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Chapitre 10

LA TENUE À LA CORROSION DE L'ALUMINIUM


EN MILIEU MARIN

1. Les caractéristiques du milieu marin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147


1.1 L'eau de mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
1.2 L'atmosphère marine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

2. La tenue à la corrosion de l'aluminium sous contrôle du film d'oxyde naturel . . . . . . . . 148

3. L'influence du pH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

4. L'influence des éléments d'addition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

5. Les formes de corrosion de l'aluminium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149


5.1 La corrosion uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.2 La corrosion par piqûres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.3 La corrosion transcristalline et la corrosion intercristalline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
5.4 La corrosion feuilletante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5.5 La corrosion à la ligne d'eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5.6 La corrosion caverneuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

6. La corrosion galvanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152


6.1 Notion de pile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
6.2 Les conditions de la corrosion galvanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
6.3 Notion de potentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
6.4 Aspects pratiques de la corrosion galvanique de l'aluminium en milieu marin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
6.5 Cas des contacts hétérogènes immergés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
6.6 Cas des contacts hétérogènes émergés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
6.7 Influence de la nature du métal en contact avec l'aluminium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

7. Le ternissement et le noircissement de l'aluminium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

8. Le rôle et la prévention des salissures marines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

9. L'influence du soudage et des dispositions constructives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159


9.1 Influence du soudage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
9.2 Influence des dispositions constructives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

10. La sensibilité à la corrosion des alliages d'aluminium dans les applications marines . 159
10.1 Choix des alliages pour les applications marines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
10.2 Sensibilité des 5000 à la corrosion intercristalline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

11. Les tests de corrosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162


11.1 Test relatif à la corrosion exfoliante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
11.2 Test relatif à la corrosion intercristalline des 5000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
11.3 Test relatif à la corrosion intercristalline des 6000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
Alcan Marine

145
10. LA TENUE À LA CORROSION
’ENVIRONNEMENT marin est un La très longue expérience de la base et éviter ainsi quelques
L milieu particulièrement agres-
sif vis-à-vis de la plupart des maté-
tenue à la corrosion de l’alumi-
nium en atmosphère marine ou
déboires ou des protections
superfétatoires.
riaux. Il suffit pour s’en rendre dans l’eau de mer [1] permet de
compte de voir dans quel état se supputer que l’aluminium aura une Bien que les métallurgistes et les
trouvent les vieux navires et les durée de vie en milieu marin d’une corrosionnistes aient mis au point
épaves abandonnés sur le littoral, exceptionnelle longévité qui se au milieu du XXe siècle des alliages
qu’ils soient en bois ou en acier. mesure d’ores et déjà en décen- « intrinsèquement » résistants à la
nies ! On peut affirmer que l’alu- corrosion en milieu marin – les alu-
Rares sont les métaux qui résistent minium est le « métal de la mer » minium-magnésium de la famille
sans protection dans ce milieu. Le de l’époque moderne. 5000 – , on observe néanmoins ici
bronze en fait partie. Dans les et là des cas de corrosion. Leur
musées du pourtour de la Bien que cette évidence soit analyse montre que, très souvent,
Méditerranée, il est possible d’ad- aujourd’hui largement admise, l’origine des corrosions tient aux
mirer des statues retrouvées sur les la question de la tenue à la cor- dispositions constructives et aux
épaves antiques qu’elles ornaient et rosion de l’aluminium dans les conditions de service inadaptées à
qui sont restées plusieurs siècles, applications marines mérite à l’aluminium.
et même deux millénaires, immer- elle seule un long détour pour
gées dans l’eau de mer. en rappeler les principes de

TRICAT 50
Alcan Marine

146
DE L’ALUMINIUM EN MILIEU MARIN
quent entre eux dans l’hé- Quand l’eau d’un port est polluée
1. misphère Sud, ont à peu près la par des rejets urbains ou indus-
LES même salinité totale, de 32 à triels, la tenue à la corrosion de
CARACTÉRISTIQUES 37 g. l-1 dont 30 g. l-1 de chlorure l’aluminium peut en être modifiée,
DU MILIEU MARIN de sodium, le « sel ». sous réserve, bien sûr, que les
éléments polluants aient une
Il faut distinguer entre l’eau de La salinité des mers fermées ou influence sur la corrosivité de l’eau
mer et l’atmosphère marine. isolées peut être très différente de de mer vis-à-vis de l’aluminium (2).
celle des grands océans et varier
en cours d’année en fonction des
1.1 saisons. Ainsi, la mer Baltique a 1.2
L’eau de mer une salinité totale de 8 g. l-1, la mer L’atmosphère marine
La mer est un milieu liquide dans Noire : 22 g. l-1, la Méditerranée : L’agressivité de l’atmosphère
lequel se trouvent en équilibre : 41 g. l-1, et le golfe Arabo- marine est accentuée par l’humi-
 des sels minéraux dissous, de Persique : 57 g. l-1 [2]. dité et les embruns, qui sont cons-
l’ordre de 30 à 35 g par litre, titués de très fines gouttelettes
 des gaz dissous, dont 5 à 8 ppm L’agressivité de l’eau de mer vis-à- d’eau de mer emportées par le
d’oxygène (1), vis des métaux et des autres vent. L’influence de l’atmosphère
 des organismes vivants, matériaux est due à l’abondance marine – dont l’effet s’atténue for-
 des matières organiques en de chlorures « Cl- ». tement à quelques kilomètres du
décomposition, rivage – dépend de l’orientation et
 des matières minérales en L’expérience et les résultats des de l’intensité des vents dominants.
suspension. essais de corrosion montrent que
la tenue à la corrosion de l’alumi-
L’ensemble constitue un milieu nium est la même quel que soit la (1) ppm = partie par million ou mg. l -1.
très complexe dont l’influence de mer ou l’océan. Des essais com- (2) L’eau de mer diluée des estuaires est
chaque facteur, qu’il soit d’ordre paratifs sur les mêmes alliages généralement plus agressive vis-à-vis
chimique (la composition), d’ordre immergés en mer du Nord (16 à des matériaux, y compris l’aluminium,
que l’eau de mer du large. Ce paradoxe
physique (la température, la pres- 17 g. l-1 de chlorures, variation peut s’expliquer de diverses manières :
sion), d’ordre biologique (la faune annuelle de température 0 à 18 °C) les précipitations de carbonate de
et la flore), sur la tenue à la corro- et dans le golfe Arabique (26 à calcium et de magnésium, qui déposent
sur le métal un film plus ou moins
sion des métaux n’est ni réelle- 34 g. l-1 de chlorures, variation protecteur, ne se font pas dans une eau
ment séparable, ni séparément annuelle de température 17 à de mer diluée. L’activité biologique y est
quantifiable. 30 °C) montrent qu’il n’y a pas de ralentie. Les rejets domestiques ou
industriels viennent modifier les
différence significative entre les équilibres physico-chimiques et sont
Les grands océans, Atlantique, deux sites bien que la salinité varie éventuellement des agents corrosifs
Indien et Pacifique, qui communi- du simple au double [3]. en eux-mêmes.

