville.
Son fils, Étienne, a eu douze enfants; sept filles et cinq garçons (cinquième
génération): Thomas, marié à Marcelline Lebeau en 1855, Pierre, marié à Adèle
Fréchette en 1864 et en deuxième noces à Joséphine Robidoux en 1876, Étienne,
marié à Célina Jetté en 1867, Joseph, navigateur, marié à Octavie Thuot, Prosper,
marié à Ambroise Lebeau en 1851.
De son autre fils Jean-Baptiste, j'ai noté quatre fils: Jean-Baptiste, Paul, Isaac et
Onésime. Mes recherches n'ont rien donné quant à leurs mariages et leurs
descendances. Ils ont peut-être émigré aux États-Unis.
TROISIÈME GÉNÉRATION
JEAN-BAPTISTE, petit-fils, premier lit
1785
Baptisé à St-Olivier en juin 1785, frère de Jacques et Antoine, fils d'Antoine et Louise
Neveu, Jean-Baptiste épouse à Marieville, le 20 avril 1812, à l'âge de 26 ans, Marie
Rocheleau, fille de Joseph Rocheleau et de Catherine Macé.
Quatre fils sont issus de cette union. Ils sont la (quatrième génération): Jean-
Baptiste né en 1813, baptisé à Marieville épousera à l'âge de 23 ans Adelaïde Berger,
le 15 février 1836 à Marieville, fille de Louis Berger et Louise Laporte. Léon, né en
1816 et baptisé à St- Mathias; Edouard, né en 1820 et baptisé à St-Mathias; Paul,
baptisé sous condition, à Marieville le 6 juin 1814.
Joseph est le premier fils de René, du second mariage avec Agathe Laporte. Né en
1752, il épouse le 19 octobre 1778 à St-Mathias, Louise Barré, fille de Jean Barré et
d'Agathe Larocque, «dit Lafontaine», qui se trouve être la fille de la belle-soeur de sa
soeur Charlotte, en présence de Charlotte, Geneviève, Marie, Josephte et Marie-
Anne, ses soeurs.
Joseph ne vivra pas longtemps. Il meurt jeune à l'âge de 32 ans, « de mort subite», le
4 mai 1784. Il est inhumé à St-Mathias le jour suivant.
Son épouse, Louise Barré, épousera en deuxième noces à St-Mathias, Louis Cadieux,
le 25 juillet 1785.
Je n'ai trouvé que deux enfants issus de ce mariage; une fille Louise née en 1780 qui
épouse Joseph Benoît à St-Mathias le 30 juillet 1804 et une autre fille, Élizabeth,
morte célibataire à l'âge de 51 ans et inhumée le 2 novembre 1833 à St-Césaire.
On se rappelle que son père René, l'ancêtre, s'était donné à Joseph, quelques temps
avant de mourir. Les biens de René seront retournés à la famille Barrière, à la mort
de Joseph, tel qu'en fait foi l'acte de donation d'Agathe Laporte à Louis Barrière,
l'autre fils du deuxième lit.
Baptisé le IO juin 1768, son père René, l'ancêtre, a alors 68 ans. Il a à peine quinze
ans au décès de ce dernier .
Son contrat de mariage du 8 février 1792 devant le notaire J .B. Grisé avec
Marguerite Daigneau, comme il semble être la coutume à ce- temps là, révèle la
présence de Joseph Bessette, son beau-frère, Thérèse, sa soeur, Louis Vigeant, son
oncle et parrain. Le contrat stipule «qu'ils ont promis et promettent se prendre l'un et
l'autre pour mari et femme par la loi et nom de mariage et y celui faire célébrer en
face de notre mère la Ste Église le plus tôt que faire ce pourra sitôt qu'une des parties
en requerra l'autre, pour être comme seront les futurs époux uns et communs, en tous
bien meubles et conquets immeubles». « Le dit Daigneau donne à la dite future épouse,
sa fille, en avancement d'hoirie, un lit de plume avec drap, traversin, paillasse courte
pointe, une vache, deux moutons, six poules et le coq, lesquels articles entreront en la
dite communauté».
Louis vivra 26 ans avec Marguerite Daigneau, puisqu'en avril 1818 il deviendra veuf.
Mais ce ne sera pas pour longtemps. Comme son père, il se mariera en deuxième
noces. En effet, il épouse en octobre 1819, Louise Barré, fille majeure de Louis Barré,
cultivateur et de défunte Marie Louise Monty, de Marieville.
Louis a eu six garçons avec Marguerite Daigneau. Ils sont de la troisième génération.
U n seul est marié, à la mort de sa mère. L'aîné, baptisé Joseph Louis, le 7 mars 1793,
portera le nom de Joseph.
Trois garçons épouseront des Davignon. Joseph et François, les deux soeurs: Judith
et Flavie, à quinze ans d'intervalle, filles de Joseph Davignon et de Marie Viens. Jean-
Baptiste épousera Geneviève Davi- gnon, fille de Charles Davignon et Geneviève
Bertrand.
Un autre de ses garçons, Pierre, épousera Marie Barré, soeur de sa deuxième femme,
et une de ses filles, Josette, épousera Pierre Barré, frère de Marie. Deux enfants du
premier lit deviennent donc beau-frère et belle-soeur de leur père. Charles épousera
Dorothé Viens et Abraham, le plus jeune, Césarie Ménard.
Ils seront tous des cultivateurs à l'exception de Jean-Baptiste qui exercera le métier
de forgeron.
Avec Louise Barré, Louis n'aura qu'un seul enfant, un fils baptisé Moïse en 1820
(troisième génération).
Il restait encore quatre garçons du premier lit à la maison quand Louise Barré y est
entrée. L'aîné Joseph était déjà parti et Jean-Baptiste s'est marié deux mois avant le
deuxième mariage de son père. Il restait donc Charles âgé de 22 ans, Pierre âgé de
24 ans, François âgé de 21 ans et Abraham âgé de 14 ans.
Pierre et Charles, cependant, n'y resteront pas longtemps. Pierre se marie en 1820
et Charles en 1822. Les 2 derniers, François et Abraham demeureront 14 ans à la
maison avec leur belle-mère, puisqu'ils se marieront tous les deux le même jour, soit
le 22 janvier 1833 à St- Mathias.
Moïse, qui est le grand-père de mon père, a donc bien connu ses demi-frères.
D'ailleurs tous ont vécu à St-Mathias un certain temps. Trois sont inhumés à St-
Mathias, Joseph, Jean-Baptiste et Abraham; François est inhumé à St-Césaire.
J'ignore où Charles et Pierre ont été inhumés.
J'ai dit que tous ont vécu à St-Mathias un certain temps parce que Jean-Baptiste a
vécu aussi à St-Grégoire, et Pierre ainsi que François à St-Césaire.
Non seulement Moïse entretenait-il de bonnes relations avec ses demi-frères, mais il
est choisi à quelques reprises comme parrain. Moïse étant le dernier et le plus jeune,
il invitera les enfants de ses demi-frères à être parrain des siens.
Abraham du premier lit et Moïse du deuxième lit, seront les seuls à avoir beaucoup
d'enfants. Joseph, Jean-Baptiste et Charles n'auront qu'un fils chacun, Pierre trois et
François six. Moïse aura cinq garçons et sept filles et Abraham huit garçons et cinq
filles.
Louis a été inhumé dans le cimetière de St-Mathias, le 6 mai 1852 à l'âge de 85 ans.
TROISIÈME GÉNÉRATION
JOSEPH, petit-fils, deuxième lit -fils, premier lit de LOUIS
1793-1832
Joseph, l'aîné des fils de Louis du premier lit, baptisé le 7 mars 1793, se marie à l'âge
de 25 ans à Marieville, le 12 janvier 1818, trois mois avant le décès de sa mère
Marguerite Daigneau, avec Judith Davignon, fille de Joseph Davignon et Marie Viens.
Son frère, François, épousera la soeur de Judith, Flavie, 15 ans plus tard, en 1833.
Judith Davignon devenue veuve assez jeune s'est-elle remariée? Quoiqu'il en soit,
elle est allé vivre à St-Césaire parce que ses deux filles, comme on vient de le voir se
marient à l'église paroissiale de St-Césaire. C'est la coutume, à l'époque, que le
mariage ait lieu dans la paroisse de la jeune fille.
TROISIÈME GÉNÉRATION
JEAN-BAPTISTE, petit-fils, deuxième lit -fils, premier lit de LOUIS
1794-1851
Un seul fils survivra nommé Solyme, (quatrième génération) marié à Ester Messier,
le 14 février 1858. Il vivra au rang Versailles, près de St-Grégoire et sera inhumé à
Bedford près de Pike River en 1907.
