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Analyse du sujet
· Éléments de définition
® Idéal inaccessible = il semble a priori que l'un n'aille pas sans l'autre. En
effet, comme pour la perfection, l'idéal correspond bien plutôt à un élan de
la volonté qui tend à atteindre la finalité visée. L'idéal désigne, en tant
qu'adjectif, ce qui n'existe que dans la pensée (du grec idea « forme,
idée »). Mais c'est aussi ce qui réalise l'accomplissement parfait d'un type.
Synonyme de parfait. (Ex. de société idéale).
Pour Kant, un idéal est un être dont l'expérience ne fournit aucun exemple,
mais qui satisfait au concept d'une perfection donnée et sert de fondement
à certaines actions (en cela, l'idéal est toujours, dans les faits,
inaccessible). Ainsi, si la vertu est une idée, le sage est un idéal. L'Idée
donne la règle de l'action, l'idéal fournit un type, un modèle.
· Angle d'analyse
® C'est ici la notion de liberté de penser qui est ici mise à la question.
Consiste-elle, en effet, en un pouvoir penser tout ou n'importe quoi ? Et si
c'est le cas, est-ce possible ? Et peut-on parler d'un idéal ?
® La question porte moins sur le fait de déterminer si l'idéal de la liberté de penser a déjà
été pleinement atteint dans les faits que si elle est susceptible d'être réalisée. Et donc, en
creux, on se demande à quelles conditions on pourrait y parvenir ?
Problématique
Le problème de l'effectivité de la liberté de penser (de sa réalisation effective dans les faits)
se pose à deux niveaux : cet « idéal » peut-être inaccessible à cause d'une impossibilité
interne à la liberté de penser elle-même ou bien à cause de faits extérieurs (qui entravent
l'exercice libre de la pensée, j'entends par là notamment le problème de la liberté
d'expression).
La liberté de penser n'est-elle qu'un mythe ? Mythe entretenu afin de nous faire croire que
nous sommes capables d'autonomie dans nos raisonnements. Ou bien au contraire, la liberté
de penser ne trouve-t-elle pas son expression la plus profonde dans le fait de se donner à soi
sa propre règle ? La liberté de penser se situe-t-elle dans le résultat (le raisonnement abouti)
ou dans la démarche, démarche de réflexion active qui tend à remettre en cause préjugés et
opinion ?
Plan
· On ne peut pas faire comme si, dans les faits, la pensée n'était pas
contrainte, du moins comme si elle ne rencontrait aucun obstacle. En effet,
même non apparents, les obstacles sont nombreux : on naît toujours dans un
certain contexte, dans une certaine culture. Si l'on ne doit pas penser par
procuration (à travers le raisonnement des autres), on ne peut pour autant pas
faire comme si personne n'avait jamais pensé avant nous, comme si nous
n'appartenions pas à une culture donnée dans laquelle des canons de penser
sont fixés, au moins vaguement.
· L'idéal est ici défini comme quelque chose vers lequel on aspire sans jamais
être capable d'y parvenir. L'idéal contient l'idée de perfection. Or dans les faits,
il semble évident, a priori, qu'une telle perfection de la liberté de penser
(comme de toute liberté d'ailleurs) soit intenable.
· Cependant, faire de cet idéal une idée irréalisable c'est du même coup
encourager à la passivité intellectuelle, décourager les esprits critiques dont la
quête de l'autonomie totale semble vaine.
· On voit en réalité, qu'il faut redéfinir la liberté de penser : celle-ci n'est non
pas le pouvoir de penser ce qu'on veut, quand on le veut. Cela bien au
contraire s'appelle le caprice : car en effet, si la liberté de penser revient à la
possibilité de penser n'importe quoi dans n'importe quel ordre, elle s'oppose à
l'idée de se fixer des règles universelles et rationnelles de pensée. Ces
dernières sont pourtant au coeur de toute définition d'une liberté de penser, au
sens d'une autonomie de la pensée.
· L'idéal est donc non pas inaccessible mais sans arrêt à atteindre. On ne
peut pas dire que la liberté de penser soit un pouvoir, en son véritable sens,
acquis une fois pour toutes. Bien au contraire. Elle est activité de la pensée sur
elle-même et ce de façon permanente. Elle est donc remise en question
incessante.
· Si on ne peut pas nier que cet idéal de la liberté de penser pure est difficile
à effectuer en réalité, on ne doit pas pour autant (en droit) le considérer
comme inaccessible, car cela reviendrait à rejeter sa proprement liberté, en un
sens plus général.
Conclusion
® Redéfinition de la liberté de penser qui ne consiste pas en une absence totale d'obstacle à
la pensée capricieuse.
® Bien au contraire, et c'est là que se situe la difficulté comprise dans le terme d'idéal,
penser librement consiste en une autonomie de la pensée active et réflexive sur elle-même
et sur les contraintes extérieures.
® La liberté de penser, en tant qu'idéal, réside donc bien moins dans le résultat,
l'aboutissement du raisonnement, que dans la volonté d'autonomie, volonté active.
® Cet idéal est donc non pas inaccessible (car il serait vécu comme une fatalité de
l'incapacité à faire l'épreuve de sa liberté) mais est à cultiver car il est l'horizon auquel doit
sans cesse prétendre la pensée au risque de nier toute possibilité morale d'une quelconque
liberté.