MODULE D'HABITATION
Alcan Marine

147
2. 3. 4.
LA TENUE À LA L’INFLUENCE DU pH L’INFLUENCE
CORROSION DE DES ÉLÉMENTS
L’ALUMINIUM SOUS La vitesse de dissolution du film D’ADDITION
CONTRÔLE DU FILM d’oxyde dépend du pH du milieu
D’OXYDE NATUREL (figure 123). Elle est très forte en Certains éléments d’addition des
milieu acide et en milieu alcalin, et alliages d’aluminium renforcent
La très bonne tenue à la corrosion elle est faible dans les milieux pro- les propriétés protectrices du film
de l’aluminium est due à la présence ches de la neutralité (pH 5 à 9). Le d’oxyde naturel. D’autres, au
permanente sur le métal d’un film film d’oxyde est donc très stable contraire, les affaiblissent. Parmi
d’oxyde naturel constitué d’alumine dans l’eau de mer, dont le pH est les premiers, il faut citer le magné-
de formule Al2O3, qui rend ce métal de 8 à 8,2. sium, dont l’oxyde (la magnésie)
« passif » à l’environnement. se combine à l’alumine. Il améliore
Contrairement à une idée fort les propriétés protectrices du film
Bien qu’il ait une très faible épais- répandue, le pH n’est pas le seul d’oxyde naturel, ce qui explique
seur, comprise entre 5 et 10 nano- critère à prendre en compte pour les performances remarquables
mètres (3), ce film d’oxyde consti- prédire la tenue de l’aluminium de tenue à la corrosion des allia-
tue une barrière entre le métal et dans un milieu aqueux : la nature ges au magnésium de la famille
le milieu ambiant. des acides ou des bases joue un 5000 : 5754, 5083, 5383, 5086,
rôle prépondérant. Cela est très etc.
Il se forme instantanément dès que important quand on doit choisir un
le métal entre en contact avec un produit nettoyant ou décapant Au contraire, le cuivre est un des
milieu oxydant : l’oxygène de l’air, pour l’aluminium. éléments qui affaiblissent les pro-
l’eau. La vitesse de formation de ce priétés protectrices du film
film est de l’ordre du millième de Les hydracides tels que l’acide d’oxyde. C’est la raison pour
seconde et se produit même sous chlorhydrique et l’acide sulfurique laquelle il est très fortement
des pressions très faibles d’oxy- attaquent fortement l’aluminium, déconseillé d’utiliser, en milieu
gène, de l’ordre du millibar. d’autant plus qu’ils sont en solu- marin, sans protection spéciale,
tion concentrée. Mais l’acide les alliages d’aluminium au cuivre
La stabilité physico-chimique du nitrique concentré n’a pas d’action de la famille 2000 ainsi que ceux
film d’oxyde a donc une très sur l’aluminium (4). Il peut être uti- de la famille 7000 qui ont une addi-
grande importance pour la résis- lisé en concentration supérieure à tion de cuivre.
tance à la corrosion de l’alumi- 50 % pour le décapage de l’alumi-
nium. Elle dépend des caractéris- nium et de ses alliages. Les acides
PASSERELLE D'ACCÈS
tiques du milieu, dont le pH, et organiques n’ont qu’une action
aussi de la composition de l’alliage très modérée sur l’aluminium.
d’aluminium.
C’est également vrai en milieu
alcalin : la soude caustique, la
potasse attaquent sévèrement
SOLUBILITÉ DE L’ALUMINE l’aluminium. Par contre, l’ammo-
niaque concentrée a une action
pH de l’eau de mer beaucoup plus modérée. Il en est
Log (V) de même des bases organiques.

mg.dm-2.h-1
1

-1 Dissolution
alcaline en
-2 AlO2-
Dissolution
Alcan Marine

-3 acide en
Al3+ (3) Un nanomètre vaut un milliardième
de mètre (10-9 m).
0 2 4 6 8 11 12 14 (4) Il contribue même par sa fonction
oxydante à renforcer très légèrement la
148 couche d’oxyde.
Figure 123
10. LA TENUE A LA CORROSION DE L'ALUMINIUM EN MILIEU MARIN

ments d’addition. L’expérience


5. 5.2
La corrosion
montre que les zones meulées,
LES FORMES rayées lors des opérations de
DE CORROSION par piqûres chaudronnage, de pliage, de sou-
DE L’ALUMINIUM C’est une forme de corrosion très dage, sont des niches où les
localisée commune à beaucoup de piqûres pourront se développer
Ne sont citées ici que les formes métaux (figure 124). Elle se traduit pendant les premières semaines
de corrosion qu’on peut éventuel- par la formation de cavités dans le d’immersion dans l’eau de mer.
lement rencontrer en milieu marin métal, dont le diamètre et la pro-
sur les alliages de corroyage des fondeur varient selon un certain Ce qui importe pour l’utilisateur,
familles 1000, 3000, 5000, 6000, nombre de paramètres inhérents c’est de connaître la vitesse
et les alliages de moulage au sili- soit au métal (nature de l’alliage, d’approfondissement des piqûres,
cium (40000) ou au magnésium conditions d’élaboration, etc.), soit dès lors qu’elles sont initiées.
(50000). au milieu : concentration en sels Contrairement à d’autres métaux,
minéraux, etc. dont les produits de corrosion sont
Ce sont : solubles, ce qui est le cas du zinc,
 la corrosion uniforme, L’aluminium est sensible à la corro- l’alumine Al(OH)3, est insoluble dans
 la corrosion par piqûres, sion par piqûres dans les milieux l’eau, si bien qu’une fois formée, elle
 la corrosion transcristalline, dont le pH est voisin de la neutralité, reste accrochée à la surface du
 la corrosion intercristalline, c’est-à-dire, en fait, tous les milieux métal, dans les anfractuosités de la
 la corrosion feuilletante, naturels dont les eaux de surface, piqûre. Ce faisant, l’alumine hydra-
 la corrosion à la ligne d’eau, l’eau de mer, l’humidité de l’air. tée freine considérablement les
 la corrosion caverneuse, échanges entre l’eau de mer ou l’hu-
 la corrosion galvanique. Contrairement à d’autres métaux midité de l’air et le métal.
usuels, cette forme de corrosion
attire l’attention parce que les piqû- La vitesse de corrosion par piqû-
5.1 res de corrosion de l’aluminium res de l’aluminium et de ses allia-
La corrosion uniforme sont toujours recouvertes de pus- ges décroît donc très vite dans la
Ce type de corrosion se traduit par tules blanches d’alumine hydratée plupart des milieux, y compris
une diminution d’épaisseur régu- gélatineuse Al(OH)3 très volumi- dans l’eau de mer. Des mesures
lière et uniforme de la surface du neuses. Le volume de la pustule de profondeur de piqûres faites à
métal. La vitesse de dissolution est toujours plus important que intervalles réguliers ont montré
peut varier de quelques microns celui de la cavité sous-jacente. que la vitesse de piqûration « v »
par an, dans un milieu non agres- est liée au temps « t » par des
sif, à plusieurs microns par heure La corrosion par piqûres se déve- relations du type v = Kt1/3.
selon la nature de l’acide ou de la loppe sur des sites où le film
base en solution dans l’eau. d’oxyde naturel présente des L’expérience pluridécennale de
défauts (amincissement, rupture l’emploi de l’aluminium non pro-
En milieu marin, que ce soit en locale, lacune), provoqués par tégé dans le bâtiment en bord de
immersion dans l’eau de mer ou diverses causes liées aux condi- mer (toitures, bardages) et dans la
sous l’effet de l’atmosphère tions de transformation, aux élé- construction navale confirme les
marine, la corrosion uniforme est
infime, de l’ordre du micromètre
CORROSION PAR PIQÛRE DE L‘ALUMINIUM
par an. Elle n’est pas mesurable.

