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Institut National Polytechnique de Lorraine

Ecole Doctorale Ressources, Procédés, Produits et Environnement

Institut National de la Recherche Agronomique – Bordeaux


Unité d’Agronomie

THESE

Présentée pour obtenir le titre de Docteur de l’INPL, Spécialité Sciences Agronomiques

par

Armel GUIVARCH

Valeur fertilisante à court terme du phosphore


des boues de stations d’épuration urbaines

Soutenue le 13 juin 2001 devant la commission d’examen composée de :

Jean-Claude FARDEAU, Ingénieur de Recherches, INRA-Versailles Président


Emmanuel FROSSARD, Professeur, EPF Zurich Rapporteur
René MOLETTA, Directeur de Recherches, INRA-Narbonne Rapporteur
Anne CAUCHI, Docteur Ingénieur, Vivendi Water - Générale des Eaux Examinateur
Emmanuel SOYEUX, Ingénieur Agronome, Vivendi Water - Anjou Recherche Examinateur
Jacques WIART, Ingénieur, ADEME Angers Examinateur
Christian MOREL, Ingénieur de Recherches, INRA-Bordeaux Co-Directeur de Thèse
Jean-Louis MOREL, Professeur, ENSAIA/INRA Nancy Co-Directeur de Thèse

1
Résumé :

Les boues de stations d’épuration urbaines contiennent du phosphore (P) qui, s’il est
disponible pour les plantes, justifie leur utilisation en agriculture. Comme leur valeur
fertilisante (VF), i.e. biodisponibilité du P de la boue exprimée par rapport à celle du P
soluble dans l’eau, varie largement ou bien est inconnue, il est actuellement difficile de
raisonner leur utilisation. Les objectifs de ce travail étaient donc d’évaluer, d’analyser et
d’expliquer la variabilité de la VF de boues représentatives des différentes filières existant
en France.
La teneur moyenne de 80 échantillons de boues est de 20 g P kg-1 MS dont environ
85% sous forme minérale. La répartition des ions P entre phase solide et solution dépend
fortement des traitements subis par les boues ; ainsi, la quantité d’ions P en solution
avoisine 0.001 g P kg-1 MS pour les boues chaulées et 10 gP kg-1 MS pour certaines boues
biologiques. Les ions P isotopiquement échangeables en 3 mois (i.e. durée de prélèvement
d’une culture) représentent environ 30% du P total.
Des cultures de ray-grass en pots sous serre ont été réalisées sur deux sols traités
avec des boues. Le traçage isotopique des ions P du sol a permis de distinguer l’origine
(sol ou boue) du P absorbé. Une part de la variabilité des VF est liée au choix de
l’indicateur de biodisponibilité du P. L’évaluation la plus fiable de la biodisponibilité du P
pour une boue donnée est obtenue en considérant la contribution relative du P apporté à la
nutrition phosphatée (Pdff). La VF varie entre 36 et 110% (valeur moyenne 83%) dans 45
situations sol×boue incluant des études antérieures. Le P des boues biologiques avec ou
non un traitement spécifique de déphosphatation, et celui des boues physico-chimiques, a
une biodisponibilité proche de celle du P minéral soluble (VF moyenne de 87%). Sur ces
boues, l’apport de sels de fer et la digestion tendent toutefois à diminuer la VF alors que le
chaulage, même massif, n’a aucun effet. Le compostage et le conditionnement thermique
(45 min à 195°C sous 18 bars) des boues diminuent sensiblement leur VF. Pour ces
dernières, la VF diminue avec leur teneur en fer et augmente avec l’acidité du sol. La VF
est aussi fonction de l’effet de la boue sur la minéralisation nette de l’azote, ce qui appelle
des études plus poussées sur le couplage des cycles de l’azote et du phosphore.
Il n’y a pas de relation significative entre la caractérisation physico-chimique initiale
du P de la boue et sa VF. Par contre, il y a une relation significative étroite entre le Pdff et
la variation relative des quantités d’ions P transférés entre le sol et la solution après et
avant l’ajout de la boue au sol. Il est dès lors possible d’évaluer simplement et rapidement
la VF des boues par une méthode d’incubation des sols en conditions standardisées. Des
travaux complémentaires sont cependant encore nécessaires pour valider ce test en routine.
Les boues peuvent être considérées comme de véritables fertilisants phosphatés. Le
raisonnement actuel de leur épandage conduit à une accumulation de P biodisponible dans
les sols. Nos résultats permettent d’envisager un raisonnement de l’épandage des boues
d’après leur VF phosphatée. Néanmoins, une validation sur le long terme et dans les
conditions de plein champ est requise.

Mots clés : biodisponibilité, boues, épandage raisonné, fertilisation, phosphore, traçage


isotopique.

Summary :

2
Urban sewage sludges contain phosphorus, potentially available to crops, which
justifies their use in agriculture. But, there is a lack of knowledge on the relative
availability of P in sludge (RPA), i.e. plant availability of sludge P expressed in percentage
of that of water-soluble P, it is therefore difficult to manage sludge P application to
agricultural land. The RPA values varied with soils, sludge type and even experiments and
sometimes are unknown. The objectives were to evaluate, analyse and understand the
variability of RPA for different sludge representative of the diversity of french municipal
sewage treatment plants.
Average total P content of 80 sludge samples is 20 g P kg-1 DM, with 85% as
inorganic form. The amount of P ions in solution plus that onto sludge which is transferred
from sludge to solution in 3 months represent about 30% of total P for all sludge. However,
the repartition of P ion between liquid and solid phase highly depends on sludge treatment.
For example, about 0.001 g P kg-1 DM is in solution for limed sludge against 10 g P kg-1
DM for activated sludge.
Ryegrass was grown in greenhouse in two soils fertilised with sludge. Isotopic
labelling of soil P allowed us to distinguish the origin (soil or sludge) of the P taken up by
the crop. Variability of RPA is partly explained by the choice of the indicator of sludge P
availability to plant. The contribution of applied P to the plant nutrition (Pdff) is the most
reliable evaluation. RPA values ranged from 36 to 110% (average of 83%) in 45
soil/sludge systems including previous studies. Plant availability of P in activated, physico-
chemical, and biological removal P sludges is close to water soluble P (average RPA of
87%). Liming does not affect significantly RPA values. Anaerobic digestion and iron/alum
salts addition, composting and heat treatment (195°C under 18 bars during 45 min) slightly
reduce RPA. This decrease depends both on sludge factors such as carbon and nitrogen
mineralization kinetics, iron content, load in other elements, and also on soil factors, such
as soil pH.
There is no significant relationship between initial characterisation of sludge P and
RPA values. However, a tight relationship exist between Pdff and relative increase in the
transfer of P ions between soil and solution after applying sludge P. As a consequence,
RPA values can be easily and quickly determined by incubating one month soil and sludge
in standardised conditions. More studies are needed to validate this test in routine.
Sewage sludge is an effective source of P to plant. Currently, recommendation
system of sludge application to agricultural land lead to an accumulation of P in soils.
Accounting for the RPA values, a more appropriate P management fertilisation with sludge
is possible. However, the present RPA values, established for a short period of culture,
must be validate by evaluating the residual P availability in agricultural fields.

Keywords : plant-availability, sewage sludge, agricultural land, management,


recommendation, relative efficiency, fertilisation, phosphorus, isotopic labelling.

3
Je voudrai exprimer toute ma reconnaissance à l'INRA, plus précisément à l'unité
d'Agronomie de Bordeaux pour m'avoir accueilli dans ses locaux, financé et mis à ma disposition
le matériel nécessaire à l'accomplissement de ce travail. J'ai personnellement été financé par
Anjou Recherche et l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'énergie (ADEME), je
les remercie pour leur confiance.

Ce travail n'aurait pas été aussi complet et riche de conclusions sans l'aide indispensable
des 42 stations d'épuration urbaines et centres de compostage qui nous ont fourni les produits
(80) ainsi que de précieux renseignements sur leurs origines. Les personnes qui y ont participé
sont citées à la fin des remerciements. Il faut souligner le rôle essentiel des personnes travaillant
chez Anjou recherche et Sede-Environnement qui ont largement contribué à l'organisation de la
collecte des boues. J'en oublie certainement, j'espère qu'elles ne m'en tiendront pas rigueur. A
tous, j'adresse mes reconnaissances les plus sincères.

C'est grâce à ce partenariat réussit que les connaissances sur le devenir du phosphore
des boues de stations d'épuration urbaines dans un sol ont pu largement progresser. Les efforts
fournis aboutissent à des réponses opérationnelles pour mieux raisonner l'apport de phosphore et
ouvrent des perspectives scientifiques bien ciblées pour une gestion durable des déchets
organiques en agricultures.

Ce fut un honneur d'avoir comme président du jury, Jean-Claude Fardeau (INRA,


Versailles). Grand rénovateur de la caractérisation de l'offre en phosphore d'un sol. Maître
incontesté du traçage isotopique. Il a toujours jeté un œil garant sur mon travail et, malgré son
emploi du temps fort chargé, n'a pas tarit de conseils lors de la rédaction. Et bien je pourrai ne pas
tarir d'éloges pour lui. Je lui exprime mes plus respectueuses reconnaissances.

Emmanuel Frossard (École Polytechnique Fédérale de Zurich) est un grand spécialiste


de la nutrition minérale des plantes et plus précisément de la dynamique et de la spéciation du
phosphore dans les sols ; il a de surcroît souvent travaillé sur les boues. C'est avec bonheur que
j'ai appris qu'il acceptait de juger ce travail en tant que rapporteur. Qu'il reçoive toute ma gratitude.

Un avis d'expert en traitement des eaux et en boues a pu être porté sur ce travail
d'agronome grâce à René Moletta (INRA, Narbonne). Je lui adresse mes plus sincères
remerciements pour avoir accepté de juger ce travail en tant que rapporteur.

Je remercie Anne Cauchi, Docteur Ingénieur chez Vivendi Water - Générale des Eaux
(Paris), d'avoir accepté d'examiner ce travail.

Emmanuel Soyeux (Anjou Recherche, Saint Maurice) a été le dernier correspondant


privilégié d'Anjou Recherche. Il a suivi régulièrement ce travail jusque dans la rédaction du
manuscrit. Je le remercie également pour son aide morale. Marie-Astrid Tisseau (Anjou
Recherche) puis Marie Daguzan (Anjou Recherche) l'ont précédé avec autant d'implication. Le
dynamisme de Marie-Astrid Tisseau a permis d'élaborer rapidement en début de thèse des fiches
de renseignements sur les traitements des eaux et des boues ; ces fiches ont servi à décrire
rigoureusement l'origine des boues étudiées. Marie-Astrid Tisseau et Marie Daguzan se sont
toutes deux attelées au laborieux travail d'orchestration de la collecte des boues de cette étude. Je
remercie sincèrement ces trois personnes pour toute la persévérance et la disponibilité dont elles
ont fait preuve et ce malgré un certain éloignement géographique.

Jacques Wiart (ADEME, Angers) a toujours porté une attention toute particulière envers
mon travail. Il a fait en sorte qu'il soit reconnu et valoriser au-delà du domaine propre de la
recherche. Un gros effort de vulgarisation reste à faire, je sais qu'il sera à mes côtés. Son souci
d'interconnecter recherche et développement sur le terrain s'est également traduit par des envois
réguliers de documents plus techniques. Je lui adresse mes plus sincères remerciements.

Élise Bourmeau (CGEA-Valorisation agronomique, Paris) a été un catalyseur dans


l'élaboration du projet de recherche. Puis elle a toujours défendu l'intérêt de mon travail avec grand

1
professionnalisme. Elle a également activement participé à l'organisation de la collecte des boues
sans hésiter à faire jouer ses multiples connaissances. Je lui adresse mes plus chaleureux
remerciements. Merci enfin d'avoir pris le temps de me présenter le laboratoire d'Angibaud.

Bruno Carlotti (SEDE Environnement, Cergy Pontoise) a toujours montré un vif intérêt
pour mes travaux. Au travers des nombreuses conversations que nous avons tenues, il m'a fait
bénéficier de son expérience de terrain. Il s'est efforcer de faire remonter les véritables questions
que se posent les personnes chargées de l'épandage et les agriculteurs sur la valeur fertilisante
des boues. Sa participation dans tous les comités de pilotage nous a été fort bénéfique et
agréable. Je le remercie pour son engagement dans ce travail.

Jean-Claude Keromnès (laboratoire d'Angibaud, La Rochelle) a contribué de manière fort


pertinente au jugement de mon travail lors des comités de pilotage. Je l'en remercie vivement. Je
remercie également Marie-Laure Marcelle et le personnel d'Angibaud qui ont caractérisé la valeur
fertilisante de dix des boues étudiées dans ce mémoire par la méthode de Stanford et De Ment.

Je remercie Jean-Louis Morel (INRA, Nancy) de la confiance qu'il m'a accordée. Je lui
exprime ma respectueuse et sincère reconnaissance pour l'intérêt qu'il a manifesté pour ce sujet
de recherche.

Pour son implication quotidienne dans mon travail (week-end compris) Christian Morel
(INRA, Bordeaux) mérite ma reconnaissance la plus profonde. J'ai eu la chance d'être avec le
chercheur le plus avancé sur la caractérisation de la disponibilité du phosphore dans les sols.
Christian m'a fait partager sa passion de la recherche sans retenue, avec une qualité didactique
très appréciable. Son esprit de synthèse, m'a été d'un grand secours pour la rédaction du
manuscrit. Christian m'a donné beaucoup de son temps et de sa sueur dans ce travail, plus qu'il
n'en faut ; je lui dois beaucoup. Son dévouement est exemplaire, j'espère que beaucoup d'autres
thésards en profiteront, et qu'il en profitera aussi. Enfin, Christian a fait preuve d'une patience
remarquable. Il a toujours été à l'écoute de mes états d'âmes et a su me redonner le moral et le
courage nécessaire pour aboutir ensemble. Encore merci, Christian.

J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec Monique Linères (INRA, Bordeaux). Comme
Christian, elle a toujours été à mes côtés. Mais, tâche impossible pour Christian, elle a été une
présence féminine équilibrante, vecteur indispensable de bonne humeur et de décontraction. Merci
aussi, Monique, pour ton aide dans les expérimentations en vases de végétation (six des seize
boues testées en vase de végétation ont été suivies par Monique).

Sylvain Pellerin (INRA, Bordeaux) a fait bien plus que m'accueillir dans son équipe de
recherche. Il a suivi mon travail avec grand intérêt et le souci d'y faire ressortir la cohérence de la
démarche scientifique. Ses critiques et ses remarques m'ont permis de voir plus clair dans la
rédaction du manuscrit, à un moment où j'en avais bien besoin ; la version finale lui doit beaucoup.
Qu'il reçoive mes plus profonds remerciements.

Virginie Parnaudeau (INRA, Unité d'Agronomie de Châlons-Reims) a mesuré l'effet de


l'apport de boue sur la minéralisation nette d'azote et de carbone à partir d'un sol. Cette étude a
été réalisée sur neuf des boues étudiées dans cette thèse. Je la remercie pleinement pour cet
important travail, d'autant qu'il ouvre de nouvelles perspectives. Je garderai un souvenir fort
sympathique de nos échanges.

Éric Martin (INRA, Bordeaux), grâce à qui le laboratoire radioélément est tenu
impeccablement, m'a formé à la méthode des cinétiques de dilution isotopique. Il a aussi réalisé
180 dilutions isotopiques sur des échantillons de sols fertilisés avec des boues. Qu'il reçoive ici
mes plus vifs remerciements.

Je tiens à remercier les laboratoires d'analyses des sols de l'INRA d'Arras d'une part et
d'analyses végétales d'autre part (LERMAVE, INRA, Bordeaux). Ils ont réalisé respectivement
l'essentiel des analyses élémentaires des boues et les mesures de teneur en azote des végétaux.
Leur rapidité, malgré une montagne d'échantillon à analyser, a été appréciable.

2
Un grand merci au dévoué Jean-Marie Esvan, au joyeux grincheux Jeannot et au bricoleur
de génie Stéphane Thunot. Ils ont toujours été là pour répondre à des questions techniques et
matérielles, notamment pour mettre en place le système d'arrosage automatique des vases de
végétation. Ils ont agréablement rythmé ma vie au laboratoire par leur sympathie et leur bonne
humeur contagieuse.

Pour la gestion de toutes les questions administratives et des paperasseries au combien


touffues, je tiens à remercier Claude Bonnet et Nicole Karrash (INRA, Bordeaux), Liliane Laurent et
Mme Lerouvillois (INRA, Nancy) et Éliane Jalot (Cellule thèses, ADEME, Angers).

Je garde un très agréable souvenir d'Elisabeth Kvarnström et des conversations passionnantes sur
le phosphore que nous avons tenu. Merci Elisabeth de m'avoir impliqué dans une de tes
nombreuses publications.

Des échantillons de sol fertilisés avec des boues ont été collectés dans cinq essais de
valorisation agricole des boues, en plein champ. Ce travail a pour but d'apporter des réponses
quant au devenir à moyen et long terme du phosphore des boues dans les sols. Même si le fuit de
ce travail ne figure pas dans cette thèse, j'adresse mes plus vifs remerciements aux personnes
impliquées et plus particulièrement : Christophe Schwartz (essai de La Bouzulle, INRA, Nancy),
Anne Schaub (Essai d'Ensisheim, MVAD68 Colmar), Serge Bourgeois (essai de Paris Grignon,
INRA), Lars Ericson (essai basé à Umea, Suède), et enfin l'équipe de Sylvain Pellerin (essai de
Pierroton, INRA, Bordeaux).

J'ai par ailleurs bénéficié de nombreux conseils et avis scientifiques de la part des
chercheurs de l'équipe TCEM. Merci a André Schneider pour ses discussions passionnantes mais
souvent déroutantes et ses sauts d'humeurs de 18h30, aboutissement d'une journée de mûre
réflexion. Merci à Pascal Denoroy, dit Pascalus Universalis, au savoir encyclopédique. Merci pour
ces moments forts sympathiques à la cantine qui me sortaient de ma torpeur. Merci à Alain Mollier
pour son aide informatique, et son agréable compagnie.

Lionel Jordan (Enseignant chercheur ENITA de Bordeaux et INRA) m'a permis de donner
un cours sur la valeur fertilisante des boues aux élèves de deuxième année de l'ENITA Bordeaux ;
je l'en remercie vivement, ce fut pour moi une expérience exaltante et riche d'enseignements.

Philippe Hinsinger (INRA, Montpellier) a été mon premier encadrant à l'INRA, il y a bien
longtemps déjà… mais il m'a toujours soutenu durant ce périple.

3
Je remercie les thésards du laboratoire Sol et Environnement (INRA, Nancy) pour leur aide
au combien précieuse dans les ultimes préparatifs de la soutenance, ainsi que leur accueil
chaleureux et leur soutien. Merci en particulier à Nicolas et Carine.

Ces trois années ont été très riches de rencontres et de moments inoubliables, ho combien
réconfortants et équilibrants. Ceux-là même qui font aimer la vie. Je souhaite mes meilleurs vœux
à:

Benoît, Lionel et Antoinette, François et Murielle, Marina, Alexandre, Éric et Anne, Hugues,
Mepi, Raphaëlle, Pascale, Sébastien, Bruno, Nevile, Sylvie et tous les participants à DQV.

Mon grand ami Philippe.

Mention spéciale à Stéfany et aux Agrotes Marie et Sophie.

Que de moments extraordinaires passés avec Jacques à la recherche des raretés


fongiques. Ha ! L'odeur d'huître du Rhodocybe malançoni, celle de crevette de l'Inocibe haemacta,
celle de poire de l'Inocybe piriodora. Ha ! Les délicats revêtements des petites Lepiota ; l'inimitable
L. idaefragum. Le rose intense des lames de l'Agaricus devoniensis, le rouge saturé des pores de
Boletus rhodoxanthus. J'aurais bien aimer admirer l'Hygrocybe calyptraeformis, ce sera pour une
autre fois. L'excitation de la découverte et l'émerveillement auront toujours été au rendez-vous, des
dunes de Soulac à la pointe de Grave, des vallées landaises aux montagnes de Porquerolles, du
parc de Bordeaux Lac au Château de Fougères. Jacques m'a toujours transmis ses connaissances
avec enthousiasme. Intarissable Jacques. C'est une chance précieuse d'avoir été au contact de ce
grand mycologue. Que de riches moments passés en sa compagnie, j'espère qu'il y en aura
d'autres.

Avec Céline et Stéfan, notre groupe de trekkeurs avait fier allure. Les Pyrénées nous ont
dévoilés quelques-uns de leurs plus beaux secrets, ils sont maintenant souvenirs délicieux. A
quand les 4000 des Alpes ?

Bon vent à Hervé et Nathalie pour ces moments d'évasion entre bassin d'Arcachon et banc
d'Arguin et les soirées conviviales en campagne bazadaise.

Merci Karine.

Tous mes remerciements à :

UDEP (Aime La Pagne), SARL CEC et Mr. B. Perque SEDE (Aix en Provence et Vinon sur Verdon), Mr.
Spinelli SFDE (Annet sur Marne), Mr. Biscaye (Antibes), Mr. Tanière (Auvers sur Oise), Mr. Capdeville SIBA
(Biganos), Mr. Delhurenne et Mr. Blanchard (Blois), Mr. Hangouet Lyonnaise des Eaux (Bordeaux Clos de
Hilde), Mr. Hoan (Cergy Pontoise), Mr. Tarrago (Cestas), Mr. G. Hamelin (Chartres), Mr. J.R. Delbende SEDE
et Mr. Desmis (Douai), Step de Grand Couronne, Mr. J.M. Loubet (Gratentour), Mr. Debeaulieu (Lagny), Step
de La Roche sur Yon, Mr. Lacour (Le Beausset), Mr. Randozzo (Maisoncelle et Trilbardou), Mr. T Chantreau
Loire 21 Arc en Ciel (Nantes), Mr. Crestey (Narbonne), Mr. P. Bouché (Perpignan), Step de Port Vendres, Mr.
E. Quintin SEDE (Reims), Ville de Rennes services assainissement et Mme Pesnet CREED (Rennes), Mme
Rozier Ville de Saint Brieuc service eaux et assainissement et Mr. Charles (Saint Brieuc), Mr. Morel SEDE et
Mr. Garcia (Saint Cyprien), Mr. A. David (Saint Jean d'Illac), Mr. J. Janti (Sanary Bandol), Mr. B. Carlotti et Mr.
C. Bacholle (Seine Aval), Mr. Porcu (Soissons), Mr. Lacour SEDE et Mr. Marchini (Toulon est), Mr. Tournier
SEDE (Toulouse), Mr. Boncourt (Trois Frontières), Mme. Duplessis ESA Val Pompadour (Valenton), Mr.
Castelli et Mr. H. Lefèbvre (Var), Mme S. Dumortier SEDE et Mme. Perchenet (Versailles), Mlle. C. Meslong
(Vitré).

4
Sommaire

I. INTRODUCTION GENERALE.................................................................................................... 11

I.1. LES BOUES DE STATION D’EPURATION : UNE PRODUCTION EN PLEINE CROISSANCE ..................11
I.2. LES DIFFERENTES FILIERES D’ELIMINATION, INTERETS, LIMITES ET EVOLUTION PROBABLE ........11
I.3. QUESTIONS POSEES RELATIVES A L’EPANDAGE DES BOUES ...................................................15
I.4. COMMENT RAISONNER L’EPANDAGE DES BOUES PAR RAPPORT AU P ? – DEFINITION DE
L’OBJECTIF PRINCIPAL DE LA THESE. ................................................................................................16

I.5. CONNAISSANCES SUR LE PRELEVEMENT DU P PAR LES PLANTES ET DEFINITION DE LA DEMARCHE


SCIENTIFIQUE MISE EN ŒUVRE POUR REPONDRE A L’ OBJECTIF PRINCIPAL. ...........................................17

II. ELEMENTS D’ANALYSE DE LA PROBLEMATIQUE DE LA BIODISPONIBILITE DU


PHOSPHORE DES BOUES ................................................................................................................... 21

II.1. LES TRAITEMENTS DES EAUX USEES ET DES BOUES ..........................................................21


II.1.1. La composition des eaux usées............................................................................................ 21
II.1.2. Les traitements des eaux usées (Figure 2)............................................................................ 23
II.1.2.1. Les prétraitements des eaux usées ................................................................................................. 23
II.1.2.2. La décantation primaire ................................................................................................................ 23
II.1.2.3. Les traitements biologiques des eaux usées.................................................................................... 23
II.1.2.4. La déphosphatation poussée des eaux usées par voie biologique..................................................... 25
II.1.2.5. Les traitements physico-chimiques et les traitements mixtes des eaux usées.................................... 27
II.1.2.6. La clarification des eaux usées traitées et la récupération des boues................................................ 29
II.1.3. Les traitements des boues (Figure 5)................................................................................... 31
II.1.3.1. La stabilisation des boues.............................................................................................................. 31
II.1.3.2. Conditionnement et réduction de la teneur en eau des boues........................................................... 33
II.1.3.3. L’hygiénisation des boues............................................................................................................. 33
II.1.4. Représentativité des différents types de boues en France ..................................................... 35
II.2. LE PHOSPHORE DANS LES BOUES DE STATIONS D’EPURATION URBAINES .............................37
II.2.1. Les origines et la spéciation du phosphore des eaux usées................................................... 37
II.2.2. La teneur en phosphore des boues....................................................................................... 37
II.2.3. La spéciation du phosphore dans les boues ......................................................................... 39
II.2.3.1. Les techniques d’analyse utilisées ................................................................................................. 39
II.2.3.2. Les formes et les quantités de phosphore minéral des boues ........................................................... 43
II.2.3.3. Les formes et les quantités de phosphore organique dans les boues................................................. 47
II.2.3.4. Le phosphore dans les boues issues d’un traitement de déphosphatation poussée des eaux usées par
voie biologique ou mixte.............................................................................................................................. 47
II.2.3.5. Les effets de la stabilisation anaérobie (digestion) sur la spéciation du phosphore des boues ........... 51
II.2.3.6. Les effets des autres traitements des boues sur la spéciation du phosphore des boues ...................... 53
II.3. EVALUATION DE LA BIODISPONIBILITE DU P DES BOUES .....................................................57
II.3.1. Présentation du système sol/boue/plante.............................................................................. 57
II.3.1.1. Nécessité d’un transfert de P phase solide / solution et notion d’offre en P..................................... 57
II.3.1.2. Processus intervenant dans le prélèvement de P à partir d’une boue................................................ 61
II.3.2. Evaluation par les réponses culturales ................................................................................ 63
II.3.2.1. Principes ...................................................................................................................................... 63
II.3.2.2. Biodisponibilité du P des boues évaluée par les techniques non isotopiques.................................... 65
II.3.2.3. Evaluation par le P prélevé à partir de la boue................................................................................ 69
II.3.3. Evaluation par l’offre en P des boues.................................................................................. 75
II.3.3.1. Les différentes approches de mesure de l’offre en P....................................................................... 75

5
II.3.3.2. Evaluation par le phosphore extractible des boues.......................................................................... 75
II.3.3.3. Evaluation par la mesure du transfert des ions P entre la phase solide et la solution......................... 77
II.4. PROBLEMATIQUE SCIENTIFIQUE ET OBJECTIFS DE RECHERCHE ...........................................85

III. MATERIEL ET METHODES....................................................................................................... 95

III.1. MATERIEL .....................................................................................................................95


III.1.1. Boues ................................................................................................................................. 95
III.1.1.1. Fiches de renseignements sur les traitements des eaux et des boues ........................................... 95
III.1.1.2. Origines et filières de production.............................................................................................. 95
III.1.1.3. Préparation des boues .............................................................................................................. 97
III.1.1.4. Analyses générales .................................................................................................................. 97
III.1.2. Sols .................................................................................................................................... 99
III.2. MESURE DES IONS PHOSPHATE ISOTOPIQUEMENT ECHANGEABLES DES BOUES ....................99
III.2.1. Principe de la cinétique de dilution isotopique des ions P.................................................... 99
III.2.2. Protocole.......................................................................................................................... 101
III.2.2.1. Constitution des suspensions de boues.................................................................................... 101
III.2.2.2. Suivi de la cinétique de dilution isotopique des ions P............................................................. 103
III.2.2.3. Dosage des ions P en solution ................................................................................................ 103
III.2.3. Calcul de la quantité d’ions P isotopiquement échangés.................................................... 105
III.2.4. Influence de l’apport de boues sur les ions phosphate isotopiquement échangeables du sol 107
III.2.4.1. Evolution des quantités d’ions P isotopiquement échangeables en fonction de la durée
d’incubation 107
III.2.4.2. Quantités d’ions P isotopiquement échangeables de mélanges de sol et de boue après 28 jours
d’incubation 109
III.2.4.3. Détermination de la quantité d’ions P isotopiquement échangeables des mélanges de sol et de
boues 109
III.3. DETERMINATION DU P DE LA BOUE PRELEVE PAR LA PLANTE AU MOYEN DU TRAÇAGE
ISOTOPIQUE DES IONS P DU SOL ....................................................................................................111
III.3.1. Principe............................................................................................................................ 111
III.3.2. Mise en œuvre expérimentale ............................................................................................ 113
III.3.2.1. Sols et produits testés............................................................................................................. 113
III.3.2.2. Marquage des ions P du sol au 32P et constitution des mélanges de sol et de boue .................... 113
III.3.2.3. Mise en culture et récolte ....................................................................................................... 115
III.3.2.4. Analyses sur les plantes ......................................................................................................... 115
III.4. DETERMINATION DU CARBONE ET DE L'AZOTE MINERALISES DANS DES MELANGES DE SOL ET
DE BOUE 117
III.4.1. Dispositif et mesure de minéralisation du carbone............................................................. 117
III.4.2. Dispositif et mesure de minéralisation de l'azote ............................................................... 117
III.4.3. II.2.- Expression des résultats ........................................................................................... 119
III.5. ANALYSES STATISTIQUES .............................................................................................119

IV. RESULTATS ET DISCUSSION.................................................................................................. 123

IV.1. TYPOLOGIE DU PHOSPHORE DES BOUES EN RELATION AVEC LES FILIERES DE PRODUCTION .123
IV.1.1. Teneur en phosphore total, organique et minéral sur la matière sèche ............................... 123
IV.1.1.1. Teneur en P total ................................................................................................................... 123
IV.1.1.2. Le phosphore organique......................................................................................................... 131
IV.1.1.3. C/N, C/P ............................................................................................................................... 133
IV.1.2. Phosphore extractible à l’eau et phosphore Olsen ............................................................. 135
IV.1.2.1. P extractible à l’eau. .............................................................................................................. 135
IV.1.2.2. P extrait par la méthode Olsen................................................................................................ 141

6
IV.1.2.3. Relation avec le fer, l’aluminium et le calcium total................................................................ 145
IV.1.3. Transfert phase solide / solution des ions P des boues en fonction des traitements ............. 147
IV.1.3.1. Description des quantités d’ions P des boues isotopiquement échangés en fonction du temps ... 147
IV.1.3.2. Impact des traitements sur les quantités d’ions P isotopiquement échangeables par grandes
catégories de boues.................................................................................................................................... 149
IV.1.4. Facteurs chimiques modulant les transferts phase solide / solution des ions P des boues.... 157
IV.1.4.1. Effet des ions P en solution sur les quantités d’ions P isotopiquement échangeables des boues 157
IV.1.4.2. Incidences du pH sur les quantités d’ions P isotopiquement échangeables des boues................ 165
IV.1.5. Conclusions...................................................................................................................... 171
IV.2. ANALYSE DU PRELEVEMENT DE P ET VALEUR FERTILISANTE PHOSPHATEE A COURT TERME DES
BOUES 175
IV.2.1. La production de matière sèche et le prélèvement de phosphore total................................. 177
IV.2.2. Composition isotopique du phosphore prélevé................................................................... 181
IV.2.2.1. Evolution de la composition isotopique en fonction des coupes et déduction du phosphore issu de
la graine 181
IV.2.2.2. Estimation de la participation du P de la graine à la nutrition phosphatée................................. 181
IV.2.2.3. Quantité de P biodisponible du sol ......................................................................................... 183
IV.2.3. Analyse de l’origine du phosphore prélevé ........................................................................ 187
IV.2.3.1. Quantités de P prélevé du sol par la plante avec ou sans boue.................................................. 187
IV.2.3.2. Phosphore prélevé de la boue, CRU et Pdff ............................................................................ 193
IV.2.4. La valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues de stations d’épuration ............. 197
IV.2.4.1. Influence du choix de l’indicateur de biodisponibilité sur la valeur fertilisante phosphatée ....... 197
IV.2.4.2. Influence des procédés de traitement sur la valeur fertilisante phosphatée des boues ................ 203
IV.2.4.3. Influence du sol sur la valeur fertilisante phosphatée des boues ............................................... 211
IV.2.4.4. Analyse généralisée de la variabilité de la valeur fertilisante phosphatée des boues.................. 211
IV.2.5. Conclusions...................................................................................................................... 215
IV.3. T ENTATIVE DE MISE AU POINT D’ UN OUTIL DE DIAGNOSTIC DE LA VALEUR FERTILISANTE
PHOSPHATEE DES BOUES ..............................................................................................................217
IV.3.1. Valeur fertilisante phosphatée des boues et caractérisation du phosphore des boues.......... 217
IV.3.1.1. Extraction du P de la boue par les méthodes Olsen, Dyer, Joret Hébert.................................... 217
IV.3.1.2. Mobilité des ions P des boues ................................................................................................ 221
IV.3.2. Variation de quantités d’ions P isotopiquement échangeables du sol suite à un apport de
boues 223
IV.3.2.1. Evolution en fonction de la durée d’incubation de la mobilité des ions P d’un sol après apport de
boues 225
IV.3.2.2. Origine de l’accroissement des quantités d’ions P isotopiquement échangeables des sols suite à
l’apport de boues ....................................................................................................................................... 229
IV.3.2.3. Contribution du P des boues aux quantités d’ions P isotopiquement échangeables du système
(sol+boue) 237
IV.3.3. Conclusion et discussion................................................................................................... 241
V. SYNTHESE ET CONCLUSIONS GENERALES ....................................................................... 247

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.............................................................................................. 255

TABLE DES FIGURES ........................................................................................................................ 269

LISTE DES TABLEAUX...................................................................................................................... 273

ANNEXES ..............................................................................................................................................275

7
Liste des abréviations

P : phosphore. La quantité de phosphore est exprimée par rapport à


l’élément phosphore et non par rapport à P2O5.
Masse de P2O5 = 2.2911 * masse de P.
Ions P : désigne les ions phosphates.

DBO : demande biologique en oxygène


MES : matières en suspension

Porg : phosphore organique


Pm : phosphore inorganique
Cp : concentration des ions P en solution (mg P l-1)
PH2O : quantité d’ions P extrait à l’eau (g P kg-1 MS)
R : quantité de radioactivité introduite.
rt : quantité de radioactivité restant en solution au cours du temps.
Et : quantité d’ions P isotopiquement échangés (g P kg-1 MS).

CI : composition isotopique du phosphore (dans les plantes, dans la


solution du sol, etc., …).
PP : phosphore total prélevé par la plante (mg P kg-1 sol).
Psol : phosphore prélevé par la plante et provenant du sol (mg P kg-1 sol).
Papp : phosphore prélevé par la plante et provenant de l’apport (mg P kg-1
sol).
CRU : coefficient réel d’utilisation (%).
Pdff : part du phosphore prélevé provenant de l’apport (%).
L : valeur Larsen ou ensemble du P du système sol-plante
potentiellement prélevable par la plante (mg P kg-1 sol).
VF : valeur fertilisante phosphatée (%).

8
I INTRODUCTION GENERALE

9
Tableau 1 : production de boues des pays de l’Union Européenne (plus la Suisse) et voies
d’élimination en 1990 (Madoui, 1997 ; OTV, 1997).

Production de DESTINATION (%)


PAYS boues Valorisation
-1 Décharge Incinération Rejet en mer
(tonne MS an ) agricole
Allemagne 2 500 000 54 32 14 -
Royaume Uni 1 075 000 8 55 7 30
France 850 000 25 55 20 -
Italie 800 000 55 34 11 -
Espagne 350 000 50 10 10 30
Pays-bas 335 000 63 31 5 -
Suisse 270 000 5 50 45 -
Grèce 240 000 90 10 - -
Suède 200 000 40 60 - -
Autriche 170 000 35 31 34 -
Danemark 170 000 12 67 21 -
Finlande 150 000 75 25 - -
Norvège 95 000 44 56 - -
Belgique 60 000 55 30 15 -
Irlande 36 000 34 23 - 43
Portugal 25 000 28 11 - 61
Luxembourg 15 000 13 87 - -
Total U.E. + 40.3 39.2 10.7 9.6
7 341 000
Suisse Moyenne

Tableau 2 : évolution passée et future de la production de boues urbaines (OTV, 1997).


Année Production de boues estimée (millions de tonnes de MS)

Europe France

1984 5.6
1992 6.5 0.85
1998 7 1
2005 15 à 20 1.3

10
Introduction générale

I. INTRODUCTION GENERALE

I.1. Les boues de station d’épuration : une production


en pleine croissance
Dans les pays menant des politiques d’assainissement des eaux usées urbaines, la
production de boues résiduaires dans les stations d’épuration urbaines représente
d’importants tonnages. En 1990, la production annuelle était en France d’environ 850 000
tonnes de matière sèche et plus de 7 millions de tonnes à l’échelle européenne (Tableau 1).
Par ailleurs, la prise de conscience de la nécessité de protéger les ressources naturelles en
eaux, matérialisée par une législation de plus en plus ambitieuse sur l’efficacité de la
collecte et des traitements des eaux usées, entraînent une augmentation importante et
rapide de la production de boues (Tableau 2).

I.2. Les différentes filières d’élimination, intérêts,


limites et évolution probable
Les principales voies possibles d’élimination de ces déchets sont la mise en
décharge, l’incinération et l’épandage sur sol agricole (Tableau 1). Cette dernière voie
d’élimination répond à des enjeux agronomiques, économiques et environnementaux
généralement plus avantageux qu’une mise en décharge ou l’incinération (Agence de l’eau,
1999). Compte tenu de l’interdiction future de la mise en décharge et du rejet en mer des
boues, l’épandage en agriculture apparaît comme la voie durable de transformation et de
recyclage (Directive du 21 mai 1991 et arrêté du 13 juillet 1992). De plus l’épandage se
positionne comme la voie d’élimination la moins coûteuse pour le consommateur d’eau et
génère de nombreux emplois (Agence de l’eau, 1999 ; Wiart et al., 1999).
De part leur origine, les boues contiennent des matières organiques et des éléments
nutritifs majeurs ou mineurs. L’épandage sur sols agricoles permet donc de valoriser et de
recycler les éléments nutritifs originaires du sol. Dans le cas du phosphore (P) ce recyclage
est particulièrement important puisque le P est une ressource limitée et non renouvelable
du globe (Driver et al., 1999) ; il permet aussi d’économiser en partie l’utilisation des
engrais minéraux coûteux pour l’agriculteur. Compte tenu des taux de collecte et de
déphosphatation des eaux usées les boues représentent un gisement en P équivalent à
environ 4% du P apporté aux sols agricoles sous forme d’engrais minéraux, mais
pourraient représenter 13% d’ici 2005 en respectant les taux de collecte et de
déphosphatation prévus par la directive européenne 91/271 (Figure 1).

11
Quantités de P estimées au début des années 90.

Production de boues : 852 000 tonnes de MS Dans les boues de


(2) = 18 744 tonnes P* par an
et teneur moyenne en P* de 2.2% stations d’épurations
(3)
Engrais P minéraux épandus = 450 000 tonnes P* par an
(4)
Déjections animales épandues = 370 000 tonnes P* par an * (P2O5) = (P) X 2.3

Quantité de P théorique en 2005 dans les boues après application de la directive européenne 91/271.

-1 -1 (1) Dans les eaux usées


Rejet de P dans les eaux usées : 4 g j hab = 87 600 tonnes P* par an
domestiques
(60 millions d’habitants)

(6)
Eaux usées arrivant à la station : 80%

Dans les stations


= 70 080 tonnes P* par an
d’épuration urbaines

Rendement d’épuration moyen en P en


appliquant la directive Européenne 91/271 du
21 mai 1991 : 86% (5)

Théoriquement dans
= 60 270 tonnes P* par an les boues de stations
d’épuration en 2005
Figure 1 : gisements de P originaires des activités humaines comparés à la quantité de P
des engrais minéraux et déjections animales. Situation au début des années 90 et situation
(1)
envisagée à partir de 2005 en France. arrêté du 10 décembre 1991, une incertitude demeure
(2) (3)
cependant sur l’évolution de cette quantité d’ici 2005 ; Perrin et Impens, 1992 ; Maréchal,
1993 ; (4) Sommelier et al., 1996. (5) Scope Newsletter 34, 1999. (6) OTV, 1997.

12
Introduction générale

Tableau 3 : principaux textes français et communautaires contrôlant l’épandage des boues


de stations d’épuration sur les sols agricoles.

DROIT COMMUNAUTAIRE DROIT FRANCAIS

15 juillet 1975 Boues = déchets 15 juillet 1975 Boues = déchets


13 juillet 1979 Boues = produit si elles répondent à la norme NFU 44-
041 (publiée par l’AFNOR)
12 juin Réglementation de
1986 l’épandage des boues en
agriculture
29 août 1988 Application obligatoire de la norme NF U 44-041
21 mai Traitement des eaux
1991 usées, zones sensibles,
mise en décharge
interdite en 2002
12 déc. Directive nitrates
1991
23 déc. Standardisation des
1991 rapports d’épandage
3 janvier 1992 Loi sur l’eau.
13 juillet 1992 Suppression des décharges de classe 2 en 2002 :
donc, à priori, plus de possibilité de mise en décharge
des boues résiduaires urbaines en 2002.
29 mars 1993 Nomenclature et seuils (art. 10 de la loi sur l’eau)
27 août 1993 Décret concernant la protection de la pollution des eaux
par les nitrates d’origine agricole. Zones sensibles.
Code de Bonnes Pratiques Agricoles (CBPA).
22 nov. 1993 Arrêté d’application relatif au CBPA. Raisonnement de
la fertilisation, périmètre et périodes d’épandage (en
fonction des cultures, des types de sols, de la
topographie, etc…).
23 nov. 1994 Délimitation des zones sensibles
4 et 7 mars Décret concernant la protection des eaux et les
1996 programmes d’actions à mettre en œuvre dans les
zones vulnérables.
9 sept. 1997 Arrêté. Conditions de mises en décharge des boues.
8 déc. 1997 Réglementation de l’épandage des boues issues du
traitement des eaux usées en agriculture.
8 janvier 1998 Arrêté d’application du décret du 8 décembre 1997.
2 février 1998 Abrogation de l’arrêté de mise en application obligatoire
de la norme NFU 44-041
Courant Projet de révision de la
2000 directive du 12 juin 1986

13
Tableau 4 : conséquences de la stratégie de fertilisation à partir de boues sur les bilans
culturaux azotés (N) et phosphatés (P).

Stratégies de MS apportée N apporté P apporté


-1 -1 -1 -1 -1 -1
fertilisation (t ha an ) (kg ha an ) (kg ha an )
Conclusion
Teneur moyenne dans
-1 N = 50 P = 20
une boue (kg t MS)

Apport de 3 tonnes de
3 150 60 Beaucoup d’N en un seul apport
MS ha-1an-1 *
2 fois trop de P et possibilité d’un
Bilan ** - 50 + 30
deuxième apport d’N

Raisonnement par
4 200 80 Beaucoup d’N en un seul apport
rapport à N
Bilan ** 0 + 50 2.6 fois trop de P

Raisonnement par
1.5 75 30
rapport à P
Possibilité d’un deuxième apport d’N
Bilan ** - 125 0 -1
(125 kg ha ) sous forme minérale
* soit 30 tonnes de MS par hectare sur 10 ans ce qui correspond à la dose maximale autorisée par l’arrêté du
8 janvier 1998
-1 -1 -1 -1
** exportations par les plantes fixées à 30 kg P ha an et 200 kg N ha an

14
Introduction générale

I.3. Questions posées relatives à l’épandage des


boues
La quantité de textes de loi, européen ou français, relatifs à l’épandage des boues en
agriculture (Tableau 3) parus depuis une vingtaine d’années montre que le contrôle de
l’épandage a toujours été une préoccupation. Cette préoccupation est principalement due
au fait que les boues sont des déchets et qu’elles sont susceptibles d’apporter des éléments
indésirables, tels que des micro polluants métalliques et organiques ainsi que des germes
pathogènes dont il faut maîtriser les flux pour garantir l’innocuité vis à vis des sols, des
productions et plus généralement de l’environnement. Les textes fondamentaux en vigueur
actuellement en France, spécifiques à l’épandage des boues sur sols agricoles, sont le
décret du 8 décembre 1997 et son arrêté d’application du 8 janvier 1998.
Ces textes visent également à ce que les boues soient correctement utilisées en
terme de matières fertilisantes, afin de répondre à un double objectif : d’une part, garantir
la production optimale que l’agriculteur est en droit d’attendre en remplaçant ses engrais
habituels et, d’autre part éviter l’accumulation d’azote et de phosphore dans les sols
synonyme de pollution des ressources en eau. Ainsi, sans vraiment parler de raisonnement
de la fertilisation à partir des boues, l’article 7 de l’arrêté du 8 janvier 1998 stipule, entre
autres, que la dose de boue à épandre « est calculée sur une période appropriée par rapport
au niveau de fertilité des sols et aux besoins nutritionnels des plantes en éléments
fertilisants, notamment le phosphore et l’azote (…) » ; elle doit aussi être « compatible
avec les mesures prises au titre du décret du 4 mars 1996 » relatif aux programmes
d’action à mettre en œuvre dans les zones vulnérables (décret du 27 août 1993) afin de
réduire la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole. Les textes incitent donc
bien plus à raisonner la fertilisation par rapport à l’azote qu’au phosphore contenu dans les
boues. Néanmoins, une première analyse en terme de bilan d’azote et de phosphore aboutit
aux conclusions suivantes (Tableau 4) : des épandages réalisés sur la base de la dose
maximale de MS autorisée par la loi (arrêté du 8 janvier 1998) apportent 2 fois plus de P
que ce qui est exporté par une culture, de même, une dose raisonnée en fonction des
besoins en N en apporte 2.6 plus. Ainsi, bien que ce ne soit pas stipulé dans les textes,
baser le raisonnement de la dose d’apport de boues sur le P est fortement souhaitable, et ce
d’autant plus que le P est le principal facteur de déclenchement de l’eutrophisation dans les
eaux douces.

15
I.4. Comment raisonner l’épandage des boues par
rapport au P ? – Définition de l’objectif principal
de la thèse.
Le but de la fertilisation phosphatée est d’assurer une alimentation phosphatée de la
plante non limitante du rendement en complétant l’offre en P du sol. Durant les dernières
décennies, de nombreux essais de fertilisation en plein champ ont été réalisés afin de
permettre aux agronomes de définir les doses et les formes optimales de P à apporter. Dans
l’état actuel des connaissances, la dose est établie à partir d’une relation entre un indicateur
de rendement et un indicateur de biodisponibilité du P du sol (extraction chimique).
L’analyse de cette relation permet de proposer des valeurs seuils de teneurs souhaitables
dans le sol (Morel et al., 1992 ; COMIFER, 1995) qui sont modulées en fonction du type
de sol et de l’espèce végétale considérée (exigence de la culture). Différentes doses
d’apports sont préconisées ensuite selon que la parcelle de l’agriculteur se trouve au delà
ou en deçà des valeurs seuil, puis selon le passé récent de fertilisation phosphatée. La dose
de P à apporter est définie pour des engrais minéraux dont tout le P est soluble dans l’eau.
Mais dans le cas des boues dont le P est présent sous de multiples combinaisons,
quelle dose de P faut-il choisir d’apporter ? Il n’est pas envisageable de relancer un réseau
d’essais exclusivement consacrés aux boues compte tenu du fait qu’il en existe une
multitude. La démarche est donc de comparer la biodisponibilité du P des boues à celle du
P soluble eau afin de calculer un coefficient d’équivalence entre les deux formes de P. Ce
coefficient d’équivalence, encore appelé valeur fertilisante phosphatée, permet de calculer
la dose de P à apporter sous forme d’une boue à partir de la dose préconisée de P soluble
pour une situation donnée. De précédentes études ont mis en évidence une forte variabilité
de la valeur fertilisante phosphatée des boues sans toutefois arriver à l’expliquer de
manière mécaniste (Sommelier et al., 1996).

Le principal objectif de ce travail est donc d’acquérir de nouvelles données sur la


valeur fertilisante phosphatée des boues dans le but d’analyser et de comprendre l’origine
de sa variabilité puis de proposer une méthode d’évaluation de la valeur fertilisante
phosphatée des boues robuste et facile à mettre en œuvre.

16
Introduction générale

I.5. Connaissances sur le prélèvement du P par les


plantes et définition de la démarche scientifique
mise en œuvre pour répondre à l’objectif
principal.
La biodisponibilité du P est définie par son aptitude à être prélevé par les plantes.
Dans le cas des sols, elle est fonction de la réserve en P potentiellement assimilable du sol,
encore appelée offre en P, et de l’aptitude de la plante à utiliser cette offre. Les plantes
prélèvent leur P sous forme d’ions phosphates (ions P) dissous dans la solution du sol ;
cependant, ceux-ci réagissent fortement avec les constituants du sol si bien que l’essentiel
des ions P prélevés provient initialement du P de la phase solide du sol. L’offre en P d’un
sol ne peut donc se résumer aux ions P en solution mais doit intégrer le P susceptible de
passer en solution sous l’action des racines. Par analogie, la biodisponibilité du P d’une
boue a donc été appréhendée à trois niveaux regroupant tout ou partie des étapes jalonnant
le prélèvement de P : son aptitude à fournir des ions P à la solution, à compléter l’offre en
P des sols et enfin à compléter le prélèvement de P d’une plante. Des indicateurs de
biodisponibilité ont été choisis pour chaque niveau d’étude et leur variabilité a été analysée
en fonction du type de boues (traitements, composition) afin de comprendre l’origine des
différences entre boues. L’évaluation de la biodisponibilité du P d’une boue par le P
prélevé à partir de la boue est la plus complète et conduit par conséquent aux valeurs
fertilisantes phosphatées de référence. Cependant, cette approche ne peut constituer une
méthode d’évaluation de routine puisqu’elle est longue et requiert des précautions qui la
compliquent. Les indicateurs de biodisponibilité du P obtenu sur la boue ou sur les
mélanges de sol et de boue ont également été comparés avec ceux obtenus avec les plantes
afin de vérifier s’il est possible de s’en servir comme méthode d’évaluation de la valeur
fertilisante phosphatée des boues.

17
Introduction générale

18
Introduction générale

II ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE

19
Tableau 5 : caractéristiques moyennes des eaux usées domestiques en France (arrêté du 31
décembre 1991).

Part associée à la fraction


Paramètres Concentration
décantable
mg/l %
Extrait sec 1000 à 3000 10
Matières en suspensions totales 100 à 400 50 à 60
DBO5 150 à 500 25 à 30
DCO 300 à 1000 30
Carbone organique total 100 à 300 30
Azote total 30 à 100 < 10
+
N-NH4 20 à 80 0
-
N-NO2 <1 0
-
N-NO3 <1 0
Détergents 6 à 13
P total 10 à 25 10
pH 7.5 à 8.5

20
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II. ELEMENTS D’ANALYSE DE LA PROBLEMATIQUE


DE LA BIODISPONIBILITE DU PHOSPHORE DES
BOUES

II.1. Les traitements des eaux usées et des boues


Deux étapes doivent être considérées pour comprendre la diversité des boues en
fonction de leurs origines (Morel, 1977) : tout d’abord l’épuration des eaux usées qui
concentre la pollution dans des résidus appelés boues (Sibony et Bigot, 1993), puis le
traitement de ces boues (OTV, 1997). L’épuration des eaux usées fait appel à des procédés
physiques, chimiques et biologiques combinés ou non. Ces procédés et la dénomination
des boues qu’ils produisent sont globalement présentés dans la Figure 2. Les traitements
des boues sont, quant à eux, présentés globalement dans la Figure 5. Les points essentiels
de ces traitements pour la problématique du P dans les boues sont développés dans les
paragraphes II.1 (traitements des eaux) et II.2 (traitements des boues).

II.1.1. La composition des eaux usées

Les eaux usées urbaines arrivant aux stations d’épuration urbaines sont
majoritairement constituées d’eaux usées domestiques dans les cas de réseaux
d’assainissement séparatifs, auxquelles viennent s’ajouter les eaux pluviales issues du
ruissellement sur les ouvrages routiers, toitures, etc., dans le cas de réseaux
d’assainissement unitaires ; dans les zones industrialisées, des eaux usées industrielles
peuvent également arriver aux stations d’épuration.
De part les quantités d’éléments véhiculés dans les eaux usées et la toxicité de
certains d’entre eux, les eaux usées doivent être épurées avant d’être rejetées dans les eaux
naturelles. Les principaux constituants des eaux usées (Tableau 5) que les traitements vont
tenter de diminuer sont :
• les matières en suspension (MES)
• les matières oxydables (pollution carbonée) habituellement caractérisées par :
- la demande biologique en oxygène (DBO5 en mg O2 l-1), quantité d’oxygène
consommée en 5 jours par une biomasse pour décomposer les matières organiques
- la demande chimique en oxygène (DCO en mg O2 l-1) qui représente la matière
oxydable par voie chimique
• l’azote et le phosphore (mg/l)
• les métaux lourds, les graisses et détergents
• les germes et les virus

21
Prétraitement
dégrillage
Eaux usées déssablage Boues de lagunage
déshuilage

Décantation primaire Lagunage


charge particulaire

Charge colloïdale et dissoute

Traitements biologiques Traitements physico-chimiques


aération prolongée coagulation par sels de Fe, Al, Ca
floculation par polymères
lits bactériens flottation ou décantation
Cultures
disques bactériens fixées
biofiltre
Traitements tertiaires
cultures libres Traitements de dénitrification
et de déphosphatation
Boues de recirculation

biologique
chimique
Décantation secondaire
mixte
ou clarification
coagulation par sels
floculation par polymères
aucun ajout Clarification

Boues physico-chimiques
Boues secondaires Boues tertiaires
- d ’aération prolongée de déphosphatation
- d ’aération et de dénitrification
Boues primaires

- activées

Boues biologiques
Rejet de l ’eau épurée
Boues mixtes fraîches
dans le milieu naturel

Figure 2 : principaux traitements des eaux usées et dénomination des boues obtenues. En
gras souligné : traitements des eaux usées ; en italique : désignation des boues.

22
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Ces constituants sont répartis dans différentes fractions :


• déchets flottants
• particulaire (décantable en 2 heures)
• colloïdale (qui peut floculer et qui peut être retenue dans un filtre)
• soluble (ce qui reste en solution)

Les procédés d’épuration mis en œuvre sont directement liés aux propriétés de ces
différentes fractions.

II.1.2. Les traitements des eaux usées (Figure 2)

II.1.2.1. Les prétraitements des eaux usées

Les prétraitements sont destinés à extraire un maximum d’éléments dont la nature


et la dimension constitueraient une gêne ultérieurement. A l’issu des prétraitements, les
eaux usées sont débarrassées des déchets flottants de plus de 6 mm, des sables et des
huiles.

II.1.2.2. La décantation primaire

Les eaux usées peuvent transiter dans un bassin de décantation pour subir une
décantation primaire qui enlève entre 50 et 65% des MES et 25 à 30% de la DBO5. Les
résidus récupérés au fond du bassin sont des boues primaires.

II.1.2.3. Les traitements biologiques des eaux usées

Le traitement biologique vise à éliminer les matières biodégradables des eaux usées
en les transformant en corps et résidus microbiens plus facilement décantables :

Eaux usées + biomasse épuratrice + O2 eau purifiée + biomasse décantable + CO2

Les résidus collectés après ce traitement sont constitués essentiellement de matières


minérales floculées, matières organiques non assimilées ou adsorbées et corps microbiens.
Il s’agit de boues secondaires. Boues primaires et secondaires peuvent être mélangées, on
parle alors de boues mixtes fraîches.

23
24
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

La biomasse est constituée de microorganismes hétérotrophes primaires ou


prédateurs. Cette biomasse peut être libre c’est à dire en suspension plus ou moins agrégée
en flocs, dans un bassin d’aération. On parle alors de boues activées. Quand le temps de
résidence des boues dans le bassin est grand (supérieur à 18 jours) on parle de boues
d’aération prolongée. La biomasse peut aussi être fixée à un support solide à travers
lequel percole l’eau à traiter.

Enfin, les eaux usées peuvent également être épurées par lagunage. Celles-ci sont
dirigées dans des bassins étanches en plein air. L’oxygène nécessaire au développement
des microorganismes hétérotrophes est fourni par les algues photosynthétiques.

II.1.2.4. La déphosphatation poussée des eaux usées par voie


biologique

Principe

Seule 30 à 50% de la charge polluante phosphatée est éliminée par les traitements
biologiques classiques. Une élimination plus poussée de la charge en phosphore
(abattement de 70 à 90%) répondant aux normes de rejets peut être obtenue par voie
biologique, avec certains microorganismes capables d’accumuler du phosphore sous
forme de polyphosphates.

La déphosphatation biologique poussée est basée sur le relargage d’ions


orthophosphates (ions P) par des microorganismes dans des conditions anaérobies et
leur assimilation ultérieure dans des conditions aérobies. La quantité d’ions P absorbée
est plus importante que celle relarguée (consommation de luxe). Dans ces conditions, la
teneur en P des boues de déphosphatation biologique peut être de 10% de la MS, mais
dépasse rarement 6% dans la pratique.

Un ajout de sels de fer, aluminium ou calcium est souvent réalisé pour atteindre
un seuil d’abattement compatible avec les normes de rejets. On parle alors de
déphosphatation mixte (paragraphe II.1.2.5) et les boues obtenues sont des boues de
déphosphatation mixte.

25
Zone anaérobie Zone aérobie
Sélection de bactéries Suraccumulation de
accumulant les polyphosphates polyphosphates

Eau usée Carbone organique + Ions P Ions P


acides gras volatils
lactate, pyruvate, O2 ou
malate, succinate…) NO3-

Energie H 2O ou N 2
+ CO 2
Energie

Polyhydroxy Polyphosphates Polyhydroxy


Polyphosphates
-butyrate -butyrate
Bactérie Bactérie
(acinetobactere et
micrococcus,
bactéries appartenant au groupe des
Cytophaga-Flexibacter-Bacteroïdes))

Recirculation des boues


Ensemencement

Ions P

Solution
Acides gras volatils Ions P

Polyhydroxybutyrate Polyphosphates

Biomasse

Polyphosphates Polyhydroxybutyrate

Temps Temps

Figure 3 : principes de la déphosphatation biologique et évolution simplifiée des


concentrations en ions P, polyphosphates, acides gras volatils et polyhydroxybutyrate
entre phase anaérobie et phase aérobie (source : Van Loodsdrecht et al., 1997).

26
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Les bases biochimiques

L’état des connaissances ainsi que leur historique ont été récemment dressés par
Van Loosdrecht et al. (1997) et Mino et al. (1998). Les bactéries accumulatrices de P
appartenant aux genres Acinetobacter (Fuhs et Chen, 1975), Cytophaga-Flexibacter-
Bacteroïdes et aux Protéobactéries (Bond et al., 1998) et bien d’autres encore (Sidat et al.,
1999 ; Bond et al, 1999) sont capables d’accumuler du P sous forme de granules de
polyphosphates. Les bases biochimiques de ce mécanisme ont été très progressivement
élucidées par de nombreux chercheurs (Comeau et al., 1986 ; Wentzel et al., 1986, Arun et
al., 1987 ; Smolders et al., 1994 ; Maurer et al., 1997).

Le cycle biochimique de l’accumulation de polyphosphates se résume ainsi : dans


des conditions anaérobies les bactéries utilisent leur réserve de polyphosphates comme
source d’énergie ; cette énergie sert à prélever des acides organiques (acides gras volatils
essentiellement) qui sont stockés sous forme de polyhydroxybutyrate dans les cellules.
Quand ces bactéries passent en milieu aérobie (présence d’oxygène) ou anoxique (présence
d’accepteurs d’électrons autre que l’oxygène, tels les nitrates), le polyhydroxybutyrate est
à son tour utilisé comme source d’énergie ; cette énergie sert à prélever les ions P en
solution et à les accumuler sous forme de polyphosphates. Ce cycle ainsi que les variations
concomitantes de composition de l’effluent sont schématisés par la Figure 3. La séparation
de l’eau et des corps microbiens, constitutifs des boues de déphosphatation biologique, est
réalisée en sortie de phase aérobie. Elle doit se faire autant que possible dans des
conditions aérobies pour éviter tout relargage de P. En anaérobiose, plus de 50% du
P accumulé peut être relargué en 1 heure selon Appeldoorn et al. (1992). Aussi la
clarification par flottation (présence d’oxygène) est préconisée.

II.1.2.5. Les traitements physico-chimiques et les traitements


mixtes des eaux usées

Le principe des traitements physico-chimiques est d’ajouter dans l’eau usée un réactif
qui va fixer la pollution particulaire ou dissoute dans des flocs qui, après décantation,
forment les boues physico-chimiques. Deux types de réactifs sont employés seuls ou en
combinaison :
• Les sels métalliques contenant du fer (FeCl3, FeSO4, FeHClO4), de l’aluminium
(AlCl3, Al2O3, AlSO4), du calcium (Ca(OH)2, CaO)
• Les polymères organo-cationiques

27
Décantation Bassin d ’aération Eau
Clarificateur épurée
primaire Traitement biologique

Recirculation des boues BOUES

Ajout de réactifs :

Figure 4 : points d’injection des réactifs chimiques dans une filière de traitement mixte des
eaux usées (Sommelier et al 1996).

28
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Certaines stations reçoivent en plus les eaux usées industrielles (laiteries, etc,…) ou
provenant d’usines d’eau potable chargées en aluminium et/ou en fer et qui entraînent des
processus similaires aux traitements physico-chimiques.
Les doses de fer employées sont généralement comprises entre 10 et 120 g Fe m-3
d’eau brute, légèrement inférieures pour l’aluminium, et jusqu’à 10% de la masse brute
pour le calcium. Elles vont de 0.3 à 2 g m3 d’eau brute pour les polymères organo-
cationiques.

Les traitements physico-chimiques remplissent plusieurs fonctions. Souples et


faciles d’emploi, ils peuvent être mis en œuvre comme unique traitement de la pollution,
sans avoir recours aux traitements biologiques ce qui donne des boues purement
physico-chimiques. Par ailleurs, un traitement chimique complémentaire, en
traitement tertiaire (ajout de sels de fer ou d’aluminium) peut être réalisé avant pendant
ou après le traitement biologique pour achever, entre autre, l’élimination du P par
précipitation (Figure 4). En effet, l’efficacité de l’élimination biologique du P, naturelle ou
poussée, est fluctuante et n’est pas toujours suffisante pour répondre aux normes de rejets
en P.