J'ai noté douze enfants issus de Solyme et Ester Messier, tous baptisés à St-Grégoire
dont Rock, plutôt connu sous le nom de Langevin, notaire à Bedford; Jean-Baptiste,
de Marieville, marié à Délia Deslauriers; Amédée, qui vécut à New Bedford aux
États-Unis et n'a pas eu d'enfant; Émile, Joseph, Louis Pantéléon, forgeron, marié à
Farnham à Rose-Anne Hébert; Charles-Henri, Louis Médéric et les filles Louise,
Rose-de-Lima, Georgiana et Léontine. (Cinquième géné- ration) J'ai rencontré à
Sherbrooke au cours de mes recherches, Achille Barrière (sixième génération) né à
Farnham, le 3 juillet 1892, fils de Louis Pantéléon et Rosana Hébert qui épousa Clara
Berger, le 6 juillet 1914.
TROISIÈME GÉNÉRATION
CHARLES, petit-fils, deuxième lit -fils, premier lit de LOUIS
1797-1847
Cinq enfants sont issus de son mariage ( quatrième génération): un garçon et quatre
filles.
· Joseph. son seul fils aura trois garçons (cinquième génération), Charles, Joseph et
Janvier. Charles, épousera Aléda Duplin à St- Philémon-de-Stqke, le 18 avril 1887
et en eut trois garçons; Émile, Albert et Donat. (Sixième génération) Émile,
épousera Agnès Dubreuil, le 29 décembre 1924. Albert, épouse Marie-Anne
Perreault, le 28 juin 1922. Donat, épouse Marie-Ange Filiault, le 8 avril 1918.
· Esther, épouse Gédéon Chauvin, le 9 janvier 1871 à St-Césaire et est inhumé à St-
Césaire, le 13 mars 1900.
· François né en 1832.
· François, fils de Louis et de Marguerite Daigneau, c'est lui qui a vécu le plus
longtemps. Il se marie à l'âge de 35 ans avec Flavie Davignon, la soeur de sa
belle-soeur, Judith, à St-Mathias le 22 janvier 1833. Il quitte, lui aussi, St-Mathias
pour s'installer à St-Césaire, où il sera inhumé le 2 octobre 1871. Huit enfants
sont issus de son mariage, (quatrième génération) tous baptisés à St-Césaire.
J'ai rencontré des descendants de Césaire au cours de mes démarches: une fille, Ars
élie (cinquième génération) épouse James Gilmour à St-Césaire, le 16 février 1904.
Elle a eu deux filles dont Rose- Aline (sixième génération) que j'ai rencontrée. Celle-
ci a épousé J.F.
Les deux filles de Rose-Aline (septième génération) Thérèse qui épouse en 1954
Adrien Brodeur à St-Césaire et Solange qui épouse J.P. Viens à St-Césaire le 20 juin
1965, sont encore à St-Césaire.
TROISIÈME GÉNÉRATION
ABRAHAM, petit-fils, deuxième lit -fils, premier lit de LOUIS
1805-1862
Treize enfants sont issus de son mariage (quatrième génération), huit garçons et
cinq filles.
· Abraham, l'aîné, baptisé le 25 décembre 1833, son grand-père Louis fut son
parrain; marié à Adéline Rainville à St-Mathias en 1861, il vécut à St-Césaire et
alla finir ses jours aux États-Unis à Leominster, Mass.
· Jean-Baptiste, plutôt connu sous le nom de Langevin, marié à Marie Meunier à St-
Mathias en 1865, alla finir ses jours aux États-Unis, à Lawrence, Mass.
· Marie, épouse Trefflé Bousquet, son cousin, petit-fils de son oncle Joseph.
· Emma.
TROISIÈME GÉNÉRATION
MOÏSE, petit-fils, deuxième lit -fils, deuxième lit de LOUIS
1820-1900
Fils de Louis et Louise Barré, Moïse fut baptisé à St-Mathias le 8 septembre 1820. Il
épousait Céleste Loiselle, fille mineure (âgée de 15 ans) d'Antoine Loiselle «dit
Senot» et d'Euphrosine Macé «dit San- cère», à Marieville, le 22 août 1843.
Moïse Barrière, qui n'a pas connu l'ancêtre René, son grand-père, et Céleste Loiselle,
sa femme, eurent douze enfants: Charles, Félix, Théodore, Napoléon surnommé Paul
et Hormisdas; Céleste, Rose-de- Lima, Rosalie, Mélina, Célina, Azilda et Malvina. Mais
j'en ai compté 7 autres, malheureusement tous morts quelque temps après la
naissance.
Mon père fils de Théodore me les fit connaître tous, car il aimait bien nous parler de
ses oncles et tantes du côté paternel. Il me semble les avoir tous connus tellement il
nous en parlait. Ma mère aussi, nous laissait sentir une certaine admiration pour la
famille de son mari. Elle nous parlait d'eux comme s'ils eussent été ses oncles et
tantes propres. Mais, pourtant, je ne me rappelle que d'un seul, l'oncle Charles, beau,
grand, bien planté et à la tête chauve. Il avait sûrement ses 80 ans lorsqu'il visita un
jour mon père, à Verdun; je n'avais alors qu'une dizaine d'années.
De la famille de sa mère, mon père nous parlait très peu. J'ai compris plus tard
pourquoi. Ma grand-mère Aurélie était fille unique. C'est de la tante Agathe,
célibataire, dont papa nous entretenait le plus souvent, la soeur de sa grand-mère,
Françoise Trudeau. Paraît-il que l'oncle Théodore, le frère de mon père, ne lui aurait
pas ménagé ses bons et mauvais tours !
Céleste Loiselle, mariée très jeune, à l'âge de 15 ans, s'éteignit trop tôt, à 45 ans en
1873, à la suite de son dernier accouchement, privant ainsi mon père du bonheur de
la connaître.
Et il en fut ainsi de toute la famille Loiselle; on n'en a jamais entendu mot, si ce n'est
que dernièrement, à l'occasion d'une rencontre de parents au couvent fréquenté par
mes filles à St-Lambert, le pensionnat de St-Lambert. Soeur Jeanne Loiselle,
directrice de l'insti- tut ion à qui je parlais de mon arrière grand-mère du même
nom, me fit la surprise d'apprendre nos origines communes. Je retrouvai donc, enfin,
des parents du côté des Loiselle.
Lorsque Céleste mourut, Théodore, mon grand-père, avait 15 ans et ses frères
Napoléon et Hormisdas avaient respectivement 8 et 7 ans. Donc, il reste encore de
jeunes bouches à nourrir à la maison. C'est alors que Moïse, un an après la mort de
Céleste, se marie en seconde noces avec Sophie Patenaude, à St-Mathias, comme le
voulait la tradition familiale de l'époque. Il vécut 8 ans avec elle, sans toutefois avoir
d'enfant.
Devenu veuf une seconde fois, Moïse entreprit un troisième mariage avec Adeline
Duchesneau, le 7 septembre 1881, à Richelieu.
Cultivateur toute sa vie, Moïse garda ses vieux parents jusqu'à leur mort. À 25 ans, il
se voyait héritier de la terre ancestrale alors que ses parents «se donnaient» à lui
comme René et Agathe l'avaient fait 50 ans plus tôt. C'était, dit-on, la coutume de
l'époque.
Peu de temps après l'héritage, Moïse se départit de la terre pour aller s'installer au
rang de la Savane, à Richelieu, sur la terre provenant des Loiselle.
Il est à croire qu'une grande partie des biens de l'ancêtre René soient passés aux
mains de Moïse, les meubles, effets personnels, outils d'agriculture et que sais-je
encore. D'ailleurs, son fils Félix avait conservé des outils de cordonnier qui, au dire
du cousin Émile, son fils, auraient appartenu à l'ancêtre René.
Enfin, Moïse mourut en septembre 1900, à Richelieu, au village, près de l'église et fut
inhumé dans le sous-sol de l'église.
QUATRIÈME GÉNÉRATION
LES GARÇONS DE MOÏSE
Il eut quatorze enfants avec sa première femme, 9 garçons et 5 filles. Ont survécu:
Avila, époux de Selma Nelson; Wilfrid, époux de Thérèse Machabé, tante du
comédien Jean-Louis Millet te; Charles, époux d'Éva Bourdeau; Ernest, époux de
Sara Labelle; Hildège, époux d'Alice Rousseau de Mont-Joli; Rosana, épouse d'Ovila
Pépin et en deuxième noces, de Fernando Hamelin; Florida, épouse de Wilfrid
Lachapelle; Marie-Louise, épouse de Philémon Chevrefils et Lucienne, épouse
d'Edmond Houle.