Il en résulte que la durée de ser- Cl- H2



vice d’un matériel en alliage d’alu- 3/2 H2
6 OH- 3/2 O2

minium adapté au milieu marin 3 H+


n’est pas limitée par ce type de
AI(OH)3

corrosion. 3H2O ➤
Cu



Oxyde

3+
Al

Alcan Marine

Al3Fe

3 e- 3 e-

149
Figure 124
résultats obtenus en laboratoire Elle n’est pas décelable à l’œil
ou en exposition naturelle, ou en 5.3 nu. Il faut faire un examen micro-
station de corrosion, pendant une La corrosion trans- graphique, généralement sous
longue durée : la profondeur des cristalline un grossissement de 50, pour la
piqûres une fois formées pendant et la corrosion inter- déceler. Quand elle pénètre en
les premiers mois de service n’é- cristalline profondeur, elle réduit les carac-
volue pratiquement plus ensuite. La corrosion à l’intérieur du métal, téristiques mécaniques, en parti-
à l’échelle du grain, peut se propa- culier l’allongement, et elle peut
Ce ralentissement de la vitesse de ger de deux manières (figure 127) : même provoquer des ruptures
corrosion par piqûres explique que  dans toutes les directions : la de pièces.
l’on puisse utiliser du matériel en corrosion affecte indifféremment
aluminium dans certains milieux tous les constituants métallur- La corrosion intercristalline se pro-
naturels (atmosphère rurale, giques, il n’y a pas de corrosion page à partir de piqûres. Il n’y pas
atmosphère marine, eau de mer) sélective. C’est la corrosion trans- de rapport entre la profondeur de
sans aucune protection pendant granulaire ou corrosion transcris- pénétration de la corrosion inter-
des décennies. C’est aussi vrai en talline, ainsi appelée parce qu’elle cristalline et le diamètre des piqû-
atmosphère marine (figure 125) progresse à l’intérieur des grains, res de corrosion. En d’autres ter-
qu’en immersion dans l’eau de  suivant des chemins préféren- mes, la corrosion intercristalline
mer (figure 126). Dans un cas tiels : la corrosion progresse le long peut se propager aussi en profon-
comme dans l’autre, la profondeur des joints des grains. Contraire- deur à partir de très petites piqû-
des piqûres éventuelles dépasse ment à la corrosion transgranulaire, res superficielles.
rarement le millimètre après plu- cette forme de corrosion consomme
sieurs années. très peu de métal. La corrosion intercristalline est
causée par la différence de poten-
tiel électrochimique qui peut exis-
EXPOSITION EN BORD DE MER
ter entre le grain lui-même et la
zone des joints de grains où peu-
800 Profondeur piqûres vent se produire des précipitations
(microns) de composés intermétalliques,
600 telle la phase βAl3Mg2 pour les
alliages au magnésium. Le poten-
400 ➤ maximum tiel de dissolution de cet intermé-
tallique est très électronégatif :
200
➤ – 1 150 mV ECS par rapport au
moyenne
grain : – 750 mV.
0
5 10 15 20
La corrosion intercristalline peut
Durée d’exposition (années)
se développer si trois conditions
Pechiney, Centre de Recherche de Voreppe sont simultanément réunies :
Figure 125  présence d’un milieu aqueux
corrosif,
IMMERSION PERMANENTE EN EAU DE MER  différence de potentiel d’au
moins 100 mV entre les intermé-
Profondeur piqûres maximum talliques et la solution solide,
800 (microns)  précipitation continue dans
les joints de grains des intermé-
600
talliques.
400
Compte tenu de la différence de
200 potentiel de 400 mV entre la
phase βAl3Mg2 et le grain, les allia-
Alcan Marine

0 ges aluminium-magnésium sont


1 5 sensibles à cette forme de corro-
sion dans des conditions bien défi-
Durée de l’immersion (années)
nies et bien connues, rappelées au
Pechiney, Centre de Recherche de Voreppe
150 paragraphe 10.2.
Figure 126
10. LA TENUE A LA CORROSION DE L'ALUMINIUM EN MILIEU MARIN

CORROSION TRANSCRITALLINE tante entre le bas et le haut du


ET INTERCRISTALLINE ménisque qui est anodique, donc
corrodé [4].

L’aluminium et ses alliages ne


sont pas très sensibles à cette
forme de corrosion dans l’eau de
mer. Ainsi, la ligne de flottaison
des barges, des navires dont la
coque n’est pas peinte, n’est pas
préférentiellement corrodée dans
l’eau de mer. Il en est de même
des pieux de soutien et des flot-
teurs des pontons des ports de
plaisance.

Cet effet est très atténué dans


l’eau en mouvement qui renou-
Corrosion transcristalline Corrosion intercristalline
velle constamment le ménisque.

Figure 127
CORROSION
À LA LIGNE D’EAU
Il est habituel d’évaluer l’inten- La sensibilité des alliages d’alumi-
sité de la corrosion intercristal- nium à cette forme de corrosion, Aluminium
line par le nombre de couches de très caractéristique (figure 136,
grains atteintes. Il est admis que p. 162), dépend des conditions de
la corrosion intercristalline est transformation (gamme de lami-
superficielle et sans danger si nage ou de filage, taux d’écrouis-
elle ne se propage pas au-delà sage, texture de grains allongée). - 800 mV Air
de 3 ou 4 couches, ce qu’on
observe sur les alliages de la Sur les alliages aluminium-
famille 6000. magnésium (5083, 5383, 5086, Eau
- 980 mV
etc.), l’état H116, contrôlé au test
Les tests sélectifs pour détec- ASSET (5), est désensibilisé à
ter la sensibilité à la corrosion cette forme de corrosion.
Figure 128
intercristalline des alliages d’a-
luminium sont indiqués au para-
graphe 11. 5.5 Si l’on veut éviter tout risque de
La corrosion corrosion à la ligne d’eau, quand
à la ligne d’eau les eaux sont stagnantes, il faut
5.4 Cette forme de corrosion peindre de part et d’autre de la
La corrosion feuille- concerne les structures métal- ligne de séparation air/eau.
tante liques, en particulier en acier,
La corrosion feuilletante est une semi-immergées : la zone immer-
forme de corrosion qui se propage gée, très proche de la limite
suivant des plans parallèles à la air/eau, peut subir une corrosion
direction du laminage (ou du préférentielle, parfois sévère (6).
filage) entre lesquels subsistent
des feuillets de métal non atta- Sur l’aluminium, cette corrosion
(5) Cf. paragraphe 11.
qués. L’accumulation des produits est due à la différence de concen-
(6) Sur l’acier, cette forme de corrosion
de corrosion provoque le gonfle- tration en chlorures qui est créée
appelée « corrosion par aération
Alcan Marine

ment de la zone corrodée, écar- du fait de l’évaporation dans la par- différentielle » est due à la différence de
tant les fines lamelles de métal tie la plus mince du film d’eau qui concentration en oxygène entre la
couche d’eau immédiatement au contact
comme les feuilles d’un livre, mouille le métal (figure 128). Il en
de l’air, donc plus riche en oxygène, et
d’où le nom de « corrosion feuille- résulte une différence de potentiel celle de dessous. La corrosion se produit
tante ». de dissolution qui peut être impor- au-dessous de la ligne d’eau. 151
5.6
La corrosion
6. 6.1
Notion de pile
LA CORROSION
caverneuse GALVANIQUE Lorsque deux métaux ou alliages
On l’appelle aussi « corrosion de nature différente, par exem-
sous dépôt ». Elle se développe La crainte, parfois exagérée, de la ple du cuivre et du zinc, sont mis
dans les recoins, sous les dépôts, corrosion galvanique a été long- en contact direct (ou reliés élec-
là où l’eau pénètre et ne se renou- temps un frein au développement triquement) dans un milieu
velle pas (figure 129). de l’aluminium, que ce soit dans la humide et conducteur de l’élec-
construction navale ou dans l’équi- tricité, par exemple une solution
La corrosion caverneuse pro- pement du littoral. d’acide sulfurique, l’un des deux
gresse généralement peu sur l’alu- métaux – ici le zinc – se
minium, sans doute à cause de la La longue expérience acquise des consomme tandis que l’autre, le
précipitation de l’alumine – produit applications de l’aluminium en cuivre, conserve son intégrité et
de la corrosion – qui colmate rapi- milieu marin fait que l’on sait main- son aspect.
dement les accès aux recoins. En tenant apprécier, à leur juste
effet, on constate très souvent, niveau, les risques de corrosion C’est une pile (7) constituée de
lors du démontage d’un assem- galvanique de l’aluminium dans les deux électrodes, chacun des
blage riveté ou vissé ayant assemblages hétérogènes entre métaux (figure 130) :
séjourné très longtemps dans l’aluminium et les métaux usuels
l’eau de mer, qu’entre les deux tels qu’on en trouve en construc- n celui qui se consomme est
tôles, il y a un dépôt continu d’alu- tion navale (ou dans d’autres appli- appelé l’anode, siège d’une réac-
mine. cations). tion d’oxydation :
M Õ M + ne-
n+