Pour un abattement de la pollution phosphatée en dessous du seuil réglementaire de


2 mg P l-1, un ratio Fe ou Al / P compris entre 1.5 et 2 est nécessaire (Delgenès et al.,
1999). Les résidus collectés dans les stations mettant en œuvre un système d’épuration
biologique poussée des eaux usées et un traitement complémentaire du P par ajout de
sels métalliques donne des boues de déphosphatation mixtes.

Enfin, sans forcément chercher à abattre la pollution phosphatée, les polymères


organo-cationiques et dans une moindre mesure les sels métalliques sont ajoutés, en plus
de l’épuration biologique, pour faciliter la coagulation des matières organiques, leur
floculation et in fine leur décantation (clarification). L’injection des réactifs peut se faire
avant, pendant ou après le traitement biologique ou encore dans les boues de recirculation
(Figure 4).

II.1.2.6. La clarification des eaux usées traitées et la


récupération des boues

Le clarificateur est un ouvrage qui permet la séparation des flocs et de l’eau épurée.
Le clarificateur obéit aux mêmes principes qu’un décanteur primaire (bassin, lamellaire).
L’eau épurée est récupérée en surface par surverse. Les boues (physico-chimiques,
secondaires, de déphosphatation biologique ou mixte) sont récupérées au fond. Une partie
est réinjectée en tête de station pour stimuler l’activité biologique (boues de recirculation)
et la partie en excès est envoyée vers les ouvrages de traitement des boues.

29
Boues tertiaires
Boues biologiques de déphosphatation Boues physico-chimiques

Siccité 1%

Boues
Boues Stabilisation * stabilisées
stabilisées [aérobie] anaérobie anaérobie
aérobie (digestion) ou digérées

Conditionnement *
Boues
Boues [thermique]
conditionnées
conditionnées chimique
chimiquement
thermiquement (ajout de chaux, sels Fe, Al
ou floculées
polymères organo-cationiques)

Réduction de la teneur en eau *


Épaississement Déshydratation
gravitaire mécanique
flottation * le traitement d ’une boue comprend
filtres à bandes
égouttage centrifugeuse
l ’une ou plusieurs de ces étapes
filtre presse

Boues liquides
2à7% Traitements finaux *
Chaulage Compostage Séchage
20 à 50% déchets verts à l ’air
Boues pâteuses sciure, écorce (lit de séchage)
de chaux
15 à 25 % paille à haute t°

Boues solides
30 à 50 %

Boues
compostées
Boues séchées
> 45 à 50 %
sur lit > 35 %
Boues séchées
thermiquement > 90 %

Figure 5 : principaux traitements des boues et désignation des boues obtenues. Les valeurs
correspondent à la siccité des boues (% de MS de la boue brute).

30
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.1.3. Les traitements des boues (Figure 5)

Les boues en excès ont une siccité (teneur en MS) en sortie du clarificateur de
l’ordre de 6 à 8 g/l. Divers procédés sont mis en œuvre pour réduire la teneur en eau des
boues afin de diminuer le volume de boues, faciliter leur transport et leur stockage, mais
aussi pour augmenter leur pouvoir calorifique (pour l’incinération). Par ailleurs, les boues
sont fermentescibles. Elles peuvent dégager des gaz malodorants et inflammables ; de ce
fait elles doivent subir des traitements de stabilisation. Une hygiénisation peut également
être requise ou recherchée dans certains contextes d’épandage en agriculture ou pour la
transformation en matières fertilisantes commerciales. Les principaux traitements des
boues sont présentés dans la Figure 5.

II.1.3.1. La stabilisation des boues

La stabilisation vise à réduire la teneur des boues biologiques en matières


organiques fermentescibles. Les traitements utilisés sont de type biologique, chimique ou
thermique.
La stabilisation biologique aérobie des boues n’existe pas en tant que telle
puisqu’elle est réalisée dans le bassin d’aération. Les boues stabilisées biologiquement en
anaérobiose subissent des processus fermentaires. Les boues obtenues sont dites
anaérobies ou digérées.
Le compostage des boues constitue un procédé particulier de stabilisation
biologique qui peut être aérobie ou anaérobie. Les boues n’étant pas auto-compostables,
elles sont mélangées à divers produits organiques structurants et à C/N élevés (sciure,
écorce, paille, déchets verts etc…) dans des proportions allant de 10 à 50% de boues.
L’adjonction d’une quantité importante de chaux (10 à 100% de la matière sèche)
élevant le pH au delà de 12 entraîne une stabilisation chimique.
Le séchage thermique, stabilise la boue en la déshydratant fortement (environ 5%
d’eau dans les boues séchées thermiquement).

31
32
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.1.3.2. Conditionnement et réduction de la teneur en eau des


boues

La réduction de la teneur en eau fait appel à des traitements comprenant, par ordre
croissant d’efficacité et de coût, l’épaississement, la déshydratation et le séchage. L’état
physique des boues obtenues est variable selon leur siccité : moins de 10% pour les boues
liquides, de 15 à 25% pour les boues pâteuses, plus de 30% pour les boues solides.

♦ L’épaississement donne des boues liquides. Il peut se faire par simple décantation
statique (gravité), par égouttage ou par flottation c’est à dire par insufflation d’air.
Cette dernière technique, qui maintient les boues en aérobie, est plus souvent mises en
œuvre sur des boues de déphosphatation biologique pour éviter le relargage de P
anaérobie.
♦ La déshydratation donne des boues pâteuses à solides. Les techniques mises en œuvre
par ordre d’efficacité croissante sont : les filtres presse > les centrifugeuses > les
filtres à bandes pressantes. Le chaulage massif et le compostage peuvent
considérablement augmenter la siccité, mais augmentent le volume de boue.
♦ Le séchage élimine l’eau par évaporation. Le séchage thermique élimine la quasi-
totalité de l’eau des boues par passage dans un réacteur haute température. Le séchage
par voie naturelle, ou lit de séchage, se pratique à l’air libre sur des boues liquides et
combine évaporation naturelle et drainage de l’eau au travers d’une couche de sable et
de graviers.

Pour améliorer les performances de ces traitements, les boues sont généralement
conditionnées. Le conditionnement consiste en l’addition dans les boues liquides de
réactifs similaires à ceux utilisés pour la floculation des colloïdes lors du traitement
physico-chimique des eaux usées : floculants organiques (polymères organo-
cationiques) ou minéraux (chaux, sels de fer ou d’aluminium). Pour quelques boues de
très grandes agglomérations, le conditionnement est réalisé en autoclavant les boues.

II.1.3.3. L’hygiénisation des boues

D’après l’article 12 de l’arrêté du 8 janvier 1998, « les boues hygiénisées sont des
boues qui ont subi un traitement qui réduit à un niveau non détectable les agents
pathogènes (décrits dans l’article 16) présents dans les boues ». Certains traitements déjà
évoqués, détruisent les germes pathogènes contenus dans les boues : le chaulage en élevant
le pH au dessus de 12. Le compostage peut détruire les germes pathogènes par les
températures élevées (jusqu’à 70°C) atteintes lors du compostage et la sélection de
microorganismes saprophytes.

33
Tableau 6 : représentation et évolution des principaux types de stations d’épuration (STEP)
en France. En 1989 il y avait 10197 stations d’épuration en France d’une capacité totale de 60
millions d’équivalents habitants.

Types de boues Nombre de STEP Taille (eq-hab) Evolution


Primaires strictes --
1
Physico-chimiques 100 =
1
De lagunage 2000 < 2000 +
Biologiques Plusieurs milliers ++
1
Epaissies par gravité < 2000 ++
1
Epaissies mécaniquement 2000 à 5000
1
Déshydratées par filtre bande Moyenne
1
Déshydratées par filtre presse Rare Grande =
Séchées sur lit -

1
> 15 000
Chaulées 200 +
moyenne 40 000
?
Compostées 30 19 000 ++
Paris-Seine Aval 1 2.1 millions
2
Bordeaux-Clos de Hilde 1 450 000
1
Wiart et al., 1996
2
à terme

Tableau 7 : impact des principaux traitements des boues sur les qualités techniques des
boues hors valeur fertilisante.

Traitement Stabilisation Hygiéni Aptitude au Tenue en Pelletabilité Régularité de


sation transport tas l’épandage
Digestion + +
Epaississement - (2 phases) -- ++ (avec une ++ (avec une
(boue liquide) tonne à lisier) tonne à lisier)
Epaississement - (2 phases) --
(boue pâteuse)
Chaulage massif +/- ++ ++ + (dépend - (compacité) - (mottes)
(temporaire et du taux de
volatilisation chaulage)
d’ammoniac)
Séchage + (temporaire) ++ ++ ++ ++ ++
Compostage ++ + ++ ++ ++ ++

34
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Le séchage thermique est certainement le moyen le plus sûr de détruire les germes
pathogènes grâce aux hautes températures et à l’augmentation de la siccité à plus de 95%,
tout comme le conditionnement thermique (autoclavage, 195°C à haute pression).

II.1.4. Représentativité des différents types de boues en


France
La désignation des différents types de boues résulte de la combinaison de critères
relatifs aux traitements des eaux (boue primaire, boues physico-chimiques, boues
biologiques, etc., …) et des boues (boues compostées, boues chaulées, boues digérées,
boues séchées thermiquement, etc. …), mais aussi relatifs à leur état physique (liquide,
pâteuse, solide, pulvérulent, granulé). Leur représentation dans le parc des stations
d’épuration en France est détaillée dans le Tableau 6.

Les traitements des eaux usées dépendent des objectifs de dépollution fixés par la
directive Européenne du 21 mai 1991 retranscrite en droit Français dans la loi sur l’eau du
3 janvier 1992. Le type de boues évolue en conséquence. Ainsi, le rendement d’épuration
des MES et des matières oxydables devra être d’au moins 80% d’ici à 2002 ; un tel taux
n’est atteint qu’avec un traitement secondaire des eaux usées si bien que les boues
primaires pures sont appelées à disparaître. Les textes prévoient la collecte et le
traitement des eaux usées produites par toutes les agglomérations de plus de 2000 eq-hab
d’ici à 2005, ce qui augmentera le nombre de petites stations d’épuration biologiques.
Concernant le phosphore et l’azote, un abattement d’au moins 80% de la pollution est
demandée dans les zones définies comme sensibles (arrêté du 23 novembre 1994), ce qui a
pour conséquence d’augmenter les boues de déphosphatation biologiques et les
traitements tertiaires. L’élimination plus poussée du P et la limitation du volume de boue
produit devrait conduire à des boues toujours plus riches en P.

Les traitements des boues ont un impact sur l’hygiénisation de la boue, sa


désodorisation, sa stabilisation, son état physique qui conditionnent son adéquation avec
l’usage agricole (Tableau 7). Ces critères sont tout aussi importants que la valeur
fertilisante du produit. La conception des filières de production en tient de plus en plus
compte dans le but de proposer un produit fait pour l’agriculture et non un déchet sans
intérêt arrivé en fin de cycle. Ainsi le compostage des boues est en plein essor. Le
chaulage concerne une grande quantité de boues car il les hygiénise et leur ajoute une
valeur calcique.

Les grosses stations d’épuration sont bien moins nombreuses que les petites mais
représentent les tonnages les plus importants. Leurs filières, même peu représentées (ex.
Seine Aval), fournissent une part importante des boues épandues en agriculture.

35
Tableau 8 : origine du phosphore (en mg P personne-1jour-1) des eaux usées domestiques
aux USA (source : Buttler et al. 1995).

Origine Toilettes Evier Bain/douche Machine à laver


1 2 1 2 1 2 1 2
P total * 550 1359 420 453 36 - 2150 2265
Ions P en
310 180 20 520
solution *
1 Siegrist et al., 1976
2 Ligman et al., 1974

Tableau 9 : teneur en P des principaux types de boues (Source : Sommelier et al., 1996).

% P sur MS
Référence
Valeur moyenne Valeurs extrêmes
Boues de lagunage et boues primaires 1.3 < 0.1 à 3 (1)
Boues primaires 0.6 à 3 (2)
Boues biologiques (secondaires, mixtes) 2.9 1.1 à 5.5 (1)
Boues biologiques digérées 3.3 0.5 à 14.3 (1)
Boues biologiques avec
déphosphatation par ajout de sels de 1.2 à 3 (3)
Fe, Al ou Ca
Boues physico-chimiques 1.4 à 4.3 (4)
Boues avant déphosphatation 1.5 0.35 à 4.4 (5)
Boues après déphosphatation 4 1.2 à 7.4 (5)
Boues compostées 0.2 à 0.6 (6)
Boues compostées 0.7 0.26 à 1.6 (7)
Boues liquides (12 stations) 0.7 à 3.3 (8)
Boues déshydratées (17 stations) 0.9 à 2.4 (8)
Boues chaulées (9 stations) 1 à 1.5 (8)
(1)Sommers, 1977 ; (2) Sommelier et al., 1996 ; (3) Jokinen, 1990 ; (4) Kirkham, 1982 ; (5) Furrer et Stauffer, 1982 Suisse ;
(6) ANRED, 1988 ; (7) Epstein et al., 1976 ; (8) Chambre d’agriculture du Nord, 1996.

36
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.2. Le phosphore dans les boues de stations


d’épuration urbaines
II.2.1. Les origines et la spéciation du phosphore des eaux
usées
La concentration en P total des eaux usées domestiques varie entre 15 et 25 mg P l-1
(Laheurte et Boeglin, 1993). En 1980, Le P présent dans les effluents urbains provenait
pour 50 à 70% des détergents (lessives, etc…) et pour 30 à 50% des matières organiques
d’origine humaines (Florentz, 1982). Buttler et al. (1995) a dressé une synthèse de
l’origine de la charge polluante de quelques eaux domestiques aux USA. Les lessives
apportent plus de la moitié du P total et environ la moitié des ions P en solution (Tableau
8). Il souligne également les fortes variations de composition au cours de la journée et de la
semaine. Les formes de P n’ont pas fait l’objet d’études particulières. Initialement le P total
est constitué des polyphosphates des détergents qui généralement sont hydrolysés bien
avant d’arriver à la station d’épuration. Les ions P en solution représentent environ le tiers
du P total. Les concentrations des diverses formes de P ont été estimées par Jenkins et al.
(1971) à 5 mg P l-1 (orthophosphates), 3 mg P l-1 (tripolyphosphates), pyrophosphates (1
mg P l-1) et phosphore organique (1 mg P l-1).

II.2.2. La teneur en phosphore des boues

En France, comme dans d’autres pays de l’Union Européenne, la teneur moyenne


en P des boues est estimée à 2.5% sur MS (Sommelier et al., 1996). Ce chiffre masque
une importante variabilité (Tableau 9) puisque les valeurs extrêmes relevées en France
vont de 0.9 à 5.2% et en Autriche, sur 1665 échantillons, de 0.09 à 10.5% en P sur MS
(Aichberger, 1990).

La teneur en P des boues dépend des caractéristiques des eaux usées et des
traitements mis en œuvre. Ainsi, la teneur moyenne en P des boues a été multipliée par 2
en France en 20 ans (Sommelier et al., 1996) en lien avec l’augmentation de la teneur en P
des eaux usées (Laheurte et Boeglin, 1993) et les technologies de traitement mieux
maîtrisées et plus efficaces pour répondre aux exigences de la directive européenne du 21
mai 1991. Des fluctuations tout aussi importantes ont été observées sur de plus courtes
périodes pour une même station sans trouver d’explication (Morel et al, 1978 ; O’Riorand
et al, 1986). Ces fluctuations expliquent en partie pourquoi il est parfois difficile de mettre
en évidence l’impact d’un traitement en particulier sur la teneur en P des boues.

37
Tableau 10 : formes de P supposées extraites des boues par différentes méthodes
d’extraction.

Méthode Formes de P extraites


Schmidt et Tanhauser, 1945 ADN, ADN ribosomial, phosphoprotéines. Polyphosphates à
Schneider, 1946 chaînes longues, polyphosphates à chaînes courtes.

Ensemble = méthode STS Fractionnement du P des tissus animaux.

Chang et Jackson, 1957 P-Ca, P-Fe, P-Al dans les sols


Harold, 1960 P organique, polyphosphates à chaîne longue, polyphosphates à
(STS simplifiée) chaîne courte, sur les boues
1
Nishikawa et Kurivama, 1970 phosphates d'inositol des plantes
Steward et Oades, 1972 Fraction du P organique des sols
London et Feigenson, 1979 Phospholipides des tissus animaux
Hedley et al., 1982 Différentes fractions de P organique et de P minéral
2
Psenner et al., 1988 P-Fe, P-Al et P-Ca, P organique et polyphosphates dans les
sédiments
Uhlmann et al., 1990 P-Fe, P-Al et P-Ca, P organique et polyphosphates dans les boues
1
dans Cosgrove (1973)
2
dans Uhlmann et al. (1990)

38
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Les traitements des eaux modifient la teneur en P (Tableau 9). Les boues primaires
sont généralement moins riches en P que les boues secondaires ou mixtes qui contiennent
des corps microbiens à teneur élevée en P. La teneur en P des boues issues de traitements
physico-chimiques dépend de la nature de l’effluent et de la dose de floculant utilisée
(Kirkham, 1982) : la teneur résulte d’une précipitation du P par les sels et d’une dilution
par les sels ajoutés en excès. Les boues issues d’un traitement de déphosphatation des eaux
usées ont généralement une teneur plus élevée en P puisque le phénomène de concentration
microbienne du P est accentué. Par exemple, Furrer et Bollinger (1981) ont, en moyenne,
constaté un doublement de la teneur en P sur plus de 200 échantillons.

La stabilisation des boues en aérobiose ou par digestion augmente sensiblement la


teneur en P en diminuant la quantité de matière organique par minéralisation (Colin, 1983).
Le conditionnement par autoclavage augmente également la teneur en P. Le
conditionnement par autoclavage augmente également la teneur en P en hydrolysant et
solubilisant la matière organique qui est évacuée dans les jus de déshydratation, alors que
le P, insolubilisé, reste dans la boue (Colin, 1983). L’effet de la déshydratation est moins
marqué. Toutefois la teneur en P a tendance à diminuer par dilution suite à l’ajout de sels
minéraux lors du conditionnement et par évacuation du P en solution dans les jus de
déshydratation. Un chaulage massif abaisse la teneur en P par effet de dilution alors que le
compostage peut l’augmenter ou la diminuer selon la composition et le dosage des
substrats incorporés. Enfin, la teneur en P des composts de boues augmente avec le temps
en relation avec la minéralisation de la matière organique (Traoré, 1998 ; Traoré et al.,
1999).

II.2.3. La spéciation du phosphore dans les boues

II.2.3.1. Les techniques d’analyse utilisées

Trois principaux types de méthodes ont été mis en œuvre pour caractériser le P des
boues.

Les méthodes utilisant des extractions séquentielles sont les plus courantes
(Tableau 10). Leur principe est d’utiliser des extractants de plus en plus agressifs et/ou
spécifiques d’une forme de P. Elles donnent des indications sur l'origine du P (soluble,
adsorbé, organique, associé au calcium, au fer, à l'aluminium etc…) et les quantités mises
en jeu. Cependant, les extractants ne sont pas spécifiques d'une forme de P bien identifiée
chimiquement ; lors de l’extraction, une partie du P extrait solubilisée en ions P peut se
redistribuer sur d’autres composés de la phase solide en fonction de leur réactivité. Les
résultats sont donc à interpréter avec précaution. La grande diversité des extractants pour
une même forme de P aboutit à des résultats différents ce qui montre là les limites de
l’approche.

39
40
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Les méthodes utilisant les techniques spectroscopiques et microscopiques


donnent des informations qualitatives précises sur la nature des liaisons entre le P et son
environnement (sa localisation) à différentes échelles. La spectrométrie par RMN est la
plus courante (Frossard et al., 1994a). La spectrométrie infra rouge (Omoike et Vanloon,
1999) et la spectrométrie X (diffraction des rayons X et microanalyse X) sont également
utilisées (Seitz et al., 1973 ; Vanden Bossche, 1999), ainsi que la spectrométrie Mössbauer
du 57Fe (Frossard et al., 1997). Les analyses sont effectuées soit sur des extraits aqueux
obtenus par l'une des extractions du Tableau 10, en associant éventuellement des
traitements particuliers (dialyse, hydrolyse enzymatique ou oxydo-réduction) pour mettre
en évidence des composés bien précis (Hinedi et al., 1989a ; Hinedi et al., 1989b ;
Uhlmann et al., 1990 ; Röske et Schönborn, 1994 ; Traoré, 1998), soit directement sur un
échantillon de boue solide. Les granules de polyphosphates dans les micro organismes des
boues de déphosphatation ont été observés par microscopie à balayage (Fuhs et Chen,
1975 ; Streichan et Schön, 1991). La chromatographie ionique a permis de mettre en
évidence différents isomères d'hexaphosphate d'inositol (Cosgrove, 1973) et des
phospholipides (Stott et Tabatabai, 1985).

Une troisième méthode consiste à identifier les composés phosphatés à partir de


l'étude et de la modélisation des équilibres chimiques en solution (Arvin et Petersen,
1980 ; Arvin et Kristensen, 1983) ; L’avantage de cette approche est d’adopter une logique
plus mécaniste. Les résultats obtenus peuvent être confirmés par les techniques présentées
précédemment. Les systèmes étudiés sont souvent des solutions se rapprochant des eaux
usées, ou des eaux usées de composition connue, suivies en conditions contrôlées et à
petite échelle (station pilote ou réservoirs de quelques litres). Les jeux de données sont les
concentrations en solution des anions et cations. Il est possible de comprendre comment
fonctionne le système et de décrire quelles sont les phases dominantes, en suivant
l'évolution des concentrations en solution en fonction d'ajouts de sels de fer, d'aluminium,
d'acides organiques, de modifications de pH etc… Il est possible aussi d’établir des
cinétiques de formation de composés. L’ensemble de ces informations sert avant tout à
définir les modalités opératoires (dose de réactifs, conception des ouvrages, risques de
dysfonctionnement) pour un traitement optimal des eaux usées.

41
Phase liquide
Ions P
P soluble Polyphosphates
P organique

• DBO/P élevé • [ions P] [Ca2+ ] et [F-] élevée


• alternance • pH > 7.5
aérobiose/anaérobiose • alcalinité [CO 32- et HCO3- ] faible
• [Mg2+ ] [pyrophosphate] faible

Phase solide-flocs

P dans les P associé à la


micro-organismes phase minérale

Acides nucléiques (ADN, ARN), Phosphates précipités


sucres phosphates (MP, ADP, ATP) avec du calcium, du fer, de l ’aluminium
Phosphoprotéines amorphes ou mal cristallisés
P constitutif des parois Phosphates adsorbés
(phospholipides, acide teichoïque etc…) sur les les oxydes de fer
, pyrophosphate, polyphosphates, d ’aluminium, la calcite
hexaphosphates d ’inositol ou phytate)
Phosphates associés à la MO par
adsorption ou ponts cationiques

Figure 6 : les formes de phosphore lors d’un traitement biologique des eaux usées (adapté
d’Arvin, 1983).

42
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.2.3.2. Les formes et les quantités de phosphore minéral des


boues

30 à 98% du P total est sous forme minérale (Sommelier et al., 1996) tout type
de boue confondu. Arvin (1983) explique cette variabilité par le fait que les ions P en
solution peuvent entrer dans des combinaisons organiques ou minérales variées en fonction
des conditions physico-chimiques imposées par la composition initiale des eaux usées et
celles du bassin où sont formées les boues (Figure 6). Ainsi, la formation de P minéral
est favorisée dans les eaux calcaires, et à plus forte raison par les sels de calcium, de fer
ou d’aluminium souvent utilisés pendant (eau de recirculation) ou après le bassin
d’aération pour faciliter la floculation des boues ou pour la déphosphatation.

Une partie du phosphore minéral est présent sous forme d’ions phosphate en
solution. Comme dans les sols, ceux-ci peuvent précipiter avec les cations présents en
solution (Ca2+, Fe3+, Al3+, Mg2+) ou s’adsorber sur la phase solide en particulier les oxydes
de fer et la calcite (Figure 6).

Formes de phosphore liées au calcium

Une forte proportion de brushite CaH(PO4).2H2O a été trouvée sur une boue
d’aération prolongée, ainsi que de la fluoroapatite Ca5(PO4)3F et du phosphate tricalcique,
Ca3(PO4)2 (Condron et al., 1993). Des phosphates apatitiques ont également été mis en
évidence par Frossard et al. (1997). Parmi les molécules organiques dissoutes on compte
des acides humiques et fulviques (Rebhun et Lurie, 1993) ainsi que des produits
organiques microbiens constitués d’acides organiques (Barker et Stuckey, 1999) qui
peuvent limiter la stabilité des phosphates apatitiques (Arvieu, 1980). Des phosphates de
calcium avec un rapport Ca/P allant jusqu’à 3, donc amorphes ou mal cristallisés ont été
identifiés (Menar et Jenkins 1972 ; Ferguson et al., 1973). Leur solubilité est supérieure à
celle de composés modèles (Legeros, 1981, Betts et al., 1981). Les phosphates de calcium
amorphes peuvent évoluer en phosphates octocalciques (Ca8H2(PO4)6.5H2O) puis en
hydroxyapatites (Ca5(PO4)3OH) généralement considérée comme le produit final de
réaction de précipitation (Maurer et Boller, 1999 ; Maurer et al., 1999). Cependant, la
transformation des phosphates de calcium amorphes en hydroxyapatite est probablement
bloquée par les ions (du plus vers le moins inhibiteur) Mg 2+ + P2O72- >> P2O7 -2 >> Mg2+ +
HCO3- >> Mg2+ >> HCO3- (Legeros, 1980) présents dans les boues activées à l’image de ce
qui se passe dans les sols (Brown, 1981 ; Amoros et al., 1986 ; Inskeep et Silvertooth,
1988).

43
44
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

De même, des substitutions du calcium par Zn2+, Al3+ et Fe3+ sont probables (Legeros,
1980). En effet, tout comme la matière organique, les cations en solution peuvent venir
s’intégrer dans les phosphates de calcium. Des phosphates de calcium et de fer ou de
calcium et d’aluminium amorphes ou mal cristallisés ont été mis en évidence (Arvin et
Petersen, 1980).

Un parallèle peut être établi entre les phosphates calciques des boues et les
phosphates naturels. Pour ces derniers, la substitution d’un PO43- par CO32- donne des
apatites carbonatées plus solubles que les apatites pures. Leur composition se rapprochent
d’autant plus de l’hydroxyapatite que le milieu est alcalin. Ce pourrait être le cas des
phosphates calciques formés dans les eaux usées surtout si elles sont calcaires. Dans les
sols, d’autres cations tels Na et Mg peuvent se substituer à Ca et inhiber la formation des
apatites à la surface de la calcite (Arvieu et Bouvier, 1974 ; Yadav et al., 1984) tout
comme le pyrophosphate (El-Zahaby et Chien, 1982).

Formes de phosphore liées au fer ou à l’aluminium

Les phosphates de fer et les phosphates d’aluminium ont également fait l’objet de
nombreuses études, mais celles-ci concernent principalement les boues de déphosphatation
(Cf. paragraphe II.2.3.4.). Frossard et al. (1997) ont mis en évidence de la vivianite,
phosphate de fer ferreux, (Fe3(PO4)2 8H2O) dans une boue activée floculée à FeSO4 mais
non digérée bien que la majorité du P était sous forme de phosphates de calcium. Des
conditions anaérobies dans des micro-sites sont peut être à l’origine de ce phosphate de fer
réduit. Selon Gupta et al. (1979) compte tenu du dosage des sels de fer qui ne dépasse pas
0.5 mole de P total pour une mole de fer, et des pH compris entre 6 et 9, aucun phosphate
de fer cristallin de type strengite (FePO4 2H2O) ne doit se former. Par contre, l’adsorption
sur les hydroxydes de fer est un phénomène important pour cet auteur. Luedecke et al.
(1988) propose la formation d’un phosphate de fer hydroxylé (Fe2.5PO4(OH)4.5) ainsi
qu’une forte proportion d’ions P adsorbés sur les hydroxydes de fer en particulier aux
faibles concentrations en P, pour expliquer l’évolution des concentrations en ions P dans
une boue activée traitée au FeCl3. Arvin et Petersen (1980) proposent un composé dont le
rapport P/Fe est de 0.7 (0.4 pour Luedecke et al. (1988)).

45
Tableau 11 : répartition du P dans des boues issues d’un traitement de déphosphatation
biologique ou mixte des eaux usées évaluée par des extractions séquentielles proposées
par Uhlmann et al. (1990).

Répartition du P en % du P total

Réf. Type de boue Ions P en solution


P-Ca Polyphos P
et facilement P-Fe P-Al
P-Mg phates organique
échangeables
Culture
(1) > 80
d’Acinetobactere
Déphosphatation
(1) 0.5 à 17 7 à 20 5 à 35 <2 57 à 70 ND*
biologique
Déphosphatation
(2) 2 16 11 1.6 50 19.4
biologique
Déphosphatation
(1) <2 60 à 70 7 à 15 2à4 23 à 30 ND
mixte FeSO4
Déphosphatation
mixte avec AlCl3
(2) 6.5 8.3 40.7 1.9 < 30 < 42
(22 g l-1) et FeCl3
-1
(12 g l )
Déphosphatation
(2) physico-chimique 9.5 49 5.5 0.8 < 20 < 35
avec sels de fer
(1) Uhlmann et al. (1990)
(2) Röske et Schönborn (1994)
* non déterminé

46
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.2.3.3. Les formes et les quantités de phosphore organique


dans les boues

Mino et al. (1984) ont trouvé une proportion de P organique relativement constante
et proche de 25% du P total dans trois boues de déphosphatation biologique et deux boues
activées par la méthode STS (Tableau 10). Carliell et Wheatley (1997) ont également
mesuré une teneur en P organique constante d’environ 25% du P total sur une boue de
déphosphatation biologique digérée, une boue de déphosphatation mixte Fe2(SO4)3 digérée
ou non et une boue activée non digérée, en utilisant la méthode d’Uhlmann et al. (1990)
(Tableau 10). Dans les boues activées sans ajout de sels les conditions sont plus favorables
au P organique et la spéciation du P dans ces boues est affectée par les processus
microbiens dont elles sont le siège. Ainsi Chae et Tabatabaï (1981) ont mesuré des
proportions de P organique plus importantes sur des boues activées allant de 41 à 67%
du P total et jusqu’à 75% pour Hinedi et al. (1989a). Ce même auteur a mis en évidence
des mono et diesters phosphatés de masse moléculaire inférieures à 1000 daltons sur
deux boues activées, constituant plus de 50% du P total. Il a aussi mis en évidence des
phospholipides (phosphatidyl-choline, phosphatidyl-sérine, phosphatidyl-éthanolamine),
des phosphates d’inositol et des phosphonates. En 1973, Cosgrove avait déjà identifié les
différents isomères d’hexaphosphates d’inositol ou phytates (my-, chiro-, scyllo- et néo-
inositol) synthétisés par les micro-organismes des boues activées. Fait remarquable, la
composition des phytates des boues était comparable à celle des sols. Enfin, les
phospholipides représentent de 0.24 à 8.84% du P organique (Chae et Tabatabaï., 1981).

II.2.3.4. Le phosphore dans les boues issues d’un traitement


de déphosphatation poussée des eaux usées par voie
biologique ou mixte

L’abattement de la charge phosphatée des eaux usées est une des priorités du
traitement des eaux usées ; aussi, les processus de déphosphatation des eaux usées et leur
optimisation par voie biologique ou physico-chimique ont fait l’objet de nombreux
travaux.

Dans les boues de déphosphatation biologique, les polyphosphates constituent


une part importante du P total (Tableau 11). Mino et al. (1984) distinguent par la
méthode STS (Tableau 10) les polyphosphates à chaînes courtes (moins de 20 atomes de P)
et les polyphosphates à chaînes longues (plus de 20 atomes de P). Les polyphosphates à
chaînes courtes seraient impliqués dans la suraccumulation de P lors du passage entre la
phase anaérobie et la phase aérobie. Les variations de teneur en P des boues de
déphosphatation biologique dépendent donc avant tout de la présence de ces
polyphosphates à chaînes courtes et des phosphates métalliques précipités.

47
48
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Les autres formes de P entrant dans l’entretien cellulaire (phospholipides et


phosphoprotéines, polyphosphates à longues chaînes, acides nucléiques) sont relativement
constantes. Apeldoorn et al. (1992) arrivent à la même conclusion sur 12 boues montrant
des capacités à accumuler biologiquement le P. Ils montrent aussi que plus de 66% du P
relargué en phase anaérobie provient des polyphosphates à chaînes courtes. En une heure,
50% du P préalablement accumulé en phase aérobie peut être relargué en
anaérobiose. Par contre, Lindrea et al. (1998) considèrent que les polyphosphates à
chaînes longues sont également impliqués dans les échanges de P et son accumulation.

Selon Arvin (1983) une précipitation de phosphate de calcium a lieu lors de la


formation des boues et de surcroît dans les boues de déphosphatation biologique où les
fortes concentrations des ions P en solution résultant du relargage anaérobie de P par les
microorganismes peut initier et accélérer la précipitation de phosphates de calcium.
La dénitrification peut également favoriser la précipitation de phosphates de calcium en
induisant une augmentation du pH à l’intérieur des flocs. Vanden Bossche (1999) a
identifié par micro analyse X des phosphates de calcium de type apatitique
(P16Ca15Fe2Al2MgO63) ; la présence de fer, d’aluminium et de magnésium provient
probablement de substitution du calcium (Cf. paragraphe II.2.3.2. concernant les formes de
P liées au calcium). Frossard et al. (1997) ont mis en évidence la présence de phosphates
de calcium aux côtés de petites quantités de vivianite dans une boue activée traitée aux sels
de fer ferreux. Cependant, d’après Uhlmann et al. (1990) et Röske et Schönborn (1994), le
P lié au calcium est négligeable dans les boues de déphosphatation biologique (Tableau
11).

Dans les boues de déphosphatation mixte (Tableau 11) , l’ajout de précipitant


réduit la part d’accumulation biologique des polyphosphates (Carliell et Wheather,
1997). Le P va se lier au fer ou à l’aluminium selon les sels employés. Dans ce cas, le
pourcentage de P lié au calcium ou au magnésium demeure négligeable. Un composé
proche de la wavellite (Al(OH)3(PO4)2 5H2O) mélangé avec de l’hydroxyde l’aluminium a
été mis en évidence dans une eau usée simplifiée contenant entre autre de l’acide tannique
(Omoïke et Vanloon, 1999). Les acides tanniques limitent la précipitation des ions P avec
l’aluminium et forment des complexes Al-P-acide tannique instables.

49
P organique P organique
PolyP d ’inositol 25 à 35%
mono et diesters (hydrolyse quasi-totale des mono et diesters
phosphatés pour Hinedi et al., 1989)
(ARN, ADN)

Hydrolyse
Polyphosphates Polyphosphates résiduels
(stabilisés <<10%
par Mg2 +)

Ions P Ions P Ions P en solution


en solution Redistribution en solution 16 à 23% boues non traitées Fe ou Al
3 % boues traitées Fe2(SO 4)3

Mg 2+
Struvite MgNH 4PO4 , 6H 2O
16% à 20%
16 à 24%
Ca2+
Phosphates Phosphates liés au Ca
précipité avec
Al3+
Ca2+ , Al3+ Phosphates liés à Al
et adsorbés 3%

Phosphates Réduction FeIII en FeII Fe 3+ 7.8% à 9%


Phosphates liés au FeIII
précipités boues non
4.5 à 6.6% non traitées Fe
avec FeIII traitées Fe
1.6% traitées Fe 2(SO4 )3
Fe 2+ 46% boues
Phosphates liés au FeII
traitées
très majoritaire
Fe 2(SO4 )3

Figure 7 : devenir du P lors d’une digestion des boues d’après Carliell et Wheatley (1997) et
Wild et al. (1996).

50
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.2.3.5. Les effets de la stabilisation anaérobie (digestion) sur


la spéciation du phosphore des boues

Lors de la stabilisation anaérobie, ou digestion, les boues alors issues d’un


environnement aérobie se retrouvent dans un environnement anaérobie propice à la
réduction des composés oxydés et aux processus biologiques fermentaires. La Figure 7
synthétise le devenir du P dans cet environnement.

Hinedi et al. (1989a) constatent dans deux boues digérées que la quasi-totalité du P
organique (essentiellement des mono et diester phosphatés) est minéralisée durant la phase
anaérobie. Cependant, Wild et al. (1996) ainsi que Carliell et Wheatley (1997) trouvent de
25 à 35% du P total sous forme organique, et ce de façon assez constante quelle que soit
l’origine de la boue (secondaires, déphosphatation biologique, déphosphatation mixte avec
sels de fer).
L’effet le plus marquant durant cette phase anaérobie est l’hydrolyse quasi-totale
des polyphosphates microbiens probablement par relargage plus que par mort et lyse des
corps microbiens. Des pyrophosphates déshydrogénés ont néanmoins parfois été identifiés
sur une boue biologique digérée (Condron et al., 1993). Les ions P en solution peuvent
représenter plus de 15% du P total si les boues n’ont pas été traitées aux sels de fer ou
d’aluminium.

Le relargage de P est accompagné d’ions Mg2+ (et K+) qui neutralisent les
charges négatives des polyphosphates à raison de 0.3 mole de Mg par mole de P (Wild et
al. 1996). Les conditions réductrices entraînent également la formation d’ammonium
(NH4+). Une partie des Mg2+ et NH4+ précipitent alors les ions P sous forme de struvite
(MgNH4PO4 6H2O) (Loewenthal et al., 1994 ; Wild et al., 1996 ; Carliell et Wheatley,
1997). Cette précipitation concerne environ 20% du P des boues de déphosphatation
biologiques (Jardin et Pöpel, 1994). Elle peut se manifester de manière spectaculaire par
des dépôts de plusieurs centimètres d’épaisseur dans les tuyaux par lesquels transitent les
boues (Borgerding, 1972 ; Rabinowitz et Barnard, 1995).

51
Tableau 12 : phosphates de calcium identifiées sur diverses boues digérées. Formule des
composés dans l’annexe 1.

Référence Type de boue Phosphates de calcium identifiés


Wild et al., 1996 Déphosphatation biologique digérée Brushite, hydroxyapatite
Biologique digérée puis compostée Phosphates de calcium divers
Hinedi et al., 1989 Biologique, traitée aux sels
Apatite carbonatée
d’aluminium, digérée et séchées sur lit
Apatite carbonatée, hydroxyapatite,
Biologique, digérée et conditionnée
phosphate octocalcique, phosphates de
Condron et al., 1993 thermiquement
calcium amorphes
Biologique, digérée Monétite, phosphates de calcium divers

52
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Selon Sen et Rendall (1988) 12 % du P relargué lors de la digestion va se lier au


calcium pour former des phosphates de calcium amorphes (Tableau 12). Un mélange de
phosphates condensés (fluoroapatite et le phosphate tricalcique), de de phosphates
octocalciques et de monétite a été décrit dans une boues biologique digérée (Frossard et
al. , 1994a).

Seul 3% du P se retrouve associé à l’aluminium. Hinedi et al. (1989a) ont mis en


évidence des phosphates d’aluminium sur une boue digérée préalablement traitée aux sels
d’aluminium, mais aucune étude quantitative n’a été réalisée sur des boues de ce type. Les
zéolithes, produits utilisés en remplacement des polyphosphates dans les lessives,
contiennent de l’aluminium et donnent des précipités de phosphate d’aluminium qui
s’hydrolysent durant la digestion sous l’action d’acides organiques (citrate et acétate)
(Jardin et Pöpel, 1988 ; Burgess et al., 1994). Les zéolithes représenteraient 7% de la
matière sèche des boues suisses.

Presque 10% du P se retrouve lié au fer sur les boues non traitées au sels de fer.
Par contre c’est presque 50% du P qui va se lier au fer dans le cas des boues de
déphosphatation mixte traitées aux sels de fer. Le fer oxydé (Fe3+) est réduit en Fe2+ lors
de la digestion. Sur deux boues floculées au sulfate de fer ferreux puis digérées, Frossard et
al. (1997) ont mis en évidence que plus de 50% du P était présent sous forme de vivianite
(Fe3(PO4)2 8H2O). Dans des boues semblables, Vanden Bossche (1999) a mis en évidence
par micro analyse X des composés de type Alluaudite ou Whiteite de composition
élémentaire P15Fe15Ca6MgO62 au sein d’une matrice amorphe riche en P de composition
élémentaire P5Fe6Ca2 AlSiO25. Finalement le P lié au ferIII représente une faible fraction
du P total avec ou non ajout préalable de sels de fer.

II.2.3.6. Les effets des autres traitements des boues sur la


spéciation du phosphore des boues

Conditionnement thermique

Des mono et diester phosphatés, ainsi que des phosphates d’inositol ont été mis en
évidence dans une boue biologique conditionnée thermiquement (Hinedi et al., 1989a) ; or
des composés du même type ont été mis en évidence sur des boues biologiques non
conditionnées thermiquement. Bien qu’étant connu pour hydrolyser la matière organique,
le conditionnement thermique n’a donc pas entraîné l’hydrolyse des mono et diesters
phosphatés. L’explication pourrait être que le traitement thermique à détruit les
phosphatases responsables de cette hydrolyse.

53
54
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Une autre boue biologique conditionnée thermiquement mais préalablement digérée


montre essentiellement du P inorganique (phosphates de calcium) et du pyrophosphate
(Condron et al., 1993). Un mélange de phosphate octocalcique [Ca8H2(PO4)6.5H2O],
d’hydroxyapatite [Ca10(PO4)6(OH)2] et d’apatite carbonatée [Ca5(PO4,CO3)3(OH,F)] a
été identifié par Frossard et al. (1994a) par extraction séquencielle suivie d’une analyse par
RMN. Les hautes températures pourraient favoriser la formation de phosphates de calcium
mieux cristallisés que dans les autres boues

Compostage

Le compostage diminue la proportion de P organique. Mc Coy et al. (1986)


situent la proportion de P organique entre 2 et 5% du P total dans 4 composts à base de
boues floculées au fer et à l’aluminium. Selon ces auteurs plus de 93% du P est associé au
fer, à l’aluminium et au calcium. Alt et al. (1994) estiment que le P des composts à pH
élevés est essentiellement sous forme de phosphates de calcium. L’impact de la durée de
compostage sur les formes de P a été étudié par Traoré (1998) dans un compost de boues et
de déchets ligneux (10 prélèvements sur 480 jours). Le P extractible à l’eau diminue au
cours du temps alors que le P extrait à HCl, indicateur du P lié au calcium, augmente.
Traoré (1998) a mis en évidence par RMN, un mélange de phosphates de calcium de type
apatitique mal cristallisés, de phosphate octocalcique et de phosphate dicalcique dihydraté
sur d’autres composts urbains.

Autres

La déshydratation élimine le phosphore dissous dans l’eau (Morel, 1977 ; Morel et


al., 1978 ; Colin, 1983).

L’impact du conditionnement chimique aux sels de fer n’a pas été étudié. Il induit
probablement une fixation des ions P et la formation de phosphates métalliques comme
décrit dans les paragraphes précédents.

Par microanalyse X, Vanden Bossche (1999) observe la présence d’un phosphate de


fer (P17Fe18Mg4NaO63) malgré l’importance du calcium dans la matrice d’une boue
chaulée. Dans cette même boue la composition élémentaire simplifiée du phosphate de
calcium était P9Ca21Fe1Al3Si4 MgO60, sous forme essentiellement amorphe.

L’effet du conditionnement chimique aux polymères organo-cationique n’a pas été


étudié mais induit probablement une adsorption peu énergétique des ions P initialement
présents dans la solution.

55
Quantités moyennes de P mises en jeu
dans un système sol/plante
et mécanismes d ’acquisition du P par une culture

P total prélevé
Demande 45 kgP/ha
de la plante en P
et Offre en P du sol
interception
de l ’offre en P
Dissolution
Ions phosphate
Interception 2.5% en solution Désorption P minéral
Flux de masse 2% 0.26 kgP/ha 1900 kgP/ha
Précipitation
Absorption active > 95% Adsorption
Mécanismes rhizosphériques
Modification des concentrations en ions
P organique
- phosphate (gradient de conc.) Minéralisation
650 kgP/ha
- H + (modification du pH)
et
- autres (Ca2+ , etc…)
Immobilisation P microbien
Excrétion d ’acides organiques
35 kgP/ha
Excrétion de phosphatases

Plante Solution du sol Phase solide du sol

Figure 8 : principes de prélèvement de P par les plantes dans un sol.

56
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.3. Evaluation de la biodisponibilité du P des boues


II.3.1. Présentation du système sol/boue/plante

II.3.1.1. Nécessité d’un transfert de P phase solide / solution


et notion d’offre en P

La biodisponibilité du phosphore peut être définie comme son aptitude à être


prélevé par les plantes. La Figure 8 résume les étapes qui jalonnent le prélèvement de P.

♦ Les racines absorbent le P sous forme d’ions phosphates (ions P) dissous en


solution (Barber, 1995). Or, que ce soit dans les sols (annexe 1) ou dans les boues
(paragraphe II.2.3.) les groupements orthophosphates et a fortiori les ions P 1
interagissent fortement avec les constituants de la phase solide si bien que l’essentiel
du P est associé à la phase solide. Ceci a pour conséquence que les quantités d’ions P
initialement en solution dans les sols ne peuvent couvrir au mieux que 1% des
besoins en P des plantes. Par exemple, la concentration des ions P en solution sur 270
échantillons de terres cultivées du Pays de Caux est comprise entre 0.08 et 2.31 mg P
l-1 ce qui représente de 0.07 à 2.02 kg de P en solution par hectare2 (Morel et Pellerin,
1997), alors que les besoins en P d’une culture de maïs sont estimés à 45 kg P ha-1an-1 ;
tout sol compris Barber (1995) propose une concentration moyenne en ions P de 0.05
mg l-1 soit 0.044 kg de P en solution par hectare2. L’essentiel du P prélevé par les
plantes provient donc initialement de la phase solide du sol.

♦ Le transfert net du P de la phase solide vers la solution dépend des mécanismes


physiques, chimiques et biologiques développés par les racines dans un volume de
sol appelé rhizosphère (Darrah, 1993 ; Hinsinger, 1998). La biodisponibilité du P
dépend donc de l’offre en P qui est l’aptitude du P à passer en solution via les
mécanismes rhizosphériques. Ces mécanismes sont brièvement décrits ci-après.

1
Par simplification nous écrirons « ion P» pour les ions phosphates, qui peuvent être sous 4 formes plus ou
moins protonées (H3PO4, H2PO4- , HPO42- et PO43-) coexistant dans des proportions qui dépendent du pH de
la solution. Compte tenu de leur pKa et du pH des sols (compris généralement entre 4 et 9), l’essentiel des
ions P est constitué des espèces H2PO4- et HPO42-.
2
En considérant une teneur en eau de 25% d’une masse de sol estimée à 3500 tonnes ha-1.

57
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

58
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

(i) De nombreux auteurs ont mis en évidence un abaissement de la concentration en


ions P de la solution au voisinage des racines (Lewis et Quirk, 1967 ; Bath et al.,
1976 ; Kraus et al., 1987 ; Kirk et Saleque, 1995 ; Hinsinger et Gilkes, 1996). En
fait, le flux de diffusion des ions P en solution est bien trop faible pour compenser
le flux d’absorption active des ions P par les racines, responsable de plus de 95%
du P prélevé (Barber, 1995). L’abaissement de concentration ainsi créé peut
entraîner une désorption des ions P de la phase solide (Barrow, 1983) et une
dissolution des phosphates précipités (Lindsay, 1979).
(ii) Les racines modifient le pH de leur rhizosphère (Nye, 1981 ; Haynes, 1990). En
fait, les racines libèrent des protons (H+) pour compenser l’excédent de charges
cationiques prélevées et des hydroxyles (OH-) en cas d’excédent anionique (Riley
et Barber, 1971 ; Gahoonia et al., 1992). Ces variations de pH agissent sur la
précipitation (Lindsay, 1979) et l’adsorption (Barrow, 1985) des ions P. Plusieurs
auteurs ont montré une corrélation positive entre la capacité des plantes à acidifier
leur rhizosphère et leur aptitude à prélever du P à partir de phosphates peu solubles
(Aguilar et van Diest, 1981 ; Hinsinger et Gilkes, 1995 et 1997).
(iii) Les racines excrètent de grandes quantités de composés organiques : acides
organiques (Dinkelaker et al., 1989 ; Hofland et al., 1989), phytosidérophores
(Römheld, 1991), mucilages. Ces exsudations stimulent les micro-organismes
(Bowen et Rovira, 1999) et la minéralisation du P organique. Ils peuvent aussi
entraîner la dissolution des phosphates de fer ou de calcium en complexant le fer
(Gardner et al., 1983) ou précipitant le calcium (Hoffland, 1992). Enfin, ils peuvent
désorber les ions P en entrant en compétition pour les sites d’adsorption à la surface
des oxydes (Parfitt, 1979 ; Staunton et Leprince, 1996).
(iv) Les racines excrètent des phosphatases (acides et alcalines),
phosphomonoestérases, phosphodiestérases et phytases, enzymes qui hydrolysent
les formes de P organique correspondantes (Tarafdar et Jungk, 1987).
(v) La mycorhization peut améliorer significativement la croissance des plantes et
leur développement en augmentant le prélèvement de P et d’autres éléments
(Bolan, 1991). Des micro-organismes capables de solubiliser les phosphates
précipités ont été mis en évidence dans la rhizosphère (Kucey et al., 1989). Les
mécanismes évoqués sont la dissolution par les acides organiques, directe ou via la
complexation des cations susceptibles de précipiter les ions phosphates.

♦ Enfin, la quantité de P prélevée dépend de la demande en P de la plante qui utilise


l’offre et du développement du système racinaire qui intercepte l’offre en P.

59
ˆ Ambiance
Modif. de l ’offre physico-chimique du sol
en d ’autres éléments (pH, calcium, pouvoir tampon P, …)
(azote, éléments
‰ † ‡
toxiques, …)
Modification ‡
de la croissance ET Désorption/adsorption
de la plante Dissolution/précipitation Phosphore
Apport direct d ’ions phosphate et
Modification de l ’offre
autres
‰ en phosphore du sol
‰ … éléments
Minéralisation/immobilisation de la
Modification Modification boue
de la demande de la †
‡
en phosphore croissance
et des activités ‡
… Ambiance
racinaires biologique du sol
‰
‰ Boue

Sol / Solution
Phosphore
prélevé à partir Plante
de la boue ?

Figure 9 : processus susceptibles d’intervenir dans le prélèvement de P par une plante à


partir d’une boue.

60
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.3.1.2. Processus intervenant dans le prélèvement de P à


partir d’une boue

Les processus fondamentaux impliqués dans l’acquisition du P par les plantes dans
les sols fertilisés ou non avec des boues ont été exposés. Ils soulignent la nécessaire et
complexe réalimentation en P de la solution à partir du P de la phase solide qui compromet
une évaluation simple de la biodisponibilité du P. Nous allons voir à présent que
l’évaluation de la biodisponibilité du P d’une boue doit intégrer d’autres processus ce qui
la complexifie davantage.

Dans le système boue / sol / plante, plusieurs processus sont susceptibles de


concourir au prélèvement du P de la boue par la plante (Figure 9).

1. Le premier processus est la complémentation de l’offre en P du sol par l’offre en P


de la boue via un apport direct d’ions P en solution et de P pouvant passer en solution
par désorption, dissolution ou minéralisation …. L’augmentation de l’offre en P du sol
a pour conséquence directe de permettre une augmentation du prélèvement de P par
unité de racine ….
2. L’expression de l’offre en P de la boue peut être fonction des conditions chimiques
et biologiques exercées par le sol sur les constituants de la boue qui peuvent favoriser
ou défavoriser les processus de désorption, de dissolution et de minéralisation du P de
la boue †, en plus des mécanismes rhizosphériques déjà évoqués. Pour Gestring et
Jarrell (1982), le P des boues traitées aux sels de fer est plus biodisponible vers des pH
basiques. McCoy et al. (1986), constatent que le P des composts est lié à Ca, Fe et Al,
mais que dans le sol, seules les fractions P-Fe et P-Al augmentent ce qui suppose que
leur P se soit redistribué. Le pH acide des sols testés (pH 4.9 et 5.4) a pu dissoudre le P
lié au Ca.
3. Les constituants de la boue autres que le P peuvent modifier les propriétés physico-
chimiques et biologiques du sol et donc indirectement modifier l’offre en P du sol ‡.
Les effets du chaulage (Haynes, 1982 ; Haynes, 1984) et des amendements organiques
(Iyamuremye et Dick, 1996) ont particulièrement été étudiés. Les boues aluminisées
issues du traitement des eaux potables peuvent induire une diminution de la
biodisponibilité du P du sol en fixant le P par leurs oxydes d’aluminium (Heil et
Barbarick, 1989 ; Cox et al., 1997). En prenant deux sols proches de la neutralité dont
plus de 60% du P est initialement lié au calcium, Chang et al. (1983) constatent que
plus de 60% du P se retrouve lié au fer et à l’aluminium après apport de deux boues
stabilisées par digestion puis compostées.

61
Figure 10 : diagrammes de solubilité des phosphates calciques modèles et positionnement
d’échantillons de terre prélevés après trois cultures de laitue fertilisées une seule fois (gauche)
ou trois fois (droite) avec des doses variables de boues et d’engrais minéraux solubles (O’Connor
et al., 1986). Pour la signification des abréviations des composés phosphatés, voir le tableau 1 de
l’annexe 1.

Tableau 13 : composition élémentaire moyenne d’une boue de station d’épuration urbaine.

Eléments Teneur (% de la MS)


Matières organiques (C, H, O) 30 à 70%
Azote 1 à 9%
Phosphore 0.9 à 7%
1.5 à 7%
Calcium
(15 à 40% dans les boues chaulées)
Potassium < 1.5%
Magnésium 0.4%
Autres éléments minéraux
25%
(S, Cl, Na, Fe, Al, B etc…)

62
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Pour Soon et Bates (1982), la solubilité du P du sol initialement contrôlée par un


composé proche de l’hydroxyapatite est contrôlée par un composé plus soluble, proche
de l’OCP après apport d’une boue floculée à la chaux. De même, un apport d’une boue
biologique stabilisée par digestion abaisse le pH de sols basiques légèrement
carbonatés ce qui altère la phase solide du sol qui passe d’un composés type TCP vers
un composé type OCP plus soluble (Figure 10) (O’Connor et al., 1986).
4. Les constituants des boues autres que le P (Tableau 13), peuvent également modifier
l’offre en d’autres éléments, en particulier l’azote, mais aussi les éléments toxiques à
l’état de trace ˆ.
5. Les modifications de l’offre en P et de l’offre en d’autres éléments sont susceptibles de
modifier la croissance de la plante ce qui a pour conséquence de modifier la demande
en P de la plante et sa croissance racinaire ‰, et donc sa capacité à intercepter l’offre
en P (Mollier et Pellerin, 2000). L’état physiologique de la plante peut également
influencer les mécanismes rhizosphériques (Marschner et al., 1986 ; Hinsinger,
1998). Par exemple, l’acidification de la rhizosphère (Moorby et al., 1988) et
l’excrétion d’acides organiques (Zhang et al., 1997) sont stimulés chez les plantes
carencées en phosphore.

II.3.2. Evaluation par les réponses culturales

II.3.2.1. Principes

La biodisponibilité du P d’un produit comme une boue est généralement évaluée


par un indicateur de réponse de la plante au champ ou en conditions contrôlées sous
serre (Black et Scott, 1956) ; cet indicateur peut être le rendement en matière sèche, le
prélèvement de P ou encore la concentration en P des tissus végétaux. La
biodisponibilité peut aussi être évaluée par détermination directe du P prélevé issu de
l’apport à l’aide de techniques isotopiques (Fardeau, 1981 ; Morel, 1988).

Quelle que soit la technique, les indicateurs en présence de l’apport (Iapp)


peuvent être exprimés en fonction des indicateurs en présence d’une forme de P dit de
référence (IREF) dont le P est complètement soluble dans un mélange eau/citrate
d’ammonium ; il s’agit le plus souvent de composés type superphosphate ou phosphate
d’ammonium (Hedley et al., 1995) ou encore KH2PO4, CaHPO4. Cela permet de
comparer des produits testés dans des conditions expérimentales différentes. Les
résultats sont exprimés en terme d’efficacité relative (RAE en anglais, pour Relative
Agronomic Efficiency) ou de valeur fertilisante phosphatée (VF).

VF (%) = (Iapp / IREF) * 100 (1)

63
64
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.3.2.2. Biodisponibilité du P des boues évaluée par les


techniques non isotopiques

D’une manière générale, les boues induisent une augmentation du rendement en


matière sèche, du prélèvement de P et de la teneur en P des plantes (Kirkham, 1982).

♦ Les VF sont très variables d’une boue à l’autre et il est difficile d’attribuer une
unique valeur de VF pour un type de boue donné. Cependant, les tendances
suivantes apparaissent :

(i) Les boues biologiques sans traitement particulier et les boues chaulées sont les plus
efficaces et peuvent être comparables au P soluble (de Hann, 1981 ; Kuile et al.,
1983).
(ii) L’ajout de sels de fer et/ou d’aluminium diminue les VF des boues. Ainsi de Hann
(1981) situe les VF de ces boues entre 0 et 40%.
(iii) L’effet du compostage est moins clair puisqu’il intervient sur des boues déjà
traitées aux sels de fer et/ou d’aluminium ou encore digérées. de Hann (1981)
trouve une VF de 52% pour une boue biologique compostée ce qui la situe au
même niveau que les boues biologiques et McCoy et al. (1986) une VF de 22% sur
deux boues compostées mais préalablement floculées aux sels de fer et
d’aluminium. Selon Sikora et al. (1982) la VF du P des composts de boues est
limitée par le taux de minéralisation du P organique
(iv) La stabilisation des boues par digestion quant à elle diminue la VF (Coker et
Carlton-Smith, 1986 ; Kuile et al., 1983).

♦ La forte variabilité des VF a plusieurs origines :

(i) La diversité des filières de production.


(ii) Néanmoins, la forte variabilité et l’apparente contradiction des résultats,
notamment sur des boues apparemment issues d’une même filière de production
peut être due à des facteurs plus difficiles à rendre compte tels que la qualité des
eaux usées, les caractéristiques propres à chaque station, etc….
(iii) Enfin, la non prise en compte d’aspects méthodologiques est probablement
responsable d’une partie de la variabilité et des contradictions entre les
valeurs de VF des boues, comme l’ont démontré Bolland et Gilkes (1987) sur des
engrais phosphatés peu solubles. Ces aspects sont critiqués ci-dessous :

65
Indice de
réponse culturale
Différenciation des
P soluble de référence produits difficile
R2

P2 et sur-estimation de VF
par rapport à des doses
plus raisonnables
R1

Produit testé

P1
Réponse culturale
et VF
dépendent de la dose

Dose 1 Dose 2
Dose d ’apport de P
4 5% 0= 8 0%
0= ) *10
R1) *10 / R
( P 1/
2
= = (P 2
VF 1 VF 2

Figure 11 : courbe de réponse culturale à la dose d’apport dans un sol carencé en P.

66
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

• Les réponses culturales et les VF dépendent de la dose d’apport (Figure 11). Par
conséquent, il est souhaitable de tirer des conclusions à partir de deux courbes de
réponse (référence et produit testé) P prélevé = f (dose de P apportée), obtenues en
testant plusieurs doses d’apport. Les résultats issus d’études qui n’ont porté que sur
une seule dose d’apport sont donc à considérer avec mesure.

• Les réponses culturales et donc VF ne sont pas toujours dues au P. Comme nous
l’avons illustré (Figure 9) la réponse culturale peut être multi-facteurs (effets de
facteurs de croissance tels que l’azote, les éléments trace métalliques, le climat, …).
Ainsi, le rendement en matière sèche en présence de boue est souvent supérieur à celui
obtenu en présence de P soluble (Koskela, 1981 ; Gestring et Jarrell, 1982),
probablement via les effets d’autres facteurs de croissances contenus dans les boues
(azote et chaux principalement). Cet effet peut conduire à une augmentation de
prélèvement de P et à une surestimation de VF (de Hann, 1981). Les éléments toxiques
à l’état de trace (Hue et al., 1988) ou antagonistes de l’absorption des ions P tels que le
zinc (Pommel, 1979) apportés par les boues peuvent également limiter le prélèvement
de P. Deux cas de figure se présentent : soit réaliser une courbe de réponse par facteurs,
soit faire en sorte d’exclure ou de compenser les effets des facteurs autres que P. Par
exemple des apports colossaux d’azote peuvent être réalisés pour qu’il ne soit plus
facteur limitant (situation azotée au niveau du plateau). Mais cette pratique éloigne de
la réalité du terrain et dans le cas des boues n’est pas toujours suffisante du fait de leur
valeur azotée très variable (Bourgeois et al., 1996).

• Ces méthodes considèrent que toute variation de prélèvement est uniquement du P


provenant de l’apport, autrement dit que le P provenant du sol est invariant. Or les
études isotopiques ont montré que, pour un même sol, le P prélevé du sol pouvait
varier selon la nature de l’apport (Morel et Fardeau, 1989 ; Morel et Fardeau,
1990a), la dose d’apport, la culture et le mode d’application (Taylor et al., 1998).

• Les méthodes basées sur les courbes de réponse souffrent d’une certaine
imprécision. Ainsi, Gestring et Jarrel (1982) ne peuvent mettre en évidence de
différences significatives entre boues malgré des VF comprises entre 65 et 140%, de
même qu’Häni et al. (1981) malgré des VF comprises entre 23 et 103%.

♦ Bon nombre de valeurs ont été obtenues dans des conditions expérimentales très
éloignées des conditions de plein champ et donc sont difficilement transposables à
l’épandage des boues pour les raisons suivantes :

67
68
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

(i) Les études portent sur des sables, ou des sols dilués dans du sable, ou des sols
pauvres en P non représentatifs des sols cultivés concernés par les épandages.
En effet, ces méthodes ne sont pas applicables sur les sols bien pourvus en P où les
réponses culturales sont absentes. Coker et Carlton-Smith (1986) définissent une
valeur seuil en P Olsen du sol de 10 mg P kg-1 de sol au-delà de laquelle les
réponses culturales risquent de ne plus être significatives.
(ii) Les doses d’apports employées sont souvent très élevées pour obtenir la
réponse culturale (par exemple Mc Coy et al., 1986). Or ceci réduit les différences
entre produit car tous tendent vers la réponse culturale maximale (Figure 11). De
plus de telles doses ne renseignent pas sur la VF des boues à des doses compatibles
avec la limite de 30 tonnes de MS ha-1 sur 10 ans de la nouvelle réglementation et
plus encore avec des apports raisonnés (Tableau 4). Enfin, il y a un risque
d’accentuer l’effet sur la plante d’autres éléments (non)toxiques contenus dans les
boues et ainsi d’obscurcir l’effet propre du P.
(iii) De nombreux travaux n’incluent pas de traitement P soluble de référence ou les
résultats P soluble ne sont pas entièrement exploités, ce qui rend impossible la
comparaison des valeurs entre différentes études.