Charles a fait dans les affaires à Montréal. Dans le Lovell de Montréal de l'année
1883, on retrouve les inscriptions suivantes: C. Barrière of Barrière & Frères, 107
Notre-Dame est, et Barrière & Frères, merchant Tailors, 105 Notre-Dame est. Pour
l'année 1886, il s'agit maintenant de Barrière & Frères, dry goods au 669 Notre-
Dame.
Charles était en affaires avec son frère Félix. Il aurait aussi été cultivateur puisqu'en
1897, il fait baptiser son fils Hildège à St-Mathias où il est dit cultivateur de
profession.
U n des fils de Charles est fait prisonnier durant la guerre 1939- 1945. A vila, aussi
appelé Ovila, s'enrôle en 1939 dans la marine et est fait prisonnier quand le bateau
dans lequel il se trouve est coulé en pleine mer par les Allemands. Selon A vila, son
cargo se dirigeait vers un port d'Afrique du Sud, quand il fut tiré presque à bout
portant par des obus ennemis, munis de fusées à retardement, ce qui provoqua une
explosion dans les parties vitales du navire. Avila ainsi que ses compagnons
survivants sont amenés à bord du « raider» ennemi et emprisonnés dans la cale. Les
prisonniers passèrent deux semaines à bord de ce « raider» de surface et furent
ensuite transbordés sur un navire prison qui les transporta à Bordeaux. De là, ils
furent acheminés vers un camp de prisonniers situé près de Hambourg et les
quelques 4,000 prisonniers qui s'y trouvaient, furent témoins du grand raid allié au
dessus de cette ville.
Félix: né en 1856, épouse aux États-Unis, Alexina Gamache. Six enfants sont nés de
leur union: Félix, époux d'Ernestine Ruest; Arthur, époux de Marie-Anna Beaudoin
et en seconde noces de Léone Jarret; Henri, resté célibataire; Omer, époux de Fabiola
Piché et en seconde noces de Maria Bélanger; Emile, époux de Gaby Rowan et Élisa,
restée célibataire.
Félix a été sans doute le plus aventurier et le plus entreprenant des fils de Moïse,
s'empressant d'aller aux États-Unis afin de satisfaire sa curiosité. Et par bonheur, il y
rencontre sa femme. Il revient ensuite au Canada où tour à tour, il est cultivateur,
homme d'affaires et industriel.
Ses enfants ont marché sur ses traces et ont laissé leur marque: Félix, l'aîné, est tour
à tour comptable, publiciste et imagine un nouvel annuaire téléphonique où il est
possible de connaître le nom par le numéro; Omer, en plus d'avoir été commissaire
d'écoles, échevin et député, réussit fort bien dans le commerce de la chaussure;
Émile, diplômé des Hautes Études, deuxième promotion, fait carrière en Europe au
service du New York Times.
Théodore, l'aîné est baptisé à St-Mathias le 17 mai 1884; son parrain est Moïse
Barrière, sa marraine Duchesneau; il émigra aux États-Unis et finit ses jours à
Norwich au Connecticut. Il a épousé Émilina Barrière à Moose Up, le 5 février 1912.
Quand à mon père, il quitte Richelieu, son village, pour venir à Montréal suivre un
cours commercial. Il demeure chez son oncle Félix à Montréal, puis chez M. Brissette
qui devient son beau-père, puisqu'il épouse sa fille, ma mère, Rébecca Brissette, le
10 septembre 1907.
Maire de son village de 1906 à 1912, citoyen respecté, chef de famille plutôt sévère
et d'une extrême probité reconnue, mon grand-père à la mort de sa femme, vendit
sa terre à Jos Ward, homme riche du temps et s'acheta une maison au village, tout
près de sa terre au bord de la rivière Richelieu. Il finit ses jours à Chambly en 1930,
la veille de Noël après une courte maladie.
Son fils, Isidore, acheta la maison de Richelieu et l'agrandit pour lui permettre
d'exploiter son métier de boucher qu'il pratiqua jusqu'à sa mort. Il était le grand ami
et confident de mon père. Tante Aurore, son épouse, artiste du terroir, a transmis à
sa fille Oenise son talent. Artiste du petit point, les oeuvres de Oenise sont
aujourd'hui recherchées.
Napoléon (alias Paul): baptisé à St-Mathias le 31 janvier 1865, son parrain fut
Godfroy Rainville et sa marraine, Césarie Barrière. Il épouse Rose-Anna Ashby le 25
septembre 1888 à Mariev~lle et prend ensuite en seconde noces, Adèle Aléda
Lavallée, le 9 août 1930, à Worcester. Il finit ses jours à Worcester.
Céleste: l'aînée de la famille, du même prénom que sa mère, a sept ans lors du décès
de son grand-père Louis, puisqu'elle est née en avril 1845.
Probablement la seule à avoir connu son grand-père, il est certain que la petite
Céleste a été bercée sur les genoux des grands-parents, puisqu'ils vivaient chez son
père Moïse.
Céleste est baptisée à St-Mathias, le 2 avril 1845. Son parrain fut Louis Barrière, sa
marraine Euphrosine Macé, mère de Céleste Loiselle.
A 20 ans, soit le 6 juin 1865, elle épouse François Xavier Messier, cultivateur, fils de
François Xavier Messier et de Julie Carreau de St- Grégoire. Ils vécurent à Richelieu
puis à South Stukeley et eurent 12 enfants, dont Alexina, mariée à Richelieu le 23
janvier 1900 à Exias Benoît. Une autre de ses filles, Angelina, s'est mariée à Richelieu
elle aussi, le 13 janvier 1899 à Euclie Gaudreau.
Et, à propos, Thérèse Benoît, épouse de Léon Landry de Richelieu, petite fille de
Céleste Barrière, m'a parlé de ses grands-parents; elle s'en rappelle très bien; elle
m'a appris qu'ils furent tous deux inhumés à Stukeley.
Et l'on m'a raconté aussi une anecdote à propos du peu fortuné François-Xavier
Messier. Un jour qu'il était venu à Montréal pour écouler ses produits de la ferme, il
aurait vendu son cheval et serait retourné à Stukeley en tirant lui-même sa voiture,
sur une distance d'environ 60 milles; n'était-ce pas un exploit digne de mention?
Azarias connut une mort tragique à la suite d'un accident survenu sur sa ferme alors
qu'il s'y rendait pour soigner ses chevaux. Près d'une stalle, il perdit l'équilibre
lorsque le cheval recula vers lui. Avant qu'il n'eût le temps de se relever, l'animal le
piétina à mort. Azarias avait 5l ans. Son petit-fils garagiste à Richelieu m'a raconté
qu'immédiatement après les funérailles, les fils d' Azarias ont décidé de régler le
compte du cheval meurtrier; ils l'ont abattu d'un coup de carabine au beau milieu du
champ.
Chez les filles, Azilda mariée à Alphonse Bessette à Richelieu le 23 octobre 1900,
mère de neuf enfants, est décédée à l'âge de 89 ans, à l'hospice de Marieville; Rose-
de-Lima mariée à Adelbert Touchet te à Richelieu le l2 septembre 1916 et mère de
15 enfants; Màrie-Ange épouse Adélard Raymond; Léa mariée à Joseph Saurette et
en deuxième noces à Omer Brodeur et enfin, quatre filles religieuses.
Azilda: fut baptisée à St-Mathias le 18 janvier 1849; son parrain est Abraham
Barrière, demi-frère de son père. Elle épouse Antoine Beaudry, cultivateur, le 27
juillet 1867, fils de Jacques Beaudry et d' Adèle Brodeur. Inhumée à Richelieu en
1927 à 78 ans, elle n'a eu que trois fils; Antoine, Uldège et Antonio. Ce dernier fait
l'objet d'un chapitre dans ce dossier. Seul Antoine sera cultivateur comme son père.
Mélina: baptisée à St-Mathias le 20 mars 1863, elle a dix ans à la mort de sa mère;
elle épousa à Richelieu le 16 octobre 1882, Michel Massé, fils de Michel-Henri Massé
et Marie Paquette de St-Paul d' Abbotsford.