Il faut néanmoins éviter, autant Cela est d’autant plus nécessaire ou


que possible, de laisser lors de qu’il n’est ni possible, ni même Al Õ Al3 + + 3e-
l’assemblage des recoins qui peu- souhaitable, pour des raisons éco- quand c’est de l’aluminium,
vent être, à la longue, des niches à nomiques et techniques, de réali- n l’autre, appelé la cathode, est le
corrosion. On évitera donc les sou- ser des équipements entièrement siège d’une réaction de réduction,
dures discontinues, « en che- homogènes en aluminium. Par le plus souvent à celle des ions
nille », sur des structures immer- exemple, sur un navire de plai- H+ présents dans l’eau (8) :
gées en permanence ou même sance, les arbres de transmission, H+ + e- Õ H2
par intermittence. les hélices, les vannes, les canali-
sations ne sont pratiquement Il y a dégagement d’hydrogène.
jamais en aluminium. Le volume dégagé est sans com-
mune mesure avec la masse de
Il appartient donc au concepteur et métal dissoute à l’anode. Il est
à l’exploitant de faire en sorte que de 33,6 l, dans les conditions
les contacts en milieu marin entre standard : à 25 °C sous une pres-
CORROSION sion de 1 013 mbar, pour 27 g
l’aluminium et les autres métaux
CAVERNEUSE d’aluminium.
ne puissent induire une corrosion
galvanique. C’est tout à fait possi-
ble, sans difficulté, à condition Les réactions à l’anode et à la
d’observer quelques règles élé- cathode ont lieu simultanément et
mentaires fondées sur les princi- sont équilibrées en charges élec-
pes de base, en particulier la triques « e- ». Dans le cas de la
notion de pile, la notion d’échelle
ä

H+ de potentiel et, bien évidemment,


e-
Cl-
ä
H+ aussi sur l’expérience. (7) Ainsi appelée parce que le premier
Al3+ générateur de courant, inventé par Volta
ä Al
3+
Al3+
en 1800, était un empilement de
Al3+
H+ H+ H+ Al3+ Al3+ rondelles de zinc et de cuivre, isolées
Alcan Marine

ä Al3+ les unes des autres par du feutre,


e- immergées dans une solution diluée
d’acide sulfurique.
(8) Les ions H+ proviennent soit
de la dissociation de l’eau elle-même,
152 soit d’un acide dissous dans l’eau.
Figure 129
10. LA TENUE A LA CORROSION DE L'ALUMINIUM EN MILIEU MARIN

PRINCIPE D’UNE PILE ISOLEMENT DE L’ALUMINIUM

Liaison électrique
ä
e- e-

ä
ä

Anode Cathode
zinc cuivre
Sens électrons ä

ä
ä

Aluminium
ä
Canon et
rondelles ä Isolant ( PVC,
isolants élastomères)
2H+ + 2e- Õ H2↑ ä

ä
ä
ä
Liaison ionique Écrou ä Autre métal
Zn Õ Zn2+ + 2e-
(Acier…)
ä

Solution d’acide dilué

Figure 130 Figure 131

corrosion galvanique de l’alumi- dont la résistance est de l’ordre de Ainsi, quand on démonte des
nium, la réaction globale est la sui- 10 à 25 Ω.cm-1, que dans l’eau assemblages mixtes de tôles en
vante : douce (ou l’eau de pluie), dont la acier et en alliage d’aluminium
résistance atteint plusieurs milliers boulonnées l’une contre l’autre,
de W.cm-1, selon l’origine des eaux. sans aucun isolement, qui ont été
immergés pendant plusieurs
Il y a dégagement d’hydrogène (à n Continuité électrique entre les années dans l’eau de mer, on
la cathode) et dissolution de l’alu- deux métaux, soit par contact trouve dans la zone des contacts
minium (à l’anode) avec formation direct, soit par une liaison entre les un « cataplasme » très dense
d’alumine Al(OH)3. deux métaux (par exemple des vis d’alumine. La corrosion de l’alumi-
de serrage). nium reste limitée parce que l’alu-
mine a beaucoup ralenti les échan-
6.2 En conséquence, l’un des ges ioniques (10).
Les conditions de la moyens, bien simple, d’éviter la
corrosion galvanique corrosion galvanique est d’isoler n Métaux de nature différente :
Ces équations simplifiées mon- aussi soigneusement que possi- c’est ici qu’intervient la notion de
trent que, pour qu’il y ait corrosion ble les deux métaux. Pour cela, il potentiel, qu’il faut développer.
galvanique, il faut que trois condi- suffit d’interposer une forte résis-
tions soient simultanément tance ohmique, c’est-à-dire un
réunies : isolant (figure 131), tel du néo-
– présence d’un électrolyte, prène (9).
– continuité électrique,
– nature différente des métaux. Comme dans toute pile, tout ce
qui ralentit ou freine les réactions
n Présence d’un électrolyte : la électrochimiques sur les électro-
zone des contacts doit être des réduit son débit. On dit qu’il y (9) C’était la solution autrefois la plus
utilisée dans la construction navale. Pour
mouillée par de l’eau ou par de a « polarisation ». Appliquée au les structures immergées, on lui préfère
Alcan Marine

l’eau de mer. La corrosion galva- cas de la corrosion galvanique, maintenant la protection cathodique
nique est d’autant plus forte que le l’accumulation des produits de (cf. chapitre 11).

milieu est plus conducteur, elle corrosion dans la zone des (10) Il va de soi qu’on ne peut compter
sur cette corrosion initiale pour espérer
sera donc beaucoup plus intense contacts entre les deux métaux la une protection, plus ou moins illusoire,
en immersion dans l’eau de mer, ralentit. à terme. 153
POTENTIELS DE DISSOLUTION DES ALLIAGES
6.3 D’ALUMINIUM (SOLUTION NaCl, H2O2, ASTM G 69)
Notion de potentiel
Alliage Potentiel mV ECS
C’est une donnée thermodyna-
mique qui mesure l’aptitude à 1050A – 750
l’oxydation d’un métal. Plus le 3003 – 740
potentiel est électronégatif, plus
5052 – 760
le métal a tendance à s’oxyder.
5056 – 780
Un potentiel se mesure en milli-
5083 – 780
volts (mV) par rapport à une
électrode de référence et dans un 5086 – 760
milieu bien défini. Les corrosion- 5154 – 770
nistes utilisent, le plus souvent,
5182 – 780
l’électrode au calomel saturé
(ECS) comme référence. 5454 – 770
5456 – 780
On obtient un classement – une
échelle – des métaux et alliages, 6005A – 710
dont on trouvera un extrait dans le 6060 – 710
tableau 67 pour les métaux usuels
dans l’eau de mer naturelle en 6061 – 710
mouvement. 6063 – 740
42000 (A-S7G03) – 820
Le classement dans cette échelle
de potentiel permet de prévoir 51300 (A-G5) – 870
lequel des deux métaux, en cas
Tableau 66
de contact dans un milieu aqueux,
ou plus précisément dans l’eau de
mer, sera attaqué : POTENTIELS DE DISSOLUTION MESURÉS DANS L’EAU DE
n celui qui est le plus électroné- MER NATURELLE EN MOUVEMENT À 25°C
gatif si tous deux ont un potentiel
Alliage Potentiels de dissolution (mV ECS) (*)
électronégatif,
n celui qui est électronégatif si Graphite + 90
l’autre est électropositif. Acier inoxydable – 100

Par exemple, dans le couple : Titane – 150


Zinc Ed = – 1 130 mV Inconel – 170
Fer Ed = – 610 mV
Cupronickel 70-30 – 250
c’est le zinc qui se corrode (11).
Cupronickel 90-10 – 280
L’expérience montre que la corro-
Bronze – 360
sion galvanique ne se produit que
si les deux métaux en contact ont Laiton – 360
une différence de potentiel d’au Cuivre – 360
moins 100 mV.
Plomb – 510
Les alliages d’aluminium utilisés Acier ordinaire – 610
dans les applications marines ont
Fonte – 610
des potentiels de dissolution très
Cadmium – 700
Alcan Marine