II.3.2.3. Evaluation par le P prélevé à partir de la boue

Nous venons de voir que l’observation d’une réponse culturale, type production de
MS et prélèvement de P, est inadaptée à l’évaluation de la VF des boues dans le contexte
agricole français. Qui plus est, par son principe même, cette méthode est susceptible
d’introduire une variabilité dans la VF des boues indépendante du P de la boue.

Nous allons voir à présent que la détermination du P prélevé par une plante à l’aide
des méthode de traçage isotopique des ions P de la solution du sol est une méthode adaptée
à l’étude des boues dans le contexte agricole français.

♦ Le P prélevé d’un apport (Papp) peut être déterminé très précisément en marquant de
manière homogène le P de l’apport (PF) avec du 32P (ou 33P) d’activité R connue
servant de traceur, avant de l’incorporer au sol et de semer la plante test. Le P prélevé
issu de l’apport est alors calculé en connaissant la composition isotopique du P de
l’apport (CIapp = R / PF) et la radioactivité prélevée par la plante test (rp), en
appliquant l’équation de conservation de la composition isotopique :

R/ PF = rp/Papp d’où Papp = PF * (rp / R) = (rp / CIapp) (2)

L’hypothèse posée dans le traçage isotopique est qu’il n’y a pas discrimination
isotpique du 31P et du 32P (ou 33P) . Le comportement du 32P est donc identique au 31P.

69
Tableau 14 : valeur fertilisante phosphatée à court terme déterminée par traçage isotopique
des ions P isotopiquement échangeables du sol (VF = Papp / PREF) * 100.

Type de boue VF Sol Auteur


Boue primaire
74 Brun calcique (3)
Boue primaire
86 Brun colluvial (3)
Boues biologiques
71 Rendzine (1)
Boue biologique d’aération prolongée 1
42 Brun lessivé (1)
Boue biologique d’aération prolongée 2 97 Brun calcique (2)
Boue biologique compostée
Idem mais en plus compostée 101 Brun calcique (2)
Boues biologiques stabilisées par digestion
Boue biologique stabilisée par digestion et déshydratée par
107 Brun calcique (2)
filtre à bandes
Boue biologique stabilisée par digestion et déshydratée par 63 Rendzine (1)
filtre sous vide 48 Brun lessivé (1)
Boue biologique stabilisée par digestion et conditionnée thermiquement
Boue biologique stabilisée par digestion, conditionnée 25 Rendzine (1)
thermiquement et déshydratée par filtre presse 32 Brun lessivé (1)
Boues traitées aux sels de fer
Boue biologique d’aération prolongée, floculée à FeSO4 puis 78 Brun calcique (3)
déshydratée par centrifugation 85 Brun colluvial (3)
Boues biologique conditionnée à Ca(OH)2 et Fe(HClO4)3 et
62 Brun calcique (2)
déshydratée sur filtre sous vide
Boue biologique floculée à FeSO4, stabilisée par digestion et 62 Brun calcique (3)
déshydratée par filtre à bandes 76 Brun colluvial (3)
Boue physico-chimique floculée à Ca(OH)2 et FeCl3 puis
79 Brun calcique (2)
déshydratée par filtre presse
Boue biologique floculée à FeSO4, stabilisée par digestion et 70 Brun calcique (3)
déshydratée par filtre presse 72 Brun colluvial (3)
(1) Zhang, 1991 ; (2) Frossard et al., 1992 ; (3) Frossard et al., 1996.

70
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Il est aussi impératif que le marquage soit homogène , i.e. que la composition
isotopique soit constante dans toute fraction du système marqué.

♦ Dans le cas d’apports complexes tels que les boues, le marquage homogène du P
de l’apport est impossible et il faut recourir au marquage isotopique du P
biodisponible du sol. La radioactivité R est introduite dans le sol sous forme d’ions 32P
avant de réaliser l’apport et de semer la plante test. Cette méthode donne des résultats
non significativement différents de ceux obtenus par traçage direct du P de l’apport
(Morel et Linères, communication personnelle). Les étapes, précisément décrites dans
le chapitre matériel et méthode (Figure 19) se résument, ainsi :

La composition isotopique du P prélevé du sol (CI0 = rp0/PP0) est déterminée sur un


traitement témoin où la seule source de P est le sol. Le P prélevé du sol (Psol) dans un
traitement où une source exogène de P est ajoutée (une boue par exemple) est alors
calculé en mesurant la quantité de radioactivité prélevée (rp) et en considérant que la
composition isotopique du P prélevé du sol fertilisé (CIsol) est inchangée. Ainsi
l’égalité suivante est vérifiée et permet de calculer Psol :

rp / Psol = CI0 d’où Psol = CI0 * rp (3)


et Papp est déduit de la différence entre le P total prélevé (PP) et Psol :
Papp = PP - Psol (4)
La valeur fertilisante phosphatée est alors calculée par le rapport :
VF = (Papp / PREF) * 100 (5)
Où PREF désigne la quantité de P prélevée à partir de la forme de P de référence.

Une condition nécessaire est que tous les ions P participant à l’offre ont la même
composition isotopique, à commencer par ceux prélevés par la plante. Cette méthode
peut être décrite de manière plus théorique par le fait que toute nouvelle source de P
augmentant l’offre en P du sol conduit à une dilution de R et donc de la composition
isotopique de la plante. Papp est déduit de l’analyse de la dilution de la composition
isotopique entre plantes non fertilisées et fertilisées. Cette méthode a déjà été utilisée
pour évaluer la biodisponibilité du P dans les sols (Larsen et al., 1952) ainsi que la
biodisponibilité immédiate du P dans les fertilisants phosphatés minéraux (Morel,
1988 ; Morel et Fardeau, 1990b, Morel et Fardeau, 1991).

♦ Quelques boues ont été caractérisées par cette méthode (Zhang, 1991 ; Frossard et al.,
1992 ; Frossard et al., 1996b ; Kvarnström et al., 2000) sur différents sols (Tableau 14).
Les conclusions que l’on peut tirer de ces études sont les suivantes :

71
Tableau 15 : indicateurs de biodisponibilité du P des boues. Composition isotopique (CI) en
-1
mg P . Traitement témoin non fertilisée : 0 ; traitement avec apport : fert. PP : quantité totale de P
prélevé. Papp : quantité de P prélevé de l’apport. rp radioactivité prélevée.

Indica Calcul avec la


Calcul Unité Signification
teur composition isotopique
Indicateurs de biodisponibilité du P obtenus avec les méthodes classiques
-1 Différence de P total prélevé entre
mg P kg
∆PP PP - PP0 une plante fertilisée et une plante
sol
témoin non fertilisée.
CAU* (∆PP/50)*100 % Coefficient apparent d’utilisation.
Indicateurs de biodisponibilité du P obtenus avec la méthode isotopique
(cas de l’introduction de R dans le sol)
Quantité de P prélevé issue de la
mg P kg-1
Papp PP - (rpfert/CI0) PP - (rpfert/CI0) boue déterminée par traçage
sol
isotopique des ions P.
Coefficient réel d’utilisation. Part
*
CRU (Papp/50)*100 100/50*( PP - (rpfert/CI0)) % du P apporté prélevé par la
plante.
Phosphorus derived from fertiliser.
Part en % du P total prélevé par la
Pdff (Papp/PP)*100 100*(1 – (CIfert/CI0)) %
plante issue de l’apport (Morel,
1988).
-1 Variation de l’ensemble du P qui
mg P kg
∆L Lfert – L0 (1/CIfert) – (1/CI0) participe à la nutrition phosphatée
sol
de la plante (Larsen, 1952).
* 50 mg de P introduit par kg de sol

72
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

(i) Les VF sont globalement dans la même gamme de valeur que celle obtenue à
partir de l’analyse des courbes de réponse. Celles-ci se situent entre 25 et 107%,
avec une moyenne de 70%.
(ii) Les VF ne semblent pas influencées par la digestion et par l’ajout de sels de fer
et/ou de calcium. Seule la digestion suivie d’un conditionnement thermique abaisse
la VF (environ 30%).
(iii) Certaines filières importantes sont très peu représentées (boues de
déphosphatation biologique, boues compostées, boues biologiques sans traitement
particulier, boue biologiques digérées) ou même pas représentées (boues
massivement chaulées en fin de traitement).

♦ La méthode isotopique présente de nombreux avantages par rapport aux


méthodes classiques :

(i) Papp et PREF croissent dans les mêmes proportions avec la dose d’apport, si bien
que les VF, calculées par la méthode isotopique, ne dépendent pas de la dose
(Morel et Fardeau, 1989). Cette méthode ne nécessite donc pas d’établir une
courbe de réponse, une seule dose d’apport suffit pour déterminer la VF
(ii) Les mesures réalisées ne nécessitent pas de réponse culturale ; par cette méthode, il
est donc possible de déterminer des VF de boues dans des sols riches en P (sols
cultivés) et à des doses d’apports agronomiquement réalistes.
(iii) Cette méthode permet de calculer d’autres indicateurs de biodisponibilité dérivés de
la composition isotopique des plantes (Tableau 15). Cependant la portée de ces
indicateurs est encore mal perçue. Jusqu’à présent le CRU a largement été utilisé
alors que le Pdff est un indicateur qui semble à priori plus robuste : si un effet
parasite positif ou négatif, noté C, s’exerce sur le prélèvement de P, celui-ci est
annulé dans le cas du Pdff car il porte à la fois sur Papp et PP (Cf. note 3 pour la
signification des termes) :

Pdffthéorique = 100 * (Pappthéorique / PPthéorique)


= (C * Pappmes / C * PPmes) * 100 = (Pappmes / PPmes) * 100 = Pdffmes (6)

3
Pdffthéorique, Pappthéorique et PPthéorique sont le Pdff, le P prélevé de la boue et le P total prélevé par la
plante dans la cas idéal d’une absence d’interaction sur le prélèvement de P ; Pdffmes Pappmes et PPmes
sont le Pdff, le P prélevé de la boue et le P total prélevé par la plante réellement mesurés. C est un
coefficient qui chiffre l’interaction négative ou positive qui s’exerce sur le prélèvement de P sans
discerner le P du sol de celui de la boue.

73
P soluble
et P de la
VF
boue non VF par
limitants comportement
100% cultural

70% VF par traçage


P soluble P soluble isotopique
et P de la devient
boue non limitant
limitants P de la
augmentent boue encore
tous deux limitant
avec la dose rattrappe le
P soluble

Dose de boue
Effet théorique de la dose d ’apport sur VF
via un effet phosphore dans un sol déficient en P

VF Teneur en azote
maximale des plantes
atteinte VF par
comportement
100% cultural
cas d ’un effet azote
Interaction positive due
à l ’azote de la boue
70% VF par traçage
isotopique
Effet toxique augmentant
avec la dose
VF par
comportement
cultural cas d ’un
effet toxique

Dose de boue

Effet théorique de la dose d ’apport sur VF


via un effet positif de l ’azote ou un effet toxique d ’éléments trace métalliques

Figure 12 : évolution de la VF d’une boue en fonction de sa dose d’apport selon plusieurs


scénarii. La VF déterminée par traçage isotopique a été calculée à partir d’un rapport de Pdff (VF
= 100 * (Pdff app / PdffREF).

74
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

(iv) Par son principe même, qui est de s’attacher à décrire précisément le devenir du P
dans le système sol/boue/plante, cette méthode permet de calculer des
indicateurs de biodisponibilité moins dépendants de facteurs non liés au P
(effet azote, physiologie de la plante etc…) mais étroitement liés à l’offre en P
(Figure 9). Comme illustration, l’évolution des VF avec la dose de boue est
présentée sur la Figure 12 pour les méthodes classiques et isotopiques, dans le cas
d’effets positifs liés à une levée progressive de facteurs limitant la croissance (cas
du phosphore et cas de l’azote) ou dans le cas d’effets négatifs liés à l’apport
d’éléments toxiques à l’état de trace.

II.3.3. Evaluation par l’offre en P des boues

II.3.3.1. Les différentes approches de mesure de l’offre en P

Le prélèvement de P est le résultat d’une offre en P et de son interception par les


racines (Figure 8). En considérant que l’interception racinaire n’est qu’une manifestation
de la plante, la biodisponibilité du P d’une boue peut simplement être évaluée par son offre
en P. Plusieurs méthodes d’évaluation de l’offre en P du sol ont été appliquées pour
l’évaluation de l’offre en P des boues.

Deux principales approches ont été employées : (i) l’extraction de P par des
réactifs chimiques supposer mimer les mécanismes rhizosphériques et (ii) la mesure des
transferts d’ions P entre la phase solide et la solution. Ces méthodes ont été appliquées
directement sur les boues et sur des mélanges de terre et de boue afin de prendre en compte
les interactions sol / boue (Figure 9).

II.3.3.2. Evaluation par le phosphore extractible des boues

Les extractions les plus utilisées en France sont les extractions Olsen (Olsen et al.,
1954 ; NaHCO3 0.5M à pH 8.5), Joret Hébert (1955) (oxalate d’ammonium 0.2 N) et Dyer
(1894) (acide citrique à 2%). Il en existe une kyrielle de par le monde (Hedley et al., 1995 ;
van Raij, 1998).

75
76
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Les quantités de P extraites des boues sont très variables et dépendent de la


méthode utilisée. Ainsi, selon Häni et al. (1981) le P extrait par la méthode Dyer représente
de 26.5 à 100% du P total de boues biologiques traitées ou non avec des sels de fer ou
d’aluminium. Le P extrait par la méthode Joret Hébert représente quant à lui de 8 à 80% du
P total (Morel, 1980 ; Zhang, 1991). Enfin, le P des boues extrait par la méthode Olsen
varie de 0.6 à 39.4% du P total (Zhang, 1991 ; Frossard et al., 1996a). Ces études
proposent des explications de cette variabilité en lien avce les filières de production,
mais elles n’ont pas démontré s’il existait une relation directe entre le P extrait et une
réponse culturale.

L’apport de boue augmente généralement les quantités de P extractibles des sols


(Morel, 1980). L’apport d’un compost de boue biologique floculée à la chaux (10% de Ca)
augmente le P extractible à l’acide faible dès la première année (Darmody et al., 1983) ;
cet effet est encore significatif 3 ans après l’apport. Sommers et al. (1979) constatent une
augmentation du P Bray 1 sur parcelles irriguées avec des boues secondaires liquides non
stabilisées.
Des relations ont été établies entre le prélèvement de P par les plantes et le P
extrait de sols fertilisés avec des boues mesuré par les méthodes Dyer (Häni et al., 1981),
Olsen et extraction à l’eau (Hue et al., 1998 ), Morgan, Mehlich 1 et Bray 1 (Taylor et al.,
1998), Mehlich 1 et extraction à l’eau (Cox et al., 1997). Cependant les relations restent
imprécises et ne sont valables que pour un sol donné. D’une manière générale, les
corrélations obtenues entre une quantité de P extrait et un indice de réponse culturale sont
faibles (Morel et al., 1992 ; Hedley et al., 1995) car les solutions d’extraction ne
parviennent pas à reproduire la complexité des mécanismes rhizosphériques et
extraient des formes de P qui ne participent pas à l’offre en P. En fait il n’existe pas de
preuve directe de l’intervention du P extrait par un réactif chimique dans la nutrition
phosphatée de la plante, mais uniquement un ajustement statistique entre des données
agronomiques issues d’essais de plein champs et les quantités extraites correspondantes.

II.3.3.3. Evaluation par la mesure du transfert des ions P entre


la phase solide et la solution

L’abaissement de concentration en ions P au voisinage de la racine est souvent


considéré comme le principal mécanisme rhizosphérique responsable de l’alimentation
en ions P de la solution (Figure 8) (Barber, 1995 ; Junk et Claassen, 1997). Cet
abaissement de concentration contrôle le passage en solution des ions P associés à la
phase solide. Dans les sols, l’offre en P est donc principalement constituée des ions P
de la phase solide.

77
Figure 13 : fraction de la radioactivité introduite restant en solution (rt/R) au cours du temps
représentée en échelle décimale et logarithmique (a) et quantité (Q(t)) d’ions P
isotopiquement échangée calculée d’après le principe de dilution isotopique, pour 3 sols (b.
Les points représentent les mesures expérimentales et les lignes les valeurs calculées d’après les
équations 8 et 9 respectivement (d’après Morel et al., 2000a).

78
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Parmi les méthodes de détermination des quantités d’ions P de la phase solide


susceptibles de passer en solution sous l’effet d’un abaissement de la concentration, il en
existe deux particulièrement pertinentes.

♦ La première consiste à mesurer la quantité d’ions P qui peut être désorbée de la phase
solide en appliquant une concentration très faible en solution, tout en modifiant le
moins possible le sol, afin de mimer l’effet puits des racines. Des papiers imbibés
d’oxyde de fer sont utilisés (Van der Zee et al., 1987). Les quantités de P extraits par
les oxydes sont étroitement corrélées au P prélevé par les plantes (Menon et al., 1997).

♦ La deuxième consiste à déterminer la quantité d’ions P isotopiquement


échangeables au cours du temps en suivant la cinétique de dilution isotopique d’ions P
marqués au 32P (activité R en cpm) dans une suspension de terre en fonction du temps
(t) (Fardeau et al., 1982 ; Fardeau, 1993). La radioactivité restant en solution au cours
du temps (rt en cpm) peut être modélisée par l’équation simplifiée :

rt/R = m * (t + m 1/n) –n (7)


Où m et n sont des paramètres sans dimension. n est compris entre 0 et 0.5 et représente
le poids des ions P isotopiquement échangeables de la phase solide par rapport aux ions
P en solution. Cette équation est en général vérifiée sur des périodes de plusieurs
semaines.

L’ensemble des ions P isotopiquement échangés après un temps t ont la même


composition isotopique. D’après ce principe, la composition isotopique des ions P en
solution (PH2O en mg P kg-1 sol) est identique à celle de l’ensemble des ions P
isotopiquement échangés de la suspension (Et en mg P kg-1 sol) :

rt/PH2O = R/Et (8)

Ce qui donne l’équation simplifiée suivante :

Et = (PH2O /m) (t + m 1/n) n (9)

Un exemple d’évolution de rt/R et de Et avec le temps est donné sur les Figure 13a
et Figure 13b.

79
Figure 14 : évolution de la composition isotopique (mg P–1) des ions P en solution dans une
suspension de terre (M/V=1/10) et du P prélevé par du raygrass après 6 et 9 semaines de
culture après application de 5 niveaux de P soluble dans l’eau marqué au 32P (d’après Morel
et Plenchette, 1994).

Figure 15 : comparaison de la composition isotopique (CI, 10-2 mg P–1) du phosphore


prélevé par les plantes et de la CI des ions P en solution dans des suspensions de sol
(Source : Morel et al., 2000b). Données issues de : (1) Fardeau, 1981; (2 et 6) Morel, 1988; (3)
Morel et Plenchette, 1994 ; (4 et 5) Morel et Fardeau, 1991 ; (7) Frossard et al., 1994.

80
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

(i) Plusieurs études ont prouvé de manière directe que les plantes prélèvent leur P
à partir des ions P isotopiquement échangeables. En fait, à condition de
considérer une même durée d’échange isotopique (Figure 14), la composition
isotopique du P des plantes n’est pas significativement différente de celle des ions
P de solutions de sols (Fardeau, 1981 ; Morel et Plenchette, 1994 ; Frossard et al.,
1994) (Figure 15). Ces résultats ont été obtenus pour plusieurs espèces végétales
(pois, blé, raygrass), mycorhizées ou non (Morel et Plenchette, 1994) et pour des
régimes de fertilisation divers.
(ii) Ces études prouvent également que les racines n’ont pas transformé du P non
isotopiquement échangeable en P isotopiquement échangeable : les mécanismes
rhizosphériques entraînant la dissolution des phosphates cristallisés et la
minéralisation du P organique (Figure 8), qui sont des formes de P non
isotopiquement échangeables, sont donc négligeables dans l’acquisition de P par les
plantes. Récemment, Morel et Hinsinger (1999) arrivent à la même conclusion en
comparant des sols rhizosphériques de colza, pois et maïs avec le sol non
rhizosphérique. Même sur des dizaines d’années de culture, les racines n’ont fait
que puiser dans les ions P isotopiquement échangeables du sol (Morel et al., 1994 ;
Morel et al., 2000b).
(iii) Les quantités d’ions P isotopiquement échangeables ont été déterminées sur
différentes boues et composts de boues (Morel, 1980 ; Zhang, 1991 ; Frossard et
al., 1992 ; Frossard et al., 1996a ; Traoré, 1998). Les paramètres caractéristiques
sont présentés dans le Tableau 16. Cp (concentration des ions P en solution) se
situe entre 0.25 et 575 mg P l-1, E1min entre 0.13 et 34.7 % du P total et enfin le
paramètre n entre 0.02 et 0.42. Globalement, les quantités d’ions P isotopiquement
échangeables, qui peuvent être très élevées pour les boues biologiques liquides sont
diminuées par l’ajout de sels de fer, le chaulage et le conditionnement Portéous. En
fait les ions P rapidement échangeables diminuent au profit des ions P plus
lentement échangeables (n augmente). Une relation étroite entre le P
isotopiquement échangeable des boues et leur CRU a été établie pour un sol et 4
boues traitées au sel de fer (Frossard et al., 1996b). La possibilité d’évaluer la
biodisponibilité du P des boues par leur ions P isotopiquement échangeables
n’est pas généralisée.

81
Tableau 16 : concentrtaion des ions P en solution et paramètres E1min et n décrivant
l’évolution des quantités d’ions P isotopiquement échangeable obtenus sur divers boues.
E1min représente la quantité d’ions P isotopiquepent échangés en 1 minute et n est un paramètre
sans dimension qui décrit le poids du temps dans les échanges avec la phase solide. Données
issues des travaux de : Zhang (1991), Frossard et al. (1992) et Frossard et al. (1996b).

Cp E1min E1min
Types de boues -1 -1
n
mg P l mg P kg MS % du P total
Boue primaire
Boue primaire 1.77 143 0.67 0.35
Boues biologiques
Boue biologique d’aération prolongée 32.6 480 5.2 0.13
Boue biologique activée 575 5943 26.7 0.04
Boue biologique compostée
Idem mais en plus compostée 18 1961 34.7 0.02
Boues biologiques stabilisées par digestion
Boue biologique stabilisée par digestion
35.7 771 4.1 0.19
et déshydratée par filtre à bandes
Boue biologique stabilisée par digestion
1.3 81.9 0.44 0.4
et déshydratée par filtre sous vide
Boue biologique stabilisée par digestion et conditionnée thermiquement
Boue biologique stabilisée par digestion,
conditionnée thermiquement et 0.8 46.2 0.14 0.42
déshydratée par filtre presse
Boues traitées aux sels de fer
Boue biologique d’aération prolongée,
floculée à FeSO4 puis déshydratée par 75.3 1130 4.7 0.19
centrifugation
Boues biologique conditionnée à
Ca(OH)2 et Fe(HClO4)3 et déshydratée 0.47 204 1.4 0.18
sur filtre sous vide
Boue biologique floculée à FeSO4,
stabilisée par digestion et déshydratée 0.98 77 0.13 0.42
par filtre à bandes
Boue physico-chimique floculée à
Ca(OH)2 et FeCl3 puis déshydratée par 0.25 53 0.24 0.35
filtre presse
Boue biologique floculée à FeSO4,
stabilisée par digestion et déshydratée 3.1 108 0.6 0.32
par filtre presse

82
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

(iv) Les boues augmentent les quantités d’ions P isotopiquement échangeables des sols
(Zhang, 1991 ; Frossard et al., 1992 ; Frossard et al., 1996b ; Traoré, 1998 ;
Kvarnström et al., 2000). Un lien direct entre le P isotopiquement échangeable des
sols fertilisés avec des boues et leur CRU n’a été établi que pour un sol et
seulement 4 boues traitées au sel de fer (Frossard et al., 1996b). Cependant, Cette
approche permet d’évaluer la biodisponibilité du P des sols et des engrais
phosphatés minéraux. Ainsi, de nombreuses études montrent une forte corrélation
entre les ions P isotopiquement échangeables et le P prélevé par les plantes, les
valeurs L (Gachon, 1966 ; Ipidmidum, 1973) et le CRU d’autre part (Kato et al.,
1995). Par ailleurs, pour les engrais minéraux, Morel et Fardeau (1991) ont montré
que la contribution de leur P au transfert sol/solution des ions P des sols est un bon
estimateur de leur contribution à la nutrition phosphatée de la plante (i.e. Pdff).
Enfin, dans le cas des sols fertilisés avec des engrais minéraux, les quantités d’ions
P isotopiquement échangeables donnent la relation la plus significative avec le
rendement relatif d’une culture (Morel et al., 2000a). L’application de cette
approche à l’évaluation de la biodisponibilité du P des boues mérite d’être
développée.

83
84
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

II.4. Problématique scientifique et objectifs de


recherche
Le raisonnement de la dose d’apport de boue est basé avant tout sur le respect des
seuils fixés par la loi en terme de flux de micro polluants organiques et métalliques et de
teneur dans le sol. Cependant, pour garantir le niveau de production tout en protégeant
l’environnement, un raisonnement en terme de flux d’éléments majeurs fertilisants,
azote et phosphore, devient nécessaire pour la pérennisation de l’épandage des boues.
Un premier bilan azoté et phosphaté montre qu’il faut raisonner par rapport au
phosphore, ce qui est déjà réalisé en Suède notamment. Pour cela la biodisponibilité du P
des boues doit être connue avec précision.

L’analyse bibliographique a montré la très grande diversité des boues du fait de


l’utilisation, dans de multiples combinaisons, de nombreux traitements des eaux usées et
des boues. Il en résulte une très grande diversité des formes et donc de la
biodisponibilité du P des boues. Nous avons vu que le prélèvement de P est le résultat de
plusieurs processus interactifs complexes entre la boue, le sol et la plante (Figure 9). Ces
processus peuvent être à l’origine de résultats apparemment contradictoires dans la
mesure où ils ne sont pas pris en compte et où les méthodes d’évaluation de la
biodisponibilité du P en dépendent.

Nos objectifs sont les suivants :

1- Compléter les références sur la biodisponibilité du P des boues dans des


systèmes de complexité croissante (boue seule, boue + sol,
boue+sol+plante)

2- Analyser et comprendre l’origine de la variabilité de la biodisponibilité du


P des boues

3- Tenter de proposer une méthode simple et rapide d’évaluation de la


biodisponibilité du P des boues pour disposer d’un outil de diagnostic
utilisable pour de grandes séries de boues

85
Figure 16 : valeur fertilisante phosphatée du phosphate naturel de caroline du nord selon le
pH du sol déterminée par traçage isotopique des ions P (Morel et Fardeau, 1990).

86
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Principaux facteurs étudiés et choix méthodologiques

Le type de boue a été le principal facteur étudié. La description des filières de


production des boues nous a permis de caractériser la diversité des boues de stations
d’épuration et de faire ressortir des grands types de boues. Cette analyse nous a imposé
un grand nombre de boues (plusieurs dizaines) pour que ce travail soit représentatif des
différentes filières. Elle dresse également le vocabulaire à employer pour correctement
et complètement décrire l’origine d’une boue ; ceci a son importance car chaque
traitement est susceptible d’influencer l’état du P dans la boue et in fine sa valeur
fertilisante phosphatée.
Chaque boue est un cas unique par la qualité des eaux usées traitées, le fonctionnement
propre de la station d’épuration et les combinaisons de traitements mis en œuvre ; par
conséquent, il est difficile de prouver avec certitude l’impact d’un traitement en
comparant des boues d’origine différente. Pour pallier ce problème, nous avons réalisé
des prélèvements après chaque traitement de la filière de production sur une
même station d’épuration. En outre, notre attention s’est principalement portée sur
les traitements à base de sels de fer (et d’aluminium), le chaulage, la stabilisation par
digestion et le compostage qui sont les traitements les plus couramment employés
susceptibles de modifier les formes et la biodisponibilité du P.
Parce qu’il n’était pas possible dans le temps imparti à ce travail d’étudier l’impact du
facteur sol sur la biodisponibilité du P des boues, seuls deux sols ont été testés.
L’implication du pH sur l’offre en P des boues (Figure 9†) n’a pas été étudiée avec
précision sur les boues. Or, des phosphates de calcium de type apatitiques ont été
identifiés dans les boues et la biodisponibilité des phosphates naturels peu solubles est
étroitement liée à l’effet dissolvant du pH du sol (Figure 16). De même la rétention du
P sur les oxydes de fer et d’aluminium dans les sols dépendent du pH du sol (annexe
1). Dans l’hypothèse d’une implication majeure du pH du sol, nous avons choisi un
sol de pH 6.2 et l’un de pH 8.2, afin d’encadrer la gamme de pH des sols susceptibles
de recevoir des boues. Par ailleurs, les études isotopiques ou non, réalisées sur des
engrais phosphatés minéraux, montrent qu’il est plus facile de différencier les
traitements sur des sols pauvres en P. Le pouvoir tampon P du sol pourrait également
influencer la biodisponbilité du P des boues. Les deux sols choisis ont donc aussi un
niveau de disponibilité en P très différent : l’un bien pourvu en P comme la majorité
des sols agricoles français alors que l’autre est déficient en P.

87
88
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Nous avons évalué l’offre en P (sur les systèmes boues, sol, sol+boue) par le transfert
des ions P entre solution et phase solide. La quantité d’ions P transférés a été
mesurée par une méthode de traçage isotopique des ions P isotopiquement
échangeables. Dans le cas des sols, les plantes prélèvent leur P à partir des ions P
isotopiquement échangeables. Une relation étroite a déjà été mise en évidence entre les
quantités d’ions P isotopiquement échangeables de boues ou de mélanges de sols et de
boues, et le P de la boue effectivement prélevé par les plantes (Frossard et al., 1996b).
La quantité d’ions P isotopiquement échangeables en 1 jour (1440 minutes) permet de
prédire avec une bien meilleure précision que le P-Olsen les rendements relatifs
obtenus dans 3 sols différents (Morel et al., 2000a).
Nous avons également réalisé des extractions de P selon la méthode Olsen (1954).
Cette méthode est mondialement utilisée pour caractériser, en routine, dans les
laboratoires d’analyse de terre/sol, l’assimilabilité du P. Parmi les méthodes
d’extraction, le P Olsen est généralement bien corrélé au P prélevé par les
plantes.(Bingham, 1962 ; Giroux et Tran, 1985). Sa composition isotopique est plus
proche de la composition isotopique des ions P de la solution du sol (Fardeau et al.,
1988) que celle du P extrait par les autres méthodes ; par ailleurs la somme P Olsen
plus P extrait à l’eau des boues est proche de la quantité d’ion P isotopiquement
échangeable en 1 jour (Frossard et al, 1994).
Les nombreuses études sur la spéciation du P des boues, utilisant des techniques
spectroscopiques ou des extractions séquentielles, soulignent la diversité et la
complexité des formes de P. Cependant, elles ne répondent pas à l’objectif opérationnel
fixé dans le cadre de ce travail notamment parce qu’elles (i) ne renseignent pas
précisément sur la biodisponibilité du P de la boue, (ii) fournissent des résultats plus
qualitatifs que quantitatifs et (iii) portent sur des échantillons dont les propriétés ont pu
être modifiées lors de leur préparation.
A l’image de ce qui se passe dans les sols (annexe 2), le P dans les boues et sa
dynamique sont liés au fer (aluminium) et au calcium. Le P associé à la phase solide
représente entre 67 et 99.99% du P total (Tableau 16), cette proportion augmente au fil
des traitements, en particulier suite à l’apport de sels de fer (aluminium) et de chaux.
L’accent sera donc mis sur l’analyse de la variabilité de la biodisponibilité au travers de
la teneur en fer, aluminium et calcium des boues.
Les boues contiennent d’autres éléments en quantité, comme du carbone et de l’azote.
La libération d’ions P en solution pourrait donc être étroitement liée à la minéralisation
de la matière organique de ces produits. La minéralisation potentielle du C et N des
boues a été évaluée par l’équipe de Bernard Nicolardot de l’INRA de Reims.

89
Tableau 17 : origine de la variabilité parasite sur la biodisponibilité du P des boues en
fonction des indicateurs retenus.

Sources de variabilité
Indicateurs de Mode de Facteurs de Conditions
* ** Remarques
biodisponibilité calcul prélèvement du P expérimentales
∆PP x x x On fait l’hypothèse de calcul
que le P provenant du sol est
identique entre plantes
CAU x x x fertilisées et non fertilisées ; or
cela n’est pas toujours vérifié.
Papp x x
CRU x x Calculé à partir de Papp
Calculé à partir de Papp. Les
Pdff x facteurs de prélèvement sont
mathématiquement annulés.
Prend en compte l’ensemble du
∆L x P de la boue qui alimente la
plante.
VF avec CAU x x Gomme les effets
VF avec CRU x des conditions
expérimentales à
VF avec Pdff conditions qu’elles
Ces deux
VF sont agissent de la
mathéma même manière sur
VF avec ∆L tiquement la forme de P de
liées référence et les
produits testés.
* facteurs modifiants les capacités d’interception et d’absorption du P du sol au niveau de la plante.
** conditions pédoclimatiques, nombre de coupes, durée de la culture, types de culture, dose d’apport, type de
sol, …

90
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

Les indicateurs de biodisponibilité du P des boues mesurés sur les plantes peuvent être
obtenus par les méthodes, dites classiques, de réponse culturale (matière sèche
produite, phosphore total prélevé etc…). Mais ces méthodes ne sont adaptées ni à
l’étude des boues, ni au contexte agronomique français. La méthode isotopique
présente quant à elle de nombreux avantages c’est pourquoi nous l’avons choisie. Elle
permet aussi de calculer plusieurs indicateurs de biodisponibilité ; cependant certains
d’entre eux intègrent une part de variabilité « parasite » non liée à l’aptitude du P à être
prélevée par une plante (variabilité liée notamment aux processus ˆ et ‰ décrits dans
la Figure 9). Le Tableau 17 expose plus précisément les types de variabilité parasite
présents dans chacun des indicateurs. Par conséquent, la valeur fertilisante phosphatée,
qui est la biodisponibilité du P de la boue exprimée par rapport à celle du P soluble
dans l’eau, dépend de l’indicateur choisi. Nous avons donc d’abord analysé l’effet du
choix de l’indicateur de biodisponibilité sur les valeurs de VF, ce qui a été possible
en distinguant l’origine, boue ou sol, du P prélevé, avant de chercher à expliquer
leur variabilité par les caractéristiques propres des boues.

91
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

92
Elements d’analyse de la problématique de la biodisponibilité du phosphore des boues

III M ATERIEL ET METHODES

93
Tableau 18 : récapitulation brève des systèmes et des principales mesures

Boue Boue / Sol Boue / Sol / Plante

80 échantillons de boue - 10 boues mélangées dans un - 10 boues (les mêmes que


sol (Bourran) laissé en serre : dans les incubations)
Mesure de la quantité d’ions P
suivi de l’évolution, sur 95 jours. testées sur 1 sol (Bourran)
isotopiquement échangeables
durant l’été 98.
en suivant la cinétique de - 10 + 6 boues mélangées à
dilution isotopique des ions P sur deux sols (Bourran et INA-PG) - 10 + 6 boues (les mêmes
des suspensions de boues (80) mises en incubation pendant 28 que dans les incubations)
sans ajustement du pH ou après jours. testées sur un sol (INA-
ajustement du pH (16 boues). PG) durant le printemps
Mesure de la quantité d’ions P
99.
Mesure du P extrait par la isotopiquement échangeables
méthode Olsen et des ions P des sols. Quantité de P de la boue
extraits à l’eau prélevée par une plante
test (ray grass) cultivée sur
Analyses générales (teneurs en
des sols fertilisés avec des
éléments totaux)
boues, en conditions
contrôlées, sur 3 mois.
Marquage isotopique des
ions P du sol.

94
Matériel et méthodes

III. M ATERIEL ET METHODES


Les expérimentations sont de deux types (Tableau 18) :
(i) caractérisation et évaluation de la biodisponibilité du P des boues seules ou
mélangées à des sols par des méthodes d’analyse physico-chimique.
(ii) évaluation de la biodisponibilité du P des boues par le P prélevé par une plante,
déterminé par marquage isotopique des ions P du sol.

III.1. Matériel
III.1.1. Boues

III.1.1.1. Fiches de renseignements sur les traitements des


eaux et des boues

Afin de connaître précisément le contexte de production des boues, des fiches de


renseignements (annexe 2) sur les traitements des eaux et des boues ont été réalisées en
étroite collaboration avec Anjou Recherche. Elles ont été conçues pour recueillir un
maximum d’informations aussi précises que possible sur la filière de traitement. Ces fiches
ont été envoyées aux exploitants de stations d’épuration qui nous les ont renvoyées,
complétées, avec les échantillons de boues.

III.1.1.2. Origines et filières de production

Les filières de production des boues sont détaillées dans l’annexe 3.


En résumé, cette étude comporte 80 échantillons de boues. 30 de ces échantillons ont été
prélevés à différentes étapes de traitement des boues (les boues concernées sont issues des
stations d’épuration de : Blois, Chartres, Grand Couronne (76), Lagny, La Roche sur Yon,
Le Beausset, Nantes, Saint Brieuc, Saint Céré, Seine Aval, Valenton et Vitré).
Au niveau des traitements de l’eau, les boues se répartissent ainsi (le nombre
entre parenthèse correspond au nombre d’échantillon de boue) :

Biologique Physico-
Déphosphatation Lagunage
(53) chimique
(20) (2)
(5)

Avec décantation primaire Sans décantation primaire Biologique Mixte


(28) (25) (9) (11)

+ sels de fer Sans sels de fer + sels de fer Sans sels de fer
(11) (17) (1) (24)

95
Tableau 19 : présentation des boues selon la filière de production et la localisation de la
station d’épuration

Filière de production Origine


Biologique aérobie Annet, Auvers, Cestas 97, Cestas 98, Gratentour,
Nantes déshydratée 98, Saint Jean d’Illac, Seine Aval
épaissie
Biologique aérobie + Fe Lagny épaissie, Lagny déshydratée,
Biologique digérée Seine Aval digérée, Valenton digérée 1, Valenton
digérée 2
Biologique digérée + Fe Aix en Provence, Bordeaux 97, Bordeaux 98, Cergy,
Saint Brieuc déshydratée, Valenton épaissie, Valenton
déshydratée
Biologique digérée Portéus Seine Aval Portéus, Seine Aval déshydratée 1, Seine
Aval déshydratée 2
Biologique + Fe séchée thermiquement Rennes, Saint Brieuc séchée
Biologique séchée sur Lit Vinon sur Verdon
Biologique chaulée Antibes, Douai, Lagny chaulée, Narbonne, Perpignan,
Reims, Soisson chaulée, Toulouse, Trois frontières,
Valenton chaulée 1, Valenton chaulée 2, Versailles
Biologique compostée Nantes compostée 97, Nantes compostée 98 0, 17, 59,
95, 110 et 115j, Saint Céré compostée 0, 15, 60 et 90j,
Sanary Bandol, Var
Déphosphatation biologique Blois épaissie, Blois déshydratée, Grand Couronne
épaissie, Grand Couronne déshydratée, Le Beausset
déshydratée
Déphosphatation biologique chaulée Blois chaulée, Grand Couronne chaulée, Le Beausset
chaulée
Déphosphatation biologique compostée Blois compostée
Déphosphatation mixte + Fe Chartres déshydratée, La Roche sur Yon épaissie, La
Roche sur Yon déshydratée, Vitré épaissie, Vitré
déshydratée
Déphosphatation mixte + Fe chaulée Ardennes, La Roche sur Yon chaulée, Vitré chaulée
Déphosphatation mixte + Fe compostée Chartres compostée 40j, Chartres compostée 160j, Saint
Cyprien
Lagunage Maisoncelle, Trilbardou
Physico-chimique + Fe ou Ca Biganos 97, Biganos 98, Port Vendres, Toulon
Physico-chimique + Fe compostée Aime La Plagne

96
En tenant compte des traitements des boues, 18 principales filières de boues
peuvent être distinguées (Tableau 19).

III.1.1.3. Préparation des boues

Des fiches expliquant les modalités de prélèvement des boues liquides, pâteuses ou
solides, à respecter dans la mesure du possible, ont été distribuées aux personnes chargées
de l’échantillonnage (Annexe 4) ; l’objectif était de favoriser la constitution d’un
échantillon aussi représentatif que possible des boues produites à la station. Les boues ont
été réceptionnées et prises en charge au laboratoire moins de 3 jours après leur
prélèvement. Les boues ont été pesées à l’état brut, puis mises à l’étuve à 50°C pendant 10
jours. Une fois séchées, elles ont été broyées à 1 mm avec un broyeur à couteaux rotatifs et
conservées dans des flacons en polyéthylène à température ambiante.

III.1.1.4. Analyses générales

Les analyses suivantes ont été effectuées par le laboratoire d’analyse des sols (LAS) de
l’INRA d’Arras :

- sur toutes les boues (80) :


- teneur en P total : l'échantillon de boue est mis en solution totale par une solution
d'acide fluorhyrique et d'acide perchlorique (NF X 31-147) ; le dosage des ions P en
solution s'effectue par spectrocolorimétrie (longueur d'onde : 825 nm) d'un complexe
phosphomolybdique selon la méthode de Duval (1963).
- teneur en P extrait par la méthode Olsen (Olsen et al., 1954) selon la norme NF ISO
11 263.

- sur les 16 boues dont la valeur fertilisante phosphatée a été évaluée en pots de culture :
- matière organique, teneur en calcaire total (CaCO3, NF ISO 10 693), pH eau (NF
NF ISO 10 390) , carbone organique (NF ISO 1069 4), C/N, azote ammoniacal (NH4+),
azote Kjeldhal (très proche de l’azote total compte tenu du fait qu’il y très peu d’azote
sous forme nitrate dans les boues) ; et aussi la teneur en éléments totaux suivants :
potassium et sodium (émission atomique de flamme, EAF), calcium, magnésium, fer et
manganèse (absorption atomique de flamme, AAF), aluminium, cuivre, zinc, chrome et
nickel (émission en plasma induit d'argon, ICP), plomb et cadmium (absorption
atomique par atomisation électrothermique) et mercure. Pour ces analyses, l'échantillon
de boue est mis en solution totale par une solution d'acide fluorhyrique et d'acide
perchlorique (NF X 31-147), puis dosé selon la méthode indiquée entre parenthèse.

- teneur en P extrait par les méthodes Joret Hébert (Joret et Hebert, 1955) selon la
norme AFNOR NF X 31-161) et Dyer (Dyer, 1894) selon la norme AFNOR ISO X 31-
160.

97
Matériel et méthodes

Tableau 20 : principales caractéristiques des deux sols choisis pour établir la valeur
fertilisante phosphatée des boues en pots de cultures et analyser l’effet des boues sur les
transferts phase solide/solution des ions P du sol.

Argi Limon Limon Sable Sable CEC Ca Na Mg K


CaCO3 pH
Sol le fin grossier fin grossier éch. éch. éch. éch.
eau
-1
g kg de sol cmol kg-1

Bourran 228 215 275 101 181 0 6.2 7.1 5.4 0.038 0.67 0.705
INA-PG 283 225 368 78 46 60 8.2 15 40.6 0.061 1.82 0.35

C N- N-
Fe tot. Al tot. N tot. Ptot. POlsen PH2O E1min E1jour
Sol org. C/N NO3 NH4
-1 -1
g kg de sol mg kg de sol

Bourran 7 19.7 45.8 0.75 9.3 30.3 4.5 670 52.4 7.6 17 67
INA-PG 13.1 25.1 44 1.33 9.8 6.4 3.6 1130 6.1 0.41 1.8 14

98
Matériel et méthodes

- sur les boues (47) prélevées en fin de filière de production et dont seule la mobilité des
ions P a été évaluée : matière organique, teneur en calcaire total (CaCO3), pH, carbone
organique, C/N, ainsi que les teneurs totales en azote Kjeldhal, calcium, magnésium,
aluminium, fer.

Le phosphore organique (Porg) des boues a été déterminé par la méthode de


Saunders et Williams (1955), décrite dans l’annexe 5, à l’INRA de Bordeaux. Le
phosphore minéral (Pm) a été déduit : Pm = P total - Porg.

L’ensemble des analyses est présenté en annexe 6.

III.1.2. Sols

Deux sols ont été retenus : un sol prélevé dans le domaine expérimental INRA de
Bourran (47) au printemps 1998, et un sol prélevé au printemps 99 dans une parcelle non
fertilisée depuis 30 ans du domaine expérimental de l’INA-Paris Grignon (INA-PG, 78).
Ils ont été choisis pour couvrir une large gamme de pH et de teneur en P biodisponible (Cf.
principaux choix exposés dans le paragraphe II.4.). Les sols ont été séchés sous serre à l’air
ambiant, tamisés à 4 mm et analysés au laboratoire d’analyse des sols de l’INRA d’Arras.
Leurs principales caractéristiques sont portées dans le Tableau 20. Les ions P
isotopiquement échangeables (Et) ont été déterminés par cinétique de dilution isotopique
(Fardeau, 1993), (Cf. paragraphe III. 2.).

III.2. Mesure des ions phosphate isotopiquement


échangeables des boues
III.2.1. Principe de la cinétique de dilution isotopique des ions
P
Des ions P marqués au 32P (isotopique) sont introduits dans une suspension de
boues ou de terre ; ils vont immédiatement se diluer dans le compartiment d’ions P en
solution, puis réagir au cours du temps (cinétique) avec les ions P présents sur la phase
solide, dits isotopiquement échangeables. Il en résulte une diminution de la radioactivité
restant en solution, par dilution avec les ions P de la phase solide, à partir de laquelle on
déduit la quantité totale d’ions P isotopiquement échangés du système. La cinétique de
dilution isotopique est réalisée sur un système invariant (à l’équilibre) pendant la durée de
la cinétique, caractérisé notamment par une concentration des ions P en solution constante.
Cet état stationnaire masque en réalité les incessants va-et-vient des ions P entre la phase
solide et la solution dont le résultat est un flux net d’ions P nul. Les ions 32PO4 quant à eux
sont pris dans ces mouvements browniens et nous révèlent les flux bruts.

99
t0 R ( 32PO4 3-) prélèvement de qqs ml de suspension

t1 t10 t100
filtre 0.2 µm

boue 1 g
Cp
eau distillée 100 ml
agitation

r1 r 10 r 100

Cp r

Cp
t

0 1 10 100 minutes

16 h
rt /R •régression non linéaire à partir de
l’équation (10) à partir des valeurs
1 expérimentales à 1, 10 et 100 minutes
•paramétrage de m et n

r eq/R
Ajustement
non linéaire Extrapolation
t

0 10 100 1000 10000 100000 1000000 minutes

•application de la loi de dilution


isotopique : Et = 100 Cp / (r t/R)
Et
E3mois - E1 jour Pmineral
E1an - E 3mois

E1jour - E 1min
E1an et plus

E1min
t

0 10 100 1000 10000 100000 1000000 minutes

Figure 17 : principales étapes du protocole de mesure et de calcul des quantités d’ions P


isotopiquement échangeables dans le cas des boues (adapté de Fardeau et al., 1994).

100
Matériel et méthodes

Les conditions à respecter sont :


- une parfaite homogénéité de la suspension
- l’homogénéité du marquage
- l’utilisation de forme radiochimique pure
- une concentration en ions P en suspension (Cp) constante sur la durée de la cinétique.
Des études préliminaires sur des suspensions de boues ont montré que Cp était stable
sur une période de 100 minutes, 16 heures après la mise en suspension des boues. Au
delà, des processus biologiques risques d’interférer avec les processus physico-
chimiques et donc de modifier la cinétique de dilution isotopique. Le paramétrage de la
cinétique de dilution isotopique a donc été réalisé sur des données obtenues entre 1 et
100 minutes après introduction des ions 32P.
- des conditions expérimentales invariantes bien définies (rapport M/V de la suspension,
vitesse d’agitation, température etc…).

III.2.2. Protocole

L’ensemble des étapes du protocole de mesure ainsi que de calcul des quantités
d’ions P isotopiquement échangeables est représenté dans la Figure 17.

III.2.2.1. Constitution des suspensions de boues

Les cinétiques de dilution isotopique ont été réalisées sur l’ensemble des boues de
cette étude sur des suspensions de boues à 1gramme de MS pour 100 ml. Elles ont été
agitées de nuit (agitation par barreau magnétique) 15 minutes par heure pendant 16 heures,
à 21°C ± 2°C.
Des cinétiques de dilution isotopique ont également été réalisées, sur les 16 boues
présentées dans le Tableau 21 après ajustement du pH des suspensions à 6.2 et à 8.0. Le pH
des suspensions (1 g MS dans 40 ml d’eau distillée) a été ajusté par ajout d’HCl 0.25 M ou
de NaOH 0.1 M à l’aide d’une burette automatique. Les volumes ont été définis par une
expérimentation préliminaire. La vitesse d’ajout d’HCl ou de NaOH n’a pas d’influence
sur le pH d’équilibre ainsi que sur Cp (étude préliminaire). Le volume de la suspension a
alors été ajusté à 95 ml avec de l’eau distillée. La suspension a été agitée pendant 16 heures
puis une nouvelle mesure de pH a été réalisée et, éventuellement, un nouvel ajout d’HCl ou
de NaOH est effectué pour réajuster le pH. Le volume a été définitivement ajusté à 99ml et
la suspension a été agitée pendant 5 heures. Une dernière mesure de pH a été réalisée juste
avant de débuter la cinétique de dilution isotopique. Le Tableau 22 résume les volumes
d’HCl ou de NaOH ajoutés aux suspensions et les pH obtenus.

101
Tableau 21 : description des mélanges réalisés pour le suivi en serre et les incubations.

Produits quantités de produit Equivalent


apporté 4 (t MS ha-1)5
-1
(g MS kg de sol sec)
P soluble eau (KH2PO4) 0.220
Annet 2.242 7.8
Blois chaulée 2.476 8.6
Cergy 1.544 5.4
Lagny chaulée 4.854 17
Le Beausset déshydratée 1.494 5.2
Le Beausset chaulée 3.508 12.3
Nantes compostée 97 5.11 17.9
Seine aval déshydratée 2 2.146 7.5
Toulon 2.334 8.2
Valenton chaulée 2 3.164 11.1
Ardennes 2.822 9.9
Biganos 98 3.677 12.8
Bordeaux 98 2.145 7.5
Cestas 98 1.835 6.4
Nantes compostées 98 2 6.238 21.8
Var 2.274 9.55

4
Equivalent à un apport de 50 mg P kg-1 de sol , soit 175 kg P ha-1 en considérant 3500 tonnes de sol par
hectare (épaisseur de sol de 25 cm avec une densité de 1.4).
5
En considérant 3500 tonnes de sol par hectare (épaisseur de sol de 25 cm avec une densité de 1.4).

102
Matériel et méthodes

III.2.2.2. Suivi de la cinétique de dilution isotopique des ions P

Entre 1 et 0.2 ml d’une solution d’ions P marqués au 32P (activité R comprise entre
20 000 et 70 000 cpm ml-1) ont été introduits dans la suspension (volume final de 100 ml)
au temps t0. L’agitation par le barreau magnétique doit être vigoureuse afin d’obtenir une
suspension et un marquage homogènes. Environ 5 ml de suspension ont ensuite été
prélevés sur des temps compris entre 1 et 400 minutes (généralement trois prélèvements
sont réalisés à 1, 10 et 100 minutes), avec une seringue de 10 ml en polyéthylène et
immédiatement filtrés. Les filtres utilisés ont été de deux types : soit des filtres Sartorius en
acétate de cellulose N°11107 47 N d’un diamètre de 47 mm à monter soi-même, soit des
minifiltres jetables Sartorius d’un diamètre de 30 mm N° 17 597. Dans tous les cas, le
diamètre des pores était de 0.2 µm. La radioactivité (rt) restant en solution (dans le filtrat) à
chaque prélèvement a été mesurée à l’aide d’un compteur à scintillation liquide (Tri-Carb®
2000 CA, Packard ®, durée de comptage 2 minutes) sur 1 ou 2 ml de filtrat additionné de 5
ou 10 ml de liquide scintillant. Pour s’affranchir de la décroissance de la radioactivité au
cours du temps (temps de demie vie du 32P de 14.3 jours), rt a été rapportée à l’activité,
notée R, d’une solution témoin à 1 mg P l-1 marquée au 32P comme les suspensions. rt/R est
donc le facteur de dilution isotopique. La concentration en ions P de la solution, notée Cp,
a été mesurée sur le filtrat, sur un seul prélèvement (celui effectué à 100 minutes) puisque
Cp est constant sur la durée de la cinétique de dilution isotopique.

III.2.2.3. Dosage des ions P en solution

Les ions P en solution sont complexés sous forme d’un complexe


phosphomolybdate et vert malachite (Veldhoven et Mannaerts, 1987). La densité optique
du complexe, fonction de la concentration en ions P de la solution, a été mesurée par
colorimétrie à 610 nm. La méthode est décrite dans l’annexe 7.

103
Tableau 22 : volumes d’HCl 0.25M ou de NaOH 0.1M ajoutés aux suspensions de boues et
pH obtenus.

pH final recherché : 6.2 pH final recherché : 8


Vol. de
Vol. d’HCl Vol. d’HCl
NaOH 0.1M
0.25M (ml) 0.25M (ml)
(ml)
pH 1ier 2
ième
pH 1
ier
2
ième
1
ier
2
ième
pH
Boues
initial ajout ajout obtenu ajout ajout ajout ajout obtenu
Annet 7.66 2 0.3 6.16 - - 1.1 0.3 8.07
Blois chaulée 12.3 21 2 6.31 17 3 - 2 7.9
Cergy 7.86 3.5 0.5 6.18 - - 1 - 8.1
Lagny chaulée 12.4 22 1 6.24 16 - - 0.3 7.95
Le Beausset déshydratée 7 5.4 - 5.09 - - 3 1 7.95
Le Beausset chaulée 12.6 51 0.9 6.24 45 0.2 - - 8.05
Nantes compostée 97 8.25 1.5 0.15 6.18 - - - - 8.18
Seine aval déshydratée 7.42 1.5 0.5 6.3 - - 0.5 - 7.94
Toulon 7.48 6.5 0.15 6.26 - 0.1 2 - 8.15
Valenton chaulée 12.4 23 1.4 6.38 15 0.2 - - 8.18
Ardennes 9.47 12 1.5 6.37 5 - - - 8
Biganos 98 7.97 10 1.6 6.36 - 0.1 0.9 0.1 8.17
Bordeaux-Clos de Hilde 98 7.94 3 0.3 6.21 - 0.1 1 - 8.12
Cestas 7.4 1.7 0.5 6.1 - - 3 0.3
Nantes compostées 98 2 7.92 1.5 0 6.26 - - 0.3 - 8.13
Var 7.2 2 0.15 6.19 - 0.06 1.7 - 8.2

104
Matériel et méthodes

III.2.3. Calcul de la quantité d’ions P isotopiquement échangés

L’évolution de rt/R avec le temps a été décrite par l’équation suivante :

rt/R = m * (t + m 1/n )-n + req/R (10) (Fardeau, 1993)

m et n sont des constantes obtenues par ajustement de l’équation (10) sur les
mesures de rt/R réalisées à 1, 10 et 100 minutes, avec l’aide du logiciel Model
Maker®. req/R représente la valeur du rapport de dilution obtenu quand les ions 32P
se sont échangés avec l’ensemble des ions P échangeables. Cet ensemble est
considéré égal au phosphore minéral. req/R représente donc la valeur de rt/R
minimale et est calculé à partir de l’équation l’équation (12).

Le calcul de la quantité Et (ensemble des ions P isotopiquement échangés en un


temps t) est basé sur le principe que la composition isotopique des ions P en solution est la
même que la composition isotopique de l’ensemble des ions P isotopiquement échangés
(Et) pour un temps t donné. La relation suivante est utilisée :

Composition isotopique des ions P en solution


=
Composition isotopique de l’ensemble des ions P isotopiquement échangés
équivaut à

rt / PH2O = R / Et (8)

PH2O : quantité d’ions P extraits à l’eau (g P kg-1 MS)


Avec PH2O = Cp * V/M
Cp : concentration des ions P en solution (g P l-1)
M : masse de produit (g)
V : volume de la suspension (ml)
Et (g P kg-1 MS) : quantité d’ions P isotopiquement échangés en un temps t

Les valeurs de Et ont été calculées par l’équation (11) résultant de la combinaison
des équations (10) et (8):

Et = PH2O / [m * (t + m 1/n )-n + req/R] (11)

Le calcul de req / R est possible en considérant que la totalité du phosphore minéral


(Pm) est échangeable. A l’équilibre d’échange isotopique, la relation (5) est obtenue de
l’équation (4).

105
et plus%
E1an(E1 an et p lus )%

(E1an - E 3mois)%
(E1 an - E3 mois )%

(E3mois(E3
- E1jour)%
mo is - E1 jo ur)%

(E1jour -(E1Ejo1min )%
ur - E1 min)%

(E1min (E- P1 min


H2O)%
- PH2O)%

PH2OPH2%O%

0 10 20 30 40
ions PO4 échangés (% P total)

Figure 18 : représentation des ions P isotopiquement échangés sur différentes périodes de


d’échanges (Fardeau, 1993).

106
Matériel et méthodes

req / R = PH2O / Pm (12)

Dans les résultats nous avons exprimé Et en % du P total.

Et% = 100 * ( Et / teneur P total )

L’évolution en fonction du temps de Et ou de Et% peut être représentée par une


courbe croissante continue (Figure 17), ou par des compartiments (Fardeau, 1993)
correspondant à une quantité échangée sur des périodes données (Figure 18).

La vitesse d'échange des ions P (vt en mgP min-1 kg-1 MS) est caluculée à partir de
la dérivée de l'équation (11) par rapport au temps soit :

Vt = (PH2O * n /m) * (t + m 1/n )n-1

III.2.4. Influence de l’apport de boues sur les ions phosphate


isotopiquement échangeables du sol

III.2.4.1. Evolution des quantités d’ions P isotopiquement


échangeables en fonction de la durée d’incubation

Des mélanges de sols et de boues ont été réalisés à l’identique de ceux réalisés pour
les études en pots de culture (Cf. paragraphe III.3.2.2.), sauf qu’ils n’ont pas été marqués
au 32P, avec le sol de Bourran. Les traitements ont été présentés dans le Tableau 21 . Les
quantités de matière sèche apportées (Tableau 21) correspondaient à un apport de
50 mg P kg-1 de sol. Les mélanges ont été réalisés sur 3 kg de sol qui ont ensuite été
répartis dans 3 pots en PVC de 10 x 10 x 13.5 cm dont le fond avait été garni d’une couche
de 3 cm de sable de quartz (3 répétitions de 1 kg de sol par pot). Le mélange a été réalisé
par brassage à la main. L’humidité a été ajustée à 80% de la capacité de rétention du sol
avec 230 ml de solution nutritive6. Les pots ont ensuite été couverts pour limiter
l’évaporation et le développement d’organismes photosynthétiques L’humidité des
mélanges a été ajustée, par pesée, tous les mois avec de l’eau permutée. Des échantillons
de 20 à 40 grammes de mélanges ont été prélevés à 1500, 2200 minutes, 68, 234 heures et

6
Solution nutritive apportant par kg de sol : 55 mg d’N sous forme NH4NO3, 60 mg de K sous forme K2SO4, 20 mg
de Mg sous forme MgSO4 7H2O, 2 mg de Mn sous forme MnCl2 4H2O, 2 mg de Cu sous forme CuCl2 2H2O, 1 mg de Zn
sous forme ZnCl2, 1 mg de B sous forme H3BO3, 0.1 mg de Mo sous forme (NH)4Mo7O24 4H2O.

107
108
Matériel et méthodes

18, 39 et 95 jours après incorporation des produits. Ils ont été séchés à 50°C
pendant 3 jours en étuve ventilée, puis concassés au mortier.
10 g sont ensuite pesés pour mesurer les ions P extractibles à l’eau et les ions P
isotopiquement échangeables par la méthode des cinétiques de dilution isotopique décrite
dans le paragraphe précédent.

III.2.4.2. Quantités d’ions P isotopiquement échangeables de


mélanges de sol et de boue après 28 jours d’incubation

Les traitements suivants ont été réalisés sur les sols de Bourran et de l’INA-PG : sol
sans apport, sol fertilisé avec du KH2PO4 (traitement de référence) ou l’une des 16 boues
du Tableau 21. Les modalités ont été les suivantes : 30 g de sol tamisé à 2 mm ont été
mélangés avec la masse de boue (broyée à 2 mm) correspondant à un apport de 50 mg P
kg-1 de sol, pendant 3 heures dans des flacons en verre par retournement avec des billes
d’agate. Le KH2PO4 a été apporté en solution, lors de l’humectation. Ce mélange a ensuite
été réparti dans 3 flacons en verre de 90 ml, pour constituer 3 répétitions de 10 grammes de
mélange par traitement. Les 10 g ont été humectés avec 3 ml d’une solution d’NH4NO3
apportant 80 mg d’N par kg-1 sol, soit respectivement 70% et 90% de la capacité de
rétention des sols de l’INA-PG et de Bourran. Les flacons, fermés hermétiquement par un
opercule en plastique, ont été mis à incuber, à l’obscurité, dans une enceinte à 28 ± 1°C
pendant 28 jours. Ils ont été pesés avant mise en incubation, puis toutes les semaines afin
d’ajuster éventuellement l’humidité, les pertes de masse étant attribuées aux pertes d’eau ;
finalement, aucun ajustement n’a été nécessaire au cours des 28 jours. Les flacons ont été
ouverts les 1er, 3ème, 7ème, 14ème et 21ème jours pour assurer une bonne oxygénation. Au
28ème jour les flacons ont été mis à l’étuve à 50°C pendant 3 jours avant de réaliser
directement sur les mélanges la mesure des ions P extractibles à l’eau et isotopiquement
échangeables.

III.2.4.3. Détermination de la quantité d’ions P isotopiquement


échangeables des mélanges de sol et de boues

Les mélanges de sol et de boue ont été mis en suspension dans un rapport 10 g de
MS dans 100 ml d’eau distillée, puis le suivi de la cinétique de dilution isotopique des ions
P a été réalisé comme décrit pour les boues. Le pH des suspensions a été mesuré à la fin de
chaque cinétique.