Elle ne demeurera donc pas longtemps à la maison avec la troisième femme de son
père, arrivée en septembre 1881. Elle n'aura pas d'enfant et émigrera aux États-Unis
dans la région de Worcester.
Malvina: restée célibataire, n'a pas eu une bonne santé. A la mort de son père, elle a
été placée à l'hospice de Marieville où elle est morte.
Un mariage à la gaumine
Selon l'Institut Drouin, Céleste Loiselle avait pour grand-mère maternelle Thérèse Monast,
fille de Louis-Alexandre Monast, soldat au régiment du Royal Roussillon. Louis-Alexandre
Monast était au pays avant 1757, c'est-à-dire qu'il fut de toutes les batailles pendant la
dernière guerre qui se termina par la cession à l' Angleterre; et Céleste Loiselle devait
connaître bien des aventures de guerre que lui avait racontées sans doute, dans sa jeunesse,
sa grand-mère Thérèse Monast.
J'ai voulu vérifier les données de l'Institut Drouin sur les liens de parenté de Céleste Loiselle
et Hippolyte Lafontaine. Avec l'aide de mes dictionnaires, j'ai dressé un tableau qui me
permit de me rendre compte de l'exactitude des avancés de Drouin. Sauf que les dates
rapprochées des mariages de Thérèse Ménard et Jean Desnoyers, (voir tableau à la page 60)
en date du 29 février 1724, à Longueuil, et de Charlotte Desnoyers et Louis Viau, leur fille, à
Longueuil également, le 7 janvier 1736, me paraissaient erronées; à tout le moins un peu
trop rapprochées.
Après avoir mis au courant l'Institut Drouin de mes inquiétudes, voici les renseignements
qu'on m'a fournis: On me dit d'abord que ma lettre soulève un point intéressant.
Après recherches, on m'affirme qu'il est bien exact que Charlotte Desnoyers épousa Louis
Viau à Longueuil, le 7 janvier 1736. Les parents de la mariée ont leur acte de mariage
enregistré à Longueuil en date du 29 février 1724, et aussi à Boucherville en date du 28
février 1724. Le point central de cette anomalie apparente: ces derniers s'étaient mariés «à
la gaumine» plusieurs années auparavant. Le mariage contracté à la gaumine, du nom de
Michel Gaumin, intendant sous Louis XIII et Louis XIV, qui se maria de cette façon, consistait
en un mariage contracté en présence du curé au cours d'une messe, mais sans que ce
dernier le sache et aussi sans sa bénédiction; donc, à l'insu du célébrant. C'était une
interprétation fantaisiste sur les possibilités de contracter mariage validement. Car, si les
futurs époux assistant à la messe avec leurs témoins et se jurant fidélité étaient sincères, ils
ne répondaient pas aux normes de l'Église.
Cela était prohibé, mais lorsque les mariages avaient lieu, il semble qu'on en ratifiait la
validité.
Aux registres de Longueuil, en date du 29 (sic) février 1724, se trouve la réhabilitation du
mariage de Jean Desnoyers et de Thérèse Ménard, dont j'extrais le principal: « ...je, sousigné,
par ordre exprès de Monseigneur l'Évêque de Québec, ay réhabilité le mariage de Jean
Desnoyer(s) et de Thérèse Ménard, mariés autrefois à la gomine en présence de feu Mr
Francheville leur curé, pendant qu'il célébrait la Ste Messe et leur ay donné la bénédiction
nuptiale et reçu leur mutuel consentement par paroles de présent, dans l'église de
Boucherville en présence de Mr Simon Saladin Mire (Missionnaire) du dit lieu, de Mr
Lemoine, de plus du frère Louis et de la soeur M.-Cécile, soussigné dans le registre de
Boucherville».
Les époux Jean Desnoyers et Thérèse Ménard s'étaient bel et bien « mariés à la gaumine»
plusieurs années avant 1724, puisqu'ils font baptiser leur premier enfant, Pierre, à
Longueuil le 27 août 1710, ainsi qu'il appert aux registres de Longueuil.
Je réalisais encore une fois que l'histoire de nos ancêtres a quelque chose de passionnant.
Noms marquants
SIR LOUIS HIPPOLYTE LAFONTAINE
En 1839, Lord Sydenham lui proposa le poste de solliciteur général, qu'il refusa. Après le
Gouvernement d'Union, Lafontaine est défait dans Terrebonne mais grâce à Baldwin, il
trouve un siège dans le Haut Canada, le comté de York. Puis Terrebonne le choisit de
nouveau, et Montréal, de 1848 à 1851.
Lafontaine et Baldwin sont appelés par Sir Charles Bagot à former un ministère qui se
détacherait de l'autorité de l'Angleterre. En novembre 1843, pour protester contre l'attitude
du successeur de Bagot, Sir Charles Metcalfe, Lafontaine -Baldwin démissionnent.
Aux élections de 1848, Lord Elgin invitera Lafontaine une seconde fois à former
l'administration avec Baldwin. Sa loi de 1849, relative aux pertes de 1837, poussera ses
adversaires au soulèvement. Sa maison et sa bibliothèque sont brûlées. 1851 amène la fin
du régime Lafontaine - Baldwin alors que les deux chefs se retirent de la politique.
Lafontaine devient alors juge-en-chef du Bas Canada en 1853. Il est créé baron en 1854.
Marié en première noces à Adèle Berthelot, en deuxième noces à Jane (Morrison) Kinton, il a
eu deux enfants, les deux morts en bas âge.
Peut-on croire que Céleste Loiselle, née en 1828 a entendu parler de Louis-Hippolyte et
qu'elle connaissait sa parenté avec l'homme d'état canadien. On peut en douter car dans ce
temps là les moyens de communication se limitaient aux journaux que d'ailleurs plusieurs
ne pouvaient utiliser ne sachant ni lire, ni écrire. Or Moïse et Céleste ont déclaré à leur
mariage en 1843 être incapables de signer leur nom.
Par ailleurs, Louis-Hippolyte était avocat, politicien, chef du pays avec Baldwin. Son nom dut
être répandu et connu dans toute la population et Céleste a dû en entendre parler. Quant à
sa connaissance du lien de parenté, cela demeure une question sans réponse. Quoi qu'il en
soit, dans ce temps comme aujourd'hui, tous préfèrent relier leur parenté à un homme de
bien plutôt qu'à un criminel et par conséquent, les Barrière issus de Céleste Loiselle
devraient être fiers, selon moi, de cette affiliation avec Lafontaine.
ÉMILE BARRIÈRE –
Fils de Félix Barrière et Alexina Gamache fait carrière en Europe Petit-fils de Moïse Barrière
et de Céleste Loiselle et arrière petit-fils de Louis Barrière et Louise Barré, Émile est de la
souche issue de la deuxième femme de René, Agathe Laporte.
Né à Richelieu, le 5 octobre 1894, il fait ses études d'abord au Collège de Chambly puis à
l'école des Hautes Études Commerciales de Montréal, nouvellement fondée. Il est de la
deuxième promotion, celle de 1914.
Après un court stage en comptabilité à sa sortie des H.E.C., il s'enrôle volontairement dans
l'armée canadienne, le 1er août 1914, mais ses parents s'y opposent et réussissent à le faire
démobiliser. S'intéressant toujours à la photographie, il se rend à Valcartier où se trouve le
camp d'entraînement militaire dans le but d'y faire de la photo et d'y réaliser des bénéfices.
Il apprend que deux de ses camarades H.E.C. partent pour l'Europe sur l'invitation du
directeur de l'école A.J. de Bray. Au bonheur d'Émile, l'un se désiste. Il pose alors sa
candidature et part pour l'Europe. Le bateau est poursuivi par un sous-marin allemand,
mais il arrive sain et sauf, raconte-t-il.
On est en novembre 1915. Émile est à Paris où il est placé chez un fabricant -négociant de
draps, Prudhomme et Frères, square Louvois. Il y travaille huit mois. Il revient en Amérique,
à New-York, comme représentant d'une agence de presse française dans le but d'y diffuser
des photographies de guerre aux journaux américains. Émile reste à New- York jusqu'au
printemps 1917. Les États-Unis viennent de déclarer la guerre à l'Allemagne.
Émile juge que la presse américaine sera davantage intéressée à montrer à ses lecteurs des
photos de ses troupes en action sur le front français, et part de nouveau pour la France fin
juin 1917 et arrive à St-Nazaire avant le premier contingent de 40,000 soldats américains.