Aluminium – 750
(11) C’est ce qui explique l’efficacité
du zingage de l’acier et donc le Zinc – 1 130
développement de l’acier galvanisé
dans beaucoup d’applications où il faut Magnésium – 1 600
154 le protéger contre la corrosion.
(*) mV ECS = millivolt, électrode au calomel saturé. Tableau 67
10. LA TENUE A LA CORROSION DE L'ALUMINIUM EN MILIEU MARIN

proches les uns des autres constituée, donc susceptible de plus utilisée maintenant pour
(tableau 66). Il en résulte qu’en subir une corrosion galvanique, si neutraliser les couples galva-
milieu marin il n’y a aucun risque les conditions s’y prêtent. niques entre la coque d’un navire
de corrosion galvanique entre ces en aluminium et le système de
alliages d’aluminium. C’est égale- Pour apprécier au mieux les propulsion (arbre et hélice), ou
ment vrai pour les alliages de mou- risques de corrosion galvanique de les autres implantations sur la
lage. C’est la raison pour laquelle l’aluminium dans un assemblage coque (crépines, accessoires
on utilise fréquemment des raidis- hétérogène, il faut distinguer divers).
seurs en 6000 soudés sur des entre :
tôles en 5000.  une structure immergée Remarque : L’abandon accidentel
(œuvres vives), d’un outil en acier, par exemple
 une structure émergée (œuvres une clef de serrage, en fond de
6.4 mortes), et, dans ce cas, il faut cale peut provoquer une corrosion
Aspects pratiques tenir compte de la nature du galvanique si de l’eau stagne en
de la corrosion métal. permanence dans la zone où
galvanique séjourne la pièce en acier (ou en
de l’aluminium Remarque : L’anodisation ne tout autre métal).
en milieu marin constitue pas du tout une protec-
La corrosion galvanique est un tion contre la corrosion galvanique.
phénomène très localisé et bien 6.6
souvent limité à la zone des Cas des contacts
contacts. En théorie, la densité de 6.5 hétérogènes émergés
courant qui détermine la vitesse Cas des contacts L’expérience, maintenant pluri-
de dissolution du métal anodique hétérogènes immer- décennale, des applications de
dépend du rapport : gés l’aluminium en milieu marin, que
surface cathodique Quand les contacts sont immer- ce soit à bord des navires ou
surface anodique gés, conformément à ce qui a été dans les équipements du littoral,
dit plus haut, la corrosion galva- montre que les contacts avec l’a-
L’expérience montre que l’on ne nique de l’aluminium est inélucta- cier ordinaire, nu ou revêtu (gal-
peut rien attendre de ce rapport ble au contact de la plupart des vanisé, cadmié), avec l’acier
de surface parce que la corrosion métaux usuels (13). Son intensité inoxydable, ne provoquent pas de
galvanique se développe surtout dépendra de la nature du métal, de corrosion galvanique significative
dans la zone des contacts ou à la composition du milieu et de la de l’aluminium et des alliages
proximité. Il faut donc estimer la durée, s’il s’agit d’un endroit (15) des familles 1000, 3000,
surface anodique à peu près mouillé épisodiquement. 5000, 6000 (16).
égale à celle de la surface catho-
dique. La protection de la structure en
aluminium s’impose et on pourra
En d’autres termes, une petite choisir entre plusieurs solutions : (12) Sauf avec le cadmium, le zinc et le
pièce, par exemple une vis ou  l’isolement : en interposant magnésium. Il n’y aura donc pas de
une sonde, en cuivre ou en entre les deux métaux des joints corrosion galvanique de l’aluminium au
contact de la visserie en acier galvanisé
alliage cuivreux, fixée sans en matière plastique. Ainsi, en ou en acier cadmié. Mais cela est vrai
aucune précaution d’isolement pratique, sur une canalisation, il tant qu’il y a du zinc ou du cadmium sur
sur une structure importante en suffit de placer entre les brides l’acier, lesquels, on le sait, se
consomment pour protéger l’acier.
alliage d’aluminium, le tout en aluminium de la canalisation
(13) C’est aussi la situation des contacts
immergé en permanence, pro- et celles d’une vanne en acier hétérogènes dans les fonds du navire, si
voquera une forte corrosion inoxydable ou en laiton, par de l’eau vient à y stagner.
galvanique à l’endroit de sa exemple, un joint isolant suffi- (14) Cf. chapitre 11.
fixation. samment épais, (15) Plusieurs raisons expliquent cela :
il y a formation d’un film de produits de
 la peinture : il faut masquer
corrosion (rouille, alumine) sur les faces
La position de l’aluminium dans d’abord la surface cathodique, en contact qui, comme on l’a vu plus
Alcan Marine

l’échelle des potentiels (ta- c’est-à-dire l’autre métal. Ne pein- haut, freine les réactions
électrochimiques.
bleau 67) montre que, dans dre que l’aluminium se révèle
(16) Dans certains cas, les alliages au
presque tous les cas d’assem- être beaucoup moins efficace,
cuivre des familles 2000 et 7000 sont
blage avec un autre métal usuel  la protection cathodique : c’est sensibilisés à la corrosion au contact
(12), il sera l’anode de la pile ainsi la solution la plus pratique (14), la de l’acier. 155
C’est si vrai que l’on ne protège  on coule au fond de la quille une
pratiquement plus ces contacts, 6.7 résine sur une épaisseur de 15 à
aussi bien à bord des navires (17) Influence 20 mm,
que sur les équipements du litto- de la nature du métal  après séchage de la résine, on
ral, sauf bien évidemment dans le en contact avec place la grenaille (ou les gueuses)
cas où on souhaite éviter les cou- l’aluminium de plomb en évitant soigneuse-
lures de rouille sur des structures Le risque de corrosion galvanique ment le contact avec le bordé en
en aluminium (dans le cas de peut être plus important au contact aluminium de la quille,
contact avec l’acier). On utilise de certains métaux et alliages.  les vides autour des gueuses,
maintenant des joints de transition ou de la grenaille, sont comblés
en acier-aluminium (18) pour réali- Le cuivre et ses alliages avec de la résine dont le niveau
ser les jonctions soudées entre Si le contact entre les alliages supérieur dépassera de 20 à
une coque et ses alliages. d’aluminium et le cuivre et ses 25 mm celui du plomb,
alliages (laiton, bronze) ne donne  l’accès de la quille est obturé par
pas lieu à une corrosion galvanique un moyen approprié pour empê-
notable, en position émergée, en cher toute pénétration d’humidité
(17) Pour des raisons de sécurité (cf.
chapitre 9), toutes les masses milieu marin et humide, il est pré- dans la quille.
métalliques à bord d’un navire ou sur férable, quand c’est possible, de
une structure appelée à recevoir des ménager un isolant entre les deux Il n’est pas possible de poser à
installations électriques doivent être en
équipotentiel. Même si on isole les métaux si on veut éviter une même le fond de cale du plomb
contacts pour des raisons de corrosion dégradation superficielle et locale pour lester un bateau. Il faut qu’il
ou de commodité, il faut ménager, en un de l’aluminium. soit enfermé dans une gaine étan-
point, une liaison électrique par un câble
souple ou une tresse. che pour éviter qu’en présence
(18) Cf. chapitre 9. Par contre, le produit de la corrosion d’humidité, il y ait corrosion galva-
du cuivre et de ses alliages, le « vert nique de l’aluminium, ou entraîne-
de gris », est agressif vis-à-vis de l’a- ment des sels de plomb issus de
luminium et de ses alliages, au l’attaque de celui-ci. Les sels de
contact desquels il est réduit en plomb provoquent une attaque par
fines particules de cuivre. Celles-ci piqûres de la coque, là où ils
provoquent localement une corro- seront entraînés par l’humidité.
sion par piqûres de l’aluminium.
C’est la raison pour laquelle il est Si le lest en plomb est fixé
préférable de protéger les structu- directement à la coque, il faut
res qui se trouvent en dessous l’isoler soigneusement de celle-ci,
d’un accessoire en cuivre, en comme indiqué à la figure 132.
bronze ou en laiton. Le mieux serait
bien sûr de les peindre pour éviter la L’usage de peinture à base de
formation de vert de gris. minium (de plomb) pour protéger
MONTAGE D’UN LEST des pièces en acier à bord d’un
EN PLOMB OU EN FONTE Le plomb navire en aluminium est à prohiber
Le plomb est fréquemment car les oxydes de plomb, comme
utilisé pour lester les navires ceux du cuivre, provoquent une
de plaisance. Le couple alumi- corrosion sévère de l’aluminium
nium-plomb fonctionne très forte- en présence d’humidité.
Coque ment en eau de mer. Il faut donc
en ➤
aluminium Rondelles absolument empêcher toute péné-
➤ isolantes tration d’eau dans la quille quand
➤ celle-ci est lestée de plomb avec
Joints
de la grenaille ou avec des « gueu-
et manchons
isolants ses ». Pour éviter la corrosion gal-
vanique qui risque d’être très (19) Toutes ces précautions visant à