L’équation suivante a été utilisée pour calculer Et :

Et = (10Cp/m) * (t + m 1/n )n (9)

Le factur 10 correspond au rapport V/M

109
Papp = PP - Psol
Psol = (rp * PP0) / rp0
rp0 / PP 0 = rp / Psol

PP0 Psol + Papp = PP


(=Psol0) ? ?
rp0 rp
témoin fertilisé
PLANTE

SOL SOL

R
32
P
marquage isotopique boue PF

Figure 19 : principe de la détermination du phosphore prélevé par une plante provenant soit
du sol (Psol), soit de l’apport (Papp). rp0 et rp correspondent à la radioactivité prélevée par les
plantes témoin et fertilisées respectivement.

110
Matériel et méthodes

m et n ont été déterminés à partir de l’ajustement, sur les valeurs de rt/R, mesurées à
1, 10 et 100 minutes, de l’équation (7) à l’aide du logiciel Model Maker ® :

III.3. Détermination du P de la boue prélevé par la


plante au moyen du traçage isotopique des ions P
du sol
III.3.1. Principe

Le P total prélevé par une plante poussant sur un sol fertilisé avec un apport est
constitué du P provenant du sol (Psol) et du P provenant de l’apport (Papp) :

PP = Psol + Papp (13)

Il est possible de différencier le P provenant du sol de celui provenant de la boue en


marquant les ions 32P du sol avant d’apporter la boue. La démarche est présentée dans la
Figure 19. Après avoir marqué les ions P du sol par des ions 32P d’activité R, l’apport
(boues et la forme de référence dont tout le P est soluble dans l’eau) est réalisé de manière
homogène et la plante test est semée. Un traitement témoin, c’est à dire un sol marqué sans
apport, est réalisé de la même manière. Plusieurs coupes sont réalisées sur lesquelles sont
déterminés la radioactivité prélevée par les plantes fertilisées (rp) et témoin (rp0), ainsi que
le P total prélevé par les plantes fertilisées (PP) et témoin (PP0).
Psol (équation 7) est calculé en considérant que la composition isotopique du P
prélevé du sol (rp/Psol) est identique dans tous les traitements soit :

rp0 / PP0 = rp / Psol


et
Psol = rp * (PP0/ rp0) (14)

Papp est déduit par différence avec le P total prélevé :

Papp = PP - Psol (15)

A partir de Papp on calcule le CRU (Coefficient Réel d’Utilisation) et le Pdff


(Phosphorus derived from fertiliser) :

CRU (%) = (Papp / PF) *100 (16)

ou PF désigne la quantité totale de P ajoutée

111
112
Matériel et méthodes

Pdff (%) = (Papp / PP) *100 (17)

La valeur L (en mg P kg-1 sol) qui représente l’ensemble des ions P qui participent à
la nutrition phosphatée de la plante est calculée en considérant les ions P appartenant à cet
ensemble ont même composition isotopique, soit :

R/R/ L = rp / PP et L = PP /rp (inverse d’une composition isotopique) (18)

III.3.2. Mise en œuvre expérimentale

III.3.2.1. Sols et produits testés

La mesure de la biodisponibilité du P des boues a été réalisée sur les sols de


Bourran durant l’été 1998 et de l’INA-PG courant printemps-été 1999 (Tableau 20). Douze
traitements ont été testés sur le sol de Bourran et de l’INA-PG : sol sans apport (témoin),
KH2PO4 apporté en poudre (référence) et 10 boues (Annet, Blois chaulée, Cergy, Lagny
chaulée 2, Le Beausset déshydratée, Le Beausset chaulée, Nantes compostée 97, Seine aval
déshydratée 2, Toulon, et Valenton chaulée 2). Une seconde étude de 8 traitements (sol
sans apport, KH2PO4 et 6 boues : Ardennes, Biganos 98, Bordeaux-Clos de Hilde 98,
Cestas 98, Nantes compostées 98 2 et Var) a été aussi réalisée sur le sol de l’INA-PG avec
deux semaines de décalage (collaboration Mme Monique LINERES, INRA Bordeaux). Au
total, 16 boues ont donc été testées sur le sol de l’INA-PG.

III.3.2.2. Marquage des ions P du sol au 32P et constitution des


mélanges de sol et de boue

Le marquage isotopique des ions P isotopiquement échangeables du sol a été réalisé


sur 5 kg de sol sec par traitement (environ 107 Bq kg-1 de sol soit 0.3 mCi). Le sol a tout
d’abord été humidifié à 10% de sa capacité de rétention pour éviter les poussières. 50 ml
d’une solution contenant les ions 32P ont été apportés par kg de sol sous forme de
brouillard (à l’aide d’un brumisateur), en petites fractions en prenant soin de bien mélanger
le sol. Le volume de solution mère et son activité ont été déterminés pour connaître
l’activité totale introduite par unité de masse de sol.
Les produits ont été incorporés de manière aussi homogène que possible après
marquage isotopique des ions P du sol. Les quantités de matière sèche apportées par kg de
sol (Tableau 21) correspondaient à un apport de 50 mg P kg-1 de sol. Les 5 kg de sol sec
ont ensuite été répartis dans 5 pots en PVC de 10 x 10 x 13.5 cm dont le fond avait été
garni d’une couche de 3 cm de sable de quartz (5 répétitions, 1 kg de sol par pot).

113
Tableau 23 : synoptique de la mise en œuvre expérimentale de la mesure de la
biodisponibilité du P de différents apports.
Sols BOURRAN (exp.1) INA-PG (Exp.2) INA-PG (exp.3)
Support pot contenant 1kg de sol sec
marquage isotopique des ions P du sol par une quantité d’ions 32P d’activité
7
R d’environ 10 Bq par kg de sol sec
-1
Apport de P 50 mgP kg sol avec différents produits (Tableau 21)
Répétitions 5 répétitions par traitement
-1
Humidité du sol 80% capacité rétention 70% capacité rétention (300 ml kg sol)
-1
(260 ml kg sol)
Arrosage humidité du sol maintenue automatiquement par goutte à goutte
avec apport d’eau permuttée
Climat serre
humidité atmosphérique > 50%
température jour : 25 à 35°C
température nuit : 15 à 20°C
Fertilisation N/55 (NH4NO3) ; K/60 (K2SO4) ; N/80 (NH4NO3) ; K/60 (K2SO4) ; Mg/20
complémentaire Mg/20 (MgSO4, 7 H2O) ; Mn/2 (MgSO4, 7 H2O) ; Mn/2 (MnCl2) ; Cu/2
-1
(en mg kg sol) (MnCl2) ; Cu/2 (CuCl2) ; Zn/1 (CuCl2) ; Zn/1 (ZnCl2) ; B/1 (H3BO3) ;
(ZnCl2) ; B/1 (H3BO3) ; Mo/0.1 Mo/0.1 ((NH4)6Mo7O24, 4H2O).
((NH4)6Mo7O24, 4H2O).
Plante 1 gramme de graine de ray-grass d’Italie c.v. Barmultra
Semis 10 jours après la réalisation du le jour même du
mélange sol/produits mélange
Date des récoltes
après incorporation
des produits
coupe 1 31 jours 35 jours 21 jours
coupe 2 52 jours 49 jours 40 jours
coupe 3 69 jours 69 jours 60 jours
coupe 4 85 jours 87 jours
-1 -1
fertilisation après N/50 mg kg de sol coupes 1 et 2 : N/80 mg kg de sol
chaque coupe coupe 3 : N/80 et K/60 mg kg-1 de sol
analyses effectuées masse fraîche (g)
sur chaque coupe masse sèche (g)
-1
phosphore total prélevé par colorimétrie du vert malachite (mg P kg sol)
radioactivité prélevée par compteur à scintillation liquide béta (cpm kg-1 sol)
-1
calcul de la composition isotopique CI (mg P ),
-1
calcul du Psol, Papp, valeur L (mg P kg sol), CRU, Pdff, VF (%)

114
Matériel et méthodes

L’humidité du sol a finalement été ajustée à 80% ou 70% de la capacité de rétention selon
les sols avec une solution nutritive (Tableau 23).

III.3.2.3. Mise en culture et récolte

1 gramme de graine de ray-grass d’Italie c.v . Barmultra a été semé dans chaque pot
puis recouvert de sable humidifié. Une atmosphère humide a été maintenue en recouvrant
les pots par un film plastique. Quelques jours après la germination, un système d’arrosage
automatique (apport d’eau permutée par goutte à goutte) a été mis en place. 3 ou 4 coupes
espacées de 3 à 4 semaines ont été effectuées (Tableau 23). Un complément azoté et
potassique a été réalisé après chaque coupe (Tableau 23). Les parties aériennes de chaque
pot ont été séchées à 70°C pendant trois jours, puis pesées et broyées (broyeur à couteaux
thomas) à 1 mm.

III.3.2.4. Analyses sur les plantes

Après chaque coupe, le poids sec de parties aériennes récoltées, la quantité totale
prélevée de P (PP) et de radioactivité (rp) par la culture a été déterminée sur les pots
témoin et fertilisés. Après broyage, environ 0.5 g de poudre de ray-grass a été pesé dans
une capsule en silice ; après détermination de l’humidité résiduelle par passage à 103°C
pendant 1 jour, les capsules ont été mises au four, à 550 °C pendant 4 heures. 5 ml d’HNO3
14.44 N ont été ajoutés aux cendres, puis lentement portés à 120°C sur une plaque
chauffante. Après évaporation de l’acide, on a ajouté 5 ml d’HNO3 7.22 N. La suspension
de cendres a été filtrée (filtre Whatman 40/11 cm préalablement lavés à l’eau distillée
chaude), les cendres et les filtres sont ensuite rincés à l’eau distillée. Le volume du filtrat a
été amené à 50 ml avec de l’eau distillée. La qualité du rinçage a été contrôlée en mesurant
la radioactivité restant dans les capsules et sur les filtres. La radioactivité a été mesurée par
scintillation liquide. La concentration en P total des solutions de végétaux minéralisés a été
mesurée par colorimétrie du vert malachite sur 50 µl de minéralisat (méthode de
Veldhoven et Mannaerts, 1987 décrite en annexe 7). L’effet de la matrice acide sur la
détermination de la radioactivité (quenching) et du P total a été mesuré en réalisant
plusieurs droites étalon contenant des quantités croissantes d’acide nitrique. Aucune
interaction n’a été observée pour nos concentrations en HNO3. Afin de s’assurer de la
justesse, de la répétabilité et de la reproductibilité des analyses, des échantillons de
référence (Poudre de maïs V 463 Bipea) ont été régulièrement analysés à l’identique en
même temps que nos échantillons (uniquement sur le sol de Bourran).
L’azote total dans la matière sèche a été déterminé par la méthode Dumas par le
LERMAVE (INRA-Bordeaux), sur l’ensemble des traitements et des répétitions des
coupes 1 et 3 sur le sol de Bourran et des coupes 2 et 4 sur le sol de l’INA-PG.

115
Tableau 24 : caractéristiques du sol utilisé pour le suivi des cinétiques de minéralisation de
l'azote et du carbone de mélanges de sol et de boues.

-1
Argiles g kg 101
-1
Limons fins g kg 63
-1
Limons grossiers g kg 69
-1
Sables fins g kg 14
-1
Sables grossiers g kg 8
-1
CaCO3 total g kg 734
-1
C organique g kg 17.5
-1
N total g kg 1.94
-1
C/N g kg 9.02
pH eau 8.2

116
Matériel et méthodes

III.4. Détermination du carbone et de l'azote


minéralisés dans des mélanges de sol et de boue
Un suivi des quantités d'azote et de carbone minéralisées au cours du temps dans des
mélanges de sol et de boue a été effectué en conditions contrôlées (incubations de sol). Il a
été réalisé par Virginie Parnaudeau (INRA de Reims, équipe de Bernard Nicolardot) sur les
boues suivantes : Blois chaulée, Lagny chaulée 2, Le Beausset déshydratée, Seine aval
déshydratée 2, Toulon, Valenton chaulée 2, Biganos 98, Bordeaux-Clos de Hilde 98,
Cestas 98 et Var. Un témoin sans apport de produit a également été suivi.

Un sol de référence (rendzine sur craie) a été utilisé (Tableau 24). La dose d’apport de
boue a été fixée à 4 g de produit sec par kg de sol sec soit l’équivalent de 14 tMS ha-1 7.
Pour chaque traitement et chaque date de prélèvement, 4 répétitions ont été mises en place.
Les incubations ont été réalisées à 28 ± 0.5°C. L’humidité du sol a été fixée à 24% du sol
sec. Enfin un ajout d'azote minéral (KNO3 -) a été effectué en début d’incubation pour
éviter une limitation de la décomposition des produits par le manque d’azote minéral
présent dans le sol.

III.4.1. Dispositif et mesure de minéralisation du carbone


Des mélanges de sol (50 g de MS) et de boue (200 mg de MS) ont été placés dans des
fioles à plasma hermétiquement bouchées. Le CO2 a été piégé avec 10 ml d'une solution de
NaOH 0.25 M (formation de Na2CO3) et les pièges ont été prélevés aux pas de temps
suivants : 3, 7, 10, 14, 21, 28, 42, 56, 84, 112 et 168 jours après le début des incubations.
Les solutions de NaOH ont été renouvelées à chaque prélèvement. Le CO2 a été libéré par
acidification puis dialysé à travers une membrane de silicone avant de réagir avec un
tampon alcalin carbonate-bicarbonate de sodium coloré à la phénolphtaléine. La quantité
de CO2 a été calculée à partir de la densité optique du mélange à une longueur d'onde de
550 nm (colorimètre à flux continu TRAACS, Bran & Luebe, Germany).

III.4.2. Dispositif et mesure de minéralisation de l'azote

Des mélanges de sol (25 g de MS) et de boue (100 mg de MS) ont été placés dans des
pots en polystyrène cristal, eux-mêmes placés dans des bocaux en verre fermés
hermétiquement. Un flacon de soude (30 ml NaOH 1M) destiné à piéger le CO2 dégagé a
été placé dans chaque bocal et renouvelé périodiquement pour éviter la saturation de la
soude et permettre le renouvellement de l'atmosphère des bocaux.

7
en considérant 3500 tonnes de sol sec par hectare.

117
118
Matériel et méthodes

Quatre échantillons par traitement ont été sacrifiés pour la détermination de leur teneur en
azote minéral (NH4+ et NO3-), après les durées d'incubations suivantes : 0, 3, 7, 10, 14, 21,
28, 42, 56, 84, 112 et 168 jours. Les ions NH4+ et NO3- ont été extraits avec une solution de
KCl 1 M (rapport terre / solution de 1 / 4 ; agitation durant 30 minutes à 20°C).

Les ions NO3- et NH4+ont ensuite été dosés par colorimétrie à 520 nm et 660 nm
(colorimètre à flux continu TRAACS, Bran & Luebe, Germany) en suivant respectivement
les méthodes de Griess-Ilosvay et de Berthelot.

III.4.3. II.2.- Expression des résultats

La minéralisation apparente du carbone des boues a été obtenue en effectuant la


différence entre le CO2 dégagé par le mélange sol + boue et le sol témoin (valeurs
exprimées en mg C kg-1 de sol sec). Cette différence a ensuite été exprimée en % du
carbone organique apporté par le produit.

L’effet net lié à l’apport de boue sur la dynamique de l’azote minéral du sol a été
calculé par différence entre l’azote minéral produit par le mélange sol + boue et celui
produit par le sol témoin (valeurs exprimées en mg N kg-1 de sol sec). Cette différence a
ensuite été exprimée en % de l’azote organique apporté

Les variations de valeurs L calculées sur la 3ème coupe de raygrass, soit 69 jours après
incorporation des boues, ont été exprimées en fonction du % d'azote et de carbone
minéralisé net après 69 jours d'incubation ; ces valeurs ont été déterminées graphiquement,
à partir des courbes : Nminéralisé = f (durée d'incubation) et Cminéralisé = f(durée
d'incubation).

III.5. Analyses statistiques


Une analyse de variance a été réalisée sur les données plantes afin de déterminer s'il y a
un effet traitement puis une comparaison de moyenne (p<0.05) a été réalisée selon le test
de Newman et Keuls pour classer les traitements entre eux (sous le logiciel SAS).

Les régressions linéaires à un ou plusieurs facteurs ont été réalisées en utilisant la


fonction DROITEREG du logiciel Excel ; le seuil de signification a été déterminé en
comparant la valeur F donnée par la fonction DROITEREG à celle de la valeur critique F
lue sur une table de distribution F de Snedecor.

119
120
IV RESULTATS ET DISCUSSION

121
Traitements des eaux :

lagunage

physico-chim.

déphosph. mixte

déphosph. bio

bio + Fe

bio

0 10 20 30 40 50

P total (g/kg MS)

Figure 20 : teneur en P des boues selon le procédé de traitement des eaux usées mis en
œuvre.

122
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

IV. RESULTATS ET DISCUSSION

IV.1. Typologie du phosphore des boues en relation


avec les filières de production
IV.1.1. Teneur en phosphore total, organique et minéral sur la
matière sèche

IV.1.1.1. Teneur en P total

La teneur en P total des 80 échantillons de boues varie entre 0.1 et 4.6% sur MS
avec une moyenne de 1.99% ± 1.02. Les valeurs pour chaque boue sont présentées en
annexe 8.

Cette variabilité n’est pas expliquée par le type de traitement de l’eau (biologique,
physico-chimique, mixte, avec déphosphatation biologique poussée, déphosphatation mixte
et lagunage, Figure 20), ni par l’intensité du traitement (aération prolongée, faible,
moyenne et forte charge).

Par contre, la prise en compte des traitements des boues permet d’expliquer une
part de cette variabilité (Figure 21). Aucun traitement statistique particulier n’a été utilisé,
il ne s’agit donc que de tendances.

Deux traitements principaux diminuent la teneur en P des boues par dilution : le


chaulage et le compostage. Ainsi, la teneur en P des boues ni chaulées ni compostées est
de 27.7 ± 6.7 g P kg-1 MS, et tombe à 15.3 ± 5.5 g P kg-1 MS après chaulage et 11.5 ± 9.4
gP kg-1 MS après compostage. La comparaison des teneurs en P total des échantillons de
boues prélevés avant et après chaulage confirme ce résultat (Figure 22a). Sur ces
échantillons, la diminution de la teneur en P total est directement liée au taux de chaulage
(Figure 23). L’effet de dilution par le substrat de compostage est également confirmé en
comparant les échantillons de boue avant et après compostage (Figure 22b). Ainsi les
composts de boues de Nantes et Chartres ont des teneurs en P au moins deux fois plus
faibles que les boues pâteuses d’origine. La teneur en P du mélange augmente ensuite avec
la durée de compostage (Figure 22b) comme l'a également montré Traoré et al (1999).
Cette augmentation est particulièrement nette sur les boues de Nantes. La minéralisation
durant le compostage induit probablement des pertes de C sous forme gazeuse qui conduit
à une concentration du P.

123
Filière de production :

bio. + Fe séchée thermiquement


bio. digérée Portéus
déphosph. bio.
bio. aérobie
déphosph. mixte Fe
bio. digérée + Fe
bio. digérée
lagunage
déphosph. mixte Fe compostée
bio. aérobie + Fe
physico-chim. Fe ou Ca
déphosph. mixte chaulée
chaulées déphosph. bio. chaulée
bio. chaulée
physico-chim. Fe compostée
déphosph. bio. compostée
compostées
bio. compostée
bio. séchée sur lit

0 10 20 30 40 50
-1
P total (g kg MS)

Figure 21 : teneur en phosphore total des boues en fonction des principales filières de
production de boues. Grands symboles : boues prélevées en fin de filière de production. Petits
symboles : boues prélevées en cours de filière de production.

124
40 avant chaulage après chaulage

P total (gP/kg MS)


30

20

10
(a)
effet du chaulage 0

he
e

n
s
t

tré
se

gn
nn
oi

o
c

nt
Vi
Bl
s

Ro

La
ro
au

le
ou

Va
Be

La
C
d
Le

boue non
compostée mélange

compostage
45
40
Teneur en P total (gP/kg MS)

35
30
25
20
(b)
effet du compostage 15
10
5
0
-50 0 50 100 150 200
Durée du compostage (jour)

Chârtres Nantes Saint Céré

Figure 22 : évolution de la teneur en P des boues avant et après chaulage (a) et lors du
compostage (b).

125
0 50 100 150
0

variation de la teneur en P total de la boue


-10

(% teneur avant chaulage)


-20

-30

-40

-50

-60

-70

taux de chaulage de la boue (% MS)

Figure 23 : diminution de la teneur en P total des boues en fonction du taux de chaulage.

Portéous
40 avant après
P total (gP kg-1 MS)

dig
30
dig (a)
20 effet de la digestion
et du procédé Portéous
10

0
Valenton Seine aval Seine aval

fp st
40 avant après
P total (gP kg-1 MS)

30
c c
fb fb
ep fp (b)
20 c effet de la réduction
de la teneur en eau
10

0
l

é
e
s

uc
y
e
n

n
a

oi

gn

itr
nn
ch
to

to
av

ie
Bl

V
en

en

La

o
Ro

Br
e

ur
al

al
in

Co

St
La
Se

d
G

Figure 24 : évolution de la teneur en P des boues avant et après digestion ou


conditionnement par le procédé Portéus (a), avant et après déshydratation (b) ; fp, filtre
presse ; ep, épaississement ; c, centrifugation ; fb, filtration sur bandes ; st, séchage thermique.

126
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

La faible teneur en P de la boue séchée sur lit de Vinon sur Verdon (5.54 g P/kg
MS) est due à un effet de dilution par les nombreux graviers qu’elle contient (Figure 21).

La stabilisation des boues par digestion a tendance à augmenter la teneur en P


total : ainsi dans les boues non digérées elle est en moyenne de 26.4 g P kg-1 MS (21
échantillons) contre 29.8 g P kg-1 MS (14 échantillons) pour les boues digérées 8. Cette
tendance est probablement le résultat d’une minéralisation, par fermentation, du C et de
l’N sous forme de biogaz, tandis que le P peut précipiter sous forme de struvite par
exemple. Elle est confirmée par les boues de Seine Aval dont la teneur en P a presque
doublé (Figure 24a). Dans le cas de Valenton (Figure 24a), il s’agit en fait de la
comparaison d’une boue qui a déjà été digérée (digestion primaire) et d’une boue digérée
une deuxième fois (digestion secondaire). Sur cette boue, il apparaît donc qu’une digestion
secondaire ne modifie pas la teneur en P total.

Le conditionnement thermique par le procédé Portéous augmente la teneur en P


total de la boue de 20% (Figure 24a). Cet effet est expliqué par l’hydrolyse de la matière
organique évacuée dans les jus de déshydratation alors que le P précipite ; en effet, une
quantité relativement importante de phosphates de calcium a été mise en évidence dans ces
boues.

Il n’est pas possible de mettre en évidence d’effet de l’ajout de sels de fer sur la
teneur en P des boues. Pourtant, l’ajout de sels de fer lors du traitement des eaux pourrait
augmenter la teneur en P en formant des précipités riches en P ; c’est probablement
l’explication à donner à la teneur élevée en P des deux boues biologiques traitées au fer et
séchées thermiquement (38.2 g P kg-1 MS), le séchage thermique en lui même ne modifiant
pas la teneur en P des boues (Figure 24a). L’ajout de sels de fer (20 kg par tonnes de MS)
comme celui de polymères organo-cationiques (3 à 10 kg par tonnes de MS) en
conditionnement des boues, est quant à lui trop faible pour induire une diminution
significative de la teneur en P des boues.

Les procédés de réduction de la teneur en eau des boues ne modifient que très peu
leur teneur en P total (Figure 24b) ; aucune répétition n’ayant été réalisée, il n’est pas
possible de dire si les différences sont significatives. Mais, hormis pour Lagny, elles
restent inférieures à 10% de la teneur initiale.

8
En écartant les boues physico-chimiques, les boues chaulées, les boues compostées et la boue séchée sur lit

127
Filière de production :

déphosph. mixte chaulée


déphosph. bio. chaulée
déphosph. bio.
Saint Brieuc
bio. aérobie
déshydratée
déphosph. mixte Fe
bio. digérée + Fe
bio. digérée
bio. chaulée
bio. aérobie + Fe
physico-chim. Fe ou Ca
lagunage
bio. séchée sur lit
déphosph. bio. compostée
bio. compostée
compostées
déphosph. mixte Fe compostée
physico-chim. Fe compostée
bio. digérée Portéous
bio. + Fe séchée thermiquement

-10 0 10 20 30 40 50

P organique (% P total)

Figure 25 : teneur en phosphore organique des boues en fonction des principales filières de
production de boues. Grands symboles : boues prélevées en fin de filière de production. Petits
symboles : boues prélevées en cours de filière de production.

128
boue non
compostée mélange compostage
45
a)
40

35
P organique (%P total)

30

25

20

15

10

5
Figure 26 : évolution de la
0 proportion de P organique
-50 0 50 100 150 200 (en % du P total) dans les
Durée du compostage (jour) boues en cours de
compostage (a), avant et
Nantes Chârtres Saint Céré après déshydratation (b),
avant et après chaulage (c).
avant réduction teneur en eau et après fp, déshydratation par filtre
fb
P organique (%P total)

30 presse ; ep,
fp b)
ep c épaississement ; c,
centrifugation ; fb,
20
déshydratation par filtre
bandes ; st, séchage
fp st
10 thermique.

0
ne
al

y
on

on

uc
gn
av

on

rie
t

t
en

en

La
ne

ur

tB
al

al

Co
ei

S
S

d
G

avant chaulage après chaulage


P organique (%P total)

40 c)

30

20

10

0
he
e

n
s

tré
t
se

gn
nn
oi

o
c

nt
Vi
Bl
s

Ro

La
ro
au

le
ou

Va
Be

La
C
d
Le

129
déphosph. bio.
bio. aérobie
bio. séchée sur lit
déphosph. bio. compostée

bio. compostée
lagunage
bio. digérée
bio. aérobie + Fe
déphosph. mixte Fe
déphosph. mixte Fe compostée

bio. digérée + Fe
bio. digérée Portéus
bio. + Fe séchée thermiquement
physico-chim. Fe compostée
physico-chim. Fe ou Ca
déphosph. bio. chaulée

bio. chaulée
déphosph. mixte chaulée

0 200 400 600 800 1000 0 10 20 30 40

C/Porganique C/N organique

Figure 27 : rapports C/P organique (gauche) et C/N organique (droite) des boues étudiées en
fonction des principales filières de production. Quelques boues compostées dont les C/P
organique sont compris entre 1000 et 4000 n’ont pas été représentées. Grands symboles : boues
prélevées en fin de filière de production. Petits symboles : boues prélevées en cours de filière de
production.

130
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Dans chaque catégorie de boues il demeure une forte variabilité probablement due
aux caractéristiques propres à chaque station (savoir faire du gérant de station, composition
des eaux usées etc…) qu’il n’est pas possible d’expliquer.

IV.1.1.2. Le phosphore organique

Le P organique (Figure 25) représente entre 0 et 43.8% du P total des boues et en


moyenne 16.3% (n=75). En moyenne, presque 85% du P des boues est donc sous forme
minérale. Les valeurs pour chaque boue sont présentées en annexe 8.

Le P organique représente moins de 10% du P total dans :

- les boues compostées dans lesquelles la matière organique instable est minéralisée. Le
compostage abaisse significativement la proportion de P organique des boues (Figure
26a); celle-ci diminue avec la durée de compostage, sans doute par minéralisation
d’une partie du P organique et piégeage simultané du P minéral par précipitation des
ions P sous forme de phosphates métalliques. Sur Nantes, la proportion de P organique
tend à augmenter après le criblage (dernier échantillon) qui sélectionne les particules
les plus fines qui seraient plus riches en P organique que les fractions grossières.
- les boues biologiques anaérobies conditionnées par le procédé Portéous. Ce procédé
abaisse significativement la proportion de P organique de 16.7 à 6.4% en favorisant
l’hydrolyse des molécules organiques par l’élévation de la température et de la
pression.
- les boues biologiques traitées aux sels de fer et séchées thermiquement. Il est délicat
d’expliquer cette faible teneur qui ne semble pas être due au séchage thermique
puisqu’elle est déjà proche de 0% avant le séchage sur les boues de Saint Brieuc
(Figure 26b) ; ces deux boues ont une teneur en fer élevée qui a pu insolubiliser du P
lors de la calcination (annexe 5) aboutissant à une sous-estimation du P organique.
- la boue biologique séchée sur lit. Ce procédé de déshydratation lente favoriserait la
minéralisation de la matière organique comme c’est le cas lors du compostage. 15% du
P est organique dans les boues de lagunage, dans ce cas encore, les procédés lents
(plusieurs années) de stabilisation ont pu favoriser une minéralisation comme lors du
compostage.
- à une exception près, les boues physico-chimiques étudiées ont moins de 10% de leur P
sous forme organique ; dans ce cas, l’abattement brutal de la pollution des eaux usées
par des réactifs chimiques limite la part organique de la boue issue de l’activité
microbienne.

131
14

12
P organique (gP kg-1 MS)

Porg = 0.148 (NTK) - 0.909


10 R2 = 0.71

0
0 20 40 60 80
-1
N Kjeldhal (gN kg MS)

Toutes boues non compostées et non séchées thermiquement


Boues compostées

Figure 28 : évolution de la teneur en P organique des boues en fonction de leur teneur en


azote Kjeldhal. Seules les boues séchées thermiquement ne sont pas représentées.

132
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Toutes les autres boues (n=40 : biologique, de déphosphatation biologique, de


déphosphatation mixte, chaulées ou non, digérées ou non, traitée ou non au sels de fer) ont
des teneurs en P organique qui varient entre 10 et 40% du P total, pour une moyenne de
23% du P total. La comparaison des échantillons prélevés en cours de filière de production
confirme que ni le mode de déshydratation (Figure 26b), ni le chaulage (Figure 26c), ni la
digestion, ni l’ajout de sels de fer influencent la proportion de P organique des boues.

IV.1.1.3. C/N, C/P

Le C/N organique des boues varie entre 5 et 38 (Figure 27 droite). La plupart des
boues présente un C/N inférieur à 10. Quelques types de boues ont un C/N supérieur à 10 ;
il s’agit des boues compostées, des boues physico-chimiques et des boues conditionnées
par le procédé Portéous. Ce dernier procédé entraîne une hydrolyse de la matière organique
et de l’azote organique qui est évacué dans les jus de déshydratation. Quelques boues
chaulées ont un C/N supérieur à 10, conséquence probable d’une volatilisation d’une partie
de l’azote sous forme ammoniacale.

Les C/P organique des boues varient entre 30 et 5500 (Figure 27 gauche, valeurs
extrêmes non présentées). La plupart des boues présente un C/P inférieur à 200. Les boues
qui présentent un C/P supérieur à 200 sont les boues compostées, et quelques boues
physico-chimiques et conditionnées par le procédé Portéus.

Une relation linéaire existe entre la teneur en N Kjeldahl (NK) et la teneur en P


organique en intégrant toutes les boues, sauf les boues compostées et les deux boues
séchées thermiquement (Figure 28) :

Porg = 0.148 NK - 0.909 R2=0.71 p<0.001 N=40

L’abscisse à l’origine donne une teneur en N de 6.1 g kg-1 MS qui est proche de la
teneur en N-NH4+ minéral des boues non compostées (3.6 g P kg-1 MS). Cette relation
signifie que les C/N et C/P des boues, donc les risques d’immobilisation d’N et de P,
augmentent simultanément. Ces risques sont plus à craindre quand les C/N sont supérieurs
à 10 et les C/P à 200 respectivement (Dalal, 1977) ce qui correspond aux boues
compostées, et dans une moindre mesure aux boues physico-chimiques et conditionnées
par le procédé Portéous.

133
déphosph. bio.
bio. aérobie
bio. séchée sur lit
déphosph. bio. compostée
Fe + cendres basiques riche
bio. compostée
en Ca
lagunage
bio. digérée
bio. aérobie + Fe
déphosph. mixte Fe
déphosph. mixte Fe compostée
Fe avant digestion Fe après
bio. digérée + Fe
digestion
bio. digérée Portéus
digérée bio. + Fe séchée thermiquement
physico-chim. Fe compostée
Al physico-chim. Fe ou Ca
déphosph. bio. chaulée
bio. chaulée
chaulage avant déshydratation déphosph. mixte chaulée

0.001 0.01 0.1 1 10 100

P extrait à l'eau (% P total)

Figure 29 : part (% du P total) des ions P extraits à l’eau des boues en fonction des
principales filières de production de boues. Grands symboles : boues prélevées en fin de filière
de production. Petits symboles : boues prélevées en cours de filière de production.

134
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

IV.1.2. Phosphore extractible à l’eau et phosphore Olsen

IV.1.2.1. P extractible à l’eau.

La quantité d’ions phosphate (ions P) extraits à l’eau (PH2O en g P kg-1 MS) a été
déterminée dans la solution des suspensions de boues à 1 gramme de MS dans 100 ml
d’eau distillée. Nous avons choisi d’exprimer PH2O en % du P total (noté PH2O% ), c’est-à-
dire la part du P total extrait à l’eau pour tenir compte du fait que la quantité de P total
mise en suspension est variable suivant les boues.

PH2O% est extrêmement variable puisqu’il s’étale sur près de 5 ordres de grandeur
(Figure 29) suivant la filière de production. Les valeurs pour chaque boue sont présentées
en annexe 8.

Les boues de déphosphatation biologique et les boues biologiques liquides à


pâteuses, sans traitement particulier présentent le PH2O% le plus élevé : entre 10 et 40% du
P total de ces boues est sous formes d’ions P dans la solution. Une partie de la variabilité
au sein d’une même catégorie de boue peut être due aux procédés mis en œuvre pour
réduire leur teneur en eau (Figure 30a). Après centrifugation PH2O% a doublé sur les boues
de La Roche sur Yon et augmenté de 20% sur celles de Blois ; en revanche, il a diminué de
70% sur les boues de Lagny. L’augmentation pourrait provenir de l’hydrolyse des
polyphosphates des boues de déphosphatation qui peut être très rapide en milieu anaérobie.
Cette libération est d’autant plus probable que les boues ont préalablement été épaissies par
flottation (milieu aérobie) pour retarder l’hydrolyse des polyphosphates. Sur Lagny, par
contre la diminution pourrait être dû à l’évacuation des ions P solubles dans les jus de
centrifugation. Après la déshydratation par filtre bande PH2O% a augmenté de 10% sur les
boues de Grand Couronne et de 25% sur les boues de Vitré ; l’hydrolyse des
polyphosphates est plus difficile à évoquer dans la mesure où les filtres bandes, souvent
situés juste après la table d’égouttage, laissent peu de temps à l’hydrolyse. La
déshydratation par filtre presse diminue PH2O% sur Valenton, mais n’a aucun effet sur
Seine Aval. Sur Valenton, les boues sont conditionnées aux sels de fer avant
déshydratation ce qui pourrait expliquer la diminution de PH2O%.

135
avant réduction teneur en eau et après
P extrait à l'eau (%P total) c
40 a)

30 fb

20

10
ep c c fb
fp fp st
0
e

ne


al

y
Va n
on

uc
ch

gn
oi
o
av

vit
on

ie
nt

nt

Bl

Ro

La

Br
le

le
e

ur
in

Va

Co
La

St
Se

d
G

boue non
compostée mélange compostage
35 Figure 30 : évolution de la
b) quantité d’ions P extraits à
30 l’eau (en % du P total)
dans les boues avant et
P extrait à l'eau (%P total)

25 après déshydratation (a) en


cours de compostage (b) et
20 avant et après digestion ou
conditionnement par le
15 procédé Portéus (c). fp,
déshydratation par filtre
10 presse ; ep,
épaississement ; c,
5 centrifugation ; fb,
déshydratation par filtre
0 bandes ; st, séchage
-50 0 50 100 150 200 thermique.
Durée du compostage (jour)
Chârtres Nantes Saint Céré
P extrait à l'eau (% P total)

15
c)

10

5 dig
dig
Portéus
0
Valenton Seine aval Seine aval

136
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Le compostage induit une légère diminution de PH2O%, conséquence possible d’une


précipitation des ions P de la boue avec les cations libérés par minéralisation en cours de
compostage. En effet, PH2O% diminue avec la durée de compostage (Figure 30b) passant
par exemple de 27 à 11.6% du P total après 110 jours de compostage sur les boues
compostées de Nantes. Deux boues compostées ont un PH2O% nettement plus bas : la boue
compostée de Sanary dont le substrat basique (cendres de Gardannes) a dû précipiter une
partie des ions P ainsi que la boue compostée de Soisson chargée en calcium (eaux usées
constitué à 20% d’eau de laiterie).

La digestion abaisse d’environ 10 fois PH2O% par rapport aux boues non digérées.
Ceci se vérifie en comparant les boues de Seine Aval prélevées avant et après digestion
(Figure 30c). Cependant, sur Valenton, la digestion secondaire de boues préalablement
digérées en primaire ne modifie pas PH2O% (Figure 30c). La stabilisation anaérobie
favorise la minéralisation ainsi que l’hydrolyse des polyphosphates ce qui entraîne une
forte augmentation des concentrations en ions P mais aussi en cations (Mg2+, Ca2+) propice
à leur précipitation. Par ailleurs, les boues de lagunage dont la stabilisation se fait
également en anaérobiose se situent au même niveau que les boues digérées avec environ
3% du P total sous forme d’ions P en solution.

L’ajout de sels de fer abaisse également PH2O% qu’il soit réalisé au niveau du
traitement des eaux usées ou pour conditionner les boues pour faciliter leur épaississement
ou leur déshydratation. La forme du sel de fer ne semble pas jouer sur la rétention du P.
L’effet général du fer sur la rétention des ions P des boues est analysé par la suite. Les
effets des sels de fer et de la digestion s’additionnent ; ainsi, les boues digérées et traitées
aux sels de fer présentent généralement des PH2O% inférieurs (environ 1% du P total) aux
boues simplement traitées aux sels de fer. Il est intéressant de noter que PH2O% est plus
faible quand la digestion vient après l’ajout de sels de fer. Celle-ci pourrait induire la
formation de composés fer-P plus stables. Des phosphates de fer type vivianite ont été mis
en évidence dans des boues traitées aux sels de fer et digérées (Frossard et al., 1997).

Le conditionnement par le procédé Portéous (195°C sous 20 bars pendant 45


minutes) diminue PH2O% de 80% (Figure 30c) qui ne représente plus que 0.5% du P total.
La température et les hautes pressions ont pu favoriser l’hydrolyse de la matière organique
qui retenait peu les ions P et la formation de phosphates métalliques plus stables. Une forte
proportion de phosphates de calcium condensés de type apatitique a justement été mise en
évidence dans ces boues (Condron et al., 1993 ; Frossard et al., 1994a).

137
1000

100
Cp (mgP l-1)

10

0.1

0.01
4 6 8 10 12
pH

Boues chaulées
Toutes boues non chaulées
Boue floculée à Al

Figure 31 : concentration (Cp) des ions P en solution en fonction du pH des suspensions.

138
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Les deux boues séchées thermiquement ont des PH2O% faibles qui s’expliquent par
l’ajout de sels de fer lors du traitement des eaux. Cependant, le séchage thermique lui
même réduit de 75% PH2O% (Figure 30a). PH2O% est plus élevée sur la boue de Rennes
(2.9%) que sur celle de Saint Brieuc (0.16%) probablement parce que cette dernière a été
digérée.

PH2O% est compris entre 0.1 et 1% du P total sur les boues physico-chimiques à
cause des effets conjoints des sels de fer et de calcium. La très faible valeur de PH2O%
(0.01% du P total) d’une des boues physico-chimique (Port Vendres) pourrait venir de
l’utilisation de sels d’aluminium à la place des sels de fer et de calcium.

Le chaulage massif des boues à des doses comprises entre 10 et 130% de la matière
sèche entraîne une chute importante de PH2O% alors compris entre 0.007 et 0.07% du P
total. Les ions P peuvent soit précipiter sous forme de phosphates de calcium, soit
s’adsorber sur les carbonates de calcium. La comparaison des échantillons avant et après
chaulage montre en effet que la quantité de P extrait à l’eau (PH2O) compris entre 0.5 et 10
g P kg-1 MS avant chaulage passe à moins de 0.005 g P kg-1 MS après chaulage. Trois des
boues massivement chaulées présentent cependant des valeurs de PH2O% bien supérieures à
0.1%. Ni la forme, ni la dose de chaux employée ne permettent d’expliquer cette
différence. Par contre il s’agit systématiquement des boues chaulées avant l’étape de
déshydratation et non des boues chaulées en dernier traitement. Une part importante des
cations et bases susceptibles de précipiter les ions P peut être évacuée dans les jus de
déshydratation évitant ainsi une précipitation des ions P. Aucune mesure de cation en
solution n’a été réalisée. Par contre ont constate que le pH de ces boues est bien plus bas ce
qui suggère effectivement une perte des bases.

La relation décrivant la concentration des ions P en solution en fonction du pH des


suspensions des boues chaulées (Figure 31) montre l’importance du pH dans la libération
des ions P des boues probablement précipités sous forme de phosphates de calcium. Par
contre, les valeurs de Cp des boues non chaulées ne sont pas liées au pH. Nous allons voir
par la suite que dans ces pH neutres et en présence de plus faibles quantités de calcium les
ions P sont également retenus par le fer ou l’aluminium.

139
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

déphosph. bio.
bio. aérobie
bio. séchée sur lit
déphosph. bio. compostée
bio. compostée
lagunage
bio. digérée
bio. aérobie + Fe
déphosph. mixte Fe
déphosph. mixte Fe compostée
bio. digérée + Fe
bio. digérée Portéus
bio. + Fe séchée thermiquement
physico-chim. Fe compostée
+ Al physico-chim. Fe ou Ca
déphosph. bio. chaulée
bio. chaulée
+ Fe
déphosph. mixte chaulée

0.1 1 10 100

P Olsen (% P total)

Figure 32 : P extrait par la méthode Olsen (% P total) en fonction des principales filières de
production de boues. Grands symboles : boues prélevées en fin de filière de production. Petits
symboles : boues prélevées en cours de filière de production.

140
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

IV.1.2.2. P extrait par la méthode Olsen

Le P extrait par la méthode Olsen varie entre 0.3 et 23.3% du P total des boues
(Figure 32). POlsen% est donc moins variable d’une boue à l’autre que PH2O% puisqu’il ne
s’étale plus que sur deux ordres de grandeur. Les valeurs pour chaque boue sont présentées
en annexe 8.

En comparant POlsen% entre filières on constate les mêmes tendances que pour
PH2O% ; les boues biologiques liquides ou pâteuses qui n’ont pas subi de traitement
particulier ont le POlsen% le plus élevé (environ 10% du P total). On constate ensuite une
diminution du POlsen% par les traitements suivants : ajout de sels de fer > stabilisation
anaérobie et lagunage > compostage, avec un effet cumulatif des traitements.
Par contre, le chaulage des boues n’abaisse pas POlsen% qui reste voisin des boues
biologiques liquides ou pâteuses. Parmis les boues chaulées, celles préalablement traitées
aux sels de fer ont un P Olsen plus faible ; POlsen% est donc bien plus sensible aux sels de
fer qu’au calcium au point que l’effet du fer soit perceptible même après un chaulage
massif de l’ordre de 30% du poids sec de la boue.

Il existe une similitude entre les valeurs de PH2O et celles de POlsen (Figure 33)
essentiellement pour les boues ni traitées aux sels de fer, ni chaulées. Pour ces boues, PH2O
est généralement supérieur à POlsen. Cette supériorité peut être expliquée par le rapport
boue/solution (M/V) plus faible pour la mesure de PH2O qui tend à déplacer les ions P de la
phase solide vers la solution. Cela montre aussi que les ions P de ces boues sont faiblement
retenus par la phase solide puisqu’une simple dilution suffit à extraire davantage d’ions P
qu’un échange d’anion (ions phosphates par HCO3-).

Dans l’ensemble, le POlsen des boues traitées aux sels de fer est supérieur au PH2O
sans qu’il n’y ait de relation nette entre les deux indicateurs.

Sur les boues chaulées, POlsen est très supérieur à PH2O. Une explication probable est
que le pH est tamponné à 8.5 dans la méthode Olsen ce qui permet une dissolution des
phosphates de calcium par abaissement du pH, contrairement à une extraction à l’eau où le
pH reste très élevé (Figure 31). La supériorité du POlsen est d’autant plus élevée que les
boues chaulées ont un pH initialement élevé pour lesquelles le pouvoir tampon de
l’extractant Olsen est plus prononcé. En conséquence les différences entre POlsen et PH2O
sont d’autant plus faibles que le pH des boues chaulées est initialement faible, avec comme
cas extrême la boue de Narbonne de pH 6.2 – et dans une moindre mesure les boues de
Reims, Sanary, Perpignan et Biganos toutes de pH inférieur à 9 – qui se comporte comme
une boue non chaulée malgré des teneurs en calcium et en calcaire (cf. Annexe 6, colonne
CaCO3) relativement élevées (Figure 33).

141
8

y=x

y = 0.51x
R2 = 0.95
P Olsen (gP kg-1 MS)

Toulon
pH 7.7

pH > 10

2 Biganos 97 et 98
Reims pH 7.8 et 7.7
pH 9

Perpignan
pH 7.9 Narbonne
Sanary
pH 6.2
pH 8.1

0
0.001 0.01 0.1 1 10 100

P extrait à l'eau (gP kg-1 MS)

Boues + Ca Boues + Fe sans Ca Boue + Al sans Ca Boues sans Ca ni Fe Boue séchée sur lit

Figure 33 : relation entre les quantités d’ions P extraits à l’eau et de P extrait par la méthode
Olsen.

142
100
50
10

40
P extrait à l'eau (% P total)

0,1
30
0,01

20
0,001
-2,3
y = 3,22x 0 2 4 6 8 10
2
10 R = 0,47

a)
0
0 2 4 6 8 10
-1
Ca (nb mole kg MS)

50
100

10
40
P extrait à l'eau (% P total)

30
0,1

0,01
20

y = 84,1x
-4,38 0,001
10 2
R = 0,74 0 2 4 6 8 10

0
0 2 4 6 8 10
-1
Ca + Fe + Al (nb mole kg MS) b)

Boues sans Fe ni Ca Boues + Fe Boue + Al


Boue + Ca Boue + Fe + Ca Boue séchée sur lit

Figure 34 : évolution du P extrait à l’eau (% du P total) en fonction de la teneur en calcium


totale des boues (en haut) ou de la teneur totale en calcium + fer + aluminium (en bas).

143
144
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

IV.1.2.3. Relation avec le fer, l’aluminium et le calcium total

Toutes boues confondues, la teneur en calcium total explique 47% de la variabilité


(régression linéaire) de PH2O% (Figure 34a) en écartant toutefois la boue séchée sur lit. Par
contre, il n’existe aucune corrélation entre PH2O% et la teneur en fer ou aluminium
(résultats non montrés) mais la somme des teneurs en calcium + fer + aluminium permet
d’expliquer 72% de la variabilité de PH2O% (Figure 34b). Par conséquent, PH2O% est
contrôlée par les composés contenant du calcium, du fer et de l’aluminium : plus la teneur
en calcium, fer et aluminium des boues sera élevée, plus faible sera la fraction des ions P
en solution. Il se peut que le contrôle de PH2O% par le calcium soit un effet indirect du pH
et qu’en milieu tamponné proche de la neutralité comme dans un sol les composés à base
de fer et/ou d’aluminium retiennent davantage les ions P. La boue séchée sur lit sort de la
relation ; une part du calcium, du fer ou de l’aluminium est probablement intégrée dans la
roche des graviers et donc n’interagit pas avec les ions P. Raisonner en nombre de mole de
calcium + fer + aluminium ne permet pas de mieux rendre compte de la variabilité.
Néanmoins, nous obtenons la régression linéaire multiple suivante :

PH2O% = -15 (nFe) – 8.34 (nAl) – 4.35 (nCa) + 27.3 R2=0.62 p<0.001 N=63

Avec nFe , nAl , nCa correspondant respectivement au nombre de moles de fer,


aluminium et calcium par kg de MS de boue.

Le fer puis l’aluminium ont les coefficients les plus élevés ce qui traduit une plus
forte réactivité des composés à base de fer et d’aluminium que ceux à base de calcium vis à
vis des ions P.

Il n’existe aucune corrélation entre la teneur en calcium total des boues et POlsen%,
ce qui confirme l’absence d’effet chaulage sur la teneur en POlsen% (Figure 32). Par contre,
toutes boues confondues, la teneur totale en Fe + Al explique 60% de la variabilité de
POlsen% par la relation suivante :

POlsen% = 216 (teneur Fe+Al) -1.12 R2=0.6

145
100 600

2) filtrée sur bandes


2) filtrée sur bandes 500

vt (mgP min-1 kg-1 MS)


1) épaissie 400
1) épaissie
Et%

10 300

200
3) chaulée
3) chaulée
100

1 0
1 10 100 1000 10000 1 10 100 1000 10000
tem ps (m in) tem ps (m in)

Figure 35 : évolution en fonction du temps, des quantités d’ions P isotopiquement


échangés (a) (exprimées en % du P total) et de la vitesse d’échange phase solide / solution
des ions P isotopiquement échangeables (b), dans les boues de La Roche sur Yon prélevées à
3 étapes de leur traitement. Les points représentent les valeurs expérimentales qui ont servi à
2
paramétrer les courbes (R >0.99).

146
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Ceci confirme qu’en tamponnant le pH ne serait-ce qu’à 8.5 (pH de l’extractant


Olsen), la dynamique des ions P est principalement contrôlée par les phases composées de
fer et d’aluminium, alors que les phases composées de calcium jouent un rôle pour des pH
bien plus élevés. Ceci est confirmé par les coefficient plus élevés pour le fer et l’aluminium
que pour le calcium obtenus dans la régression linéaire multiple suivante :

POlsen% = -8.5 (nFe) – 5.6 (nAl) – 0.7 (nCa) + 15.1 R2=0.45 p<0.001 N=63

Ces relations avec la teneur en éléments totaux suggèrent que c’est l’ensemble de
l’élément qui interagit avec les ions P et donc que les phases en question sont mal
cristallisées ou amorphes.

IV.1.3. Transfert phase solide / solution des ions P des boues


en fonction des traitements
Cette partie s’attache à la description de l’évolution des transferts phase solide /
solution des ions P suite à différents traitements des boues. Ces transferts sont quantifiés
par les ions P isotopiquement échangés, Et (en g P kg-1 MS). Les quantités d’ions P
isotopiquement échangées ont été exprimées en % du P total (Et%) pour raisonner sur une
même base phosphore. Les valeurs de PH2O, n, m, req/R nécessaires au calcul de Et sont
présentées en annexe 8 et 9 de même que les valeurs de Et et Et% obtenues pour quelques
durées d’échange.

IV.1.3.1. Description des quantités d’ions P des boues


isotopiquement échangés en fonction du temps

L’évolution de Et% avec le temps est représentée selon l’équation (11) pour les
boues de Grand Couronne prélevées à 3 étapes de leur traitement (Figure 35a). Les trois
points expérimentaux à partir desquels l’équation a été paramétrée sont également
représentés. Pour une meilleure visualisation, une échelle logarithmique a été préférée à
l’échelle décimale, mais elle donne la fausse impression d’une augmentation linéaire des
quantités échangées avec le temps. Une représentation de la quantité d’ions P
isotopiquement échangée par minute en fonction du temps sur ces mêmes échantillons de
boue (Figure 35b) montre en effet que la vitesse des échanges d’ions P décroît très
rapidement et fait ressortir l’importance des ions P rapidement échangeables.

147
Profil 1
Bio.
Déphos. Bio
Bio. Séchée sur lit
N=14

0 10 20 30

+ Fe Digestion
Lagunage
Compostage

Profil 3
Bio. traitées sels de fer Profil 2 Profil 5
Déphos. Mixte Bio. Compostées Bio. Digérées
Physico-chimique N = 13 Boues de lagunage
N = 11 N=5

0 10 20 30 0 10 20 30 0 10 20 30

Séchage Compostage Conditionnement + Fe


thermique Portéus

Profil 9 Profil 6
Profil 7 Bio. Digérée
Bio. traitée sels de fer Profil 4 Bio. Digérées
Déphos. Mixte compostées conditionnée par conditionnées
séchée thermiquement le procédé Portéus
N=1 Physico-chimique compostées aux sels de fer
N=4 N=3 N=7
0 10 20 30 0 10 20 30 0 10 20 30 0 10 20 30

Chaulage final
Digestion (entre 15 et 130% de la MS)

Profil 8
Bio. Traitée sels de fer
Digérée et Légende Profil 10
séchée thermiquement Toutes boues
N=1 (E1 an -EE3 mo is )% chaulées en dernier traitement
(E 1an - 3mois)%
N = 16
0 10 20 30
(E3 mo is -EE1 jo ur)%
(E 3mois - 1jour)% 0 10 20 30
(E1 jour E
(E - E1min)%
1jour - 1min)%

(E 1 min -PPH2 O)%


(E1min - H2O )%

PPH2
H2O%
O%

0 10 20 30

ions P échangés (% P total)

Figure 36 : fractions du P total isotopiquement échangeables en fonction du temps dans les


principaux types de boues.

148
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

IV.1.3.2. Impact des traitements sur les quantités d’ions P


isotopiquement échangeables par grandes catégories de
boues

Les valeurs de Et% sont présentées par intervalle de temps plutôt qu’en courbe
continue notamment pour des raisons de lisibilité. Les intervalles de temps d’échange sont
les suivants (Fardeau, 1993) : 0 à 1 minute, 1 minute à 1 jour, 1 jour à 3 mois, 3 mois à 1
an. PH2O% qui est non comptabilisé dans l’intervalle de temps 0 à 1 minute a également été
représenté. Les boues conditionnées à la chaux qui présentent un pH proche de la neutralité
(Perpignan, Reims et Narbonne) ainsi que les boues compostées de Sanary et de Soisson
ont été exclues de cette étude. Par soucis de synthèse, les 75 boues ont été réparties en 10
profils types présentés dans la Figure 36. Le type et le nombre de boues correspondant à
chaque profil sont indiqués. Les valeurs absolues et relatives de Et (% P total) obtenues
pour chaque boue sont présentées en annexe 8.

Les boues biologiques, liquides ou pâteuses, non traitées aux sels de fer, non
chaulées, non digérées, avec ou sans optimisation de la déphosphatation biologique, ainsi
que les boues biologiques séchées sur lit sont caractérisées par le profil d’échange
n°1(Figure 36). Ces boues présentent de grandes quantités d’ions P initialement en solution
(PH2O% moyen de 25% du P total). En revanche, (E1jour – E1min)% et (E3mois – E1jour)% ne
représentent que 5.7% et 4% du P total respectivement. Le paramètre n de ces boues est
inférieur à 0.05 puisque la proportion des ions P isotopiquement échangeables de la phase
solide est faible par rapport aux ions P en solution.

Le compostage de ces boues (profil n°2 Figure 36) réduit PH2O%, mais celui-ci reste
élevé puisqu’il représente en moyenne 17.9% du P total. Les valeurs de Et% sont elles
presque divisées par deux sur la période d’échange 0 à 3 mois (10.4% du P total avant
compostage et 5.7% du P total après compostage). Finalement, les ions P dans ces
composts sont essentiellement en solution en présence d’une phase solide pauvre en ions P
isotopiquement échangeables. Une fraction importante du P reste non échangeable ; il
s’agit essentiellement de P minéral puisque nous avons vu que le P organique des boues
compostées représente à peine 10% du P total.

149
100

1) boue centrif ugée


Et%

0 jour
17 jours

2) boue compostée
59 jours

95 jours

110 jours et 115 jours criblé


10
1 10 100 1000 10000 100000
temps (min)

Figure 37 : évolution en fonction du temps de la quantité (Et) d’ions P isotopiquement


échangés (en % du P total), dans les boues de Nantes avant compostage et en cours de
compostage.

150
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Une comparaison des boues de Nantes prélevées avant, puis en cours de


compostage confirme la diminution de Et% immédiatement après mélange (0 jours de
compostage) par rapport à la boue seule (Figure 37). Cette diminution immédiate est
probablement due à une forte proportion de P total du substrat non isotopiquement
échangeable.

On constate aussi que PH2O% diminue avec la durée de compostage (Figure 37).
Cette diminution n’est pas compensée par une augmentation de Et% comme c’est le cas,
nous allons le voir, sur les boues traitées aux sels de fer. Cette évolution traduit une
immobilisation progressive des ions P en cours de compostage.

L’emploi de sels de fer (cas de la déphosphatation mixte et de la floculation des


boues physico-chimiques, profil n°3 Figure 36) induit une forte diminution de PH2O% qui
ne représente plus que 2% du P total. Contrairement au cas du compostage, cette
diminution est compensée par une augmentation de Et% qui atteint en moyenne 10.7% du
P total dans l’intervalle de temps 1 minute à 1 jour et 23.6% du P total entre 1 jour et 3
mois. Ces quantités sont encore réduites par le compostage (profil n°4) : les ions P
échangeables entre 1 minute et 1 jour ne représentent plus que 5.7% du P total et 11.6%
entre 1 jour et 3 mois.

La digestion des boues et le lagunage (profil n°5 Figure 36) aboutissent à une
redistribution des ions P de la solution vers la phase solide comparable à celle obtenue par
ajout de sels de fer. Ainsi PH2O% tombe à 3% tandis que (E1jour – E1min)% et (E3mois –
E1jour)% représentent respectivement 7.8% et 11.3% du P total. Enfin, les boues digérées et
traitées aux sels de fer (profil n°6 Figure 36) ont un profil proche de celui des boues
simplement digérées.

Le séchage thermique diminue fortement Et% (profil 7 Figure 36). Les ions P
isotopiquement échangeables ne représentent plus que 4.6% du P total pour l’ensemble de
l’intervalle 0 à 3 mois. PH2O% devient quasiment nul si la boue séchée thermiquement est
préalablement traitée au sel de fer puis digérée (profil 8 Figure 36) et seul 1.8% du P total
est échangeable en 1 jour ; cette valeur est probablement due aux effets cumulatifs du
traitement au sel de fer, de la digestion et du séchage thermique dont l’effet est confirmé
par la comparaison des boues de Saint Brieuc avant et après séchage thermique (Figure
38d).

151
100 100

1) épaissie

10 2) centrif ugée 10

2) digérée
Et%

Et%
1) épaissie
1 3) conditionnée Portéus
1
3) chaulée

a) 4) pressée b)
0.1 0.1
1 10 100 1000 10000 1 10 100 1000 10000
tem ps (m in) tem ps (m in)

100 100
1) digérée 1
2) digérée 2

3) épaissie
10 10
Et%

Et%

1) centrifugée
4) pressée
1 1
5) chaulée
2) séchée thermiquement

c) d)
0.1 0.1
1 10 100 1000 10000 1 10 100 1000 10000
tem ps (m in) tem ps (m in)

Figure 38 : évolution en fonction du temps, de la quantité (Et) d’ions P isotopiquement


échangés (exprimée en % du P total) dans les boues de Grand Couronne (a), Valenton (b),
Seine Aval (c) et Saint Brieuc (d) prélevées à différentes étapes de leur traitement (les numéros
indiquent l’ordre de prélèvement).

152
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Le conditionnement des boues par le procédé Porteus (profil 9 Figure 36) est le
traitement qui réduire le plus Et%. En effet seul 3.1% du P total est échangeable entre 0
et 1 an, ions P extraits à l’eau compris. La Figure 38b montre que la digestion de la boue
de Seine Aval diminue les ions P en solution (diminution de la valeur de PH2O% ) au profit
des ions P isotopiquement échangeables de la phase solide ; par contre le conditionnement
Portéus réduit à la fois PH2O% et Et%.

Un chaulage massif (doses de chaux vive ou éteinte comprises entre 15 et 130% de


la MS), réduit très fortement PH2O%. En revanche, une fraction importante des ions P
qui se retrouve sur la phase solide reste isotopiquement échangeable (profil 10 Figure
36). Ainsi, (E1min – PH2O)%, (E1jour – E1min)% et (E3mois – E1jour)% représentent
respectivement 1%, 9.6% et 18.2% du P total.

Cet effet du chaulage est confirmé par la comparaison de Et% des boues de La
Roche sur Yon (Figure 35a), Grand Couronne (Figure 38a) et Valenton (Figure 38c), avant
et après chaulage. Très faibles pour des temps d’échange courts, elles tendent à rattraper
Et% des boues non chaulées en considérant des temps d’échange de l’ordre de la semaine
(10000 minutes).

Tous profils confondus, l’extrapolation de Et à 1 an indique que 55% à 96% du P


total n’est pas isotopiquement échangé après un an. Ce P très peu mobile est constitué de P
organique qui par principe n’est pas isotopiquement échangeable, et de P minéral. Frossard
et al. (1996a) ont montré que le P isotopiquement éhangeable au delà de 3 mois correspond
au P extrait par HCl pour les boues non traitées au sel de fer et au P extrait par HCl et
NaOH pour les boues traitées aux sels de fer, que l’on attribue respectivement aux formes
de P précipitées avec le calcium et le fer. En excluant les boues séchées thermiquement et
les boues conditionnées par le procédé Portéus, c’est environ 35% du P qui est échangeable
en 1 an. Les traitements affectent essentiellement la mobilité de ces 35%, c’est à dire sur
les temps que ces ions P isotopiquement échangeables mettent pour s’échanger avec la
solution, ainsi que sur leur répartition entre phase solide et solution. Ainsi, en partant des
boues biologiques liquides ou pâteuses où les ions P sont majoritairement en solution
(paramètre n est très faible), on constate que la stabilisation anaérobie, l’ajout de sel de fer
et le chaulage diminuent leur concentration en solution au profit d’ions P isotopiquement
échangeables sur la phase solide (le paramètre n augmente). Le séchage thermique ainsi
que le conditionnement par le procédé Portéous et, dans une moindre mesure, le
compostage, n’obéissent pas à ce schéma de fonctionnement car ils abaissent à la fois les
ions P en solution et les quantités d’ions P isotopiquement échangeables sur la phase
solide.