C'est à ce moment qu'il réussit son premier exploit. Grâce à son génie, sa perspicacité, ses
photos du débarquement parviennent aux États-Unis une bonne semaine avant celles des
autres, même des spécialistes. Elles font sensation! C'est un événement d'un intérêt
exceptionnel. C'est la première fois dans l'histoire qu'une armée américaine traverse l'océan
pour aller combattre à l'étranger. Émile reçoit sa récompense. William Randolph Hearst
magnat de la presse américaine lui offre une situation magnifique qu'Émile accepte. Hearst
obtient de Washington de le faire accréditer correspondant de guerre « photo-journaliste».
Il porte l'uni- forme, ce qui facilite son travail et lui permet des voyages, visites aux troupes,
sauf-conduits, autorisations rapides, etc.
Émile fait partie du groupe de journalistes qui accompagnent le président Wilson dans ses
visites en Angleterre, puis aux régions dévastées de Belgique et de France. Une fois Wilson
de retour aux États-Unis, on lui offre un tour d'Europe; c'est à l'époque une belle aventure.
Il reste assez longtemps à Berlin pour voir l'existence du marché noir. Il perfectionne
l'allemand qu'il a appris aux H.E.C., assiste à la conférence de Weimar, visite le port et la
ville de Hambourg en pleine révolution spartakiste. Il visite Prague, Vienne, Budapest,
Padoue, Turin, Milan. Il photographie les nouveaux chefs d'état et des scènes de la vie
d'après guerre dans ces pays où la misère est grande. Lui-même, mal alimenté, revient
malade à Paris.
Il apporte avec lui un appareil français de « prise de vue» le plus perfectionné à l'époque,
qui lui procure un emploi dès son arrivée dans la production de scènes d'actualité de la
province de Québec.
Au cours de 1922, il s'entend avec le service maritime du Canadien Pacifique afin de monter
un laboratoire-photo industriel à bord de leur bateau croisière « l'Empress of Scotland » à
l'occasion d'une croisière de deux mois en Méditerranée avec 1,200 passagers. U n tel
laboratoire à grand débit, à bord d'un paquebot, c'est une innovation; service de 24 heures,
cela ne s'est pas encore vu. A chaque escale, ce sont des prises de vue: Alger, le Caire,
Athènes, Constantinople, Madère et Gibraltar, dont un reportage filmé complet sur
Jérusalem.
D'un caractère très sociable, Émile se fait de nombreux amis à bord, dont un couple
d'Américains de Détroit avec qui il se lie d'amitié.
Il se rend à Détroit et se trouve un emploi dans un studio. Au bout de six mois, il s'ennuie et
regrette Paris et c'est alors qu'il accepte une offre du New-York Times qui retient ses
services comme envoyé spécial « photo-territoire » qui comprend toute l'Europe et l'Afrique
du Nord.
C'est encore l'ère des voyages par train, il n'existe qu'un service aérien restreint et incertain
Paris-Londres et naturellement pas de service transatlantique. Paris-Constantinople -4
jours et 4 nuits par train. Paris-Madrid, Paris-Rome -24 heures. Le Havre-New-York, cinq à
six jours minimum sur quelques rares bateaux rapides.
Émile visite les familles royales de l'époque, celle d' Angleterre, d'Espagne, de Roumanie, de
Hollande, de Belgique, de Yougoslavie; il se rappelle quelques vols en zeppelin, en avions de
guerre de type Caproni, Réguet Farman, avions fabriqués de toile de bambou et de cordes de
piano, très légers et très fragiles, filant à une vitesse de 60 à 75 milles à l'heure.
Émile Barrière fait l'ascension de l'Etna en Sicile à dos de mulet lors de l'éruption de 1923
jusqu'au cratère et sa rivière de feu. Il se rend à Madrid à plusieurs reprises lors
d'événements politiques, directoire des généraux, (Primo de Rivera) révolution, fuite de la
famille royale.
De retour à Paris, il suit toujours l'actualité, photographie les reuvres des grands couturiers,
les gens de théâtre, Sacha Guitry, Mistinguett, Elconora Duse, Emma Calvé, les stars
d'Hollywood, les musiciens Jasha Heifetz, Misha Elman, les peintres et sculpteurs de
Montparnasse, les personnalité politiques Poincarré, Laval, Herriot.
Bien sûr il adore son travail et va toujours de l'avant; rien ne l'arrête. Il organise une
rencontre entre Georges Eastman, roi de la photographie aux États-Unis et Louis Lumière,
roi de la photographie française. Incroyable, dit-il, ils ne se connaissent pas et ils deviennent
de bons amis. Il assiste aux conférences de Lausanne, Genève, Locarno et chaque hiver il se
rend à St-Moritz pour les sports d'hiver où il rencontre les célébrités du monde entier.
Barrière revient à Paris sur l’ordre de New- York, en qualité cette fois de directeur
administratif. Dix ans s'écoulent et en septembre 1939, c'est le début de la deuxième guerre
mondiale. En juin 1940, les Allemands sont aux portes de Paris. Il faut quitter la France,
mais d'abord rejoindre sa famille en Bretagne avant de s'embarquer à Bordeaux. Il laisse
tout derrière lui, meubles, vêtements, appartement, automobile. Après un court arrêt en
Angleterre, il arrive au Canada où il est reçu par sa famille, son frère Omer, alors député à
l'Assemblée nationale du Québec.
En fin d'été 1943, le New-York Times l'envoie à Londres comme correspondant de guerre
d'administration afin d'y préparer la réouverture du bureau de Paris utilisé par les services
Allemands durant l'occupation et procéder à la publication d'une édition spéciale. Aussitôt
la libération de Paris, Émile s'y rend sans retard. Malgré des difficultés de toutes sortes, il
réussit et le New- York Times sort comme prévu.
Émile a aujourd'hui 83 ans, jouit d'une bonne santé et vit à Montréal avec son épouse. Son
fils Jean exerce la profession d'avocat à Montréal; il habite Outremont avec sa femme Louise
Brunet et ses quatre enfants.
Émile s'intéresse comme moi à la généalogie. Il a visité Longué, village natal de l'ancêtre
René. Il est en correspondance avec plusieurs maires d'Eure et Loir, pays d'origine des
Gamache, du nom de son ancêtre maternel dont le premier arrivé, Nicolas, était seigneur de
Cap St-Ignace. Grâce à son aide, mes recherches ont été souvent facilitées.
Il a fait honneur à la famille Barrière. Quant à moi j'en suis très fier .
ANTONIO BEAUDRY ASSASSINÉ
fils d'Azilda Barrière et Antoine Beaudry
Selon Émile Barrière qui l'a bien connu, Antonio Beaudry était «en avant de son temps». Il a
exploité un commerce d'épicerie «révolutionnaire» où la marchandise n'était plus sur le
plancher dans des caisses ou des barils ou encore pêle-mêle, mais bien disposée sur des
tablettes et où les clients pouvaient se servir. Cela se passait au début du siècle.
Publiciste et administrateur, il crée et édite des revues commerciales pour les marchands
comme « La Chaussure». Au moment de sa mort en août 1926, il est président et directeur-
gérant d'un journal hebdomadaire «Le Prix Courant» et éditeur de la «Revue Moderne».
Antonio est mort de façon prématurée, sans doute victime d'un assassin alors qu'il était à
son bureau. Le mystère de sa mort ne sera jamais éclairci.
J'extrais ici du « Prix Courant» du vendredi 20 août 1926, l'article qui ne manque pas
d'éloges à son endroit.
Nos lecteurs auront appris par les quotidiens la mort si tragique- ment prématurée de notre
président et directeur-gérant, M. Joseph- Antonio Beaudry. Frappé par les balles d'un assassin,
M. Beaudry est mort à son bureau, dans l'exercice même de ses fonctions de publiciste et
d'administrateur. Au moment où nous écrivons ces lignes, le mystère de cette mort n'a pas
encore été éclairci. Mais nous pouvons espérer qu'il le sera bientôt.
Nous regrettons que l'émotion qui nous étreint en ce moment ne nous permette pas de dire
comme il conviendrait le deuil cruel que constitue cette mort, pour le personnel de ce journal.
La famille de M.Beaudry perd un chef aimé et respecté, ses amis n'oublieront pas de sitôt ses
qualités de coeur et d'esprit, mais pour ses collaborateurs, son départ laisse un vide bien
difficile à combler.
On peut dire de lui ce qu'un poète disait d'un grand général: « He dared to lead where anybody
dared to follow». Autrement dit, il ne demandait jamais à autrui de faire ce qu'il ne faisait pas
lui-même.