➤ isoler soigneusement le plomb des


Alcan Marine

Boulons sévère, on procède généralement parois de la quille s’avéreront illusoires si


Lest (plomb
en acier galvanisé placés comme suit (19) : les soudures de la quille sont poreuses !
ou fonte) La pénétration lente de l’eau de mer par
avant la coulée du lest  l’intérieur de la quille accessible
les fissures dues à de mauvaises
depuis le fond du navire est soi- soudures entraînerait à moyen terme
156 gneusement dégraissé, une corrosion irrémédiable de la quille.
Figure 132
10. LA TENUE A LA CORROSION DE L'ALUMINIUM EN MILIEU MARIN

Le mercure Comme pour les autres métaux,


L’aluminium subit une corrosion 7. on peut utiliser des peintures
très sévère au contact du mer- LE TERNISSEMENT « antifouling » sur l’aluminium
cure. L’attaque se présente sous ET LE pour empêcher le développement
forme d’efflorescences lamellaires NOIRCISSEMENT des salissures marines (20).
blanches. Elle est d’autant plus DE L’ALUMINIUM
étendue que la quantité du mer- Seule réserve, très importante : il
cure est importante ou finement En atmosphère humide ou en faut proscrire les peintures anti-
divisée. L’effet du mercure est contact avec l’eau de mer ou fouling à base de sels de cuivre,
d’autant plus insidieux qu’il se pro- l’eau douce, l’aluminium subit un de sels de mercure ou de sels de
duit dans les points bas où s’accu- ternissement plus ou moins mar- plomb qui provoquent une grave
mulent les fines gouttelettes de qué selon le milieu. Ce phéno- corrosion (21). Cette corrosion, de
mercure. mène, désigné sous le nom de nature galvanique, se développe
noircissement, n’est pas une cor- par réduction des sels de cuivre,
Il est donc très vivement décon- rosion du métal mais seulement des sels de mercure ou des sels
seillé d’introduire sur un navire l’altération des propriétés de plomb au contact de la surface
des appareils de mesure, baromè- optiques du film d’oxyde naturel. en aluminium. Elle peut endom-
tres ou thermomètres, contenant Il n’induit pas une sensibilité ulté- mager de manière irrémédiable la
du mercure, dont le renversement rieure à la corrosion. coque d’un navire.
ou le bris pourrait induire une cor-
rosion sévère de la coque. Pour éviter le noircissement de
certaines pièces en milieu marin,
(20) Cf. chapitre 11.
Le graphite il faut soit les anodiser, soit les
(21) L’usage des antifouling à base de
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un brillanter, la première méthode sels minéraux est interdit.
métal (mais d’un métalloïde), le étant de loin la plus durable. On
contact avec du graphite en milieu l’utilise pour les mâts de
humide provoque une corrosion bateaux.
galvanique plus ou moins intense
selon la porosité du graphite. Il est
déconseillé d’utiliser des graisses
graphitées à bord des navires en
aluminium. 8. LE RÔLE
Quant au contact entre l’alumi- ET LA PRÉVENTION
nium et les composites en fibres DES SALISSURES
PASSERELLE D’ACCÈS
de carbone, on manque de recul MARINES
pour se référer à l’expérience
encore limitée de l’emploi de Les sels d’aluminium n’étant pas,
matériel en fibres de carbone à comme les sels de cuivre (ou de
bord des navires en aluminium. mercure), toxiques pour les orga-
nismes vivants, ceux-ci peuvent
Les essais en laboratoire, en s’accrocher sans difficulté sur les
immersion dans l’eau de mer arti- surfaces d’aluminium et y croître
ficielle, montrent que l’aluminium tranquillement si rien ne vient les
subit une légère attaque, très en déloger.
superficielle, au contact de pièces
en fibres de carbone. Il en est ainsi des salissures mari-
nes : barnacles, coraux, algues,
Remarque : Au mouillage, à quai, éponges, etc. Elles ne provoquent
il faut utiliser de préférence des pas de corrosion notable du métal
amarres en chanvre ou en fibres sous-jacent, tout au plus une
Alcan Marine

synthétiques, de manière à éta- légère attaque très superficielle


blir une discontinuité électrique de quelques centièmes de milli-
entre le navire en aluminium et mètres. Les coquillages laissent
l’ancre ou les armatures métal- une empreinte pratiquement indé-
liques du quai. lébile sur le métal. 157
INFLUENCE
DES DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES

MAUVAIS BON MAUVAIS BON

Humidité

Humidité Joint étanchéité ➤


Joint étanchéité

Extérieur
Extérieur

Joint étanchéité

Zone facile à
nettoyer
Zone difficile à Bon accrochage
nettoyer des peintures



Alcan Marine

Mauvais accrochage Soudure en « chenille » Soudure continue


des peintures

158
Figure 133
10. LA TENUE A LA CORROSION DE L'ALUMINIUM EN MILIEU MARIN

L’expérience montre que les


9. zones où de l’eau stagne, celles 10.
L’INFLUENCE où s’accumulent des poussières LA SENSIBILITÉ
DU SOUDAGE ET (et des suies) peuvent subir des À LA CORROSION
DES DISPOSITIONS corrosions très sévères sous DES ALLIAGES
CONSTRUCTIVES forme de piqûres profondes, et D’ALUMINIUM DANS
même de perforations. LES APPLICATIONS
L’expérience montre que les MARINES
dispositions constructives ont une Il faut donc faciliter l’évacuation de
influence déterminante sur la cor- l’eau, y compris celle des conden- L’expérience maintenant pluri-
rosion en service des structures sations fréquentes sur les parois décennale des applications mari-
en alliage d’aluminium. soumises à des variations de tem- nes de l’aluminium montre que la
pérature, aérer autant que possi- résistance à la corrosion est
ble les volumes plus ou moins remarquable.
9.1 accessibles (ballasts, cales, etc.).
Influence Toutefois :
du soudage Ces zones, ainsi que les caissons  certaines familles d’alliage sont
L’expérience montre que les struc- étanches (ou les volumes réserves contre-indiquées pour ce type
tures soudées des alliages des de flottabilité) devront être l’objet d’application,
familles 1000, 3000, 5000, 6000 d’une surveillance régulière et  les gammes de transformation
ont une tenue à la corrosion analo- d’un entretien plus fréquent que le doivent être adaptées pour éviter
gue à celle des surfaces non sou- reste de la structure. une sensibilisation accidentelle
dées. En d’autres termes, pourvu des 5000 à la corrosion structurale
que le soudage soit fait dans les Enfin, tout ce qui contribue à main- (corrosion intercristalline, corro-
« règles de l’art » avec les alliages tenir une humidité permanente, sion feuilletante ou corrosion sous
d’apport adéquats (22), les cor- tels certains revêtements, doit contrainte).
dons de soudure et les zones être soigneusement évité. Ainsi,
affectées thermiquement ne sont les mousses (ou les nappes iso- Enfin, les conditions de service
nullement le siège de corrosion lantes en laine de roche ou en pro- en température doivent être
préférentielle. duits similaires) utilisées pour iso- contrôlées également pour ne
ler thermiquement, placées contre pas dépasser certains seuils et
Il en est de même pour le collage, une paroi en aluminium, seront durées de maintien en tempéra-
qui n’affecte pas non plus la tenue disposées de telle sorte qu’elles ture. L’état H116 présente l’avan-
à la corrosion des éléments ainsi ne puissent être un piège à tage de subir un contrôle obliga-
assemblés. condensation ou être infiltrées par toire de la sensibilité à la corro-
l’humidité. sion feuilletante.

