GRAND ORIENT DE LUXEMBOURG

BP 2136 L-1021 LUXEMBOURG.

Strasbourg, 20 mai 2011

50 Ans du CLIPSAS: Bilan et perspectives

« Réunir ce qui est épars » : telle est la devise du CLIPSAS depuis sa

fondation le 22 janvier 1961.
En 50 ans, 57 Obédiences sont venues rejoindre les 11 membres fondateurs.
Au-delà des chiffres bruts, qui peuvent paraître modestes à raison d’un membre par
an en moyenne, il ne faut pas s’y tromper : les adhésions vont en s’accélérant : 25
Obédiences, soit une petite moitié des membres du CLIPSAS sont entrées au cours
de ces 10 dernières années, donc en moyenne entre 2 et 3 par an, et ce, sur les 5
continents. Ainsi, le mouvement va donc en s’accélérant dans le temps et en
s’amplifiant dans l’espace.
Et ce n’est pas tout : s’il suffisait que certains s’unissent pour réaliser nos
projets d’universalité de la Franc-Maçonnerie et de défense des valeurs de la
Franc-Maçonnerie adogmatique, ce serait trop facile : c’est bien de recruter ;
encore faut-il être actifs. Et actif, le CLIPSAS l’est : depuis 50 ans un colloque
annuel « portant sur les problèmes qui déterminent l’avenir de l’homme », et
principalement « les questions posées dans le monde moderne », et construit par
ses seuls membres.
Réfléchir ensemble, parler... C’est bien, mais pas suffisant : ces discussions
doivent impérativement déboucher sur la société civile : le site internet du
CLIPSAS est ouvert à tous, permettant aux profanes qui le désirent d’aller s’y
renseigner et de tordre ainsi le cou aux idées reçues les plus fantaisistes de
complot ou autres sottises qui circulent encore aujourd’hui sur la Franc-
Maçonnerie. Dans le même esprit, le CLIPSAS effectue des démarches pour se
faire reconnaître d’instances internationales et mondiales comme l’ONU pour
défendre les valeurs de la maçonnerie adogmatique au niveau planétaire. Notre
association entretient également des relations avec d’autres organisations
maçonniques internationales, ainsi, le site du CLIPSAS présente, par exemple,
dans ses nouvelles, des manifestations organisées par diverses Obédiences.
 Parler, se faire connaître et reconnaître, c’est bien, agir, c’est mieux : ainsi,
dans le droit fil de nos idéaux, le CLIPSAS coordonne et promeut des aides
humanitaires, comme celles en faveur de Haïti, du Chili, par exemple.

Le bilan est certes encourageant, mais on est loin du compte : si l’humanité

poursuit sa course sur cette terre, il nous faudra encore quelque temps pour
atteindre modestement une partie de nos objectifs...., mais….

Comment faire boire un cheval qui n’a pas soif ?

Pour continuer à se développer, toute organisation doit rechercher en elle-

même des pistes d’amélioration.

Nous en avons noté trois, probablement parmi d’autres qui vont apparaître
lors de notre colloque. Ces pistes sont certainement « eurpéocentrées », alors que le
CLIPSAS est universel, mais commençons par adopter le précepte « think global,
act local »

L’élargissement du nombre d’Obédiences en est une. La croissance du

CLIPSAS a été continue malgré des périodes où la défection de certaines
Obédiences a créé un trouble temporaire. En Europe, nous avons surtout vécu le
départ de grandes Obédiences bien connues, mais qui viennent de faire leur retour
ces dernières années, le Grand Orient de Belgique et le Grand Orient de France.
Lorsque l’on examine la liste des Obédiences qui ont démissionné entre 1996 et
1999, on trouve un certain nombre d’Obédiences adogmatiques très importantes
dans le paysage européen. Par ailleurs, un certain nombre d’Obédiences n’ont
jamais exprimé le besoin de faire leur demande d’adhésion.

Il faudra examiner pourquoi, ces chevaux n’ont plus soif !

Sans revenir sur les raisons qui ont amené ces Obédiences à démissionner du
CLIPSAS, il faut se projeter vers l’avenir et, bâtissant des projets communs, un
réseau d’Obédiences attachées à la liberté absolue de conscience nous donnera plus
de force et de sagesse pour travailler à l’amélioration matérielle et morale de
l’Humanité. L’Europe berceau millénaire de la pensée philosophique qui a donné
naissance à la pensée des Lumières a encore quelque chose à apporter au Monde.
Très souvent, et c’est le cas actuellement dans la sphère arabo-musulmane, des
pays voisins de l’Europe attendent encore beaucoup d’elle. Le désir d’Europe est
parfois plus fort à l’extérieur qu’à l’intérieur.

Il nous faut remplir des seaux d’eau sucrée qui donneront soif !
 Un de ces seaux est certainement l’amélioration de la communication entre
les Obédiences. Un projet de base de données avait été présenté à New York lors de
l’assemblée générale du CLIPSAS 2010. Ce projet avait suscité l’enthousiasme
lors de sa présentation, mais il semble que les moyens ont manqué pour sa mise en
œuvre. Nous en reparlerons demain pendant l’Assemblée générale.

Cette base de données sur un site web sécurisé ne doit pas seulement être un
annuaire structuré des Obédiences adogmatiques mais surtout un outil d’échanges
d’informations. On devrait ainsi pouvoir y trouver, sur des thèmes bien précisés,
les travaux principaux des Obédiences et des ateliers.
En reprenant la problématique de la construction européenne, il y a un
foisonnement de travaux intéressants dispersés à travers les milieux maçonniques :
colloques, rencontres, groupes d’études, planches, etc. Ces travaux ne sont pas
seulement issus d’organes officiels des Obédiences mais également d’initiatives
« para-maçonniques » comme par exemple, les Rencontres européennes de
Luxembourg, la Comalace, la Fédération européenne de Franc-maçons, les groupes
de recherche comme le Groupe Bartholdi en Belgique, le Groupe Condorcet dans
le Nord de la France et tous ceux que l’on a oubliés ou qui restent trop discrets !
Tous ces travaux restent trop dispersés et trop fragmentés pour pouvoir
véritablement s’enrichir mutuellement. L’idéal serait de les regrouper par thèmes et
de mieux les diffuser.

Il y a encore une autre direction que pourrait prendre la communication du

CLIPSAS : la communication envers les FF et les SS de nos Obédiences
respectives.
Lorsque l’on interroge les FF et les SS dans leurs ateliers, certains connaissent le
nom « CLIPSAS », un peu moins savent ce que les initiales et leur contenu
signifient et très peu peuvent expliquer à leurs apprentis la raison d’être du
CLIPSAS, son rôle, ses travaux. Combien sont allés visiter le site qui reprend les
contributions à son colloque annuel ?
Comment faire boire ces chevaux qui n’ont pas soif ? C’est un véritable défi que
devra relever le CLIPSAS.
Naturellement, certaines Obédiences publient dans leurs brochures périodiques un
compte-rendu des réunions annuelles du CLIPSAS. Mais est-ce suffisant ?
Il faut certainement faire des efforts au sein des Obédiences, mais aussi du
CLIPSAS lui-même pour rendre plus vivant cet immense réservoir d’idées dont
regorge la maçonnerie en général : sites web, forums, etc.
C’est notre responsabilité à tous.