Souvent le premier au travaille matin, il arrivait non moins souvent qu'il était le dernier à
partir, le soir. Et durant ces longues journées de travail, au milieu des petits tracas et des
soucis d'une administration importante, toujours calme et d'une courtoisie parfaite à l'égard
des plus petits comme des plus grands. Sous des dehors apparemment froids, M. Beaudry
dissimulait un coeur fort sensible et compatissant. Tous ses employés, sans exception, étaient
admis à faire valoir leurs demandes lorsqu'ils avaient à en faire. Il les écoutait tous avec une
patience inlassable et lorsqu'il ne pouvait y faire droit sur le moment, il ne les laissait pas
partir sans un mot d'espoir et de réconfort.
Mais il n'était pas qu'un ami de tous les jours pour ses employés, il était un chef qu'on ne
pouvait s'empêcher d'admirer et estimer. D'une énergie inépuisable, d'une intelligence
toujours en éveil, il avait étudié et approfondi bien des problèmes concernant le commerce et
l'industrie de ce pays. Par l'entremise de ce journal, il faisait bénéficier les hommes d'affaires
de sa grande expérience et de ses connaissances étendues.
Il avait une foi inébranlable dans l'avenir économique de ce pays et si la mort ne l'eut pas ravi
sitôt aux siens et à sa patrie, nul doute qu'il aurait continué à travailler ardemment au
développement du Canada.
M. Beaudry était le «self-made man» par excellence. Fils de M. Antoine Beaudry, de Richelieu,
comté de Rouville, il avait fait ses étu- des au collège de Sainte-Marie de Monnoir, à Marieville
et au Montreal Business College. Il fit ses débuts dans la vie comme comptable à la Franco-
American Chemical Co., en 1899, position .qu'il garda jusqu'en 1903.
En 1908, M. Beaudry devenait le propriétaire du «Prix Courant» et depuis il n'a cessé de lui
consacrer le meilleur de son temps et de lui- même. Les causes qu'il y a défendues sont
multiples et importantes, mais il n'a jamais oublié un seul instant les principes d'équité, qui
étaient à la base de toute sa conduite.
Avec le temps, M. Beaudry, outre «Le Prix Courant», avait organisé la Compagnie d'Imprimerie
des Marchands, Limitée, qui imprime ce journal, ainsi que « La Chaussure» une autre de ses
créations.
Nous avons dit que M. Beaudry s'intéressait à tout et à tous, sans négliger aucune de ses
obligations essentielles. Nous en voyons la preuve dans le grand nombre d'institutions qui le
comptent au nombre de leurs bienfaiteurs ou simples membres. Citons parmi ces institutions,
les différents hôpitaux dont il était gouverneur à vie, les clubs Laval-sur-le- Lac, Saint-Denis
(dont il fut le président pendant plusieurs années), Nationale A.A.A. le Club Inter-Allié, de Paris,
etc.
Au cours de ses études et recherches, M. Beaudry avait été amené à faire deux voyages à
l'étranger au cours desquels il visita la Russie bolchévique, d'où il rapporta des impressions et
des opinions, dont il fit profiter ses compatriotes dans des conférences et brochures très
intéressantes.
M. Beaudry avait épousé en 1899, Mlle Marie-Louise David, fille de M. Louis David, qui lui
survit ainsi que ses vieux parents, M. et Mme Antoine Beaudry, née Barrière, ses frères Antoine
et Uldège, ainsi que des neveux et nièces. A tous, nous offrons l'hommage sincère de notre
profonde sympathie, en même temps que nous déposons sur la tombe de notre directeur,
l'hommage de nos regrets et l'assurance que son souvenir vivra toujours dans la mémoire de
ses collaborateurs.»
L'alliance des familles Larocque, Barré, Barrière, Monty et
Benoît
L'alliance de familles était une caractéristique de l'époque du début de la colonie, jusqu'au
début du XXe siècle. La population était presque entièrement rurale, les communications
entre villages étaient souvent difficiles, chaque paroisse était restreinte; il faut se rappeler
que l'on était au temps où le moyen de déplacement était le cheval. Tous les paroissiens se
connaissaient. On avait l'habitude des corvées, sorte d'entraide collective, et c'était
l'occasion des rencontres qui souvent aboutissaient à des idylles permanentes.
On considérait comme une obligation la corvée lorsqu'un citoyen était aux prises avec de
graves difficultés, ou à l'occasion d'un sinistre, telle l'incendie: on fournissait non seulement
son temps mais également des matériaux pour rebâtir une grange, par exemple.
Les familles étant nombreuses « les mélanges » l'étaient aussi. Voici des exemples concrets
de ce que je veux dire.
Charlotte Barrière, une des filles de l'ancêtre René, issue du deuxième mariage avec Agathe
Laporte, épouse Joseph Larocque en l766. A partir de ce moment, les cinq familles:
Larocque, Barré, Barrière, Monty et Benoît s'entrelacent. Deux des belles-soeurs de
Charlotte Barrière, Agathe et Louise Larocque épousent les deux frères Barré, Jean et
François, Jean Barré se trouvant être le grand-père paternel de Louise Barré, la deuxième
femme de Louis Barrière. (fils de René.) Trois des enfants de Jean Barré et Agathe Larocque
épousent à leur tour des enfants Monty: Louis avec Louise Monty; Jean-Baptiste avec
Élizabeth Monty; Élizabeth avec Louis Monty.
Or, une des filles de Louise Larocque et François Barré, Louise Barré, épouse Joseph
Barrière, fils de René Barrière et frère de Charlotte et de Louis.
Trois des enfants de Louis Barré et Louise Monty épousent à leur tour des Barrière: Louise
Barré avec Louis Barrière, en deuxième noces; Pierre Barré avec Marguerite Barrière, fille
du premier lit de Louis; Marie Barré avec Pierre Barrière, fille du premier lit de Louis.
Remarquez comment ces alliances peuvent compliquer la généalogie d'une famille. Ici on
voit que le père (Louis) et deux de ses enfants, Marguerite et Pierre, deviennent beau-frère
et belle-soeur.
Par surcroît, une des filles de Louis Barré et Louise Monty, Charlotte Barré, épouse Antoine
Benoît frère de Joseph Benoît, qui lui avait épousé Louise Barrière, la fille de Joseph Barrière
et Louise Barré.
Les deux cousines épousent les deux frères; encore un mélange de beau- frère et belle-
soeur.
On voit jusqu'où on pourrait aller, si l'on faisait l'analyse des alliances de l'époque, quand on
sait que nombreuses étaient les familles d'une vingtaine d'enfants. René Barrière, l'ancêtre,
s'est permis de concevoir avec ses deux épouses vingt et un héritiers.
L'Église à cette époque exigeait une dispense dans le cas des mariages consanguins. Les
règles de droit canonique en matière de mariage était incorporées au code civil français (y
compris la coutume de Paris). Ces mariages créaient des problèmes surtout dû au fait que
l'on en venait à ignorer le degré de parenté qui existait entre les futurs époux. À titre
d'exemple, mon oncle Théodore, né au Canada, a convolé en justes noces aux États-Unis
avec Émilina Barrière, tous deux ignorants que leurs grands-pères respectifs étaient demi-
frères. C'est, je crois, la raison fondamentale qui a incité l'abbé Tanguay à publier son
dictionnaire des familles. Il se trouvait ainsi à rendre service à l'Église, à l'État et à ses
concitoyens.
Une autre histoire de la famille Barrière écrite vers 1860
J'ai pensé donner ici la fin de ce dossier, l'une des plus belles trouvailles faite au cours des
randonnées où j'ai eu l'occasion de rencontrer un grand nombre de personnes, capables de
me renseigner .
Un jour, au cours de mes recherches, une veuve dans le besoin m'a offert un cahier de notes
au prix de vingt dollars que j'ai payé avec plaisir. J'ai lu et relu ce cahier de notes plusieurs
fois, avec intérêt, cahier rempli de faits intéressants et amusants. Il s'y trouve un chapitre
intitulé « Notes sur la famille Barrière » avec la mention entre parenthèses «(Récit bien
imparfait»>. Je le transcris en entier, respectant son orthographe et sa ponctuation. On se
rendra compte de l'exactitude de certaines révélations et de la présence de quelques
erreurs. D'après les indications que l'on y rencontre, ces notes auraient été écrites vers
1860 par Abraham Barrière, arrière-petit-fils de René l'ancêtre, qui les a transcrites d'un
cahier écrit et appartenant à son père nommé Abraham, lui aussi, petit-fils de René.