9.2 Les revêtements de sol seront, de


Influence préférence, collés pour éviter les 10.1
des dispositions infiltrations d’humidité entre eux Choix des alliages
constructives et le « sol » en aluminium. pour les applications
En dépit de l’excellente tenue à marines
la corrosion des alliages utilisés Remarque : Les courants élec- Si la préférence va aux 5000 et
en construction navale (ou dans triques vagabonds peuvent être un aux 6000 pour leur tenue à la
les applications marines), on facteur provoquant la corrosion de corrosion, pour leur soudabilité
observe encore des corrosions la surface de la coque au contact et leur niveau de caractéris-
en service. de l’eau de mer. Ainsi que cela a tiques mécaniques, d’autres
été rappelé (23), la coque (et toute alliages de corroyage des
L’analyse de ces cas montre que autre structure métallique du familles 1000 et 3000 peuvent
ce sont le plus souvent des dispo- bateau) ne doit jamais servir de aussi trouver des applications
sitions adoptées lors de la concep- conducteur de retour du courant, non structurales en décoration,
Alcan Marine

tion qui ont provoqué ces désor- qu’il soit continu ou alternatif. en agencement intérieur, etc.
dres. La figure 133 illustre les cas
classiques de dispositions cons- Par contre, l’emploi des alliages
tructives néfastes à la bonne (22) Cf. chapitre 6. des familles 2000 et 7000 doit res-
tenue à la corrosion. (23) Cf. chapitre 9. ter l’exception compte tenu de 159
leur faible résistance à la corro- micrographique révèle facile-
sion. Il est indispensable qu’ils 10.2 ment l’état de l’alliage, sensibi-
soient spécialement protégés en Sensibilité des 5000 lisé ou non (figure 134).
cas d’usage en milieu marin. à la corrosion
intercristalline La précipitation aux joints de
Les 2000 et les 7000 au cuivre Depuis le début des années grains de la phase β, qui a ten-
ne sont pas soudables par les 1950, il est bien connu que les dance à être continue, est d’autant
procédés classiques à l’arc. Par alliages aluminium-magnésium plus rapide et plus dense que :
contre, les 7000 sans cuivre, par peuvent présenter une sensibilité  la teneur en magnésium est
exemple le 7020 ou le 7108, sont à la corrosion intercristalline, élevée,
eux facilement soudables et pré- d’autant plus marquée que la  la température de service est
sentent un niveau élevé de teneur en magnésium est élevée. élevée,
caractéristiques mécaniques C’est la raison pour laquelle les  l’écrouissage est important.
après soudage. Cette propriété alliages industriels ne dépassent
intéressante pourrait être un généralement pas 5,5 % en Ainsi que l’illustre la figure 135, il y
atout pour la chaudronnerie en magnésium. a un domaine de température,
général et la construction navale entre 125 et 225 °C, de forte sen-
en particulier. Cette sensibilité est due aux modi- sibilisation. En fait, pour les allia-
fications de la répartition du ges les plus chargés en magné-
Mais la zone affectée thermique- magnésium dans le métal à l’état sium, au-delà de 5 %, la sensibili-
ment présente une très grande solide. La solubilité du magnésium sation peut commencer à plus
sensibilité à la corrosion feuille- dans l’aluminium est très élevée à basse température.
tante dans tous les milieux, au chaud, 15 % à 450 °C, mais elle
point qu’il a fallu abandonner le n’est plus que de 1 % à la tempé- Ainsi qu’indiqué précédemment,
développement de ces alliages rature ambiante. ces intermétalliques sont ano-
en dehors d’applications très diques par rapport à la masse
spécifiques, hors du domaine Dès que la température passe du grain, leur potentiel est de
courant. au-dessous de 450 °C, le – 1 150 mV ECS, soit un écart de
magnésium précipite alors sous l’ordre de 400 mV par rapport à la
Sous réserve de progrès décisifs forme d’intermétalliques Al3Mg2 solution solide, ce qui est considé-
pour maîtriser la sensibilité à la (ou Al8Mg5), couramment dési- rable. Il y a donc un risque de cor-
corrosion feuilletante, il n’est pas gnée « phase β ». Mais, quand rosion intercristalline, et si la préci-
possible dans l’état actuel (24) des certaines conditions sont pitation est continue aux joints de
connaissances sur la métallurgie réunies, ces précipités peuvent grains, et si le milieu est corrosif.
de ces alliages de les utiliser en se rassembler aux joints de
construction navale sans protec- grains. On dit que le métal est La température n’est pas, comme
tion spéciale [5]. « sensibilisé ». Un examen on l’oublie trop souvent et à tort,

Les alliages de moulage couram-


ment utilisés en applications ASPECT MICROGRAPHIQUE DU 5083 SENSIBILISÉ
marines sont le 42100 (A-S7G03),
le 42200 (A-S7G06) et le 51100
(A-G3).
Alcan Marine

5083 état sensibilisé 5083 état non sensibilisé


160 (24) Juin 2003.
Figure 134
10. LA TENUE A LA CORROSION DE L'ALUMINIUM EN MILIEU MARIN

le seul paramètre de la précipita- construction navale [9], pour éviter SENSIBILISATION DES 5000
tion de la phase β (25). Le temps, de livrer des demi-produits sensibi- ET TENEUR EN MAGNÉSIUM [6]
c’est-à-dire la durée de chauffage, lisés à la corrosion. Ils sont systé-
est aussi à prendre en compte matiquement contrôlés par les
g.dm-2

Perte de masse
pour évaluer l’intensité de la sen- tests sélectifs indiqués ci-après. ➤
0,5 Mg-5,59 %
sibilisation. Cela va de soi puisque ➤ Mg-5,15 %
la vitesse de migration des ato- Toutefois, il faut rappeler que l’état Mg-4,60 %

mes de magnésium vers les joints H116 n’empêche pas une précipi-
0
de grains obéit aux lois de diffu- tation de la phase β aux joints de 75 100 125 150 175 200 225 250 (°C)
sion dans l’état solide (ici la grains, si les conditions de service
après attaque de 8 h dans le réactif
matrice en aluminium). Elle peuvent la provoquer. Cet état est NaCl 3 %, HCI 1 %
dépend de la température selon la très utilisé en construction navale.
Figure 135
relation classique :

τ = t exp – (Q/RT) (25) Ce n’est pas parce qu’un métal est (26) Dans le document « AD-Merkblatt
avec : sensibilisé par précipitation aux joints de W 6/1 » de mai 1982, édité par
grains que la corrosion est inéluctable, Vereinigung der technischen
τ = la distance parcourue cela dépend du milieu. L’expérience l’a Uberwaschungs, Vereine e V. D 4300
t = le temps confirmé, y compris dans des Essen 1, intitulé « Aluminium and
T = la température absolue échangeurs de chaleur fonctionnant en aluminium alloys malleable materials »,
eau de mer, à des températures bien la limite est fixée à 80 °C pour l’alliage
Q est une constante qui dépend supérieures à 65 °C. Il y a des citernes AlMg4,5Mn, équivalent du 5083, avec
de l’élément. routières de transport de fioul lourd, des tolérances de 150 °C pour des
chargé à 65 °C, qui ont 20 ans et plus de périodes n’excédant pas 8 heures, à
service, à raison de 8 à 10 heures de condition que la pression de service soit
On a trop souvent fixé à 65 °C la rotation quotidienne, soit au moins réduite de moitié, et 24 heures
limite d’utilisation des 5000 titrant 50 000 heures de maintien cumulé à si la pression de service est ramenée à
plus de 3,5 % de magnésium (26). 65-70 °C. Mais, bien évidemment, il faut la pression atmosphérique.
éviter la sensibilisation.
En fait, c’est le produit « temps x
température » qu’il faut prendre
en compte. Ainsi donc, sur un
5086, à 65 °C, il faudra 2 ans pour
provoquer une précipitation conti-
nue aux joints de grains, et ce sera
plusieurs mois à 100 °C. L’effet de PONTON D'UN PORT DE PLAISANCE ET SES FLOTTEURS EN 5754
la durée est cumulatif.

La sensibilisation de ces alliages –


qui n’est jamais une fatalité – peut
provenir des conditions de trans-
formation ou des conditions de
service, quand il y a maintien pro-
longé en température.