153
Tableau 25 : paramètre p et q de l’équation n = p – q ln (PH2O%) décrivant l’évolution de n en
fonction de PH2O%. Les profils sont définis dans la Figure 36.

n = p – q ln (PH2O%)
Nombre
N° profil Type de boue p q R2
boues
Toutes boues chaulées
Profil 10 Aucune relation significative 16
en dernier traitement
Bio.
Profil 1 Déphos. Bio. 0.176 -0.0403 0.77 16
Bio. Séchée sur lit
Profil 2 Bio. Compostées
0.134 -0.037 0.76 14
+ Soisson comp.
Profil 3
Sans les boues traitées Déphos. Mixte
aux sels d’aluminium
Physico-chimique 0.316 -0.0879 0.87 6
(Vitré épaissie, Vitré
déshydratée et Port
Vendres
Déphos. Mixte
Profil 4 compostée
0.282 -0.111 0.99 5
+ Sanary Physico-chimique
compostée
Bio. Digérées
Profil 5 0.305 -0.104 0.82 5
Boues de lagunage
Profil 6 Bio. Digérées cond. Sels
+ Perpignan mais sans de fer 0.313 -0.0901 0.90 7
Cergy
Boues digérées et/ou
Profils 3, 4, 5, 6 et 8 (1) traitées aux sels de fer et
sans chaulage massif (pH 0.297 -0.0884 0.90 26
reste inférieur à 9), puis
compostées ou non
(1) Avec Soisson comp., Sanary, Perpignan et les boues biologiques chaulées de pH<9 (Reims et
Narbonne), mais sans les boues traitées aux sels d’aluminium (Vitré épaissie, Vitré déshydratée et
Port Vendre)

154
0.6

traitée aluminium Cergy


Port Vendres
0.5
Perpignan

Sanary

traitées aluminium
0.4 Vitré

chaulées

0.3
n

Reims

0.2

conditionnées
Portéus

0.1 Narbonne
biologique + Fe
séchée thermiquement
Rennes
Soisson
compostée
0
0.001 0.01 0.1 1 10 100

PH2O (%P total)

profil 1 profil 2 profil 3 Profil 4 profil 5 profil 6


profil 7 profil 8 profil 9 profil 10

Figure 39 : évolution du paramètre n en fonction des ions P extraits à l’eau (en % du P total).
Les profils sont définis dans la Figure 36.

155
156
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

IV.1.4. Facteurs chimiques modulant les transferts phase


solide / solution des ions P des boues
Dans un profil de boues donné, les écarts types sur Et% sont relativement
importants (Figure 36). Les détails des traitements ne permettent pas d’expliquer cette
variabilité intra groupe. Est-elle expliquable par des propriétés chimiques des boues ?

IV.1.4.1. Effet des ions P en solution sur les quantités d’ions P


isotopiquement échangeables des boues

Morel et al. (1994) ont montré que, pour les sols, Et dépend à la fois du temps et de
PH2O et que, pour comparer les propriétés d’échange des sols, il est important de se situer à
même PH2O. Une part de la variabilité des valeurs de Et pourrait être expliquée par les
valeurs de PH2O différentes d’une boue à l’autre. L’objectif est de vérifier si il existe, pour
les boues, une relation entre les paramètres n et m et PH2O. Dans la mesure où les quantités
de P dans les suspensions varient d’une boue à l’autre nous avons exprimé n et m en
fonction de PH2O%.
La Figure 39 présente les couples (PH2O% ; n) pour chacune des boues prises en
compte dans les 10 principaux profils définis dans le paragraphe précédent ainsi que pour
les boues de Perpignan, Reims et Narbonne et les boues compostées de Sanary et de
Soisson. Des relations du type n = p – q ln(PH2O%) existent pour quelques boues
appartenant au même profil (Tableau 25). Une relation unique permet d’expliquer 90% de
la variabilité du paramètre n des boues appartenant aux profils 3, 4, 5, 6 et 8. Cette
interprétation met finalement en évidence 8 catégories dont 6 principales :

- les boues biologiques sans traitement ultérieur particulier (profil 1)


- les boues biologiques simplement compostées (profil 2)
- les boues dans lesquelles ont été ajoutés des sels de fer soit lors du traitement des eaux
usées, soit lors du conditionnement ainsi que les boues digérées additionnées ou non de
sels de fer (profils 5, 6 et profil 3 sans les boues traitées aux sels d’aluminium qui
constituent une nouvelle catégorie) et qui peuvent être compostées (profil 4) ou séchées
thermiquement (profil 8).
- les boues chaulées entre 10 et 130% (profil 10)
- les boues additionnées de sels d’aluminium constituent une nouvelle catégorie
- les boues conditionnées par le procédé Portéus (profil 9)

- la boue biologique de Rennes traitée aux sels de fer puis séchée thermiquement (profil
7)
- (la boue de Cergy, a priori non traitée aux sels d’aluminium n’entre dans aucune
catégorie).

157
Tableau 26 : PH2O (en % du P total) et paramètre n obtenu sur différentes boues lors de
précédentes études. Les profils sont définis dans la Figure 36.

n° Profil
Origine filière PH2O% n
boue théorique

Morel (1980) études sur installation pilote

1 boue fraîche biologique aérobie 1 0.20 0.47


2 boue aérobie biologique aérobie 1 0.22 0.49
3 boue anaérobie biologique anaérobie 5 0.09 0.46
boue anaérobie
4 biologique Portéus 9 0.05 0.26
autoclavée
5 boue + ca déphosphatation mixte chaulée 10 0.05 0.62
6 boue + ca et fe déphosphatation mixte chaulée 10 0.01 0.5
Zhang, 1991
7 Briare biologique aérobie 1 3.54 0.13
8 Nancy biologique anaérobie 5 0.07 0.4
9 Paris-Achères biologique Portéus 9 0.02 0.42
Frossard et al., 1992

10 Amiens déphosphatation mixte chaulée 10 0.03 0.18


11 Arcachon physico-chimiques chaulée 10 0.01 0.35
12 Besançon biologique anaérobie 5 1.91 0.19
13 Blois biologique aérobie 1 25.90 0.04
14 Blois compostée biologiques compostées 2 32.39 0.02
Frossard et al., 1996b

15 Châteauroux déphosphatation mixte non chaulée 3 3.14 0.19


16 Orléans primaire déphosphatation mixte non chaulée 3 1.26 0.35
17 Orléans biologique anaérobie avec sel de fer 6 0.02 0.42
18 Thonon biologique anaérobie avec sel de fer 6 0.17 0.32

158
0.7

0.6

0.5 5 2

9 3
17

0.4
8

16
n

11

0.3 18
chaulées
4

0.2 15
12
10

7
0.1
13

14
0
0.001 0.01 0.1 1 10 100

PH2O (%P total)

profil 1 profil 2 profil 9 profil 10 profil 3, 4, 5, 6, 8 données publiées

Figure 40 : évolution du paramètre n en fonction des ions P extraits à l’eau pour les boues
étudiées dans ce travail (Figure 39) et celles étudiées par Morel (1980), Zhang (1991),
Frossard et al. (1992 et 1996b). Les chiffres renvoient au Tableau 26. Les profils sont définis dans
la Figure 36.

159
0.5

0.45

0.4 9

0.35

0.3
4 y = -0.088Ln(x) + 0.297
0.25
n

R2 = 0.90

0.2

y = -0.095Ln(x) + 0.136
0.15
R2 = 0.98

0.1

0.05

0
0.01 0.1 1 10 100
PH2O (%P total)
profil 3, 4, 5, 6, 8
Seine Aval données publiées
Seine Aval avec ajouts de P soluble

Figure 41 : évolutions du paramètre n en fonction de PH2O% obtenu soit au laboratoire par


ajout contrôlé d’ions P en solution sur la boue de Seine Aval (profil 9), soit en regroupant
les boues des profils 3, 4, 5, 6 et 8. Les données publiées sur Seine Aval (Morel, 1980 sur
installation pilote et Zhang, 1991) sont également représentées. Les profils sont définis dans la
Figure 36.

160
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Les boues préalablement étudiées par Morel (1980) sur une installation pilote ainsi
que par Zhang (1991) et Frossard et al. (1992 et 1996a) totalisent 18 boues (Tableau 26)
qui confirment nos résultats (Figure 40). On retrouve les boues chaulées à gauche du
graphe, les boues appartenant aux profils 3 et 5 se superposent à la relation générale
intégrant les profils 3, 4, 5, 6 et 8. La boue compostée de Blois (profil 2) se place aux côtés
des boues compostées étudiées dans ce travail. Les boues de Briare ainsi que les boues
fraîches et activées étudiées par Morel (1980) sur installation pilote se positionnent avec
les boues des profils 3, 4, 5, 6 et 8 et non dans le profil 1. La teneur en fer particulièrement
élevée de la boue de Briare (9.8 g Fe kg-1 MS) pourrait expliquer qu’elle se comporte
comme une boue traitée aux sels de fer. Cela pose la question de savoir si les boues
additionnées de sels de fer, d’une part, et les boues biologiques sans traitement ultérieur
qui contiennent tout de même presque 1% de fer, d’autre part, ne font pas partie de la
même relation n = f(PH2O%).

Que peut signifier une relation n = f(PH2O%) ? De telles relations ont été obtenues à
partir d’un même sol en modifiant les valeurs de PH2O par des apports d’ions P solubles en
laboratoire directement dans la suspension (Morel et al., 1994 ; Morel et al., 1996). Par
analogie avec un sol, les boues appartenant au même profil et vérifiant la relation n = f
(PH2O%) auraient donc des propriétés d’échange vis à vis des ions P identiques. Les
différences de quantités d’ions P isotopiquement échangeables seraient en fait expliquées
par une différence de PH2O et non à des propriétés d’échange différentes.

Des cinétiques de dilution isotopique ont été réalisées sur des suspensions de boue
de Seine Aval (profil 9) dont PH2O a préalablement été modifié par des apports variables
d’ions P en solution. Les points (PH2O% ; n) suivent une relation du même type que celle
obtenue avec les boues des profils 3, 4, 5, 6, 8 (Figure 41). La boue de Seine Aval prélevée
par Zhang il y a 10 ans (boue n°9) se situe dans la continuité de cette relation, ce qui tend à
montrer que l’on a une boue identique qui ne diffère que par sa valeur de PH2O%.

161
3

2.5

1.5
m

0.5
m = -0.154 Ln(PH2O%) + 1.12
R2 = 0.75

0
0.001 0.01 0.1 1 10 100

PH2O (%P total)

profil 1 profil 2 profil 3 Profil 4 profil 5 profil 6


profil 7 profil 8 profil 9 profil 10

Figure 42 : évolution du paramètre m en fonction des ions P extraits à l’eau (en % du P total)
pour les boues de cette étude. Les profils sont définis dans la Figure 36.

162
100

10

1
E1min (%P total)

0.1

0.01 x=y

0.001
0.001 0.01 0.1 1 10 100

PH2O (%P total)

profil 1 profil 2 profil 3 Profil 4 profil 5 profil 6


profil 7 profil 8 profil 9 profil 10

Figure 43 : évolution de la quantité (E1min) d’ions P isotopiquement échangeables en 1


minute (en % du P total) en fonction des ions P extraits à l’eau (en % du P total) pour les
boues de cette étude. Les profils sont définis dans la Figure 36.

163
11/01 12/01 12/01 13/01 13/01 14/01 17/01
20H 11H 16H 10H 16H 10H 10H Calendrier

Temps écoulé
0H 1H 16H 20H 38H 44H 62H 134H depuis la mise
en suspension
Mesures initiales
1gMS Ière Ajustement 2ième 3ième 4ième
et ajustement
dans mesure du pH mesure mesure mesure
du pH avec
50ml pH avec pH pH pH
HCl 0.25M
et HCl 0.25M et et et
et complément
PH2O PH2O PH2O PH2O
du volume à 98ml
puis à 100ml
pH non réajusté

Figure 44 : étapes de l’ajustement du pH des suspensions de boues et de suivi de son


évolution et de PH2O.

164
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Contrairement au paramètre n, l’évolution du paramètre m en fonction de PH2O%


n’est pas claire (Figure 42), mis à part pour les boues du profil 1 pour lesquelles m diminue
quand PH2O% augmente.

Le paramètre m intervient essentiellement dans la description des échanges d’ions P


les plus rapides. L’absence de relation avec PH2O% peut donc signifier que les propriétés
d’échanges « de surface » sont différentes d’une boue à l’autre. Par ailleurs, la Figure 43
montre que, pour toutes les boues non chaulées, PH2O% est presque égal à E1min%. Ce
résultat est du au faible rapport masse / solution (1g MS dans 100 ml) qui fait passer en
solution les ions P rapidement échangeables. Les propriétés d’échange rapide des boues
sont donc masquées par le faible rapport M/V ce qui peut être une autre explication de
l’absence de relation claire entre m et PH2O%.

IV.1.4.2. Incidences du pH sur les quantités d’ions P


isotopiquement échangeables des boues

Nous venons de voir que les valeurs de PH2O% rendent compte d’environ 90% de la
variabilité des valeurs du paramètre n pour les boues des profils 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 8 par une
relation du type n = p – q ln PH2O%. Toutefois, une part de la variabilité reste non
expliquée notamment sur les boues chaulées (profil 10), les boues traitées aux sels
d’aluminium, la boue de Cergy etc... En intégrant l’ensemble des boues, nous avons mis en
évidence que PH2O% dépend du pH de la suspension (Figure 31). La variabilité non
expliquée des valeurs du paramètre n pourrait donc provenir des pH différents entre
suspensions. Dans un premier temps nous avons suivi l’évolution de PH2O en fonction du
pH. Dans un deuxième temps, nous avons réalisé des cinétiques de dilution isotopique sur
des suspensions de boues à pH ajusté à 6.2 et 8. Cette expérimentation a été réalisée sur les
16 boues étudiées en pots de culture aux pH correspondant aux pH des deux sols utilisés
pour les cultures de plantes. Les données sont présentées dans l’annexe 9.

L’objectif premier était d’ajuster les pH des suspensions de boues à pH 6.2 par des
ajouts d’HCl 0.25M ou de NaOH 0.1M. La stabilisation du pH s’est avérée difficile
compte tenu du pouvoir tampon des boues si bien qu’il a été réalisé plusieurs ajustements
de pH et plusieurs mesures de pH et de PH2O permettant finalement d’établir les relations
PH2O=f(pH). Les différentes étapes de l’ajustement du pH des suspensions et du suivi de
son évolution avec le temps sont représentées sur la Figure 44. Deux répétitions ont été
réalisées : les ajouts d’HCl ont été brutaux sur l’une et progressifs sur l’autre. Les
répétitions sont très bonnes ce qui montre que les modalités d’ajout de HCl 0.25M
(progressif ou brutal) n’influencent ni le pH ni PH2O.

165
1200 1200

1000 1000

PH2O (mgP/kg MS)


PH2O (mgP/kg MS)

800 800

600 600

400 400

200 200
Cergy Bordeaux

0 0
6 6.5 7 7.5 8 8.5 6 6.5 7 7.5 8 8.5
140 250

120
200
100
PH2O (mgP/kg MS)

PH2O (mgP/kg MS)

80 150

60 100

40
50
20 Toulon Biganos

0 0
6 6.5 7 7.5 8 8.5 6 6.5 7 7.5 8 8.5

pH pH
1ier, 2ième, 3ième et 4ième prélèvement
Avant tout ajout d'HCl 0.25M
Dilution isotopique à pH 6.2
Dilution isotopique à pH 8

Figure 45 : évolution des ions P extraits à l’eau en fonction du pH sur les boues de Cergy,
Bordeaux 98, Biganos 98 et Toulon. Sont présentées les valeurs obtenues lors de
l’expérimentation préliminaire (4 prélèvements, 2 répétitions)) et lors des cinétiques de dilution
isotopique sur des suspensions à pH proche de 6.2 et de 8, ainsi que les valeurs initiales avant
tout ajout d’HCl ou de NaOH 0.25M.

166
3500 1200

3000 1000

P H2O (mgP/kg MS)


2500
PH2O (mgP/kg MS)
800
2000
600
1500
400
1000 Le Beausset chaulée
Blois
200
500

0 0
6 7 8 9 10 11 12 13 6 7 8 9 10 11 12 13

500 500

400 400

PH2O (mgP/kg MS)


PH2O (mgP/kg MS)

300 300

200 200
Valenton

100 Lagny 100

0 0
6 7 8 9 10 11 12 13 6 7 8 9 10 11 12 13

700 1200

600
1000
PH2O (mgP/kg MS)

500
PH2O (mgP/kg MS)

800
400
600
300
400
200
Ardennes
100 200 Seine Aval

0 0
6 7 8 9 10 6 6.5 7 7.5 8 8.5
1ier, 2ième, 3ième et 4ième prélèvement
pH pH
Avant tout ajout d'HCl 0.25M
Dilution isotopique à pH 6.2
Dilution isotopique à pH 8
Figure 46 : évolution des ions P extraits à l’eau en fonction du pH sur les boues de Blois
chaulée, Le Beausset chaulée, Lagny chaulée, Valenton chaulée, des Ardennes et de Seine
Aval déshydratée. Sont présentées les valeurs obtenues lors de l’expérimentation préliminaire (4
prélèvements, 2 répétitions)) et lors des cinétiques de dilution isotopique sur des suspensions à pH
proche de 6.2 et de 8, ainsi que les valeurs initiales avant tout ajout d’HCl ou de NaOH 0.25M.

167
100 0.5
7
= teneur
11
1 en f er élevée
12 9
0.4 3
14
PH2O à pH 6.2 (% du P total)

16
biologiques
= massivemant
10 et compostées 15 2
chaulées
0.3

n à pH 6.2
13
10 5
4 8
6
8 6 4

2
0.2
5 10
1 15
1
3 7 = massivement
14 0.1 9
16
13 chaulées
11
= teneur en f er élevée 12
biologiques et
compostées
0.1 0
0.1 1 10 100 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5

PH2O à pH 8 (% du P total) n à pH 8

Figure 47 : comparaison des ions P extraits à l’eau (en % du P total) (a) et du paramètre n (b)
mesurés à pH 8 avec les valeurs mesurées à pH 6.2. Les 16 boues sont celles étudiées en pots
de culture : (1) Annet, (2) Ardennes, (3) Biganos 98, (4) Blois chaulée, (5) Bordeaux 98, (6) Cergy,
(7) Cestas 98, (8) Lagny chaulée, (9) Le Beausset pressée, (10) Le Beausset chaulée, (11) Nantes
compostée 97, (12) Nantes compostée 98, (13) Seine Aval déshydratée 2, (14) Toulon, (15)
Valenton chaulée et (16) Var.

Tableau 27 : paramètre des équations n=f(PH2O%) selon les boues considérées et le pH de la


suspension

Paramètre de l’équation
Boues concernées Profils concernés
n = p – q ln (PH2O%)
2
R et nombre
p q
de boues
Boues traitées aux sels de fer 0.90
et/digérées mais non Profils 3, 4, 5, 6 et pH non
0.297 0.0884 et
massivement chaulées (pH<9), 8 sans Cergy ajusté
puis compostées ou non N = 26

Biganos 98, Toulon, Valenton 0.92


chaulée, Ardennes, Lagny Profils 3, 6 et 10 pH ajusté
0.333 0.099 et
chaulée, Blois chaulée, Cergy, Le plus Cergy à 6.2
Beausset chaulée, Bordeaux 98 N=9

168
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Il existe une seule relation PH2O=f(pH) pour une boue donnée sur la gamme de pH
explorée (Figure 45 et Figure 46). Certains points s’éloignent de la relation parce
qu’environ 100 minutes se sont écoulées entre la mesure du pH et celle de PH2O qui a
continué d’évoluer. Il est donc recommandé de réaliser les deux mesures de PH2O et de pH
le plus rapproché possible l’idéal étant en simultané.

Globalement, PH2O augmente quand le pH diminue (Figure 45 et Figure 46). PH2O%


est en moyenne 4 fois plus élevé à pH 6.2 qu’à pH 8 (Figure 47a).

Cette augmentation est plus prononcée sur les boues biologiques massivement
chaulées. Par exemple, pour les boues de Le Beausset chaulée et Blois chaulée, PH2O est
presque multiplié par 1000 entre pH 12 et pH 6.2 et atteint ainsi des valeurs comparables à
celles des boues biologiques non chaulées (Figure 46). Entre pH 8 et pH 6.2 PH2O est 9 à 15
fois plus élevée à pH 6.2 qu’à pH 8 sur les boues chaulées. Cela traduit une dissolution des
phosphates de calcium.

L’augmentation est beaucoup moins marquée sur les boues non chaulées (Figure
45) : celles-ci présentent déjà un PH2O élevé et contiennent probablement peu de
phosphates de calcium. Plus la boue est riche en fer, plus faible sera PH2O à pH 6.2 (PH2O :
Cergy>Bordeaux>Biganos>Toulon) ce qui est en accord avec la diminution de PH2O avec
la teneur en fer des boues mis en évidence précédemment. On observe même jusqu’à une
diminution de PH2O% pour Biganos entre pH 8 et pH 6.2 (Figure 47a), ce qui traduit une
augmentation de l’affinité du fer pour les ions P vers les pH acides comme c’est le cas pour
les sols.

L’acidification des suspensions de boues diminue le paramètre n (Figure 47b), ce


qui est logique compte tenu du fait qu’une partie des ions P de la phase solide passe en
solution. Cependant la diminution est moins prononcée sur les boues riches en fer, on
observe même une augmentation du paramètre n sur la boue de Biganos.

169
0.6

6
n = -0.088 Ln(PH2O%) + 0.297
0.5 R2 = 0.90
14

0.4 4

10

0.3 5 n = -0.099 Ln(PH2O%) + 0.33


n

3
R2 = 0.92
15
2

8
0.2

13

0.1
16 12 1

11 9 7
0
0.01 0.1 1 10 100
P H2O (%P total)

sans ajustement du pH pH ajusté à 8 pH ajusté à 6.2

Figure 48 : évolution du paramètre n en fonction des ions P extraits à l’eau (en% du P total)
sans ajustement du pH des suspensions de boues ou après ajustement du pH à 8 ou 6.2. La
droite en pointillés correspond aux boues appartenant aux profils 3, 4, 5, 6 et 8 définis
précédemment. Les numéros correspondent aux boues étudiées en pots de culture : (1) Annet, (2)
Ardennes, (3) Biganos 98, (4) Blois chaulée, (5) Bordeaux 98, (6) Cergy, (7) Cestas 98, (8) Lagny
chaulée, (9) Le Beausset pressée, (10) Le Beausset chaulée, (11) Nantes compostée 97, (12)
Nantes compostée 98, (13) Seine Aval déshydratée 2, (14) Toulon, (15) Valenton chaulée et (16)
Var.

170
Résultats et Discussion

Les points (PH2O% ; n) obtenus sans ajustement de pH ou après ajustement du pH à


8 ou 6.2 sont présentés sur la Figure 48. Après ajustement du pH à 6.2, PH2O% explique
plus de 90% de la variabilité des valeurs du paramètre n des neuf boues (Biganos 98,
Toulon, Valenton chaulée, Ardennes, Lagny chaulée, Blois chaulée, Cergy, Le Beausset
chaulée et Bordeaux 98) par une relation du type n=p – q ln (PH2O%) (Tableau 27). La
relation est très proche de celle obtenue avec les 26 boues des profils 3, 4, 5, 6 et 8, dont le
pH oscille entre 6 et 9. Les valeurs de PH2O% quant à elles sont toujours expliquées par la
teneur en fer , aluminium et calcium total des boues (en mole kg-1 MS) :

PH2O% (pH 8) = -13.5 (nFe) – 19.3 (nAl) – 4.2 (nCa) + 33.6 R2=0.59 p<0.02 N=16
PH2O% (pH 6.2) = -20.4 (nFe) – 14.2 (nAl) – 5 (nCa) + 40.6 R2=0.64 p<0.02 N=16

Les points (PH2O% ; E1min%) obtenus sans ajustement de pH ou après ajustement du


pH à 8 ou 6.2 sont présentés sur la Figure 49. A pH 6.2, E1min% des boues chaulées est très
proche de PH2O% pour l’ensemble des boues y compris les boues chaulées. Comme évoqué
précédemment cela signifie que le rapport masse sur volume est trop faible pour analyser le
paramètre m correctement.

IV.1.5. Conclusions

L’analyse des quantités d’ions P isotopiquement échangeables sur 80 échantillons


de boues, sans ajustement du pH des suspensions, montre que :

- la proportion d’ions P en solution (PH2O%) est très variable suivant les filières de
production. Les principaux traitements réduisant PH2O% sont le chaulage, le
conditionnement par le procédé Portéus, le séchage thermique, l’ajout de sels de fer ou
d’aluminium et la digestion. Globalement, les valeurs de PH2O% diminuent quand la
teneur en calcium et surtout aluminium et fer total des boues augmente traduisant une
rétention de ions P par les composés à base de fer comme c’est le cas dans les sols.
- la proportion d’ions P isotopiquement échangeables sur la phase solide et leur mobilité
dépend également de ces traitements. 6 principales catégories de boues ont pu être
définies selon le profil de leur cinétique d’échanges.

171
100

9
1
12
10 11
16

10
E1min (%P total)

2 3

1 6
4 5
15
14 13

x=y
0.1

0.01
0.01 0.1 1 10 100
PH2O (%P total)

sans ajustement du pH pH ajusté à 8 pH ajusté à 6.2

Figure 49 : évolution des ions P isotopiquement échangeables en 1 minute (en % du P total)


en fonction des ions P extraits à l’eau (en% du P total) sans ajustement du pH des
suspensions de boues ou après ajustement du pH à 8 ou 6.2. Les numéros correspondent aux
boues étudiées en pots de culture : (1) Annet, (2) Ardennes, (3) Biganos 98, (4) Blois chaulée, (5)
Bordeaux 98, (6) Cergy, (7) Cestas 98, (8) Lagny chaulée, (9) Le Beausset pressée, (10) Le
Beausset chaulée, (11) Nantes compostée 97, (12) Nantes compostée 98, (13) Seine Aval
déshydratée 2, (14) Toulon, (15) Valenton chaulée et (16) Var.

172
Typologie du phosphore des boues en relation avec les filières de production

Le pH des suspensions de boues est un facteur important de la variabilité des


valeurs de PH2O% et des paramètres m et n. Une comparaison rigoureuse des boues doit
donc être faite à même pH. Cette précaution est d’autant plus justifiée que les sols
tamponnent le pH.

L’acidification des boues augmente la quantité d’ions P rapidement


isotopiquement échangeables des boues surtout si elles sont chaulées, résultat probable
d’une dissolution des phosphates de calcium. Cette augmentation est toutefois limitée pour
les boues plus riches en fer ce qui traduit probablement une rétention des ions P par le fer
(adsorption sur les oxydes de fer et/ou précipitation de phosphates de fer). En abaissant le
pH, il pourrait se produire une redistribution des ions P du calcium vers le fer avec
néanmoins un bilan positif d’ions P en solution si la dissolution des phosphates de calcium
libère d’avantage d’ions P que ne fixe le fer.

En fixant le pH des suspensions à une valeur unique proche de la neutralité, la


variabilité des valeurs du paramètre n est alors expliquée à plus de 90% par les
valeurs de PH2O%, par une relation du type n = p – q ln (PH2O%) et ce quel que soit le type
de boue. Cette approche permet de distinguer 3 grands groupes de boue : (1) les boues
biologiques sans autre traitement particulier, (2) les boues biologiques compostées
sans autre traitement, (3) les boues traitées aux des sels de fer soit lors du traitement des
eaux usées, soit lors du conditionnement ainsi que les boues digérées additionnées ou non
de sels de fer qui peuvent être compostées ou séchées thermiquement, ainsi que les boues
massivement chaulées.

PH2O% est alors expliqué à plus de 60% par les teneurs en fer, aluminium et
calcium : plus elles sont élevées plus la partition entre phase solide et solution des ions P
isotopiquement échangeables est en faveur de la phase solide (PH2O% diminue et le
paramètre n augmente). Aux deux pH testés (6.2 et 8), le fer joue un rôle plus important
que le calcium dans la rétention des ions P des boues.

173
Tableau 28 : origine et désignation abrégée des 16 boues de stations d’épuration urbaines
pour lesquelles la valeur fertilisante phosphatée a été étudiée et mesurée. Le détail des
filières de traitement est présenté dans l’annexe 3.

Origine Désignation
Annet B1
Ardennes Dpfeca
Biganos 98 Phfeca2
Blois chaulée Dpca1
Bordeaux 98 BfeD2
Cergy BfeD1
Cestas 98 B2
Lagny chaulée Bfeca
Le Beausset déshydratée Dp
Le Beausset chaulée Dpca2
Nantes compostée 97 BC1
Nantes compostée 98 BC2
Seine Aval déshydratée 2 BDT
Toulon Phfeca1
Valenton chaulée BfeDca
Var BC3
B : biologique (activée ou fixée) ; Dp : déphosphatation biologique ; Ph : physico-chimique ;
fe : addition de sels de fer ; ca : addition de chaux ; D : stabilisation par digestion ; T :
conditionnement thermique par le procédé Portéous ; C : compostage. Les chiffres correspondent
à des filières identiques mais une origine différente.

174
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

IV.2. Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante


phosphatée à court terme des boues
Par définition, la valeur fertilisante (VF) phosphatée d’un produit exprime la
biodisponibilité du P de ce produit par rapport à la biodisponibilité du P d’une source de
référence qui est une forme de P soluble dans l’eau et le citrate d’ammonium, comme les
superphosphates, phosphates d’ammoniaque, phosphate de potassium… L’expression de la
VF est donc du type :

Iproduit
VF = × 100
Iréférence

où I est un indicateur de la biodisponibilité du P du produit apporté.

Dans les expérimentations classiques, réalisées au champ ou en pots de culture, les


indicateurs de biodisponibilité sont la variation de la production de biomasse et/ou celle de
la quantité totale de P prélevé par la culture. Le traçage isotopique des ions P
isotopiquement échangeables du sol permet d’accéder à d’autres indicateurs de la
biodisponibilité du P d’un produit tel que la quantité de P prélevée de l’apport par la
culture et des grandeurs dérivées comme le Coefficient Réel d’Utilisation (CRU) du P de
l’apport ou la contribution de l’apport à la nutrition des cultures (Pdff). Cette approche
isotopique permet de mesurer un effet de l’ajout de P, même pour un sol dans lequel le P
n’est pas un facteur limitant la production de biomasse, ce qui est la situation de beaucoup
de régions agricoles de France, de l’Europe de l’Ouest et des Etats-Unis. Cette approche
isotopique permet également d’analyser les écarts de prélèvement de P du sol en présence
et en l’absence du produit apportant ainsi une possibilité de quantifier les interactions du
produit sur le prélèvement de P.

Ces différents indicateurs de la biodisponibilité du P ont été déterminés dans 3


expérimentations en pots de culture sur deux sols.
• L’une (exp. 1) a été menée dans un sol correctement pourvu en P, sol de
Bourran, durant l’été 1998 et comprenait 10 boues en plus des traitements
témoin et de référence.
• Les deuxième (exp. 2) et troisième (exp. 3) études ont débuté en avril-mai 1999
avec 3 semaines de décalage et comprenaient, respectivement, 10 boues (les
mêmes que celles étudiées en 1998) et 6 autres boues (exp. 3). Le sol utilisé
pour les exp. 2 et 3 est un sol déficient en P. Il a été prélevé dans une parcelle
du domaine expérimental de l’INA-PG qui n’a pas été fertilisée pendant 35 ans.

175
TEM bc

REF bc

Phfeca1 abc

Dpca2 a

Dpca1 a

Dp ab

BfeDca a

BfeD1 abc

Bfeca a
BDT abc
BC1 ab
Figure 50 : production de MS en
B1 abc fonction des traitements. (a), (b) et (c)
correspond aux expériences 1, 2 et 3
a) 0 2 4 6 8 10
respectivement. Les traitements suivis
matière sèche (g/kg sol) d’une lettre différente sont
significativement différents au seuil
p=0.05. Le trait en pointillés correspond à
TEM c la moyenne générale.

REF a

Phfeca1 b

Dpca2 ab

Dpca1 b TEM d

Dp ab REF bc

BfeDca b Phfeca2 c

BfeD1 b Dpfeca b

Bfeca b BfeD2 c

BDT b BC3 c

BC1 ab BC2 c

B1 ab B2 a

0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10 12 14 16
b) c) matière sèche (g/kg sol)
matière sèche (g/kg sol)

176
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Les boues sont désignées (Tableau 28) par des acronymes présentant les principaux
traitements des eaux usées et des boues. Ces traitements ont été identifiés comme ceux qui
affectent la mobilité des ions P des boues. Le détail des filières de traitement est présenté
dans l’annexe 3.

IV.2.1. La production de matière sèche et le prélèvement de


phosphore total
La production cumulée de matière sèche (MS) est présentée pour les trois
expérimentations dans la Figure 50. Dans l’exp. 1 (Figure 50a), les valeurs sont comprises
entre 6.3 et 7.3 (moyenne de 6.85 g MS kg-1 sol) et ne diffèrent pas significativement entre
les 10 boues. Les traitements TEM et REF présentent les rendements les plus faibles.
Seules les boues chaulées (Dpca1, Dpca2, BfeDca et Bfeca) entraînent des rendements en
MS significativement supérieurs aux traitements TEM et REF.

La quantité totale d’azote (N) apporté sous forme de boue avec les 50 mg P kg-1 sol
est comprise entre 28 et 176 mg N kg-1 sol (soit l’équivalent de 98 et 618 kg N ha-1 en
considérant 3500 tonnes de sol par hectare) suivant les boues. Une interaction significative
de l’N de la boue est mise en évidence puisque la production de MS est linéairement
corrélée à la teneur en N des parties aériennes récoltées (Figure 52a) :

MS = 0.03 (Teneur N) + 1.09 R2 = 0.77 p<0.001 N=12

Dans cette expérimentation, les 220 mg N kg-1 sol apportés sous forme d’NH4NO3
n’ont pas suffi à éviter une interaction de l’azote apporté par les boues sur la production de
MS.

L’expérimentation 1 illustre toute la difficulté de comparer la biodisponibilité du P


de produits complexes pour lesquels il est délicat de rendre comparable tous les autres
facteurs susceptibles d’affecter la croissance et le développement des plantes. Compte tenu
de ce résultat la fertilisation azotée a été augmentée (environ 520 mg N kg-1 sol apporté en
cumulé) dans les expérimentations 2 et 3.

Dans l’exp. 2 (Figure 50b), la production cumulée de MS est comprise entre 4.4 et
8.2 g kg-1 sol. Contrairement à l’exp. 1, tous les produits ont significativement augmenté la
production de MS par rapport au TEM, résultat qui confirme la déficience de ce sol en P.
Les différences entre boues et le traitement REF sont par contre peu marquées. Des
observations similaires peuvent être tirées de l’exp. 3 (Figure 50c).

177
TEM bc

REF c

Phfeca1 abc

Dpca2 abc

Dpca1 a
Dp ab
BfeDca ab
BfeD1 abc

Bfeca ab

BDT ab
Figure 51 : quantité totale cumulée de
BC1 ab
P prélevé en fonction des traitements.
B1 a (a), (b) et (c) exp. 1, 2 et 3
respectivement. Les traitements suivis
a) 0 10 20 30 40 50 60 par une lettre différente sont
P total prélevé (mg/kg sol) significativement différents au seuil de
p=0.05. Le trait en pointillés est la
moyenne générale.
TEM d

REF a

Phfeca1 b

Dpca2 bc

Dpca1 bc TEM e

Dp b REF a

BfeDca bc Phfeca2 d

BfeD1 c Dpfeca c

Bfeca bc BfeD2 cd

BDT bc BC3 d

BC1 bc BC2 d

B1 b B2 b

b) 0 5 10 15 20 25 c) 0 5 10 15 20 25 30 35
P total prélevé (mg/kg sol) P total prélevé (g/kg sol)

178
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

2.8 24
matière sèche produite (g/kg sol)
2.7

P total prélevé (mgP/kg sol)


22
2.6
20
2.5
18
2.4
16
2.3
14
2.2

2.1 12
a) b)
2 10
30 40 50 60 30 40 50 60
Teneur en N (mgN/kg MS) Teneur en N (mgN/kg MS)

Figure 52 : effet de la teneur en azote des parties aériennes sur la production de biomasse
(a) et le prélèvement de P total (b) dans l’expérimentation 1.

Dans cette étude, décalée d’environ 2 semaines par rapport à l’exp. 2, la production
moyenne de MS est presque deux fois plus élevée que celle mesurée lors de l’exp. 2. La
culture de l’exp. 3 a bénéficié de conditions de rayonnement et de température beaucoup
plus favorables à sa croissance et à son développement que la culture de l’exp. 2. Ainsi,
après seulement 3 semaines de culture (coupe 1, traitement REF), la biomasse produite
était de 2.1 g kg-1 sol pour l’exp. 2 et de 2.6 g kg-1 sol pour l’exp. 3.

La quantité totale de P prélevé (PP) par le ray grass est présentée dans la Figure 51.
Pour l’expérimentation avec le sol bien pourvu, la valeur de PP varie entre 40.5 et 50.2 mg
P kg-1 sol (Figure 51a). La valeur de PP pour le traitement de référence est la plus faible et
même inférieure à celle du traitement témoin, non fertilisé. Deux boues augmentent
significativement le prélèvement de P par rapport au sol non fertilisé : la boue de
déphosphatation biologique chaulée N°1 et la boue biologique N°1. Comme pour la
production de MS, une proportion importante (62%) de la variabilité de PP est expliquée
par la teneur en N des partie aériennes (Figure 52b) :

PP = 0.34 (Teneur N) + 2.85 R2 = 0.62 p<0.01 N=12

Pour les deux expérimentations réalisées avec le sol déficient (Figure 51b et c),
l’ajout de P sous forme de boues ou d’engrais soluble-eau augmente significativement la
valeur de PP. La quantité de P prélevé dans le traitement non fertilisé (PP0) témoigne de la
différence de disponibilité du P dans les deux sols. La valeur de PP0 est de 4 mg P kg-1
pour le sol déficient et de 40 mg P kg-1 pour le sol bien pourvu.

179
0.014

0.013
coupe 2
coupe 3
0.012
CI (mgP-1)

0.011
coupe 1 coupe 4

0.01

0.009

0.008
0 20 40 60 80 100

durée de culture (j)

Figure 53 : évolution de la composition isotopique moyenne du P prélevé en fonction de la


durée de culture sur l’ensemble des traitements de l’exp. 2.
0.016
CIth = - 6E-05 * (durée de culture) + 0.0161
R2 = 0.76
0.015 calcul de la CI théorique
regréssion linéaire
par extrapolation
sur les CImes des
0.014 CI th coupe 1 coupes 2, 3 et 4

0.013 dilution supplémentaire


de la CI th attribuée au
CI (mgP -1)

P de la graine
0.012

CI mes coupe 1
0.011

0.01

0.009

0.008
0 20 40 60 80 100
durée de culture (j)

Figure 54 : illustration du principe de détermination du P prélevé issu de la graine à l’issue


de la première coupe (Pg).

180
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Cet écart traduit la différence de biodisponibilité du P dans les deux sols et en particulier le
faible niveau dans le sol déficient. C’est la raison pour laquelle, l’accroissement de P
prélevé après ajout des différentes formes de P est en moyenne de 2 à 2.5. L’augmentation
la plus forte est obtenue avec la forme de référence (prélèvement multiplié par 4.5).
Malgré tout, le prélèvement de P n’est pas significativement différent entre les différentes
boues dans l’exp.2 à l’exception de la boue biologique traitée aux sels de fer et digérée ;
dans l’exp.3 (Figure 51c), la boue biologique activée induit une valeur de PP
significativement supérieure aux autres boues.

IV.2.2. Composition isotopique du phosphore prélevé

IV.2.2.1. Evolution de la composition isotopique en fonction


des coupes et déduction du phosphore issu de la graine

La Figure 53 présente une évolution, représentative de l’ensemble des traitements,


de la composition isotopique (CI) du P prélevé par la culture lors des 4 coupes successives
de l’exp. 2. La valeur de CI est toujours sensiblement plus faible à la première coupe, plus
élevée à la seconde, puis tend à diminuer légèrement lors des coupes ultérieures. La valeur
de CI, plus faible, mesurée à la première coupe est due à un effet de dilution lié à la
mobilisation du P de la graine lors de la germination. L’évolution des valeurs de CI à partir
de la 2ème coupe traduit la dilution progressive des ions 32P avec le temps dans l’ensemble
des ions P isotopiquement échangeables du système sol/plante ; ainsi, la dilution est
logiquement moins prononcée sur le sol témoin non fertilisé qui contient le moins d’ions P
isotopiquement échangeables (résultats non montrés).

IV.2.2.2. Estimation de la participation du P de la graine à la


nutrition phosphatée

La quantité de P présent dans 1g de graine de ray grass (quantité semée par pot), est
de 3.1 ±0.17 mg P kg-1 de sol. Dans les expérimentations 2 et 3 réalisées avec le sol
déficient, le prélèvement total de P varie entre 2 et 9 mg P kg-1 de sol à l’issue de la
première coupe. Le P de la graine mobilisé lors de la première coupe (Pg) peut donc
constituer une part non négligeable du P prélevé et entraîner une dilution de la CI. La
valeur de Pg a donc été calculée par différence entre la CI théorique de la première coupe
(CIth), calculée par extrapolation à partir d’une régression linéaire effectuée sur les coupes
2, 3 et 4, et la CI mesurée de la première coupe (CImes) (Figure 54) :

Pg = rp * (1/CImes – 1/CIth) (19)

Où rp est la radioactivité prélevée lors de la première coupe.

181
Tableau 29 : quantités calculées du P de la graine (Pg) mobilisées par le ray grass lors de la
première coupe pour les exp. 2 et 3. Pg a été calculé d’après le principe présenté Figure 54.

Expérimentation 2 Expérimentation 3
Pg Pg
Traitement -1
écart type traitement -1
écart type
mg P kg sol mg P kg sol
BDT 0.81 0.19 Dpfeca 1.20 0.38
B1 0.78 0.23 BC3 1.09 0.17
Dpca1 0.51 0.15 Phfeca2 0.89 0.18
BfeD1 0.98 0.24 B2 1.09 1.71
Bfeca 0.75 0.24 BfeD2 0.94 0.10
Dpca2 0.74 0.25 BC2 0.73 0.13
Dp 0.61 0.18 REF 1.81 0.31
BC1 1.02 0.36 TEM 0.84 0.07
REF 1.03 0.27
TEM 0.72 0.28
Phfeca1 0.95 0.16
BfeDca 0.71 0.24

182
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Les valeurs de Pg oscillent entre 0.5 et 1.8 mg P kg-1 de sol dans les parties
aériennes pour les exp.2 et 3 (Tableau 29), soit une valeur moyenne de 0.9 (±0.3) mg P kg-
1
sol, environ 30% du P ajouté via le semis.

Par la suite, les calculs ont donc été réalisés après avoir retiré les fractions du Pg.
Pour l’expérimentation 1, une correction moyenne égale à 0.9 mg P kg-1 sol et identique
pour tous les traitements a été apportée pour rendre compte de l’effet de dilution lors de la
première coupe. Dans cette expérimentation, compte tenu des quantités de P prélevé lors
de la première coupe (valeurs comprises entre 16 et 23 mg P kg-1 sol), cette correction est
peu importante (de l’ordre de 4%).

IV.2.2.3. Quantité de P biodisponible du sol

La quantité de P biodisponible du sol peut être évaluée par la valeur L (Larsen,


1952) qui représente la quantité de P du sol susceptible de participer à la nutrition
phosphatée de la plante. Les valeurs Lx (valeur L du sol fertilisé) et L0 (valeur L du sol non
fertilisé) sont représentées dans la Figure 55 pour les 3 expérimentations. Les valeurs L0
sont de 180 mg P kg-1 dans le sol bien pourvu et de 50 mg P kg-1 sol dans le sol déficient.

Les valeurs (Lx-L0) correspondent à la quantité de P du produit susceptible de


participer à la nutrition P des plantes. Avec la forme de référence, i.e. du P soluble dans
l’eau et le citrate d’ammonium, la valeur de (Lx-L0) dans les 3 expérimentations est de 40
à 50 mg P kg-1 sol soit un accroissement voisin voire non significativement différent de
l’apport effectué.

Pour les différentes boues (à l’exception de la boue BfeDca) testées dans le sol bien
pourvu, les valeurs de (Lx-L0) ne diffèrent pas significativement de celle de la forme de
référence. Pour ce sol dont la valeur L est élevée, l’écart type moyen sur les valeurs de
(Lx-L0) est de 6.5 mg P kg-1 sol et comparable aux différences existant entre les valeurs de
(Lx-L0) ; un apport de phosphore 2 à 3 fois supérieur serait nécessaire pour espérer mettre
en évidence des écarts significatifs de valeur L entre produits. Cependant, de tels niveaux
d’apport s’éloignent très fortement des pratiques agricoles et introduisent des quantités
massives d’azote qui peuvent affecter le prélèvement de P.

183
TEM c

REF a

Phfeca1 a

Dpca2 a

Dpca1 a

Dp a

BfeDca b

BfeD1 ab

Bfeca a
BDT ab Figure 55 : quantité de P biodisponible
BC1 a dans le sol (valeur L) en fonction des
traitements. (a) (b) et (c), exp.1, exp.2 et
B1 a
exp.3, respectivement. Les traitements
a) 0 100 200 300 suivis par une lettre différente sont
significativement différents au seuil de
Valeur L (mgP/kg sol)
p=0.05. Le trait en pointillés est la
moyenne générale.

TEM f

REF b

Phfeca1 c

Dpca2 a

Dpca1 a TEM f

Dp a REF a

BfeDca b Phfeca2 c

BfeD1 de Dpfeca b

Bfeca a BfeD2 d

BDT d BC3 d

BC1 e BC2 e

B1 a B2 a

0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
b) Valeur L (mgP/kg sol) c) Valeur L (mgP/kg sol)

184
120
Figure 56 : augmentation de la
100 quantité de P biodisponible
Bfeca Ba2 dans le sol déficient après
apport de boues en fonction
Lx - L0 (% P apporté)

Dp Dpca2
80 Phfeca2 de l’azote (a) ou du carbone (b)
Phfeca1 BfeDca minéralisé. Les données N et C
60 ont été obtenues par Virgine
Parnaudeau et Bernard
BfeD2
BDT BC3 Nicolardot de l’INRA de Reims.
40
Les abbréviations sont
présentées dans le Tableau 28.
20
a)
0
-10 10 30 50 70
N minéralisé (% N apporté)

120

100 Ba2
Dpca2
Bfeca
Lx - L0 (% P apporté)

80 Dp
BfeDca Phfeca2

60 BfeD2 Phfeca1
BDT

BC3
40

20

b)
0
0 10 20 30 40 50 60 70
C minéralisé (% C apporté)

185
Tableau 30 : paramètres de la régression linéaire décrivant l’augmentation (Lx-L0) de P
biodisponible en fonction de l’azote ou du carbone minéralisés des boues.

2 Seuil de
Relation Conditions a b R
signification

Lx-L0 (%P apporté) = Toutes boues 0.63 55 0.73 <0.001


a * N minéralisé (%N apporté) + b Sans Dpca2 0.81 52 0.81 <0.001

Lx-L0 (%P apporté) = Toutes boues 0.65 47 0.29 <0.001


a * C minéralisé (%C apporté) + b Sans Phfeca1 1.08 34 0.63 <0.001

186
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Pour les différentes boues des expérimentations 2 et 3, les valeurs de (Lx-L0)


diffèrent significativement entre elles et parfois même avec la forme de référence.
L’origine de ces écarts est correctement expliquée par les quantités d’azote et de carbone
minéralisées nettes, sur une période égale à celle de la période de culture du ray grass
(Figure 56 et Tableau 30). Ces données ont été calculées à partir des cinétiques de
minéralisation de l’azote et du carbone réalisées en conditions standardisées sur mélange
de sol et de boues (Coll. Virginie Parnaudeau et Bernard Nicolardot de l’INRA-Reims).
Cela nous permet de conclure que les processus d'immobilisation et de minéralisation qui
ont lieu dans le sol après apport de boues sont des processus clef de l'expression de leur
valeur fertilisante. Une telle relation est étonnante compte tenu du fait que le P organique
ne représente qu’en moyenne 20% du P total des boues. Cela sous-entend que les
processus chimiques concernant le P minéral contribueraient à la mobilisation du P des
boues de manière identique quelles que soient les boues, et celles-ci ne se différencieraient
alors que par leur potentiel de minéralisation.

IV.2.3. Analyse de l’origine du phosphore prélevé

La quantité totale de P prélevé par une plante sur un sol amendé a pour origine le
sol (Psol) et le produit apporté (Papp) :

PP= Psol + Papp (13)

Les valeurs Psol et Papp sont déterminées à partir du même jeu de données que
celui précédemment utilisé pour déterminer la valeur L (quantité totale de P prélevé et
composition isotopique du P prélevé).

IV.2.3.1. Quantités de P prélevé du sol par la plante avec ou


sans boue

Dans le sol témoin, la seule source de P pour la plante est le sol. Ce traitement
donne la composition isotopique (CI0) du P prélevé du sol. Cela permet de calculer Psol
pour un sol amendé :

rp/Psol = CI0
D’où
Psol = rp/ CI0 (14)

Les valeurs de Psol sont présentées dans le Tableau 31. Dans les exp. 2 et 3, elles
sont toutes supérieures à la quantité de P prélevé dans le sol témoin (PP0) alors que, dans
l’exp. 1 la tendance est inversée.

187
Tableau 31 : quantité de P prélevé du sol (Psol) et écart relatifs [(Psol-PP0)/PP0] par rapport
au P prélevé du sol témoin (PP0) suivant les traitements.

exp.1 exp. 2 exp.3


100*
Psol 100* Psol 100* Psol
-1 -1 -1
(Psol -
traitement mg P kg (Psol -PP0)/PP0 mg P kg (Psol -PP0)/PP0 mg P kg PP0)/PP0
sol % sol % sol
%

TEM 41 4 5

REF 32 -22 11 143 11 112


Phfeca1 38 -7 8 76
Phfeca2 9 66
Dpca2 36 -12 7 49
Dpca1 42 2 6 35
Dpfeca 9 73
Dp 39 -5 7 56
BfeDca 44 7 6 43
BfeD1 37 -9 7 50
BfeD2 10 87
Bfeca 38 -7 6 43
BDT 40 -2 8 91
BC1 40 -4 9 104
BC2 9 81
BC3 10 86
B1 42 1 7 57
B2 9 81

188
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Les écarts (Psol - PP0) sont maximum pour la forme de référence (Tableau 31).
L’écart relatif [(Psol- PP0)×100/ PP0] est positif et de +143% dans l’exp. 2 et de +110%
dans l’exp. 3. Par contre, dans l’exp.1 il est négatif de -22%.

L’augmentation de Psol en présence de la forme de référence dans les exp. 2 et 3


peut être expliquée par une augmentation du volume de sol explorée par les racines suite à
la levée de la déficience en P. En effet, l’augmentation de la biomasse de racines peut être
considérée comme sensiblement équivalente à celle de la biomasse aérienne récoltée, soit
1.66 fois dans l’exp. 2 par exemple. Cette augmentation correspond à l’accroissement du
prélèvement de P du sol qui est en moyenne de 68% dans l’exp. 2 (Tableau 31).

La diminution du prélèvement de phosphore du sol suite à l’ajout de phosphore


soluble dans l’eau peut apparaître surprenante. Ce type de résultats a cependant déjà été
observé dans des conditions similaires de sol ayant une teneur en P biodisponible élevée
(Morel et Fardeau, 1989). Plusieurs explications peuvent être avancées : i) réduction de la
longueur des racines comme celle observée sur 9 génotypes de blé par Römer et al. (1988)
lorsque le blé est cultivé en hydroponie avec une solution ayant une concentration élevée
en phosphate, ii) une baisse de l’activité symbiotique du prélèvement de P par les
champignons mycorhizogènes du sol (Plenchette, 1982 ; Graham et Timmer, 1984 ; Raju
et al., 1990), iii) une régulation physiologique de l’influx de phosphore par unité de racine.

189
Tableau 32 : quantité de P prélevé à partir de la référence et des 16 boues testées (Papp)
-1
dans les 3 expérimentations (en mg P kg sol). Les traitements suivis par une lettre différente
sont significativement différents au seuil p=0.05.

traitement exp. 1 exp.2 exp. 3

REF 7.0 ab 7.7 a 15.6 a

Phfeca1 7.3 ab 4.0 c


Phfeca2 8.3 d
Dpca2 7.5 ab 5.6 b
Dpca1 7.3 ab 5.3 b
Dpfeca 9.9 c
Dp 7.5 ab 5.6 b
BfeDca 4.4 c 4.2 bc
BfeD1 5.8 bc 2.3 e
BfeD2 7.2 de
Bfeca 8.7 a 5.3 b
BDT 6.5 ab 3.3 cd
BC1 7.3 ab 2.7 de
BC2 5.0 f
BC3 6.2 e
B1 7.8 ab 5.6 b
B2 12.5 b

190
REF ab

Phfeca1 ab

Dpca2 ab

Dpca1 ab

Dp ab
BfeDca c
BfeD1 bc

Bfeca a

BDT ab
Figure 57 : coefficient réel d’utilisation
BC1 ab
(CRU) du P des apports. (a) (b) et (c)
B1 ab expérimentations 1, 2 et 3. Les
traitements suivis par une lettre différente
0 5 10 15 20 25
a) sont significativement différents au seuil
CRU (% ) de p=0.05. La ligne verticale en pointillés
est la moyenne générale.

REF a

Phfeca1 c

Dpca2 b

Dpca1 b
R EF a
Dp b
P hfeca2 d
BfeDca bc
D pfeca c
BfeD1 e

Bfeca b
B feD2 de

BDT cd B C3 e

BC1 de B C2 f

B1 b B2 b

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 0 10 20 30 40
b) c)
CRU (% ) C RU (% )

191
REF a

Phfeca1 a

Dpca2 a

Dpca1 a
Dp a

BfeDca b

BfeD1 a

Bfeca a

BDT a Figure 58 : contribution du P de


BC1 a l’apport à la nutrition phosphatée
(Pdff). (a) (b) et (c) expérimentations 1, 2
B1 a et 3. Les traitements suivis par une lettre
différente sont significativement différents
0 5 10 15 20 25
au seuil de p=0.05. La ligne verticale en
a)
Pdff(% ) pointillés est la moyenne générale.

REF b

Phfeca1 c

Dpca2 a

Dpca1 a
REF a
Dp a

BfeDca
Phfeca2 b
b
Dpfeca ab
BfeD1 d

Bfeca a
BfeD2 cd

BDT d BC 3 c

BC1 e
BC 2 d

B1 a B2 a

0 10 20 30 40 50 60 70 0 10 20 30 40 50 60 70
b) c)
Pdff(% ) Pdff(% )

192
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

IV.2.3.2. Phosphore prélevé de la boue, CRU et Pdff

La quantité de P prélevé de l’apport (Papp) par la culture de ray grass a été calculée
par la différence :

Papp = PP – Psol (15)

A partir des valeurs de Papp, deux grandeurs ont souvent été utilisées pour
caractériser le comportement du produit :

• soit par rapport à la dose introduite dans le système sol-plante, il s’agit alors du
coefficient réel d’utilisation (CRU), rapport en pourcent du Papp au P ajouté (50 mg P
kg-1 sol dans nos études),

Papp
CRU = × 100 (16)
Dose apportée

• soit par rapport à la quantité totale de P prélevé par la plante, il s’agit alors du Pdff
(Phosphorus derived from fertiliser), rapport en pourcent du Papp au P prélevé,

Papp
Pdff = × 100 (17)
PP

Les valeurs Papp, de CRU et de Pdff sont respectivement présentées dans le


Tableau 32 et les Figure 57 et Figure 58 pour l’ensemble des trois expérimentations. Par
construction du CRU et compte tenu que la dose d’apport de P est constante dans les 3
expérimentations, les valeurs de Papp et de CRU suivent les mêmes évolutions.

193
194
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Expérimentation 1

Les valeurs de Papp varient entre 4.4 et 8.7 mg P kg-1 de sol (moyenne de
7.1 mg P kg-1 sol) (Tableau 32). Cela correspond respectivement à des CRU compris entre
8.8 et 17.4% (moyenne de 14.1%) (Figure 57a) et des Pdff compris entre 9.1 et 18.5%
(Figure 58a). Ces ordres de grandeurs sont classiques pour des essais en vase de végétation
où l’exploration racinaire est optimisée. Les Pdff des boues et de la forme de référence ne
diffèrent pas significativement hormis celui de la boue biologique traitée aux sels de fer
digérée puis chaulée.

Expérimentation 2 et 3

Les valeurs de Papp varient entre 2.3 et 7.7 mg P kg-1 sol pour l’exp. 2 et presque
deux fois plus élevées dans l’exp.3 (comprises entre 5 et 15.6 mg P kg-1 sol) (Tableau 32).
Les valeurs de CRU correspondantes (Figure 57b et Figure 57c) varient entre 4.7 et 31.1%
pour les deux expérimentations. Le Pdff est compris entre 23.1% et 47.2% dans l’exp.2 et
entre 34.6% et 58.8% dans l’exp.3 (Figure 58b et Figure 58c). Le Pdff moyen est de 38.4%
dans l’exp.2 et 47.8% dans l’exp.3. Contrairement à l’expérimentation 1, des différences
significatives apparaissent entre produits. Le traitement REF a le CRU le plus élevé. Les
valeurs de CRU les plus faibles sont obtenues avec les boues biologiques compostées et les
plus élevées avec les boues biologiques sans traitement ultérieur.

Les valeurs des CRU et Pdff et leur différence entre expérimentations sont
classiques pour des essais en vase de végétation où l’exploration racinaire est optimisée.
Par exemple en considérant la forme de P de référence toujours présente dans les études
d’évaluation, le CRU et le Pdff diminuent sensiblement lorsque la disponibilité du P du sol
augmente (Morel et Fardeau, 1989 ; Morel et Fardeau, 1990a). Le principal intérêt de cet
ensemble de valeur est de montrer, d’une part, le peu de reproductibilité des résultats type
MS et P prélevé (comparaison du traitement REF des exp. 2 et 3) expliquée par des
différences dans les conditions climatiques de la serre et, d’autre part, la moindre
variabilité des valeurs de Pdff par rapport à celles de CRU (et Papp). La moindre
variabilité du Pdff est expliquée par la construction même de cet indicateur de
biodisponibilité qui prend en considération, contrairement au CRU, un effet d’interaction,
positif ou négatif suivant l’apport, sur le prélèvement de P suite à l’ajout du produit.

195
160 100

140
80
120

100

VF(CRU)
60
VF(CRU)

80

60 40

40
20
20
x=y a) b)
x=y
0 0
-800 -600 -400 -200 0 200 0 20 40 60 80 100
VF(CAU) VF(CAU)

exp. 1 exp. 2 exp. 3

Figure 59 : comparaison des VF calculées à partir d’un rapport de CAU (VF(CAU)) et des VF
calculées à partir d’un rapport de CRU (VF(CRU)) sur l’expérimentation 1 (a) et dans les
expérimentations 2 et 3 (b). Toutes les répétitions sont représentées.

196
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

IV.2.4. La valeur fertilisante phosphatée à court terme des


boues de stations d’épuration
La valeur fertilisante phosphatée exprime la biodisponibilité du P d’un produit en
pourcent de la biodisponibilité du P de la forme de référence.

Iproduit
VF = × 100 (1)
Iréférence

où I est un indicateur de la biodisponibilité du P.

Nous avons étudié les indicateurs de biodisponibilité du P : variation de production


de biomasse, variation de prélèvement de P total et coefficient apparent d’utilisation
(CAU), valeur L, prélèvement de P de l’apport et ses variables dérivées que sont le CRU et
le Pdff. Il y a donc plusieurs possibilités d’établir les valeurs de VF suivant l’indicateur de
biodisponibilité choisi. Néanmoins, comme nous l’avons exposé dans l’analyse
bibliographique puis discuté sur nos propres données (paragraphe précédent) ces
indicateurs sont contingents de facteurs autres que la biodisponibilité propre du P des
boues. Cette contingence peut introduire une variabilité supplémentaire dans la VF d’où
l’importance de choisir l’indicateur le plus robuste.

IV.2.4.1. Influence du choix de l’indicateur de biodisponibilité


sur la valeur fertilisante phosphatée

Sur le sol déficient en Poù les variations de prélèvement de P sont significatives, il


existe une relation linéaire entre les VF(CAU) et VF(CRU) (Figure 59b) ; à l’opposé, ce
n’est absolument pas le cas sur le sol bien pourvu (Figure 59a). En l’absence de variation
significative de production de biomasse et/ou de prélèvement, il est impossible d’obtenir
des valeurs fiables de VF à partir de valeur de CAU. La situation sur le sol bien pourvu
(exp.1) illustre et démontre parfaitement l’intérêt d’utiliser le traçage isotopique pour
évaluer l’effet d’un apport de P ; même en l’absence de toute modification significative de
la production de biomasse et de prélèvement de P, cette méthode permet d’évaluer la
quantité de P biodisponible du sol et la quantité de P de l’apport effectivement prélevée par
la plante et d’en déduire une valeur fertilisante du produit.

Cependant, sur la base des indicateurs de biodisponibilité déterminés au moyen du


traçage isotopique, le choix reste ouvert entre :

197
VF(Pdff)= VF(∆ L)* [CIX /CIref ]
140
CIX > C Iref
120 CIX/C Iref > 1

100

VF(Pdff) 80 CIX < C Iref


CIX/C Iref < 1
60

40 CIX = C Iref

20
x=y
0
0 20 40 60 80 100 120 140
VF(∆ L)

exp.1 exp.2 exp.3

Figure 60 : relation entre les VF calculées à partir d’un rapport de ∆=Lx-L0 et les VF
calculées à partir d’un rapport de Pdff pour les 3 expérimentations. Toutes les répétitions sont
représentées.

140

120

100
VF(Pdff)

80

60

40

20
x=y
0
0 20 40 60 80 100 120 140
VF(CRU)

exp.1 exp.2 exp.3

Figure 61 : relation entre les VF calculées à partir d’un rapport de CRU et les VF calculées à
partir d’un rapport de Pdff pour les 3 expérimentations. Toutes les répétitions sont
représentées.

198
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

• le rapport de la variation de la quantité de P biodisponible du sol :

VF(∆L) = Lx -L0 × 100 (20)


Lréférence - L0

• le rapport de la quantité de P prélevé de l’apport qui est identique au rapport de CRU :

VF(CRU) = CRUx × 100 (21)


CRUréférence

• le rapport de Pdff :

VF(Pdff) = Pdffx × 100 (22)


Pdff référence
où x désigne le produit testé et « référence » la forme de P soluble dans l’eau et le citrate
d’ammonium.

Des relations linéaires étroites permettent de décrire les liens entre les VF(Pdff)
d’une part et les VF(CRU) (Figure 61) ou les VF(∆L) d’autre part (Figure 60). Le
classement de la valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues de stations
d’épuration urbaines est donc indépendant du choix de l’indicateur de biodisponibilité. Par
contre, la valeur de VF(I) diffère sensiblement en fonction de l’indicateur choisi.