«Irénée (Barrière) arriva sur les bords du Richelieu vers l'an de notre Seigneur dix-sept cent
cinquante ( 1750) où il plante sa tente sur la côte sud (couverte de forêt alors) aujourd'hui à
douze arpents au sud du chemin de ligne qui conduit à la première concession, il était
célibataire arrivant de la Normandie (France).
« Quelques années plus tard, il épousait une demoiselle Laporte. Il naquit de ce mariage
plusieurs enfants, quatre garçons, deux laissèrent la paroisse pour faire fortune ailleurs, deux
restèrent dans la place, plusieurs filles dont j'ai perdu les traces.
Irénée et Joseph, je n'ai jamais entendu parler de leur famille, si ce n'est que ces années
dernières, mon frère Solyme me dit qu'il a rencontré des Barrière en arrière de St-Jean, PQ. Je
crois que ce soit Irénée et Joseph qui aient été s'établir dans ces endroits et que ce soit de leurs
descendants, qui soient là. Dans ce temps-là on était à une petite distance les uns des autres et
on se trouvait très très éloigné par rapport à l'instruction et aux communications.
Parti à 14 ans et revenu à 19 ans, s'être suffit à lui-même, il trouva cette pauvre infortunée
mère malade et avec beaucoup de dettes. La mère avait encore à son nom la terre que son
défunt mari avait tant arrosé de ses sueurs mais elle devait plus que la terre valait.
« Louis prit sa mère à rente, s'obligeat de la faire vivre, elle et ses filles, jusqu'à ce qu'elles
prissent leur parti. Il promet de payer les dettes, il se mit à l'ouvrage et travailla jour et nuit
pour réparer tout ce qu'il y avait car tout avait été négligé depuis la mort du père. C'est avec
les plus grandes privations qu'il est parvenu à pouvoir payer les dettes et pourvoir aux besoins
de sa mère et de lui-même. Il eut un si grand soin de sa mère que Dieu l'en a récompensé dès
cette vie en lui accord ans de longues années remplies de vigueur et de santé. Après 6 ans de
soins rendus à cette pauvre mère Dieu l'appela à lui. Il avait toujours dit qu'il n'avait pas les
moyens de faire vivre une femme tant que sa mère vivrait.
Marguerite Daigneau étant décédée en 1816, il contracta un second mariage avec Louise
Barré en 1819. Naquit de ce mariage 3 garçons, Louis, Narcisse qui moururent jeunes, Moïse
qui naquit le 8 septembre 1820, qui eut le bonheur de prendre ses vieux parents à rente et
ainsi hérité de la vieille propriété que grand-père Irénée avait prit a concession sur le rang
Bord de l'eau, appartenant aujourd'hui à un des fils de Moïse (Félix) qui est de la quatrième
génération.
Où sont les Barrière aujourd'hui
Il y a encore aujourd'hui des descendants de René Barrière dans la région de Chambly, mais
ils sont peu nombreux. On les retrouve surtout à Montréal et dans la région de St-Jean de
Québec, aux États-Unis où il yen a un très grand nombre, disséminés un peu partout. La
plupart ont changé leur nom pour celui de « Gates », dont le frère de mon père, Théodore,
mort à Norwich, Connecticut.
«Frederick Gates taken by death "Frederick Edward Gates, 78, passed away,
following a short illness yesterday afternoon. He had suffered a stroke about a week
ago and had been exposed out of doors overnight before he was found by officers
who has been called to investigate his disapperance. Mr. Gates was born in Canada
and came from Arizona in 1920 to. make his home in Roseburg. He is survived by
two nephews: Rev. Father Barrière (fils d'Abraham Barrière et Adéline Rainville) of
Maine and Louis Vézina (Louis Vézina est le fils de Médérise Barrière; Médérise est
la fille de Louis Barrière, frère de Frédérick) of San Francisco; a niece, Mrs. Anna
Waterworth of Brooklyn, New- York: (Anna Waterworth est la fille de Jean-Baptiste,
frère de Frédérick) an aunt, Mrs. E. Vezina of Lowell, Mass. Services will be held at
the Catholic Cemetery, Saturday morning, at 10 o'clock, Rev. Father Anthony of St-
Joseph's Catholic Church, officiating. Arrangements are in care of the Douglas
Funeral Home».
Fils d' Abraham Barrière et de Césarie Ménard, Frederick Gates a été baptisé à St-Mathias le
28 juillet 1857. Il était donc le petit-fils de Louis et Marguerite Daigneau et l'arrière-petit-
fils de René et Agathe Laporte. Mon cousin Émile me dit l'avoir rencontré dans sa jeunesse
vers 1905; Frédérick était venu voir sa famille à Richelieu. Selon Émile, Frédérick
apparaissait comme un «cowboy» de l'Ouest américain, coiffé du grand chapeau et chaussé
de bottes de cuir à mi-jambe.
Je crois que c'est à Lacolle, dans la région de St-Jean, qu'il y a le plus de Barrière aujourd'hui.
Le curé de la paroisse St-Bernard me disait il y a quelques années, que le seul moment où il
remplissait son église, c'était lors des funérailles d'un Barrière.
Faits amusants
Les recherches que j'ai effectuées un peu partout m'ont amené à lire des centaines et des
centaines de registres comprenant baptêmes, mariages, sépultures et contrats notariés. J'ai
donc lu des pages et des pages de textes contenant souvent des expressions et des faits pour
le moins amusants. J'ai pensé en donner ici quelques exemples.
À Chambly
· en 1736, l'on a inhumé Jean Amable, fils de René. On y lit: « Lay enterré en présence de
tous le monde ».
· On a inhumé, le 29 may 1745, Françoise Gareau, épouse de René Barrière, âgée de 32 ans
morte en couche et son enfant ayant été ondoyé a été inhumé avec sa mère. Elle a reçu le
sacrement de l'Extrême- Onction ayant perdu l'usage de la parole dans son grand mal...
À St-Mathias,
· le 5 octobre 1783, a été inhumé dedans le cimetière de cette paroisse, René Barrière,
décédé le jour précédent après avoir reçu les secours de l'Église.
· Le 19 avril 1803, sépulture d'Agathe Laporte, veuve de René Barrière, sans avoir reçu les
derniers sacrements à 78 ans environ.
· Le 19 janvier 1789, mariage de Pierre Benoît et Catherine Barrière, les deux contractants
ayant eu un enfant avant leur mariage.
· Le 23 août 1832, sépulture du corps de Joseph Barrière décédé cette nuit du Choléra, âgé
de 40 ans.
À St-Grégoire,
· le 26 septembre 1848, mariage de Joseph, cultiva- teur, fils majeur de 21 ans de feu
Charles Barrière et Flavie Gamache, fille mineure de 19 ans, parente du 4e degré,
dispense de Mgr Bourget en présence de Louis Barrière, aïeul de l'époux.
À St-Bernard de Lacolle,
· le 30 octobre 1845, autorisé par Mgr l'Évêque coadjuteur de Montréal, avons réhabilité
le mariage de Barthélémy Lareault et Esther Barrière, ont reconnu pour légitime tous
les enfants nés jusqu'à ce jour.
À St-François-Régis.
· René: Mariage le 14 février 1774 entre René, fils de feu René et Louise Laporte et
Josephte Monet.
· Mariage le 25 octobre 1779, entre René veuf de Josephte Monet et Geneviève Giroux.
· Mariage le 24 septembre 1810, entre René veuf de Geneviève Giroux et Marie Josephte
Vivier, veuve de Pierre Laporte.
· Denys: Mariage le 19 février 1787, entre Denys fils de feu René et Louise Laporte et
Angélique Cardinal.
· Mariage, le 29 août 1808, entre Denys veuf en seconde noces d'Angélique Giroux, majeur
de 45 ans et Catherine Fontaine.
À St-Athanase.
· Mariage le 28 octobre 1839 entre Henry, journalier domicilié à Ste- IMarie et Rosalie
Florand, fille mineur de Jean William Florand, mendiant.
· Testament de Céleste Loiselle, épouse de Moïse Barrière, le 28e jour du mois de mai
1870 dans l'après-midi, laquelle étant en parfaite santé et dans la plénitude de l'exercice
de ses facultés, saine d'esprit, mémoire, jugement et entendement ainsi qu'il est apparu
aux dits notaires et témoins par ses discours, geste et maintien, a déclaré qu'elle voulait
mettre ordre à ses affaires...
3° Je veux qu'après ma mort, mon corps soit inhumé dans l'église de ladite paroisse.