Tous les paramètres ont fait l’objet


de beaucoup d’études dans les
années 1950 et après [7]. Il est pos-
sible de retarder la sensibilisation
par des traitements thermiques
qui en provoquent une précipita-
tion discontinue « en collier de
perles » aux joints de grains de la
phase β [8].
Alcan Marine

Depuis de nombreuses années,


les gammes de transformation –
dont celle de l’état H116 – des
alliages 5083, 5086, Sealium® ont
été adaptées, spécialement pour la 161
états H116 et H321. La sensibilité nitrique, les échantillons sont
11. à la corrosion exfoliante est déter- immergés pendant 24 heures, à la
LES TESTS minée par le test ASSET (ASTM température de 65 °C, dans le
DE CORROSION G66-99) et la sensibilité à la corro- réactif spécifique des 5000 :
sion intercristalline suivant le test NH4Cl - 1 M : 53 g.l-1
Conformément à la norme EN ASTM G67 (NAMLT). NH4NO3 - 0,25 M : 20 g.l-1
13195-1 (27), les alliages 5083, (NH4) 2C4H4O6 - 0,01 M : 1,84 g.l-1
5383, 5086 livrés à l’état H116 H2O2 - à 30 % : 10 ml. l-1
« sous forme de tôle, bande et 11.1
tôle épaisse doivent être soumis à Test relatif à la La sensibilité à la corrosion exfo-
essai afin d’évaluer leur résistance corrosion exfoliante liante est appréciée par rapport à
à la corrosion intergranulaire et à la Il s’agit du test ASSET (29) qui est des images types (figure 136) et
corrosion exfoliante ». pratiqué suivant la norme ISO donne lieu à une cotation indiquée
11881 (30) et ASTM G66 (31) sur dans le tableau 68.
Ce contrôle est effectué suivant le des échantillons dont les dimen-
test ASSET (ASTM G66-99) pour sions (longueur et largeur) sont au
déterminer la sensibilité à la corro- minimum de 40 x 100 mm.
sion exfoliante, ou suivant toute
autre méthode convenue entre Les conditions résumées de ce
(27) Norme européenne EN 13195-1,
producteur et acheteur. test sont les suivantes : décembre 2002, Aluminium et alliages
d’aluminium – Produits corroyés
La norme ASTM B928-04, paragra- Après une préparation de surface et pièces moulées pour applications
marines (construction navale, maritime
phe 9, concerne les alliages 5059, comprenant dégraissage, déca- et offshore).
5083, 5086, 5383 et 5456 aux page alcalin et neutralisation (28) ASSET = Ammonium Salt Solution
Exfoliation Test.
(29) Norme ISO 11881, juin 2002,
Corrosion des métaux et alliages – Essai
de corrosion feuilletante des alliages
ÉVALUATION DES RÉSULTATS DU TEST ASSET d’aluminium.
Évaluation Cotation (30) Standard test method for visual
assessment of exfoliation corrosion
Pas d’attaque significative N susceptibility of 5XXX series aluminum
alloys (ASSET test).
Piqûres de corrosion P
(31) avec :
Corrosion généralisée G NH4Cl = chlorure d’ammonium,
NH4NO3 = nitrate d’ammonium,
Corrosion feuilletante EA, EB, EC, ED (NH4) 2C4H4O6 = tartrate d’ammonium,
H2O2 = eau oxygénée.
Tableau 68

CLASSEMENT DE LA CORROSION FEUILLETANTE AU TEST ASSET


Alcan Marine

162
Figure 6 de la norme NF ISO 11881, édition juin 2002 Figure 136
10. LA TENUE A LA CORROSION DE L'ALUMINIUM EN MILIEU MARIN

Références bibliographiques
11.2 11.3 [1] Corrosion de l’aluminium, C. VARGEL,
528 pages, Dunod éditeur, 1999.
Test relatif Test relatif
à la corrosion à la corrosion [2] « Chemicals aspects of physical
oceanography », J. LYMAN, R. B. ABEL,
intercristalline intercristalline Journal Chemical Education, vol. 35,
des 5000 des 6000 1958, pp. 113-115.

Il y a deux tests possibles pour Ces alliages ne sont pas sensibles [3] « Effect of the temperature and salt
content of sea water on the corrosion
déterminer la susceptibilité à la à la corrosion feuilletante. La sen- behavior of aluminium », W. HUPPATZ,
corrosion intercristalline des allia- sibilité éventuelle à la corrosion H. MEISSNER, Werkstoffe und Korrosion,
ges 5000 : intercristalline peut être détermi- vol. 38, 1987, pp. 709/710.

née par l’essai suivant la norme [4] « Corrosion de l’aluminium sous


couche mince électrolytique, corrosion à
 les test NAMLT (32) suivant la ASTM G110 (36) dans le réactif à la ligne d’eau et corrosion au stockage »,
norme ASTM G67 (33) : 57 g. l-1 de NaCl et 0,3 % de H2O2. C. FIAUD, G. AZERAD, E. GROSGOGEAT,
Journées « Durabilité de l’aluminium et
de ses alliages dans les industries
Les échantillons sont immergés électriques », Cefracor Paris, déc 1986,
pendant 24 heures à 30 °C dans pp. 33-37.
une solution d'acide nitrique HNO3 [5] « Experience from the construction
and operation of the Stena HSS »,
entre 70 et 72 %, pesés avant et
H. NORDHAMMAR, Stena Rederi, The Third
après essai. International Forum on Aluminium Ships,
Haguesund, Norway, May 1998.
Conformément à la norme B928- (32) NAMLT = Nitric Acid Mass Loss Test. [6] « Influence de la teneur en
(33) ASTM G67 : Standard test method magnésium sur la résistance à la
04 (34) :
for determining the susceptibility to corrosion sous tension des alliages Al-
– le lot est acceptable pour une intergranular corrosion of 5XXX series Mg », A. GUILHAUDIS, Rapport Pechiney
perte de masse < 15 mg.cm-2, aluminum alloys by mass loss after SREPC, sept. 1959.
– le lot est refusé si la perte de exposure to nitric acid. [7] « Development of wrought
(34) B 928 - 04 : Standard Specification Aluminium-Magnesium alloy », E. H. DIX,
masse est > 25 mg.cm-2,
for High Magnesium Aluminum Alloy W. A. ANDERSON, M. B. SHUMAKER,
– pour des pertes de masses Sheet and Plate for Marine Service, Technical Paper, n° 14 Alcoa, 1958.
comprises entre 15 et 25 mg.cm-2, February 2004. [8] « Traitements thermiques de
la forme de la corrosion doit être (35) Suivant la formule τ = t exp – (Q/RT), stabilisation des alliages aluminium-
un maintien de 7 jours à 100 °C magnésium à 5 % contre les effets de
déterminée par un examen micro-
correspond à un séjour de 6 mois à 60 °C. chauffage à basse température »,
graphique après attaque phospho- A. GUILHAUDIS, Revue de l’Aluminium,
(36) ASTM G110 : Standard practice for
rique. S'il s'avère que la corrosion evaluating the intergranular corrosion 1955, n°s 223 et 224.
est intercristalline, le lot est resistance of heat treatable aluminum [9] « Aluminium-Magnesium alloys, 5086
alloys by immersion in sodium chmloride and 5456 H116 », C. L. BROOKS. Naval
refusé.
+ hydrogene peroxyde solution. Engineers Journal, Aug. 1970, pp. 29-32.

 le test INTERACID suivant le


protocole publié au Journal des
Communautés Européennes du
13/09/74, n° C104/84 à 89 :
ABSENCE DE CORROSION
Le réactif est constitué d'une solu-
tion titrant 30 g.l-1 de NaCl et 5 g.l-1
de HCl à 37 % (d =1,19). Les
échantillons sont immergés pen-
dant 24 heures dans ce réactif à
23 °C. Après avoir déterminé la
perte de masse (pesée avant et
après essai), les échantillons sont
examinés en microscopie optique
sous GX200.
Alcan Marine

Ces tests peuvent être faits sur


des échantillons qui ont été portés
à 100 °C pendant 7 jours (35).

163
CHEVY TOY
Alcan Marine

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