Comparaison VF(Pdff) et VF(CRU)

Dans l’expérimentation 1, les VF(Pdff) sont en moyenne inférieures de 15% aux


VF(CRU) alors qu’elles leur sont supérieures de 30% environ dans les expérimentations 2
et 3 (Tableau 33). Ces différences sont dues au niveau élevé en P du sol dans l’exp.1qui
limite le prélèvement de P de la référence qui de se fait se rapproche du P prélevé des
boues. Cela diminue la différence entre le CRU de la référence et les CRU des boues ce qui
a pour conséquence d’augmenter les VF des boues. Le Pdff, en tenant compte de cette
interaction, aboutit donc à des VF(Pdff) plus faibles que les VF(CRU). Dans le cas des
expérimentations 2 et 3, le très faible niveau en P disponible du sol permet au P soluble de
la référence de lever le déficit ce qui se traduit par une plus forte augmentation du
prélèvement en lien avec l’accroissement de biomasse aérienne et racinaire. Cela accentue
les différences entre le CRU de la référence et les CRU des boues ce qui a pour
conséquence de diminuer les VF des boues. Le Pdff, en tenant compte de cette interaction,
aboutit donc à des VF(Pdff) plus élevées que les VF(CRU).

199
Tableau 33 : paramètres de la régression linéaire décrivant VF(Pdff) en fonction de VF(CRU)
d’une part, et VF(Pdff) en fonction de VF(∆L) d’autre part, pour les trois expérimentations.
Les variations absolues entre VF(Pdff) d’une part et VF(CRU) ou VF(∆L) d’autre part sont
également représentées.

Relation entre VF(Pdff) et VF(CRU) [VF(Pdff) - VF(CRU)]


2
R Moyen Min. Max
Exp.1 VF(Pdff) = 0.822 VF(CRU) + 2.39 0.86 -15 -38 +3.8
Exp.2 VF(Pdff) = 1.16 VF(CRU) + 24.4 0.85 +33 +16 +53
Exp.3 VF(Pdff) = 0.792 VF(CRU) + 36.4 0.93 +26 +13 +32

Relation générale entre VF(Pdff) et VF(∆L) [VF(Pdff) - VF(∆L)]

Moyen Min. Max


Exp.1 +2.6 -6 +5.3
VF(Pdff) = VF(∆L) * [CIX/CIref]
Exp.2 +1.4 -17 +14
Exp.3 +16 -4.1 +22

200
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Comparaison VF(Pdff) et VF(∆L)

VF(Pdff) est liée par construction mathématique à VF(∆L) (Tableau 33). En effet :

Pdff = 1 - (CIX/CI0) donc VF(Pdff) = (CI0- CIX) / (CI0- CIref)

De même :

LX = 1/ CIX soit ∆L = Lx - L0 = (1/ CIX) - (1/ CI0)


Donc VF(∆L) = [(CI0- CIX) / (CI0- CIref)] * (CIref / CIX)

Ce qui donne VF(Pdff) = VF(∆L) * (CIref / CIX)

Les valeurs de VF(Pdff) sont donc supérieures ou inférieures à celles de VF(∆L)


selon la valeur du rapport de la composition isotopique des plantes fertilisées avec des
boues (CIX) sur la composition isotopique des plantes fertilisées avec la référence (CIref) ;
les valeurs de VF(Pdff) sont supérieures aux valeurs de VF(∆L) si [CIX/CIref] > 1 et
inférieures si [CIX/CIref] < 1 (Figure 60). Les écarts entre VF(Pdff) et VF(∆L) restent
relativement faibles : les valeurs de VF(Pdff) sont en moyenne 2% plus élevées que les
valeurs de VF(∆L) sur les expérimentations 1 et 2.

En conclusion, la VF(CRU) dépend du niveau en P du sol. L’évaluation de la VF


est donc plus précise et fiable en utilisant le Pdff ou la variation de valeur L comme
indicateur de biodisponibilité. La variation de valeur L est d’un concept plus difficile à
comprendre que le Pdff. Nous avons donc fait le choix de calculer les VF des boues à partir
d’un rapport de Pdff.

201
biologiques phys- biologiques biologiques
biologiques chaulées
non chaulées chim. digérées compostées
120
102
96
100 89 90 89 86
82
76 77
80
VF(Pdff) (%)

60 50

40

20

0
Bfeca

BfeDca

Phfeca1
Dp

BDT
Dpca1

Dpca2
B1

BfeD1

BC1
type de boue

biologiques phys- biologiques biologiques


biologiques chaulées
non chaulées chim. digérées compostées
120 109 112 110
107 107
97 95
100 89
81 84
73
80
VF(Pdff) (%)

68 67
62 59
55
60

40

20

0
B1

B2

Dpca1

Dpca2

BC3

BC1

BC2
BfeD1

BfeD2
Dp

BDT
Bfeca

Dpfeca

Phfeca1

Phfeca2
BfeDca

type de boue

Figure 62 : valeur fertilisante à court terme du P des boues dans l’expérimentation 1 (a) et
les expérimentations 2 et 3 (b). VF(Pdff) = (Pdffboue/Pdffréférence) * 100.

202
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

IV.2.4.2. Influence des procédés de traitement sur la valeur


fertilisante phosphatée des boues

L’ensemble des valeurs VF(Pdff) est présenté dans la Figure 62. Dans
l’expérimentation conduite sur le sol bien pourvu (Figure 62a), les valeurs de VF(Pdff) ne
diffèrent pas significativement entre 9 boues (VF(Pdff) moyenne supérieure à 90%) à
l’exception de la boue biologique digérée, conditionnée à FeCl3 et chaulée dont la
VF(Pdff) est de 51%.

Pour le sol déficient, les VF(Pdff) sont comprises entre 55 et 112% (Figure 62b).
Les VF(Pdff) des boues biologiques compostées sont les plus faibles (moyenne de 60%) ;
viennent ensuite les boues biologiques traitées aux sels de fer et digérées (62 et 73%), la
boue biologique digérée et conditionnée thermiquement (68%), les boues physico-
chimiques floculées aux sels de fer et à la chaux (moyenne 82%). Les trois boues
biologiques non chaulées présentent une VF(Pdff) moyenne de 104% non
significativement différente de celle (103%) des cinq boues biologiques massivement
chaulées. Le chaulage des boues même massif (entre 20 et 130% de Ca(OH)2) n’affecte
donc pas les valeurs de VF(Pdff) même dans le sol déficient légèrement carbonaté
(pH=8.2).

En considérant toutes les boues, aucune relation significative n’existe entre la


VF(Pdff) et la teneur en fer total des boues que ce soit sur le sol bien pourvu (Figure 63a),
ou sur le sol déficient (Figure 63b). La prise en compte du fer amorphe (Fe extrait par la
méthode Tamm (Mc Keague et Day, 1966) : solution tampon acide oxalique/oxalate 0.2M
à l’obscurité) n’améliore pas la relation ; en fait quasiment tout le fer des boues est extrait
par cette méthode et peut donc être considéré comme amorphe (résultats non montrés).

Dans le sol déficient une relation linéaire significative (p<0.001) est obtenue entre
la teneur en fer total (g Fe kg-1MS) des boues ni digérées ni compostées (e.i. B1, Dpfeca,
Phfeca2, Dpca1, B2, Bfeca, Dp, Dpca2 et Phfeca1) et leur VF(Pdff) :

VF(Pdff) = - 0.44 (Fetot) + 110 R2=0.75 n=9

Une relation linéaire est également obtenue avec les boues digérées BfeD1, BfeD2
et BfeDca mais il faudrait d’autre boues digérées pour la confirmer :

VF(Pdff) = - 1.26 (Fetot) + 110 R2=0.95 n=3

203
120 120

100 100

80

VF(Pdff)(% )
80
VF(Pdff)(% )

60 60

40 40

20 20
a) b)
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
Fer total(gFe kg-1 M S) Fer total(gFe kg-1 M S)

Toutes boues non digérées et non compostées


Boues digérées
Boues compostées
Boue digérée et conditionnée thermiquement

Figure 63 : valeur fertilisante phosphatée des boues (VF(Pdff)) en fonction de leur teneur en
fer. (a) expérimentation 1 ; (b) expérimentations 2 et 3.

120 120

100 100

80 80
VF(P dff)(% )
VF(Pdff)(% )

60 60

40 40

20 20
a) b)
0 0
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
Alum inium total(gAlkg-1 M S) Alum inium total(gA lkg-1 M S)

Toutes boues non digérées et non compostées


Boues digérées
Boues compostées
Boue digérée et conditionnée thermiquement

Figure 64 : valeur fertilisante phosphatée des boues (VF(Pdff)) en fonction de leur teneur en
aluminium. (a) expérimentation 1 ; (b) expérimentations 2 et 3.

204
120 120

100 100
VF(Pdff)(% )

80

VF(Pdff)(% )
80

60 60

40 40

20 20
a) b)
0 0
0 100 200 300 400 0 100 200 300 400
Calcium total(gCa kg-1 M S) Calcium total(gCa kg-1 M S)

Toutes boues non digérées et non compostées


Boues digérées
Boues compostées
Boue digérée et conditionnée thermiquement

Figure 65 : valeur fertilisante phosphatée des boues en fonction de leur teneur en calcium,
sur le sol bien pourvu (a) et déficient (b).

205
120
D pca1* D pca2 Bfeca
VF(Pdff)(% )sur solde l'IN A-PG

100 D p*

BfeD ca* Phfeca1


80
BD T*

60
BfeD 1
BC 1*
40

20

x=y
0
0 20 40 60 80 100 120

VF(P dff)(% )sur solde B ourran

Figure 66 : comparaison des valeurs fertilisantes phosphatées de 10 boues entre le sol bien
pourvu (pH 6.2) et le sol déficient (pH 8.2). (*) : valeurs significativement différentes au seuil de
5%.

206
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Tout comme le fer, l’aluminium abaisse VF(Pdff) selon une relation plus générale
puisqu'une tendance se dessine avec l’ensemble des boues et ce sur les deux sols. Sur le sol
bien pourvu la relation linéaire suivante est obtenue en excluant la boue BfeDca dont la
VF(Pdff) est bien inférieure aux autres boues (Figure 64a).

VF(Pdff) = - 0.88 (Altot) + 100 R2=0.64 p<0.02 n=9

Sur le sol déficient la teneur en aluminium total des boues explique 41% de la
variabilité (Figure 64b) :

VF(Pdff) = - 1.81 (Altot) + 113 R2=0.41 p<0.02 n=16

La prise en compte de la teneur en fer et en aluminium total explique mieux la


variabilité des VF(Pdff) sur les deux sols.

Sol bien pourvu (sans BfeDca) : VF(Pdff) = - 0.117 (Fetot) - 0.93 (Altot) + 103 R2=0.71
p<0.05 n=9

Sol déficient (toutes boues) : VF(Pdff) = - 0.33 (Fetot) - 1.97 (Altot) + 123 R2=0.51 p<0.02
n=16

Dans tous les cas aucune relation linéaire significative n’est obtenue entre la teneur
en calcium total des boues et leur VF(Pdff) (Figure 65a et Figure 65b).

En conclusion, à condition d’être ni compostées, ni digérées, les boues biologiques,


de déphosphatation biologique et les boues physico-chimiques, chaulées ou non, sont aussi
efficaces que la forme de référence P soluble avec une VF(Pdff) moyenne de 99.5%±12
sur le sol bien pourvu et de 91.3%±6.8 sur le sol déficient. Dans ce dernier cas, la
diminution de la VF(Pdff) est expliquée à 75% par l’augmentation de la teneur en fer total
des boues. Cet effet est peu surprenant dans la mesure où le fer retient une forte proportion
du P des boues. La digestion des boues a tendance à diminuer la VF(Pdff) qui est en
moyenne de 67.6%±15.2 sur le sol bien pourvu et de 74.5%±14 sur le sol déficient. Dans
ce dernier cas, la VF(Pdff) diminue également quand la teneur en fer augmente. Mais cette
diminution est plus prononcée : ainsi, pour une même teneur en fer total, une boue digérée
aura une VF(Pdff) inférieure à une boue non digérée. Le P de ces boues a pu être
immobilisé sous forme de vivianite (Fe3(PO4)2 8H2) ; d’importantes quantités de vivianite
(représentant de 60 à 67% du fer total de la boue) relativement bien cristallisée ont été
mises en évidence dans deux boues traitées aux sels de fer puis digérées (Frossard et al.,
1997).

207
Tableau 34 : description et valeur fertilisante P à court terme des boues étudiées dans les
travaux de l’ENSAIA-Nancy en utilisant la même approche expérimentale (pot de culture
effectués en conditions contrôlées, traçage isotopique des ions P isotopiquement échangeables du
-1
sol et apport de boues à raison de 73 mg P kg sol).

VF Réf.
Sol Procédés de traitement des eaux usées et des boues
(Pdff) %
Zhang, 1991
Boue biologique épaissie par flottation, digérée à 34°C, conditionnée
Rendzine thermiquement (45 minutes à 195°C et 18 bars) et déshydratée par filtre 39 1
presse
Rendzine Boue biologique, digérée et déshydratée par filtre sous vide 36 2
Rendzine Boue biologique (aération prolongée) 60 3
Boue biologique épaissie par flottation, digérée à 34°C, conditionnée
Brun lessivé thermiquement (45 minutes à 195°C et 18 bars) et déshydratée par filtre 41 4
presse
Brun lessivé Boue biologique, digérée et déshydratée par filtre sous vide 92 5
Brun lessivé Boue biologique (aération prolongée) 95 6
Frossard et al., 1992
Boue biologique (aération prolongée) avec traitement de nitrificationn et
Brun calcique dénitrification et déphosphatation biologique, épaissie par flottation et 98 7
déshydratée par centrifugation
Boue biologique (aération prolongée) avec traitement de nitrificationn et
Brun calcique dénitrification et déphosphatation biologique, épaissie par flottation, 97 8
déshydratée par centrifugation et compostée avec de la sciure
Brun calcique Boue biologique, digérée et déshydratée par filtre à bandes 97 9
Boue biologique conditionnée à Ca(OH)2 et Fe(HClO4) et déshydratée sous
Brun calcique 89 10
vide
Brun calcique Boue physico-chimique Ca(OH)2 et FeCl3 , déshydratée par filtre à bandes 97 11
Frossard et al., 1996
Boue biologique (aération prolongée) traitée à FeSO4 et déshydratée par
Brun calcique 89 12
centrifugation
Brun calcique Boue biologique et traitée à FeSO4, digérée et déshydratée par filtre presse 82 13
Brun calcique Boue de décantation primaire traitée FeSO4 87 14
Boue traitée FeSO4 et boue biologique, digérée et déshydratée par filtre à
Brun calcique 76 15
bandes
Boue biologique (aération prolongée) traitée à FeSO4 et déshydratée par
Brun colluvial 81 16
centrifugation
Brun colluvial Boue biologique et traitée à FeSO4, digérée et déshydratée par filtre presse 82 17
Brun colluvial Boue de décantation primaire traitée FeSO4 89 18
Boue traitée FeSO4 et boue biologique, digérée et déshydratée par filtre à
Brun colluvial 88 19
bandes

208
Tableau 35 : caractéristiques principales des sols utilisés pour évaluer la valeur fertilisante
phosphatée à court terme du P des boues dans les travaux de l’ENSAIA-Nancy.

Cp Valeur L* P Olsen
Référence Type sol pH
mg P l-1 mg P kg
-1

Frossard et al., 1996b Brun colluvial 5.8 0.72 161 nd


Frossard et al., 1996b
Brun calcique 6.5 0.13 155 nd
Frossard et al., 1992
Zhang, 1991 Brun lessivé 7.1 0.681 231 75
Zhang, 1991 Rendzine 7.7 0.144 73 13
* Valeur L après environ 100 jours de culture

Tableau 36 : synthèse des valeurs moyennes et écarts types des VF(Pdff) des boues de
stations d’épuration urbaines en fonction de la filière de traitement. A titre indicatif, les
VF(Pdff) de fumier de bovins et de fientes de volaille sont également présentées.

Filière de traitement des boues (nombre de VF(Pdff) %


Référence*
systèmes sol-boues étudiés) (écart type)

Boues biologiques (5) 3, 6, (2)*B1, B2 90 (18)

Boues biologiques traitées aux sels de fer (2) ou


12, 16 et 10, (2)*Bfeca 94 (11)
aux sels de fer et chaux (3)

Boues biologiques digérées (3) 2, 5, 9 75 (34)

Boues biologiques digérées traitées aux sels de fer 13, 15, 17, 19, (2)*BfeD1,
76 (13)
(7) ou aux sels de fer et chaux (2) BfeD2 et (2)*BfeDca

Boues biologiques digérées conditionnées


1, 4, (2)*BDT 56 (19)
thermiquement (45 min à 195°C sous 18 bars) (4)

Boues compostées (5) 8, (2)*BC1, BC2, BC3 73 (18)

Boues de déphosphatation biologique (3) puis 7, (2)*Dp et (2)*Dpca1,


98 (11)
chaulées (4), ou traitées aux sels de fer et chaux (1) (2)*Dpca2 et Dpfeca

Boues physico-chimiques traitées aux sels de fer (2) 14, 18 et 11, (2)*Phfeca1,
88 (5)
ou aux sels de fer et chaux (4) Phfeca2

Fumiers de bovin (4) 76 (8)

Fiente de volaille (2) 87 (15)


* Cf. tableau 27 pour les boues de cette étude et tableau 33 pour les autres boues

209
120

100

80

VF(Pdff)(% )
60

40

20

0
0 100 200 300 400

Teneur en calcium total(gCa kg-1 M S)


Boues ni digérées, ni compostées (24 combinaisons)
Boues digérées (12 combinaisons)

Figure 67 : valeur fertilisante phosphatée (VF(Pdff)) des boues non compostées et non
conditionnées thermiquement en fonction de leur teneur en calcium total.

120

100

80
VF(Pdff)(% )

60

boue N°3
40

20

0
0 50 100 150
Teneur en fer total(gFe kg-1 M S)

Boues ni digérées, ni compostées (24 combinaisons)


Boues digérées (12 combinaisons)

Figure 68 : valeur fertilisante phosphatée (VF(Pdff)) des boues non compostées et non
conditionnées thermiquement en fonction de leur teneur en fer total.

210
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

Le compostage abaisse également la VF(Pdff) qui tombe à 60%±6 sur le sol


déficient, tandis que sur le sol bien pourvu la seule boue activée compostée à une VF(Pdff)
de 86.5%. La formation de phosphates octocalciques et phosphates apatitiques durant le
compostage (Traoré, 1998 ; Traoré et al., 1999) a diminué la mobilité des ions P. Enfin, le
conditonnement thermique diminue également la VF(Pdff) ; cette diminution pourrait être
due à la prédominance de phosphates de calcium (Frossard et al., 1994a).
Dans tous les cas, le chaulage et la teneur en calcium des boues n’ont pas d’effet
sur leur VF(Pdff). Les phosphates de calcium des boues sont globalement amorphes,
notamment dans les boues chaulées (Vanden Bossche, 1999), ou mal crisallisés (Frossard
et al., 1994a), ce qui les rend plus solubles et donc moins prépondérant dans la rétention
des ions P.

IV.2.4.3. Influence du sol sur la valeur fertilisante phosphatée


des boues

Les VF(Pdff) des 10 boues testées sur le sol bien pourvu ont été comparés aux
VF(Pdff) obtenus sur sol déficient (Figure 66). La moitié de ces boues présente des
VF(Pdff) significativement différents d’un sol à l’autre. Les boues BDT et BC1 ont des
VF(Pdff) plus élevés sur la sol bien pourvu ; le pH plus acide a pu favoriser la dissolution
de phosphate de calcium. Les boues BfeDca, Dp et Dpca1 ont des VF(Pdff) plus élevées
sur le sol déficient. Dans ce cas, un effet pH sur la dissolution des phosphates de calcium
est peu probable compte tenu du fait que deux boues massivement chaulées présentent des
VF(Pdff) plus élevées à pH 8.2. La diminution de la rétention du P par le fer vers les pH
basiques pourrait contrebalancer la moindre dissolution des phosphates de calcium.

En conclusion, le sol influence la valeur fertilisante phosphatée des boues, mais


comme nous n’avons travaillé que sur deux sols, il n’est pas possible d’élucider les causes.

IV.2.4.4. Analyse généralisée de la variabilité de la valeur


fertilisante phosphatée des boues

Les VF(Pdff) de plusieurs boues ont été déterminées à partir de travaux conduits au
début des années 90 à l’ENSAIA-Nancy, en utilisant la même approche expérimentale
(Zhang, 1990 ; Frossard et al., 1992 ; Frossard et al., 1996b). Le Tableau 35 présente les
principales caractéristiques des sols utilisés. Le Tableau 34 récapitule les boues étudiées et
les VF(Pdff) calculées d’après les données publiées. Le regroupement de ces valeurs et les
valeurs de la présente étude permet de créer une base de données comprenant 45
combinaisons sol/boue correspondant à 6 sols et 27 boues. Les valeurs moyennes et les
écart-types des VF(Pdff) des boues sont présentées dans le Tableau 36 en fonction des
filières de traitement.

211
100 100

80 80

VF(Pdff)(% )
VF(Pdff)(% )

60 60

40 40

20 20

a) b)
0 0
5 6 7 8 9 5 6 7 8 9
pH eau du sol pH eau du sol
G uivarch,2001 G uivarch,2001
Zhang,1991 Frossard etal.,1992

Figure 69 : évolution des valeurs de VF(Pdff) en fonction du pH du sol pour les boues
digérées puis conditionnées thermiquement (a) et les boues compostées (b).

Tableau 37 : teneur en fer total et en zinc total des boues digérées puis conditionnées
thermiquement et des boues compostées.

Teneur en Fe Teneur en Zn
Auteur Référence
g kg-1 boue

Boues digérées conditionnées thermiquement


Zhang, 1991 Boue n°1 et 4 18.0 4.3
Guivarch, 2001 BDT 11.5 2.4

Boues compostées
Guivarch, 2001 BC1 7.5 0.28
Guivarch, 2001 BC2 11.4 0.38
Guivarch, 2001 BC3 5.7 0.63
Frossard et al., 1992 Boue n°8 2.0 0.57

212
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

A condition d’être ni digérées, ni compostées, les boues biologiques, physico-


chimiques ou de déphosphatation, traitées ou non au sels de fer ou aux sels de fer et chaux
ont une valeur fertilisante à court terme de 93 % ± 11.7 (24 combinaisons) proche de la
VF(Pdff) des fientes de volaille. Les teneurs en calcium total (Figure 67) et fer total
(Figure 68) de ces boues n’affectent pas significativement les VF(Pdff) ;

Cependant, en ôtant la boue N°3 (boue biologique d’aération prolongée testée sur
une rendzine) on obtient la relation linéaire suivante avec la teneur en fer total :

VF(Pdff) = - 0.247 (Fetot) + 100.4 R2 = 0.3 p<0.02 n=23

La digestion réduit sensiblement la VF(Pdff) des boues. Ainsi, les boues digérées
(mais non conditionnées thermiquement et non compostées) ont une valeur fertilisante à
court terme égale à 76% ± 18 (12 combinaisons) comparable à la VF(Pdff) des fumiers de
bovins. Les teneurs en calcium total (Figure 67) et fer total (Figure 68) de ces boues
n’affectent pas significativement les VF(Pdff).

Le conditionnement thermique des boues digérées diminue davantage la VF(Pdff)


qui se situe à 56% ± 19 (4 combinaisons).

Le compostage des boues diminuent la VF(Pdff) qui se situe à 73% ± 18 (5


combinaisons).

Pour ces deux dernières catégories (boues digérées puis conditionnées


thermiquement et boues compostées), les VF(Pdff) augmentent quand le pH du sol
diminue (Figure 69a et Figure 69b). Cette évolution est expliquée par la présence
majoritaire de phosphate de calcium dont la solubilité augmente vers les pH acides.
Cependant, pour un pH proche, des écarts subsistent entre les boues en particulier entre les
deux échantillons de boues conditionnées thermiquement prélevés à 10 années d’intervalle.
Ces écarts sont expliqués par la différence de teneur en Fe (Tableau 37). Ainsi, le pH du
sol et la teneur en fer des échantillons de boue expliquent plus de 87% de la variabilité des
valeurs de VF(Pdff) par la régression linéaire multiple suivante :

VF(Pdff) = - 2.73 (Fetot) – 9.93 pH + 167 R2=0.87 p<0.01

La prise en compte de la teneur en zinc ne rend pas mieux compte de la variabilité


des VF(Pdff) bien que le zinc puisse induire soit un effet antagoniste sur l’absorption de P
comme démontré par Pommel (1979) soit encore une précipitation de phosphate de zinc.

213
214
Analyse du prélèvement de P et valeur fertilisante phosphatée à court terme des boues

IV.2.5. Conclusions

Le traçage isotopique des ions P du sol permet de différencier le P prélevé des


boues du P prélevé du sol. Les écarts du P prélevé du sol entre sol témoin et sol fertilisé
traduisent des interactions du fertilisant sur le prélèvement de P. Ces interactions sont
maximales en présence de la forme de référence : positives sur le sol déficient, négatives
sur le sol bien pourvu. Contrairement au CRU, la part du phosphore total prélevé issu de
l’apport, encore appelé Pdff (Phosphorus derived from fertiliser) est moins contingent de
ces interactions. Le Pdff est donc l’indicateur de biodisponibilité du P à utiliser pour
calculer les valeurs fertilisantes phosphatées des boues.

Une analyse de la variabilité des valeurs fertilisantes phosphatées (VF(Pdff)),


concernant 45 combinaisons sol/boue en incluant de précédentes études, montre que :

- les boues biologiques, de déphosphatation, physico-chimiques, traitées ou non aux


sels de fer et chaulées ou non, ont des VF(Pdff) comparables à une forme
d’engrais P soluble (moyenne 95%), à condition d’être ni digérées ni compostées.
- les boues physico-chimiques traitées aux sels de fer ont une VF(Pdff) plus faible
(moyenne 88%).
- même si l’effet est peu marqué, l’ajout de sels de fer aura tendance à diminuer la
VF(Pdff) des boues.
- la digestion, le compostage et le conditionnement thermique ont tendance à
diminuer la VF(Pdff) des boues (moyenne boues compostées 73%, moyenne boues
digérées 76%, moyenne boues digérées puis conditionnées thermiquement 56%).
- la valeur fertilisante dépend aussi de l’effet de la boue sur la minéralisation nette
du carbone et de l’azote du sol.
- la nature de la boue n’explique pas toute la variabilité des VF(Pdff). Le type de
sol, en particulier le pH, est une composante importante de la VF(Pdff) des boues
digérées conditionnées thermiquement et des boues compostées, puisque celle-ci
diminue quand le pH du sol augmente. Bien qu’un tel effet pH n’ait pu être mis en
évidence sur les autres boues l’effet de facteurs sol pourraient être à l’origine des écarts
observés entre boues issues de traitements comparables.

215
120

100

80

VF(Pdff) (%) 60

40
BfeDca

20

0
0 2 4 6 8 10 12 14

POlsen apporté par kg de sol


(mgP)

Sol de l'INA-PG (exp.2 et exp.3)


Sol de Bourran (exp.1)

Figure 70 : relation entre la quantité de P extrait par la méthode Olsen apportée par les
boues par pot (ou par kg de sol) et leur valeur fertilisante phosphatée immédiate sur les
sols bien pourvu et déficient.

140 140

120 120

100 100
VF(Pdff) (%)
VF(Pdff) (%)

80 80

60 60

40 40

20 20
a) b)
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35
PJoret Hebert apporté par kg de sol PDyer apporté par kg de sol
(m gP) (m gP)

Sol de l'INA-PG (exp.2 et exp.3)


Sol de Bourran (exp.1)

Figure 71 : relation entre les quantités de P extraites par les méthodes Joret Hébert (a) ou
Dyer (b) apportées par les boues et leur valeur fertilisante phosphatée immédiate sur les
sols bien pourvu et déficient.

216
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

IV.3. Tentative de mise au point d’un outil de


diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée
des boues
IV.3.1. Valeur fertilisante phosphatée des boues et
caractérisation du phosphore des boues

IV.3.1.1. Extraction du P de la boue par les méthodes Olsen,


Dyer, Joret Hébert

Les VF(Pdff) des boues ont été croisées avec la quantité de P Olsen apporté par les
boues par kg de sol (Figure 70). Sur le sol bien pourvu (carrés blancs), si l’on excepte la
boue BfeDca (VF(Pdff) de 50%), une relation linéaire existe entre ces deux grandeurs :

VF(Pdff) = 3.02 (POlsen ajouté) + 76 R2 = 0.63 p<0.05 n=9

Sur le sol déficient (losanges noirs), aucune relation linéaire significative existe
entre la quantité de P Olsen apportée et les VF(Pdff) :

VF(Pdff) = 2.98 (POlsen ajouté) + 75 R2 = 0.16 n.s. n=16

En incluant l’ensemble des boues et sols testés, soit 25 combinaisons (en excluant
la boue BfeDca du sol bien pourvu), la relation devient :

VF(Pdff) = 2.9 (POlsen ajouté) + 75 R2 = 0.20 p<0.05 n=25

Les quantités de P Dyer et P Joret Hébert apportées par les boues par kg de sol ne
permettent pas d’expliquer la variabilité des VF(Pdff) des boues (Figure 71a et b).

Ces résultats confirment l’inadéquation entre les teneurs en P Dyer et P Joret


Hébert et la biodisponibilité du P des sols. Tout comme dans le cas des sols, la teneur en P
Olsen des boues est un indicateur qui pourrait être retenu pour estimer la valeur fertilisante
phosphatée immédiate des boues, mais avec une forte incertitude.

217
120

100

80
VF(Pdff) (%)

60

40

20

0
0 5 10 15 20 25
P Olsen apporté par kg de sol (mg)

brun colluvial pH 5.8 brun lessivé pH 7.1


Bourran pH 6.2 Rendzine pH 7.7
brun calcique pH 6.5 INA-PG pH 8.2

Sols utilisés et leur pH

Figure 72 : valeurs fertilisantes phosphatées des boues étudiées dans ce travail et celles
publiées par Zhang (1991), Frossard et al. (1992) et Frossard et al. (1996) en fonction de la
quantité de P extraite par la méthode Olsen apportée par les boues par kg de sol. La
correspondance entre les sols et les auteurs des travaux est présentée dans le Tableau 35.

218
140

120

100
VF(Pdff) (%)

80

60

40

20

0
0 10 20 30 0 10 20 30 0 10 20 30
PH2O apporté par kg sol (m g) E1min apporté par kg sol (m g) E10min apporté par kg sol (m g)

140

120

100
VF(Pdff) (%)

80

60

40

20

0
0 10 20 30 0 10 20 30 0 10 20 30
E1jour apporté par kg sol (m g) E1sem apporté par kg sol (m g) E3mois apporté par kg sol (m g)

Figure 73 : valeur fertilisante phosphatée des boues sur sol bien pourvu (ronds blancs) ou
sol déficient (triangles noirs) en fonction de différentes indicateurs de mobilité des ions P
des boues obtenus en suivant la cinétiques de dilution isotopique des ions P sur des suspensions
de boues à 1g/100ml, sans avoir préalablement ajusté le pH des suspensions. PH2O : quantité
d’ions P en solution. E : quantité d’ions P isotopiquement échangeables en 1 minute (E1min), 10
minutes (E10min), 1 jour (E1jour), 1 semaine (E1sem) et 3 mois (E3mois).

219
220
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

Sur l’ensemble des boues testées dans cette étude et dans les études précédentes
(Tableau 34), la quantité ajoutée de P des boues extrait par la méthode Olsen ne permet pas
d’expliquer la variabilité de leur VF(Pdff) (Figure 72). Hormis le fait que le P extrait ne
représente pas le P effectivement absorbé par les racines, cette inadéquation peut
également venir des effets du sol variables d’une boue à l’autre et qui ne sont pas pris en
compte par l’extraction Olsen. Comme nous l’avons vu, la VF(Pdff) de certaines boues
dépend du pH du sol. Mais dans le cas présent, l’intégration du pH du sol dans une
régression linéaire multiple (VF(Pdff)=f(POlsen ; pH du sol) n’améliore en rien le
caractère prédictif du P Olsen.

IV.3.1.2. Mobilité des ions P des boues

Les de VF(Pdff) des boues étudiées sur le sol bien pourvu (ronds blancs) et le sol
déficient (triangles noirs) sont présentés en fonction des quantités d’ions P extraits à l’eau
et des quantités d’ions P isotopiquement échangeables en 1 minute, 10 minutes, 1 jour, 1
semaine et 3 mois (Figure 73). Aucun de ces indicateurs ne permet d’expliquer la
variabilité des VF(Pdff).

Cette inadéquation a probablement comme origine les conditions physico-


chimiques très différentes dans lesquelles le traçage isotopique des ions P est réalisé. En
effet, dans les suspensions de boues, les équilibres chimiques et donc la composition de la
solution sont contrôlés par la boue ; dans le cas de mélanges de sol et de boue, les
équilibres chimiques et la composition de la solution du sol sont très certainement
contrôlés par le sol, même en présence de boue (1 à 5 g de boue dans 1000 g de sol et
pouvoir tampon du sol bien supérieur à celui des boues). La boue se voit donc imposer les
équilibres physico-chimiques du sol. On constate notamment que les quantités d’ions P
échangeables sous-estiment largement les VF(Pdff) des boues chaulées. Or le pH des
suspensions de boues chaulées est supérieur à 10 et souvent voisin de 12.6. Dans ces
conditions les ions P sont précipités sous forme de phosphates de calcium ce qui explique
leur très faible mobilité. Ces phosphates de calcium ont très probablement été dissous en
toute ou partie par le pH tamponné des deux sols testés. A cet effet général du sol
s’ajoutent les effets des activités racinaires qui peuvent acidifier leur milieu, non pris en
compte dans les suspensions de boues. Enfin, le rapport masse de boue sur volume de
solution utilisé dans les cinétiques de dilution isotopiques est de 1g/100 ml, ce qui est
proche du rapport masse de boue sur volume de solution du sol dans les pots de culture si
l’on considère que les 1 à 5 g de boue sont dilués dans les 300 ml d’eau contenus par kg de
sol ; aussi, il est peu probable que le rapport masse sur volume explique l’inadéquation
entre indicateurs de mobilité des ions P des boues et leur VF(Pdff).

221
140

120

100
VF(Pdff) (%)

80

60

40

20

0
0 10 20 30 0 10 20 30 0 10 20 30
PH2O apporté par kg sol (m g) E1min apporté par kg sol (m g) E10min apporté par kg sol (m g)

140

120

100
VF(Pdff) (%)

80

60

40

20

0
0 10 20 30 0 10 20 30 0 10 20 30

E1jour apporté par kg sol (m g) E1sem apporté par kg sol (m g) E3mois apporté par kg sol (m g)

Figure 74 : Valeur fertilisante phosphatée des boues sur sol bien pourvu (ronds blancs) ou
sol déficient (triangles noirs) en fonction de différents indicateurs de mobilité des ions P
des boues obtenus après ajustement du pH des suspensions (1g/100ml) à 6.2.

222
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

Nous avons vu que l’ajustement du pH des suspensions de boues chaulées à pH 8.2


(sol pauvre en P) ou pH 6.2 (sol riche en P) induit une forte augmentation des ions P
rapidement isotopiquement échangeables des boues. Nous avons vérifié si, dans ces
conditions de pH plus acide et identique pour toutes les boues, les quantités d’ions P
isotopiquement échangeables permettaient d’estimer les valeurs de VF(Pdff) des boues.
Seuls les résultats obtenus à pH 6.2 ont été croisés avec les valeurs de VF(Pdff) (Figure
74). Quelle que soit la durée d’échange considérée (ions P en solution, échangeables en 1
minute, 10 minutes, 1 jour, 1 semaine ou 3 mois) les quantités d’ions P isotopiquement
échangeables après ajustement du pH des suspensions à 6.2 ne permet pas d’expliquer la
variabilité des valeurs de VF(Pdff). D’autres mécanismes que l’action du pH du sol sur les
composés des boues interviennent donc dans l’expression de la valeur fertilisante
phosphatée des boues.

IV.3.2. Variation de quantités d’ions P isotopiquement


échangeables du sol suite à un apport de boues
Nous venons de voir que des indicateurs de biodisponibilité du P obtenus par des
mesures directes effectuées sur les boues ne permettent pas d’expliquer la variabilité des
VF(Pdff). La raison est que le sol par ses actions physico-chimiques et biologiques induit
une modification de la biodisponibilité du P des boues. Un outil de diagnostic de la
VF(Pdff) des boues doit donc au moins intégrer l’effet du sol sur le P des boues. Nous
avons donc vérifié si des variations de quantités d’ions P isotopiquement échangeable des
sols suite à l’apport de boues pouvaient constituer des indicateurs fiables de la VF(Pdff)
des boues.

Nous avons choisi de travailler dans des conditions expérimentales semblables à


celles adoptées pour l’analyse de l’azote et du carbone minéralisables des boues afin de
permettre le cas échéant une analyse couplée carbone, azote, phosphore. Néanmoins, les
propriétés des mélanges sol / boue évoluent fortement durant les premiers jours après
l’incorporation des boues. Nous nous sommes d’abord assurés qu’après 28 jours
d’incubation (durée fixée pour l’analyse carbone et azote), les quantités d’ions P
isotopiquement échangeables n’évoluent plus de manière significative. Nous avons ensuite
mesuré les quantités d’ions P isotopiquement échangeables des sols (Bourran et INA-PG)
après 28 jours d’incubation suite à l’apport de boues (les 16 boues déjà étudiées dans la
deuxième partie). Nous avons vérifié si certaines caractéristiques des boues (teneur en fer,
aluminium et azote minéralisé notamment) peuvent expliquer ces variations, comme cela a
été mis en évidence au niveau de la nutrition phosphatée de la plante (deuxième partie).
Enfin, nous avons proposé des indicateurs, calculés à partir des variations de quantités
d’ions P isotopiquement échangeables des sols qui permettent d’estimer les Pdff et les
VF(Pdff) des boues.

223
14

PH2O (mgP/kg sol) 12

10

2
9 jours 95 jours
0
0 20 40 60 80 100

Durée d'incubation (j)


P soluble réf. BC1
Dpca1 BfeD1
tém oin

Figure 75 : évolution des valeurs de PH2O du sol bien pourvu entre 1 et 95 jours. Parmi les 10
boues testées seules les boues BC1, Dpca1 et BfeD1 sont représentées comme exemple.

224
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

IV.3.2.1. Evolution en fonction de la durée d’incubation de la


mobilité des ions P d’un sol après apport de boues

Cette étude concerne le sol bien pourvu et 10 des boues déjà étudiées en vase de
végétation. Les mélanges de sol et de boue ont été réalisés dans les mêmes conditions que
les études en vase de végétation, mais sans marquage isotopique des ions P. Six
prélèvements de sol ont été réalisés entre 1 et 95 jours après l’incorporation des boues au
sol. Les quantités d’ions P isotopiquement échangeables ont été mesurées sur chaque
prélèvement par traçage isotopique des ions P (sur des suspensions à 10g/100ml).

Après la réalisation des mélanges, toutes les boues non chaulées tout comme la
référence (P soluble) ont augmenté PH2O par rapport au témoin dès le premier jour (Figure
75). Le P soluble a induit la plus forte augmentation. Bien que les différences entre
traitements soient peu marquées, le classement suivant peut être établi : BC1, B1 et
Dp>BDT et BfeD1. Les boues chaulées Bfeca, BfeDca et Phfeca1 n’ont quasiment pas
augmenté PH2O alors que les boues de déphosphatation biologique chaulées (Dpca1 et
Dpca2) ont augmenté PH2O à hauteur des boues non chaulées. Entre 1 et 9 jours, PH2O
décroît quels que soient les traitements. Cette phase correspond à un passage des ions P des
apports sur la phase solide du sol. Cette évolution confirme de nombreux travaux
antérieurs et montre que la mobilité des ions P tend vers un équilibre.

Afin de vérifier que les quantités d’ions P isotopiquement échangeables des


mélanges n'évoluent pas de manière significative avec la durée d’incubation après 9 jours
d’incubation, une analyse de variance a été réalisée pour chacun des traitements sur Cp
(PH2O/10), E1min, E1jour, E1semaine et le paramètre n entre 9.75, 18, 39 et 95 jours (Tableau
38). Quels que soient les traitements, aucune évolution significative au seuil p<0.05 de ces
paramètres n’est mise en évidence. Ainsi les mesures qui seront réalisées après 28 jours
d’incubation reflètent correctement l’état du P du sol pour une période de culture d’au
moins 3 mois.

225
Tableau 38 : paramètres a et b des régressions linéaires décrivant l’évolution de Cp, n et Et
en fonction de la durée d’incubation. Les régressions ont été réalisées sur les valeurs mesurées
après 9.75, 18, 39 et 95 jours d’incubation. Si la valeur F est inférieure à 38.5, l’effet de la durée
d’incubation n’est pas significatif au seuil p=0.05.

Traitement Y = a (durée) + b Cp n E1min E10min E1jour E3mois


et significativité* mgP/l mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg

a 0.0003 0.00034 -0.017 -0.009 0.106 0.62


TEM b 0.70 0.20 17 27 72 175
F 0.2 5.0 8.1 19.2 4.6 5.8

a -0.0004 0.00074 -0.051 -0.035 0.270 1.68


REF b 1.20 0.16 25 36 79 153
F 0.1 22.1 2.3 0.7 11.3 29.5

a 0.0008 0.00007 -0.015 -0.018 -0.021 -0.04


B1 b 1.05 0.20 23 36 96 240
F 0.2 0.2 0.5 0.6 0.2 0.0

a 0.0015 0.00012 -0.002 0.004 0.060 0.27


BfeD1 b 0.81 0.20 20 32 84 206
F 2.1 1.6 0.3 0.1 0.9 1.3

a 0.0004 0.00000 0.024 0.038 0.104 0.26


Bfeca b 0.84 0.20 24 37 101 251
F 0.1 0.0 5.2 23.5 0.6 0.2

a 0.0025 -0.00025 0.045 0.054 0.029 -0.25


BfeDca b 0.61 0.22 19 32 99 274
F 13.6 0.7 13.3 37.9 0.0 0.1

a 0.0032 -0.00014 0.059 0.081 0.147 0.21


BDT b 0.83 0.19 19 29 77 186
F 28.7 1.2 8.0 7.3 3.3 0.7

a 0.0003 0.00000 -0.001 0.000 -0.004 -0.06


BC1 b 1.05 0.20 22 35 93 233
F 0.1 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

a 0.0010 -0.00006 -0.004 -0.008 -0.060 -0.31


Dpca1 b 0.89 0.21 23 37 104 273
F 0.5 0.0 0.1 0.1 0.1 0.1

a -0.0019 -0.00013 0.037 0.047 0.049 -0.06


Dp b 1.04 0.21 25 41 113 289
F 0.6 1.6 4.5 7.2 9.2 0.1

a 0.0008 0.00013 0.000 0.009 0.084 0.35


Dpca2 b 0.99 0.19 22 34 88 209
F 2.9 0.5 0.0 0.1 1.0 1.1

a 0.0010 0.00001 0.014 0.024 0.079 0.22


Phfeca1 b 0.73 0.21 18 29 82 217
F 37.8 0.0 0.3 1.1 0.8 0.2

226
90 80

80 70

E1sem - E1sem0 (% P apporté)


E1sem - E1sem0 (% P apporté)

70 60
Dpfeca
60 Dpfeca 50
50
40
40
30
30
20
20
10 10
a) b)
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80

Teneur en fer total (gFe kg-1 MS) Teneur en fer total (gFe kg-1 MS)

Boues ni digérées, ni compostées


Boues digérées
Boues compostées
Boue digérée puis conditionnée thermiquement

Figure 76 : augmentation de la quantité d’ions P isotopiquement échangeables sur les sols


bien pourvu (a) et déficient (b) suite à l’apport de boue en fonction de la teneur en fer total
des boues.

227
228
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

IV.3.2.2. Origine de l’accroissement des quantités d’ions P


isotopiquement échangeables des sols suite à l’apport de
boues

Dans un souci de simplification expérimentale les mélanges ont été effectués sur 10
g de sol afin de réaliser les cinétiques de dilution isotopique sur la totalité du mélange sans
avoir à échantillonner. Nous avons fixé la durée d’incubation à 28 j, à une température de
28°C et une humidité du mélange à 80% de la capacité de rétention des sols par souci
d’homogénéité avec les tests de minéralisation du carbone et de l’azote en cours de
normalisation. Les paramètres des cinétiques de dilution isotopique ainsi que les quantités
d’ions P isotopiquement échangeables figurent dans l’annexe 10. L’analyse qui suit ne
concerne que la différence de quantité d’ions P isotopiquement échangeables en 1 semaine
entre sol fertilisé (E1sem) et sol témoin non fertilisé (E1sem0) car, comme nous allons le voir
dans le paragraphe suivant, ces valeurs reflètent le mieux le P prélevé par les plantes à
partir des boues.

Teneurs en fer, aluminium et calcium total des boues

Sur le sol bien pourvu, l’augmentation de E1sem par les boues est d’autant plus faible
que leur teneur en fer total (Fetot) est élevée (en excluant la boue Dpca2) (Figure 76a) :

E1sem - E1sem0 (% P apporté) = - 0.32 (Fetot) + 57 R2=0.44 p<0.02 n=15

En excluant la boue Dpcafe, la teneur en fer total explique près de 60% de la


variabilité de E1sem.

Sur le sol déficient, en considérant toutes les boues, l’effet de la teneur en fer total
n’est pas significatif. Par contre, en excluant les boues compostées et la boue conditionnée
thermiquement et la boue Dpfeca on a la relation linéaire suivante :

E1sem - E1sem0 (% P apporté) = - 0.33 (Fetot) + 54 R2=0.54 p<0.02 n=11

Aucune relation linéaire significative n’est obtenue entre les teneurs en aluminium
ou calcium total des boues et leurs effets sur les quantités de P isotopiquement
échangeables en 1 semaine et ce sur les deux sols.

229
100 100
Sol de Bourran Sol de Bourran

80
E1sem - E1sem0 (% P apporté)

E1sem - E1sem0 (% P apporté)


80

60 60

40 40

20 20

b)
a)
0 0
0 20 40 60 -40 -20 0 20 40 60
Carbone minéralisé (% C apporté) Azote minéralisé (% N apporté)

Boues ni digérées, ni compostées


Boues digérées
Boues compostées
Boue digérée puis conditionnée thermiquement

Figure 77 : augmentation de la quantité d’ions P isotopiquement échangeables en 1


semaine sur le sol bien pourvu (a) suite à l’apport de boues en fonction de leur proportion
de carbone (a) et d’azote (b) minéralisable en 28 jours. Les données azote et carbone ont été
obtenues par l’équipe de Bernard Nicolardot de l’INRA de Reims.

230
80
Sol de l'INA-PG 80
Sol de l'INA-PG
E1sem - E1sem0 (% P apporté)

E1sem - E1sem0 (% P apporté)


60 60

40 40

20 20

a) b)
0 0
0 20 40 60 -40 -20 0 20 40 60 80
Carbone minéralisé (% C apporté) Azote minéralisé (% N apporté)

Boues ni digérées, ni compostées


Boues digérées
Boues compostées
Boue digérée puis conditionnée thermiquement

Figure 78 : augmentation de la quantité d’ions P isotopiquement échangeables en 1


semaine sur le sol déficient (a) suite à l’apport de boues en fonction du carbone (a) et de
l’azote (b) minéralisés net en 28 jours. Les données azote et carbone ont été obtenues par
l’équipe de Bernard Nicolardot de l’INRA de Reims.

231
Tableau 39 : paramètres de la régression linéaire décrivant l’augmentation de la quantité
d’ions P isotopiquement échangeables des sols (Bourran et INA-PG) après apport de boues
en fonction de leur teneur en fer total, en azote et en carbone minéralisés.

E1sem - E1sem0 (%P apporté) = a X + b


Sol X Seuil de
2
a b R N4
signification
1
Fetot -0.51 62 0.80 <0.002 9
2
Bourran % Nmin 0.22 48 0.22 N.S. 9
3
% Cmin -0.14 55 0.03 N.S. 9

Fetot -0.23 51 0.31 N.S. 10


% Nmin 0.21 42 0.53 <0.05 10
INA-PG
% Cmin 0.19 40 0.11 N.S. 10

Fe et % Cmin - 0.36 (Fetot) + 0.43 (% Cmin) 40 0.73 <0.02 10


1
Teneur en fer total
2
Azote minéralisé net en 28 jours en % de l’azote organique apporté
3
Carbone minéralisé net en 28 jours en % du carbone organique apporté
4
Cette analyse a été réalisée sur les boues étudiées par l’équipe de Bernard Nicolardot de l’INRA
de Reims : B2, Bfeca, Dp, Dpca2, Phfeca1, Phfeca2, BfeD2, BfeDca, BDT et C3. Sur le sol bien
pourvu, la boue Dpca2 a été exclue de l’analyse.

232
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

Azote et carbone minéralisés en 28 jours

Cette analyse ne concerne que les 10 boues étudiées par l’équipe de Bernard
Nicolardot de l’INRA de Reims.

Sur le sol bien pourvu, il n’y a pas de relation linéaire significative entre l’azote et
le carbone organique minéralisés nets après 28 jours d’incubation et les variations de E1sem
(Figure 77a et Figure 77b ; Tableau 39 pour l’analyse statistique) induite par l’apport des
boues. Ces variations restent à 80% expliquées par la teneur en fer total des boues (Tableau
39).

Sur le sol déficient, l’effet des boues sur l’azote minéralisé net explique plus de
50% des variations de E1sem alors qu’aucune relation significative n’apparaît avec le
carbone minéralisé (Figure 78a et Figure 78b ; Tableau 39 pour l’analyse statistique).
Cependant, plus de 70% de la variabilité des variations de E1sem est expliquée en tenant
compte à la fois du carbone minéralisé et de la teneur en fer total des boues (dernière ligne
du Tableau 39).

233
80 80

x=y 60 x=y
60

E1sem (%)
E1min (%)

40 40

20 20
x=y

a) d)
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80

80 Pdff (%) 80 Pdff (%)

x=y x=y
60 60
E10min (%)

E3mois (%)

40 40

20 20

b) e)
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80

80 Pdff (%) Pdff (%)

x=y
60 Sol de Bourran Sol de l'INA-PG
E1jour (%)

40

20

c)
0
0 20 40 60 80
Pdff (%)

Figure 79 : comparaison des valeurs de Pdff et des valeurs de ∆Et calculées à partir des
quantités d’ions P isotopiquement échangeables en 1 minute (∆E1min), 10 minutes (∆E10min), 1
jour (∆E1jour), 1 semaine (∆E1sem) et 3 mois (∆E3mois) sur les sols déficient (triangles noirs) et
bien pourvu (ronds blancs).

234
80

REF exp.2 REF exp.3


x=y
Dpca2
60
E1sem (% )

40

BfeDca
20

Phfeca1
0
0 20 40 60 80
Pdff (% )
Boues dans le ol de l'INA-PG
REF dans le sol de l'INA-PG
Boues dans le sol de Bourran
REF dans le sol de Bourran

Figure 80 : agrandissement de la Figure 79d. Comparaison de la contribution des boues à la


mobilité des ions P des sols (∆E1sem) et des Pdff des boues testées sur les sol déficient
(exp.2 et exp.3, 16 boues) et bien pourvu (exp.1, 10 boues). Le traitement P soluble de
référence est également présenté.

235
236
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

IV.3.2.3. Contribution du P des boues aux quantités d’ions P


isotopiquement échangeables du système (sol+boue)

Par analogie conceptuelle au Pdff, i.e. la contribution du P de l’apport à la nutrition


phosphatée de la plante, nous proposons d’utiliser la contribution du P des boues aux
quantités d’ions P isotopiquement échangeables du sol (∆Et) :

∆Et = ((Etx - Ettem) / Etx) * 100 (21)

Avec Et = (10 Cp/m) * (t + m1/n ) n (9)

Les valeurs de ∆Et sont d’autant plus éloignées des Pdff qu’elles sont calculées sur
des temps d’échange plus courts (Figure 79) ce qui traduit bien le fait que les plantes
prélèvent leur P à partir des ions P initialement présents sur la phase solide. Néanmoins, les
valeurs de ∆Et après 1 semaine d’échange (∆E1sem) sont voisines des valeurs de Pdff sur les
deux sols (Figure 79d et Figure 80). Cette méthode peut donc être utilisée pour estimer le
Pdff des boues.

Dans le sol bien pourvu, la valeur de ∆E1sem de la boue Dpca2 (∆E1sem = 38.8%) est
très supérieure à son Pdff (Figure 80). L’importante quantité de chaux apportée par cette
boue (130% de CaO sur MS) a fortement augmenté le pH du sol9. Elle sera donc exclue
des études qui suivent. Le chaulage des sols légèrement acides peut augmenter la
biodisponibilité des ions P via l’augmentation du pH qui diminue la densité de charges
positives à la surface des oxydes de fer sur lesquelles s’adsorbent les ions P (Haynes,
1982). Ainsi, sur le sol déficient, dont le pH déjà basique est bien tamponné, le pH fluctue
très peu et la valeur de ∆E1sem de la boue Dpca2 reste proche de la valeur du Pdff.
Sur le sol déficient, il existe une relation linéaire entre les valeurs de Pdff et les valeurs de
∆E1sem :

∆E1sem = 0.37 (Pdff) + 29.6 R2 = 0.56 p<0.002 n=16

9
après les 28 jours d’incubation, le pH du traitement témoin était de 5.5 et celui du traitement Dpca2 de 7.5.
Le pH a été mesuré sur une suspension de sol à 10g de sol dans 100 ml d’eau distillée.

237
120

100
E1sem / E1sem REF (% )

80

60 BfeDca
Dp
B1
exp. 2
40 Dpca1
Dpca2
Bfeca
x=y
20

0
0 20 40 60 80 100 120
VF(Pdff) (% )

Figure 81 : comparaison des valeurs de ∆E1sem/∆E1semREF et des VF(Pdff) des boues testées
sur le sol déficient (triangles noirs) et le sol bien pourvu (ronds blancs). La valeur de
∆E1sem/∆E1semREF de la boue Dpca2 (169%), qui surestime largement la valeur de VF(Pdff). Les
valeurs de VF(Pdff) des boues entourées de l’exp.2 ont pu être sur évaluées.

238
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

Le classement des boues d’après leur ∆E1sem est donc globalement identique au
classement obtenu d’après leur Pdff. Cependant, les valeurs de ∆E1sem sont moins étalées
que les valeurs de Pdff. Par conséquent la pente de la relation est inférieure à 1 et les
valeurs de ∆E1sem les plus éloignées de la bissectrice (∆E1sem = Pdff) sont significativement
différentes des valeurs de Pdff d’autant que les écarts types sont faibles. Logiquement, plus
les valeurs de E1sem du traitement témoin sont élevées, plus les valeurs de ∆E1sem des
traitements boues sont faibles et étalées (résultats non montrés). Mais une erreur de
quelques % sur les valeurs de E1sem du traitement témoin ne permet pas d’expliquer le
décalage avec les valeurs de Pdff.

Par analogie mathématique, nous proposons d’estimer la VF(Pdff) des boues par
leur contribution aux quantités d’ions P isotopiquement échangeables du sol (∆E1sem)
exprimé par rapport à la contribution du P soluble de référence aux quantités d’ions P
isotopiquement échangeables du sol (∆E1semREF).

Sur le sol bien pourvu, si l’on exclut le traitement Dpca2 pour la raison déjà
évoquée (valeur de ∆E1sem très supérieure à la valeur du Pdff), les valeurs ∆E1sem/∆E1semREF
sont voisines des valeurs de VF(Pdff) (Figure 81 ronds blancs). Cependant l’incertitude sur
les mesures est importante du fait du niveau en P biodisponible du sol (L=180 mg P kg-1)
par rapport au P ajouté par les boues (P total ajouté : 50 mg P kg-1 sol). Les boues ne se
différencient donc ni d’après leur VF(Pdff), ni d’après leur ∆E1sem et il n’est donc pas
possible de dire si le classement des boues est conservé entre les deux indicateurs de valeur
fertilisante phosphatée.

Sur le sol déficient, les valeurs de ∆E1sem/∆E1semREF sont voisines des valeurs de
VF(Pdff) (Figure 81 triangles noirs) et le classement des boues est conservé :

∆E1sem/∆E1semREF = 0.3 (VF(Pdff)) + 48 R2 = 0.56 p<0.002 n=0.002

Cependant, pour les boues Dp, B1, Dpca1, Dpca2, Bfeca et BfeDca,
∆E1sem/∆E1semREF est inférieur à VF(Pdff). Or, ce sont justement les boues testées dans
l’exp. 2 qui ont des VF(Pdff) supérieurs ou égaux à 100. De plus, la Figure 80 met en
évidence que la valeur du Pdff du traitement REF de l’exp.2 (40%) est inférieure à celle de
l’exp.3 (60%), alors qu’elles auraient du être identiques. D’après cette figure, la valeur du
Pdff de l’exp.2 serait sous estimée. Dans cette hypothèse, les valeurs de VF(Pdff) des
boues de l’exp.2 seraient sensiblement surévaluées et ceci expliquerait pourquoi les valeurs
de ∆E1sem/∆E1semREF seraient inférieures aux valeurs de VF(Pdff) pour les boues Dp, B1,
Dpca1, Dpca2, Bfeca et BfeDca (Figure 81).

239
240
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

IV.3.3. Conclusion et discussion

Ni les quantités de P extrait (POlsen, PDyer et PJoret Hébert), ni les quantités


d’ions P isotopiquement échangeables des boues ne constituent un indicateur fiable de la
valeur fertilisante phosphatée des boues. La raison est que ces méthodes ne prennent pas en
compte le fait que les propriétés physico-chimiques et biologiques du sol modifient les
composés des boues et donc la biodisponibilité de leur P.

En accord avec la deuxième partie (plante), les résultats concernant l’origine de


l’accroissement de la mobilité des ions P des sols suite à l’apport de boues confirment
l’absence d’effet du calcium sur les VF(Pdff), les effets de la teneur en fer total sur les
VF(Pdff), et enfin le lien entre la quantité de carbone et d’azote minéralisés nets et les
variations de valeur L (Lx - L0). Ainsi au moins trois processus peuvent être considérés
pour expliquer l’aptitude des boues à modifier la mobilité des ions P des sols : la
dissolution des phosphates de calcium des boues, la rétention des ions P des boues par le
fer et les processus de minéralisation/immobilisation.

Bien que nous n’ayons pas de preuve directe de la dissolution des phosphates de
calcium des boues dans les sols, celle-ci se produit très certainement et de manière
probablement complète. La forte augmentation des quantités d’ions P isotopiquement
échangeables des boues chaulées en amenant le pH 6.2 l’atteste (première partie), de même
que l’absence de corrélation entre l’augmentation de la mobilité des ions P du sol et la
teneur en calcium des boues même sur le sol à pH 8.2.

La diminution de l’aptitude des boues à augmenter les quantités d’ions P


isotopiquement échangeables des sols quand la teneur en fer des boues augmente est en
accord avec la rétention des ions P par les oxydes de fer dans les sols. Les différences entre
les deux sols traduisent aussi le fait que l’affinité des oxydes de fer pour les ions P
augmente vers les pH acides comme c’est le cas du sol bien pourvu (pH 6.2) et diminue
vers les pH basiques comme c’est le cas pour le sol déficient (pH 8.2). Ainsi, la dynamique
des ions P des boues dépendrait des relations ions P et fer des boues plus dans les sols
acides que dans les sols basiques. Cette hypothèse reste néanmoins à confirmer par des
études réalisées sur d’autres sols.

241
242
Tentative de mise au point d’un outil de diagnostic de la valeur fertilisante phosphatée des boues

Dans le sol déficient, les différence entre boues peuvent être également expliquées
par leur effet sur la minéralisation nette d'azote mesurée sur des mélanges de sol et de
boues. Dans ce sol légèrement carbonaté de pH 8.2, si la rétention des ions P des boues par
le fer est moindre, la matière organique a pu également être protégée par la formation de
gangues calcaires et ce d’autant plus qu’elle est déjà stabilisée (cas des boues compostées).
Par contre dans le sol bien pourvu, non carbonaté et de pH 6.2, où l’essentiel de la
variabilité entre boue est expliqué par la rétention des ions P par le fer, la minéralisation de
la matière organique n’est pas discriminante.

Les variations de quantités d’ions P échangeables entre sol fertilisé avec des boues
et sol non fertilisé après 28 jours d’incubation, permettent de calculer des indicateurs
fiables de la biodisponibilité du P des boues. Les indicateurs de biodisponibilité ∆E1sem et
∆E1sem/∆E1semREF ont des valeurs qui approchent respectivement les valeurs de Pdff et de
VF(Pdff) pour l’ensemble des boues testées sur les deux sols (à l’exception de la boue
Dpca2 sur le sol bien pourvu). Cette méthode permet de prédire le classement de
différentes boues les unes par rapport aux autres. Elle a aussi l’ambition de donner
directement les valeurs des Pdff et VF(Pdff). Ainsi, pour les deux sols utilisés, il existe une
unique relation prédictive entre les valeurs de ∆E1sem et de Pdff d’une part et les valeurs de
∆E1sem/∆E1semREF et de VF(Pdff) d’autre part. Sur le sol déficient, l’erreur moyenne
commise est de 14% sur les valeurs de Pdff et de 16% sur les valeurs de VF(Pdff). Sur le
sol bien pourvu, elle est de 13% sur les valeurs de Pdff et de VF(Pdff), en excluant les 3
boues BfeDca, Phfeca1 et Dpca2.

Cette méthode aboutit à des résultats cohérents avec les connaissances concernant
le nutrition phosphatée des plantes. L’adéquation entre des indicateurs dérivés des
quantités d’ions P isotopiquement échangeables et des indicateurs du prélèvement de P par
une plante confirme l’implication des P isotopiquement échangeables dans la nutrition
phosphatée des plantes. La nécessité de considérer les ions P isotopiquement échangeables
sur une semaine pour correctement estimer la biodisponiblité du P des boues, est une
preuve indirecte de l’implication des ions P de la phase solide dans l’alimentation
phosphatée des plantes.

Puisqu’il y a accord entre les indicateurs plante et les indicateurs qui n’intègrent pas
la plante, les effets rhizosphériques susceptibles de mobiliser des ions P non
isotopiquement échangeables n’interviennent pas de manière significative dans la nutrition
P des plantes. Cette conclusion est renforcée par le fait que toute la gamme de produits
étudiés recèle pourtant une multitude de formes de P susceptibles d’être affectées, à des
degrés variables suivant les boues, par des processus rhizosphériques tels que la dissolution
de phosphates de calcium ou la minéralisation du P organique.