4° Je donne et lègue à mes enfants issus de mon mariage avec Moïse Barrière dit
Langevin, tous mes biens, or, argent, cédules et obligations.
· Donation à titre onéreux par René Barrière et Agathe Laporte, sa femme à Joseph
Barrière, leur fils.
« Leur aurait représenté que leur grand âge et leur infirmité les mettaient hors d'état de
faire valoir leur biens... que le dit Joseph promet et oblige de payer tous les ans leur vie
durant: 24 minots de farine rendu dans leur grenier, 300 livres de lard, une livre de
poivre, un minot de sel, 9 livres de graisses, huit pots de rum, leur fournira de tabac à
fumer et en poudre.
Leur fournira tous les printemps une vache velée pour en avoir le lait à leur profit, et la
reprendra l'automne pour l'hiverner, arrivant le décès de l'un des dits cédants ladite
rente diminuera de moitié excepté la vache qui sera fournie jusqu'au décès du dernier
des dits cédants. En outre, leur fournira tous les ans 2 minots de pois pour leur soupe».
« Ont promis et promettent se prendre l'un et l'autre pour mari et femme par la loi et
nom de mariage et y celui faire célébrer en face de notre mère la Ste-Église le plus tôt que
faire se pourra...
Le dit Deniau donne à la dite future épouse, sa fille en avancement d'hoirie, un lit de
plumes, avec drap traversin, paillasse, courte pointe, une vache, 2 moutons, un
norutureau et 6 poules et le coq, lesquels articles entreront en la dite communauté».
Quelques considérations avant de clore ce dossier
Si j'ai affirmé au début de ce dossier qu'un seul Barrière a émigré au Canada, il faut
comprendre qu'un seul est venu qui a laissé des descendants. Il en est bien venu deux
autres: Jean Baptiste qui serait demeuré célibataire et Pierre sur qui je n'ai pu rien trouver
par la suite.
Il est à croire qu'il serait retourné en France. Voyons ce que révèlent les travaux de Mgr
Tanguay sur le nom de la famille Barrière.
Au deuxième volume du même auteur, mais cette fois édité chez Eusèbe Sénécal & Fils,
quinze ans plus tard, soit en 1886, apparaît le nom de René Bari ère, l'ancêtre marié à
Françoise Gareau sans mentionner toutefois la date du mariage. Elle est décédée avant 1761
écrit l'abbé Tanguay, à Chambly et elle aune fille Marie, qui a épousé le 12 janvier 1761
Nicolas Mathieu. Nous connaissions ces faits, et davantage. Au chapitre Barrière, l'auteur
renvoie à« Alard 1745 ». Il s'agit de Louis Alard époux de Charlotte Chamard, marié à
Québec le 25 octobre 1745. Pourquoi cette référence? Ce n'est qu'à la fin du septième
volume édité en 1890 que l'on apprend l'explication de ce renvoi, au chapitre des noms de
famille qui ont subi des modifications: Allard, Barille, Barrière, Halard, Labarre et Long pré.
Tous les Barrière rencontrés au cours de mes recherches sont issus de René Barrière venu
de Longué en Anjou, et leur nom est écrit Barrière. Je ne puis donc comprendre la référence
que fait le généalogiste Tanguay.
Le septième volume de Mgr Tanguay comprend à la fin une table alphabétique des noms de
femmes n'ayant pas souche en Canada. Il s'en trouve une du nom de Barrière venue au
Canada. Il s'agit de Marie Barrière épouse de Jean Baptiste Coiteux. Je l'ai placée parmi les
enfants de René du premier lit, comme Drouin me l'avait appris. C'est une erreur; Mgr
Tanguay avait raison.
Enfin, au deuxième volume, il y a deux autres Barrière: Jean baptisé en 1666, mort à
l'Hôpital Général de Montréal le 21 octobre 1750, et Pierre, époux de Marie Auson, morte à
Québec le 21 juin 1756.
Je ne leur ai pas trouvé de descendants. D'ailleurs, il semble que Jean était célibataire.
L'Institut Drouin publie depuis 1958 le Dictionnaire National des Canadiens Français de
1608 à 1760 en deux tomes. Au nom Bari ère, seuls sont mentionnés les deux mariages de
René, l'ancêtre. Au nom Barrière, il est fait mention de Pierre époux de Marie Auson, sans
autre précision. Rien au sujet de Jean. Quant à Marie, Drouin précise qu'elle est la fille de
René et Françoise Gareau.
J'ai parcouru le Québec dans tous les sens. J'ai sillonné les régions de Montréal, Québec, la
Vallée du Richelieu, du Lac St-Jean, la Gaspésie, le bas du fleuve, la Beauce, les Cantons de
l'Est, la Gatineau, l'Abitibi et je n'ai trouvé dans les annuaires téléphoniques aucun Barrière
qui n'étaient pas de la souche de René. Cette souche ases racines à Montréal, dans la région
de St-Jean d'Iberville et à Sherbrooke.
Depuis une vingtaine d'années, des généalogistes font les relevés des mariages des
paroisses de la province de Québec, qu'ils publient et que les chercheurs comme moi
consultent. Je les ai tous manipulés et je n'ai rien découvert qui pourrait contredire ce que
j'avance.
René venait de l'Anjou. Est-il venu beaucoup d'émigrants de cette province? Selon les
statistiques nationales de 1608 à 1640, sur une émigration de 296 habitants, seulement
deux sont venus de l' Anjou de 1640 à 1660,56 sur 964 de 1660 à 1680,60 sur 2,542 et de
1680 à 1700, 21 sur 1,092, soit 139 angevins sur un total de 4,894 émigrants. Ce n'est pas
beaucoup si I.'on constate qu'au cours de la même période, la Normandie à elle seule en a
fourni 958, soit le plus grand nombre d'émigrants. L'Île de France en a fourni 621.
En est-il venu d'autres de Longué? Il semble que non. Après avoir parcouru tout le
dictionnaire national de Drouin, je n'ai pas revu Longué comme village d'origine.
En France le nom Barrière est répandu, donc très connu. J'ai été d'ailleurs à même de le
constater à l'occasion de mon voyage en France en 1964 parce que là-bas, comme ici,
chaque fois que je me suis trouvé dans une ville nouvelle ou une région différente, je
m'empressais toujours de consulter l'annuaire téléphonique de l'endroit et partout en
France, on rencontre des Barrière. Je me rappelle dans ma jeunesse, à l'école ou ailleurs,
chaque fois que je disais mon nom on paraissait toujours surpris et souvent on me le faisait
répéter.
Je cherchais depuis longtemps des explications sur l'origine des noms de familles. D'où
viennent-ils? Et depuis quand existent-ils? C'est dans le dictionnaire généalogique des
familles canadiennes de Mgr I Cyprien Tanguay édité en 1871 que j'ai pu trouver quelques
données sur le sujet.
Mgr Tanguay, dans son aperçu étymologique et historique sur les noms, s'inspire, déclare-t-
il, de l'excellent travail de M. Salverte. Qui était ce monsieur Salverte? Je l'ignore.
Suivant une hypothèse assez commune, selon Mgr Tanguay, l'origine de la plupart des noms
de famille en France ne daterait que du XIle siècle.
Le surnom le plus simple, le plus naturel, celui qu'on retrouve chez tous les peuples, se
forme en joignant au nom du fils celui du père, comme dans la bible l'on parle d'Isaac fils
d'Abraham, ici l'on disait Paul fils de Jean.
Mgr Tanguay donne la liste complète, prétend-il, des différentes sources des noms des
familles canadiennes. Il en donne treize catégories, les voici:
12. Des noms .français traduits en anglais: Deschamps -Fields Loiseau -Bird Laframboise -
Berry Bélanger -Baker Roy -King
Ainsi du côté de mon père, c'est l'épouse de son grand grand père Dame, Céleste Boucher
qui me fait remonter à Jacquette Archambault fille de Jacques Archambault.
Du côté de ma mère, c'est Marie Pagé, l'épouse de Jacques Brissette, le grand-père de mon
grand-père qui m'amène à Marie Archambault, autre fille de Jacques.
Encore du côté de ma mère, c'est Marie Reine Larivé, épouse de Louis Major, grand-père de
ma grand-mère Joséphine Major qui m'amène à Marie Archambault, et aussi Angèle Perrin,
épouse d'Hyacinthe Brissette grand-père de ma mère qui vient de Marie Archambault.
Sophie Gariepy, épouse de Pierre Major, grand-père maternel de ma mère, m'amène à Anne
Archambault autre fille de Jacques.