243
244
V SYNTHESE ET CONCLUSIONS GENERALES

245
246
Synthèse et conclusions générales

V. SYNTHESE ET CONCLUSIONS GENERALES


A. RAPPEL DE LA PROBLEMATIQUE

Les boues des stations d’épuration urbaines contiennent des quantités substantielles de
phosphore (P) qui justifient leur utilisation en agriculture si le P des boues est
disponible pour les plantes. D’autre part les stations d’épuration étant munies de plus en
plus souvent de traitement de déphosphatation, les boues produites sont de plus en plus
riches en P. Les quantités de P épandues peuvent atteindre 30 t MS tous les 10 ans ce
qui se traduira par une accumulation de plus en plus significative du P dans les sols. Il
est donc important pour raisonner au mieux l’épandage de ces produits d’évaluer la
fraction biodisponible du P des boues.

L’évaluation de la biodisponibilité à court terme du P contenu dans un produit se fait


au moyen d’études biologiques basées sur l’analyse des variations du comportement
d’une plante en fonction du P apporté et en les exprimant par rapport à une forme de
référence, i.e. le P soluble dans l’eau et le citrate d’ammonium. Le rapport de
l’indicateur de biodisponibilité du P du produit à celui du produit de référence est
appelé valeur fertilisante (VF). L’analyse de la bibliographie montre que VF à court
terme du P des boues est, suivant les filières de traitements, variable voire inconnue,
leur épandage en agriculture ne peut actuellement être raisonné sur la base du
phosphore.

Cette étude est donc consacrée à l’évaluation de la biodisponibilité à court terme du P


des boues et du P soluble dans l’eau et le citrate d’ammonium (forme de référence dans
le domaine de l’évaluation des sources de P) afin d’établir la valeur fertilisante
phosphatée des boues en fonction de la filière de traitements. Les facteurs qui
conditionnent et permettent d’expliquer les différences dans la biodisponibilité du P ont
été analysés à travers l’étude :

De la composition élémentaire et de la mobilité des ions P des boues en fonction des


procédés de fabrication (boues biologiques, physico-chimiques et boues de
déphosphatation et traitements ultérieurs des boues : digestion, conditionnement,
déshydratation, compostage, chaulage, séchage…)
De l’origine (sol, boues ou forme de P soluble dans l’eau et le citrate d’ammonium) des
quantités de P prélevé par une culture test (ray grass cultivé 3 mois en conditions
standardisées). Ce travail a nécessité l’emploi du traçage isotopique des ions P du sol
afin de déterminer par l’analyse de la dilution isotopique du P prélevé, la quantité de P

247
Synthèse et conclusions générales

originaire du produit ajouté. La variabilité des VF du P d’une boue donnée en fonction


de la filière de traitement et du sol a pu être analysée.
Du devenir du P de la boue et du P de la forme de référence dans des sols incubés en
conditions simplifiées (i.e. absence de plante)

L’étude complète de la spéciation du P des boues, i.e. l’identification des composés


phosphatés des boues, a donc été délibérément laissée de côté. Ce choix était justifié par
les objectifs finalisés du travail orientés sur la mise au point d’une méthode simplifiée
d’évaluation de la biodisponibilité. Or, dans les sols cultivés, de nombreux travaux ont
montré en utilisant le traçage isotopique que le P biodisponible peut être assimilé au P
mobile, ensemble des ions P en solution et ceux du sol susceptibles de réapprovisionner
la solution (Morel et al., 2000). Par conséquent, la spéciation du P des boues et du P des
sols recevant les boues a été centrée sur la mesure de la quantité des ions P transférés
entre les phases liquides et solides des systèmes étudiés.

B. SYNTHESE DES RESULTATS

Composition élémentaire et mobilité des ions P des boues

Un grand nombre d’échantillons de boues de stations d’épuration urbaines,


représentatifs de la diversité des filières existant en France, a été analysé. La teneur de 80
échantillons de boues varie entre 0.96 et 40.6 g P kg-1 MS pour une valeur moyenne de 20
g P kg-1 MS dont 85% est sous forme minérale.

L’indicateur du statut P le plus sensible aux filières de traitements est la quantité d’ions
P extrait à l’eau d’une suspension de boue (1 kg :100 l). A l’image de ce qu’il se passe
dans les sols, calcium, fer et aluminium assurent la rétention des ions P sur la phase
solide des boues. Ainsi dans les boues biologiques ni chaulées, ni traitées aux sels de
fer, les ions P en solution peuvent représenter plus de 10 gP kg-1 MS (entre 10 et 40%
du P total), alors qu’après chaulage, ils représentent moins de 0.005 gP kg-1 MS (entre
0.007 et 0.07% du P total).
La mobilité du P des boues, i.e. la quantité d’ions P transférés entre la boue et la
solution, a été mesurée au moyen de la technique de traçage isotopique des ions P en
solution. La mobilité du P des boues est décrite, comme pour les sols, par deux phases
de réaction : une première phase instantanée qui traduit la réactivité des ions P avec la
surface de la boue suivi d’une étape de réactions lente avec des vitesses de transfert de
plus en plus faible mais sans pouvoir atteindre un état d’équilibre. En moyenne, 30 %
du P total de la boue est mobile sur une période de 3 mois (durée de prélèvement de P
par une culture en conditions de plein champ). Ainsi, les boues se présentent comme un
réservoir d’ions P disponibles pour les plantes relativement constant, mais dont la

248
Synthèse et conclusions générales

répartition et la dynamique entre phase solide et solution varient suivant les


traitements. Par ailleurs, le P organique, qui est non mobile ne représente en moyenne
que 16% du P total. C’est donc plus de 50% du P total, à priori minéral, qui reste non
mobile sur une période de prélèvement.
D’un point de vue conceptuel, l’évolution avec le temps des transferts d’ions P entre
phase solide des boues et solution est décrit par une fonction puissance « n » du temps
avec n compris entre 0 et 0.5. L’évolution du paramètre n entre différentes boues est
expliqué par les différences de quantités d’ions P en solution entre chaque boue. n
diminue quand la quantité d’ions P en solution augmente ce qui est logique dans la
mesure où plus il y a d’ions P en solution, plus faible est le poids de ceux présents sur
la phase solide. On obtient une relation unique avec des boues d’origine très différente
ce qui signifierait que ces boues ont toutes des propriétés de transfert identiques pour
une même quantité d’ions P en solution. Cette hypothèse demeure toutefois à vérifier.

Biodisponibilité du P des boues

La biodisponibilité à court terme du P des boues a été étudiée au moyen d’une


culture test, i.e. ray grass, en pots de végétation effectuée en conditions standardisées et
cultivé sur un sol dont les ions P ont été isotopiquement marqués. 16 échantillons de boues
représentatifs des principales filières de traitements des eaux usées et des boues ont été
étudiés dans deux sols. Ces deux sols de texture limoneuse se différencient principalement
par le pH et le niveau de statut phosphaté : sol A : pH=6,2, 0.76 mg P l-1, 52.4 mg P-Olsen
kg-1 ; Sol B : pH=8,2, 0.041 mg P l-1, 6.1 mg P-Olsen kg-1). L’analyse de la dilution
isotopique du P prélevé par la culture en l’absence ou en présence de boues ou de la forme
de référence permet de quantifier la contribution respective du sol et du produit à la
nutrition phosphatée de la culture et les conséquences de l’ajout de boue sur le
fonctionnement du système sol-boue-plante.

Entre 4.6 et 25 % des 50 mg P kg-1 ajouté sous forme de boue a été prélevé par la
culture test dans les deux sols. La variabilité est fonction de l’expérimentation pour un sol
donné, du sol pour une boue donnée et de la typologie de la boue. Ainsi, le P prélevé de la
forme de référence varie de 7.7 à 15.6 mg P kg-1 sol pour la même expérimentation réalisée
à 3 semaines d’intervalle et varie entre 7 et 15.6 pour le sol A et B.
Il existe de nombreux indicateurs pour apprécier la biodisponibilité du P d’un produit
comme :
i) la variation de biomasse récoltée (∆MS) ;
ii) la variation (∆PP) de la quantité (PP) totale de P prélevée entre le sol traité et le sol
non traité ;
iii) le coefficient d’utilisation apparent (CAU) du P du produit, i.e. ∆PP rapportée à la
dose de P ajoutée ;
iv) la quantité de P prélevée de la boue par la culture test (Pboue) ;

249
Synthèse et conclusions générales

v) le coefficient réel d’utilisation (CRU=Pboue×100/Dose) du P de la boue,


pourcentage du P ajouté absorbé par la culture ;
vi) la contribution (Pdff=Pboue×100/PP) du P de la boue à la nutrition phosphatée de la
culture, pourcentage de Pboue dans PP ;
vii) la variation de la quantité de P biodisponible du sol (∆L), où L est la quantité de P
potentiellement prélevable par la culture.
Les indicateurs ∆MS, ∆PP et CAU sont non significatifs voire négatifs (cas du CAU)
dans le sol A convenablement pourvu en P.
Dans le sol B déficient en P, une forte incertitude existe sur ces indicateurs compte
tenu d’une interaction significative du P ajouté, mais variable avec la nature de l’apport,
sur l’interception du P du sol. Cette interaction a été évaluée par la différence (∆Psol) entre
la quantité de P prélevé du sol traité et celle (PP0) du sol non traité et exprimée par rapport
à PP0 (∆Psol/PP0). La valeur de ∆Psol/PP0 est positive et comprise entre +35 et +143 %.
Elle est maximale avec la forme de référence.
Dans le sol convenablement pourvu en P, la valeur de ∆Psol/PP0 est au contraire
négative : il y a moins de P prélevé du sol en présence du produit qu’en l’absence de
produit. La valeur de ∆Psol/PP0 est comprise entre +7 et -22 %. Elle est minimale pour la
forme de référence.
Ces différences de comportement sont expliquées par une stimulation ou une
réduction de la croissance et du développement des racines et champignons
mycorhizogènes qui interceptent le P du sol en fonction du niveau de disponibilité du P
dans le sol et des quantités d’azote disponible de la boue.

Valeur fertilisante à court terme du P des boues

La valeur fertilisante du P d’un produit exprime la biodisponibilité du P de la boue


par rapport à la forme de référence :

VF= (Iproduit/Iréférence) × 100

Influence du choix de l’indicateur de biodisponibilité.


Compte tenu des nombreux indicateurs existants pour apprécier la biodisponibilité du
P, une analyse de l’influence du choix de l’indicateur de biodisponibilité sur la VF a
été réalisée.
Dans le sol convenablement pourvu en P, les indicateurs MS, ∆PP et CAU sont
inopérants puisque basés sur une variation significative positive. Ils peuvent même
conduire à une information absurde (∆PP et CAU négatifs) dans le cas de la forme de
référence.
La comparaison de la VF déterminée au moyen des indicateurs Pboue, CRU, Pdff, ∆L
montre des écarts significatifs de VF. En particulier l’écart entre VF(Pboue) ou

250
Synthèse et conclusions générales

VF(CRU) d’une part et VF(Pdff) d’autre part peut atteindre de –38 à +53% pour un
même produit suivant le sol. Cet écart est expliqué par la sensibilité de VF(CRU) à
l’interaction (∆Psol/ PP0) positive ou négative qui affecte largement le dénominateur
(CRUréférence). Les valeurs de VF(Pdff) et VF(∆L) sont mathématiquement corrélées et
donnent donc des informations identiques. Notre choix s’est porté sur le Pdff qui, par
construction mathématique, est moins dépendant des interactions mises en évidence
que ne l'est le CRU.

Influence des procédés de traitement des eaux usées et des boues sur la VF du P de la
boue.
La VF(Pdff) de la boue varie entre 36 et 110 % (valeur moyenne 83%) dans 45
combinaisons sol×boue (Tableau ci-dessous) regroupant nos données (26 situations) et
celles déjà publiées (19 combinaisons).

Produit (nombre de produits) VF(Pdff) % (écart type)

Boues biologiques (5) 90 (18)

Boues biologiques traitées aux sels de fer (2) ou aux sels de fer et chaux
94 (11)
(3)

Boues de déphosphatation biologique (3) puis chaulées (4), ou traitées


98 (11)
aux sels de fer et chaux (1)

Boues physico-chimiques traitées aux sels de fer (2) ou aux sels de fer
88 (5)
et chaux (4)

Boues biologiques digérées (3) 75 (34)

Boues biologiques digérées traitées aux sels de fer (7) ou aux sels de fer
76 (13)
et chaux (2)

Boues compostées (5) 73 (18)

Boues biologiques digérées conditionnées thermiquement (45 min à


56 (19)
195°C sous 18 bars) (4)

Fiente de volaille (2) 87 (15)

Fumiers de bovin (4) 76 (8)

Les boues biologiques, de déphosphatation biologiques et physico-chimiques traitées


ou non aux sels de fer et/ou chaulées ont une VF(Pdff) équivalente à celle de la forme
de référence.
Certains traitements tendent à diminuer VF(Pdff). La digestion entraîne une
diminution de VF(Pdff) d’environ 15%. Le compostage réduit la VF(Pdff). Cette
baisse peut être expliquée par un faible potentiel de minéralisation de l’azote de la
boue. Enfin, la VF(Pdff) des boues traitées thermiquement (45 min à 195°C sous 18
bars) est d’environ 50%. L’origine de cette diminution est multiple : (i) l’augmentation

251
Synthèse et conclusions générales

de la teneur de la boue en Fe, Zn, Pb, etc., connus pour induire une précipitation de
minéraux phosphatés et donc une perte de solubilité et de mobilité du P, (ii) la
dissolution des phosphates de calcium de la boue qui diminue avec l’augmentation du
pH du sol, (iii) le potentiel de minéralisation de l’azote de cette boue.

Ces valeurs de VF peuvent être reprises pour calculer la dose de P sous forme de boue
à épandre par hectare. Pratiquement, il faut d’abord définir la dose de P soluble
préconisée (Cf. méthode du Comifer, etc…) puis la corriger par le coefficient
d’équivalence de biodisponibilité, c’est à dire la valeur fertilisante, entre la boue et le P
soluble. Ainsi si la dose de P sous forme soluble à apporter est de 30 kg P ha-1, celle de
P d’une boue dont la VF est de 75% sera : Dose Pboue = 30/0.75 = 40 kg P ha-1. Si la
boue a une teneur de 20 kg P t-1 MS, il faut alors en apporter 2 t MS ha-1, soit 20 t ha-1
de boue brute à 10% de siccité.

Mise au point d’une méthode d’évaluation, en nombre, de la valeur fertilisante à


court terme du P des boues

Il n’y a pas de relation significative entre la caractérisation initiale de la boue (P


total, inorganique et organique, transfert des ions P entre boue et solution et extractions
chimiques) et sa VF(Pdff). L’explication réside simplement dans la dégradation
microbiologique et la transformation de la boue par des processus physico-chimiques suite
à son introduction dans le sol.

Pour tenter de mettre au point une méthode simplifiée d’évaluation de la


biodisponibilité du P, les modifications de la mobilité des ions P induites par un ajout de
boues ont été étudiées sur des mélanges sol et boue incubés à 70% de la capacité de
rétention au champ. La solubilité et la mobilité des ions P des mélanges sol/boues ne
diffèrent pas significativement entre 9 et 96 jours ce qui confirme les résultats
précédemment obtenus (Frossard et al ., 1992). La variation relative (∆E/E) de la quantité
d’ions P transférés entre le sol et la solution a donc été déterminée après 28 jours
d’incubation pour les boues précédemment étudiées et comparée aux valeurs de Pdff. Il y a
une relation significative étroite entre les valeurs du Pdff et ∆E/E. La conséquence
opérationnelle immédiate est qu’il est possible d’évaluer simplement et rapidement la VF
des boues par une méthode d’incubation des sols en conditions standardisées.
Par rapport à l’utilisation des plantes cette méthode est plus simple à mettre en
œuvre, plus rapide et moins coûteuse. Néanmoins, cette méthode ne peut être utilisée en
routine dans des laboratoires de chimie non habilités pour la manipulation de
radioéléments artificiels.
Les différents points suivants pourraient être étudiés pour concevoir l’outil de
diagnostic utilisable en routine : (i) vérifier si une variation relative de P extrait par la
méthode Olsen permet d’estimer les VF des boues, (ii) étudier l’effet de la durée

252
Synthèse et conclusions générales

d’incubation sur les variations relatives de mobilité des ions P, avec comme objectif de
réduire autant que possible la durée d’incubation, (iii) choisir un ou des sols référence, car
il n’est pas envisageable de travailler avec le sol qui recevra la boue.

C. BESOINS SUPLEMENTAIRES DE RECHERCHE

L’épandage de boues est actuellement autorisé à raison de 30 t de MS tous les 10 ans


(à la condition du respect de teneurs seuils en éléments traces des boues et des sols) soit
l’équivalent d’environ 600 kg P ha-1 en 10 ans. Il en résulte une accumulation de P
biodisponible dans les sols agricoles et des risques pour la qualité des eaux de surface. La
valeur fertilisante à court terme du P des boues montre qu’elles peuvent être considérées
comme de véritables fertilisants phosphatés très souvent équivalents à la forme de
référence en matière d’engrais phosphatée, i.e. le P soluble dans l’eau et le citrate
d’ammonium, et pratiquement toujours équivalente à celle du P du fumier de bovins ou de
fiente de volailles. Par conséquent, de tels systèmes de production agricole peuvent être
considérés comme durables à la condition de raisonner l’épandage des boues sur la base du
P afin de limiter son accumulation dans les sols agricoles et de limiter les fuites de P vers
les eaux de surface.
Cependant, si les objectifs initialement assignés à ce travail de recherche ont été
atteints et bon nombre de questions résolues, il n’en reste pas moins que des questions,
pour certaines issues de ce travail de recherche, restent toujours en suspend.
La question la plus immédiate porte sur l’évaluation de la valeur fertilisante
phosphatée à long terme en conditions de plein champ. L’analyse d’expérimentations de
plein champ après une période de plus de 5 ans permettra de valider ou d’affiner les
résultats obtenus en conditions de pots de végétation sur une période équivalente à une
année de prélèvement
Des études plus ponctuelles devraient également être conduites sur l’origine de la
réduction de la biodisponibilité du P des boues digérées, compostées et traitées
thermiquement. L’enjeu de telles études est la compréhension des processus de
minéralisation et d’immobilisation de l’azote, voire du phosphore, qui interagissent au sein
du système sol-boue-plante et peuvent affecter la croissance et le développement des
plantes. L’effet des boues sur le bilan net d’azote minéralisé à partir d’un sol joue
significativement sur la VF des boues. Pourtant, le P organique ne représente que 16% du
P total des boues. C’est donc vraissemblablement l’effet net des boues sur les processus de
minéralisation/immobilisation des ions P du sol qui doit être considéré. Engager des études
plus fines sur le couplage des cycles C, N et P est intéressant à deux points de vue. L’un
scientifique visant à mieux comprendre les processus de minéralisation/immobilisation.
L’autre, plus pragmatique visant à l’établissement d’un indicateur de la VF facile à
obtenir : si la VF phosphatée d’une boue peut se résumer à son effet net sur la
minéralisation un indicateur de qualité de la matière organique tel que l’ISB (Indice de
Stabilité Biologique) pourrait suffire.

253
Synthèse et conclusions générales

La diminution de la VF avec la teneur en fer des boues, qui n’est pas toujours
significative, demeure un point à préciser. Un contrôle de la dynamique des ions P des
boues par le fer serait logique compte tenu des connaissances que l’on a sur les ions P dans
les sols. Cependant, des facteurs tels que le sol et le type de boue n’ont pas été isolés et
peuvent donc masquer l’effet du fer. Une étude portant sur une même boue additionnée de
doses croissantes de fer apporterait une réponse claire à l’effet du fer sur la biodisponibilité
du P des boues. Une telle étude présenterait aussi l’intérêt de définir des doses de fer
optimales entre les impératifs de traitement de l’eau et les qualités agronomiques
souhaitées.

254
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Table des figures

Figure 1 : gisements de P originaires des activités humaines comparés à la quantité de P des engrais minéraux et
déjections animales. Situation au début des années 90 et situation envisagée à partir de 2005 en France. (1)
arrêté du 10 décembre 1991, une incertitude demeure cependant sur l’évolution de cette quantité d’ici 2005 ; (2)
Perrin et Impens, 1992 ; (3) Maréchal, 1993 ; (4) Sommelier et al., 1996. (5) Scope Newsletter 34, 1999. (6) OTV,
1997........................................................................................................................................................... 12
Figure 2 : principaux traitements des eaux usées et dénomination des boues obtenues. En gras souligné : traitements
des eaux usées ; en italique : désignation des boues...................................................................................... 22
Figure 3 : principes de la déphosphatation biologique et évolution simplifiée des concentrations en ions P,
polyphosphates, acides gras volatils et polyhydroxybutyrate entre phase anaérobie et phase aérobie (source :
Van Loodsdrecht et al., 1997). .................................................................................................................... 26
Figure 4 : points d’injection des réactifs chimiques dans une filière de traitement mixte des eaux usées (Sommelier et
al 1996)...................................................................................................................................................... 28
Figure 5 : principaux traitements des boues et désignation des boues obtenues. Les valeurs correspondent à la siccité
des boues (% de MS de la boue brute). ........................................................................................................ 30
Figure 6 : les formes de phosphore lors d’un traitement biologique des eaux usées (adapté d’Arvin, 1983). ............. 42
Figure 7 : devenir du P lors d’une digestion des boues d’après Carliell et Wheatley (1997) et Wild et al. (1996)...... 50
Figure 8 : principes de prélèvement de P par les plantes dans un sol. ...................................................................... 56
Figure 9 : processus susceptibles d’intervenir dans le prélèvement de P par une plante à partir d’une boue. ............. 60
Figure 10 : diagrammes de solubilité des phosphates calciques modèles et positionnement d’échantillons de terre
prélevés après trois cultures de laitue fertilisées une seule fois (gauche) ou trois fois (droite) avec des doses
variables de boues et d’engrais minéraux solubles (O’Connor et al., 1986). Pour la signification des
abréviations des composés phosphatés, voir le tableau 1 de l’annexe 1. ........................................................ 62
Figure 11 : courbe de réponse culturale à la dose d’apport dans un sol carencé en P. ............................................... 66
Figure 12 : évolution de la VF d’une boue en fonction de sa dose d’apport selon plusieurs scénarii. La VF déterminée
par traçage isotopique a été calculée à partir d’un rapport de Pdff (VF = 100 * (Pdffapp / PdffREF). ................. 74
Figure 13 : fraction de la radioactivité introduite restant en solution (rt/R) au cours du temps représentée en échelle
décimale et logarithmique (a) et quantité (Q(t)) d’ions P isotopiquement échangée calculée d’après le principe
de dilution isotopique, pour 3 sols (b. Les points représentent les mesures expérimentales et les lignes les
valeurs calculées d’après les équations 8 et 9 respectivement (d’après Morel et al., 2000a). .......................... 78
Figure 14 : évolution de la composition isotopique (mg P–1) des ions P en solution dans une suspension de terre
(M/V=1/10) et du P prélevé par du raygrass après 6 et 9 semaines de culture après application de 5 niveaux de
P soluble dans l’eau marqué au 32P (d’après Morel et Plenchette, 1994)........................................................ 80
Figure 15 : comparaison de la composition isotopique (CI, 10-2 mg P–1) du phosphore prélevé par les plantes et de la
CI des ions P en solution dans des suspensions de sol (Source : Morel et al., 2000b). Données issues de : (1)
Fardeau, 1981; (2 et 6) Morel, 1988; (3) Morel et Plenchette, 1994 ; (4 et 5) Morel et Fardeau, 1991 ; (7)
Frossard et al., 1994. .................................................................................................................................. 80
Figure 16 : valeur fertilisante phosphatée du phosphate naturel de caroline du nord selon le pH du sol déterminée par
traçage isotopique des ions P (Morel et Fardeau, 1990). ............................................................................... 86
Figure 17 : principales étapes du protocole de mesure et de calcul des quantités d’ions P isotopiquement échangeables
dans le cas des boues (adapté de Fardeau et al., 1994)................................................................................ 100
Figure 18 : représentation des ions P isotopiquement échangés sur différentes périodes de d’échanges (Fardeau,
1993). ...................................................................................................................................................... 106
Figure 19 : principe de la détermination du phosphore prélevé par une plante provenant soit du sol (Psol), soit de
l’apport (Papp). rp0 et rp correspondent à la radioactivité prélevée par les plantes témoin et fertilisées
respectivement.......................................................................................................................................... 110
Figure 20 : teneur en P des boues selon le procédé de traitement des eaux usées mis en œuvre. ............................. 122
Figure 21 : teneur en phosphore total des boues en fonction des principales filières de production de boues. Grands
symboles : boues prélevées en fin de filière de production. Petits symboles : boues prélevées en cours de filière
de production. .......................................................................................................................................... 124

269
Figure 22 : évolution de la teneur en P des boues avant et après chaulage (a) et lors du compostage (b). ................ 125
Figure 23 : diminution de la teneur en P total des boues en fonction du taux de chaulage....................................... 126
Figure 24 : évolution de la teneur en P des boues avant et après digestion ou conditionnement par le procédé Portéus
(a), avant et après déshydratation (b) ; fp, filtre presse ; ep, épaississement ; c, centrifugation ; fb, filtration sur
bandes ; st, séchage thermique................................................................................................................... 126
Figure 25 : teneur en phosphore organique des boues en fonction des principales filières de production de boues.
Grands symboles : boues prélevées en fin de filière de production. Petits symboles : boues prélevées en cours
de filière de production. ............................................................................................................................ 128
Figure 26 : évolution de la proportion de P organique (en % du P total) dans les boues en cours de compostage (a),
avant et après déshydratation (b), avant et après chaulage (c). fp, déshydratation par filtre presse ; ep,
épaississement ; c, centrifugation ; fb, déshydratation par filtre bandes ; st, séchage thermique.................... 129
Figure 27 : rapports C/P organique (gauche) et C/N organique (droite) des boues étudiées en fonction des principales
filières de production. Quelques boues compostées dont les C/P organique sont compris entre 1000 et 4000
n’ont pas été représentées. Grands symboles : boues prélevées en fin de filière de production. Petits symboles :
boues prélevées en cours de filière de production....................................................................................... 130
Figure 28 : évolution de la teneur en P organique des boues en fonction de leur teneur en azote Kjeldhal. Seules les
boues séchées thermiquement ne sont pas représentées. ............................................................................. 132
Figure 29 : part (% du P total) des ions P extraits à l’eau des boues en fonction des principales filières de production
de boues. Grands symboles : boues prélevées en fin de filière de production. Petits symboles : boues prélevées
en cours de filière de production................................................................................................................ 134
Figure 30 : évolution de la quantité d’ions P extraits à l’eau (en % du P total) dans les boues avant et après
déshydratation (a) en cours de compostage (b) et avant et après digestion ou conditionnement par le procédé
Portéus (c). fp, déshydratation par filtre presse ; ep, épaississement ; c, centrifugation ; fb, déshydratation par
filtre bandes ; st, séchage thermique. ......................................................................................................... 136
Figure 31 : concentration (Cp) des ions P en solution en fonction du pH des suspensions. ..................................... 138
Figure 32 : P extrait par la méthode Olsen (% P total) en fonction des principales filières de production de boues.
Grands symboles : boues prélevées en fin de filière de production. Petits symboles : boues prélevées en cours
de filière de production. ............................................................................................................................ 140
Figure 33 : relation entre les quantités d’ions P extraits à l’eau et de P extrait par la méthode Olsen....................... 142
Figure 34 : évolution du P extrait à l’eau (% du P total) en fonction de la teneur en calcium totale des boues (en haut)
ou de la teneur totale en calcium + fer + aluminium (en bas). ..................................................................... 143
Figure 35 : évolution en fonction du temps, des quantités d’ions P isotopiquement échangés (a) (exprimées en % du P
total) et de la vitesse d’échange phase solide / solution des ions P isotopiquement échangeables (b), dans les
boues de La Roche sur Yon prélevées à 3 étapes de leur traitement. Les points représentent les valeurs
expérimentales qui ont servi à paramétrer les courbes (R2>0.99)................................................................. 146
Figure 36 : fractions du P total isotopiquement échangeables en fonction du temps dans les principaux types de boues.
................................................................................................................................................................ 148
Figure 37 : évolution en fonction du temps de la quantité (Et) d’ions P isotopiquement échangés (en % du P total),
dans les boues de Nantes avant compostage et en cours de compostage. ..................................................... 150
Figure 38 : évolution en fonction du temps, de la quantité (Et) d’ions P isotopiquement échangés (exprimée en % du P
total) dans les boues de Grand Couronne (a), Valenton (b), Seine Aval (c) et Saint Brieuc (d) prélevées à
différentes étapes de leur traitement (les numéros indiquent l’ordre de prélèvement)................................... 152
Figure 39 : évolution du paramètre n en fonction des ions P extraits à l’eau (en % du P total). Les profils sont définis
dans la Figure 36. ..................................................................................................................................... 155
Figure 40 : évolution du paramètre n en fonction des ions P extraits à l’eau pour les boues étudiées dans ce travail
(Figure 39) et celles étudiées par Morel (1980), Zhang (1991), Frossard et al. (1992 et 1996b). Les chiffres
renvoient au Tableau 26. Les profils sont définis dans la Figure 36............................................................. 159
Figure 41 : évolutions du paramètre n en fonction de PH2O% obtenu soit au laboratoire par ajout contrôlé d’ions P en
solution sur la boue de Seine Aval (profil 9), soit en regroupant les boues des profils 3, 4, 5, 6 et 8. Les
données publiées sur Seine Aval (Morel, 1980 sur installation pilote et Zhang, 1991) sont également
représentées. Les profils sont définis dans la Figure 36. ............................................................................. 160
Figure 42 : évolution du paramètre m en fonction des ions P extraits à l’eau (en % du P total) pour les boues de cette
étude. Les profils sont définis dans la Figure 36......................................................................................... 162

270
Figure 43 : évolution de la quantité (E1min) d’ions P isotopiquement échangeables en 1 minute (en % du P total) en
fonction des ions P extraits à l’eau (en % du P total) pour les boues de cette étude. Les profils sont définis dans
la Figure 36. ............................................................................................................................................. 163
Figure 44 : étapes de l’ajustement du pH des suspensions de boues et de suivi de son évolution et de PH2O. ........... 164
Figure 45 : évolution des ions P extraits à l’eau en fonction du pH sur les boues de Cergy, Bordeaux 98, Biganos 98
et Toulon. Sont présentées les valeurs obtenues lors de l’expérimentation préliminaire (4 prélèvements, 2
répétitions)) et lors des cinétiques de dilution isotopique sur des suspensions à pH proche de 6.2 et de 8, ainsi
que les valeurs initiales avant tout ajout d’HCl ou de NaOH 0.25M............................................................ 166
Figure 46 : évolution des ions P extraits à l’eau en fonction du pH sur les boues de Blois chaulée, Le Beausset
chaulée, Lagny chaulée, Valenton chaulée, des Ardennes et de Seine Aval déshydratée. Sont présentées les
valeurs obtenues lors de l’expérimentation préliminaire (4 prélèvements, 2 répétitions)) et lors des cinétiques
de dilution isotopique sur des suspensions à pH proche de 6.2 et de 8, ainsi que les valeurs initiales avant tout
ajout d’HCl ou de NaOH 0.25M................................................................................................................ 167
Figure 47 : comparaison des ions P extraits à l’eau (en % du P total) (a) et du paramètre n (b) mesurés à pH 8 avec les
valeurs mesurées à pH 6.2. Les 16 boues sont celles étudiées en pots de culture : (1) Annet, (2) Ardennes, (3)
Biganos 98, (4) Blois chaulée, (5) Bordeaux 98, (6) Cergy, (7) Cestas 98, (8) Lagny chaulée, (9) Le Beausset
pressée, (10) Le Beausset chaulée, (11) Nantes compostée 97, (12) Nantes compostée 98, (13) Seine Aval
déshydratée 2, (14) Toulon, (15) Valenton chaulée et (16) Var. .................................................................. 168
Figure 48 : évolution du paramètre n en fonction des ions P extraits à l’eau (en% du P total) sans ajustement du pH
des suspensions de boues ou après ajustement du pH à 8 ou 6.2. La droite en pointillés correspond aux boues
appartenant aux profils 3, 4, 5, 6 et 8 définis précédemment. Les numéros correspondent aux boues étudiées en
pots de culture : (1) Annet, (2) Ardennes, (3) Biganos 98, (4) Blois chaulée, (5) Bordeaux 98, (6) Cergy, (7)
Cestas 98, (8) Lagny chaulée, (9) Le Beausset pressée, (10) Le Beausset chaulée, (11) Nantes compostée 97,
(12) Nantes compostée 98, (13) Seine Aval déshydratée 2, (14) Toulon, (15) Valenton chaulée et (16) Var. 170
Figure 49 : évolution des ions P isotopiquement échangeables en 1 minute (en % du P total) en fonction des ions P
extraits à l’eau (en% du P total) sans ajustement du pH des suspensions de boues ou après ajustement du pH à
8 ou 6.2. Les numéros correspondent aux boues étudiées en pots de culture : (1) Annet, (2) Ardennes, (3)
Biganos 98, (4) Blois chaulée, (5) Bordeaux 98, (6) Cergy, (7) Cestas 98, (8) Lagny chaulée, (9) Le Beausset
pressée, (10) Le Beausset chaulée, (11) Nantes compostée 97, (12) Nantes compostée 98, (13) Seine Aval
déshydratée 2, (14) Toulon, (15) Valenton chaulée et (16) Var. .................................................................. 172
Figure 50 : production de MS en fonction des traitements. (a), (b) et (c) correspond aux expériences 1, 2 et 3
respectivement. Les traitements suivis d’une lettre différente sont significativement différents au seuil p=0.05.
Le trait en pointillés correspond à la moyenne générale.............................................................................. 176
Figure 51 : quantité totale cumulée de P prélevé en fonction des traitements. (a), (b) et (c) exp. 1, 2 et 3
respectivement. Les traitements suivis par une lettre différente sont significativement différents au seuil de
p=0.05. Le trait en pointillés est la moyenne générale. ............................................................................... 178
Figure 52 : effet de la teneur en azote des parties aériennes sur la production de biomasse (a) et le prélèvement de P
total (b) dans l’expérimentation 1. ............................................................................................................. 179
Figure 53 : évolution de la composition isotopique moyenne du P prélevé en fonction de la durée de culture sur
l’ensemble des traitements de l’exp. 2. ...................................................................................................... 180
Figure 54 : illustration du principe de détermination du P prélevé issu de la graine à l’issue de la première coupe (Pg).
................................................................................................................................................................ 180
Figure 55 : quantité de P biodisponible dans le sol (valeur L) en fonction des traitements. (a) (b) et (c), exp.1, exp.2 et
exp.3, respectivement. Les traitements suivis par une lettre différente sont significativement différents au seuil
de p=0.05. Le trait en pointillés est la moyenne générale............................................................................ 184
Figure 56 : augmentation de la quantité de P biodisponible dans le sol déficient après apport de boues en fonction de
l’azote (a) ou du carbone (b) minéralisé. Les données N et C ont été obtenues par Virgine Parnaudeau et
Bernard Nicolardot de l’INRA de Reims. Les abbréviations sont présentées dans le Tableau 28. ................. 185
Figure 57 : coefficient réel d’utilisation (CRU) du P des apports. (a) (b) et (c) expérimentations 1, 2 et 3. Les
traitements suivis par une lettre différente sont significativement différents au seuil de p=0.05. La ligne
verticale en pointillés est la moyenne générale........................................................................................... 191
Figure 58 : contribution du P de l’apport à la nutrition phosphatée (Pdff). (a) (b) et (c) expérimentations 1, 2 et 3. Les
traitements suivis par une lettre différente sont significativement différents au seuil de p=0.05. La ligne
verticale en pointillés est la moyenne générale........................................................................................... 192

271
Figure 59 : comparaison des VF calculées à partir d’un rapport de CAU (VF(CAU)) et des VF calculées à partir d’un
rapport de CRU (VF(CRU)) sur l’expérimentation 1 (a) et dans les expérimentations 2 et 3 (b). Toutes les
répétitions sont représentées...................................................................................................................... 196
Figure 60 : relation entre les VF calculées à partir d’un rapport de ∆=Lx-L0 et les VF calculées à partir d’un rapport
de Pdff pour les 3 expérimentations. Toutes les répétitions sont représentées. ............................................. 198
Figure 61 : relation entre les VF calculées à partir d’un rapport de CRU et les VF calculées à partir d’un rapport de
Pdff pour les 3 expérimentations. Toutes les répétitions sont représentées................................................... 198
Figure 62 : valeur fertilisante à court terme du P des boues dans l’expérimentation 1 (a) et les expérimentations 2 et 3
(b). VF(Pdff) = (Pdffboue/Pdffréférence) * 100. ............................................................................................... 202
Figure 63 : valeur fertilisante phosphatée des boues (VF(Pdff)) en fonction de leur teneur en fer. (a) expérimentation
1 ; (b) expérimentations 2 et 3. .................................................................................................................. 204
Figure 64 : valeur fertilisante phosphatée des boues (VF(Pdff)) en fonction de leur teneur en aluminium. (a)
expérimentation 1 ; (b) expérimentations 2 et 3.......................................................................................... 204
Figure 65 : valeur fertilisante phosphatée des boues en fonction de leur teneur en calcium, sur le sol bien pourvu (a) et
déficient (b).............................................................................................................................................. 205
Figure 66 : comparaison des valeurs fertilisantes phosphatées de 10 boues entre le sol bien pourvu (pH 6.2) et le sol
déficient (pH 8.2). (*) : valeurs significativement différentes au seuil de 5%............................................... 206
Figure 67 : valeur fertilisante phosphatée (VF(Pdff)) des boues non compostées et non conditionnées thermiquement
en fonction de leur teneur en calcium total................................................................................................. 210
Figure 68 : valeur fertilisante phosphatée (VF(Pdff)) des boues non compostées et non conditionnées thermiquement
en fonction de leur teneur en fer total......................................................................................................... 210
Figure 69 : évolution des valeurs de VF(Pdff) en fonction du pH du sol pour les boues digérées puis conditionnées
thermiquement (a) et les boues compostées (b). ......................................................................................... 212
Figure 70 : relation entre la quantité de P extrait par la méthode Olsen apportée par les boues par pot (ou par kg de
sol) et leur valeur fertilisante phosphatée immédiate sur les sols bien pourvu et déficient. ........................... 216
Figure 71 : relation entre les quantités de P extraites par les méthodes Joret Hébert (a) ou Dyer (b) apportées par les
boues et leur valeur fertilisante phosphatée immédiate sur les sols bien pourvu et déficient. ........................ 216
Figure 72 : valeurs fertilisantes phosphatées des boues étudiées dans ce travail et celles publiées par Zhang (1991),
Frossard et al. (1992) et Frossard et al. (1996) en fonction de la quantité de P extraite par la méthode Olsen
apportée par les boues par kg de sol. La correspondance entre les sols et les auteurs des travaux est présentée
dans le Tableau 35.................................................................................................................................... 218
Figure 73 : valeur fertilisante phosphatée des boues sur sol bien pourvu (ronds blancs) ou sol déficient (triangles
noirs) en fonction de différentes indicateurs de mobilité des ions P des boues obtenus en suivant la cinétiques
de dilution isotopique des ions P sur des suspensions de boues à 1g/100ml, sans avoir préalablement ajusté le
pH des suspensions. PH2O : quantité d’ions P en solution. E : quantité d’ions P isotopiquement échangeables en
1 minute (E1min), 10 minutes (E10min), 1 jour (E1jour), 1 semaine (E1sem) et 3 mois (E3mois). ............................ 219
Figure 74 : Valeur fertilisante phosphatée des boues sur sol bien pourvu (ronds blancs) ou sol déficient (triangles
noirs) en fonction de différents indicateurs de mobilité des ions P des boues obtenus après ajustement du pH
des suspensions (1g/100ml) à 6.2. ............................................................................................................. 222
Figure 75 : évolution des valeurs de PH2O du sol bien pourvu entre 1 et 95 jours. Parmi les 10 boues testées seules les
boues BC1, Dpca1 et BfeD1 sont représentées comme exemple. ................................................................ 224
Figure 76 : augmentation de la quantité d’ions P isotopiquement échangeables sur les sols bien pourvu (a) et déficient
(b) suite à l’apport de boue en fonction de la teneur en fer total des boues................................................... 227
Figure 77 : augmentation de la quantité d’ions P isotopiquement échangeables en 1 semaine sur le sol bien pourvu (a)
suite à l’apport de boues en fonction de leur proportion de carbone (a) et d’azote (b) minéralisable en 28 jours.
Les données azote et carbone ont été obtenues par l’équipe de Bernard Nicolardot de l’INRA de Reims...... 230
Figure 78 : augmentation de la quantité d’ions P isotopiquement échangeables en 1 semaine sur le sol déficient (a)
suite à l’apport de boues en fonction de leur proportion de carbone (a) et d’azote (b) minéralisable en 28 jours.
Les données azote et carbone ont été obtenues par l’équipe de Bernard Nicolardot de l’INRA de Reims...... 231
Figure 79 : comparaison des valeurs de Pdff et des valeurs de ∆Et calculées à partir des quantités d’ions P
isotopiquement échangeables en 1 minute (∆E1min), 10 minutes (∆E10min), 1 jour (∆E1jour), 1 semaine (∆E1sem) et
3 mois (∆E3mois) sur les sols déficient (triangles noirs) et bien pourvu (ronds blancs)................................... 234
Figure 80 : agrandissement de la Figure 79d. Comparaison de la contribution des boues à la mobilité des ions P des
sols (∆E1sem) et des Pdff des boues testées sur les sol déficient (exp.2 et exp.3, 16 boues) et bien pourvu (exp.1,
10 boues). Le traitement P soluble de référence est également présenté....................................................... 235

272
Figure 81 : comparaison des valeurs de ∆E1sem/∆E1semREF et des VF(Pdff) des boues testées sur le sol déficient
(triangles noirs) et le sol bien pourvu (ronds blancs). La valeur de ∆E1sem/∆E1semREF de la boue Dpca2 (169%),
qui surestime largement la valeur de VF(Pdff). Les valeurs de VF(Pdff) des boues entourées de l’exp.2 ont pu
être sur évaluées. ...................................................................................................................................... 238

Liste des tableaux

Tableau 1 : production de boues des pays de l’Union Européenne (plus la Suisse) et voies d’élimination en 1990
(Madoui, 1997 ; OTV, 1997)....................................................................................................................... 10
Tableau 2 : évolution passée et future de la production de boues urbaines (OTV, 1997). ......................................... 10
Tableau 3 : principaux textes français et communautaires contrôlant l’épandage des boues de stations d’épuration sur
les sols agricoles......................................................................................................................................... 13
Tableau 4 : conséquences de la stratégie de fertilisation à partir de boues sur les bilans culturaux azotés (N) et
phosphatés (P). ........................................................................................................................................... 14
Tableau 5 : caractéristiques moyennes des eaux usées domestiques en France (arrêté du 31 décembre 1991). .......... 20
Tableau 6 : représentation et évolution des principaux types de stations d’épuration (STEP) en France. En 1989 il y
avait 10197 stations d’épuration en France d’une capacité totale de 60 millions d’équivalents habitants. ....... 34
Tableau 7 : impact des principaux traitements des boues sur les qualités techniques des boues hors valeur fertilisante.
.................................................................................................................................................................. 34
Tableau 8 : origine du phosphore (en mg P personne-1jour-1) des eaux usées domestiques aux USA (source : Buttler et
al. 1995)..................................................................................................................................................... 36
Tableau 9 : teneur en P des principaux types de boues (Source : Sommelier et al., 1996)......................................... 36
Tableau 10 : formes de P supposées extraites des boues par différentes méthodes d’extraction. ............................... 38
Tableau 11 : répartition du P dans des boues issues d’un traitement de déphosphatation biologique ou mixte des eaux
usées évaluée par des extractions séquentielles proposées par Uhlmann et al. (1990). ................................... 46
Tableau 12 : phosphates de calcium identifiées sur diverses boues digérées. Formule des composés dans l’annexe 1.
.................................................................................................................................................................. 52
Tableau 13 : composition élémentaire moyenne d’une boue de station d’épuration urbaine. .................................... 62
Tableau 14 : valeur fertilisante phosphatée à court terme déterminée par traçage isotopique des ions P isotopiquement
échangeables du sol (VF = Papp / PREF) * 100.............................................................................................. 70
Tableau 15 : indicateurs de biodisponibilité du P des boues. Composition isotopique (CI) en mg P-1. Traitement
témoin non fertilisée : 0 ; traitement avec apport : fert. PP : quantité totale de P prélevé. Papp : quantité de P
prélevé de l’apport. rp radioactivité prélevée................................................................................................ 72
Tableau 16 : concentrtaion des ions P en solution et paramètres E1min et n décrivant l’évolution des quantités d’ions P
isotopiquement échangeable obtenus sur divers boues. E1min représente la quantité d’ions P isotopiquepent
échangés en 1 minute et n est un paramètre sans dimension qui décrit le poids du temps dans les échanges avec
la phase solide. Données issues des travaux de : Zhang (1991), Frossard et al. (1992) et Frossard et al. (1996b).
.................................................................................................................................................................. 82
Tableau 17 : origine de la variabilité parasite sur la biodisponibilité du P des boues en fonction des indicateurs
retenus. ...................................................................................................................................................... 90
Tableau 18 : récapitulation brève des systèmes et des principales mesures.............................................................. 94
Tableau 19 : présentation des boues selon la filière de production et la localisation de la station d’épuration............ 96
Tableau 20 : principales caractéristiques des deux sols choisis pour établir la valeur fertilisante phosphatée des boues
en pots de cultures et analyser l’effet des boues sur les transferts phase solide/solution des ions P du sol. ...... 98
Tableau 21 : description des mélanges réalisés pour le suivi en serre et les incubations. ........................................ 102
Tableau 22 : volumes d’HCl 0.25M ou de NaOH 0.1M ajoutés aux suspensions de boues et pH obtenus. .............. 104
Tableau 23 : synoptique de la mise en œuvre expérimentale de la mesure de la biodisponibilité du P de différents
apports. .................................................................................................................................................... 114
Tableau 24 : caractéristiques du sol utilisé pour le suivi des cinétiques de minéralisation de l'azote et du carbone de
mélanges de sol et de boues. ..................................................................................................................... 116

273
Tableau 25 : paramètre p et q de l’équation n = p – q ln (PH2O%) décrivant l’évolution de n en fonction de PH2O%. Les
profils sont définis dans la Figure 36. ........................................................................................................ 154
Tableau 26 : PH2O (en % du P total) et paramètre n obtenu sur différentes boues lors de précédentes études. Les profils
sont définis dans la Figure 36.................................................................................................................... 158
Tableau 27 : paramètre des équations n=f(PH2O%) selon les boues considérées et le pH de la suspension ............... 168
Tableau 28 : origine et désignation abrégée des 16 boues de stations d’épuration urbaines pour lesquelles la valeur
fertilisante phosphatée a été étudiée et mesurée. Le détail des filières de traitement est présenté dans l’annexe
3. ............................................................................................................................................................. 174
Tableau 29 : quantités calculées du P de la graine (Pg) mobilisées par le ray grass lors de la première coupe pour les
exp. 2 et 3. Pg a été calculé d’après le principe présenté Figure 54.............................................................. 182
Tableau 30 : paramètres de la régression linéaire décrivant l’augmentation (Lx-L0) de P biodisponible en fonction de
l’azote ou du carbone minéralisés des boues. ............................................................................................. 186
Tableau 31 : quantité de P prélevé du sol (Psol) et écart relatifs [(Psol-PP0)/PP0] par rapport au P prélevé du sol
témoin (PP0) suivant les traitements. ......................................................................................................... 188
Tableau 32 : quantité de P prélevé à partir de la référence et des 16 boues testées (Papp) dans les 3 expérimentations
(en mg P kg-1 sol). Les traitements suivis par une lettre différente sont significativement différents au seuil
p=0.05...................................................................................................................................................... 190
Tableau 33 : paramètres de la régression linéaire décrivant VF(Pdff) en fonction de VF(CRU) d’une part, et VF(Pdff)
en fonction de VF(∆L) d’autre part, pour les trois expérimentations. Les variations absolues entre VF(Pdff)
d’une part et VF(CRU) ou VF(∆L) d’autre part sont également représentées............................................... 200
Tableau 34 : description et valeur fertilisante P à court terme des boues étudiées dans les travaux de l’ENSAIA-
Nancy en utilisant la même approche expérimentale (pot de culture effectués en conditions contrôlées, traçage
isotopique des ions P isotopiquement échangeables du sol et apport de boues à raison de 73 mg P kg-1 sol). 208
Tableau 35 : caractéristiques principales des sols utilisés pour évaluer la valeur fertilisante phosphatée à court terme
du P des boues dans les travaux de l’ENSAIA-Nancy. ............................................................................... 209
Tableau 36 : synthèse des valeurs moyennes et écarts types des VF(Pdff) des boues de stations d’épuration urbaines
en fonction de la filière de traitement. A titre indicatif, les VF(Pdff) de fumier de bovins et de fientes de
volaille sont également présentées............................................................................................................. 209
Tableau 37 : teneur en fer total et en zinc total des boues digérées puis conditionnées thermiquement et des boues
compostées............................................................................................................................................... 212
Tableau 38 : paramètres a et b des régressions linéaires décrivant l’évolution de Cp, n et Et en fonction de la durée
d’incubation. Les régressions ont été réalisées sur les valeurs mesurées après 9.75, 18, 39 et 95 jours
d’incubation. Si la valeur F est inférieure à 38.5, l’effet de la durée d’incubation n’est pas significatif au seuil
p=0.05...................................................................................................................................................... 226
Tableau 39 : paramètres de la régression linéaire décrivant l’augmentation de la quantité d’ions P isotopiquement
échangeables des sols (Bourran et INA-PG) après apport de boues en fonction de leur teneur en fer total, en
azote et en carbone minéralisés. ................................................................................................................ 232

274
ANNEXES

275
Tableau 1A : Principaux phosphates de calcium modèles apparentés aux phosphates de
calcium des sols, rangés par ordre de solubilité croissante du bas vers le haut.

Nom Formule Abréviation


Brushite ou dicalcium phosphate dihydrate CaH(PO4).2H2O DCPD
Monétite ou dicalcium phosphate anhydre CaH(PO4) DCPA
Monocalcium phosphate monohydrate CaH4(PO4)2.H2O MCP
Octocalcium phosphate Ca8H2(PO4)6.5H2O OCP
Tricalcium phosphate Ca3(PO4)2 TCP
Hydroxyapatite Ca5(PO4)3OH HA
Fluoroapatite Ca5(PO4)3F FA

276
Annexe 1
Les réactions des ions P
à l’interface phase solide du sol / solution

Deux processus chimiques sont responsables du passage des ions P de la solution vers
la phase solide. Il s’agit de l’adsorption (Parfitt, 1978 ; Barrow, 1985) et de la
précipitation (Lindsay, 1979). En réalité, la rétention non biologique du P sur les
particules de sol doit être considérée comme un continuum entre les réactions de surfaces
(adsorption) et de précipitation (Frossard et al., 1995). Les ions P chargés négativement
s’adsorbent sur les oxydes de fer (type goethite) et d’aluminium (type gibbsite) chargés
positivement (Parfitt et al., 1975 ; Martin et al., 1988). Du fait de leur grande surface
spécifique (Mc Laughlin et al., 1981), ces composés contrôlent en grande partie la
rétention du P dans les sols neutres à acides en climat tempéré (Torrent, 1997). Ils sont
également fortement impliqués dans la rétention du P dans les sols calcaires (Ryan et al.,
1984 ; Ruiz et al., 1997 ; Samadi et Gilkes, 1998 ; Bertrand, 1998). L’adsorption peut être
suivie d’une précipitation de phosphates métalliques (Van Riemsdijk et al., 1975 ; Ibrahim
et Pratt, 1982). La présence de phosphates liés au calcium (tableau 1A) est prédominante
dans les sols carbonatés. A de faibles concentrations en P les ions P s’adsorbent
rapidement sur la calcite. Pour de plus fortes concentrations en ions P, il y a formation de
groupements phosphatés, à partir desquels vont croîtrent des phosphates de calcium
(Griffin et Jurinak, 1973 ; Freeman et Rowell, 1981 ; Salingar et Kochva, 1994) de moins
en moins solubles précurseurs de l’hydroxyapatite (tableau 1). Les ions P peuvent
également s’associer aux argiles (au sens minéralogique) d’autant que celles-ci offrent une
grande surface spécifique (Muljadi et al., 1966 ; Kuo et Lotse, 1972) et à la matière
organique, soit de manière non spécifique soit par des complexes organométalliques de
type acides fulviques – Al ou Fe – P (Haynes, 1984 ; Gerke et Hermann, 1992).
Le P organique peut être réparti en 3 fractions selon leur sensibilité à la minéralisation :
labile, associé à la phase solide et enfin constitutif des micro-organismes. Même si le P
associé aux micro-organismes ne représente que de 3 à 24% du P organique des sols
cultivés des régions tempérés (Brookes et al., 1984), les micro-organismes jouent un rôle
central dans son turnover (Dalal, 1977 ; Stewart et Tiessen, 1987 ; Gressel et McColl,
1997), puisqu’ils sont responsables d’une part de l’immobilisation des ions P sous forme
de P organique et d’autre part de la minéralisation du P organique qui restitue des ions P à
la solution. La minéralisation du P est catalysée par des phosphatases acides ou alkalines
excrétées par les micro-organismes et les racines (Eivazi et Tabatabai, 1977 ; Harrisson,
1987). La fraction labile constituée de petites molécules est rapidement minéralisée. Le P
organique de la phase solide est plus lentement minéralisé (Brannon et Sommers, 1985).
Les groupement orthophosphate chargés négativement situés à l’extérieur des molécules
organiques peuvent s’adsorber sur les oxydes de fer et d’aluminium ce qui les protège de
la minéralisation (Ognalaga et al., 1994).

277
278
Annexe 2
Fiches de renseignements sur
les traitements des eaux et des boues
Dénomination de la boue Origine (ville) Coordonnées (nom, adresse,
téléphone, fax)

Effluent
Nature de l’effluent : domestique, industriel, mixte, autres (part approximativeen %)
Nature du réseau (unitaire, séparatif, mixte)

Eau brute (EB) Concentration (en DBO et en mg/litre de MES)

Avez-vous des analyses de phosphore (P total, P soluble, P organique en mg/litre) ?

Avez-vous des analyses de pH et de concentrations en calcium (mg/litre) ?

Eau traitée Concentration (en DBO et en mg/litre de MES)

Avez-vous des analyses de phosphore (P total, P soluble, P organique en mg/litre) ?

Avez-vous des analyses de pH et de concentrations en calcium (mg/litre) ?

Traitement des eaux


Physico-chimique Description détaillée des techniques, succession des étapes de traitement

Réactifs employés

3
Doses employées (% du volume d’eau brute ou en kg de sel/m d’EB)

Biologique Description détaillée des techniques, succession des étapes de traitement.

Intensité du traitement (charge massique : faible, moyenne ou forte ?)

Temps de séjour moyen des boues dans le système de traitement des eaux

Avez-vous des analyses d’auto-surveillance sur l’eau concernant le pH, le phosphore,


et le calcium ?

Dans tous les cas Peut-on faire des prélèvements de boue à tous les niveaux ?
Sinon où est-ce possible ?

279
Annexe 2
Fiches de renseignements sur
les traitements des eaux et des boues

Traitement des eaux : déphosphatation


Déphosphatation Nombre de points d’injection des réactifs et localisation (tête ou sortie de bassin
physico-chimique d’aération).
Mode d’asservissement du dosage du réactif

Réactifs employés

3
Taux de traitement (en % du volume d’EB ou en kg/m d’EB)

Déphosphatation Description détaillée des techniques, succession des étapes, nombre de cycles
biologique aérobiose / anaérobiose, etc...

Déphosphatation Description détaillée des techniques, succession des étapes, nombre de cycles
mixte (biologique et aérobiose / anaérobiose, positionnement des étapes de précipitation, nature et doses
des des réactifs employés, mode et débit d’asservissement du dosage du réactif
chimique) etc...

Dans les deux Age des boues.Temps de séjour en anaérobiose. Rendement du traitement.
derniers cas

Dans tous les cas Avez-vous des analyses d’auto-surveillance sur l’eau concernant le pH, le phosphore,
le calcium, le fer et l’aluminium?

Peut-on faire des prélèvements de boue à tous les niveaux ?


Sinon où est-ce possible ?

280
Annexe 2
Fiches de renseignements sur
les traitements des eaux et des boues

Dénomination de la boue Origine (ville) Coordonnées (nom, adresse,


téléphone, fax)

Traitement des boues


3
Filière globale Quantité de boue (en fin de filière) produite par an en tonne ou en m de MS (préciser)

Devenir des boues

Description détaillée de la filière de traitement des boues (techniques utilisées,


chronologie, remarques générales). Description plus détaillée possible aux pages 4 et 5.
Ex : à partir de l’épaississement et jusqu’au stockage : 1. Epaississement statique,
2. Stabilisation anaérobie, 3. Déshydratation par centrifugation, 4. Traitement
complémentaire : chaulage.

Temps moyen passé à chaque étape de traitement . Ex : description et gestion de


l’épaississeur (mode d’alimentation, âge des boues ou temps de séjour dans
l’épaississeur)

Peut-on faire des prélèvements de boue à tous les niveaux ?


Sinon où est-ce possible ?

281
Annexe 2
Fiches de renseignements sur
les traitements des eaux et des boues

Détails des traitements (important)


Stabilisation Temps de séjour dans les cuves de stabilisation aérobie ou les digesteurs avant passage
biologique à l’étape suivante

Avez-vous des analyses de phosphore (P total, P soluble, P organique en mg/litre) ?

Conditionnement Formule des composés employés (sels de Ratio des composés employés (%en masse
chimique Ca, Fe, Al, polymères organo-cationiques, sur MS ou sur boue brute)
autres)

Réduction de la Techniques décrites avec précision (techniques d’épaississement, de déshydratation, de


teneur en eau séchage thermique, etc...)

Etat de la boue en fin de filière (liquide, pâteuse, solide)


Siccité finale (% d’eau en masse sur boue brute)

Plus précisément, pourriez-vous nous donner la siccité (% d’eau en masse sur boue
brute) de la boue avant et après chaque étape visant à réduire la teneur en eau ?

Taux de chaulage dans le cas d’une déshydratation par filtre-presse

282
Annexe 2
Fiches de renseignements sur
les traitements des eaux et des boues

Détails des traitements suite (important)


Chaulage Nature des composés (chaux éteinte ou Quantité de chaux / tonne de MS
vive, ou cendres).

Matériel employé pour le dosage de la chaux (visse ou balance)


Type de malaxeur employé

Faites-vous des tests d’activité biologique sur les boues avant et après chaulage (tests sur
le pouvoir hygiénisant du traitement) ?

Compostage Nature des composés incorporés (sciures, Ratio des composés incorporés (en volume
déchets domestiques, etc...) ou en tonne/tonne de MS ou de boue brute)

De quelles analyses disposez-vous sur les composés incorporés (concernant les


éléments majeurs N et P) ? Disposez-vous d’analyses concernant la boue avant
compostage ? Est-il possible de prélever la boue avant compostage ?

Description des étapes de compostage (chronologie, âge des andains)

Stockage des boues


De quels moyens disposez-vous pour stocker les boues ?

Disposez-vous souvent de lots de boues stockés d’âges très différents (semaine, mois) ?
Pouvez-vous nous donner l’âge moyen des boues stockées ?

283
Annexe 3 :
description détaillée des boues étudiées

Origine Nature des Traitements détaillés Abréviation Siccité


eaux usées
Aime La Plagne Dom. 95% Boue physico-chimique floculée à FeCl3, PhfeEegDcC solide
épaissie par égouttage, déshydratée par fbsc
centrifugation et compostée avec du fumier
de bovin (14%) et de la sciure (51%)
Aix en Provence Dom. Boue de décantation primaire épaissie par IBEstSdDcfe 20% :
gravité et boue biologique activée moyenne pâteuse
charge épaissie par égouttage, puis mélange
des deux boues qui sont stabilisées par
digestion, conditionnées à FeCl3 et
déshydratées par centrifugation
Annet Dom. Boue biologique activée faible charge BEeg 4% :
Mixte épaissie par égouttage liquide
Antibes Dom. Boue de décantation primaire floculée par IfeBcarbEca 32% :
FeCl3 et boue biologique biocarbone, Dcca solide
mélangées, conditionnées par Ca(OH)2,
épaissies, déshydratées par centrifugation et
chaulées (20% Ca(OH)2)
Ardennes Boues de déphosphatation mixte floculée par DPmfeEstDf
FeCl3, épaissie par gravité, conditionnée par bfeca
FeCl3 et Ca(OH)2 et déshydratée sur filtre à
bandes
Auvers sur Oise 90% Dom. Boue biologique activée d’aération BEstDfb 15% :
10% Ind. prolongée, épaissie par gravité et pâteuse
déshydratée sur filtre à bandes
Biganos 97 Dom. Boue physico-chimiques floculée par FeSO4 PhfecaEstDf 25 :
Sép. 7H2O et de la chaux éteinte (Ca(OH)2, 15% b pâteuse
de la MS), épaissie par gravité puis
déshydratée sur filtre à bandes
Biganos 98
Blois épaissie Dom. Boue de déphosphatation biologique faible DPEfl 4% :
Unitaire charge recevant les boues d’une usine d’eau liquide
potable chargée en aluminium, épaissie par
flottation
Blois Idem mais en plus déshydratée par DPEflDc 14% :
déshydratée centrifugation pâteuse
Blois chaulée Idem mais en plus chaulée (27% CaO) DPEflDcca 21% :
pâteuse
Blois compostée Boue de déphosphatation biologique DPEflDcC solide
recevant les boues d’une usine d’eau potable
chargée en aluminium, épaissie par flottation,
déshydratée par centrifugation et compostée
puis laissée en tas environ 1 an

284
Origine Nature des Traitements détaillés Abréviation Siccité
eaux usées
Bordeaux Clos Dom. Boue de décantation primaire floculée par IfeBfilEstSdDc 24% :
de Hilde année Ind. FeCl3 et boue biologique par biofiltres, pâteuse
97 Mixte mélangées, épaissies par gravité, stabilisées
par digestion et déshydratées par
centrifugation
Bordeaux Clos Idem
de Hilde année
98
Cergy Dom. 80% Boue de décantation primaire et boue de IBstyrfeEstSd 25% :
Ind. 20% dénitrification biologique par biostyr, Dc pâteuse
Séparatif coagulée par FeCl3, mélangées, épaissies
par gravité, digérées à 35°C, digérées sans
chauffage et déshydratées par centrifugation
Cestas 97 Dom. Boue biologique activée d’aération BEstDfb liquide
Cestas 98 Séparatif prolongée, épaissie par gravitée et
déshydratée par filtre à bandes
Chartres Dom. mixte Boue de décantation primaire épaissie par IDPmfeEstflSa 18 :
déshydratée gravité et stabilisée par digestion et boue SdDc pâteuse
faible charge de déphosphatation mixte par
ajout de FeCl3, épaissie par flottation et
stabilisée par aération prolongée. Les deux
boues sont ensuite mélangées et
déshydratées par centrifugation
Chartres Idem mais en plus compostée 40 jours (1 IDPmfeEstflSa
compostée 40j retournement par semaine) avec de la paille SdDcCpsc
(27%) et des copeaux de bois (32%)
Chartres Idem mais en plus laissée en bout de IDPmfeEstflSa
compostée 160j champs pendant 120 jours SdDcCpsc
Douai Dom. 50% Boue biologique activée faible charge, BEstDcca 25% :
Ind 50% épaissie par gravité, déshydratée par pâteuse
(agoalim.) centrifugation et chaulée (33% CaO)
Unitaire à 80%
Grand Couronne Dom. mixte Boue faible charge de déphosphatation et de DPEeg 6 à 7% :
(76) épaissie dénitrification biologique, épaissie par liquide
égouttage
Grand Couronne Idem mais en plus déshydratée sur filtre à DPEegDfb 15 à
(76) bandes 17% :
déshydratée pâteuse
Grand Couronne Idem mais en plus chaulée (80% CaO) DPEegDfbca 25% :
(76) chaulée pâteuse
Gratentour Dom. Séparatif Boue de dénitrification biologique par biofiltre BfilSaE liquide
B2A et stabilisée en aération prolongée (1 à
3 mois) et épaissie

285
Origine Nature des Traitements détaillés Abréviation Siccité
eaux usées
Lagny épaissie Dom. 30% Boue de décantation primaire floculée par IfeBcarbEfl 6% :
Ind. 70% FeCl3 (très peu), épaissie par gravité et boue liquide
(blanchisserie, de dénitrification biologique par filtre
imprimerie, biocarbone, épaissie par flottation,
usinage et mélangées
Lagny agoalim.) Idem mais en plus déshydratées par IfeBcarbEflDc 26% :
déshydratée Séparatif centrifugation pâteuse
Lagny chaulée 1 Idem mais en plus chaulées (25% CaO) IfeBcarbEflDcc 34% :
Lagny chaulée 2 a solide
La Roche sur Dom. 70% Boue de déphosphatation biologique faible DPmfeEfl 3% :
Yon épaissie séparatif charge recevant les boues traitées au FeCl3 liquide
Ind. 30% d’une usine d’eau potable, épaissie par
(abattoir) flottation
La Roche sur Idem mais en plus déshydratée par DPmfeEflDc 18% :
Yon centrifugation pâteuse
déshydratée
La Roche sur Idem mais en plus chaulée (45% de CaO) DPmfeEflDcca 28% :
Yon chaulée pâteuse
Le Beausset Dom. Boue de déphosphatation biologique faible DPEegDfb 14% :
déshydratée charge, épaissie par égouttage, déshydratée pâteuse
sur filtre à bandes
Le Beausset Idem mais en plus chaulée (130% Ca(OH)2) DPEegDfbca 25% :
chaulée pâteuse
Maisoncelles Dom. Séparatif Boue de lagunage Lag 4% :
liquide
Nantes Dom. 80% Boue biologique activée faible charge, BEDfbCdv solide
compostée 97 Ind. 20% épaissie, déshydratée sur filtre à bandes et
(agroalim.) compostée avec des déchets verts
Nantes Séparatif Boue biologique activée faible charge, BEDc 19% :
déshydratée 98 épaissie, déshydratée par centrifugation pâteuse
Nantes Idem mais en plus compostée avec des BEDcCdv0 solide
compostée 98 déchets verts pendant 0 jour
Nantes Idem mais en plus compostée pendant 17 BEDcCdv17 solide
compostée 98 jours
Nantes Idem mais en plus compostée pendant 59 BEDcCdv59 solide
compostée 98 jours
Nantes Idem mais en plus compostée pendant 95 BEDcCdv95 solide
compostée 98 jours
Nantes Idem mais en plus compostée pendant 110 BEDcCdv110 solide
compostée 98 jours
Nantes Idem mais en plus compostée pendant 115 BEDcCdv115 solide
compostée 98 1 jours
Nantes
compostée 98 2

286
Origine Nature des Traitements détaillés Abréviation Siccité
eaux usées
Narbonne Dom. 70% Ind. Boue biologique activée moyenne charge, BEcaDc 22 :
30% épaissie puis conditionnée par Ca(OH)2 et pâteuse
déshydratée par centrifugation
Perpignan Dom. Boue de décantation primaire floculée par IfeBcarbEstca 26% :
Unitaire FeCl3 et boue biologique biocarbone, SdDfb pâteuse
mélangées, conditionnées par Ca(OH)2,
épaissies, stabilisées par digestion (primaire
et secondaire) et déshydratées sur filtre à
bandes.
Port Vendres Dom. Unitaire Boue physico-chimique floculée par AlCl3, PhalEstDc 22% :
épaissie par gravité et déshydratée par pâteuse
centrifugation
Reims Boue de décantation primaire et boue IBEstDfbca 33% :
biologique, mélangées, chaulées, épaissies solide
par gravité, déshydratées sur filtre à bandes
et chaulées (27% CaO)
Rennes Dom. Boue biologique activée faible charge feBEegDcS solide
Ind. floculée par FeCl3, épaissie par égouttage,
Mixte déshydratée par centrifugation, séchée par
séchage thermique et compactées en
granulés
Saint Brieuc Boue de décantation primaire épaissie par IBfeEstSdDc 20%
déshydratée gravité et boue activée moyenne charge pâteuse
floculée par FeClSO4, épaissie par
centrifugation, mélangées, digérées (primaire
et secondaire), déshydratées par
centrifugation
Saint Brieuc Idem mais en plus séchées thermiquement IBfeEstSdDcS Plus de
séchée 90%
solide
Saint Céré Boue biologique activée compostée 0 jours BC0
compostée 0j
Saint Céré Boue compostée 15 jours BC15
compostée 15j
Saint Céré Boue compostée 60 jours BC60
compostée 60j
Saint Céré Boue compostée 90 jours BC90
compostée 90j

287
Origine Nature des Traitements détaillés Abréviation Siccité
eaux usées
Saint Cyprien Dom. Boue de dénitrification et de déphosphatation DPmfeEDfbCp
Unitaire mixte par ajout de FeCl3 déshydratée par b
filtre à bandes puis compostée pendant 3
mois (35%) avec des refus de criblage
constitué de plaquettes de bois et d’écorces
de pin et de feuillus (45%), des plaquettes de
bois neuves (20%) ; le compost est ensuite
criblé (50% de refus) et la partie criblée est
laissée en maturation pendant 1 mois.
Saint Jean Dom. Séparatif Boue de décantation primaire et boue de IBstyrEstDfb 13% :
d’Illac dénitrification biologique par biostyr, pâteuse
mélangées, épaissies par gravité et
déshydratées sur filtre à bandes
Sanary-Bandol Dom. Séparatif Boue de décantation primaire floculée par IfeBcarbEstDf 35% :
FeClSO4 et boue biologique biocarbone, bcen solide
mélangées, épaissies par gravité,
déshydratées sur filtre à bandes et
additionnées de cendres basiques de
Gardanne (11%)
Seine Aval Dom. 80% Boue de décantation primaire et boue IBEfl 5% :
épaissie Ind. 20% biologique activées moyenne et forte charge liquide
Unitaire épaissie par flottation, mélangées
Seine Aval Idem mais en plus digérées à 34°C, digérées IBEflSd 3% :
digérée en complément à 32°C, stockées en liquide
anaérobiose pendant 20 jours
Seine Aval Idem mais en plus conditionnées IBEflSdT
Portéus thermiquement (45 min à 195°C sous 20 bars
de pression)
Seine Aval Idem mais en plus déshydratées sur filtre IBEflSdTDfp 55% :
déshydratée 1 presse solide
Seine Aval
déshydratée 2
Soissons Dom. 80% Boue biologique activée forte charge, BEDcca 22% :
chaulée Ind. 20% épaissie, déshydratée par centrifugation et pâteuse
(laiterie) Mixte chaulée (36% CaO)
Soissons Boue biologique, épaissie, déshydratée sur BEDfbCsc solide
compostée filtre à bandes et compostée avec de la
sciure (80%)
Toulon Dom. Boue physico-chimique floculée par FeClSO4 PhfecaEstcaDf 30% :
Séparatif et Ca(OH)2, conditionnée à Ca(OH)2 (4%), b pâteuse
épaissie par gravité et déshydratée sur filtre
à bandes

288
Origine Nature des Traitements détaillés Abréviation Siccité
eaux usées
Toulouse Dom. Séparatif Boue de décantation primaire épaissie par IBEflDcca 35% :
gravité et boue biologique activée moyenne solides
charge épaissie par flottation, mélangées,
déshydratées par centrifugation et chaulées
(30% CaO)
Trilbardou Dom. Séparatif Boue de lagunage Lag 4% :
liquide
Trois Frontières Dom. Séparatif Boues de décantation primaire et boue IBEstDcca 34% :
biologique activée moyenne charge, solide
mélangées, épaissies, déshydratées par
centrifugation et chaulées (35% CaO)
Valenton Dom. Boues de décantation primaire et boue de IBSd 3% :
digérée 1 Et autre dénitrification biologique faible charge, liquide
Mixte mélangées, digérées à 37°C
Valenton Idem mais en plus digérées sans chauffage IBSd 3% :
digérée 2 liquide
Valenton Idem mais en plus épaissies IBSdEst 4% :
épaissie liquide
Valenton Idem mais en plus conditionnées par FeCl3, IBSdEstDfpfe 30% :
déshydratée déshydratées sur filtre presse pâteuse
Valenton Idem mais en plus chaulées (20% CaO) IBSdEstDfpfec 35% :
chaulée 1 a solide
Valenton
chaulée 2
Var Dom. 80% Mélange de boue biologique d’aération BESdCdvpb solide
Ind. 20% prolongée (10 %) et de boue biologique
(agroalim. activée stabilisée par digestion (20 %),
Distillerie, cave composté (3 mois de compostage en
coop.) aération forcée et 1 mois de maturation) avec
des déchets verts (33%) et des plaquettes de
bois (33%)
Versailles Dom. Mixte Boue de décantation primaire épaissie par IBEstEflSdca 27% :
gravité et boue biologique d’aération pâteuse
prolongée épaissie par flottation, mélangées,
stabilisées par digestion, déshydratées par
centrifugation et chaulées (30% CaO)
Vinon sur Dom. Boue biologique activée moyenne charge Blit 35 à
Verdon séchée sur lit de séchage 50% :
solide

289
Origine Nature des Traitements détaillés Abréviation Siccité
eaux usées
Vitré épaissie Ind. 85% Boues de déphosphatation biologique faible DPmohEst 3% :
Dom. 15% charge recevant des boues hydroxydes d’une liquide
usine d’eau potable, épaissie par gravité
Vitré Idem mais en plus déshydratée sur filtre à DPmohEstDfb 13% :
déshydratée bandes pâteuse
Vitré chaulée Idem mais en plus chaulée (40 à 50% de DPmohEstDfb 20 à
CaO) ca 25% :
pâteuse

Signification des abréviations :

Eaux usées
Dom. : domestiques
Ind. : industrielles

Traitements des eaux


Ph : physico-chimique
I : décantation primaire
B : biologique (sous entendu activée) ; Bstyr : biologique fixée par le procédé
Biostyr ; Bcarb : biologique fixée sur filtre biocarbone ; Bfil biologique fixée sur
biofiltre.
DP : déphosphatation (sous entendu biologique)
DPm : déphosphatation mixte
Lag : lagunage
fe, ca, al : floculation par ajout de sels de fer, aluminium, calcium
oh : eaux de potabilisation chargées en hydroxydes

Traitements des boues


E : épaississement ; st : statique (gravitée) ; eg : égouttage ; fl : flottation.
Sd : stabilisation par digestion (anaérobie).
D : déshydratation ; fb : par filtre à bandes ; c : par centrifugation ; fp : par filtre
presse
C : compostage ; dv : avec des déchets verts ; sc : avec de la sciure ; p : avec de
la paille ; cen : avec des cendres ; pb : avec des plaquettes de bois.
T : conditionnement thermique
S : séchée thermiquement
lit : séchée sur lit de séchage
fe : conditionnement aux sels de fer
ca : chaulage

290
Annexe 4
Fiche de prélèvement des boues
Dénomination de la boue Date de Coordonnées du préleveur
prélèvement

Préconisations d’échantillonnage Description du protocole effectué


Quand Juste avant transfert pour épandage Age du stock au moment du prélèvement (mois,
(Se référer au temps de stockage moyen semaines) ou âges du stock le plus ancien et le plus
de l’année précédente si hors période récent
d’épandage)

Où Sur l’unité de stockage Mode de stockage Volume stocké entre les


périodes d’épandage

Comment Effectuer plusieurs prélèvements


élémentaires (PE) pris uniformément dans
l’ensemble du volume stocké
Avec Brasser les boues pendant 30 à 120 Temps de brassage Système de brassage
système minutes avant PE
de
brassage
Effectuer un maximum de 15 à 20 PE de 2 Description (nombre PE, localisation dans l’unité de
litres en différents points et différentes stockage)
profondeurs

Sans Effectuer un maximum de 15 à 20 PE de 2 Description (nombre PE, localisation dans l’unité de


système litres en différents points et différentes stockage)
de profondeurs
brassage

Dans tous Utiliser une sonde de même nature que Matériel de prélèvement employé
les cas celle utilisée par l’institut d’élevage d’Arras
ou des bouteilles lestées ou des seaux

Regrouper les PE dans un grand contener Remarques


(poubelle par exemple)

Homogénéiser (bâton, spatule) Remarques

Prélever rapidement x litres pour le Remarques


laboratoire (équivalent à 500 g de MS)

Condition Flacon en polyéthylène à large ouverture, Remarques


nement à remplir aux ¾
Etiqueter (marqueur indélébile) Remarques
dénomination de la boue, lieux, date de
prélèvement et d’envoi
Conserva Essayer d’envoyer dès que possible. Si Remarques

291
Annexe 5

Détermination du phosphore organique d’une boue


(adapté de M.H. SAUNDERS et E.G. WILLIAMS, 1955)

Principe
Oxydation du P organique par calcination. Le P organique est considéré comme étant la différence de
P extrait par un acide avant et après calcination. On fait l’hypothèse que tout le P organique est oxydé
lors de la calcination et que celle-ci ne modifie pas la solubilité du P inorganique.

BOUE

Calcination

Cendres
(P organique oxydé)

Extraction acide Extraction acide

I PO4 en solution II PO4 en solution

P organique = I - II

Matériel
Boue séchée à 50°C et broyée à 1 mm
Four
Creuset en silice (1 par répétition)
H2SO4 0.2 N (100 ml par répétition) et H2SO4 1N (pour neutralisation chaux)
Flacon de 100 ml (1 par répétition)
ieme
Balance de précision (10 de mg)

Protocole

• Peser 1 g de boue dans un creuset en silice * (en 3 répétitions).


• Mettre au four 1 heure à 550°C pendant 4 heures.
• Transférer les cendres dans un flacon en polyéthylène de 100 en prenant soin de bien rincer le
creuset avec 5 ml d’ H2SO4 0.2 N. Ajouter x ml d’H2SO4 1N pour neutraliser la chaux sur boues
chaulées, bien noter le volume.
• Complèter le volume à 100 ml avec H2SO4 0.2 N par pesée.
• De la même façon, en parallèle, mettre en suspension un gramme de boue non calciné * (en 3
répétitions).
• Agiter par retournement pendant 16 heures.
• Filtrer un aliquot à 0.2 µm.
• Diluer le filtrat dans de l’eau désionisée pour abaisser sa concentration en P dans la gamme
établie au vert malachite (entre 0.1 et 2.5 µg de P/ml). Une dilution d’un facteur 200 pour une boue
à 2 % de P. Réaliser un blanc en diluant H2SO4 0.2 N seul du même facteur.
• Doser les ions orthophosphates en solution par la méthode du vert malachite.

* on aura mesurer simultanément l’humidité résiduelle à 103°C.

292
Annexe 6 : analyses générales des boues
% mg/
g/kg g/kg g/kg g/kg Teneur en élément totaux en g/kg de MS Teneur en éléments totaux en mg/kg de MS
MS kg
pH C N N
Origine Abréviation Sic MO CaCO3 C/N N TK Mg Ca Fe Al K Na Mn Cu Zn Cr Ni Pb Cd Hg
eau org. NO3 NH4
Aime La Plagne PhfeEegDcCfbsc 34 53 7.3 59 20.2 309 15.3 4.5 44 58.5 8.4
Aix en Provence IBEstSdDcfe 24 58 7.2 40 6.4 336 52.4 4.6 59 11.6 16.1
Annet BEeg 5 57 8.6 38 5.6 333 59.7 3 7.1 4.2 42 4.2 17.2 4.3 1.9 130 616 695 51 38 99 1.6 1.4
Antibes IfeBcarbEcaDcca 33 56 10.0 84 14.4 323 22.4 6.8 143 30.3 6.0
Ardennes DPmfeEstDfbfeca ? 33 7.1 163 8.7 190 21.9 4.4 3.6 175 53.8 12.6 0.8 389 211 740 55 31 106 1.4 2.5
Auvers sur Oise BEstDfb 13 64 6.4 35 5.9 369 62.3 3.7 39 3.2 11.6 4.6 465
Biganos 97 PhfecaEstDfb 25 56 7.8 15.8 324 20.5 2 1.0 3.1 132 38.4 5.8 0.9 1.1 231 94 296 17 17 27 0.9 1.5
Biganos 98 24 51 7.7 253 14.7 295 20.1 0.90 3.3 144 39.2 6.0 1.2 1.1 226 89 306 18 17 26 0.9 1.1
Blois épaissie DPEfl 4
Blois déshydratée DPEflDc 19
Blois chaulée DPEflDcca 28 41 12.7 107 5.9 239 40.4 4 0.41 4.7 178 5.1 15.8 6.6 1.4 170 150 313 54 25 49 1.3 1.2
Blois compostée DPEflDcC 32 62 6.6 15 13.1 358 27.3 2.9 26 5.7 16.5
Bordeaux IfeBfilEstSdDc 28 45 7.3 9.5 259 27.0 2 2.6 8.9 73 32.1 28.5 4.6 1.7 437 367 913 92 47 121 3.3 3.7
Bordeaux IfeBfilEstSdDc 25 44 7.6 64 9.0 258 28.5 2.8 6.7 71 32.8 25.6 4.1 1.4 400 394 1138 80 39 134 3.6 3.6
Cergy IBstyrEstSdDc 28 53 8.7 65 8.5 306 35.8 5 3.6 3.4 65 35.6 17.3 1.2 1.4 150 494 920 82 41 110 4.3 4.5
Cestas 97 BEstDfb 11 69 6.3 5.4 401 74.0 3 13.2 7.1 25 3.2 11.5 8.4 1.8 88 223 392 29 29 35 1.5 1.8
Cestas 98 BEstDfb 10 64 6.6 19 4.5 369 74.4 11.2 6.5 24 3.5 11.6 9.2 1.8 93 211 392 25 21 31 1.4 1.4
Chartres
IDPmfeEstflSaSdDc 17
déshydratée
Chartres
IDPmfeEstflSaSdDcCpsc 43 61 6.7 6 15.3 355 23.1 2.4 28 28.4 6.3
compostée 40j
Chartres
IDPmfeEstflSaSdDcCpsc 31 53 6.8 13 12.4 307 24.7 3.2 53 30.6 13.0
compostée 160j
Douai BEstDcca 28 34 12.5 19 5.7 195 34.4 3.2 250 4.7 6.2
Grand Couronne
DPEeg 7
épaissie
Grand Couronne
DPEegDfb 15
déshydratée
Grand Couronne
DPEegDfbca 28 33 12.7 168 6.6 191 29.2 2.7 247 3.1 7.7
chaulée
Gratentour Bfa2SaE 3 61 6.3 18 6.7 357 53.5 5.1 39 5.5 22.6

293
Annexe 6 : analyses générales des boues
% mg/
g/kg g/kg g/kg g/kg Teneur en élément totaux en g/kg de MS Teneur en éléments totaux en mg/kg de MS
MS kg
pH C N N
Origine Abréviation Sic MO CaCO3 C/N N TK Mg Ca Fe Al K Na Mn Cu Zn Cr Ni Pb Cd Hg
eau org. NO3 NH4
Lagny épaissie IfeBcarbEfl 6
Lagny déshydratée IfeBcarbEflDc 29
Lagny chaulée IfeBcarbEflDcca 39 51 12.6 142 12.0 295 24.6 41 0.62 1.8 128 10.8 7.2 1.1 0.6 159 240 291 32 20 41 1.1 2.2
La Roche Sur Yon
feBEfl 3
épaissie
La Roche Sur Yon
feBEflDc 18
déshydratée
La Roche Sur Yon
feBEflDcca 30 35 12.4 193 6.9 205 29.7 2.3 192 32.8 8.6
chaulée
Le Beausset
DPEegDfb 13 58 6.6 34 5.3 334 62.9 2 3.9 4.8 38 19.5 10.4 7.8 1.7 104 387 381 44 26 52 1.5 2.3
déshydratée
Le beausset
DPEegDfbca 27 26 12.7 108 5.9 153 26.0 4 0.33 3.8 331 7.5 4.3 3.6 0.7 43 151 154 15 8 19 0.6 0.7
chaulée
Maisoncelle Lag 10 17 7.2 46 7.0 96 13.8 3.9 33 26.8 35.5
Nantes compostée
BEDfbCdv 75 48 7.9 18 9.2 277 30.1 59 1.8 4.4 27 7.5 20.0 14.3 4.9 421 407 276 65 30 60 1.7 1.1
97
Nantes
BEDc 21
déshydratée 98
Nantes compostée
BEDcCdv0 ? 56 5.6 2 16.6 327 19.7 7 1.6 3.0 21 7.8 15.8
0j 98
Nantes compostée
BEDcCdv17 ? 56 5.9 12 17.2 326 19.0 6 1.8 3.1 22 8.5 16.3
17j 98
Nantes compostée
BEDcCdv59 ? 54 6.2 6 13.8 315 22.8 52 1.2 3.8 27 11.4 19.2
59j 98
Nantes compostée
BEDcCdv95 ? 48 6.4 9 11.5 276 24.1 115 1.0 4.0 27 11.6 20.2
95j 98
Nantes compostée
BEDcCdv110 ? 51 7.0 9 11.9 297 24.9 49 1.7 4.1 28 9.8 18.7
110j 98
Nantes compostée
BEDcCdv115 ? 49 7.1 9 10.9 282 25.8 23 1.3 4.3 30 12.0 21.2
115j 98 1
Nantes compostée
? 47 8.5 10 9.6 273 28.3 2.4 4.7 35 11.4 24.0 17.5 5.1 491 154 383 72 37 85 2.9 1.1
98 2
Narbonne BEcaDc 23 71 6.2 85 11.5 412 35.9 2.2 79 3.0 8.8
Perpignan IfeBcarbEstcaSdDfb 24 41 7.9 166 8.2 236 28.9 4.5 134 50.0 13.9

294
Annexe 6 : analyses générales des boues
% mg/
g/kg g/kg g/kg g/kg Teneur en élément totaux en g/kg de MS Teneur en éléments totaux en mg/kg de MS
MS kg
pH C N N
Origine Abréviation Sic MO CaCO3 C/N N TK Mg Ca Fe Al K Na Mn Cu Zn Cr Ni Pb Cd Hg
eau org. NO3 NH4
Port Vendres PhalEstDc 25 63 7.0 7 13.1 365 28.0 1.2 9 2.0 91.6
Reims IBEstDfbca 33 46 9.0 315 16.0 268 16.7 2.2 182 3.2 8.3
Rennes feBEegDcS ? 48 6.1 5 5.8 281 48.7 6.7 20 44.6 13.7
Saint Brieuc
IBfeEstSdDc 32
déshydratée
Saint Brieuc
IBfeEstSdDcS 94 49 6.5 16 7.3 285 39.2 6.2 32 74.7 17.6
séchée
Saint Céré
? 68 6.6 16 27.8 395 14.2 1 0.76 2.1 31 3.4 6.1
compostée 0j
Saint Céré
? 59 6.6 124 34.4 344 10.0 2 0.40 4.8 67 2.8 5.2
compostée 15j
Saint Céré
? 65 6.6 11 38.2 379 9.9 0.03 1.9 32 2.9 5.2
compostée 60j
Saint Céré
? 58 6.2 66 28.3 339 12.0 0.04 3.4 50 4.5 7.7
compostée 90j
Saint Cyprien DPmfeEDfbCpb 43 49 4.6 3 10.8 282 26.0 4.9 19 74.5 10.8
Saint Jean d'Illac IBstyrEstDfb 12 61 6.4 10 5.5 357 65.1 4.7 28 9.6 14.1
Sanary Bandol IfeBcarbEstDfbcen 32 57 8.1 85 21.4 332 15.5 8.8 90 46.6 16.9
Seine aval
IBEfl 4 75 5.9 42 11.0 436 39.6 3.4 52 9.0 11.9
épaissie
Seine aval digérée IBEflSd 3 50 7.0 118 8.4 291 34.5 6.6 93 19.3 21.3
Seine aval Portéus IBEflSdT 12 44 6.5 169 15.1 257 17.0 8.1 121 23.4 28.1
Seine aval
IBEflSdTDfp 52 43 7.1 165 16.1 252 15.7 8.4 121 24.5 29.0
déshydratée 1
Seine aval
IBEflSdTDfp 57 37 7.4 217 16.5 214 13.0 0 1.9 6.9 109 11.5 29.6 1.4 1.5 297 731 2408 134 57 463 14.6 6.7
déshydratée 2
Soisson chaulée BEDcca 38 45 12.4 172 9.7 263 27.2 3.2 166 6.8 10.2
Soisson
BEDfbCsc 49 64 6.1 45 17.3 371 21.4 3.1 41 6.8 9.1
compostée
Toulon PhfecaEstcaDfb 30 64 7.7 124 17.8 371 20.9 5 3.8 2.7 93 66.2 10.7 0.8 1.1 297 214 446 25 13 60 5.7 1.6
Toulouse IBEflDcca 34 59 12.3 109 8.6 345 39.9 3.0 121 1.9 6.5

295
Annexe 6 : analyses générales des boues
% mg/
g/kg g/kg g/kg g/kg Teneur en élément totaux en g/kg de MS Teneur en éléments totaux en mg/kg de MS
MS kg
pH C N N
Origine Abréviation Sic MO CaCO3 C/N N TK Mg Ca Fe Al K Na Mn Cu Zn Cr Ni Pb Cd Hg
eau org. NO3 NH4
Trilbardou Lag 4 49 7.3 66 6.1 284 46.5 5.8 86 3.8 17.0
Trois Frontières IBEstDcca 32 46 12.4 179 12.3 268 21.8 3.0 165 5.4 12.9
Valenton digérée 1 IBSd 3
Valenton digérée 2 IBSd 3
Valenton épaissie IBSdEst 3
Valenton
IBSdEstDfpfe 30
déshydratée
Valenton chaulée 1 IBSdEstDfpfeca 34 43 10.8 151 8.7 250 28.6 3.3 127 14.2 18.7
Valenton chaulée 2 IBSdEstDfpfeca 37 35 12.6 190 8.6 202 23.5 17 0.21 2.6 107 11.7 14.8 1.1 1.0 275 337 584 80 37 253 3.2 2.3
Var BESdCdvpb 67 53 6.6 47 9.3 307 33.1 6.87 5.6 65 5.7 17.7 7.2 1.7 180 346 625 33 21 58 1.8 1.3
Versailles IBEstEflSdca 21 54 12.1 122 8.5 313 36.7 2.2 117 3.1 8.7
Vinon sur Verdon Blit 53 14 6.9 374 6.9 82 11.8 3.9 159 7.3 16.7
Vitré épaissie DPmohEst 4
Vitré déshydratée DPmohEstDfb 13
Vitré chaulée DPmohEstDfbca 21 36 12.5 145 6.0 210 34.7 3.3 191 4.3 23.9

296
Annexe 7 :
Dosage des ions P en solution au vert malachite

Deux réactifs sont nécessaires :


Réactif 1 :
- Diluer 168 ml H2SO4 concentré dans 700 ml d’eau distillée
- Dans cette solution acide (pH 6.3), après refroidissement, dissoudre 17.55 de
(NH4)6MoO244H2O
- Ajuster le volume à 1 litre avec de l’eau déminéralisée dans une fiole jaugée
Réactif 2 :
- Dissoudre à 80-90°C 3.5 g de PVA (alcool polyvinylique) dans 700 ml d’eau distillée
- Après refroidissement, ajouter 0.35 g de vert malachite (la dissolution prend un certain
temps)
- Compléter à 1 litre avec de l’eau distillée dans une fiole jaugée
- Filtrer la solution de vert malachite

• Une gamme étalon est réalisée à partir d’une solution à 1 µg de P par ml : prélever 0, 0.1, 0.2,
0.4, 0.8, 1.2, 1.6, 2 et 2.5 ml et compléter le volume à 5 ml avec de l’eau distillée

• La prise d’essai sur le filtrat dont la concentration est à déterminer est comprise entre 0.1 et 5
ml afin de se trouver dans la gamme, et le volume est ajusté à 5 ml avec de l’eau distillée.

• On introduit alors 1 ml de réactif 1 et on attend 10 minutes avant d’introduire 1 ml de réactif 2.


On agite au vortex et on attend 2 heures pour que la coloration se développe

• Les solutions sont ensuite passées au spectrophotomètre UV visible à 610 nm dans des micro
cuves de 10 mm de trajet optique.

Les valeurs de concentration en ions phosphate de la solution (Cp) sont calculées à partir de la
droite étalon obtenue par régression linéaire des valeurs de la gamme étalon.

297
Annexe 8 :
Analyses du P des boues
(données exprimées en % du P total)
gP
-1
kg % du P total % du P total
MS
P E1min - E1jour - E3mois E1an - E1 an et
Provenance Abréviation Po Pm POlsen PH2O m n
total PH2O E1min - E1jour E3 mois plus

Aime La Plagne PhfeEegDcCfbsc 15.32 3.1 96.9 2.73 0.588 0.760 0.333 0.28 7.13 19.82 10.06 62.1

Aix en Provence IBEstSdDcfe 27.32 12.3 87.7 4.95 11.0 0.882 0.113 0.23 10.21 9.24 3.23 66.1

Annet BEeg 23.39 41.6 58.4 6.59 15.1 0.703 0.067 0.59 6.15 4.24 1.36 72.5

Antibes IfeBcarbEcaDcca 14.62 14.1 85.9 4.63 0.036 0.059 0.428 0.57 11.29 33.15 12.29 42.7

Ardennes DPmfeEstDfbfeca 19.14 26.0 74.0 5.23 0.068 0.034 0.255 1.86 8.85 15.05 6.27 67.9

Auvers sur Oise BEstDfb 17.54 36.0 64.0 10.18 21.9 0.629 0.057 0.65 6.34 4.09 1.27 65.8

Biganos 97 PhfecaEstDfb 19.99 7.9 92.1 3.77 0.861 0.628 0.390 0.63 17.15 36.14 11.26 33.9

Biganos 98 PhfecaEstDfb 14.34 7.9 92.1 3.21 0.853 0.665 0.313 0.51 9.67 21.93 9.74 57.3

Blois épaissie DPEfl 29.07 25.0 75.0 21.17 31.3 0.587 0.063 -0.13 8.57 5.24 1.58 53.5

Blois déshydratée DPEflDc 27.89 25.0 75.0 19.33 38.2 0.467 0.038 0.94 5.06 3.02 0.91 51.9

Blois chaulée DPEflDcca 18.55 36.7 63.3 6.75 0.026 0.027 0.383 0.95 11.89 24.38 7.67 55.1

Blois compostée DPEflDcC 15.84 8.5 91.5 6.65 10.9 0.867 0.064 0.21 5.34 4.26 1.48 77.8

Bordeaux 97 IfeBfilEstSdDc 26.04 24.4 75.6 5.03 0.704 0.817 0.352 0.29 8.72 21.91 9.26 59.1

Bordeaux 98 IfeBfilEstSdDc 25.46 24.4 75.6 2.67 0.715 0.814 0.312 0.27 6.64 16.07 7.60 68.7

Cergy IBstyrEstSdDc 36.83 30.9 69.1 1.43 0.856 2.736 0.513 0.05 10.10 34.28 9.72 45.0

Cestas97 BEstDfb 30.91 13.1 86.9 22.68 44.8 0.448 0.022 1.71 3.46 2.10 0.65 47.3

Cestas98 BEstDfb 30.30 13.1 86.9 21.02 40.5 0.526 0.026 0.35 4.08 2.52 0.78 51.8

Chartres déshydratée IDPmfeEstflSaSdDc 40.63 10.4 89.6 2.36 4.38 1.168 0.180 0.06 7.59 11.13 4.58 72.3
IDPmfeEstflSaSdDcC
Chartres compostée 40j 20.21 3.2 96.8 3.59 4.29 1.053 0.113 0.04 4.13 4.84 1.92 84.8
psc

IDPmfeEstflSaSdDcC
Chartres compostée 160j 26.58 8.4 91.6 2.74 1.37 1.080 0.261 0.19 6.19 13.34 6.50 72.4
psc

Douai BEstDcca 10.17 22.4 77.6 7.29 0.022 0.022 0.364 0.98 11.13 25.74 9.73 52.4

Grand Couronne épaissie DPEeg 25.49 24.1 75.9 11.96 24.3 0.675 0.049 0.13 6.23 4.10 1.30 64.0

Grand Couronne
DPEegDfb 25.27 24.1 75.9 12.43 27.4 0.630 0.048 0.26 6.37 4.08 1.27 60.7
déshydratée

Grand Couronne chaulée DPEegDfbca 12.05 27.1 72.9 9.65 0.027 0.014 0.218 1.79 6.25 10.10 4.47 77.4

Gratentour Bfa2SaE 24.97 26.0 74.0 5.72 18.4 0.691 0.036 1.18 4.02 2.69 0.87 72.8

Lagny épaissie IfeBcarbEfl 20.25 16.3 83.7 4.20 10.9 0.768 0.084 1.27 7.69 6.23 2.14 71.8

Lagny déshydratée IfeBcarbEflDc 16.72 16.3 83.7 1.99 3.42 0.844 0.146 0.59 6.26 7.51 3.03 79.2

Lagny chaulée 2 IfeBcarbEflDcca 13.35 14.1 85.9 11.00 0.011 0.033 0.225 0.31 1.30 2.69 1.49 94.2

La Roche Sur Yon épaissie feBEfl 29.72 25.9 74.1 0.74 1.75 0.951 0.212 0.27 5.67 9.43 4.21 78.7

La Roche Sur Yon


feBEflDc 27.31 26.0 74.0 1.70 3.59 1.077 0.229 0.26 10.38 15.38 5.83 64.6
déshydratée

La Roche Sur Yon chaulée feBEflDcca 14.67 21.1 78.9 2.85 0.008 0.016 0.363 0.47 5.69 17.72 9.19 66.9

Le Beausset déshydratée DPEegDfb 32.30 24.2 75.8 10.00 18.6 0.770 0.048 -0.29 5.26 3.64 1.18 71.6

Le beausset chaulée DPEegDfbca 13.40 20.4 79.6 6.19 0.019 0.018 0.325 1.04 8.92 20.44 8.87 60.7

Maisoncelle Lag 10.21 14.8 85.2 5.68 2.51 0.867 0.197 0.51 7.60 11.26 4.78 73.3

298
Annexe 8 (suite) :
Analyses du P des boues
(données exprimées en % du P total)

gP
-1
kg % du P total % du P total
MS
P E1min - E1jour - E3mois E1an - E1 an et
Provenance Abréviation Po Pm POlsen PH2O m n
total PH2O E1min - E1jour E3 mois plus

Nantes compostée 97 BEDfbCdv 11.17 2.4 97.6 6.96 11.8 0.802 0.039 0.99 3.47 2.50 0.84 80.4

Nantes déshydratée 98 BEDc 20.47 21.0 79.0 16.81 30.6 0.588 0.039 0.76 5.54 3.50 1.09 58.5

Nantes compostée 0j 98 BEDcCdv0 4.89 18.0 82.0 11.60 27.0 0.645 0.024 0.71 3.22 2.06 0.65 66.4

Nantes compostée 17j 98 BEDcCdv17 5.33 14.7 85.3 10.78 25.4 0.659 0.030 1.13 4.13 2.69 0.85 65.7

Nantes compostée 59j 98 BEDcCdv59 6.42 5.6 94.4 9.14 19.2 0.744 0.034 1.06 4.24 2.89 0.94 71.6

Nantes compostée 95j 98 BEDcCdv95 6.90 3.6 96.4 7.22 15.9 0.797 0.041 0.64 4.47 3.18 1.05 74.8

Nantes compostée 110j 98 BEDcCdv110 7.07 6.9 93.1 6.51 11.6 0.823 0.037 0.64 3.19 2.29 0.76 81.5

Nantes compostée 115j 98 BEDcCdv115 7.51 9.3 90.7 6.87 11.9 0.845 0.043 0.31 3.70 2.71 0.91 80.5

Nantes compostées 98 2 7.29 9.3 90.7 7.31 10.9 0.872 0.066 0.16 5.51 4.44 1.54 77.4

Narbonne BEcaDc 13.05 33.9 66.1 9.34 13.2 0.751 0.069 0.70 6.22 4.55 1.50 73.9

Perpignan IfeBcarbEstcaSdDfb 29.42 15.0 85.0 2.82 0.380 0.633 0.455 0.31 13.08 37.19 11.84 37.2

Port Vendres PhalEstDc 25.88 27.4 72.6 0.60 0.010 0.206 0.580 0.04 3.20 25.04 14.54 57.2

Reims IBEstDfbca 11.95 22.6 77.4 11.98 0.660 0.516 0.309 0.64 9.17 19.39 8.21 61.9

Rennes feBEegDcS 36.88 5.0 95.0 1.74 2.91 0.948 0.086 0.17 2.32 2.34 0.90 91.4

Saint Brieuc déshydratée IBfeEstSdDc 40.16 0.0 100 0.30 0.621 0.986 0.310 0.15 4.89 13.82 7.71 72.8

Saint Brieuc séchée IBfeEstSdDcS 39.76 3.8 96.2 0.33 0.157 1.474 0.404 0.02 1.79 8.99 6.80 82.2

Saint Céré compostée 0J 1.53 6.7 93.3 14.12 23.1 0.753 0.003 0.00 0.43 0.27 0.08 76.2

Saint Céré compostée15J 0.96 6.5 93.5 23.33 26.3 0.707 0.004 0.32 0.58 0.36 0.11 72.4

Saint Céré compostée 60J 1.09 8.4 91.6 14.04 21.8 0.757 0.004 0.10 0.48 0.30 0.09 77.2

Saint Céré compostée 90J 1.44 6.9 93.1 15.49 20.7 0.733 0.004 0.96 0.51 0.32 0.10 77.4

Saint Cyprien DPmfeEDfbCpb 29.24 1.4 98.6 1.10 2.62 1.067 0.177 0.17 5.37 8.28 3.68 79.9

Saint Jean d'Illac IBstyrEstDfb 25.93 22.6 77.4 9.56 24.7 0.661 0.054 0.50 7.00 4.60 1.45 61.8

Sanary Bandol IfeBcarbEstDfbcen 17.50 6.5 93.5 3.70 0.323 0.287 0.398 0.81 15.56 36.19 12.04 35.1

Seine Aval épaissie IBEfl 17.42 15.2 84.8 6.26 11.7 0.777 0.047 1.09 4.14 3.04 1.02 79.1

Seine Aval digérée IBEflSd 32.47 16.7 83.3 2.22 1.99 0.966 0.247 0.35 8.47 15.16 6.54 67.5

Seine Aval Portéus IBEflSdT 38.45 6.4 93.6 0.57 0.389 0.805 0.148 0.11 0.90 1.27 0.59 96.7

Seine Aval déshydratée 1 IBEflSdTDfp 39.80 3.0 97.0 0.60 0.384 0.992 0.179 0.05 0.97 1.68 0.84 96.1

Seine Aval déshydratée 2 IBEflSdTDfp 23.30 3.4 96.6 1.02 0.517 0.997 0.119 0.04 0.65 0.84 0.36 97.6

Soisson chaulée BEDcca 11.04 28.8 71.2 14.88 0.018 0.022 0.578 0.76 29.54 34.36 3.43 31.9

Soisson compostée BEDfbCsc 11.87 5.3 94.7 3.24 3.36 0.906 0.080 0.28 2.57 2.46 0.93 90.4

Toulon PhfecaEstcaDfb 20.65 4.6 95.4 13.08 0.202 0.480 0.451 0.25 9.56 34.99 14.79 40.2

Toulouse IBEflDcca 11.30 30.4 69.6 15.27 0.068 0.027 0.307 2.33 14.97 22.29 7.02 53.3

Trilbardou Lag 38.06 13.7 86.3 3.72 2.98 0.858 0.182 0.57 7.78 10.70 4.43 73.5

Trois Frontières IBEstDcca 6.41 35.4 64.6 16.54 0.038 0.029 0.428 1.25 19.00 28.72 5.99 45.0

299
Annexe 8 (suite) :
Analyses du P des boues
(données exprimées en % du P total)

gP
-1
kg % du P total % du P total
MS
P E1min - E1jour - E3mois E1an - E1 an et
Provenance Abréviation Po Pm POlsen PH2O m n
total PH2O E1min - E1jour E3 mois plus

Valenton digérée 1 IBSd 22.22 26.6 73.4 5.47 3.94 0.958 0.178 0.35 8.17 10.51 4.10 72.9

Valenton digérée 2 IBSd 22.43 26.6 73.4 4.86 3.58 0.953 0.166 0.32 6.83 8.76 3.50 77.0

Valenton épaissie IBSdEst 23.35 20.5 79.5 4.87 2.87 0.993 0.194 0.29 7.16 10.60 4.45 74.6

Valenton déshydratée IBSdEstDfpfe 23.57 22.2 77.8 2.75 1.55 1.140 0.295 0.20 8.35 17.90 7.74 64.3

Valenton chaulée 1 IBSdEstDfpfeca 20.34 18.3 81.7 6.08 0.028 0.067 0.244 0.39 1.99 4.41 2.46 90.7

Valenton chaulée 2 IBSdEstDfpfeca 16.93 17.1 82.9 9.59 0.015 0.036 0.243 0.41 2.01 4.43 2.47 90.7

Var BESdCdvpb 23.67 2.8 97.2 4.01 7.25 0.735 0.066 1.71 4.71 3.86 1.36 81.1

Versailles IBEstEflSdca 12.92 37.0 63.0 10.70 0.070 0.039 0.297 1.68 10.73 18.04 6.49 63.0

Vinon sur Verdon Blit 5.54 9.6 90.4 20.06 26.2 0.704 0.038 0.15 5.43 3.60 1.15 63.4

Vitré épaissie DPmohEst 25.80 30.6 69.4 2.54 2.53 2.305 0.436 0.06 16.45 31.52 7.16 42.3

Vitré déshydratée DPmohEstDfb 25.27 30.6 69.4 2.68 3.56 1.876 0.369 0.03 16.27 27.20 7.02 45.9

Vitré chaulée DPmohEstDfbca 13.75 37.5 62.5 6.81 0.011 0.038 0.413 0.28 5.15 18.29 8.89 67.4

300
Annexe 8 (suite) :
Analyses du P des boues
(données exprimées en gP kg-1 MS)
-1 -1
gP kg MS gP kg MS

E1jour E3mois E1an -


P E1min - E1 an
Provenance Abréviation Po Pm POlsen PH2O m n - - E3
total PH2O et plus
E1min E1jour mois

Aime La Plagne PhfeEegDcCfbsc 15.32 0.47 14.8 0.42 0.090 0.760 0.333 0.043 1.09 3.04 1.54 9.5

Aix en Provence IBEstSdDcfe 27.32 3.35 24.0 1.35 3.01 0.882 0.113 0.063 2.79 2.53 0.88 18.1

Annet BEeg 23.39 9.74 13.6 1.54 3.54 0.703 0.067 0.139 1.44 0.99 0.32 17.0

Antibes IfeBcarbEcaDcca 14.62 2.07 12.6 0.68 0.0053 0.059 0.428 0.084 1.65 4.85 1.80 6.2

Ardennes DPmfeEstDfbfeca 19.14 4.97 14.2 1.00 0.0129 0.034 0.255 0.356 1.69 2.88 1.20 13.0

Auvers sur Oise BEstDfb 17.54 6.32 11.2 1.79 3.84 0.629 0.057 0.114 1.11 0.72 0.22 11.5

Biganos 97 PhfecaEstDfb 19.99 1.57 18.4 0.75 0.172 0.628 0.390 0.127 3.43 7.22 2.25 6.8

Biganos 98 14.34 1.13 13.2 0.46 0.122 0.665 0.313 0.073 1.39 3.14 1.40 8.2

Blois épaissie DPEfl 29.07 7.27 21.8 6.15 9.10 0.587 0.063 -0.039 2.49 1.52 0.46 15.5

Blois déshydratée DPEflDc 27.89 6.98 20.9 5.39 10.65 0.467 0.038 0.261 1.41 0.84 0.26 14.5

Blois chaulée DPEflDcca 18.55 6.81 11.7 1.25 0.0049 0.027 0.383 0.177 2.21 4.52 1.42 10.2

Blois compostée DPEflDcC 15.84 1.34 14.5 1.05 1.73 0.867 0.064 0.034 0.85 0.68 0.23 12.3

Bordeaux 97 IfeBfilEstSdDc 26.04 6.34 19.7 1.31 0.183 0.817 0.352 0.076 2.27 5.70 2.41 15.4

Bordeaux 98 IfeBfilEstSdDc 25.46 6.20 19.3 0.68 0.182 0.814 0.312 0.069 1.69 4.09 1.94 17.5

Cergy IBstyrEstSdDc 36.83 11.4 25.5 0.53 0.315 2.736 0.513 0.018 3.72 12.6 3.58 16.6

Cestas97 BEstDfb 30.91 4.06 26.9 7.01 13.84 0.448 0.022 0.529 1.07 0.65 0.20 14.6

Cestas98 BEstDfb 30.30 3.98 26.3 6.37 12.26 0.526 0.026 0.106 1.24 0.76 0.24 15.7

Chartres déshydratée IDPmfeEstflSaSdDc 40.63 4.23 36.4 0.96 1.78 1.168 0.180 0.023 3.09 4.52 1.86 29.4
IDPmfeEstflSaSdDcC
Chartres compostée 40j 20.21 0.64 19.6 0.73 0.867 1.053 0.113 0.008 0.83 0.98 0.39 17.1
psc

IDPmfeEstflSaSdDcC
Chartres compostée 160j 26.58 2.23 24.4 0.73 0.364 1.080 0.261 0.050 1.65 3.54 1.73 19.2
psc

Douai BEstDcca 10.17 2.28 7.9 0.74 0.0023 0.022 0.364 0.100 1.13 2.62 0.99 5.3

Grand Couronne épaissie DPEeg 25.49 6.15 19.3 3.05 6.18 0.675 0.049 0.032 1.59 1.04 0.33 16.3

Grand Couronne
DPEegDfb 25.27 6.10 19.2 3.14 6.91 0.630 0.048 0.065 1.61 1.03 0.32 15.3
déshydratée

Grand Couronne chaulée DPEegDfbca 12.05 3.26 8.8 1.16 0.0032 0.014 0.218 0.215 0.75 1.22 0.54 9.3

Gratentour Bfa2SaE 24.97 6.49 18.5 1.43 4.60 0.691 0.036 0.293 1.00 0.67 0.22 18.2

Lagny épaissie IfeBcarbEfl 20.25 3.30 17.0 0.85 2.21 0.768 0.084 0.257 1.56 1.26 0.43 14.5

Lagny déshydratée IfeBcarbEflDc 16.72 2.72 14.0 0.33 0.571 0.844 0.146 0.099 1.05 1.26 0.51 13.2

Lagny chaulée 2 IfeBcarbEflDcca 13.35 1.89 11.5 1.47 0.0014 0.033 0.225 0.041 0.17 0.36 0.20 12.6

La Roche Sur Yon épaissie feBEfl 29.72 7.71 22.0 0.22 0.519 0.951 0.212 0.082 1.68 2.80 1.25 23.4

La Roche Sur Yon


feBEflDc 27.31 7.09 20.2 0.46 0.979 1.077 0.229 0.072 2.83 4.20 1.59 17.6
déshydratée
La Roche Sur Yon chaulée feBEflDcca 14.67 3.09 11.6 0.42 0.0011 0.016 0.363 0.068 0.83 2.60 1.35 9.8

Le Beausset déshydratée DPEegDfb 32.30 7.82 24.5 3.23 6.02 0.770 0.048 -0.094 1.70 1.18 0.38 23.1

Le beausset chaulée DPEegDfbca 13.40 2.74 10.7 0.83 0.0026 0.018 0.325 0.139 1.19 2.74 1.19 8.1

Maisoncelle Lag 10.21 1.51 8.7 0.58 0.256 0.867 0.197 0.052 0.78 1.15 0.49 7.5

301
Annexe 8 (suite) :
Analyses du P des boues
(données exprimées en gP kg-1 MS)

-1 -1
gP kg MS gP kg MS

E1jour E3mois E1an -


P E1min - E1 an
Provenance Abréviation Po Pm POlsen PH2O m n - - E3
total PH2O et plus
E1min E1jour mois

Nantes compostée 97 BEDfbCdv 11.17 0.27 10.9 0.78 1.32 0.802 0.039 0.110 0.39 0.28 0.09 9.0

Nantes déshydratée 98 BEDc 20.47 4.30 16.2 3.44 6.27 0.588 0.039 0.155 1.13 0.72 0.22 12.0

Nantes compostée 0j 98 BEDcCdv0 4.89 0.88 4.0 0.57 1.32 0.645 0.024 0.035 0.16 0.10 0.03 3.2

Nantes compostée 17j 98 BEDcCdv17 5.33 0.78 4.5 0.57 1.35 0.659 0.030 0.060 0.22 0.14 0.05 3.5

Nantes compostée 59j 98 BEDcCdv59 6.42 0.36 6.1 0.59 1.23 0.744 0.034 0.068 0.27 0.19 0.06 4.6

Nantes compostée 95j 98 BEDcCdv95 6.90 0.25 6.6 0.50 1.09 0.797 0.041 0.044 0.31 0.22 0.07 5.2

Nantes compostée 110j 98 BEDcCdv110 7.07 0.49 6.6 0.46 0.822 0.823 0.037 0.045 0.23 0.16 0.05 5.8

Nantes compostée 115j 98 BEDcCdv115 7.51 0.70 6.8 0.52 0.890 0.845 0.043 0.023 0.28 0.20 0.07 6.0

Nantes compostées 98 2 7.29 0.68 6.6 0.53 0.797 0.872 0.066 0.011 0.40 0.32 0.11 5.6

Narbonne BEcaDc 13.05 4.42 8.6 1.22 1.72 0.751 0.069 0.092 0.81 0.59 0.20 9.6

Perpignan IfeBcarbEstcaSdDfb 29.42 4.42 25.0 0.83 0.112 0.633 0.455 0.090 3.85 10.9 3.48 10.9

Port Vendres PhalEstDc 25.88 7.08 18.8 0.16 0.0027 0.206 0.580 0.011 0.83 6.48 3.76 14.8

Reims IBEstDfbca 11.95 2.71 9.2 1.43 0.0789 0.516 0.309 0.077 1.10 2.32 0.98 7.4

Rennes feBEegDcS 36.88 1.83 35.0 0.64 1.07 0.948 0.086 0.063 0.86 0.86 0.33 33.7

Saint Brieuc déshydratée IBfeEstSdDc 40.16 0.00 40.2 0.12 0.249 0.986 0.310 0.060 1.96 5.55 3.10 29.2

Saint Brieuc séchée IBfeEstSdDcS 39.76 1.50 38.3 0.13 0.0623 1.474 0.404 0.009 0.71 3.57 2.70 32.7

Saint Céré compostée 0J 1.53 0.10 1.4 0.22 0.353 0.753 0.003 0.000 0.01 0.00 0.00 1.2

Saint Céré compostée15J 0.96 0.06 0.9 0.22 0.252 0.707 0.004 0.003 0.01 0.00 0.00 0.7

Saint Céré compostée 60J 1.09 0.09 1.0 0.15 0.238 0.757 0.004 0.001 0.01 0.00 0.00 0.8

Saint Céré compostée 90J 1.44 0.10 1.3 0.22 0.298 0.733 0.004 0.014 0.01 0.00 0.00 1.1

Saint Cyprien DPmfeEDfbCpb 29.24 0.40 28.8 0.32 0.766 1.067 0.177 0.051 1.57 2.42 1.08 23.4

Saint Jean d'Illac IBstyrEstDfb 25.93 5.86 20.1 2.48 6.40 0.661 0.054 0.130 1.81 1.19 0.38 16.0

Sanary Bandol IfeBcarbEstDfbcen 17.50 1.15 16.4 0.65 0.0565 0.287 0.398 0.141 2.72 6.33 2.11 6.1

Seine Aval épaissie IBEfl 17.42 2.65 14.8 1.09 2.03 0.777 0.047 0.190 0.72 0.53 0.18 13.8

Seine Aval digérée IBEflSd 32.47 5.42 27.0 0.72 0.646 0.966 0.247 0.113 2.75 4.92 2.12 21.9

Seine Aval Portéus IBEflSdT 38.45 2.47 36.0 0.22 0.150 0.805 0.148 0.041 0.34 0.49 0.23 37.2

Seine Aval déshydratée 1 IBEflSdTDfp 39.80 1.21 38.6 0.24 0.153 0.992 0.179 0.020 0.38 0.67 0.34 38.2

Seine Aval déshydratée 2 IBEflSdTDfp 23.30 0.80 22.5 0.24 0.120 0.997 0.119 0.010 0.15 0.19 0.08 22.7

Soisson chaulée BEDcca 11.04 3.19 7.9 1.64 0.0019 0.022 0.578 0.084 3.26 3.79 0.38 3.5

Soisson compostée BEDfbCsc 11.87 0.63 11.2 0.39 0.398 0.906 0.080 0.033 0.31 0.29 0.11 10.7

Toulon PhfecaEstcaDfb 20.65 0.94 19.7 2.70 0.0417 0.480 0.451 0.052 1.97 7.22 3.05 8.3

Toulouse IBEflDcca 11.30 3.43 7.9 1.73 0.0077 0.027 0.307 0.263 1.69 2.52 0.79 6.0

Trilbardou Lag 38.06 5.23 32.8 1.42 1.13 0.858 0.182 0.219 2.96 4.07 1.69 28.0

Trois Frontières IBEstDcca 6.41 2.27 4.1 1.06 0.0025 0.029 0.428 0.080 1.22 1.84 0.38 2.9

302
Annexe 8 (suite) :
Analyses du P des boues
(données exprimées en gP kg-1 MS)

-1 -1
gP kg MS gP kg MS

E1jour E3mois E1an -


P E1min - E1 an
Provenance Abréviation Po Pm POlsen PH2O m n - - E3
total PH2O et plus
E1min E1jour mois

Valenton digérée 1 IBSd 22.22 5.90 16.3 1.22 0.875 0.958 0.178 0.079 1.82 2.34 0.91 16.2

Valenton digérée 2 IBSd 22.43 5.96 16.5 1.09 0.803 0.953 0.166 0.072 1.53 1.96 0.79 17.3

Valenton épaissie IBSdEst 23.35 4.80 18.6 1.14 0.671 0.993 0.194 0.069 1.67 2.48 1.04 17.4

Valenton déshydratée IBSdEstDfpfe 23.57 5.24 18.3 0.65 0.365 1.140 0.295 0.048 1.97 4.22 1.82 15.1

Valenton chaulée 1 IBSdEstDfpfeca 20.34 3.72 16.6 1.24 0.0058 0.067 0.244 0.079 0.40 0.90 0.50 18.5

Valenton chaulée 2 IBSdEstDfpfeca 16.93 2.89 14.0 1.62 0.0026 0.036 0.243 0.069 0.34 0.75 0.42 15.4

Var BESdCdvpb 23.67 0.65 23.0 0.95 1.72 0.735 0.066 0.404 1.11 0.91 0.32 19.2

Versailles IBEstEflSdca 12.92 4.78 8.1 1.38 0.0090 0.039 0.297 0.216 1.39 2.33 0.84 8.1

Vinon sur Verdon Blit 5.54 0.53 5.0 1.11 1.45 0.704 0.038 0.008 0.30 0.20 0.06 3.5

Vitré épaissie DPmohEst 25.80 7.89 17.9 0.66 0.653 2.305 0.436 0.014 4.24 8.13 1.85 10.9

Vitré déshydratée DPmohEstDfb 25.27 7.73 17.5 0.68 0.900 1.876 0.369 0.008 4.11 6.87 1.78 11.6

Vitré chaulée DPmohEstDfbca 13.75 5.15 8.6 0.94 0.0015 0.038 0.413 0.039 0.71 2.51 1.22 9.3

303
Annexe 9 :
Ions P isotopiquement échangeables
des boues à pH 8 et 6.2

Et = PH2O / (m (t + m 1/n) –n + req/R)


pH non ajusté pH ajusté à 8 pH ajusté à 6.2
PH2O PH2O PH2O
Boue -1
m n -1
m n -1
m n
gP kg MS gP kg MS gP kg MS
Seine Aval déshydratée 2 0.120 0.997 0.119 0.203 0.995 0.116 1.10 1.031 0.081
Annet 3.54 0.703 0.067 3.66 0.615 0.061 5.73 0.517 0.070
Ardennes 0.013 0.034 0.255 0.056 0.176 0.389 0.272 0.480 0.333
Biganos 98 0.122 0.665 0.313 0.155 0.617 0.286 0.096 0.695 0.389
Blois chaulée 0.005 0.027 0.383 0.078 0.325 0.364 0.705 0.835 0.224
Cergy 0.315 2.736 0.513 0.445 0.739 0.238 1.07 0.692 0.211
Cestas 98 12.3 0.526 0.026 12.4 0.466 0.028 13.6 0.497 0.037
Bordeaux 98 0.182 0.814 0.312 0.273 0.758 0.253 1.04 0.725 0.161
Lagny chaulée 0.001 0.033 0.225 0.030 0.344 0.354 0.284 0.778 0.249
Le Beausset pressée 6.02 0.770 0.048 6.38 0.698 0.037 8.20 0.641 0.039
Le Beausset chaulée 0.003 0.018 0.325 0.038 0.229 0.339 0.567 0.706 0.186
Nantes compostée 97 1.32 0.802 0.039 1.35 0.797 0.039 3.02 0.690 0.038
Nantes compostée 98 0.797 0.872 0.066 0.825 0.792 0.053 2.25 0.631 0.032
Toulon 0.042 0.480 0.451 0.042 0.452 0.398 0.092 0.669 0.373
Valenton chaulée 0.003 0.036 0.243 0.029 0.149 0.380 0.187 0.438 0.337
Var 1.72 0.735 0.066 1.71 0.823 0.049 4.33 0.772 0.039

304
Annexe 10 :
Ions P isotopiquement échangeables
des mélanges de sol et de boues
après 28 jours d’incubation

Et = PH2O / (m (t + m 1/n) –n + req/R)


-1 -1
SOL bien pourvu mgP kg MS mgP kg MS
traitement PH2O m n E1min E10min E1jour E1sem E3mois
Témoin zéro apport 6.70 0.434 0.227 15.5 26.1 80.4 125 223
P soluble référence 13.27 0.521 0.194 25.7 39.9 104.7 153 251
Seine Aval déshydratée 2 9.36 0.390 0.200 24.1 38.1 103.1 152 254
Annet 9.67 0.459 0.212 21.2 34.4 98.4 149 255
Ardennes 7.26 0.344 0.213 21.2 34.5 99.7 151 261
Biganos 98 5.59 0.271 0.211 20.6 33.5 95.3 144 246
Blois chaulée 8.15 0.361 0.205 22.6 36.3 100.5 150 253
Bordeaux 98 8.70 0.439 0.217 19.9 32.6 95.8 146 254
Cergy 8.67 0.448 0.220 19.5 32.2 96.1 147 259
Cestas 98 10.57 0.479 0.213 22.2 36.0 103.6 157 270
Lagny chaulée 6.54 0.279 0.207 23.5 37.8 105.8 158 269
Le Beausset pressée 9.59 0.466 0.216 20.7 33.9 99.2 151 263
Le Beausset chaulée 7.09 0.280 0.229 25.4 42.9 135.5 214 391
Nantes compostée 97 10.55 0.476 0.211 22.3 36.1 103.1 156 267
Nantes compostée 98 10.23 0.466 0.207 22.1 35.3 98.7 148 250
Toulon 7.05 0.382 0.221 18.5 30.7 92.2 142 250
Valenton chaulée 6.25 0.277 0.206 22.5 36.2 100.7 150 255
Var 98 10.69 0.461 0.206 23.3 37.3 103.8 155 262

305
Annexe 10 (suite):
Ions P isotopiquement échangeables
des mélanges de sol et de boues
après 28 jours d’incubation

-1 -1
SOL déficient mgP kg MS mgP kg MS
traitement PH2O m n E1min E10min E1jour E1sem E3mois
Témoin zéro apport 0.40 0.172 0.287 2.35 4.5 18.9 32.9 68
P soluble référence 2.47 0.253 0.217 9.78 16.1 47.4 72.4 126
Seine Aval déshydratée 2 1.23 0.207 0.240 5.97 10.4 34.2 54.5 101
Annet 1.15 0.197 0.244 5.83 10.2 34.4 55.4 103
Ardennes 1.15 0.193 0.249 5.97 10.6 36.4 59.0 111
Biganos 98 0.95 0.175 0.250 5.39 9.6 33.2 54.0 102
Blois chaulée 1.47 0.207 0.231 7.08 12.1 38.0 59.7 108
Bordeaux 98 1.00 0.188 0.252 5.30 9.5 33.1 54.1 103
Cergy 0.83 0.190 0.261 4.35 7.9 29.1 48.4 94
Cestas 98 1.49 0.207 0.236 7.21 12.4 40.1 63.5 116
Lagny chaulée 1.24 0.208 0.249 5.96 10.6 36.3 59.0 111
Le Beausset pressée 1.09 0.197 0.247 5.53 9.8 33.3 53.9 101
Le Beausset chaulée 1.36 0.202 0.240 6.73 11.7 38.6 61.6 114
Nantes compostée 97 1.04 0.202 0.250 5.17 9.2 31.7 51.6 98
Nantes compostée 98 1.08 0.198 0.246 5.46 9.6 32.6 52.7 99
Toulon 0.94 0.194 0.257 4.86 8.8 31.4 51.8 100
Valenton chaulée 1.18 0.198 0.245 5.95 10.4 35.2 56.7 106
Var 98 1.03 0.196 0.248 5.24 9.3 31.7 51.3 97

306

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